Le Figaro, no. 24970
Le Figaro et vous, mercredi 4 décembre 2024 2767 mots, p. 33

Culture

NICOLAS MATHIEU ET LES FRÈRES BOUKHERMA : « « LEURS ENFANTS APRÈS EUX » PARLE DE LA FRANCE DANS LAQUELLE ON A GRANDI »

L'ÉCRIVAIN ET LES FRÈRES JUMEAUX RÉALISATEURS DISCUTENT LITTÉRATURE, CINÉMA, FRANCE PÉRIPHÉRIQUE ET TRANSFUGE DE CLASSE.

Sorin, Etienne

Nicolas Mathieu et Zoran et Ludovic Boukherma ont beau avoir presque quinze ans d'écart, ils ont beaucoup en commun. L'écrivain de 46 ans, natif d'Épinal, et les frères jumeaux réalisateurs de 32 ans, originaires d'un village du Lot-et-Garonne, ont connu le même ennui adolescent dans une région à l'horizon bouché. Ils sont tous les trois partis à la « conquête » de Paris. Ils partagent aussi une même passion pour le cinéma américain et le (mauvais) genre. Il y a donc une sorte d'évidence à voir Leurs enfants après eux , le prix Goncourt 2018 et best-seller de Nicolas Mathieu (Actes Sud), devenir un film des Boukherma - déjà leur quatrième. Une réussite.

- Dévoilé en compétition à la Mostra de Venise - sélection qui a valu à l'acteur Paul Kircher le prix Marcello Mastroianni du meilleur interprète émergent -, Leurs enfants après eux est l'un des plus beaux films de l'année. Les jumeaux se ressemblent comme deux gouttes d'eau. L'osmose n'est pas que physique. Quand l'un commence une phrase, l'autre la termine. Ils ont accepté de parler ici d'une seule voix pour discuter avec Nicolas Mathieu. Le duo se fait trio.

LE FIGARO. - LE FIGARO. - Nicolas Mathieu, vous vous êtes fait avoir : vous cédez les droits de votre roman à Gilles Lellouche pour qu'il le réalise, et il le refile à deux gamins d'à peine 30 ans...

- NICOLAS MATHIEU. -J'avais été approché par plusieurs cinéastes et producteurs à la sortie du roman. Gilles Lellouche m'a chopé in extremis avant que je prenne un train pour rentrer chez moi. C'était dans une brasserie, à côté de la gare de l'Est, en février 2019. Et c'est un acteur, il m'a vendu l'Amérique ! Mais il était très occupé et, au bout de deux ans, il ne se passait pas grand-chose. Il m'a parlé des frères Ludovic et Zoran Boukherma et m'a proposé de voir Teddy. Je les ai ensuite rencontrés. On vient de la même France qui est représentée dans Teddy. La France des pavillons, avec des vaisseliers rustiques et des piscines autour desquelles on fait des teufs. On a accroché très vite. Plus notre passion commune pour Bruce Springsteen.

LE FIGARO. - Ludovic et Zoran Boukherma, vous n'aviez pas lu le livre à sa sortie en 2018...

- N. M. - Ils n'étaient pas nés ! (Rires.)

- LUDOVIC et ZORAN BOUKHERMA. - Gilles Lellouche nous a mis le roman dans les mains. Il nous a d'abord proposé d'écrire le scénario avec lui. À l'origine, ça devait être une série télé, et on devait se partager la réalisation des épisodes. On a eu un coup de foudre pour le livre. Il parle de la France dans laquelle nous avons grandi. On se reconnaît dans les trois personnages principaux : Anthony, Hacine et Stéphanie. Nous avions le sentiment que nous pouvions faire notre film le plus personnel en partant du texte de Nicolas. Leurs enfants après eux est à la fois une grande fresque sociale et un roman très accessible dans sa forme.

- Nicolas, Aux animaux la guerre, votre premier roman, a été adapté en série télé par Alain Tasma. Film de cinéma ou série, est-ce la même chose ?

- N. M. - Je vais vous faire une réponse à la Godard. Au cinéma, on lève la tête... C'est la messe. C'est la différence entre la prière le soir à côté de son lit et celle du dimanche à l'église. C'est du cinoche, quoi. Il fallait que ce soit large, en Scope. Cette vallée, c'est l'Amérique et pas « Strip-tease ». Ce n'est pas juste une chronique sociale, mais une fresque avec du désir, de la vitesse. Il fallait que ça envoie !

LE FIGARO. - Vos références sont américaines : Michael Cimino, Paul Thomas Anderson, Martin Scorsese...

- N. M. - Tout à fait. Ou encore Mud, de Jeff Nichols. Il y a un an, j'étais en résidence dans le Mississipi. Le roman s'inspire beaucoup de la littérature du Deep South. Si on est dans une vallée où il fait si chaud, c'est en hommage à William Faulkner ou Larry Brown. Les Américains savent montrer les gens de peu comme des héros de tragédie. Que ce soit John Ford, Bruce Springsteen ou Jeff Nichols. Son premier film, Shotgun Stories, c'est Shakespeare chez les rednecks.

LE FIGARO. - Vous, Ludovic et Zoran, vous avez grandi en voyant les films de Steven Spielberg et Robert Zemeckis...

- L. et Z. B. - Gamins, on voyait tout ce cinéma américain. On a grandi dans un milieu populaire, pas du tout cinéphile. Ces films nous permettaient de nous évader de notre campagne. On a connu le désoeuvrement, l'ennui, l'absence de perspectives. Comme les personnages de Leurs enfants après eux, nous avions des envies d'ailleurs. L'analyse sociologique de Nicolas est très pointue. On sent une compréhension du délitement de la classe ouvrière après la fermeture des usines. Et, en même temps, on trouve une narration très puissante. Il y a des touches de roman noir, de western.

- N. M. - J'ai d'ailleurs cru que j'avais écrit un roman noir. J'ai envoyé le manuscrit en pensant qu'il serait publié dans la même collection chez Actes Sud que mon précédent, Aux animaux la guerre. Il y avait un vol de moto et un pistolet qui servaient à parler d'autre chose. Le contrat liminaire de tout roman noir. C'est mon éditeur qui a vu que ça n'en était pas un.

- L. et Z. B. -Le genre permet de parler de façon décomplexée de problématiques sociales. On a été vers le cinéma de genre parce qu'il y avait plein de références qu'on n'avait pas.

LE FIGARO. - Nicolas, vous ne vous êtes pas du tout mêlé de l'adaptation ?

- N. M. - Après le prix Goncourt, j'avais la trouille de ne plus réussir à écrire. C'est une commotion dans une vie d'écrivain. J'étais très concentré sur le roman d'après pour me prouver que ça continuerait. J'étais donc sur tout autre chose. En l'occurrence Connemara. Alex Lutz est en train de le tourner, et je ne me suis pas plus impliqué dans le scénario. Le postulat est le même : un bon film n'a pas besoin d'être très fidèle au livre. Quand Truffaut adapte Tirez sur le pianiste, de David Goodis, il s'en sert pour raconter ses histoires. Et j'ai déjà écrit des scénarios, mais sans succès puisqu'ils ne sont pas devenus des films.

- L. et Z. B. -Quand on s'attaque à un Goncourt, un livre autant lu et autant aimé, c'est très intimidant. Nicolas nous a beaucoup décomplexés. On se sentait une grande responsabilité mais il nous a donné le droit d'en extraire la sève tout en faisant des petits écarts pour en faire un film. Les moyens d'expression sont si différents qu'on ne peut pas en faire une traduction littérale et parfaite. Il y a forcément une part de trahison.

LE FIGARO. - Le film resserre l'intrigue sur Anthony et Hacine, alors que le roman est plus choral...

- L. et Z. B. -On voulait ne jamais sortir de cette vallée pour insister sur l'idée de reproduction de classe. Dans le roman, il y a une double temporalité. Celle des quatre étés au présent et d'autres qui éloignent de Heillange, comme la partie au Maroc, les études de Stéphanie ou l'étape à Paris d'Anthony de retour de l'armée. On voulait montrer que cet ailleurs était impossible. Le roman ne se termine pas par hasard sur la demi-finale de la Coupe du monde 1998, France-Croatie. La France black-blanc-beur, réconciliée, n'a finalement pas eu lieu. C'est au contraire la naissance de la France fracturée d'aujourd'hui.

LE FIGARO. - Un plan sur les hauts fourneaux à l'abandon en dit autant qu'une page de description. Nicolas, vous enviez l'efficacité des images de cinéma ?

- N. M. - Chacun fait avec ses moyens. La littérature a d'autres forces. Un plan large d'une vallée ou un gros plan sur un visage est signifiant à mort, mais entrer dans la tête d'un personnage est beaucoup plus aisé pour les écrivains. On peut jouer avec la temporalité, faire des allers-retours très facilement. Le flash-back existe bien sûr au cinéma, mais la remontée est plus difficile.

- L. et Z. B. -La littérature est plus fine que le cinéma. Nous, on joue du piano avec des gants de boxe pour accéder à l'intériorité des personnages. Avec une caméra, on lutte contre le réel pour capter des choses. Contre les éléments, contre une réplique qu'un comédien ne prononce pas comme on l'imagine... On se heurte à la matérialité du monde. Et la narration au cinéma supporte moins la digression. La scène de la piscine avec Hélène est magnifique dans le roman. C'est un monologue intérieur très puissant dans lequel elle évoque son adultère en faisant des longueurs. On l'a tournée en la transformant entre un dialogue entre Hélène et sa soeur. Ce côté confidence marchait déjà moins. On a fini par la couper. Ça perdait en puissance. Dans la première partie, l'enjeu de la moto volée est tellement fort qu'il écrase tout.

- Chien de la casse, Le Royaume ou Vingt Dieux, bientôt en salle... Avez-vous le sentiment que le cinéma français est moins parisien depuis quelque temps ?

- L. et Z. B. -J'ai l'impression que ce cinéma a toujours existé. Je pense à Jean Eustache dans Les Petites Amoureuses ou à Bruno Dumont par exemple.

- N. M. - Je me pose toujours la question à propos de la France des invisibles. Est-elle invisible parce qu'on ne la représente pas ou parce qu'elle occupe moins l'attention des médias ? L'Été en pente douce, de Gérard Krawczyk, adapté d'un roman de Pierre Pelot, ou Canicule, d'Yves Boisset, d'après le roman de Jean Vautrin. Le polar a toujours traité cette France-là.

- Leurs enfants après eux sort dans un contexte de casse sociale dramatique...

- N. M. - Je suis surpris qu'il y ait encore quelque chose à casser. Cela dure depuis si longtemps. On avait pourtant entendu parler de réindustrialisation. On s'était rendu compte pendant le Covid que les petites mains étaient importantes. La vraie richesse était là. À la fin, les décisions dépendent de l'actionnariat.

- L. et Z. B. -On montre la France des années 1990, mais elle résonne malheureusement très fort avec celle de 2024.

LE FIGARO. - La France périphérique, le terme vous convient ?

- N. M. - Oui, je m'y retrouve. Je sais qu'il y a des débats entre universitaires mais on voit bien de quoi ça parle. Je ne suis pas géographe. On peut parler de France intercalaire, mais c'est passé dans le langage commun.

- L. et Z. B. -Le terme nous semble pertinent. Là où on a grandi, on avait la sensation d'être très loin de quelque chose. On s'est dit que pour faire du cinéma il fallait venir à Paris. En fait, on s'est rendu compte qu'on appartenait à la France périphérique en venant à Paris. En arrivant, on s'est mangé la différence de classe.

- N. M. - Il y a même des classes dont on ne soupçonne pas l'existence. Quand je suis arrivé à Paris pour des études d'histoire de l'art, j'ai découvert des jeunes héritières de la grande bourgeoisie que je n'avais jamais vues avant...

- L. et Z. B. -On a débarqué à Chelles, en banlieue, dans un appartement de 20 mètres carrés. On avait conscience d'être issu d'un milieu populaire avant ça, mais on ne mettait pas vraiment le doigt dessus. Là, on a commencé à avoir comme camarade de cours le fils du directeur du service de cardiologie d'un grand hôpital qui vivait dans 200 mètres carrés dans le VIe. On a compris qu'on venait de loin. Dire qu'on est dans une fac de langue suscite un vrai mépris de classe. Alors que dans notre milieu, aller à la fac est un truc de fou. C'est un peu un hasard si l'un est allé en fac et l'autre a fait l'école de Luc Besson. La Fémis, on ne savait même pas que ça existait. Au collège, on savait à peine qu'il y avait le lycée après. On a toujours navigué à vue. Et si on est devenu réalisateurs, c'est parce qu'on ignorait qu'il y avait d'autres métiers dans le cinéma. Notre envie de cinéma vient de notre désir d'aller aux antipodes de ce que la vie nous promettait. On a détesté là où on a grandi. On a eu la chance d'avoir des parents qui ne se rendaient pas compte que c'était virtuellement impossible cette affaire. Ils nous ont dit : « Pourquoi pas ? » Et, paradoxalement, ils nous ont toujours poussés à faire des activités artistiques. À 10 ans, ils nous ont inscrits à un atelier de théâtre dans notre village. On a aussi toujours dessiné. Notre père nous appelait les Artistes Anonymes... Ils sont venus à Venise pour la première mondiale du film. Pour eux, c'est lunaire, mais ils ont l'air content. Après coup, ils nous ont avoué qu'ils avaient eu très peur qu'on choisisse cette voie.

- N. M. - Mon père a arrêté l'école à 14 ans, ma mère à 16. Dès que j'ai rencontré des gens qui savaient comment ça marchait, j'ai compris que j'avais mal investi mes efforts. C'était trop tard.

- L. et Z. B. -Il y a aussi une grande part de chance dans notre parcours. D'ailleurs, on ne croise pas beaucoup de gens issus des classes populaires dans le cinéma. Ce n'est pas si facile que ça. Nous, on s'est mis la pression très tôt parce que nos parents ne pouvaient pas nous aider. On avait une urgence à écrire et à réussir avant de ne plus avoir de bourse. On est un peu pessimistes, mais on est une anomalie.

- N. M. - Moi, je venais de très loin. Écrire de la littérature ne s'apprend pas. Quand on ne vient pas d'un milieu cultivé, il faut essayer longtemps, se tromper beaucoup. On travaille tout seul dans son coin. Je me suis fait mal, j'ai usé des petites amies. C'est moins compliqué que le cinéma parce que les enjeux financiers sont moindres. Des bouquins, ils s'en publient des centaines et des centaines par an. Mais oui, le milieu littéraire est avant tout bourgeois et intellectuel. Il y a un peu d'entre soi. J'ai appris dans la douleur puisque j'ai publié mon premier livre à 34 ans après des années d'échec. Ça m'a semblé long. Arriver à vivre de sa plume, c'est autre chose. C'est encore plus darwinien et sélectif. J'ai eu de la chance en recevant le prix Goncourt. Comme un gagnant du Loto, ça vous tombe dessus un peu par hasard. Ça donne une légitimité et une sécurité sans pareil. Je ne flambe pas, mais je vis aujourd'hui de mes livres. Je suis retourné vivre à Nancy parce que la vie est moins chère qu'à Paris. J'ai calculé que je pouvais vivre avec 20 000 euros par an.

- L. et Z. B. -On a fui le lieu où on a grandi, mais, dès qu'on est venu à Paris, on s'est mis à écrire sur notre région et notre classe d'origine. Alors que quand on était encore dans le Sud-Ouest, on inventait des histoires situées en Afrique du Sud ou aux États-Unis. En arrivant à Paris, ça nous a ramenés vers l'endroit de notre jeunesse.

LE FIGARO. - Vous considérez-vous comme des transfuges de classe ?

- N. M. - Oui, même si le mot est devenu une tarte à la crème au point d'être vidé de son sens. On se retrouve un peu crétin avec l'étiquette sur soi. Je sais que j'ai quitté une classe pour une autre à laquelle je n'appartiens pas tout à fait. Mais je mesure à des milliers de détails que c'est fait.

- L. et Z. B. -On ne se sent jamais totalement à l'aise dans sa classe d'adoption. On a toujours le sentiment de mieux comprendre notre classe d'origine que le milieu dans lequel on évolue aujourd'hui.

- N. M. - Quand je suis dans ma classe d'origine, je défends celle d'arrivée. Je dis que ce ne sont pas tous des dégueulasses. L'inverse est vrai aussi. Quel que soit l'endroit où on se trouve, on est l'avocat du diable.

- L. et Z. B. - Cette position d'entre-deux est aussi une chance. C'est un très bon poste d'observation qui donne une vision d'ensemble.

Le Figaro, no. 24940
Le Figaro et vous, mercredi 30 octobre 2024 1795 mots, p. 31

Culture

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29 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

SEAN BAKER : « AUCUN STUDIO À HOLLYWOOD N'AURAIT VALIDÉ CE SCÉNARIO »

Sorin, Etienne

Jusqu'à sa palme d'or au dernier Festival de Cannes, Sean Baker était un cinéaste indépendant américain estimé mais confidentiel, auteur de trois films sur les laissés-pour-compte du rêve américain (Tangerine, The Florida Project, Red Rocket). Avec Anora, comédie survoltée sur une stripteaseuse new-yorkaise mariée au fils d'un oligarque russe, qui n'a coûté que 4 millions de dollars, il renverse la table. De passage à Paris fin septembre, le réalisateur revient sur ses années de galère, sa passion du cinéma et la genèse d'une oeuvre hors norme.

LE FIGARO. - Vos premiers films (Four Letter Words, Take Out, Prince of Broadway, Starlet), jusqu'ici inédits en France, ont trouvé un distributeur grâce à la palme d'or d'Anora. Les considérez-vous comme des brouillons ?

SEAN BAKER. - Je suis très heureux que The Jokers les sorte aujourd'hui dans une version restaurée, même si mon cinéma a beaucoup évolué depuis. Certains réalisateurs préfèrent enterrer leurs premiers films. Mon premier long-métrage, Four Letter Words, sorti en 2000, est très différent des autres. Je sais qu'il n'est pas génial mais j'ai mis tellement d'années à pouvoir le tourner que je ne veux pas le renier. Ce serait comme tuer un bébé. J'ai mis beaucoup de temps et d'argent pour le faire, je ne peux pas en avoir honte. Je crois qu'il s'est bonifié avec le temps, alors qu'à l'époque les gens ne savaient pas quoi en penser.

Four Letter Words met en scène les retrouvailles d'anciens camarades de lycée le temps d'une nuit bien arrosée. Ce portrait d'une jeunesse américaine a été comparé à Clerks, les employés modèles, de Kevin Smith, et à Slacker, de Richard Linklater, des films distribués en France et appréciés des cinéphiles...

On m'a comparé à Linklater en effet et il est sorti juste avant l'éclosion du mumblecore (mouvance du cinéma indépendant américain qui désigne des productions légères mettant en scène des personnages dans la vingtaine, NDLR). Mais sans Starlet, Anora n'existerait pas. Il est aussi en germe dans les suivants, Tangerine, Florida Project et Red Rocket.

Karren Karagulian, un acteur génial, est dans tous vos films, parfois dans des très petits rôles. Son personnage, Toros, est à l'origine du scénario d'Anora...

Oui, je voulais lui confier un rôle important. Je voulais aussi raconter depuis longtemps une histoire dans les milieux russophones de Brighton et Coney Island à Brooklyn. Woody Allen dans Wonder Wheelou James Gray dans Little Odessa ont déjà filmé ces quartiers mais je souhaitais faire autre chose. L'idée d' Anora remonte à loin, avant Starlet. J'ai d'abord imaginé une escort girl liée à un homme de la mafia mais ça avait déjà été fait et je voulais casser les stéréotypes. J'ai alors pensé à un oligarque russe, qui pouvait représenter une menace équivalente.

Vous avez eu très tôt l'idée de la scène d'intrusion des hommes de Zakharov dans sa propriété. Une séquence d'anthologie de vingt-cinq minutes...

Je l'appelle « l'invasion de la maison ». Je voulais une scène montrant Ani abandonnée par son mari et capturée par ses sbires. Et je souhaitais que le spectateur éprouve avec elle ce qu'elle endure, seconde par seconde. Il fallait que ce soit une scène en temps réel. J'ai su très tôt que ce serait le pivot du film. Sur les trente-sept jours de tournage, huit ont été nécessaires pour la boucler. Nous avons fait de longues prises. Le plus difficile, avec mon directeur de la photo, Drew Daniels, c'était les raccords. On dépendait de la lumière naturelle qui entrait par les immenses fenêtres de la maison. Les pages de dialogues à mémoriser n'étaient pas une mince affaire pour les acteurs alors qu'ils devaient faire passer des émotions très contradictoires. On passe de la peur à l'humour absurde en une fraction de seconde. Comme des montagnes russes.

Comment avez-vous appréhendé les scènes de sexe ?

Je savais que même filmer quelques plans serait déjà beaucoup à l'heure où le cinéma américain ne montre rien. Je ne voulais pas tourner des scènes érotiques mais montrer qu'Ani est une travailleuse sexuelle. Je reste assez clinique. Les scènes ne sont pas écrites dans le scénario. J'ai juste noté : «sexe» ou «encore du sexe». Je ne connaissais pas encore les décors en écrivant. Je ne savais pas à quoi allait ressembler la maison, la chambre, le lit... Une fois sur le plateau, les acteurs m'ont fait des suggestions. Ils n'ont pas réclamé de coordinatrice d'intimité. Et ces scènes n'ont pas été très difficiles à tourner. Je savais qu'il n'en resterait que quelques secondes au montage. Mikey Madison pouvait vérifier sur le combo si la prise lui convenait. Je lui ai proposé, ainsi qu'à Mark Eydelshteyn, que ses parents soient présents. Ou son agent. J'étais prêt à tout pour qu'ils se sentent en confiance. J'en ai discuté avec beaucoup de réalisateurs. Certains apprécient la contribution d'un coach d'intimité, d'autres le vivent comme un cauchemar. Ils se sentent dépossédés de leur film.

Depuis Starlet, vous avez souvent dépeint des travailleurs du sexe. Votre regard sur la marchandisation des corps est-il une critique du capitalisme ?

J'ai fait des recherches, j'ai rencontré beaucoup de travailleurs du sexe et je suis devenu ami avec certains. Leur monde regorge d'histoires. Mais je n'ai jamais pensé à faire de la prostitution un commentaire sur le capitalisme américain. Je comprends ce point de vue. En 2024, aux États-Unis, le fossé entre les classes est plus profond que jamais. Raconter l'histoire de quelqu'un qui survit en arnaquant les autres est forcément lié à notre système économique. C'est aussi simple que ça. Je ne réfléchis pas au capitalisme, je le vis. En tant que cinéaste indépendant, je suis aussi un arnaqueur à ma façon.

On a l'impression qu'il y a de plus en plus de comédie dans votre cinéma...

Oui, je suis plus à l'aise avec ça. C'est une question d'équilibre à trouver. J'essaie d'infuser plus d'humour dans mes films. Si vous voulez des références, j'en ai des dizaines : John Cassavetes, Robert Altman, Mike Leigh, Jonathan Demme, ou même le Robert Zemeckis de La Grosse Magouille, avant Retour vers le futur - je viens des années 1980. On peut même remonter à Howard Hawks, que j'ai étudié à l'université.

Vous racontez que quand vous intégrez le département cinéma de New York University, vous avez l'ambition de tourner des films d'action à la Die Hard...

J'ai été biberonné aux blockbusters. Star Wars, Rencontre du troisième type, Les Dents de la mer... Au lycée, je me suis gavé de films d'horreur. Sont arrivés Robocop de Paul Verhoeven, et Die Hard de John McTiernan, des films qui ont impressionné l'adolescent que j'étais. L'oeuvre de Verhoeven est devenu une influence majeure pour moi, notamment son approche de la sexualité.

Vous ne voyez aucun film étranger ?

Quand vous grandissez dans une banlieue du New Jersey à cette époque, les seuls films étrangers auxquels vous avez accès sont ceux qui remportent un Oscar, comme Au revoir les enfants, de Louis Malle. C'est plus tard, étudiant en cinéma, que j'ai entendu parler de la Nouvelle Vague, du néoréalisme italien et j'ai découvert d'autres formes de cinéma. À New York, les salles d'art et d'essai comme le Lincoln Center m'ont ouvert les yeux. Je me souviens de ma découverte du Genou de Claired'Éric Rohmer, de Rocco et ses frèresde Luchino Visconti...

Cette période est aussi celle de la renaissance du cinéma indépendant américain...

En 1989, l'année où j'entre à NYU, Steven Soderbergh remporte la palme d'or avec Sexe, mensonges et vidéo, Spike Lee explose avec Do the Right Thing, Hal Hartley incarne un nouveau cinéma new-yorkais et Richard Linklater se fait un nom avec Slacker, un film marquant pour les gens de ma génération. Quand j'obtiens mon diplôme, il est évident pour moi que je tournerai mon premier film à 25 ans, comme Spike Lee...

Tous vos films montrent l'envers du rêve américain mais vous incarnez une sorte de rêve américain. Vous êtes passé de loser à lauréat de la palme d'or. Allez-vous devoir changer de thème ?

(Rires.) Il n'est pas sûr que ce prix se transforme en réussite financière. Je sais d'où je viens et je n'oublie pas tout ce que cela m'a coûté pour en arriver là. Je n'ai pas percé à 25 ans comme Tarantino ou Paul Thomas Anderson. J'ai 53 ans, cela m'a pris du temps. Si les gens ne me font plus confiance à cause de ce succès, je ne sais pas quoi leur dire...

Francis Ford Coppola a vu et aimé Anora au Festival de Deauville. Vous en êtes fier ?

Nous avons dîné ensemble. Je n'ai pas arrêté de lui poser des questions, comme n'importe quel cinéphile, sur ses débuts avec le producteur Roger Corman, le tournage d' Apocalypse Now aux Philippines... Coppola est le cinéaste indépendant ultime. Megalopolis confirme sa vision singulière du cinéma. Il a perdu au printemps son épouse, Eleanor, qui était aussi sa partenaire depuis cinquante ans. Comme je travaille avec ma femme, la productrice Samantha Quan, il a été très généreux dans ses encouragements. Il nous a donné plein de conseils sur la façon de travailler ensemble.

Comme d'autres cinéastes indépendants, tels Chloé Zhao ou Destin Daniel Cretton, pourriez-vous tourner un film Marvel ?

Je ne peux pas les blâmer. Ce type de projet procure une sécurité financière. Comme réaliser une série ou travailler pour une plateforme de streaming qui offre beaucoup d'argent mais exerce un contrôle total sur le film, à commencer par sa durée. J'aurais pu me laisser séduire plein de fois. Aujourd'hui, la palme d'or me donne les moyens de continuer à tourner en toute liberté, de faire un film comme Anora en pellicule 35 mm - je possède mes propres caméras. Je n'ai pas d'agent. Je suis un outsider à l'intérieur de l'industrie. Aucun studio à Hollywood n'aurait validé le scénario d' Anora. Dans les années 1970 peut-être, mais pas aujourd'hui.

Après votre palme d'or, vous pourrez tourner avec des stars. Vous êtes un grand fan de Leonardo DiCaprio...

J'aime aussi beaucoup Emma Stone, Margot Robbie... J'ai reçu quelques coups de fil. C'est formidable mais je ne sais pas si je vais en profiter. Je continuerai à choisir l'acteur qui correspond le mieux au personnage, quel que soit son degré de notoriété. J'aime travailler avec des débutants et des acteurs non professionnels. Instagram est peut-être pour cela le meilleur directeur de casting. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à faire Anora avec des acteurs pour la plupart chevronnés. Les deux profils me plaisent et j'aime les mêler. J'ai un scénario sous le coude mais ce ne sera pas forcément mon prochain film. Je ne suis sûr que d'une chose, je vais aller encore plus vers la comédie. J'ai l'impression que ça marche. Je n'en reviens toujours pas que les salles rient autant devant Anora !

La Croix, no. 43059
Culture, mardi 29 octobre 2024 890 mots, p. 15

Marcello Mastroianni, toujours « la meilleure version de l’Italien »

Laure Giuily

Il y a cent ans naissait celui que l’on considère encore dans la péninsule comme le plus grand acteur italien de tous les temps, « l’Italien idéal », Marcello Mastroianni.

Alors que rétrospectives et hommages se multiplient cette année, que reste-t-il de cette figure du cinéma dans l’imaginaire des Italiens ?

Rome

De notre correspondante

À la sortie de la projection d’un documentaire sur Marcello Mastroianni, présenté pendant la fête du cinéma à Rome, Lorenzo Giuliano, étudiant en cinéma, est visiblement ému. Passionné du 7e art depuis tout petit, habitué à regarder des blockbusters et des films américains avec son père, ce jeune Romain de 24 ans raconte avoir eu un déclic devant Huit et demi,de Federico Fellini, au lycée. Il a alors à peine 18 ans et découvre Marcello Mastroianni à l’écran : « C’était une claque ! Il y avait tellement de choses d’un coup, même aujourd’hui quand je le revois, j’ai l’impression de rêver les yeux ouverts, c’est ce film qui m’a donné envie de faire du cinéma. »

Cent quarante films, deux prix d’interprétation à Cannes, trois Golden Globes et beaucoup d’autres récompenses… Marcello Mastroianni est de loin l’acteur italien le plus connu dans le monde et le plus apprécié de ses compatriotes. Issu d’une famille modeste – un père charpentier et une mère femme au foyer – et originaire d’une petite ville de la province de Frosinone, au sud de Rome, rien ne le prédestinait à cette carrière.

Pour Fabio Ferzetti, réalisateur et critique de cinéma pour l’hebdomadaire L’Espresso, ce sont justement ses origines populaires qui l’ont rendu aussi sympathique aux yeux du public. « En plus de ses qualités d’acteur exceptionnelles, il représente le chemin de l’Italie agricole d’après-guerre vers un pays industrialisé qui impose sa culture, le cinéma, la mode, dans le monde et rayonne,explique le spécialiste. Dans les années 1950-1960, Rome était la capitale mondiale du cinéma et Cinecitta son épicentre. Les acteurs américains se bousculaient pour venir jouer chez nous. C’était l’âge d’or du cinéma italien et Mastroianni incarne ça. »Une époque révolue, selon lui, « le cinéma et la culture italienne n’ont plus la même influence aujourd’hui et je pense qu’il n’y aura jamais d’acteur équivalent ».

Une icône, une star internationale, souvent qualifiée de « latin lover » malgré lui, Marcello Mastroianni symbolise une certaine forme d’élégance à l’italienne, comme le souligne Luca Spanu, cinéphile piémontais. « Pour moi, il représente l’italianité dans sa version positive, il est beau, drôle, joyeux, mais pas stupide, c’est la meilleure version de l’Italien, celui qui aime la vie et les plaisirs simples »,détaille le sexagénaire. « Il était vrai, naturel, authentique, on n’avait jamais l’impression qu’il jouait un rôle »,ajoute Carlo Valli, 81 ans, ancien acteur de théâtre, qui a grandi avec ses films. « Mastroianni, c’était une garantie, on savait en allant voir ses films qu’on ne serait pas déçu. »

Pour ceux qui l’ont côtoyé, Marcello Mastroianni était souvent décrit comme gentil et simple, se souvient Tiziana Todi, propriétaire d’une galerie rue Margutta, dans le centre de Rome, dont le père travaillait avec le sculpteur Umberto Mastroianni, l’oncle de Marcello, avec qui il était devenu très ami. « Il y avait un studio de doublage au bout de la rue, Marcello passait souvent à la galerie en sortant, il venait voir mon père, y croisait son oncle, Fellini qui vivait aussi dans la rue, parfois aussi son frère qui était monteur. On discutait, il nous parlait de ses films, c’était normal »,se souvient la septuagénaire. Une anecdote résume selon elle, le personnage. « Une fois, on est allé déjeuner avec Marcello et mon père, et à la fin du repas, il devait rejoindre sa femme chez lui, mais ne trouvait pas de taxi. Il m’a regardé et m’a demandé si j’avais une voiture. J’avais honte, car j’avais une vieille Fiat 500, et il m’a dit : “Et alors, je ne rentre pas, moi, dans une Fiat 500 ?” Je l’ai accompagné et il était ravi. Il était comme ça, génial et simple à la fois. »C’est aussi le souvenir qu’en garde sa nièce Francesca Mastroianni, 60 ans, installée à Rome. « Il nous téléphonait souvent, s’intéressait à nous, venait dîner quand il était à Rome »,énumère l’avocate. Elle se souvient d’un jour où elle était en visite scolaire à Naples, où Marcello avait un tournage au théâtre San Carlo : « J’ai croisé un de ses assistants par hasard qui nous a emmenés au théâtre et on a pu tous assister au tournage, mes profs et camarades étaient ravis ! »Des baskets d’une marque particulière aussi, qu’elle lui avait demandées et qu’il lui avait rapportées après un tournage aux États-Unis.

Partout, la nostalgie l’emporte, pour l’homme, mais aussi simplement pour l’époque. « J’y pensais pendant le documentaire, en regardant les images de lui marchant Via Veneto,raconte Lorenzo, je me disais que j’aurais tellement aimé vivre à cette période, connaître le boom économique, l’effervescence culturelle du cinéma italien. Être jeune aujourd’hui en Italie, c’est différent. »

La Croix, no. 43058
Culture, lundi 28 octobre 2024 1190 mots, p. 14,15
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27 octobre 2024 - La Croix (site web)

Gérard Depardieu, le crépuscule d’un monstre sacré du cinéma

Céline Rouden

Gérard Depardieu comparaît lundi 28 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris pour des faits d’agressions sexuelles sur le tournage des Volets verts , de Jean Becker, en 2021.

L’acteur se retrouve désormais mis au ban du cinéma sur lequel il a régné pendant plus de quarante ans et qui l’a longtemps protégé.

Depuis un an, Gérard Depardieu n’est plus apparu en public. Dans un contexte d’accusations de viols et d’agressions sexuelles, l’acteur avait annoncé le 2 octobre 2023, par l’intermédiaire de son agent Bertrand de Labbey, qu’il « n’acceptait plus aucun projet pour le moment». Écarté quelques mois plus tôt de la promotion du film Umami, il a interrompu son tour de chant en hommage à Barbara, perturbé par des manifestations féministes, et renoncé à prêter sa voix pour La Plus Précieuse des marchandises, le film d’animation de Michel Hazanavicius.

À 75 ans, réfugié en Belgique dans la villa d’un ami puis dans son château de Tigné (Maine-et-Loire), Gérard Depardieu se retrouve désormais au ban d’une profession qui l’a adulé et longtemps protégé. Balayé par une vague #MeToo qu’il a préféré ignorer, sûr de son impunité. Sous le coup également d’une mise en examen pour viol, son avenir s’inscrit désormais au chapitre judiciaire, avec un premier procès qui s’ouvre lundi 28 octobre. « Sa carrière est finie, ne peut que constater Samuel Blumenfeld, critique de cinéma et coauteur avec Raphaëlle Bacqué d’un livre sur l’acteur (Une affaire très française,Éd. Albin Michel ).Plus aucun diffuseur de télévision n’investira aujourd’hui dans un film avec Gérard Depardieu. »

Après l’enquête publiée par Mediapart en mars 2023, dans laquelle 13 femmes l’accusaient de violences sexuelles sur des tournages entre 2004 et 2022, la diffusion en décembre sur France 2 d’un « Complément d’enquête » le montrant éructant des insanités lors d’un voyage en Corée du Nord a été le coup de grâce. « On ne va pas censurer les œuvres mais monter un nouveau film sur le nom de Depardieu me paraît très difficile», a concédé Manuel Alduy, directeur du cinéma à France Télévisions.

La carrière de l’acteur n’était plus depuis longtemps flamboyante, mais il tournait encore jusqu’en 2022 dans trois à quatre films par an. Sa seule présence au générique garantissait aux producteurs de trouver des financements, malgré l’aura sulfureuse qui l’entourait déjà depuis des années. Sa fascination pour les dictateurs de tout poil, son exil fiscal, les excès liés à l’alcool, sa grossièreté ou son comportement problématique avec les femmes : rien n’était parvenu à entamer son statut de « monstre sacré ».

Dans leur livre, Samuel Blumenfeld et Raphaëlle Bacqué révèlent que ces dérives n’avaient pourtant rien de récent. Les mains baladeuses, les propos graveleux, l’ivresse : le scénario était connu de tous dès ses débuts dans les années 1970. « C’était une réalité, mais ce n’était pas perçu comme un problème,explique le journaliste. Il y avait une gestion particulière du cas Depardieu, mais elle n’était pas plus handicapante que cela pour un tournage et elle n’a jamais entravé sa carrière. »

Intouchable parce que génial ? Depuis qu’il a déboulé sur les plateaux de cinéma et imposé son charisme dans Les Valseuses de Bertrand Blier, Gérard Depardieu est devenu incontournable. Il y a d’abord la présence à l’écran, ce mystère qui échappe à l’analyse. « Un nouvel acteur, c’est toujours un corps nouveau qui s’impose. Une présence, une voix – celle de Depardieu est profondément musicale –, un silence », notait le critique Serge Toubiana en 2016 à l’occasion d’une rétrospective à la Cinémathèque française.

De l’avis de tous, Gérard Depardieu possède cette particularité rare d’être à la fois un acteur physique et de pouvoir tout jouer, de la comédie au drame, avec une grande sensibilité. « En cela, il appartient à la même catégorie qu’un Jean Gabin,souligne Jean Ollé-Laprune, historien du cinéma. Un physique imposant sous lequel affleure en permanence de la délicatesse. Il peut aller du plus trivial au plus subtil. »

Il joue avec les plus grands, dont Blier (Buffet froid), Truffaut (Le Dernier Métro, La Femme d’à côté), Pialat (Sous le soleil de Satan, Police), Alain Resnais (Mon oncle d’Amérique), mais aussi dans des comédies à succès de Claude Zidi ou Francis Veber (La Chèvre, Les Fugitifs) qui le rendent extrêmement populaire. Il est un des rares à pouvoir faire le pont entre cinéma d’auteur et cinéma commercial. « Il profite aussi à plein de ce cinéma du milieu qui est alors à son apogée, celui de Claude Sautet, Alain Corneau ou Claude Miller », note Jean Ollé-Laprune.

Mais après vingt ans au firmament, son étoile semble pâlir. La cassure se produit au milieu des années 1990. Il tourne alors le dernier film de Pialat, Le Garçu, mais les réalisateurs qu’il admirait disparaissent tour à tour. Et il se remet mal d’une carrière américaine avortée en raison de la publication d’un portrait dans le magazine Time, où il confiait avoir participé à plusieurs viols dans sa jeunesse à Châteauroux. Outre-Atlantique, le scandale est immédiat et coûte vraisemblablement l’Oscar du meilleur film étranger au Cyrano de Jean-Paul Rappeneau. « Ne parvenant pas à donner un second souffle à sa carrière, il s’en est peu à peu désintéressé», estime Samuel Blumenfeld.

Son comportement sur les plateaux s’en ressent. Absorbé par ses affaires qu’il gère au téléphone entre deux prises, il fait preuve de désinvolture, n’apprend plus ses textes qu’il colle partout sur des post-it, enfourne nourriture et alcool en quantités extravagantes, et joue parfois ivre mort. « Gérard avait un côté animal, il était excessif en tout,témoigne un professionnel qui a travaillé plusieurs fois avec lui . Il arrivait sur les plateaux comme un bulldozer, observait tout, testait le réalisateur, mais comprenait son personnage en une demi-seconde et savait exactement où se placer devant une caméra. »

Un talent instinctif et une aisance qui lui ont longtemps valu la bienveillance de ses pairs. « C’est Gérard… »est sans doute la phrase la plus prononcée quand on évoque l’acteur dans le monde du cinéma. « Bien sûr, il y avait les blagues lourdingues qui faisaient marrer tout le monde, poursuit ce professionnel, mais c’était l’époque et il n’était pas le seul à se comporter ainsi. » Ses victimes, souvent des petites mains (figurantes, stagiaires, assistantes), ne l’ont pas exactement vécu comme ça. Et Gérard Depardieu, qui se comportait sur un plateau comme s’il avait tous les droits, n’a pas compris que l’époque avait changé. La fin de l’impunité à laquelle il se heurte aujourd’hui n’enlève sans doute rien à l’immense acteur qu’il a été. « L’acteur Gérard Depardieu est plus grand que l’homme Gérard Depardieu, estime Samuel Blumenfeld. Et les films dans lesquels il a joué seront toujours plus grands que lui. »

Le Monde
Culture, mardi 8 octobre 2024 1590 mots, p. 22
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7 octobre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Le rêve éveillé d’Apichatpong Weerasethakul

Le Centre Pompidou présente une rétrospective du cinéaste thaïlandais, sous forme de films et d’installations

Clarisse Fabre

Une étrange maladie semble avoir gagné le Centre Pompidou, à Paris, avec ses visiteurs sous perfusion d’images et de sons. Car on n’ose plus seulement parler de « cinéma » pour qualifier l’œuvre du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, né en 1970, à Bangkok, auteur de la Palme d’or de 2010, Oncle Boonmee. Celui qui se souvient de ses vies antérieures.

L’« expérimentation lumineuse » désigne mieux l’arborescence de ce travail, qui tout à la fois s’élargit – aux installations, voire à la performance en réalité virtuelle (VR) – et tend vers le minimalisme. Le titre de la rétrospective intégrale de sa production, « Des lumières et des ombres », laquelle a lieu jusqu’au 6 janvier 2025 à Beaubourg, dans le cadre du Festival d’automne, parle de lui-même.

Outre les huit longs-métrages du cinéaste, parmi lesquels Tropical Malady (2004), Oncle Boonmee (2010), Cemetery of Splendour(2015) et Memoria (2021) – tourné en Colombie, avec Tilda Swinton –, et quelques courts-métrages, les spectateurs découvriront l’exposition intitulée « Particules de nuit », où dialoguent une série de vidéos intimistes dans l’Atelier Brancusi (sur le parvis du Centre Pompidou), que l’artiste a plongé dans le noir.

Enivrante, la déambulation agit comme une promenade mémorielle dans le cinéma d’Apichatpong Weerasethakul, que ses proches surnomment « Joe », pour faire plus court. On y retrouve les éléments qui peuplent ses films : souvenirs d’enfance, mythes de réincarnation (animalières, avec tigre, poisson-chat…), récits de villageois se souvenant des incursions de l’armée traquant les communistes, bruits de la jungle en surimpressions.

Quelques images agissent tels des flashs : jeune soldat endormi, bouche ouverte, adossé à un tronc d’arbre, femme assoupie sous la couverture (Tilda Swinton faisant de beaux rêves), vieil homme sous dialyse (un double écho au père du cinéaste, à la fin de sa vie, et au personnage de l’oncle Boonmee). Gros plan sur une main retranscrivant incessamment un rêve sur une page blanche. Les yeux s’échapperaient-ils de notre tête, pour mieux voir ? Quelques globes oculaires flottent dans l’espace, telles des bulles de savon, dans l’installation vidéo Solarium (2023), et l’on ne peut s’empêcher de penser au singe fantôme d’Oncle Boonmee, réincarnation d’un fils disparu, revenant un soir à la table familiale et demandant à ses proches de diminuer l’intensité lumineuse : « Il y a trop de lumière, je ne peux pas voir », dit-il en substance.

Quant à la performance en VR, A Conversation with the Sun (une création d’après une précédente installation et un livre du même nom), elle nous fait littéralement décoller du sol. Nous voici pareils à ces âmes transmigratoires qui se réincarnent dans d’autres corps, en d’autres lieux. Au loin, deux yeux rouges (ceux du singe fantôme) nous regardent nous éloigner…

Voir, ne pas voir : la grande salle où a lieu cette « conversation avec le Soleil » accueille habituellement des projections ou des spectacles. Elle est ici transformée en boîte noire. Les rangées de fauteuils ont disparu, on les retrouvera plus tard dans un espace conçu comme un sas (la salle obscure comme lieu de refuge et de mémoire ?). Muni de son casque de VR, le spectateur solitaire fait l’expérience du vide, les autres visiteurs étant signalés par de simples points lumineux. Obturation de lumière, marche à tâtons. Le show nous plonge dans le noir, délicatement, pour de brefs instants, mais il élargit surtout notre champ de vision. Un doux vertige, très doux, s’empare de nous, qui devenons légers comme des fantômes, ou des lucioles.

C’est ce dernier mot, « lucioles », que le cinéaste a utilisé, le soir de l’inauguration de la rétrospective, le 2 octobre – avec la projection d’ Oncle Boonmee sur une copie 35 millimètres –, pour préciser son positionnement. « Le Centre Pompidou a déterré des films anciens de moi, parfois d’une durée de quelques minutes, dont je ne me souvenais pas. Pour moi, ces œuvres sont des lucioles, lesquelles apparaissent quand elles veulent s’accoupler. C’est sans doute un instinct de conservation primaire qui me pousse à faire des films », a-t-il souligné, avec ce sens de l’ironie qui le caractérise.

« Jouer avec les formes »

A la question « pourquoi fait-il des films ? », l’intéressé répond désormais : « Pour ne plus avoir à en faire. » « How Not to Make a Film ? » (« comment ne pas faire un film ? »), tel était l’intitulé d’un atelier que le cinéaste a mené récemment au Mexique, dans l’Etat du Yucatan, avec une cinquantaine de participants, a-t-il encore déclaré, le 2 octobre, sous le regard amusé de ses producteurs, l’historique Charles de Meaux (Anna Sanders Films) et Simon Field.

Le réalisateur quinquagénaire, qui vit désormais à l’écart de la ville, à Chiang Mai, ne réalise plus de longs-métrages et a arrêté de visionner des films. Pour mieux saisir l’évolution de son parcours, il faut se plonger dans le magnifique ouvrage collectif Homes – Apichatpong Weerasethakul, sous la direction d’Antoine Thirion, mêlant entretiens fleuves, analyses, carnets d’images, édité par les Editions de l’Œil (479 pages, 50 euros). Une séance de dédicace aura lieu le 12 octobre, à l’issue de la master class du cinéaste, en accès libre.

Dans l’ouvrage, le réalisateur revient notamment sur sa formation, ses études d’architecture, tout d’abord, puis l’école de cinéma, à Chicago (Illinois, Etats-Unis), où il découvrit l’essai expérimental et le noir et blanc. Mysterious Object at Noon(2000), son premier long-métrage, porte la marque de cet apprentissage, tout en important les mythes et légendes de la Thaïlande. Les longs-métrages suivants seront en couleurs, et toujours nourris des souvenirs d’enfance : le réalisateur a grandi avec deux parents médecins, travaillant dans un hôpital, lequel était devenu son terrain de jeu. On comprend mieux comment l’image du dispensaire a infusé dans son cinéma ; celle-ci est omniprésente dans Cemetery of Splendour, avec ces soldats endormis, perfusés, qui semblent communiquer avec les anciens rois « dormants », sous terre, dans les fondations d’un temple situées dans les sous-sols.

Le cinéma est-il désormais derrière lui ? Lors de l’entretien qu’il nous a accordé, le cinéaste nuance sa réponse : « Je referai peut-être des longs-métrages dans le futur, mais actuellement je ne sens pas la liberté de le faire. J’ai envie d’exprimer des choses plus politiques sans doute, à travers des films courts, et la peinture. Un tournage, cela implique une équipe, beaucoup d’argent, c’est un peu lourd pour opérer. Je continue de jouer avec les formes, je ne dirais pas que j’ai trouvé. Je cherche encore. »

Les fulgurances de la vie

En 2006, Syndromes and a Centuryavait été censuré dans son pays, notamment pour l’image qu’il donnait des moines. Ses nouveaux travaux, plus personnels, seront-ils épargnés ? « Je ne pense pas être ennuyé par les autorités. Je sais ce que je peux faire, ou pas. Par exemple, on ne peut pas critiquer la monarchie, même sur un ton sarcastique, explique-t-il. Les punitions peuvent être sévères. Le pays est obsédé par sa propre image. Encore aujourd’hui. C’est dû au nationalisme, à l’obsession de la morale. »

Alors que la loi sur le mariage entre personnes de même sexe vient d’entrer en vigueur en Thaïlande, fin septembre, le cinéaste, ouvertement homosexuel, ajoute : « Mon pays est très conservateur, excepté sur la fluidité du genre et de la sexualité. L’homosexualité est acceptée depuis longtemps, du moment que les couples ne font pas trop de démonstrations. C’est la même chose pour les hétéros. »

Ses vidéos les plus contemporaines s’apparentent à des battements de cœur, traversés par les fulgurances de la vie : un rayon de soleil, une foule immobilisée pendant une manifestation… Le cinéaste y distille aussi un humour qui ne vient pas de lui, précise-t-il modestement. « Je suis assez invisible, j’aime observer les gens, pendant le processus de tournage. L’humour peut surgir pendant une audition, une répétition. Avec mes proches, sur le plateau, on joue, on redevient enfants. Le mot “innocence” est très important pour moi, je suis inspiré par ça. Tilda Swinton, par exemple, est très drôle. »

Le décalage et la drôlerie de certaines situations agissent comme un baume face à cette « maladie » qui imprègne tout son œuvre. Le cinéaste montre les corps souffrants, et notamment celui de son actrice fétiche, Jenjira Pongpas, laquelle a une jambe meurtrie (plus courte que l’autre), à la suite d’un accident de moto. « J’ai toujours pensé que vivre impliquait de traverser des maladies, mais ce n’est pas forcément négatif, dit-il. Nous sommes devenus focalisés sur l’humain, nous avons perdu la relation avec d’autres espèces. » « Je fais de l’art et du cinéma car c’est le domaine où je me sens jeune à nouveau, avec une certaine inhibition. C’est peut-être une réponse à la mort », ajoute-t-il, en utilisant le mot timelessness. Soit le cinéma comme outil d’intemporalité.

Tout en mettant les longs-métrages en pause, « Joe » produit des films au sein de sa société Kick the Machine, notamment ceux de son assistant, Sompot Chidgasornpongse. Certains d’entre eux figurent même au programme de la rétrospective. Surtout, il nous annonce « une bonne nouvelle » : « Je travaille à l’ouverture prochaine d’une salle de cinéma indépendant, à Chiang Mai. Car je me sens bien dans la grotte cinéma. »

Le Monde
Culture, jeudi 10 octobre 2024 1642 mots, p. 22,23
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9 octobre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Entretien

« Défendre des auteurs et s’en donner les moyens »

Le réalisateur, producteur et fondateur de MK2, Marin Karmitz, revient sur cette longue aventure au cœur du cinéma indépendant

Propos recueillis par Jacques Mandelbaum Propos recueillis par Jacques Mandelbaum

En 1974 naissait à Paris le cinéma 14-Juillet-Bastille, première pierre de ce qui allait devenir, sous le sigle MK2, le principal circuit cinématographique indépendant français, joignant la production, la distribution et l’exploitation. Jean-Luc Godard, Yilmaz Güney, Claude Chabrol, Krzysztof Kieslowski, Abbas Kiarostami, Gus Van Sant doivent à cette structure quelque chose de leur carrière. A l’occasion du jubilé de cette exceptionnelle aventure artistique et entrepreneuriale, des hommages célèbrent son créateur, Marin Karmitz, enfant juif né en 1938 à Bucarest, promis aux fours crématoires et débarquant miraculeusement à Nice, dix ans plus tard.

Une biographie d’Antoine de Baecque (Marin Karmitz. Une autre histoire du cinéma, qui vient de sortir aux éditions Flammarion), une sélection de quinze films produits par MK2 à La Cinémathèque française (jusqu’au 12 octobre), deux expositions au Festival Lumière à Lyon, et un film documentaire que lui consacre Romain Goupil (Souviens toi du futur ! , le 23 octobre). A 86 ans, retiré des affaires et prenant soin d’une collection exceptionnelle de photographies, Marin Karmitz conserve un regard vif sur le monde.

On célèbre cette année le 50e anniversaire de la création du groupe MK2. Entre la joie de l’avoir créé et la tristesse de l’avoir quitté, voici déjà vingt ans, quel sentiment vous anime-t-il aujourd’hui ?

D’abord, je dois vous dire que je n’aime pas du tout les anniversaires. C’est une approche vers le passé plutôt que vers l’avenir, et ça m’a toujours beaucoup dérangé. Ces événements marquent plutôt une succession de hasards et de propositions qui m’ont été faites. Moi, aujourd’hui, je ne peux parler que du passé de MK2, ce serait à mes fils de parler du futur de l’entreprise.

Votre fils aîné a pris votre suite en 2005. Est-ce à cette époque que vous avez quitté le navire ?

Pas tout à fait. Il est vrai que j’ai commencé à penser à la transmission il y a très longtemps. Je suis devenu président du conseil de surveillance, mais j’avoue que j’ai mis du temps à quitter le bureau. Je me suis trouvé un intermède en 2009, lorsque j’ai accepté la mission que m’a confiée Nicolas Sarkozy d’animer le Conseil de la création artistique. En dehors de mon intérêt ancien pour la politique culturelle, une des raisons d’accepter ce boulot qui ne m’a pas valu que des compliments, je peux le dire aujourd’hui, c’était d’avoir un autre boulot et de ne pas rester chez MK2 ! Et puis, parallèlement, j’ai commencé à organiser des expositions, notamment de photographies. In fine, tout cela m’a aidé à surmonter mon angoisse et à me déprendre peu à peu.

C’était il y a une dizaine d’années ?

Non, j’ai quitté le bureau il y a un an et demi. Je n’arrivais pas à partir. J’avais toujours l’impression que mes fils avaient besoin d’un coup de main. On n’en a jamais fini avec la transmission. A un moment, ça a clashé. J’ai mis trop longtemps à comprendre que c’était de ma faute. Ça a été un moment terrible. Et puis c’est devenu un moment joyeux en regardant ce qu’ils font, ou plus exactement en l’apprenant, comme tout le monde, par la presse.

Vous avez été producteur, distributeur, exploitant. Quelle activité avez-vous préférée ?

Tout, dans la mesure où il y avait ce point de vue central : défendre des auteurs et s’en donner les moyens. Accoucher des œuvres comme producteur, les transmettre comme distributeur, les mettre de la meilleure manière en rapport avec le public comme exploitant. Les trois activités sont passionnantes et indispensables, elles demandent chacune, comme nous avons essayé de le faire chez MK2, à être raisonnées différemment. Tout cela était lié à la pensée de l’après-68, nous ne voulions pas créer des salles de cinéma, mais des lieux de contre-culture. Mettre la marge au centre, respecter les versions originales, sortir géographiquement du ghetto du Quartier latin, investir des lieux abandonnés, faire dialoguer les créateurs entre eux. Rien de tout cela n’était évident à l’époque. C’était déjà le défi de la première salle à la Bastille, où il n’y avait à l’époque que du porno et du karaté.

L’activité de production et de distribution est arrêtée depuis une dizaine d’années. Le regrettez-vous ?

Mes fils ont décidé de mettre tous leurs efforts dans la vente internationale. Ils interviennent à ce titre toujours comme coproducteurs dans la fabrication des films. Mais c’est aussi lié à une tradition de MK2, puisqu’une de mes principales sources de financement, à l’époque où j’étais producteur, venait des ventes à l’étranger. Je n’aurais jamais pu produire Chabrol, qui se voyait refuser les aides françaises, sans cet apport. Or, nous vendons aujourd’hui beaucoup moins bien notre cinéma à l’international. C’est pourquoi ils ont réinvesti dans cette activité.

Précisément, le cinéma d’auteur est aujourd’hui à la peine, dans un contexte qui est pourtant favorable au cinéma français. Vous êtes resté un observateur attentif, comment analysez-vous cette situation ?

Il me semble que l’un des phénomènes nouveaux est ce que je nommerais le pullulement. On est passé de la culture pour tous à la culture pour tous et par tous. Je crains que cette surmultiplication ne soit pas un gage de qualité. La durée des films est par ailleurs trop longue. Elle ne convient ni à leur exploitation ni à la vie pratique des gens. Il y a évidemment des films prototypes qui la nécessitent, récemment Drive my Car[2021], par exemple, de Ryusuke Hamaguchi, mais c’est – hélas ! – loin d’être le cas général : trop de films donnent l’impression de jouer la durée alors qu’ils manquent de travail, de rigueur et tout bonnement d’intérêt. Ce que je dis peut donner l’impression d’être un peu scolaire. Moi qui avais fait l’Idhec [Institut des hautes études cinématographiques], j’ai eu l’impression de tout désapprendre avec bonheur au contact de Jean-Luc Godard. Mais ce qu’il ne faut jamais oublier c’est que pour désapprendre, il faut apprendre.

Vous avez habité la maison cinéma durant plus d’un demi-siècle. La force avec laquelle le mouvement #metoo s’y est récemment invité vous étonne-t-elle ?

Ce qui m’étonne, plutôt, c’est que pendant tant d’années on ait laissé se produire autant de comportements inappropriés. Vulgaires, déplaisants, insultants, méprisants à l’égard des femmes. On laissait faire. C’était dans les mœurs. Ce que je trouve embêtant, c’est quand le retour du balancier mène vers des excès insupportables. Exemple : nous avons sorti, en 2019, J’accuse, de Roman Polanski, film tout à fait honorable qui avait sa place dans les salles de cinéma. Or, nous avons subi une campagne extrêmement violente de mouvements féministes nous demandant d’enlever le film. Nous l’avons gardé.

Nous nous sommes alors retrouvés avec des tags sur nos cinémas qui disaient « complices de violeurs ». Cela, je ne peux pas l’accepter et je l’ai pris comme une insulte. Parce que j’ai réalisé Coup pour coup consacré à la lutte de femmes ouvrières, dès 1972, que j’ai ensuite produit L’Amour violé, de Yannick Bellon, en 1978, et que j’estime ne pas avoir à subir ce genre d’amalgames. Mais ce qui m’a le plus gêné, voyez-vous, c’est de n’avoir pas répondu. J’ai eu peur des conséquences pour MK2.

Vos engagements personnels – disons du militantisme gauchiste en 1968 à la redécouverte tardive de l’étude talmudique – vous aident-ils à penser la radicalisation du débat qui a lieu aujourd’hui, notamment en France, autour du conflit israélo-palestinien et de l’antisionisme ?

Dans le sillage de Mai 68, la lutte anti-impérialiste avait fait réémerger la question de la Palestine. J’ai été le premier, en France, à distribuer Kafr-Kassem[1974], du réalisateur libanais Borhane Alaouié, qui évoquait le massacre d’un village palestinien durant la guerre israélo-palestinienne de 1956. Nous avions alors invité des Juifs et des Palestiniens, comme Ibrahim Souss, qui était alors représentant de l’OLP à l’Unesco, pour en discuter. C’est, hélas, cela qui n’est plus possible aujourd’hui. Je veux dire qu’on pouvait être propalestinien à l’époque, sans qu’un mouvement comme LFI ne jette de l’huile sur le feu et capitalise sur ce conflit pour en faire sa moisson électorale dans les quartiers. Et sans non plus que des Juifs d’extrême droite ne se mettent à sanctifier la terre d’Israël.

A l’heure où, partout, les idéologies xénophobes renaissent de leurs cendres, vous importe-t-il de rappeler que votre réussite est aussi une histoire d’immigration ?

Bien sûr, je suis un immigré. Je suis arrivé de Roumanie dans ce pays à 9 ans, je ne savais ni lire, ni écrire, ni parler le français. Tout ce que j’ai appris, tout ce que je suis devenu, je le dois à la France. Je me sens, moralement, éthiquement, débiteur de ce pays et de sa tradition d’accueil. Mais aussi attaché que je puisse être à la France, à son histoire et à sa culture, je ne m’en sens pas moins toujours profondément cosmopolite. L’exposition de photographies que j’avais organisée à La Maison rouge en 2018 s’intitulait pour cette raison « Etranger résident ». C’est une notion qui m’importe beaucoup. Je pense qu’il faut savoir rester ou devenir étranger dans un pays dont on est résident. C’est une condition de notre liberté.

La Croix, no. 43044
Culture, vendredi 11 octobre 2024 764 mots, p. 21

Le Festival Lumière continue d’éclairer le patrimoine du cinéma

Céline Rouden

Populaire et cinéphile, le Festival Lumière qui s’ouvre le samedi 12 octobre à Lyon participe depuis sa création, en 2009, à l’engouement du public pour le cinéma classique et, dans une atmosphère joyeuse et passionnée, fait le pont entre les cinéastes d’hier et d’aujourd’hui.

Lorsque Michael Cimino est venu, en 2012, présenter la copie restaurée de La Porte du paradis en clôture du festival, il n’en revenait pas. Jamais il n’aurait pensé que ce film maudit, qui a provoqué la chute du studio hollywoodien qui le produisait, serait un jour projeté devant 5 000 personnes réunies dans la Halle Tony-Garnier transformée pour l’occasion en salle de cinéma. « Je n’avais jamais vu autant de spectateurs à une séance, c’était énorme ! », a confié alors le réalisateur, au bord des larmes. C’est ce petit quelque chose en plus, sans jeu de mots facile, que revendique le Festival Lumière. Celui qui depuis 2009 réunit grand public et cinéphiles dans la célébration du cinéma et de son histoire. Et il était normal que cela se produise à Lyon, berceau des frères Lumière. Là où fut tourné le premier film de l’histoire, La Sortie de l’usine en 1895.

« Lyon méritait d’avoir un grand festival de cinéma, et il était naturel de le faire autour du cinéma classique,raconte Maëlle Arnaud, directrice de la programmation. Comme les musées participent à reconnaître la peinture comme un art qui a une histoire, il fallait construire l’idée de célébrer l’histoire d’un art encore jeune. » Dès le départ, son fondateur, Thierry Frémaux, par ailleurs délégué général du Festival de Cannes, a l’intuition qu’il fallait faire quelque chose « d’ambitieux, de vaste et de populaire ».

Une façon de sortir ces films des cinémathèques et des ciné-clubs où ils étaient diffusés, pour toucher un public plus large que le seul cercle des cinéphiles avertis. Un pari gagnant puisqu’en quinze années d’existence, le festival n’a cessé de se développer. La fréquentation est ainsi passée de 80 000 personnes lors de la première édition à 180 000 aujourd’hui, et propose désormais, sur neuf jours, plus de 450 séances dans tous les cinémas de la ville.

Un événement qui accompagne et participe au succès grandissant du cinéma dit de patrimoine auprès du public. À Lyon, on préfère dire « cinéma classique ». C’est plus noble, et moins poussiéreux. D’autant qu’on classe officiellement sous cette appellation tous les films qui ont plus de 20 ans. « Ce qui comprend aussi bien les films muets que des blockbusters », constate Juliette Rajon, directrice du marché international du film classique. Celui-ci, créé en 2013, a lieu pendant le festival, et est le seul dédié exclusivement à ce segment d’activité.

Paradoxalement, c’est l’avènement du numérique qui a contribué au développement de ce marché, en facilitant techniquement la restauration des copies et en multipliant les canaux de diffusion grâce aux plateformes. Au point que certains distributeurs se sont mis à ressortir les films en salles. Selon la dernière étude du CNC, sur 8 593 films exploités en 2022, 2 483 étaient des films de patrimoine, soit 28,9 %. « Cela reste bien sûr un marché de niche, avec une moindre rentabilité, mais ceux qui y contribuent le font par passion »,témoigne Juliette Rajon.

L’autre succès de ce rendez-vous, sans compétition, est d’avoir su établir un pont entre passé et présent avec cette idée de transmission de l’amour du cinéma qui était si chère à Bertrand Tavernier, compagnon de route du festival. Toutes les séances sont présentées par un réalisateur, « ce qui rend très vivante la cinéphilie », explique Maëlle Arnaud. Et les invités souvent prestigieux. Clint Eastwood a inauguré la première édition et on y a vu passer depuis Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Tim Burton ou Wim Wenders. Le carnet d’adresses du délégué du Festival de Cannes n’y est pas étranger. « Mais ce qui attire aussi les cinéastes, notamment américains, c’est cette idée de venir là où a été tourné le premier film, témoigne Maëlle Arnaud. Après avoir décliné deux fois, Coppola a accepté de venir principalement pour ça. »

Cette année, le prix Lumière, point d’orgue du festival, sera remis à une actrice, Isabelle Huppert, et on y croisera, entre autres, Costa-Gavras, Xavier Dolan, Benicio Del Toro, Claude Lelouch ou Alfonso Cuaron. La séance de clôture sera, elle, dédiée à Alain Delon, avec la diffusion en copie restaurée de Plein soleilde René Clément.

Le Monde
Culture, lundi 18 novembre 2024 1238 mots, p. 23
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16 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Cinéma

Lucrecia Martel dans les eaux sales du passé argentin

Le Centre Pompidou, à Paris, organise une rétrospective de l’œuvre de la réalisatrice

Clarisse Fabre

Qui a déjà vu un film de Lucrecia Martel se souvient de cette expérience de suintement qui colle le spectateur à l’écran, tel un escargot dans son jus. Qui ne connaît pas son œuvre doit se ruer au Centre Pompidou, à Paris, où a lieu la rétrospective consacrée à la réalisatrice argentine, du 14 novembre au 1er décembre – quatre longs-métrages sur une quinzaine d’années, La cienaga(2001), La niña santa(2004), La Femme sans tête (2008) et Zama(2017), sept courts, un moyen-métrage…

Vite repérée par les grands festivals, la réalisatrice née en 1966, à Salta, est devenue l’une des figures de proue d’un nouveau cinéma argentin, plongeant dans les eaux sales d’un passé toujours présent (populisme, violence, racisme). Les trois premiers longs de Lucrecia Martel, tournés dans la région conservatrice et rurale du nord du pays, à quelques kilomètres de sa maison familiale, sont désignés comme « la trilogie de Salta ».

Dans La cienaga, cerné par une nature sauvage, c’est le bruit d’un verre cassé qui déclenche l’alarme du scénario. Au bord d’une piscine, où l’eau est en train de croupir, une femme alcoolisée lâche son ballon de liqueur et se blesse. Les enfants de la maison, filmés comme un amas de corps agglutinés, se mettent alors en mouvement. Hôpital, voiture… Des bribes de conversations flottent d’une bouche à l’autre, étouffées par le bruit des cigales et des aboiements…

Est-ce parce que Lucrecia Martel a connu la dictature vers l’âge de 10 ans (« Du sang coulait du coffre des voitures », assure-t-elle) que son œuvre distille une atmosphère d’épouvante ? Dans un stimulant livre d’entretiens et d’analyses, Lucrecia Martel. La circulation, sous la direction de Luc Chessel et d’Amélie Galli (Les Editions de l’œil, 256 pages, 30 euros), la cinéaste parle aussi des histoires morbides transmises par sa grand-mère, qui les terrorisait, elle et ses frères et sœurs ; de ce manque d’intimité dont elle souffrait, dans cette famille nombreuse (qu’elle se mit à filmer à l’adolescence), et du magma des conversations d’adultes dans lequel elle se perdait.

Précision des plans

L’hôtel rempli de médecins en séminaire, à la libido débordante, installe un autre climat suffocant, dans La niña santa : Amalia (Maria Alche), adolescente à la moue boudeuse, catholique mystique, vit dans l’auberge avec sa mère, qui en est propriétaire, la séduisante Helena (Mercedes Moran). Un jour, Amalia subit un attouchement de la part d’un des médecins de l’hôtel, qui lui colle furtivement son sexe sur les fesses.

La niña santa ne déroule pas de récit accusateur : la jeune fille, qui cherche la vocation divine, se sent investie d’une mission, sauver cet homme qui lui semble paumé – il drague aussi sa mère, telle une mouche autour du miel de ses cheveux. Dans ce huis clos tourné bien avant #metoo, la précision des plans découpe l’anatomie d’Helena (le dos échancré de sa robe, ses pieds nus…), vue depuis le regard masculin, qu’on n’appelait pas encore male gaze.

Le cinéma de Lucrecia Martel pense librement, quitte à heurter. Ses films ne sont pas ouvertement féministes, ses récits se refusent à désigner le bon camp et le mauvais. « Il faut tout revoir, affirme-t-elle lors de l’entretien qu’elle nous a accordé à Paris. Il s’agit maintenant de trouver un cinéma qui permet aux êtres humains de s’y reconnaître, de s’y penser. »

Tenue sombre, lunettes fumées, canne en bois blond posée à côté du canapé : on a l’impression de consulter la Pythie. « Cela fait plus de cent ans que le féminisme est un mode de pensée fertile, mais je ne me reconnais pas dans quelque groupe que ce soit, souligne-t-elle. DansLa niña santa , je ne voulais pas désigner Amalia comme une victime. Poser une personne en victime, c’est la placer durablement dans une position de grande faiblesse. Et ce n’est bon pour personne. Bien sûr, je ne mets pas toutes les violences sexuelles sur le même plan, et il faut évidemment dénoncer les abus », prend-elle soin d’ajouter.

Son œuvre n’est pas non plus engagée, au sens militant. La dictature est en arrière-plan de La Femme sans tête, et c’est un passé colonial artificiel (dans ses couleurs et ses costumes) qu’elle met en scène dans le stupéfiant Zama: au bord de la mer, les peaux de colons et d’autochtones sont peintes en rouge (tous Indiens !) ou unifiées par le grain du sable. Un peu comme dans la fable Le Nuage bleu(L’Ecole des loisirs, 2000), de Tomi Ungerer (1931-2019) : à la fin, les personnages sont arrosés par une pluie azur et se retrouvent avec la même pigmentation.

Il manque à l’humanité quelques gouttes salvatrices, nous dit le cinéma de Lucrecia Martel. Depuis l’élection, en novembre 2023, de l’ultralibéral Javier Milei, au style outrancier (certains l’appellent le « Trump de la pampa »), la perplexité de la cinéaste est montée d’un cran : elle ne veut plus se contenter de faire des films qui seront vus par un public de convaincus. Comment le cinéma peut-il se renouveler, esthétiquement, pour sortir de son vase clos et faire se rencontrer les gens ? La cinéaste vide ses deux doses de sucre dans son café noir et se lance dans des réponses fleuves. « Nous sommes à un moment crucial, fondamental, pour le cinéma, mais aussi pour toutes les expressions narratives : nous voici en 2024, un quart de siècle après un siècle extrêmement violent, et nous en sommes encore au même point. Une nouvelle ère doit commencer, qui ne peut passer que par une autocritique, à la recherche d’une forme de récit nouveau. »

Lucrecia Martel est une acharnée : depuis plusieurs années, elle cherche à affiner le récit de son prochain documentaire, consacré à Javier Chocobar, ce militant du droit de la terre, issu de la communauté de Chuschagasta en Argentine, assassiné en 2009. Mais elle patine. Si elle reste dans une logique dénonciatrice (la faute aux propriétaires fonciers, etc.), chacun restera dans sa bulle. « Je n’ai pas encore trouvé la solution. Le système colonial est tellement enraciné dans la culture de mon pays que nous y sommes tous mêlés. L’avènement des républiques n’a pas résolu ces questions, y compris en France », observe-t-elle. Elle doit tout reprendre de zéro : « Même si j’ai déjà eu à cœur de m’éloigner de la narration classique, cela n’a pas été suffisant. »

La situation est d’autant plus ardue que les crédits de la culture sont coupés à la hache. « Milei est obsédé par la corruption de ses prédécesseurs, il veut couper les vivres. Il pense que les cinéastes argentins sont des vagabonds qui ont vécu aux frais de l’Etat depuis des années. Cette politique porte préjudice à tous ces jeunes cinéastes qui ne sont pas encore connus, et ont besoin du coup de pouce de l’Etat pour pouvoir collecter de l’argent ailleurs. » La master class, qui doit avoir lieu dimanche 17 novembre, à 16 heures, au Centre Pompidou, pourrait prendre des allures d’Etats généraux du cinéma.

Le Monde
Culture, lundi 14 octobre 2024 592 mots, p. 23
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10 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Projet de loi de finances : le CNC amputé de 450 millions d’euros

Cette coupe n’enlèvera rien aux capacités d’action du Centre national du cinéma

Nicole Vulser

L’effort financier pour désendetter la France touche tous les secteurs, même le septième art. L’Etat va ainsi ponctionner de 450 millions d’euros la trésorerie du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), d’après le projet de loi de finances pour 2025 dévoilé par le gouvernement, jeudi 10 octobre.

Ces réserves financières seront amputées de plus de moitié, puisqu’elles s’élèvent aujourd’hui à près de 800 millions d’euros. « C’est une solution raisonnable qui préserve le souci du financement public et n’enlève pas un euro aux capacités d’action du CNC », a précisé au Monde Olivier Henrard, président par intérim et directeur général de cet établissement public. Dans le dernier rapport de la Cour des comptes, la trésorerie du CNC avait été considérée comme « disproportionnée au regard des autres opérateurs distribuant des aides ».

Pendant la pandémie de Covid-19, le secteur du cinéma avait été soutenu à bout de bras par les pouvoirs publics et le CNC avait reçu une manne de 440 millions d’euros du budget de l’Etat. Cette ponction s’apparente, en quelque sorte, à une restitution de cette contribution exceptionnelle.

Le niveau très élevé de la trésorerie s’explique pour moitié par l’obligation faite par la Cour des comptes de passer des provisions pour les versements à venir destinés aux producteurs, aux salles de cinéma et aux distributeurs. L’autre moitié constitue une réserve de provisions pour des risques contentieux. Malgré ce prélèvement, « nous ne soutiendrons pas moins de films », promet M. Henrard.

Le CNC est financé par quatre taxes affectées, prélevées sur les billets d’entrées des salles de cinéma, les chaînes de télévision, les fournisseurs d’accès à Internet et les plateformes de streaming. Un modèle vertueux pour le financement du cinéma tricolore, puisqu’il est dopé par les succès des films d’Hollywood en salle. L’ensemble de ces ressources fiscales s’élève cette année à 780 millions d’euros. Cette manne est ensuite redistribuée aux producteurs.

Le remède le plus indolore

M. Henrard s’attendait depuis des mois à payer une partie de l’addition, mais redoutait que Bercy s’attaque aux crédits d’impôts affectés au cinéma. Une telle hypothèse aurait ruiné tous les efforts consentis pour ouvrir de nouveaux studios de tournage. Et sans ces incitations fiscales, leurs carnets de commandes auraient fondu, les producteurs français et internationaux auraient préféré tourner à l’étranger.

L’autre éventualité étudiée par Bercy consistait à écrêter les ressources du CNC. Or, ponctionner au-delà de 700 millions ou de 750 millions d’euros, par exemple, aurait pu être attaqué juridiquement par les redevables des taxes. Ils auraient pu exiger qu’elles soient affectées à leur destination initiale, le soutien à la création. Et un tel coup de rabot aurait entravé le rebond du cinéma, qui se remet juste des années noires de crise liée au Covid-19.

Le gouvernement a donc choisi le remède le plus indolore et M. Henrard se réjouit que « Rachida Dati, la ministre de la culture, ait convaincu le premier ministre[Michel Barnier] de la pertinence du modèle du CNC ». Ce n’est pas une première non plus, la cagnotte du CNC constitue une cible bien tentante pour l’Etat qui l’a déjà siphonnée de 20 millions d’euros en 2011, 150 millions d’euros en 2013 et 90 millions d’euros en 2014.

Le Figaro, no. 24928
Le Figaro et vous, mercredi 16 octobre 2024 2191 mots, p. 29

Culture

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15 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

GILLES LELLOUCHE, LE CINÉMA À LA FOLIE

L'ACTEUR, LONGTEMPS CONSIDÉRÉ COMME LE BON POTE DE LA BANDE À CANET, A FINI PAR S'IMPOSER EN RÉALISATEUR. APRÈS « LE GRAND BAIN » , IL REVIENT AVEC « L'AMOUR OUF » , UN FILM QUI LUI RESSEMBLE.

Sorin, Etienne

Il n'a pas besoin de sonner puisqu'il a les clés des bureaux de Chi-Fou-Mi Productions. Il faut quelques secondes pour le reconnaître. Gilles Lellouche, 52 ans, s'est teint les cheveux en blond platine. Non par faute de goût, mais par conscience professionnelle. Cédric Jimenez lui a demandé ce changement de couleur pour le rôle principal de Chien51. Le réalisateur de BAC nord et de Novembre adapte le polar dystopique éponyme de Laurent Gaudé. «Un rôle très physique, je suis en miettes» ,dit Lellouche. La promotion de L'Amour ouf tombe à pic. Elle lui permet de faire une pause de trois semaines. «J'espère que je reprendrai le tournage en ayant le moral.»

L'Amour ouf sera alors sorti dans 600 cinémas, porté par sa première mondiale en compétition au Festival de Cannes et sa réputation de fresque ambitieuse (32 millions de budget), tout feu tout flamme, aimée et détestée par les critiques sur la Croisette. Lellouche ne regrette pas d'être monté dans le grand huit cannois. Hugo Sélignac non plus. «On a eu 17minutes d'applaudissements en séance de gala et une petite douche froide en lisant certaines critiques le lendemain,se souvient l'un des deux producteurs du film avec Alain Attal. C'est le jeu. On a joué et on n'a pas perdu. Pour le public, le film est reparti avec une image positive. On a pu revoir le montage, la promotion, le marketing. Gilles avait un avis très tranché pour l'affiche: un titre sur fond noir, pas de nom de comédiens. Pas de bande-annonce... Cannes nous a permis de revoir la stratégie.»

En attendant de savoir si la stratégie est payante, Lellouche nous reçoit dans son bureau, vite transformé en fumoir. Sur un mur, une photo en noir et blanc grand format du Grand Bain. La bande de nageurs dépressifs au grand complet. Sa première réalisation en solo, en 2018. Un conte de fées aquatique. Une sélection à Cannes (hors compétition), un accueil dithyrambique et un succès populaire (4,5 millions de spectateurs). S'il ne joue pas dans LeGrand Bain, l'image de Lellouche change cette année-là. Une comédie sur des hommes avec du ventre et du bleu à l'âme, on est loin de la camaraderie virile véhiculée par la filmographie de l'acteur. Un humour de potes qui confine à la beauferie avec LesInfidèles (2012), film à sketchs dans lequel Lellouche joue cinq rôles. «On a voulu faire un film à charge contre les hommes,regrette l'intéressé . On jouait des crétins finis dans une comédie à la Dino Risi. On a eu le tort de mélanger du grave avec du léger. On aurait dû ne faire que du léger. Le film est sorti au début d'un changement d'ère qu'on n'a pas envisagé dans notre démarche de caricaturistes.»

Lellouche apparaît alors comme un homme de bande, celle des Petits Mouchoirs. Il est le meilleur ami de Guillaume Canet, rencontré autour d'un café aux Productions du Trésor, quand Alain Attal se lance dans le cinéma au début des années 2000. Canet sort de Vidocq, pas mal abîmé par les critiques, et s'apprête à rebondir avec sa première réalisation, Mon idole. Lellouche et Canet deviennent très proches, au point que le premier ne peut dire non au second quand celui-ci le tanne pour jouer Obélix vingt ans plus tard. Benoît Poelvoorde connaît bien les deux Gaulois, qu'il surnomme « la Canette » et « Gros Menton ». «Leur relation est un mélange d'amitié, d'admiration et de rivalité,dit celui que Lellouche appelle « Gros Nez ». Ils peuvent parler de cinéma quatre heures d'affilée. Et ils peuvent se disputer une nuit entière comme des enfants sur l'air de « Moi j'ai fait ça dans ton film et pas toi... »»

Lellouche est aussi vu comme le partenaire privilégié de Jean Dujardin, plus comme faire valoir que comme moitié d'un duo. «Pour moi, c'étaient des collaborations, je ne me rendais pas compte de l'image que cela renvoyait. Cela me faisait passer pour le meilleur copain d'untel ou d'untel, mais je le vivais naturellement.»

Avec cette famille de cinéma, Lellouche conjure la solitude du métier de comédien, surtout après avoir été un acteur qui galère. Il retrouve un peu le sens du collectif éprouvé au Cours Florent avec ses camarades Léa Drucker et Laurent Lafitte. «Sur le moment, c'est une belle euphorie,se souvient-il. On est tous ensemble à parler de Brecht en chaussettes en buvant du vin rouge, on voit quatre films par jour, on répète sans cesse. Tout ça s'arrête du jour au lendemain, et c'est là que les ennuis commencent. Perdu dans la nature. Deux ans de petits boulots, de castings pour des pubs. Un agenda désespérément vide. Je rentre chez mes parents le week-end et je les rassure. Mais, quand je retourne à Paris dans mon studio de 15m2, je sais que la semaine va être longue.» Il décroche un petit rôle dans Folle d'elle, de Jérôme Cornuau, avec Jean-Marc Barr et Ophélie Winter. «Une catastrophe. Quand j'ai vu le film, je me suis dit: « Si être acteur, c'est tourner des trucs aussi nuls, je préfère être réalisateur. »»

Il tourne alors un premier court-métrage, remarqué par des producteurs de clips. Il intègre Partizan Films, et devient réalisateur de clips et de pubs pendant dix ans. «Je rencontre Quentin Dupieux, Michel Gondry. Tout ce qu'il y a de plus branché et pointu à l'époque.» Un jour, le producteur Georges Bermann le convoque dans son bureau : «Toi, on sent que tu veux faire du cinéma. Tu as assez perdu de temps.»

Lellouche repasse derrière la caméra pour un court-métrage, Pourkoi... passkeu. Alain Attal le repère et produit son premier film, Narco, coréalisé avec Tristan Aurouet. Le tournage n'est pas une partie de plaisir. Surtout, Lellouche acteur a des fourmis dans les jambes. «Grâce à Yvan Attal, qui m'a donné une très belle scène dansMa femme est une actrice, j'ai eu envie de rejouer.»Rémi Bezançon l'enrôle pour incarner le pote squatteur de canapé de Vincent Elbaz dans Ma vie en l'air. «Ma carrière décolle. Je passe de rien à six scénarios par mois. Essentiellement des seconds rôles dans des comédies et des polars. J'ai fait un peu tous les films de voyou, de Mesrine à Spaggiari, en passant par le « gang des Postiches ».»

