SPORT
Le numéro deux des Emirats achète un important haras
MARTINE ROBERT
Le cheikh Mansour d'Abu Dhabi, qui posséderait plus de 1.000 pur-sang, reprend l'ancien haras de la famille Boussac.
Nouvelle acquisition des pétromonarchies du Golfe dans l'hippisme tricolore . « Al Wathba Stud à Abu Dhabi, appartenant à Son Altesse Sheikh Mansour bin Zayed Al-Nahyan, a acquis le Haras de Fresnay-le-Buffard en Normandie », selon « Ouest-France », qui a révélé l'information. La transaction s'élèverait à 26 millions d'euros.
Avant de tomber dans l'escarcelle du frère de l'émir des Emirats arabes unis et époux de la fille de l'émir de Dubaï, ce domaine a acquis une renommée internationale sous la propriété de Marcel Boussac depuis 1919, puis de l'armateur milliardaire grec Stavros Niarchos depuis 1979. Il a été le foyer de sept vainqueurs du Prix de l'Arc de Triomphe. Constitué d'un château du XIXe siècle de plus de 640 m2, 205 hectares de prairies, 12 hectares de parcs et 900 mètres de piste, cette acquisition vient s'ajouter aux quatre propriétés ornaises du vice-président des Emiratsdont le haras de Ginai, temple du trot acquis pour 6 millions de d'euros il y a quelques mois, et le haras de la Boutonnière. Le cheikh possède plus de 1.000 pur-sang, selon « Ouest-France » et 200 seront positionnés dans son nouveau haras.
Comme le football, l'hippisme est devenu un des terrains de jeux favoris des investisseurs du Golfe. Le cheikh Mansour bin Zayed Al Nahyan est notamment aussi propriétaire de Manchester City et de neuf clubs football, dont celui de Troyes (Aube).
L'un des symboles de cet investissement arabe dans l'hippisme est le soutien ancien et important du Qatar au Prix de l'Arc de Triomphe. Lors des dernières ventes de yearlings à Deauville, l'équipe d'Al Shaqab Racing, créée en 1992 par l'émir Hamad bin Khalifa Al Thani (Qatar), a pris la première place du classement des acheteurs avec dix poulains et pouliches achetés pour un montant de 3,1 millions d'euros.
Deux cheikhs de la dynastie qatarie Al-Thani s'étaient déjà offert le haras de Victot-Pontfol en 2014, un an après celui de Bouquetot, élevage de premier plan. Quant au haras des Monceaux, coutumier des « top price » aux enchères de la maison de ventes Arqana (Dassault, Aga Khan), il compte des personnalités du Golfe dans son tour de table.
Terre de champions
La Normandie est, avec l'Angleterre, l'Irlande et le Kentucky l'un des quatre ou cinq endroits dans le monde qui produit des champions, grâce au travail des éleveurs, à la qualité des sols et au climat approprié. De ce fait, l'attrait des grandes fortunes pour ses haras n'est pas nouveau, à commencer par Jean-Luc Lagardère, qui eut plus de 200 chevaux de course et dont l'écurie fut acquise après sa mort par l'Aga Khan en 2005. Fin 2022, la famille Head décidait de vendre son haras du Quesnay, près de Deauville : si la principale partie a été vendue 24 millions d'euros à Stéphane Courbit (Endemol, Betclic) qui envisagerait d'y implanter une offre hôtelière , l'autre partie a été cédée à la famille Chehboub (Christofle, distribution du luxe français au Moyen-Orient) qui y a créé le haras de Beaumont (9 millions) avec une station d'étalons.
Les haras exigeant beaucoup de personnel et des finances solides, les Français ont de plus en plus de mal à rivaliser, en particulier dans le galop, où le marché est mondial, contrairement au trot.
Mais pour le maire de Deauville, qui fonda l'Agence française de vente de pur-sang, ancêtre d'Arqana, l'important est que la filière et les compétences restent en France. Car tout est étroitement corrélé, et c'est grâce à une production locale de cracks qu'Arqana vient de réaliser une année historique avec 211 millions d'euros de ventes, en croissance pour la troisième année consécutive.
Martine Robert et Paul Turban