January 23, 2025 | - | L'Avenir (site web) |
”Un jeu malsain” ou “on ne peut pas le perdre” : le débat autour de la sélection de Konstantinos Karetsas fait rage en Belgique
Dans les colonnes du Nieuwsblad, Vaios, le père du talent brut Karetsas, a encore évoqué le sujet. “ Kos n’est pas du tout inquiet pour le moment” , assure le paternel. “ Pas à la maison non plus. Il souhaite principalement se développer en tant que joueur, afin de pouvoir s’améliorer et également rendre l’équipe meilleure.”
Actuellement, on ne sait toujours pas quelle sélection le prodige va choisir. Une situation qui suscite un certain débat : le prochain sélectionneur doit-il déjà sélectionner le milieu de Genk pour le verrouiller ?
En mars, il pourrait déjà devoir faire un choix entre la Grèce, le pays de ses parents, et la Belgique, le pays où il est né. “ Des matchs internationaux auront lieu en mars et il y a de fortes chances qu’il soit convoqué par un pays” , a-t-il admis. “ Mais nous n’avons pas encore eu de discussions concrètes avec l’association belge. J’ai déjà parlé au téléphone avec Vincent Mannaert, mais c’étaient des conversations préliminaires. Un projet sportif avec lui est bien sûr très important.”
Signifie-t-il que le choix de Konstantinos Karetsas serait-il arrêté ? “ S’il a encore des doutes, aucun choix ne sera fait” , poursuit Vaios. “ Il ne choisira une équipe nationale que lorsqu’il sentira vraiment qu’il sait quoi faire.”
En Belgique, on prend un peu l’équipe grecque de haut. En effet, la Grèce est 54e mondiale au classement FIFA et n’a plus disputé la moindre grande compétition depuis la Coupe du monde 2014. Pourtant, il y a un nouveau vent qui souffle sur la sélection grecque. “ L’équipe nationale grecque a fait un virage à 180 degrés. Ils ont un nouveau conseil d’administration, un nouvel entraîneur et ils se concentrent beaucoup plus sur les jeunes.”
Le papa assure que rien n’est encore fait mais que les deux équipes ont des arguments. “ La Belgique reste en avance sur la Grèce en termes de talent et sur le plan sportif, mais cela ne rend pas le choix plus facile. Le plus important, c’est qu’il se sente bien dans son choix.”
Joos : “S’il joue à City dans cinq ans, on s’arrache les cheveux”
Comme son père, Konstantinos Karetsas botte donc en touche. “Oui, je suis ouvert aux deux options. On verra bien. Je crois que je ne prendrai une décision qu'au moment où je devrais vraiment choisir, quand il faudra trancher” , avait-il dit pour DAZN en début d’année.
Du coup, faut-il le sélectionner ? La discussion polarise. Pour certains, une sélection se mérite et il ne faut pas céder à une forme de chantage. De l’autre, les Diables rouges ont besoin d’un renouveau et la classe de Karetsas, que personne ne conteste, pourrait faire du bien à l’avenir. Une sélection permettrait de déjà préparer le futur.
Sur le plateau d’Extra Time, sur Sporza, Filip Joos a donné un avis tranché. “ Il y a de fortes chances qu’il soit bientôt appelé par les Grecs. Ne devrions-nous pas faire de même ? Pourquoi ne pas le faire ? Qu’avons-nous à perdre ? On ne peut pas se permettre de le perdre.”
Le talent avant tout. Qu’importe que le gamin n’ait pas encore atteint les 20 matchs de Pro League. “ Il est très fort. Il devient le patron de Genk avec Steuckers. Je pense que si le sélectionneur pense qu’il peut s’en sortir, il faut le prendre. Laissons-le jouer deux matchs de cinq minutes contre l’Ukraine. Si on le perd maintenant et qu’il évolue à Manchester City dans cinq ans, vous vous arracherez les cheveux.”
L’avis est également partagé par Christophe Franken, le chef de la rubrique football pour la DH. “ Ce dossier est prioritaire. Plus que celui de, par exemple, Thibaut Courtois” , avait-il notamment écrit dans une chronique.
”Une façon de faire un peu particulière”
D’autres consultants ne partagent pas cet avis. Pour Wesley Sonck, ce genre de discours ne va pas convaincre le joueur. “Il doit d’abord laisser parler son cœur et puis parler d’aspect sportif” , estime Wesley Sonck, ancien coach des U19 en Belgique.
Même son de cloche de la part de Franck Boeckx. “ Nous n’avons même pas encore d’entraîneur national et nous sommes déjà en train de réfléchir à qui il devra faire appel plus tard” , ironise l’ancien gardien d’Anderlecht. “S’il montre ce niveau chaque semaine, Karetsas sera bientôt dans l’équipe nationale. Mais si on le 'coince' déjà maintenant, comme le dit Filip, dans cinq ans, on risque de se retrouver avec quelqu’un qui regrette de ne pas avoir choisi la Grèce et d’être venu chez les Diables contre son gré.”
Pour l’éditorialiste de la VRT Peter Vandenbempt, ce moyen de pression pose tout de même question. “ Vous ne trouvez pas que c’est une façon de faire un peu particulière ?”, questionne-t-il. “ Un jeune de 17 ans dit : appelez-moi, je jouerai pour les deux. Mais on peut aussi dire : je n’ai que 17 ans et je veux attendre encore un peu. Je trouve donc malsain que le nouveau sélectionneur national soit ainsi mis sous pression par un jeune de 17 ans. C’est pourquoi je dirais à Karetsas : doute encore un peu, au lieu de t’engager pour l’un ou l’autre pays dès maintenant.”
Un débat polarisant qui pourrait donc trouver son épilogue en mars.