Lellouche rattrape le temps perdu, prend tout ce qui passe et revient sans cesse dans le giron de la bande des Petits Mouchoirs, point d'ancrage rassurant. «Gilles n'a peut-être pas été pris au sérieux tout de suite par le public et les critiques, admet Hugo Sélignac. Moi, je l'ai toujours considéré comme un leader et un fédérateur. En 2018, avecLe Grand Bain , il s'émancipe.»Si Guillaume Canet est de l'aventure, Lellouche va chercher d'autres acteurs qu'il admire. Il casse l'entre-soi. «J'avais envie d'un casting qui mélange les chapelles. J'ai pris beaucoup de plaisir à faire se côtoyer Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Philippe Katerine et Benoît Poelvoorde. Amalric est à l'opposé de moi. Il respire la créativité, c'est un acteur à la fois naturaliste et lumineux.»

Lellouche gagne ses galons de chef de bande. «Gilles a réussi à mettre cinq acteurs avec du bide dans l'eau,constate Poelvoorde, admiratif. Canet ne voulait pas se raser les jambes, Gilles a dû parlementer tout une nuit pour le convaincre. Philippe Katerine, lui, était ravi. Il battait des mains.» Lellouche doit beaucoup à Benoît Poelvoorde. L'acteur lui sauve la mise en remplaçant au pied levé un comédien qui le plante à dix jours du tournage de Narco. Lecteur assidu et réalisateur velléitaire, Poelvoorde lit en premier L'Amour ouf, de l'Irlandais Neville Thompson. «Le roman n'est pas très bon, mais l'histoire est sensationnelle.» Il le fait lire à Lellouche, emballé. Les deux amis se lancent dans l'adaptation. Le producteur Alain Attal a un plan pour qu'ils soient hébergés à la Villa Médicis, à Rome, bulle idéale pour bûcher. Ou pas. «On a surtout fait la fête,avoue Poelvoorde. Il doit exister une photo de Gilles derrière son ordinateur.» Il assure qu'il possède toujours un exemplaire du livre qu'il avait stabilobossé pour avoir bonne conscience. «La Villa Médicis a accueilli en son sein deux cancres phénoménaux,confirme Lellouche. Avec Benoît, on a confondu vacances et travail. On écrivait une page, on fêtait ça pendant deux jours. La cadence n'était pas dingue. On s'amusait trop, comme deux derniers de la classe. J'ai besoin d'être entouré de gens sérieux.»

La dolce vita n'explique pas tout. Les deux hommes n'ont pas la même vision du roman. «Je voulais faire un film social, Gilles un film de genre», explique Poelvoorde. «Le roman parle de mon adolescence,considère Lellouche. Le côté fresque des années1980 m'excitait beaucoup. Et j'aime le cinéma quand il est à la lisière du fantasme et du réel.»On est alors en 2006. «On ne lui met pas la pression,se souvient Alain Attal. G illes sait qu'on croit en lui. Il nous épate. On ne le lâche pas. Le bouquin est toujours resté sur la table. Je n'étais pas très riche à l'époque, mais, au lieu de prendre une option, j'achète les droits à vie.»

Les années passent et le casting dont rêve Lellouche n'est pas le même en 2023 qu'à la première lecture du roman, dix-sept ans plus tôt. Le générique de L'Amour ouf est une photo de classe de la nouvelle génération. «C'est un film dédié à la jeunesse. Le casting est composé d'acteurs que j'ai rencontrés au fil de mes tournages. Adèle Exarchopoulos et François Civil dans BAC nord, Vincent Lacoste et Jean-Pascal Zadi dans Fumer fait tousser... » On peut aussi citer Anthony Bajon, Raphaël Quenard, Karim Leklou, et les jeunes Mallory Wanecque et Malik Frikah. À travers eux, Lellouche cherche à renouer avec la fougue des premières fois sur un plateau et avec sa folle envie de cinéma. «J'aurais payé pour faire ce métier quand j'étais jeune» ,dit celui qui, ado à Fontainebleau, allait deux fois par semaine au cinéma et voyait tout - Retour vers le futur comme Indochine, Backdraft comme Un monde sans pitié - entre deux films d'horreur loués au vidéoclub.

«Plutôt que d'opposer les deux premières périodes de sa carrière, je dirais que Gilles a trouvé une connexion avec la jeunesse depuis les cinq dernières années,souligne Hugo Sélignac. Il a accepté d'être le vieux de la bande. Mais pas un vieux con. Il a compris qu'il pouvait pomper l'énergie de ces jeunes acteurs. Il se reconnaît en eux.»

On le reverra en vieux de la bande en décembre dans Leurs enfants après eux, d'après le roman de Nicolas Mathieu. Lellouche a convaincu l'écrivain de lui céder les droits. «On avait la même vision. On a eu à peu près la même adolescence. Les mêmes endroits d'errance, d'ennui, sur fond d'amour impossible et de lutte des classes.» Alors pris dans l'écriture de L'Amour ouf, il se rend compte que mener de front l'adaptation de Leurs enfants après euxest impossible. Il voit alors Teddy, le film de Ludovic et Zoran Boukherma, jumeaux à peine trentenaires. «Une esthétique démente. Et déjà l'histoire d'un gamin amoureux de la belle du lycée. Je leur file le livre. Ils l'adorent. J'arrive à convaincre Alain Attal et Hugo Sélignac de les produire. Les Boukherma écrivent le scénario en un an. J'étais un peu jaloux.» Ludovic Boukherma, lui, n'en revient toujours pas de la confiance que leur a accordée Lellouche. «Gilles avait aimé la façon dont on avait filmé la France périphérique, celle dans laquelle on a grandi et la seule qu'on connaît. On était surpris qu'un acteur et réalisateur de cette envergure veuille nous rencontrer. Faire ce film, c'est un changement d'échelle énorme pour nous, et une opportunité incroyable.»

Lellouche, coproducteur et acteur - il interprète le père -, n'est pas peu fier du résultat, dévoilé à la Mostra de Venise, où le film était en lice pour le lion d'or. «C'est plastiquement très beau et très touchant.» Et aussi personnel que L'Amour ouf. Une oeuvre nourrie de ses impressions adolescentes et de ses souvenirs familiaux. «J'ai voulu rendre hommage à mes parents. Il y a beaucoup de ma mère dans le personnage d'Élodie Bouchez, et même dans celui d'Alain Chabat. Chez Karim Leklou, on retrouve le côté taciturne de mon père. Les parents de la génération de mon père, c'était un autre monde. On n'était pas copains avec ses enfants. J'avais aussi envie de parler de la bêtise, de la vengeance, du déterminisme.»

Quand la fièvre de L'Amour ouf retombera, Lellouche redeviendra l'acteur « bankable » qu'il est aujourd'hui. Une série d'après Le Fugitif (le film avec Harrison Ford) et un grand classique de Victor Hugo (Les Misérables ?) sont dans les tuyaux. Impossible de dire quand il repassera derrière la caméra. «On serait très contents que Gilles accélère le tempo,concède Alain Attal . Si on peut refaire un film dans trois ans, on sera très heureux. Mais il n'est pas Woody Allen.» Gilles Lellouche est déjà Gilles Lellouche et ce n'est pas de tout repos. E.S.

Le Monde
Culture, samedi 23 novembre 2024 1700 mots, p. 20
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21 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Reportage

En Ukraine, un village mémoire du cinéma

Tourné à Kryvorivnia en 1963, « Les Chevaux de feu », de Sergueï Paradjanov, est projeté à Paris, le 23 novembre

Anna Koriagina

Kryvorivnia (Ukraine) -envoyée spéciale - Il est 9 heures à Kryvorivnia, un village de 1 500 âmes dans les Carpates ukrainiennes, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière roumaine. Dans la petite église en bois qui le surplombe, le prêtre Ivan Rybarouk ouvre une liturgie « pour la liberté et la dignité de[son] peuple ». Il a instauré ce rituel matinal il y a plus de mille matins, quand la Russie a lancé son invasion, le 24 février 2022. Il dénombre les prénoms de celles et ceux, originaires de la région, morts au combat : « Youri, Stepan, Iryna, Vassyl, Rouslan, Ganna… » La liste est longue, et il lui arrive de perdre son souffle.

Pourtant, il y a soixante ans, Kryvorivnia a connu des jours bien plus heureux. Les femmes aux foulards colorés qui écoutent le prêtre, des gamines alors, se souviennent bien des nombreuses voitures arrivant d’un coup en mai 1963 dans cette vallée protégée des vents et de l’effervescence urbaine par les montagnes avec, en tête, un homme barbu très agité. Ainsi commence l’épopée du tournage des Chevaux de feu, le film qui a révélé le réalisateur Sergueï Paradjanov (1924-1990). La première projection française de ce film en version restaurée aura lieu, samedi 23 novembre, au Christine Cinéma Club, à Paris, lors du festival Un week-end à l’Est, qui dure jusqu’au samedi 30 novembre.

En 1965, à la sortie des Chevaux de feu, le monde entier découvre le nom de Sergueï Paradjanov. Le film reçoit une cinquantaine de prix sur tous les continents. Son créateur, lui, n’arrive pas à travailler en URSS ni à quitter le pays. « Donnez-moi plutôt un aller simple », rigole-t-il, invité à plusieurs festivals. Quand Charles de Gaulle se rend à Kiev en 1966, sa femme, Yvonne, souhaite rencontrer cet auteur dont le film était passé récemment en France. Fidèle à sa manière d’épater ses invités, Paradjanov coupe l’électricité dans tout l’immeuble, place de la Victoire, à Kiev, et met des cierges à chaque étage. Mme de Gaulle monte six étages à pied. Aujourd’hui, il est presque impossible de démêler le mythe de la réalité sur cette « terre des Houtsoules oubliée par Dieu et par les gens », comme la présente le film.

Rituels sacrés

Une chose est sûre, selonIvan Zelentchouk, conservateur du parc naturel de Verkhovyna et connaisseur de la Houtsoulie, cette mystérieuse région montagnarde : « Un jour de fête, il y a deux cents ans, un homme de la famille Paliytchouk a été poignardé par son rival de la famille Gouteniouk devant l’église »et leurs enfants, Ivan et Maritchka,se sont aimés au lieu de se venger. Au vieux cimetière du village, sur les dizaines de croix abîmées par le temps, on peut encore lire le nom de Gouteniouk. Quant aux Paliytchouk, on n’en retrouve plus de trace.

Un chantre du village va raconter cette histoire à Mykhaïlo Kotsioubynsky (1864-1913), grand écrivain ukrainien qui passe ses vacances à Kryvorivnia en 1910. Deux ans plus tard voit le jour sa nouvelle Les Ombres des ancêtres oubliés, considérée comme une œuvre moderniste majeure dans la littérature ukrainienne. Ces Roméo et Juliette ukrainiens sont désormais immortalisés. Un demi-siècle plus tard, sous le ciel soviétique, les studios de Kiev décident de produire un film à l’occasion du centenaire de la naissance de Kotsioubynsky. Leur choix se porte sur Sergueï Paradjanov.

Né à Tbilissi de parents arméniens sous le nom Sarkis Paradjanian, le réalisateur est arrivé en Ukraine en 1952 après ses études à l’Institut national de la cinématographie (VGIK) à Moscou. Quarantenaire ambitieux, il tourne des films dans l’esprit du réalisme socialiste prôné par le parti et cherche une histoire qui le révélerait enfin en tant qu’auteur. Il découvre celle d’Ivan et Maritchka, et les planètes s’alignent. « Au début des années 1960, entre la mort de Staline et la fin du dégel, il y a comme une petite lueur de liberté », remarque Ivan Kozlenko, spécialiste du cinéma ukrainien à l’université de Cambridge. Cette liberté, Paradjanov va la croquer à pleines dents.

« Tu verras, je vais faire un film génial », annonce le cinéaste en toute modestie au jeune compositeur Myroslav Skoryk (1938-2020) pour le convaincre de rejoindre l’aventure. Comment résister à celui qui a fait de sa vie un mythe en fabulant sa propre biographie ? Skoryk va tisser la musique du film, une œuvre à part entière, en l’incrustant de spivanky, ces chants populaires qui accompagnent le quotidien des Houtsoules. Le coup d’envoi musical du film est donné par l’iconique trembita, une corne alpine de 3 mètres en bois de pin, à la fois l’instrument de musique et le moyen de communication qui rythme les journées de travail des bergers et qui annonce mariages, naissances et décès sur les hauteurs carpatiques.

Le tournage durera dix-sept mois le long de la Tchornohora, majestueuse chaîne de montagnes, « l’Olympe houtsoulien ». Les acteurs Ivan Mykolaïtchouk et Larissa Kadotchnikova, qui incarnent Ivan et Maritchka, sont accompagnés par une centaine de Houtsoules qui ont sorti, à cette occasion, leurs fameux habits traditionnels. « On appelait les femmes d’ici “les Parisiennes des Carpates”, tellement elles étaient élégantes », relate Ivan Zelentchouk.

Pour Les Chevaux de feu, Paradjanov plonge dans l’univers des rituels sacrés houtsouliens. Dans les années 1960, ils résistent encore à la main de fer des Soviétiques,parvenus dans cette région en 1939, soit quarante ans plus tard que dans le reste de l’Ukraine. « Même l’arrivée du christianisme sur nos hauteurs a été aussi lente que celle d’Internet », ironise Ivan Zelentchouk. Pour la dernière séquence du film, Paradjanov filme le rituel de grouchka, le dernier grand vestige des traditions païennes qui disparaîtra peu après le tournage. « La veille de l’enterrement, les petits et les grands, on dansait dans la maison du défunt pour célébrer son passage ailleurs. Le lendemain, on allait lui dire adieu à l’église », se rappelle la conservatrice Vassylyna Zelentchouk en ouvrant la porte grinçante de la khata-grazhda, l’imposante maison-musée du film qui avait accueilli le tournage.

« Un phénomène politique »

Pour accéder à cette petite mais solide forteresse montagnarde au bois noir, il faut traverser le Tcheremoch noir, une rivière sacrée qui zigzague en remplissant le village avec ses gargouillis et définit le cours de sa vie. « Elle déborde tous les cinquante ans. Nous, les montagnards, on a très peur de l’eau, glisse Vassylyna. Paradjanov, qui a grandi entouré par les montagnes, a bien saisi notre esprit », poursuit-elle . Fils d’antiquaire, passionné par ce métier, il a sillonné la Houtsoulie à la recherche des céramiques, des icônes et des œuvres en bois et en métal qui font la gloire de la région et dont déborde le film.

Quant au tournage, il va s’inscrire dans la mythologie houtsoulienne moderne en raison de la force de caractère de ses protagonistes. Le chef-opérateur Iouri Illienko (1936-2010), que Paradjanov surnomme tendrement « le Tank », bouge avec la vitesse de l’éclair, sa caméra à la main. Sur le plateau, un éclairagiste membre du Parti communiste envoie une lettre à Kiev en disant qu’il n’a jamais vu un chef opérateur courir aussi vite, et que le film va certainement être un naufrage. Paradjanov, adepte des plans statiques, médusé, jette la pellicule – achetée à prix d’or – dans le Tcheremoch. « Je vais te massacrer ! », hurle Illienko un jour, le menaçant devant l’équipe. « Illienko racontait qu’ils avaient convenu un duel le lendemain avec des pistolets de Houtsoules, se souvient Serhi Trymbatch, l’historien du cinéma. Mais il avait plu dans la nuit, le Tcheremoch avait débordé en emportant les pontons, et Illienko n’avait pas pu se rendre sur place. » Le lendemain, le visionnage des premières séquences les réconcilie.

La première du film à Kiev, en septembre 1965, au cinéma Ukraine, à deux pas de la place Maïdan, se transforme en manifestation avec, en toile de fond, les récentes arrestations des artistes ukrainiens. Une lueur de liberté s’éteint. « Le film est devenu un phénomène culturel et politique. Il a reconnecté le cinéma ukrainien à ses racines et soudé la dissidence ukrainienne »,analyse Joshua First, l’auteur de Sergei Paradjanov. Shadows of Forgotten Ancestors (« ombres de nos ancêtres oubliés », Intellect, 2016, non traduit), un livre d’étude sur le cinéma de Paradjanov. Avec ce « drame poétique », le réalisateur devient un des pères cofondateurs du cinéma poétique ukrainien, qui puise ses origines dans l’univers imagé de Gogol et qui fleurira dans les films de Iouri Illienko, interdits en URSS, et d’Ivan Mykolaïtchouk, qui passera derrière la caméra.

Durant les années 1970, Paradjanov multiplie les discours publics que le parti a de plus en plus du mal à digérer. « Il n’était pas un dissident, mais dans un pays où il n’y a pas de liberté, un homme libre constitue un danger », résume Serhi Trymbatch. Mis en prison en 1973, Paradjanov y passera quatre années qui vont ruiner sa santé. Grâce à une mobilisation internationale à laquelle se joindront Bernardo Bertolucci, Michelangelo Antonioni, Yves Saint Laurent et Louis Aragon, il sera libéré et tournera des films en Arménie et en Géorgie. Il mourra d’un cancer du poumon en 1990 à Erevan, un an avant l’effondrement de l’URSS.

En quittant Kryvorivnia au crépuscule, on fait un détour par une maisonnette blanche où vit celle que Paradjanov aurait demandée en mariage en plein tournage et dont il aurait reçu en retour un « non » majestueux. Ganna Tchabaniouk, une des habitantes houtsoules qui ont participé au film, refuse d’en parler aujourd’hui : « Je n’ai rien à dire sur ce qui s’est passé il y a un demi-siècle. Je suis vidée par cette guerre. » Son neveu Vassyl vient de rentrer du front du Donbass avec une blessure à la jambe et ayant subi sa cinquième commotion. Elle s’excuse et ferme le portail. Ici, rares sont les alertes aériennes, et les nuits sont calmes. Mais Kryvorivnia paye son prix : seize personnes ont donné leur vie sur le front, et sept sont portées disparues.

Le Figaro, no. 24919
Le Figaro et vous, samedi 5 octobre 2024 1365 mots, p. 28

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4 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

LEONARD SLATKIN : « TOUT BON CHEF D'ORCHESTRE DOIT FAIRE SON CINÉMA ! »

POUR SES 80 ANS, L'EX-DIRECTEUR MUSICAL DE L'ORCHESTRE NATIONAL DE LYON RETROUVE LA PHALANGE POUR QUINZE JOURS. ET RETRACE EN CONCERT LA FANTASTIQUE ÉPOPÉE MUSICALE DE SA FAMILLE, COMMENCÉE AVEC L'ÂGE D'OR DES STUDIOS HOLLYWOODIENS.

Hillériteau, Thierry

Fraîchement débarqué de Dublin, où il présidait à la création du dernier opus de son fils, Voyager 130, le chef américain Leonard Slatkin nous a reçus avant la carte blanche que lui offre l'Orchestre national de Lyon. L'occasion d'évoquer la « parenthèse française enchantée » de son travail avec cette formation. Et de revenir sur l'héritage de ses parents, figures de l'âge d'or de Hollywood.

LE FIGARO. - Dans votre carrière, qu'a représenté votre travail avec l'Orchestre national de Lyon ?

LEONARD SLATKIN. - J'ai passé six années à Lyon, de 2011 à 2017, en tant que directeur musical. Ce furent les six années les plus heureuses de ma vie, et si j'avais connu cet orchestre plus tôt j'aurais sans doute privilégié une carrière européenne ! Une de mes grandes fiertés est d'avoir vu cette formation s'ouvrir sur la ville. L'intégration de l'orchestre dans la communauté a toujours été une préoccupation majeure dans chacun de mes postes de direction. À condition que cela aille de pair avec l'évolution artistique ! Dans le cas de Lyon, nous sommes allés chercher une virtuosité des bois et des cuivres inédite, tout en préservant me semble-t-il le sentiment du collectif. À titre personnel, j'ai aussi toujours ressenti une connexion forte avec la culture française. L'un de mes mentors, comme étudiant, fut Jean Morel. Il a été oublié de ce côté-ci de l'Atlantique mais fut l'un des plus grands pédagogues des États-Unis. L'équivalent de ce qu'un Jorma Panula est pour l'école de direction finlandaise. Il a formé James Levine, James Conlon, Herbert Blomstedt, en mettant le répertoire français au coeur de son enseignement. Ravel, Debussy, mais aussi Rameau, Pierné, Dukas !

Vous avez défendu le répertoire français mais le délaissez, cette fois, pour revenir à vos racines américaines.

Il y a quelques mois, il m'est arrivé une chose étrange. On m'a demandé de diriger à Los Angeles un concert hommage à Bob Peak, créateur d'affiches mythiques du cinéma, de My Fair Ladyà Superman. La première partie comprenait des musiques de films, la seconde des créations commandées à dix compositeurs d'aujourd'hui. Le concert avait lieu au Walt Disney Concert Hall mais nous répétions dans la salle d'enregistrement de la 20th Century Fox... où mon père fut violoniste, arrangeur et chef pendant trois décennies ! Parmi les dix compositeurs se trouvait la fille d'Alfred Newman, le directeur musical de mon père ! Ce fut une révélation. J'ai réalisé que cette année devait être une célébration de ma famille plus que de moi-même. De ces trois générations qui, de mon père à mon fils, ont baigné dans la musique et le cinéma depuis un siècle. C'est pourquoi ces concerts lyonnais comportent, en plus d'oeuvres phares du répertoire américain, comme la Troisième symphoniede Copland ou le Concerto pour violonde Barber, des pièces des membres de ma famille. Qu'il s'agisse de mon fils, de mon père ou de ma femme (la compositrice Cindy McTee, NDLR).

Vous aussi êtes compositeur !

C'est un aspect de ma carrière que peu connaissent. J'ai commencé à composer jeune. J'ai étudié auprès de Mario Castelnuovo-Tedesco, qui eut aussi pour élève John Williams ! Lorsque j'ai commencé à diriger, j'ai mis ça de côté. Jusqu'à ce que je sois nommé à l'Orchestre de Saint Louis, dans le Missouri. Une personnalité phare de la ville était Vincent Price, célèbre pour ses participations aux premiers films d'horreur et son rire démoniaque dans Thriller, de Michael Jackson. J'ai eu envie de lui composer The Raven, inspiré d'Edgar Allan Poe, son écrivain favori. Presque un concerto pour acteur, que nous redonnerons à Lyon, cette fois avec Lambert Wilson.

Vincent Price a-t-il un lien avec votre père ?

L'un des premiers films où il est apparu était Le Chant de Bernadette, en 1943. L'une de ces épopées bibliques dont l'époque avait le secret. Alfred Newman en avait composé la musique, mais mon père en avait fait un arrangement. En tombant dessus, mon épouse et moi-même en sommes devenus fous. C'est extrêmement romantique. Typique de l'âge d'or de Hollywood. Nous sommes allés trouver les studios mais le matériel, bandes et partitions, avait été jeté. Cindy a entrepris de tout réécrire d'oreille. C'est cet arrangement que nous jouerons en bis, avec violon et violoncelle solo. Les instruments de mon père et de ma mère, tout un symbole.

Quels souvenirs gardez-vous de cette enfance hollywoodienne ?

Mon père travaillait à la Fox. Ma mère comme mon oncle étaient solistes pour la Warner. Mes parents rentraient des studios vers 17 heures. On passait à table à 18 heures. Tout de suite après, ils se mettaient à répéter avec le Hollywood String Quartet, qu'ils avaient fondé. Parfois jusqu'au matin. J'étais à l'étage, j'entendais toute la soirée les grands quatuors du répertoire mais aussi toutes sortes de musiques, pour le cinéma ou la variété, car mon père était orchestrateur pour de grands chanteurs. Ce fut la meilleure des écoles. Nous passions notre temps avec Frank Sinatra ou John Williams. Ce n'est que bien plus tard que j'ai compris quels incroyables musiciens avaient été mes parents, pour côtoyer d'aussi près tant de talents différents. Ils faisaient partie de mon paysage musical au même titre que Beethoven ou Stravinsky. Duke Ellington a parfaitement résumé : « Il n'y a que deux musiques : la bonne et l'autre. »

Et la tradition familiale se poursuit...

Mon fils m'a annoncé il y a quelques années qu'il voulait composer pour le cinéma. Un choc. Pendant son enfance, il n'avait manifesté aucun intérêt pour la musique. Mais j'ai moi-même mis des années à revenir à la composition, et à me « réconcilier » avec l'histoire familiale. Lorsque j'ai commencé à diriger dans les années 1960, mon père était décédé et je ne voulais surtout pas qu'on me présente comme « le fils de Felix Slatkin ». Aujourd'hui je suis fier de diriger dans un même concert une oeuvre de mon père et une de mon fils. Quel musicien a cette occasion ? Voyager 130, la pièce de mon fils que je viens de créer à Dublin et que nous donnerons à Lyon, est une merveille. Un hommage au programme spatial Voyager et au Golden Record envoyé dans l'espace à destination d'éventuels aliens pour leur faire entendre les sons de la Terre. Il y a une dimension très cinématographique.

Cette dimension cinématographique de l'orchestre, n'est-ce pas ce que vous avez toujours défendu ?

Est-ce parce que mon éducation s'est faite d'abord par le quatuor, ou que mes rencontres avec le cinéma passaient d'abord par la musique ? Toujours est-il que j'ai été attiré par la dimension abstraite du symphonique beaucoup plus que par l'opéra, où l'on vous dicte l'histoire en vous imposant des images. Avec le symphonique, c'est vous qui faites le film. Tout bon chef d'orchestre doit faire son cinéma. Ce pouvoir de l'imagination stimulé par le sonore est extraordinaire, attention à ne pas l'effacer dans notre civilisation régie par l'image. J'ai dirigé beaucoup de ciné-concerts dans ma carrière, y compris à Lyon. Je préfère les ciné-concerts de films des années 1950 ou 1960, où il y a une marge d'erreur, de décalage, et donc une magie de l'instant : pour les blockbusters d'aujourd'hui, la technologie rend la présence du chef totalement sans intérêt. Mais je suis partagé lorsque

je vois qu'aux États-Unis les orchestres ne communiquent que sur leurs ciné-concerts, et ne font plus la promotion du répertoire symphonique américain dont ils sont les garants. Cela va de pair avec la disparition totale de l'éducation artistique à l'école et le désintérêt des gouvernements pour l'art en général. Enfant, j'ai grandi dans une école publique. Nous avions trois choeurs, deux jazz-bands, un orchestre, un compositeur en résidence... Tout a changé avec Reagan. Il est troublant de songer qu'il a fallu un acteur président pour que cesse le soutien aux artistes !

Carte blanche à Leonard Slatkin : jusqu'au 11 octobre à l'Auditorium national de Lyon (69). www.auditorium-lyon.com

Le Figaro, no. 24954
Le Figaro et vous, vendredi 15 novembre 2024 1435 mots, p. 32

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14 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

BRUNO COULAIS : « AVANT « LES CHORISTES » , JE DÉTESTAIS LES CHOEURS D'ENFANTS ! »

ALORS QUE LE FILM DE CHRISTOPHE BARRATIER FÊTE SES VINGT ANS, LE COMPOSITEUR DE SA BANDE ORIGINALE REVIENT SUR SON SUCCÈS ET SA CARRIÈRE PROTÉIFORME.

Hillériteau, Thierry

Pour 8 millions et demi de spectateurs, il reste le père des musiques du pensionnat Fond-de-l'Étang. Celui à qui le pion Clément Mathieu emprunte les notes si simples qu'elles en deviennent obsédantes pour transformer les enfants terribles du pensionnat d'après-guerre en véritables Petits Chanteurs à la croix de bois. Pourtant, les succès de Bruno Coulais ne sauraient se limiter à celui des Choristes , dont on fête les 20 ans de la sortie. En 45 ans de carrière, le compositeur a révolutionné le monde du cinéma français en y apportant un langage musical profondément original et singulier. Puisant tour à tour son inspiration dans les musiques expérimentales ou les musiques du monde.

- Du documentaire Microcosmos, qui lui valut son premier César, au dessin animé Coraline, qui vit sa consécration aux États-Unis, la liste de ses contributions pour le septième art donne le tournis. Tant par son nombre (Belle, le film maudit de Benoît Jacquot, constitue son centième long-métrage !) que par sa diversité. Ce qui ne l'empêche pas de composer également pour le concert. Son Diptyque sur le Cantique des cantiques, enregistré en première mondiale par le contre-ténor Paul Figuier sur l'album Anima mea, vient de sortir chez La Musica.

LE FIGARO. - Comment passe-t-on du Fond-de-l'Étang des Choristes au Cantique des cantiques ?

- BRUNO COULAIS. - Grâce au pianiste Denis Pascal. Nous nous étions rencontrés il y a des années en Corse. Son toucher, sa façon d'appréhender le son m'ont tout de suite plu et nous sommes devenus amis. Puis il m'a présenté à Paul Figuier. Sa voix représentait tout ce que je recherchais. Une singularité et en même temps une simplicité qui tranchaient avec les écoles lyriques. Lorsque ce dernier m'a proposé de lui écrire une pièce sur le Cantique des cantiques,j'ai immédiatement accepté. Aussi parce qu'il y a dans ce texte sacré quelque chose d'à la fois très sensuel et très mystérieux. Qui ne se livre pas totalement. Et c'est précisément ce mystère que je cherche toujours lorsque je compose. Que ce soit pour le concert ou le cinéma.

LE FIGARO. - Comment cela ?

- Je n'aime pas lorsque la musique suit le sens du texte ou de l'image. Au cinéma, j'ai toujours pris un malin plaisir à l'éviter. Il n'y a rien que je crains davantage que d'écouter un réalisateur me lire son scénario ! (Rires.) J'ai besoin de l'image pour composer. De voir ce qu'il y a de secret dans le film. Ce que l'histoire ne dit pas, mais que suggère sa lumière. C'est souvent de là que je pars. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai tant aimé travailler avec des artistes, chanteurs ou instrumentistes, qui viennent des musiques traditionnelles. Il y a dans leur langage quelque chose d'intemporel, qui nous échappe. À la fois très loin et très proche. Comme une familiarité de l'ailleurs que je ne retrouve pas, par exemple, dans les voix d'opéra que je trouve davantage connotées dans le temps.

Le grand public vous connaît en grande partie grâce au succès des Choristes, dont on fête les 20 ans. Comment avez-vous vécu le succès du film et de sa musique à l'époque ?

- C'était une période où je n'allais pas très bien. Et, je peux le dire, maintenant. Avant de faire ce film, je détestais les chorales d'enfants ! (Rires.) Elles me tombaient littéralement des oreilles. Me rappelaient le patronage. Tout ce que je haïssais. Le réalisateur Christophe Barratier a eu beaucoup de patience. Et moi un mal fou à m'y mettre. Jusqu'à ce que trouve cette mélodie simple qui allait devenir Vois sur ton chemin.À partir de là, j'ai commencé à m'amuser. Puis le film est sorti. Je croulais sous le travail et n'ai pas tout de suite réalisé le succès. Lorsque je l'ai découvert, j'ai été le premier surpris. Et le suis toujours. Il ne se passe pas un jour sans qu'on me demande l'autorisation d'utiliser Vois sur ton chemin.

LE FIGARO. - Cela vous agace-t-il, parfois ?

- Au début. On ne me parlait que de ça. J'avais le sentiment de voir toute ma carrière réduite à ce banal chant harmonisé, qui n'était même pas tellement représentatif de mon travail depuis trois décennies. Maintenant, je l'accepte avec plaisir. Parfois, vous faites une musique que vous trouvez épatante et qui ne fait pas trois strapontins. Parfois, quelque chose qui vous paraît presque anecdotique touche des millions de gens. Et j'avoue qu'il m'arrive d'être ému en entendant des gamins qui n'étaient même pas nés au moment de la sortie du film, chanter cette musique avec une telle ferveur.

Bien avant Les Choristes, la voix a toujours fait partie de vos univers sonores. Pourquoi ?

- Je viens d'une famille où l'on chantait énormément et où chacun écoutait sa musique tout le temps et partout. Pour mes frères et soeurs, c'était de la pop, pour ma mère Haydn, pour moi des choses beaucoup plus expérimentales. Cela m'a permis d'apprendre très tôt à m'emmurer dans le bruit, ce qui est d'une grande aide, car je suis capable de composer n'importe où. Mais cela a aussi développé chez moi une attirance pour les voix protéiformes. Au cinéma, j'ai beaucoup aimé travailler avec elles. Notamment la voix d'enfant. Pas pour la traiter comme quelque chose de beau ou de pur comme dans LesChoristes, mais au contraire comme quelque chose de terrifiant. Peut-être parce que, l'enfance, c'est l'âge des premières terreurs. En tout cas, j'ai toujours aimé apporter du fantastique avec des voix d'enfants. Lorsque je ne m'en sers pas pour foutre la pétoche aux spectateurs ! (Rires.)

Comme dans Microcosmos ?

- On voulait que le spectateur soit plongé dans un monde fantastique dès l'ouverture du film. Qu'il comprenne qu'on n'était pas dans un documentaire de la BBC, mais dans une fiction ! Donc j'ai pris cette petite comptine toute douce en apparence, chantée en anglais par mon fils, qui a eu ensuite la mauvaise idée de muer et que je n'ai pas pu réutiliser par la suite. On l'a associée à ces cordes étranges, qui bourdonnaient telles des insectes. Je crois que ça a bien fonctionné.

Au point de vous valoir un César et une Victoire de la musique. Ce qui frappe, quand on réécoute cette musique, c'est son côté encore très moderne, expérimental... Aux antipodes des Choristes. En quarante-cinq ans de carrière, vous semblez échapper à toute classification !

- Être associé à une école de musiques de films est quelque chose que j'ai toujours rejeté. Je n'envisage pas la musique comme un genre en soi. La musique de films encore moins. J'ai eu la chance de commencer très tôt à composer pour le cinéma, dès 18 ans. De collaborer avec un nombre incalculable de cinéastes aux univers très différents. Si demain je veux écrire une musique atonale pour très grand orchestre, et le jour d'après une musique d'inspiration sacrée pour voix bulgares, je peux le faire sans complexe. C'est l'apport du septième art. Il m'a fait comprendre que ce n'est pas le genre qui importe, mais la sincérité. Sans lui, je serais encore à me rêver compositeur de musique classique contemporaine tout en méprisant celle des autres ! (Rires.)

LE FIGARO. - Composer pour le cinéma, avec toutes ses contraintes, n'engendre-t-il pas de frustration ?

- Pas chez moi. Je conçois chaque film comme un terrain d'expérimentation potentielle. Il y a un côté schizophrène dans le fait d'être là pour servir un film, un auteur, et en même temps vouloir faire une musique qui ne ressemble qu'à soi. Mais j'ai eu la chance d'être à bonne école, avec des réalisateurs qui étaient de vrais auteurs. Je pense à des gens comme Christine Pascal, Jacques Davila, Nico Papatakis, Laurent Heynemann, Josée Dayan... Ce qu'il y a de bien avec les auteurs, c'est qu'ils se méfient de la musique. Ils ont peur de ce qu'elle peut leur apporter. Cela oblige à chercher le juste équilibre.

LE FIGARO. - En quarante-cinq ans de carrière, de quoi êtes-vous le plus fier ?

- J'ai tout aimé. Aussi bien travailler pour l'animation que pour des documentaires. Pour Benoît Jacquot que pour Alain Chabat, Frédéric Shoendoerffer, Mathieu Kassovitz ou Jacques Perrin. Sur cette merveilleuse aventure de Bertrand Tavernier que fut son Voyage à travers le cinéma français, que sur des comédies comme Brice de Nice ! J'ai de la chance. Très peu de mes musiques ont été refusées. Une seule, en fait. Si j'en avais eu plusieurs j'aurais pu faire un disque ! (Rires.)

Le Figaro, no. 24950
Le Figaro et vous, lundi 11 novembre 2024 1959 mots, p. 22

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10 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

CLAUDE LELOUCH : « AVANT JE VIVAIS LA VIE, MAINTENANT, JE LA DÉGUSTE »

À 87 ANS, LE RÉALISATEUR D' « UN HOMME ET UNE FEMME » SORT UN NOUVEAU FILM ET UN LIVRE D'ENTRETIENS. ET LA CINÉMATHÈQUE, À PARIS, LUI CONSACRE UNE RÉTROSPECTIVE. RENCONTRE AVEC UN ÉTERNEL OPTIMISTE AUSSI ÉMERVEILLÉ QU'À SES DÉBUTS.

Neuhoff, Eric

C'est un débarquement à lui tout seul. Le général Lelouch arrive avec son armée, autrement dit : un nouveau film, une rétrospective à la Cinémathèque et un luxueux recueil d'entretiens avec deux journalistes pointus, qui a nécessité vingt ans de travail et qui est le meilleur livre de cinéma depuis le Hitchcock-Truffaut de prestigieuse mémoire. À 87 ans, le réalisateur d' Un homme et une femme garde une foi, un enthousiasme de jeune homme. Tout sauf blasé, il a filmé le Tour de France et les JO, détruit la copie d'un de ses premiers longs-métrages, réussi à glisser Lino Ventura dans un lit avec une dame, a cassé la figure à un journaliste et professe que «l'amour est la seule religion au monde qui compte plus de pratiquants que de croyants». Rencontre avec un athlète complet du septième art.

- LE FIGARO. - Vous aviez dit queFinalementserait votre dernier film. C'est vrai ? - CLAUDE LELOUCH. - Non, parce qu'il m'a donné très envie d'aller un peu plus loin. Il faut aussi essayer de ne pas faire le film de trop, ce qui est arrivé à trop de metteurs en scène que j'ai admirés. À l'âge que j'ai (87ans, NDLR), je commence à voir la ligne d'arrivée. Je vais parler de tout ce qui m'a intéressé, la santé, qui est incontournable, l'amour qui a été pour moi au coeur de mon travail (j'adore savoir pourquoi on se donne tant de mal pour entrer dans le même lit et autant de mal pour en sortir), l'amitié (l'amour sans les emmerdes), la famille, qui est compliquée (j'ai eu sept enfants avec cinq femmes différentes) et puis l'argent qui permet d'acheter en solde l'amour, l'amitié et tout le reste. J'ai toujours filmé mon intime conviction. On est d'accord ou pas avec.

LE FIGARO. - Elle a changé, cette intime conviction ?

- Oui. Nous sommes en train de vivre une époque charnière. Nous avons tous les outils pour fabriquer un monde nouveau ou pour précipiter sa fin. Il y a 8 milliards de gens aujourd'hui qui filment. Les grands reporters sont dans la rue. Mais il faut leur apprendre à filmer, parce qu'ils ne savent pas. J'ai créé des ateliers de cinéma à Beaune pour ça.

LE FIGARO. - Ça s'apprend, le cinéma ?

- Bah non. Le cinéma est un art naturel. Vous êtes en train de me filmer ; je suis en train de vous filmer. Vos yeux, c'est la plus belle caméra du monde, vos oreilles les plus beaux micros et votre mémoire la plus belle salle de montage. Ce qu'il faut, c'est avoir l'esprit de synthèse et aller à l'essentiel. Il s'agit de réduire en une heure et demie la vie d'un homme de 60 ans. C'est là que se trouve le talent. Moi, au départ, je pensais devenir cameraman d'actualités. Je l'ai fait un petit peu. J'ai filmé le Vietnam, l'Algérie, Budapest. À Moscou, j'ai eu la chance de passer une journée sur le plateau de Quand passent les cigognes, de Kalatozov et je me suis dit : «Voilà le métier que je veux faire.»

LE FIGARO. - Mais le reportage vous a servi dans vos films...

- Dans tous mes films, il y a du reportage. Dans le dernier, il y a le Festival d'Avignon. Ce mélange de réalité et de fiction, ça a fait mon cinéma. Je me donne beaucoup de mal pour qu'on croie à mes histoires. J'aime tous les genres de cinéma, mais si je ne crois pas à l'histoire, je sors du film. Ce que j'aime, ce sont des héros qui ont les qualités de leurs défauts. Scarlett O'Hara, c'est une salope géniale. Belmondo dans Itinéraire d'un enfant gâté, il plaque sa famille quand même.

LE FIGARO. - Tout plaquer, c'est quelque chose que vous pourriez faire ?

- Oui, j'ai failli. Avant Itinéraire, je m'étais barré. J'étais sur la route. Jean-Paul m'appelle. Je lui dis : «Écoute, j'en ai marre, je me tire. j'ai tout et ça ne me suffit pas.» Il me répond : «Arrête tout, ça va être un scénario formidable. Rentre vite, on va faire un film.» Dans Finalement, j'avais envie de faire le portrait de cet homme qui part au hasard. Dans ma vie, le hasard a été la personne la plus importante.

LE FIGARO. - Vous vous êtes débrouillé pour que le film sorte le 13, qui est votre chiffre fétiche...

- Franchement, je ne l'ai pas fait exprès. Il ne faut pas le provoquer, le 13. Il peut se fâcher. Le distributeur m'a dit : «Tiens, on a un créneau.»

LE FIGARO. - Il y a beaucoup de musique dans le film...

- J'aime la musique. Je joue un peu de piano. La musique est mon médicament principal. C'est ce qui parle à ma part d'irrationnel. Mon irrationnel me dit qu'on est là pour l'éternité ; le rationnel me dit qu'on est mortel. Le rationnel a le sens des affaires et me parle de tout ce qui ne va pas. C'est un trouillard. Dans mes films, je commence toujours par la musique. C'est un directeur d'acteurs, la musique. Je la leur fais écouter avant la prise. Cela réveille leur inconscient. À ce moment-là, ils ont des parfums de vérité. J'aimerais qu'on dise que j'ai été le metteur en scène de la spontanéité. Quand on est spontané, on peut même dire des conneries, ça passe.

LE FIGARO. - À un moment donné, votre personnage fait croire qu'il est réalisateur de films pornos. C'est un regret ?

- Si j'avais eu besoin d'argent, j'aurais pu, mais je l'aurais fait autrement, avec un peu d'élégance. En plus, dans mes films, je n'aime pas trop les scènes de cul.

- Vous faites des citations de vos films précédents, comme Truffaut

dansL'Amour en fuite...

- J'ai le sentiment de n'avoir fait qu'un seul film. Mes films font partie de l'album de famille du spectateur. Je voudrais que celui-ci soit la suite de L'Aventure, de La Bonne Année, des Uns et les autres. J'ai fait un seul film en 51 épisodes.

LE FIGARO. - Un livre, le film, on dirait qu'il y a un moment Lelouch...

- Il y a une part d'innocence chez moi qui agace et qui m'a permis de passer à travers les gouttes de la bêtise et des fâcheux. Je n'ai jamais eu la carte. Mais c'est drôle, il est en train de se passer quelque chose. La Cinémathèque me rend un hommage. C'est la première fois. J'aurai attendu soixante ans. Je ne pensais pas assister à ça de mon vivant. L'intelligentsia n'a jamais été d'accord avec mes films. Ce qui est fou, c'est que le film préféré de Kubrick, c'est La Bonne Année. Altman m'a dit qu'il n'aurait jamais fait Short Cuts s'il n'avait pas vu Les Uns et les Autres. Pareil pour Tarantino qui ne fait pas Pulp Fiction s'il n'a pas vu Le Voyou. Woody Allen m'a dit : «Quand j'ai vuUn homme et une femme, pendant quatre ans j'ai essayé de faire du Lelouch.» La carte, je l'ai eue de mes camarades metteurs en scène américains.

LE FIGARO. - Vous qui avez tourné avec tous les acteurs possibles et imaginables, vous n'avez jamais pris Depardieu...

- J'ai failli produire son premier film. Pierre Villemin, qui était le metteur en scène, vient me voir après une semaine et me dit : «Je me suis trompé, je ne suis pas fait pour la mise en scène, on va dans le mur. Donc, on arrête le film.» Je convoque les acteurs et les techniciens et je leur propose de les payer la moitié du film, trois semaines sur les six prévues. Tout le monde est d'accord, sauf Depardieu qui me dit : «Tu as du pognon, tu vas me payer la totalité.» J'ai répondu : «Je vais te payer et on ne travaillera jamais ensemble.»

LE FIGARO. - Aujourd'hui, avec ce qui lui arrive, vous l'engageriez ?

- Non, à cause de ce que je vous ai dit. Sinon, je m'en foutrais, parce qu'il a un talent fou, hors norme.

LE FIGARO. - Vous avez l'habitude d'écrire en voiture. Comment faites-vous dans Paris, maintenant ?

- J'ai mon portable qui se met en route à la parole. J'ai du mal dans un bureau, c'est trop calme. J'ai besoin d'être dans l'action, de voir la vie. Quand je prépare Les Uns et les Autres, je fais Paris-Rome aller et retour avec mon magnétophone. Un homme et une femme, c'était après un trajet jusqu'à Deauville, après la projection désastreuse des Grands moments. J'avais envie de mourir. Je n'ai jamais roulé aussi vite. Je me suis arrêté sur les planches, je me suis endormi, le soleil m'a réveillé et il y a eu cette image sublime d'une femme avec un enfant et un chien sur la plage à marée basse. Qu'est-ce qu'elle fout là à 6 heures du matin ? En me rapprochant d'elle, l'idée d' Un homme et une femme est arrivée.

LE FIGARO. - Vos films partent tous d'une image ?

- Toujours. D'une situation. J'ai besoin de partir d'une réalité. Je n'ai jamais menti, mais j'ai toujours exagéré. Chez moi, le magasin est ouvert 24 heures sur 24. Je ne prends pas de vacances parce que je ne sais pas quand une bonne idée peut arriver. Ça peut être un dimanche, pendant un enterrement, un mariage, à 3 heures du matin.

LE FIGARO. - Vous ne vous ennuyez jamais, alors ?

- Non. Ça n'est pas possible. Je pense qu'on a toute notre vie le même âge. Moi je dois avoir 17, 18 ans. Je suis encore dans l'émerveillement. On passe notre vie à faire des choses pour la première fois. On n'a pas fait l'amour deux fois pareil, on n'a pas bouffé deux fois pareil. Mais à l'âge que j'ai, je commence à faire des trucs pour la dernière fois. Je ne peux plus faire de ski. Je ressens l'essentiel encore plus que d'habitude. Avant je vivais la vie. Maintenant, je la déguste.

LE FIGARO. - Vous êtes à la fois producteur et metteur en scène. Ils ne doivent pas toujours s'entendre, non ?

- Le metteur en scène a toujours raison, chez moi. Je cède à tous ses caprices. Les chiffres, ah, ça me fait chier. J'essaie de ne pas péter plus haut que mon cul. Quand je suis pauvre, je fais des films de pauvre. Quand je suis riche, des films de riche. Demain matin, on me dirait : il n'y a plus rien, j'appellerais trois-quatre copains et avec mon portable je sais que je peux faire un film. C'est ça que je dis aux jeunes : tu prends ta caméra et tu t'amuses avec tes potes. Tant que tu n'auras pas tourné, tu ne sauras pas ce que c'est. Ça ne coûte rien, de faire un film, et tu vas tout comprendre. Si tu surmontes cette difficulté, tu peux devenir cinéaste.

LE FIGARO. - Quel va être votre prochain film, qui sera encore le dernier ?

- Alors en avant-première, voilà (il tend un scénario dont le titre estFinalement ça ne finira jamais ). -

« Le cinéma c'est mieux que la vie ». Entretiens avec Jean Ollé-Laprune et Yves Alion, Les Presses de la cité, 632 pages, 65 euros. Rétrospective à la Cinémathèque (Paris, 12e), du 11 au 24 novembre. www.cinematheque.fr

Le Monde
Culture, jeudi 3 octobre 2024 965 mots, p. 26
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2 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Théâtre

Dans « Contre », Cassavetes dans toute sa complexité

Au Vieux-Colombier, la pièce de Constance Meyer et Sébastien Pouderoux s’introduit dans le mental du cinéaste

Joëlle Gayot

La critique en prend pour son grade, en ce moment, sur les scènes parisiennes, avec deux spectacles qui se payent la tête de plumes expertes en leur domaine. Une concordance qui interroge, trouble et réjouit. Si la critique (au sens large) fait parler d’elle, c’est qu’elle n’est pas tout à fait morte. La preuve avec Contre, proposé au Théâtre du Vieux-Colombier, par Sébastien Pouderoux et Constance Meyer à la mise en scène.

Tandis qu’à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Angelica Liddell se réclame d’Ingmar Bergman pour régler leur compte aux journalistes dans une cérémonie funèbre d’une hiératique beauté (Dämon), au Vieux-Colombier, Pauline Kael, spécialiste du cinéma et éminente signature du New Yorker , subit les foudres et l’ironie de John Cassavetes.

« Le jour où elle aimera mes films, je cesserai de faire du cinéma », s’écrie, en substance, le réalisateur américain d’ Une femme sous influence (1974) à qui le comédien Sébastien Pouderoux prête son œil charmeur, sa voix métallique et sa dégaine décontractée. Pauline Kael (1919-2001), qui faisait la pluie et le beau temps sur le cinéma de son époque, serait-elle la véritable héroïne du spectacle ? Le doute est permis tant sa parole éclaire d’un jour singulier l’esthétique du réalisateur.

Inspirée de « la vie et l’œuvre de John Cassavetes et Gena Rowlands », cette représentation se concentre plus sur John qu’elle ne zoome sur Gena. La configuration du plateau en dit long sur la nature du cinéaste. Surchargée d’un fatras de bibelots, de vaisselle ou de livres, la scène cumule trois espaces en un seul. Une cuisine, une chambre, le bureau d’un commissariat où seront convoqués (et filmés) les témoins d’une agression physique dont le cinéaste s’est rendu coupable. L’amalgame inextricable entre lieux privés et publics est à l’image d’un créateur qui ne dissociait pas son travail de sa vie, allant, faute d’argent, jusqu’à tourner ses films dans sa propre maison.

Evitant le piège d’un biopic réducteur, le spectacle s’introduit dans le mental d’un artiste aussi entier et surdoué que l’homme pouvait être manipulateur et (auto)destructeur. Hors de question de l’embaumer d’un parfum hagiographique qui aurait asséché sa complexité. L’homme et l’artiste ne faisaient qu’un. Quitte à déplaire aux inconditionnels de Faces (1968) ou de Love Streams (1984), Contre explore les aspérités d’un génie lesté d’une bonne dose d’égoïsme, d’un soupçon de mépris pour qui n’était pas lui, et d’un désir si peu compatible avec la demi-mesure qu’il entraînait le sacrifice des petites mains.

Buté, borné, incapable de la moindre concession, ce génie ne supportait pas plus la médiocrité qu’il n’acceptait la contestation. « Vous êtes complaisant, hystérique et misogyne… vous êtes comme toutes ces émissions de télé. Vous filmez les gens et vous attendez qu’ils craquent. Vous les poussez à bout. Ça me dégoûte » : qu’elle se soit trompée ou pas, il fallait à Pauline Kael (épatante Dominique Blanc) l’arrogance que donne le pouvoir médiatique pour tenir tête à sa bête noire.

Trois angles d’attaque

Resserré autour de protagonistes-clés (Peter Falk et Gena Rowlands notamment) plus quelques personnages inventés de toutes pièces, le texte progresse par séquences en fondu enchaîné en alternant champ et contrechamp. Côté champ : le couple, son quotidien et son intimité rarement close sur elle-même (Peter Falk semble vivre à demeure). Côté contrechamp, deux lieux d’où émanent deux types de discours : le commissariat (où les témoins parlent de John) et les débats critiques (où les journalistes parlent de Cassavetes). Le cadre dramaturgique est posé. Un triangle, trois angles d’attaque. Le propos se développe à l’intérieur de ces lignes tranchantes et en humanise les arêtes grâce à un jeu sensible, émotif, expressif, à la lisière (parfois dangereuse) du psychologique. Un registre dans lequel excellent les acteurs de la Comédie-Française qui tous, sauf Pouderoux, assument plusieurs rôles.

Cette architecture étayée donne un spectacle plaisant mais un peu trop liquide et qu’on aimerait, par endroits, voir troué de jets de lave fumante. Cette frustration est attisée par une scène spectaculaire : l’intrusion du cinéma de Cassavetes dans le théâtre (qui est, à l’inverse, l’occasion de vérifier la théâtralité de son cinéma). Ce moment, on le doit à la performance exceptionnelle de Marina Hands rejouant la crise de nerfs de Mabel dans Une femme sous influence. Gena Rowlands partait en vrille sous le regard médusé d’ouvriers attablés autour d’un plat de spaghettis. Marina Hands en fait de même au Vieux-Colombier.

Gros plan sur une interprète hors norme. Ce qui pourrait n’être qu’un copier-coller mimétique est du présent à l’état pur dont on ne sait plus s’il ressort de la vie, du théâtre ou du cinéma. Une poignée de minutes brutales, pulsionnelles et à vif, un « ça » au vitriol libéré du surmoi. Le fond du fond de la folie. C’est pour obtenir « ça » que Cassavetes brûlait la chandelle par les deux bouts. A cause de « ça » que Pauline Kael avait tort. Comme quoi ceux qui écrivent l’histoire de l’art ne sont pas les critiques mais les créateurs. Même s’ils n’obtiennent pas la note de 20 sur 20, Sébastien Pouderoux et Constance Meyer sont loin d’avoir rendu copie blanche.

Ouest-France
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Culture, vendredi 8 novembre 2024 680 mots, p. OF Saint-Malo_33

Les plateformes à l’assaut des salles françaises

Pauline BOYER.

Écrans. Depuis quelques années, des plateformes de vidéos à la demande se lancent dans la production cinématographique. La nouveauté, c’est que vous verrez de plus en plus ces films au cinéma.

Longtemps boudées par le cinéma français, les plateformes de streaming parviennent peu à peu à se frayer un chemin en dehors du petit écran. Lors de l’événement Prime Video Presents qui a eu lieu le 25 septembre à Paris, le service de vidéo à la demande du géant Amazon a annoncé l’arrivée de huit productions Originals françaises qui, pour certaines, seront destinées à sortir d’abord en salles de cinéma avant de rejoindre la plateforme. C’est notamment le cas du film Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan , une coproduction inédite entre la plateforme et Gaumont, ouvrant la voie à de prochaines productions françaises.

La salle de cinéma, un lieu de prestige

Pourquoi les plateformes SVOD s’intéressent-elles aux salles obscures ? « On ne peut pas négliger le lieu légendaire qu’est la salle de cinéma. C’est un lieu de prestige, de notoriété avec une dimension presque mythologique en France,explique Philippe Marion, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain (Belgique) et co-auteur du livre La fin du cinéma ?De plus, recevoir des retours directs du public apporte une certaine gratification. »

Selon le média spécialisé en informations financières Bloomberg, Amazon et Apple envisageraient d’investir chacun un milliard de dollars par an dans la production de films destinés à des sorties en salle. Leurs derniers films ont été couronnés de succès : Coda (Sian Heder) sur Netflix, récompensé de l’Oscar du meilleur film en 2022 ou encore Killers of the Flower Moon (Martin Scorsese) pour Apple TV + ; Challengers (Luca Guadagnino) qui a fait sa route jusqu’aux salles pour Prime Video.

Avec cette stratégie d’ouverture, les plateformes se prêtent au jeu des festivals de cinéma. Pour n’en citer qu’un seul, Cannes ne permet qu’aux films sortis en salles d’être sélectionnés. « Ça sera une zone de turbu- lence pendant quelques années, mais on va vers une forme de coexistence », affirme l’universitaire.

Une exception culturelle française

Une coexistence, mais à quel prix ? Car si les plateformes envisagent d’emprunter la voie des salles, elles devront inévitablement se mesurer à une réglementation essentielle au cinéma français : la chronologie des médias (lire ci-contre). Après un nouvel accord actif depuis 2022, les plateformes Prime Video et Disney + peuvent désormais diffuser un film dix-sept mois après sa sortie en salle, contre trente-six auparavant. Un bond en avant, que Prime Video compte à nouveau négocier à la baisse. « Dix-sept mois entre la sortie en salle et l’arrivée sur la plateforme : c’est trop long et déconnecté des attentes et usages des Français. […] L’accord en vigueur expire début 2025 : nous appelons à la reprise des discussions avec l’ensemble de l’industrie »,affirmait Christophe Deguine, directeur général de Prime Video France, lors du Prime Video Presents 2024.

Pour Philippe Marion, « l’histoire du cinéma est parsemée de crises. C’est un terme qui vient du grec, krisis, qui signifie juger. C’est l’idée de faire le tri, de nous obliger à se remettre en question afin de créer un renouveau salvateur. »Ces dernières années, c’est la prolifération des plateformes de streaming qui a affolé le monde du 7 e art. Une défiance exacerbée par la fermeture des salles pendant la crise du Covid-19, période où les plateformes ont vu leur nombre d’abonnements s’envoler.

Or, selon un rapport commandé par l’Association française des cinémas art et essai (AFCAE) à l’Institut français d’opinion publique (Ifop), seulement 4 % de la population regarde de « grands films d’auteur » sur les plateformes SVOD, avec un niveau de visionnage des séries largement supérieur à celui des films. Le cinéma reste malgré tout l’apanage des salles, et c’est bien pour ça que les plateformes comptent faire leur place dans l’industrie.

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Monde
Culture, lundi 25 novembre 2024 995 mots, p. 22
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22 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Rétrospective

Le Hongkong de Derek Yee au Festival des 3 continents

La 46e édition de la manifestation nantaise a mis à l’honneur le réalisateur méconnu et éclectique

Jacques Mandelbaum

Nantes - Farfouillant dans le riche programme cinématographique du Festival des 3 continents de Nantes, qui s’est tenu du vendredi 15 au samedi 23 novembre, on tombait sur l’intitulé mystérieux de ce cycle : « Derek Yee, l’autre courant de la nouvelle vague hongkongaise. » Soit une double énigme pour le commun des mortels, qui n’est supposé savoir ni qui est Derek Yee ni en quoi consiste « l’autre courant » d’une nouvelle vague hongkongaise qui, sans doute, ne lui dit en elle-même que peu de choses. Des salles systématiquement bien remplies – où une jeunesse curieuse semblait faire son retour – furent heureusement guidées tout du long par les mises en perspectives du critique et programmateur hongkongais Clarence Tsui, fort d’une connaissance parfaite et claire de son sujet.

Dressons à la six-quatre-deux un tableau de la situation. Tout se déroule sur le fond de la Shaw Brothers, studio mythique fondé à Hongkong en 1958, âge d’or d’un cinéma hongkongais qui, entre sabre et kung-fu, essaime dans toute l’Asie avec des virtuoses tels que King Hu (1932-1997) ou Chang Cheh (1923-2002). Le studio, qui débite bientôt du divertissement à la chaîne, amorce son déclin dans les années 1980 tandis qu’une jeune garde de réalisateurs aspire à un cinéma moins standardisé. Sa fermeture en 1985 marque ainsi l’éclosion d’une nouvelle vague dont Tsui Hark (Histoires de fantômes chinois, 1987) et John Woo (The Killer, 1989) deviennent les figures de proue. Si ces deux réalisateurs redéfinissent brillamment les codes du cinéma d’action, au point de les exporter jusqu’à Hollywood, d’autres, moins connus sur le plan international, s’ouvrent à d’autres horizons, plus réalistes, plus intimistes, plus sociaux. C’est le cas d’Ann Hui, à laquelle le festival nantais rendit hommage en 2023.

Envers du miroir du capitalisme

C’est aussi bien celui de Derek Yee. Né le 28 décembre 1957 à Hongkong, ce dernier mène depuis quarante ans une carrière comme acteur, scénariste, réalisateur et producteur. Il a de qui tenir. Son père était producteur, sa mère, ses frères et sa sœur, acteurs. Entré à la Shaw Brothers à la fin des années 1960, il y décroche son premier grand succès comme acteur en 1977 dans Death Duel, de Chor Yuen, fantaisie ornée et virevoltante dans laquelle il interprète un dieu vivant du sabre que les combattants du pays, parmi lesquels une fieffée harpie, rêvent d’occire.

Lorsque le studio ferme ses portes, Derek Yee, fort lassé des sabreries, en profite pour passer de l’autre côté de la caméra. C’est à cette partie de sa carrière que le corpus nantais rendait pour l’essentiel hommage, en 12 films. Le résultat est, pour le moins, déconcertant. Car c’est moins un styliste virtuose à la Tsui Hark ou à la Wong Kar-wai qu’on découvre qu’un artisan à l’éclectisme débridé, soucieux pour chacun des genres qu’il aborde de montrer, à travers des personnages en souffrance et en marge, l’envers du miroir du capitalisme hongkongais. Film social (The Lunatics, 1986), film de braquage (People’s Hero, 1987), mélodrame (C’est la vie, mon chéri, 1993), comédie érotique (Viva Erotica, 1996), documentaire (Pan Yuliang, artiste peintre, 1994), polar (Une nuit à Mongkok, 2004), tout y passe.

Chaque film est d’ailleurs à lui seul une sorte de montagne russe atmosphérique, où les sentiments, les vitesses, les registres les plus variés aspirent à coexister, de façon plus ou moins heureuse. Paradoxe : le film sans doute le plus enlevé du cycle n’est pas réalisé par Derek Yee, qui en a écrit le scénario, mais par son frère aîné, David Chiang, qui fut un acteur étoile de la Shaw Brothers. The Legend of the Owl, réalisé en 1981, n’en est pas moins, pour Derek Yee, à l’aube de sa carrière de réalisateur, le film de la transition. Une parodie du film de sabre hongkongais dans l’esprit de Mel Brooks, où un maître conspirateur déguisé en hibou assisté d’un ninja débile qui ressemble à l’acteur Zero Mostel (1915-1977) enlève la trente-sixième favorite de l’empereur pour la vendre dans un marché clandestin aux esclaves.

Grand instigateur de cette rétrospective, Clarence Tsui avoue qu’il n’est pas certain qu’on puisse trouver en Derek Yee un « auteur » au sens plein de ce terme. Sa parenté avec le courant intimiste de la nouvelle vague hongkongaise (Ann Hui, Stanley Kwan, Wong Kar-wai) n’est « pas même évidente ». Yee vient d’ailleurs et de plus loin. Sa longévité, son polymorphisme, son ubiquité lui ont paru à ce titre dignes d’être découverts. C’est aussi que l’obsession testimoniale du cinéma de Yee – sa volonté farouche d’y faire figurer le petit peuple et les laissés-pour-compte – prend le contre-pied de l’ivresse chimérique et de la constante fuite en avant d’un cinéma dont le refus du réalisme correspondait au statut fantomatique du Hongkong colonial, avec son capitalisme frénétique, son extraterritorialité féconde, son hybridation fébrile entre Asie et Occident, son angoisse existentielle.

Depuis la rétrocession de la colonie britannique à la Chine en 1997, suivie de la crise économique qui a, en 1998, provoqué l’effondrement de sa production cinématographique (de 200 à une quarantaine de films par an), puis l’épuisement progressif de ses plus grands talents, tout cela semble révolu. Quand bien même Derek Yee joua dans une certaine mesure contre son camp, il n’en est pas moins concerné par cette profonde nostalgie qui fait se retourner tout cinéphile qui se respecte vers la magie du cinéma de Hongkong. Raison pour laquelle tout geste programmatique à son égard tient de l’archéologie d’un foyer jadis resplendissant, et partant de sa déploration.

Le Monde
Culture, jeudi 10 octobre 2024 701 mots, p. 22
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9 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Le roman d’un phénix devenu figure de proue du cinéma indépendant

J. Ma.

Auteur d’ouvrages intimement liés à l’aventure de la Nouvelle Vague – depuis les monumentales biographies consacrées à François Truffaut, Jean-Luc Godard ou Eric Rohmer jusqu’à une monographie des Cahiers du cinéma –, l’historien Antoine de Baecque poursuit son archéologie de la modernité cinématographique française en consacrant son nouvel ouvrage à Marin Karmitz. Non immédiatement assimilable à la Nouvelle Vague, dont il fut contemporain, cette figure du cinéma français en procède pourtant, dans la mesure où il prolonge à sa manière le décloisonnement mis en œuvre par celle-ci. A la fois producteur, distributeur et exploitant, Marin Karmitz fut en effet, à la tête du circuit MK2 créé en 1974, un capitaine d’industrie soucieux de création et porteur d’une politique culturelle ambitieuse.

Grand producteur – Jean-Luc Godard, Yilmaz Güney, Claude Chabrol, Abbas Kiarostami, Gus Van Sant lui doivent notamment d’avoir été à leurs côtés à des moments-clés de leur carrière –, Karmitz, en cela artisan d’une réussite exceptionnelle, fut aussi cet homme qui sut consolider et donner sens à cet engagement artistique en s’assurant de maîtriser les autres volets, non moins indispensables, de la vie des films que sont leur distribution et leur exploitation. Dans ces domaines respectifs, entre les grands groupes de l’industrie cinématographique française et les salles d’art et d’essai du Quartier latin, il sut inventer, par ses paris d’implantation et d’animation des salles, un autre modèle, celui d’un circuit, autrement dit d’une puissance, mis au service de l’indépendance cinématographique.

Miraculé du génocide

Cela, qui intéressera au premier chef le cinéphile, s’articule intimement à la peinture d’une expérience existentielle hors du commun, susceptible de toucher un lectorat beaucoup plus vaste. La biographie confine ici au roman d’une vie frappée du sceau de l’éternel recommencement. Tel le phénix, Marin Karmitz semble avoir bâti son existence sur ses propres cendres, transformant le deuil d’une forme antérieure de lui-même en l’énergie fondatrice d’une renaissance.

Cela commence, dans des pages d’une force tragique certaine, par l’évocation d’une enfance sacrifiée. Issu de la haute bourgeoisie industrielle roumaine (son père et ses trois frères détiennent la plus grande entreprise d’importation pharmaceutique des Balkans), l’enfant choyé naît en 1938 à Bucarest, dans un pays gangrené par le fascisme et l’antisémitisme. En 1941, la Garde de fer organise un pogrom à Bucarest avec entre autres objectifs de dissoudre les frères Karmitz dans le vitriol. Les hommes enfuis, on met très longtemps un revolver sur la tempe de l’enfant pour faire parler la mère.

Miraculés, passant à travers les mailles du génocide en cours, les Karmitz, quittant le pays en 1947, sont spoliés de tous leurs biens par le régime communiste. Refusés d’accostage à Istanbul (Turquie), Beyrouth et Haïfa (Israël), ils échouent, bienheureux, à Marseille. L’enfant a 10 ans, ne parle pas un mot de français, ses parents sont bientôt ruinés, le couple, mal assorti et épuisé, bat de l’aile. C’est la première mort de Marin Karmitz. Dix autres suivront, suivies d’autant de renaissances. Succédant à une scolarité médiocre, c’est l’illumination cinéphilique qui le fait soudain travailler aux côtés de Jean-Luc Godard, Samuel Beckett ou Marguerite Duras.

C’est son militantisme communiste, puis gauchiste, alors même que son père, ruiné par les communistes, a refait fortune en France (il semblerait qu’on ne sache éviter ce destin chez les Karmitz). C’est l’essor industriel bâti sur le deuil amer d’une vocation de cinéaste engagé. C’est le grand patron, fût-il social, qui succède à l’utopiste coauteur de la motion 4 (gratuité générale des entrées !) des Etats généraux du cinéma en 1968. C’est la passion dévorante pour la photographie, dont il devient grand collectionneur, dopée par la panique de sa retraite de MK2. C’est l’étude talmudique, enfin, qui semble vouloir renouer avec ce qui faillit le vouer à la mort, ramassant en vérité le sens et le mouvement d’une vie, bouclant la boucle.

Le Monde
Culture, mardi 1 octobre 2024 1221 mots, p. 23
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29 septembre 2024 - Le Monde (site web)
30 septembre 2024 - La Matinale du Monde

Cinéma

Chantal Akerman sous toutes les coutures

La cinéaste fait l’objet d’une exposition et d’une rétrospective. Un coffret sort mi-octobre

Mathieu Macheret

Dix ans. C’est peut-être le temps qu’il faut pour qu’une œuvre se boucle comme un tout, et appelle sur elle de nouveaux regards. Ainsi, le retour en salle de l’œuvre de Chantal Akerman, près d’une décennie après son suicide en octobre 2015, constitue un événement majeur de l’automne cinéphile. En avril 2023, la ressortie de Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles(1975) avait réuni 20 000 spectateurs sur 200 écrans.

Le distributeur Capricci enfonce le clou avec, cette fois, une rétrospective de seize longs-métrages fraîchement restaurés par la Cinémathèque royale de Belgique. Cette salve se découpe en deux temps : un premier cycle (« 1974-1993 ») en salle depuis le 25 septembre, le second (« 1996-2015 ») à partir du 23 octobre. A quoi s’ajoute une exposition au Jeu de paume, à Paris (« Chantal Akerman. Travelling », jusqu’au 19 janvier 2025), axée sur le travail plastique de la cinéaste, à travers un parcours d’installations et d’archives. Le tout couronné par un plantureux coffret Blu-ray de 46 films, attendu pour la mi-octobre.

Ce retour en bloc invite, une fois passé le monument Jeanne Dielman, à parcourir les vastes détours de l’œuvre qui se cache derrière, souvent perçue selon ses lignes de rupture (fictions, documentaires, téléfilms, autoportraits), mais dont on saisit mieux aujourd’hui la cohérence obsessionnelle. Née en 1950 dans la banlieue de Bruxelles, Chantal Akerman passe très tôt derrière la caméra, et tourne à 18 ans son premier court-métrage, l’explosif Saute ma ville (1968). A ses débuts, elle absorbe les aventures esthétiques parmi les plus radicales du temps : celle d’abord de la modernité européenne, dont elle prend le train en marche sous l’impulsion de Pierrot le Fou (1965), de Jean-Luc Godard ; puis celle de l’avant-garde américaine (Michael Snow, Jonas Mekas, Andy Warhol), dont elle s’imprègne lors d’un séjour à New York, au début des années 1970.

Son cinéma maintiendra cette double exigence de forme, sans renoncer pour autant à tendre des perches au public, par les voies de la comédie (Un divan à New York, 1996 ; Demain on déménage, 2004), du musical (Golden Eighties, 1986) ou du romanesque (La Captive, 2000, d’après Proust ; La Folie Almayer, 2011, d’après Conrad).

La beauté du cinéma d’Akerman est de faire naître une tension entre deux horizons opposés : d’un côté la chambre, où l’on se replie, de l’autre le monde, ou la tentation du lointain. Tout l’enjeu étant de trouver de l’un à l’autre des voies de passage, ou d’établir des courts-circuits. Dans Je, tu, il, elle (1974), la réalisatrice se met en scène en indolente recluse dans son appartement, petit monde qu’elle reconfigure à loisir en déplaçant les meubles. Et puis la jeune fille sort enfin, monte au hasard dans un camion, fait un bout de chemin avec le chauffeur (Niels Arestrup), et c’est alors toute l’altérité du monde qui entre dans son champ de vision. Dans News From Home (1977), Akerman collectionne des vues de New York sous un jour non légendaire (rues anonymes, quartiers sans caractère), tandis que, en voix off, sont lues des lettres signées de sa mère. La ville indifférente, décomposée en lignes et surfaces, est perçue à travers le filtre de cette filiation épistolaire.

Magnifiques documentaires

Sa propre histoire familiale, qui est aussi celle de l’Europe au XXe siècle, hante en tout point son œuvre. Elle est la fille d’immigrés juifs polonais qui ont fui les pogroms pour rejoindre la Belgique dans les années 1930, dont les grands-parents sont morts à Auschwitz (sa mère, Natalia, en était une rescapée). Dans Les Rendez-vous d’Anna (1978), une femme, jouée par Aurore Clément, son actrice fétiche, circule entre Cologne, Bruxelles et Paris. Mais l’axe qu’elle traverse réveille les spectres d’une Europe régurgitée par la seconde guerre mondiale. Les gares lugubres striées de néons blafards, les voies de chemin de fer s’enfonçant dans la nuit, le vacarme des fourgons rappellent l’infrastructure de la déportation.

Demain on déménage promène la même hantise sur le terrain de l’humour inquiet. Une mère (la même Aurore Clément) emménage dans le duplex de sa fille (Sylvie Testud), qui tente d’écrire dans un encombrement invraisemblable. Sous la comédie grinçante affleurent d’inquiétants remugles : mauvaise odeur « qui rappelle la Pologne », fuite de gaz, poussière noire qui fuit de l’aspirateur – le douloureux refoulé des camps.

Le temps est le meilleur allié du cinéma de Chantal Akerman, qui invente toutes sortes de dispositifs formels pour en saisir le passage. Le plan est toujours une « épreuve », au sens photographique du terme : il faut le traverser de bout en bout, en faire la pleine expérience, pour qu’un sens imprime ou qu’une puissance se révèle. Ses magnifiques documentaires en attestent : D’Est (1993), qui sillonne les pays libérés du soviétisme après la chute du Mur, Sud(1999), situé dans une petite ville du Texas secouée par un crime raciste, De l’autre côté (2002), à la frontière qui sépare le Mexique des Etats-Unis. De l’un à l’autre, une figure se fait récurrente : celle de longs travellings silencieux qui parcourent l’espace comme pour sonder le spectre des événements. D’autres films sont rattrapés par la fixité, comme Là-bas (2006), où la cinéaste se risque à filmer Israël uniquement à travers les persiennes d’un appartement de Tel-Aviv, sans bouger, mais en cherchant à susciter une image intérieure.

Parfois, c’est le mouvement qui l’emporte : les chassés-croisés amoureux et colorés de Golden Eighties entre les boutiques d’une galerie commerciale, ou l’échange d’appartements transatlantique entre une danseuse parisienne (Juliette Binoche) et un psychanalyste couru de Manhattan (John Hurt) dans Un divan à New York (seule incursion d’Akerman dans le champ du cinéma commercial, restée incomprise). Un même frisson traverse le stupéfiant Toute une nuit (1982), qui orchestre une série d’étreintes, d’accrochages, de séparations entre une multitude de couples, sans jamais les personnaliser ou forcer les portes du récit : l’amour ne s’y dit jamais qu’en pointillé, par fragments et décalages.

La chorégraphie des corps ne se départit jamais de ce mouvement de l’âme qu’est la musique, toujours ponctuelle dans les films d’Akerman. Chansons populaires dans Golden Eighties, élancées ténébreuses de Rachmaninov dans La Captive, violon déchirant dans Histoires d’Amérique (1989), piano capricieux de Demain on déménage, qu’on voit passer par la fenêtre dans les premières images du film. Au compte de quoi il faut mettre aussi cette autre musique inoubliable : la voix de Chantal Akerman elle-même, enrouée, traînante, qui résonne toujours quelque part en voix off ou dans le hors-champ. C’est elle, reconnaissable entre mille, qui donne toujours le tempo, le secret battement de l’œuvre. Filmer comme on chante, ou comme on imprime une frappe sur un clavier. Moderato grazioso.

Rétrospective Chantal Akerman, 16 films. Cycle 1 le 25 septembre, Cycle 2 le 23 octobre.

Chantal Akerman. Travelling. Jeu de paume, Paris 8e. Du 28 septembre au 29 janvier 2025. Jeudepaume.org

Coffret Chantal Akerman : 46 films, 14 Blu-ray. Capricci, 150 €. Dès le 15 octobre. Capricci.fr

Le Monde
Culture, mercredi 30 octobre 2024 825 mots, p. 25
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30 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Analyse

L’art de questionner l’essence du héros américain

Les derniers films du cinéaste s’inspirent de faits réels, détaillant les exploits d’individus transformés en héros par le spectacle contemporain

Jean-François Rauger

Le rapport à l’action, ses déterminations, sa signification ont toujours été des obsessions des grands cinéastes américains. Le cinéma de Clint Eastwood a perpétué cette relation pensive et poétique à une époque où celle-ci n’allait plus de soi, où la conscience du comportement névrotique avait compliqué ce qui, pourtant, s’était longtemps pensé comme la seule manière d’être : agir. Alors même que les rêves et les utopies s’étaient noyés dans une réalité prosaïque voire infamante, où le mythe de la frontière, constitutif de cette légende si bien exprimée par le western, s’était effondré et où les fantasmes d’antan étaient devenus dérisoires, l’auteur de Million Dollar Baby (2004) avait, dès ses premiers films, tenté de prolonger quelque chose d’un classicisme disparu avec ces fictions réparatrices que furent, par exemple, Bronco Billy(1980), Honkytonk Man(1982), Josey Wales hors-la-loi(1976), Impitoyable (1992) et tant d’autres.

L’ambiguïté qui caractérise le protagoniste central de son nouveau film, Juré n° 2, tout à la fois justicier et coupable, vient rajouter une nouvelle pierre à l’édifice un peu curieux que construit le cinéaste depuis plusieurs films. Qu’est-ce qu’un personnage de cinéma et surtout quel sens donner aujourd’hui à ce qui longtemps a constitué l’essence du héros hollywoodien ?

Le résultat d’un récit

Depuis quelques années, les films d’Eastwood s’inspirent de faits réels, détaillant les exploits d’individus transformés par le spectacle contemporain en héros. American Sniper (2014), ainsi, relate les prouesses d’un soldat tireur d’élite, Chris Kyle, qui s’est couvert de gloire durant la guerre en Irak.

Sully(2016) raconte l’histoire du pilote de ligne qui avait fait amerrir en urgence, sur l’Hudson, son appareil en difficulté, sauvant ainsi la vie de ses passagers. Le 15 h 17 pour Paris (2018) retrace l’acte de bravoure de trois touristes américains qui ont neutralisé un terroriste armé dans un train entre Bruxelles et Paris. Le Cas Richard Jewell (2019) revenait sur le sauvetage par un vigile des participants à un concert à Atlanta en 1996, menacés par un attentat durant les Jeux olympiques. Le sauveteur avait ensuite été soupçonné d’être le poseur de bombes.

Alors que chaque récit aurait pu constituer une manière réconfortante de s’identifier à des personnages conscients de leurs actes et mus par leur seule volonté, les films s’acharnent à questionner l’héroïsme des protagonistes en séparant le résultat de leur action et le mécanisme qui les a déclenchés. Le tireur d’élite Chris Kyle fait-il la guerre guidé par un sentiment patriotique ou pour échapper à la réalité plus prosaïque de la vie conjugale et familiale ? Pourquoi s’obstine-t-il à vouloir régulièrement rempiler si ce n’est parce que le foyer lui est insupportable ? Le moment récurrent où Kyle retire son alliance avant de tirer, au-delà de la nécessité fonctionnelle du geste, ne dévoile-t-il pas, symboliquement une névrose plus profonde ?

Lorsque à la fin de Sully, le véritable protagoniste apparaît, avec les passagers de l’avion, dans un film d’actualité, durant une cérémonie de commémoration, on prend conscience à quel point l’héroïsme est surtout le résultat d’un récit, d’un storytelling, dirait-on aujourd’hui, qui donne un sens, souvent consolant, à ce qui n’en a peut-être pas. Les trois sauveteurs du train Bruxelles-Paris, incarnés par les véritables protagonistes du drame, sont montrés comme des gamins instinctifs et peut-être inconscients. Le film débute par le récit de leur enfance, celui d’écoliers incapables de se concentrer, comme l’explique le proviseur de leur collège à leurs mères. Enfin Richard Jewell, le vigile injustement soupçonné, formidablement incarné par Paul Walter Hauser, apparaît aussi comme un enfant un peu attardé, héroïque parce que fondamentalement naïf.

En s’attachant à ces récits, auxquels on pourrait ajouter La Mule(2018), portrait cette fois-ci d’un homme qui fuit sa famille en trafiquant de la drogue, Eastwood semble vouloir mettre en crise ce qu’exprime, depuis toujours, une certaine philosophie, propre au cinéma hollywoodien, qui identifie l’être à l’action et qui fait de celle-ci la valeur suprême. Dans les ultimes films du cinéaste, nourris par une évolution historique du cinéma américain, agir peut n’être que le symptôme d’une névrose particulière ou bien une pure construction idéologique et fictionnelle.

Le rôle du hasard opposé parfois à l’illusion de la liberté et de la volonté remet en question la nature des actes des protagonistes. Mais le principe même du cinéma de Clint Eastwood, ce qui en fait, à jamais, un de ces purs artistes produits par Hollywood, est la façon dont il transforme une vision distanciée, voire critique, en spectacle malgré tout fascinant. Comment réconcilier la lucidité avec l’ entertainment.

Le Figaro, no. 24916
Le Figaro et vous, mercredi 2 octobre 2024 1213 mots, p. 30

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1 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

HÉLÈNE VINCENT : « JE N'AI PLUS TROP L'HABITUDE DES RÔLES PRINCIPAUX »

Delcroix, Olivier

Elle arrive au bar de l'hôtel Ambassador en arborant un grand sourire dont elle ne se départira pas de tout l'entretien. À 81 ans, Hélène Vincent rayonne d'énergie, de sérénité et de joie de vivre. Ce qui n'empêche pas cette comédienne de théâtre et de cinéma d'avoir du caractère. Le café tarde un peu. Qu'à cela ne tienne, elle se lève et va le chercher elle-même.

