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LE GUIDE, mercredi 29 janvier 2025 331 words, p. DIAP_121

Livres

Echos de Grèce

Anne Ibos-Augé

Failles dans le marbre, un voyage en musique vers l'Antiquité grecque par Hélène Pierrakos. Premières Loges, 134 p., 16€.

Echos de Grèce

Comment le monde antique a-t-il inspiré les compositeurs de toutes les époques ? Avec cette double évocation des vestiges et des « failles », ce sont autant de chemins de traverse sur lesquels Hélène Pierrakos entraîne son lecteur, à la recherche de la Grèce passée. Elle questionne, aussi : ce lieu est-il un temps ? Un espace ? Comment les musiciens s'en sont-ils emparés ?

Certes, l'idée d'une « écoute grecque » de Monteverdi - indépendamment de ses thématiques helléniques -peut interroger, même si elle n'est fondée que sur une « résonance ». L'autrice dévoile néanmoins une assez convaincante analyse du madrigal Hor che'l ciel e la terra ainsi que de quelques autres pièces. Elle étudie ensuite les sources auxquelles puisent Goethe ou Schiller, et après eux, Schubert ou Wolf, y décelant la « nostalgie d'un éternel printemps » ou « l'esprit de la danse »; éclaire l'expressionnisme du tandem Hofmannsthal/Strauss et cite les références de ce dernier à la Renaissance dans le chœur a cappella final de Daphne ; voit dans la Grèce debussyste un onirisme lyrique, percevant avec raison dans le recours du compositeur à la modalité antique « un manifeste d'identité française », mais omettant malheureusement de le replacer dans son contexte historique. Le voyage s'achève avec Britten, poursuivant dans Death in Venice la référence platonicienne de la nouvelle de Thomas Mann dont est tiré cet ultime chef-d'œuvre.

S'il est parfaitement juste de faire de la passion de l'Antique un des préliminaires à la naissance de l'opéra, il est curieux que soit tout à fait occultée la question de l'héritage grec concernant la notation musicale.

On regrette aussi que les références bibliographiques soient limitées au site de la Philharmonie de Paris et à la revue L'Avant-Scène Opéra . L'ouvrage, qui se lit aisément et avec plaisir, demeure néanmoins une belle manière de se frayer un premier chemin à travers les « failles » du marbre grec et leurs correspondances musicales tardives.