Vu de Belgique. Avec François Bayrou, la désolante “agonie” du projet de loi sur la fin de vie
Le Premier ministre a annoncé ce lundi 21 janvier vouloir scinder en deux le projet de loi sur la fin de vie, interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale, en juin 2024 : d'un côté la question des soins palliatifs, de l'autre celle du suicide assisté. Une manœuvre jugée dilatoire qui divise même dans le camp présidentiel, relaie le journal belge “Le Soir”.
“Réformer la fin de vie était l'une des grandes ambitions du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron”, rappelle Le Soir mais aujourd'hui, le projet de loi est à l' “agonie”. Alors que ce dernier était bien engagé au printemps 2024 , la dissolution de juin avait brutalement mis en pause sa discussion, alors même que l'introduction d'une aide active à mourir est “plébiscitée par une très large majorité de citoyens”, précise le journal belge. En effet, un sondage Ifop de mai 2024 rapportait que neuf Français sur dix y étaient favorables.
Mais alors que les débats parlementaires devaient reprendre en ce début d'année 2025, le Premier ministre, François Bayrou , a annoncé ce lundi 21 janvier vouloir scinder en deux le texte législatif, afin de séparer la question de l'accès aux soins palliatifs de celle du suicide assisté.
Si les deux textes devraient néanmoins être examinés dans la “même temporalité parlementaire”, le chef du gouvernement a justifié son choix en déclarant que les soins palliatifs relèvent d'un “devoir de la société”, tandis que l'aide active à mourir pose, elle, une “question de conscience”
“Saine indignation”
Face à cette annonce inattendue, le quotidien bruxellois s'interroge : est-ce “un leurre pour renvoyer aux calendes grecques un texte pourtant essentiel” ? Puisque le chef du gouvernement n'a jamais caché son opposition à l'aide active à mourir – en 2023, celui-ci affirmait ne pas vouloir la création d'un “service public pour donner la mort” – et que l'Église catholique, “par la voix du président de la Conférence des évêques, a déjà salué cette évolution”, la correspondante belge est dubitative.
Qui plus est, la déclaration de François Bayrou n'a pas été appréciée de tous. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, notamment, “exige que le texte en entier soit remis à l'ordre du jour du Parlement”, relaie Le Soir. Une réaction considérée comme une “saine indignation de la part d'une macroniste qui n'a jamais abdiqué ses convictions et qui a souvent osé défier l'Élysée et Matignon”, commente le journal belge.
Alors que le gouvernement de François Bayrou doit encore surmonter l'épreuve du budget dans les prochaines semaines et risque alors de faire face à une deuxième motion de censure, le quotidien centriste espère que le projet de loi sur la fin de vie “ne finisse pas en enterrement de première classe”
Au vu de l'ampleur de la crise politique, celui-ci devrait plutôt être une occasion à saisir pour les parlementaires d' “écouter enfin les aspirations de la société plutôt que de se regarder le nombril”
À l'occasion de la Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité, le 2 novembre 2023, à Paris, des militants de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) s'étaient rassemblés pour réclamer une loi autorisant une mort digne et décidée en responsabilité. Photo VALÉRIE DUBOIS/Hans Lucas/AFP
À l'occasion de la Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité, le 2 novembre 2023, à Paris, des militants de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) s'étaient rassemblés pour réclamer une loi autorisant une mort digne et décidée en responsabilité. Photo VALÉRIE DUBOIS/Hans Lucas/AFP
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