Celle qui fut découverte en 1987 par le grand public grâce à son rôle de Marielle Le Quesnoy (ce qui lui valut un César) dans la comédie à succès d'Étienne Chatiliez La vie est un long fleuve tranquille n'a pas l'habitude de se laisser faire. Comment a-t-elle appréhendé le rôle de Michelle, cette retraitée apparemment sans histoire qu'elle interprète dans Quand vient l'automne, de François Ozon ? « J'avoue qu'elle me ressemble à quelques endroits,dit-elle . Il y a plusieurs choses auxquelles j'ai pu m'identifier immédiatement. Par exemple, Michelle vit seule à la campagne. Lorsque je quitte cet endroit pour travailler ou voir mes enfants, j'emporte toute cette paix et ce calme que j'essaie de préserver malgré la folie des villes, pour garder le sourire et être heureuse de rencontrer des gens. »

On ne résiste pas à l'envie de savoir comment François Ozon a pensé à elle pour ce rôle inhabituel. « Il m'a très simplement téléphoné et m'a dit : « Bonjour, Hélène, c'est François Ozon. Est-ce que vous êtes en forme ? » (Rires.) Je pense qu'il voulait s'assurer que j'étais en bonne santé, vu mon grand âge. Il m'a envoyé le scénario sur lequel était écrit un petit mot : « Vous lisez, Michelle. » J'ai tourné les pages et je me suis aperçue que le personnage était là tout le temps. J'ai été extrêmement surprise qu'il me propose ça. Je n'ai plus trop l'habitude des rôles principaux. Contrairement au théâtre, au cinéma, j'ai un chemin qui passe par des personnages secondaires. Si on résume, j'ai eu trois grands rôles au cinéma, celui deLa vie est un long fleuve tranquille ,Quelques jours de printemps, de Stéphane Brizé, etQuand vient l'automne . Une fois tous les dix ans. Bon, ça va, c'est une bonne moyenne ! »

« Désir de vivre »

Avant d'être repérée par Ozon en 2018 pour intégrer le casting de Grâce à Dieu, le tandem Nakache et Toledano s'était déjà entiché d'elle pour trois films très différents, Samba, Le Sens de la fêteet Hors normes. « Je les ai rencontrés pour la première fois au Train Bleu, à la gare de Lyon, se souvient-elle. Ils ont été très chaleureux d'emblée. J'ai tout de suite trouvé qu'ils avaient de l'or dans le coeur. Ils m'ont confié à chaque fois des rôles très variés. J'ai adoré, car je suis comédienne, et j'ambitionne de jouer sur un éventail très ouvert. »

Michelle, l'héroïne de Quand vient l'automne, Hélène Vincent la ressent comme « une femme extrêmement vivante. La vie ne lui a pas apporté que des roses, c'est certain, admet-elle. Elle a dû sûrement combattre. Elle s'en est pris plein la figure, mais elle a fait face. Elle est arrivée à la fin de sa vie avec la chance de pouvoir vivre une retraite paisible, heureuse, au calme. Elle a certainement raté quelque chose de fondamental avec sa fille, et c'est le grand malheur de sa vie. La mère et la fille sont en guerre. Et la fille n'a pas tous les torts. Mais quelque chose est entré dans sa vie, un ultime cadeau : sa relation avec son petit-fils. Elle est prête à tout pour garder cet amour. »

Avec François Ozon, l'entente fut cordiale, mais sans trop d'effusions. « Les réalisateurs parlent peu, analyse-t-elle. François travaille très vite. Il est l'impatience même. Je crois que nous avons mis deux jours avant de nous accorder. Je me suis abandonnée. Le tournage fut une jubilation de chaque instant. Nous tournions à côté de Cosne-sur-Loire, dans la Nièvre, dans le village de Donzy. Moi, j'étais comme à la maison. Je laissais mes bottes devant la porte de chez moi pour enfiler celles de Michelle sur le plateau. »

N'y a-t-il pas eu des moments de doutes sur quelques scènes ? Hélène Vincent réfléchit : « Si, tranche-t-elle. La séquence que je redoutais le plus, c'était celle avec la commissaire, incarnée avec beaucoup de talent par Sophie Guillemin. J'avais peur d'en faire trop, de surcharger l'émotionnel. Bien sûr, mon personnage cache une chose essentielle, mais elle ne ment pas. Michelle est dans un processus d'évitement, parce qu'elle est dans le désir de vivre. »

Avec Josiane Balasko, l'entente fut immédiate tant leur complicité crève l'écran. « Ce fut l'évidence,résume Hélène Vincent. Nous avons fait amie-amie en coup de foudre. Même si nous venons de milieux théâtraux différents, moi le théâtre subventionné des années 1960-1970 avec Patrice Chéreau et Jean-Pierre Vincent, et elle du café-théâtre avec l'équipe du Splendid, entre nous, ça a été formidable tout de suite. »

« Bouquet presque final »

Ce rôle fort, bouleversant, saupoudré d'amoralité va-t-il faire d'elle une star ? « Vous plaisantez, sourit-elle. À mon âge, il ne faut pas se raconter d'histoires. Dans le fond, heureusement que cela m'arrive maintenant. Étant jeune, cela m'aurait fait péter un plomb. Là, c'est bien. C'est un bouquet presque final. Et je dis cela sans tristesse. »

Si elle a eu très tôt sa vocation d'actrice, Hélène Vincent savait toutefois qu'elle ne voulait pas devenir une vedette à tout prix. « Ma passion pour le jeu a toujours été en moi, se remémore-t-elle. Mon grand-père faisait du théâtre. C'était un « mauvais garçon ». Il était pour la famille une figure à la fois étincelante et sombre. Nous en parlions avec beaucoup de gourmandise. Mes parents étaient très modestes. Parfois, nous allions au cinéma voirViolettes impériales avec Luis Mariano ouFort Apache avec John Wayne. Cela a dû jouer aussi. » Dans sa famille, Hélène Vincent comprend vite qu'être une fille n'est pas un cadeau. « Chez moi, les femmes étaient rarement heureuses, note-t-elle. Elles subissaient leur vie plutôt qu'elles ne la créaient. Je me suis dit que je ne voulais pas vivre ça. »

À 17 ans, la jeune femme travaille dans une usine à chaussures et suit des cours d'art dramatique. Elle rate le Conservatoire, mais rencontre Patrice Chéreau et Jean-Pierre Vincent. « Ces deux garçons ont donné l'élan que je désirais à toute ma vie. Je leur dois tout. » Quand on lui demande comment elle a vécu l'arrivée de l'ère #MeToo au cinéma, elle répond du tac au tac : « Il était temps !Moi, j'y ai été confrontée quand j'étais gamine dans un bureau où j'étais dactylo-facturière. Un chef de service a essayé de me tripoter. Il m'a fait tomber sur le canapé de la pièce et a essayé de me faire des misères. Je lui ai foutu une claque. Je me suis fait renvoyer immédiatement. Donc, voilà, ce n'est pas fini. Cela ne fait que commencer. Mais ce combat est nécessaire. La grande difficulté va être de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain ! »

Son visage s'éclaire à l'évocation de ses projets : « Je viens de tourner un premier film avec Enya Baroux, On ira , où j'ai retrouvé avec bonheur Pierre Lottin(qui joue le fils de Josiane Balasko dans le film d'Ozon, NDLR) . C'est une jeune cinéaste avec une énergie très positive et qui ne lâche rien. » Comme elle.

Le Monde
Culture, mercredi 2 octobre 2024 858 mots, p. 21
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5 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Entretien

« Le film n’a pas été distribué en Inde »

Payal Kapadia, réalisatrice de « All We Imagine as Light », primé à Cannes, raconte son tournage à Bombay

Propos recueillis par Clarisse Fabre Propos recueillis par Clarisse Fabre

Avec une mère vidéaste et un père psychanalyste, je ne pouvais qu’être cinéaste ! », résume Payal Kapadia, 38 ans, en éclatant de rire. La réalisatrice indienne de All We Imagine as Light, Grand Prix à Cannes, portrait de trois femmes en transit, saisies dans une extraordinaire palette chromatique, étonne par sa vitalité. Née en 1986, à Bombay, elle a été révélée avec Toute une nuit sans savoir(2021), essai brûlant sur une jeunesse militante, sélectionné à la Quinzaine des cinéastes, à Cannes, Œil d’or du meilleur documentaire. Son prochain film est déjà en route, nous dit-elle : « Ce sera une comédie ! »

« Toute une nuit sans savoir », qui dénonçait la mainmise du gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi dans les universités, vous a-t-il causé des ennuis ?

Le film n’a pas été distribué en Inde, comme la plupart des documentaires dans mon pays natal.Certes, il a beaucoup circulé dans les festivals, il a été projeté dans des ciné-clubs et des galeries en Inde. Mais il ne pesait pas grand-chose, face à tous les films de propagande que soutient le gouvernement, de véritables blockbusters véhiculant des idées fausses, notamment islamophobes – je me souviens d’un scénario avec un personnage de musulman qui avait douze femmes…A Cannes, en mai, le pavillon indien présentait quelques œuvres de ce genre.

Ces films de propagande rencontrent-ils du succès en Inde ?

Oui, car ils sont très bien produits. Les gens entrent d’autant mieux dans les histoires, ce qui est problématique. Au Festival international du film de l’Inde, à Goa, en 2022, le cinéaste Nadav Lapid, qui présidait le jury, avait déclenché un incident diplomatique en déplorant, lors de la cérémonie de clôture, la présence en compétition du film The Kashmir Files, de Vivek Agnihotri [lequel revisite avec un certain nombre d’inexactitudes l’exode des hindous du Cachemire dans les années 1990, sous la pression d’extrémistes musulmans].

« All We Imagine as Light » brosse le portrait d’une ville inhospitalière, Bombay. Vos personnages féminins viennent y chercher de la liberté, tout en s’interdisant des choses…

Bombay est une ville paradoxale. Sans doute y trouve-t-on plus facilement du travail, mais les journées sont longues, et il y a peu de régulation sociale. Le personnage de Parvaty, cuisinière et sans papiers, réside dans un bâtiment menacé de destruction, à l’endroit des anciennes filatures de coton. Autrefois, les travailleurs vivaient là, sur un mode communautaire. Puis les ateliers ont fermé, cédant la place à des centres commerciaux. Je ne dis pas que ces habitations étaient confortables, mais ces gens ont dû quitter la ville.

Bombay est la capitale du cinéma hindi, que l’on appelle « Bollywood » : beaucoup de gens y tournent des films, des publicités, ce qui fait grimper les prix. Avec le directeur de la photo, Ranabir Das, on a fait beaucoup de prises documentaires la nuit, pour limiter les coûts et capter l’atmosphère. Le marché où on a tourné, qui ouvre le film, a lieu de 4 à 7 heures du matin. Ensuite, c’est une autre population qui arrive, des cadres qui travaillent dans les bureaux. Les gratte-ciel qui côtoient les maisons délabrées, c’est tout à fait Bombay.

En Inde, vous avez étudié au Film and Television Institute, à Pune, dans l’Etat du Maharashtra. Comment avez-vous forgé votre esthétique ?

Cette école publique de cinéma est l’une des meilleures, et dans le passé elle était sous l’influence de l’école du nouveau cinéma de Moscou. Elle est aussi rattachée aux Archives nationales du film de l’Inde, ce qui fait que, chaque soir, nous découvrions un film de patrimoine. Quelques œuvres m’ont beaucoup inspirée, comme Cléo de 5 à 7[1962], d’Agnès Varda, avec ce travail sur la non-fiction et cette déambulation dans Paris, ou encore News From Home[1977], de Chantal Akerman, avec ces images spectaculaires de New York.

Comment produit-on des films indépendants en Inde ?

Dans les années 1960, on avait un cinéma indépendant, Satyajit Ray, etc., car, à l’époque, il y avait un soutien de l’Etat. Aujourd’hui, le cinéma indien n’a plus ce soutien de l’Etat, mais la profession s’est initiée aux coproductions internationales, et les caméras numériques sont plus accessibles. Une cinéaste comme Rima Das travaille en autonomie, elle filme, fait le montage… On peut également citer le réalisateur Dominic Sangma, qui vient d’une toute petite région du nord-est de l’Inde, sous-représentée, l’Etat du Meghalaya, et dont le film Rapture[2023] est sorti en France [sélectionné notamment au Festival des 3 Continents, à Nantes]. C’est libérateur, mais on a tout de même besoin d’argent !

La bonne nouvelle, c’est que All We Imagine as Light va sortir en salle, en Inde, grâce au distributeur indépendant Spirit India. Sortir des films d’auteur dans mon pays n’est pas une mince affaire : en forçant le trait, les distributeurs vont voir les exploitants un par un, pour les supplier de prendre leurs films…

Le Monde
Culture, lundi 28 octobre 2024 2365 mots, p. 20,21
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26 octobre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Portrait

Jason Schwartzman, la singularité du pluriel

Tour à tour comédien, scénariste, producteur et musicien, à cheval entre Hollywood et cinéma d’auteur, l’Américain francophile déploie l’étendue de son registre dans « Carla et moi », de Nathan Silver

Aureliano Tonet

Au comble de l’accablement, Ben Gottlieb s’adonne à ce qu’il ne faudrait jamais faire, dans sa condition : il « s’autogooglise ». Le résultat de ses recherches n’est guère de nature à le requinquer, puisqu’il n’apparaît qu’après des centaines d’occurrences consacrées à d’autres Ben Gottlieb. Il faut dire que ses états de service n’ont pas de quoi affrioler Google : ce cantor d’une synagogue des environs de New York a perdu la voix – et la foi – depuis qu’il a perdu sa femme, morte des suites d’une stupide glissade. Suffisant en revanche, aux yeux de Nathan Silver, pour faire de ce Ben Gottlieb-là le personnage principal de son remarquable dixième long-métrage, Carla et moi , en salle depuis le 23 octobre.

L’homme qui lui prête ses traits, Jason Schwartzman, dispose lui aussi d’une flopée de parfaits homonymes. Parmi eux, un écrivain new-yorkais s’épanche régulièrement sur la difficulté de partager son nom avec un acteur aussi célèbre et célébré, depuis que Wes Anderson l’a révélé dans Rushmore (1998). Lorsqu’on le lui apprend, l’Américain tombe des nues. « D’autres Jason Schwartzman ? Vous plaisantez ?, fait-il mine de nous demander, de passage à Paris, fin octobre. L’autre Jason Schwartzman, c’est moi ! »

La boutade est moins anodine qu’elle n’en a l’air : issu d’une des dynasties les plus prolifiques du cinéma – il est le fils de l’actrice Talia Shire, le neveu du cinéaste Francis Ford Coppola, le cousin des réalisateurs Sofia et Roman Coppola… –, jonglant depuis un quart de siècle avec les casquettes de musicien, de scénariste, de producteur et d’acteur, on serait aisément, si on était à sa place, turlupiné par les troubles de l’identité.

Deux visages

A 44 ans, en bon rejeton hollywoodien, il combat ces vertiges par l’action : c’est-à-dire en explorant les registres les plus variés du métier de comédien, en multipliant les alias, en redoublant d’activité et de curiosité. Damien Bonnard s’est lié d’amitié avec lui sur le plateau d’ Asteroid City (2023), de Wes Anderson, où l’Américain jouait déjà un veuf déconfit et inconsolable. « Jason ne tenait pas en place, rembobine l’acteur français. Avec le matos qu’il avait rapporté dans sa chambre, il faisait de la musique, dessinait, sculptait des balles de tennis en papier mâché… Au petit déjeuner, il semblait découvrir chaque objet avec un émerveillement enfantin : “Tiens, un grille-pain ! Ah, une banane !” »

C’est à Damien Bonnard que Jason Schwartzman doit sa présence dans Carla et moi. Nathan Silver, le réalisateur américain, avait écrit le scénario en pensant à ce compatriote dont il admire, énumère-t-il, « la cadence, l’art de sortir la bonne blague au bon moment, le côté fureteur, fouineur ». Mais l’e-mail qu’il avait envoyé à l’agent de Schwartzman était resté sans réponse. Aussi Silver s’en est-il ouvert à Damien Bonnard, qu’il avait dirigé dans C’est qui cette fille ? (2017) et dont il est suffisamment proche pour lui avoir demandé de célébrer son mariage. « Je me suis permis d’appeler Jason et de lui dire : “Ecoute, je n’ai pas l’habitude de faire ça, mais tu devrais lire ce scénario” », confirme l’acteur français, avec modestie.

Bien lui en a pris. Carla et moi a permis à Schwartzman d’explorer un pan entier de sa psyché, refoulé depuis l’adolescence. « Pour moi, le judaïsme est mort avec la mort de mon papa, quand j’avais 13 ans », confie-t-il à propos de ce père avocat et producteur, Jack Schwartzman (1932-1994), dont le nom reste associé à un volet mal-aimé de la saga James Bond, Jamais plus jamais (1983). Et d’ajouter : « Ni lui ni moi n’avons fait notre bar-mitsva. Son propre père, mon grand-père, est mort quand il avait 13 ans… » On n’ose lui demander quel âge ont ses deux filles. « L’aînée a 13 ans. Oui, oui, je dois être fort et vigilant, au moins pour quelques mois encore », lâche-t-il dans un sourire.

Pour composer le rôle dudit Ben Gottlieb, amené à préparer la bat-mitsva d’une septuagénaire dont il finit, contre toute attente, par s’éprendre, Schwartzman s’est rapproché d’un rabbin, qui l’a pris sous sa férule. Rien que de très ordinaire, à l’en croire : « Chaque film, pour moi, est l’occasion d’apprendre. Quand j’ai joué un magicien[dans un volet de la saga à gros budget Hunger Games, en 2023] , j’ai essayé, pareillement, d’apprendre la magie. » Que faut-il entendre, derrière cet étonnant rapprochement ? Que le cinéma et l’étude sont chez lui intimement entremêlés, comme le sont les tsitsits, les tresses qui ornent les vêtements traditionnels juifs. « Après ce moment charnière que fut la mort de mon père, j’ai appris à nouer un nœud de cravate en regardant les films. J’ai appris à me raser en observant Dustin Hoffman dans Le Lauréat [1967] . »

Le film de Mike Nichols est, avec Harold et Maude (1971), d’Hal Ashby, l’une des sources d’inspiration cardinales de Carla et Moi. « Au-delà de ces références, développe Nathan Silver, on a beaucoup parlé avec Jason de David Berman, le chanteur du groupe de rock Silver Jews, dont nous sommes fans. Son rapport à la judéité et à la mort[Berman s’est pendu en 2019] , notamment, nous a marqués. »

Le jour où nous l’avons rencontré, la mise de Jason Schwartzman offrait deux visages : un costume aussi sombre que sobre, côté face ; et, côté pile, des accessoires jouant à fond la carte d’une fantaisie kitsch et pop. Une sacoche jaune et rouge estampillée Disney, par exemple. Ou une coque de téléphone portable incrustée de strass et de paillettes. « Une artiste m’a fait cette coque sur mesure. Je l’ai découverte en suivant les conseils du groupe Sylvan Esso. Vous les connaissez ? Ils sont top. »

« Passionné de pop music »

La musique avant toute chose, donc. Avec le Californien, elle s’en revient sonner à chaque recoin de la conversation, comme une ritournelle. Parlez-lui de son rôle dans Queer, l’adaptation par Luca Guadagnino du roman du même nom de William Burroughs, présenté en septembre au Festival de Venise. Vous croyez avoir reconnu dans son personnage un cousin d’Allen Ginsberg, le barde barbu et bedonnant de la Beat generation ? C’est du musicien Richard Manuel, figure du groupe The Band, qui s’est suicidé en 1986, que lui dit s’être d’abord inspiré : « Pour Queer , j’ai revuLa Dernière Valse [1978], le concert du Band qu’a filmé Martin Scorsese. J’ai essayé de reproduire les postures obliques de Manuel, son intranquillité… »

Luca Guadagnino loue la « beauté radieuse » de son acteur, la « subtilité avec laquelle il cueille l’âme humaine » : « Pour moi, Jason est un pur morceau de cinéma », affirme le réalisateur italien. Un morceau de cinéma, certes, mais assemblé à partir de milliers de morceaux de musique, qu’il écoute et joue depuis sa tendre enfance. « Mon grand-père maternel [le compositeur et chef d’orchestre Carmine Coppola] lisait les partitions comme on lit un magazine, indique-t-il derrière ses mèches brunes, bombées comme une clé de fa. C’était très intimidant, surtout pour un passionné de pop music comme moi. »

Batteur du groupe de rock indépendant Phantom Planet entre 1994 et 2003, Schwartzman a publié deux albums, Nighttiming (2007) et Davy (2009), dans une splendide solitude, sous le nom de Coconut Records. Par leurs mélodies accrocheuses, rehaussées d’une once d’ironie, ils s’inscrivent dans la veine de Harry Nilsson ou, plus près de nous, de Phoenix. Le guitariste de ces derniers, Laurent Brancowitz, est intarissable sur les talents de son ami, avec lequel il s’est juré de prendre des cours auprès de la plus mythique des bassistes californiennes, Carol Kaye, qui enseigne encore, malgré ses 89 ans : « J’adore Jason, s’enthousiasme le musicien français. Parlez-lui de son instrument, le “Marzipan Pianet”. C’est un clavier Pianet, de la marque Hohner, qu’il a revisité dans un coffrage Art déco californien. »

Lorsqu’on évoque l’objet avec son créateur, une ombre passe sur son visage. « Le Marzipan ? Oh, je l’ai vendu… » Et quid de Coconut Records, qui n’a rien publié depuis quinze ans ? Schwartzman affiche la même mine que celle du veuf aphone qu’il campe dans Carla et moi. « Une critique de mon dernier disque m’a beaucoup remué – sans doute parce qu’elle visait juste. Elle disait, en substance : “Pourquoi ce type publie-t-il de la musique, alors qu’il a un autre métier ?” »

L’une des chansons iconiques de Coconut Records s’intitule Saint Jerome, en hommage au saint patron des traducteurs, des rats de bibliothèque et des télétravailleurs. Tenté par le repli studieux, Schwarzman l’est tout autant par l’aventure collective : un jour saint Jérôme, donc, et l’autre, saint Georges – la figure tutélaire des chevaliers, des baroudeurs et autres décapiteurs de dragons. Ainsi de la remise en selle du projet Coconut Records, par l’entremise du musicien Ben Kweller, en guise de preux paladin : « Mon ami Ben m’a convaincu d’enregistrer bientôt de nouveaux morceaux…, dit celui qui n’a jamais cessé, à la vérité, de secouer son cocotier. J’ai toujours joué de la musique dans mon coin, parce que c’est ce qui me rend le plus heureux. Mais j’ai besoin du désir des autres pour la diffuser. »

« Le sérieux de l’enfance »

C’est à cette aune, joyeusement partageuse, qu’il faut lire ses incursions sur le petit écran, avec les séries Bored to Death (2009-2011) et Mozart in the Jungle(2014-2018), où il tient respectivement les rôles d’acteur et de compositeur dans la première, et de coproducteur et coscénariste dans la seconde. Toutes deux se déroulent dans la ville de ses parents, New York. « J’ai toujours vécu à Los Angeles : quand je vois les premiers films d’Albert Brooks, je me sens à la maison… Mais New York me fascine. Toutes les activités humaines y sont empilées verticalement, là où, à L.A., chaque bâtiment ne répond qu’à une seule fonction. »

Cette dichotomie entre deux visions du monde, l’une où tout s’emboîte et se combine, et l’autre où tout s’oppose et se sépare, est au cœur de J’adore Huckabees(2004), de David O. Russell, où Schwartzman joue les ludions déboussolés. Il y partage, entre autres, une scène d’étreinte fangeuse avec Isabelle Huppert, qui se souvient avec tendresse de cet « acteur charmant » : « En tant qu’Européenne, je ne me sentais pas du tout déphasée parmi ces Américains très cinéphiles et francophiles, dont Jason est l’archétype », retrace l’actrice.

Schwartzman n’a-t-il pas coécrit L’Ile aux chiens(2018), de Wes Anderson, en hommage à feu Arrow, son bouledogue français ? Il s’en était entiché en marge du tournage de Marie-Antoinette (2006), de Sofia Coppola, où il incarnait Louis XVI. Par l’intermédiaire de cousine Sofia, il est parvenu à se faire dédicacer un poster par Jean-Pierre Léaud, son alter ego d’élection : « Cette affiche est mon bien le plus précieux. Je ne parle pas sa langue, mais Léaud est mon acteur préféré. Il se meut avec la grâce d’un danseur. »

Comme Léaud avant lui, Schwartzman apparaît tantôt impassible, tantôt possédé, à cheval entre inertie et frénésie. Comme Léaud auprès de François Truffaut, aussi, il a grandi devant la caméra de son « frère et mentor », Wes Anderson, avec lequel il a noué depuis ses 16 ans un compagnonnage au long cours – huit collaborations à ce jour. Cette amplitude a tapé dans l’œil d’Arnaud Desplechin, qui devrait le diriger dans The Things That Hurt. Le cinéaste français se rappelle avec acuité sa découverte de Rushmore : « Je ne savais départager ce qui me sidérait le plus : chez Wes Anderson, une précision imparable, qui touchait au cœur à chaque plan ; chez Jason, la plus audacieuse des façons d’embrasser le ridicule et de le déjouer tout à la fois. Tous deux inventaient un nouveau genre… Chez cet acteur-musicien, rien n’est une blague, car tout sert une idée, décidée, pesée, et qui ne cessera de nous échapper. C’est quoi, cette lanterne sourde que Schwartzman cache sous un manteau, et qui nous fascine ? Ce sont des secrets d’enfance, j’imagine. Le sérieux de l’enfance. »

L’acteur voudrait coûte que coûte tourner The Things That Hurt, malgré l’adversité qui entoure sa gestation. « Pour moi, faire un film équivaut à faire un enfant. Ça tient du miracle, estime-t-il. Avec tous les aléas liés au budget ou aux emplois du temps, la fenêtre d’ovulation est très resserrée ! » A ce jour, Arnaud Desplechin et lui ne se sont parlé qu’une fois, à distance. « Tout était aisé, rapide, infiniment drôle et profond, poursuit le réalisateur. Et soudain, Jason me parlait de Jean-Pierre Léaud dans La Maman et la Putain [Jean Eustache, 1973], avec une telle emphase, une telle connaissance… J’étais scié. Pour comprendre Schwartzman, Léaud est une piste… »

Comme celle de Léaud, la carrière de Schwarzman est parsemée, ici et là, de détectives plus ou moins compétents. Ses personnages cherchent toujours, à défaut de trouver. « Quand ils ne cherchent rien, je demande au réalisateur : “Mais qu’est-ce qu’ils font, alors ?” » C’est ce qu’il retient, du reste, de son tournage avec tonton Francis, dans Megalopolis, où il tient un rôle marginal : « Si quelque chose ne fonctionnait pas, mon oncle essayait de nouvelles techniques, il cherchait la parade… Pas mal, non, pour un monsieur de 85 ans ? » Et c’est ce qu’il retient, pareillement, de sa plongée tardive dans la religion paternelle, à la faveur de Carla et moi : « Le judaïsme incite à répondre à une question par une autre question. »A celle qu’il se pose depuis toujours, « qui suis-je ? », il sait désormais répondre par une autre, plus vertigineuse encore : « Combien sommes-nous ? »

Le Monde
Culture, mercredi 6 novembre 2024 1018 mots, p. 21
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5 novembre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Rencontre

Emmanuel Mouret entre gravité et cocasse

Dans « Trois amies », le cinéaste marseillais retrouve son sujet de prédilection, les inconstances du couple

Mathieu Macheret

Il y eut un avant, où Emmanuel Mouret jouait lui-même dans ses propres films, sortes de comédies romantiques à la française, de Laissons Lucie faire (2000) jusqu’à Caprice (2015), un rôle taillé sur mesure d’ingénu maladroit, déboulant avec force gaffes dans la ronde des sentiments. Et puis, avec Mademoiselle de Joncquières (2018), il s’est retranché derrière la caméra, se consacrant entièrement aux autres comédiens, dont il réunit à chaque film de subtiles combinaisons. Retrouver le cinéaste dans une rue du 13e arrondissement, à Paris, c’est, le temps d’une courte hallucination, retomber sur son ancien personnage : cheveu folâtre, nez au vent, demi-sourire rêveur, veste et foulard du post-étudiant, depuis passé maître, mais sans en avoir l’air.

Trois amies, son dernier long-métrage, présenté à la Mostra de Venise en septembre, est une fugue amoureuse pour trois interprètes féminines (India Hair, Camille Cottin et Sara Forestier) sur une gamme élargie courant du rire aux larmes. « Si la trame de base était plutôt tragique, je ne voulais pas verser intégralement dans le mélodrame, confie Emmanuel Mouret. Mais plutôt entrelacer la gravité à la fantaisie, au cocasse. Comme chez Leo McCarey ou Billy Wilder, on passe du grave au léger – et l’on ne part jamais que des films qu’on aime. En peinture, on parlerait de contraste, en musique de contrepoint. »

En vase clos

L’idée de départ se trouverait chez le philosophe coréen Byung-Chul Han, dans La Société de transparence (PUF, 2017), idéal moderne qu’il oppose à une véritable société de confiance. « Cela m’a fait penser que, en amour, la confiance ne s’établit pas non plus sur une transparence totale. »

D’un terme l’autre s’ouvre, en effet, un espace propice à l’imagination mourétienne, celle des inconstances amoureuses et des circulations du désir. Dans ses films, une relation en cache toujours une autre, tout couple fait domino et tire vers la triangulaire. « L’individu moderne est toujours profondément clivé, précise le cinéaste.  D’un côté, il est tenu par la société, soit le respect de ses engagements, de l’autre par la prise en compte de ses propres désirs. » Comment concilier les deux ? « Cette question intéresse toujours la fiction. Elle est la même dans un film de couple ou dans un film de gangsters : celui qui respecte les règles du clan, que se passe-t-il le jour où on l’oblige à tirer sur son meilleur ami ? Là, il commence à y avoir du cinéma. »

Il n’empêche que, dans un cinéma français qui fonde son sérieux sur le substrat social, la valse amoureuse façon Mouret semble coupée du « vrai » monde, une bulle prémunie de l’extérieur, fonctionnant en vase clos. Mouret déconnecté ? Inactuel ? Le reproche n’est pas nouveau. L’intéressé s’en revendique, prétendant avec Nietzsche que « seul l’inactuel est intéressant : l’actualité passe, l’inactuel demeure ».

Se focaliser sur les sentiments ne traduit-il pas, pour le moins, une méfiance envers la réalité ? « Qu’est-ce que le réalisme au cinéma ?, rétorque-t-il. Qu’on soit dans la science-fiction ou le film d’époque, c’est toujours une construction. Le réalisme, ça commence quand un personnage a de gros problèmesAprès,il y a plein de façons de parler de la société. Le couple, c’est la plus petite société qui existe : s’y posent déjà toutes les questions possibles de rapport à l’ordre et à l’usage. La question de l’autre, elle existe déjà à deux. » Mouret s’autorise à ce titre une phrase attribuée à Jean-Louis Comolli (1941-2022), cinéaste « ouvertement politique » qui fut son professeur à la Fémis : « Il me disait : “Emmanuel, la politique, ça commence à deux dans une chambre !” »

Au fond, Mouret ne serait-il pas un cinéaste « classique » ? Nombre d’indices en attestent : la référence persistante au XVIIIe siècle (goût du marivaudage, Diderot adapté avec Mademoiselle de Joncquières, Mozart omniprésent en bande-son), siècle classique s’il en est, mais aussi aux comédies hollywoodiennes de l’âge d’or, Lubitsch et McCarey en tête, avec leur sens consommé de l’imbroglio et de la litote. « Le XVIIIe, c’est aussi l’époque des philosophes moralistes qui soupesaient les comportements, dit-il. J’aime les personnages qui sont poussés par des idées jusque dans la contradiction – et nous ne sommes que des tissus de contradictions. Le cinéma permet de traverser la contradiction sans pour autant la résoudre : c’est cet art de l’aporie que j’admire chez les grands cinéastes classiques. »

L’héritier assume la filiation : « On ne peut pas se départir de ce qui nous a construit, reconnaît-il. On fait des films parce qu’on a aimé en voir. On n’invente jamais rien : nos meilleures idées viennent d’ailleurs. Je crois aux effets d’originalité, pas à l’originalité. »

De Trois amies, l’on admire le délié d’une mise en scène parvenue à un haut degré de limpidité, qui fait la part belle aux acteurs, à la fluidité des échanges, aux ambiguïtés du langage. « J’ai tendance à moins découper l’action pour laisser les comédiens jouer ensemble dans le même plan et dans la continuité, précise le réalisateur. Cela a pour moi une vertu : jouer avec le spectateur. La mise en scène, c’est ce qu’on montre et ce qu’on ne montre pas, se tenir près ou loin des choses, sonder la distance entre un visage et sa parole. L’enjeu, c’est de créer assez de hors-champ pour que le spectateur puisse se faire son propre film. Que le film existe d’abord par ce qu’on ne voit pas : le hors-champ, l’ellipse, le non-dit, la musique des voix qui prévaut sur l’image. »

Le cinéma serait-ce donc ne pas voir, ou voir à côté ? « On n’a qu’à regarder la grande peinture : tout l’art du portrait est de rendre le sujet indiscernable. » L’art résiderait donc tout entier dans la couture, discrète, si possible invisible. Décidément, les « classiques » n’auraient pas dit mieux.

Le Figaro, no. 24940
Le Figaro et vous, mercredi 30 octobre 2024 922 mots, p. 32

Culture

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29 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

« FLOW » , UNE ODYSSÉE FÉLINE VENUE D'AILLEURS

LE LETTON GINTS ZILBALODIS A ENCHANTÉ PAR SA POÉSIE CANNES ET ANNECY. DANS SON FILM D'ANIMATION, UN CHAT SOLITAIRE ÉVOLUE DANS UN MONDE ÉTRANGEMENT SIMILAIRE AU NÔTRE.

Delcroix, Olivier

Onirique, imaginatif, toujours en mouvement, voici un film d'animation d'un nouveau genre. Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau s'apparente en effet à une expérience sensorielle inédite. Comment ne pas s'émerveiller devant le second film d'animation du jeune Letton Gints Zilbalodis (Ailleurs) ? Projeté à Cannes dans la section Un certain regard, ce surprenant chef-d'oeuvre sensoriel et immersif raconte comment un chat se réveille dans un univers envahi par l'eau, alors que toute présence humaine semble avoir disparu de la surface de la planète.

Fuyant la submersion de la maison où il s'abritait, ce félin au caractère bien trempé se réfugie sur un navire décrépit habité par un paisible rongeur (un capybara). Le voilier deviendra petit à petit une sorte d'arche de Noé, où le rejoindront d'autres animaux : un labrador, un lémurien (tout droit sorti de Madagascar) et un échassier blanc.

Film fantastique d'une fluidité à couper le souffle, Flowest une parabole marquante qu'on pourrait croire postapocalyptique. De passage à Paris, Gints Zilbalodis, trentenaire aux yeux clairs et au sourire malicieux, reconnaît que son idée revient de loin. «Je possédais un chat qui ressemblait à celui du film lorsque j'étais encore au lycée, se souvient-il. Enfant, je créais déjà des courts-métrages d'animation dans mon coin. Je ne sais pas pourquoi j'étais un garçon solitaire. C'est ma personnalité. J'ai toujours aimé travailler à mon rythme. Désormais, j'ai appris à travailler en équipe.»

Né dans une famille d'artistes (une mère peintre et un père sculpteur) à Riga, en Lettonie, Gints est très tôt initié au cinéma par son père. «Mon oncle tenait une salle de cinéma à Riga, le Cinéma du Forum, raconte-t-il. Nous avions des billets gratuits. Mon père m'a ainsi fait découvrir tous les films deHitchcock, Kubrick, Kurosawa, Fellini etTruffaut. Ce n'étaient pas forcément des films pour enfants. Mais ce fut très formateur.»

On imaginait volontiers que son Hitchcock préféré serait Lifeboat (1944). «Pas du tout, c'estFenêtre sur cour, répond-il, amusé. J'aime son dispositif très simple. Ce que je préfère, ce sont les séquences sans dialogues. Ces moments où James Stewart observe les autres. Par contre, ce que j'aime dansLifeboat , c'est l'idée de la contrainte. Hitchcock s'impose des limites. C'est ce qu'il faut également faire en animation. Il est bon de se mettre des barrières. Comme ça, on est obligé de trouver des solutions originales.»

Nulle trace d'êtres humains dans Flow, comme s'ils avaient mystérieusement cessé d'exister. «Oui,acquiesce-t-il. Je n'ai jamais pensé un seul instant mettre en scène des êtres humains, parce que je savais qu'il n'y avait pas de dialogues.» Dans le film, les animaux ne parlent pas non plus. Ils se comportent comme des animaux. Flow pourrait-il être un anti-Disney ? «Peut-être que oui, assure-t-il. Mon film est différent d'un film d'animation américain sorti d'un grand studio. Je respecte les enfants. Je ne leur mâche pas le travail.Flow ne répond pas à toutes les questions. Il faut qu'ils imaginent l'histoire, qu'ils se la réapproprient. Je n'explique pas comment le monde en est arrivé là.»Gints Zilbalodis, lui, ne perd pas de temps avec une scène d'exposition trop longue. «Ce serait ennuyeux.» Son film d'animation plonge tout de suite dans l'action. «Dans le cinéma indépendant, nous pouvons tenter d'expérimenter des choses nouvelles. On peut prendre des risques, être plus flexible» ,précise-t-il.

Y a-t-il quelque parallèle à dresser entre lui et ce chat sans nom qui fuit la montée des eaux ? «Je ne peux pas nier qu'il s'agisse d'une histoire personnelle, admet l'intéressé. Le chat est indépendant et solitaire comme moi. C'était intentionnel. Il passe son temps à fuir ses terreurs en grimpant d'abord sur le toit de sa maison, puis en remontant le courant de l'océan jusqu'à monter dans ce bateau ou en haut du mât lorsque les animaux se chamaillent. On ne peut pas passer son existence à éviter les choses qui nous gênent. Je voulais montrer comment le chat décide progressivement d'affronter ses peurs, de quitter sa zone de confort.»

Chorégraphies de caméras

Sur le plan technique, la fabrication de Flow reflète l'état d'esprit indépendant de Gints Zilbalodis. Même s'il a appris à travailler en équipe pour ce second long-métrage, il a refusé de faire un story-board. «Je n'en ai pas fait tout simplement parce que je montais le film directement en 3D,explique-t-il. Il y a beaucoup de chorégraphies de caméras à mettre en place dans le film. La caméra bouge tout le temps. C'est presque un personnage en soi. Elle suit le chat et raconte les terreurs, les émotions ou la curiosité du protagoniste principal.»

C'est sans doute pour cela que le montage de Flowest toujours fluide. Il n'y a pas de coupure entre deux plans. Le film suit le chat dans son périple dépaysant. Cela crée une participation active du spectateur. Gints Zilbalodis confie également qu'il a façonné son odyssée onirique en fonction de la musique qu'il composait lui-même. «C'est l'émotion de la musique qui m'a guidé, avoue-t-il. Parfois, ma partition m'a conduit à changer la direction de certains plans. Je me laissais guider par mon inspiration.» C'est la combinaison de toutes ces étrangetés créatives qui fait de Flow un film d'animation à part. Une pépite poétique à découvrir. O. D.

Le Monde
Culture, mercredi 9 octobre 2024 701 mots, p. 28
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9 octobre 2024 - Le Monde (site web)

terrifier 3 pppv A ne pas manquer

Noël passé à la tronçonneuse

Dans ce troisième opus, Art le clown franchit toutes les étapes de l’horreur et du blasphème

Jean-François Rauger

Le troisième épisode de la saga horrifique Terrifier vient d’être frappé, sur avis de la commission de classification, d’une interdiction aux moins de 18 ans. Celle-ci avait été, pendant longtemps, uniquement réservée aux films considérés comme pornographiques, selon les principes de ce que l’on a appelé la loi X dont l’application reléguait les œuvres qui étaient touchées par cette marque d’infamie à un ghetto de salles spécialisées. La production pornographique a depuis longtemps disparu des salles de cinéma pour vivre sa vie ailleurs, sur les écrans privés de la vidéo et d’Internet et, de fait, la mesure de restriction correspondante.

Mais l’interdiction aux moins de 18 ans a fait un retour, par décret du 12 juillet 2001, à un moment où l’on pensait que celle qui ne concernait que les moins de 16 ans serait insuffisante face aux tentatives d’un certain cinéma dit d’auteur ayant recours à une rhétorique venue de la pornographie, telle la représentation d’actes sexuels non simulés.

C’est la sortie du film de Virginie Despentes, Baise-moi (2000), qui avait été à l’origine de la résurrection de cette mesure, vue alors comme une manière, paradoxale certes, de protéger un cinéma personnel et ambitieux, très éloigné de l’exploitation vulgaire et mercantile, en lui permettant malgré tout d’être diffusé en salles.

Théâtre de la cruauté

Peu, à l’époque, avaient protesté contre cette « vertueuse » mesure en signalant qu’elle constituait un outil supplémentaire entre les mains de la censure cinématographique. A raison. Elle frappe désormais le cinéma d’horreur dans certaines de ses manifestations les plus violentes, privant ainsi distributeurs et producteurs d’une frange du public jeune, grand amateur d’épouvante cinématographique.

Certes, le personnage principal de la série des Terrifier est un clown monstrueux et muet dont la seule occupation semble être de torturer et de tuer son prochain avec divers raffinements de férocité. Le principal défaut que l’on pourrait reprocher à ces films constitue, en fait, leur qualité même. La violence n’y est pas justifiée par quelque chose qui la transcenderait, qui la justifierait ou qui l’expliquerait, par la psychologie ou le mythe par exemple. Elle représente, en elle-même, dans ses manifestations spectaculaires et atroces, la matrice d’un théâtre de la cruauté dont la nature profonde résiderait dans les peurs les plus enfouies du spectateur, dans les sensations les plus angoissantes, dans une obscure pulsion d’assouvissement.

Mais si Terrifier 3 a fait réagir la censure ce n’est sans doute pas uniquement en raison de l’hyperréalisme des séquences de meurtres, durant lesquelles sont utilisés, de manière parfois très inventive, divers instruments (dont une tronçonneuse) et où le sang coule à flots.

Dans ce nouvel opus, troisième volet d’une aventure commencée dans l’amateurisme et la production indépendante autofinancée, Art le clown s’est grimé en Père Noël et commet, au moment des fêtes de fin d’année, divers carnages, ne ménageant ni les enfants ni leurs parents. C’est sans doute en raison de cette manière de s’attaquer à un univers et surtout à une idéologie, celle de Noël, moment universellement considéré comme le triomphe d’un repli strictement familial, loin de la violence du monde et consacré à l’enfance, que le film tire une force véritablement blasphématoire.

En saccageant toutes sortes de rituels, l’indestructible monstre du film devient un activiste du gore, un terroriste s’attaquant au rêve familial petit-bourgeois. Et la censure ne s’y est peut-être pas trompée. Le tueur au visage blanchâtre et au petit chapeau représente une incarnation inédite de l’horreur. Remplaçant toute parole par des grimaces et des mimiques enfantines, il désarticule et réinvente la représentation du Mal, désormais horrible parce que drôle, drôle parce qu’horrible. De quoi rappeler ce que le grand cinéaste Tod Browning avait défini comme le sommet de l’épouvante : découvrir un clown devant sa porte.

Le Monde
Culture, mercredi 30 octobre 2024 1119 mots, p. 24
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31 octobre 2024 - La Matinale du Monde

Portrait

Le conte de fées de Mikey Madison

A 25 ans, l’actrice américaine est la révélation du film de Sean Baker « Anora », Palme d’or au Festival de Cannes

Aureliano Tonet

Parce qu’elle a les cheveux noirs comme l’ébène, la peau blanche comme la neige, les lèvres rouges comme le sang, certains ont cru reconnaître en Mikey Madison une cousine de Blanche-Neige. Ne porte-t-elle pas un prénom made in Disney ? D’autant que le film qui la révèle aujourd’hui, Anora, de Sean Baker, reprend l’ossature des contes de fées : l’actrice y campe une pauvrette, Anora, qui file un amour aussi parfait qu’inespéré avec un prince. De quoi déclencher l’ire du clan de celui-ci, notamment de sa belle-mère.

Attention, le conte est conjugué au présent de l’hyperlibéralisme américain : Anora est une travailleuse du sexe, et son prince, le fils d’un oligarque russe. En guise de carrosse, ils convolent en jet privé ; en guise de château, ils font la noce dans une villa new-yorkaise ou un palace de Las Vegas. A Cannes, Anora a décroché une Palme d’or aux allures de coup de baguette magique, vu son modeste budget. Il n’en fallait guère plus pour que l’actrice se voie offrir le costume de « nouvelle princesse du cinéma d’auteur », prestement taillé par une presse en pâmoison.

Un naturel « réservé »

Quelque chose de cet enchantement flotte encore dans l’air lorsqu’on rencontre dame Madison, fin septembre, dans les suites du Lutetia à Paris, où s’exécute tambour battant la promotion d’ Anora. Pour l’occasion, elle a enfilé sa plus belle robe de bal, noire comme sa chevelure, et ses plus fins souliers. Dans l’autre aile de l’hôtel parisien, Francis Ford Coppola reçoit les journalistes pour la sortie de son grand œuvre, Megalopolis. « Tout ça me semble un peu irréel… », lâche l’actrice de 25 ans, des étoiles dans les yeux.

Son ange gardien, Sean Baker, rôde dans les couloirs, avec sa femme, la productrice Samantha Quan, et leur chien. Il a découvert Mikey Madison dans Once Upon a Time… in Hollywood (2019), de Quentin Tarantino, où elle fait une brève mais mémorable apparition, en adepte exaltée d’une secte californienne. « Quel cran ! Même face à des acteurs du calibre de Brad Pitt et Leonardo DiCaprio, elle en imposait », loue le cinéaste, en référence à la fin du film, qui voit la star de Titanic contraint de doucher les ardeurs de la jeune femme au… lance-flammes.

C’est après la projection de Scream (2022), le cinquième volet de la saga horrifique, où Madison enfile le masque du tueur en série, que Sean Baker décide de lui confier le rôle d’Anora. « En sortant du cinéma, j’ai dit à ma femme : “Anora, c’est elle !”, rembobine-t-il. En l’espace de deux films, j’avais pu mesurer toute l’amplitude de son jeu : Mikey peut mordre, se battre, exploser avec une incroyable insolence, mais elle maîtrise aussi les ressorts de la comédie. Et puis sa beauté sort des canons hollywoodiens, et nous amène ailleurs. »

Pour la comédienne, l’ailleurs consista d’abord à se familiariser avec le monde des travailleurs du sexe, en amont du tournage. « En suivant les conseils de Sean, j’ai écouté, lu, regardé tout ce que je pouvais sur ce milieu, qui pâtit de nombreux a priori », confie-t-elle. La Canadienne Andrea Werhun, qui a raconté ses expériences d’escort-girl et de strip-teaseuse dans le livre Modern Whore (« pute moderne », 2017, non traduit), a joué les consultantes. « Son témoignage a été précieux », poursuit l’actrice, qui a également dû, pour les besoins du film, apprendre des rudiments de russe. Mais aussi adopter l’accent new-yorkais, autrement saccadé que celui de sa Californie natale.

« Ma vie est bien plus tranquille que celle des personnages que j’incarne », module celle qui se tient éloignée des réseaux sociaux, auxquels elle préfère les animaux. Cavalière émérite jusqu’à ses 14 ans, elle a grandi dans les plaines paisibles de Los Angeles, au sein d’une large tribu, d’origine juive lituanienne : elle a quatre frères et sœurs, dont un jumeau travaillant dans la finance, élevés par deux parents psys. « Je leur dois, peut-être, la capacité de comprendre en profondeur la psychologie de mes personnages, estime l’actrice. Ma mère m’aide beaucoup à préparer mes auditions : elle me donne la réplique, m’enregistre… »

D’un naturel « réservé », Mikey Madison a reçu son instruction à domicile, sous la férule de ses parents. Son « école de cinéma », ainsi qu’elle l’appelle, fut le tournage des cinq saisons de Better Things (2016-2022), la série de Pamela Adlon et Louis C.K., où elle campe l’aînée turbulente d’une avocate divorcée, assurant seule l’éducation de ses trois filles. « Rien à voir avec ma famille… Ce serait même plutôt l’inverse ! », glisse-t-elle.

Pour ce qui est de son initiation au cinéma d’auteur, elle crédite son père, dont elle dit avoir hérité des goûts aiguisés, ainsi que le duo Tarantino-Baker. « Je pensais être cinéphile, mais c’était avant de rencontrer Quentin et Sean ! » Pour construire le personnage sensuel et insoumis d’Anora, Baker lui a fait voir une flopée de films de genre, de Vampyros Lesbos (1971), de Jesus Franco, à La Femme scorpion (1972), de Shunya Ito, une rareté à laquelle Tarantino voue, lui aussi, un culte.

De toutes les œuvres recommandées par Sean Baker, aucune ne l’a plus marquée que Loulou(1980), de Maurice Pialat. « Isabelle Huppert est, avec Tilda Swinton et Julianne Moore, mon modèle : si seulement je pouvais avoir une carrière aussi longue, intense et variée ! », s’exclame celle qui rêverait de tourner, à l’avenir, avec Pedro Almodovar ou Luca Guadagnino. A Cannes, elle a eu l’occasion de dire toute l’admiration qu’elle porte à la Française.

Laquelle, en retour, ne tarit pas d’éloges à son endroit. « Mikey Madison est une formidable actrice, complimente Isabelle Huppert. Ses scènes les plus ardues ne sont jamais embarrassantes, car elle les joue, grâce à sa grande technicité, avec une froideur presque clinique. Elle est à l’aise dans des registres opposés, tantôt très physiques, tantôt très émotionnels, dans des scènes qu’on sent très travaillées comme dans d’autres plus improvisées. En cela, oui, la filiation avec les films de Pialat a du sens. »

Lorsqu’on lui demande de résumer son parcours, Isabelle Huppert aime à rappeler la fable du scorpion qui ne peut s’empêcher de piquer la grenouille l’ayant pris sur son dos, pour traverser la rivière. Suivre son instinct au mépris du danger : c’est sur les routes de ce conte-là que chemine Mikey Madison, moins Blanche-Neige, finalement, que femme scorpion.

Le Figaro, no. 24932
Le Figaro et vous, lundi 21 octobre 2024 1120 mots, p. 36

Culture

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20 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

PAS DE PURGATOIRE POUR FRANÇOIS TRUFFAUT

LE 21 OCTOBRE 1984, LE CINÉASTE DISPARAISSAIT, À L'ÂGE DE 52 ANS. QUARANTE ANS PLUS TARD, SES FILMS ONT TOUJOURS DU SUCCÈS ET SON AURA N'A JAMAIS FAIBLI. DE LA NOUVELLE VAGUE, IL EST LE PLUS AIMÉ.

Neuhoff, Eric

Il y a un mystère. Truffaut ne nous quitte pas. Quarante ans après, il est plus vivant que jamais. Tous ses films sont disponibles en DVD. Les télévisions les programment avec une belle régularité. Il ne s'écoule pas une année sans qu'un éditeur publie une nouvelle biographie de lui, un recueil d'articles, un album à sa gloire. En un sens, il bat à plates coutures ses concurrents de la Nouvelle Vague. Antoine Doinel n'a pas une ride. Avec Les Quatre CentsCoups , François Truffaut toucha d'emblée le public. De Jean-Pierre Léaud, il fit son double, une sorte de fils sur pellicule. L'exemple n'a pas d'égal à l'écran.

Truffaut se comporta comme un romancier avec son personnage, le regardant prendre de l'âge, se marier, devenir père, divorcer. Le charme opérait. Un gamin négligé par ses parents séchait les cours, volait une machine à écrire, se retrouvait en maison de correction. Doinel occupa les songes d'une France en noir et blanc. Les adolescents tomberaient éternellement amoureux de dames ressemblant à Delphine Seyrig, éprouveraient de la tendresse pour la sage Claude Jade avec son manteau qui arrivait au-dessus du genou.

Pour Truffaut, le cinéma fut une bouée de sauvetage. Il frôla la délinquance, s'engagea dans l'armée avant de déserter, tâta de la prison. Né de père inconnu, il trouva un protecteur en la personne du critique André Bazin. Le jeune Turc des Cahiers lui doit tout. Hélas, Bazin mourut avant la sortie des Quatre Cents Coups, qui lui est dédié. Godard se lançait dans des pistes inexplorées. Chabrol croquait avec cynisme les travers de la bourgeoisie. Rohmer se délectait des intermittences du coeur. Artisan à plein temps, artiste sur les bords, sincère à 100 %, Truffaut filait son chemin, entre « Série noire » et autobiographie.

Les hommes se partageaient la même femme. Elle avait les traits de Jeanne Moreau («Elle ne fait pas penser au flirt, mais à l'amour»). Grâce à lui, l'écrivain Henri-Pierre Roché (Jules et Jim) sortit de l'anonymat. La littérature accompagnait le cinéaste. Il côtoyait Louise de Vilmorin, offrit à Marie Dubois son pseudonyme tiré d'Audiberti, engagea Graham Greene comme figurant dans La Nuit américaine, rêva de tourner Le Petit Ami, de Léautaud, et Nez-de-cuir, de La Varende. Dans Fahrenheit451, on brûlait les livres, ce qui était le scandale absolu.

Il a chez lui quelque chose de terriblement français (il fut incapable de parler anglais, malgré des cours intensifs et un rôle chez Spielberg), une juvénilité à la Charles Trenet, une certaine gravité contrebalancée par des refrains de Boby Lapointe. Les sentiments puissants sont à la fois une joie et une souffrance. La Cinémathèque fut son royaume, sa caverne d'Ali Baba. Il y découvrit un monde à sa mesure. Les films des autres étaient des sésames. Grâce à eux s'ouvraient des horizons, un avenir. Derrière une caméra, le garçon maltraité gagnerait la place qui était la sienne.

Son oeuvre peut se définir comme un journal intime, les sous-titres de sa propre existence. Il filmait des adultères, des enfants sauvages, des veuves déterminées, des pianistes de bar, des policiers qui jouent aux petits chevaux. Sa voix au timbre voilé, si particulière, ses yeux étonnés, son sourire désarmant, tout cela cachait une grande mélancolie. Truffaut avait engagé un détective pour retrouver la trace de son père véritable, qui était dentiste à Belfort. Le metteur en scène se rendit dans cette ville, guetta en cachette un monsieur qui se promenait à heure fixe et n'osa pas l'aborder. À la place, il alla revoir LaRuée vers l'or dans une salle du coin. Tel était Truffaut, qui préférait le cinéma à la réalité. Elle ne le satisfaisait pas.

Cet être de fuite était ordonné, méticuleux. Dans ses bureaux de la rue Robert-Estienne, à deux pas des Champs-Élysées, les étagères étaient rangées comme celles d'un notaire. Il gardait tout, notes, coupures de presse, pages arrachées à des romans. Ses journées étaient bourrées de minutes à craquer. Il n'en perdait pas une miette. Cet infatigable épistolier bombardait son entourage de missives inspirées. Dans celle où il se brouille avec Godard, il traite son ancien complice de «merde sur un socle».

Jusqu'au bout sommeilla en lui un concentré de révolte, malgré ses horaires quadrillés et ses cravates en tricot. Il portait le cinéma français à bout de bras. Son but était de réaliser trente films. Il parvint au chiffre 22. Les nouvelles générations y découvrent un Paris peuplé de cabines téléphoniques et d'autobus à plateforme, d'appartements qui donnent sur la tour Eiffel ou d'élèves dissipés qui traversent la place Clichy en courant, de jeunes mariées demandant à un taxi de les emmener rue Descazes, qui n'existe pas.

Son enthousiasme ne s'est pas démenti. «Je veux que mes films donnent l'impression d'avoir été tournés avec 40 de fièvre.» Ils ont tous la fraîcheur des commencements. Il y avait chez lui du romanesque. Antoine Doinel publie un roman intitulé Les Salades de l'amour. Catherine Deneuve dirige un théâtre sous l'Occupation. Depardieu a une liaison torride avec sa voisine. À la fin, traqué par la maladie, il avait ce regard triste, conservant des traces de cette enfance qu'il n'avait jamais réussi à oublier. Une tumeur maligne s'empara de son cerveau. Contre cela, la fiction ne peut rien.

Mort il y a quarante ans à l'âge de 52 ans, Truffaut, ce maître en école buissonnière, n'est jamais devenu vieux. Il nous a appris que les fugues étaient nécessaires à l'adolescence, que le champagne était le lait des grandes personnes, que le film de demain sera un acte d'amour, que les ascenseurs ont le droit de mettre un temps fou pour grimper jusqu'au huitième étage et que, dans les hôtels, il est impératif de réserver la chambre 813 en hommage à Maurice Leblanc.

Ces leçons méritent d'être retenues. Depuis 1993, une rue du 12e arrondissement porte son nom. Elle n'est pas loin de la nouvelle Cinémathèque. Sa tombe, au cimetière Montmartre, est une des plus visitées. François Truffaut repose surtout dans notre chambre verte, parmi les photos de disparus, au milieu des bougies. La flamme ne s'est pas éteinte. Il y aura toujours des cinéphiles. Ils continueront à courir sur une plage à marée basse et à voir la mer pour la première fois, à croire que les femmes sont magiques et que le cinéma est la chose la plus importante du monde. Cela n'a pas de prix. E.N.

Éric Neuhoff est l'auteur de « Lettre ouverte à François Truffaut » que republie Albin Michel (136 p., 15euros).

Le Monde
Culture, lundi 21 octobre 2024 1078 mots, p. 25
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23 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Cinéma

Le cinéma de Sean Baker avant la Palme d’or

Quatre films inédits du cinéaste américain sont à découvrir en salle, le mercredi 23 octobre, avant la sortie d’« Anora », le 30

Clarisse Fabre

Filmer la marge, on connaît la chanson, avec ces films sociaux qui apparaissent régulièrement dans les festivals. Mais rares sont les cinéastes qui, tel Sean Baker, vont véritablement à la rencontre des gens. Désormais, plus personne n’ignore le travail de l’Américain, né en 1971 à New York, auteur du film distingué cette année à Cannes par la Palme d’or, Anora. Un conte de fées qui tourne mal pour cette escort girl (interprétée par Mikey Madison) qui se frotte aux hommes contre des dollars, à New York, et rencontre un jour un jeune client russe et fils à papa (Mark Eydelshteyn).

Sean Baker est un réalisateur et scénariste à (re)découvrir. Depuis quelques mois, son œuvre « indé » jusqu’au bout des ongles – des trans et des travailleurs du sexe très présents dans sa filmographie – est distillée en salle avant la sortie, le 30 octobre, d’ Anora. Après la ressortie, cet été, de Tangerine (2015), The Florida Project (2017) et Red Rocket (2021), voici qu’arrivent sur le grand écran, mercredi 23 octobre, ses quatre premiers longs-métrages inédits, regroupés sous le thème « Les Oubliés de l’Amérique » : Four Letter Words (2000), Take Out(2004), réalisé avec sa productrice Tsou Shih-Ching, Prince of Broadway (2008) et Starlet (2012).

As de la débrouille, bien que diplômé de la Tisch School of the Arts (reliée à l’université de New York), Sean Baker a, dès ses débuts, travaillé dans la publicité, utilisant ses cachets et ses économies pour produire ses films – 50 000 dollars, soit 46 000 euros, pour Four Letter Words, tourné avec des chutes de pellicule 35 millimètres de L’Armée des 12 singes (1995), de Terry Gilliam ; 3 000 dollars pour Take Out ; 47 000 dollars pour Prince of Broadway… –,Sean Baker a connu des hauts et des bas, notamment à cause de son addiction aux drogues, dont il parle librement.

Frustration sexuelle et porno

Le cinéaste a mis du temps à accepter son œuvre de jeunesse, Four Letter Words, pur bavardage masculin. Et vague de mélancolie : des étudiants qui ne s’étaient pas revus depuis le lycée se retrouvent pour une fête. La conversation tourne autour de la frustration sexuelle et du porno. Ça transpire la misère, bien que ces jeunes gens appartiennent à la classe moyenne. Baker filme un étrange paradoxe : ces gamins sont sur des rails (de leurs parents, de leur milieu social) et, pourtant, ils semblent regarder passer les trains (les amoureuses filent, les copines de la soirée s’éclipsent). Peut-être parce qu’ils ne font que répéter des modèles et n’inventent rien ? Auteur d’un cinéma vérité plus brut que scénarisé, Baker cite, parmi ses références, les frères Dardenne ou encore le mouvement Dogme95 (lancé par les Danois, au milieu des années 1990), lequel l’a libéré, dit-il, lui donnant le sentiment que le cinéma était à la portée de chacun.

Le travail du New-Yorkais, qui désormais vit à Los Angeles, présente aussi des cousinages avec quelques Français. Caméra à l’épaule, à l’âge de 22 ans, Sean Baker capte dans Four Letter Wordsun flot de paroles comme le fera Sophie Letourneur dans La Vie au ranch (2009) – tel un pendant féminin, de quoi parlent les filles ? Cet attrait pour les microcosmes, sans acteur connu, on le retrouve aussi chez Virgil Vernier, qui, lui, lorgne du côté des riches : à cet égard, son nouveau film, Cent mille milliards (sortie le 4 décembre), dévoilé à Locarno, soit la rencontre de deux mondes parallèles à Monaco, l’un fortuné, l’autre précaire (de jeunes travailleurs sexuels), n’est pas sans faire écho à Anora.

Sean Baker n’a jamais caché sa fascination pour l’industrie du X. Le personnage de Red Rocketest un ancien hardeur fauché (Simon Rex), et Starletfinit par dévoiler le gagne-pain de son héroïne (la comédienne et mannequin Dree Hemingway), actrice porno filmée dans une lumière solaire et diaphane, en sous-vêtements casualet unisexe, chaussettes de gym grimpant jusqu’en haut des cuisses, comme sortant d’une publicité pour American Apparel. Dans le rôle du producteur de films X, Karren Karagulian, fidèle acteur de Sean Baker, unique dans ses rôles de crapule cool (dans Anora, il joue les gros bras, mais toujours courtois). Si le cinéaste ne juge jamais ses personnages, c’est parce que son prisme est avant tout sociologique. C’est même une obsession chez lui : observer comment s’en sortent ceux qui n’ont pas pu faire d’études ou ont grandi dans des milieux difficiles.

Ne surtout pas manquer Take Out, qui se télescope avec bonheur avec un autre film actuellement à l’affiche, L’Histoire de Souleymane, de Boris Lojkine, fiction à suspense sur un livreur guinéen traversant Paris à vélo. Dans Take Out, Sean Baker suit une journée dans la vie de Ming, livreur chinois arrivé à New York dans la clandestinité. Il doit trouver de toute urgence 800 dollars pour calmer ses passeurs réclamant leur dû. Il va livrer sans relâche, guettant le pourboire, dans un aller-retour incessant entre la cantine où il travaille et les appartements des clients. On tremble pour lui, on sourit… Moment magique où son copain de galère lui apprend à dire : « Thank you very much », et à étirer les lèvres pour imiter le sourire, comme un abécédaire du rêve américain. La scène dit aussi le brin d’humanisme qui scintille, toujours, dans les films de Sean Baker.

Le trait d’humour explose dans la fiction Prince of Broadway, grâce au bagout irrésistible de Lucky (Prince Adu), alpaguant les clients sur le trottoir de Manhattan pour leur vendre des contrefaçons, faux sacs de luxe et baskets dernier cri. Lucky, jeune Noir sans papiers, cherche des touristes au portefeuille garni… Jusqu’au jour où une ex, que Lucky avait effacée de sa mémoire, lui met entre les mains un bébé dont il serait le père. Puis se sauve. Lucky se retrouve avec un boulet, un bébé qu’il trimballe par tous les temps, tel Chaplin dans The Kid (1921). Ce faisant, Sean Baker inverse le cliché de la mère célibataire et donne à voir le lien qui se crée. Au fond, tout ce monde ne cherche que de l’amour.

Le Figaro, no. 24920
Le Figaro et vous, lundi 7 octobre 2024 794 mots, p. 32

Culture

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6 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

L'IRLANDE TIENT LE PREMIER RÔLE AU FESTIVAL DU FILM DE DINARD

TRADITIONNELLEMENT VOUÉE AU CINÉMA BRITANNIQUE, LA COMPÉTITION A INTÉGRÉ L'ÎLE D'ÉMERAUDE QUI, DANS LE SEPTIÈME ART, AFFIRME SON DYNAMISME.

Jamet, Constance

Impossible de manquer, pavoisant les rues de Dinard au côté de l'Union Jack, les couleurs vert, blanc et orange du drapeau irlandais. Pour sa 35e édition qui s'est achevée ce dimanche, le festival du cinéma britannique s'est ajouté le nom de « et irlandais ». Ce choix reflète le dynamisme insolent du septième art issu de l'île d'Émeraude. Pour preuve, sur les six films que devait départager le jury d'Arielle Dombasle, la moitié battait pavillon irlandais ou était le fruit d'une coproduction.

Le Hitchcock d'or a couronné September Saysd'Ariane Labed, le portrait de deux soeurs fusionnelles, trouvant refuge dans la campagne irlandaise. Le prix de la meilleure interprétation a récompensé le vétéran Lalor Roddy, ouvrier agricole dans la chronique bucolique That They May Face the Rising Sundans l'Irlande des années 1980. La romance britannique Unicorns repart avec le prix du jury et du public. Hors compétition, Kneecap , l'histoire vraie de rappeurs de Belfast, figures de proue de la préservation de la langue gaélique, a été très applaudie.

« Les cinémas irlandais et anglais ont toujours été imbriqués : les coproductions et les va-et-vient de talents sont légion. Cette zone géographique représente aussi un seul et unique territoire de distribution. Mais vu l'histoire complexe entre les deux pays, mettre des films irlandais dans un festival britannique ne sonnait pas juste » , note Dominique Green, directrice artistique de la manifestation. Avant de sauter le pas, elle avait créé, à son arrivée en 2020, une section parallèle Irish Eyes in Dinard, riche en pépites (Lies We Tell, The Quiet Girl).

Descendus en masse à Dinard, les milieux culturels irlandais plaidaient, eux aussi, pour être mis sur un pied d'égalité. « Cet intitulé renforce la spécificité et la visibilité de notre industrie cinématographique en expansion », souligne Maurice Cotter attaché culturel et politique à l'ambassade d'Irlande.

Les festivals de Sundance et de Berlin ont été ouverts cette année par des films irlandais. Avec 4 titres, Cannes a aussi connu une vague celte. De Paul Mescal à Colin Farrell, Saoirse Ronan ou Barry Keoghan, les comédiens de l'île amassent les nominations. Cillian Murphy a même décroché un Oscar (Oppenheimer). Plébiscités, les films en gaélique galvanisent le box-office irlandais... et anglais, passant la barre du million de livres de recettes.

Perspectives locales

« Dans ces succès, il y a une garantie en termes d'identité. Ces longs-métrages sont fiers de leur héritage irlandais. Ce sont des récits intimes qui s'ouvrent sur l'extérieur », analyse le réalisateur Colm Bairéad de retour à Dinard dans le jury après le succès de The Quiet Girl, en lice à l'Oscar du meilleur film international.

« Litterature, théâtre, l'Irlande a toujours été un grand pays artistique et une terre d'émigration forcée. Nous avons toujours produit des comédiens recherchés : Liam Neeson, Gabriel Byrne... Mais comme les réalisateurs de cette génération, Jim Sheridan ou Neil Jordan, faute de perspectives locales, ils ont dû se mettre au service du septième art américain et anglais. Ce qui permet aujourd'hui au cinéma irlandais de devenir une puissance, ce sont les conditions économiques (le rabais fiscal de 40 % pour les tournages attire les productions étrangères qui embauchent des techniciens irlandais), et une politique proactive. Nous assistons moins à un âge d'or qu'à un changement structurel, ça va durer » , prévient Maurice Cotter.

L'acteur majeur de cette renaissance est l'agence de promotion Screen Ireland, qui fête ses 30 ans. Doté d'un budget de 40 millions d'euros, cet équivalent de notre CNC soutient une quinzaine de films par an. « L'impact de Screen Ireland depuis dix ans sur notre créativité est indéniable, souligne sa responsable Louise Ryan, nos jeunes cinéastes ont plus confiance. Leurs mises en scène sont bien plus visuelles et spectaculaires. Screen Ireland mise sur des premiers ou seconds films. Par ricochet, cela fait émerger des acteurs. Paul Mescal et Barry Keoghan ont pu très tôt s'emparer de rôles principaux et lancer leur carrière. » « Cet écosystème vertueux offre la possibilité à ces stars de revenir tourner à la maison » , espère Maurice Cotter. De passage à Paris pour évoquer son drame The Outrun,Saoirse Ronan confiait vouloir pousser des récits permettant à la diaspora de renouer avec ses racines. « Les Irlandais sont vraiment doués pour se faire un nom à l'international et ramener du travail à la maison » , saluait l'actrice devenue productrice

Une priorité de Screen Ireland, en lien avec le CNC français, est un accord de coproductions entre l'Hexagone et l'île d'Émeraude. Les deux entités qui se sont construites sur le cinéma d'auteur ont de puissantes synergies. Les vendeurs français, comme MK2 et Charades, sont déjà devenus les meilleurs alliés des producteurs irlandais pour vendre leurs films à l'étranger.

La Voix du Nord
00TOUTES
TEMPS LIBRE, mercredi 20 novembre 2024 308 mots, p. 00TOUTES64
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20 novembre 2024 - Nord Éclair

Chic Planète

Maître de cérémonie Conan O’Brien animera dans la nuit du 2 au 3 mars la 97 e cérémonie de remise des Oscars 2025, a annoncé l’Académie des arts et sciences du cinéma. Le comédien américain succède au présentateur Jimmy Kimmel, qui a endossé ce rôle durant deux années consécutives. Maître de cérémonie Conan O’Brien animera dans la nuit du 2 au 3 mars la 97 e cérémonie de remise des Oscars 2025, a annoncé l’Académie des arts et sciences du cinéma. Le comédien américain succède au présentateur Jimmy Kimmel, qui a endossé ce rôle durant deux années consécutives. Maître de cérémonie Conan O’Brien animera dans la nuit du 2 au 3 mars la 97 e cérémonie de remise des Oscars 2025, a annoncé l’Académie des arts et sciences du cinéma. Le comédien américain succède au présentateur Jimmy Kimmel, qui a endossé ce rôle durant deux années consécutives.

Maître de cérémonie Conan O’Brien animera dans la nuit du 2 au 3 mars la 97 e cérémonie de remise des Oscars 2025, a annoncé l’Académie des arts et sciences du cinéma. Le comédien américain succède au présentateur Jimmy Kimmel, qui a endossé ce rôle durant deux années consécutives. Maître de cérémonie Conan O’Brien animera dans la nuit du 2 au 3 mars la 97 e cérémonie de remise des Oscars 2025, a annoncé l’Académie des arts et sciences du cinéma. Le comédien américain succède au présentateur Jimmy Kimmel, qui a endossé ce rôle durant deux années consécutives. Maître de cérémonie Conan O’Brien animera dans la nuit du 2 au 3 mars la 97 e cérémonie de remise des Oscars 2025, a annoncé l’Académie des arts et sciences du cinéma. Le comédien américain succède au présentateur Jimmy Kimmel, qui a endossé ce rôle durant deux années consécutives.

Ouest-France
Nantes ; Ancenis ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Nantes Nord-Loire ; Châteaubriant ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Pornic, Pays de Retz
Nantes Métropole, jeudi 21 novembre 2024 425 mots, p. OF Nantes_10

Le festival de cinéma espagnol lâché aussi

Véronique ESCOLANO.

Comme le Cinématographe, il a appris, hier, la suppression de sa subvention dans le cadre des économies de la Région.

Hier, après la Folle journée, c’était au tour du festival de cinéma espagnol de Nantes de recevoir un appel téléphonique de la Région. Et la mauvaise nouvelle qui va avec : pas une baisse de subventions dans le cadre de son grand élagage budgétaire, non, sa suppression pure et simple. En 2024, le festival avait obtenu 38 000 €. Il en demandait 45 000 pour l’édition 2025, sur 367 000 € de budget global. Il n’aura rien, à trois mois du festival, « alors que les cycles sont lancés, les invitations en cours… C’est incompréhensible, réagit Pilar Martinez-Vasseur, une des codirectrices du festival né dans le contexte universitaire il y a trente-quatre ans. Cette décision ne correspond pas à ce qui semblait être un des objectifs de la Région : la formation des publics. Ce sont 10 000 scolaires dont 8 000 lycéens qui ne viendront plus, à Nantes ou aux séances décentralisées. Ce n’est pas entendable. Ils sont aux fondements du festival et en sont le cœur de cible. »

La codirectrice est d’autant plus remontée que son interlocuteur, Alexandre Thebaut, conseiller régional délégué à la culture et au patrimoine lui a fait entendre que « la Région ne soutiendra plus aucun festival de cinéma pour concentrer ses efforts sur la production de films. Elle préfère avoir son nom à un générique plutôt qu’encourager l’éducation à la culture ! C’est d’ores et déjà le poste de médiation culturel du festival qui est remis en question. »

Le festival des 3 continents, qui se tient en ce moment, n’a toujours pas reçu le coup de fil fatidique, mais ne se faisait « pas d’illusion  », mardi soir. Son directeur, Jérôme baron, avait déjà interprété l’absence inhabituelle d’un représentant de la Région à sa cérémonie d’ouverture, vendredi dernier, comme un signe prémonitoire.

Côté cinéma encore, mauvaise nouvelle aussi pour le Cinématographe, salle de cinéma associative d’arts et essais. Il voit sa subvention de 15 000 € supprimée. « Quand on est déjà à l’os, c’est très compliqué », glisse son directeur Emmanuel Gibouleau. Pas de quoi rassurer les acteurs culturels. Ils ont déjà lancé un appel à se rassembler, lundi, à 8 h 30, devant l’Hôtel de région.

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Monde
Culture, samedi 23 novembre 2024 850 mots, p. 21
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22 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Plateforme vidéo

Portrait d’une vieille ville en feu

Dans « Blitz », Steve McQueen conte l’odyssée d’un enfant qui cherche sa mère dans un Londres bombardé en septembre 1940

Thomas Sotinel

Dans une ville en feu, plusieurs pompiers tentent d’éteindre le brasier. Le jaillissement de l’eau sous pression assomme l’homme en première ligne. Le tuyau se mue en un reptile incontrôlable, les flammes continuent de dévorer les immeubles, les hommes s’agitent en une chorégraphie dérisoire. Plus tard, une fois passés les premiers effets du choc que provoque la vision de Blitz, une étrange association vient à l’esprit : Steve McQueen a ouvert son évocation de la tentative de destruction de Londres par l’Allemagne nazie sur une citation du premier film de fiction de l’histoire du cinéma. Cette première séquence est un remake tragique et cruel de L’Arroseur arrosé, des frères Lumières (1895).

Tressant la réalité du monde et l’histoire cinéma, l’ancien vidéaste et plasticien fait de Blitz une œuvre rare : une fiction dont la trame classique – un enfant tente de retrouver sa mère dans un pays en guerre – est tissée d’images, de situations, d’idées de mise en scène qui forcent à penser – aux bombes et aux gens sur qui elles tombent, hier et aujourd’hui, à la puissance de la fiction et à ses limites – sans entraver l’émotion et la sensation.

On est en septembre 1940, chaque nuit, la Luftwaffe nazie fait pleuvoir des bombes sur Londres. Les docks, les usines, les quartiers densément peuplés font de l’East End une cible. Rita (Saoirse Ronan) et son fils George (Elliott Heffernan), 9 ans, y vivent, à Stepney, dans une petite maison qu’ils partagent avec le père de Rita, Gerald (Paul Weller, le musicien). Ouvrière dans une fabrique de munitions, la jeune femme se résout à envoyer son fils hors de Londres.

George est métis (l’idée du film est venue à Steve McQueen en découvrant la photo d’un enfant noir évacué de Londres pendant le Blitz), il ne supporte pas la perspective d’être privé de la protection maternelle, d’être exposé au racisme universel qui lui vaut d’être insulté quotidiennement par ses compagnons de jeu et qui, par le passé, a conduit à l’expulsion de son père, originaire de la Grenade.

En pleine campagne, George saute du train pour rentrer chez lui. D’abord ignorante de l’évasion de son fils, Rita est un moment l’héroïne d’une chronique de la vie ouvrière, filmée à la manière du cinéma soviétique, avant de s’engouffrer dans une quête désespérée pour retrouver l’enfant.

Divisions sociales

Portrait d’une vieille ville en feu, Blitzmet en scène comme peu de films l’ont fait la persistance des divisions sociales en temps de guerre. Le racisme, d’abord, qui irrigue toute la cité de son poison, y compris dans les endroits où l’on ne trouve que des Blancs. Le recours judicieux aux flash-back donne une idée des origines de George, de l’injustice faite à son père. La guerre n’a pas, non plus, contrairement à ce que les discours d’union nationale voudraient le faire croire, comblé le fossé entre classes.

Une des plus belles séquences du film met en scène l’irruption de la BBC dans l’usine de Rita, qui est invitée à chanter pour soutenir le moral du royaume. A peine a-t-elle poussé sa dernière note que ses camarades envahissent le podium pour demander l’ouverture des stations du Tube pendant les raids allemands – les autorités préfèrent garantir la continuité des transports en commun plutôt que de préserver des vies prolétaires.

Des night-clubs chics (où l’on se croit un instant dans une comédie musicale) aux bas-fonds, les stations du périple du petit George font à la fois des péripéties haletantes et un éventail des réponses que le cinéma peut apporter à la tragédie humaine. L’intensité du jeu du jeune Elliott Heffernan, la force qu’il insuffle à son personnage – capable de résister à la douleur de la perte comme à la menace du mal à l’état pur – donnent à ce qui aurait pu n’être qu’une succession de tableaux l’énergie d’une épopée.

C’est l’un des talents les plus inattendus chez un cinéaste venu des arts plastiques que cette qualité de la direction d’acteur. Steve McQueen sait aussi bien utiliser les pouvoirs prodigieux de Saoirse Ronan qu’éveiller en Paul Weller une présence à l’écran, qu’on n’aurait pas soupçonnée chez l’ancien leader de The Jam et du Style Council. Stephen Graham en moderne Fagin ou un autre musicien, Benjamin Clementine, qui incarne avec un charisme étonnant un policier militaire venu du Nigeria, s’ajoutent à la cohorte des seconds rôles qui peuplent cette ville en feu dont le spectacle nous ramène inlassablement à la vie quotidienne de tant d’endroits sur Terre, au XXIe siècle.

Le Monde
Culture, lundi 25 novembre 2024 1028 mots, p. 22
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22 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Reportage

A Belfort, la vitalité du cinéma « indé » américain

En compétition au 39e festival Entrevues, trois films, dont « Softshell », de Jinho Myung, ont créé la surprise

Clarisse Fabre

Belfort - Au festival Entrevues de Belfort, dont la 39e édition a lieu jusqu’au dimanche 24 novembre, il n’est pas rare de confondre des cinéastes avec des lycéens en option cinéma, lesquels viennent chaque année découvrir les films d’auteur à la manifestation du Territoire de Belfort – ils sont 380 élèves, en provenance de Montpellier, de Nantes, de Paris… Un public de jeunes cinéphiles croise des cinéastes parfois à peine plus âgés.

Quant aux courts-métrages en compétition, souvent des premiers films, ils sont au centre de la programmation : ils sont diffusés juste avant les longs-métrages qui concourent pour le Grand Prix Janine Bazin (dix au total), souvent en présence de leurs auteurs. C’est ainsi que l’on a découvert le magnétique Colloque des chiens, interprété par deux toutous mélancoliques, de Norman Nedellec, issu du monde paysan, ainsi que L’Avance , de Djiby Kebe, né en 2000 à Paris : quelques instants subtils dans la solitude d’un jeune peintre noir (Saabo Balde), alors qu’il commence à côtoyer le milieu des collectionneurs.

La programmation collégiale, coordonnée par Cécile Cadoux, tente d’attirer divers publics : outre la compétition, un hommage au cinéaste français Laurent Achard, mort le 24 mars à l’âge de 59 ans ; une rétrospective Robert Guédiguian ; les premiers films de l’Américaine Nancy Savoca ; une thématique sur l’actrice et son double, etc. Au total 120 œuvres, une belle affluence, mais des inquiétudes liées à l’annonce, par le département, de la baisse de sa subvention de 20 % pour 2025.

« Par ces temps de restriction budgétaire, la culture ne peut pas être la variable d’ajustement,souligne Gilles Lévy, président de l’association Cinémas d’aujourd’hui, qui organise le festival. Entrevuesmet la ville en fête, mixe les populations, on en ressent les effets après chaque édition. » L’un des films en compétition, le solaire Festa major, de Jean-Baptiste Alazard, cinq jours de fête et d’ivresse dans un village pyrénéen, raconte autrement cette joie de « faire ensemble »… Un remède à la fracture de la société, que l’on aura un peu oubliée durant le festival. D’autres œuvres nous ont ramenés à la réalité, comme le somptueux The Antique, de la Géorgienne Rusudan Glurjidze, née en 1972 (sans doute la doyenne de la compétition). Le film, dévoilé à Venise et porté par une merveilleuse comédienne (Salome Demuria), s’ouvre avec ce carton : « Le film est inspiré par la brutale et illégale déportation de milliers de Géorgiens par le gouvernement russe en 2006. » Il montre, sur fond de trafics d’œuvres entre la Géorgie et la Russie, une Géorgienne qui s’installe à Saint-Pétersbourg, cherchant à échapper à la police.

« De petits budgets »

L’édition a été marquée par la vigueur du jeune cinéma américain, avec trois films « indé » en compétition, particulièrement inventifs : dans un style à la fois feutré et féroce, Softshell, du New-Yorkais Jinho Myung, 23 ans, scrute le quotidien d’un frère et d’une sœur dans un quartier métissé du Queens (New York) ; Invention, faux documentaire de la plasticienne Courtney Stephens, ausculte les croyances et les arnaques dans une médecine proche du charlatanisme. Enfin, No Sleep Till, d’Alexandra Simpson (une production dévoilée à la Mostra), capte une nuit acidulée en Floride, guettée par l’ouragan, avec ses personnages attachants (un chasseur d’orages), ses losers magnifiques, ceux qui partent et ceux qui tournent en rond.

Jinho Myung, d’origine coréenne, a tourné Softshell pour « moins de 40 000 dollars » en cumulant trois jobs pour payer la pellicule. « Je travaillais dans un restaurant, je faisais de la programmation de courts-métrages pour une plateforme et je développais des films sur le campus de l’école », résume cet ancien étudiant de la Tisch School of the Arts, à l’université de New York. « C’est surréaliste », répète Jinho Myung, qui n’en revient toujours pas d’être à Entrevues (il prononce « entrevous »), comme, à leurs débuts, les frères Safdie ou Kelly Reichardt. « C’est en regardant leurs premières œuvres, réalisées avec de petits budgets, pendant le Covid, que je me suis dit que c’était possible pour moi… » Mais ce n’est pas simple, ajoute le jeune homme : « Aux Etats-Unis, très peu de festivals soutiennent le jeune cinéma indé. Mais il faut citer le New/Next Film Festival de Baltimore[dans l’Etat du Maryland], programmé par Eric Allen Hatch, où mon film a été projeté en octobre. »

Softshell n’a laissé personne indifférent. Une série de petits malentendus émaille le quotidien d’un frère et d’une sœur, Narin (Legyaan Thapa) et Jamie (Caledonia Abbey), deux Américano-Thaïlandais âgés de la vingtaine. Certains Américains leur font sentir qu’ils ne sont pas d’ici, sans pour autant être animés de mauvaises intentions. C’est dans cette zone grise que Softshell réussit à travailler toute une gamme de situations, entre burlesque, étrange et gore : un chef cuistot, petit ami de Jamie, va sortir le couteau de cuisine japonais lors d’une scène effroyable. « Sur les questions d’identité, trop souvent les films s’emparent d’un détail représentatif d’une culture, pour en faire le nœud du récit. Je préfère m’intéresser à des micro-événements, à la manière dont les gens perçoivent les choses », explique Jinho Myung, dont les parents sont nés en Corée du Sud, avant de s’installer aux Etats-Unis.

