January 16, 2025 | - | Ouest-France (site web) |
Avons-nous tous une voix dans notre tête ?
Par Renan MAILLARD.
Vous arrive-t-il de discuter avec vous-même ? Une récente étude démontre qu’une partie de la population en est incapable. On vous explique ce phénomène dans ce nouvel épisode de La Question pas si bête, le podcast quotidien de l’édition du soir.
Vous arrive-t-il de discuter avec vous-même ? Une récente étude démontre qu’une partie de la population en est incapable. On vous explique ce phénomène dans ce nouvel épisode de La Question pas si bête, le podcast quotidien de l’édition du soir.
Notre cerveau est rempli de discours intérieurs : quand on se parle tout seul, quand on fait sa liste de courses, quand on s’imagine des conversations… Et il y a un mot pour ça, ça s’appelle l’endophasie. Ce gros mot vient du grec « éndon » : en soi et « phásis » : la parole.
Parfois volontaire, parfois involontaire, cette voix peut aider à prendre des décisions, s’organiser, atteindre des objectifs fixés, résoudre des problèmes. Elle permet aussi de mieux se connaître et même de mieux reconnaître notre propre existence en nous projetant dans le passé ou dans le futur. Grâce à elle, on se construit une identité intérieure.
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Une voix silencieuse
Hélène Lœvenbruck, directrice de recherche CNRS au département de psychologie et neurocognition, a mené une étude qui démontre que si vous avez cette impression d’entendre votre discours intérieur, c’est parce qu’il y a une activation cérébrale. Elle conclut même que notre cerveau est bien équipé pour les dialogues mentaux .
Et cette petite voix, selon les personnes, a une présence qui peut varier de 0 à 100 %. Ce qui veut dire que certaines personnes n’entendent pas ou très peu leurs pensées. C’est l’anendophasie. Toujours du grec, cela signifie « parole intérieure » mais on ajoute le privatif « an » au début du mot.
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Des études ont montré que celles et ceux qui entendent peu ou pas cette voix ont des difficultés dans certaines tâches, lorsqu’elles s’appuient sur la mémoire de travail qui permet de retenir temporairement des informations comme un numéro de téléphone ou un code.
Comment pense-t-on sans cette voix ?
Quand les scientifiques demandent à ces personnes comment se manifestent leurs pensées, elles répondent qu’il n’y a pas de mots, d’images, de symboles ou de son. C’est un ressenti. Ces personnes sont des muettes mentales. Elles sont incapables, même volontairement, de créer un langage intérieur. Et parfois, cette endophasie peut dysfonctionner et devenir un symptôme délirant ou amenant des hallucinations auditives dans certaines pathologies.
Alors si vous aussi vous parlez tout seul, il y a de fortes chances pour que ce ne soit pas un début de démence, mais un réflexe cognitif tout à fait naturel.
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