January 15, 2025 | - | Le Parisien |
PsychologieiDes jeunes plus stressés qu'avant
La « péniaphobie », cette peur de ne pas réussir sa vie, touche de plus en plus les moins de 25 ans. Un boulet en pleine période d'examens.
Anass Iddou
Dans la file qui s'étire devant la bibliothèque du Centre Pompidou, à Paris, Marie, 17 ans, se prépare pour son bac blanc. Petite soeur d'un normalien et d'un élève en école d'ingénieurs, la lycéenne songe à son avenir avec fébrilité. « Ma mère a embauché un conseiller d'orientation parce qu'on est complètement perdues. Mon rêve est de travailler dans la mode, mais c'est un domaine trop compliqué. » Elle avoue angoisser à l'idée de décevoir ses parents et se sent coupable de ne pas avoir assez travaillé pendant les fêtes de fin d'année.
Pas simple de gérer la « péniaphobie »
Cette peur s'appelle la « péniaphobie », soit la crainte irrationnelle de la pauvreté, mot dérivé des mots grecs « pénia » signifiant « pauvreté » et « phobos » qui veut dire « peur ». Mais sa portée dépasse le simple manque d'argent : c'est une angoisse diffuse qui englobe l'idée de ne pas réussir dans la vie. Elle se manifeste par des pensées obsédantes, des scénarios catastrophes qui tournent en boucle : « Et si je n'y arrivais pas ? Si je ne réussis pas, que pensera-t-on de moi ? »
Une éducation stricte, une insécurité financière vécue et une pression sociale omniprésente sont les racines de la péniaphobie, selon Bénédicte Pichard, psychologue et coach de vie. Elle évoque aussi un effet générationnel : « L'exposition aux réseaux sociaux amplifie cette peur. Autrefois, on se comparait à notre famille ou à nos voisins. Aujourd'hui, on le fait avec des personnes à l'autre bout du monde. »
La péniaphobie peut mener jusqu'au burn-out. Selon Bénédicte Pichard, le travail d'introspection est essentiel pour inverser la tendance. Pour les lycéens ou les étudiants en pleins partiels, il s'agit de trouver un équilibre entre travail et loisirs. « Avec le temps, on finit par discerner ce qui a réellement de l'importance dans la vie. La prise de conscience se fait souvent après une crise, quand on comprend que la réussite matérielle n'est pas forcément synonyme de bonheur. »