La Dépêche du Midi
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ACTUALITÉ, vendredi 24 janvier 2025 962 words, p. 10

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« Mon coeur balance, je vais dire 2-2... »

Gérald Passi

Ancien milieu, notamment au MHSC (jusque 1985) et au TFC (1985-1990), international France A (11 sél., 2 buts); 61 ans.

Depuis Aix-en-Provence, le soyeux gaucher s'épanouit au sein de la cellule de recrutement pour le FC Annecy, club haut-savoyard qu'il a rejoint en L2 au printemps 2022. Formé dans l'Hérault, éclos en Haute-Garonne, le témoin parfait avant le derby d'Occitanie !

Gérald, dimanche à 17h15, on imagine que vous serez devant votre télé...

Oui. C'est un match qui s'annonce intéressant à plus d'un titre.

Votre coeur balance ?

Clairement. Parce que j'aime Toulouse mais d'un autre côté cela me peinerait que Montpellier descende. Par la force des choses, je pense plus à la situation du MHSC qu'à celle du TFC, bonne.

Un petit prono, quand même ?

Je m'attends à un match équilibré. Cette victoire face à Monaco le week-end dernier (2-1) a fait du bien à l'ensemble du club héraultais. Je crois qu'il y aura un sursaut. Maintenant, honnêtement je trouve que le Tef qui est sur une belle dynamique se repose sur des bases solides. Allez, je vais dire un nul, 2-2 - comme ça la Paillade prendra un point; celui de l'espoir.

Le Téfécé lutte pour l'Europe, son voisin pour le maintien. En chiffres, 13 points séparent les deux formations (25pts vs 12). Et vous parlez de rencontre à l'issue incertaine...

Il y a la notion de derby et, surtout, pour le visiteur cela reste les derniers moments où tu peux espérer te sauver. Le Montpellier-Hérault commence sa guer-re si on ose. Jusque-là sans trop de réussite. Les Montpelliérains sont conscients qu'il n'y a plus énormément de cartouches.

Plus globalement, le classement des deux clubs vous paraît-il conforme aux contenus proposés par chacun ?

Toulouse qui est bien en place a aussi cette capacité à inscrire des buts. A gagné en stabilité, solidité au fil de la saison. C'est ce que j'appelle une vraie équipe. Voilà. J'estime que le TFC excelle dans l'aspect collectif. En revanche, le MHSC a fauté, affiché sa fragilité dans ce côté bloc. Montpellier n'a pas trouvé d'ossature. D'osmose, c'est ça. Or, la seule issue pour s'en sortir passe et part de là. Je parle en connaissance de cause : à Annecy, la saison passée au même temps de passage, on avait une dizaine de points de retard [au soir de la 26e journée, le FCA est 19e avec 9 unités de débours sur le 1er potentiellement non relégable] et on n'avait toujours pas trouvé notre équipe. Lorsqu'on l'a « eue », que les premiers points sont arrivés, c'était parti (les Savoyards termineront 14es) ! Bref, tant que Montpellier n'aura pas trouvé son véritable XI-type, il sera pénalisé...

Retour il y a quasiment un demi-siècle : pourquoi, natif d'Albi, avoir choisi Montpellier plutôt que Toulouse ?

Mes parents habitaient Béziers, c'était le plus près. Alors, quand la Paillade crée son Centre de formation en 1980, m'invite à faire un essai puis veut absolument me récupérer... ça s'est fait naturellement.

Il paraît que vous êtes le premier joueur issu du Centre à avoir évolué en D1...

Tout à fait. Bon, après ce n'était pas compliqué : je suis donc de la première promo, nous étions 6 ou 8...

On y revient : 3 mars 1982.

Mon baptême du feu, face au Tours de Delio Onnis à La Mosson. On perd 3-1. Beau souvenir malgré la défaite. J'ai évolué milieu axial et j'ai joué toute la rencontre. Il restait 10 journées pour sauver notre tête en élite; hélas, on n'y parviendra pas. C'était une année qui ressemble finalement à celle actuelle : on avait des individualités (Gasset, Santini, Sarramagna, Firoud) mais la mayonnaise ne prit jamais. Derrière, je vais enchaîner trois saisons en deuxième division. Il n'y avait plus de sous, on a eu la chance de jouer.

Quel souvenir de votre premier club ?

Mon adolescence du foot, j'ai envie de déclarer : découverte, inconsience, insouciance, plaisir. Le bon côté artisanal. Ma génération, c'est mon frère Franck, Jean-Yves Hours, Laurent Blanc, Robin Huc... j'en oublie.

Et vous débarquez à Toulouse en même temps que Beto Marcico !

Le TFC était en Ligue 1, le step logique. Daniel Jeandupeux m'avait recruté mais, au final, c'est Jacques Santini - avec qui j'ai débuté à « Montpell » - qui reprend le flambeau car Daniel a été remercié au début de l'été 1985. Et puis ça marche tout de suite... Marcico était doué, il s'agit du coéquipier qui m'a le plus marqué. Nous arrivons dans un groupe constitué, avec des concepts innovants. Il suffit de mettre nos différents talents au service de la cuvée : Tarantini, Domergue, Espanol, Durand, etc.

L'année suivante, première épopée en coupe d'Europe avec votre fameux triplé face au Spartak Moscou (16e de finale Coupe UEFA, match aller, 3-1 au Stadium). Vous marquerez aussi un an plus tard, toujours à la maison, devant Panionos. Résultat : à égalité avec Thijs Dallinga, vous êtes le meilleur buteur du TFC en Europe (4B) !

Ça me fait plaisir, mais le chiffre 4 n'est pas trop glorieux (sourire) . Contre les Grecs, je n'aurais pas dû jouer, je revenais d'un match en URSS avec l'équipe de France; je vais me ''péter'' les ischios gauches. Je mets un coup franc dès la 7e, côté droit, lunette. Et je serai obligé de sortir...

Un retour au TFC serait-il envisageable ?

Non, je ne pense pas. Avec Annecy, on a une petite structure où je m'entends avec les gens, j'échange, j'ai une interaction positive. De l'humain et du concret, c'est ce qui me guide. Au rachat du club par les Américains été 2020, j'avais bien saisi l'opportunité d'un poste au recrutement à Toulouse qui s'était ouvert, Damien Comolli n'avait en fin de compte pas souhaité donner suite.

Recueilli par Patrick Desprez