Marie Balmary : « Dieu veut guérir lhomme de sa soumission »
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Interview Alexia Vidot Publié le 03/06/2024 à 13h23, mis à jour le 03/06/2024 à 13h23 Lecture 6 min. >/g) || []; for (let script of scripts) { articleContent.replace(script, ''); const scriptEl = document.createRange().createContextualFragment(script); document.querySelector('.content-art').append(scriptEl); } document.querySelector('.bloc-payant').remove(); document.querySelector('.content-art').innerHTML = articleContent;; if (result.showcase) { $('#header >.bandeau-abo').show(); } }); }).catch(function (error) { console.log(error.message); }) } $(window).on('load', function () { let subscribed = getCookie('subscribed'); let statut = 'Payant' if (typeof subscribed !== 'undefined' && subscribed === 'false' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } else if (typeof subscribed === 'undefined' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } tag.page.set({ name: 'marie-balmary-dieu-veut-guerir-lhomme-de-sa-soumission', level2: rubrique.level2, chapter1: 'lv0f' === 'hc0f' ? ch1 : rubrique.chapter1, chapter2: ch2, customObject: { Pagetype: 'article', Population: typeof subscribed === 'undefined' ? 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Les enfants, lorsquon ne les fait pas taire, bouillonnent de questions : Noël, cest quoi ? Où est grand-père qui est mort ? Pourquoi Dieu ne nous a pas mieux faits ? Nous aimions chercher ensemble à leur répondre, mais nos réponses toutes faites nétaient pas satisfaisantes, ni pour eux, ni pour nous ! Alors, nous avons mis en commun nos questions à nous et puis nous avons cherché à approfondir nos connaissances, notamment sur la Bible. Pour ma part, entraînée par une amie, jai participé à un séminaire dexégèse du jésuite Paul Beauchamp, qui nous a ensuite accompagnés quelques années dans un petit groupe. En parallèle de ce travail, jai rencontré la tradition juive, à la faveur dun colloque sur lidolâtrie. Je me suis aussitôt sentie chez moi ! Cest à partir de cette tradition que jai vraiment pu revenir vers la mienne. Précisément à cette époque est parue la traduction dAndré Chouraqui. Et la Bible ainsi traduite au plus près du texte original mest apparue dune richesse extraordinaire. Cest alors que je me suis mise à apprendre lhébreu pour la Bible juive, puis le grec, pour le Nouveau Testament. Quavez-vous découvert grâce à André Chouraqui ? Sa traduction littérale malmène un peu le français, mais elle est beaucoup plus incarnée, physique et charnelle que nos traductions habituelles, qui sont rabotées, domestiquées, lisses. Cest une traduction littérale qui na pas brouillé les pistes, ensablé les puits et comblé les mines et qui, de ce fait, permet de ressentir où se trouvent leau fraîche et les trésors des textes. Sans faire le chemin à votre place. En un mot, la Bible de Chouraqui, cest de la parole libre qui ouvre des chemins derrance où chacun peut se perdre et se trouver avec dautres. « Ne demande jamais ton chemin à quelquun qui le connaît, car tu ne pourrais plus tégarer » , conseillait un rabbin. Quel était lobjet de votre recherche ? La parole libératrice. Depuis que javais découvert la psychanalyse, par lexpérience de ma propre dépression, je cherchais à comprendre comment la parole peut libérer et guérir au lieu dêtre un support de nos maux, de nos maladies. Cest dailleurs la psychanalyse qui mavait ramenée aux récits fondateurs et au Décalogue, dans lequel Jacques Lacan voyait les « lois de la Parole elle-même ». Le célèbre psychanalyste avait un frère, Marc-François Lacan, qui était moine bénédictin. Dès notre première rencontre à labbaye dHautecombe, nous étions devenus amis. Quil encourage