Le Monde (site web)
jeudi 30 janvier 2025 489 words

Psychiatrie : les traitements à base de quétiapine touchés par une pénurie

L’Agence nationale de sécurité du médicament a annoncé une série de mesures afin de gérer ces difficultés d’approvisionnement, causées par un problème de production rencontré par le fabricant grec Pharmathen.

La quétiapine, un antipsychotique très consommé, indiqué notamment dans le traitement de la schizophrénie et des troubles bipolaires, connaît de fortes tensions d’approvisionnement, a averti jeudi 30 janvier l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

L’antipsychotique, qui est inscrit sur la liste des médicaments considérés comme essentiels, est aujourd’hui commercialisée en France sous le nom de marque Xeroquel par le laboratoire Cheplapharm, ainsi que sous des versions génériques par plusieurs autres laboratoires (Biogaran, Viatris, Sandoz, Zentiva, Teva…). Avec près de 3 millions de boîtes dispensées en 2023, il fait partie des traitements très consommés dans l’Hexagone dans le domaine des maladies psychiatriques.

Depuis plusieurs mois, il devenait de plus en plus difficile à trouver dans les pharmacies, alertait sur son blog, mardi, le professeur Antoine Pelissolo, psychiatre à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, à l’hôpital Henri-Mondor, dénonçant une absence de communication des laboratoires sur la durée de cette pénurie. « Aujourd’hui, l’approvisionnement en quétiapine est complètement à l’arrêt dans tout l’Hexagone, et les stocks dans les pharmacies sont partout épuisés ou en voie de l’être. Or, ce médicament ne doit pas être interrompu brutalement, au risque d’effets secondaires et surtout de rechutes potentiellement graves », souligne-t-il.

Restriction des prescriptions

Les difficultés à se fournir ces traitements s’expliquent selon l’ANSM par un problème de production rencontré par le fabricant grec Pharmathen, « qui produit ce médicament pour plusieurs laboratoires ». L’autorité de santé a annoncé une série de mesures afin de gérer cette pénurie. Celles-ci comprennent l’interdiction des exportations, ainsi qu’une restriction des prescriptions. L’agence du médicament demande aux psychiatres de ne plus commencer un traitement sous quétiapine « sauf pour les patients présentant un épisode dépressif caractérisé dans le cadre d’un trouble bipolaire ».

Elle étudie par ailleurs, en concertation avec les laboratoires, la possibilité d’importer des médicaments à base de quétiapine à libération immédiate, une spécialité qui n’est pas commercialisée en France, seuls les dosages à libération prolongée étant prescrits. Les officines pourraient également être sollicitées afin de réaliser des préparations magistrales, une solution d’appoint qui avait déjà été mise en place lors des pénuries d’amoxicilline et de flécaïnide ces dernières années.

Face à cette crise, l’ANSM a par ailleurs déclenché le mécanisme européen de solidarité volontaire, un dispositif qui permet d’appeler à la rescousse des Etats membres en cas de pénurie grave. La France y avait déjà eu recours en 2024, alors qu’elle faisait face à des ruptures de stocks de méthotrexate, un anticancéreux. La Slovénie avait alors partagé en urgence une partie de ses surplus avec l’Hexagone.

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