Dans Invention, une jeune femme (Callie Hernandez) est en deuil de son père, le docteur Hernandez (vrai père de l’actrice), qui préconisait des méthodes alternatives, à la limite du conspirationnisme. Après sa mort, elle hérite d’une curieuse machine à guérir qu’il avait conçue. « Le docteur Hernandez apparaissait fréquemment à la télévision locale du Texas dans les années 1990 pour défendre ses idées farfelues. Mais il n’a pas inventé de machine » , nous indique, par courriel, la cinéaste Courtney Stephens, qui n’a pas pu venir à Belfort. Une œuvre bien barrée et un jeu de pistes kitch dans l’Amérique profonde.

Le Journal du Centre
Nièvre
Decize, mardi 8 octobre 2024 263 mots, p. JDC-20

Festival Jean-Carmet hors les murs

Dornes. Cinéma "Hors les murs" avec cinq courts métrages..

Une trentaine de personnes se sont retrouvées, jeudi soir, salle des associations, pour assister à la projection de cinq courts-métrages, dans le cadre du Festival de cinéma Jean-Carmet.

C'est la deuxième fois que cette soirée est proposée par l'association Ciné Bocage de Moulins.

La trentième édition de ce festival se déroulera, de demain à mardi 15 octobre, au cinéma CGR de Moulins. « C'est une grande manifestation sur l'Allier et pour Moulins Communauté, composée de quarante-quatre communes. Ce festival compte dans le cinéma français. Il récompense les jeunes talents du cinéma dans des courts-métrages et les interprètes de second rôle dans de longs-métrages », a expliqué Jean-Guy Cognet, président de Ciné Bocage, qui a passé sa jeunesse à Dornes. Il rappelle qu'en 2023, douze mille entrées avaient été enregistrées.

Cinq courts-métrages

Jeudi soir, c'était la séance hors les murs, avec la projection de cinq courts-métrages d'une durée de vingt à trente minutes. Il s'agit des premières oeuvres de jeunes réalisateurs et comédiens (*).

Les spectateurs dornois ont pu voir Bornéo (Max a tenté sa chance et a tout perdu), Charbon (Mirko le livreur à vélo), Mouiller le maillot (dans la piscine, tous les hommes ne sont pas égaux), Rapide (la vie avec ses angoisses) et Tondex 2000 (maintenir à flot une entreprise de tondeuses à gazon).

Le public a attribué sa palme à Charbo n.

La soirée s'est prolongée par le verre de l'amitié.

(*) Ciné Bocage en a reçu sept cent trente-six. Quinze seulement ont été sélectionnés pour la compétition Jeunes Espoirs.

Nord Éclair
50ROUBAIX
VOTRE EDITION, vendredi 11 octobre 2024 235 mots, p. 50ROUBAIX13
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10 octobre 2024 - La Voix du Nord (site web)
11 octobre 2024 - La Voix du Nord

Aux Écrans, des séances de cinéma s’adaptent au handicap

fanny saintot

Tourcoing. Au cinéma, la règle d’or, c’est le silence, sous peine de s’attirer les foudres des autres spectateurs. D’où l’intérêt de cette initiative : en collaboration avec l’association Auti Bol d’Air, le cinéma Les Écrans de Tourcoing, qui appartient au groupe UGC, va proposer des séances spécialement adaptées aux personnes en situation de handicap ou aux jeunes enfants. En clair, on pourra bouger, rire ou s’exprimer librement, sans avoir peur de déranger ses voisins. Le principe : « chacun est accueilli et respecté tel qu’il est», avec ou sans handicap.

un moment de détente

en famille

Concrètement, les bénévoles de l’association Auti Bol d’Air proposeront un accueil bienveillant, dans une ambiance chaleureuse, avec des ajustements comme une lumière tamisée, un son plus doux, et sans publicité ni bande-annonce. Objectif de ces séances de « ciné relax » : profiter d’un moment de détente en famille, ouvert à tous.

Les premières séances, destinées aux plus jeunes, sont : Vice Versa 2, le samedi 12 octobre à 14 h 30 ; Croquette, le chat merveilleux le samedi 9 novembre à 14 h 30 et Vaiana 2 le samedi 7 décembre à 14 h 30.

fanny saintot

Cinéma les Écrans, promenade de la Fraternité à Tourcoing. Tarif unique : 6 €.

La Montagne
Cantal
Saint Flour, lundi 28 octobre 2024 177 mots, p. Cantal-17
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28 octobre 2024 - La Montagne (site web)

Du nouveau pour les P'tits mordus de cinéma

Murat. Du nouveau pour les P'tits mordus de cinéma. Les P'tits mordus de cinéma, programme destiné aux plus jeunes spectateurs, se dote d'une toute nouvelle proposition d'atelier pour enfants. Ainsi, chaque séance sera désormais suivie d'un atelier de fabrication de badge aux couleurs du film que les enfants auront visionné. Ils pourront ainsi repartir avec un souvenir personnalisé de leurs premières séances de cinéma. Les films sont choisis par l'association Plein Champ (réseau des salles indépendantes d'Auvergne) et proposés aux salles adhérentes pour les plus jeunes spectateurs âgés de 3 à 7 ans. Une entrée en matière toute douce pour donner aux enfants le goût du cinéma en salle. Tarif unique : 3,20 ?. Trois séances du même film sont proposées les mercredi à 10 h 30, vendredi et dimanche à 17 heures. Au programme : « Pat et Mat » la semaine du 30 octobre, « Billy le hamster cow-boy » celle du 13 novembre, « Petits contes sous l'océan » celle du 4 décembre et « Mac Pat le chat chanteur » la semaine du 18 décembre.

L'Est éclair
EST
PAGES LOCALES, mardi 29 octobre 2024 653 mots, p. EST22

Culture

OGEC : rénovations pour le cinéma et loges pour l’Agora

Marylou Prévost

Nogent-sur-Seine. L’OGEC a présenté un beau bilan 2023 avec une augmentation de la fréquentation du cinéma qui a bénéficié de la rénovation d’une de ses salles. L’Agora se dote, elle, de loges flambant neuves pour les artistes.

«Nous pouvons accueillir avec élégance les artistes qui viennent se produire à Nogent-sur-Seine» Estelle Bomberger-Rivot, maire de Nogent-sur-Seine

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Marylou Prévost

C omme par le passé, les différents volumes et salles de l’Agora sont toujours bien occupés. L’Agora est toujours très demandée par les différentes associations, assemblées générales et activités diverses, pour les différents spectacles et concerts, pour les réunions institutionnelles (DGFIP, sous-préfecture, mairie de Nogent), par les entreprises (CNPE, Soufflet, Saica paper) et pour le don du sang chaque premier mercredi du mois», a indiqué Pierre Mathy, président de l’Office de gestion des équipements culturels (OGEC), lors de l’assemblée générale de l’association le 23 octobre.

25 939 places vendues au cinéma

Une constatation qui se traduit aussi bien dans les chiffres. En effet, l’OGEC, en charge de l’Agora Michel-Baroin et du cinéma Lumière, enregistre pour ce dernier 25 939 places vendues en 2023 contre 20 601 places en 2022, soit une augmentation de 25,91 %.

Le nombre de spectateurs pour la saison culturelle reste stable avec environ 33 000 spectateurs.

Le bilan financier est équilibré avec 192 080,60 € de chiffre d’affaires en 2023, et donc une progression de 26,03 % par rapport à 2022.

Estelle Bomberger-Rivot, maire de Nogent-sur-Seine, présente à l’assemblée générale, a salué « la qualité de l’activité et la qualité de la situation financière» de l’OGEC.

De nouvelles loges pour les artistes

La fréquentation des deux équipements est donc satisfaisante et pourrait encore augmenter grâce aux différents travaux financés par la Ville de Nogent-sur-Seine.

Au niveau du cinéma Lumière, la salle du premier étage a été rénovée en 2023. Celle du rez-de-chaussée va également bénéficier de la réfection des murs, du plafond et de l’écran.

À l’Agora Michel-Baroin, la création des loges pour les artistes s’est achevée à la fin du mois de septembre, dans l’espace qui était réservé au CNPE.

« Avant, quand un artiste venait, il occupait les vestiaires des sportifs. Ce n’était pas très confortable et on avait beaucoup de remarques», a évoqué Pierre Mathy.

Désormais, les artistes bénéficient d’une loge collective, de deux loges individuelles, dont une adaptée aux personnes à mobilité réduite, de douches, de toilettes, et même d’une cuisine avec un réfrigérateur.

Pour Estelle Bomberger-Rivot, la création des loges est une étape significative, « qui permet d’accueillir comme il se doit les artistes. C’était une attente très forte à la fois des membres du conseil d’administration, des salariés et également des artistes. C’est chose faite désormais, nous pouvons accueillir avec élégance les artistes qui viennent se produire à Nogent-sur-Seine. »

Durant les vacances de la Toussaint, cette année, la salle de gymnastique verra également son parquet entièrement rénové.

L’Agora ne loue plus aux particuliers

Depuis l’été 2024, l’Agora n’est plus louée à des particuliers, à cause, notamment, des dégradations causées lors des locations.

« On a souvent, en plus, des conflits d’agenda. Donc si on réserve un an à l’avance les salles pour un mariage, entre-temps, une association voudra faire quelque chose, et il faudra lui dire non. C’est dommage. Je préfère privilégier les associations de Nogent à l’Agora et que les gens qui ont un mariage à faire aillent dans les salles de Saint-Aubin, Fontaine-Mâcon, Villenauxe, La Louptière-Thénard, etc. » , a ainsi déclaré Pierre Mathy.

Le Monde
Culture, mercredi 30 octobre 2024 844 mots, p. 24
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30 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Anora pppv A ne pas manquer

De Brooklyn à Las Vegas, Sean Baker brise le mirage hollywoodien

Le huitième film du cinéaste suit les déboires d’une jeune prostituée, Cendrillon moderne poursuivie par les sbires d’un oligarque russe

Murielle Joudet

Tout ce qu’Hollywood ne veut plus voir se vit dans le cinéma de Sean Baker. Son œuvre, riche de huit longs-métrages, dresse de lucides constats qu’on ne trouve plus ailleurs, tant le cinéma américain est devenu malade de son formatage et de son infantilisme politique et sexuel. Le cinéaste n’a cessé de remuer les mêmes obsessions : le sexe comme monnaie d’échange et parfois unique moyen de survie. La classe sociale, appréhendée comme un destin qui vous rattrape toujours. Enfin l’argent, qui structure le monde. Mais si ce n’était que ça : la maturité politique de son cinéma ne serait rien sans l’assise d’un regard qu’on devine, chez lui, généreux, curieux de ce que ses acteurs (choisis hors star-système) ont à offrir.

Anora (Mikey Madison) vient ainsi s’ajouter à la liste des héros galériens qui traversent la galaxie Baker : jeune prostituée officiant à Brooklyn, on la découvre au détour d’un splendide travelling où, dans un sourire qu’elle a pris l’habitude de plaquer sur son visage, elle offre une danse lascive à un homme. Une nuit, la voilà qui divertit Ivan (Mark Eydelshteyn), un jeune client qui se trouve être le fils d’un oligarque russe. Il ne tarde pas à l’inviter dans sa villa pour se payer ses services d’escort-girl et s’attache bientôt à celle qui se fait appeler Ani. Sans crier gare, une sincère relation, certes tarifée, se noue et s’intensifie. Cette première partie, tunnel d’euphorie saturé de couleurs acidulées, se veut la peinture de deux amants insouciants, beaux comme des dieux, qui semblent avoir dissous le réel et ses lois dans une jouissance sans fin.

« Pretty Woman » monté à l’envers

Reste que le spectateur ne pourra s’empêcher d’y soulever une ambiguïté, et une pensée ne le quittera pas : c’est parce qu’Anora travaille (et gagne gros) qu’Anora sourit. Tout ce grand bonheur est à la fois réalité et simulation, c’est l’histoire de deux êtres qui font semblant d’être du même monde et y parviennent. Largement aidés par le sexe, l’alcool et la drogue, ils planent et prennent soin de ne jamais redescendre. Leur union culmine à Las Vegas, où, sur un coup de tête très sérieux, Ani et Ivan se marient. Cendrillon du XXIe siècle, Ani retourne sur son lieu de travail pour dire adieu à ses collègues et à sa galère. La seule échappée promise à ces femmes – le beau mariage –, c’est elle qui l’a décrochée.

Un matin, les hommes de main du père d’Ivan débarquent pour annuler l’union. Alors, tout ce que la première partie a bâti sera cruellement et patiemment détricoté par la deuxième. Sur plus d’une heure, le film se vide de toute l’euphorie emmagasinée lors d’une interminable gueule de bois : les sbires se lancent dans une course folle à travers Brooklyn et Coney Island pour retrouver Ivan et ainsi sceller le divorce. Tenant tête aux trois cerbères, Ani lutte pour ne pas être remise à sa place, c’est-à-dire tout en bas, tenant moins à Ivan qu’à sa nouvelle classe d’adoption.

Si cette deuxième partie mange la grande majorité du film, c’est précisément parce qu’ Anoraoffre en spectacle le patient démantèlement de tous les conventions narratives et mirages hollywoodiens : ivresse amoureuse et happy end ne concluent rien mais se défont sous nos yeux. Le mariage, ultime sommet d’une vie et d’une comédie romantique, apparaît ici dans tout son prosaïsme : une transaction, une démarche administrative qui a toutefois le pouvoir de vous extirper de votre condition. Anora, ce serait Pretty Woman, mais monté à l’envers – en somme, remis dans le bon ordre.

Hanté par Le Magicien d’Oz, dont il adopte souvent la structure scindée entre rêve et réalité, Sean Baker organise la collision entre beauté des mirages et lucidité politique. Mais celle-ci serait peu de chose si elle se faisait dissertation surplombante. Il y a, chez le cinéaste, plus impérieux que tous les constats : c’est le personnage qui respire, l’acteur qui l’incarne. Et Anora d’être, avant tout, le catalogue amoureux de tous les états de son actrice, Mikey Madison, 25 ans, célébrée corps et âme, naissant comme grande actrice.

Dans sa dégringolade, alors que plus personne ne considère ni n’écoute Anora, Igor, chargé de la surveiller, finit par être ce tout dernier regard qui la soutient et l’observe amoureusement – sans doute n’est-ce pas un hasard si Yuriy Borisov (Igor), ressemble à Sean Baker. Tout l’art du cinéaste procède de ce détail, unique certitude qu’il reste à Ani – celle de ne jamais être quittée des yeux.

Le Monde
Culture, lundi 28 octobre 2024 1260 mots, p. 21
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25 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Cinéma

Cinemed, chambre d’écho aux conflits du Moyen-Orient

Sur les onze films sélectionnés par le festival, seule une poignée se tient à distance d’une souffrance légitime, au profit d’une approche plus subtile

Mathieu Macheret (à Montpellier)et Jacques Mandelbaum Mathieu Macheret (à Montpellier)et Jacques Mandelbaum Mathieu Macheret (à Montpellier)et Jacques Mandelbaum

Attentif à la situation au Proche-Orient, le festival Cinemed, à Montpellier, a été au cours de son histoire régulièrement rattrapé par les conflits qui déchirent la région. Ce fut exemplairement le cas de l’édition qui s’est tenue du 20 au 28 octobre 2023, dans le sillage immédiat des massacres sans nom commis par le Hamas, le 7 octobre 2023. La situation se représente, cette année, aggravée si besoin était par l’ampleur d’une rétorsion israélienne qui ne s’est pas non plus épargné la barbarie de bombardements massifs contre les civils.

Onze films, courts et longs-métrages confondus, en provenance de cette zone à feu et à sang ont été sélectionnés. On y dénombre six films palestiniens, quatre libanais, un israélien. Décompte qui interpelle, s’agissant d’une situation aussi humainement et politiquement sensible. Les films israéliens n’ont pourtant pas manqué, depuis un an. Deux d’entre eux ont été sélectionnés à la Mostra de Venise, en dépit du boycott qui les visait : Of Dogs and Men,de Dani Rosenberg, et Why War, d’Amos Gitaï. Cette réduction de la présence israélienne, inexplicable eu égard à l’actualité, accréditerait-elle la rumeur de « boycott officieux » des festivals, qui court depuis Cannes ?

Christophe Leparc, le directeur de la manifestation, s’en défend : « Dans le processus de sélection, on ne s’interdit rien, on n’a aucune forme de censure. La sélection s’est faite, comme chaque année, en considérant avant tout le point de vue cinématographique. Les propositions qui venaient d’Israël étaient moins nombreuses et qualitativement pas terribles. Beaucoup d’interventions trop à chaud n’étaient pas toujours les plus convaincantes. Manquait peut-être ce temps d’incubation pour poser les choses et que cela devienne une œuvre artistique. » L’argument est si légitime qu’il concerne, en vérité, la majorité du corpus sélectionné à Montpellier.

C’est une banalité de dire que la souffrance et la haine accumulées ne favorisent pas ce qu’on serait idéalement en droit d’attendre du cinéma : l’intelligence d’une complexité historique, l’impératif d’une présence partagée. Peu de films comblent cette attente, seuls y parviennent ceux qui prennent le risque d’une distanciation salutaire, non seulement avec la déflagration en cours, mais plus largement avec ce mutuel refus de reconnaissance, qui empoisonne de longue date la région. Vers un pays inconnu (sortie en mars 2025), du Palestinien Mahdi Fleifel, prend ainsi délibérément le large, suivant, en Europe, sur le mode tragi-comique, deux réfugiés palestiniens bloqués en Grèce, mais décidés à faire fortune en Allemagne.

No Other Land(sortie le 13 novembre), documentaire palestinien signé Basel Adra, Yuval Abraham, Hamdan Ballal et Rachel Szor, témoigne de la colonisation de moins en moins rampante de la Cisjordanie par Israël, associant, dans un même mouvement d’humanité et d’indignation, Basel, jeune Palestinien expulsé de son village, et Yuval, un activiste israélien pour la paix, qui lui porte assistance. On a beaucoup aimé aussi Une orange de Jaffa, du cinéaste originaire de Gaza Mohammed Almughanni, qui signe un film de barrage dans la veine d’Elia Suleiman (Intervention divine, 2002). Ce court-métrage afflige un jeune Palestinien pressé et le chef de poste d’un point de contrôle israélien de mères semblablement embarrassantes, qui les restituent l’un et l’autre, par-delà leur haine recuite, à une humanité commune.

Deux films, pour s’en tenir à ce luxe qu’est la tenue esthétique, auront enfin fait la différence. Il s’agit du court-métrage israélien d’Amit Vaknin, Ce n’est pas le moment pour de la pop, et du moyen-métrage libanais d’Ali Cherri The Watchman. Le premier est signé d’une étudiante en cinéma, âgée de 28 ans, de l’université de Tel-Aviv. Il se déroule pendant le Jour du souvenir, moment sacralisé de la vie israélienne (tout le monde se fige dans la rue quand résonne la sirène), qui rappelle le souvenir des victimes du terrorisme. Une jeune femme (l’actrice Yarden Shay, même génération que la réalisatrice) choisit de s’y soustraire en louant un appartement en face de celui de l’homme qu’elle convoite.

Archéologie de la haine

Film fortement critique, pour ne pas dire blasphématoire, qui privilégie le désir sur la mort, mais que la réalité a fini par rattraper : « Le film a été écrit et tourné avant la guerre, explique Amit Vaknin .A ce moment-là, je me sentais parfaitement libre d’exprimer ce que je pensais sur cette cérémonie nationale, sur la façon dont nous faisons collectivement face à nos chagrins, sur la mort et la présence des morts qui intriquent nos vies quotidiennes. Ce n’est plus aussi simple, mais je pense que c’est très important de continuer à faire des films personnels. La politique, c’est toujours ce dont il est question dès qu’on filme un lit.»

Quant à Ali Cherri, plasticien et cinéaste, auteur, en 2023, du très impressionnant Barrage, tourné au Soudan, il s’installe cette fois, avec The Watchman, à Chypre, dans une tour de guet qui surplombe la ligne de démarcation entre territoire grec et territoire turc. L’attente infinie et silencieuse du soldat, la ligne d’horizon désespérément vide, le lézard qui traverse lentement l’écran tel un événement, la vieille femme qui propose une archéologie de la haine, l’armée des morts qui débouche comme décalquée des marcheurs blancs dans Game of Thrones, tout cela nous évoque, et avec quelle puissance, l’absurdité d’un conflit qui ne contribue à rien d’autre qu’à zombifier les hommes et à rendre la terre inhabitable.

« Le Désert des Tartares, de Dino Buzzati, est l’un des points de départ du projet. Cette idée que, à force d’attendre un ennemi qui n’existe pas, on finit toujours par en inventer un, dit Ali Cherri. Ce que j’explore ici, c’est la géographie de la violence : filmer une terre où des événements tragiques se sont produits, c’est penser à notre condition de témoins, face à ce que cette violence laisse comme traces sur les corps, mais aussi sur les paysages. C’est pour ça que, bien qu’opérant dans la fiction, je tourne sur les vrais lieux des conflits, avec des vraies gens du coin, car leurs visages portent aussi cette histoire-là.» L’humanisme vibrant et l’intelligence esthétique du plasticien font, en ces temps où cette part du Moyen-Orient semble avoir perdu toute raison et versé dans une entreprise de mort sans fin, un bien fou.

Au milieu des vitupérations qui résonnent jusqu’à nos portes, on lui prête d’autant plus volontiers l’oreille : « A Chypre, j’ai retrouvé la même dialectique entre le nord et le sud de l’île qu’entre le Beyrouth-Est et le Beyrouth-Ouest de la guerre civile, divisé entre chrétiens et musulmans. En regardant un autre conflit que le nôtre, on arrive à trouver des formes de solidarité, de récurrence, avec d’autres corps brisés, affectés par l’histoire. Il y a une communauté de vécu qui s’installe. C’est pour moi une manière de réfléchir à l’histoire contemporaine, y compris avec ce qui se passe en ce moment au Liban. Qui est l’ennemi ? Que veut dire mourir pour la patrie ou pour une cause ? Ce sont des questions qui sont revenues nous chercher.»

Le Figaro, no. 24932
Le Figaro et vous, lundi 21 octobre 2024 586 mots, p. 36

Culture

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20 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

AU THÉÂTRE DU LUCERNAIRE, LES LETTRES D'UN ÉPISTOLIER PISTOLERO

Palou, Anthony

Il y a juste ce qu'il faut sur la scène, disons le plateau, pour replacer le spectateur dans le cadre des années 1960. Sur le sol traînent quelques vieux exemplaires des Cahiers du cinéma , vous savez, ceux qui avaient une couverture jaune, reconnaissable entre toutes. La revue avait été créée par, entre autres, André Bazin, en 1951. André Bazin, à l'époque était considéré comme un monument, le genre de type qui en imposait. Il faisait, dans le milieu, autorité, comme on dit. C'est lui qui protégea François Truffaut, né de père inconnu. Il lui fallut bien en trouver un de substitution et ce fut Bazin.

Sur une table basse qui tourne lentement des documents épars, vestige d'un temps révolu : une photo du Gaumont-Palace, un exemplaire défraîchi du Lys dans la vallée (en Classique Larousse), une lettre à en-tête des Films du Carrosse (33, rue de Navarin), un bout d'affiche américaine (Shoot the Piano Player, a film by François Truffaut), un Simenon en Pocket... Pourquoi tourne-t-elle ? Parce qu'une petite caméra filme tous ces objets diffusés sur un écran.

Accompagné d'un pianiste (Antoine Ouvrard ou Pierre Courriol, selon les soirs) sur lequel personne n'a osé tirer, David Nathanson, belle présence, pantalon et chemise beige avec cravate commence, assis dans un fauteuil. Il s'agit d'une réponse à un cinéaste qui lui demande des conseils et Truffaut lui dit assez drôlement qu'il n'y entend pas grand-chose aux techniques du cinéma, rien aux flash-back, dit qu'il n'a jamais rédigé un découpage, etc. À une demoiselle qui lui a envoyé un synopsis de film policier il écrit qu'il ne peut rien pour elle, qu'il est désolé et lui adresse ses sentiments distingués.

Jean-Luc Godard, une « merde sur un socle »

Le comédien David Nathanson dit Truffaut d'une façon fort naturelle. Bien entendu, il n'a pas la voix reconnaissable du réalisateur, ce timbre nasillé et crémeux, doux et ferme à la fois. Le réalisateur a des dégoûts très sûrs. À un type qui lui demande d'être son directeur de mémoire sur Albert Camus, il dégaine et c'est jubilatoire : «Je connais très mal l'oeuvre d'Albert Camus. J'ai lu une pièce,Les Justes , qui m'a semblé consternante et, il y a deux ans, L'Étranger, dont on me proposait de tirer un film. J'ai trouvé ce roman inférieur à n'importe lequel des deux cents que Simenon a écrits.» Et il a tellement raison !

Son chef-d'oeuvre restera sa longue épître à Godard. Entre eux, c'est Je t'aime, moi non plus ou Règlements de comptes à OK Corral. Il s'agit d'une lettre à propos d'une coproduction d'un film : « Une fille de la BBC t'appelle pour que tu parles de cinéma politique dans une émission sur moi, je la préviens d'avance que tu refuseras, mais, mieux que ça, tu lui raccroches au nez avant de la laisser finir sa phrase, comportement élitaire, comportement de merde, comme lorsque tu acceptes de te rendre à Genève, Londres et Milan, et que tu n'y vas pas, pour étonner, pour surprendre, comme Sinatra, comme Brando, comportement de merde sur un socle. »

Et puis ces quelques envois touchants adressés à André Bazin, ce père de substitution. Truffaut savait manier le français ou plutôt « le françois » , comme disait Godard. Sur l'écran, un mot de l'auteur de Pierrot le Fou : « François est peut-être mort. Je suis peut-être vivant. Il n'y a pas de différence, n'est-ce pas? » Ces deux-là avaient des lettres.

« Truffaut correspondance » , jusqu'au 10 novembre au Théâtre du Lucernaire (Paris, 6e). www.lucernaire.fr

La Croix, no. 43038
Culture, vendredi 4 octobre 2024 84 mots, p. 16

10 % c’est la hausse de fréquentation des cinémas en septembre.

La fréquentation des salles de cinéma bondit par rapport à septembre 2023 grâce à des succès du cinéma français (Le Comte de Monte-Cristo, Le Fil, et Emilia Perez), pour atteindre 9,86 millions d’entrées, selon les estimations du Centre national du cinéma et de l’image animée. La fréquentation de 2024 n’est plus qu’en très léger en recul de 5 % par rapport à celle des neuf premiers mois de 2023.

Le Monde
Culture, vendredi 18 octobre 2024 1465 mots, p. 19
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17 octobre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Entretien

« Le Pass doit être capable de s’adapter »

Sébastien Cavalier, président de la société chargée du Pass culture, expose les pistes de réforme du dispositif

Propos recueillis par Sandrine Blanchard

Depuis septembre 2021, Sébastien Cavalier préside la société par actions simplifiée (SAS) Pass culture. Installée rue de la Boétie, à Paris, cette SAS compte désormais 175 salariés et est chargée du déploiement, de la gestion et du référencement des offres des opérateurs culturels (37 000 inscrits à ce jour) du Pass culture. A l’heure où Rachida Dati, la ministre de la culture, entend réformer en profondeur ce dispositif phare de la politique culturelle d’Emmanuel Macron, généralisé en mai 2021 et qui offre 300 euros à tous les jeunes âgés de 18 ans pour financer, à leur guise, leurs loisirs culturels –, Sébastien Cavalier répond aux critiques et expose les changements à venir.

Dans une tribune au « Monde » publiée le 11 octobre, la ministre de la culture a annoncé sa volonté de réformer le Pass culture afin qu’il remplisse mieux sa mission de service public. Avez-vous été associé à cette réflexion ?

Les discussions sur le Pass culture ont commencé dès l’arrivée de Rachida Dati Rue de Valois, en début d’année. Nous avons eu beaucoup d’échanges avec son cabinet et les services techniques du ministère. Dès le départ, la ministre a fait part de l’importance qu’elle accordait à ce Pass mais aussi des interrogations qu’elle avait sur ce dispositif. Parce qu’il est innovant et atypique, le Pass doit être ouvert à la réflexion et capable de s’adapter. C’est un sujet passionnel pour lequel il faut trouver une voie d’équilibre.

Qu’est-ce qui vous paraît le plus urgent à changer ?

Il faut amplifier des dynamiques. Prenons l’exemple du spectacle vivant. Il est vrai qu’il n’est pas naturellement plébiscité par les jeunes. Or, l’un des objectifs assignés au Pass est d’encourager la diversité des pratiques culturelles et d’éveiller la curiosité. Ces dernières années, nous avons eu des difficultés à travailler main dans la main avec les acteurs du spectacle vivant. Mais il n’y a pas de fatalité. Nous devons trouver une approche très pragmatique, très constructive pour que le Pass contribue à donner envie aux jeunes de fréquenter des lieux de théâtre, de musique, d’opéra.

Le Pass est un bien public partagé, un outil numérique souverain et son succès est le résultat de démarches collaboratives qui engagent beaucoup d’acteurs. L’exemple du secteur du cinéma art et essai, qui était dubitatif sur le Pass au départ, est éclairant. Nous avons engagé un travail avec le réseau des salles art et essai et, aujourd’hui, quasiment toutes sont inscrites sur le Pass. Et ça marche. Je suis intimement convaincu qu’on peut faire la même chose avec le spectacle vivant.

Rachida Dati souhaite qu’une part du crédit ouvert pour chaque jeune soit réservée au spectacle vivant. Comment fait-on ?

L’idée est de définir une somme minimum à dépenser uniquement pour du spectacle vivant. Cette somme ne sera pas transformable pour acheter autre chose, des livres par exemple. Quel en sera le montant ? La question est en débat.

Comment analysez-vous le peu de dépenses des jeunes dans le spectacle vivant ?

Les jeunes ont des pratiques culturelles qui ne sont pas forcément celles que les pouvoirs publics ont eu l’habitude de soutenir. Mais ça, c’est vieux comme le monde, c’est l’hiatus entre les jeunes et la société. Leurs pratiques culturelles ne sont pas forcément celles vers lesquelles l’argent public a été fléché. Tout le monde a oublié que, lorsque Jack Lang fut nommé ministre [en 1981], il avait énormément élargi le champ des politiques culturelles au hip-hop, au rap, au graffiti, à la BD, etc. Il faut être ouvert à ce mouvement de reconnaissance de cultures considérées, initialement, comme étant hors de l’institution, et aussi faire confiance et écouter la jeunesse.

Le Pass culture était censé reposer sur un « algorithme inversé » afin de diriger les jeunes vers des propositions auxquelles ils n’auraient pas pensé. Apparemment, ce système n’est pas encore au point…

Pour éveiller la curiosité, il faut utiliser une multitude d’outils. Un seul outil, par exemple l’algorithme, ne peut pas tout régler. La part individuelle fonctionne sur un écosystème : l’application, mais aussi les réseaux sociaux, les newsletters, les notifications, les clubs, les communautés, les ambassadeurs. Habituellement, un algorithme, c’est un entonnoir qui vous amène vers un chemin de plus en plus petit. Nous, on cherche à faire l’inverse : partir de ce que les jeunes connaissent pour leur montrer qu’il y a un champ des possibles plus large. C’est là qu’est notre défi. La question est : comment arriver à proposer aux jeunes des choses qui soient suffisamment proches d’eux pour qu’ils franchissent le pas, mais suffisamment loin de leur univers pour qu’ils ne soient pas dans la reproduction de leur habitus. Donc c’est une dynamique d’extension progressive du territoire qui se fait par itération.

Force est de constater que le Pass culture reste, actuellement, majoritairement un Pass livre…

Désormais le livre représente 43 % des achats, le cinéma 24 % et la musique 19 %. Dans le détail, pour les livres, la part des mangas a baissé (33 %) et les romances sont à 12 %. Depuis la création du Pass, 377 000 références de livres ont été achetées. Si vous regardez la totalité des achats, il y a quand même une diversité importante. Il faut aussi avoir en tête que, sous le terme de « pratiques culturelles », sont regroupées des typologies extrêmement différentes. Entrer dans une librairie, acheter un livre, c’est facile. Aller dans un cinéma, voir un film, c’est assez facile. Si vous ratez la séance de 14 heures, vous aurez la séance de 16 heures. Réserver une place pour un spectacle, c’est plus compliqué, parce qu’il est souvent joué peu de fois.

La ministre demande que le Pass touche davantage les jeunes éloignés de la culture. Comment y parvenir ?

Une de nos grandes priorités est effectivement de toucher tous les jeunes, qu’aucun ne reste au bord du chemin. C’est une ambition très forte, mais il faut désormais passer du discours à la réalité des faits. Nous travaillons actuellement à l’échelle de zones géographiques pour lesquelles nos données indiquent qu’il y a des jeunes à aller chercher. Pour y parvenir, nous allons développer un réseau avec des partenaires du champ social : les fédérations d’éducation populaire, les bailleurs sociaux, etc. C’est un travail de longue haleine, complexe, parce que vous êtes à l’échelle d’un quartier, d’une association, et donc ça demande un effort très collectif.

La ministre souhaite aussi moduler le montant de la part individuelle donnée aux jeunes, en fonction de leur situation sociale. Comment, concrètement, mettre en œuvre ces crédits différenciés ?

Pour l’heure, on cherche la solution. Ce qui est clair, c’est qu’il ne faut surtout pas créer une usine à gaz. Il faut que ce soit simple, afin que le jeune n’entre pas dans un long chemin complexe pour accéder à ses droits. Nous sommes en train d’étudier tous les outils qui existent et sur lesquels on pourrait s’appuyer pour pouvoir garantir une mise en œuvre opérationnelle efficace. On a des exemples, comme le Pass sport.

Un rapport de l’inspection générale des affaires culturelles soulignait en juillet « un manque de transparence des données d’utilisation du Pass »etrecommandait que les statistiques détenues par la SAS soient « partagées sans délai » avec les services du ministère. Qu’en est-il ?

Ce partage devrait être opérationnel en novembre. La Rue de Valois récupérera, chaque mois, des données sur l’utilisation du Pass, les achats réalisés, les profils des jeunes. Plus l’information sur ces données sera accessible, mieux ce sera, parce que, effectivement, ça permettra d’avoir un débat.

La question de l’avenir du Pass a été remise en cause. Etes-vous étonné de la tournure qu’a prise le débat ?

La ministre a été très claire : elle positionne le Pass comme une politique publique qui vient compléter ce qui existe déjà et qui peut contribuer à faire évoluer nos politiques culturelles. Au-delà de prises de parole que je qualifierai de caricaturales, je trouve intéressant le débat sur le Pass comme objet de politique publique et de transformation dans les pratiques culturelles de beaucoup d’opérateurs culturels. Le Pass culture n’est pas l’alliage de Merlin l’Enchanteur et de Mary Poppins, mais il peut nous permettre de régler des problèmes qu’on avait du mal à résoudre. Soyons juste dans ce qu’on peut attendre de lui et dans ce qui, à un moment, dépasse sa capacité.

Le Figaro, no. 24918
Le Figaro et vous, vendredi 4 octobre 2024 715 mots, p. 33

Culture

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3 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

« CONTRE » : JOHN CASSAVETES ET GENA ROWLANDS À 100 À L'HEURE

AU VIEUX-COLOMBIER, SÉBASTIEN POUDEROUX ET MARINA HANDS INTERPRÈTENT LE COUPLE MYTHIQUE DU CINÉMA. UN SPECTACLE ÉBOURIFFANT.

Palou, Anthony

Nous sommes au tout début des années 1970. Un frigo vintage, une cuisinière comme on n'en voit plus, des vinyles de jazz posés sur une tête de lit... C'est dans ce décor d'un appartement new- yorkais - qui sera tour à tour plateau télé ou commissariat de police - que se joue Contre, la pièce d'Agathe Peyrard, Constance Meyer et Sébastien Pouderoux (ces deux derniers assurent la mise en scène enlevée) d'après la vie et l'oeuvre de John Cassavetes et Gena Rowlands. Pas une minute de répit dans cette plongée dans l'intimité du couple mythique du cinéma indépendant américain. Rassurez-vous, il n'est pas nécessaire de connaître la filmographie de Cassavetes pour apprécier Contre.

Alors, ça démarre sur les chapeaux de roues : une émission de télé où trois critiques se crêpent le chignon sur le dernier film de Cassavetes, Une femme sous influence. Il y a là la célèbre Pauline Kael, une teigne (interprétée par une Dominique Blanc déchaînée), Thierry Raymond (très amusant Antoine Prud'homme de la Boussinière), un journaliste un peu coincé défenseur de l'oeuvre du cinéaste, et Eloïse Cornet (Marina Hands), jeune critique novice qui se fait moucher dès qu'elle ouvre la bouche. Quant au présentateur (Nicolas Chupin, quelle souplesse de jeu !), goguenard, il tempère. Dès que Pauline Kael, mégère pas apprivoisée, prend la parole, elle sulfate. Extrait : « Gena Rowlands est une actrice géniale mais pourquoi est-elle si mal mariée ? (...) La plus grande faute d'Une femme sous influence , c'est que celui qui parle n'a absolument rien à dire et ça c'est grave ! » Puis nous entrons dans le vif du sujet, c'est-à-dire dans la vie du couple Cassavetes-Rowlands.

Au fond de la scène, sur un plateau légèrement surélevé, le décor d'un commissariat. Une policière (Rachel Collignon) interroge un type qui porte une minerve. Il s'agit d'Éric Mantego (Jordan Rezgui), un ancien ami et chef opérateur de John Cassavetes contre qui il porte plainte pour coups et blessures. Le metteur en scène, lors d'un cocktail arrosé, lui aurait collé un coup de poing dans la gorge. Ces séquences au commissariat, retransmises, en noir et blanc sur un écran, où nous voyons défiler tous les témoins à charge ou à décharge de l'agression, permet habilement de creuser le portrait du cinéaste américain atrabilaire.

Construire et déconstruire

Chez John Cassavetes et Gena Rowlands, l'ambiance, faite de flux de paroles et d'alcool, est toujours survoltée. Le couple, interprété par Sébastien Pouderoux et Marina Hands, est profondément théâtral. Marina Hands déborde de talent. Elle est ici dans une dimension supérieure. Elle transparaît. Femme en chair et en intellect passionné. Cassavetes est un farceur qui a le génie brutal. Il est là, entouré de ses potes dont Peter Falk (magnifique Nicolas Chupin), Martin (un fidèle stagiaire interprété par Jordan Rezgui) et d'autres énergumènes de passage. Peter Falk coupe des tomates, Gena Rowlands fait cuire des pâtes, John Cassavetes s'engueule avec ses proches avant de les étreindre. Il est comme ça, Cassavetes, il crée le malaise.

Sa vie ressemble à ses films : il construit et déconstruit. Toujours en lutte contre lui-même et le monde pourri du cinéma. La peau de Cassavetes va comme un gant à Pouderoux. La séquence où il envoie paître Ed, son producteur (il faut voir Dominique Blanc en costard demandant à Cassavetes de refaire son scénario !), est mémorable et la scène qui suit, celle où Gena Rowlands tente de lui apprendre la diplomatie, est d'anthologie.

Marina Hands est stupéfiante de justesse. Sans une fausse note, elle passe de la folie (lorsqu'elle incarne Mabel dans Une femme sous influence) à la clownerie et à la gravité, toujours parée de toutes les séductions. Il y a chez elle une unité qui met tout le monde d'accord. Quant à Cassavetes, Pouderoux a bien compris que chez ce forcené intègre, ce qui est pris comme preuve d'authenticité chez l'être humain, est une pure hallucination. Vouloir filmer le vrai, c'est un truc à devenir cinglé. Contre est une comédie brillante ; aussi une pièce qui témoigne de l'émulation culturelle new-yorkaise de l'époque. Et c'est grandiose.

Contre, au Théâtre du Vieux-Colombier (Paris 6e), jusqu'au 3 novembre. Tél. : 01 44 58 15 15. www.comedie-francaise.fr

Le Monde
Culture, vendredi 4 octobre 2024 634 mots, p. 24
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2 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Cinéma

Dans « Wolfs », George Clooney et Brad Pitt, deux loups d’Hollywood fatigués

Embarqués dans une nuit rocambolesque, les acteurs assurent le service minimum dans ce film d’action de Jon Watts, à voir sur Apple TV+

Murielle Joudet

On se pose souvent la question du vieillissement des actrices, rarement celle sur celui des acteurs. A fortiori quand ils ont été les sex-symbols de toute une génération. A cette question, Wolfs, de Jon Watts, diffusé sur Apple TV+, aurait pu apporter quelques éléments de réponse : le film organise les retrouvailles cinématographiques de Brad Pitt et de George Clooney, stars sexagénaires et amis dans la vie, qui livrent au public leur grande complicité teintée de rivalité, jouant à l’écran avec le fantôme des films Ocean’s Eleven.

Dans un palace, une magistrate médiatique se retrouve avec le cadavre d’un gigolo sur les bras. Elle appelle à la rescousse Jack (Clooney), fixeur spécialisé dans le nettoyage de scènes de crime, à qui est dévolu la mission de faire disparaître le corps. Sauf que, grâce à une caméra de surveillance, la direction de l’hôtel a tout vu et envoie en urgence Nick (Pitt), son fixeur attitré. Les deux rivaux aux méthodes diamétralement opposées sont contraints de collaborer.

Les voilà embarqués pour une nuit rocambolesque avec un cadavre qui s’est réveillé et une livraison de drogue qui lance la mafia croate à leurs trousses. La nuit d’enfer s’orchestre autour d’une succession de décors et de rebondissements aberrants, qui semblent avoir été générés par une intelligence artificielle. Intrigant dans ses prémices, le film en devient vite anesthésiant à force de surrégime.

Fétiches nostalgiques

Avec sa mise en scène feutrée et son scénario en pilote automatique, Wolfs a des allures de musique d’ascenseur cinématographique : Pitt et Clooney sont en service minimum, certains que leur seule présence assurera le succès du film. Jon Watts, à qui l’on doit les trois derniers volets de Spiderman, perd une occasion de filmer le corps de ses acteurs vieillissants. Il préfère les livrer à un film d’action débridé qui, dans sa frénésie, suppose que Clooney et Pitt ont la même quantité d’énergie qu’à leurs 20 ans. L’âge comme la fiction glissent sur leurs corps riches et célèbres qui n’ont plus aucune émotion à offrir, si ce n’est l’hyperconscience de leur statut de fétiches nostalgiques.

Image patinée, plans fixes au cordeau, scènes de gêne surjouées, Wolfsressemble d’ailleurs à s’y méprendre à une version longue d’une publicité de la marque Nespresso, dont George Clooney (qui se fait rare au cinéma) est l’indétrônable égérie depuis 2007. En face, rappelons que Brad Pitt a décroché un juteux contrat avec son rival, la marque de café De’Longhi. En somme, le film relève une question assez fascinante sur la porosité de plus en plus flagrante entre univers cinématographique et publicitaire, comme s’il était désormais impossible de filmer un acteur sans importer l’imaginaire commercial auquel il est lié.

George Clooney, c’est désormais autant Urgences, la série des Ocean’s Eleven que la fameuse réplique « What else ? » – qu’on s’attend ici à voir prononcée. Le film joue de cette contamination, l’exploite, met à égalité cinéma et pub, discourt sans le vouloir sur le corps de la star, objet de tous les désirs, et censé en susciter d’autres en cascade : pour du parfum, du café, des voitures… Ainsi, on ne s’étonnera pas de voir Wolfsse conclure, au petit matin, dans un diner. Après une nuit d’enfer, les deux rivaux sont devenus complices. Lessivés par leurs aventures, ils discutent autour d’une tasse de café. Mais sans doute pas de la même marque.

Le Monde
Culture, mardi 22 octobre 2024 108 mots, p. 25

Cinéma

Rachida Dati favorable au Musée national du cinéma en France

La ministre de la culture, Rachida Dati, s’est dite favorable, samedi 19 octobre, à Lyon, à la création d’un musée national du cinéma en France, réclamée par des figures du septième art, appelant à une « vraie réflexion sur ce sujet ». Dans une tribune publiée vendredi 18 octobre sur le site du Monde[et lire en page 30], le conseil d’administration de la Cinémathèque française demande la naissance d’un tel établissement pour être « l’incarnation (…) de l’ambition de notre pays à faire rayonner, diffuser et perpétuer un art qu’il a inventé ». – (AFP.)

La Croix, no. 43060
Culture, mercredi 30 octobre 2024 812 mots, p. 16
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29 octobre 2024 - La Croix (site web)

Conte cruel et déjanté dans les rues de Brooklyn

Céline Rouden

Palme d’or du dernier Festival de Cannes, le film de l’Américain Sean Baker organise la rencontre improbable entre une strip-teaseuse et le fils d’un oligarque russe.

Un conte de fées des temps modernes tout en énergie survoltée, mâtiné de thriller et de comédie, mais aussi une satire puissante du capitalisme.

Anora EEE

de Sean Baker

Film américain, 2 h 18

Sean Baker, réalisateur américain indépendant de 53 ans, avait déjà sept films à son actif lorsque la Palme d’or du Festival de Cannes a récompensé Anoraet l’a révélé au grand public. Réservé jusque-là aux festivals et aux réseaux d’art et d’essai, son cinéma, qui explore avec une belle constance l’envers du rêve américain et de la société capitaliste, s’était pourtant déjà forgé une solide réputation auprès des cinéphiles. De Four Letter Wordsà Red Rocketen passant par Tangerineou The Florida Project,ses films (1) sont peuplés de personnages en marge – jeunes de banlieue, migrants, prostitués, transsexuels ou acteurs pornos auxquels, non sans une dose d’humour et une belle inventivité formelle, le cinéaste s’attache à rendre toute leur humanité.

Anora,avec une ampleur inédite, se révèle à la fois la synthèse et le point culminant de son travail. Un conte de fées des temps modernes touchant, drôle et incroyablement enlevé, qui nous transporte des bas-fonds de Brooklyn à la luxueuse villa new-yorkaise d’un oligarque russe, dans une même description obscène et vaguement nauséeuse des deux bouts de la chaîne ultralibérale. Une sorte de Pretty Womantrash et contemporain où une strip-teaseuse pense avoir trouvé le prince charmant incarné par un fils d’une riche famille. Sauf que jusque dans son dénouement, le film fait preuve d’une charge politique et d’une ironie permettant de mieux mesurer le fossé entre travailleurs précaires et élites mondialisées.

Tout en bas de l’échelle, il y a ces travailleuses du sexe ne disposant que de leur corps pour survivre. Dont Anora, dite « Ani », (Mikey Madison), danseuse de lap-dance dans un club sordide de Brighton Beach. Aussi n’en revient-elle pas de sa chance lorsqu’un soir, elle tombe sur Ivan (Mark Eydelshteyn). Sous le prétexte d’étudier aux États-Unis, cet enfant gâté et immature d’un couple de riches Russes dépense sans compter l’argent de ses parents pour faire la fête. Il s’entiche d’Anora, loue ses services comme escorte pour une semaine et, au terme d’une virée arrosée à Las Vegas, l’épouse sans que l’on sache très bien s’il éprouve vraiment des sentiments pour elle ou s’il agit sans réfléchir. La jeune femme, elle, veut croire à sa part de rêve. Et se rebelle lorsque les parents d’Ivan, contestant leur union, envoient deux sbires régler le problème.

Le film est brillamment construit en trois parties, dont chacune fait bifurquer l’histoire et lui donne sa coloration particulière. La première, tout en énergie survoltée, colorée et scintillante, nous entraîne dans un tourbillon d’alcool, de sexe et de drogue qui culmine avec le mariage. La deuxième, grise et froide, fait office de gueule de bois pour les tourtereaux lorsque trois hommes, deux Arméniens et un Russe, font irruption brutalement dans la villa des parents d’Ivan pour convaincre celui-ci de revenir à la raison. La troisième est une course contre la montre, effrénée et désopilante, à travers le Brooklyn nocturne pour retrouver le jeune homme, qui a préféré se défiler que d’affronter la colère de ses géniteurs, en route pour New York dans leur jet privé.

Le talent de Sean Baker est d’aller ainsi d’un genre à l’autre, de la comédie romantique au burlesque, en passant par le thriller, avec un second degré assumé, mais sans jamais perdre de vue son sujet. Anora a beau vouloir croire de toutes ses forces à son incroyable destin, nous savons dès le départ à quel point cette histoire est condamnée d’avance. Le cinéaste en fait cependant une héroïne admirable, dont la dignité inébranlable est à la hauteur de la somme des humiliations et du mépris de classe dont elle est l’objet.

Découverte dans Once Upon a Time… in Hollywood, de Quentin Tarantino, Mikey Madison, son interprète, crève l’écran. Rusée et crédule, affranchie et innocente, horripilante et touchante, elle mène la danse durant les près de deux heures et vingt minutes du film avec un naturel désarmant. Jeune femme perdue, prisonnière d’un système qui broie ses enfants et annihile leurs rêves.

(1) Ses quatre premiers films (Four Letter Words, Take out, Prince of Broadwayet Starlet) sont ressortis au cinéma le 23 octobre.

Ouest-France
Pays d'Auge
Lisieux Normandie, vendredi 18 octobre 2024 258 mots, p. OF Pays d'auge_10

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Hermival-les-Vaux

Bourse à tout ce qui chante et parle

Bourse, braderie. 20 exposants. Foire à tout : Radio TSF, phonos, disques, hi-fi, téléphones, appareils photo etc.

Dimanche 20 octobre, 9 h à 17 h, salle des fêtes, rue de la mairie. Gratuit. Contact : 06 80 38 66 00, [email protected]

Saint-Germain-de-Livet

Loto

Animé par Marjorie. Nombreux lots à gagner tout au long du week-end. Vendredi : bons d'achat ; samedi : bons d'achat, friteuse air fryer et coffrets beauté ; et ; Dimanche : loto spécial alimentaire. Buvette et restauration sur place. Réservation par téléphone.

Vendredi 18, samedi 19 octobre, 20 h 30 à 23 h, dimanche 20 octobre, 14 h à 18 h, salle des fêtes, Mairie. Tarif : le carton 1€. Contact : 06 13 64 33 82.

Saint-Pierre-en-Auge

Génération durable, « La théorie du boxeur »

Cinéma. Documentaire de N. Coste/1 h 38. Le climat se dérègle et l'agriculture doit bifurquer. Mais vers où ? Enquête dans la vallée de la Drôme pour comprendre comment s'adapter et questionner la résilience alimentaire locale. Projection suivie de l'intervention d'un agriculteur local.

Vendredi 18 octobre, 20 h, cinéma Le Rexy, 9, rue de l'Église, Saint-Pierre-sur-Dives. Tarifs : 5,50 €, réduit 4,50 €. Contact : [email protected], http://cinema.lerexy.fr/

Atelier d'écriture créative

Lecture, écriture. Autour d'une consigne, libérer sa plume pour découvrir le plaisir d'écrire et travailler son style. Animé par Geneviève Augé, diplômée en lettres modernes appliquées.

Samedi 19 octobre, 10 h, La Ferme du Trousseau, 6, route de Thiéville, Saint-Pierre-sur-Dives. Tarif : 10 €. Contact : 06 33 10 29 68, [email protected]

Ouest-France
Quimper, Centre-Finistère
Douarnenez - Cap-Sizun, mercredi 30 octobre 2024 631 mots, p. OF Quimper - Centre-Finistère_18
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29 octobre 2024 - Ouest-France (site web)

Qu’allez-vous regarder pendant Le Mois du doc ?

Le Mois du doc veut faire découvrir le cinéma documentaire ainsi que favoriser la rencontre et l’échange autour des films. Il s’agit là de la 25 e édition sur le thème « Petite planète ».

Les rendez-vous

Organisé par l’association Images en bibliothèques, le Mois du doc réunit près de 2 500 lieux culturels, sociaux et éducatifs, en France et dans le monde, qui diffusent 1 500 films documentaires au mois de novembre. C’est l’occasion de découvrir une diversité d’œuvres.

En région Bretagne, cet événement est porté par une coordination de quatre associations qui œuvrent à la diffusion culturelle et la promotion du cinéma toute l’année, dont Daoulagad Breizh, à Douarnenez, pour le Finistère.

41 films et 120 projections publiques et scolaires

« Pour Daoulagad Breizh, qui travaille à l’année à la promotion de l’audiovisuel breton, le Mois du film documentaire est, chaque année, l’occasion de faire tourner des films de Bretagne, tournés, réalisés ou produits en Bretagne. Cette année : 41 films et avec 120 projections publiques et scolaires dans 80 villes du Finistère », annonce Elen Rubin, directrice de Daoulagad Breizh.

Tout le mois de novembre, le Mois du doc va battre son plein. Le coup d’envoi ayant été donné par les lycéens option cinéma du lycée Jean-Marie-Le-Bris, jeudi 17 octobre, au cinéma le Club, à Douarnenez, avec À l’ombre des collines, un documentaire cathartique sur le génocide rwandais d’Anne Jochum et de Laëtitia Gaudin-Le Puil.

« Les projections seront proposées par de nombreux partenaires, à travers le Finistère, des médiathèques, des cinémas, des associations, des bars… Il s’agit de montrer la diversité du genre documentaire, la variété de sujets et de formes, explique Elen Rubin. Il y a une harmonisation des pratiques au plan régional, une vraie rencontre, les documentaires bénéficiant d’un accompagnement, d’un espace de dialogue, avec les cinéastes, les scénaristes, les auteurs, les associations. »

On pourra, par exemple, découvrir notre petite planète, d’ici et d’ailleurs, avec la sélection de la coordination régionale, dont Mascarades, de Claire Second, un documentaire qui se passe sur les Hauts-Plateaux boliviens, autour d’éleveurs de lamas (Ti Flap, à Pouldergat, samedi 2 novembre, à 18 h) ou encore Machtat, de Sonia Ben Slama, un portrait de quatre femmes en Tunisie ; Frieda Tv, de Léa Lanoë qui se passe à Berlin  autour d’une femme hors normalité , dévoile Leïla Colin-Navaï de Daoulagad Breizh (au Club, le mercredi 20 novembre à 18 h).

Des Vosges en passant par la Bolivie

Parmi les films proposés par Daoulagad Breizh, figure Au cœur du Bélon, d’Erwann Babin et Florian Stéphant, produit par Tita productions à Douarnenez.

Deux films sur des grands-mères, avec C’est comme ça, de Sarah Bellanger, sur la transmission et la mémoire ouvrière et Suzanne jour après jour, de Stéphane Manchematin et Serge Steyer, avec une femme qui vit dans une sobriété heureuse, dans un lieu reculé des Vosges, ou encore Dans la peau d’un vegan, de Mathurin Peschet, qui questionne ce choix et l’expérimente.

Queens in Finistère, de Vanessa Le Reste, va également faire une large tournée. Positif et joyeux, autour de drag-queens de Quimper, avec quelque chose d’intime, à travers la transformation et l’énergie du groupe.

La clôture aura lieu les 5 et 7 décembre, à l’auditorium du Port-musée, à travers un focus sur les sardinières d’hier et d’aujourd’hui, dans le cadre du centenaire des grèves des sardinières à Douarnenez, avec le collectif Pemp real a vo.

Pratique : programme complet et détaillé sur www.daoulagad-breizh.org. Pour prolonger le mois du film documentaire : plateformes www.bed.bzh et www.kub.tv

Cet article est paru dans Ouest-France

Bulletin Quotidien
Sans commentaires... et sous toutes réserves, lundi 21 octobre 2024 100 mots

[DATI / cinéma : La ministre de la Culture Rachida...]

DATI / cinéma : La ministre de la Culture Rachida DATI s'est montrée favorable samedi à Lyon à la création d'un musée national du cinéma. "Le moment est venu d'avancer en engageant une vraie réflexion sur la faisabilité de ce musée", a-t-elle déclaré après la parution vendredi dans "Le Monde" d'une tribune dans laquelle le conseil d'administration de la Cinémathèque française - dont son président, le cinéaste COSTA-GAVRAS, et l'actrice Carole BOUQUET - appelle à la naissance d'un tel établissement pour être "l'incarnation supplémentaire mais indispensable de l'ambition de notre pays à faire rayonner, diffuser et perpétuer un art qu'il a inventé".

Le Monde
Culture, mercredi 9 octobre 2024 844 mots, p. 27
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9 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Reprise

La banalité du cauchemar colonial

Prix Jean-Vigo 1966, « La Noire de… », d’Ousmane Sembène, ressort en salle en version restaurée

Mathieu Macheret

Il ne faut pas manquer l’occasion de découvrir en salle, et en version restaurée, La Noire de… , prix Jean-Vigo 1966, coup d’essai et chef-d’œuvre du grand cinéaste sénégalais Ousmane Sembène (1923-2007). On parle généralement de ce film comme de l’acte de naissance du cinéma africain subsaharien, bien que son importance dépasse son seul statut historique. Voilà en effet une fable cinglante, qui a la concision d’une nouvelle et la force de frappe du fait divers, et qui, bien loin de jeter sur l’Afrique le regard attendu (sensibilisation et bonne conscience), vise au cœur de l’impensé colonial et du rapport de force métabolisé dans le quotidien.

Pour cela, on pouvait compter sur Sembène, qui, avant de s’emparer de la caméra, avait connu d’autres vies de combat : tirailleur dans l’artillerie coloniale, docker et syndicaliste à Marseille en 1946, militant anticolonial, enfin romancier autodidacte et reconnu, y compris par l’intelligentsia parisienne, avant d’apprendre le cinéma au VGIK, la célèbre école de cinéma soviétique, à Moscou, pour toucher plus de monde.

Dès son titre, La Noire de… a quelque chose de tranchant et d’énigmatique, suspendu à son complément d’appartenance qui laisse le spectateur au bord du vide, l’invitant à compléter par lui-même. Diouana (Mbissine Thérèse Diop), jeune nourrice sénégalaise d’un couple de Blancs, coopérants français, installée à Dakar, rejoint ses employeurs en vacances à Antibes, dans les Alpes-Maritimes, dans l’espoir de découvrir la France.

Jeu de contrastes

Mais, sur place, on lui confie des tâches ménagères qui n’ont plus rien à voir avec la garde des enfants, et ce, tous les jours de la semaine, sans repos, sans échappatoire. Diouana se retrouve piégée, transformée en bonne à tout faire, enfermée entre les murs de l’appartement. La France au-dehors est renvoyée au rang d’illusion inaccessible, de fausse promesse : « Est-ce ce trou noir qui est la France ? », dira-t-elle en scrutant la nuit par la fenêtre de la cuisine.

Dans un noir et blanc à la fois austère et minéral, le film investit cette situation minimale comme lieu de la persistance des relations coloniales, voire de la nouvelle donne biaisée entre Nord et Sud. Cela se traduit au niveau de la mise en scène par une foule de contrastes à l’ironie douloureuse, et de fines ruptures. Dès l’ouverture, où le paquebot blanc qui transporte Diouana accoste dans le port de Marseille, la jeune femme noire se distingue moins par sa couleur de peau que par son élégance – elle est habillée chic. Une fois dans l’appartement, elle n’est plus qu’un corps à domestiquer, à destituer de son apparat : on lui impose tablier et tenue de travail. Mais la présence rayonnante de Diouana continuera – contraste plastique – de se détacher sur la pâleur clinique des murs du logis. Un jeu de contrastes verbal s’installe également à travers l’usage de la voix off : celle-ci nous donne accès aux pensées de Diouana qui ne parle pas la langue de ses maîtres, dans une oralité à deux niveaux qui accentue son enfermement.

Par deux fois, des flash-back creusent le récit qui nous ramènent au Sénégal d’avant le départ, et amplifient encore le contraste entre ici et là-bas, la promesse et sa déception. A travers les démarches d’une Diouana pleine d’espoir, ils montrent Dakar six ans après l’indépendance, à la fois postcolonial et néocolonial, gagné par la bétonnisation et l’influence occidentale. Sembène, maçon de formation, se plaît à filmer les monuments comme autant d’indices à même la ville des fractures politiques (quartiers huppés, Assemblée nationale, monument aux morts de la seconde guerre mondiale).

Résistance passive

Partout, et avec une remarquable économie de moyens, la mise en scène de La Noire de… souligne des rapports : rapports de classe, « de race », de domination. Didactique et concentré, Sembène filme une sorte de cauchemar, de dystopie coulée dans les lignes modernes de la Côte d’Azur : la femme noire prise au piège d’un regard « blanc » qui l’assigne d’emblée à une position subalterne. Perspective réversible, puisque, plus d’une fois au cours du film, la patronne apparaîtra frustrée, le mari démissionnaire, petits robots du quotidien (ce qu’accentue leur intonation blanche, postsynchronisée), abjects sans le savoir.

Sembène met surtout en scène la résistance passive de Diouana, qui, tout à coup, cesse d’obéir, lambine, traîne au lit : de corps exploité, elle devient un corps inutile, un corps en trop à la sensualité élégiaque, vouée à disparaître. Douloureusement ironique, le point de vue du film réside dans le masque traditionnel que Diouana offre à ses maîtres. Accroché au mur de l’appartement, perçu comme une breloque prisée, c’est lui qui, ancestral et magique, regarde tout du long les personnages. Et les juge.

La Croix, no. 43052
Culture, lundi 21 octobre 2024 135 mots, p. 15

Cinéma Isabelle Huppert reçoit le prix Lumière à Lyon

Toute d’or vêtue, Isabelle Huppert a reçu vendredi 18 octobre à Lyon, la ville de naissance du cinéma, le 16e prix Lumière qui récompense chaque année depuis 2009 une personnalité d’exception, des mains du réalisateur mexicain Alfonso Cuarón. En un peu plus de cinquante ans de carrière, elle a su construire une filmographie irréprochable et se bâtir une notoriété internationale. En présence de son mari et de ses deux fils, ainsi que de plusieurs réalisateurs et réalisatrices l’ayant dirigée, dont François Ozon, Claire Denis et Rithy Panh, l’actrice, qui a déjà tourné dans près de 130 films, a déclaré : « Avec le cinéma j’ai fait le tour du monde, mais pas le tour de la question.»

sur la-croix.com

Un article détaillé

Ouest-France
Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Châteaubriant ; Orne ; Les Sables d'Olonne ; Redon ; Sarthe ; Ploërmel ; Auray ; Pontivy ; Fougères, Vitré ; Quimper, Centre-Finistère ; Rennes ; Caen, Vire ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Nord-Finistère ; Lorient ; Saint-Malo ; Avranches, Granville ; Pays d'Auge ; Saint-Brieuc, Lamballe ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Nantes Nord-Loire ; Dinan ; Vannes ; Mayenne ; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg ; Angers, Segré ; Rennes Sud-Est ; Bayeux, Caen ; Lannion, Paimpol ; Les Herbiers, Montaigu ; Nantes ; Guingamp ; Rennes Nord-Ouest ; Pornic, Pays de Retz ; Fontenay, Luçon ; Quimperlé, Concarneau ; Ancenis ; Loudéac, Rostrenen ; La Roche-sur-Yon ; Cholet
Culture, vendredi 11 octobre 2024 771 mots, p. OF Challans Saint-Gilles-Croix-de-Vie_32

Lepass Culture pour les15-20ans,stopouencore ?

Nathalie LECORNU-BAERT.

Jeunes. Le programme censé faciliter l’accès des adolescents aux propositions culturelles  a été lancé en 2019. Son bilan est mitigé. La ministre de la Culture Rachida Dati souhaite le réformer.

Repères

D’où vient le pass Culture ?

S’inspirant du Bonus Cultura, né en Italie en 2016, le président de la République Emmanuel Macron a souhaité mettre en place un pass à la française, afin de favoriser l’accès des jeunes à la culture. Testé à partir de 2019 dans quatorze départements, le pass Culture a été déployé sur l’ensemble du territoire à compter de mai 2021. Il a concerné dans un premier temps les 18-20 ans, avant d’être étendu en 2022 aux 15-17 ans.

Quel est le montant de l’aide ?

Entre 15 et 17 ans, le crédit varie de 20 à 30 € selon l’âge. Cette offre individuelle est complétée par un programme collectif dans les collèges et lycées, géré par les enseignants. Ensuite, à partir de 18 ans, le jeune peut débloquer un crédit individuel de 300 €, à utiliser sous deux ans.

Comment ça fonctionne ?

Financé par l’État et la Caisse des dépôts et consignations (environ 260 millions d’euros en 2023), le pass Culture est disponible via une application gérée par la SAS pass Culture (180 employés). Téléchargée sur un smartphone, l’appli permet de réserver des biens culturels chez les partenaires du programme : livres, places de cinéma, concerts, théâtre, festivals, CD, vinyles, instruments de musique…

Combien de jeunes en ont déjà bénéficié ?

Selon les chiffres avancés par la SAS pass Culture, plus de 4 millions de 15-20 ans, en majorité des lycéens, se sont inscrits sur le site depuis 2019. Sébastien Cavalier, président de la société, l’affirme : « 93 % des jeunes connaissent le dispositif », ce qui ne signifie pas pour autant que tous l’utilisent.

Quels produits culturels a-t-il concerné ?

Selon le rapport de l’Inspection générale des affaires culturelles (Igac) établi en 2023, les livres constituent 71 % des réservations effectuées entre octobre 2023 et février 2024 : au total, 22 millions d’ouvrages ont été vendus depuis le début du programme. Le reste concerne pour 12 % le cinéma, puis viennent plus modestement la musique, le spectacle ou encore le matériel beaux-arts. Grief avancé par les acteurs culturels, évoqué par Le Monde : l’argent du pass Culture « profite à des producteurs privés, souvent étrangers » (géants du disque, du jeu vidéo et du cinéma).

Quels livres ont été achetés ?

Selon l’étude menée par l’Observatoire de la librairie auprès de 338 librairies, les mangas ont été les plus vendus, suivis par des romans. Avec un profil de consommateurs très distinct : 54 % des acheteurs de mangas sont des garçons habitant en ville, qui ont l’habitude de fréquenter des librairies indépendantes ; à 85 %, les lecteurs de romances sont des lectrices résidant dans des zones rurales.

Le pass Culture a-t-il rempli sa mission ?

L’Igac a examiné l’impact du pass Culture sur les pratiques culturelles des jeunes : dans son rapport publié en juillet 2024, elle reconnaît que le programme a permis « d’ouvrir à de nombreux jeunes de nouveaux horizons culturels ». Elle préconise cependant de le réformer en profondeur. Notamment parce qu’il n’a pas réussi à gommer les inégalités, tant territoriales que sociales : les utilisateurs sont majoritairement issus de familles aux parents diplômés et ayant accès à des moyens de transport. Pour faire court, le pass Culture a un peu eu un effet d’aubaine pour des classes pas forcément parmi les plus défavorisées.

Qu’en dit la ministre de la Culture ?

En juillet 2024, Rachida Dati a demandé une révision « de fond » du dispositif, allant dans le sens des recommandations du rapport de l’Igac. La SAS pass Culture n’avait pas attendu ce bilan pour rectifier le tir avec, entre autres, des propositions localisées à proximité de l’utilisateur, ou des incitations à acheter autre chose que des livres. Selon BFMTV, le Syndicat national de l’édition a d’emblée promis qu’il serait vigilant sur la question.

La ministre dit vouloir élargir le périmètre du dispositif (notamment aux MJC, les Maisons de la jeunesse et de la culture) mais en aura-t-elle les moyens ? À noter qu’en Italie, comme le rapporte Le Monde, le Bonus cultura  a été revu après l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni (du parti d’extrême droite et national conservateur Frères d’Italie) : il est désormais réservé aux jeunes les plus modestes ou ayant obtenu les meilleures notes au bac.

Midi Libre
BEZIERS
mercredi 23 octobre 2024 145 mots

[Bédarieux CINÉMA. Au cinéma Alain-Resnais,...]

Bédarieux CINÉMA. Au cinéma Alain-Resnais,

mercredi 23 octobre : 14 h, Angelo dans la forêt mystérieuse; L'amour ouf (Atmos); Transformers le commencement. à 16 h, Harold et le crayon magique; 16 h 15 : Challenger. 17 h 30, The killer (Atmos); 18 h 15, Bambi; Transformers le commencement; 20 h, L'amour ouf; 20 h 30 : 4 Zéros; The killer (Atmos).

Hérépian ASSEMBLÉE. Les adhérents de l'association La Boule Indépendante se réuniront en assemblée générale avec élection d'un nouveau bureau et un président le

vendredi 25 octobre, à 18 h 30, à la salle omnisports Pierre-Gaillard.

Oupia CONCERT. Dimanche 25 octobre, à 18 h, à l'église Saint-Étienne, le groupe vocal MC interprétera un répertoire de chansons de variétés au profit d'Octobre rose. Participation libre. Vente d'objets et de tickets de tombolas. Apéritif offert par la mairie. L'intégralité des sommes récoltées reviendra à l'institut du cancer de Montpellier-Val d'Aurelle.

Le Nouvel Obs (site web)
Culture, vendredi 4 octobre 2024 - 09:27 2154 mots

Michel Blanc en 2016 : « Avec "les Bronzés", nous nous sommes tirés une balle dans le pied ! »

Le Nouvel Obs

Le comédien et réalisateur Michel Blanc est mort la nuit dernière. En 2016, il se confiait au « Nouvel Obs » et racontait comment son rôle dans « les Bronzés » lui collait toujours à la peau. Et pourtant il n'était pas que Jean-Claude Dusse, loin de là.

Le comédien Michel Blanc est mort dans la nuit de jeudi à vendredi à l'âge de 72 ans. En 2016, à l'occasion de la sortie d' « Un petit boulot », de Pascal Chaumeil, qu'il avait lui même adapté d'un livre de l'Américain Iain Levison, il revenait pour le « Nouvel Obs » sur son parcours singgulier, marqué par nombre de succès qui ont pu contribuer à dessiner de lui une image parfois éloignée de celui qu'il est vraiment.

Comment vous êtes-vous trouvé à adapter « Un petit boulot » pour le cinéma ?

Michel Blanc Quand j'ai lu le livre de Iain Levison, que m'avait fait parvenir la Gaumont, j'ai d'abord pensé que sa transposition en France posait problème et, surtout, que l'équilibre nécessaire entre une réalité sociale dévastée et l'humour serait difficile à trouver. Il le dit lui-même : ce personnage de chômeur qui devient tueur à gages est comme un canard auquel on a coupé la tête, et en effet les gens qui comme lui ont été décapités doivent continuer de courir. Dans un livre, il est possible de faire rire avec cela, mais, dans un film, je ne voyais pas. J'ai donc décliné la proposition d'adapter le roman, avant de me raviser.

En revanche, j'ai refusé de mettre en scène moi-même, comme cela m'était proposé : le type de comique auquel je suis associé, assez éloigné de la tonalité du projet, risquait de fausser la vision du film, qui n'aurait pas correspondu à ce que les spectateurs, à tort ou à raison, attendent de moi. J'ai donc dit aux producteurs que ce n'était pas une bonne idée, ni pour eux ni pour moi. Quand Pascal Chaumeil s'est déclaré intéressé, j'ai constaté que nous étions sur la même longueur d'onde.

C'est lui qui m'a suggéré d'interpréter Gardot, le commanditaire des assassinats. Je ne me voyais pas dans le rôle : Gardot est dangereux, il sourit sans cesse et il fait tuer des gens ; il paie pour que Jacques (Romain Duris) exécute sa femme, parce qu'elle l'a trompé, et il dit que ça le rend triste, ce qui est vrai, mais que dans sa position il ne peut pas se permettre d'être cocu. Et puis j'ai vu à la télévision un documentaire sur un caïd anglais qui m'a fait penser à Gardot, tiré à quatre épingles, souriant, et je me suis dit que je pouvais peut-être le faire. Pour qu'un rôle m'excite, il faut que j'en aie peur, notamment parce qu'il m'entraîne sur un territoire que je ne connais pas, sinon c'est de la routine.

Iain Levison vit aux Etats-Unis, où son livre est situé, mais il est écossais. Une fois de plus, vous avez donc travaillé à partir du texte d'un auteur britannique. Qu'est-ce qui vous attire tant chez eux ?

L'Angleterre me fascine depuis que je suis môme, et ma passion des Anglais est presque de l'ordre de l'entomologie. Elle demeure intacte, même si  depuis le 23 juin [le vote du Brexit, ndlr] on aime peut-être un peu moins les Anglais... Quand j'étais jeune, Londres était la ville la plus exotique au monde. La première fois que j'y ai séjourné un mois, à 20 ans, je logeais dans un bed and breakfast à une livre la nuit, tenu par un ancien de la RAF qui bégayait. Lui et sa femme, qui tenait une boutique de chocolats, avaient deux chats appelés Ginger et Fred et étaient fous de musique française : le soir, nous écoutions Ravel ou Debussy à la BBC.

Plus tard, j'ai été très proche de la famille Boorman, des gens exceptionnels. Je tournais à Londres quand j'ai appelé Telsche, chez elle, à Paris : c'est John qui a décroché et m'a dit que Telsche avait un cancer, et que c'était grave. Elle est morte en février 1996, à 38 ans... J'ai adapté des pièces d'Alan Ayckbourn, de Ray Cooney. J'étais des deux côtés de la barricade en ceci que je devais les comprendre et les faire comprendre aux Français.

Je lis beaucoup de livres anglo-saxons. Les auteurs privilégient la narration et les personnages, que les Français ont tendance à délaisser au profit du style. Et puis il y a leur humour, qui est imparable. Les Français ont de l'esprit, à l'image de Sacha Guitry, les Anglo-Saxons ont de l'humour, qu'il soit British ou juif new-yorkais. Comme je n'ai pas vraiment confiance en moi, j'ai du mal à écrire en ne partant de rien. Je préfère m'appuyer sur un texte préexistant.

Est-ce qu'en écrivant vous pensez à la mise en scène ?

Oui, toujours, les deux sont indissociables. J'ai une idée très précise de la mise en scène, qui me guide dans l'écriture : dans une scène, des portes s'ouvrent et d'autres se ferment, et si elles ne sont pas filmées correctement, la réplique tombe à plat, aussi brillante qu'elle puisse être. Il m'arrive même de penser à des mouvements de caméra, mais le scénario ne comporte aucune indication, de sorte que le metteur en scène puisse se sentir absolument libre.

Cela peut paraître convenu de dire du bien des gens qui ne sont plus là, mais il est vrai qu'avec Pascal Chaumeil [décédé en août 2015, juste après avoir terminé le film, NDLR] j'ai eu pour la première fois la conviction que le metteur en scène comprenait parfaitement comment j'avais conçu la narration et imaginé la mise en scène. Si ça se passait toujours ainsi, je ne ferais rien d'autre qu'écrire !

En plus de trente ans, vous avez réalisé quatre films, dont le dernier il y a déjà quatorze ans («  Embrassez qui vous voudrez  »). La mise en scène ne vous manque pas ?

Bien sûr qu'elle me manque. Même si je me passe très bien de devoir me trimbaler sur une aire d'autoroute au petit matin ! Je déteste les repérages... Et aussi les tournages de nuit, auxquels il m'arrive d'avoir droit comme acteur, mais alors ça ne dure pas deux mois et demi. Quand vous mettez en scène, vous ne pouvez penser à rien d'autre pendant deux ans et vous embarquez des gens dans une aventure dont vous ne connaissez pas l'issue, alors que, comme acteur, vous ne faites courir de risques qu'au personnage. L'acteur n'invente jamais qu'un personnage, alors que le metteur en scène invente un monde.

Cela dit, c'est aussi que j'adore faire l'acteur ! Après « Marche à l'ombre » (1984), j'ai attendu dix ans avant de faire un deuxième film (« Grosse Fatigue »), et aujourd'hui je sais que j'ai bien fait de résister aux propositions de tous ceux qui voulaient que je fasse « Marche à l'ombre 2 » : si j'avais cédé, je n'aurais pas fait « Tenue de soirée » (Bertrand Blier, 1986), je n'aurais pas fait « Monsieur Hire » (Patrice Leconte, 1989). Si j'avais écouté les sirènes du pognon, je n'aurais pas été libre pour ces films-là. Le prix d'interprétation à Cannes pour «  Tenue de soirée  » a été pour moi un miracle, j'en ai chialé. Quelle chance j'ai eue, moi qui refusais juste de me laisser enfermer !

Vous laisser enfermer dans un personnage de comique, voulez-vous dire ?

A mes débuts au cinéma, je jouais souvent des personnages qui pouvaient faire rire, mais qui étaient aussi inquiétants. J'ai commencé avec Bertrand Tavernier, avec Serge Gainsbourg, avec Claude Miller, en plein dans le cinéma d'auteur. Mais à partir des « Bronzés », pour la caste des intellos, je suis devenu intouchable.

Claude Miller, dont j'avais fait le premier film, « la Meilleure Façon de marcher », m'a demandé pour un de ses films avec Charlotte Gainsbourg. J'ai même fait des essais pour le rôle. Claude me voulait, mais on lui a fait valoir que mon « image » rendait la chose impossible.

C'est pour ça que j'ai tant aimé les questions des journalistes japonais quand je suis allé présenter là-bas « Grosse Fatigue » : « Alors comme ça, vous avez changé de genre, maintenant vous faites dans la comédie ? » Ils ne m'avaient vu que dans « Monsieur Hire », alors forcément...

Ce problème d'identité était déjà au coeur de « Grosse Fatigue »...

La question de l'identité et celle des rapports des vedettes avec le public, oui. Ce sont des relations insensées, complètement tordues et décalées, auxquelles il faut se prêter, parce qu'on n'a pas d'autre choix, mais de la manière la plus simple possible. J'aime bien que les gens qui me reconnaissent dans le bus viennent me parler, alors que la plupart de mes confrères ne veulent surtout pas prendre le bus !

Sans parler de ceux qui s'imaginent une dimension presque messianique ! Les réactions de certaines vedettes sont carrément hypertrophiées (plus dans le showbiz que dans le cinéma, sans doute). Il est vrai aussi que si les gens aiment bien que vous soyez sympa avec eux, en même temps ça les fait moins rêver.

Mais cette question d'identité a-t-elle pu vous conduire à faire certains choix que vous avez regrettés ?

Quand j'ai découvert le livre de Mark Haddon, « Une situation légèrement délicate », qui est devenu au cinéma « Une petite zone de turbulences », mon idée était de l'adapter, de le mettre en scène et de confier à Christian Clavier le rôle de cet hypocondriaque maladif qui en vient à se charcuter lui-même pour se débarrasser de ce qu'il croit être une tumeur cancéreuse. Seulement, Christian m'a répondu que l'association de nos deux noms pour une histoire aussi noire nous conduirait tous les deux droit dans le mur, et le film d'un même mouvement.

Je regrette que Christian ne se soit pas vu faisant cela, car je suis persuadé qu'il aurait poussé le personnage vers une folie qui aurait pu être passionnante. J'ai donc décidé de confier la mise en scène à Alfred Lot et de jouer moi-même le rôle, ce qui était une erreur : un personnage d'hypocondriaque joué par Michel Blanc, c'était tout sauf une surprise, il n'y avait plus rien d'inattendu.

Le désir de travailler avec les autres du Splendid est donc toujours présent ?

Je les ai tous régulièrement au téléphone, j'ai encore parlé à Gérard (Jugnot) hier, j'ai fait un film avec Josi (Josiane Balasko) il y a trois ans (« Demi soeur »)... Mais ce qui est sûr, c'est que si nous pouvons travailler deux par deux, il est absolument impossible de nous réunir tous : avec « les Bronzés », nous nous sommes tiré une balle dans le pied ! Une balle en argent, d'accord, mais une balle quand même ! Quoique, en argent...

« Les Bronzés 3 », qui n'est sans doute pas ce que nous avons fait de mieux, nous a permis de gagner ce qu'auraient dû nous rapporter les trois films. Parce que, sur les deux premiers, on s'est vraiment fait avoir ! Le cachet que nous avons obtenu pour le 3 était certes un très gros cachet pour un seul film, le plus gros que j'aie jamais touché et que, probablement, je toucherai jamais, mais rapporté aux trois « Bronzés », c'était juste la moindre des choses.

Cette « balle dans le pied » dont vous parlez peut-elle vous empêcher d'écrire et de mettre en scène de nouveau une comédie ?

Trois des quatre films que j'ai réalisés sont des comédies, et le quatrième (« Mauvaise Passe », avec Daniel Auteuil), qui est d'une tonalité plus sombre que les autres, contient aussi des éléments de comédie. Mais en ce moment j'écris pour moi, et ce sera une vraie comédie. Enfin, je l'espère !

Ce ne sera donc pas l'adaptation, à laquelle vous avez songé, celle du « Ravel » de Jean Echenoz ?

Le financement d'un tel projet est extrêmement difficile à trouver, surtout en ce moment. Si « Un petit boulot » a été tourné en Belgique, c'est que la nécessité d'une coproduction belge s'est imposée, même s'il est vrai que, dès le début, je pensais que ce pouvait être le cadre parfait. Mais « Ravel » coûterait très cher, en reconstitution historique notamment, et il n'est pas certain qu'aux yeux des financiers le projet paraisse très vendeur... Pour autant, je n'y ai pas renoncé, il est juste en sommeil.

