Ouest-France (site web)
europe, lundi 20 janvier 2025 - 18:25 UTC 616 words

Qatargate : l’ex-eurodéputée belge Marie Arena inculpée, plus de deux ans après le début du scandale

Fabien CAZENAVE.

L’affaire de corruption d’élus au sein du Parlement européen rebondit encore, sans avancer beaucoup plus. L’ancienne eurodéputée Marie Arena a annoncé samedi avoir été inculpée par la justice belge.

Plus de deux ans après le début du scandale de corruption, une nouvelle inculpation a eu lieu en ce début d’année 2025 dans l’affaire dite du « Qatargate », un système d’influence sur des d’eurodéputés au profit du Maroc et du Qatar. Cette corruption présumée au sein du Parlement européen avait pour but de lisser l’image en matière de droits humains de ces deux pays.

L’ancienne eurodéputée socialiste belge Marie Arena a annoncé samedi 18 janvier 2025 auprès du quotidien La Libre Belgique avoir été inculpée comme « membre d’une organisation criminelle » . Cette ancienne ministre francophone de 58 ans dit se réjouir d’avoir ainsi accès totalement au dossier.

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Des liens forts entre Panzeri et Arena

Une décision attendue depuis longtemps, tant le nom de la socialiste belge a été évoqué dès le début et à de très nombreuses reprises dans cette affaire, sans pour autant qu’elle soit inquiétée par la justice. Elle était notamment une très proche du personnage pivot de l’affaire, l’ex-eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri, et elle présidait la sous-commission parlementaire Droits de l’Homme au sein du Parlement européen. Elle avait été finalement entendue comme suspecte par la police début 2024. Mais le premier juge de l’affaire, Michel Claise, avait décidé de ne pas inculper Marie Arena, qu’il connaissait bien puisque deux de leurs fils faisaient affaire ensemble. Une décision liée au fait que lors de son plaider-coupable qui lui a donné le statut de «repenti», Pier Antonio Panzeri avait systématiquement rejeté toute faute de celle dont il utilisait une photographie comme marque-page. Une version qui n’était pas confirmée par son ex-assistant, Francesco Giorgi, lui aussi inculpé.

L’une des six perquisitions menées à la mi-juillet 2023 chez elle et dans son entourage, plus de sept mois après l’éclatement du scandale, avait débouché sur la découverte de 280 000 € en espèces, au domicile de son fils, voisin du sien.

L’affaire du Qatargate n’avance plus vraiment

L’affaire menée par la justice belge patine après des perquisitions tonitruantes en décembre 2022, notamment au domicile de la vice-présidente grecque du Parlement européen, la Grecque Eva Kaïli, compagne de Francesco Giorgi. À l’époque, la police avait récupéré 880 000 € en cash dans des valises chez plusieurs élus européens ou assistants.

Mais depuis, deux juges d’instruction se sont succédé, dont la juge d’instruction actuelle, Aurélie Dejaiffe, qui va bientôt rejoindre la cour d’appel de Bruxelles. Les contestations de différents avocats des prévenus sur la régularité des poursuites ont abouti à une procédure parallèle pour juger l’instruction elle-même. Des audiences sont encore programmées jusqu’en avril. Aucune date n’a encore été évoquée pour une éventuelle comparution en procès des inculpés.

Fin 2024, trois nouvelles inculpations ont eu lieu. Il s’agissait de trois anciens conseillers ou assistants ayant travaillé pour le groupe Socialistes et Démocrates (S & D) ou dans l’entourage du duo italien Pier Antonio Panzeri - Francesco Giorgi. Les trois hommes sont soupçonnés d’avoir profité d’invitations aux frais du Qatar — dont l’une à un match de football du Mondial-2022 —, de versements en cash ou d’un séjour en hôtel de luxe au Maroc.