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« Notre foi nous demande de traiter tout le monde comme Jésus le ferait » : au Liban, les chrétiens à la croisée des chemins

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Par Pierre Jova Publié le 14/11/2024 à 07h01, mis à jour le 14/11/2024 à 07h01 • Lecture 5 min. >/g) || []; for (let script of scripts) { articleContent.replace(script, ''); const scriptEl = document.createRange().createContextualFragment(script); document.querySelector('.content-art').append(scriptEl); } document.querySelector('.bloc-payant').remove(); document.querySelector('.content-art').innerHTML = articleContent;; if (result.showcase) { $('#header >.bandeau-abo').show(); } }); }).catch(function (error) { console.log(error.message); }) } $(window).on('load', function () { let subscribed = getCookie('subscribed'); let statut = 'Payant' if (typeof subscribed !== 'undefined' && subscribed === 'false' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } else if (typeof subscribed === 'undefined' && 1 === 1) { statut = 'Teaser'; } tag.page.set({ name: 'notre-foi-nous-demande-de-traiter-tout-le-monde-comme-jesus-le-ferait-au-liban-les-chretiens-a-la-croisee-des-chemins', level2: rubrique.level2, chapter1: 'lv0f' === 'hc0f' ? ch1 : rubrique.chapter1, chapter2: ch2, customObject: { Pagetype: 'article', Population: typeof subscribed === 'undefined' ? 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Frontalier avec Israël, il est au cœur des combats entre l’État hébreu et le Hezbollah. « C’est le moment de la récolte, mais les gens ne peuvent pas sortir », s’attriste Christina Salamé, religieuse de la congrégation des sœurs de Saint-Joseph de Lyon et originaire de Qlayaa. Cette quinquagénaire enjouée a affrété un convoi humanitaire avec l’Œuvre d’Orient pour apporter 20 t de médicaments et de vivres aux 1500 habitants restés au village. Partie de Beyrouth, l’expédition, dont nous sommes, atteint la localité cernée par les bombardements. « J’étais sûre que nous y arriverions ! », s’exclame sœur Christina, convaincue que saint Georges, très aimé dans la chrétienté arabe et en particulier à Qlayaa, nous a ouvert la route. Assurer l’égalité aux minorités Avec Rmeich, presque 35 km au sud-ouest, Qlayaa est le dernier bourg chrétien du sud du Liban à se maintenir malgré la guerre. Jusqu’à quand ? « Notre crainte est que les Israéliens imposent une zone tampon et que ces villages soient vidés, s’inquiète Vincent Gelot, responsable des projets de l’Œuvre d’Orient au Liban et en Syrie. Il faut aider les chrétiens libanais à rester sur leurs terres ancestrales ! » En coulisses, la diplomatie vaticane négocie la protection de Qlayaa et de Rmeich, ainsi que de Maghdouché, sur la côte, qui, selon la tradition, a hébergé la Vierge Marie. « C’est aussi la Terre sainte, ici ! », rappelle Vincent Gelot. Symbole de pureté et de majesté, le cèdre du Liban est cité maintes fois par la Bible, notamment lors de la construction du Temple de Jérusalem par Salomon. Le Christ a séjourné à Tyr et Sidon. La montagne libanaise est le berceau de l’Église maronite (d’après saint Maroun), qui reconnaît la primauté du pape au XIIe siècle. Persécutés par les mamelouks, puis par les Ottomans, les maronites obtiennent de la France la création du Liban, en 1920, dont la vocation est d’assurer l’égalité aux minorités non musulmanes. Le recensement de 1932 compte 51 % de chrétiens, dont 29 % de maronites, 10 % de grecs-orthodoxes et 6 % de grecs-catholiques melkites, autre Église orientale unie à Rome ; s’y ajoutent 25 % de sunnites, 17 % de chiites et 7 % de Druzes, syncrétisme lointainement issu de l’islam. Particularisme libanais ou nationalisme arabe À l’indépendance de 1943, le Pacte national distribue les institutions selon les confessions recensées : aux maronites, la présidence de la République (élue par les députés) et le commandement de l’armée ; aux sunnites, le poste de Premier ministre ; aux chiites, la présidence de la Chambre. L’administration est partagée selon les appartenances confessionnelles, et non les compétences. Avantageux pour les maronites, le Pacte national est contesté par les musulmans, mais aussi par une frange chrétienne. Pour le comprendre, il faut aller à Bikfaya, au cœur du « Marounistan » montagnard. Sur la place de la ville, deux sièges de partis se font face : celui des Kataëb (les Phalanges libanaises), et celui du Parti social nationaliste syrien (PSNS). Le premier, cofondé en 1936 par le maronite Pierre Gemayel, défend un Liban souverain, distinct de ses voisins arabes et assumant sa spécificité chrétienne. Le second, créé en 1932 par le grec-orthodoxe Antoun Saadé, prône la fusion dans une « Grande Syrie » laïque recouvrant tout le