Une du jour. En Grèce, une “mer de colère” contre “la dissimulation du crime de Tempi”
Des dizaines de milliers de personnes ont défilé à Athènes, à Thessalonique et dans toute la Grèce pour réclamer justice, deux ans après l'accident ferroviaire de Tempi, qui avait coûté la vie à 57 personnes.
“Le peuple dit non à la dissimulation”, titre lundi 27 janvier le quotidien Efsyn au lendemain de “rassemblements sans précédent” à Athènes, à Thessalonique, et dans toute la Grèce.
Le journal de gauche consacre sa une – comme de nombreux titres grecs – aux “manifestations historiques contre la dissimulation du crime de Tempi” ayant rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes. Dans la soirée du 28 février 2023, une collision entre deux trains roulant en sens inverse sur les mêmes voies entre Athènes et Thessalonique provoquait la mort de 57 personnes et une onde de choc à travers la Grèce
L'accident avait été imputé à l'erreur humaine d'un chef de gare, mais la société grecque insiste pour connaître la chaîne de responsabilités face à l'état des voies ferrées, le manque de système de sécurité et de personnel, les défaillances de communication. Pour que justice soit faite et que les autorités prennent leurs responsabilités.
“ ‘Honte', ‘rage', ‘colère', sont les mots scandés par les manifestants. Tous demandent que les responsables soient punis, quelles que soient leurs positions”, écrit le journal. Car de nombreuses incohérences et zones d'ombre planent sur une enquête qui traîne, et les autorités sont accusées de vouloir dissimuler des preuves. Un rapport financé par les familles de victimes et rendu public en janvier évoque ainsi le transport d'une cargaison illégale qui aurait provoqué l'incendie au cours duquel de nombreuses personnes ont perdu la vie.
La “violence injustifiée” contre les manifestants
“Une mer de colère à travers la Grèce avec de grosses manifestations dans de nombreuses villes et des centaines de milliers de citoyens proclamant qu'ils n'oublieront pas les 57 morts”, insiste Efsyn, qui relate l'intervention des forces de l'ordre pour disperser les rassemblements.
“Face au grand rassemblement sur la place Syntagma [dans le centre d'Athènes] et aux manifestations massives sans précédent dans des dizaines de villes, le gouvernement a une fois de plus mobilisé les forces de l'ordre et tout son répertoire répressif”, regrette Efsyn. Plusieurs personnes ont été blessées, parmi lesquelles le photojournaliste Marios Lolos, touché par une grenade de désencerclement.
“La violence injustifiée avec laquelle la police a répondu à la demande de justice pour la tragédie nationale de Tempi n'a pas terni les magnifiques manifestations aux slogans communs”, conclut Efsyn.
La une du journal grec “Efsyn”, édition du 27 janvier 2025. Efsyn
La une du journal grec “Efsyn”, édition du 27 janvier 2025. Efsyn
This article appeared in Courrier International (site web)