Aujourd'hui en France
Edition Principale
_Loisirs, mardi 7 janvier 2025 962 words, p. AUJM28
Also published in
January 7, 2025 - Le Parisien Le Parisien (site web)

Petit frère, grande carrière

Le benjamin des frères Schneider, Vassili, s'est révélé dans « le Comte de Monte-Cristo ». Aujourd'hui, le comédien de 25 ans cartonne au théâtre dans « la Prochaine Fois que tu mordras la poussière ».

Sylvain Merle

Un profil grec, des boucles blondes rebelles, un sourire parfois espiègle, une candeur naturelle accrochée à un grand corps délié... Vassili Schneider, 25 ans, a des airs d'ange tombé du nid. Les Français l'ont découvert dans « le Comte de Monte-Cristo », le film de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière dans lequel il campe Albert de Morcerf, le protégé de Pierre Niney. Il impressionne aussi dans « la Prochaine Fois que tu mordras la poussière », adaptation à la scène du roman à succès de l'humoriste Panayotis Pascot par son frère, Paul Pascot.

Vassili y fait ses premiers pas sur les planches dans un quasi-seul-en-scène. Quasi, parce que, s'il a un partenaire de jeu, Yann Pradal, sur lequel il peut appuyer son regard, il reste physiquement seul sur le plateau du Petit Saint-Martin (Paris X e). Lancé en novembre, le spectacle se joue à partir de ce mardi, et jusqu'au 8 mars, cinq fois par semaine. Et c'est complet.

Soif d'apprendre et « envie de se dépasser »

« Pour moi, le théâtre, c'est l'expérience première d'un acteur, il fallait que je passe par là pour goûter à ce métier à 100 % », souffle-t-il. Il en avait tellement envie, et de ce rôle en particulier - « j'adorais le livre, ce texte offrait une palette de jeu incroyable » - que, pour le casting, il apprend un chapitre entier plutôt que la page demandée. « Je pense que ça a plu à Paul, cette envie de travail », sourit-il.

On perçoit chez lui une envie ardente de se dépasser. « Je crois que j'ai besoin de me faire peur un peu », confirme-t-il. Touche à tout, mannequin et comédien, photographe, il dessine - le texte de l'adaptation paraît accompagné de ses dessins - et réalise aussi, peaufinant en parallèle le montage de son court-métrage. On lui trouve évidemment un air de famille, lui le petit dernier d'une sacrée fratrie qui compte Niels, Volodia et Aliocha Schneider, tous acteurs, batteur et chanteur pour les deux derniers. Tous à la carrière bien lancée, comme l'était celle de Vadim, l'aîné fauché en plein envol, tué au Québec dans un accident sur la route d'un tournage en 2003. Il avait 17 ans. Vassili, lui, n'avait que 4 ans.

Dans cette fratrie, le benjamin n'a pas tout de suite su où se placer. « J'ai pas mal d'écart avec mes frères. À partir de 9 ans, j'étais presque comme un enfant unique, se souvient-il. J'avais une grande admiration pour eux, Aliocha qui commençait un premier album à 16 piges, Volodia avait un succès fou comme batteur, Niels était à Cannes, Vadim était déjà décédé. Mais ado, il remportait des concours de poésie, c'était un génie... Et moi ? J'avais très peur d'être celui en trop, celui qui n'avait pas le génie de ses frères. »

Il se souvient de sa colère; enfant, de sa frustration. « Je me sentais bête par rapport à eux, je faisais du skate alors qu'ils écrivaient des chansons. » Et puis ça s'est estompé. Vers 15 ans, il se convainc « d'arrêter d'être l'ado chiant », raccroche les wagons du train familial où la culture est omniprésente, passe plus de temps avec ses frères, lit, regarde des films.

« Le cinéma m'a toujours attiré, mais c'est comme si je n'osais pas m'y intéresser parce que c'était leur truc. » S'il passe des castings depuis tout jeune - on est comme ça dans la famille -, il n'a pas toujours pris ça au sérieux. « Un jour, j'ai demandé à mon père de me coacher, ça a créé une nouvelle relation entre nous. » Vassili travaille désormais ses projets avec lui. « Il vient du théâtre, grâce à lui j'ai beaucoup appris. Sur Monte-Cristo, il m'a beaucoup aidé. » Dans la salle, son père est là quasiment chaque soir.

Quand Vassili a commencé à travailler, à son arrivée en France, à 18 ans, il voit ses parents fiers. « Mon père me disait que j'avais du talent, j'ai complètement arrêté de complexer et de me comparer à mes frères. Mais je crois que j'avais besoin de prouver à mes parents qu'ils pouvaient être fiers de moi, comme si ma raison de vivre, c'était de leur prouver qu'ils avaient eu raison de m'avoir », confie celui qui a eu très tôt conscience d'être arrivé « par hasard ».

Les projets s'accumulent

À la première, ils sont tous là. L'émotion le submerge. « De les voir émus et fiers... Pendant deux jours, j'en pleurais encore. » Ce projet est un pas supplémentaire, et important, dans sa carrière - « ça me fait grandir » - après l'exposition phénoménale de « Monte-Cristo ». Dans la rue, on le reconnaît. « C'est déstabilisant, ça m'a fait marrer la première semaine, puis ça m'a angoissé. Là, je commence à m'y faire. » Et puis désormais, on l'a mieux identifié dans le métier. « J'ai l'impression que je vais pouvoir décider de quel cinéma je veux faire partie, c'est-à-dire travailler avec des gens passionnés. »

Et continuer à avancer, avec deux films en perspective dont il ne peut dire trop, sinon qu'il sera en costume, à nouveau. « En ce moment c'est à la mode, et ça me plaît. » Et tourner avec ses frères ? « Ce serait fou ! On le fera un jour, on nous a déjà proposé des trucs, mais on attend la pépite. » Et le théâtre ? « Évidemment ! J'espère un nouveau projet plus dur encore », ajoute celui qui s'est fixé pour objectif de réaliser son premier long avant ses trente ans. « Il y a tellement de choses que j'aimerais découvrir, je n'en suis qu'au début. »