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Munther Isaac, un veilleur dans la nuit palestinienne

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Par Pierre Jova Publié le 30/04/2024 à 13h41, mis à jour le 30/04/2024 à 13h41 • Lecture 10 min. >/g) || []; for (let script of scripts) { articleContent.replace(script, ''); const scriptEl = document.createRange().createContextualFragment(script); document.querySelector('.content-art').append(scriptEl); } document.querySelector('.bloc-payant').remove(); document.querySelector('.content-art').innerHTML = articleContent;; if (result.showcase) { $('#header >.bandeau-abo').show(); } }); }).catch(function (error) { console.log(error.message); }) } $(window).on('load', function () { let subscribed = getCookie('subscribed'); let statut = 'Payant' if (typeof subscribed !== 'undefined' && subscribed === 'false' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } else if (typeof subscribed === 'undefined' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } tag.page.set({ name: 'munther-isaac-un-veilleur-dans-la-nuit-palestinienne', level2: rubrique.level2, chapter1: 'lv0f' === 'hc0f' ? ch1 : rubrique.chapter1, chapter2: ch2, customObject: { Pagetype: 'article', Population: typeof subscribed === 'undefined' ? 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Alors que le monde discute du sort des habitants de Gaza comme s’ils étaient des cartons indésirables stockés dans un garage, Dieu partage leur destin dans le récit de Noël. Il marche avec eux et les reconnaît comme les siens. » Cette crèche a fait tache d’huile en Palestine. Symbole de douleur et d’espoir, elle s'est répandue de portable en portable dans le monde arabe et a engrangé des millions de vues. « L’idée est venue d’un sermon que j’ai donné après le bombardement de l’église grecque-orthodoxe Saint-Porphyre de Gaza, le 19 octobre 2023 », nous confie le pasteur. Parmi les 18 civils tués, la sœur et la cousine d’une femme de sa congrégation. « J’ai installé cette crèche, et j’ai posté une photo sur Facebook… Le reste appartient à l’Histoire. » « Être prédicateur et servir Dieu » Suivi par plus de 44 000 abonnés sur le réseau social X, Munther Isaac a acquis une notoriété planétaire par ses prédications contre la guerre à Gaza. Sans que cela change d’un iota la personnalité affable, humble et sereine de ce pasteur en col ecclésiastique et bras de chemise. « Je viens de dire non à Piers Morgan » (un présentateur vedette britannique), glisse-t-il en nous accueillant à l’église luthérienne de Beit-Sahour, le deuxième clocher dont il a la charge. Cette localité chrétienne adossée à Bethléem signifie « la maison des veilleurs de nuit », celle des bergers du récit de Noël. Munther Isaac y est né en 1979. Il habite une maison élégamment aménagée par sa femme, Rudaina, architecte, avec leurs fils Karam et Zayd. « Ma famille et mes deux congrégations m’aident à garder les pieds sur terre », sourit-il, nous invitant chez lui pour déguster une Mloukhiya – délicieux ragoût égyptien – après le culte dominical. « Ma vocation est d’abord d’être prédicateur, de servir Dieu. » Dans la cour de l’école de l’église évangélique luthérienne de Beit-Sahour, Cisjordanie, le 13 avril. • THOMAS DÉVÉNYI/HANS LUCAS POUR LA VIE Il a 10 ans quand les habitants de Beit-Sahour refusent de payer l’impôt aux autorités militaires israéliennes. La répression s’abat sur la ville : blocage des approvisionnements, fermeture d’écoles… Mais les descendants des bergers bibliques tinrent bon, en assurant l’instruction à domicile et en ouvrant des fermes. Élève ingénieur à l’université palestinienne de Bir Zeit, pendant la seconde intifada (2000-2005), Munther Isaac a vu l’érection de la « barrière de sécurité » israélienne amputant Bethléem de Jérusalem. Huit mètres de haut, que l’on ne franchit qu’avec un permis délivré au compte-gouttes par Israël. « Toute une génération d’habitants de Bethléem n’a jamais vu Jérusalem », déplore-t-il. De l’autre côté du mur, la colonie de Har Homa apparaît comme une citadelle inexpugnable. « L’occupation a fait de nous un peuple sous pression, et accro au café ! Les check-points, la colonisation, l’émigration d’un membre de sa famille… Tout cela nous tend en permanence. La prière communautaire est le seul moment de consolation pour les gens d’ici. » Munther Isaac a été ordonné en 2016 pour l’Église luthérienne de Jordanie et de Terre sainte. Cette