Depuis le temps que j'ai envie d'associer mes deux passions, le cinéma et la musique ! J'ai tourné autour de plusieurs projets dans ce sens, mais à chaque fois j'ai compris que filmer la musique m'excitait plus que ce que le film racontait, alors il était préférable de renoncer. Mais « Ravel »... Et puis quelqu'un m'a dit que Jean Echenoz pensait que je serais très bien pour ce film, ce qui me rend extrêmement fier.

Article initialement publié le 31 août 2016

Bio

Né en 1952 à Courbevoie (Hauts-de-Seine), Michel Blanc est acteur, réalisateur et scénariste. Il a joué dans plus de 70 films, dont « les Bronzés » (1978), « Tenue de soirée » (1986), de Bertrand Blier, et « l'Exercice de l'Etat » (2011), de Pierre Schoeller. Il a lui-même réalisé cinq films : « Marche à l'ombre » (1984), « Grosse Fatigue » (1994), « Mauvaise Passe » (1999) et « Embrassez qui vous voudrez » (2002), « Voyez comme on danse » (2018).

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

Le Monde
Culture, jeudi 5 décembre 2024 548 mots, p. 28

Neuf contrats avec l’Arabie saoudite

Les accords d’ingénierie culturelle vont de l’archéologie au cinéma

Roxana Azimi

Avant même la fin de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron en Arabie saoudite mercredi 4 décembre, la France avait déjà capitalisé sur la culture. Un ingrédient-clé dans la vaste opération de transformation sociétale engagée par le prince héritier Mohammed Ben Salman pour diversifier son économie et redorer son image désastreuse en matière de droits humains. Mardi 3 décembre, la ministre de la culture, Rachida Dati, et son homologue saoudien, le prince Badr Bin Farhan Al Saoud, ont annoncé neuf accords d’ingénierie culturelle dans des domaines couvrant aussi bien l’archéologie et le cinéma que la photo.

Depuis février, les deux ministres se sont entretenus à trois reprises pour relancer le partenariat franco-saoudien au-delà du site nabatéen d’Al-Ula, dont l’aménagement a fait l’objet d’un accord bilatéral signé en 2018. Depuis vingt ans, sous la houlette de Laïla Nehmé, les archéologues français fouillent le désert d’Al-Ula, témoin d’un passé préislamique longtemps nié. Le nouvel accord signé mardi prévoit une expertise de l’Institut national de recherche archéologique préventive, notamment pour des excavations dans la nouvelle ville de Qiddiya, où doit émerger un gigaprojet consacré au sport et aux loisirs.

Une convention avec l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture vise à accompagner la rénovation des palais historiques saoudiens. En complément, un autre contrat avec le Centre des monuments nationaux prévoit un appui pour la valorisation des sites patrimoniaux et la mise en place d’une stratégie des publics.

Apport d’expertise

L’Ecole supérieure de la photographie d’Arles, associée à d’autres institutions hexagonales, contribuera à la conception et à la muséographie d’un musée de la photo prévu à Riyad en 2027. L’Institut national du patrimoine formera 600 professionnels saoudiens. Le Grand Palais et la Réunion des musées nationaux apporteront leur expertise aux musées saoudiens en matière de boutique-librairie. L’Ecole nationale supérieure de création industrielle prêtera main-forte à la muséographie du futur New Arts Museum, consacré aux nouvelles technologies, dont l’inauguration est prévue à Riyad en 2026.

Une autre convention nouée entre le Centre national du cinéma et la Commission saoudienne du film prévoit d’épauler les techniciens saoudiens, en matière de production ou dans le champ du film d’animation. La Bibliothèque nationale de France va aider la commission des bibliothèques saoudiennes pour numériser et conserver leurs fonds.

Quid des gains espérés ?Le ministère de la culture ne donne pas de montant. Les propositions ont été d’autant plus calibrées que l’argent ne coule plus à flot : le budget de l’Etat saoudien accuse un déficit de près de 27 milliards de dollars (25,7 milliards d’euros). De nombreux projets ont été retaillés voire stoppés, la chasse à la corruption a grippé les chantiers et le fonds pour aider le patrimoine français, prévu dans l’accord bilatéral signé en 2018 à Al-Ula, s’est aussi réduit à peau de chagrin.

La Royal Commission for AlUla ne versera finalement que 50 millions d’euros, intégralement fléchés vers les travaux du Centre Pompidou. A des années-lumière du milliard d’euros que la France ambitionnait de récolter, en 2019, pour une vingtaine d’institutions culturelles.

Ouest-France
Saint-Nazaire, La Baule, Guérande
La Baule - Presqu’île, samedi 30 novembre 2024 780 mots, p. OF Saint-Nazaire - La Baule - Guérande_12
Aussi paru dans
29 novembre 2024 - Ouest-France (site web)

Culture : qui verra son aide régionale supprimée ?

Matthieu MARIN.

La subvention au festival de musique de film sera touchée, comme pour les autres événements. Le film politique cherche d’autres financements. Et Le Croisic s’inquiète.

Le festival de musique de film concerné

Le festival du cinéma et de musique de film de La Baule sera concerné par les baisses de subventions. La Région avait prévenu le trésorier du festival, a-t-elle confirmé à O uest-France, hier soir

Le midi, l’organisateur Sam Bobino n’avait pas cette information : « Nous recevons une petite aide de la Région et, à ce jour, nous n’avons pas été informés d’une éventuelle réduction du soutien accordé au festival », indiquait le cofondateur du festival (avec le réalisateur Christophe Marratier).

Depuis quelques jours, le monde de la culture est en ébullition. Il découvre progressivement qu’un grand nombre d’acteurs de la filière est menacé. La Région a décidé d’économiser 100 millions d’euros sur son budget et cela a des impacts dans divers secteurs.

Des subventions de la Ville

Le festival de cinéma de La Baule n’est financé qu’à une faible proportion par la Région, selon son responsable : « Moins de 2 % du budget numéraire global et moins de 0,7 % du budget valorisé annuel du festival. »

À côté, l’événement est soutenu par la Ville, dans le cadre d’une convention renouvelée chaque année. En 2024, celle-ci attribuait une subvention de 67 500 €, complétée ensuite par une subvention exceptionnelle de 15 000 €.

Film politique, c’est non

Le festival du film politique, dont la deuxième édition s’est tenue en octobre, n’a pas eu de réponse officielle. Mais il ne se fait pas d’illusion. « On nous a laissés entendre qu’il n’y aurait rien cette année, indique Anne-Catherine Mendez, organisatrice avec son époux, Jérôme Paoli. On a quand même envoyé notre dossier la semaine dernière. »

Sur 110 000 € de budget, la Région accordait 5 000 €. « Cela ne remet pas en cause le festival. On va se tourner vers des partenaires privés, et d’autres organismes publics, comme la Drac [Direction régionale des affaires culturelles] ou le CNC [Centre national du cinéma et de l’image animée]. » La subvention de la Ville de 30 000 € est maintenue, selon les organisateurs. Ils ont calculé les retombées en hébergement et restaurants à 45 000 €.

De la page à l’image, inquiet

Le festival du film du Croisic, De la page à l’image ? Pas de nouvelles non plus, indique le directeur, Mickaël Gautier. Mais grosse inquiétude. « Nous sommes en plein bilan du Festival 2024 qui se tenait le mois dernier. Notre aide financière est votée par la Région au printemps. Nous avons reçu, comme beaucoup, les infos concernant les coupes drastiques. On ne se fait pas d’illusions, malheureusement. On verra en temps voulu. »

Écrivains en bord de mer, silencieux

Qu’en sera-t-il du festival du livre Écrivains en bord de mer ? Il se tient chaque année en début d’été à la chapelle Saint-Anne, avec de belles pointures. Les organisateurs semblent inquiets, mais n’ont pas reçu de texto de la Région. Bernard Martin ne s’exprime donc pas et continue de réfléchir à la prochaine édition.

La Folle journée à La Baule, OK

Côté musique, La Baule ne sera pas concernée par la fin des aides à La Folle journée. Sa déclinaison en dehors de Nantes, qui s’appelle « Ma région virtuose » depuis cette année, n’est pas touchée. Ces concerts de musique classique ont lieu dans plusieurs villes, dont La Baule.

« La Folle journée est une réussite et la Région a souhaité que cette initiative culturelle soit plus répartie sur l’ensemble des cinq départements, notamment dans les zones rurales et littorales, a rappelé le maire, Franck Louvrier, également vice-président LR de la Région, lors du dernier conseil municipal, vendredi 22 novembre. Il faut dissocier les deux. On n’est pas touchés. Ma région virtuose est une initiative de la présidente Christelle Morançais. »

La convention a été approuvée lors de cette séance et la Ville participera à hauteur de 6 000 €.

Franck Louvrier : « Pas de perfusions »

Alors que Christelle Morançais ne s’est que peu exprimée sur ces économies, son vice-président, Franck Louvrier, a donné des explications à Ouest-France, mardi 26 novembre : « Nous contribuons à l’effort national de 5 milliards demandé par l’État aux collectivités locales, et ça amène à des restrictions budgétaires. Nous voulons des subventions d’impulsion et pas de perfusions. Derrière tout cela, il y a une refonte indispensable de la répartition des compétences des collectivités. »

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Monde
Culture, mercredi 27 novembre 2024 779 mots, p. 21
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27 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Grand Tour pppv A ne pas manquer

Le millefeuille d’images et de sensations de Miguel Gomes

Prix de la mise en scène au Festival de Cannes, le film du cinéaste portugais est un récit tragi-comique et picaresque en Asie du Sud-Est

Jean-François Rauger

Année 1918. Edward Abbott, un jeune fonctionnaire britannique en poste à Rangoun apprend que Molly, à qui il est fiancé depuis huit ans, prévoit de le rejoindre. Il décide de partir, entamant un périple qui le mènera de la Birmanie à la Chine, en passant par les Philippines, le Japon et le Vietnam. La jeune femme, refusant de croire qu’il s’est enfui pour échapper au mariage, part à sa recherche en suivant méticuleusement ses traces dans les endroits où celui-ci est passé. Chaque trajet est ponctué, pour les deux Occidentaux, de rencontres imprévues, celle avec un rustre milliardaire américain tombé soudain amoureux de Molly, celle d’un vieux consul opiomane ou d’un prêtre catholique ayant perdu la foi, par exemple.

Le scénario, même si l’écrivain britannique n’est pas crédité au générique, est l’adaptation d’une très courte nouvelle signée par Somerset Maugham (1874-1965), l’un de ces récits teintés d’ironie mélancolique sur un fond de colonialisme conscient de sa vanité et de sa finitude. S’il fallait en tout cas raconter « de quoi parle » le nouveau film de Miguel Gomes – de retour au cinéma après le choc que furent, en 2015, sa trilogie Les Mille et Une Nuits puis Journal de Tûoa, tourné au moment du confinement, en 2020 –, c’est peut-être de cette manière qu’il serait possible de le faire. Sans pouvoir faire le tour d’une expérience formelle et sensible qui n’a pas de véritable équivalent au cinéma aujourd’hui.

Puzzle conceptuel

A l’origine, il y a des images documentaires prises par Gomes et son équipe lors d’un périple en Asie du Sud-Est, des plans sans scénario préconçu et un tournage interrompu par la pandémie de Covid-19. A l’arrivée, la redistribution discursive d’un matériau dès lors mis au service d’une narration originale. A moins que ce ne soit le contraire, c’est-à-dire la recomposition d’une trame romanesque s’adaptant aux images préexistantes. Grand Tour, qui a obtenu le prix de la meilleure mise en scène au Festival de Cannes, est un récit tragi-comique, picaresque et épique, tout autant qu’un mélange de sensations, un trip géographique et mental, un puzzle conceptuel. A mi-parcours, le récit nous ramène en arrière en changeant son personnage principal, passant de l’homme en fuite à la jeune femme obstinée, de l’échappée à la quête, du présent au passé.

En alternant le noir et blanc et la couleur, les séquences en studio, dans lesquelles évoluent les acteurs au cœur d’un espace volontairement artificiel, et celles filmées, aujourd’hui, sur les lieux mêmes qu’auraient, soi-disant, traversés les protagonistes, le cinéaste bricole un objet filmique volontairement déroutant. Les périples effectués par Edward Abbott et Molly sont narrés par diverses voix off, chacune avec sa musicalité propre, dans la langue du pays traversé. Le spectateur est ainsi sommé de faire un tour sur la petite grande roue (il y en a une, particulièrement artisanale, actionnée à la main, métaphoriquement filmée dès les premières minutes) des sentiments, irréconciliables, des personnages, le déni de la jeune femme et, peut-être, l’immaturité angoissée de son fiancé.

Mais la psychologie ne saurait réduire un film construit sur une superposition de sensations dont on cherche, évidemment, l’ordre symbolique et la signification dialectique. C’est toute la liberté, précieuse, accordée par Miguel Gomes au spectateur. Sur le passé du récit conté se superpose le présent des vues en couleurs, véritables archives du contemporain, et la fiction, celle d’un « avant » enterré depuis longtemps par l’histoire, ne s’oppose pas au documentaire, mais se nourrit de la force de son évidence et du sentiment mélancolique que « cela a été ».

Grand Tour tient donc le cinéma par ses deux bouts, celui de l’enregistrement du monde visible et celui de la construction théâtrale, de l’authentique et de l’artifice. C’est un feuilleté d’images, de temps et de sentiments, où la recherche d’une vérité romanesque se définit aussi dans les divers modes de représentation exaltés par le film, du théâtre d’ombres chinoises aux spectacles de marionnettes birmanes, comme si le film tentait d’épuiser toutes les manières possibles de raconter une histoire dont il sera difficile, jusqu’aux ultimes moments de la projection, de savoir si elle est gaie ou triste.

Le Monde
Culture, mercredi 27 novembre 2024 628 mots, p. 21
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27 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Les Reines du drame ppvv A voir

Dans la toile pop survitaminée d’Alexis Langlois

Pour son premier long-métrage, le réalisateur propulse une galerie de « drama queens » dans un tourbillon ultra-référencé

Murielle Joudet

On attendait de pied ferme le premier long-métrage d’Alexis Langlois, qui nous avait déjà gratifiés d’étincelants courts et moyens-métrages parfaitement inoubliables, et dont les seuls titres nous donnent une idée assez nette de son envie de secouer le cocotier du cinéma français : Fanfreluches et idées noires (2016), A ton âge le chagrin c’est vite passé(2017), De la terreur, mes sœurs ! (2019). Un cinéma queer, d’un kitsch qui vous explose aux yeux, et dont chaque film est encore chargé de l’énergie du tournage, cette grande fête célébrant des corps et des visages que vous ne verrez pas ailleurs.

Réalisateur postmoderne et ultra-référencé, on reconnaît la patte Alexis Langlois à ce qu’elle organise la rencontre fracassante entre culture populaire et choses plus savantes : la télé-réalité et Fassbinder, Britney Spears et Kenneth Anger, Mariah Carey et John Waters, Werner Schroeter et l’esthétique Instagram. Pourquoi faire le tri ?

Sélectionné à la dernière Semaine de la critique cannoise, le film commence en 2055 : Steevyshady (Bilal Hassani), un youtubeur botoxé, revient pour ses abonnés sur le destin incandescent d’une star de la pop, Mimi Madamour (Louiza Aura), et de son histoire passionnée avec l’icône punk Billie Kohler (Gio Ventura).

En surrégime permanent

Ambition, casting, gloire et descente aux enfers : le film file le long d’une narration on ne peut plus classique de « rise and fall movie » pour mieux la dynamiter de l’intérieur par un fourmillement d’images, de pastiches et d’hommages : là un clip ressemblant à Britney Spears, une parodie du télécrochet la « Nouvelle Star », une vidéo YouTube, un plateau télé, concert de pop ou de metal. Le monde est une scène où se joue une clandestine passion lesbienne : car comment aimer une femme lorsqu’on est une star de la pop, tout ce qui a de plus mainstream et, a priori, de plus hétéro ?

On pense à l’Almodovar période movida : comme lui, Alexis Langlois envisage la trame d’un film comme une toile pop qui organise toutes les images stockées dans le cerveau de cet enfant des années 2000. Cinéma, Internet, télévision : son rapport au réel est médié par un torrent de références qu’il faut digérer, recycler, parodier. L’image tient lieu de monde, qu’elle soit celle de la déchéance d’une popstar, un poster dans une chambre d’adolescente, une paparazzade – on reconnaîtra en Mimi Madamour, un hommage appuyé au destin brûlé de Britney Spears.

En surrégime permanent, le film était voué à se dévorer lui-même. Parce que Les Reines du drame a envie de tout être : une comédie musicale, un mélodrame, une farce, passer à toute allure du premier au cinquième degré. Mais il ne peut pas tout : dans un film qui s’envisage comme un présent permanent, le temps a du mal à passer, sacrifiant au passage le mélodrame qui se joue là. Même chose pour les actrices, toutes passionnantes à regarder, mais forcément à la traîne d’un geste surpuissant qui finit par les cannibaliser.

Sans doute est-ce un problème de rythme : les accélérations n’ont de prix que si elles sont enserrées par des moments plus calmes ; or, le film est une course folle de deux heures. On aurait aimé voir comment Alexis Langlois se débrouille pour filmer de toutes petites choses : un dialogue amoureux, un regard, un couple dans un lit, un silence. On rêverait qu’au milieu de ce feu d’artifice formel, les reines du drame acceptent de se démaquiller un peu.

Le Figaro, no. 24968
Le Figaro et vous, lundi 2 décembre 2024 1769 mots, p. 28

Culture

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1 décembre 2024 - Le Figaro (site web)

NIELS ARESTRUP LA RAGE DE JOUER

L'ACTEUR, GRAND HOMME DE THÉÂTRE, AURA MARQUÉ LE CINÉMA PAR SES RÔLES CHEZ JACQUES AUDIARD ET BERTRAND TAVERNIER. IL LEUR DOIT TROIS CÉSAR DU MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE.

Simon, Nathalie

C'est sa femme, l'auteur Isabelle Le Nouvel, qui a annoncé dimanche matin la mort de Niels Arestrup, à Ville-d'Avray (92). Le prodigieux interprète d' Un prophète,de Jacques Audiard, avait 75 ans. «J'ai la douleur extrême de faire part du décès de mon époux, l'immense acteur Niels Arestrup, au terme d'un combat courageux contre la maladie. Il s'est éteint entouré de l'amour des siens.» «Une perte irrattrapable comme celle de Bernard Blier» ,se désole Francis Huster. «Je suis très triste pour sa femme et ses enfants» , confie François Berléand, qui jouait son demi-frère dans une pièce autobiographique, 88fois l'infini, d'Isabelle Le Nouvel. «Immense et génial acteur» , le salue Patrick Chesnais, son partenaire dans Le Souper, la pièce de Jean-Claude Brisville. André Dussollier, avec lequel il était à l'affiche de Diplomatie,est «trop bouleversé et abattu» pour s'exprimer.

L'acteur franco-danois, né à Montreuil le 8 février 1949, s'était souvent illustré dans des rôles de méchant au cours de plus de cinquante-cinq ans de carrière. À l'instar d'Alain Delon, il était un monstre sacré qui en imposait. Pourtant, il était d'un naturel réservé, et, contre toute attente, il avait gardé une forme de timidité. Son regard bleu perçant tenait son interlocuteur à distance. «Il n'était pas un poseur, il en imposait» , souligne Francis Huster. «C'était un type timide habité par l'angoisse de ne pas bien faire, confirme Patrick Chesnais. Partager la scène avec lui était un bonheur et un privilège.»

Fils unique d'un ouvrier taiseux de Bagnolet, Niels Arestrup répondait aux questions des journalistes après mûre réflexion. Il n'avait jamais éprouvé le désir d'être sous les projecteurs et a longtemps accordé des entretiens au compte-gouttes. Il avait en mémoire la force de caractère de son père, chef d'atelier dans une usine de montage des balances Testut. Et le courage de sa mère bretonne, qui travaillait à la chaîne chez un fabricant de radios. Ses parents auraient aimé qu'il suive leurs pas. Ils s'inquiètent pour son avenir, mais il y eut ce que Niels Arestrup appelait un «accident de la vie» bienvenu.

L'homme est devenu comédien par hasard. Il a 19 ans quand il est «rencontré» par ce métier. Il découvre Tania Balachova dans une émission de télévision et décide d'aller la voir. « « Quand vous êtes sur scène et que vous écoutez votre partenaire, vous êtes le premier spectateur » , nous disait-elle» ,se remémore François Berléand. La professeur d'art dramatique légendaire fait passer un essai à Niels Arestrup, l'examine, puis observe d'un ton docte : «Je n'ai rien de particulier à vous dire. Vous êtes un acteur comme l'était Michel Simon, Pierre Brasseur, Pierre Fresnay. Vous n'y êtes pour rien, c'est ainsi. Si, un jour, un peu de chance s'en mêle, vous jouerez de grands textes.» Quand on le lui rappelait, l'intéressé était presque gêné de la comparaison.

«Tania Balachova m'a mis le doigt dans la peinture, je n'en suis jamais sorti, Dieu merci! C'est l'un des métiers les plus fantastiques qui soient, commentait-il pour Le Figaroen 2020. On passe sa vie à jouer, à rencontrer des gens, à être ailleurs, à ne jamais sombrer dans la routine.» Selon Francis Huster, il était «ailleurs, pas sur scène. On avait l'impression qu'il jouait pour lui».

Parmi ses autres « maîtres » , Peter Brook et Michel Bouquet ont été essentiels. Ils l'ont nourri, estimait Niels Arestrup, qui avait dirigé un temps le Théâtre de la Renaissance et enseigné dans une école qu'il avait fondée à Montmartre. Michel Bouquet lui avait donné un conseil : «Lisez, lisez, apprenez, apprenez, oubliez, oubliez...» «Comme dans la vie, un personnage, c'est pareil. Quand vous accomplissez correctement votre travail, il est en vous en permanence. Vous ne pouvez pas le lâcher» , expliquait Niels Arestrup qui a fait ses débuts au théâtre à 23 ans, dans la troupe de Jean Gillibert, en 1972. Il joue dans Crime et Châtimentde Dostoïevski, mis en scène par Alain Barsacq, qui lui propose de changer de nom. Pour ne pas faire de peine à ses parents, le jeune homme refuse. Autre metteur en scène qui compte dans la formation d'Arestrup, Andréas Voutsinas, metteur en scène grec passé par l'Actor Studio avant de s'installer à Paris à la fin des années 1960. «Être acteur, c'est être autre chose, autrement, autre part, être quelqu'un d'autre» , estimait son ancien élève sur France Inter en 2012.

Niels Arestrup, devenu l'heureux père de jumeaux à 63 ans, a donc souvent été «quelqu'un d'autre». En 1979, il joue un proxénète violent avec « ses » prostituées, Miou-Miou et Maria Schneider, dans La Dérobade,de Daniel Duval. «Fous-lui une baffe!» ,répète le réalisateur à l'acteur. «Oui» , l' « encourage » Miou-Miou, qu'il finit par blesser physiquement, comme d'ailleurs Maria Schneider. Niels Arestrup avait la réputation de malmener les comédiennes également sur les planches. En 1983, son altercation avec Isabelle Adjani dans Mademoiselle Julie, d'August Strindberg, au Théâtre Édouard VII, avait fait couler beaucoup d'encre. Jean-Paul Roussillon puis l'interprète de L'Été meurtrieravaient abandonné le plateau. Ils ne s'étaient plus jamais donné la réplique. Ce qui n'avait pas empêché Fanny Ardant de jouer La Musica deuxième, de Marguerite Duras, mis en scène par Bernard Murat, avec Arestrup au Théâtre de la Gaîté Montparnasse en 1995.

Mais un an après, le comédien avait de nouveau entretenu une relation conflictuelle avec Myriam Boyer alors qu'ils jouaient Qui a peur de Virginia Woolf?,une pièce d'Edward Albee sur un couple qui se déchire à la Gaîté Montparnasse. Catherine Arditi avait remplacé la mère de Clovis Cornillac, qui avait claqué la porte. «Je le considérais comme un rocker qui allait tout foutre en l'air à chaque fois,détaille Francis Huster. Il avait une rage contenue en lui. Il ne voulait pas vieillir, il était resté le jeune chien fou, c'est ce qui faisait sa force. Il interprétait des personnages ignobles, des fous, mais quelque chose faisait qu'on lui tendait la main quand même.»

«C'est du passé, c'est loin, on m'a collé une étiquette» , nous affirmait Niels Arestrup, qui balayait d'un geste les mauvais souvenirs. En 1996, il tourne sous la direction du réalisateur italien Marco Ferreri Le futur est femme, autour d'un couple qui adopte un enfant. «Il disait « Motore » en mangeant des mandarines... Il y avait un style Ferreri, une recherche» , jugeait Niels Arestrup, sous le charme.

Claude Lelouch est le premier à lui donner sa chance au cinéma. En 1976, dans S i c'était à refaire. Arestrup joue aux côtés d'Anouk Aimé, Catherine Deneuve, Charles Denner et Francis Huster. «Pour moi, Niels, c'est le Rodin du théâtre,s'enflamme ce dernier. Il sculptait ses rôles, il a été récompensé pour des seconds rôles, mais il n'y avait pas de second rôle pour lui. Il avait pour ses personnages une fascination qu'on ne lui imaginait pas. Il aimait tellement recevoir qu'il donnait plus qu'il ne fallait. Il était comme Spencer Tracy, il avait une fragilité. Et une séduction qui n'était -contrairement à ce qu'on pense- absolument pas machiste. Il avait la colère de l'âme. Quand il a montéLe Misanthrope, au Théâtre de la Renaissance, avec Marianne Basler, il en était conscient.»

La retraite n'avait aucun sens pour lui. Il nous avait confié qu'il aurait été malheureux de ne plus travailler. Sa carrière avait connu un sommet avec le «très exigeant» Jacques Audiard, qui l'avait repéré au théâtre. Le metteur en scène l'engage d'abord en 2006 pour De battre mon coeur s'est arrêté, dans lequel Arestrup interprète le père sans scrupule de Romain Duris. Il obtient le César du meilleur acteur dans un second rôle. Puis pour Un prophète, qui marque un tournant. Arestrup y incarne avec maestria un effrayant parrain de la pègre corse. Le comédien accepte de travailler avec un coach pour se mettre dans la peau du mafieux. Le film obtient le grand prix au Festival de Cannes en 2009 et neuf César en 2010, dont celui de meilleur acteur dans un second rôle pour Niels Arestrup. Ce dernier expliquait que Jacques Audiard était «carrément difficile. Il veut toujours que ça aille plus loin.»Il évoquait son avertissement avant une prise : « « On ne sortira pas de ce plateau tant qu'il n'y aura pas du sang sur les murs. » Il est capable d'aller toujours plus loin, jusqu'à l'épuisement» ,précisait l'acteur à AlloCiné en 2011.

Bertrand Tavernier lui confie le rôle d'un chef de cabinet ministériel au flegme irrésistible face à un Thierry Lhermitte impulsif et imprévisible dans Quai d'Orsay, adapté de la bande dessinée éponyme de Christophe Blain et Abel Lanzac. Presque un contre-emploi qui vaudra à l'acteur son troisième César de meilleur second rôle. Les coulisses du pouvoir l'intéressent. Le Candidat (2007), le seul long-métrage qu'il écrit et réalise, est l'histoire d'une manipulation entre les deux tours d'une élection présidentielle. Éminence grise ou mentor retors, sa carrière politique à l'écran se prolonge dans la série Baron noir.

Politique ou truand, Arestrup s'investit de la même façon. «Je crois à ce que je joue. J'y crois comme un enfant, comme quand je jouais aux cow-boys et aux Indiens» , lance-t-il au Figaroau moment où il joue 88fois l'infini, la pièce d'Isabelle Le Nouvel inspirée de ses retrouvailles avec son demi-frère à 20 ans. Il n'était pas peu fier d'avoir tourné avec Steven Spielberg, qui lui avait donné un rôle de grand-père dans sa fresque Cheval de guerre.

Les jeunes réalisateurs pensaient souvent à lui, comme Gilles Legrand, pour Tu seras mon fils (2011), dans lequel il prête ses traits à un patriarche dans ses vignobles. L'acteur y retrouve Patrick Chesnais. La même année, son rôle du Général Dietrich von Choltitz au théâtre dans Diplomatie, avec André Dussollier en Raoul Nordling, marque les esprits. «C'est le premier auquel j'avais fait lire la pièce sur le conseil de Myriam Feune de Colombi, la directrice du Théâtre Montparnasse,raconte l'auteur, Cyril Gély. Niels est l'acteur, avec un grandA. Il ne refaisait jamais les mêmes choses, il essayait toujours d'apporter un autre ton ou un autre geste. Il m'avait dit: « Je n'apprends jamais par coeur, mais par corps. »»Volker Schlöndorff la transposera au cinéma en 2014. Déjà, Niels Arestrup parle à Cyril Gély de Rouge, la pièce de John Logan, pour prêter sa carrure au peintre Mark Rothko au Théâtre Montparnasse, mis en scène en 2020 par Jérémie Lippmann avec Alexis Moncorgé. «Il n'y avait que lui pour embarquer 700personnes dans une salle!»

Ses pairs reconnaissent son talent en lui décernant cette année-là le Molière du meilleur comédien. N. S.

Le Nouvel Obs (site web)
Culture, vendredi 22 novembre 2024 - 19:00 1242 mots

Arthur Môlard, réalisateur de « 37 : l'ombre et la proie » : « Mon film cherche à nous venger de la réalité »

Le Nouvel Obs

Dans son premier long-métrage, thriller inspiré par « Hitcher », Arthur Môlard raconte en creux la précarité galopante des chauffeurs routiers et leur proximité électrique avec les migrants.

Au départ de « 37 : l'ombre et la proie », petit thriller malin qui plonge un jeune chauffeur routier en plein survival, un appel d'offres lancé par Sony et Moana Films aux jeunes réalisateurs français attirés par le cinéma de genre. Défi proposé : financer cinq longs-métrages à hauteur d'un budget modeste d'1 million d'euros chacun, mais accompagner leur sortie en salles à renfort de grands moyens, sous un label nouveau, Parasomnia. Une démarche qui reprend le principe des films Blumhouse, petite firme américaine à l'origine de séries B telles que « Paranormal Activity » ou « Insidious ». « Sony a reçu au départ 2 600 scénarios » rappelle Arthur Môlard, deux courts-métrages à son actif, premier des cinq lauréats de Parasomnia à sortir son film.

Outre l'ambition de tourner un thriller, quelles étaient vos envies à l'origine de « 37 » ?

Arthur Môlard Tourner un film autour des routiers, dont l'univers me fascine depuis longtemps. L'écriture du scénario a beaucoup puisé dans l'expérience d'un ami chauffeur. J'ai pu rouler avec lui, et sondé la vraisemblance de telle ou telle situation imaginée avec ma coscénariste Claire Patronik. Je partage avec les routiers cette soif de liberté, à l'origine de beaucoup de vocations, alors qu'ironiquement, ils comptent aujourd'hui parmi les travailleurs les plus surveillés : les chronotachygraphes, des mouchards placés dans leur camion, informent leur employeur de leur position en temps réel. Du fait de l'explosion du e-commerce, les sociétés de transport sont à flux tendus mais la concurrence massive des pays de l'Est participe à la dégradation des conditions de travail des routiers depuis trente ans. Les anciens déconseillent généralement à la jeune génération de franchir le pas, tant ce métier s'apparente aujourd'hui à une sorte de supermarché des travailleurs précaires.

Vous opposez dans le récit routiers et migrants.

Les routiers sont davantage au contact des exilés africains que n'importe qui dans la société française. Cette proximité a deux conséquences : soit ils finissent par être insensibilisés à leur souffrance, soit ils les perçoivent comme une menace. Il arrive que des migrants grimpent à leur insu dans leur camion, et si la police les intercepte, les routiers sont incapables de prouver leur innocence. D'où ce regard assez dur qu'on retrouve dans le film. On s'est fondé sur pas mal d'anecdotes ou de commentaires entendus pendant l'écriture du scénario, parfois restitués tels quels dans la bouche des acteurs.

Transporter des sans-papiers est-il néanmoins une tentation courante pour eux ?

Je ne saurais pas quantifier le phénomène. J'ai entendu quelques histoires de ce type, mais dans l'ensemble, les routiers ne s'épanchent pas vraiment sur le sujet. En tout cas, le film s'inspire directement d'un fait-divers survenu en Angleterre il y a quelques années où 39 exilés africains ont été retrouvés morts à bord d'un camion frigorifique près de Londres. Des tragédies de ce genre ont lieu à peu près tous les cinq ans dans le monde.

Vincent et sa passagère sont comme arrachés d'un drame social français traditionnel, et invités à jouer les premiers rôles d'un film de genre.

C'est exactement ce qu'on voulait faire. Quand j'ai montré mon film en avant-première, certains spectateurs m'ont interrogé : « Vous n'êtes pas gêné d'avoir traité ce sujet sous forme de thriller ?  » Je leur ai répondu que des drames sociaux, il en existe plein tournés en France, et des très bons, comme « Moi capitaine » par exemple, mais pour moi, un film de genre s'adresse au cerveau reptilien du spectateur, il est supposé produire des moments cathartiques où la fiction nous venge de la réalité. Ce qui suppose qu'on peut s'autoriser des renversements un peu carnavalesques, et donner à une exilée africaine, habituellement considérée comme une victime dans n'importe quel film social, l'envergure d'une justicière un peu fantomatique, à la façon de Clint Eastwood dans « l'Homme des hautes plaines ».

Une autre référence importante de « 37 » est « Hitcher » de Robert Harmon, pour sa ligne narrative très épurée, ses personnages archétypaux qui s'inscrivent dans un décor de western. On a filmé les stations-service et les aires d'autoroute comme des décors de cinéma, pour leur conférer une étrangeté à la lisière du fantastique.

Vous montrez une partie de cette France périphérique rendue visible par les manifestations des « gilets jaunes », comme beaucoup d'autres films en ce moment - de « Au boulot ! » de François Ruffin, à « Vingt Dieu » de Louise Courvoisier, en salle le 11 décembre. Est-il plus facile de représenter cette couche de la société au cinéma depuis quelques années ?

Je ne sais pas. En ce qui me concerne, j'ai grandi dans une petite ville près de Saint-Etienne, je n'interroge pas mon envie de filmer cette France-là. Ça ne répond pas à la question, mais mon film a une forme un peu particulière par rapport au cinéma français traditionnel. Cela tient en partie au fait que Sony le finance intégralement, qu'on n'a pas demandé d'avances sur recette au CNC [Centre national du Cinéma], d'aides régionales, etc. J'ai beau chérir et défendre l'exception culturelle française, je partage avec plusieurs réalisateurs de cinéma de genre le constat que le CNC peut avoir tendance à formater ses films. Pour un projet précédent, on m'avait demandé des notes d'intention, de manière à expliciter le propos social du film. Or, je tenais dans « 37 » à ce que la question sociale reste en filigrane. Mes personnages connaissent la réalité de leur position dans la société, il aurait été artificiel de les faire discourir à ce sujet dans une intrigue qui les bouscule au point de menacer leur vie.

En dehors du budget resserré, Sony vous a-t-il imposé autre chose ?

Leur seule contrainte a été de rajeunir le héros pour coller davantage au public qu'il visait. Ce n'était pas du tout un problème pour moi. Et comme ils voulaient satisfaire les amateurs de genre, ils ont poussé pour avoir plus de violence.

Comment avez-vous choisi vos deux acteurs, Guillaume Pottier et Melodie Simina ?

Marc Missonnier, le producteur, dit que l'avantage d'un film de genre est qu'on n'a pas besoin d'une star. On peut projeter plus de choses sur un visage inconnu, d'autant que le scénario de « 37 » privilégie la surprise, l'ambiguïté des personnages. En raison des contraintes de temps et d'argent qu'implique un tournage à 1 million d'euros, il m'a conseillé de prendre des techniciens capables de donner ce que je voulais en deux prises maximum. Guillaume Pottier est un acteur de théâtre, qui a joué dans des pièces de huit heures. Ça donne un aperçu de son bagage... Il nous a convaincus au terme d'un long casting, à quatre ou cinq tours. Son professionnalisme était évident.

Melodie Simina est une actrice britannique et suisse alémanique. Personne ne la connaît en France, je ne sais pas comment la directrice de casting a entendu parler d'elle. Elle a une petite carrière en Allemagne et a travaillé en Angleterre. Son accent indéterminé sert beaucoup le mystère du personnage. Elle a été la meilleure pour interpréter toutes les facettes de ce personnage protéiforme. Son humour, qui insuffle une cruauté, quelque chose de ludique au film, a fait la différence dès le départ.

Quels sont vos projets ?

Deux films de genre, dont l'un à nouveau produit par Marc Missonnier. A chaque fois, je procède de la même manière : je m'intéresse à un milieu social particulier, mais j'adopte une approche narrative de genre pur.

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

Le Monde
Culture, mercredi 20 novembre 2024 751 mots, p. 26
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20 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Reprise

Un ménage à trois débridé dans les années 1980 thatchériennes

La comédie potache « Rita, Sue and Bob Too ! », l’un des rares longs-métrages tournés pour le cinéma par Alan Clarke, réalisateur rentre-dedans, ressort en salle

Mathieu Macheret

Dans les années 1980, le cinéma britannique répond à l’assaut thatchérien en renforçant sa fibre sociale, qui se partage entre drames réalistes (My Beautiful Laundrette, Stephen Frears, 1985) et comédies douces-amères (High Hopes, Mike Leigh, 1988). Il existe toutefois, au milieu du tableau, une autre sorte de trublion, un dénommé Alan Clarke (1935-1990), qui va prendre les choses autrement. Parler des classes populaires, de la misère sociale, de l’ennui périurbain, certes, mais sans pincettes et en visant en dessous de la ceinture.

C’est précisément ce à quoi Clarke s’est essayé avec Rita, Sue and Bob Too ! (1987), comédie potache, arlequinade râpeuse, et l’un de ses rares longs-métrages tournés pour le cinéma, qui ressort en salle en copie restaurée. Clarke, filmeur rentre-dedans, a œuvré la majeure partie de sa carrière au sein de la BBC, chaîne publique et véritable institution au Royaume-Uni, à laquelle il a donné de percutants brûlots comme Scum (1979), Made in Britain (1982, avec un tout jeune Tim Roth) ou encore Elephant (1989), qui gagnent à être connus.

Adapté d’une pièce d’Andrea Dunbar (1961-1990), dramaturge précoce morte prématurément, Rita, Sue and Bob Too ! s’invite dans une banlieue quelconque du West Yorkshire pour observer les comportements sexuels qui s’arrachent à la morne bétonnisation environnante. Rita (Siobhan Finneran) et Sue (Michelle Holmes), deux lycéennes d’une cité ouvrière délabrée, occupent leur samedi soir en faisant du baby-sitting pour un couple de la classe moyenne installé dans un pavillon voisin. Les reconduisant chez elles en voiture, Bob (George Costigan), le mari, n’a pas à pousser trop loin la chansonnette pour une partie de jambes en l’air sur siège rétractable. Elles, travaillées par leurs hormones, et lui, frustré par une conjugalité en berne, ne se lâcheront plus. S’engage alors un drôle de manège à trois où chacun, avec perte et fracas, essaye de tirer sa part de plaisir.

Vulgarité exutoire

Coutumier des films pessimistes et sans concession, Alan Clarke se prête pour une fois à la comédie avec la violence qui lui est propre – une comédie de la « baise », avec toute la charge de vulgarité exutoire que recouvre le terme. La part comique du film repose, en grande partie, sur l’interprétation outrée des acteurs, par opposition au décor réaliste dans lequel ils sont plongés. Cela passe d’abord par la démarche, dans un film obsédé par les déplacements de ses personnages – titubations d’un alcoolique, talons hauts ployant sur le bitume de petites pimbêches mal attifées, postures chaloupées d’un séducteur à deux sous –, autant que par une expressivité comme grossie à la loupe.

Clarke puise son nuancier dans la laideur caractéristique des années 1980 : frusques criardes, coupes de cheveux en pétard, musiques tapageuses, comme dans ce bal invraisemblable où le trio se prête à une danse paillarde au son de We’re Having a Gang Bang (« on se fait une partouze ! »). S’il épouse leur vulgarité, le film ne fait pas pour autant crouler ses personnages sous le poids de la satire, mais trouve dans ce substrat médiocre de quoi déchaîner leur puissance vitale. Dans la blême modernité des années 1980, seul l’élan sexuel indompté conserve quelque chose des vieilles libertés populaires. Le film a lui-même des airs de farce rabelaisienne, ou chaucerienne, selon qu’on se trouve sur une rive ou l’autre de la Manche.

Ce qui frappe dans cette comédie faussement mineure, c’est la mobilité insensée de la caméra, qui file dans les rues ou les intérieurs. As du Steadicam (harnais pondéré qui permet de mouvoir la caméra avec une grande fluidité), Clarke court aux trousses de ses personnages, comme lors de l’éblouissante séquence générique, décrivant à coups de travellings épiques le trajet de Rita et Sue de leur cité aux pavillons.

Tendues, directives, roulant sur elles-mêmes, les prises tendent le récit, et il arrive par moments que l’ordure s’adosse à la beauté : que notre trio arpente un champ à la verdeur pastorale crépie de bouses bovines, ou fornique sous les reflets bleutés d’une lune patiente. Le prosaïsme se double alors d’un monde plus vaste dont la poésie, même trash, n’est jamais exclue.

Ouest-France
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Culture, lundi 2 décembre 2024 425 mots, p. OF Pays d'auge_26

Niels Arestrup est mort à l’âge de 75 ans

Janik LE CAÏNEC.

Cinéma. L’acteur français était une figure marquante du cinéma auréolée de plusieurs César, mais était toujours resté au théâtre.

Figure marquante du cinéma français, Niels Arestrup est décédé dimanche à son domicile de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine). Il avait 75 ans. « J’ai la douleur extrême de faire part du décès de mon époux, l’immense acteur Niels Arestrup, au terme d’un combat courageux contre la maladie. Il s’est éteint entouré de l’amour des siens », a partagé dans un communiqué son épouse, Isabelle Le Nouvel.

Il avait été récompensé de plusieurs prix au cinéma : trois César du meilleur second rôle dans les films Un prophète, Quai d’Orsay et  De battre mon cœur s’est arrêté. Et côté théâtre, d’un Molière en 2020 pour sa prestation dans la pièce Rouge.

Habitué des rôles de salauds et de personnages ambigus, il a aussi été en 2016, l’un des principaux acteurs de la série de fiction politique Baron noir. Et, plus récemment, en 2022, il a incarné Albert, vieil homme énigmatique racontant ses mémoires à un écrivain en mal d’inspiration dans la série Les papillons noirs.

Une mère bretonne

Sans jamais lâcher le théâtre, Niels Arestrup a bâti sa notoriété sur la durée. Il a longtemps eu l’image d’un partenaire difficile. En 1983, Isabelle Adjani avait renoncé à son rôle dans Mademoiselle Julie, à la suite d’une gifle du comédien.

Niels Arestrup devait son nom à un père danois ayant tenté d’émigrer vers les États-Unis, mais s’était arrêté en France pour se marier avec une Bretonne originaire de Lorient. Il a grandi dans un milieu très modeste en région parisienne.

L’acteur rejetait largement la célébrité. « Globalement, je ne trouve pas que les comédiens soient des gens importants dans la société, confiait-il à Ouest-France, en fé-vrier 2012, alors qu’il était au générique du film de Steven Spielberg, Cheval de guerre. J’aimerais mieux qu’on nous parle des scientifiques, des chercheurs. Ça m’intéresse plus que de savoir quelle plage un tel ou un tel fréquente, et avec qui. »

Dans cet état d’esprit, Niels Arestrup participait activement au débat public sur les moyens de sortir de la crise climatique par exemple. En 2018, il figurait parmi les 200 signataires d’un appel paru dans le journal Le Monde pour sauver la planète.

Cet article est paru dans Ouest-France

La Montagne
Corrèze
Tulle, vendredi 15 novembre 2024 669 mots, p. Brive-16

La municipalité travaille son offre culturelle à l'auditorium, au cinéma et à la médiathèque

Des tarifs réduits avec le Pass'Uzercha

Faire d'une pierre deux coups, c'est ce que tente le service Culture, Patrimoine et Vie associative de la municipalité d'Uzerche en lançant le Pass'Uzercha. Un dispositif qui concerne les trois équipements culturels municipaux, médiathèque Simone-de-Beauvoir, auditorium Sophie-Dessus et cinéma Louis-Jouvet.

Des tarifs révisés. La création du Pass'Uzercha est née d'un constat et d'une volonté.

Le constat, c'est celui de la hausse des frais de fonctionnement de ces trois équipements, du fait notamment de l'augmentation des coûts de l'énergie. « Plus 30 à 40 % sur un an », estime Thomas Guedenet, directeur du service Culture, Patrimoine et Vie associative, il fallait donc revoir les grilles tarifaires « qui n'avaient pas évolué depuis longtemps. Mais, avec la volonté de ne pas tout augmenter et pas trop ».

La volonté également d'opérer une sorte de rééquilibrage entre les usagers, Uzerchois et non Uzerchois. À la médiathèque, près de 50 % des adhérents habitent sur le territoire de la communauté de communes du Pays d'Uzerche; à l'auditorium, seul un tiers des spectateurs sont des Uzerchois; « mais tous ces équipements sont portés par la commune et les impôts de nos administrés ».

« Une offre faite pour les actifs »

Une offre ciblée. Pour adoucir la note (3 ? maximum pour un spectacle à l'auditorium, NDLR), « on a créé un dispositif pour que les Uzerchois bénéficient d'un accès à tarif réduit, quand ce n'est pas déjà le cas », explique Thomas Guedenet. Les actifs, de 25 à 55 ans, sont particulièrement visés. L'adhésion au Pass est gratuite, renouvelable au bout d'un an, puis l'accès aux spectacles et aux séances de cinéma est à tarif réduit tandis que l'abonnement à la médiathèque est gratuit (*).

C'est simple, mais « ça demande une démarche de la part des Uzerchois, reprend-il. Cela nous permet de mieux connaître nos usagers, d'établir un rapport particulier avec eux, peut-être par le biais d'offres exclusives, et, au final, de fidéliser du public. Avec le Pass, on peut attirer des actifs qui voient qu'il y a une offre faite pour eux. »

Lancé il y a 15 jours, le Pass'Uzercha a déjà été souscrit par une dizaine de personnes. « Les administrés saluent l'initiative », apprécie-t-il.

Un label de qualité. Avec le Pass'Uzercha, reprend-il, « on s'inscrit aussi dans une démarche d'amélioration de l'identification de l'offre culturelle municipale. Il se passe beaucoup de choses, mais parfois, il est difficile de comprendre qui fait quoi ».

Miser sur la qualité de vie

Au Pass est donc associé un label - « La culture à Uzerche » -, qui sera « un gage de qualité » et un atout pour le développement de la ville. « Les nouveaux habitants sont souvent des trentenaires, avec des familles, qui ont envie d'un environnement plus vert et d'une offre culturelle de qualité. »

Il poursuit : « L'idée n'est pas d'intensifier l'offre, mais de s'inscrire davantage dans une logique de saison, d'avoir une programmation au moins par trimestre, si possible en cohérence entre les trois équipements, sur des temps particuliers comme les vacances ou autour de thématiques comme la BD. On a le souci aussi de les faire travailler en transversalité, comme pour les ciné-goûters. »

Une offre culturelle cartographiée. En plus du Pass'Uzercha, la Ville a travaillé, avec l'illustratrice de La Calade Fanny Blanc, sur une cartographie de l'offre culturelle à Uzerche. Une carte de la ville a été réalisée, disponible à la mairie, à l'Office de tourisme et dans les commerces, qui répertorie et situe les trois équipements municipaux et les Mardis d'Uzerche qu'elle organise chaque été, mais aussi les autres lieux et associations qui proposent des animations culturelles.

Des informations pratiques bien utiles pour les habitants d'Uzerche et des environs, comme les touristes.

(*) Sans Pass, l'inscription à la médiathèque passe à 12 ?. Une nouvelle carte d'abonnement a aussi été créée au cinéma.

Pratique. Renseignements et inscriptions auprès du service Culture, Patrimoine et Vie associative : à la mairie, Tél. 05.55.73.17.00 ou [email protected]. Site Internet : www.uzerche.fr, rubrique culture.

Blandine Hutin-Mercier [email protected]

Le Monde
Culture, vendredi 15 novembre 2024 1604 mots, p. 23
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14 novembre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Rencontre

Philippe Katerine, zazou du cocooning

Après sa performance remarquée aux Jeux olympiques, le chanteur sort son album « Zouzou », éloge de la normalité et du quotidien

Stéphane Davet

Aucun disque de Philippe Katerine n’avait été précédé d’un tel ramdam. Offert sur un plateau, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet, le pacifique Nu, l’un des dix-sept titres de Zouzou, son quinzième album paru le 8 novembre, avait fait sensation, chanté par son créateur peinturluré en Schtroumpf dionysiaque. Certains avaient vu un blasphème dans ce banquet de l’Olympe, confondu avec le repas de la Cène, se persuadant aussi de la nudité provocatrice d’un interprète pourtant pourvu d’un sous-vêtement.

Une introduction hors norme et paradoxale, en tout cas, pour un album que le zazou vendéen considère comme l’un de ses plus « intimes », un éloge « de la normalité, de la vie domestique, de la routine du quotidien ». Version Philippe Katerine.

Jusqu’à cette polémique olympique, la radicale fantaisie de l’univers katerinien semblait avoir trouvé sa place dans la culture pop française. Issu des marges de la chanson rock, bricoleur d’abord solitaire d’une préciosité underground, Philippe Blanchard, dit « Katerine », a élargi son public au rythme de singles iconoclastes – Je vous emmerde (1999), La Banane (2010) – et d’un hymne ultradansant, Louxor, j’adore (2005). Son personnage à l’humour décalé traçant de la même façon sa voie au cinéma, entre films d’auteur – Je suis un no man’s land (2011), de Thierry Jousse, Un beau soleil intérieur(2017), de Claire Denis – et succès populaires, avec notamment Le Grand Bain(2018), de Gilles Lellouche, qui lui valut un César du meilleur second rôle masculin.

Si l’exposition en mondovision a ponctuellement boosté les écoutes de ses chansons sur les plateformes (+ 240 %, le 27 juillet, sur Spotify ; + 600 % sur YouTube), elle a aussi rendu plus clivante l’originalité du quinquagénaire. Un changement auquel il dit échapper sur les réseaux sociaux – « l’anonymat ne m’intéresse pas » –, mais qu’il a pu plusieurs fois constater dans la rue.

« Des gens ont eu le courage de venir me parler pour dénoncer ma décadence, taquine le chanteur, rencontré, le 30 octobre, dans les locaux de sa maison de disques. Je leur propose un sourire ou un merci. » Quand son éducation catholique ne lui suggère pas d’autres réparties telles que « Tu tendras l’autre joue »ou « Tu adoreras ceux qui te haïssent ».

Dans la biographie Philippe Katerine. Moments parfaits (Le Mot et le reste, 2020), qu’il a consacrée au chanteur, Thierry Jourdain rappelait que, à l’adolescence, celui-ci avait été le souffre-douleur de son internat. « Tout le monde l’appelle “Poubelle”, les élèves mais également certains de ses professeurs. Des ordures sont déversées dans son casier et il subit l’acharnement d’insultes et de sobriquets », écrit Jourdain.

Prisme du mignonisme

Refusant de dramatiser les agressions d’hier et d’aujourd’hui, Katerine préfère s’amuser d’un prétendu goût du martyre. « C’est ce que je réclamais d’autrui, qu’on me secoue, qu’on me maltraite. Encore aujourd’hui, cela épouse bien mon profil psychologique », explique celui qui avait tout de même fini par fuir ce pensionnat privé pour intégrer un lycée public, où s’épanouissent son inclination pour le dessin et une pratique collective de la musique.

Sur un air de samba autotunée, Total à l’ouest, l’un des morceaux de son nouvel album, vante autant les mérites de son inadaptation chronique que de ses origines géographiques. Ayant grandi à Chantonnay, en Vendée, dans le décor verdoyant du haut bocage, il a cultivé sa singularité dans cet isolement et ce paysage protecteur de l’ouest de la France.

Dans Zouzou, cet aventurier fantasque de la chanson retrouve d’ailleurs la chaleur du cocon. Après un précédent album, Confessions (2019), électrisé par la nervosité et l’inquiétude, on l’entend souvent se rapprocher de l’intimisme qui imprégnait Le Film (2016), disque de deuil du père, guidé par la chaleur d’un piano.

Il s’entoure ici du confort de l’environnement familial. Avec des interventions de sa maman, ancienne institutrice, de ses espiègles fistons, Billy et Alfred, et de sa fille, Edie, qui, dans La Chanson d’Edie, démontre un étonnant talent d’imitatrice permettant à son père de bénéficier des (faux) featurings d’Angèle, de Juliette Armanet ou de Clara Luciani.

Ce côté « famille » ne date pas d’hier, puisqu’on se souvient avoir entendu Edie pleurer dans son berceau, à l’époque de L’Education anglaise(1994) – où chantait aussi Anne Blanchard, la sœur du chanteur, sous le nom de Bruno –, mais aussi un duo avec son papa (A toi - A toi) dans l’album Philippe Katerine(2010). Sur la pochette de ce dernier, le chanteur posait d’ailleurs avec ses parents, passés également en studio. « C’est une histoire de relation affective, confie-t-il, mais aussi une façon un peu perverse de profiter de leur fraîcheur, de quelque chose qui a à voir avec l’art naïf. »

Les chansons de Zouzou sont passées, elles, par le prisme du mignonisme. Une école artistique, imaginée pendant ce sommet de cocooning campagnard que fut, pour lui et sa famille, le confinement du printemps 2020. Composé au départ avec les jouets de ses enfants, puis retranscrit en dessins et en sculptures, qui firent l’objet d’expositions et d’un livre, Mignonisme (Hélium, 2022), cette esthétique aux allures candides a guidé, assure-t-il, son écriture et ses compositions.

Réfugié Sous [son] bob ou Sous la couette (« Qui dit qu’on doit en baver pour avoir besoin de chanter ? »), le Vendéen de Bougival (Yvelines) semble parfois ne voir la vie qu’à hauteur de doudou ou de toutou – cabotinant avec son maître sur la pochette et aboyant sur un morceau, Zouzou est la petite chienne adoptée par la famille pendant le confinement. Ces mignonneries pourraient crisper si elles n’étaient habitées d’étrangetés plus sombres que le rose bubble-gum des gros bonshommes dessinés par le chanteur. « Le mignonisme, c’est l’idée de traduire de façon mignonne, légère, des boules de problèmes », souligne celui-ci.

Thème régulier de son répertoire depuis ses débuts, son rapport impudique au corps, sa fascination pour son fonctionnement, jusqu’à une profondeur intestinale, perdure aujourd’hui : « Que deviens-tu ma verge ?/ T’es toujours toute mimi. » L’ancien étudiant en arts plastiques rappelle la révélation que furent pour lui des œuvres telles que les blocs de graisse ou le lièvre mort de l’artiste Joseph Beuys (1921-1986), l’art corporel de Michel Journiac (1935-1995), les boîtes d’excréments humains du pionnier de l’arte povera, Piero Manzoni (1933-1963), ou l’obscénité ludique des sculptures gonflables de Paul McCarthy (précurseur inconscient du mignonisme).

Histoire intime

Mais si ce rapport aux organes a autant résonné en lui, c’est qu’il fait écho à une histoire plus intime. Celle de Philippe Blanchard sauvé, à 8 ans, d’une malformation cardiaque grâce à une opération à cœur ouvert et la greffe d’une peau de cochon. « Tout part de là », reconnaît celui qui explique avoir vécu à cette occasion l’expérience hallucinatoire de la mort imminente : « J’avais trouvé cela fabuleux, comme si s’ouvrait la porte du paradis, d’un grand pays blanc. » Cette « résurrection » a déjà inspiré plusieurs chansons. Il en avait aussi fait un ovni documentaire, le film Peau de cochon (2005).

Il continue aujourd’hui de malaxer cette relation au corps faite de terreur et d’émerveillement. Au rythme des funks festifs ou des ballades mélancoliques que Katerine a produits et composés avec Adrien Soleiman et Victor Le Masne (le directeur musical des cérémonies de Paris 2024), Zouzou ne cesse d’exposer avec humour une anatomie vieillissante, des angoisses morbides, mais aussi la chance d’être toujours vivant. « Chaque jour est mon anniversaire », affirme le chanteur, en précisant, sans plaisanter, qu’il vient de fêter son 20 417e jour sur Terre. La soul entraînante de Joyeux anniversaire rappelant par ailleurs qu’il y en aura de moins en moins à célébrer. En pleine écriture de l’album n’a-t-il pas subi une opération en urgence, après la menace d’une septicémie due à des problèmes rénaux ? Guéri, Philippe Katerine écrira dans la foulée ses chansons les plus tendres : Dormir en cuillère, Comme disait ma petite sœur

Ses enregistrements pourraient-ils lui conférer une dose d’immortalité ? Ou ses films ? « Et s’il ne restait que ça/De notre passage ici-bas/Ce sera le cinéma/Ce qui le mieux nous décrira/Quand on ne sera plus là », chante-t-il dans Cinéma, conclusion de l’album, joliment arrangée par Lucas Henri et l’orchestre des Frivolités parisiennes. Le chanteur-acteur y conte sa fascination des tournages.

Depuis 2002, sa filmographie compte déjà une quarantaine de longs-métrages. Rapides apparitions ou seconds rôles marquants, il dit s’être tout de suite senti à l’aise devant la caméra. « Ma mère m’a toujours dit que j’étais photogénique, plus beau en photo que dans la réalité, s’amuse le compagnon de Julie Depardieu. C’est peut-être pour cela que je me sens aussi bien quand je suis filmé ou photographié. »

L’amoureux des cocons protecteurs de la Vendée ou de la famille apprécie aussi celui des plateaux : « On se sent en sécurité dans une équipe de tournage, même sur la banquise, entouré d’ours. »Une référence à son dernier film, L’Incroyable Femme des neiges (titre peut-être provisoire), de Sébastien Betbeder, tourné au Groenland avec Blanche Gardin. « Je m’y sens plus enfant que parent. » Trop mimi.

Le Monde
Culture, mercredi 27 novembre 2024 795 mots, p. 22
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30 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Entretien

« Une esthétisation du III e  Reich »

L’historien Jérôme Bimbenet évoque les paradoxes de Leni Riefenstahl

propos recueillis par Murielle Joudet propos recueillis par Murielle Joudet

Historien du cinéma, Jérôme Bimbenet a signé l’unique biographie française de la cinéaste du régime nazi, dont Andres Veiel brosse le portrait dans le documentaire Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres. Il nous éclaire sur cette figure paradoxale.

Que doit-on, cinématographiquement, à Leni Riefenstahl ?

On lui doit d’avoir systématisé des choses qui existaient avant elle, notamment la grammaire propagandiste, la plongée et la contre-plongée. Dans Le Triomphe de la volonté, on passe d’un plan d’écrasement de la population à un plan d’Hitler seul, filmé en contre-plongée avec le ciel derrière lui. Ce langage a été largement récupéré depuis. Dans Les Dieux du stade , elle a aussi systématisé les inserts, repris à Eisenstein : à l’intérieur d’un plan large, elle insère des gros plans où elle va chercher la réaction du public. On lui doit d’avoir voulu sortir du reportage d’actualité en esthétisant un événement, politique ou sportif. La manière dont on filme le sport lui doit beaucoup.

Quelle image d’Hitler contribue-t-elle à forger ?

Il y a, chez elle, deux visions d’Hitler qui s’affrontent. Dans Les Dieux du stade, il est humanisé parce qu’il a les mêmes réactions que le public. Le film est tourné en 1936, au moment où l’Allemagne essaye d’entrer dans la Société des nations. Dans Le Triomphe de la volonté, c’est le chef qui incarne la nation allemande. Riefenstahl avait construit une fosse tout autour de lui pour le filmer en contre-plongée. Je ne pense pas que Staline ait été filmé comme ça. Hitler était une rock star, il allait vers les gens, Staline reculait. Cinématographiquement, on ne peut pas montrer la même chose.

Le corps discipliné la fascine…

Elle filme le muscle, l’exploit, le dépassement de soi… Les corps virils, mis les uns à côté des autres, viennent figurer le corps de la nation allemande, unifiée et puissante. C’est un corps en bonne santé, blond, athlétique, qui exclut tout ce qui n’est pas lui, à commencer par les Juifs. Filmer le corps viril, cela a toujours été une manière de donner corps au pouvoir, de Mussolini à Poutine.

Et arrive Jesse Owens, athlète afro-américain qui, dans « Les Dieux du stade », la fascine…

C’est le corps étranger qui vient détruire les thèses raciales. On a des témoignages : quand Jesse Owens entre dans le stade, le public allemand lui fait la ola. Goebbels souhaitait qu’il soit coupé au montage. Elle trouve ça ridicule : il faut le garder car c’est la preuve que l’Allemagne est tolérante.

Un documentaire de propagande est-il plus fort qu’une fiction de propagande ?

Cela dépend du contexte. Le IIIe Reich a été du côté du documentaire parce que les vrais bons cinéastes de fiction n’étaient plus là. En Union soviétique, les cinéastes ont participé à la révolution russe, ils soutenaient le régime. C’étaient des intellectuels, alors que les nazis n’en sont pas. Au même moment existent deux dictatures, mais deux cinémas différents. Avec sans doute un avantage côté soviétique qui a théorisé le cinéma, ce que n’a pas fait Riefenstahl. D’ailleurs, Goebbels rêvait que le régime nazi ait son propre Cuirassé Potemkine.

Que peut-on dire clairement de son rapport au régime nazi ?

Leni Riefenstahl a esthétisé la violence du IIIe Reich. Néanmoins, elle a toujours dit qu’elle aurait pu faire des films pour Roosevelt ou Staline et je suis enclin à la croire. Seule comptait sa réussite, qui ne s’embarrassait pas de morale. C’est pour ça qu’elle a tourné avec Hitler : il y avait une place à prendre car tous les cinéastes étaient partis. Mais que savait-elle ? C’est la grande question. Elle savait des choses : des pellicules ont été détruites peu de après l’arrivée des Alliés chez elle. A-t-elle filmé des choses qu’elle n’aurait pas dû filmer, notamment en Pologne ?

Comment regarder ses films aujourd’hui ?

Ce ne sont plus seulement des films, mais des monuments historiques. Je suis pour qu’on diffuse tout, à condition qu’il y ait un important appareil critique. Et puis tout le monde est familier de son cinéma puisque Hollywood s’est servi chez elle. George Lucas a calqué toute une scène du Triomphe de la volonté dans l’épisode V (1977) de Star Wars. Ridley Scott pense à elle dans Gladiator. Il y a aussi Paul Verhoeven, Spielberg dans le premier Indiana Jones … Ces cinéastes ont fait la différence entre la personne, assez abjecte, et ses films dont le langage cinématographique inspire encore le nôtre.

Le Monde
Culture, samedi 23 novembre 2024 1131 mots, p. 21
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22 novembre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Entretien

« C’était comme tourner un film de science-fiction »

Le cinéaste britannique Steve McQueen raconte la genèse de « Blitz », qui sort en exclusivité sur Apple TV+

propos recueillis par Aureliano Tonet propos recueillis par Aureliano Tonet

Dans le palace parisien où s’orchestre la promotion de Blitz, on nous explique que Steve McQueen ne souhaite parler que de son film – comprendre, pas de questions politiques, s’il vous plaît. Précaution inutile, tant Blitz, qui suit un enfant métis dans le Londres éventré par les bombardements nazis, est tout sauf apolitique. En cela, il s’inscrit dans le droit fil de l’œuvre du Britannique qui, à 55 ans, n’a rien perdu de sa force abrasive, à cheval entre l’art contemporain, la télévision et le cinéma.

En France, hormis quelques avant-premières au cinéma, « Blitz » sort directement sur Apple TV+. Cette configuration vous convient-elle ?

Non. La France a raison de défendre l’expérience collective de la salle. A quoi bon monter sur des montagnes russes, s’il n’y a personne pour hurler : « Ooh ! » et « Aah ! » avec toi ? Sans parler de la qualité de l’image, autrement supérieure en salles… Mais que cela soit clair : je suis heureux qu’Apple finance et diffuse mon film, et je le suis d’autant plus que, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, il a pu sortir au cinéma, quelques semaines avant d’être mis en ligne.

Depuis quand vouliez-vous filmer la guerre ?

En 2003, je suis parti dix jours en Irak. C’est une étrange tradition britannique, qui remonte à la guerre de Crimée (1853-1856) : un artiste est envoyé sur le front, avec les troupes. La plupart des gens ne perçoivent la guerre qu’à travers le prisme des médias, ça reste très abstrait. Observer de près le « théâtre des opérations », comme on l’appelle, m’a remué. Une camaraderie reliait tous ces soldats venus de Liverpool, de Leeds ou de Birmingham, comme dans une équipe de foot. Parmi eux, j’ai ressenti une forme de nationalisme assez pervers. Je m’étais promis de partager cette expérience. Blitz m’en offre l’occasion.

Quel en a été le point de départ ?

Durant mes recherches pour la minisérie Small Axe (2020), je suis tombé sur la photographie d’un petit garçon noir, avec une valise et une casquette, dans une gare, sur le point d’être évacué. Quelle que fût sa destination, il était manifestement en danger. Ça m’a mis sur la piste du film : qui étaient ses parents ? Quelle était sa vie ? Je me suis rapproché d’historiens, comme Joshua Levine [auteur de The Secret History of Blitz, Simon & Schuster, 2016, non traduit], pour comprendre à quoi ressemblait Londres, à l’époque.

Vous faites des « oubliés » de l’histoire les protagonistes de « Blitz » : les femmes, les enfants, les Noirs, les vieux… Pourquoi ?

Je ne m’intéresse pas aux puissants, mais à ceux qui ont subi leurs décisions. Je ne filme pas le front, mais la colonne vertébrale, physique et émotive, du pays : la moitié de l’effort de guerre a été réalisé par ces « oubliés », comme vous dites. Dans la plupart des films, ce ne sont que des figurants, des ombres : les femmes n’apparaissent que comme des veuves éplorées, au mieux des infirmières. La vérité, c’est qu’elles trimaient dans les hangars, les abris, les usines, les maisons.

A travers les souterrains londoniens, vous montrez les rapports de classe, de race ou de sexe que la bonne société refoulait. Que reste-t-il de cet inconscient, aujourd’hui ?

Tout en luttant contre un ennemi commun – l’Allemagne nazie –, nous nous battions contre nous-mêmes. Inutile de nous voiler la face : ces problèmes sont, hélas, loin d’être résolus.

Pourquoi filmez-vous principalement de nuit ?

Il y a quelque chose de captivant et de viscéral, dans l’obscurité. Vous êtes attentif au moindre son, à la moindre lueur, comme dans Les Guerriers de la nuit (1979), de Walter Hill. Et puis, le noir confère une atmosphère de conte, à la manière des frères Grimm.

Avez-vous pensé aux romans de Charles Dickens ?

Absolument pas. Oliver Twist n’était pas noir ; mon héros, George, n’est pas blanc. Ils voient le monde différemment, et le monde les voit différemment ; ça change tout. Hormis sa mère et son grand-père, les seuls Blancs qui voient George, littéralement, sont les autorités.

Pourquoi avoir fait appel à Hans Zimmer pour la bande originale ?

Hans l’a composée en moins d’un mois, avec une facilité miraculeuse. Sa mère travaillait à Londres durant le blitz, en tant que traductrice ; elle n’est rentrée en Allemagne qu’après la guerre. Quand Hans avait 6 ans, son père est mort, et il a été envoyé en pensionnat. Ce que traverse George, il l’a, en partie, vécu. Sa partition s’en ressent.

La musique fait le lien entre les personnages, à rebours du vacarme de la guerre : sirènes, cris, explosions…

C’est un personnage central : la musique réconforte George face aux épreuves dont il est victime. Le personnage du grand-père est basé sur le père de Paul McCartney. Celui-ci a raconté combien les notes que son papa jouait au piano, durant la guerre, transformaient l’atmosphère de la maison.

Pourquoi avoir confié à Paul Weller le rôle du grand-père ?

On lui a fait faire des essais, avec un coach, et le verdict était unanime : il joue admirablement, ce qui n’est pas le cas de tous les musiciens. Dans ma jeunesse, j’étais très fan de The Style Council, l’un de ses groupes. Il a un visage magnifique, qui évoque celui de Samuel Beckett ou de Sam Shepard. Certains de ses enfants sont métis, il sait donc intimement ce que George endure. Paul confère à son personnage une gravité à laquelle je tenais coûte que coûte.

Quelles sources d’inspiration avez-vous partagées avec votre équipe ?

Du matériel d’archive, exclusivement. J’ai tenu à inclure, par exemple, la chanson exacte qui était jouée lors du bombardement du Café du Paris, le 8 mars 1941. Quant au personnage qu’interprète Benjamin Clementine, il est basé sur l’histoire vraie d’un étudiant en droit nigérian, qui patrouillait le quartier de Marylebone, durant le blitz. On n’a parlé ni de mes précédents films ni d’œuvres d’autres artistes, pour la simple et bonne raison que personne ne s’était, jusqu’alors, confronté à un tel sujet. C’était comme tourner un film de science-fiction ; à ceci près que la réalité était notre seule référence.

Votre film est-il une réponse à « Dunkerque », de Christopher Nolan (2017) ?

Je ne dialogue pas avec les films, mais avec le monde. Cette fois, j’ai voulu le regarder avec des yeux d’enfant ; ceux de ma fille de 2 ans, lorsque, émerveillée devant une feuille morte, elle m’a dit pour la première fois : « Papa, c’est une feuille ! »

L'Union (France)
LAO
LOISIRS, mercredi 20 novembre 2024 961 mots, p. LAO42

L’entretien Anne depetrini

« La différence permet d’accéder à une forme de bonheur »

Reims Comédienne, actrice, réalisatrice, animatrice télé, autrice... Déjà multi-casquettes, Anne Depetrini a ajouté une corde à son arc en 2023 avec un one-woman-show adapté de son livre « La Quête », qu’elle joue au Royal Comedy club samedi.

«L’humour noir est mon humour préféré, mais c’est compliqué à faire de nos jours. Je ne sais même pas si Desproges s’y risquerait»«L’humour noir est mon humour préféré, mais c’est compliqué à faire de nos jours. Je ne sais même pas si Desproges s’y risquerait»

Comment êtes-vous rentrée à Canal+ ?

À l’époque, j’étais journaliste dans une revue économique. J’avais depuis longtemps envie de faire de la télé. Je ne connaissais vraiment personne, j’envoyais des lettres de motivation sans réponse. Je me suis dit : « je vais appeler ». Et au standard, on m’a dit : « effectivement, il y a des castings. » Après cette épreuve, je trouvais ça très improbable, et quand on m’a dit que j’étais retenue, je n’y croyais pas du tout. C’est comme ça que j’ai intégré la météo.

La forme est différente, mais sur le fond abordez-vous les chroniques, les émissions et le one-woman-show de la même façon ?

Oui, car en vérité je me rends compte que tout part de l’écriture. Depuis très jeune, j’ai toujours écrit. Les façons sont différentes mais pour moi, c’est toujours le même travail. Je dois raconter une histoire et intéresser les gens.

De l’écriture d’un livre vous en faites un spectacle, quelle est votre quête ?

Je cherchais un moyen de monter sur scène, mais je ne savais pas quoi raconter. Un producteur est venu me voir en me disant : « Aurais-tu envie d’adapter ton livre sur scène ? ». Personnellement, je n’avais pas vu ça comme ça, mais je suis partie de là. Depuis le début de ce spectacle, il y a eu beaucoup de modifications mais c’est une adaptation du livre (NDLR, La Quête (ou un titre bien meilleur), ed. Flammarion).

Quel est le fil conducteur du spectacle ?

C’est comment j’ai cherché à être heureuse, cette façon de me sentir conforme et donc d’être heureuse. Je me suis aperçue que la différence et la spécificité qu’on a tous, quand on les cultive, permettent d’accéder à une forme de bonheur. C’est l’écriture qui m’a procuré tout ça.

Dans ce spectacle, y a-t-il un caractère ludique ou c’est tout simplement du divertissement ?

Pour moi, c’est un one-woman-show. Sur la forme, c’est une histoire avec une introduction, un développement et une fin, sans pour ça qu’il y ait une leçon. Car je ne suis pas là pour donner des leçons de quoi que ce soit. Si vous entendez ça comme un message, ce serait de dire : on a beau se sentir à côté de la plaque, quand on creuse son sillon, on finit par y arriver. Parfois, des choses qu’on a de toute évidence sous le nez, on ne les voit pas.

Êtes-vous plutôt quelqu’un bornée et déterminée ou vous adaptez-vous aux circonstances ?

J’ai des prédispositions à m’adapter, tout en sachant qu’on peut être les deux.

Pour vous, le cinéma a-t-il été un moment récréatif ou une véritable envie ?

Ç’a été un bonheur total. J’ai fait trois longs-métrages, ça m’a tellement plu que c’est quelque chose que je veux continuer à faire. Les possibilités dans l’écriture, c’est que l’on n’est pas cloisonné. En fonction de l’art destinataire, c’est une manière différente d’appréhender les choses et pour moi, le cinéma, c’est un rêve de petite fille. Mon père était cinéphile, étant jeune j’allais très souvent au cinéma, c’est vous dire que j’ai vu tous les grands classiques. Dans un film, il y a un côté magique.

La scène, avec son retour immédiat, est-ce de l’adrénaline pour vous ?

Complètement, c’est unique, jouissif et incroyable. On ressent autant d’angoisses que d’amour. Je joue souvent dans les petites salles, j’imagine ce que peut être un Zénith ou une Arena. C’est un moment ou plus rien d’autre n’existe. C’est vraiment un moment suspendu.

Le contenu du spectacle, est-ce du vécu ou de la fiction ?

Ce sont des expériences que j’ai toutes faites. Saupoudrées d’humour, j’en ai fait un spectacle.

Dans quelle catégorie d’humour vous situez-vous ?

Je pense que c’est l’autodérision. L’humour noir est mon humour préféré, mais c’est compliqué à faire de nos jours. Je ne sais même pas si Desproges s’y risquerait.

Après la télé, le cinéma et la scène, vous verriez-vous dans une pièce de théâtre ?

J’ai déjà fait deux pièces, il y a un moment de ça. L’une était une pièce de boulevard et une autre avec Valérie Bonneton, mise en scène par Dominique Farrugia, et je suis prête à recommencer.

Y a-t-il une histoire entre Reims et vous ?

Lorsque j’ai fait mon école de commerce, j’ai passé des concours à Sup de commerce Reims. C’est là que j’ai passé mes oraux. J’étais en période d’examen, mais le peu que j’ai vu c’était magnifique. Après je suis rentrée à Sup de Paris et notre programme d’histoire et de géographie était sur l’étude de la région Champagne-Ardenne. Dans chaque région où je passe, je découvre des trucs et je me dis qu’on a un pays sublime.

Actualités, mardi 12 novembre 2024 - 05:30 811 mots

Médias

AUDIOVISUEL

Les pouvoirs publics vont défendre l’exception culturelle à Bruxelles

Amaury de Rochegonde 

Alors que la nouvelle Commission européenne engagera à partir de 2026 la révision de la directive SMA, Rachida Dati, la ministre de la culture, annonce son intention de protéger les créateurs et de défendre le droit d’auteur. Le CNC fait de son côté des propositions précises. 

Rachida Dati s’est engagée par un message vidéo le 8 novembre, aux Rencontres de l’ARP, l’événement annuel des auteurs réalisateurs producteurs, à défendre l’exception culturelle dès le prochain conseil des ministres de la culture européens le 26 novembre prochain. Alors que la vice-présidente finlandaise de la Commission européenne Henna Virkunnen, récupère le cinéma et l’audiovisuel dans son portefeuille consacré à la « souveraineté technologique, la sécurité et la démocratie », la Commission suscite beaucoup d’inquiétudes de la part des acteurs de la culture et des images. «  Le combat pour le cinéma, il se mène aussi à Bruxelles, je défendrai nos intérêts dès le prochain conseil des ministres de la culture » a déclaré la ministre. La directive sur les services de médias audiovisuels (SMA), qui assure le financement de la création audiovisuelle et cinématographique par les plateformes numériques, sera rediscutée au niveau européen en 2026. Les professionnels du cinéma craignent qu’elle soit révisée dans un sens réglementaire qui empêcherait la France d’exiger une contribution de 20% sur le chiffre d’affaires des plateformes en faveur de la création, comme c’est actuellement le cas. 

Rachida Dati, qui a lancé deux missions du Conseil national de la propriété littéraire et artistique sur l’intelligence artificielle, estime par ailleurs que l’IA «  peut être une opportunité» mais que «  ses avancées ne sont possibles que dans un cadre très respectueux du droit d’auteur et des intérêts des créateurs ». «  Vous pouvez compter sur moi pour tenir cet équilibre » a-t-elle déclaré. Elle a également assuré qu’elle entendait se battre : «  pour que la loi de finances en cours d’examen ne touche pas aux fondamentaux du CNC ». Elle souhaite par ailleurs que la proposition de loi cinéma, adoptée à l’unanimité au Sénat en février, passe au plus vite à l’Assemblée nationale. Ce texte permet selon elle de grandes avancées sur le régime des cartes illimitées, sur les engagements de diffusion, en faveur de la lutte contre le piratage ou contre les violences sexuelles et sexistes. 

Objectifs de diversité culturelle

Elle a été rejointe dans son soutien au cinéma et à l’audiovisuel par Olivier Henrard, directeur général du CNC, qui a fixé comme priorité pour 2026 d’assujettir à des obligations de financement de la création les acteurs qui ciblent le territoire français. Depuis le vote de ce dispositif en 2018, celles-ci ont représenté en France près d’un milliard d’euros investis par les services étrangers de video à la demande en large en majorité au profit de la production déléguée indépendante. Il propose aussi de réajuster le cadre existant en répondant aux objectifs de diversité culturelle. 

En écho au rapport du conseiller d’Etat Fabien Raynaud, qui vient d’être publié, il a insisté sur le fait qu’il fallait, face à des contenus américains qui sont les plus regardés en Europe, rehausser les quotas de diffusion d’œuvres européennes (de 30%, cela pourrait passer à 50%) et laisser les pays ciblés déterminer par eux-mêmes les modalités de ces quotas notamment quand ils sont «  moins disants » en matière de diffusion européenne. Il a de surcroît estimé que la production exécutive, qui laisse le contrôle éditorial aux plateformes, était «  un prix trop élevé à payer et un péril trop grand » pouvant mener à une uniformisation de la création par des acteurs qui recherchent une audience mondiale, et empêchant des producteurs de se constituer des revenus pérennes à travers un catalogue de programmes. Il appelle donc à sortir les productions exécutives de la définition des œuvres européennes et du bénéfice des quotas pensés pour renforcer la diversité culturelle. En outre, il demande une transparence gratuite des données d’audience des œuvres qui permettrait de renforcer les créateurs dans leurs négociations avec les plateformes dans leurs projets ultérieurs. 

Concernant l’IA générative, au cœur des priorités de la nouvelle Commission, la protection du droit d’auteur, l’évolution de l’emploi et la répartition de la valeur restent des questions ouvertes pour lesquelles le CNC fera des propositions concrètes. Enfin, «  l’Union européenne doit préserver l’exclusivité territoriale qui est au cœur de notre modèle », a-t-il affirmé, regrettant que la problématique du blocage géographique des droits soit souvent abordée sous l’angle de l’approfondissement du marché unique. «  La fin du géoblocage entraînerait un déséquilibre sans précédent dans la chaîne de valeur pour satisfaire une demande en réalité très marginale de la part des citoyens  », a martelé Olivier Henrard. 

Cet article est paru dans

Le Soir
GENERALE
Culture, lundi 21 octobre 2024 1490 mots, p. GENERALE20

cinéma

« Le cinéma nous regarde. Ça aide à vivre, d’être regardée »

FABIENNE BRADFER

Prix Lumière lors du seizième Festival Lumière à Lyon, Isabelle Huppert est revenue avec humour sur son parcours et a galvanisé le public sur un air de « Nuit de folie », le tube des années 80.

Le cinéma, c’est un dialogue entre soi et les autres. Mais l’important, c’est de faire circuler du vivant. Car le cinéma est le triomphe de l’instant Isabelle Huppert Actrice

FABIENNE BRADFER

envoyée spéciale à Lyon

Et tu chantes, chantes, chantes ce refrain qui te plaît. Et tu tapes, tapes, tapes, c’est ta façon d’aimer. Ce rythme qui t’entraîne jusqu’au bout de la nuit réveille en toi le tourbillon d’un vent de folie… » Isabelle Huppert dans un fourreau étincelant, tout sourire, se trémoussant avec grâce sur Une nuit de folie, le tube des années 80 de Tenue de soirée, dans un amphithéâtre de 3.000 personnes venues l’acclamer… Non, ce n’est pas un nouveau rôle ni une pièce de théâtre avant-gardiste. C’est le miracle du Festival Lumière à Lyon : permettre aux artistes d’aller au-delà de l’image, ou plus exactement permettre au public de découvrir une immense actrice comme Isabelle Huppert, au-delà de son image souvent un peu froide, distante. Et, vendredi soir, c’était quand même du jamais vu en quinze ans d’un festival voué à l’histoire du cinéma mondial, aux films du patrimoine, plébiscité par le public et les gens du cinéma du monde entier. Le cinéaste mexicain Alfonso Cuaron souligne : « L’une des plus grandes instigatrices de ce mystère qui réside dans le cinéma français, c’est Isabelle Huppert. Depuis plus de 50 ans, elle nous captive. Isabelle, c’est une voix contre l’angoisse silencieuse, elle nous enveloppe d’une chaude couverture de tendresse et défie sans relâche nos idées reçues, nous permet d’être imparfaits, donc de vivre l’expérience d’être un être humain. Elle l’a fait discrètement, mystérieusement. » Puis le cinéaste lui remet le 16 e prix Lumière, sorte de prix Nobel du cinéma créé par le directeur de l’Institut Lumière Thierry Frémaux en 2009, pour saluer une personnalité pour l’ensemble de son œuvre et le lien qu’elle entretient avec l’histoire du cinéma.

