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lundi 6 janvier 2025 2599 words

Marie Balmary : « Dieu veut guérir l’homme de sa soumission »

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Interview Alexia Vidot Publié le 03/06/2024 à 13h23, mis à jour le 03/06/2024 à 13h23 • Lecture 6 min. >/g) || []; for (let script of scripts) { articleContent.replace(script, ''); const scriptEl = document.createRange().createContextualFragment(script); document.querySelector('.content-art').append(scriptEl); } document.querySelector('.bloc-payant').remove(); document.querySelector('.content-art').innerHTML = articleContent;; if (result.showcase) { $('#header >.bandeau-abo').show(); } }); }).catch(function (error) { console.log(error.message); }) } $(window).on('load', function () { let subscribed = getCookie('subscribed'); let statut = 'Payant' if (typeof subscribed !== 'undefined' && subscribed === 'false' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } else if (typeof subscribed === 'undefined' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } tag.page.set({ name: 'marie-balmary-dieu-veut-guerir-lhomme-de-sa-soumission', level2: rubrique.level2, chapter1: 'lv0f' === 'hc0f' ? ch1 : rubrique.chapter1, chapter2: ch2, customObject: { Pagetype: 'article', Population: typeof subscribed === 'undefined' ? 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Les enfants, lorsqu’on ne les fait pas taire, bouillonnent de questions : Noël, c’est quoi ? Où est grand-père qui est mort ? Pourquoi Dieu ne nous a pas mieux faits ?… Nous aimions chercher ensemble à leur répondre, mais nos réponses toutes faites n’étaient pas satisfaisantes, ni pour eux, ni pour nous ! Alors, nous avons mis en commun nos questions à nous et puis nous avons cherché à approfondir nos connaissances, notamment sur la Bible. Pour ma part, entraînée par une amie, j’ai participé à un séminaire d’exégèse du jésuite Paul Beauchamp, qui nous a ensuite accompagnés quelques années dans un petit groupe. En parallèle de ce travail, j’ai rencontré la tradition juive, à la faveur d’un colloque sur l’idolâtrie. Je me suis aussitôt sentie chez moi ! C’est à partir de cette tradition que j’ai vraiment pu revenir vers la mienne. Précisément à cette époque est parue la traduction d’André Chouraqui. Et la Bible ainsi traduite au plus près du texte original m’est apparue d’une richesse extraordinaire. C’est alors que je me suis mise à apprendre l’hébreu pour la Bible juive, puis le grec, pour le Nouveau Testament. Qu’avez-vous découvert grâce à André Chouraqui ? Sa traduction littérale malmène un peu le français, mais elle est beaucoup plus incarnée, physique et charnelle que nos traductions habituelles, qui sont rabotées, domestiquées, lisses. C’est une traduction littérale qui n’a pas brouillé les pistes, ensablé les puits et comblé les mines et qui, de ce fait, permet de ressentir où se trouvent l’eau fraîche et les trésors des textes. Sans faire le chemin à votre place. En un mot, la Bible de Chouraqui, c’est de la parole libre qui ouvre des chemins d’errance où chacun peut se perdre et se trouver avec d’autres. « Ne demande jamais ton chemin à quelqu’un qui le connaît, car tu ne pourrais plus t’égarer » , conseillait un rabbin. Quel était l’objet de votre recherche ? La parole libératrice. Depuis que j’avais découvert la psychanalyse, par l’expérience de ma propre dépression, je cherchais à comprendre comment la parole peut libérer et guérir au lieu d’être un support de nos maux, de nos maladies. C’est d’ailleurs la psychanalyse qui m’avait ramenée aux récits fondateurs et au Décalogue, dans lequel Jacques Lacan voyait les « lois de la Parole elle-même ». Le célèbre psychanalyste avait un frère, Marc-François Lacan, qui était moine bénédictin. Dès notre première rencontre à l’abbaye d’Hautecombe, nous étions devenus amis. Qu’il encourage ma recherche a été pour moi très important. Est-ce lui qui vous a confirmé dans l’idée que la psychanalyse et la Bible étaient conciliables ? Déjà, Paul Beauchamp m’avait rassurée sur le fait que je n’avais rien à renier de ce que la psychanalyse m’avait appris, que mettre la Bible en résonance avec mon expérience clinique était une richesse. Mais de là à écrire le Sacrifice interdit, Freud et la Bible (Grasset, 1986) ! Marc-François Lacan a été d’un fort soutien au long de l’écriture de cet ouvrage où je relis et questionne le récit biblique qu’on appelle à tort le sacrifice d’Abraham. Cette histoire était le texte d’entrée pour moi : ou bien une autre interprétation était possible (que la version sacrificielle), ou bien… on part ailleurs (rires). • OANN MARK KUZNIETSOV/UNSPLASH Et vous n’êtes pas partie ailleurs, au contraire ! En effet, juste avant la parution du Sacrifice interdit, j’ai été invitée à animer une session biblique en montagne par le prêtre parisien Xavier de Chalendar. Ce n’était pas la première fois que j’y allais, mais cette année-là, le groupe était particulièrement attentif et enthousiaste. De retour à Paris, certains ont désiré poursuivre l’aventure. Et c’est ainsi qu’est né le groupe Déluge, baptisé du premier texte – difficile – auquel il s’est confronté. Depuis 1987, nous nous retrouvons au rythme d’un soir par semaine et nous