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vendredi 24 janvier 2025 - 06:05:51 1217 words

2 000 fragments de statues en bronze retrouvés dans une décharge antique à Métropolis

Laurie Henry

Dans l'ancienne ville de Metropolis, située près d'Izmir, en Turquie, une équipe d'archéologues a découvert environ 2 000 fragments de statues en

bronze dans ce qui semble avoir été un dépotoir de l'Antiquité. Cette trouvaille, réalisée dans le cadre du projet « Patrimoine pour le futur » dirigé par le professeur Serdar Aybek de l'Université Dokuz Eylül, révèle des pratiques fascinantes de recyclage remontant à plus d'un millénaire.

Dans l'ancienne ville de Metropolis, située à Izmir en Turquie, des fouilles dirigées par le professeur Serdar Aybek de l'Université Dokuz Eylül, en collaboration avec le ministère turc de la Culture et du Tourisme et la Fondation Sabancı, ont révélé une découverte inattendue : environ 2 000 fragments de statues en bronze, retrouvés dans ce qui semble être un dépotoir antique.

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Ces vestiges, datant des périodes hellénistique et romaine, témoignent non seulement de l'importance symbolique et économique des statues dans l'Antiquité, mais aussi des bouleversements religieux et sociaux qui ont transformé cette région. Leur étude approfondie permet de mieux comprendre les pratiques de recyclage du bronze et leur lien avec les transitions culturelles marquantes de l'Antiquité tardive.

Un vestige des pratiques antiques de recyclage

Le site archéologique de Metropolis fut établi dès le Néolithique et prospéra aux époques hellénistique et romaine. Il illustre l'importance des échanges commerciaux et des ressources agricoles dans l'Antiquité. Situé dans la région fertile d'Izmir, en Turquie, il s'est affirmé comme un centre culturel et économique majeur. Les fragments de statues en bronze récemment découverts, représentant des éléments comme des doigts, des yeux et des sandales, offrent un aperçu tangible de la vie artistique et artisanale de l'époque. Parmi ces vestiges, des plaques de bronze rectangulaires utilisées pour la réparation ou la fabrication de statues révèlent des pratiques sophistiquées de fonderie. Ces éléments suggèrent que Metropolis abritait des ateliers spécialisés. Le bronze tenait une place importante dans l'économie de l'époque. On le réutilisait, notamment lors de périodes de transformation culturelle.

Selon le professeur Serdar Aybek, cette découverte met en lumière une transition historique majeure. Elle se voit marquée par l'abandon progressif des croyances polythéistes au profit des religions monothéistes comme le christianisme. Les archéologues trouvèrent de fait les 2 000 fragments dans ce qui semble être un dépotoir antique. Ils auraient probablement servi à produire de nouveaux objets, comme des pièces de monnaie. Le processus se voyait motivé par des impératifs économiques et religieux. Une matière précieuse comme le bronze pouvait être intégralement revalorisée pour s'adapter aux exigences d'une nouvelle ère.

Le rôle de Metropolis dans la production de statues

La découverte des plaques de bronze r et des fragments de statues dans l'ancienne cité de Metropolis révèle des aspects méconnus de son rôle en tant que centre artisanal de premier plan. Ces plaques avaient un but précis dans le processus de moulage. Elles servaient à combler les cavités créées par les tiges de fer qui maintenaient le noyau interne des statues durant leur fabrication. Ce détail technique atteste d'une expertise avancée en fonderie. Il implique non seulement la création, mais aussi la réparation d'œuvres en bronze. Ces activités confirment que Metropolis n'était pas uniquement un lieu de recyclage. Mais il constituait bien un pôle artisanal où les techniques métallurgiques se trouvaient maîtrisées et le bronze soigneusement travaillé.

