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Thierry Terret : « Le sport est un outil de construction de l’identité locale, autant que nationale »

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Interwiew par Chantal Cabé Publié le 27/06/2024 à 14h04, mis à jour le 27/06/2024 à 14h04 • Lecture 6 min. >/g) || []; for (let script of scripts) { articleContent.replace(script, ''); const scriptEl = document.createRange().createContextualFragment(script); document.querySelector('.content-art').append(scriptEl); } document.querySelector('.bloc-payant').remove(); document.querySelector('.content-art').innerHTML = articleContent;; if (result.showcase) { $('#header >.bandeau-abo').show(); } }); }).catch(function (error) { console.log(error.message); }) } $(window).on('load', function () { let subscribed = getCookie('subscribed'); let statut = 'Payant' if (typeof subscribed !== 'undefined' && subscribed === 'false' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } else if (typeof subscribed === 'undefined' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } tag.page.set({ name: 'thierry-terret-le-sport-est-un-outil-de-construction-de-lidentite-locale-autant-que-nationale', level2: rubrique.level2, chapter1: 'lv0f' === 'hc0f' ? ch1 : rubrique.chapter1, chapter2: ch2, customObject: { Pagetype: 'article', Population: typeof subscribed === 'undefined' ? 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Délégué ministériel aux Jeux olympiques et paralympiques d'avril 2018 à août 2022, il est, depuis, à la tête du vice-rectorat de Polynésie française, tout en demeurant impliqué dans plusieurs projets sur l’héritage des Jeux olympiques et sur le patrimoine sportif. Il a publié de nombreux ouvrages dont les derniers parus, Histoire du sport , PUF, 2023 (7e édition) et Balades olympiques vol. 5 , Les Chemins éducatifs , L’Harmattan, 2023. Que signifie le mot «?sport?» et quand apparaît-il dans l'Histoire?? Le terme desport ou disport vient du français au Moyen Âge pour signifier la distraction, l’amusement. Le Grand Dictionnaire universel du XIXe?siècle de Larousse définit d’ailleurs encore le sport comme un «?ensemble d’amusements, d’exercices et de simples plaisirs qui absorbent une portion assez notable du temps des hommes riches et oisifs?». Le terme traverse la Manche sous ce sens et se retrouve dans le contexte particulier de la tradition, en Angleterre, des courses hippiques, un mélange de plaisir du spectacle et de compétition. Dans un intéressant aller-retour de l’histoire sémantique, le terme « sport?» revient en Europe continentale, et notamment en France, où il se repère, pour la première fois, en 1828 dans Le Journal des haras consacré aux courses hippiques. L’invention des sports modernes revient à l’Angleterre, à la fin du XVIIIe?siècle, en plein capitalisme émergent, avant de se diffuser au XIXe?siècle dans les colonies britanniques et les sociétés industrialisées (Amérique du Nord et Europe continentale). À quelles fonctions les pratiques plus anciennes du sport répondaient-elles?? Au tout début des grands jeux d’Olympie de l’Antiquité, autour de –700/–800 av. J.–C., les fonctions attribuées étaient multiples. La première était sacrée?: l’activité compétitive est une continuité des rites sacrés du «?travail?» des prêtres dans la cité. Des cérémonies faites de défilés, sacrifices et rituels mises en scène par des hommes ayant symboliquement le statut de demi-dieux et empreintes de la conception religieuse des Grecs. Puis, la fonction sacrée s’est rapidement articulée aux fonctions militaire et éducative. La préparation physique de l’éphèbe, dans laquelle on trouve du lancer de javelot ou de la lutte, passe par des activités motrices requises dans le combat. Enfin, la vertu de l’activité physique est d’éduquer et d’élever le Grec. Chez les grands philosophes grecs, impossible d’imaginer l’épanouissement du citoyen libre et éclairé sans une association du développement de l’esprit et du corps. Toutefois, en quelques siècles, de nombreux athlètes chercheront à monnayer leurs compétences et à accéder à un statut d’élite dans la cité. La fonction lucrative est bien loin des ambitions éducatives ou religieuses?! Comment caractériser le sport au regard de toutes les activités physiques que l’on peut connaître?? Depuis la fin des années 1960, philosophes, historiens et sociologues s’interrogent sur cette question avec des dizaines, voire des centaines de définitions. L’historien du sport américain Allen Guttmann suggère, dans son ouvrage de référence — From ritual to record (Du rituel au record, la nature des sports modernes) publié en 1978 et paru en France en 2006 —, de ne parler de «?sport moderne?» que lorsque sept critères sont réunis?: sécularisation (abandon du lien au sacré), égalité des chances (s’opposer de façon équitable)?; spécialisation des rôles (au début, les athlètes sont en même temps entraîneur, capitaine, etc. alors qu’aujourd'hui, nous disposons de nombreux spécialistes en tous genres?: entraîneurs, médecins, etc.)