confession protestante, à la liturgie proche du catholicisme, est une minorité au sein des quelque 1,5 % de Palestiniens chrétiens (en Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est), dont la moitié relève de l’Église grecque-orthodoxe. Mais les luthériens ont un impact social inversement proportionnel à leur nombre : l’église de Beit-Sahour gère ainsi une école de 450 enfants et un groupe scout de plus de 200 jeunes. Issu d’une famille orthodoxe, Munther Isaac a d’abord rejoint l’Église évangélique presbytérienne de Bethléem, à l’âge de 10 ans. « Ils avaient le meilleur camp de jeunes qui soit ! », se souvient-il. Intellectuel brillant, il part étudier au séminaire presbytérien de Westminster situé dans la ville de Philadelphie, aux États-Unis, puis au Centre d’études missionnaires d’Oxford (OCMS), au Royaume-Uni, où il soutient une thèse de doctorat sur la Terre sainte. « C’est un universitaire convaincant, qui change les cœurs et les esprits », témoigne son ancien tuteur Tom Harvey, doyen académique de l’OCMS. L'esprit de résistance palestinien De retour à Bethléem, déçus par les milieux évangéliques, Munther Isaac et son épouse fréquentent l’église luthérienne de la ville. Son pasteur, Mitri Raheb, l’encourage au ministère : « Rudaina m’avait fait promettre de ne jamais devenir pasteur ! Mais Mitri m’a dit : “Tu as un doctorat, tu ne peux pas te contenter d’adhérer.” Se faisant, l’Église luthérienne m’a ouvert de nouvelles portes, notamment sur l’œcuménisme. » C’est à l’école de Mitri Raheb, inspirateur d’un courant protestant palestinien de résistance spirituelle et non violente à l’occupation, que Munther Isaac apprend à penser et à prêcher. L’autre chef de file de cette mouvance est le pasteur anglican Naïm Stifan Ateek, fondateur du Centre œcuménique de théologie de la libération Sabeel (« chemin », en arabe), à Jérusalem. « Sabeel a été créé en 1987, la même année que le Hamas, en proposant une option radicalement différente : résister non par les armes, mais par les arts, le boycott, le témoignage, l’éducation… et la théologie », souligne Yousef al-Khouri, Gazaoui d’origine orthodoxe et professeur au Collège biblique de Bethléem (BBC). Cette académie évangélique, située non loin du mur, organise depuis 2010 la conférence Christ at the Checkpoint (« Christ au poste de contrôle »). Un événement qui donne des outils pour lutter pacifiquement contre l’occupation, dans la lignée du document Kairos Palestine en 2009, signé par plusieurs dignitaires chrétiens de Terre sainte. « Nous disons que notre option chrétienne face à l’occupation israélienne est la résistance ; c’est là un droit et un devoir des chrétiens , insiste le texte, passé inaperçu en Europe. Or cette résistance doit suivre la logique de l’amour. Elle doit donc être créative, c’est-à-dire qu’il lui faut trouver les moyens humains qui parlent à l’humanité de l’ennemi lui-même. » Directeur de Christ at the Checkpoint et doyen académique du BBC, Munther Isaac se situe aux confluents de cette théologie spécifiquement palestinienne : « Nous défions l’impérialisme et le colonialisme, mais nous allons au-delà, en faisant de la théologie dans le contexte particulier de la terre biblique : les pèlerinages, les lieux saints, le dialogue interreligieux. » Ce mordu de football, supporteur de Liverpool bien avant que n’y joue Mohamed Salah, rêve d’un avenir où ses fils pourront taper dans le ballon avec des enfants israéliens. « Notre plus grand défi en tant que chrétiens n’est pas de vaincre nos ennemis mais de nous en faire des amis », écrit-il dans son ouvrage, l’Autre Côté du mur (2020). « Même si, aujourd’hui, je suis engagé dans l’urgence d’en finir avec l’occupation israélienne, je dois me rappeler que l’objectif en soi n’est pas la fin de l’occupation, mais bien davantage la réconciliation. » Cet itinéraire personnel permet à Munther Isaac d’incarner maintenant le soumoud , l’esprit de résistance palestinien. « C’est un génocide », affirme-t-il posément, en décrivant la guerre qui se mène à Gaza, et rappelant les chiffres : 92 % des écoles gazaouies, les 12 universités de l’enclave et 1 000 mosquées ont été détruites. Au moins 16 cimetières ont été profanés ou rasés. « Quand vous ciblez tant d’éléments culturels, vous anéantissez une civilisation. Ils veulent annihiler toute possibilité de vivre à Gaza. C’est une nouvelle Nakba », explique-t-il, faisant référence à l’exode catastrophique