Sur scène, visiblement émue, Isabelle Huppert, entourée de son mari et leurs deux fils Angelo et Lorenzo, avoua : « Ce que j’ai vécu à Lyon pendant le festival a dépassé mon imagination. Et pourtant j’ai beaucoup d’imagination. » Julien Clerc lui a chanté Ma préférence, Camélia Jordana I Will Survive de Gloria Gaynor et Sandrine Kiberlain Nuit de folie, sa chanson préférée reprise par 3.000 personnes. Du délire. Dans l’après-midi, face à un théâtre bondé, Isabelle Huppert avait partagé avec humour son parcours pendant près de deux heures avec le public. Le samedi matin, elle rencontrait la presse puis, comme le veut la tradition, en tant que lauréate du prix Lumière, elle s’est mise dans les pas des frères Lumière 129 ans après pour tourner un remake du tout premier film de l’histoire du cinéma : La sortie des usines Lumière, avec un casting cinq étoiles puisqu’on pouvait y voir Anthony Delon, Sandrine Kiberlain, Julie Gayet, Julien Clerc, Ludivine Sagnier, Claude Lelouch, Camélia Jordana, Abd Al Malik, Christopher Thompson, Claire Denis, ainsi que la ministre de la Culture Rachida Dati. De ces 24 heures lyonnaises avec Isabelle Huppert, nous vous livrons quelques confidences qu’elle a faites comme des tentatives d’éclairage sur celle qui aime les roses et inspira tant de réalisateurs majeurs (Tavernier, Chabrol, Pialat, Godard, Claire Denis, Werner Schroeter, Haneke, Michael Cimino, Hong Sang-soo, Paul Verhoeven, Wes Anderson, Téchiné, Ozon, pour n’en citer que quelques-uns dans plus de 50 ans de carrière) mais préserve tout son mystère.

Le cinéma qui protège et expose

« Avec le cinéma, j’ai fait le tour du monde mais je n’ai pas fait le tour de la question. J’ai beau continuer à en faire, je n’en finis pas de me dire Qu’est-ce que j’ai encore à dire ? En fait, je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est qu’un écran, ça montre et ça cache. Ça dit ce qu’on ne veut pas dire et ça ne dit pas ce qu’on veut dire. Ça protège et ça expose. Ça pose des questions. Pas un écran de fumée, non, plutôt un écrin qui garde précieusement toutes celles et tous ceux que j’ai rencontrés, qui ont marqué mon parcours de manière indélébile, avec lesquels j’ai établi un pacte vertueux et qui ne m’ont jamais fait défaut, et sans lesquels, comme on dit, je ne serais pas là. Tous, ils m’ont fait le plus précieux des cadeaux. Ils m’ont regardée. C’est mieux qu’aimer. L’amour rend aveugle parfois, c’est bien connu. Ils m’ont juste regardée. Et c’est ce que le cinéma fait. Le cinéma nous regarde. Ça aide à vivre, d’être regardée. Le cinéma, ça entretient la mémoire aussi. C’est important, la mémoire et les souvenirs… »

Une froideur qui veut dire quelque chose

« Cela peut paraître surprenant, mais quand les gens pensent au métier d’acteur, ils pensent aux sentiments, donc à la sentimentalité, à quelque chose de plus rond, de plus avenant. Mais quand vous jouez, vous êtes dans une certaine froideur. Une réplique dans La pianiste me parle beaucoup, quand mon personnage dit à son jeune élève : La froideur, ça vous dit quelque chose ? Chez Haneke, il n’y a jamais de sentimentalisme. Je pense qu’il faut être détaché de ce que vous jouez pour jouer au mieux. L’émotion tue l’émotion. C’est un goût, c’est aussi ma nature. J’aime aborder chaque personnage avec une certaine distance, ce qui permet souvent de placer de l’humour là où l’on s’y attend le moins. »

Jouer son secret

« Je ne me considère pas comme une artiste. Sans doute parce que je considère que ce que je fais est concret. Mon moteur, c’est le plaisir. Je ne garde pas de traces des rôles. Ce qui me plaît, c’est faire. Mais une fois que c’est fait, je n’y pense plus, sinon ce serait trop lourd à porter. Etre acteur, c’est être au plus près de soi, mais aussi être dans l’artifice. On est très peu exposé. On ne sait jamais qui est l’acteur intimement. Et c’est tant mieux. C’est pourquoi ce métier est très rassurant et excitant. Moi, je n’ai pas l’impression de jouer des personnages mais des personnes. D’ailleurs, je ne crois pas à la notion de personnage. C’est le film qui m’indique le chemin et l’essentiel, c’est comment ça va se raconter. Le cinéma, c’est de la transmission, un dialogue entre soi et les autres. A partir du moment où l’on dit oui à un projet, chacun a son secret et pour qu’il se raconte, il faut lui donner de l’espace. J’ai eu de la chance, j’ai toujours rencontré des metteurs en scène qui m’ont laissé raconter quelque chose entre moi et moi. Mais l’important, c’est de faire circuler du vivant. »

Internationale

« J’ai peur des ascenseurs mais pas de l’inconnu. Je trouve rigolo de me retrouver dans la jungle avec Brillante Mendoza. Le cinéma est une matière tellement extensible et locale. C’est une caméra et quelqu’un qui vous regarde. C’est la même chose partout. La manière de faire du cinéma est un langage commun. C’est à la fois étrange et familier. C’est le cerveau des gens qui est étranger. C’est pourquoi le cinéma est fascinant car il exprime le mystère d’une personne. Et ce mystère semble décuplé quand on tourne ailleurs. Hong Sang-Soo questionne cela de manière poétique et délicieuse dans ses films. »

Un message

« Je dirais aux jeunes actrices d’être curieuses. On dit que c’est un vilain défaut mais, pour moi, ce fut bénéfique. Ce n’est pas facile d’avoir confiance en soi avant qu’on vous fasse confiance, mais il y a un endroit en soi où réside cette confiance. La misogynie n’existe pas seulement au cinéma, elle est partout. J’ai appris à la voir, à la reconnaître. Elle n’a jamais entravé mon travail d’actrice. Un prix, ça donne confiance, mais j’ai gardé cette mentalité de me dire rien ne s’est passé avant car le cinéma, c’est le triomphe de l’instant. »

Ouest-France
Dinan ; Châteaubriant ; Saint-Malo ; Redon
Rennes Remontée, mercredi 16 octobre 2024 409 mots, p. OF Dinan_16
Aussi paru dans
15 octobre 2024 - Ouest-France (site web)

« L’investisseur a les reins solides »

Olivier BERREZAI.

Lorsque le cinéma Arvor a déménagé près de la gare, dans une salle entièrement neuve, son site historique de la rue d’Antrain est resté vide. Occupée pendant les manifestations contre la réforme des retraites, l’ancienne salle d’art et d’essai a cherché son avenir. « Nous avons toujours été déterminés sur un point, que la salle accueille un projet à vocation culturelle », souligne Benoit Careil, l’adjoint en charge de la culture.

Un duo à la tête du projet

Un temps, le projet était d’y installer une Maison du cinéma, fidèle à l’histoire du lieu. Mais les travaux se sont révélés trop coûteux. Finalement, la reconversion de l’ancien cinéma est venue d’un duo : un investisseur parisien et une productrice qui veulent en faire un comedy-club, tourné vers le stand-up et l’humour. « L’investisseur a les reins solides, il a déjà investi à Paris en créant le Barbes comedy-club. »

Une fois rénové, le nouvel équipement offrira deux salles de spectacles avec, à l’étage, un appartement pour accueillir les artistes qui resteront à Rennes plusieurs jours. « Ils veulent faire venir des artistes à Rennes, mais aussi travailler avec le tissu rennais. »

Dans l’opposition, Antoine Cressard (groupe Révéler Rennes, majorité présidentielle) s’étonne du prix de vente. « 500 000 € c’est peu, vu la surface du bâtiment et sa situation dans l’hyper-centre. Est-ce que l’ancien Arvor n’a pas été bradé pour attirer des acheteurs potentiels ? »

« Le bien avait été estimé à 900 000 €, rappelle Benoit Careil. Il n’y a pas eu d’approche, on tournait en rond. 500 000 €, c’était la seule offre pour une proposition d’achat. » Selon lui, le futur comedy-club va rapidement trouver sa place à Rennes. « II va compléter l’offre existante. Le gros avantage du stand-up, c’est qu’il attire tous les publics. C’est une vraie chance pour Rennes d’avoir ce nouveau lieu qui ne coûtera pas un euro à la Ville. Et qui permettra de diversifier la vie culturelle. »

Marc Hervé, le premier-adjoint, ajoute qu’il existe un service garde-fou en matière de transactions immobilières, « c’est le service des Domaines qui vient dire si le prix est conforme ou non ». Dans ce cas précis, « ça nous rapporte 500 000 €. C’est une bonne opération pour le budget de la Ville ».

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Soir
GENERALE
Culture, vendredi 18 octobre 2024 1543 mots, p. GENERALE18

cinéma

« Durant la nuit, j’ai appris que le cinéma n’avait pas de fin »

FABIENNE BRADFER

Passer une nuit là où les frères Lumière ont inventé le cinéma, c’est l’expérience stimulante et magique que partage Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière et délégué général du Festival de Cannes, dans son livre « Rue du Premier-Film ».

Aucun film ne sera plus vieuxqu’une piècede Shakespeare ou une sonatede Mozart. Donc pourquoi toujours avoir ce rapport crispé au passé quand c’estle cinéma?Thierry Frémaux Directeur de l’Institut Lumière

Entretien

FABIENNE BRADFER

Envoyée spéciale à Lyon

Retraite forcée, méditation intime, déambulation inattendue ? Quand les éditeurs Alina Gurdiel et Emmanuel Carcassonne proposent à Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière à Lyon et délégué du Festival de Cannes, de passer une nuit là où Antoine Lumière et ses fils ont rêvé et inventé le cinématographe, et d’en faire un livre s’inscrivant dans la collection « Ma nuit au musée » (Stock), il hésite, il connaît tellement les lieux. Finalement, il joue le jeu et son récit est un bonheur de lecture qui vous jette dans les bras du cinéma, là où tout a commencé.

D’une plume vive et vagabonde, Thierry Frémaux entraîne le lecteur dans un lieu magique et dans sa propre cinéphilie. Il salue le génie des frères Lumière et partage une balade nocturne passionnante, joyeuse, riche, malicieuse, rêveuse et émouvante entre salles d’exposition, objets cinématographiques, merveilles architecturales, projections de films, souvenirs, anecdotes et réflexions sur le cinéma. Il dédie Rue du Premier-Film « à ceux qui viendront après nous », rend hommage à ses mentors et se souvient du jeune cinéphile lyonnais qu’il était, découvrant en 1982 la villa Lumière dans le quartier de Monplaisir, à Lyon, pour ne plus jamais la quitter. C’est donc logiquement dans son fief, alors que le 15 e Festival Lumière célèbre le 7 e art jusqu’au 20 octobre, que nous rencontrons cet insatiable amoureux du cinéma.

Ce livre s’inscrit dans votre engagement d’historien et de cinéphile au sein de l’Institut Lumière. Soit préserver et transmettre ?

Oui, c’est ça. J’ai failli refuser car le principe, c’est d’aller dans un lieu qu’on ne connaît pas. Or, les éditeurs Alina Gurdiel et Emmanuel Carcassonne me proposaient le contraire : passer une nuit dans un lieu que je fréquente depuis longtemps, et en ressortir quelque chose de nouveau, même pour moi. Ils avaient raison. J’ai passé une nuit où les fantômes, comme chez Murnau, sont venus à ma rencontre, mais où surtout je me suis obligé à faire cette pause. C’est pas mal d’appuyer sur le bouton « pause » avec les vies qu’on mène, cette manière qu’on a de remplir nos vies. Il faut parfois la vider, la vie.

Imaginiez-vous que cette proposition allait vous amener à une méditation aussi intime ?

C’est ce qu’on m’avait demandé, que ce soit personnel. Et je rechignais à ça car j’avais envie de parler de Lumière, de ce lieu. En fait, c’est venu assez naturellement. A force d’être dans un lieu, on ne fait plus attention aux choses. Je suis retourné dans des endroits du musée Lumière que je n’avais plus vus depuis 30 ans. Je me suis retrouvé à interroger les lieux et à m’interroger moi-même.

On peut s’étonner que, vers la fin du livre, vous disiez à propos de votre vie, « c’est l’hiver ». A 64 ans !

Non mais on se dit qu’on approche. Des variations introspectives comme celle-ci vous amènent à évoquer la jeunesse, et vous amènent à vous interroger sur la fin. Je suis plutôt du genre à regarder devant, mais aujourd’hui il y a moins devant que derrière. On a eu le privilège d’être les dépositaires d’une certaine mémoire, qu’à notre tour, on a envie de transmettre. Mais ici, c’est transmettre des institutions. Je suis salarié et en même temps, et depuis longtemps, je forme des gens pour se dire que, quand il sera temps, il faut transmettre de la meilleure des manières.

Le présent, c’est aussi le passé, écrivez-vous. Est-ce une phrase facile à faire comprendre aux nouvelles générations ?

Oui et non. Non parce qu’en effet, il y a une sorte d’horreur du passé chez les jeunes et que l’individualisme contemporain amène aussi quelque chose qui est que le soi-même présent, ce n’est plus les autres, le passé. En même temps, je serais injuste à dire ça. On fait un deuxième film, Lumière ! l’aventure commence , qui sortira en 2025 pour les 130 ans du cinéma. C’est une façon de redire que le cinéma est un acte collectif. C’est ramener le passé au présent et envoyer le présent dans le futur. Lors de sa venue au Festival Lumière, Tornatore a demandé : « Qui découvre Cinema Paradiso ? Alors pour vous, ce film est d’aujourd’hui. » Aucun film ne sera plus vieux qu’une pièce de Shakespeare ou une sonate de Mozart. Donc pourquoi toujours avoir ce rapport crispé au passé quand c’est le cinéma ? Non ! Il faut se dire que tel visage du cinéma muet, il est là et il est là pour toujours.

Vous nous emmenez là où est né le cinéma et vous dites que vous vous sentez comme Stendhal face à la grandeur des musées de Florence ?

Oui. Cette nuit-là dans ce lieu, j’ai vérifié quelques restaurations de films Lumière pour mon film et ça me bouleverse d’être à ce double point d’intersection d’être et d’avoir. Ce privilège d’être le cinéphile lyonnais qui s’est trouvé à avoir la charge de transmettre cette histoire des Lumière – autant un savoir qu’une attitude d’être –, d’être ce jeune cinéphile admirateur d’autres cinéphiles qui étaient les gens des années 50, pour aujourd’hui le raconter. Ma culture, mon tempérament ont toujours fait de moi un cadet qui dit son admiration.

Vous écrivez : « Lumière et ses contemporains ont bouleversé l’histoire du regard. Qu’est-ce que, grâce au cinéma, nous avons vu que, sans lui, nous n’aurions pas vu ? » Quelle est votre réponse ?

D’abord, il y a une réponse géographique. On a vu, grâce au cinéma et d’emblée avec les opérateurs, des pays lointains, et le regard porté sur ces pays lointains aujourd’hui reste précieux. Le cinéma a de manière immanente une éthique de l’image. Au stade de la pellicule, il fallait faire attention à ce qu’on filmait. Donc on faisait attention à ce qu’on filmait. Aujourd’hui, les iPhone, les caméras numériques ne font plus attention à ce qu’ils filment. Donc ce sont des flous d’images. Internet montre la mort. Le cinéma n’a jamais montré la mort autrement que par la transfiguration artistique et par l’éthique d’un auteur. Sur internet, on voit des gens décapités pour de vrai. Donc il faut s’interroger. Dès les films Lumière, on s’aperçoit à quel point il y a une éthique et c’est rassurant.

Vous dites la difficulté de circuler entre l’ouverture au futur et des questions que nul ne se posait il y a 20 ans…

Nous sommes une cinémathèque, donc nous montrons des œuvres du passé, en les contextualisant bien sûr. Mais on est des historiens, des érudits. Le spectateur, le cinéphile veut savoir comment La règle du jeu, en parlant d’amour, ne fait que parler d’un monde qui ne va plus, que les films de Cannes dans l’après-guerre ne font que parler d’un monde qui est plein d’espérance, que Autant en emporte le vent est issu d’un livre écrit pendant la guerre de Sécession et tourné dans les années 30 où le racisme était systémique dans la société américaine et à Hollywood. Il ne faut pas censurer, il faut expliquer pourquoi aujourd’hui on ne referait pas ça. Le mouvement #MeToo est une révolution essentielle. Mais la lecture du présent ne doit pas faire qu’on balaie le passé sans qu’on tente de l’expliquer, sinon on n’expliquera même plus le présent et le futur. Donc nous, on est un lieu d’histoire et dans tous les débats contemporains qu’il peut y avoir, il faut en profiter précisément pour en dire la subtilité, la nuance.

Qu’est-ce que vous avez appris avec cette nuit au musée ?

J’ai appris que le cinéma n’avait pas de fin. J’ai appris que la préservation du patrimoine était un combat qui autorise presque tout. Et je cite l’historien allemand Peter Guillemin : « Quand il n’y a plus vestiges ni trace de ces vestiges, c’est l’imagination qui disparaît. » Eh bien, nous, on a redonné vie à ces vestiges. Par le Festival Lumière, par le travail quotidien de cette maison, on réinvente de nouveaux vestiges.

« Rue du Premier-Film », par Thierry Frémaux, Editions Stock, collection « Ma nuit au musée », 252 pages, 19,90 euros.

Sud Ouest - Charente-Maritime
Saintes et Grande Saintonge, lundi 21 octobre 2024 140 mots, p. 26

[Echos...]

Atelier cinéma à la médiathèque

Sortie de résidence à la Maison François-Méchain

Echos

Saint-Jean-d’Angély.

La médiathèque municipale propose, en partenariat avec Cinévals, un atelier cinéma pour les 12-18ans, le jeudi 24octobre, de 14 à 18 heures. Pendant cet atelier, les participants pourront acquérir des notions de cinéma, écrire un projet de clip, le tourner et le monter. Cet atelier est gratuit. La réservation est obligatoire au 0546326100 ou par courriel [email protected].

Les Églises-d’Argenteuil.

Lieu culturel reconnu par les différentes instances, la Maison François-Méchain, sise à Bel-Air aux Églises-d’Argenteuil, accueille régulièrement des artistes (photo). Une sortie de résidence aura lieu cette semaine, de vendredi à dimanche, de 15 à 19heures. Les artistes Lucie Belarbi, Boram Choi, Mathilde Fraysse, Antoine Pacheco, Jonathan Phanhsay-Chamson et Simon Quéheillard présenteront leur travail. Anna-Iris Lünemann est une artiste invitée.

PHILIPPE BREGOWY

Ouest-France
Dinan ; Châteaubriant ; Saint-Malo ; Redon
Rennes Remontée, mercredi 16 octobre 2024 524 mots, p. OF Dinan_16

Elle va ouvrir un comedy club dans l’ancien Arvor

Agnès LE MORVAN.

Valentine Mabille, productrice de spectacles installée à Rennes depuis 2021, organisatrice des plateaux d’humour « Tellement marrant », installe un comedy club dans l’ancien cinéma Arvor.

« Ça fait longtemps qu’on travaille sur ce projet. On est contents. » Installée depuis 2021 dans la capitale bretonne, Valentine Mabille productrice de spectacles a tout de suite vu le potentiel : « Il y a une vraie demande en humour et stand up. Les comedy clubs ouvrent un peu partout dans les villes. Les gens ont besoin de rire. »

« Dans le cœur des Rennais »

Les soirées Tellement marrant, qu’elle organise régulièrement à Rennes, avec trois ou quatre humoristes, à la Maison des associations, ou à l’Étage en attestent. « À chaque fois, c’est complet ! Cela a a fini de me convaincre. Et quand on a commencé, la scène locale était émergente. Aujourd’hui, elle est organisée de manière informelle, se produit dans les bars. »

Alors quand la productrice qui avait déjà ouvert une salle à Paris en 2019, voit que l’ancien cinéma Arvor, rue d’Antrain est à vendre, elle se rapproche de l’investisseur qui l’avait déjà aidée à ouvrir un lieu à Paris. « Il a été séduit. C’est idéalement situé, en plein centre-ville. Et c’est un bâtiment qui est dans le cœur des Rennais. »

La vente vient d’être signée avec la Ville. Valentine Mabille veut garder la façade.

« L’idée c’est aussi d’en faire un lieu ouvert, pas seulement le soir pour les spectacles, mais aussi dans la journée pour les associations qui recherchent des locaux. »

Du stand up

Des spectacles seront proposés dans les deux salles, « avec dans un premier temps du stand up, cette forme d’humour qui abolit le 4 e mur, avec un artiste seul avec son micro qui raconte sa vie, invective le public ».

L’humour, Valentine Mabille, 34 ans, l’a découvert par hasard, il y a quinze ans. « J’étais étudiante. Je suis allée voir un plateau d’humour. J’ai beaucoup ri. J’y suis retournée, seule, puis avec des amis. »

Valentine Mabille se lie d’amitié avec les humoristes. Parmi eux Kheiron. « J’ai travaillé avec lui, je l’ai aidé à développer ses spectacles, sa communication. » Elle se construit un réseau, monte son auto entreprise. Elle a fait un peu tous les métiers, régisseuse, chargée de production, attachée de presse…

Elle fréquente les humoristes de la série Bref, créée par Kyan Khojandi et Bruno Muschio, grandit avec les nouveaux moyens de communication, les réseaux sociaux, Youtube, etc. Avant de monter son propre comedy club à Paris, où elle lance Shirley Souagnon. Aujourd’hui, Valentine Mabille accompagne les artistes Laura Domenge, Swan Périssé, Mahaut, Lou Trotignon, Tahnee… « Des artistes formidables. »

Alors quand rouvrira l’Arvor ? « J’aimerais vous dire après-demain. Mais il y a des travaux de rénovation à réaliser, l’assainissement à refaire. Ce ne sera pas avant un an. »

Cet article est paru dans Ouest-France

Ouest-France
Nord-Finistère
Landerneau - Lesneven, vendredi 11 octobre 2024 170 mots, p. OF Nord-Finistère_16

Écrit en Côte des Légendes, le film Sauvages dévoilé ce soir

Le réalisateur Claude Barras est venu en Côte des Légendes en 2018, pour travailler à l’écriture du scénario de son nouveau film d’animation, Sauvages.

Vendredi, pour l’avant-première au cinéma Even, les spectateurs pourront échanger avec Morgan Navarro, co-auteur du film, venu travailler à Plounéour Brignogan-Plages aux côtés du réalisateur lors de leur année résidence au Groupe Ouest.

« Il s’agit d’un long-métrage mêlant humour et sensibilité » commente Céline Febvre, de Groupe Ouest. Doublé par un casting de renom (Benoît Poelvoorde, Laetitia Dosch, Michel Vuillermoz…), Sauvagesraconte l’histoire de Kéria, une jeune fille qui recueille un bébé orang-outan dans une plantation de palmiers à huile sur l’île de Bornéo.

Ce vendredi, au cinéma Even. Avant-première pour tout public : 20 h 15, suivie d’un échange avec Morgan Navarro. Pas de réservation nécessaire.

Cet article est paru dans Ouest-France

Ouest-France
Vannes ; Pontivy ; Quimperlé, Concarneau ; Saint-Malo ; La Roche-sur-Yon ; Les Herbiers, Montaigu ; Mayenne ; Rennes Sud-Est ; Lorient ; Fougères, Vitré ; Loudéac, Rostrenen ; Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Angers, Segré ; Lannion, Paimpol ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Bayeux, Caen ; Rennes ; Dinan ; Pays d'Auge ; Quimper, Centre-Finistère ; Ancenis ; Ploërmel ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Orne ; Cholet ; Saint-Brieuc, Lamballe ; Caen, Vire ; Pornic, Pays de Retz ; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg ; Nantes Nord-Loire ; Fontenay, Luçon ; Sarthe ; Guingamp ; Avranches, Granville ; Les Sables d'Olonne ; Auray ; Rennes Nord-Ouest ; Nantes ; Nord-Finistère ; Redon ; Châteaubriant
Culture, lundi 21 octobre 2024 817 mots, p. OF Vannes_31

« Charles et moi avons bien des points communs »

Recueilli par Michel TROADEC.

Cinéma. Dans Monsieur Aznavour, de Mehdi Idir et Grand Corps Malade, Tahar Rahim fait un très crédible Charles Aznavour. Un passionnant biopic raconté ici par son acteur principal.

Rencontre

Tahar Rahimjoue le role de Charles Aznavour dans Monsieur Aznavour.

Votre première réaction quand on vous a parlé de ce rôle ?

Quand Jean-Rachid (1) m’a parlé du rôle, un vendredi, je ne me suis pas du tout projeté. Je ne voyais aucun lien entre Charles Aznavour et moi, déjà physiquement. J’en ai parlé à ma femme (l’actrice Leïla Bekhti) qui m’a dit qu’il fallait que je le fasse… J’ai regardé des documentaires sur lui, dont un où il sort d’un avion avec une énergie et une forme d’impatience. Ce côté pressé m’a frappé. J’y voyais quelque chose d’un peu similaire avec mon impatience naturelle. J’ai appelé le lundi en disant : je crois que je vais le faire…

La transformation physique a été difficile ?

Oui. D’abord, pourquoi mettre un masque sur un acteur que vous désirez ? Ça ne sert à rien. J’ai donc dit au prothésiste d’en faire le moins possible jusqu’à ce que ça ne soit plus possible… C’était aussi pour des raisons de confort de jeu parce qu’à un moment donné, c’est gênant les prothèses. Et, dans un gros plan, ça peut bloquer une émotion ! Quelques jours avant le tournage, on était fixé sur mon apparence, qui évolue puisqu’il y a plein de périodes, déjà avant et après qu’il se soit fait refaire le nez…

Et vous êtes devenu chanteur !

Avec six à huit heures de cours de chant par semaine… Pour le piano, j’ai joué des heures et des heures non-stop. C’est rentré, mais j’avais du mal à prendre du plaisir, comme quand j’ai appris à danser par exemple. Pour le chant, dans les biopics musicaux, il y a un imitateur. Mais moi, je voulais interpréter aussi physiquement le chanteur, qu’on voit la glotte bouger, la transpiration. Alors, j’ai travaillé à me caler sur l’imitateur… Et est arrivé le jour où j’ai chanté sur le plateau. Fabien (aliasGrand Corps Malade) était là. À la fin, il m’a dit qu’on avait vraiment bien taffé et que c’était très proche. J’ai redoublé de travail.

Et là, vous avez pris du plaisir ?

Je dois admettre que c’est le plus beau tournage de ma vie. Pour plein de raisons. D’abord, le challenge à relever. Et puis, j’ai découvert que Charles et moi avions bien des points communs. Je me suis retrouvé en lui, ça m’a donné envie de le défendre.

Quels sont-ils ces points communs ?

Tous les deux enfants d’immigrés qui viennent d’une cellule sociale identique, beaucoup plus rude pour lui quand même. Tous les deux pas prédestinés à un métier artistique mais la tête remplie de rêves et d’objectifs, avec la volonté de travailler beaucoup pour se dépasser. Et puis l’amour de la non-frontière, l’exploration des langues, lui en musique, moi au cinéma, particulièrement aux États-Unis. Je trouve que c’est merveilleux, en ces temps sombres, de rappeler à la France à quel point l’immigration fait du bien, à quel point des immigrés peuvent devenir les symboles de la France dans le monde.

Il vous a plu Charles, malgré ses failles ?

Bien sûr qu’il m’a plu. Et touché. Même si ses sacrifices ne sont pas les mêmes que les miens. Il a fait ses choix. Il le disait lui-même, son travail passait avant sa famille. C’est une phase sombre qu’on a développée. À sa décharge, son enfance n’a pas vraiment existé. Très vite, il s’est retrouvé à travailler, à ramener de l’argent à la maison, à prendre une position de responsable.

On vous voit là très amaigri (près de vingt kilos en moins), c’est pour un nouveau rôle ?

Oui, je crois que j’ai le poids que j’avais à 17 ans ! (Il tourne actuellement, au Havre, en Seine-Maritime, « Alpha », de la réalisatrice Julia Ducournau.)

Vous l’aimez cette vie d’acteur ?

Beaucoup. Parce qu’elle m’offre tout ce que j’espérais avoir dans ma vie, avec le privilège de faire ce que j’aime et d’avoir les moyens d’en faire profiter ma famille, mon entourage. Je me souviendrai toujours, parce qu’il est encore en moi, de l’enfant qui rêvait d’être acteur. Si j’ai un coup de mou, je sais qu’il me regarde…

(1) Jean-Rachid Kallouche, producteur de Grand Corps Malade en musique et au cinéma, est aussi le mari de Katia Aznavour, fille du chanteur.

Cet article est paru dans Ouest-France

Ouest-France
Caen, Vire ; Bayeux, Caen ; Pays d'Auge
Côte fleurie - Argences, mercredi 23 octobre 2024 157 mots, p. OF Caen - Vire_11

Catherine Jacob sera Agathe Royale au casino samedi

Dans le cadre de ses animations culturelles, le casino propose une pièce de théâtre, samedi. Sur la scène du cinéma, Agathe Royale. Grande diva de théâtre campée par Catherine Jacob.

Sans filtre et avec un humour décapant, la célèbre comédienne va dévoiler la face cachée de son monde. Mais portée par les blessures et les déceptions, l’émotion sera aussi là. Hilarante et implacable, Catherine Jacob trouve en Agathe un rôle à la mesure de son talent et de son énergie.

Brice Hillairet, qui campe Quentin, son partenaire, met toute sa sensibilité à interpréter ce comédien novice.

Samedi 26 octobre, Agathe Royale , à 20 h 30, au cinéma du casino. Réservation en ligne : www.billetweb.fr/agathe-royale1 ou au casino. Tarifs : 20 € ou 18 €. Une séance de dédicace est prévue après la représentation (prévoir pièce d’identité).

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Populaire du Centre
Haute-Vienne
Haute Vienne, lundi 28 octobre 2024 286 mots, p. Pop87-9

RESA 2710 La Chauve Sourit de et par Caroline Le Flour au CCJPF

La Chauve Sourit de et par Caroline Le Flour au centre culturel. Dans le cadre d'Octobre rose, mercredi 30 octobre, à 20 h 30, un spectacle humour La Chauve sourit sera présenté par Caroline Le Flour, au centre culturel Jean-Pierre-Fabrègue. Ce one woman show, écrit et joué par Caroline Le Flour, raconte avec humour, authenticité et désinvolture son combat contre le cancer. La force de ce récit est d'être aussi drôle que poignant, donnant avec légèreté à cette aventure personnelle une dimension universelle. Tout public dès 14 ans. Tarifs : plein 15 ?, réduit 10 ?, moins de 12 ans 5,50 ?, carte 3 spectacles, carte famille, tarif groupe. Infos et réservation auprès du centre culturel à l'accueil ou au 05.55.08.88.77.

Halloween au cinéma Jeudi 31 octobre, le cinéma Arévi propose un après-midi et une soirée Halloween avec quatre films : à 15 h 30, Les noces funèbres de Tim Burton, suivi d'un goûter et d'un concours de costumes (affiches à gagner); à 17 h 30, The rocky horror picture show (interdit moins de 12 ans), une comédie musicale de Jim Shaman, avec en début de séance un blind test spécial films et séries d'horreur; à 20 heures, Speak no evil (interdit moins de 12 ans), un film d'horreur de James Watkins, avec en début de séance un quiz affiches d'horreur minimalistes; et à 22 h 15, Grave (interdit moins de 16 ans), un drame de Julia Ducournau. Présence du food-truck La Guinguette Périgord sur le parking. Tarifs : 1 film 6,40 ?, 2 films 10 ?, 3 films 15 ?, 4 films 20 ?. Infos sur www.cinema-styriex-arevi.fr ou au 05.55.08.14.20.

L'Est éclair
EST
REGION, vendredi 4 octobre 2024 163 mots, p. EST6

10 e anniversaire

Animations Mona Lisa

Pour son 10 e anniversaire, le dispositif Mona Lisa (Mobilisation nationale contre l’isolement social des âgés), propose des animations dans l’Aube. Ce vendredi 4 octobre, à Nogent-sur-Seine, ciné-débat au cinéma Lumière avec le film « Les Vieux » de 18 h à 20 h 30. Inscriptions auprès du cinéma au 03 25 39 09 29. Ce vendredi également, au foyer familial de Bouilly, expo-concert « Les âmes du village » de 17 h 30 à 19 h. Inscription auprès de Coline Loffre au 07 86 68 10 57. L’expo-concert reviendra en divers lieux du département : vendredi 11 octobre à la MAC de Pont-Sainte-Marie (inscription auprès du CCAS au 03 25 81 83 97) ; vendredi 18 octobre, à Romilly-sur-Seine au cinéma L’Eden (inscription auprès de Jérémy Gassein au 06 73 47 11 58) et le vendredi 25 octobre en salle des mariages de la mairie de Mussy-sur-Seine (inscription auprès de Coline Loffre au 07 86 68 10 57).

Le Nouvel Obs (site web)
Culture, mercredi 30 octobre 2024 - 12:00 1944 mots

« Clint a été clair avec nous : "Calmez-vous les enfants, je n'ai jamais dit que je prendrai ma retraite" »

Le Nouvel Obs

Chef opérateur de « Juré n°2 », en salle cette semaine, et de deux autres films récents de Clint Eastwood, le Canadien Yves Bélanger nous parle de l'état d'esprit du vieux maître hollywoodien, 94 ans, au crépuscule de sa carrière.

Yves Bélanger a notamment éclairé « Laurence Anyways » de Xavier Dolan et surtout les premiers films hollywoodiens de Jean-Marc Vallée (« Dallas Buyers club », « Wild ») qui ont imposé ce sexagénaire québécois en valeur sûre de l'industrie cinématographique. En 2018, il a rejoint la galaxie de Clint Eastwood, devenant son chef opérateur attitré, de « la Mule » à son dernier film, « Juré n°2 » - il a seulement manqué à l'appel de « Cry Macho », empêché de rejoindre le tournage à cause de la pandémie.

A première vue, le profil de Bélanger tranche avec celui des techniciens engagés par Eastwood. Depuis près d'un demi-siècle, le vieux lion ne tourne qu'en « famille » au sein de Malpaso, sa société de production, filiale quasi-autonome de la Warner depuis plus d'un demi-siècle : d'un film à l'autre, du montage à la lumière, tous les postes clés sont occupés par les mêmes.

Lorsqu'il y a renouvellement, les promotions en interne sont toujours privilégiées, particulièrement s'il s'agit du chef opérateur. Ainsi Jack N. Green, en poste à partir du « Maître de guerre » (1986) était le cameraman du titulaire précédent, Bruce Surtees. Puis Tom Stern, chef électricien de Jack N. Green a remplacé ce dernier à partir de « Mystic River » (2003), avant donc, la relève de Bélanger.

L'homme est l'observateur idéal du clan eastwoodien : il possède encore la fraîcheur d'un nouveau venu, tout en ayant assez d'ancienneté pour avoir assimilé ses méthodes et ce que Bélanger définit comme une « façon de vivre ».

« Juré n°2 » : à 94 ans, Clint Eastwood s'amuse et signe un film de procès retors

Aviez-vous un lien avec Clint Eastwood avant d'être engagé pour « la Mule » ?

Yves Bélanger J'avais une connexion forte en interne à Malpaso, mon ami Stephen Campanelli, le cadreur de Clint depuis « Sur la route de Madison ». On s'est connu à la fac de Montréal en 1982. C'est drôle parce qu'à cette époque, les références en matière de cadre pour les étudiants étaient Wim Wenders, Jean-Luc Godard... Steve mentionnait tout le temps les plans Hollywood classics de Clint Eastwood, alors qu'il était encore très peu reconnu comme réalisateur à ce moment-là. Jack N. Green, le chef opérateur d'Eastwood dans les années 1990, a fait entrer Steve à Malpaso après l'avoir croisé sur un tournage à Vancouver. Jack lui a dit : « Je te paie ta green card[le document qui permet aux citoyens non américains de s'installer et de travailler légalement aux Etats-Unis, NDLR] .  »

Cadreur est un rôle de premier ordre dans la hiérarchie de Clint : il est l'interlocuteur privilégié par excellence, c'est uniquement avec lui qu'Eastwood définit le découpage des scènes. Le chef opérateur [qui, aux Etats Unis, est légalement dissocié du cadreur, NDLR], se tient plus en retrait sur son plateau. Lorsque Clint préparait « la Mule », Steve lui a parlé de moi pour remplacer Tom Stern, son chef opérateur du moment, qui était indisponible. Je venais d'éclairer « Indian Horse », un film réalisé par Steve au Canada. Clint l'avait vu et presque distribué aux Etats Unis. Il a juste dit : « why not ». Après, les avocats se sont arrangés pour me trouver un permis de travail américain. Ça s'est fait très vite.

Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Clint Eastwood ?

J'étais dans une salle vraiment ordinaire de Malpaso : une machine à café, quelques tables... Puis il est arrivé les mains dans les poches, très simplement. Il avait déjà 88 ans, je le voyais comme un beau grand-père, assez en forme, du genre à ne pas avoir besoin de prendre de pilules, ni de vérifier la composition de sa nourriture. Il a très peu parlé de « la Mule », on a bavardé de tout et de rien, à l'américaine. Clint n'est pas un intellectuel. Il a vu beaucoup de choses, mais ne possède pas une culture élaborée - il ne parle jamais politique. Ses principes de mise en scène tiennent en quelques mots : il répète qu' « on est au service de l'histoire », que « les acteurs passent toujours en premier ». Il dit toujours « don't overthinking » - « pas de prise de tête ».

Je le vois comme une intelligence pure, conscient aussi de la chance qui l'a porté jusque-là. Clint donne l'impression d'avoir compris qu'il a gagné à la loterie, aussi bien sur le plan génétique qu'au niveau de sa carrière. Ça lui donne une certaine humilité qui se transmet à son entourage professionnel.

Moi, je ne l'ai connu que très âgé - il s'est beaucoup tassé, il a dû passer environ d'1,90 m à 1,75 m. Quand je regarde les gens qui travaillent avec lui depuis plus quarante ans, je n'ai pas l'impression qu'ils le craignent, mais ils lui témoignent un énorme respect, comme à l'égard d'un patriarche. A la rigueur, on peut sentir qu'ils ont peur de lui lorsqu'il n'est pas content. Mais Clint ne se sert que très rarement de cette autorité naturelle.

La plupart de ses collaborateurs travaillent avec lui de longue date, vous avez dû vous sentir comme une pièce rapportée, non ?

Je le dis sans aucun mauvais esprit, mais c'est vrai que j'étais comme un goy au milieu d'un mariage juif (rires). C'est-à-dire que j'étais identifié par tout le monde comme le nouveau venu, mais traité avec beaucoup d'égards et de générosité. L'équipe se voit beaucoup en dehors. Steve a fait beaucoup de ski avec Clint. Je me suis rapproché à mon tour de ses techniciens, notamment de son assistant réalisateur « Bursty » (David Berstein). Certains acteurs restent autour de la bande de Malpaso, comme Bradley Cooper par exemple [l'acteur de « American Sniper » et « la Mule » NDLR].

Ces liens indéfectibles lui permettent-ils de déléguer en amont des tournages ?

On peut dire ça, oui : il sait exactement ce qu'il veut, mais n'a pas besoin de communiquer quantité d'instructions à son équipe, puisqu'elle le connaît par coeur. De fait, Clint arrive souvent sur le plateau une semaine avant le tournage, parfois même la veille. Tous les décors, on les voit sans lui. Bursty supervise tout ça pour lui. Dans mon souvenir, c'est arrivé une fois qu'il demande à refaire un cadre qui ne lui plaisait pas. Sur « le Cas Richard Jewell », il a demandé de tourner dans le sens inverse une séquence dans un bar initialement prévue par son équipe dans l'autre sens. Il avait raison, c'était beaucoup plus joli.

Il tourne très peu de prises avec ses acteurs. Attend-il la même réactivité de votre part en tant que chef opérateur ?

Oui. J'ai vite compris qu'il fallait créer pour Clint un espace de jeu avec la lumière, de manière à faciliter la liberté de mouvement des acteurs. Chez lui, la lumière est d'abord là pour améliorer la dramaturgie, et parfois dans un deuxième temps, créer du beau. C'était sûrement différent à l'époque des tournages en 35 mm, mais avec la technologie numérique d'aujourd'hui, nous les techniciens, nous sommes souvent à l'écart du plateau, sous une petite tente, avec les moniteurs HD - j'y contrôle l'exposition, je fais un peu d'étalonnage en même temps. Si je n'étais pas un être immensément sympathique, je pourrais tout tourner sans parler aux acteurs. Seuls Clint et Steve ont un rapport direct avec eux.

Y a-t-il une part d'improvisation dans sa mise en scène ?

Clint peut dire au comédien « on va faire une prise pour toi ». Mais ordinairement, il aime surtout tourner vite, sans filet. Il y a toujours une part de risque quand on ambitionne de garder la première prise d'un acteur. Souvent, ils ne savent pas encore parfaitement leur texte ni celui de leur partenaire. D'où des petites gaffes, qui donnent aussi beaucoup de vie à la prise. Clint aime bien ce genre d'incidents. Pour nous les techniciens, cette approche peut s'avérer un peu frustrante, surtout quand on se sert d'une steadycam. Sans répétition, sans se « border », c'est un exercice extrêmement délicat. A l'usage, j'ai repéré beaucoup d'imperfections techniques dans ses films, même si, à première vue, ils semblent visuellement impeccables.

« La Mule » et « le Cas Richard Jewell », les deux premiers films que vous avez éclairés pour Eastwood reprennent les grands principes esthétiques de ses oeuvres récentes : beaucoup de contrastes, de clairs-obscurs.

Tous les chefs opérateurs de Clint suivent l'école Bruce Surtees, son premier chef opérateur, qu'il a rencontré sur « Dirty Harry » de Don Siegel : un éclairage classique, une lumière assez dure, qui génère beaucoup d'ombres. Je crois savoir que sur chacun des films de mon prédécesseur, Tom Stern, Clint lui-même s'est mis à éteindre de plus en plus projecteurs sur le plateau. C'est pour ça que ses films sont de plus en plus contrastés au fil du temps. Il a forgé ce style à partir de « Bird » (éclairé par Jack N. Green) et s'est radicalisé quand Tom Stern a fait sa lumière. Avec moi, il ne peut pas éteindre les projecteurs, je n'en utilise pas ! (rires). Je travaille davantage avec la lumière naturelle que ses anciens chefs opérateurs, mais je la façonne de manière à produire beaucoup de ces contrastes que Clint affectionne.

Dans « Juré n°2 », la lumière semble moins contrastée que dans ses films précédents.

Je trouve que les scènes de procès le sont tout de même beaucoup. J'ai eu plus de mal à imposer mes idées sur ce film - je n'ai pas eu mon étalonneur habituel... Le fait d'avoir tourné en Géorgie joue aussi beaucoup sur la luminosité de l'image : le soleil fait mal souvent là-bas. Néanmoins, Clint avait l'air satisfait et je dois dire que, depuis deux films, il insiste moins sur le contraste qu'auparavant. Après tout, peut-être que je l'influence...

Eastwood ne joue pas dans « Juré n°2 ». Cela change-t-il sa manière de diriger l'équipe quand il reste derrière la caméra ?

Non, pas du tout, il reste le même. A une différence près : quand il joue, au lieu de dire « enough of this » (son « coupez ! » à lui), il va regarder la caméra, et faire une grimace. Quand il ne joue pas, il s'assoit toujours à côté de l'objectif, il a un petit moniteur sur le genou. Ce n'est plus si commun aujourd'hui, à Hollywood, d'être à portée de vue des acteurs, pour un réalisateur.

Percevez-vous son autonomie au sein de la Warner, studio auquel il est lié depuis le début des années 1970 ?

Absolument. On le ressent par le lieu physique de Malpaso : c'est une sorte de cottage mexicano-californien, très cute, et c'est comme si les grands hangars du studio avaient été construits autour. Warner, au fond, sont surtout ses distributeurs. Il n'est pas soumis à la pression comme les autres réalisateurs du studio. Ceci posé, il est très hollywoodien dans son approche du cinéma. Comme John Ford, il ne considère pas vraiment le cinéma comme un art, plus comme un métier, une façon de vivre. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un grand sens esthétique, et beaucoup d'intuition : il sait très bien quand on fait une grande scène de cinéma.

Malgré sa constance, tous les employés de Malpaso doivent être suspendus à son âge avancé...

Oui, complètement. Mais Clint aura toujours des projets. Ni lui ni le studio n'ont jamais annoncé que « Juré n°2 » serait son dernier film. Il a été clair avec nous : « Calmez-vous les enfants, je n'ai jamais dit que je prendrai ma retraite. » Pour lui, le cinéma, c'est physique. Certes, sur « Juré n° 2 », il s'est beaucoup plus assis que sur les précédents, mais ça ne diminue en rien son implication. Et son regard... ! Il garde la même intensité que lorsqu'il avait 30 ans.

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

La Croix (site web)
Actualité Culture, mercredi 23 octobre 2024 3331 mots
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26 octobre 2024 - La Croix L'Hebdo

Laurent Gerra et François Morel : « Il y a de plus en plus d'humoristes et de moins en moins d'humour »

Jean-Claude Raspiengeas

François Morel et Laurent Gerra se définissent comme « fantaisistes ». Un joli mot à l'ancienne qui justifie le choix de L'Hebdo de les rapprocher, pour qu'ils évoquent, au-delà de leurs différences de registre, leur envie de faire rire le public. Dans une époque qui installe au firmament des humoristes sans limites, prêts à tout pour exister, ils revendiquent la noblesse d'un métier d'artisan et leur souci de rassembler.

La Croix L'Hebdo : Quelle est l'origine de votre vocation ?

François Morel : Moi, c'est à la communion de ma soeur. Je monte sur la table et je chante Les Marionnettes, de Christophe. J'ai beaucoup de succès et je me dis : c'est merveilleux, ce moment-là. J'avais un trac épouvantable avant de me produire devant mon public familial, une vingtaine de personnes. Après, j'étais épuisé et tellement heureux que j'avais envie de recommencer tout de suite. J'avais 4 ans et je me disais : j'aimerais bien que faire l'imbécile soit mon métier.

Laurent Gerra : Moi, mon grand-père, président de la fanfare du village, m'avait fait monter sur la scène de la salle des fêtes. J'avais 5 ans. J'ai chanté Les Bals populaires de Michel Sardou. J'ai tellement aimé ce moment que je me suis dit : c'est le métier que je veux faire. Comme toi, j'étais frustré que ça s'arrête. J'ai conservé le souvenir très précis de l'odeur du théâtre, la rampe des lumières sur scène, la poussière des décors, le parquet. L'année d'après, j'ai remis ça avec Gentleman cambrioleur, mais je me suis pris un gros bide. D'entrée, j'ai connu toutes les facettes du métier. Un succès, puis un bide ! J'étais sur scène, sans micro, avec ma petite voix. J'ai vu les gens partir. Ils pensaient que la fête était finie... Au collège, j'imitais les profs dans les spectacles de fin d'année, les chanteurs de chez Guy Lux. J'ai eu peur au moment où ma voix a mué.

F. M. : Moi aussi, je faisais des imitations de Jean Nohain et de Zizi Jeanmaire. Je chantais « Mon truc en plumes », avec des fougères dans le slip de bain. Heureusement qu'il n'existe aucune image.

Cette émotion de l'enfance, vous l'avez préservée ?

F. M. : Ah oui ! J'ai toujours le même plaisir d'être sur scène et aussi la même inquiétude. Je travaille beaucoup en amont parce que je ne suis pas sûr de mon coup. Je me sens aussi toujours comme le spectateur qui va voir des vedettes. Je dois bosser beaucoup pour m'accorder le droit de monter sur scène. Sinon, en soi, je ne suis pas intéressant.

L. G. : Oui, je l'ai conservée avec toujours le même appétit. Moi aussi, je travaille beaucoup. Je me mets la rate au court-bouillon pendant la préparation. Je n'aime pas le terme « roder un spectacle ». On prend le public de province pour des cobayes. J'essaie toujours d'arriver avec un spectacle abouti.

François Morel et Laurent Gerra pour La Croix L'Hebdo. / Marie Rouge pour La Croix l'Hebdo / Marie Rouge pour La Croix l'Hebd

F. M. : Les artistes qui n'apprennent pas leur texte et le lisent pour les premières représentations, c'est abominable. Ils pensent que leur présence suffit pour captiver le public...

L. G. : Les spectateurs se déplacent pour venir nous voir. Ils paient un billet. Parfois, ils font garder les enfants, vont au restaurant. C'est une soirée qui leur coûte cher. On se doit d'être à la hauteur et au service de ce cadeau qu'ils nous font et depuis si longtemps. Un soir de fin de tournée, j'étais fatigué, sans énergie, ni l'envie de monter sur scène. De ma loge qui donnait sur le parking, j'ai vu sortir d'une voiture un homme qui, manifestement, arrivait du boulot. Sa femme lui tendait une chemise blanche pour aller au spectacle. Ça m'a touché. Rien que pour cet homme, je me devais, ce soir-là, d'être à la hauteur de son attente.

Cette vocation ne s'est jamais démentie, même après l'enfance et le cap de l'adolescence ?

F. M. : Moi, j'ai mis un peu de temps. Je suis un peu diesel. Je suis passé par la fac, une maîtrise de lettres. J'ai compris assez vite que je n'avais qu'une envie : être sur scène. Je ne savais pas bien comment m'y prendre. Il existait trois écoles nationales : le Conservatoire de Paris, celui de Strasbourg et l'École de la rue Blanche. Strasbourg me paraissait trop loin géographiquement ; le Conservatoire trop loin socialement.

La rue Blanche n'est pas loin de la gare Saint-Lazare. Je pouvais faire des allers-retours à Caen et continuer à être pion pour gagner ma vie. Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Guy Bedos étaient passés par la rue Blanche. J'ai pensé que ce serait le bon endroit pour moi.

François Morel et Laurent Gerra pour La Croix L'Hebdo. / Marie Rouge pour La Croix l'Hebdo / Marie Rouge pour La Croix l'Hebd

L. G. : J'étais à la fac aussi pour gagner du temps et ne pas aller à l'armée. Non pas que je sois antimilitariste, mais je débutais le café-théâtre à Lyon. Parallèlement, je suivais une licence en information et communication et une maîtrise de cinéma. J'ai toujours voulu faire de la scène. J'ai eu de la chance. J'ai rencontré les bonnes personnes au bon moment.

La radio, au début, sur France Inter avec Claude Villers, puis Laurent Ruquier. Quand j'ai commencé à la télévision, il n'y avait que trois chaînes et tout le monde les regardait, mais je n'ai jamais abandonné la scène. Même quand j'enregistrais avec Jacques Martin ou avec Michel Drucker, je partais toujours le week-end pour des spectacles. C'est la base de notre métier.

Vous êtes tous deux provinciaux et d'origine modeste l'un et l'autre. Ça forme à quoi ?

F. M. : Peut-être à une forme de modestie. On n'est pas sûr d'être intéressant mais on est sûr d'aimer monter sur scène. Rien ne nous a été donné. On s'est construit nous-mêmes. On était un peu différents de nos camarades de classe. Moi j'avais envie d'entrer à la télé et de jouer avec Jean Poiret et Michel Serrault, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault.

L. G. : Il y a quelque chose de très artisanal dans notre parcours. En province il y a beaucoup d'artisans, comme notre métier, au fond. J'aime toujours retourner chez moi dans ma région.

De quelle famille du rire venez-vous ? Quels sont vos modèles, vos références ?

F. M. : Il y en a tellement. Quand j'avais 5 ans - je me souviens, j'étais plus petit que la table de la salle à manger -, ma grand-mère m'avait demandé ce que je voulais faire plus tard. J'avais répondu : « Roger Pierre et Jean-Marc Thibault. » Ces deux-là passaient leur vie à s'amuser. Ça m'épatait. Je voulais jouer comme eux, avec eux.

J'ai eu, ensuite, d'autres modèles : Fernand Raynaud, Raymond Devos, Zouc, qui m'a beaucoup impressionné quand je l'ai vue sur scène. Plus tard, étudiant, j'ai vu les spectacles de Jérôme Deschamps, qui m'ont fait hurler de rire. Je voulais absolument intégrer cette troupe et c'est ce qui m'est arrivé jusqu'à l'aventure des Deschiens. Sylvie Joly me plaisait beaucoup aussi. Ça part toujours d'un bon sentiment, de vouloir faire rire les autres.

L. G. : Exactement. C'est toujours honorable. Moi, je voulais être Henri Salvador. Quand j'étais petit, on m'offrait toujours le dernier album de Salvador, qui sortait généralement à Noël. J'avais vraiment l'impression qu'il faisait partie de la famille. Plus tard, je l'ai rencontré. On est devenu très amis. Je crois que c'est influencé par lui que je mets un point d'honneur à avoir des musiciens et à faire des spectacles de music-hall.

Comment vous qualifiez-vous ?

F. M. : Moi, j'aime bien dire « fantaisiste ». En réalité, je ne sais pas trop ce que je suis. Chroniqueur, humoriste, comédien, auteur, chanteur...

L. G. : Fantaisiste, c'est le mot, moi aussi, qui me vient en premier. Baladin, c'est joli aussi. Ou saltimbanque, parce qu'on colporte nos bêtises un peu partout.

Laurent Gerra pour La Croix L'Hebdo. / Marie Rouge pour La Croix l'Hebdo / Marie Rouge pour La Croix l'Hebdo

F. M. : Contrairement à Laurent, qui travaille avec des auteurs, mon activité est très solitaire. Lui, c'est tous les jours à la radio ; moi, une fois par semaine. Je sens que j'ai un public qui m'écoute et qui m'aime bien. Je joue beaucoup en province. Après les spectacles, le public me parle de mes chroniques.

L. G. : C'est une bonne jauge ! François parle à tout le monde et fait avancer les idées d'une façon intelligente. Il faut toujours se dire que le public est large. Pas la peine de le braquer ou de se faire plaisir entre soi.

Y a-t-il des registres et des sujets que vous vous interdisez ?

F. M. : Je m'interdis de parler de sujets que je maîtrise tellement peu, sinon pas vraiment.

L. G. : Moi, je ne vais pas sur les conflits, la mort. Quand un sujet dramatique domine l'actualité, nous arrivons comme une petite respiration dans ce flot. Il faut toujours qu'on sente le sourire. Surtout, ne jamais donner de leçon. C'est de la gaudriole, des calembredaines, comme disait Frédéric Dard.

Vous dites l'un et l'autre que faire rire est une activité très honorable. En quoi ?

L. G. : C'est le plus beau métier du monde. Depuis l'Antiquité, monter sur scène pour faire rire est honorable et respectable. C'est un exutoire aussi.

F. M. : Oui, honorable. Nous apportons de la consolation et même un peu de courage au public qui vient nous voir. Le monde est dur et difficile et souvent nous leur offrons un peu de légèreté. On peut rire de tout, mais on n'est surtout pas obligés. Il faut avant tout que ce soit drôle et naturel. Il ne faut pas qu'on sente le travail, la sueur. Rien n'est plus beau que de parvenir à faire rire de sujets douloureux.

L. G. : La limite, c'est le risque de blesser certaines personnes qui n'ont peut-être pas le recul parce qu'elles sont en plein dans ce genre de malheur.

Ça fonctionne comment un cerveau de fantaisiste ?

L. G. : Le cerveau d'un fantaisiste ? C'est un merdier ! Moi, je repère partout la connerie. Elle m'inspire beaucoup. Pour faire rire, il faut avoir aussi de la culture, notamment la connaissance de ce qui a précédé. Je connais les chansons par coeur, pareil pour les films et les répliques. Le cerveau d'un fantaisiste marche aussi par son disque dur, nourri d'un héritage particulier, avec plein de choses qui ressortent.

Vous avez l'impression l'un et l'autre de vous inscrire dans une continuité ?

F. M. : On est un peu nostalgiques d'une période où il y avait une nation. On pouvait rire ensemble des mêmes choses. Aujourd'hui, il n'y a que des clans, les uns à côté des autres. Les homosexuels font rire les homosexuels ; les femmes font rire les femmes. Les artistes que nous aimions étaient admirés par toute la société. Laurent et moi, nous nous situons dans la suite de ces humoristes qui s'adressaient à l'ouvrier et à l'intellectuel. Raymond Devos, par exemple. Les gens de milieu modeste étaient admiratifs de sa langue et de son écriture. Ils avaient l'impression de s'élever en riant avec lui.

L. G. : Oui, et les artistes s'invitaient beaucoup mutuellement dans les émissions. Moi, j'admire François, je l'aime beaucoup.

F. M. : On voudrait nous opposer alors que finalement, même si on le pratique différemment, on fait le même métier.

Depuis quelques années, les radios misent beaucoup sur les humoristes, les placent dans les sessions d'information, n'y a-t-il pas un risque de confusion des genres et de trop-plein ?

F. M. : On a parfois l'impression qu'il y a de plus en plus d'humoristes et de moins en moins d'humour. Certains se prennent extrêmement au sérieux. Ce que j'aime chez les humoristes, c'est leur singularité. Quand tout le monde commence à rire de la même chose, de la même façon, dans le même costume, ça m'ennuie un peu. Ce qui était merveilleux chez les personnages que j'ai cités tout à l'heure, c'était leur singularité absolue.

François Morel pour La Croix L'Hebdo. / Marie Rouge pour La Croix l'Hebdo / Marie Rouge pour La Croix l'Hebdo

L. G. : Moi, je n'ai pas envie d'aller à un meeting. Beaucoup d'humoristes actuels se croient incorrects alors qu'ils n'alignent que des clichés. Beaucoup ne me font pas rire, notamment ceux à tee-shirts et baskets qui viennent raconter leur vie sans intérêt devant un micro.

Dans une de vos chroniques sur France Inter, François Morel, vous avez lancé à l'adresse de quelques-uns de vos camarades : « Il n'y a rien de pire que la révolte convenue, l'insurrection peinarde. »

F. M. : Se prendre pour sa statue, c'est terrible. Restons à notre place.

L'humour a-t-il changé depuis vos débuts, dans ses registres comme dans ses perceptions ?

L. G. : Il n'y avait pas ce que j'appelle « les réseaux de cas sociaux ». On apprenait son métier par la scène, en pratiquant. Maintenant, le premier venu balance sur Internet ses élucubrations et monte sur scène. Sauf que la scène, ça se mérite, ça se travaille.

Le boomerang des réseaux sociaux vous affecte-t-il ?

F. M. : Je ne regarde pas trop. Je ne crois pas que je suscite beaucoup d'agressivité d'une manière générale.

L. G. : Avant, ils écrivaient à la kommandantur ; maintenant, ils se répandent sur Internet. Déjà, se précipiter sur son clavier pour déverser son fiel... La délation est un grand sport français. Du temps où je formais un duo avec Virginie Lemoine, elle était traumatisée par les réactions méchantes et moi, je les lisais toujours à voix haute avec la voix du maréchal Pétain. Comme disait Frédéric Dard, le con ne perd jamais son temps, il perd toujours celui des autres. Je n'ai aucune envie de découvrir des commentaires pleins de fautes d'orthographe. Généralement, ils n'ont pas le Bescherelle sous la main. Surtout, ne pas répondre. On ne joue pas longtemps avec une balle qui ne rebondit pas.

L'humour est-il menacé ?

L. G. : On n'est pas en Iran. Pour quelle raison et par qui ? J'étais très énervé quand Jean-Michel Ribes, au Théâtre du Rond-Point, en appelait au « rire de résistance » parce que Sarkozy était au pouvoir... Mon grand-père était dans la Résistance, et je ne crois pas qu'il ait eu envie de rire. C'était une posture ridicule que j'ai brocardée dans mes sketchs.

F. M. : La banalisation de l'humour a tendance à m'énerver. On ne peut plus imaginer une émission sans un gars qui vienne faire rire. Il y a beaucoup de complaisance aussi à se marrer entre soi.

Vous circulez beaucoup en tournée à travers la France. Comment percevez-vous ce pays ?

L. G. : Je ressens partout un vrai ras-le-bol. On se rend compte qu'une minorité emmerde une majorité. J'essaie d'aller à contre-courant du « wokisme », du néoféminisme, du véganisme. Ceux qui viennent nous voir sont contents qu'on dise des vacheries à leur place. Ils n'aiment pas le parisianisme.

François Morel et Laurent Gerra pour La Croix L'Hebdo. / Marie Rouge pour La Croix l'Hebdo / Marie Rouge pour La Croix l'Hebdo

F. M. : L'ambiance est de plus en plus lourde. Avant, le monde allait mal mais eux n'allaient pas trop mal. Aujourd'hui, le monde va mal, et cette situation anxiogène les plombe, jusque dans leur vie intime. Ils nous sont très reconnaissants de les alléger de ce fardeau. Le public vient chercher de la consolation.

Sous le vernis de la rigolade, on sent chez l'un comme chez l'autre un fond de mélancolie, de nostalgie.

F. M. : Oui, peut-être. Je n'assène pas un discours. Ma pensée politique n'est pas toujours très cohérente, donc je fais ce que je peux avec mes contradictions.

L. G. : La mélancolie, oui, ça fait partie de moi. Je trouve que c'était mieux avant. Léo Ferré chantait : « La mélancolie, c'est revoir Garbo dans la reine Christine, c'est revoir Charlot à l'âge de Chaplin, c'est Victor Hugo et Léopoldine. »

F. M. : Il disait aussi : « La mélancolie, c'est un désespoir qui n'a pas les moyens. » C'est beau.

L. G. : L'esprit français est une richesse et notre héritage. Ne le galvaudons pas. Il faut entretenir une langue correcte, lire, se nourrir de ce qui a été accompli avant nous. Je cite Tocqueville dans mon dernier spectacle : « Quand le passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres. »

C'est quoi cet esprit français dont vous vous revendiquez ?

L. G. : C'est quand les Français avaient du goût, lisaient, allaient au cinéma, mangeaient bien. Je vis à Lyon et je suis atterré de voir des anglicismes partout. Tout est écrit en anglais. Je ne réponds jamais quand on me parle avec des anglicismes : asap, buzz, follower... L'anglicisme est une pollution. Et ne parlons pas de l'écriture inclusive. Notre langue est tellement riche et tellement belle. Nos aïeux s'en servaient si bien. Quand ils sortaient de l'école, ils savaient écrire. Leurs lettres étaient magnifiques.

F. M. : La banalité des mots banalise aussi la pensée.

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En aparté? Dates

Laurent Gerra

1967 Naissance à Bourg-en-Bresse (Ain).

1972 Premières imitations.

1985 Études de communication et d'information, à Lyon.

1989 Débute au café-théâtre de l'Accessoire, à Lyon.

1991 Débute à la télévision dans « La chance aux chansons », de Pascal Sevran, puis avec Jacques Martin et Laurent Ruquier.

1994 « Studio Gabriel », avec Michel Drucker.

1997 Avec Virginie Lemoine, Molière du meilleur spectacle de sketchs.

2001 Chronique quotidienne sur RTL.

2002 Olympia. Il en fera 160.

2004-2014 Scénariste de Lucky Luke.

2005 Spectacle Laurent Gerra flingue la télé.

2007 Fête ses 40 ans au Palais des Congrès de Paris.

2014 Fête ses 25 ans de carrière au Théâtre du Châtelet.

2016 Joue dans Monsieur Paul, téléfilm sur l'affaire Paul Touvier, avec François Morel.

2017 Fête ses 50 ans avec Sans modération.

4 mars 2020 3 000e chronique quotidienne sur RTL.

2024 Laurent Gerra se met à table !, en tournée à partir du 5 novembre et au Casino de Paris, du 27 novembre au 4 janvier 2025, laurentgerra.fr

François Morel

1959 Naissance à Flers (Orne).

1981 Après des cours de théâtre à la MJC L'Albatros et une maîtrise de lettres modernes, il intègre l'École de théâtre de la rue Blanche, à Paris.

1988 Rôle du groom dans la série Palace, de Jean-Michel Ribes.

1989 Entre dans la troupe de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff.

1993 Début de la série Les Deschiens, sur Canal+.

2000 Écrit et met en scène Les Habits du dimanche.

2006 Premier récital comme chanteur.

2009 Chroniqueur sur France Inter le vendredi.

2011 Écrit et met en scène Instants critiques, d'après « Le masque et la plume ».

2016 Joue dans Monsieur Paul, téléfilm sur l'affaire Paul Touvier, avec Laurent Gerra.

2018 Joue dans la série Baron noir.

2019 Molière du meilleur comédien dans un spectacle de théâtre public pour son spectacle sur Raymond Devos, J'ai des doutes.

2020 Tous les marins sont des chanteurs.

6 novembre 2024 Joue et met en scène Art, de Yasmina Reza, avec Olivier Broche et Olivier Saladin, au Théâtre Jean-Vilar de Suresnes, à partir du 6 novembre, puis en tournée, francoismorel.com

? François Morel

Un livre

Mon assassin, de Daniel Pennac

« Daniel Pennac est un inventeur de prototypes littéraires. Avec Mon assassin (Gallimard, 160 p., 18 €), il écrit dans le même livre un roman et un essai sur l'écriture du roman, l'invention des personnages. Un va-et-vient passionnant et joyeux entre fiction et réalité. »

Un disque

Le Temps virtuose de Sophie Alour

« C'est le disque qui tourne beaucoup en ce moment chez moi. J'ai la chance d'être accompagné de temps en temps par cette saxophoniste virtuose inspirée par le jazz, le classique, la musique malienne. Sophie a un son bien à elle, rêveur et sensible. »

? Laurent Gerra

Un livre

Rue du Premier-Film, de Thierry Frémaux

« Dans la collection "Ma nuit au musée", Thierry Frémaux s'est immergé dans son musée, l'institut Lumière (Stock, 252 p., 19,90 €). Pour son écriture, pour la passion du cinéma, pour ce voyage nocturne dans cet institut extraordinaire, pour cette rue, pour Lyon, où je vis, où est né le cinéma. »

Un spectacle

Bernard Lavilliers avec l'Orchestre national de Lyon, en septembre dernier

« Pour lui que j'aime beaucoup, pour ses chansons, pour la musique, pour Lyon, encore. J'ai ressenti une très grande émotion ce soir-là. »

Cet article est paru dans La Croix (site web)

L'Yonne Républicaine
Centre Yonne Ouverture, vendredi 22 novembre 2024 360 mots, p. Yonne-12

Cette adhésion rendra trois lieux culturels supplémentaires éligibles au dispositif sur Joigny

La Ville veut adhérer au Pass Culture

Quatre ans après sa généralisation par l'État en 2021, la municipalité jovinienne prend le chemin de l'adhésion au dispositif Pass Culture destiné à favoriser l'accès à la culture pour les jeunes. Les élus ont approuvé le principe à l'unanimité, hier.

L'adhésion permettra d'élargir l'offre culturelle éligible au Pass sur la commune. « Les sites concernés seront la médiathèque Olympe-de-Gouges pour les emprunts de livres, de DVD, le conservatoire pour les inscriptions aux cours, mais aussi la salle Claude-Debussy pour assister à des spectacles et concerts des Vendredis Debussy », détaille Anne Mielnik-Meddah, l'adjointe au maire à la culture.

Faciliter le repérage de l'offre culturelle

La convention actée, ces établissements figureront alors sur l'application de géolocalisation du Pass Culture. « Cette application représente un vrai plus, note-t-elle. Les jeunes pourront intégrer ces lieux dans leurs choix. »

Le Pass peut être déjà utilisé dans Joigny. « Notamment au cinéma Agnès-Varda depuis 2021, poursuit-elle. La librairie indépendante Au Saut du livre a également adhéré au dispositif. » À l'extérieur, d'autres établissements l'acceptent comme la salle de cabaret migennoise L'Escale ou encore le cinéma Le Prisme, toujours dans la cité cheminote.

Le Pass Culture concerne la tranche d'âge de 15 à 18 ans. Les jeunes (scolarisés ou non) bénéficient d'un crédit sur l'année leur permettant d'accéder à des biens et des services culturels via leur part dite individuelle (l'autre, dite collective, étant réservée aux activités d'éducation artistique et culturelle en classes, NDLR) : places de cinéma, de concert, billets d'entrée de musée, livres Il varie selon l'âge : 20 euros pour ceux de 15 ans et 30 pour les 16-17 ans. Les jeunes de 18 ans bénéficient de leur côté d'un crédit de 300 euros, à dépenser durant deux ans.

Ce dispositif est porté par l'État et mis en oeuvre par la société Pass Culture. Son objectif est d'encourager la diversité des pratiques artistiques et culturelles et de favoriser la connaissance et l'accès aux offres culturelles de proximité, valorisant ainsi la richesse culturelle du territoire. « J'espère qu'il pourra devenir effectif chez nous début 2025 », conclut l'élue.

Pierre-Emmanuel Erard [email protected]

La Voix du Nord
21ROUBAIX
LOCALE, mercredi 6 novembre 2024 224 mots, p. 21ROUBAIX23
Aussi paru dans
6 novembre 2024 - Nord Éclair

3. La naissance du Colisée

Après la Première Guerre mondiale, c’est l’essor du cinéma... Jean Deconinck a relancé le Fresnoy et décide d’ouvrir un nouveau cinéma de 2 000 places.

Le Colisée ouvre à Roubaix en 1927. C’est le plus grand cinéma au nord de Paris « Le projet est impressionnant. Dans le hall d’entrée art déco, il y a un bassin et un jet d’eau qui monte à vingt mètres de hauteur et qui traverse le dancing à l’étage. » Quand le Fresnoy est un lieu de distraction populaire, le Colisée s’adresse à la « bonne société » de Roubaix et Tourcoing.

Des chanteurs viennent s’y produire. On croise Tino Rossi, Maurice Chevalier ou Joséphine Baker. À la mort de Jean Deconinck, c’est Henri son fils qui devient directeur, avec Jean le père de Christine Desrousseaux. L’auteure avoue n’être jamais retournée au Colisée après sa transformation en salle de spectacles en 1993. Elle regrette le choix architectural de la nouvelle façade. « Je suis sans doute assez injuste avec le Colisée mais j’aimais cette entrée telle qu’elle était quand mon père y travaillait. Aujourd’hui c’est un théâtre avec de nombreux artistes et j’y viendrai sans doute un jour.»

Le Berry Républicain
Cher
Environs de Bourges, mardi 12 novembre 2024 53 mots, p. Berry-10

Cinéma

Les Aix-d'Angillon. Cinéma. Le cinéma rural itinérant présente en avant-première le film En Fanfare le 14 novembre, à 20 heures, au Centre Culturel. Pour l'occasion, l'Harmon Street Band de la Musique Angillonnaise proposera une animation après la projection. Tarifs : 6,50 ? (adultes), et 5 ? pour les abonnés et moins de 16 ans.

La Dépêche du Midi
Aude
Locale, vendredi 8 novembre 2024 245 mots, p. 20

Précision

La présentation du Calend'Art aura bien lieu selon la volonté de Didier Almon Didier Almon, le photographe voyageur, est décédé ce mardi. Mais fidèle à son image, il fait un pied de nez à la grande faucheuse. Car la sortie et la présentation de son Calend'art 2025 auront bien lieu à partir de 18 h ce samedi 9 novembre. La volonté de Didier Almon et son goût du vivant seront ainsi honorés. Avec comme il le souhaitait un univers musical et de partage en mode auberge espagnole au sein de sa galerie la Compagnie des Voyageurs (accès par l'Apostrophe 12 rue des Pyrénées à Montolieu).

En Bref

Cinéma

Ce samedi 9 novembre à 18 h 15, à l'occasion des 30 ans du studio Searchlight Pictures, le cinéma le Colisée à Carcassonne propose une séance spéciale du film Little Miss Sunshine, de Jonathan Dayton et Valerie Faris.

Cet anniversaire se fêtera tout au long du mois de novembre avec la projection de Black Swan de Darren Aronofsky avec Nathalie Portman et Vincent Cassel, le 16 novembre puis The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson avec Ralph Fiennes, le 22 novembre, et enfin The Full Monty de Peter Cattaneo, le 30 novembre.

A l'occasion de l'événement culturel de la Ville de Carcassonne, Novembre en Enfance, le cinéma diffusera également Miss Peregrine et les enfants particuliers, réalisé par Tim Burton, le 23 novembre à 16 heures. Cette séance sera proposée au tarif spécial de 5 € par personne.

Midi Libre
GARD_RHOD
dimanche 24 novembre 2024 111 mots

[CINÉMA MUNICIPAL MARCEL-PAGNOL Rue Victor-Hugo...]

CINÉMA MUNICIPAL MARCEL-PAGNOL Rue Victor-Hugo, à Aigues-Mortes. 09 64 11 14 59.

Anora : 21 h 05.

Gladiator II : 18 h 30.

Juré n°2 : 16 h 30.

CINÉMA VOG 96, rue des Iris. 04 66 51 41 05.

L'Affaire Nevenka : 18 h 15.

En tongs au pied de l'Himalaya : 14 h.

Gladiator II : 20 h.

La Vallée des fous : 20 h 30.

Le Panache : 14 h 15.

Les Contes d'Hoffmann (Metropolitan Opera) : 16 h.

Prodigieuses : 16 h 15.

LE REX 46 bis, rue Monge. 04 90 91 09 65.

Gladiator II : 15 h 45.

Juré n°2 : 18 h 45.

Louise Violet : 13 h 30.

Venom : the last dance : 21 h.

La Montagne
Montluçon
Montlucon, jeudi 28 novembre 2024 712 mots, p. Montlucon-11

La cinquième édition avait comme invité d'honneur l'acteur Henri Guybet

Clap de fin pour le week-end cinoche

Encore une fois, aussi riche sur le plan artistique que sur le plan culturel, le week-end cinoche, qui s'est achevé ce dimanche, avait débuté avec le spectacle « Piano Paradiso » présenté pour la dernière fois à Commentry, par l'humoriste Alain Bernard qui avait su régaler le public.

« C'est à force de rêver que je me suis dit je vais réaliser mes rêves »

Il s'est poursuivi samedi avec la projection Les rois de la Comédie , un documentaire de Nicolas Henry, faisant un gros plan sur quatre icônes du cinéma et qui ont fait les grands jours de la Comédie Française : Fernandel, Bourvil, Louis de Funès et Jacques Tati. Ce documentaire a été présenté par Laurence Faucheux.

Ensuite est arrivé un moment fort attendu du public, la rencontre avec les invités d'honneur. Un moment d'échange riche, Henri Guybet, racontant ses premiers rôles, ses souvenirs aux côtés de Louis de Funès, et rappelant à tous que « le cinéma est montreur, mais parfois il est myope ».

Suggérant ainsi que parfois des personnes de talent ne sont pas forcément reconnues à leur juste valeur dans le milieu, expliquant qu'il y a deux sortes de comédiens : ceux qui sont heureux quand on dit action et ceux qui sont heureux quand on dit couper ».

Henri Guybet a conclu par une phrase : « c'est à force de rêver que je me suis dit je vais réaliser mes rêves ». Christophe Guybet, le fils d'Henri, a abordé ses projets et plus précisément la chaîne Youtube ou il partage des moments drôles avec son père et permet d'aborder de nombreuses anecdotes,

« En voiture avec Henri » permet de découvrir le duo père/fils comme vous ne les avez jamais vu. Léonardo Guybet, le fils de Christophe, a quant à lui été interrogé sur ses projets. Il ne se voit pas suivre la même route que son père et son grand-père, il rêve de football. Henri Guybet a rassuré : « ne vous inquiétez on lui fera changer de nom ! » faisant éclater de rire le public.

Serge Bromberg a lui suscité la curiosité et l'intérêt des spectateurs, expliquant ses recherches et son travail de restaurateur de films anciens, dont de nombreux films de Chaplin. Alain Bernard a parlé de ses projets à venir, mais qu'il n'envisageait pas le cinéma. « Je n'ai pas encore été appelé » a-t-il lancé en rigolant. Ambroise Michel, quant à lui, a parlé de ses projets de courts-métrages dont l'un d'entre eux a été projeté le soir même, « Lendemains funèbres » mêlant magnifiquement l'horreur à l'humour, et a fait « mourir de rire » l'assemblée.

Un divorce et deux mariages

Le samedi soir avant la projection du film « Le Pion » un hommage a été rendu à Henri Guybet, sous forme de vidéos, ses amis, Christophe Duthuron, Patrick Préjean et Pierre Richard lui ont adressé des mots touchants et ont salué ce grand homme qu'il est.

Dimanche, le dernier jour du « WEC » a débuté par le concours des courts-métrages ou « Templ'Arts » a remporté le prix du jury Gérard-Faucon et le prix du public. Bravo à ses deux réalisateurs Morgane Lavoine et Elric Chapelon.

Le maire Sylvain Bourdier a profité de quelques minutes de pause pour remercier tous les participants. Le week-end s'est terminé par l'hommage à Charlie Chaplin qui a commencé avec une projection en 16 mm accompagnée au piano avec brio par Nadège Desbizet-Engel.

Charlot Usurier a été présenté par Serge Bromberg, avec la présence du sosie mondial de Charlot, Anthony Champeil, qui a clôturé ce week-end par son spectacle « L'apprenti garagiste », vêtu d'habits ayant appartenu au vrai Charlot.

Un spectacle haut en couleur, entraînant le public dans quarante-cinq minutes de fous rires. Un spectacle vivant où Charlot n'hésitait pas à aller chercher le public. On a pu notamment découvrir les talents d'Alain Bernard et Ambroise Michel pour le vélo d'appartement ! Quarante-cinq minutes qui ont tout de même permis à Charlot de créer un divorce et deux mariages, et pas des moindres !

Le temps d'un discours rempli d'émotions, des remerciements ont été adressés à tous ceux sans qui cet évènement n'aurait pas été possible : les partenaires, les bénévoles, les invités d'honneur. Et d'annoncer que Françoise Delidick devient officiellement la marraine du week-end cinoche terminé par les deux passionnés André et Mathieu Pruniaud.

Midi Libre
LODEVE
mercredi 20 novembre 2024 230 mots

[Bédarieux CINÉMA. Ce...]

Bédarieux CINÉMA. Ce

mercredi 20 novembre : 14 h, Gladiator 2 (interdit aux moins de 12 ans / ATMOS); Le panache; Le robot sauvage. 16 h 15, À toute allure; Le royaume. 17 h, Gladiator 2 (interdit aux moins de 12 ans / ATMOS). 18 h 15, The Substance (interdit aux moins de 12 ans). 18 h 30, Finalement. 20 h 30, Touchées (ciné-débat, séance solidaire à l'occasion de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes en partenariat avec CIDFF 34 et l'association UACCV, 5 euros). 21 h, Le panache; Une part manquante.

Saint-Pons-de-Thomières CINÉMA. Ce

mercredi 20 novembre : 14 h 30, Angelo dans la forêt mystérieuse. 16 h, Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau. 17 h 30, Louise Violet.

Laurens SPECTACLE. Ce

mercredi 20 novembre, à 10 h 30, à la salle polyvalente, la compagnie Lutine propose un spectacle de théâtre. Renseignements et inscriptions au 04 67 62 38 30 ou par mail ([email protected]).

Le Bousquet-d'Orb THÉÂTRE MUSICAL. Jeudi 21 novembre, à 20 h, à la salle Marcel-Roux, représentation de Rire de résistance par la compagnie Zygomatic. Dès 8 ans. Tarifs : 12 euros, 8 euros et 5 euros. Réservations au 04 67 23 78 03 ou 06 47 67 57 17.

Fraïsse-sur-Agoût COMITÉ DES FÊTES. Le comité des fêtes tiendra son assemblée générale,

samedi 23 novembre, dès 16 h, à la salle des fêtes.

L'Est Républicain
Edition de Belfort
Belfort, mercredi 20 novembre 2024 186 mots, p. EBEL18

Belfort

Trois salles combles pour la soirée d’ouverture

Il y avait du monde au cinéma Kinépolis, ce lundi 18 novembre, à l’occasion de la soirée de lancement de la 39e édition du festival international du film de Belfort Entrevues. Après la cérémonie d’ouverture, Vingt dieux, un film au cœur de la filière comté réalisé par la Jurassienne Louise Courvoisier, a été projeté en avant-première. Parmi les révélations de ce long-métrage tourné dans la région, essentiellement dans le Haut-Jura, on retrouve la Haut-Saônoise Maïwène Barthèlemy , étudiante en agriculture de 22 ans tombée dans le monde du septième art tout à fait par hasard. Pour l’occasion, à l’issue de cette avant-première, les deux femmes ont passé un moment avec de jeunes spectateurs issus de formations en cinéma pour échanger. En tout, trois salles avaient été mises en place pour la projection du long-métrage, toutes trois remplies.

Ouest-France
Saint-Malo ; Caen, Vire ; Quimperlé, Concarneau ; Cholet ; Guingamp ; Lorient ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Fougères, Vitré ; Ploërmel ; Dinan ; Loudéac, Rostrenen ; Nantes ; Rennes Sud-Est ; Mayenne ; Nantes Nord-Loire ; Pontivy ; Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Saint-Brieuc, Lamballe ; Ancenis ; Angers, Segré ; Nord-Finistère ; Les Herbiers, Montaigu ; Châteaubriant ; Pornic, Pays de Retz ; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg ; Bayeux, Caen ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Sarthe ; Orne ; Avranches, Granville ; Pays d'Auge ; Fontenay, Luçon ; Rennes ; Quimper, Centre-Finistère ; La Roche-sur-Yon ; Rennes Nord-Ouest ; Lannion, Paimpol ; Redon ; Auray ; Les Sables d'Olonne ; Vannes
Culture, vendredi 8 novembre 2024 367 mots, p. OF Saint-Malo_33

À quoi sert la chronologie des médias ?

