Nous Deux
DÉCOUVERTE, lundi 6 janvier 2025 839 words, p. NSDX_050,NSDX_051

Les perles de l'Occitanie

Montpellier, un joyau d'art et d'histoire

Par Émilie Esnaud-Victor

Cette ville ensoleillée se prête à la découverte en toute saison. La dynamique capitale de l'ancienne région Languedoc-Roussillon propose aux visiteurs un savant mélange de culture et d'art de vivre. Un cocktail qui a déjà conquis les étudiants comme les actifs.

Montpellier, un joyau d'art et d'histoire

Montpellier s'articule autour de la place de la Comédie, du nom de l'opéra qui s'y trouve et qui représente le centre névralgique de la ville. D'un côté, on trouve le centre historique, l'Écusson, du nom de sa forme donnée par les anciens remparts de la vieille ville. Les ruelles proposent des petites places ombragées où il fait bon se désaltérer entre amis car le soleil manque rarement à l'appel. On prend vite la mesure de l'importance de la vie estudiantine ici : les terrasses sont souvent bondées de jeunesse. Outre ces petites oasis pleines de bonne humeur, l'Écusson propose des splendeurs historiques ainsi que des petites merveilles comme la rue du Bras-de-Fer, aux marches colorées, qui tient son nom d'un bras en métal sortant d'un mur et tenant fermement une lanterne, levez bien la tête ! De l'autre côté, on trouve un quartier qui ne laisse pas indifférent, Antigone, créé par le célèbre architecte catalan Ricardo Bofill dans les années 1980 et inspiré de la Grèce antique. Les grands espaces, les statues grecques, les bâtiments néoclassiques sont un hommage aux origines méditerranéennes de la ville. L'agencement offre une perspective de près de neuf cents mètres jusqu'à l'esplanade de l'Europe, bordée par le Lez, la rivière qui traverse la ville.

Musées pour tous

On trouve bien évidemment une grande offre culturelle dans la cité héraultaise. L'Écusson concentre de belles pépites cachées parmi ses nombreux hôtels particuliers - on en dénombre près de quatre-vingts - qui deviennent des écrins pour des bijoux de toute sorte. La plus belle collection d'œuvres du XVIIe au XIXe siècle se trouve dans le musée Fabre : on peut se perdre avec bonheur dans un enchaînement de salles majestueuses emplies de peintures de Poussin, David ou Courbet. Une partie est également dédiée à l'art contemporain, où on croise notamment le voisin ruthénois Pierre Soulages. À proximité du musée Fabre, on trouve le musée des arts décoratifs Sabatier-d'Espeyran, ancienne demeure de cette famille bourgeoise de la ville dont les salons ont été entièrement restaurés. En sortant du centre historique, on découvre le MO. CO, centre d'art contemporain qui présente un art actuel, disruptif et spectaculaire. Le musée bénéficie, de plus, d'agréables jardins. Outre les expositions, un laboratoire de création très actif centralise ici toutes les étapes du travail des artistes : formation, production, exposition.

Des carabins pluricentenaires

Le symbole du savoir-faire universitaire de la ville est la faculté de médecine, la plus ancienne toujours en activité dans le monde occidental. Depuis plus de huit siècles, les étudiants viennent se former sur les bancs de ce lieu qui se visite. Au milieu des touristes, des carabins et des grands médecins vêtus de leur longue toge rouge traditionnelle, on en apprend énormément sur des thèmes comme la dissection, l'importance des écorchés et plus généralement l'anatomie et ses représentations à une époque où les autopsies étaient interdites. On termine la visite par le jardin des plantes voisin, premier en son genre en France (il date de 1593), qui permit de donner ses lettres de noblesse à la ville dans les domaines de l'herboristerie et de la parfumerie.

Ablutions rituelles

Caché au sein d'un hôtel particulier de l'Écusson, ce mikvé, bain rituel du judaïsme, est l'un des mieux préservés au monde. Témoin de l'importance de cette communauté dans la vie de la cité, il doit recevoir de l'eau naturellement (elle provient directement d'une nappe phréatique) et le nombre de marches pour y accéder est « réglementé ». Il est encore utilisé aujourd'hui, notamment pour des mariages.

Une architecture royale

Le parc royal du Peyrou est un lieu prisé des Montpelliérains, qui aiment s'y promener et admirer un alignement de chefs-d'œuvre magnifiquement théâtralisé. L'Arc de triomphe de 1692 permet de prendre de la hauteur pour observer les alentours, en particulier la place où trône une statue de Louis XIV. Au bout de cette esplanade se dresse un imposant château d'eau alimenté par l'aqueduc Saint-Clément, dit « des Arceaux », qui se prolonge un peu plus loin sur deux niveaux d'arches. Cet ensemble est le symbole de l'architecture classique dans toute sa splendeur. Mais Montpellier laisse aussi la possibilité aux génies modernes de s'exprimer dans des immeubles étonnants. On peut ainsi citer la Folie divine, empilement irrégulier de plateaux aux bords arrondis, et l'Arbre blanc, dont les branches sont d'innombrables terrasses. Une œuvre qui a été élue plus bel immeuble résidentiel du monde en 2020.