Thierry Terret : « Le sport est un outil de construction de lidentité locale, autant que nationale »
>> Accueil Rechercher Se déconnecter Abonné MME NUMEN SERVICES SCE CISION [email protected] N° abonné : J3934102 Offre papier Premium Echéance 31 décembre 2998 Je me réabonne Accéder au kiosque numérique Accéder à mon espace abonné Gérer mes newsletters Boutique Lire lhebdo Faire un don Mon compte Actualité ACTUALITE Société Géopolitique Écologie Solidarité Sciences Christianisme CHRISTIANISME Témoignage Église Bible Idées IDÉES Édito Chronique Débat Histoire Modes de vie MODES DE VIE Spiritualité Sens et santé Psycho Famille Loisirs Culture CULTURE Cinéma Littérature Spectacles Exposition Musique Télévision Services Voyages Évènements Amis de La Vie Guide Saint Christophe Petites annonces Boutique À propos Qui sommes-nous ? 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Interwiew par Chantal Cabé Publié le 27/06/2024 à 14h04, mis à jour le 27/06/2024 à 14h04 Lecture 6 min. >/g) || []; for (let script of scripts) { articleContent.replace(script, ''); const scriptEl = document.createRange().createContextualFragment(script); document.querySelector('.content-art').append(scriptEl); } document.querySelector('.bloc-payant').remove(); document.querySelector('.content-art').innerHTML = articleContent;; if (result.showcase) { $('#header >.bandeau-abo').show(); } }); }).catch(function (error) { console.log(error.message); }) } $(window).on('load', function () { let subscribed = getCookie('subscribed'); let statut = 'Payant' if (typeof subscribed !== 'undefined' && subscribed === 'false' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } else if (typeof subscribed === 'undefined' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } tag.page.set({ name: 'thierry-terret-le-sport-est-un-outil-de-construction-de-lidentite-locale-autant-que-nationale', level2: rubrique.level2, chapter1: 'lv0f' === 'hc0f' ? ch1 : rubrique.chapter1, chapter2: ch2, customObject: { Pagetype: 'article', Population: typeof subscribed === 'undefined' ? 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Délégué ministériel aux Jeux olympiques et paralympiques d'avril 2018 à août 2022, il est, depuis, à la tête du vice-rectorat de Polynésie française, tout en demeurant impliqué dans plusieurs projets sur lhéritage des Jeux olympiques et sur le patrimoine sportif. Il a publié de nombreux ouvrages dont les derniers parus, Histoire du sport , PUF, 2023 (7e édition) et Balades olympiques vol. 5 , Les Chemins éducatifs , LHarmattan, 2023. Que signifie le mot «?sport?» et quand apparaît-il dans l'Histoire?? Le terme desport ou disport vient du français au Moyen Âge pour signifier la distraction, lamusement. Le Grand Dictionnaire universel du XIXe?siècle de Larousse définit dailleurs encore le sport comme un «?ensemble damusements, dexercices et de simples plaisirs qui absorbent une portion assez notable du temps des hommes riches et oisifs?». Le terme traverse la Manche sous ce sens et se retrouve dans le contexte particulier de la tradition, en Angleterre, des courses hippiques, un mélange de plaisir du spectacle et de compétition. Dans un intéressant aller-retour de lhistoire sémantique, le terme « sport?» revient en Europe continentale, et notamment en France, où il se repère, pour la première fois, en 1828 dans Le Journal des haras consacré aux courses hippiques. Linvention des sports modernes revient à lAngleterre, à la fin du XVIIIe?siècle, en plein capitalisme émergent, avant de se diffuser au XIXe?siècle dans les colonies britanniques et les sociétés industrialisées (Amérique du Nord et Europe continentale). À quelles fonctions les pratiques plus anciennes du sport répondaient-elles?? Au tout début des grands jeux dOlympie de lAntiquité, autour de 700/800 av. J.C., les fonctions attribuées étaient multiples. La première était sacrée?: lactivité compétitive est une continuité des rites sacrés du «?travail?» des prêtres dans la cité. Des cérémonies faites de défilés, sacrifices et rituels mises en scène par des hommes ayant symboliquement le statut de demi-dieux et empreintes de la conception religieuse des Grecs. Puis, la fonction sacrée sest rapidement articulée aux fonctions militaire et éducative. La préparation physique de léphèbe, dans laquelle on trouve du lancer de javelot ou de la lutte, passe par des activités motrices requises dans le combat. Enfin, la vertu de lactivité physique est déduquer et délever le Grec. Chez les grands philosophes grecs, impossible dimaginer lépanouissement du citoyen libre et éclairé sans une association du développement de lesprit et du corps. Toutefois, en quelques siècles, de nombreux athlètes chercheront à monnayer leurs compétences et à accéder à un statut délite dans la cité. La fonction lucrative est bien loin des ambitions éducatives ou religieuses?! Comment caractériser le sport au regard de toutes les activités physiques que lon peut connaître?? Depuis la fin des années 1960, philosophes, historiens et sociologues sinterrogent sur cette question avec des dizaines, voire des centaines de définitions. Lhistorien du sport américain Allen Guttmann suggère, dans son ouvrage de référence From ritual to record (Du rituel au record, la nature des sports modernes) publié en 1978 et paru en France en 2006 , de ne parler de «?sport moderne?» que lorsque sept critères sont réunis?: sécularisation (abandon du lien au sacré), égalité des chances (sopposer de façon équitable)?; spécialisation des rôles (au début, les athlètes sont en même temps entraîneur, capitaine, etc. alors quaujourd'hui, nous disposons de nombreux spécialistes en tous genres?: entraîneurs, médecins, etc.)