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Faits de sociétés, jeudi 30 janvier 2025 606 words

Le débat sur la fin de vie divisé en deux

François Bayrou veut couper la loi sur la fin de vie en deux : une loi pour les soins palliatifs et une loi pour l'aide à mourir.

Cette procédure est vivement contestée, notamment par la présidente de l'Assemblée nationale, au risque d'en faire une affaire d'État pour raison personnelle, alors que les soins palliatifs et l'aide à mourir, le suicide assisté et l'euthanasie, pour appeler les choses par leur nom, sont liés à la fin de vie.

On sait que le Premier ministre est hostile, par conviction religieuse, au suicide assisté et à l'euthanasie, ce qui est son droit. Il peut, le jour du vote solennel de la loi par l'Assemblée nationale, se rendre à Pau, dont il est le maire, et confier à un ministre la représentation du gouvernement. Une formule pratique, dans des circonstances comparables, sous diverses formes ailleurs, pour ménager les convictions sans risquer de bloquer le système. En faisant voter, en l'occurrence, en France, deux lois distinctes, on risque de faire adopter l'une, alors que l'autre est rejetée.

Les promoteurs du texte y voient une diversion, mais certains députés du camp présidentiel ne sont pas hostiles à cette idée, probablement avec une arrière-pensée : des gens qui pensent que cette loi est inutile, depuis les précisions apportées aux soins palliatifs, pouvant aller, sous conditions, à l'administration d'une lotion létale à un malade en fin de vie.

Deux textes, un seul débat : François Bayrou a confirmé le 27 juillet, sur LCI, sa « décision » de scinder le texte en deux. Le projet de loi sur la fin de vie, dont l'examen à l'Assemblée nationale a été interrompu par la dissolution décidée par le président Macron en juin 2024, est ainsi divisé. Le Premier ministre souhaite un texte sur les soins palliatifs, un devoir pour les Français, et un autre sur l'aide à mourir, euthanasie et suicide assisté, qui relève, selon lui, de la conscience et qui pourrait être rejeté, ce qu'il semble souhaiter, sans le dire.

La scission en deux du texte comporte en effet un risque de diversion ; pour masquer une volonté d'abandon. « Nous ne voulons pas de stratégie dilatoire pour reporter le texte aux calendes grecques », a réagi un député des diverses gauches de Charente-Maritime, à l'unisson de ses collègues de neuf groupes politiques autour de lui.

Anticipant ce tir de barrage, François Bayrou avait par avance entrepris de convaincre qu'il ne retarderait pas le débat au Parlement. Devant les députés centristes du groupe Les Démocrates, il a annoncé qu'il allait travailler ces deux textes concomitamment, avec une discussion générale commune pour les deux textes, ce qui règle le problème pour un député du MoDem, dont François Bayrou est le président. Pour lui, qu'il y ait un texte ou deux, l'essentiel est qu'on arrive à un nouvel encadrement de la fin de vie.

Le Premier ministre n'a pas caché sur LCI son opposition personnelle à l'aide à mourir, suggérant que sa foi catholique n'y était pas étrangère, ce qui confirme ce que nous avons écrit plus haut.

Par ses propos et ses prises de position, François Bayrou donne des gages aux opposants par principe à l'euthanasie. Il rassure aussi certains membres de son gouvernement favorables à l'aide à mourir, à condition que l'accès aux soins palliatifs soit devenu une réalité pour tous les malades en fin de vie en France.

L'aide à mourir comporte deux volets : l'assistance au suicide, qui implique l'intervention d'un tiers charitable ou intéressé, risquant la cour d'assises, alors que l'euthanasie est un droit personnel dont personne n'est obligé de faire usage.

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