P. B.

Dispositif mis en place depuis les années 1960, la chronologie des médias vise à protéger les salles de cinéma de la concurrence des autres canaux de distribution. Elle permet de leur réserver une première exploitation des films pendant une période de trois mois avant qu’ils ne soient redistribués vers d’autres supports (DVD, plateformes de streaming, chaîne de télévision).

Plus les chaînes et les plateformes apportent des fonds pour la création cinématographique française, plus elles occupent une meilleure place dans cette chronologie. Depuis quarante ans, le groupe Canal + bataille pour maintenir sa position de numéro un. Aujourd’hui, son temps d’attente est de seulement six mois, contre vingt-deux mois pour les chaînes de télévision gratuites. En contrepartie, la chaîne du groupe Vivendi injecte près de 200 millions d’euros par an dans l’industrie.

Guillaume Bachy, président de l’AFCAE, rappelle que cette spécificité française est vitale à la survie des salles de cinéma : « Si le cinéma français est aussi reconnu, avec un nombre de productions aussi important, c’est grâce à la chronologie des médias. C’est le socle de notre exception culturelle. Les salles des autres pays comme l’Allemagne ou l’Espagne ont accusé le coup après la crise du Covid. En France, on va finir avec 200 millions de spectateurs, c’est une performance exceptionnelle. »

Cette spécificité de Canal + est pourtant à l’origine d’un récent divorce avec la plateforme Disney +. À partir de janvier, la chaîne cryptée n’aura plus l’exclusivité pour proposer les nouveautés Disney six mois seulement après leur sortie en salle. Ces films seront désormais proposés dix-sept mois après leur sortie, sur la plateforme Disney +.

Une collaboration de cinq ans fructueuse au démarrage pour les deux groupes : Canal + a pu fidéliser ses abonnés avec une offre diversifiée et Disney + a pu profiter de la visibilité de la chaîne à péage pour son lancement en France. Mais depuis 2019, de nouveaux acteurs ont fait irruption sur le marché, ce qui a modifié le modèle économique, rendant Disney moins dépendant de Canal + pour sa distribution dans l’Hexagone.

Télérama (site web) - Télérama
mercredi 27 novembre 2024 - 17:10:59 -0000 842 mots

Jim Abrahams, réalisateur de comédies américaines cultes, est mort

Samuel Douhaire

Accueil Cinéma Jim Abrahams, réalisateur de comédies américaines cultes, est mort “Y a-t-il un pilote dans l’avion ?”, “Top Secret!”, “Hot Shots!”… Avec les frères David et Jerry Zucker, Jim Abrahams a donné un coup de fouet au cinéma comique des années 1980-1990. Le “A” des “ZAZ” est mort à l’âge de 80 ans.

De gauche à droite : David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker. Les trois réalisateurs qui ont façonné la comédie nord-américaine des années 1980-90 étaient surnommés les “ZAZ”. Photo American Broadcasting Companies/Getty Images

Par Samuel Douhaire

Publié le 27 novembre 2024 à 16h56

Mis à jour le 27 novembre 2024 à 17h07

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Joey, tu as déjà vu un homme tout nu ? Tu es déjà allé dans une salle de gymnastique ? […] Tu aimes les films sur les gladiateurs ? […] Tu as déjà visité une prison turque ? Quiconque a pleuré de rire devant les scènes (politiquement très incorrectes aujourd’hui…) de Y a-t-il un pilote dans l’avion ? (1980) durant lesquelles Peter Graves, alias le commandant Oveur (Havoux en VF), discute de manière disons équivoque avec un petit passager, ne pourra qu’être ému à l’annonce de la mort, à 80 ans, de Jim Abrahams. Avec les frères David et Jerry Zucker, ses acolytes des ZAZ (lui était le A), le scénariste et réalisateur a en effet donné un coup de fouet salvateur au cinéma comique américain des années 1980-1990.

Les trois loustics, dont les pères respectifs étaient collègues de bureau, se connaissaient depuis l’enfance, ayant usé leurs fonds de culotte dans le même lycée et la même synagogue de la petite ville de Shorewood, dans le Wisconsin. C’est à l’université de l’État que, en 1971, ils fondent le Kentucky Fried Theater, où ils alternent sketchs improvisés sur scène et parodies filmées de pubs et d’émissions télé. Le succès est tel que les ZAZ décident d’exporter la formule à Los Angeles où ils demandent à un réalisateur aussi jeune qu’eux, un certain John Landis, de tourner leur premier scénario. Le carton en 1977 de The Kentucky Fried Movie (Hamburger Film Sandwich en bon français) leur ouvre les portes de Hollywood.

La “ZAZ touch”

Le studio Paramount, qui compte bien surfer sur la mode des films catastrophe en altitude, accepte leur proposition de tourner eux-mêmes un remake satirique de À l’heure zéro, un obscur nanar de 1957 dans lequel, par la grâce d’un scénario involontairement autoparodique, Dana Andrews incarne un vétéran traumatisé par la guerre de Corée contraint de prendre les commandes d’un avion de ligne à la suite de l’intoxication alimentaire de l’équipage. Y a-t-il un pilote dans l’avion ? marque les débuts officiels de la ZAZ touch, telle que la définit Stefano Darchino, programmateur à la Cinémathèque française : un mélange d’humour visuel sophistiqué et de comique bas du front et un très haut débit de gags, combiné avec une utilisation savante de la mise en scène.

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“Y a-t-il un pilote dans l’avion ?” et autres comédies potaches débarquent à la Cinémathèque

Cet humour nonsensique et survitaminé donne sa pleine mesure dans Top Secret! (1984), officiellement réalisé par le seul David Zucker mais bien écrit et tourné en symbiose par les trois ZAZ (Paramount rechignant à signer trois contrats de réalisation pour un seul film). Cette fois-ci, ce sont les films de guerre qui en prennent pour leur grade, avec l’histoire d’une star du rock (Val Kilmer tout jeunot) invitée à se produire derrière le rideau de fer. Le film est si délirant que, cette fois-ci, le public ne suit pas.

Le succès revient en 1986 avec la comédie noire Y a-t-il quelqu’un pour tuer ma femme ?, puis en 1988 grâce à Y a-t-il un flic pour sauver la reine ?, dans lequel Jim Abrahams et les frères Zucker adaptent Police Squad, leur propre série policière diffusée en 1982 sur ABC – avec Leslie Nielsen dans le rôle du lieutenant Frank Drebin. Ce détective aussi nul et gaffeur que l’inspecteur Clouseau sévira encore pour tenter de sauver le président (en 1991) puis Hollywood (en 1994), sous les directions respectives de David Zucker et de Peter Segal. Jim Abrahams, lui, réalisera en solo deux dernières pépites comiques avec Hot Shots! (1991) et Hot Shots! 2 (1993). Le premier ridiculise avec brio Top Gun et le second, à peine moins drôle, les Rambo…

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Photo American Broadcasting Companies/Getty Images

De gauche à droite : David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker. Les trois réalisateurs qui ont façonné la comédie nord-américaine des années 1980-90 étaient surnommés les “ZAZ”.

Cet article est paru dans Télérama (site web) - Télérama

Le Soir
GENERALE
Culture, mercredi 4 décembre 2024 1672 mots, p. GENERALE15

cinéma

« J’ai appris à conquérir la part marocaine de mon identité grâce à la caméra »

Gaëlle Moury

Dans « Everybody Loves Touda », Nabil Ayouch (« Much Loved ») poursuit son exploration de la société marocaine en s’intéressant aux « Cheikhates », ces chanteuses à la fois adulées et rejetées. Un portrait intime et universel d’une lutte pour l’émancipation féminine.

On devient riche quand on comprend qu’avoir plusieurs identités est une chance

Entretien

Gaëlle Moury

Donner la voix à ceux dont on préfère détourner le regard. C’est un peu ce que l’on pourrait voir de commun aux héros (et héroïnes) des films de Nabil Ayouch. Que ce soit dans Les chevaux de Dieu (2013), où il racontait la radicalisation d’un jeune Marocain issu des bidonvilles de Sidi Moumen, dans Much Loved (2015) où il mettait la lumière sur la prostitution (ce qui lui valut la censure au Maroc) ou aujourd’hui dans Everybody Loves Touda, en salles le 18 décembre, une histoire d’émancipation féminine ancrée dans le Maroc d’aujourd’hui, qui suit le parcours de Touda, jeune femme se rêvant Chikha (ces chanteuses chéries et détestées par l’opinion publique).

Des destins que son parcours – il est né à Paris mais est installé à Casablanca depuis 25 ans – lui a permis de regarder autrement. « Je n’aurais jamais fait les mêmes films si j’étais né au Maroc », dit-il ainsi naturellement, lorsqu’on le rencontre à Bruxelles où il est de passage au Cinemamed pour présenter Everybody Loves Touda.

Vous sortez d’une projection d’ Everybody Loves Touda avec une association de femmes issues de l’immigration marocaine. Aimez-vous toujours aller à des projections publiques ? Est-ce que ça nourrit votre cinéma ?

J’adore. Ça me nourrit bien sûr pour la suite parce que ça me dit quels sont encore les obstacles qui restent à franchir. Ça me dit le niveau d’hypocrisie de la société, par exemple. Ce matin, je ne m’attendais pas du tout à ça. C’étaient des femmes qui étaient globalement très conservatrices, qui n’avaient pas l’habitude d’aller au cinéma. Et qui ont donc réagi à certaines scènes avec leur conservatisme. C’est très intéressant d’être face à ce contraste entre ce qu’exprime le film – cette défense des Chikhates et de ce qu’elles vivent au quotidien – et un public féminin très conservateur qui refuse ce genre d’image. Je ne les juge pas parce qu’elles le disent elles-mêmes : elles ne sont pas éduquées comme ça. Et c’est vraiment un problème d’éducation. C’est l’allégorie de la caverne de Platon, tout simplement.

Ce qui interpelle dans la figure de la Cheikha, c’est son côté paradoxal. Elle représente une tradition qu’on chérit, on les invite pour chanter aux mariages. Et en même temps, on rejette ces femmes pour leurs prétendues mœurs légères.

C’est très paradoxal et assez unique dans le sens où, en effet, ce sont des femmes qu’on chérit, qu’on admire, et qui nous mettent – hommes, femmes, libéraux, conservateurs, peu importe – dans des états pratiquement de transe quand elles ouvrent la bouche. Mais immédiatement après, l’opinion publique les déteste, les montre du doigt. Parce qu’elles sont libres et parce qu’elles ont été obligées de quitter leurs villages et leurs montagnes pour venir dans des cabarets, des lieux où l’alcool et l’argent coulent à flots. Et aussi parce qu’elles chantent le désir, le corps. Elles le célèbrent et c’est évidemment trop pour les personnes conservatrices. Donc, ça en fait des prostituées, tout simplement.

Ça pose aussi la question de l’évolution de la tradition. Est-ce possible selon vous ?

Une tradition, par définition, n’évolue pas. Ce n’est pas possible et je pense que ce n’est pas souhaitable. Par contre, il faut être capable de voir les belles choses dans la tradition et ne pas essayer de la ramener à quelque chose qu’elle n’est pas, c’est-à-dire un recul, un retour en arrière, un conservatisme… C’est là, à mon avis, la frontière à ne pas dépasser. Il y a des traditions, comme celle de la aïta, portée par ces femmes depuis le XIX e siècle, qui sont magnifiques.

Dans vos films, vous avez souvent donné la voix à des personnes rejetées parce que la société n’en voulait pas.

Effectivement mon cinéma est un cinéma qui tend à montrer, pas à démontrer. A montrer des gens qu’on veut en tout cas ramener à un certain statut qu’ils n’ont pas. C’était d’ailleurs intéressant de mettre les gens face à ça dans cette projection ce matin. Visiblement, ces femmes avaient envie de détester les Cheikhates. Et s’arrêtaient là. Mais à cette opinion publique hypocrite et souvent schizophrène, moi je dis de les regarder pour ce qu’elles sont. Elles ont une vie difficile, de danger, de solitude. Et c’est quelque chose que tout le monde n’est pas capable d’encaisser. C’est plus simple de dire que ce sont des femmes de mauvaise vie. Or on les aime quand elles chantent donc on ne peut pas refuser de voir le reste. C’est ça que raconte le film.

Ça fait presque dix ans que la sortie de Much Loved a suscité la polémique au Maroc. Avez-vous l’impression que depuis, des choses ont changé ?

Oui, bien sûr. A l’époque où j’ai fait ce film, au Maroc, on refusait d’admettre le fait même que des prostituées vivaient dans la société. Aujourd’hui, on voit ces femmes, on les reconnaît, on en parle, on leur donne parfois la parole dans certains médias. Et surtout la prostitution n’est plus un phénomène tabou. Il reste encore souvent vilipendé mais il est en tout cas discuté. Et pour moi, c’est une avancée majeure.

Votre cinéma est pleinement ancré dans la société. Est-ce que vous voulez faire un cinéma utile ?

Je le fais sans le vouloir. Je m’en rends de plus en plus compte. Je pense que j’ai été éduqué au cinéma, à l’image, à travers des grands combats politiques. Les premiers films que j’ai vus, dans l’annexe de la petite MJC de Sarcelles, ville dans laquelle j’ai grandi, étaient souvent signés par des cinéastes venant d’un cinéma prolétarien : Chaplin, Eisenstein… Donc j’ai été forgé à ça. Et je crois que je suis arrivé au cinéma par une conscience politique très aiguë, par une vision politique de la société et de certaines injustices. Et j’ai eu envie de réparer des blessures, y compris des blessures intimes évidemment.

Comment le fait d’être né en France a influencé votre cinéma, ancré au Maroc ?

Ça m’a indéniablement permis de voir le Maroc différemment. Je pense que je n’aurais pas fait les mêmes films si j’étais né et j’avais grandi au Maroc. Je pense que la distance, le recul, le fait de ne pas appartenir totalement à cette identité marocaine quand j’étais jeune m’a rendu un peu naïf et inconscient, singulier dans mon regard. J’ai appris à conquérir cette part de mon identité grâce à la caméra. C’est ça qui est beau aussi. Je ne connaissais pas cette identité marocaine. Je vivais en France et j’allais trois fois par an à Casa pour voir mon père et ça s’arrêtait là. Mais après, grâce à la caméra, j’ai pu ouvrir des espaces. Géographiques d’abord, parce que je venais du théâtre et la scène du théâtre est quand même assez fermée. J’ai pu pénétrer des espaces géographiques et des espaces mentaux. Avec une conscience que je pouvais escalader n’importe quelle montagne, tout dire, tout raconter à travers mes films. Tout ce qui me hantait, tout ce qui me bouleversait, tout ce qui me choquait. Encore maintenant, je continue. Et après 25 ans de Maroc, je me retrouve encore parfois dans des situations où j’ai encore du mal à comprendre les codes. Mais c’est ce qui me protège d’une certaine manière. Et c’est ce qui protège mon cinéma.

Vous êtes ici au Cinemamed, notamment dans une programmation consacrée aux 60 ans de la signature des conventions bilatérales de mains-d’œuvre entre la Belgique et le Maroc. D’une certaine manière, en retournant habiter au Maroc, vous avez fait le chemin inverse.

Mon histoire est un peu plus compliquée. C’est la rencontre entre un père qui est allé faire des études et du théâtre à Paris, et qui a rencontré ma mère, qui avait quitté la Tunisie, était devenue française et faisait ses études. Et ces deux chevaux, un peu sauvages, de deux religions différentes – elle juive, lui musulman – se rencontrent et vivent une histoire complètement dingue. Et moi, j’arrive au milieu de cette histoire. Ma mère avait quitté la Tunisie pour des raisons liées à sa judéité. Mon père, lui, était plus attiré par la ville des Lumières, le théâtre. C’est là où je me retrouve dans une identité un peu hybride, un peu difficile à porter, douloureuse. Quand on est jeune, on a besoin d’appartenir à un ensemble. Et quand on n’est ni Français, ni Marocain, ni juif, ni musulman et qu’on va à l’école laïque républicaine, il y a un moment où on est un peu perdu. J’avais du mal à sentir un ancrage, une appartenance complète, totale. Et quelque part, c’est aussi très bien de ne pas être plein d’une seule identité. Je crois qu’on devient grand et on devient riche le jour où on arrive à admettre que d’avoir plusieurs identités, c’est justement une chance.

Everybody Loves Touda, en salles le 18 décembre et au Cinemamed jeudi 5 au Cinéma Aventure (Bruxelles). Infos : www.cinemamed.be

Le Soir
GENERALE
Culture, jeudi 17 octobre 2024 1253 mots, p. GENERALE15

cinéma

Voilà 50 ans qu’elle massacre, la tronçonneuse !

Didier Stiers

Monument dans le genre « horreur », film culte et film étalon même, l’œuvre de Tobe Hooper est arrivée sur nos écrans il y a un demi-siècle. Aujourd’hui encore, elle influence plus d’un réalisateur.

analyse

Didier Stiers

Qui était déjà en âge d’aller s’asseoir dans une salle de cinéma en 1974 ne manquera pas de se rappeler d’une grande année ! Dites, c’est quand même celle d’ Une femme sous influence de John Cassavetes, Tremblement de terre de Mark Robson, Emmanuelle de Just Jaeckin, Foxy Brown de Jack Hill, Les valseuses de Bertrand Blier, La tour infernale de John Guillermin, Chinatown de Roman Polanski, Zardoz de John Boorman, Portier de nuit de Liliana Cavani, Stavisky d’Alain Resnais, Un justicier dans la ville de Michael Winner, et on en passe. L’année 1974 fut aussi grande pour le film de genre (ouh, le vilain mot !), puisqu’elle vit arriver sur nos écrans, donc, ce Massacre à la tronçonneuse signé Tobe Hooper.

L’intrigue ? Un groupe d’amis est victime d’une famille de cannibales, qui compte en son sein Leatherface, l’homme à la tronçonneuse et au masque découpé dans de la chair humaine… Présenté comme « basé sur une histoire vraie », Massacre à la tronçonneuse est en réalité une fiction, malgré quelques points communs avec l’histoire d’Ed Gein, le tueur et voleur de cadavres du Wisconsin.

En 2010, le quotidien britannique The Guardian voit le film comme l’un des plus influents de l’histoire du cinéma. Six ans auparavant, Fabrice Du Welz l’avait également en tête quand il œuvrait sur Calvaire. Et pour Quentin Tarantino, Massacre à la tronçonneuse est l’un des rares films parfaits. En fait, la liste est longue, de ceux qui l’ont ainsi salué, de Ridley Scott à Wes Craven et Hideo Nakata en passant par Alexandre Aja et Nicolas Winding Refn. « Nous devons beaucoup à Tobe Hooper », dit Ti West dans la préface qu’il signe pour le Mad Movies Classic consacré au réalisateur américain, en qui il voit l’auteur d’une véritable œuvre d’art cinématographique : « L’équipe de tournage que je mets en scène dans X peut rappeler celle de Tobe Hooper en coulisses de Massacre à la tronçonneuse – l’équipement utilisé est d’ailleurs le même ! (…) » Et d’avouer que X lui doit quelque chose d’essentiel : « Quand on essaie de visionner un film d’horreur indépendant des années 70, c’est directement à lui qu’on pense. Ce n’est pas un regard hollywoodien sur les Seventies, c’en est le reflet brut, et c’est par conséquent devenu la référence ultime, au sens premier du terme. Le film capture la façon de parler des jeunes de l’époque, le rythme de l’époque, l’ambiance de l’époque. »

Plus qu’un film d’horreur

Ce Massacre à la tronçonneuse, réalisé pour moins de 150.000 dollars, c’est plus que des images qui marquent. Le contexte, la mise en scène, l’atmosphère et la musique ont également contribué à en faire un film culte. « C’est un film qui transcende en fait les genres », nous dit Julien Sévéon, journaliste et auteur de Massacre(s) à la tronçonneuse 1974-2017 : une odyssée horrifique. « Il est effectivement assimilé au cinéma d’horreur, et c’est du cinéma d’horreur, mais c’est aussi un film qui, dès le départ, a été reconnu par la critique institutionnelle. Il a quand même été projeté à la Quinzaine des réalisateurs. Il relève à la fois du cinéma indépendant, d’auteur, du cinéma de genre, du cinéma d’exploitation américain, du cinéma d’art et d’essai aussi. Peu de films ont ce statut très particulier. »

Le 1 er octobre 1974, quand il arrive sur les écrans américains, personne n’a jamais vu « ça » ! Dans son ouvrage, Julien Sévéon a relevé toute une série de chroniques de l’époque : « Ce qui revient souvent, c’est que les gens, y compris ceux qui apprécient le film, sont estomaqués par ce qu’ils voient. C’est un tour de force visuel, mais il n’est vraiment pas fait pour tout le monde. » Et 50 ans plus tard ? « Bien sûr, le temps a passé, le public a évolué, mais il fait toujours son effet. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de le présenter, et le public est toujours assez déstabilisé par ce qu’il voit à l’écran. » Ou même ce qu’il ne s’y passe pas : « Ce qui est marrant, c’est que les gens sont persuadés de voir bien plus que ce que montre Tobe Hooper ! Massacre à la tronçonneuse est très peu saignant. Il y a à peine quelques gouttelettes à deux ou trois moments, mais ils sont persuadés de voir des scènes gore incroyables, et certaines personnes qui ont lu mon livre m’ont même dit s’en souvenir ! La scène du crochet, notamment : le crochet qui transperce la poitrine d’une des héroïnes… Et non ! En fait, ça n’a jamais existé. Mais le film est tellement intense qu’on finit par imaginer des choses qui ne sont en réalité pas dedans ! Il y a quand même très peu de films dans l’histoire du cinéma qui sont à même de créer de tels fantasmes visuels ! »

Tobe Hooper, né au Texas le 25 janvier 1943 et décédé à L.A. le 26 août 2017, l’ex-prof qui a aussi travaillé pour la télé, bossé sur des projets inaboutis (Spider-Man…) et même tourné un clip (Dancing With Myself, de Billy Idol), n’aura pas réalisé que ce film-là, bien sûr. On lui doit aussi, entre autres, un certain Poltergeist. Mais Massacre à la tronçonneuse a aussi enfanté toute une descendance. Des suites, des remakes, des reboots. En 1990, Massacre à la tronçonneuse 3 met en scène un certain… Viggo Mortensen. Et quatre ans plus tard, on retrouve Matthew McConaughey ainsi que Renée Zellweger dans Massacre à la tronçonneuse : la nouvelle génération…

Que retenir, là-dedans ? « Il est totalement impossible de faire une suite à un film comme celui-là », reprend Julien Sévéon. « C’est censé être un film unique. Néanmoins, il a un tel succès que très rapidement, des producteurs cherchent à créer une suite. Et puis la franchise va se développer… Ce qui est intéressant, c’est que Massacre à la tronçonneuse 2 est réalisé par Tobe Hooper lui-même. Il sait qu’il ne peut pas refaire le même film. C’est impossible. Pour de nombreuses raisons : c’est une autre époque (nous sommes alors en 1986, NDLR), ce n’est plus la même façon de tourner, ce ne sont plus les mêmes conditions de vie… Il va donc quelque peu prendre le contre-pied du premier film pour faire quelque chose de beaucoup plus humoristique. En fait, il y a beaucoup d’humour dans le film original et Hooper était très frustré que le public n’ait pas saisi les passages d’humour. Et c’est vrai qu’il y en a, mais encore une fois, le film est tellement intense et donc on a du mal à s’en rendre compte. » Une comédie ? Qui l’eût cru ?

Le Soir
GENERALE
Culture, samedi 19 octobre 2024 1326 mots, p. GENERALE23

Cinéma

« Réaliser est peut-être un rêve d’ado que j’avais oublié »

Gaëlle Moury

Avec « Waarom Wettelen », l’écrivain Dimitri Verhulst fait ses débuts au cinéma. Un film présenté ce samedi en clôture du Film Fest Gent. Dès mercredi en salles.

Je suis trop sociable pour être écrivain. Et je crois que j’en ai assez de la solitudeDimitri VerhulstEcrivain et réalisateur belge

Entretien

Gaëlle Moury

Il a 52 ans mais ses yeux brillent comme ceux d’un enfant s’épanouissant dans une nouvelle passion. Figure de la littérature flamande (on lui doit notamment Hôtel Problemski et La merditude des choses), Dimitri Verhulst est désormais aussi réalisateur. « J’avais envie de faire quelque chose qui n’existe pas encore », dit-il en parlant de Waarom Wettelen, son premier long-métrage présenté en clôture du Film Fest Gent ce samedi.

Dans un univers joyeusement indéfinissable, quelque part entre le fantastique et le surréalisme, on y suit un cortège funèbre. Car Christine, la défunte, avait une dernière volonté : être enterrée à Wettelen, un village flamand inconnu.

Waarom Wettelen est une histoire que vous vouliez écrire depuis longtemps mais qui ne fonctionnait pas à l’écrit…

Ce n’était pas un roman, je ne comprenais au départ pas pourquoi. Puis j’étais jury dans un festival de film à Vlissingen aux Pays-Bas, spécialisé dans l’adaptation des romans. En discutant avec un réalisateur hollandais, il m’a demandé si je n’avais pas envie d’écrire des scénarios. C’est là qu’est ressortie cette idée que j’avais en tête depuis 15 ans peut-être. J’ai au départ écrit le scénario pour lui et finalement, j’en étais tellement amoureux, je m’en sentais responsable, que j’ai eu envie de le faire moi-même.

Pourquoi le cinéma était-il le bon médium pour la raconter ?

Le silence est quelque chose de très compliqué dans un roman. Le but était vraiment d’avoir du mouvement, de la danse. Et je n’étais pas capable de capter ça dans un roman. C’était vraiment un film pour moi. Je ne pensais pas être capable de faire un film. C’est quelque chose que j’avais mis de côté. Mais quand j’étais au festival de Toronto pour Un ange de Koen Mortier j’ai rencontré un producteur qui m’a poussé à me lancer. Je suis rentré en me disant merde, j’ai le feu vert, je dois faire un film. J’ai paniqué pendant 29 secondes (rire) puis j’ai cherché mon courage. Nous sommes huit ans après les prémisses, le scénario, et le film est fait !

Si vous deviez résumer le cœur du projet, que diriez-vous ?

J’espère que c’est quelque chose qu’on ne peut résumer. Mais si je dois faire un effort, je parlerai de la fierté qu’ont les Belges de la culture surréaliste. Nous parlons de Delvaux, de Magritte, mais le surréalisme n’existe plus en Belgique. C’est le passé. Ça me manquait. Quelque part ça fait partie de notre ADN, de notre culture, de notre nationalité. J’avais envie d’utiliser ce surréalisme – Delvaux parlait de « réalisme poétique », une notion que j’adore. J’avais envie quelque part de réinventer cette spécificité belge.

Comment vous êtes-vous lancé concrètement dans la réalisation ?

J’avais l’avantage que certains de mes livres aient été adaptés au cinéma (La merditude des choses de Felix Van Groeningen, Hôtel Problemski de Manu Riche et Un ange de Koen Mortier, NDLR). J’ai donc vu le cinéma de très près et j’étais déjà quelque part dedans passivement. J’ai « volé avec mes yeux ». Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est de faire Made in Europe, un documentaire pour la télévision hollandaise. Reinier van Brummelen était à la caméra. Il était le directeur de la photographie de Peter Greenaway, donc pas n’importe qui. Il était obsédé par la lumière, le cadrage. On a travaillé pendant un an et demi et c’est lui qui m’a finalement convaincu que faire un film pouvait être mon truc. Ça m’a quelque part donné confiance et poussé à commencer.

Quelles étaient vos références ?

Il y a des milliers de films dans mes références, j’adore le cinéma. Un tableau, un bouquin peuvent aussi m’inspirer. Ou quelqu’un qui attend le tram. C’est ça les arts, il faut absorber la vie. Et j’espère que je ne suis pas un artiste uniquement influencé par les arts. Je veux être influencé par les êtres humains.

Comment avez-vous dirigé vos acteurs ?

Quand j’avais 15 ans, j’adorais le théâtre et ado, j’écrivais des pièces. Je jouais moi-même. Mais je n’avais pas de parents, j’étais dans un orphelinat donc je n’avais pas d’argent, comme mes copains, pour me payer le RITCS (école des Arts dramatiques et techniques, NDLR). Je suis devenu écrivain, ce qui est magnifique. C’est ça l’Europe, nous avons une richesse : que vous soyez riche ou pauvre, vous apprenez à lire et à écrire. C’est unique dans le monde. J’adore la littérature, c’était mon truc parce que purement financièrement, c’était possible de le faire. J’ai mis le cinéma et le théâtre de côté parce que je n’avais pas les diplômes. Et ce qui est fantastique en Belgique, c’est que nous sommes un pays de possibilités. Vous pouvez recommencer une nouvelle carrière à 52 ans.

Réaliser, c’est un rêve d’ado que vous concrétisez aujourd’hui ?

Je ne sais pas. Peut-être. Je suis en guerre avec mes souvenirs et peut-être que j’avais oublié que c’était mon rêve. J’étais heureux dans la littérature. Ce n’est pas du tout quelque chose que je voulais quitter. Mais quel cadeau !

Votre voie aujourd’hui, c’est le cinéma ? Ou est-ce que cette expérience va influencer l’écrivain que vous êtes ?

Pour la première fois de ma vie, je ne suis pas en train d’écrire un bouquin mais je pense à un film. C’est fou. J’ai adoré cette expérience, aussi pour son aspect collectif. Ça fait déjà 25 ans que je publie. Donc il y a 30 ans que je suis tout seul. Parce qu’il faut aimer la solitude pour être écrivain. J’aime ça mais il y a quelque chose qui est en conflit avec mon caractère. Je suis trop sociable pour être écrivain. Et je crois que j’en ai assez de la solitude.

Ça veut dire que vous n’écrirez plus de livres ?

Je ne sais pas. C’est quoi la littérature belge ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Qui lit encore ? De moins en moins de gens. Le dernier prix Nobel de littérature belge (en 1911) était pour Maeterlinck, qui était d’ailleurs Gantois, mais francophone. Nous ne sommes pas embrassés par le monde. Mais les films, si. En 2022, à Cannes, trois des prix principaux étaient décernés à des films belges. A la fois wallon et flamand (Close de Lukas Dhont, Tori et Lokita des frères Dardenne et Le otto montagne de Felix Van Groeningen). C’est énorme. Nous sommes une nation de cinéma. Enfin ce n’est pas pour ça que je quitte la littérature, si je la quitte. Mais quelque part, ça fait du bien. Je me sens déjà bienvenu dans une famille de cinéma, un sentiment que je n’ai jamais connu en littérature. Même si je dois dire que j’ai été très frustré de ne recevoir aucun subside du côté wallon. J’ai vécu douze ans de ma vie en Wallonie. J’ai filmé en Flandre et en Wallonie. C’est un film belge. J’ai toujours été belge dans ma vie. Et ça m’a fait très mal au cœur de recevoir ce rejet. Je n’ai jamais reçu d’explications mais c’est comme ça.

Le Monde
Culture, mercredi 9 octobre 2024 943 mots, p. 26
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12 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Rencontre

« Je ne voulais pas d’un film politiquement correct »

Boris Lojkine souhaite bousculer les codes du cinéma français, dans le récit et dans la méthode de travail

Clarisse Fabre

Ce n’est pas tous les jours qu’un film sur un livreur sans papiers, dont l’acteur principal n’est pas connu, sort sur plus d’une centaine de copies. Mais L’Histoire de Souleymane, troisième long-métrage de Boris Lojkine, distribué par Pyramide, est un peu à part : cette fiction s’apparente à un thriller, en immersion dans l’univers des coursiers à vélo, dont on ignore à peu près tout.

Le réalisateur, agrégé de philosophie, né en 1969, embarque le spectateur au plus près de Souleymane (Abou Sangare), livreur guinéen, au profil complexe. Tout en enchaînant les courses, le jeune homme prépare fébrilement son entretien pour sa demande d’asile : Souleymane essaie de retenir le récit qu’on lui a fabriqué, pour entrer dans les cases de l’administration, mais qui n’est pas le sien. Il redoute le faux pas, en a des sueurs froides…

« Un grand traumatisé »

Le film a reçu le Prix du jury à Un certain regard, à Cannes, et a valu celui du meilleur acteur à Abou Sangare, mécanicien de profession, bluffant de précision et d’émotion. Dans le café d’une gare parisienne, entre deux avant-premières, Boris Lojkine explique ce choix, délicat, d’un personnage de migrant qui ment pour obtenir ses papiers. « Je ne voulais pas d’un film politiquement correct, avec le bon demandeur d’asile. Comme si on n’avait pas le droit d’avoir des personnages avec un peu d’épaisseur, dès lors qu’il s’agit de migrants. Je ne cherche pas à être un porte-parole, je veux surtout raconter les histoires passionnantes de ces gens », explique le réalisateur.

A Cannes, le parcours d’Abou Sangare a ému les festivaliers. Né en 2001, dans le sud-est de la Guinée, il vit à Amiens depuis six ans. Il a quitté son pays pour aider sa mère, malade, laquelle est décédée après son arrivée en France. Il s’est inscrit dans un bac pro mécanicien poids lourds, a essuyé plusieurs refus de titre de séjour.

« Abou est un grand traumatisé », souligne le cinéaste. « Après Cannes, cet été, la préfecture a proposé à Abou de déposer une nouvelle demande. Cette fois, on a bon espoir, sauf contre-ordre de notre nouveau ministre de l’intérieur, ce qui n’est pas exclu », dit le réalisateur, dans une allusion à la déclaration de Bruno Retailleau, « L’immigration n’est pas une chance. » Il ajoute, devant son café allongé : « De toute façon, on ne va pas lâcher. »

Boris Lojkine, jean, polaire et sac à dos, est devenu cinéaste après avoir quitté l’éducation nationale. Il ne se voyait pas passer sa vie en bibliothèque comme ses parents, tous deux universitaires, une mère professeure de littérature anglaise, un père sociologue au CNRS. « Je suis entré à l’Ecole normale supérieure à 19 ans, je pouvais déjà compter mes points de retraite jusqu’à 65 ans… Tout à coup, ça m’a un peu effrayé. »

Il s’était déjà offert un an au Vietnam avant de boucler sa thèse. Il y est retourné pour réaliser ses premiers films, comme Les Ames errantes (2005). L’auteur de Hope(2014), tourné en Afrique du Nord, et de Camille (2019), sur la reporter Camille Lepage (1988-2014), tuée durant la guerre civile centrafricaine (2013-2014), cherche à sortir du pré carré franco-français. « J’aime beaucoup le cinéma extraeuropéen. Avec L’Histoire de Souleymane ,je voulais montrer un homme dans une ville étrangère, hostile. En poussant un peu le trait, est-ce qu’on peut réaliser un film iranien en France, pour montrer le côté oppressant du système, vu du côté de ceux qui ne sont pas européens ? »

Pour ce long-métrage à petit budget (1,3 million d’euros, dit-il), il a souhaité « bousculer un peu »les habitudes de travail. « On a fonctionné en équipe variable, ce qui est la voie de la liberté. On était seulement quatre la première semaine, trois techniciens et moi, et la plupart du temps six ou sept. Cela nous a fait faire des économies. On a pu tourner huit semaines et payer les gens au tarif syndical, alors que les films à petit budget peuvent y déroger. On est aussi monté à cent trente pour la scène dans le centre d’hébergement d’urgence, que l’on a reconstituée avec quatre-vingts figurants. »

« Là où il y a le plus de bordel »

Pour capter le rythme endiablé des livraisons, les scènes ont été tournées à vélo : les deux-roues où se tenaient le caméraman et le preneur de son (que conduisait parfois le cinéaste) collaient à celui d’Abou Sangare, au milieu du trafic parisien. « On n’a pas arrêté la circulation, sauf pour une scène d’accident. Si vous voulez garder la vie de Paris, il faut plonger dedans, donc être très léger. »

Il y a ce moment où Souleymane gravit les marches du métro à toute vitesse. La caméra est collée à ses baskets, rasant le sol. « J’avais prévenu la RATP que nous allions tourner sur le vif. Pour cette scène, on s’est engouffrés à Barbès et on est montés dans une rame. Il faut se mettre là où il y a le plus de bordel. Il faut penser que le bordel est notre aide. Alors, c’est sûr, il y a plein de fois où le son ne passait pas, on était interrompus dans nos prises… Mais c’est ce qui donne ce caractère profondément urbain au film. Pour que celui-ci ne ressemble pas à un film français, justement. »

Le Monde
Culture, samedi 5 octobre 2024 1405 mots, p. 25
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3 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Disparition

Pierre Christin, grand nom de la BD, est mort

Le scénariste à l’œuvre protéiforme est l’auteur d’une centaine d’ouvrages en cinquante ans de carrière

Frédéric Potet

La bande dessinée a longtemps été une affaire de dessinateurs et seulement de dessinateurs. Le métier de scénariste n’existait pas avant que René Goscinny et quelques autres (Jean-Michel Charlier, Jacques Lob, Greg, Yvan Delporte…) ne viennent démontrer, avec succès, que l’écriture graphique pouvait parfaitement se dissocier. « Pur » scénariste, Pierre Christin en fut un, et l’un des plus grands du 9 art. Tant par la profusion de son travail – une centaine d’ouvrages publiés en cinquante ans de carrière – que par la portée de son œuvre d’une modernité sans cesse renouvelée, aux confins de la politique, du social, du fantastique ou encore de l’intimisme. Celui qui fut également romancier, journaliste, enseignant, universitaire et voyageur impénitent est mort jeudi 3 octobre à Paris, à l’âge de 86 ans.

Esprit libre et érudit, Pierre Christin était doté d’une clairvoyance rare qui le vit anticiper, par le biais de la fiction, deux faits majeurs de l’histoire du XXe siècle : la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, dans La Cité des eaux mouvantes(1970), premier volume de la série de science-fiction Valérian, créée avec Jean-Claude Mézières ; et la déliquescence du bloc soviétique, dans Partie de chasse (1983), réalisé avec Enki Bilal. Le classer dans le camp des anticommunistes serait oublier qu’il pourfendit le libéralisme avec autant d’ardeur dans Valérian. Le sous-genre du space opera s’avéra d’ailleurs fort utile au scénariste, permettant d’explorer à travers lui de nombreux sujets en friche, tels que l’écologie ou la mondialisation.

Un périple américain

Né le 27 juillet 1938, à Saint-Mandé (alors dans le département de la Seine), Pierre Christin doit son parcours intellectuel et artistique à l’école publique : « Je suis un rescapé des anciennes filières populaires des cours complémentaires », aimait-il dire. Fils d’un coiffeur et d’une manucure, il rejoint le lycée Turgot à Paris, avant de poursuivre ses études à Sciences Po, puis à la Sorbonne, où il obtient un doctorat de littérature comparée en soutenant une thèse intitulée « Le fait divers, littérature du pauvre ». Avec le piano jazz, la littérature est sa vraie passion. Ses auteurs fétiches s’appellent Alexandre Dumas, Chester Himes, Tom Wolfe, mais aussi Edgar P. Jacobs, le créateur de Blake et Mortimer. Il écrit un peu, « des bouts de roman et des poèmes pour séduire les filles », sans penser que la bande dessinée deviendra son principal terrain d’expression.

Le hasard l’y conduira. Fasciné par les Etats-Unis, le jeune diplômé part sillonner l’Ouest américain en tant que visiting lecturer en 1965, et obtient un poste de professeur de littérature française contemporaine à l’université de Salt Lake City (Utah). Le monde n’étant pas assez vaste pour s’éloigner de ses amis, il retrouve alors fortuitement Jean-Claude Mézières, un copain de sa tendre enfance qu’il connut pendant les bombardements de la seconde guerre mondiale à l’abri d’une cave.

Ancien élève de l’Ecole des arts appliqués ayant publié quelques BD dans les illustrés de la presse catholique (Cœur vaillant, Fripounet…), Mézières n’a, lui, qu’un rêve, à cette époque : devenir cow-boy, activité qu’il pratiquera occasionnellement lors de son périple américain. Fous de cinéma, les deux amis vont réaliser pour une télévision locale un documentaire appelé Ghettosur la ségrégation raciale dont était victime la population noire de la part des mormons.

A l’heure de rentrer en France, Christin convainc Mézières de renouer avec la bande dessinée. Il lui écrit un récit de six planches, Le Rhum du punch, une parodie de la guerre d’indépendance américaine dans l’esprit du magazine d’humour new-yorkais Mad. C’est toutefois en référence à un autre monument de la bande dessinée américaine, la série Peanuts, de Charles Schulz, dont les personnages principaux sont Charlie Brown et son chien, Snoopy, qu’il choisit son pseudonyme : Linus, du nom de ce personnage secondaire qui suce son pouce en câlinant constamment une couverture. A Paris, le rédacteur en chef de Pilote, René Goscinny, a accepté l’histoire courte des deux compères, envoyée par la poste. Une autre suivra bientôt. Puis viendra Valérian, dès 1967.

Choisir la SF pour créer un personnage récurrent de bande dessinée n’est pas innocent. « Nous vivions aux Etats-Unis, dans une période d’exaltation dont on n’a presque plus idée aujourd’hui. C’était la conquête de l’espace, l’explosion des biens de consommation, la révolution musicale et esthétique, les droits civiques… Il y avait un climat d’optimisme tourné vers le futur. En rentrant en France, j’ai eu l’idée, presque un peu naïve, de décliner un grand thème par album. A l’époque, la bande dessinée était un genre souvent réac, très masculin, avec des soldats, des cow-boys, jamais de femmes, bien entendu. Je me disais qu’elle ne parlait pas de sujets contemporains », confiait Pierre Christin au Monde en 2017, au moment de l’adaptation de Valérianau cinéma par Luc Besson (Valérian et la Cité des mille planètes). Plus « space drame social » que « space opera », selon lui, la saga va traiter par métaphore, et « par germination », disait-il, de sujets aussi cruciaux que le pillage de la planète, le rejet des pauvres, les méfaits du colonialisme, la folie de l’impérialisme… Sans oublier la lutte des femmes, à travers le personnage de Laureline, la compagne de Valérian, la forte tête du couple, celle qui pense avant d’agir, et qui agit avec beaucoup plus d’efficacité que son binôme agent spatio-temporel. « Le héros principal deValérian n’est pas forcément celui auquel on pense », s’amusait le scénariste.

Multiples succès

Alors qu’il a décroché un poste d’enseignant en journalisme et communication à l’université de Bordeaux, Pierre Christin va multiplier les collaborations avec les dessinateurs de Pilote : Jacques Tardi, Jean Giraud, Claude Auclair, ou encore Annie Goetzinger, pour qui il écrira plusieurs albums intimistes, ainsi qu’une série, Agence Hardy, dont les héroïnes sont des femmes ayant en commun d’avancer coûte que coûte dans l’adversité et de refuser de se soumettre. Mais c’est surtout avec Enki Bilal que le scénariste va connaître son heure de gloire, à travers une série de récits politiques et géopolitiques qui participeront grandement à l’élargissement du public habituel de la bande dessinée.

Après avoir fait revivre l’époque des Brigades internationale dans Les Phalanges de l’Ordre noir(1979), le tandem se penche sur la déliquescence du système socialiste dans les pays de l’Est, à la demande de Bilal, né en 1951 à Belgrade. Christin va trouver une idée géniale de scénario lors d’un voyage en Hongrie où, discutant avec un dissident dont le frère est garde-chasse, il apprend que les apparatchiks des pays frères se retrouvent régulièrement dans une datcha pour chasser l’ours. Partie de chasse, qui met en scène l’affrontement de deux générations de dirigeants communistes et se termine par le suicide de l’un d’eux, sortira en 1983, six ans avant la chute du mur de Berlin. Le succès éloignera progressivement de l’enseignement celui qui fut le cocréateur de la première école de journalisme publique – l’IUT journalisme de Bordeaux (aujourd’hui Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine) – mais fera de lui un scénariste très demandé.

Pierre Christin n’a cessé, depuis, de multiplier les collaborations avec des auteurs et des autrices toujours plus jeunes que lui : André Juillard, Daniel Ceppi, Jean-Claude Denis, Jacques Ferrandez, François Boucq, Max Cabanes, Philippe Aymond (qui dessinera son autobiographie, Est-Ouest, en 2018, chez Aire libre) ou, plus récemment, la scénariste Loo Hui Phang, avec qui il entama il y a deux ans une collaboration singulière : une histoire en forme de cadavre exquis, racontée oralement à tour de rôle par le biais de messageries téléphoniques.

Atteint d’une rétinopathie consécutive à une greffe du rein – épisode dont il tira un ultime album, sorti en février, Il était une fois la greffe du rein(Editions Caurette), avec le dessinateur Fawzi – Pierre Christin avait peu à peu perdu la vue, ne pouvant plus écrire, ni travailler complètement sur son dernier scénario, qu’il dictait à une assistante. Pour le tenir informé de l’actualité, la chair de son œuvre, sa femme et son fils lui lisaient chaque jour Le Monde.

La Croix, no. 43042
Culture, mercredi 9 octobre 2024 818 mots, p. 16

Abou Sangare, sans-papiers et héros de cinéma

Céline Rouden

Ce jeune Guinéen de 23 ans, primé à Cannes pour son rôle de livreur à vélo dans L’Histoire de Souleymane , est toujours sous le coup d’une obligation de quitter le territoire.

Dans le film, son histoire se mêle intimement à celle de son personnage pour nous faire vivre avec intensité la réalité de l’immigration.

Lorsque Sangare a foulé le tapis rouge du Festival de Cannes, en mai dernier, sa troisième demande de régularisation venait d’être rejetée. Dès lors, le jeune Guinéen de 23 ans se retrouvait, étrange paradoxe, à la fois sous le feu des projecteurs et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Depuis, le préfet de la Somme a accepté le réexamen de sa situation, et Sangare a rendez-vous ce jeudi 10 octobre pour déposer une nouvelle demande. « J’aspire juste à de la stabilité, pouvoir travailler et être libre comme les autres», confie-t-il non sans anxiété.

Depuis son arrivée dans notre pays, en 2018, cet apprenti mécanicien a trouvé à Amiens un port d’attache et un réseau de solidarité qui lui a permis de trouver un logement, d’aller à l’école et d’obtenir une promesse d’embauche dans un garage. « Au pays, j’allais parfois voir des films de karaté, mais ça n’a jamais été mon rêve de devenir acteur. Grâce au cinéma, les gens vont découvrir un peu de ma vie et de mon histoire, et ça, ça va m’aider », dit-il.

Sangare a 16 ans quand il quitte son village pour l’Algérie dans l’espoir de gagner de l’argent pour payer les soins de sa mère, malade. Il passe ensuite en Libye et emprunte avec ses compagnons le chemin de l’exil, qui le mène en Italie puis à Paris, où on lui conseille de se rendre dans une ville plus petite. C’est là, par l’intermédiaire d’une association, qu’il passe un essai pour le film de Boris Lojkine.

Le réalisateur (Hope, Camille) avait déjà auditionné des dizaines de jeunes Guinéens pour interpréter le rôle de Souleymane, un demandeur d’asile qui fait des livraisons à vélo dans Paris, sans parvenir à trouver la bonne personne. « Ce qui m’a convaincu, c’est un silence, explique Boris Lojkine. Il y avait une puissance cinématographique dans son silence. Dès qu’on a commencé à tourner, c’était une évidence à l’image. Il accrochait la caméra et pas seulement parce qu’il est beau. »

Encore faut-il à Sangare surmonter ses réticences liées à sa situation irrégulière et à la peur. « Boris m’a rassuré, et quand j’ai lu le scénario, j’ai eu le sentiment que le film parlait de moi. » S’il n’est ni demandeur d’asile, ni livreur à vélo, il partage avec son personnage beaucoup de points communs : le long périple jusqu’à l’Europe, le besoin d’argent pour vivre, d’un toit pour dormir et la peur quotidienne de l’expulsion. Son histoire personnelle a même inspiré la dernière scène du film – sa convocation à l’Ofpra –, bouleversante, qu’il ne peut revoir sans être submergé par l’émotion.

« C’est quelque chose dont je ne parle pas souvent, ça me fait mal,avoue-t-il . Je suis parti pour ma maman, mais je n’ai rien pu faire avant son décès et je n’ai même pas pu assister à son enterrement. Ça me rend triste et en colère. »

L’entremêlement de la fiction et de la réalité fait partie de la démarche de Boris Lojkine. « Quand on travaille avec des non-professionnels, ce qu’on recherche chez eux, c’est leur proximité avec le rôle. Le scénario s’est enrichi de la personnalité, de la manière d’être de tous ceux qui jouent dans le film et principalement de Sangare. C’est une fiction mais qui a les deux pieds dans le réel. »

Un long métrage politique, convient le cinéaste, mais pas militant. En nous immergeant deux heures durant dans le quotidien d’un sans-papiers, le film cherche avant tout à déplacer le regard. « Je trouvais ça intéressant de s’interroger sur ce qu’on fait de tous ces gens qui n’entrent pas dans les cases et sont arrivés chez nous pour des vraies raisons, souvent dramatiques, mais je voulais le faire sans être dans le discours, juste avec un regard humain. » À voir la longue standing ovation qui a accueilli le film à Cannes, dans la section « Un certain regard », le pari est amplement réussi. Abou Sangare en est resté sans voix. Et, à défaut de papiers, est reparti avec un prix du meilleur acteur.

La Croix, no. 43048
Culture, mercredi 16 octobre 2024 517 mots, p. 17
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15 octobre 2024 - La Croix (site web)

La petite Algérie de Hassan Guerrar

Corinne Renou-Nativel

Nouveau venu derrière la caméra mais pas dans le cinéma, ce Franco-Algérien signe le portrait vibrant d’un quartier et d’une communauté à cheval entre deux pays et deux continents.

Barbès, Little Algérie ee

de Hassan Guerrar

Film français, 1 h 33

Le titre annonce la couleur : exercice rare au cinéma, le film brosse le portrait d’un quartier à cheval entre plusieurs continents. En son cœur, Malek, un célibataire d’une quarantaine d’années, nouveau venu à Barbès. Cet informaticien devait ouvrir une boutique à Paris, mais la pandémie a contrecarré ses plans. Il retrouve dans ces rues du 18e arrondissement parisien des Algériens qu’il a connus dans son enfance. À ceux qui lui demandent des nouvelles de la famille, il oppose un visage fermé.

Malek ne tarde pas à rencontrer les figures emblématiques du quartier avec qui il va se lier, comme Hadria, femme à poigne qui tient un bar-tabac avec son mari, Majid, dit « Préfecture », pourvoyeur de permis de conduire et cartes d’identité, ainsi que Laure, qui organise des distributions aux plus démunis à l’église Saint-Bernard avec des bénévoles que rejoint Malek. Lorsque débarque Riyad, le fils de son frère avec lequel il a coupé les ponts, Malek l’accueille fraîchement : il veut tirer un trait sur sa vie d’avant et oublier les siens. Mais ce neveu n’a pas de toit et le confinement l’oblige à rester en France.

C’est la vibration de Barbès que capte dès les premières images Hassan Guerrar. Attaché de presse pendant près de quarante ans, c’est-à-dire courroie de transmission entre les journalistes et les films, il passe pour la première fois derrière la caméra à 57 ans avec un sujet qu’il connaît de près. Franco-Algérien, il vit à Barbès, qu’il dépeint dans une photographie solaire et avec une belle humanité : le bagou impressionnant des vendeurs à la sauvette qui promettent tout, des cigarettes aux hélicoptères, la dimension de village d’un quartier où tout le monde se connaît, s’interpelle en français, en arabe et autres langues, la cohabitation des cultures et des religions. Confinement ou pas, on se porte des plats comme d’autres se disent « bonjour », et la solidarité n’est pas un vain mot.

Ode tendre au métissage, Barbès, Little Algérie évite les écueils de la folklorisation et de l’angélisme. Ici habitent des femmes et des hommes venus du monde entier qui parfois ont connu la guerre et d’autres drames. La violence peut exploser sur une blague ou un regard de travers. Il faut alors la poigne de Hadria pour séparer les antagonistes du moment. Hassan Guerrar multiplie les personnages et les sous-intrigues sans perdre le fil de son récit qu’incarne Malek. Par sa relation avec Riyad, la chronique souriante prendra un tour plus sombre. Habitué à côtoyer les acteurs, le réalisateur a réuni un excellent casting avec en tête Sofiane Zermani (Malek), qui allie puissance et intériorité.

Le Figaro, no. 24933
Le Figaro et vous, mardi 22 octobre 2024 1235 mots, p. 33

Culture

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21 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

L'ARTE POVERA, NOUVEAU CONTINENT DE L'ART À LA BOURSE DE COMMERCE

PARIS ACCUEILLE CETTE CONSTELLATION D'ARTISTES ITALIENS QUI ONT RÉINTERPRÉTÉ LE MONDE DÉVASTÉ DE L'APRÈS-GUERRE ET INVESTI LES LIEUX DÉDAIGNÉS PAR TOUS AVEC DES MOYENS HUMBLES VOLÉS À LA NATURE ET À L'INDUSTRIE.

Duponchelle, Valérie

L'Arte povera, cette révolutionnaire qui crache du feu avec Jannis Kounellis et plie la lumière dans ses néons avec Mario Merz, qui recouvre de givre les matelas des rêves avec Pier Paolo Calzolari, qui se joue de l'arc électrique avec Gilberto Zorio et qui tricote des chaussons de fée en fil de cuivre avec Marisa Merz, est aujourd'hui un trésor muséal. Quelque soixante ans ont rétrospectivement transformé cette sauvage en savante matière d'études et de références.

La voici expliquée à tous, grâce à une exposition événement à la Bourse de Commerce qui fait courir le petit monde de l'art, aguerri à son discours cérébral du vide et à ses formes décapantes depuis l'exposition mythique « When attitudes become form » du grand critique suisse Harald Szeemann à la Kunsthalle de Berne en 1969. Après deux ans de gestation, elle entend aussi toucher au coeur le grand public, peut-être plus sensible à sa teneur symbolique à l'heure des crises et de la recherche d'autre chose. Harald Szeemann, mentor absolu de l'art contemporain, disait : «Il faut de l'espace pour faire de l'art.»

L'Arte povera est chère à François Pinault qui, depuis 2006 et l'ouverture du Palazzo Grassi à Venise, voulait en témoigner à grande échelle. Sous la baguette de sa directrice, Emma Lavigne, la Collection Pinault, riche de plus de cent pièces historiques de l'Arte povera, en expose ici cinquante majeures qui bluffent plus d'un connaisseur, de la galeriste entre Paris et Berlin Samia Saouma, à l'artiste coréen Lee Ufan qui a bien connu et aimé nombre de ces artistes. C'est avec un respect flagrant que la Bourse de Commerce délimite en 250 oeuvres ce nouveau continent de l'art aux effets désarmants, aux constructions désossées, aux messages cosmiques, dissonants ou poétiques. L'arbre de bronze de Giuseppe Penone, avec ses pierres massives qui reposent comme des nuages sur les hautes branches, en est l'étendard devant le bâtiment parisien de François Pinault, fusionnant comme par magie nature et culture.

Comment fait-on renaître la jeunesse d'une époque, son besoin viscéral de s'exprimer dans l'Italie meurtrie de l'après-guerre, par un nouveau langage qui n'appartient qu'à elle et qui défie autant l'histoire que les conventions de l'art ? Comment conserver sa force première aux éléments, le feu, le froid, le vent, la lumière, l'énergie, le vide de l'espace et l'éclair de la foudre, dans l'espace clos et réglementé d'une salle d'exposition impeccable, plutôt associée à l'idée du luxe ? Comment restituer l'étincelle du vivant et le mystère de la nature qu'a voulu capturer cette génération d'artistes italiens dont les idées respirent la philosophie et la recherche de sens ? C'est presque la quadrature du cercle à laquelle s'est trouvée confrontée la commissaire de cette énorme leçon de choses, Carolyn Christov-Bakargiev, cerveau de Documenta (13) à Cassel en 2012 et qui fut longtemps la directrice du Castello di Rivoli, le musée d'art contemporain de Turin où l'Arte povera a pris racine.

Critique métaphorique

Le terme Arte povera a été inventé par le critique d'art et commissaire génois Germano Celant (1940-2020) fin septembre 1967 pour désigner un groupe d'artistes aux préoccupations convergentes, exposés ensemble dans une toute jeune galerie de Gênes, La Bertesca, fondée par deux jeunes gens de 25 ans. «Que se passe-t-il? La banalité entre dans le domaine de l'art. L'insignifiant se met à exister, il s'impose. La présence physique, le comportement, dans leur être, leur existence, sont de l'art (...) Le cinéma, le théâtre et les arts plastiques s'affirment en tant qu'anti-faux semblants», écrit alors Germano Celant qui partageait la jeunesse des artistes et leur goût pour l'intellectuel. Alighiero Boetti, Luciano Fabro, Jannis Kounellis, Giulio Paolini, Pino Pascali et Emilio Prini... C'est alors une génération spontanée dont les membres sont désormais de grands noms de l'art « postwar » que saluent les rétrospectives successives, de Giovanni Anselmo au Guggenheim de Bilbao à Giulio Paolini et son hommage à Ingres à la Fondation Prada de Milan, et sur lequel mise le marché de l'art, comme Art Basel Paris au Grand Palais, la semaine dernière.

L'Italie des années 1960 plonge les artistes comme les cinéastes dans l'âcre réalité de la destruction. Après le néoréaliste Accattone (1961), le marxiste Pier Paolo Pasolini écrit pendant l'été 1966 le scénario de Théorème(sorti en 1968). Dans cette critique métaphorique des valeurs de la bourgeoisie italienne, la servante illuminée devient sainte en mangeant une bouillie d'orties et en laissant la terre noire recouvrir ses larmes d'expiation. La terre, là encore. Dans l'art comme au cinéma, l'idée est de «se sentir vivant dans le vivant».

Tubes de construction, tas de charbon, conteneur en fer, jeux de lumières et de bruits, eau, terre, animaux vivants, voire chevaux sauvages, «l'Arte povera exprime un état d'esprit partagé autour du fait qu'une oeuvre d'art peut appréhender le réel en l'appauvrissant, qu'elle peut comprendre le monde en réduisant à l'essentiel l'expérience que nous en avons», analyse Carolyn Christov-Bakargiev, qui a composé son hommage à l'Arte povera en treize chapitres très didactiques. Chaque artiste y recrée son monde, des igloos fragiles et des envolées mathématiques de Mario Merz aux jeunes arbres, mis à nu dans de vieux troncs, et à l'oeil immense, dessiné en épines d'acacia, par Giuseppe Penone.

«L'Italie, très rurale, voit survenir une rapide urbanisation et l'industrialisation, comme Fiat à Turin. Après guerre, la Méditerranée est une sorte de « Global South ». Au nord, Turin, Fiat et Fontana comme père spirituel. À Rome, Cinecittà, Alberto Burri et la matière» ,explique cette Italo-Américaine . «Les artistes de l'Arte Povera ne sont pas marxistes, ils se rapprochent des artistes conceptuels de l'Art andLanguage, une veine plutôt anarchiste. Ce groupe ne s'est jamais opposé aux mouvements novateurs du passé, comme les avant-gardes du XXesiècle. Il fait référence aux oeuvres antérieures de Masaccio ou du Caravage , comme Kounellis aux icônes byzantines et àMalevitchqui essaie de sortir du tableau... Mais aussi à saint François qui parle aux oiseaux. Les artistes de l'Arte povera investissent les plafonds, les escaliers, leurs oeuvres sont souvent « site specific » , elles utilisent même la salle des machines, car c'est la seule place qui leur est laissée par les artistes établis. Tout est parti d'une question logistique. Ce qui a déterminé les matériaux utilisés. C'est aussi une question de technique, la pauvreté de l'artisanat par opposition aux Beaux-Arts.»À la Bourse de Commerce, Gilberto Zorio, 80 ans, retrouve le sous-sol des machines.

L'Arte povera, c'est désormais un mythe du XXe siècle et, comme tous les mythes, il a ses grands personnages. Sur les treize artistes présentés à la Bourse de Commerce et qui sont réunis en un pêle-mêle étrange d'oeuvres au coeur de la Rotonde, seuls cinq sont toujours là pour témoigner de cette génération rebelle, de son esprit tourné vers le cosmos et de son feu sacré. Chacun a sa manière est un phénomène. Leur doyen, Michelangelo Pistoletto, le natif de Biella où il a créé sa Cittadelarte didactique et citoyenne, est un athlète de 91 ans, toujours d'attaque pour reproduire une de ses performances, brisant à coups de maillet ses tableaux-miroirs, à la Galleria Continua du Marais. Le feu sacré, toujours.

« Arte povera» à la Bourse de Commerce (Paris1er), jusqu'au 20janvier 2025. Catalogue Pinault Collection, Dilecta, 352p., 49 euros.

Le Monde
Culture, mercredi 2 octobre 2024 698 mots, p. 22

Reprise

« Bona » ou les infortunes d’une groupie aux Philippines

Le film de Lino Brocka était invisible depuis quarante ans

Mathieu Macheret

L’un des chantiers les plus enthousiasmants des circuits de répertoire est le retour en salle de l’œuvre de Lino Brocka (1939-1991), légende du cinéma philippin, par l’entremise du distributeur Carlotta, qui distille, au rythme des restaurations, des films dont on mesure toujours plus l’importance. Reçu à Cannes dès 1976 avec Insiang, Brocka a tourné, dans une économie de guérilla et à un train d’enfer, jusqu’à plusieurs films par an entre les années 1970 et 1990, dont une infime proportion nous est parvenue, et dont beaucoup sont réputés perdus.

Sorte de Fassbinder philippin, foudroyé prématurément à l’âge de 52 ans, il a infiltré les grands genres populaires, notamment le mélodrame (Manille , 1975), pour y faire apparaître de profonds clivages sociaux et les conditions de vie réelles du peuple, à un moment où la dictature (1972-1986) de Ferdinand Marcos pesait sur le pays.

Bona (1980) est, à son tour, un film miraculé, resté invisible depuis son passage à la Quinzaine des réalisateurs, en 1981, dont les négatifs originaux ont été retrouvés grâce aux indications laissées avant sa mort par Pierre Rissient (1936-2018), grand cinéphile, importateur des cinémas d’Asie. En guise de titre, il arbore le prénom de son héroïne, une lycéenne de la classe moyenne manillaise, interprétée par Nora Aunor, superstar de la chanson alors adulée des Philippins, et également productrice du film. On la découvre dès les premières images au milieu d’une procession religieuse, où Brocka semble l’avoir lâchée incognito, comme une passante parmi d’autres (et ce non sans ironie).

Asservissement volontaire

Bona sèche les cours et se faufile sur les plateaux pour admirer son idole Gardo, acteur de seconde zone. Elle décide de tout quitter (sa belle maison, son train de vie aisé, son éducation, sa famille) pour s’installer chez lui, dans une cahute misérable au milieu d’un bidonville. Elle devient alors sa servante, accomplissant ses tâches ménagères, subvenant à ses besoins, sans la moindre marque de considération en retour. Le jeune coq ne lui épargne aucune de ses frasques, comme rentrer ivre mort ou au bras d’une nouvelle cocotte avec qui passer la nuit.

Bona traite du phénomène des alalay, ces groupies occupant auprès d’une star un rôle flou entre assistanat et exploitation. A travers cela, Brocka vise, plus largement, le « fanatisme », ce comportement induit par la société du spectacle, qui recouvre une forme perverse d’asservissement volontaire. La force du film est de ne jamais chercher à justifier ou à trouver d’explication au choix de Bona. Le spectateur n’aura qu’à le contempler dans toute son opacité, et jusque dans ses dernières conséquences, terrifiantes, libératoires.

Une béance se creuse, toutefois, entre le fantasme de la jeune fille et la sordide réalité de l’être sur lequel il se projette : ce Gardo de pacotille, alternativement médiocre, indifférent et geignard. Béance où se loge le regard politique du film, qui encadre le drame de Bona entre deux sphères voisines : d’une part la religion (la procession inaugurale), de l’autre le cinéma (les plateaux qu’écume Gardo), deux opiums du peuple qui engagent les mêmes mécanismes de transfert passionnels, produisent une même fausse conscience.

La beauté du film, en revanche, tient à sa nervosité. Lino Brocka enchaîne énergiquement les causes aux conséquences, affronte les situations. Le parcours de Bona s’inscrit in situ, dans les rues mêmes de Manille qui s’ouvrent comme un studio à ciel ouvert. Ainsi les scènes dans le bidonville s’avèrent-elles les plus saisissantes par leur acuité documentaire. En plus du récit, la caméra rencontre la précarité de l’habitat, l’insalubrité des conditions de vie, mais aussi tout un tissu de relations humaines. Au milieu de tout cela, Brocka s’attarde parfois sur le visage muet de son héroïne, où l’on ne sait s’il faut déchiffrer la passion fervente ou la douleur rentrée. Ce visage est une Cocotte-Minute : quelque chose couve, bouillonne en dessous, qui ne va pas tarder à exploser.

Le Figaro, no. 24937
Le Figaro et vous, samedi 26 octobre 2024 931 mots, p. 34

Culture

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25 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

LE QUAI BRANLY HANTÉ PAR LES ZOMBIES

À PARIS, LE MUSÉE ETHNOGRAPHIQUE FAIT LA LUMIÈRE SUR CE PHÉNOMÈNE VAUDOU QUI INSPIRE TANT LE CINÉMA, LES SÉRIES ET LES JEUX VIDÉO.

Oubliez tout de suite ce que vous croyez savoir sur les zombies, les séries The Walking Dead ,Kingdom et autresZ Nation , les filmsWorld War Z ,L'Armée des morts ,Dernier train pour Busan ou les jeux vidéo tels Resident Evil ou The Last of Us.» Au Musée du quai Branly, Philippe Charlier est le commissaire principal de l'exposition « Zombis. La mort n'est pas une fin ? ». Directeur du laboratoire anthropologie, archéologie, biologie à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yveline Paris-Saclay, spécialiste très médiatique en enquêtes médicolégales, il sait de quoi il parle.

La réalité du terrain anthropologique, il connaît. «Pour comprendre le phénomène des non-morts ou des morts qui ne se tiennent pas tranquilles, à Port-au-Prince j'ai moi-même expérimenté le processus de zombification. J'ai délibérément ingéré une potion secrète à base de jus de vipère, bave de crapaud et une autre drogue extraite du poisson-globe, la tétrodotoxine (TTX). Elle m'a paralysé tout en me maintenant conscient et les yeux grands ouverts pendant plus d'une heure. Des officiants m'avaient placé dans un cercueil doté d'une petite vitre. J'ai été enterré. Lorsqu'on m'a ressorti j'avais l'impression que le rituel avait duré dix fois plus longtemps. J'étais averti de ce que j'allais vivre. Mais imaginez ceux qui sont empoisonnés à leur insu, la panique qu'ils doivent éprouver et le traumatisme subséquent.» En Haïti, ajoute-t-il, le sujet est maintenu dans un état d'hébétude en le privant de sel et par l'ingestion régulière de calmants. Le sorcier devient alors maître. Il tient sa victime sous emprise, en fait un esclave.

Historiquement Haïti s'est trouvé au carrefour de plusieurs influences. Les esclaves baignaient dans les religions de l'Afrique subsaharienne, mais on les convertissait au catholicisme romain durant leur déportation transatlantique. Puis, à l'arrivée, ils entraient en contact avec les traditions et savoirs locaux des Taïnos, Arawaks et Caraïbes précolombiens. Cela a donné le vaudou. Ce syncrétisme se remarque par la présence dans les vitrines de croix parmi les fétiches à clous ou les poupées en tissu plantées d'aiguilles et d'éclats de miroir.

Un temple vaudou grandeur nature, avec tous ses accessoires, a été installé en début du parcours. Ensuite on croisera un sanctuaire rempli de « wangas » (statuettes), d'ex-voto et de bougies et, plus loin encore, quelques tombes d'un petit cimetière, là aussi couvertes d'offrandes énigmatiques : cartes à jouer déchirées, bouteilles d'alcool fort, chaises accrochées à un arbre afin que les esprits s'y assoient et se tiennent sages.

Au sol du temple, tracé dans le sable par un ethnologue haïtien également membre d'une confrérie, on remarque d'étranges motifs. Ce sont les « vévés » de tradition taïnos. Ils servent à appeler les « loas » , les divinités. Les Églises secrètes telle celle des Bizangos arbitrent avec ces forces surnaturelles les conflits et, au besoin, condamnent.

Ces Bizangos ont une allure carnavalesque avec leurs costumes, ici accrochés en ligne. Les robes à froufrou très colorées contrastent avec le noir et violet d'un frac. C'est celui de Baron Samedi. Non loin on découvre l'épouse de ce sorcier dans une sculpture en fer repoussé. Elle s'appelle la Grande Brigitte, ce qui est sans rapport aucun avec la première dame de France.

Au vu du nombre important de fioles de drogues dans les présentoirs, on comprend que les formes de zombification sont multiples. Philippe Charlier les a catégorisées. Il y a d'abord le zombie criminel : quelqu'un, un mari, une belle-mère, qui va payer un sorcier pour jeter un sort, empoisonner un ennemi. Il y a aussi le zombie psychiatrique, quelqu'un qui est fou tout simplement, et qui pense être revenu d'entre les morts. Enfin il y a le zombie social. À la suite d'un des tremblements de terre fort meurtriers dans les Caraïbes, il y a des disparus. Un individu va en remplacer un au sein d'une de ces familles pauvres et en manque de bras. C'est donc une usurpation d'identité, mais par entente tacite.

Actuellement, il y aurait ainsi autour de 50 000 personnes zombifiées en Haïti. Cette pratique était monnaie courante du temps de la dictature des Duvalier. On en découvre des exemples dans l'exposition, via des photos contemporaines. Certains de ces pauvres ères en guenilles ont été terrorisés par l'armée parallèle des tontons macoutes de sombre réputation. La population les tenait pour à peine humains.

Mais que les amateurs de fiction se rassurent. Le parcours, comme pour les expositions précédentes sur les fantômes d'Asie ou les arts martiaux, se clôt sur la fortune critique du mythe. Le thème du zombie a nourri le cinéma, du White Zombie (1932), de Victor Halperin avec Bela Lugosi, ou IWalked with a Zombie (1943), de Jacques Tourneur, tous deux tournés à Haïti, au gore hollywoodien et mondialisé tel La Nuit des morts-vivants(1955), de George Romero. Aux murs, affiches et photos de tournage sont irrésistiblement drôles. Mais on rit parfois jaune, surtout quand pointe la figure du zombie anthropophage ou vampire. Un être très actif depuis L'Emprise des ténèbres (1988), de Wes Craven, ou Zombi Child (2019), de Bertrand Bonello. Lui est toujours contagieux. Pop culture, quand tu nous tiens...

« Zombis. La mort n'est pas une fin ? » , au Musée du quai Branly-Jacques Chirac (Paris 7e), jusqu'au 16 février 2025. Catalogue Gallimard, 216 p., 36 euros. Philippe Charlier est également l'auteur de Zombis. Enquête sur les morts-vivants, Tallandier, 2015. Tél. : 01 56 61 70 00. www.quaibranly.fr

France Bleu (site web réf.) - France Bleu
17 octobre 2024 221 mots
Découvrez Le Lac des Cygnes au cinéma avec Pathé Live.

Quelle petite fille n'a pas rêvé de devenir petit rat de l'Opéra National de Paris et se produire sur la scène du Palais Garnier ? Le Lac des Cygnes Premier... Voir l'article

Le Monde
Culture, mardi 8 octobre 2024 1200 mots, p. 24
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4 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Opéra

Jonas Kaufmann célèbre Puccini avec six divas

Le ténor propose, dans l’album « Puccini : Love Affairs », des duos pour le centenaire de la mort du compositeur

Marie-Aude Roux

Jonas Kaufmann s’est entouré d’un aréopage de six divas pour célébrer le centenaire de la mort de Giacomo Puccini (1858-1924) et édifier le programme de Puccini : Love Affairs, le nouveau disque de duos d’amour qu’il consacre au compositeur italien, disparu le 29 novembre 1924, à Bruxelles. En 2015, un premier récital intitulé Nessun dorma.The Puccini Album, allusion à l’air le plus populaire de Turandot, avait été couronné d’un énorme succès public ainsi que du prix Puccini de la Fondazione Festival Pucciniano.

Entre-temps, le tenorissimo austro-allemand a expérimenté au disque et sur la plupart des scènes lyriques les grands rôles pucciniens. Du peintre antifasciste Mario Cavaradossi (Tosca) au naïf chevalier Des Grieux (Manon Lescaut), du poète parisien Rodolfo (La Bohème) au prince tartare Calaf (Turandot), de l’officier de marine américain Pinkerton (Madame Butterfly) au bandit au grand cœur Dick Johnson, dans La fanciulla del West.

« Puccini est probablement l’un des compositeurs que j’ai le plus chantés, confie le musicien. Il est donc l’un de mes compagnons de route. Comme dans toute relation à long terme, l’expérience et la maturité induisent un processus de développement dans lequel les partenaires, chefs d’orchestre et metteurs en scène avec lesquels vous travaillez jouent un rôle majeur. Il n’est en effet que de comparer les différentes versions des mêmes airs sur dix ans pour s’en convaincre », assure celui qui « essaie de recréer l’œuvre chaque soir », fidèle en cela «au credo de Giorgio Strehler ».

Jonas Kaufmann n’a jamais caché sa passion pour le compositeur italien, découvert alors qu’il était encore enfant et vivait déjà le dimanche après-midi au Théâtre national de Munich, sa ville natale, des émotions de mélomane. Il se souvient notamment d’une représentation de Madame Butterfly. « J’avais 6 ou 7 ans, j’étais à côté de ma grande sœur au premier rang, juste derrière le chef d’orchestre, raconte-t-il. Tout était beau et excitant. La grandeur de la salle, les sièges en velours rouge, les décors, les costumes, la musique et puis les applaudissements. Et, soudain, la femme qui venait de se poignarder se tenait devant le rideau, vivante ! Je n’arrivais pas à comprendre. Pour moi, l’opéra était si vrai, si authentique et si sérieux. Je crois que, dans une certaine mesure, ce que j’ai ressenti à l’époque ne m’a jamais quitté. »

Les grands opéras italiens sont arrivés dans la carrière de Jonas Kaufmann dans la foulée des rôles phares du répertoire français et germanique. On a parfois reproché à Kaufmann son manque d’ « italianité ». Mais les qualités vocales du ténor, acteur jusque dans le son, son art magnifique de la ligne, sa puissance de projection, l’émouvant sfumato voilant subtilement son timbre et surtout ce sens poétique dans la coloration des mots, ont su imposer un lyrisme total, des pianissimos filés jusqu’à l’explosion d’aigus éclatants.

« Chanter Puccini est un défi particulier, explique-t-il, principalement en raison du flot d’émotions sauvages qui provient de l’orchestre. On se sent parfois si petit face à ces énormes vagues sonores que la priorité est de garder la tête hors de l’eau. Peu à peu, avec l’expérience, on parvient à surfer dessus et à façonner librement la trajectoire du personnage qu’on incarne. C’est alors une joie intense de chanter Puccini. »

Le ténor ne se lasse pas d’encenser l’écriture puccinienne et cette incroyable propension qu’elle a à « décrire » l’émotion la plus souterraine et à disséquer les mouvements de l’âme, abandonnant, contrairement à Verdi, toute idéalisation de l’amour. Créatrice d’images, cette musique est pour lui prémonitoire des futures bandes-son du cinéma. « Dans certains films d’action, je me dis : “Attendez, le compositeur s’est inspiré de Puccini !”, s’écrie-t-il. La plupart du temps, il s’agit de thèmes qui me rappellent le deuxième acte de Tosca , qui est vraiment un modèle parfait pour les compositeurs de musique de film. Parce que ce qui se passe dans l’orchestre est tellement bouleversant que, même moi, qui ai entendu et chanté l’œuvre si souvent, je suis emporté chaque fois. »

« De purs psychodrames »

S’il n’a évidemment pas connu les débuts du cinéma parlant, Puccini a en revanche bénéficié de la naissance de l’industrie discographique et du 78-tours, dont il est « la première star », s’exclame Jonas Kaufmann, enthousiaste. « Grâce aux disques, il est devenu le compositeur le plus populaire de son époque, plus encore que Verdi. » A la base de ce succès, le ténor le plus célèbre de son époque, Enrico Caruso (1873-1921). « Les enregistrements ont fait de Puccini et de Caruso des pop stars », souligne le chanteur.

Jonas Kaufmann aurait pu se contenter d’un album en solo, mais il a préféré les duos d’amour, qui illustrent ce qu’il y a de plus populaire, charnel et passionné dans l’opéra. Le choix de six partenaires met en lumière un impératif, celui de cartographier la manière singulière et approfondie dont Puccini a dépeint les rapports amoureux. Si Anna Netrebko, Maria Agresta et Sonya Yoncheva se distinguent respectivement dans les rôles-titres de Manon Lescaut, Madame Butterfly et Tosca ; Malin Byström chante Minnie dans La fanciulla del West ; Asmik Grigorian, Giorgetta dans Il tabarro et Pretty Yende, Mimi dans La Bohème, une première, elle est la seule à n’avoir jamais partagé la scène avec Jonas Kaufmann.

« Comme aucun autre compositeur avant lui, Puccini dépeint les relations entre hommes et femmes dans toute leur complexité, renchérit le chanteur. Les exigences musicales et dramatiques qu’il impose à ses chanteuses couvrent un spectre très large, de la naïveté et de l’innocence à la soumission et à la domination, en passant par la jalousie et la haine. Et il le traduit d’une manière si incroyablement humaine que ces scènes ressemblent à de purs psychodrames. » Une individualisation garante de l’absence de frustration pour le sextuor de charme qui a répondu à l’invitation du ténor : « Je suis heureux d’avoir pu réunir un casting d’une telle beauté. De leur côté, elles ont toutes été ravies de faire partie du projet », se réjouit-il.

A 55 ans, la voix a naturellement évolué. Le bronze s’est patiné et assombri, les aigus semblent parfois s’épanouir avec moins d’éclat – encore que –, mais le charisme, la force de conviction et la puissance d’incarnation sont intacts. Comme en témoignent les deux seuls airs solistes de l’album, mimétiques du tragique puccinien, de la promesse amoureuse (Che gelida manina de La Bohème) à l’adieu au monde (E lucevan le stelle de Tosca).

Disque  Puccini : Love Affairs, avec Jonas Kaufmann, Anna Netrebko, Asmik Grigorian, Malin Byström, Maria Agresta, Pretty Yende, Sonya Yoncheva, Filarmonica del Teatro Comunale di Bologna, Asher Fisch (direction), Sony Classical.

Récital  Viva Puccini !, avec Jonas Kaufmann (ténor), Valeria Sepe (soprano), Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz, Jochen Rieder (direction). Le 9 octobre à 20 heures.Théâtre du Châtelet, Paris 1er.De 15 € à 195 €.

Le Monde
Culture, mercredi 23 octobre 2024 547 mots, p. 25
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26 octobre 2024 - Le Monde (site web)

La délicate conception d’un documentaire autour d’un lourd secret familial

Cl. F.

Fabriquer un documentaire en famille n’est pas une mince affaire, dit en souriant Claudia Marschal, réalisatrice de La Déposition, rencontrée dans un café parisien. « D’un côté, on gagne du temps, car on a déjà la confiance des personnages. Mais, de l’autre, les proches peuvent être bavards, et il faut savoir couper. Car on fait du cinéma », résume la quadragénaire, formée au documentaire de création, à Lussas, en Ardèche. Justement, c’est l’audace formelle de La Déposition, présenté cet été au Festival de Locarno (Suisse), pour la Semaine de la critique, qui rend ce film passionnant.

Millimétré, le dispositif met au centre le dépôt de plainte d’Emmanuel Siess, cousin de la réalisatrice, le 2 décembre 2021, à la gendarmerie pour des faits d’abus sexuels remontant à l’été 1993. Emmanuel avait 13 ans : devant l’adjudant, il dit avoir été victime d’attouchements de la part du curé Hubert (le nom du prêtre n’est pas cité dans le film), lequel officiait dans le village alsacien où l’adolescent vivait avec sa famille. L’enquête a été classée pour prescription.

« Une alliée de taille »

Au départ, Claudia Marschal avait prévu de faire un film sur l’importance de la foi, chez son cousin. « Enfant, je voyais Emmanuel à Noël ou l’été. On est devenus proches. Il adorait aller à l’église, être servant de messe, il parlait de devenir prêtre… »Elle ajoute : « A 17 ans, Emmanuel m’a raconté l’agression du prêtre, mais on n’en a rien fait. Le passé a ressurgi ces dernières années, et la narration du film s’est concentrée sur ce lourd secret. »

A la gendarmerie, Emmanuel a enregistré l’entretien à l’insu de l’adjudant, puis a envoyé l’audio à sa cousine. Laquelle a écarquillé les yeux. « On a écouté la déposition avec l’équipe du film, et il était évident que ce matériau était central. De plus, techniquement, le son était correct. Mais encore fallait-il obtenir les autorisations », explique-t-elle. Claudia Marschal a trouvé une « alliée de taille »en la personne de la procureure de Mulhouse (Haut-Rhin), Edwige Roux-Morizot : « Il s’avère que l’adjudant est exemplaire. La procureure a trouvé que cette déposition pouvait être montrée en exemple dans les écoles de magistrature. »

La réalisatrice a reçu une autre surprise de la part de son cousin : un enregistrement de son rendez-vous, à l’automne 2021, avec Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg (de 2017 à 2023). « Luc Ravel et son assistante soutiennent à fond le film, ils sont venus à Paris et ont vu deux montages. »

Aux dernières nouvelles, nous dit-elle, les esprits sont encore échauffés : « Lors de l’avant-première, vendredi 18 octobre, au cinéma Bel Air, à Mulhouse[à une quarantaine de kilomètres du village d’Emmanuel] , la salle était comble et des spectatrices sont venues défendre le prêtre. D’autres spectateurs, plus jeunes, se sont montrés véhéments envers le père d’Emmanuel. Ils ne voulaient pas entendre le discours selon lequel, à l’époque, on ne parlait pas de ces choses-là. » Emmanuel, lui, est apaisé. « Tu as bien trouvé le titre du film, a-t-il dit à sa cousine , j’ai pu enfin déposer ce qui me pesait. »

La Croix, no. 43054
Culture, mercredi 23 octobre 2024 110 mots, p. 15

Cinéma Mort de l’actrice Christine Boisson

L’actrice qui avait débuté à l’âge de 17 ans dans Emmanuelle de Just Jaeckin avant de devenir une égérie du cinéma d’auteur, est morte lundi 21 octobre à 68 ans à Paris d’une maladie pulmonaire. Formée au conservatoire, Christine Boisson a tourné dans une cinquantaine de films sous la direction notamment d’Alain Robbe-Grillet, Claude Lelouch, Olivier Assayas ou Lætitia Masson et plus récemment avec Maïwenn dans Le Bal des actrices. En 2010, l’actrice qui avait révélé avoir été victime d’inceste maternel dans la presse, avait tenté de se défenestrer. Depuis, elle n’avait quasiment plus travaillé.

