Un socialiste à Matignon ?
Jusqu’où ce pas de deux ? Espérant survivre à l’épreuve du budget, le gouvernement a multiplié les gestes envers le Parti socialiste. Cette « souplesse » a évité provisoirement la censure. Mais la facture est salée, puisque plusieurs mesures annoncées ont été retirées dans les dernières heures, décisions suivant l’abandon du déremboursement programmé de certains médicaments. En plus du recul sur la suppression de quatre mille postes dans l’Éducation nationale et l’abandon des jours de carence en cas d’arrêt maladie pour les fonctionnaires, les socialistes ont obtenu une négociation des partenaires sociaux – pardon, un « conclave » – sur la très controversée réforme des retraites de 2023 et son passage à 64 ans.
Pour compenser, le Premier ministre avait promis mardi des mesures significatives d’économies d’autant plus urgentes que la dette s’envole en même temps que les prévisions de croissance s’affaissent : 0,2 point perdu depuis la chute de l’équipe Barnier. On attend de voir. Le retour sous les 3 % de déficit est maintenant reporté à 2029, autant dire aux calendes grecques. Davantage symbolique qu’efficace, marquée à gauche, la « taxe anti-optimisation pour les hauts patrimoines » qui pourrait sortir du chapeau ne changera pas l’équation.
Pour autant, le centriste François Bayrou a-t-il l’assurance de ne pas subir un vote hostile des socialistes dès la prochaine motion alors que se joue aussi, en toile de fond, la campagne en vue de leur prochain congrès ? Rien n’est moins sûr, préviennent ceux-ci, visiblement grisés et bien surpris de retrouver autant d’influence à la faveur de cette crise. A ce prix-là, Emmanuel Macron n’aurait-il pas eu meilleur jeu de leur proposer Matignon ?