Ouest-France
Pornic, Pays de Retz; Rennes Sud-Est; Avranches, Granville; Fougères, Vitré; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg; Fontenay, Luçon; Quimperlé, Concarneau; Rennes; Nantes Sud-Loire Vignoble; Orne; Auray; Mayenne; Pays d'Auge; Saint-Brieuc, Lamballe; Loudéac, Rostrenen; Ploërmel; Les Herbiers, Montaigu; Dinan; Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie; Sarthe; Cholet; Les Sables d'Olonne; Lorient; Nantes; Pontivy; Angers, Segré; Quimper, Centre-Finistère; Nord-Finistère; Rennes Nord-Ouest; Guingamp; Nantes Nord-Loire; Ancenis; Châteaubriant; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande; Saint-Malo; Bayeux, Caen; Lannion, Paimpol; Caen, Vire; Vannes; La Roche-sur-Yon; Redon
France, lundi 6 janvier 2025 604 words, p. OF Pornic - Pays de Retz_5
Also published in
January 6, 2025 - Ouest-France (site web)

« Qu’est-ce que l’Épiphanie ? »

Il en va ainsi de l’Épiphanie comme d’autres traditions : des héritages multiples ont permis de les enraciner, tout en en brouillant la signification. Ajoutons une emprise commerciale croissante, mélangeons, et le tout se réduit bientôt à l’habitude, un mois durant, en janvier, de consommer moult galettes. Que deviennent, dans l’affaire, les rois et la fève, le sacré et le profane ?

Pour essayer d’y voir clair, remontons aux Saturnales romaines. C’est d’alors que viendrait l’habitude de faire extraire la fève d’une galette par un enfant, pour désigner le roi d’un jour. Fait souvent compris comme un rite d’inversion sociale, un esclave pouvant devenir ce roi éphémère. Rond et doré (mais que sait-on vraiment de ce second caractère), le gâteau symboliserait l’astre solaire et serait en lien avec la célébration du solstice d’hiver.

Cependant, les Saturnales ne contestent nullement l’ordre en place. Rappelant symboliquement le chaos originel, elles appellent au renouvellement attendu de l’ordre du monde. Les festivités en l’honneur de Saturne, dieu romain du temps, passent par ailleurs peu à peu d’une journée à sept jours, avant de se confondre avec les calendes du début de janvier. Elles incorporent ainsi des fêtes diverses, ce qui rend impossible toute explication quelque peu globale des Saturnales.

Les fèves, par contre, sont intéressantes. Sorties premières de terre, l’hiver passé, et ainsi symboles de renaissance, elles établissent aussi un rapport direct avec le monde des morts. Les Grecs, déjà, le 3 e jour des Anthestéries, en l’honneur de Dionysos, faisaient bouillir pour eux des fèves.

Arrêtons-nous maintenant sur un second « moment », essentiel, pour comprendre l’Épiphanie. Nous sommes à Bethléem, Jésus est né. Incarné dans un enfant, le Divin est présenté aux hommes. Aux bergers d’abord. Plus proches, premiers à arriver, ils représentent le peuple Juif, celui de Marie et Joseph. Puis viennent les mages, de régions lointaines. Signe que le message de l’Incarnation concerne l’humanité dans son ensemble, annonce de la distinction à venir entre judaïsme et christianisme.

Du mot grec ancien Epipháneia, qui signifie « manifestation », « apparaître »

Le nombre et le nom des mages (finalement trois, Balthazar, Gaspard et Melchior) ne se stabilisent qu’au cours des siècles, leur caractère « royal » ne s’affirmant qu’à partir du X e . À l’Enfant Jésus, ils offrent l’or, symbole de royauté, l’encens, signe de divinité, et la myrrhe, une résine aromatique que l’on utilise pour embaumer les corps. Comme si l’Enfant Jésus était déjà destiné à mourir pour ressusciter. Le mot grec ancien Epipháneia, qui signifie « manifestation », « apparaître », se « dévoiler », témoigne de l’importance de ce qui se joue lors, au-delà de la figure des mages et de leurs cadeaux. Comme un nœud gordien, l’Épiphanie renvoie aux sources du christianisme.

Au IV e siècle, l’Église de Rome décide de faire de la Nativité une fête officielle. Il ne s’agit pas de contrer des fêtes païennes, mais l’idée, répandue en Orient, selon laquelle Jésus n’aurait été divin qu’après son baptême par Jean, dans les eaux du Jourdain. Baptême que l’on célébrait alors en Orient le 6 janvier. En contrepartie, si l’on peut dire ainsi, l’Église instaurait officiellement, ce même 6 janvier, la fête de l’Épiphanie.

Significations antiques et chrétiennes se mêlent ainsi, sans que nous en ayons toujours conscience, lorsque, aujourd’hui, nous partageons la galette et « tirons » les rois.

(1) Auteur de Noël, toute une histoire (Le Cerf).

This article appeared in Ouest-France