avançons comme des explorateurs, des urgentistes. Nous aimons les faces nord, c’est-à-dire ces passages qui fâchent, qui peuvent être toxiques, dangereux à enseigner. Nous disons à la Bible : est-ce que tu nous sors de ce piège ? Et nous lisons, travaillons, décortiquons… Ce sont nos commentaires des Évangiles que j’ai rassemblés dans mon dernier livre. En quoi cette lecture collective est-elle fructueuse ? L’accès aux textes bibliques ne se fait pas en solitaire, mais avec d’autres. Lire la Parole à plusieurs permet à chacun de se situer, de confronter le texte à la lecture d’un autre et de décoller de ses adhérences. De ne pas se laisser prendre par son surmoi, ce gendarme intérieur qui lit à notre place et nous tend des pièges. La correction fraternelle est très importante – « Tu lis ça, mais moi j’ai plutôt vu ça… » –, mais elle ne peut être féconde que si aucun n’est le maître de l’autre et que chacun peut dire son mot sur le texte, en son propre nom et sans jugement. Cette lecture fraternelle, proche de la tradition juive, donne une grande liberté de pensée. Vous insistez sur le fait qu’il n’y a pas de lecture objective des Écritures… La Bible est un texte que chaque lecteur est appelé à reprendre, à relever, à interpréter. Dans l’Évangile, Jésus lui-même nous invite à ne pas rester dans une attitude passive devant la Loi : « Qu’y a-t-il écrit ? Que lis-tu ? » Si nous étions dans le savoir, il s’agirait de lire ce qui est écrit et de s’y conformer. Là, il y a une autre dimension, qui n’est pas celle de l’objectivité, mais de la subjectivité. Que lis-tu, toi ? Que vois-tu là ? Sans doute pas la même chose que ton voisin ! Cette manière juive de lire les Écritures est fondamentale. Quand les chrétiens la perdent, ils réduisent la Bible à un règlement intérieur, à des textes de savoir ou de morale. C’est précisément ce que nous refusions de faire avec nos enfants, au jardin… Notre lecture n’est-elle pas faussée par des textes mal traduits qui colportent des fausses images de Dieu ? Je suis la première à regretter les mauvaises traductions, mais je plaide un peu la cause des traducteurs : l’instance moralisatrice et culpabilisatrice qui confisque les textes est à l’intérieur de nous, la psychanalyse nous l’apprend. Avant même d’être capables de parler, nous recevons des milliers de verbes à l’impératif. Je ne vois pas comment on pourrait éviter d’imaginer d’abord un Dieu total, un Dieu maître tout-puissant qui réclame notre obéissance. Cette projection est anthropologiquement inévitable. Émerger de cet état de totale dépendance pour devenir une personne à part entière, y compris dans notre rapport à Dieu, est terriblement difficile. C’est à mon sens la grande affaire biblique de nous libérer de ce mauvais Dieu que Maurice Bellet a appelé « le Dieu pervers » ; ce « Grand Œil » , ce « grand comptable » qui domine, juge, surveille, persécute, culpabilise… Abraham en a fait l’expérience. Tout de même, vous nous invitez à prendre un crayon pour corriger nos traductions qui sont pleines d’erreurs et de détournements propices aux pires manipulations… Les Écritures peuvent être des lieux dangereux puisque la parole divine mal traduite et mal transmise risque de nous manger, de dévorer notre vie, notre âme. J’ai vu ces effets dévastateurs au sein de la Commission indépendante pour les victimes d’abus sexuels commis par des religieux et religieuses, dont j’ai fait partie. Il n’y a rien de pire que de se servir de la parole de Dieu pour asservir à soi une personne. Prenons par exemple la Vierge Marie, que tant d’abuseurs ont transformée en figure de femme soumise qui réclame la soumission. Déjà dans l’Évangile des noces de Cana, le traducteur lui fait dire : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » On n’est pas loin du « Heil Jésus » ! Or, chose étonnante, le mot « tout » ne figure pas dans le premier texte grec, ni dans la traduction latine. Cet ajout est donc une erreur matérielle, mais il est aussi une erreur spirituelle. À mon sens, l’obéissance totale n’est pas du goût de Marie. L’archange Gabriel lui-même s’y est frotté ! Il lui propose d’abord de concevoir elle seule un fils du Très-Haut qui régnerait éternellement, mais elle ne dit pas son « fiat » à ce moment-là, elle ne succombe pas à cette tentation de toute-puissance. Elle lui oppose au contraire le « comment cela sera-t-il, je ne connais pas d’homme… ». Elle veut de l’autre. Alors, l’ange change de discours : « L’Esprit saint viendra… » Elle ne concevra pas toute seule. Marie n’est donc pas celle qui n’est que « oui » ! En effet, elle a su discerner. Dieu, selon ce que nous trouvons dans les textes, ne veut pas des serviteurs à jamais, mais des fils, tous incomparables et frères de l’Être. Il veut guérir l’homme de sa soumission, qu’il devienne un sujet, qu’il advienne à lui-même. J’aime cette histoire juive : Dieu pour tout jugement demande à celui qui vient de mourir : « Comment t’appelles-tu ? – Isaac. – Eh bien, as-tu été Isaac ? » À lire. Ce lieu en nous que nous ne connaissons pas. À la recherche du Royaume, de Marie Balmary, Albin Michel, 19,90 €. Notre sélection d'articles sur le même sujet Pourquoi lire la Bible ? 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