Corse Matin
Settimana, vendredi 10 janvier 2025 629 words, p. 30

Marie Ferranti et Alain di Meglioexplorent les mythes antiques

Un livre très singulier vient de paraître aux éditions Eolienne. Il a été écrit par Marie Ferranti et Alain di Meglio, deux auteurs pour qui la Méditerranée est une mer bien sûr, mais surtout une « mère ». Dans cet ouvrage intitulé L’andarini, les errants , ils voyagent au pays des mythes antiques et explorent avec ferveur les marges de l’Odyssée. Entre conte et poème, ils composent ainsi une trame où se mêlent les voix des amoureux du légendaire poète grec Homère.

Des auteurs de référence

Au fil des pages, on rencontre Antinoüs qui fut l’un des prétendants de Pénélope lorsqu’elle se retrouva seule durant le long voyage d’Ulysse. Il est également question de Calypso du nom de la nymphe aux cheveux d’or qui souhaitait faire d’Ulysse son époux, de Circé la magicienne fille du Soleil, sans oublier les lotophages, appelés ainsi car ils se nourrissaient de la fleur de lotos.

La place d’Homère dans la littérature grecque est majeure car il représente à lui seul le genre épique. Rappelons à cet effet que L’Iliade et L’Odyssée lui ont été attribuées dès le VIe siècle avant Jésus-Christ, ainsi que ses poèmes satiriques La bataille des grenouilles et des rats et Le Margitès . On connaît aussi ses Hymnes homériques.

Alain di Meglio, le co-auteur de L’andarini , est professeur émérite de l’Università di Corsica et adjoint à la culture et au patrimoine de Bonifacio, sa ville qui lui inspira de nombreux textes. Outre son abondante littérature scientifique dans le domaine de la sociolinguistique, il est également poète, nouvelliste et parolier de chansons en langue corse mais aussi en français et en bonifacien. Ancien responsable du Centre culturel universitaire de Corte, il est notamment l’auteur de trois recueils de poèmes, Migraturi , Vaghjimi spizzati et Sintimi di sponda.

Marie Ferranti est quant à elle une écrivaine de grand talent et l’une des autrices attitrées de la célèbre maison d’édition Gallimard. Son premier roman, Les femmes de San Stefano , fut distingué par le Prix François Mauriac. Elle fit mieux encore en 2002 en obtenant pour La princesse de Mantoue l e Grand Prix de l’Académie française, l’une des récompenses littéraires les plus prisées avec le Goncourt. D’abord très attachée au style romanesque, elle a ensuite diversifié son écriture en donnant naissance à une superbe pièce de théâtre La Passion de Maria Gentile, et à des formes alternant entre essais et dialogues. On retiendra tout particulièrement Un peu de temps à l’état pur qui est sa correspondance avec Jean-Guy Talamoni, l’ancien président nationaliste de l’Assemblée de Corse, et Le livre de Petru qui est le fruit de ses échanges avec le chanteur Petru Guelfucci, chantre du Riacquistu aujourd’hui disparu.

Remonter le temps

L’éditeur de L’andarini, les errants est Xavier Dandoy de Casabianca. Travaillant à Bastia, cet homme discret et efficace est à la tête de l’association « Eolienne », laquelle réalise un remarquable travail éditorial tout au long de l’année. En septembre dernier, un précédent livre publié par ses soins en co-édition avec l’Adecec a d’ailleurs obtenu le Prix du livre Corse 2024 dans la catégorie « Ghjuventù ». Il s’agit de Scumbugliu in l’universu de Ghjacumina Geronimi et Paula Bussi. Ce conte aborde les thèmes universels de la fraternité et de l’humanité. Il comprend des illustrations qui apportent une dimension poétique et captivante au récit.

Pour revenir à L’andarini, les errants , sachez que c’est un ouvrage de 88 pages dont la couverture offre un graphisme judicieusement ciselé. Sa lecture attise la curiosité et permet de remonter le temps en effectuant une passionnante introspection dans les secrets de la mythologie.