Cette fonction artisanale souligne l'importance économique du bronze dans l'Antiquité, un matériau coûteux et réutilisable. On le réservait souvent à des œuvres ou des objets d'une grande valeur symbolique ou pratique. Le professeur Serdar Aybek explique que ces découvertes renforcent l'idée que Metropolis était un centre culturel et économique actif, capable de répondre à une forte demande locale ou régionale. La présence d'ateliers de fonderie témoigne également de la position stratégique de Metropolis sur des routes commerciales majeures, permettant l'approvisionnement en matières premières et la diffusion des produits finis.

Métropolis, une histoire riche

À l'époque où les statues en bronze découvertes à Metropolis ont été créées, modifiées et finalement recyclées (période hellénistique au 3ᵉ siècle av. J.-C. jusqu'à l'Antiquité tardive au 4ᵉ siècle ap. J.-C.), plusieurs populations habitaient la région, reflétant la richesse culturelle et ethnique de l'Anatolie occidentale. Durant la période hellénistique, Metropolis faisait partie des territoires influencés par les royaumes issus de l'empire d'Alexandre le Grand, notamment celui des Séleucides. Les habitants de la région étaient principalement des Grecs hellénistiques, intégrant également des populations autochtones anatoliennes.

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Avec l'expansion de l'Empire romain au 2ᵉ siècle av. J.-C., Metropolis fut intégrée à la province romaine d'Asie, où elle connut une grande prospérité. Sous l'Empire romain, la région était peuplée de citoyens romains, de Grecs et d'autres communautés locales. La domination romaine a apporté une administration centralisée et une infrastructure développée, favorisant le commerce et la culture. À partir du 4ᵉ siècle ap. J.-C., l'Empire byzantin, successeur de l'Empire romain d'Orient, régnait sur la région. Cela marqua la montée du christianisme comme religion dominante et influença profondément la société et ses pratiques culturelles.

Une transition culturelle et économique majeure

Ainsi, les fragments de statues témoignent de cette transition historique marquante, couvrant plus de sept siècles. On passe de l'époque hellénistique au déclin de l'Empire romain. Ces vestiges reflètent un changement de paradigme religieux et culturel. À mesure que les croyances polythéistes reculaient face à l'expansion du christianisme, les statues dédiées aux divinités ou héros mythologiques perdaient leur rôle symbolique.

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Les temples et lieux de culte associés à ces croyances étaient détruits ou abandonnés. Les statues, souvent en bronze, étaient méthodiquement démantelées. Les chercheurs estiment que certaines des statues détruites à Metropolis avaient une dimension honorifique. On les avait dédiées à des figures locales importantes comme des bienfaiteurs cités dans des inscriptions. On trouve notamment mention de « Métropolite Apollonios ». D'autres fragments indiquent qu'elles représentaient des personnages mythologiques ou des figures civiques, mises à mal par les nouvelles normes imposées par le christianisme, qui considérait ces représentations comme incompatibles avec ses principes.

On refondait leur matériau dans un process de recyclage. Une gestion pragmatique des ressources dans une période de bouleversements économiques et idéologiques. Ce recyclage s'étendait bien au-delà de cette ville, touchant de nombreuses régions de l'Empire romain.

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Une découverte qui éclaire le passé

L'adoption d'une nouvelle foi s'accompagnait donc d'une redéfinition des usages matériels et culturels. Comme le souligne le professeur Serdar Aybek, ces vestiges incarnent autant les prouesses artisanales de leur époque que les bouleversements profonds qui ont redéfini les structures sociales et culturelles dans la région.

En réaffirmant l'importance de Metropolis comme carrefour artistique, économique et spirituel, cette trouvaille enrichit considérablement notre compréhension des dynamiques historiques de l'Antiquité. Elle invite à repenser le rôle des objets et des matériaux dans l'adaptation des sociétés face aux changements idéologiques majeurs. Cette fenêtre ouverte sur le passé illustre aussi une leçon universelle. Les ressources, matérielles ou culturelles, se voient continuellement réinterprétées pour s'aligner sur les réalités d'un monde en constante évolution. Plus qu'un simple témoignage du passé, Metropolis s'impose ainsi comme un miroir des mécanismes d'adaptation humaine, toujours pertinents pour les sociétés modernes.

Source : AA

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