La Croix, no. 43111
Religion&spiritualité, vendredi 3 janvier 2025 648 words, p. 14

[Comprendre...]

Méditation. Mgr Étienne Vetö, évêque auxiliaire de Reims, nous aide à découvrir le sens de la solennité de l’Épiphanie pour notre vie spirituelle quotidienne.

Comprendre

L’Épiphanie

L’Épiphanie, que nous célébrons en France le deuxième dimanche après Noël, signifie en grec « apparition-manifestation » : avec Jésus, « la grâce », le don gratuit de Dieu, « s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » comme le dit saint Paul (Lettre à Tite 2,11). L’Orient chrétien l’appelle « la fête de la lumière », parce qu’elle est célébrée avec profusions de cierges et de flambeaux : le Christ, s’est manifesté comme lumière du monde (Jn 8,12).

Aux premiers siècles, la Nativité et l’Épiphanie se célébraient le même jour, puis s’est distinguée la fête plus « intime » de Noël et celle où le Christ apparaît publiquement. Trois « manifestations » se fêtaient ce jour-là. La première, celle du Christ aux « nations », aux autres peuples que le peuple juif, représentés par les « mages » venus d’Orient, en écho à la Nativité où Jésus est présenté aux pauvres et aux bergers, membres de son propre peuple. La seconde, le baptême de Jésus, où il apparaît comme « Fils bien-aimé » du Père avant d’entamer son ministère public. La troisième, enfin, la transformation de l’eau en vin à Cana, où il « manifeste sa gloire » de sorte que les disciples commencent à croire en lui. Avec le temps, la fête de l’Épiphanie s’est concentrée sur la manifestation aux nations alors que les deux autres se célèbrent les dimanches suivants.

Méditer

Dieu nous guide par des lueurs

La question qui se pose pour nous est de savoir comment Dieu se manifeste dans nos vies. Dans la foi, nous croyons qu’il est présent, qu’il est proche de nous, au plus intime de nous-mêmes, et qu’il se soucie de ce qui nous arrive. Mais il est parfois difficile de le percevoir. Or les mages guidés par une étoile sont une belle image de la manière dont Dieu nous guide sur notre chemin. Une étoile se voit presque uniquement de nuit. De plus, dans le récit des mages, l’étoile semble disparaître à un moment, pour apparaître de nouveau dans l’étape finale du voyage.

De même, souvent, Dieu n’agit pas comme un soleil mais il nous guide plutôt par des « étoiles », des points de lumière sur un fond d’obscurité : la rencontre avec quelqu’un, une phrase ou un mot des Écritures, une motion intérieure, un événement, voire un rêve. Le chemin qu’il nous propose ne se comprend pas immédiatement, sa présence ne se fait pas toujours sentir avec puissance, mais il est bien là, comme le sont les étoiles même lorsque nous ne les voyons pas.

Nous sommes souvent appelés à « marcher de nuit », mais, en fait, plus il fait nuit, plus nous aurons la chance de percevoir ces étoiles. Il faut donc accepter ces moments d’obscurité et les mettre à profit en scrutant le ciel. Et lorsque nous ne voyons pas ou pas encore, il s’agit de poursuivre le chemin avec persévérance, comme les mages, en nous laissant guider par la lecture et la prière des Écritures, dans la confiance que la joie des mages lorsqu’ils trouvent Jésus nous est promise à nous aussi si nous suivons les « étoiles » discrètement proposés par Dieu.

Prier

Seigneur, les Rois mages ont vu l’étoile à l’Orient, et ils l’ont suivie, jusqu’à toi, le Christ, né de la lumière. (…) Seigneur, fais que je te voie, Seigneur, fais que je te cherche, Seigneur, fais que je te suive. Fais, Seigneur, qu’en ce temps de ta venue parmi nous, j’aie le regard clair et l’âme pure, pour te reconnaître : Tu es là, présent parmi nous, Tu es ici, demeurant à mes côtés, Maintenant, chaque jour, toujours…

(Extrait d’une prière – Diocèse de Pontoise)