?; rationalisation (des formes dentraînement, des équipements et des techniques)?; bureaucratie (avec des structures locales, des fédérations nationales et des grandes organisations)?; quantification (il suffit de regarder un match à la télévision pour voir des dizaines dinformations chiffrées safficher sur langle de lécran) et quête du record. Comment sommes-nous passés de la victoire à la notion de record?? Linvention des sports modernes sest accompagnée d'une originalité?: devenir le meilleur sans être directement confronté à lautre. Parce que les conditions matérielles (stade, piscine, gymnase) sont les mêmes que lon soit à Tokyo, à Londres ou à Paris, il est possible de se confronter à lautre indépendamment de lespace et du temps. Le record sétablit sur des tablettes et est archivé. Dans lAntiquité grecque, seule la victoire comptait. Il nexistait pas de podium, ni de deuxième ou troisième place. Fin XVIIIedébut XIXe siècle, sont inventés des outils de mesure (chronomètre), des règlements (accord sur des poids, des temps, des durées) et une organisation des espaces. Par exemple, jusquaux années 1880, en athlétisme, les courses étaient dites «?à handicap?». Les athlètes nétaient pas placés sur la même ligne de départ mais avec des décalages en fonction de leurs forces et qualités supposées afin dêtre le plus proche possible à larrivée. Ce décalage offrait lopportunité pour chacun de gagner. La valeur de la performance est-elle lapanage des sociétés modernes?? En effet, la volonté de dépassement, de réussir quelque chose au-delà de nos limites, est devenue une valeur de nos sociétés. Ce culte du «?toujours plus?» date de la seconde moitié du XXe?siècle. Il se retrouve dans la visibilité du sport, pas seulement parce que les médias sont davantage présents, mais aussi parce que Le Culte de la performance simpose à nous comme le dit Alain Ehrenberg dans son livre paru en 1991. Lauteur évoque «?larrivée massive des héros de la performance sur la scène publique?: battants, entrepreneurs, aventuriers, sportifs, chômeurs créant leur propre entreprise?». Cette volonté de repousser les limites devient une manière dorganiser le travail jusquau XXIe?siècle où le burn-out est enfin reconnu, traduit et traité. Le sport est lune des faces les plus visibles de la mondialisation et, paradoxalement, un lieu de résistance pour les pratiques régionales. Comment lexpliquez-vous?? Les deux ne sopposent pas. À loccasion de la publication dun essai, Pratiques sportives et identités locales , avec mon collègue, Bernard Michon, nous avons constaté à quel point, en France, le sport est un outil de construction de lidentité locale, autant que nationale, au travers dune équipe (héros locaux), dun microlieu (un gymnase, une piscine, un stade) ou dévénements forts. La plasticité du sport permet à la fois de sappuyer sur une facette mondialisée tout en maintenant des pratiques qui relèvent de ses racines et de son territoire. Les deux approches nationales et locales peuvent coexister avec des scènes étonnantes quand, au Stade de France, les supporters encouragent les Bleus en brandissant un drapeau breton?! Comment expliquer quune pratique aussi populaire, rassemblant des milliards de personnes à travers le monde soit si peu étudiée par les intellectuels?? Les spécialistes des sciences sociales se sont historiquement désintéressés du corps, quils associent à quelque chose de populaire. En France, celui-ci est longtemps resté un objet illégitime face à la toute-puissance de lesprit. Il faudra attendre la décennie des années 1970 pour les voir semparer des questions du corps et des loisirs. Le sociologue français Joffre Dumazedier (1915-2002) est lun des pionniers de la sociologie du loisir et lauteur le plus éminent en la matière depuis son ouvrage paru en 1962 Vers une civilisation du loisir?? À linverse, si vous regardez en Angleterre ou aux États-Unis, les plus grands chercheurs travaillent sur le sport depuis près de cent ans. Et les analyses sur le sport ont depuis longtemps toute leur place dans les médias de référence tels que le New York Times. Aux États-Unis, le sport est dailleurs un objet suffisamment reconnu pour que lon puisse accéder à luniversité non pas sur la base de ses diplômes, mais sur celle de ses performances sportives. Cela change tout. Le sport est-il encore un jeu?? Les philosophes du sport opposent lutilité (au sens où il est aujourdhui traversé par des enjeux mondiaux) à la futilité du sport (il na de sens que pour le plaisir de faire). Le sport de haut niveau nest plus un jeu, sauf pour les spectateurs. Par contre, il demeure futile, et donc un jeu, grâce au plaisir de faire. Le bonheur de se retrouver sur un stade de village, un dimanche matin à la campagne, existe toujours. Il ne sexplique alors ni par largent, ni par le poids des médias, ni par la recherche de quoi que ce soit. Le sport, cest tout ça?: à la fois lutile et le futile?; un jeu et un hors-jeu. 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