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Loisirs | lyon et région, dimanche 12 janvier 2025 820 words, p. LYOE47,OGML47,LYON47,VALS47,VILL47

Lyon

Le sacré bestiaire du sculpteur animalier star Damien Colcombet

Delphine Givord

Damien Colcombet, Lyonnais et star de la sculpture animalière, expose à la Galerie Estades de Lyon pour fêter leurs 15 ans de collaboration. Un sacré bestiaire, qui fait le bonheur des collectionneurs comme des passants.

Vous avez peut-être déjà admiré sa sculpture monumentale d’une girafe et de son girafon, installée depuis 2017 au parc de la Tête d’Or.

Des collectionneurs du monde entier ont leur bronze Colcombet (Alain Delon avait acquis deux singes, le Vatican a une sculpture de Saint Irénée…). Damien Colcombet, sculpteur animalier lyonnais « star » du genre, expose jusqu’au 18 janvier à la Galerie Estades de Lyon, pour célébrer leurs 15 ans de collaboration.

Alain Delon lui a acheté deux singes

Si les travaux de l’artiste y sont en résidence permanente, c’est tout un bestiaire qui s’est installé depuis fin novembre, et a accueilli une affluence record. Une cinquantaine au total, sur les quelque 250 modèles qu’il a réalisés. Il y a du gibier (cerfs, sangliers), des manchots, des animaux d’Afrique (lions…), un crocodile du Nil, un varan de Komodo, des éléphants, des cachalots, des loutres, une tortue, une autruche, un oiseau casoar à casque… de toutes les tailles.

On croirait les animaux « vivants »

Seuls les grands singes ont un nom, de philosophes grecs, inspirés par Platon, le gorille du zoo de Saint-Martin-la-Plaine. S’ils s’intéressent à tous, ses œuvres signatures sont les gorilles, les éléphants et rhinocéros. Des œuvres « classiques » comme il le dit lui-même mais très figuratives. On croirait les animaux « vivants », ou en tout cas figés dans un instant plus vrai que nature.

De la finance au bronze animalier

Car depuis l’enfance, Damien Colcombet, aujourd’hui sexagénaire, est d’abord un passionné d’animaux, qu’il a toujours observés, dans la nature, au zoo du parc de la Tête d’Or, en safaris, au cirque et partout où il en a eu l’occasion.

Le reste de l’histoire s’est « sculpté » au fil des années et de rencontres cruciales. Né en Bretagne, de famille d’origine lyonnaise, il n’imaginait pas « que ça pourrait devenir un métier ! Je trouve que tout est dans l’œil, dans l’observation, et dans ma famille on dessinait tous bien. » Lorsqu’il fait ses études à Science Po Paris, il passe son temps dans les musées, au Louvre… et se passionne pour les bronzes du XIXe siècle, dont il devient d’ailleurs expert.

« C’est à Lyon qu’est née ma vocation »

« C’est à Lyon, où j’ai été muté, qu’est vraiment née ma vocation, se souvient l’artiste. Ma femme, qui trouvait que je ne faisais que travailler, m’a dit de prendre des cours de sculpture, vu que j’adorais ça. J’ai commencé avec Yvonne Dumas, ex-prof de sciences naturelles, qui m’a appris la technique. J’ai vite eu envie de sculpter des animaux ; elle ne s’y connaissait pas mais m’a conseillé d’aller au parc de la Tête d’Or, de choisir un animal et de le prendre en photo. J’ai choisi un mouflon que j’ai pris sous toutes les coutures ! (rires). Toutes mes passions étaient réunies ! Ma 2e  grande rencontre a été celle de David Durand, qui a une galerie d’art animalier rue Auguste-Comte et n’a eu de cesse de m’encourager. Depuis ce temps, 20 ans, je travaille avec la Fonderie Barthélémy Crest, dans la Drôme [qui a refait le mobilier de Notre-Dame-de-Paris]. »

Il expose pour la première fois en Bretagne, et vend ses premières œuvres. Des bronzes à 5 chiffres

« La 3e  rencontre décisive a été celle de Michel Estades à Lyon, qui m’a exposé à l’essai alors que j’avais encore ma ‘‘double vie’’ et m’a fait confiance sur la durée. Être dans une grande galerie de Lyon, j’étais fou de joie ! »

Directeur financier pendant 20 ans pour de grands groupes, il a connu la fin du journal gratuit « Paru Vendu » et a osé se lancer à 100 % dans sa passion. Il n’utilise ni photos ni modèles « pour ne pas être dans la reproduction pure », a reçu plusieurs prix… Ses œuvres se vendent de moins de 2000 euros à plus de dix fois plus.

Et ne manque pas de projets : « Bien sûr que j’ai des animaux ‘‘challenge’’ et curieusement, ce sont des courants : le cheval et le chien, faits par tout le monde au XIXe siècle, dans un style dont je voudrais me distinguer. Et le loup, qu’on me réclame beaucoup ! ».

Je trouve que tout est dans l’œil, dans l’observation

Damien Colcombet