L’énergie existentielle de Franz Ferdinand
Philippe RICHARD.
Le disque de la semaine. Des titres pleins d’allant cachant des textes souvent plus profonds et des références artistiques : les fondamentaux du groupe écossais sont là, malgré des changements.
Rien n’est accessoire chez les Franz Ferdinand et surtout pas les pochettes. Pour ce septième album, le groupe britannique s’est directement inspiré d’un autoportrait de l’artiste hongroise Dora Maurer ; une photo de photo de photo, aboutissant à une troublante représentation fragmentée. Le tout au format carré, comme un CD ou un vinyle (!). Pour The Human Fear, forcément, chacun des membres du groupe apparaît sur les morceaux de l’image.
Nouvelle configuration
« Quand tu regardes cette pochette, tu te dis que ça a déjà dû être fait, constate le chanteur-guitariste Alex Kapranos . Comme une bonne chanson, elle te donne un sentiment de familiarité. Une chanson devrait être comme cela : avoir un impact immédiat, mais qu’on puisse sans cesse y trouver de nouveaux aspects. »
Plusieurs chansons de The Human Fear ont ce pouvoir. Ne serait-ce que par le contraste entre des textes évoquant peurs et angoisses existentielles humaines et des mélodies à la tonalité encore plus motrices et énergisantes qu’à l’habitude.
À la limite du too much, mais généralement du bon côté. Sauf peut-être sur le gros pied techno de Hooked, bien qu’une dose évidente de second degré le fasse passer.
Les surprises ne manquent pas. Black Eyelashes et sa mélodie grecque, qui sont un rappel des origines (du côté paternel) d’Alex. Le refrain à la Beach Boys de Tell Me I Should Stay entrelacé avec un couplet romantique. Ou encore le tout dernier titre, The Birds, chanson post- punk plus tendue, dans l’esprit de The Fall.
Le groupe apparaît dans sa nouvelle configuration déjà rodée sur scène. Aux côtés des historiques Alex Kapranos et Bob Hardy (basse), figurent la nouvelle batteuse Audrey Tait et le guitariste Dino Bardot. Alors que le claviériste Julian Corrie est désormais associé aux compositions.
Le producteur Mark Ralph, qui avait déjà travaillé avec eux pour Right Thoughts, Right Words, Right Action (2013) était aux manettes des sessions, essentiellement réalisées en Écosse. Alex a rajouté de nombreuses voix à Paris, y compris, assure-t-il, enfoui sous des couvertures dans la salle de bains, près de la chambre où dormaient Clara Luciani et leur bébé. Que l’anecdote soit apocryphe ou non, Franz Ferdinand a réussi le pari de se renouveler tout en restant familier. Ce qui est aussi la marque des meilleurs groupes.
The Human Fear , Domino, 11 titres, 35 min.
This article appeared in Ouest-France