L’Intesa San Paolo reprend à Turin les éditions Allemandi
Etienne Dumont
Presse d’art –
L’Intesa San Paolo reprend à Turin les éditions Allemandi
Fondées en 1983, elles publient 50 livres par an et surtout le mensuel Il giornale dell’arte , qui a essaimé dans le monde entier.
Umberto Allemandi (à droite) qui prend sa retraite à la veille de ses 87 ans.
Intesa Sanpaolo.
C’est une bombe dans la presse s’occupant d’art. Mais une bombe plutôt sympathique. Les choses se sont déroulées en deux temps, avant et après Noël. Le 6 décembre, on apprenait ainsi que le groupe Umberto Allemandi se voyait repris par l’Intesa San Paolo, la grande banque italienne fondée en 1563. Umberto lui-même passait élégamment la main à la veille de ses 87 ans. Le temps a passé pour lui comme pour tout le monde. C’est en 1983 que le Turinois avait fondé sa maison d’édition et son mensuel Il giornale dell’arte. J’ai travaillé à l’époque pour ce périodique, dont les bureaux assez vétustes se trouvaient de l’autre côté du Po, près de l’église Gran Madre di Dio. Je couvrais depuis Genève la Suisse à l’invitation de Bruno Muheim, qui s’occupe aujourd’hui encore du marché de l’art dans les colonnes du journal. Dire que nous étions payés serait excessif. Disons que je touchais pour mes piges une rétribution que je qualifierai de symbolique.
De la Chine à la Grèce
Allemandi a grandi depuis. La maison sort de nos jours environ cinquante livres par an. De beaux volumes toilés, aux sujets souvent très pointus. Des ouvrages chers, dont je me suis toujours demandé quelle était la diffusion. La firme les solde du reste quelquefois. Je vous ai souvent raconté qu’ Il Giornale dell’arte a fait au fil du temps de nombreux petits. Il en existe aujourd’hui (avec le principe de la licence et du pot commun) une édition anglaise, une américaine, une russe, une grecque, une chinoise et deux françaises à la suite d’un divorce rédactionnel. La mouture espagnole n’a pas tenu le coup. Il n’y a curieusement jamais eu de version allemande. Le site italien, fourni en libre-service, se révèle singulièrement actif depuis bien des années. Il est devenu une référence, même pour les amateurs non italophones. Il y a toujours là une masse de renseignements à glaner.
La Une du dernier numéro assumé par Umberto Allemandi. Le mensuel vient de sortir en kiosques.
DR.
Pour Umberto Allemandi, la reprise par l’Intesa San Paolo, maison turinoise s’il en est, semblait la solution idéale. Avec ses quatre centres culturels à Turin, Milan, Vicence et Naples, la banque mène une politique culturelle riche et active. Les expositions qu’elle organise font date, comme dans un genre plus contemporain celles de la Fondation Prada. L’Intesa collectionne aussi, avec des œuvres allant du Caravage à Lucio Fontana. Elle permettra sans doute à la maison Allemandi de quitter la logique commerciale pour entrer dans l’illogique du mécénat. Il n’y aura plus trop de fragile équilibre financier à maintenir. L’Intesa n’a jamais eu peur des grandes dépenses permettant sans doute de puissantes déductions fiscales. Notons cependant que la banque n’est pas seule à assumer la reprise actuelle. Est aussi entrée dans le jeu la Fondazione Cassa di Risparmio de Cuneo, l’une des plus importantes fondations culturelles italiennes d’origine bancaire.
Luca Zaccala, qui est entré en fonction le 7 janvier.
Giornale dell’arte.
Tout était déjà bien qui finissait bien. Restait le problème de la direction effective. Qui allait coiffer le journal et les éditions de livres? Le nom de la personne choisie n’a été divulgué qu’aujourd’hui 9 janvier. Le poste est allé à Luca Zaccala, entré en fonction le 7 janvier. L’homme a 37 ans. Il est Milanais. Son expérience dans le domaine du journalisme d’art remonte loin dans le temps. Zaccala a travaillé pour ArtsLife de 2007 à 2004. Il a par ailleurs œuvré pour de nombreux périodiques, dont BellItalia , Icon , Avvenire et le Corriere della Sera , où il s’est occupé hebdomadairement du marché de l’art. On l’a également entendu à la radio et il enseigne le journalisme digital (1). Le nouveau rédacteur en chef se révèle par ailleurs bardé de diplômes. Début février sortira le premier numéro dont il portera la responsabilité entière. L’actuel forme le chant du cygne d’Umberto Allemandi, qui en aura sorti en tout plus de 400, comptant aujourd’hui chacun passé 100 pages. Faites le calcul!
(1) C’est, je présume, ce que je fais en ce moment.
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Se connecterNé en 1948, Etienne Dumont a fait à Genève des études qui lui ont été peu utiles. Latin, grec, droit. Juriste raté, il a bifurqué vers le journalisme. Le plus souvent aux rubriques culturelles, il a travaillé de mars 1974 à mai 2013 à la Tribune de Genève , en commençant par parler de cinéma. Sont ensuite venus les beaux-arts et les livres. A part ça, comme vous pouvez le voir, rien à signaler.Plus d'infos
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