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vendredi 17 janvier 2025 - 10:50:00 2218 words

Tombik, O Dürüm, Buffet Dost… nos 10 kebabs préférés à Paris et en banlieue

Jean-Baptiste Chabran, Louis Moulin, Damien Dole, Miren Garaicoechea, Sacha Nelken, Marie Ottavi, Elisa Lenglart--Leconte, Guillaume Gendron, photo Anaïs Boileau

A la turque ou à la grecque, le sandwich culte rempli de viande à la broche déchaîne les passions. En toute subjectivité, «Libé» livre sa sélection avec salade-tomates-oignons.

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Aussi loin qu’on s’en souvienne, on a toujours eu un kebab

préféré. Dans la cour du collège, les débats étaient intenses pour déterminer quel était le meilleur grec de la ville. Oui, à l’époque on appelait «grec» – l’auteur de ces lignes a grandi en Ile-de-France – ce sandwich populaire au pain débordant de viande marinée et grillée à la broche, accompagné de frites surnuméraires et de la sainte trinité salade-tomates-oignons. Pour 22 francs, c’était un repas de fête servi dans une barquette en polystyrène. Et à Gennevilliers, c’était clairement Tonton Mayonnaise qui tirait son épingle du jeu. Du moins, c’est ce qu’on a toujours défendu. C’est là qu’il fallait aller et pas ailleurs.

Le lycée a succédé au collège et avec lui s’est élargi le rayon de nos explorations. Premières soirées au cœur de Paris, découverte des grecs de Saint-Michel – vraiment grecs, ceux-là, à en perdre son latin. Nouveau sandwich préféré : une échoppe de la rue Saint-André-des-Arts où la viande était servie dans une galette maison et les frites saupoudrées de zaatar . Le cuistot était sûrement libanais. Puis on a visité Berlin, ses boîtes de nuit à 5 euros et ses gemüse kebap aux airs de pays de Cocagne tant ils sont généreux en légumes. Une nouvelle dimension. Nouveau sandwich préféré ? On ne dira pas lequel de peur qu’il termine comme Mustafa’s, objectivement succulent mais désormais doté d’une file d’attente maousse car dans tous les guides.

Objet de fantasmes politiques les plus divers , le kebab est devenu un objet de culte, instagrammé jusqu’à plus soif, terrain de lutte d’influenceurs qui font monter les réputations de tel ou tel estaminet. Certains traversent la région pour aller goûter le dernier «meilleur kebab» du Grand Paris. Et évidemment personne ne sera d’accord sur le diagnostic. De notre côté, on a réuni les palais les plus gourmands pour vous proposer une sélection forcément subjective dans Paris et sa proche banlieue.

Buffet Dost

XXe arrondissement de Paris

Institution parisienne en la matière, ce kebab turc embaume l’angle de la rue d’Avron et de la rue des Pyrénées depuis 1987. Ici, la broche est évidemment artisanale et maison avec un mélange de veau (majoritaire) et de dinde. Le pain (pita ou galette) est également fait sur place : un parti pris majeur qui, face à la concurrence, fait toute la différence. En bouche, la viande marinée et grillée est savoureuse, associée par défaut à l’inévitable trio salade-tomates-oignons. Avec les frites (industrielles ; malheureusement) et la boisson, on s’en sort à 10 euros. Bonheur – ou malédiction ? – le Buffet Dost est situé directement sur notre itinéraire quotidien pour aller et revenir de la rédaction, ce qui fait qu’on s’y arrête plus que de raison. J.-B.C.

92, rue d’Avron (75020). 8 euros le sandwich, formule à 10 euros. Ouvert tous les jours de 11 heures à 1 heure.

Tombik Kebab

Pantin (Seine-Saint-Denis)

C’est ça la France : une enseigne de broche écarlate, une rue Victor-Hugo, le PMU et l’église pimpante. Là, on ne prend pas un grec, mais un «tombik». C’est rigoureusement la même chose – salade, tomate, oignons et plus si affinités – à la différence du pain, sorte de gros bun léché par les flammes d’un four ouvert. Chez Tombik Kebab, ne pas se fier à la déco ricaine générique (fausses briques, pop-art cheapos), tout est fait maison. Le fameux pain, les frites au couteau, jusqu’aux petits desserts (protip : finir sur le gâteau de semoule impeccablement humecté). Officieusement, le meilleur kebab de Pantin. Pas rien, quand on y connaît l’importance de la communauté turque. Les connaisseurs, du gentrificateur moustachu à l’ouvrier en gilet fluo, ne voudraient pas qu’on l’ébruite, tel un coin à champignons. Le devoir journalistique l’a emporté. G.G.