de 750 000 Arabes palestiniens du jeune État d’Israël, en 1948. Nous faisons remarquer au prédicateur que le génocide est un concept juridique ne pouvant être utilisé à la légère. « La guerre de Gaza n’est plus une riposte au 7 octobre, mais une vengeance à grande échelle », soutient-il. À l’image de ses compatriotes, Munther Isaac juge de manière ambivalente le Hamas, qui a tiré de l’oubli la cause palestinienne. « Il est difficile de nier que c’est un mouvement de libération nationale », estime-t-il, tout en dénonçant son idéologie et ses atrocités. « Ce qui s’est passé le 7 octobre est maléfique. Personne ne peut approuver le meurtre et l’enlèvement de civils, d’enfants… Mais je refuse d’ignorer le contexte. Le 7 octobre était l’acte désespéré de gens qui n’ont rien connu d’autre que le siège de Gaza. L’islamisme apporte une pauvre et terrible réponse à ce désespoir. Je refuse également que l’on se serve du Hamas pour discréditer toute résistance palestinienne. » Munther et Rudaina (à droite) Isaac, lors du café communautaire après le culte dominical à l’église luthérienne de Bethléem, le 14 avril. • THOMAS DÉVÉNYI/HANS LUCAS POUR LA VIE Démasquer le sionisme chrétien Mais les discours de Munther Isaac visent aussi une des puissances spirituelles qui attisent le conflit : le sionisme chrétien. Ses adeptes – ils sont des millions aux États-Unis, mais aussi au Brésil et en Corée du Sud – sont persuadés par une lecture littérale des prophéties bibliques que l’État d’Israël moderne a été établi par Dieu en prévision de la fin des temps. Cette conviction se traduit par un soutien aveugle à la droite israélienne et à la colonisation. « Ils ne font pas la différence entre la relation historique et religieuse des Juifs avec cette terre, que je ne nie pas, et le droit qu’ils auraient sur celle-ci, jusqu’à en chasser les autres habitants. Ils passent de “les Juifs ont un lien avec la terre” à “les Juifs ont un droit sur la terre”. » Démasquant dans son sermon de Noël cette « oppression sous la cape de l’approbation divine », Munther Isaac s’est déjà heurté aux évangéliques sionistes américains. « Il a été désinvité de la conférence d’Urbana, un grand rassemblement pour la mission aux États-Unis, car sa présence était insoutenable aux yeux des puissants donateurs », révèle Tom Harvey. Loin de se décourager, il a traversé l’Atlantique en novembre 2023, pour porter au président Joe Biden une lettre de chrétiens palestiniens réclamant un cessez-le-feu. Le 9 avril 2024, il a même accepté un entretien avec Tucker Carlson, l’animateur préféré des conservateurs américains. « La Bible ne parle pas d’un État élu », a-t-il martelé au cours de cette interview visionnée 19 millions de fois sur X. Ce message a ulcéré les gourous du sionisme évangélique, comme le pasteur Johnnie Moore, ex-conseiller de Trump, qui l’a qualifié de « grand prêtre de l’antisémitisme chrétien ». Même en Europe, Munther Isaac dérange. En février 2024, le bureau de l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, lui a interdit de participer à une manifestation pro-palestinienne à Londres s’il voulait rencontrer le primat : « J’ai choisi la manif ! » Le prélat s’est ensuite excusé, et l’a reçu… par visioconférence. « Je lui ai proposé de venir avec le pape François à la frontière de Gaza pour réclamer un cessez-le-feu ! » L’évêque de Rome a, quant à lui, rencontré un groupe de Palestiniens en novembre 2023, dont l’enseignant au BBC, Yousef al-Khouri. « Il a qualifié devant nous la guerre à Gaza de “génocide”, certifie ce dernier. Le Vatican a démenti, mais j’ai de bonnes oreilles… » Une parole pour tous les Palestiniens Alors que les Palestiniens nourrissent une immense colère contre le deux poids, deux mesures occidental à leur égard, la parole de Munther Isaac a été entendue dans le « Sud global ». En décembre 2023, une délégation de pasteurs sud-africains s’est rendue à Bethléem. « En Afrique du Sud aussi, on s’est servi de la Bible pour justifier le système d’oppression », fait-il remarquer. Le Conseil des Églises sud-africaines a dénoncé un « génocide » à Gaza, et suggéré de porter l’affaire « devant la Cour pénale internationale » ; c’est finalement auprès de la Cour internationale de justice que l’Afrique du Sud a porté plainte contre Israël. Lors de sa plaidoirie, le 11 janvier 2024, l’avocate irlandaise Blinne Ní Ghrálaigh a cité Munther Isaac. Le pasteur de Bethléem a-t-il inspiré la