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Politique, vendredi 24 janvier 2025 567 words

Konstantinos Tasoulas, candidat du pouvoir à la présidence pour ancrer la Grèce à droite

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La nomination à la présidence de la République hellénique d'un candidat conservateur par le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, rompt avec une vielle tradition de consensus politique. En choisissant une personnalité de son propre camp, il affirme l'ancrage à droite de son deuxième mandat et suscite des critiques.

Comme le veut le système politique en Grèce, le Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, a annoncé son candidat à l'élection présidentielle, qui aura lieu samedi 25 janvier. Si sa nomination doit être validée par les deux tiers du Parlement grec, Konstantinos Tasoulas suscite des réactions contrastées.

"Avec Konstantinos Tasoulas, la demande de l'écrasante majorité des députés [du parti au pouvoir] Nouvelle Démocratie d'avoir un président de la République de droite a été satisfaite par Kyriakos Mitsotakis", regrette le site de gauche News 24/7.

Un "intellectuel strict"

Né le 17 juillet 1959 à Ioannina, ville de la région de l'Épire, dans le nord-ouest de la Grèce, et avocat de profession, Konstantinos Tasoulas est une figure importante du parti conservateur, dont il a été député et secrétaire général avant de devenir président du Parlement des Grecs. Il succédera à Ekaterini Sakellaropoulou, première femme à occuper cette fonction symbolique.

L'homme de 65 ans a passé "six années au troisième plus haut rang de l'État, [a été] député de Ioannina pendant vingt-cinq ans, vice-ministre de la Défense et ministre de la Culture", retrace I Kathimerini, qui voit en lui "un intellectuel strict et conservateur".

"Kyriakos Mitsotakis a choisi de rallier son camp et de renforcer sa domination politique plutôt que de parvenir à un consensus avec l'opposition", semble regretter Lifo.

Car la "tradition des dernières décennies veut que le parti au pouvoir propose un président de la République issu d'un autre camp politique. Ne pas l'avoir fait a embrasé l'opposition", note I Naftemporiki.

"Pour la première fois, le candidat est un député en exercice du parti au pouvoir. Un choix aussi partisan ne laisse aucune place à une mauvaise interprétation des intentions. La préoccupation première du Premier ministre était d'arrêter les grognes internes à son parti, d'éviter de nouveaux comportements dissidents, d'honorer la promesse d'un 'retour aux sources' et surtout de freiner l'exode des électeurs vers sa droite. C'est ce qu'il craint plus que tout", précise le grand quotidien d'affaires.

"Choix très partisan"

"Le Premier ministre braque le volant encore plus à droite avec sa décision de nommer Konstantinos Tasoulas à la présidence de la République, un choix très partisan et issu de l'aile droite de Nouvelle Démocratie, guidé par la crainte de départs vers l'extrême droite", insiste Efsyn.

Le quotidien de gauche se montre réticent face à un homme qui a "parfois soutenu des positions anticommunistes, a été accusé de corruption lorsqu'il était maire, tandis que l'opposition l'accuse d'être le bras long du gouvernement dans la dissimulation du scandale des écoutes téléphoniques [ayant visé des journalistes et le chef du Parti socialiste] et du crime de Tempi [la collision ferroviaire mortelle du 28 février 2023] en tant que président du Parlement".

La nomination du président de la République hellénique doit être votée par 200 des 300 députés que compte la Vouli (le Parlement). Si les deux tiers des suffrages ne sont pas atteints, un deuxième, un troisième, voire un quatrième vote peuvent être nécessaires, chacun abaissant le seuil de l'élection pour atteindre la majorité simple de 151 députés.

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