L'Histoire, no. 528
Décryptage d'image, samedi 1 février 2025 454 words, p. 78

Le triomphe de saint Thomas d'Aquin

Par Giulia Puma*

Année 1323. Thomas d'Aquin (v. 1225-1274), phare théologique des Dominicains, vient d'être canonisé. Le Siennois Lippo Memmi est appelé à Pise pour en peindre un Triomphe . Le grand panneau qu'il compose évoque la silhouette d'une église. Au sommet, le Christ dans une mandorle (une gloire en forme d'amande) entouré de séraphins, puis saint Paul et Moïse avec les quatre évangélistes, tendant leurs écrits, reliés à Thomas par des rayons d'or. Au centre trône le saint, absorbé par l'élaboration de sa doctrine. En lui convergent révélation et connaissance.

Au registre inférieur, des religieux et des laïcs. Comme dans les autres représentations du saint, Thomas et, avec lui, la scolastique, semblent triompher d'Averroès (1126-1198). Le dominicain a en effet réfuté les théories sur l'âme et sur l'intellect du grand commentateur d'Aristote. Pourtant, un rayon d'or relie le livre d'Averroès à celui de Thomas. Du haut au bas, le Christ, Thomas et Averroès occupent l'axe central de la composition : on ne saurait ignorer le penseur andalou, mais seul Thomas saurait filtrer les apports de sa pensée