La Nouvelle Gazette
Centre
Région, Saturday, January 18, 2025 813 words, p. 8

groupe gilo - L’entrepreneur louviérois Jérôme Vecchio courtisé par les Grecs

Après les paysages montagnards de Chambéry en France, l’entrepreneur louviérois Jérôme Vecchio (CEO du groupe GILO)   va s’envoler vers les cieux azurs de la Grèce en compagnie de ses meilleurs ouvriers pour y honorer un contrat important.

Martine Pauwels

Le Groupe Gilo est un groupe industriel composé de plusieurs sociétés spécialisées dans le pôle échafaudage, l’isolation industrielle, la métallurgie et l’usinage. Le Louviérois Jérôme Vecchio en est l’administrateur-délégué et emploie quelque 150 personnes.

Vous venez de décrocher un contrat inédit en Grèce : expliquez-nous ?

En 2018, mon groupe GILO a intégré Iso Pro, entreprise basée à Liège et spécialisée le calorifugage industriel. Nous disposons d’une grande expertise dans l’isolation des turbines des centrales électriques gaz vapeur. Aujourd’hui, après avoir assuré plusieurs contrats (dont un à Marseille), nous sommes reconnus en tant que référence européenne. C’est ce qui a incité les Grecs à faire appel à nous. Nos ouvriers iront sur place, le temps nécessaire.

Une nouvelle étape après avoir créé Gilo France à Chambéry ?

EUro Isolation, les Ateliers Delmotte, Isothermic, Berger Renson, Isopro… Toutes nos sociétés sont basées en Wallonie. Il y a un an et demi, nous avons racheté une petite entreprise à Chambéry afin de pouvoir développer nos activités sur l’Hexagone. C’est une localisation intéressante pour GILO France, aux portes de l’Italie. Lorsque je me rends à Chambéry, je vois la montagne de mon petit bureau. C’est vachement sympa ! Ceci dit, mon berceau de cœur est et restera La Louvière.

Mais comment attirer de nouveaux investisseurs chez nous ?

Ce dont notre région a besoin, c’est de création d’emplois de qualité, assortis de CDI. De là, découle toute une dynamique positive pour les ménages qui peuvent alors disposer d’un certain pouvoir d’achat et faire vivre ainsi toute une région. Les opportunités existent dans le Centre. Il reste de la place à Garocentre Houdeng pour y créer des emplois liés à la logistique. Le zoning de Manage nord est encore complètement vide alors qu’il est proche des axes routiers et des voies d’eau.

On a des terrains disponibles de l’ordre de 50 à 60 hectares.

Les investisseurs, il faut les draguer ouvertement et surtout, les chasser en meute. Entrepreneurs, syndicats et responsables politiques doivent convaincre de manière collégiale les investisseurs potentiels.

C’est compliqué, car nous ne sommes pas seuls sur la balle avec les bassins proches de Mons et de Charleroi qui, eux aussi, traquent les opportunités. L’union fait la force : rien de neuf sous le soleil. C’est suivant cette logique que Centropôle a été créé. J’y présidais le Conseil Économique et Social jusqu’il y a encore quelques mois. C’est aussi ce principe qui anime mes fonctions en tant que président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) du Hainaut et d’administrateur d’AKT For Wallonia. En créant cette nouvelle structure, on a fait un bond en avant énorme.

AKT, c’est quoi ?

AKT (prononcez « Acte ») rassemble cinq CCI wallonnes et l’Union Wallonne des entreprises. Une synergie qui nous permet de porter la voix de 80.000 sociétés du sud du pays et de nous poser en interlocuteur puissant face au monde politique, que ce soit au niveau wallon ou fédéral. Nous attendons impatiemment la constitution d’un gouvernement car des prises de position s’imposent face à la nouvelle flambée des coûts énergétiques, à la possible augmentation des droits de douane suite à l’investiture de Donald Trump.

Il y a aussi urgence en matière de simplification administrative et nous plaidons encore pour un développement accru des missions de l’AWEX (Agence Wallonne à l’Exportation) afin que nos entrepreneurs soient mieux soutenus à l’international. Idéalement, le Centre devrait être le berceau d’accueil d’entreprises nouvelles, plus indépendantes sur le plan énergétique, profitant de l’accès à la voie d’eau. Mais où sont les propositions politiques en ce sens ?

Êtes-vous pessimiste pour 2025 ?

Je crois profondément aux vertus d’un discours positif. On a bien plus à y gagner. Ma grande crainte pour l’avenir, c’est que de moins en moins de jeunes soient tentés par l’aventure de l’entrepreneuriat. Ils ont de plus en plus peur de se lancer et le discours ambiant anxiogène n’aide pas.

Par ailleurs, pour attirer les investisseurs, il faut la paix sociale. Je ne suis pas d’accord avec le fait de faire grève « à titre préventif » sur des sujets qui sont encore en pleine discussion. C’est un non-sens. Et que l’on ne vienne pas me taxer d’antisyndicaliste. Au sein de Centropôle j’ai étroitement travaillé avec les délégués. Et j’ai constaté que nos envies étaient les mêmes en vue de développer notre région.