70, rue Victor-Hugo (93500). Entre 8 et 9,50 euros le sandwich. Ouvert tous les jours sauf le dimanche, de 11 h 30 à 23 heures.

Ozlem

Xe arrondissement de Paris

Attention, adresse de puristes. Ici on ne plaisante pas avec la tradition et on revendique une approche entièrement artisanale depuis 1987. Le gérant, Edip, a proscrit les frites, les congélateurs, les sauces industrielles et même les tranches de tomates. Et s’en tient à une recette très stricte du döner turc : salade, oignons, persil et sauce maison – pimentée ou non – dans une galette légèrement farinée fabriquée sur place. La broche maison, coupée au (très long) couteau par un grand gaillard, se compose de veau et de dinde et le tout est rehaussé par une épice citronnée fréquemment utilisée dans la cuisine levantine : le sumac. Un délice qui a son prix : 10 euros le sandwich, tout de même. A déguster avec un ayran, un lait fermenté légèrement salé. J.-B.C.

57, rue des Petites-Ecuries (75010). 10 euros le sandwich, 11,50 euros avec boisson. Ouvert de 11 h 30 à 16 h 30 du lundi au samedi. www.instagram.com/ozlem_doner

Chez iBO

Xe arrondissement de Paris

On va pas faire l’ancien. On n’a pas découvert le kebab chez iBO au cours d’une vadrouille nocturne, ou parce que l’on aurait une sorte de talent inné pour identifier les meilleurs endroits de la capitale. Ce sont les réseaux sociaux qui ont mis sur notre chemin cet excellent restaurant turc du Xe arrondissement. Si les nombreuses vidéos contaient l’histoire familiale du lieu, repris par deux frères après le décès de leur père, c’est surtout la promesse de déguster un sandwich garni du trop rare mix de viandes agneau-veau qui nous a attiré. Alors on y est allé, et on n’a pas été déçu. Le goût était à la hauteur de la soudaine hype numérique du restau qui donne, en plus, la possibilité de venir avec une baguette toute chaude de la boulangerie d’en face pour composer son sandwich. Un kebab dans du vrai bon pain : le petit détail qui fait la différence. S.N.

218, rue Saint-Maur (75010). 8,50 euros le sandwich döner avec frites. Ouvert de 11 h 30 à 21 h 30 du lundi au samedi.

Restaurant du campus

XIIIe arrondissement de Paris

«C’est bon, c’est propre, c’est frais !» En poussant la porte, Fatima, une habituée, la cinquantaine, nous l’a bien vendu. Entre les rires d’étudiants de la fac voisine et l’air sérieux d’hommes réunis autour d’un thé, elle papote avec sa sœur, conquise. Qu’attendions-nous d’un kebab ? Du lieu, pas ce joli mur en pierres et en briques, ni même ce portrait d’Ingrid Bergman, vedette hollywoodienne des années 40, veillant sur les commandes. Du döner commandé, on voulait retrouver les délicieux légumes d’un kebab dégusté il y a peu, à Berlin. «Une vraie drogue, ils sont généreux en tout !» renchérit Fatima. Généreux en bonne viande de veau et dinde, ah ça oui. Le pain, bien douillet, pourrait se grignoter comme une friandise, en dessert. La sauce blanche plaira aux adeptes de consistance. Pour les légumes, on reviendra pour la fameuse «aubergine-courgette» en plat du jour. M.G.

87, rue de Tolbiac (75013). 8,50 euros le döner kebab, 10 euros le menu. Ouvert tous les jours de 10 h 30 à 2 heures.

O Dürüm

Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis)

Moustache, lunettes de soleil et fez : le logo d’O Dürüm tient le haut du pavé à Saint-Ouen, s’affichant au bord de la pelouse du stade Bauer, au centre des maillots du club local de futsal et, avant tout, sur la devanture de deux restaurants turcs distants de seulement 300 m en centre-ville. On a récemment poussé la porte de l’enseigne la plus récente, ouverte cet été avec de quoi renouveler le genre du kebab : une broche non plus verticale mais horizontale, qui tourne au-dessus d’un généreux feu de bois. La viande marinée en tire un discret goût de fumé. Mais ce qui nous fume vraiment, c’est ce pain boule maison ouvert comme une figue trop mûre et débordant en corne d’abondance de viande, feta, grains de grenade, harissa, mayonnaise (poto), salade, tomate, oignon, carotte râpée, concombre, chou rouge… Ajoutez à ça des frites maison aussi bonnes qu’à Bruxelles et un petit ayran maison pour aider tout ce beau monde à faire du ventriglisse et voilà un état de béatitude que même une piteuse défaite du Red Star ne saurait troubler. L.M.