démarche sud-africaine ? « J’espère que mon militantisme a joué un rôle, mais je n’ai été consulté par personne », élude celui qui reçoit régulièrement la visite d'ambassadeurs de pays du Sud. Par sa parole cinglante, Munther Isaac redonne dignité et fierté aux Palestiniens privés de figure morale, qui ne se reconnaissent ni dans l’Autorité palestinienne corrompue ni dans le rigorisme du Hamas. Les deux chaînes qatarie al-Jazeera et turque TRT relaient ses prises de position. Des sites islamiques diffusent ses prédications, « y compris mes sermons de Pâques, ce qui est significatif quand on sait que l’islam ne professe pas la crucifixion et la résurrection de Jésus », note le pasteur. Une large partie des internautes qui le suivent sont musulmans. « Je parle pour tous les Palestiniens, pas seulement les chrétiens. Nous ne sommes pas appelés à défendre nos intérêts, mais à nous sacrifier pour les autres. À parler au nom des opprimés. » À l’église luthérienne de Bethléem, la croix de la résurrection trône parmi les décombres qui symbolisaient la destruction de Gaza pendant le temps de Noël. Cisjordanie, le 14 avril. • THOMAS DÉVÉNYI/HANS LUCAS POUR LA VIE Beaucoup de chrétiens lui sont néanmoins reconnaissants de parler pour eux. « Il dit ce que personne n’ose dire , atteste un jeune orthodoxe de Bethléem. Avant la guerre, il blâmait les autres prêtres d’être plus impliqués dans l’organisation des mariages que dans la justice sociale… » Un curé catholique de la ville est encore plus enthousiaste : « Munther Isaac est l’une des trois voix prophétiques du christianisme de Terre sainte ! », s’exclame-t-il, citant aussi le prêtre jésuite David Neuhaus, juif converti et ancien numéro 2 du patriarcat latin (catholique romain) de Jérusalem, et Yohanna Katanacho, doyen du Collège évangélique de Nazareth. Un engouement qui laisse de marbre Shadi Khalloul, politicien maronite frayant avec la droite israélienne : « La plupart des 180 000 chrétiens israéliens préfèrent vivre librement en Israël plutôt que sous le régime de l’Autorité islamique (sic) palestinienne qui contrôle Bethléem », a-t-il déclaré sur X. Son point de vue est partagé par certains chrétiens de l’autre côté du mur. Une barrière que Munther Isaac ne peut plus franchir : ses prédications lui ont fait perdre son permis israélien – il peut encore voyager à l’étranger via la Jordanie. « Si c’est le prix à payer, je l’accepte », dit-il avec simplicité. « Munther a plus de liberté de parole de son côté du mur que du nôtre », avance, un peu envieux, un pasteur de Jérusalem craignant des représailles. Pourtant, habiter Beit-Sahour ne le met pas à l’abri d’être arrêté par l’armée israélienne. « Ma femme me répète d’être prudent. Je me sens protégé par la prière », confesse-t-il. Tom Harvey l’invite à conserver son souci d’équilibre et de charité : « Ce qui fait de Munther une voix puissante, c’est qu’il est considéré, à raison, comme une voix juste qui n’est pas partisane, mais qui recherche la vérité dans l’amour. » Au fond, le danger qui guette le pasteur est le renoncement à son espérance. « J’ai toujours cru que l’on pourrait partager cette terre, et non la séparer en deux États, et vivre en bons voisins. C’est une part importante de ma théologie. Ce rêve est-il mort ? Je ne sais pas, mais ça y ressemble… », admet-il en plongeant dans le silence. Le lendemain, après le culte dans son église de Bethléem, Munther Isaac se reprend : « Je n’abandonne pas le désir de vivre aux côtés des Israéliens. Mais ce sera difficile. » Au pied de l’autel, dans les gravats utilisés il y a quatre mois pour la crèche, trône désormais la croix nue de la résurrection. À lire : L’Autre Côté du mur, de Munther Isaac, association des Amis de Sabeel France et Éditions Golias, 18 €. A lire aussi : Quel soutien pour les chrétiens de Palestine ? A lire aussi : Les chrétiens de Gaza pris dans la tempête de la guerre A lire aussi : « Tant qu’on prie, il y a de l’espoir de rester là où Jésus est né ! » : à la rencontre des chrétiens de Terre sainte Notre sélection d'articles sur le même sujet Rafah, corps et âmes Comment s'organisent la spiritualité et la résistance des chrétiens de Palestine ? Le cardinal Pizzaballa et le pape François appellent à la paix à Gaza À Hébron, la guerre plonge les Palestiniens dans la pauvreté Que veulent les étudiants pro-Palestine qui occupent les universités ? 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