Fin de vie : la scission du texte crée des remous
Carine JANIN.
La décision de François Bayrou suscite une levée de boucliers de députés de tous bords à l’Assemblée. Ils veulent débattre « en même temps » des soins palliatifs et de l’aide active à mourir.
En scindant le projet sur la fin de vie, le Premier ministre cherche-t-il à « reporter aux calendes grecques » l’instauration, en France, d’une aide à mourir ? C’est ce que redoutent des députés de neuf groupes parlementaires (LR, MoDem, Liot, Horizon, Renaissance, socialistes, communistes, Insoumis, écologistes, excepté le RN et l’UDR, le petit parti d’Éric Ciotti) réunis mardi dans la salle des Quatre colonnes à l’Assemblée nationale.
Craignant une « stratégie dilatoire » du gouvernement, ils réclament que le texte soit débattu « maintenant et en même temps » et non « séparément et dans longtemps » .
« Nous ne sommes pas prêts à être dupés » , insiste le député MoDem Olivier Falorni. Il est l’auteur d’une proposition de loi signée par 240 députés, qui reprend les dispositions du texte débattu au printemps, et qui a été interrompu par la dissolution.
Opposé, à titre personnel, à l’aide à mourir, François Bayrou a redit, lundi soir sur LCI, sa volonté de scinder en deux le texte sur la fin de vie, afin que chacun puisse éventuellement voter « différemment » sur les deux volets qui le composent. Les soins palliatifs sont pour lui « un devoir » , alors que l’aide à mourir est, de son point de vue, un « débat de conscience ».
Scinder le texte est aussi une demande ancienne des opposants à une évolution de la loi, dont le collectif Soins de vie qui regroupe une quinzaine d’organisations de soignants.
« Des sujets indissociables »
Soins palliatifs et aide active à mourir sont des « sujets indissociables », rétorque Laurent Panifous (Liot), aux côtés d’Olivier Falorni et des huit autres députés à l’Assemblée nationale.
« Car une même personne peut demander des soins palliatifs et, à un moment, demander l’aide à mourir », abonde la députée macroniste Brigitte Liso. C’est aussi ce qu’avait dit, mardi matin, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun- Pivet.
Elsa Faucillon (communiste) regrette l’attitude du gouvernement qui a dit vouloir travailler au « dialogue et au compromis » et semble aujourd’hui remettre en cause le premier texte transpartisan susceptible d’être voté. Les députés estiment également qu’il faut « respecter » le travail de la Convention citoyenne sur la fin de vie mais aussi le « message du président de la République » .
Son projet de loi, au printemps, rassemblait dans un même texte les soins palliatifs et la légalisation d’une aide active à mourir, à de strictes conditions.
This article appeared in Ouest-France