32, boulevard Jean-Jaurès (O Dürüm) et 16bis avenue Gabriel-Péri (O Dürüm) (93400). 8 euros le sandwich. Ouvert tous les jours sauf le dimanche pour O Dürüm, sauf le lundi pour O Dürüm 2, de 11 heures à 23 heures. www.instagram.com/o.durum

Gemüse

XVIIIe arrondissement de Paris

Il est loin le temps de ces kebabs de la rue Montmartre qu’on dévorait affamés en sortant de club. La qualité laissait à désirer et l’ambiance blafarde nous allait mal au teint. Gemüse, kebab bien connu tout proche de Jules-Joffrin, a largement participé à redorer le blason de ce plat doudou. L’équipe propose des kebab à la turque, l’esprit berlinois en plus. Pas de hipster derrière le comptoir (devant en revanche…), mais une variété de propositions avec toujours de la viande de qualité, des légumes bien cuits et coupés finement, du pain maison et un ensemble pas trop gras (8 euros et 3,5 euros les frites maison aux épices). L’équipe a pris l’habitude de proposer chaque mois un kebab inspiré d’autres contrées, et sanctuarisé une version végétarienne (7 euros). M.Ott.

61, rue Ramey (75018). Ouvert du lundi au samedi, de 11 h 30 à 15h30 et de 18 heures à 22h30.

O’Zaman

Le Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne)

A quelques pas du périph, dans la très dense partie nord du Val-de-Marne, se trouve O’Zaman. Loin des évolutions gentrifiées, on reste ici dans ce qu’était un grec de banlieue il y a vingt ans, avec ses photos de plats au-dessus du comptoir, ses travailleurs et étudiants (menu pour ces derniers) posés dans la grande salle qui attendent que soient découpées les broches de veau ou poulet. Jusqu’à 2 heures du matin tous les jours – pratique pour les fins de soirée –, on peut aussi bien opter pour un grec classique (9 euros, 10,50 euros le menu), avec un pain fait maison, ou une assiette (14 euros) très généreuse, avec portion de viande, du riz ou du blé, des frites, de la salade et des tomates. En définitive, et malgré l’inflation perceptible, un grec francilien à l’ancienne, dans le sens le plus noble du terme. D.D.

20, avenue de Fontainebleau (94270). Ouvert tous les jours de 11 heures à 2 heures.

Chez Cléopâtre

IXe arrondissement de Paris

Avant même de commander, on savait que c’était fichu. Qu’on allait y retourner bien trop souvent. La formule kebab classique à 9,50 euros ne déçoit pas, avec sa petite touche finale : une pincée d’épices et de persillade. Jamais nos frites n’ont été aussi chics. Le pain est moelleux, les crudités croquantes, la viande fondante. Une petite guirlande aux ampoules multicolores encadre la jolie devanture. Le présentoir donne directement sur la rue, ce qui permet à tous les passants d’admirer les légumes colorés et marinés. Et l’endroit, ce qui est rare, propose aussi d’excellents tacos français qui n’obligent pas à poser un jour de congé maladie pour arriver à les digérer. E.L.--L.

46, rue Condorcet (75009). 8,50 euros le sandwich avec frites, 9,50 euros le menu. Ouvert tous les jours sauf le dimanche, de 11 heures à 1 heure.

Ev’Et

Bondy (Seine-Saint-Denis)

Au début, on s’était simplement arrêté faire le plein dans une station-service de la Nationale 3, à deux pas du pont de Bondy. Le pistolet emmanché dans le réservoir, on avait levé la tête et, en lieu et place de la boutique de la station, on avait découvert une improbable enseigne «Grill Restaurant Pizza Kebab». On avait fait une photo insolite pour Instagram et on était reparti. On aurait eu tort de s’en tenir là. On est revenu parce qu’on a entendu dire que les kebabs étaient bons. Et pas qu’un peu. Le sandwich Ev’Et (toujours prendre le sandwich au nom de la maison) envoie sacrément : pain moelleux, viande fondante, de la roquette et des tomates séchées qui changent avantageusement des garnitures habituelles et de la mozzarella pour la gourmandise. On en ressort très satisfait et sans sensation de lourdeur. Sans plomb, si vous préférez. L.M.

108, avenue Gallieni (93140). Entre 8 et 9,50 euros le sandwich. Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11h45 à 22h30. www.instagram.com/evet_by_samy

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