Ouest-France
Orne
Argentan, vendredi 3 janvier 2025 725 words, p. OF Orne_11

Monteiro, entre le Brésil, l’Amérique et Argentan

François BOSCHER.

Ouest-France retrace le parcours de champions locaux. Focus sur Thiago Monteiro : l’ex-pongiste bayardiste jouera aux États-Unis, et sera le coach de l’équipe du Brésil.

Les gens d’ici

Alors que le grand public a vibré pendant l’été devant les exploits des frères Lebrun, sait-on qu’une pointure du tennis de table a Argentan comme port d’attache depuis un quart de siècle ? Un champion aussi discret que son jeu est soyeux, dont la carrière et le palmarès forcent le respect. Et, à 43 ans, toujours en activité, à travers le monde.

Arrivé dans l’Orne en 2001

Thiago Monteiro, le plus Normand des Brésiliens, a, par exemple, battu à deux reprises celui qui était alors champion olympique de tennis de table en titre (le Coréen Ryu Seung-Min) en 2004. Bien avant d’être n° 1 de son pays pendant une demi-douzaine d’années et de représenter le Brésil lors de plusieurs Jeux olympiques, son titre de champion d’Amérique du Sud cadet en 1995 a été un acte fondateur pour l’adolescent de 14 ans. « C’est à ce moment-là qu’évoluer en joueur professionnel est devenu un objectif », explique-t-il aujourd’hui, dans un français parfait.

En 1999, le jeune homme de 18 ans pose ses valises en Suède, alors la place forte européenne du ping. Deux ans plus tard, il débarque à Argentan, pour renforcer l’effectif de la Bayard, promue en Superdivision. Il a alors comme coéquipiers Zhao Wei Guo, Dominique Pétron et Jérôme Desmortreux.

Neuf saisons à la Bayard Argentan

Plus tard, il côtoiera d’autres joueurs étrangers. Notamment le Nigérian Toriola, le Russe Kuzmin, le Suédois Mansson, le Slovaque Truksa, les Grecs Tsiokas et Fragkoulis, le Tchèque Simoncik, et tant d’autres. Mais le Brésilien, lui, aura étiré son bail avec la salle Michel-Pelchat pendant neuf saisons : de 2001 à 2006, puis de 2011 à 2014 et en 2023-2024 pour se remettre en condition, après une opération du coude.

Il a certes mouillé le maillot pour d’autres clubs, en France (Caen, Angers, Istres…), en Allemagne, Belgique, Italie et Portugal. Mais telle une inlassable balle de jokari le reliant à la Normandie, le Sud-Américain revient toujours à Argentan. Deux raisons à cela : la première se prénomme Céline, l’Argentanaise qu’il a épousée il y a quelques années, qui vit avec lui – et leur fils – à Sarceaux. La seconde tient à la Bayard et à la salle Michel-Pelchat : « Peu de clubs français ont une telle structure d’entraînement », apprécie le quadra.

Coach aux Jeux de Paris

Avec les Jeux olympiques, l’ancien n° 59 mondial entretient une relation nuancée. Ses participations à Athènes 2004, Pékin 2008 et Londres 2012 n’ont pas été flamboyantes, et celle de Rio 2016 lui est longtemps restée en travers de la gorge : son statut de remplaçant l’a en effet scotché sur le banc, pendant ces JO disputés à la maison… Un banc retrouvé lors des Jeux de Paris 2024, mais onguent apaisant sur l’ancienne cicatrice : Thiago Monteiro y coachait l’Équatorien Alberto Miño… un de ses anciens coéquipiers à la Bayard !

Le voir ainsi reconverti à Paris a donné des idées à la fédération brésilienne, qui vient de l’embaucher pour coacher son équipe masculine : « On aura sept compétitions en 2025, dont les Mondiaux au Qatar », détaille l’Argentanais qui aura l’ex-n°3 mondial Calderano dans son effectif. « L’objectif est de préparer les Jeux de Los Angeles 2028. »

Sélectionneur de l’équipe du Brésil

2025 sera une année omni-chargée pour Monteiro qui cumulera cette casquette de sélectionneur brésilien, tout en gardant un rôle de consultant pour la fédé équatorienne. En même temps, il terminera sa formation pour devenir entraîneur en France, « avec Laurent Launay comme tuteur », s’amuse-t-il.

Il va découvrir le championnat des USA

Pour autant, l’ancien gamin de Fortaleza n’a pas envie de remiser la raquette au placard : il vient de signer une saison pour jouer dans le championnat des États-Unis ! Plus précisément avec les Seattle Spinners, une des huit équipes de cette ligue qui voit évoluer quelques bons joueurs, comme le Caennais Emmanuel Lebesson : au programme, six week-ends de compétition. Avec, à chaque fois, la verte Normandie pour recharger les batteries.

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