?; rationalisation (des formes d’entraînement, des équipements et des techniques)?; bureaucratie (avec des structures locales, des fédérations nationales et des grandes organisations)?; quantification (il suffit de regarder un match à la télévision pour voir des dizaines d’informations chiffrées s’afficher sur l’angle de l’écran) et quête du record. Comment sommes-nous passés de la victoire à la notion de record?? L’invention des sports modernes s’est accompagnée d'une originalité?: devenir le meilleur sans être directement confronté à l’autre. Parce que les conditions matérielles (stade, piscine, gymnase) sont les mêmes que l’on soit à Tokyo, à Londres ou à Paris, il est possible de se confronter à l’autre indépendamment de l’espace et du temps. Le record s’établit sur des tablettes et est archivé. Dans l’Antiquité grecque, seule la victoire comptait. Il n’existait pas de podium, ni de deuxième ou troisième place. Fin XVIIIe–début XIXe siècle, sont inventés des outils de mesure (chronomètre), des règlements (accord sur des poids, des temps, des durées) et une organisation des espaces. Par exemple, jusqu’aux années 1880, en athlétisme, les courses étaient dites «?à handicap?». Les athlètes n’étaient pas placés sur la même ligne de départ mais avec des décalages en fonction de leurs forces et qualités supposées afin d’être le plus proche possible à l’arrivée. Ce décalage offrait l’opportunité pour chacun de gagner. La valeur de la performance est-elle l’apanage des sociétés modernes?? En effet, la volonté de dépassement, de réussir quelque chose au-delà de nos limites, est devenue une valeur de nos sociétés. Ce culte du «?toujours plus?» date de la seconde moitié du XXe?siècle. Il se retrouve dans la visibilité du sport, pas seulement parce que les médias sont davantage présents, mais aussi parce que Le Culte de la performance s’impose à nous comme le dit Alain Ehrenberg dans son livre paru en 1991. L’auteur évoque «?l’arrivée massive des héros de la performance sur la scène publique?: battants, entrepreneurs, aventuriers, sportifs, chômeurs créant leur propre entreprise?». Cette volonté de repousser les limites devient une manière d’organiser le travail… jusqu’au XXIe?siècle où le burn-out est enfin reconnu, traduit et traité. Le sport est l’une des faces les plus visibles de la mondialisation et, paradoxalement, un lieu de résistance pour les pratiques régionales. Comment l’expliquez-vous?? Les deux ne s’opposent pas. À l’occasion de la publication d’un essai, Pratiques sportives et identités locales , avec mon collègue, Bernard Michon, nous avons constaté à quel point, en France, le sport est un outil de construction de l’identité locale, autant que nationale, au travers d’une équipe (héros locaux), d’un microlieu (un gymnase, une piscine, un stade) ou d’événements forts. La plasticité du sport permet à la fois de s’appuyer sur une facette mondialisée tout en maintenant des pratiques qui relèvent de ses racines et de son territoire. Les deux approches nationales et locales peuvent coexister avec des scènes étonnantes quand, au Stade de France, les supporters encouragent les Bleus en brandissant un drapeau breton?! Comment expliquer qu’une pratique aussi populaire, rassemblant des milliards de personnes à travers le monde soit si peu étudiée par les intellectuels?? Les spécialistes des sciences sociales se sont historiquement désintéressés du corps, qu’ils associent à quelque chose de populaire. En France, celui-ci est longtemps resté un objet illégitime face à la toute-puissance de l’esprit. Il faudra attendre la décennie des années 1970 pour les voir s’emparer des questions du corps et des loisirs. Le sociologue français Joffre Dumazedier (1915-2002) est l’un des pionniers de la sociologie du loisir et l’auteur le plus éminent en la matière depuis son ouvrage paru en 1962 Vers une civilisation du loisir?? À l’inverse, si vous regardez en Angleterre ou aux États-Unis, les plus grands chercheurs travaillent sur le sport depuis près de cent ans. Et les analyses sur le sport ont depuis longtemps toute leur place dans les médias de référence tels que le New York Times. Aux États-Unis, le sport est d’ailleurs un objet suffisamment reconnu pour que l’on puisse accéder à l’université non pas sur la base de ses diplômes, mais sur celle de ses performances sportives. Cela change tout. Le sport est-il encore un jeu?? Les philosophes du sport opposent l’utilité (au sens où il est aujourd’hui traversé par des enjeux mondiaux) à la futilité du sport (il n’a de sens que pour le plaisir de faire). Le sport de haut niveau n’est plus un jeu, sauf pour les spectateurs. Par contre, il demeure futile, et donc un jeu, grâce au plaisir de faire. Le bonheur de se retrouver sur un stade de village, un dimanche matin à la campagne, existe toujours. Il ne s’explique alors ni par l’argent, ni par le poids des médias, ni par la recherche de quoi que ce soit. Le sport, c’est tout ça?: à la fois l’utile et le futile?; un jeu et un hors-jeu. 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