Midi Libre
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samedi 1 février 2025 588 words

Dafné Kritharas : « Les chants et les musiques dépassent les frontières »

La jeune chanteuse franco-grecque, auteure de deux albums remarqués explorant la veine des chants traditionnels grecs et du bassin méditerranéen, sera sur la scène de Jazz à Bayssan ce

dimanche 2 février, à 16 h. Pouvez-vous nous retracer en quelques mots votre parcours ? Je n'ai pas de formation musicale ou vocale de type conservatoire mais, en fait, j'ai toujours chanté. J'en ai eu besoin comme de respirer. Plutôt timide, je ne m'y étais jamais risqué en public avant mes 18 ans. J'ai ensuite commencé par des petits concerts, avec des amis, dans des cafés. Un jour, en 2013, j'ai rencontré Paul Barreyre, qui est un merveilleux auteur, compositeur et guitariste. Ça a été le déclic ? Sans doute. On s'est mis à jouer tout le temps et partout. On semait la musique dans les cafés, les bus de nuit à Paris, le métro. On a écumé aussi les petites salles avant de se faire remarquer par un producteur (Lior éditions, NDLR), qui m'a permis de sortir un premier album en 2018, Djoyas de mar , puis un second, Varka , en 2021, (prix "Coup de coeur 2022 musiques du monde" de l'académie Charles-Cros, NDLR). J'ai eu beaucoup de chance car ça m'a permis de rencontrer un plus large public et d'élargir mon audience par-delà les frontières, notamment en Turquie et en Espagne. Justement, votre répertoire est singulier, d'où tirez-vous cette passion pour les chants grecs traditionnels ? Quand j'étais petite, ma maman nous emmenait deux mois par an en Grèce et on allait dans les fêtes de village, qu'on appelle panigyri. Ce sont des fêtes où l'on chante et danse toute la nuit autour de chants traditionnels des îles ou de différentes régions du pays. J'adorais ça, c'était un bouillonnement incroyable et je crois que ces chants ont infusé en moi. Ça m'a permis de réaliser qu'avec le chant, on peut partager, communier ensemble, qu'il permet de nous unir et de transmettre des émotions. Ces airs étaient ceux que je chantais le mieux, comme si l'âme de ma voix était grecque. C'est aussi pour bâtir des ponts entre les cultures ? Oui, sans doute. Et en fréquentant, à Paris, toute une communauté de gens issus du Kurdistan, d'Iran, de Palestine ou de Bosnie, on se rend compte qu'il y a souvent des chants et des musiques qui ont dépassé les frontières et les barrages de l'histoire, qui ont la même mélodie mais existent en plusieurs langues et qu'on connaît tous. C'est très beau de pouvoir se relier par la musique, surtout aujourd'hui, et de se dire qu'on est humains avant tout. Vous préparez un 3e album ? Oui, ce sont, cette fois-ci, des compositions originales que l'on a écrites avec Paul Barreyre et que l'on jouera d'ailleurs à Bayssan. Le premier single, Xapa , est sorti en septembre dernier. Les mélodies penchent aussi bien du côté de la musique classique avec, par exemple, pour illustrer une tempête, des élans à la Prokofiev, que du côté du jazz, de ses rythmes compliqués et impairs (rires) ou de la musique orientale. Nous serons cinq sur scène. Outre Paul Barreyre, il y aura le pianiste Camille El Bacha (classique et electro), le batteur Milan Tabak (pop et jazz) et le contrebassiste Pierre-Antoine Despatures, qui jouera aussi de la gadoulka. Le côté instrumental peut paraître rock et un peu sombre mais ça permet aussi une communion presque cathartique. Entre douceur et intensité. Propos recueillis par Diane Petitmangin [email protected] La voix de Dafné Kritharas transporte. CHLOÉ KRITHARAS DEVIENNE