Ports de commerce de Rochefort et Tonnay-Charente : comment le trafic évolue et s'adapte au marché
Par David Briand - [email protected]
Alors que le trafic du port de Tonnay-Charente est passé sous les 200 000 tonnes, celui de Rochefort a refranchi le seuil des 400 000 tonnes. Confrontées au déclin des céréales, les autorités portuaires misent sur les matériaux recyclables et les énergies renouvelables
Avant le Covid-19 et la guerre en Ukraine, le président de Port Charente Atlantique (le syndicat mixte du port de commerce de Rochefort/Tonnay-Charente) Gérard Pons ambitionnait, comme ses prédécesseurs, de voir être franchie la barre du million de tonnes de marchandises annuelles. On s'en était rapproché avec près de 840 000 tonnes en 2018.
Depuis le tournant des années 2020, le trafic (1) annuel s'est fixé autour de 600 000 tonnes : 597 000 en 2024 après 607 000 en 2023 issues de 196 escales de cargos (129 à Rochefort et 67 à Tonnay-Charente).
Si, au total, cette petite baisse conjoncturelle s'explique par un recul des trafics « liés au BTP (ciment blanc, treillis soudés) à la tourbe et aux céréales », explique Céline Viron, la directrice générale de Port Charente Atlantique, la chute structurelle trouve sa source dans le déclin de la filière des céréales.
L'arrêt des engrais
Et l'arrêt des engrais à Tonnay-Charente. Une chute brutale après un arrêt qualifié de « soudain » de la production de la Timac en mars 2023. L'usine importait 50 000 tonnes de matières premières, un tonnage qui avait chuté par rapport aux pics (près de 200 000 tonnes) au plus fort de l'activité.
En hausse de 7,4 %, la ferraille a tiré les résultats du port de Rochefort vers le haut. XAVIER LEOTY / SO
Les exportations de céréales sont en baisse pour la troisième année de suite (-6,7 %), « en raison de mauvaises campagnes qui donnent des récoltes en baisse avec une qualité qui n'est pas suffisante », souligne Céline Viron. Conséquence : à l'inverse du port de La Rochelle qui exporte des produits céréaliers vers le Maghreb, le Moyen-Orient et l'Afrique de l'Ouest, le port tonnacquois ne peut les écouler vers ses clients majoritairement européens. « Par exemple, pour le blé, le Portugal a des exigences supérieures à la France », atteste Céline Viron.
À tel point que la filière sable, en hausse de 12,5 %, a supplanté en tonnage les céréales à Tonnay-Charente grâce à du granulat marin extrait au large d'Oléron et importé pour le compte de Cetra Granulats.
Cargo à voile
À Rochefort, « la ferraille nous sauve », souffle Gérard Pons, avec 150 000 tonnes. Empli de fer et métaux collectés dans le Grand Ouest et le centre de la France, un cargo hebdomadaire est affrété à destination du Portugal, du Maroc, de l'Espagne ou de Bayonne. Autre force : l'importation d'engrais azotés ou phosphatés de l'ordre de 100 000 tonnes qui augmente de 40 %.
De manière plus générale, l'avenir pour les deux ports s'inscrit dans le recyclage des matériaux : déconstruction des bateaux de plaisance, des mobile-homes ou des éoliennes forment des pistes à explorer. De même pour le transport par la mer de pièces aéronautiques entre les deux sites Airbus de Rochefort et Saint-Nazaire.
D'autres idées sont dans les cartons avec la Région : la possibilité de transports sur la partie fluviale de la Charente et le développement du transport vélique, c'est-à-dire des cargos à voile.
Des aménagements
Au sujet des infrastructures, la nouvelle voie de desserte du port de Tonnay-Charente qui devait longer la voie ferrée est renvoyée aux calendes grecques par le Département. L'avenue Louis-Bachelar qui ceint le port rochefortais ne sera pas absorbée pour étendre les terre-pleins qui sont d'ailleurs tous réhabilités. Une opération incluse dans les 6 millions d'euros investis. Le hangar n°3 situé face à Werzalit sera supprimé pour laisser place à une surface de stockage non couverte. De l'autre côté de l'avenue Louis-Bachelar, deux hangars vétustes de l'Agence maritime Rochefort (AMR) du groupe Kuhn seront détruits pour être reconstruits.
Au niveau de l'avenue de la Libération longeant la Charente, il ne reste qu'une habitation à acquérir. Le long de la Charente, la chapelle et deux façades de maison seront conservées.
Toujours sur le foncier, les efforts des autorités portuaires sont engagés à Tonnay-Charente afin de maîtriser davantage de terrains, notamment des délaissés de la SNCF et le site d'une ex-usine à charbon.
(1) Près de la moitié des partenaires commerciaux (origine ou destination des produits) sont établis en Europe du nord, devant la France qui pèse pour un gros quart du trafic.
Éolien flottant en mer En compagnie des trois autres ports de la région (La Rochelle, Bordeaux et Bayonne), regroupés dans un projet appelé Aquitania Wind Energy, le port de Rochefort/Tonnay-Charente a répondu à un appel à manifestation d'intérêt pour le parc éolien offshore Oléron 2 au large d'Oléron.
L'idée est de participer au hub logistique en mettant à disposition une surface qui pourrait recevoir « des petits éléments : chaînes, ancrages », détaille Céline Viron, directrice générale de Port Charente Atlantique. Sur une ancienne emprise de la SNCF proche de la gare acquise par Port Charente Atlantique, ce sont 2,3 ha qui pourraient être affectés à cette plateforme.
Erosion côtière : êtes-vous favorable à la création de zones inhabitables en prévention des risques à moyen et long terme ?Débattez
This article appeared in Sud Ouest (site web)