ma recherche a été pour moi très important. Est-ce lui qui vous a confirmé dans lidée que la psychanalyse et la Bible étaient conciliables ? Déjà, Paul Beauchamp mavait rassurée sur le fait que je navais rien à renier de ce que la psychanalyse mavait appris, que mettre la Bible en résonance avec mon expérience clinique était une richesse. Mais de là à écrire le Sacrifice interdit, Freud et la Bible (Grasset, 1986) ! Marc-François Lacan a été dun fort soutien au long de lécriture de cet ouvrage où je relis et questionne le récit biblique quon appelle à tort le sacrifice dAbraham. Cette histoire était le texte dentrée pour moi : ou bien une autre interprétation était possible (que la version sacrificielle), ou bien on part ailleurs (rires). OANN MARK KUZNIETSOV/UNSPLASH Et vous nêtes pas partie ailleurs, au contraire ! En effet, juste avant la parution du Sacrifice interdit, jai été invitée à animer une session biblique en montagne par le prêtre parisien Xavier de Chalendar. Ce nétait pas la première fois que jy allais, mais cette année-là, le groupe était particulièrement attentif et enthousiaste. De retour à Paris, certains ont désiré poursuivre laventure. Et cest ainsi quest né le groupe Déluge, baptisé du premier texte difficile auquel il sest confronté. Depuis 1987, nous nous retrouvons au rythme dun soir par semaine et nous avançons comme des explorateurs, des urgentistes. Nous aimons les faces nord, cest-à-dire ces passages qui fâchent, qui peuvent être toxiques, dangereux à enseigner. Nous disons à la Bible : est-ce que tu nous sors de ce piège ? Et nous lisons, travaillons, décortiquons Ce sont nos commentaires des Évangiles que jai rassemblés dans mon dernier livre. En quoi cette lecture collective est-elle fructueuse ? Laccès aux textes bibliques ne se fait pas en solitaire, mais avec dautres. Lire la Parole à plusieurs permet à chacun de se situer, de confronter le texte à la lecture dun autre et de décoller de ses adhérences. De ne pas se laisser prendre par son surmoi, ce gendarme intérieur qui lit à notre place et nous tend des pièges. La correction fraternelle est très importante « Tu lis ça, mais moi jai plutôt vu ça » , mais elle ne peut être féconde que si aucun nest le maître de lautre et que chacun peut dire son mot sur le texte, en son propre nom et sans jugement. Cette lecture fraternelle, proche de la tradition juive, donne une grande liberté de pensée. Vous insistez sur le fait quil ny a pas de lecture objective des Écritures La Bible est un texte que chaque lecteur est appelé à reprendre, à relever, à interpréter. Dans lÉvangile, Jésus lui-même nous invite à ne pas rester dans une attitude passive devant la Loi : « Quy a-t-il écrit ? Que lis-tu ? » Si nous étions dans le savoir, il sagirait de lire ce qui est écrit et de sy conformer. Là, il y a une autre dimension, qui nest pas celle de lobjectivité, mais de la subjectivité. Que lis-tu, toi ? Que vois-tu là ? Sans doute pas la même chose que ton voisin ! Cette manière juive de lire les Écritures est fondamentale. Quand les chrétiens la perdent, ils réduisent la Bible à un règlement intérieur, à des textes de savoir ou de morale. Cest précisément ce que nous refusions de faire avec nos enfants, au jardin Notre lecture nest-elle pas faussée par des textes mal traduits qui colportent des fausses images de Dieu ? Je suis la première à regretter les mauvaises traductions, mais je plaide un peu la cause des traducteurs : linstance moralisatrice et culpabilisatrice qui confisque les textes est à lintérieur de nous, la psychanalyse nous lapprend. Avant même dêtre capables de parler, nous recevons des milliers de verbes à limpératif. Je ne vois pas comment on pourrait éviter dimaginer dabord un Dieu