Proche-Orient. Particularisme libanais ou nationalisme arabe : ce dilemme chrétien est un des enjeux de la guerre civile qui éclate en 1975 entre phalangistes et factions palestiniennes, aidées par les nationalistes arabes chrétiens et les musulmans. Ces derniers veulent en profiter pour renégocier le Pacte national, mais pour les phalangistes et le prolétariat chrétien, ce serait redevenir une minorité opprimée par la majorité musulmane. Cette peur pousse certains d’entre eux à collaborer avec Israël, qui envahit le Liban en juin 1982. Le 14 septembre 1982, le président Bachir Gemayel est assassiné par un militant maronite du PSNS. Sa mort favorise les Forces libanaises de Samir Geagea, dissident des Kataëb, qui tente d'instaurer un mini-État chrétien séparatiste. Clientélisme communautaire En 1989, l’accord de Taëf impose un compromis transitoire pour clôturer la guerre civile. D’un côté, le Pacte national est reconduit – tout en diminuant les pouvoirs présidentiels – et la Chambre est composée à égalité de chrétiens et de musulmans, d’après le recensement de… 1932 ! De l’autre, Taëf prévoit d’élire la Chambre sur une base nationale et non confessionnelle, tout en créant un Sénat pour représenter les religions. Ces mesures n’ont jamais été mises en place, les différents clans préférant cultiver le clientélisme communautaire. Entre-temps, la prépondérance du Hezbollah a suscité un nouveau clivage chrétien, entre une minorité alliée à la milice chiite, derrière le général Michel Aoun, élu président en 2016, et une majorité qui le voit comme une menace existentielle. « Les chrétiens perdent beaucoup de poids dans leurs divisions politiques, déplore Élie Béchara Haddad, archevêque grec-catholique melkite de Sidon. Le rôle de l'Église pour les unifier n'est pas efficace… » Régnant sur un empire foncier, le haut clergé maronite est très critiqué pour son manque d’actes concrets visant à améliorer la société. « Le confessionnalisme excite les jalousies et les rancœurs. I l fait primer l'instinct sur la raison , constate le prélat, dans son archevêché au centre de l'antique cité biblique. I l faudrait mieux se battre pour une citoyenneté libanaise commune, en acceptant d’être minoritaires. Ce n’est pas une nécessité que le président de la République soit chrétien. » L’archevêque melkite lève là un énorme tabou. Aucun recensement n’a été mené depuis 1932, mais, selon les données publiées par la CIA en 2020, les chrétiens seraient 32,4 %, pour 67,8 % de musulmans (31,9 % chiites et 31,2 % de sunnites) et 4,5 % de Druzes. « Nous ne pouvons pas construire le Liban seuls , poursuit Élie Béchara Haddad. Il faut renoncer à notre sentiment de supériorité. Ce n’est pas le nombre qui compte, mais la nature du pays et le sens de notre présence. Les chrétiens ont la responsabilité de faire une place aux autres : à eux de ne pas les marginaliser. » Fin du confessionnalisme Sans aller aussi loin, l’actuel chef des Kataëb tente également de sortir du confessionnalisme. « Notre projet s’adresse à tous les Libanais », assure Samy Gemayel, dont l’épouse est d’origine sunnite. Pareilles unions mixtes sont de moins en moins rares malgré l’absence de mariage civil, chaque confession gérant le statut personnel de ses fidèles. « Nous sommes favorables à un état civil unifié et laïque, complète l’héritier du clan Gemayel. Les chrétiens ne peuvent pas s’extraire de la dynamique nationale. Leur salut se fera dans le cadre d’un État en paix avec lui-même. » Une conviction encore minoritaire parmi les chrétiens libanais, qui ont vu les destructions d’églises en Irak et en Syrie et veulent avoir la garantie que la fin du confessionnalisme ne signifie pas leur écrasement. Beaucoup s’accrochent à la sécurité offerte par les Forces libanaises, qui attendent la défaite du Hezbollah pour espérer remettre la main sur le Liban. Beaucoup ont peur que les déplacés chiites ne modifient la démographie des zones chrétiennes. Le pasteur Maher, lui, ne craint pas. À Maachoufieh, faubourg au sud de Beyrouth, il ouvre les portes de son église évangélique aux chiites, nourrissant les uns, logeant les autres. À son contact, quelques familles participent au culte dominical. « Notre foi nous demande de traiter tout le monde comme Jésus le ferait », explique ce Druze converti au christianisme, conscient d’échapper aux cases confessionnelles. « Jésus veut notre cœur, pas notre identité culturelle ! » Cette simplicité biblique rappelle la radicalité de Charbel Makhlouf, le saint moine du XIXe siècle connu pour son ascèse et sa dévotion. Son rayonnement est tel que même des musulmans viennent se recueillir dans son ermitage d’Annaya, dans la montagne, au milieu des cèdres à la sève parfumée. 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