La Presse+
ARTS, samedi 25 janvier 2025 527 words, p. ARTS_13
Also published in
January 25, 2025 - La Presse (site web)

Sur la table de chevet de… Thomas Hellman

Laila Maalouf

La Presse

L’auteur et compositeur Thomas Hellman reprend ce samedi la tournée de son spectacle Mythomane : contes et légendes de la Grèce antique, également décliné sous la forme d’un recueil et d’une série balado du même nom. Il nous confie ses lectures du moment.

L’univers, les dieux, les hommes : récits grecs des origines, Jean-Pierre Vernant

« C’est un livre qui a inspiré mon spectacle et que je suis en train de relire. Jean-Pierre Vernant a publié beaucoup d’articles scientifiques. Il raconte les mythes à sa façon en y intégrant toute la profondeur qu’il connaît. Et ce livre, je l’adore. Je n’étais pas un passionné de la mythologie grecque à la base. […] Ce qui m’a fasciné, c’est la dimension orale, le conte, à quel point ces histoires millénaires ont une résonance contemporaine. Et ce que j’aime beaucoup chez Vernant, c’est qu’il ramène l’oralité dans son livre. J’ai l’impression que la mythologie, pour lui, c’est une façon de sonder la vastitude de l’expérience humaine. »

Première neige sur le mont Fuji, Yasunari Kawabata

« Ça fait plusieurs années que je m’intéresse à la littérature japonaise, depuis que je suis devenu un grand passionné de Haruki Murakami. Je me suis intéressé à savoir qui avaient été ses grandes influences, et son maître, c’est Yasunari Kawabata. Ce livre est tout simplement magnifique. Ça se passe à l’automne, au Japon, donc on retrouve des éléments de notre automne à nous, mais dans un autre contexte, complètement. Surtout, il y a l’ambiance, la nostalgie, une sorte de mélancolie, le sentiment du temps qui passe. Et puis ce sont des nouvelles écrites avec tant de finesse, tant de retenue. Tout est dans le non-dit, dans les silences. C’est presque comme des haïkus. Ça a quelque chose de très contemplatif. »

Livre(s) de l’inquiétude, Fernando Pessoa

« C’est un livre auquel je retourne souvent, absolument impossible à résumer en quelques mots tellement il est vaste et profond. C’est un peu le livre de sa vie, son journal, d’une certaine façon, qu’il déploie à travers plusieurs personnages. Sauf que tous ces personnages, c’est lui ; donc c’est comme s’il écrivait plusieurs livres et tous ces livres, ce sont différentes versions de lui où il s’invente plusieurs identités. C’est tellement beau, mais ce n’est pas non plus une lecture facile. J’y plonge une fois de temps en temps, je prends une page au hasard. Ce qui me touche le plus dans cette écriture, c’est que c’est de la littérature pure ; il n’y a pas d’histoire, pas de fil conducteur, on est tout simplement dans la beauté des mots, dans le pouvoir incroyable de la littérature, à évoquer l’intimité de l’expérience humaine et la solitude, la tristesse, la beauté. »