L'Usine Nouvelle (site web)
lundi 20 janvier 2025 - 16:26 GMT+1 659 words

Après plusieurs accidents, Amazon suspend son service de livraison par drone

Deux drones MK30, habilités pour livrer commercialement des colis, se sont écrasés en décembre sous une pluie légère. Un obstacle de plus pour le géant américain, qui accumule depuis quatre ans les accidents. Amazon reste néanmoins décidé à proposer ce service en Europe et a entamé les premiers tests en Italie.

Amazon a annoncé le 17 janvier suspendre immédiatement toutes ses opérations commerciales de livraison par drone, après le crash de deux appareils. D'après Bloomberg, deux drones MK30 se sont écrasés en décembre lors de vols de tests à l'aéroport de Pendleton, dans l'Oregon. Ce modèle à six hélices, plus léger et plus silencieux que le MK27-2, a obtenu son habilitation de vol en octobre auprès de la Federal Aviation Administration (FAA). Un problème logiciel, affirme Amazon

Selon la firme de Seattle, un problème logiciel lié à la pluie légère qui tombait au moment des tests serait à l'origine de l'accident. "Nous sommes actuellement en train d'effectuer des modifications logicielles au drone, a déclaré dans un communiqué Sam Stephenson, porte-parole d'Amazon. Les livraisons reprendront une fois les mises à jour terminées et approuvées par la FAA. (...) Ces essais ont pour but de pousser nos drones au-delà de leurs limites. Il serait irresponsable de ne pas le faire." Pour l'heure, Amazon propose son service "Prime Air" dans des aires relativement restreintes, à College Station (Texas) et à Tolleson, en banlieue de Phoenix (Arizona). En juin 2024, la FAA a donné son feu vert à Amazon pour que ses drones puissent survoler des zones sans que les salariés chargés des opérations n'aient à garder un contact visuel sur les appareils. Le géant américain s'est fixé l'objectif ambitieux de 500 millions de colis livrés par an d'ici à 2030. Les accidents se succèdent

Un défi qui s'annonce pour le moins périlleux. La société, qui a interrompu l'année dernière son service de livraison par drone à Lockeford (Californie), enchaîne les accidents impliquant ses appareils. Lors d'un test en septembre sur les performances du MK30 en cas de défaillance d'une des hélices, deux drones sont entrés en collision à l'aéroport de Pendleton. Amazon a depuis affirmé que ses procédures et la formation de ses opérateurs avaient été modifiées. La FAA et la NTSB, agence américaine chargée des accidents aériens, enquêtent sur ces deux affaires. Et ces accidents ne datent pas de l'année dernière. Quatre ont été recensés en 2021, dont un provoquant un incendie à l'aéroport de Pendleton. Amazon a ensuite été confronté à une perte de puissance de certains appareils, allant jusqu'à suspendre ses opérations en novembre 2023 après le crash d'un drone vidé de sa batterie. Les opérateurs de drones doivent désormais vérifier la tension de la batterie pendant la surveillance du vol. De premiers tests en Italie... mais gare à la concurrence

Malgré tout, Amazon compte bien étendre son service de livraison en dehors des États-Unis, en particulier en Europe. La multinationale a réalisé début décembre son premier vol de test à San Salvo, dans les Abruzzes italiennes, et prévoit de lancer son service de livraison dans le pays dès cette année. Elle souhaite également s'implanter au Royaume-Uni. Avec cette suspension de service, Amazon pourrait néanmoins prendre du retard sur un lancement en Europe, où la concurrence est rude. La start-up Dronamics a mis au point "Black Swan", un drone capable de transporter 350 kg de fret sur 2500 kilomètres maximum. Après avoir obtenu une licence européenne d'opérateur, la société basée à Londres pourrait démarrer son exploitation commerciale cette année sur certaines îles grecques. En France, le groupe La Poste mène également des expérimentations dans le Var et dans l'Isère, pour éviter aux facteurs certaines routes de montagne. Les drones, fabriqués avec la start-up Atechsys, partent d'une camionnette et peuvent voler sur 20 kilomètres en transportant jusqu'à 10 kg de colis. La Poste espère pour l'heure desservir quatre autres communes du Vercors, afin d'éviter 65 kilomètres de route de montagne.