Loi sur la fin de vie : les députés remontés contre la scission du texte voulue par Bayrou
Nathalie Raulin
Ce mardi 28 janvier, le député PS Olivier Falorni a réclamé que la proposition de loi signée par 241 députés de tous bords soit inscrite à l’ordre du jour dans son intégralité. Le repli opéré le matin même par le Premier ministre pourrait néanmoins changer la donne.
Le happening a suivi de peu le courrier circonstancié à Matignon. Ce mardi 28 ;janvier à l’Assemblée nationale, quelques minutes avant le début des questions au gouvernement, le député PS Olivier Falorni marque une pause devant une forêt de micros et de caméras, alertés par ses soins. Le fervent défenseur de la réforme de la fin de vie n’est pas venu seul. Neuf de ses collègues, issus de tous les bancs de l’Assemblée nationale, à l’exception du RN, l’entourent. Tous sont là pour manifester publiquement leur opposition au projet de François Bayrou de scinder le texte sur la fin de vie , torpillé par la dissolution mais repris sous forme de proposition de loi par Falorni , en deux volets ;: l’un sur le renforcement des soins palliatifs et l’autre sur la légalisation de l’aide à mourir. Un refus signifié le matin même au Premier ministre dans une missive paraphée par plus de 200 députés, dont la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
«François Bayrou a ses convictions, nous les respections, mais il serait inadmissible que l’on soit privés de ce débat, martèle Olivier Falorni. Il serait très choquant qu’on n’écoute pas la parole des 240 députés – et même 241 depuis ce matin – qui ont cosigné la proposition de loi sur la fin de vie que je porte. On ne veut pas que cette réforme sociétale majeure soit encore la victime collatérale des choix gouvernementaux.» C’est que Falorni se méfie. Il sait que Bayrou le catholique est personnellement hostile au texte, ou plus exactement à sa deuxième partie qui ouvre un droit à l’aide à mourir . «La ficelle serait un peu grosse de nous dire ;: “On examine d’abord la partie soins palliatifs et on verra plus tard pour l’aide à mourir”», se rebiffe le député, bien décidé à s’opposer «farouchement» à un scénario qui renverrait la discussion sur l’aide à mourir aux calendes grecques.
«Ce que nous demandons , poursuit Falorni c’est que la démocratie fonctionne. Nous réclamons que la proposition de loi soit inscrite à l’ordre du jour et pas de façon séparée, comme la Convention citoyenne l’avait demandé et comme le président de la République l’a souhaité.» Et le même de rappeler que l’ancien Premier ministre Michel Barnier avait, en dépit de ses doutes personnels, accepté de donner quinze jours du temps législatif du gouvernement pour que ce texte puisse être examiné.
François Bayrou a-t-il senti un vent mauvais se lever ;? Deux heures plus tôt, le Premier ministre a amorcé un mouvement de repli. Devant les députés macronistes, il a esquissé une possible troisième voie. Son idée ;? Scinder la proposition de loi en deux textes, tout en garantissant qu’elles seraient examinées «en même temps».
Une suggestion que Falorni accueille avec réserve. «J’attends que Bayrou m’explique son avancée de ce matin, affirme l’ex-rapporteur du projet de loi fin de vie, qui doit rencontrer «très prochainement» le Premier ministre. Nous, on est sur le fond. On n’a pas peur de connaître l’avis des députés sur chacun des deux volets, soins palliatifs et aide à mourir. Mais on veut être certain que la partie aide à mourir ne passera pas à la trappe. Quand on fait de la politique, il faut déserter l’armée des naïfs…»
This article appeared in Libération (site web)