total, un Dieu maître tout-puissant qui réclame notre obéissance. Cette projection est anthropologiquement inévitable. Émerger de cet état de totale dépendance pour devenir une personne à part entière, y compris dans notre rapport à Dieu, est terriblement difficile. Cest à mon sens la grande affaire biblique de nous libérer de ce mauvais Dieu que Maurice Bellet a appelé « le Dieu pervers » ; ce « Grand il » , ce « grand comptable » qui domine, juge, surveille, persécute, culpabilise Abraham en a fait lexpérience. Tout de même, vous nous invitez à prendre un crayon pour corriger nos traductions qui sont pleines derreurs et de détournements propices aux pires manipulations Les Écritures peuvent être des lieux dangereux puisque la parole divine mal traduite et mal transmise risque de nous manger, de dévorer notre vie, notre âme. Jai vu ces effets dévastateurs au sein de la Commission indépendante pour les victimes dabus sexuels commis par des religieux et religieuses, dont jai fait partie. Il ny a rien de pire que de se servir de la parole de Dieu pour asservir à soi une personne. Prenons par exemple la Vierge Marie, que tant dabuseurs ont transformée en figure de femme soumise qui réclame la soumission. Déjà dans lÉvangile des noces de Cana, le traducteur lui fait dire : « Tout ce quil vous dira, faites-le. » On nest pas loin du « Heil Jésus » ! Or, chose étonnante, le mot « tout » ne figure pas dans le premier texte grec, ni dans la traduction latine. Cet ajout est donc une erreur matérielle, mais il est aussi une erreur spirituelle. À mon sens, lobéissance totale nest pas du goût de Marie. Larchange Gabriel lui-même sy est frotté ! Il lui propose dabord de concevoir elle seule un fils du Très-Haut qui régnerait éternellement, mais elle ne dit pas son « fiat » à ce moment-là, elle ne succombe pas à cette tentation de toute-puissance. Elle lui oppose au contraire le « comment cela sera-t-il, je ne connais pas dhomme ». Elle veut de lautre. Alors, lange change de discours : « LEsprit saint viendra » Elle ne concevra pas toute seule. Marie nest donc pas celle qui nest que « oui » ! En effet, elle a su discerner. Dieu, selon ce que nous trouvons dans les textes, ne veut pas des serviteurs à jamais, mais des fils, tous incomparables et frères de lÊtre. Il veut guérir lhomme de sa soumission, quil devienne un sujet, quil advienne à lui-même. Jaime cette histoire juive : Dieu pour tout jugement demande à celui qui vient de mourir : « Comment tappelles-tu ? Isaac. Eh bien, as-tu été Isaac ? » À lire. Ce lieu en nous que nous ne connaissons pas. À la recherche du Royaume, de Marie Balmary, Albin Michel, 19,90 €. Notre sélection d'articles sur le même sujet Pourquoi lire la Bible ? [Série 1/5] Ève : pour en finir avec la côte dAdam Emmanuel Godo : Recherche du Royaume Cherchez la faute : La Genèse débattue sur scène Bible Psychanalyse Marie Balmary Évangile Parole Interview Alexia Vidot Édition de la semaine Lire le magazine numérique Newsletters de La Vie "La Vie Quotidienne", "Le choix de La Vie", "Regards chrétiens", "C'est ma foi", "Bonnes nouvelles", "Les Chroniques de La Vie", "Exclus web" : recevez tous nos articles d'actualité directement dans votre boîte mail. S'inscrire Dans la même rubrique Épiphanie : les Rois mages, personnages entre histoire et légende Les Rois mages occupent une place centrale dans la fête chrétienne de lÉpiphanie, le 6 janvier. Mais Méditation biblique : les mages ouvrent un chemin Les mages ont fait route de Jérusalem à Bethléem, deux lieux majeurs. Le récit de leur voyage dans lÉvangile Méditation biblique : L'ultime parole de Dieu La Lettre aux Hébreux, lue à Noël, interpelle par sa profondeur. 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