Le Figaro, no. 24919
Le Figaro et vous, samedi 5 octobre 2024 884 mots, p. 27

Culture

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4 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

UN BRONZÉ POUR L'ÉTERNITÉ

Sorin, Etienne

Sur un malentendu, ça a fait plus que marcher. Les Bronzés font du ski appartient à la catégorie très fermée des comédies cultes. Pas un hiver ne passe sans qu'une chaîne de télévision ne le diffuse et ne batte des records d'audience. Michel Blanc avait réussi à faire oublier Jean-Claude Dusse, au fil d'une carrière longue et riche, parvenant à jouer des rôles sombres et ambigus (Tenue de soirée, Monsieur Hire, L'Exercice de l'État). Il n'empêche. Son personnage de dragueur lourd en doudoune qui prend veste sur veste est l'un des plus populaires du cinéma français. « Je sens que ce soir, je vais conclure » , la réplique se transmet de génération en génération. Pourtant, le 21 novembre 1979, quand Jean-Claude Dusse, Popeye, Gigi et leurs amis dévalent pour la première fois les pistes sur grand écran, rien ne laisse présager une telle avalanche de succès.

Les Bronzés, parodie des clubs de vacances sortie un an plus tôt, engrange 2,3 millions d'entrées. Un bon score mais pas un carton pour l'époque. Michel Blanc fait déjà sensation en sortant de l'eau à poil, victime d'une mauvaise blague, une poignée d'algues en guise de cache-sexe. C'est le producteur Yves Rousset-Rouard, oncle de Christian Clavier, qui persuade la troupe du Splendid et le réalisateur Patrice Leconte d'écrire et de tourner un deuxième film dans la foulée. « Le producteur sentait queLes Bronzés serait un bon succès, et nous avait déjà dit avant que le film sorte qu'on allait faire un numéro 2 (...). Nous, on n'était pas sûrs, puis on s'est laissés convaincre » ,raconte Patrice Leconte à l'AFP à l'occasion du quarantième anniversaire du film. Leconte n'avait signé alors qu'un seul long-métrage, Les Vécés étaient fermés de l'intérieur, un bide absolu.

Les membres de la troupe du Splendid - Michel Blanc, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko et Marie-Anne Chazel - se retrouvent dès la fin 1978 à Val d'Isère pour préparer la suite. Ils imaginent au départ une comédie à l'humour très noir, inspirée du drame du vol 571 de la Fuerza Aérea Uruguaya qui s'était écrasé dans la cordillère des Andes en 1972, et dont les survivants, pour la plupart membres d'une équipe de rugby, avaient dû manger les corps des morts - le sujet sera traité plusieurs fois au cinéma, dont récemment par Juan Antonio Bayona dans Le Cercle des neiges.

« Évidemment, Yves Rousset-Rouard était très contre, parce qu'il a dit : « On ne fait pas une comédie avec ça » » , se souvient Patrice Leconte. Les membres du Splendid optent finalement pour une satire des vacances à la neige, en reprenant leurs personnages du premier opus. Le célibataire maladroit Jean-Claude Dusse (Michel Blanc), le dragueur invétéré Popeye (Thierry Lhermitte), le couple Bernard et Nathalie, désormais nouveaux riches (Gérard Jugnot et Josiane Balasko), le médecin Jérôme et sa femme Gigi, qui tient une crêperie (Christian Clavier et Marie-Anne Chazel), ou encore Christiane l'esthéticienne (Dominique Lavanant) troquent maillots et paréos pour des combinaisons et des manteaux de fourrure.

Le tournage s'accompagnera de quelques difficultés, liées notamment à la météo, mais aussi de franches tranches de rigolade. C'est le cas par exemple lors de la scène chez des montagnards qui leur offrent de la « fougne », fabriquée avec des restes de fromages et de la liqueur d'échalote, se rappelle Patrice Leconte. « Ça a été très dur de tourner, parce qu'on avait trop envie de rire. »À sa sortie, le film marche sans déchaîner les foules, faisant moins d'entrées que le premier volet (1,6 million). Mais il s'impose au fil du temps et de ses nombreuses rediffusions à la télévision, devenant une comédie familiale incontournable. « Quand on a fait ces deux premiersBronzés , on était heureux de les faire,se souvient Patrice Leconte. Mais on ne pouvait pas penser qu'on en parlerait comme ça, quarante ans plus tard. Ces films-là nous échappent complètement. »

Retrouvailles

Michel Blanc, comme tous ceux qui participent à l'aventure, voit sa carrière s'accélérer. Les membres de la troupe du Splendid suivent chacun leur route. Les retrouvailles sur un plateau de tournage et dans un hôtel de luxe auront lieu en 2006 avec Les Bronzés 3, amis pour la vie. Le film, toujours réalisé par Leconte, cumule plus de 10 millions d'entrées mais Michel Blanc rejoint les critiques pour parler d'un « ratage ». Il estime que c'est de sa faute, et enfonce le clou en désignant ce troisième volet comme son plus mauvais film. Blanc montera toutefois sur la scène de l'Olympia pour recevoir un César d'honneur avec ses compères à l'occasion du 40e anniversaire de la troupe du Splendid.

Sans surprise, il n'a cessé de répéter qu'il ne participerait pas à un quatrième volet. « Ce serait aller dans le mur, déclare l'acteur au Journal du dimancheen octobre 2023. Déjà, je ne suis pas fou du trois, alors le quatre, ce n'est pas possible. À notre âge, nous donnerions l'impression de nous raccrocher aux branches. Jean-Claude Dusse, le public l'a à volonté, car les films passent sans arrêt à la télé. Je ne suis plus lui ni physiquement, ni moralement, ni artistiquement. Mais je suis ravi qu'on m'appelle par son nom dans la rue, cela ne me gêne pas. » Blanc savait ce qu'il devait à Dusse. À défaut de pouvoir conclure, il a pu démarrer une belle carrière. É. S. avec (afp)

La Croix, no. 43053
Culture, mardi 22 octobre 2024 96 mots, p. 15

Cinéma Rachida Dati favorable à un musée du 7e art

La ministre de la culture, en déplacement samedi 19 octobre à Lyon pour le Festival Lumière, s’est montrée favorable à la création d’un musée national du cinéma réclamée par des professionnels du 7e art. Ce projet a été défendu dans une tribune, publiée la veille dans Le Monde, par de nombreux cinéastes membres du conseil d’administration de la Cinémathèque française, dont son président Costa-Gavras. « Le moment est venu d’engager une vraie réflexion sur la faisabilité de ce musée», a déclaré Rachida Dati.

Le Figaro, no. 24922
Le Figaro et vous, mercredi 9 octobre 2024 552 mots, p. 42

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8 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

« L'HISTOIRE DE SOULEYMANE » , CLANDO À VÉLO SANS MÉLO

RÉCOMPENSÉ À CANNES, LE FILM DE BORIS LOJKINE DÉCRIT LE QUOTIDIEN PAVÉ DE DANGERS D'UN LIVREUR SANS PAPIERS. UN THÈME TRAITÉ ICI SANS ARTIFICE.

Sorin, Etienne

On les croise dans les rues des grandes villes. Ils livrent à vélo des sushis, des burgers ou toutes sortes de repas à des clients sédentaires dans des sacs bleus ou jaunes, siglés du nom d'une application à consonance anglaise. On les voit parfois arrêtés sur un trottoir, seuls ou en groupe, fumant une cigarette ou réparant un pneu crevé. La plupart sont sans papiers. Boris Lojkine a voulu raconter la vie de l'un d'entre eux dans L'Histoire de Souleymane. Écrire ou filmer d'autres vies que la sienne, belle et noble ambition.

Mais l'enfer est pavé de bonnes intentions. Migrants et sans-papiers sont plutôt maltraités ces temps-ci au cinéma. Dolorisme d'un côté (Tori et Lokitades Dardenne, Moi capitainede Matteo Garrone, voire TheOld Oak de Ken Loach), comique franchouillard de l'autre (LesBarbares de Julie Delpy, dernier exemple en date). Boris Lojkine parvient à se glisser entre ces deux pôles, choisissant une troisième voie, la seule peut-être moralement et artistiquement possible pour mettre en scène ces damnés du bitume. Pas d'artifice, pas de musique, pas d'intrigue secondaire ni de personnage sympathique pour adoucir le propos.

L'Histoire de Souleymane, fiction documentée, est celle d'un demandeur d'asile guinéen qui doit « charbonner » , c'est-à-dire pédaler comme un forcené, pour livrer un maximum de repas. Un Camerounais lui sous-loue son compte - il prend 120 euros par semaine, soit quasiment la moitié. À chaque commande, Souleymane (Abou Sangare) doit le rejoindre dans le magasin où il travaille pour lui faire faire un selfie destiné à vérifier l'identité du livreur. Les patrons de restaurant ne sont pas toujours bienveillants - Lojkine lui-même en joue un particulièrement odieux. Les clients non plus. Parmi eux, des policiers dans leur camion, pas dupes du statut du livreur, mais plus affamés que procéduriers.

Souleymane, la peur au ventre, a besoin d'argent pour survivre et aussi pour payer l'homme qui doit lui fournir des documents. Des preuves pour étayer l'histoire qu'il doit raconter à l'Ofpra (l'Office français de protection des réfugiés et apatrides) dans deux jours - un scénario alambiqué censé en faire un dissident politique. Dans un Paris hostile, Souleymane a à peine le temps d'appeler sa fiancée, restée au pays, pour lui conseiller d'en épouser un autre. S'il rate le bus à Gare-du-Nord à la fin de la journée, ou plutôt au début de la nuit, il ne peut rejoindre le centre d'accueil qui l'héberge.

À la dureté physique de ce quotidien s'ajoute la violence symbolique de l'administration. Dans un bureau de l'Ofpra, Souleymane récite maladroitement la fable qu'il a apprise. La fonctionnaire (Nina Meurisse) insiste pour entendre sa véritable histoire. Elle n'est pas moins triste ni douloureuse. L'Histoire de Souleymane a été couvert de lauriers au dernier Festival de Cannes, dans la section Un certain regard (prix du jury, d'interprétation masculine et prix Fipresci de la critique internationale). Tant mieux pour le film. Cela fait une belle jambe à Abou Sangare, guinéen comme son personnage, passionné de mécanique, et lui aussi en attente d'une régularisation. Le cinéma ne change pas le monde. Pas sûr qu'un film change la vie d'un homme. E.S.

La Croix, no. 43046
Culture, lundi 14 octobre 2024 725 mots, p. 16
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11 octobre 2024 - La Croix (site web)

La fête malgré tout

Aurélien Gerbeault

En mêlant à nouveau cinéma et théâtre, Cyril Teste revient avec une pièce au rythme effréné.

Inspirée par Tchekhov, Sur l’autre rive nous invite à une soirée pleine de faux-semblants, où chacun doit faire face à ses tourments.

En 2022, Cyril Teste s’emparait une première fois de l’œuvre de Tchekhov. Avec La Mouette, il emmenait le public assister aux amours contrariées des habitants d’une maison au bord d’un lac. Aujourd’hui, il nous transporte sur l’autre rive de l’étendue d’eau, dans la résidence d’Anna, une veuve en apparence riche. À l’origine de cette nouvelle mise en scène, l’histoire de Platonov, dont elle est une adaptation libre.

Sur le plateau, aucun décor pour représenter la villa qui accueille une grande fête. Seules deux longues tables, qui attendent d’être dressées. Sur une estrade au fond, un musicien s’installe pendant que les premiers invités arrivent. Bientôt une quarantaine de personnes évoluent sur scène, se parlent, dansent, boivent. La soirée est lancée, partout on s’affaire, on rit. Mais au milieu de tout ce monde, seule une poignée d’invités compte vraiment, le cercle intime d’Anna. Pour ne pas les perdre dans la foule, Cyril Teste mélange habilement théâtre et cinéma : la caméra passe rapidement d’une conversation à l’autre pour suivre les proches de l’hôte, faisant entrer le spectateur dans leur intimité. Cyril Teste donne ainsi l’illusion du tournage d’un long plan-séquence, avec la diffusion en direct des images sur l’écran au-dessus de la scène.

On découvre Gabriel, amoureux d’Anna, qui tente de se rapprocher d’elle ; on félicite Serge, le fils d’Anna, pour son mariage ; Nicole présente sa nouvelle compagne ; Timothée, banquier vénal, ne s’intéresse qu’aux problèmes d’argent des personnes qui l’entourent. Dans les discussions, un nom revient régulièrement : Micha. Admiré des uns, source de méfiance pour d’autres, il ne laisse personne indifférent. Son arrivée tardive à la fête marque un tournant.

Personnage cynique, habité par un profond mal-être et une forme de nostalgie, il ne mâche pas ses mots, mettant mal à l’aise ses interlocuteurs sans le moindre scrupule. Toujours au centre de l’attention, Micha prend plaisir à susciter la polémique, et assume : « Je suis comme une pierre sur le chemin, c’est moi qui crée l’empêchement. » Il connaît chaque invité, pose les questions qui fâchent et joue en permanence sur la corde sensible, remettant en cause le sens de leur vie. Vincent Berger, qui l’interprète avec une grande justesse, livre un antihéros troublant pour le public : peut-on seulement apprécier ce personnage ?

Sur scène avec les comédiens, des spectateurs volontaires jouent eux-mêmes les invités. Les échanges spontanés, le brouhaha de fond et les interactions, parfois imprévisibles, avec les acteurs donnent du réalisme à ce tableau. Les comédiens impressionnent par la fluidité de leur jeu alors que chaque représentation leur demande de s’adapter aux nouveaux convives.

Malgré les sarcasmes de Micha, le cercle qui gravite autour d’Anna reste soudé. Chacun connaît les forces et les faiblesses des autres. Les secrets ne le restent jamais longtemps. Au fil de la soirée, les langues se délient, certains règlent leurs comptes, tandis que d’autres s’ouvrent pour offrir de véritables moments de grâce. Quand Sacha, la femme de Micha (Haini Wang), s’empare du micro pour chanter, la fête semble suspendue à sa voix et ses émotions.

L’histoire avance à un rythme soutenu et les conversations s’enchaînent. Quand plus personne ne parle, la musique – interprétée en direct – prend le relais, plus forte, et tous se mettent à danser, par plaisir, pour se réconcilier, oublier un instant leurs problèmes ou profiter, tout simplement, de l’instant présent. Le public lit les sentiments sur les visages projetés en gros plan sur l’écran, tandis que l’atmosphère change doucement sur le plateau.

Les invités prolongent la soirée coûte que coûte, aucun ne veut partir. Micha, avec ses remarques, a fait remonter trop de tourments. Et chacun cherche à repousser le moment où il faudra les affronter. Plus la fête se poursuit, et plus elle semble n’être qu’une parenthèse, dans laquelle tous tentent de préserver les apparences d’une vie heureuse, sous contrôle. Alors que les tensions montent sur l’autre rive.

Le Figaro, no. 24928
Le Figaro et vous, mercredi 16 octobre 2024 527 mots, p. 29

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15 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

« L'AMOUR OUF » : UNE FRESQUE ROMANESQUE EN FUSION

Delcroix, Olivier

Au cinéma, les histoires d'amour finissent mal en général. Avec L'Amour ouf, Gilles Lellouche a décidé qu'il en serait autrement. Pour son deuxième film, il défie toutes les lois du cinéma, se rebelle contre toutes les conventions, se met à dos toutes les convenances.

Six ans après Le Grand Bain (2018) et ses 4 millions d'entrées, l'acteur-réalisateur s'éloigne de sa comédie douce-amère sur une masculinité défaillante mise à nu (ou du moins en slip) pour plonger dans un autre grand bain, celui de la passion débordante entre deux êtres que tout oppose. Projet de longue date, patiemment mûri, cette libre adaptation du roman du Dublinois Neville Thompson Jackie Loves Johnser OK? s'ancre désormais dans une cité portuaire du nord de la France.

Amoureux précoces sur les bancs du lycée, la studieuse bourgeoise Jackie (Mallory Wanecque) et le petit caïd Clotaire (Malik Frikah), fils d'ouvrier, vivent d'abord ce grand amour qui leur est tombé dessus comme la foudre. Le doux parfum de l'interdit les enivre à chaque instant, qu'il s'agisse de faire de la 103 Peugeot à deux sur les routes de campagne ou de s'embrasser fougueusement à l'avant d'une loco de marchandises.

L'ambition de sonder les vertiges de l'amour

Si la jeune Jackie vit sans sa mère mais entourée de l'amour inconditionnel de son père (Alain Chabat formidable de justesse et d'affection contenue), le jeune héros a moins de chance et se fait régulièrement frapper par un père violent (Karim Leklou). Clotaire glisse dans la délinquance, devient chef de bande, participe à un braquage qui tourne mal. Accusé à tort, il finit en prison. Dès qu'il en sort (sous les traits de François Civil), il se met en tête de reconquérir Jackie (Adèle Exarchopoulos), qui s'est entre-temps mariée à un entrepreneur bien sous tous rapports (Vincent Lacoste)... Les deux parties du film se répondent comme La Valse à mille temps de Jacques Brel : «Une valse a mis le temps de patienter vingt ans pour offrir aux deux amants trois cent trois fois le temps de bâtir un roman...»

Gilles Lellouche fait de son deuxième film une romance épique d'une générosité inouïe, brassant tout à la fois le drame social, le film de braquage, le mélodrame, la comédie romantique et musicale. Certains critiques n'ont pas été tendres à Cannes en mai dernier. Le film divise. L'Amour ouf a l'ambition de sonder les vertiges de l'amour. Gilles Lellouche a crevé l'oreiller, c'est certain. Il a voulu «rêver trop fort» , comme disait Bashung. Pourtant, son Roméo et Juliettedans le nord de la France, sorte de West Side Story ch'ti, est sincère, authentique démesuré et générationnel.

Un peu comme si Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille avait rencontré Un homme et une femme de Lelouch, et que le « Chabadabada » de Francis Lai avait été revu et amplifié par Elmer Bernstein. En saturant les couleurs, en poussant les curseurs trop loin tout le temps, L'Amour oufse mue en une expérience cinématographique de l'excès. On en ressort épuisé mais heureux. L'Amour oufest une fresque romanesque en fusion. Bref, après Le Grand Bain , Lellouche joue avec le feu. O. D.

Le Figaro, no. 24939
Le Figaro et vous, mardi 29 octobre 2024 957 mots, p. 28

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28 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

CLINT EASTWOOD, UN DOUX DUR-À-CUIRE DERRIÈRE LA CAMÉRA

Sorin, Etienne

À 94 ans, Clint Eastwood ne lâche rien. Au contraire, Juréno 2 a beau être son 42e long-métrage, le réalisateur fait toujours moins de concessions au système hollywoodien. Il n'en a jamais fait beaucoup. À propos des projections tests qu'affectionne l'industrie, il a un jour eu cette formule : «Si ce que pense l'épicier du coin les intéresse tant, ils n'ont qu'à lui demander de faire le film.» «Ils» , ce sont les patrons de studios, que l'acteur-réalisateur-producteur n'a jamais portés dans son coeur. Et ce n'est pas le traitement de son thriller judiciaire par Warner Bros. qui va le faire changer d'avis.

Variety, le média hollywoodien de référence, posait la question jeudi 24 octobre : « Juré no 2 pourrait être l'ultime film de Clint Eastwood, alors pourquoi Warner Bros. est-il en train de l'enterrer?» La stratégie de sortie limitée - 50 salles aux États-Unis - reflète en effet un changement d'ère et de considération à l'égard d'une icône du cinéma américain. Warner se défend de toute ingratitude à l'égard d'un cinéaste qui lui a été fidèle durant des décennies. Pour preuve, le studio a renoncé à diffuser Juréno2 directement en streaming, première option envisagée.

On ne saura pas ce que l'intéressé pense de toutes ces péripéties. Eastwood ne donne pas d'interview à la presse. Tout juste daigne-t-il donner un os à ronger à travers un bref entretien dans le dossier de presse de Juré no2. Il en profite pour envoyer des fleurs à Nicholas Hoult et Toni Collette, ses deux têtes d'affiche. «Nick correspond à ma conception d'une star à l'heure actuelle. Il m'a constamment impressionné. Il apporte une densité incroyable à son rôle. Je me disais que Toni Collette serait formidable dans le rôle de l'avocate générale.»

Pourtant, Eastwood, quand il ne s'est pas mis en scène lui-même, a dirigé les plus grandes stars : Meryl Streep (Sur la route de Madison),Matt Damon (Invictus), Sean Penn (Mystic River),Leonardo DiCaprio (J.Edgar), Tom Hanks (Sully), Bradley Cooper (American Sniper)... Toni Collette et Nicholas Hoult, dans un entretien par Zoom depuis Los Angeles, à quelques heures de la première mondiale du film, ne cachent pas leur fierté d'ajouter leur nom à cette liste prestigieuse. L'actrice australienne et l'acteur britannique n'en reviennent toujours pas d'avoir été choisis par le réalisateur américain. «J'ai reçu un appel de mon agent alors que j'accompagnais ma fille en voiture à un match de foot à Sydney, raconte Toni Collette. Mon père était avec nous. Il regardait le feuilletonRawhide quand j'étais enfant. Il me serrait la main et on criait tous très fort d'excitation tellement Clint est une légende vivante.»

« Humble et attentionné »

Nicholas Hoult, lui, a d'abord cru à une erreur. «« Comment Clint sait qui je suis? » , a été ma première réaction. J'étais très nerveux la première fois que je lui ai parlé au téléphone. Quand je lui ai dit que j'aimais beaucoup le scénario, il a plaisanté: « S'il t'a plu à ce point, il faudrait sans doute que je le lise ».» Clint Eastwood a de l'humour. Pas n'importe quand et pas avec n'importe qui. Sur le tournage d' Unmonde parfait (1993), Kevin Costner lui fait perdre patience, à force de propositions ineptes et de caprices. Quand l'acteur quitte le plateau, contrarié par un figurant, Eastwood le remplace pour une scène où il est filmé de dos : «Trouvez une doublure, et mettez-lui une chemise.» Costner, vexé, ne mouftera plus.

Nicholas Hoult s'est bien gardé de quémander des explications sur son personnage de bon mari confronté à un dilemme moral. Eastwood fuit la psychologie comme la peste. Il n'a jamais goûté la méthode Actors studio. «Je ne lui ai même pas parlé directement avant d'arriver sur le tournage à Savannah, en Géorgie,se souvient Toni Collette. Là, j'ai pu discuter avec lui, devant sa caravane. Je lui ai demandé s'il me conseillait de prendre un accent du Sud. Il m'a dit: « On est cernés par des gens du Sud, je ne suis pas sûr que tu veuilles t'y risquer. » Mais je me suis quand même jetée à l'eau.»Eastwood a tout de même évoqué Sidney Lumet avec Nicholas Hoult. Non pour exiger de son acteur qu'il voie Douze hommes en colère et LeVerdict, deux grands classiques du film de procès, mais pour se remémorer un ami du temps passé. «Je me suis rendu compte à quel point Clint incarnait le cinéma.»

Tom Hanks, l'interprète de Sully, a raconté qu'Eastwood traite les acteurs comme des chevaux, c'est-à-dire bien mieux que Hitchcock, qui les considérait comme du bétail. Sur le plateau du feuilleton Rawhide, à la fin des années 1950, Eastwood remarque qu'à chaque fois que le réalisateur crie : «Action!» , les chevaux s'emballent. Quand il passe derrière la caméra, il décide de ne pas élever la voix. Il reste calme et posé, préférant un tranquille «allez, on y va» , ou un «faites-moi signe quand vous serez prêts» pour lancer la scène. Il ne crie pas non plus : «Coupez!» , à la fin de la prise. Il préfère s'approcher doucement de l'interprète et lui glisser à l'oreille un «c'est bon, ça suffit».

Toni Collette a elle eu droit à un baiser délicatement posé sur la joue à la fin d'une prise. «Clint est humble et attentionné,dit-elle. Il est prêt à faire des essais, à ajuster une intonation, mais tout se fait de manière très détendue.» Sienna Miller, rencontrée à Cannes en mai dernier, résumait sa manière de diriger les acteurs, forte de son expérience sur American Sniper. «Clint ne fait qu'une prise, deux maximum,nous confiait l'actrice. Il ressemble à Dirty Harry! Il choisit les acteurs dont il a besoin et les laisse travailler.» Un Dirty Harry cool. E.S.

Le Monde
Culture, lundi 7 octobre 2024 2603 mots, p. 22,23
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5 octobre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Enquête

Depuis le 7-Octobre, les artistes confrontés au boycott

Les attaques du Hamas et les représailles de l’Etat hébreu ont scindé le monde de l’art en deux camps irréconciliables, et les annulations ont frappé expositions et festivals

Roxana Azimi

Le marchand d’art parisien Olivier Waltman est de tempérament volubile. Mi-septembre, il s’est toutefois fait discret à propos de son accrochage « Will their voice be heard ? ». Au programme de cette exposition éclair, sur trois jours, une quarantaine d’œuvres d’artistes, principalement israéliens, mises en vente au profit des familles des otages captifs du Hamas. « J’ai voulu rester sous les radars pour éviter les problèmes », murmure le galeriste, échaudé après s’être fait arracher en juin la mézouza qui était accrochée à l’extérieur de sa galerie.

Le même mois, c’est la plaque métallique de son confrère Frank Elbaz, lui aussi de confession juive, qui était rayée. Ce dernier s’en est ému auprès du Comité professionnel des galeries d’art, dont il est membre, espérant du syndicat une prise de position publique face à la flambée des actes antisémites – celle-ci a été condamnée dans leur newsletter de juillet. Frank Elbaz a douloureusement vécu le 7-Octobre, qui a pulvérisé sa relation complice avec deux commissaires d’exposition. Enjoignant à ses amis d’équilibrer leur compassion et, pour l’un d’eux, de retirer la pastille « Stop genocide » de son profil Instagram, il s’est vu reprocher d’être sourd aux souffrances palestiniennes. Depuis, ces amis ne le sont plus, et ne se parlent plus. « Dans mes pires cauchemars, je ne pensais pas vivre ça » , se désole Frank Elbaz.

L’art pour l’art, cette utopie d’une bulle de compréhension mutuelle, n’est plus une option depuis le carnage perpétré le 7 octobre 2023 par le Hamas,qui a fait quelque 1 200 morts,et les bombardements lancés en représailles par l’Etat hébreu, qui ont fait plus de 41 000 morts, selon le décompte du Hamas. Ce secteur qui se voyait comme une tolérante tour de Babel n’a résisté que quelques jours aux folies du Moyen-Orient. Dès le 19 octobre, une tribune publiée par la revue Artforum accuse Israël de « génocide »et exige la libération de la Palestine, sans référence aux atrocités du Hamas ni aux otages. Le texte, qui récolte 8 000 signatures, scinde le milieu de l’art en deux camps, de plus en plus radicalisés, laissant peu de marge aux voix modérées.

Une année d’excommunications

« D’où parles-tu ? », demandait-on dans les années 1960 aux politiques dont on exigeait une absolue cohérence entre le statut social et les convictions. Les commissaires politiques d’aujourd’hui reprennent le même interrogatoire. Renvoyés à leur seule nationalité, les créateurs israéliens sont jugés solidaires du gouvernement de Benyamin Nétanyahou que la plupart combattent pourtant politiquement, présumés comptables des morts qui s’accumulent à Gaza, alors que la majorité milite pour un Etat palestinien.

Leurs homologues palestiniens, qui se plaignaient déjà d’un manque d’intérêt de la part des collectionneurs les plus fortunés, qui structurent le marché, sont sommés de se positionner par rapport aux crimes du Hamas, après que quelques-uns ont exalté sur les réseaux sociaux, au moment du 7-Octobre, la « résistance »palestinienne.Au-delà, et c’est inédit, c’est tout un chacun qui se trouve acculé à prendre position, au risque d’une empathie sélective. Le 7-Octobre a, de fait, ouvert une année d’excommunications et d’annulations, de ruptures et d’intimidations, venues des deux côtés de la barricade.

Aux Etats-Unis, la Coalition nationale contre la censure (National Coalition Against Censorship, NCAC), association fondée en 1974, a comptabilisé trente cas de censure avérés liés à l’escalade du conflit israélo-palestinien, dont 83 % frappant des positions propalestiniennes. « Mais on pense qu’il y en a beaucoup plus », confie au Monde Elizabeth Larison, directrice arts et culture de la NCAC. Plus que la nature des œuvres, les traces laissées sur les réseaux sociaux servent à sélectionner qui peut exposer et qui n’est pas bienvenu. En janvier, invoquant des « inquiétudes liées à la sécurité », le Musée d’art de l’université de l’Indiana a annulé une exposition d’une peintre américano-palestinienne de renom, Samia Halaby.

Ses tableaux abstraits et chatoyants ne comportaient pas de carte géographique militante, d’inscription provocatrice, pas même l’ombre d’un bout de keffieh, ce tissu devenu le symbole du nationalisme palestinien. Sur Instagram, en revanche, l’artiste octogénaire condamnait les ventes d’armes à Israël et des décennies de souffrances palestiniennes, comparant Gaza à « un camp de concentration ». Elizabeth Larison a aussitôt réagi, dans un courrier adressé à la présidente de l’université de l’Indiana, jugeant qu’une telle décision « portait atteinte à la liberté académique et violait probablement les principes constitutionnels ».

En Allemagne, en proie à la fois à une montée de l’extrême droite et à une recrudescence des actes antisémites, pas question de laisser le bénéfice du doute. S’appuyant sur les données de l’association Diaspora Alliance, la radio internationale allemande Deutsche Welle répertorie 84 cas d’annulation d’événement en 2023.L’Institut Max-Planck d’anthropologie a coupé les ponts avec l’anthropologue australien d’origine libanaise Ghassan Hage, après que celui-ci a comparé sur Facebook la violence israélienne à celle des nazis « par son pouvoir destructeur et son désir d’humilier ». Une biennale de photographie qui devait se tenir au printemps dans trois villes allemandes, Mannheim, Ludwigshafen et Heidelberg, a été annulée à la suite des prises de position sur les réseaux sociaux d’un des trois curateurs, associant le hashtag #apartheid à Israël.

« Refuser d’exposer »

Ces tensions ont fini par compromettre la prochaine Documenta de Kassel, la manifestation qui donne, tous les cinq ans, un état des lieux de l’art actuel. Le comité chargé de recruter le ou la commissaire a décidé de se saborder en novembre, arguant que « les conditions [n’étaient] plus réunies pour travailler avec la liberté nécessaire »dans un climat émotionnel qui pousse à « simplifier à l’extrême des réalités complexes ». La situation a frisé l’absurde lorsque l’artiste Candice Breitz, de confession juive, a vu son exposition au Saarlandmuseum (Allemagne) annulée, en raison de ses prises de position critiques envers Israël, quand bien même elle dénonçait l’horreur des attentats et appelait à la libération des otages. « Les juifs devraient-ils prouver aux Allemands qu’ils ne soutiennent pas le Hamas, ou ne serait-il pas logique de supposer – à moins de preuves solides du contraire – que les juifs sont horrifiés par le massacre d’autres juifs ? », s’indigne l’artiste, installée à Berlin.

Les frictions se sont exacerbées en janvier à la suite d’une clause déposée par le Sénat de Berlin (qui l’a, depuis, retirée), stipulant que les lieux culturels bénéficiaires de fonds publics devaient, sous peine de perdre leurs subsides, s’engager dans la lutte contre l’antisémitisme, selon la définition qu’en donne l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, qui condamne « l’établissement de comparaisons entre la politique israélienne contemporaine et celle des nazis ».

Visé par un torrent de critiques, le texte a donné lieu au mouvement Strike Germany appelant artistes et intellectuels internationaux à suspendre toute participation aux institutions, festivals, conférences et expositions en Allemagne. « Refuser d’exposer, c’est la base, confie au  Monde l’une des signataires, Basma Al-Sharif, une cinéaste de renom palestinienne qui réside à Berlin.  Pas une institution n’a pris position pour la Palestine, alors qu’elles se sont tout de suite engagées en faveur de l’Ukraine. »

Candice Breitz, qui enseigne dans une université allemande, n’a pas signé cette pétition. Au nom du combat antiraciste, l’artiste sud-africaine a, en revanche, paraphé en août une lettre ouverte de 150 artistes et intellectuels juifs, publiée dans le quotidien allemand  TaZ, exigeant que le Bundestag fasse machine arrière sur un projet de loi pour lutter contre l’antisémitisme. « On veut rendre la vie plus sûre pour les juifs en Allemagne, mais le projet de loi pousse des mesures antidémocratiques qui vont stigmatiser encore plus les musulmans, les Arabes, tous ceux jugés “autres” dans l’Allemagne blanche », fulmine-t-elle.

Dans le même temps, les appels au boycott culturel de l’Etat hébreu se sont multipliés. « Aujourd’hui, plus que jamais, le monde de l’art évite les artistes israéliens, les contourne, les néglige, car la grande peur des commissaires d’exposition, c’est de mettre leur carrière en péril », regrette la critique d’art israélienne Hili Perlson, installée à Berlin. « L’image qu’on renvoie à l’étranger dépend de ce qui s’est passé la veille sur le plan militaire : s’il y a eu un bombardement, combien il y a eu de morts… », reconnaît Mira Lapidot, conservatrice en chef au Musée d’art de Tel-Aviv, invitéefin septembre à un symposium au Hamburger Bahnhof, à Berlin.

En février, le groupe Art Not Genocide Alliance (ANGA) avait appelé les organisateurs de la Biennale de Venise à disqualifier Israël en raison des « atrocités en cours contre les Palestiniens à Gaza ». « Toute représentation officielle d’Israël sur la scène culturelle internationale est une approbation de sa politique », estimaient les signataires, parmi lesquels des personnalités comme Nan Goldin. Bien que la Biennale ait défendu le maintien du pavillon israélien, l’artiste Ruth Patir et ses deux commissaires, Tamar Margalit et Mira Lapidot, ont finalement renoncé à ouvrir l’exposition, « tant qu’un accord de cessez-le-feu[ne serait] pas trouvé », ont-elles déclaré dans un communiqué.

Onde de choc au Palais de Tokyo

Une décision qui n’a pas désarmé une centaine de membres d’ANGA qui ont défilé à Venise en scandant ce slogan : « There is only one solution : Intifada revolution ! » « Ça m’a fait froid dans le dos d’entendre des gens que je connais appeler à l’Intifida, murmure Hili Perlson . J’ai perdu des amis dans la seconde Intifida. »

En septembre, à Strasbourg, c’est le festival de films israéliens Shalom Europa, qui se tient depuis seize ans dans un cinéma du centre-ville, qui est annulé à la suite de protestations d’organisations propalestiniennes. Alice Ullmann, porte-parole de cet événement lié au consistoire israélite du Bas-Rhin, assure qu’ « aucun film politique ou polémique n’était au programme ». Quelques mois plus tôt, le même cinéma, dont le gérant n’a pas souhaité s’exprimer, avait accueilli un festival de films palestiniens. « Il ne nous serait pas venu à l’esprit de demander l’annulation de ce festival », poursuit Alice Ullmann.

Dernière actualité en date, le cinéaste Yossi Galanti vient de voir son film Mind Mines déprogrammée du Festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris, en octobre. « Dans le contexte actuel, pour être cohérent avec nos positions et le reste de notre programme, il nous est impossible de projeter un film dont la nationalité est clairement israélienne, si le film de prend pas explicitement position contre les actions de cet Etat », lui a écrit le directeur artistique Charlie Hewison.

Malgré son engagement à gauche et son opposition à la politique de Nétanyahou, la troupe de danse israélienne Batsheva a vu ses représentations annulées au Japon, en Espagne et en Italie après le 7-Octobre. En avril, le conseil d’administration de la compagnie, en accord avec les lieux d’accueil, a renoncé à sa tournée d’été en France, pour « raisons de sécurité ». « Ce n’était pas mon choix, précise son fondateur, le chorégraphe Ohad Naharin.  Je ne pense pas que des protestations compromettent ma sécurité ni celle de mes danseurs. » Il ne se pose d’ailleurs pas en martyr : « Ces annulations, c’est une piqûre de moustique, ce n’est rien par rapport à la souffrance générée par la guerre. Je comprends les protestataires, je me reconnais dans leur programme, mais je pense que les gens ont tort de croire que ces protestations vont changer les choses. »

L’onde de choc du conflit a retenti au printemps au Palais de Tokyo, à Paris, où deux expositions abordaient la question palestinienne. Le 4 mai, la collectionneuse Sandra Hegedüs annonce sur Instagram qu’elle claque la porte de l’association des Amis du Palais de Tokyo et de son conseil d’administration. Durant quinze ans, la mécène brésilienne avait soutenu le centre d’art et y a exposé les lauréats du prix SAM pour l’art contemporain. Mais elle ne se reconnaît plus dans la programmation, qu’elle juge « dictée par la défense de “causes” (wokisme, anticapitalisme, pro-Palestine, etc.) ».

En ligne de mire, l’exposition « Passé inquiet. Musées, exil et solidarité », conçue par Kristine Khouri et Rasha Salti, qui fait le récit de différents musées en exil, dont celui de la Palestine. Un accrochage que Sandra Hegedüs juge « biaisé »et dont certains slogans peuvent heurter. Cette charge a aussitôt fait bondir les responsables d’institutions culturelles qui, soutenant le Palais de Tokyo, ont dénoncé, dans une tribune publiée par le  Monde, « une augmentation des tentatives d’intimidation, des appels à la censure, des campagnes de dénigrement et d’informations mensongères ».

Identité refoulée

L’affaire aura d’autres répercussions. Pour avoir affiché dans un éditorial sa sympathie envers la collectionneuse, la revue d’art Transfuge a perdu, selon nos informations, ses partenariats avec le Centre Pompidou et le Centquatre. Une décision justifiée, selon une porte-parole de Beaubourg, par le « soutien que ce magazine apportait à la grave mise en cause institutionnelle » du Palais de Tokyo, mais aussi par l’ « anathème » jeté sur certains employés du centre d’art « au nom de leurs positions politiques supposées – allant jusqu’à dénoncer leur choix de photo de profil sur les réseaux sociaux ».

Claude Lazar, dont la collection a servi de base à l’exposition « Passé inquiet », ne s’attendait pas à un tel engrenage. Ce peintre, juif d’Alexandrie arrivé dans les années 1950 à Paris, a été de tous les combats antiracistes. Proche d’Ezzedine Kalak (1936-1978), représentant de l’Organisation de libération de la Palestine en France, il avait peint des affiches pour l’organisation palestinienne et mobilisé les artistes pour qu’ils fassent don de leurs œuvres à la collection en solidarité avec la Palestine. « Je me suis intéressé à la cause palestinienne parce que c’était une cause perdue », raconte l’ancien militant d’extrême gauche. Après l’assassinat de son ami Kalak, en 1978, par des militants palestiniens, Claude Lazar a remisé ses archives dans sa cave et stoppé net tout activisme. Sans jamais perdre son empathie pour les Palestiniens, dont le territoire a été réduit comme « une peau de chagrin, ou plutôt une peau de léopard ; il n’y a que des confettis », soupire-t-il.

En découvrant le tour pris par la polémique en mai, Claude Lazar écrit à Sandra Hegedüs pour la rencontrer. « Comme dans les duels, je lui ai demandé l’endroit de son choix », rigole le vieux guérillero. Dans son atelier de la rue Montmartre, il lui a fait part de son propre désarroi. L’ancien militant d’extrême gauche ne s’était jamais senti très juif, jusqu’aux attaques du 7-Octobre, qui l’ont soudain renvoyé à son identité refoulée – « un choc terrible, depuis le nazisme on n’avait pas vu pareille barbarie contre les juifs ». Il ne se reconnaît pas du tout dans les défenseurs actuels de la cause palestinienne, leur appel au boycott et au blocus. Lui voudrait croire qu’il est possible de pleurer les morts à Gaza et les victimes du 7-Octobre sans perdre de vue le sort des otages. Il s’en est ouvert auprès de ses amis artistes et activistes. « Mais, autour de moi, les gens se traitent soit d’antisémites, soit de fascistes. Impossible de dialoguer. »

Le Monde
Culture, mercredi 2 octobre 2024 521 mots, p. 22
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2 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Drone pvvv Pourquoi pas

Fable dystopique et intimité sous surveillance

Le premier long-métrage de Simon Bouisson parle du cinéma et du regard des hommes

Murielle Joudet

On est d’abord joyeusement surpris par l’ambition de Drone, premier film de Simon Bouisson, qui a signé plusieurs séries télévisées (Stalk, 3615 Monique). Dronesuit à la trace Emilie, une jeune étudiante en architecture incarnée par Marion Barbeau, première danseuse de l’Opéra de Paris au visage passionnant, vulnérable, et découverte comme actrice dans En corps(2022), de Cédric Klapisch. En deux films, se déploie déjà une signature narrative : des débuts dans la vie ébréchés par des difficultés insurmontables.

Emilie intègre un séminaire tenu par un prof exigeant et vampirique (Cédric Kahn), qui fait travailler ses étudiants sur la rénovation de bâtiments patrimoniaux. Précaire, la jeune femme perd sa bourse à cause de revenus dont la provenance lui est difficilement avouable : elle est camgirl et gagne de l’argent en s’exhibant devant sa webcam sous le regard de ses innombrables clients virtuels.

Harcelée de toutes parts

Théorique, ambitieux, original, Drone se veut aussi subtilement dystopique : on ne sait jamais très bien où l’on est, cela pourrait être aujourd’hui ou dans un futur proche et cauchemardesque. L’histoire d’une ambition professionnelle devient celle d’une jeune femme harcelée de toutes parts. Simon Bouisson orchestre une nuit des regards où le corps d’Emilie est exploité, essoré par l’avidité du regard masculin. Lentement, Drone bascule dans le thriller, mettant Emilie aux prises avec l’œil d’un drone dont on ignore qui le téléguide et qui l’épie jusque dans son intimité et sa vie sexuelle.

La fable dystopique vient commenter un monde de surveillance généralisée où, à l’ère du capitalisme numérique, l’idée de sphère privée n’est plus qu’un vieux rêve. Tout le monde comprendra que le regard du drone vient figurer le concept de male gaze théorisé par la féministe américaine Laura Mulvey, selon lequel, l’histoire du cinéma ne serait que le récit d’un regard masculin (celui des personnages et de réalisateurs) exerçant son emprise sur le corps des femmes. D’un même mouvement, ce regard réifie, sexualise et surveille. Drone dresse deux camps : d’un côté les hommes, voyeuristes et prédateurs en puissance, aspirant l’énergie intellectuelle et sexuelle des femmes. De l’autre, les femmes, victimes du male gaze, cet émissaire du patriarcat.

Ces positions de départ deviennent vite des positions de principe qui condamnent le récit à faire du surplace, à ne jamais profiter de l’espace ouvert par la fiction pour complexifier ou dialectiser son propos : quid du regard de celle qui est regardée, et pourquoi la camgirl pratique-t-elle forcément son métier avec la honte au corps ? Prisonnière des hommes autant que du scénario, Emilie semble tout subir de manière artificielle, comme si le film gardait jalousement sa liberté en réserve pour mieux la faire éclater lors d’un dénouement symboliquement chargé. Le terrain de jeu plein de promesses finit, hélas, par se rétracter en dissertation.

Le Monde
Culture, mercredi 30 octobre 2024 663 mots, p. 26
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30 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Sur un fil pvvv Pourquoi pas

Les clowns d’hôpital ou le soin par le rire, face à la caméra de Reda Kateb

Pour son premier film comme réalisateur, l’acteur signe une fiction réparatrice sans surprise pour adapter le livre de Caroline Simonds

Murielle Joudet

Période chargée pour les clowns : après Joker : folie à deux, Terrifier 3, voilà que sort Sur un fil, premier long-métrage de Reda Kateb, acteur précieux, somptueusement « à gueule » comme l’était Gabin. Depuis sa découverte par Jacques Audiard dans Un prophète (2009), l’acteur tient le haut du pavé, alternant entre marge et centre du cinéma français – on l’a vu notamment dans Hors normes(2019), du duo Nakache-Toledano. C’est d’ailleurs à eux, les rois de la fiction réparatrice, qu’on pense devant Sur un fil qui adapte un livre, Le Rire médecin. Journal du docteur Girafe (Albin Michel, 2001, coécrit avec Bernie Warren),de Caroline Simonds, fondatrice en 1991 de l’association Le Rire médecin, qui emploie des clowns hospitaliers.

Talentueuse acrobate, Jo (Aloïse Sauvage) se blesse au cours d’une représentation. La jambe dans le plâtre, la voilà partie pour six mois de rééducation, ce qui l’oblige à vite se reconvertir : son collègue Gilles (Philippe Rebbot) lui souffle alors le nom de l’association Nez pour rire. Jo se forme, se bricole un costume et un personnage : elle sera Zouzou, un clown libellule qui rejoint un duo formé par Poireau et Roger Chips – campés par Philippe Rebbot et Jean-Philippe Buzaud, un vrai clown de formation. Les spectacles du trio sont l’intérêt principal du film.

Sur un filest entièrement rivé à son actrice, Aloïse Sauvage, circassienne et chanteuse, musicienne remarquée dans 120 battements par minute (2017), de Robin Campillo, et qui trouve là un premier rôle taillé pour elle – elle y est parfaitement juste. C’est à travers son regard d’abord inexpérimenté que le film s’immerge dans la réalité des clowns d’hôpital : il faut rivaliser d’inventivité, savoir s’adapter à l’humeur de chaque enfant et de leurs parents, savoir doser l’humour et retirer son nez quand il le faut. Jo connaît des bons et des mauvais jours, jusqu’à la faute qui oblige sa très exigeante patronne (Elsa Wolliaston) à la renvoyer.

Terreau documentaire

Poliment, le récit suit une recette. On y retrouve les grandes tendances du cinéma français populaire, fédérateur et réparateur, telles que le duo Nakache-Toledano en a dessiné les grandes lignes (ils auraient relu le scénario) : fiction qui pousse sur un terreau documentaire, joyeux mélange d’acteurs professionnels et amateurs, feel-good movie mais qui se veut conscient. Une formule que Sur un fil ne prend jamais la peine de réinventer ni d’infléchir. Le film se contente d’être précisément ce qu’on attend de lui : une autoroute de bons sentiments vaguement dramatisés où chaque mouvement du scénario se laisse anticiper à des kilomètres : blessure et guérison, victoire et découragement, prévisibles embûches sur le trajet de la vocation.

En creux de la fiction se dessine le portrait d’une poignée d’enfants malades. On ne connaît pas sujet plus douloureux, et le film a le mérite de le sortir du hors-champ, mais comme pour mieux l’assécher, en arrondir les angles.

Sur un fil rassure sans cesse le spectateur qui a payé pour une fiction thérapeutique et un sourire aux lèvres. Justement, la caméra insiste tout du long sur les sourires des patients, image-écran qui finit par lasser, et vient sans cesse contrebalancer la mort qui rôde. Il y avait là, sans doute, une belle occasion d’acter l’échec de la fiction réparatrice et d’inventer autre chose que cette forme ultraformatée, qui berce et bientôt endort à force de ne contenir que de prévisibles ressorts. Sans doute qu’un documentaire aurait été plus approprié car, dans ce cas précis, la fiction masque plus qu’elle ne révèle.

L'Humanité
vendredi 4 octobre 2024 56 mots, p. 10

L'adieu au cinéma

Les collégiens du Nord seront privés de sortie cinéma pour faire des économies. Avec pour se dédouaner cette perle du conseiller départemental Christian Poiret : « Vous ne pensez pas qu'ils peuvent y aller avec leurs parents ? » Comme si tout le monde en avait les moyens, et tant pis pour l'égalité d'accès à la culture.

Le Monde
Culture, mercredi 16 octobre 2024 517 mots, p. 22
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16 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Barbès, little Algérie ppvv A voir

Une peinture hyperréaliste de Barbès

Hassan Guerrar évoque sur le ton de la tragi-comédie un quartier de Paris auquel il est très attaché

Jacques Mandelbaum

Il est rare qu’un attaché de presse de cinéma, profession bien connue des journalistes spécialisés, beaucoup moins du grand public, s’enhardisse à passer à la réalisation. C’est le cas de Hassan Guerrar, 57 ans, dont quarante au service du cinéma, connu comme le loup blanc dans la profession pour son entregent et sa « grande gueule », où on l’appela longtemps « François » avant d’être prié, voici une quinzaine d’années, d’adopter son prénom d’origine eu égard à la reconquête de lui-même qu’il opérait alors.

Ce détail pourrait paraître anecdotique, mais on voit bien ce qu’il peut engager de collectif dans le destin de cet homme, violemment déchiré entre l’Algérie et la France, sur fond de drame familial qui le livre très tôt à lui-même, sans le moindre bagage. En dépit d’une réussite arrachée autant avec les dents qu’avec une belle intelligence, il reste aujourd’hui fidèle à Barbès, qui est de fait cette petite patrie chère à son cœur, ni tout à fait ici, ni tout à fait là-bas.

Vieilles blessures

N’allons pas chercher plus loin l’enjeu de Barbès, little Algérie, film autobiographique sinon revendiqué, du moins fortement suggéré. Il met en scène (sous les traits du rappeur Sofiane – ou Fianso, Sofiane Zermani à l’état civil) Malek, un entrepreneur en informatique d’une quarantaine d’années, célibataire taiseux, qui vit à Barbès et n’entretient plus de rapport avec sa famille restée en Algérie, sans qu’on en sache la raison.

Un beau matin, son neveu Ryad (Khalil Ben Gharbia) arrive sans prévenir à son domicile. Il l’héberge. En toute logique dramaturgique, sa venue semble devoir ouvrir à un lent dévoilement de la situation familiale de Malek, des origines de sa souffrance, et de leur éventuelle résolution. Cela ne sera que très, et sans doute trop allusivement le cas : le deuil d’une mère qui ne fut pas si aimante, les vieilles blessures qui s’ouvrent de nouveau, la fratrie qui se déchire. On n’en saura guère plus.

Retenu sans doute par la pudeur, rétif à l’exposition d’une vérité intime qui en passerait tant par la cruauté que par la crudité des sentiments, le réalisateur prend doucement la tangente pour explorer une autre direction, celle de la peinture hyperréaliste d’un Barbès où cohabitent la chronique infernale de la misère et de la drogue, notamment des plus jeunes, et le théâtre bon enfant, énervé, haut en couleur, de la faconde et de la solidarité populaires. Une aura populaire que la présence simultanée des rappeurs Sofiane Zermani et Soolking ne saurait que magnifier. Il en résulte une tragi-comédie qui marche vraiment sur un fil, et dont il faut imaginer la hauteur de la chute dont elle prémunit son auteur pour en prendre l’exacte mesure.

Le Monde
Culture, mercredi 16 octobre 2024 708 mots, p. 23
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16 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Les Voies croisées ppvv A voir

Quand des migrants rentrent au pays pour cultiver la terre

Raphaël Grisey et Bouba Touré relatent la création d’une coopérative agricole au Mali, en 1977. Un projet pionnier et exemplaire

Clarisse Fabre

On respire, dans le documentaire de Raphaël Grisey et Bouba Touré, Les Voies croisées.Le récit est libre, polyphonique, porté par le désir d’inscrire un projet d’agriculture vivrière, en Afrique de l’Ouest, dans une vaste réflexion politique. En 1977, la coopérative de Somankidi Coura a été créée, au Mali, autour du fleuve Sénégal (dans la région de Kayes, dans l’ouest du pays), par quatorze travailleurs migrants – partis en France dans les années 1960, ils sont ensuite revenus au pays.

Marqués par la sécheresse du Sahel, au début des années 1970, inquiets pour leurs familles qui n’avaient plus assez à manger, ces hommes étaient aussi dépités par leurs conditions de travail en France, sans parler des foyers insalubres où ils dormaient, à Paris ou en banlieue (Pantin, Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis…). Les fondateurs de la future coopérative se sont rencontrés dans des milieux militants, qui soutenaient alors les mouvements d’indépendance dans les pays lusophones. Le film s’ouvre par de merveilleux travellings, sur le fleuve Sénégal, dans un village traversé par des enfants qui courent et fixent la caméra.

Les Voies croiséesaurait pu suivre une narration linéaire, structurée, mais les réalisateurs ont fait le choix d’entremêler plusieurs récits et différentes textures d’images, inscrivant ce projet de coopérative dans une longue histoire de résistances – elle aurait été construite sur le site d’une ancienne plantation de sisal, datant de l’époque coloniale.

Présenté au festival du Cinéma du réel, à Paris, en 2022, cet essai est le fruit d’une collaboration entre le réalisateur Raphaël Grisey, né en 1979, et Bouba Touré (1948-2022), photographe et cofondateur de la coopérative. Bouba Touré vivait entre la France et le Mali, a étudié à l’université de Vincennes, où il a appris le métier de projectionniste – il a travaillé dans l’ancien cinéma 14-Juillet, à Bastille (11e arrondissement), ainsi qu’à L’Entrepôt (14e), et fut aussi assistant du cinéaste Med Hondo (1936-2019).

Bouba Touré a documenté les luttes des travailleurs immigrés, depuis les grèves des loyers dans les foyers jusqu’aux manifestations plus récentes des sans-papiers. Ses clichés ont révélé les taudis où s’entassaient les hommes. Les murs de sa petite chambre du 11e arrondissement de Paris, qu’il filmait à l’époque, étaient couverts de photos. Ce matériau nourrit le film, éclairant en arrière-plan le dilemme migratoire : le choix de quitter le pays est-il inéluctable, y a-t-il une possibilité de vivre dignement auprès des siens ?

Un petit miracle

Les Voies croisées a cette fibre des films-tracts poétiques, laissant libre cours à la musique et aux chants (Jessica Ekomane…), dans une diversité de langues (soninké, pulaar, bambara, khassonké) que font entendre les animateurs d’une radio locale – en soninké, le film s’intitule Xaraasi Xanne.

Une constellation d’archives sonores et visuelles raconte ce sentiment d’injustice et d’absurde qui gagna les travailleurs immigrés, dans les années 1960, employés comme manœuvres et sous-payés dans les usines automobiles (ou ailleurs). Ils avaient quitté leur pays libéré de l’occupant et se retrouvaient à nouveau sous la coupe de patrons français, tandis qu’au Mali, leurs proches ne mangeaient pas à leur faim…

La bande-son se mêle aux images pour dessiner le paysage intellectuel de l’époque, lorsque fut établi le lien entre les pratiques agricoles de l’ère coloniale (culture intensive de l’arachide, etc.) et la sécheresse des sols – le film montre un extrait d’un entretien avec l’écologiste et agronome René Dumont (1904-2001), auteur de L’Afrique noire est mal partie(Seuil, 1962).

Avec ses dispositifs d’irrigation, la coopérative de Somankidi Coura, qui existe toujours, ressemble à un petit miracle : la caméra scrute les paniers de tomates, les bananes sur le point de mûrir… Comme un symbole, la date de l’indépendance du Mali – le 22 septembre 1960 – semble régler la vie comme une horloge : le 22 septembre, c’est jour de semence, explique un membre de la coopérative.

Le Temps
Culture, samedi 12 octobre 2024 1648 mots, p. 27

« Les Penans m'ont appelé Laki Kouyu, « celui qui manipule les ombres »

Cinéma

Stéphane Gobbo

8048

Huit ans après le succès de « Ma vie de Courgette », le réalisateur valaisan Claude Barras revient avec « Sauvages », un magnifique et bouleversant conte écologique se déroulant dans la forêt de Bornéo

Une histoire de l'animation suisse francophoneSauvages n'est que le troisième long métrage d'animation de l'histoire du cinéma suisse - et romand - après Ma vie de Courgette (Claude Barras, 2016) et Max & Co (Sam et Fred Guillaume, 2007). Cependant, la Suisse possède une vraie tradition en matière de cinéma animé. En 1921 déjà, soit sept ans avant le fondateur Steamboat Willie de Walt Disney, Lortac et Cavé adaptaient en trois épisodes l'album Les Amours de monsieur Vieux Bois (1837), du dessinateur genevois Rodolphe Töpffer.Retracer la riche histoire de l'animation suisse francophone, c'est la tâche que s'est fixée un groupe de travail piloté par Maria Tortajada, professeure ordinaire à la section d'histoire et esthétique du cinéma de l'Université de Lausanne, en collaboration avec la Cinémathèque suisse. De nombreuses archives encore inédites seront ainsi dépouillées par un groupe de cinq chercheuses et chercheurs afin de créer un savoir nouveau. S. G.Rens.: Wp.unil.ch/cinemathequeunil (onglet « projets collectifs » )

8048

@stephgobbo

Lorsque l'on a réalisé un premier long métrage acclamé à Cannes, nommé aux Oscars et aux Golden Globes et lauréat entre autres de trois Prix du cinéma suisse et deux Césars, on est forcément attendu, avec le risque de décevoir... Mais malgré le triomphe de Ma vie de Courgette (2016), Claude Barras ne s'est mis aucune pression. Et le voici qui revient avec Sauvages, un nouveau film d'animation en volume plus impressionnant encore tant, en marge de personnages finement écrits, ses décors sont d'une ahurissante luxuriance, inspirés en partie par David Hockney et le Douanier Rousseau.

Sauvages se déroule à Bornéo. La première séquence du film, déchirante, voit un bébé orang-outan privé de sa mère, tuée devant ses yeux. Kéria et son père le recueillent. Et voici que la fillette, qui ne sait rien ou si peu de la forêt, se voit contrainte de cohabiter avec son cousin, Selaï. Il est Penan et sa famille veut l'envoyer à l'école afin de le protéger en l'éloignant du conflit qui oppose ce peuple premier aux entreprises de déforestation qui, inexorablement, détruisent leur habitat et avec lui tout un écosystème. Au contact de ce cousin qu'elle va commencer par repousser, Kéria va vivre une expérience fondatrice et se reconnecter avec ses racines autochtones. Sa mère est une Penan qui, lui a-t-on dit, s'était fait dévorer par une panthère...

Sauvages est un cri, un SOS, à l'image de la sublime chanson de Daniel Balavoine qui en est un des motifs sonores. Au-delà de la maestria de sa mise en scène - tout paraît si grand et si vaste alors que les marionnettes et les décors sont si petits -, le film est un plaidoyer, à hauteur d'enfants mais pas seulement, pour la défense d'une Terre qui souffre. Claude Barras signe un bouleversant conte écologique, universel et intergénérationnel.

On pense d'emblée, en découvrant ce film se déroulant dans la forêt de Bornéo au sein de la communauté penane, à l'activiste bâlois Bruno Manser (1954-2000), qui a payé de sa vie sa défense de la forêt primaire. Est-il indirectement, à travers vos souvenirs de jeunesse, à l'origine de « Sauvages » ?

Oui je pense, car j'ai un souvenir encore très vif d'un documentaire où on le voyait dans la forêt avec les Penans. Je me souviens aussi de sa grève de la faim et d'une fois où il s'était suspendu à une télécabine. A l'origine du film, il y a également la figure de l'orang-outan, car les grands singes m'ont toujours fasciné. Mais cela n'a pas été évident de croiser les deux, car aujourd'hui ils ne vivent plus sur le même territoire, alors que j'avais en tête quelque chose de très ethnographique et réaliste. J'ai dû donc trouver de petits subterfuges afin que les orangs-outans et les Penans puissent se rencontrer. Mais c'est vraiment la figure de Bruno Manser qui m'a porté vers le film et qui m'a permis de me rapprocher des Penans car vu que je suis Suisse, je suis forcément pour eux un cousin.

Il est encore bien présent dans leur mémoire collective?

Oui, et j'ai même travaillé avec des Penans qui l'ont connu. Pour beaucoup, il n'est pas mort, il est parti dans la montagne et vit dans une grotte avec des chauves-souris... Il existe plusieurs légendes et théories, on dit aussi que la milice est venue le chercher en hélicoptère.

Au début du film, une image renvoie directement à une vidéo fameuse montrant un orang-outan s'attaquant à une pelleteuse qui détruit sa forêt...

Le film a été construit à partir d'éléments de réalité. Là, j'ai clairement voulu faire référence à cette vidéo qui m'avait interpellé. Je n'aurais jamais osé montrer un orang-outan attaquer une pelleteuse si je ne l'avais pas vu dans le monde réel. J'ai assemblé des briques documentaires afin de raconter une histoire en forme de conte.

Est-ce que c'est à partir de ces « briques » que vous avez ensuite écrit vos personnages?

Oshi et Kéria sont arrivés en premier, mais Kéria était une petite fille de la forêt. Comme il fallait une porte d'entrée pour le public, j'avais ensuite imaginé un couple de primato-logues qui venait en vacances à Bornéo avec leur fils. C'est en travaillant ensuite sur cette matière documentaire avec Nancy Huston, qui pour ses romans travaille aussi à partir du réel, qu'on a cherché d'autres pistes. Et c'est là qu'on a décidé de ramener ça à une famille et de s'affranchir du petit garçon occidental. Finalement, vu que l'on parlait de tradition et de modernité, il suffisait qu'on accompagne une petite fille moderne afin que nous, Occidentaux, puissions avoir l'impression que la forêt est aussi notre monde.

Comment est venu le personnage du père, qui a un lien avec la forêt à travers sa fille mais travaille pour une palmeraie? Il est en quelque sorte tiraillé entre le capitalisme et le retour à la nature de Rousseau...

Plus que ça, il est vraiment coincé dans un monde avec lequel il n'est pas forcément d'accord. Mais il a une fille à élever et il ne veut pas qu'elle reste dans la forêt parce que c'est trop dangereux. Benoît Poelvoorde a donné une vraie puissance émotionnelle à ce personnage qui était au départ assez ambigu. A travers son interprétation, on comprend toute la difficulté qu'il a à trouver le bon chemin.

Avez-vous enregistré les voix avant le tournage, afin de pouvoir animer les personnages en fonction des interprétations des acteurs et actrices?

On a commencé par faire une lecture, afin de les placer dans un studio avec un perchman qui enregistrait leurs voix. Cette interaction dans l'espace m'a permis d'imaginer comment j'allais ensuite mettre en scène mes marionnettes. J'ai pu voir si les dialogues étaient justes, si les émotions étaient là. Une fois que les voix ont été enregistrées et montées, j'ai eu l'impression que l'ossature du film était là et que le plus dur avait été fait.

Avez-vous en parallèle effectué un gros travail de recherches et de documentation?

Le Fonds Bruno Manser, à Bâle, m'a beaucoup aidé. Ils ont notamment des archives photographiques sur la vie des Penans de 1960 à aujourd'hui. Baptiste Laville, qui y travaille, m'a alors proposé de partir assister avec lui à la réunion annuelle des communautés penans. J'en ai profité pour leur présenter mon projet, avant de partir dix jours dans la forêt avec une famille. Il se trouve que des grands-parents accueillaient leur petite-fille, qui avait été ostracisée à l'école et ne voulait plus rester en ville. Quelque part, en passant du temps avec eux, les personnages ont commencé à mieux se dessiner. Et cela m'a permis de rester en lien avec la communauté afin de leur faire fabriquer les accessoires artisanaux qu'on voit dans le film.

Comment ont-ils accueilli ce projet qui met en lumière leur lutte?

Comme ils connaissent le théâtre d'ombres et qu'au bout de quelques jours avec eux ils nous donnent des surnoms, ils m'ont appelé Laki Kouyu, qui signifie « celui qui manipule les ombres ». Ils savent très bien ce qu'est le cinéma, certains possèdent même une télévision, et assez vite ils se sont quasiment approprié le projet au point de me dire que j'étais moimême un Penan. C'était aussi leur film, et c'est pour cela que j'ai voulu fabriquer tout l'artisanat avec eux. De même, tous les dialogues en penan, même ceux de Benoît Poelvoordre, sont compréhensibles par eux. C'était pour moi extrêmement important.

« Sauvages », de Claude Barras (Suisse, France, Belgique, 2024), 1h27. Sortie le 16 octobre. Des actions concrètes pour s'engager pour la biodiversité sont répertoriées sur: www.sauvages-lefilm.com

Une histoire de l'animation suisse francophoneSauvages n'est que le troisième long métrage d'animation de l'histoire du cinéma suisse - et romand - après Ma vie de Courgette (Claude Barras, 2016) et Max & Co (Sam et Fred Guillaume, 2007). Cependant, la Suisse possède une vraie tradition en matière de cinéma animé. En 1921 déjà, soit sept ans avant le fondateur Steamboat Willie de Walt Disney, Lortac et Cavé adaptaient en trois épisodes l'album Les Amours de monsieur Vieux Bois (1837), du dessinateur genevois Rodolphe Töpffer.Retracer la riche histoire de l'animation suisse francophone, c'est la tâche que s'est fixée un groupe de travail piloté par Maria Tortajada, professeure ordinaire à la section d'histoire et esthétique du cinéma de l'Université de Lausanne, en collaboration avec la Cinémathèque suisse. De nombreuses archives encore inédites seront ainsi dépouillées par un groupe de cinq chercheuses et chercheurs afin de créer un savoir nouveau. S. G.Rens.: Wp.unil.ch/cinemathequeunil (onglet « projets collectifs »)

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17 novembre 2024 680 mots
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17 novembre 2024 - Masculin (site web)
Redécouvrez le plaisir d’être ensemble avec ces 5 activités culturelles incontournables

Les activités culturelles sont un excellent moyen d’échanger avec votre partenaire et de partager des moments inoubliables. Que vous soyez passionné de musique, d’art ou de cinéma, ces activités... Voir l'article

Le Figaro, no. 24964
Le Figaro et vous, mercredi 27 novembre 2024 1273 mots, p. 32

Culture

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26 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

PIERRE LOTTIN, DES « TUCHE » À RÉVÉLATION AUX CÉSAR, LE ROMAN D'UN ACTEUR

Sorin, Etienne

Un lundi de novembre, l'équipe d' En fanfare investit un studio de musique du Quartier latin. C'est jour de junket, la promotion avec batterie d'attachées de presse et d'assistantes derrière des écrans d'ordinateur et des techniciens de Canal+ qui tirent des câbles. On parvient à isoler Pierre Lottin derrière une table de mixage. «On se croirait dansPhantom of the Paradise », dit l'acteur, connaisseur de Brian De Palma mais peu enclin à jouer en solo pour les journalistes. On lui demande s'il a une idée de la durée de l'entretien, petit test pour évaluer son degré de motivation à raconter sa vie à un inconnu. «Généralement, dix minutes, un truc comme ça.» Il restera plus d'une demi-heure à nous servir du lard et du cochon, à la fois rugueux, drôle, bravache, sincère, roublard.

À 35 ans, après une vingtaine de longs-métrages, Lottin est nommé pour la première fois dans les révélations des César pour En fanfare, aux côtés de vrais débutants. «C'est cool, ça fait quinze ans que je suis là. Ils attendaient qu'il y ait un peu de presse. Il se sont dit: « On sait qu'il existe, on va lui filer un petit truc. » Il ne faut pas trop que je crache sur l'académie des César parce que je suis très content, quand même.»

Lottin ne crache pas non plus sur Les Tuche, démarré en 2011. Des millions de spectateurs en salle et à la télévision. Grâce à Wilfried Tuche, l'idiot de la famille millionnaire, on le reconnaît dans la rue. «Je n'ai jamais reniéLes Tuche ni ressenti aucune honte. Je ne le mets pas trop en avant parce que ça prend déjà énormément de place. C'est presque un joker, qui peut être bien ou mal utilisé. Je m'en sers comme d'un petit drapeau que j'agite pour dire: « Je sais aussi faire du comique. » C'est une chance, artistique et financière.»Le cinquième volet est attendu en février 2025. Un petit Tucheen plus. «C'est comme les Simpson, il pourrait y avoir dix saisons. On m'a d'ailleurs proposé une série, un spin-off à partir de mon personnage, mais ça ne s'est pas concrétisé.»

Avec Les Tuche, Lottin garde un lien avec l'enfance. La sienne, entre Clamart et Louvois. «J'avais la place du clown. Du casse-couilles, aussi. Parfois, c'est fatigant. Mais chacun avait son poste, on était une belle armée.» Pierre Lottin grandit dans une famille nombreuse. Très nombreuse, même. Huit frères et soeurs. Il est pile au milieu. Pour en placer une, il faut foncer. D'où son débit de mitraillette, comme Catherine Deneuve. «Je pars du principe qu'on ne m'écoute pas quand je parle, donc je dis les choses vite.»

Lottin n'aime pas l'école. Ou l'école ne l'aime pas. Il veut faire l'armée. «Ça a fait un peu peur à mon père. Il m'a dit: « Tu ne sais que faire le con alors tu vas en faire ton métier. » Il m'a mis dans une école de théâtre. J'ai découvert ma vocation. Je ne me rendais pas compte que c'était ce que je voulais faire depuis tout petit.»

Enfant, le petit Lottin a pour idoles Jean-Claude Van Damme, Jackie Chan, Tom Hanks, ou Michael J. Fox dans Retour vers le futur. «Dan Aykroyd aussi, sans savoir son nom quand je le découvrais dansThe Blues Brothers ou SOS Fantômes. Plus tard, Jim Carrey. Encore maintenant. C'est la référence. Dans les films des frères Farrelly, Dumb and Dumber, Fous d'Irène, puis The Truman Show. Dans Peggy Sue s'est mariée , de Coppola, aussi, un de ses premiers vrais rôles.» En France, il admire Albert Dupontel. «Tous les Dupontel.» L'acteur et cinéaste d'aujourd'hui comme l'humoriste des débuts, auteur d'un one-man-show culte au début des années 1990 (Sale spectacle). Il connaît par coeur le sketch du fan de Rambo ou du candidat à l'oral du bac français.

À 16 ans, Lottin entre au Cours Florent. Il découvre Paris. «On a envie de conquérir le monde et le cinéma. D'avoir sa statue au Planet Hollywood. C'est une vieille référence, ça. C'est dommage, c'était bien.» Le restaurant de burgers sur les Champs-Élysées inauguré par Stallone, Willis et Schwarzenegger ferme en 2008. Mais les vaches maigres ne durent pas longtemps. «Je n'ai jamais douté et je n'ai jamais pensé à lâcher. C'est normal de galérer à 20ans. C'est l'âge où on a envie de tout et où on n'a rien. Je dormais à droite à gauche, chez des potes. J'étais le squatteur de canapé qu'on aime bien avoir chez lui mais pas plus de quatre jours. À partir des Tuche 2, j'ai commencé à avoir un vrai salaire. Là, les potes m'appelaient que je vienne squatter leur canapé.»

Il a surtout envie de ne pas se laisser enfermer dans la comédie. Son agent, Laura Meerson, est une précieuse alliée pour aller là où on ne l'attend pas. «Une pilote de chasse. On se concerte, on a des exigences. Parfois on s'engueule, puis on finit par être d'accord. Elle arrive toujours à me faire croire que le choix vient de moi. Quand je prends de mauvaises décisions, elle fait aussi en sorte que je m'en rende compte.»

Une séquence dans Grâce à Dieu, de François Ozon, change tout. Il est bouleversant en victime du père Preynat. «Cette scène m'a fait bosser pendant cinq ans.» Ozon le reprend dans Quand vient l'automne. Il joue le fils de Josiane Balasko qui sort de prison. Un paumé ambigu, opaque, inquiétant et touchant. Avant ça, il est un beau mâle toxique dans La Nuit du12, de Dominik Moll, et un taulard de l'atelier théâtre dans Un triomphe, d'Emmanuel Courcol. Le même Courcol a écrit le personnage de Jimmy d' En fanfare pour lui. «Je sais comment il marche, il sait comment je marche. C'est un plaisir de bosser avec lui.» Prolo ou voyou, ou les deux en même temps, les réalisateurs manquent encore d'imagination. «On a l'impression que je joue les mêmes personnages parce que j'ai souvent la même coupe de cheveux,ironise Lottin. Ce n'est pas parce qu'ils sont issus du même milieu social qu'ils ont la même psychologie.»Pas faux.

On l'aurait bien vu figurer au générique de L'Amour ouf, photo de classe de la génération des trentenaires au sommet du cinéma français (Lacoste, Civil, Bajon, Quenard, Exarchopoulos...). Il n'y est pas. «Vous me demandez si j'aurais aimé avoir la carrière de Quenard? Je suis bien là où je suis. Je ne regarde pas la course dans les gradins.»Tourner avec Dupieux, il n'a rien contre. «Tous les acteurs dans ses films jouent bien. Il doit se passer quelque chose au tournage, j'aimerais bien voir ça. Bruno Dumont aussi, ça m'intéresserait. C'est de la poésie. Je ne sais pas si je suis digne d'apparaître dans son paysage.»

En attendant, il devrait tourner dans les prochains films de Radu Mihaileanu, Jean-Paul Salomé, Xavier Giannoli, Nakache et Toledano. Il a la hantise d'être ennuyeux. «J'ai moins d'occasions de faire le fanfaron. La maturité, peut-être. Le mariage, aussi. On se prend un peu au sérieux quand on joue des rôles dramatiques. On s'impose une sorte de retenue parce qu'on a un peu dansé à l'opéra et quand on revient au hip-hop on n'ose pas trop y aller.»Pour retrouver l'insouciance et la joie des débuts, l'acteur ne devra sans doute compter que sur lui-même. Il écrit d'ailleurs un scénario avec son épouse, Jojo le Samouraï. «L'histoire d'un type qui ouvre un vidéoclub parce qu'il n'a pas compris que ça ne marchait plus. Ça se passe à la frontière belge. Et il veut devenir samouraï.» Seppuku de travail. E.S.

Le Monde
Culture, mercredi 6 novembre 2024 693 mots, p. 24

Au boulot pvvv Pourquoi pas

Le tour de France prolo d’une Cruella BCBG

François Ruffin et Gilles Perret filment Sarah Saldmann dans une comédie sociale

Jacques Mandelbaum

François Ruffin, qui a des activités politiques qu’on suppose prenantes, s’offre néanmoins le luxe d’ajouter le cinéma, fût-il politique, à son emploi du temps. Le député de la Somme, ex-« insoumis », a ainsi signé quatre longs-métrages documentaires depuis 2016. Merci patron !(2016), le premier d’entre eux, fit sensation. Ruffin y campe un Robin des bois volant au secours d’un ouvrier licencié par LVMH, sur un terrain qui conjugue le roman d’espionnage et la comédie populaire. A la clé, légitime succès, 500 000 spectateurs et un César du meilleur documentaire.

Ses films suivants seront cosignés avec Gilles Perret, auteur d’une œuvre qui marque un engagement symétrique à celui de ce dernier. J’veux du soleil !(2019), voyage en Berlingo sur les traces des « gilets jaunes », et Debout les femmes ! (2021), chronique d’une enquête parlementaire menée avec le député macroniste Bruno Bonnell sur les métiers du lien, marquent une nette baisse de la fréquentation.

Culture du clash

C’est qu’il leur manquait, sans doute, cette dimension croustillante et semi-fictionnelle de la lutte avec un « superméchant ». La voici reconduite, à une échelle différente, avec Sarah Saldmann, avocate et chroniqueuse audiovisuelle de 33 ans, laquelle ne possède ni l’envergure capitalistique ni le pouvoir de l’ombre de M. Arnault, mais s’est créée sur les plateaux les plus conservateurs du paysage audiovisuel une persona de Cruella BCBG de la lutte des classes. Portant haut la morgue de sa condition, le dédain des faibles, la culture du clash.

Après l’avoir croisée dans le studio des « Grandes Gueules », sur RMC, François Ruffin, qui ne dédaigne pas non plus l’art de la provocation ni celui de la rhétorique, lui propose de tourner un film. Il s’agit de la mettre au défi de vivre vingt-quatre heures de la vie des smicards qu’elle brocarde à longueur de temps. Contre toute attente, l’intéressée accepte.

Qu’attendre d’un tel défi, qui ne soit une concession au galvaudage spectaculaire de la réalité ? Attiser les passions par un pugilat attendu ? Prouver que Sarah Saldmann a un cœur comme tout le monde ? S’amuser du fait qu’elle puisse nettoyer une cuvette de toilettes ? L’exclure du film quand elle ne se plie pas à l’exercice ?

Tout cela à la fois, hélas, dans un projet qui semble plus tenir de la navigation à vue que d’une pensée affermie sur les attendus, les principes et les risques d’un tel film. Il s’ensuit un tour de la France prolétaire qui passe par le conditionnement de poissons fumés à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), serveuse dans un restaurant d’Amiens, auxiliaire de vie à Saint-Etienne, une tournée du Secours populaire d’Abbeville (Somme).

On y entend, au passage, la parole de ces personnes évoquant l’extrême rudesse de leur travail ou de leur mise à l’écart de la société. Dans un bizarre épilogue qui les voit défiler « en vedette » sur un faux tapis rouge cannois, François Ruffin, s’affirmant comme maître absolu du mouvement et de l’interprétation de son œuvre, nous annonce que Sarah Saldmann « on s’en fiche », qu’il l’a « licenciée » et que le « vrai sujet » du film ce sont « les gens ».

Qu’avait-il besoin de la solliciter si tel était le cas ? Ce n’est au demeurant pas le sentiment qu’on en retire, et l’on peut gager que le spectateur n’aura à peu près d’yeux que pour la jeune femme. Par ailleurs, François Ruffin pense-t-il qu’un réalisateur conscient de l’épreuve par excellence démocratique qu’est le cinéma documentaire puisse traiter avec une telle désinvolture une personne qu’il a censément le désir de filmer ? Qu’un personnage puisse jamais être réductible à un élément de rhétorique ? Voilà bien la cerise sur le gâteau d’un film dont on finit par se demander si c’est la naïveté ou la duplicité qui le conduit.

Libération
Supplement 1, mardi 26 novembre 2024 827 mots, p. Supplement_1_4

arts et spectacles

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25 novembre 2024 - Libération (site web)

Un dispositif de choix en Ile-de-France

Copélia Mainardi

arts et spectacles

Alliant aide financière et accompagnement professionnel, FoRTE, le fonds de soutien régional aux créateurs de moins de 30 ans, sélectionne chaque année une quarantaine d'artistes.

S e rapprocher des jeunes créateurs pour, qu'en retour, ils se rapprochent de la région : voilà qui pourrait résumer l'ADN de FoRTE (Fonds régional pour les talents émergents). Le dispositif, qui se propose d'aider, à hauteur d'un million d'euros annuel, une quarantaine de lauréats issus des arts visuels, du cinéma, de la musique et des arts de la scène, se veut aussi souple que possible dans ses critères d'éligibilité.

Certains sont immuables : les candidats doivent être âgés de 18 à 30 ans, créer et résider en Ile-de-France, et être accompagnés par une structure professionnelle. D'autres le sont moins. En théorie, il faut ainsi être diplômé ou avoir «suivi une formation qualifiante» dans l'une des disciplines, «mais, en pratique, on peut être éligible en sortant d'une simple formation Afdas [Assurance formation des activités du spectacle], car ce qui compte, c'est le projet présenté», précise Benoit Solès, conseiller régional et membre de la présidence du jury. Ce projet n'a d'ailleurs pas forcément vocation à être le premier : le fonds cible les artistes «émergents», mais nombreux sont les lauréats qui ont déjà une ou deux réalisations à leur actif.

Cas par cas. Sur une durée de dix mois, FoRTE s'attache à apporter deux types de soutien. Le premier sous forme d'une aide financière, qui peut être perçue via une bourse individuelle ou à travers une subvention touchée par la structure d'accompagnement. Plafonnée à 25 000 euros (soit l'équivalent de 2 500 euros mensuels), la bourse est généralement touchée en deux fois : au lancement et à la fin du projet. La subvention, quant à elle, peut atteindre 50 000 euros : «Un budget qui comprend la rémunération de l'artiste», précise François Demas, conseiller culture de la région. Le choix du type d'aide se fait au cas par cas, pour coller au plus près des besoins de chaque dossier. Le second soutien est un accompagnement via des conseils, de la mise à disposition de matériel et de lieux et de la mise en relation. Lui-même comédien, Benoit Solès connaît bien les difficultés du milieu : «Le manque de salles de répétition, l'absence d'aide à la diffusion, la difficulté de décrocher un premier coup de pouce… C'est pour pallier ces carences que FoRTE a été créé». Durant tout le temps de leur création (et même après), les lauréats peuvent ainsi se tourner vers différents responsables, comme Alpar Ok, chef de projet jeune création de la région. Et ce, aussi bien pour obtenir des détails pratiques et techniques (sur les conventions, par exemple) que pour poser des questions relatives à leur projet.

La région Ile-de-France affiche la volonté d'avoir «sanctuarisé et fortement augmenté son budget culture, estimé à 103 millions d'euros en 2024», décrit François Demas, conseiller culture à la région. Concentrant 50 % des artistes français, l'Ile-de-France est particulièrement riche en offre culturelle, mais celle-ci reste inégalement répartie sur son territoire. La région espère donc que FoRTE gagnera en visi- bilité, pour «inclure de plus en plus d'artistes issus de catégories sociales sans accès immédiat à la culture», explique-t-il. Pour l'instant, le nombre de candidats est assez stable : autour de 300 chaque année depuis la mise en place du dispositif en 2018.

Jury. La sélection des lauréats se déroule en deux phases : un écrémage par les services de la région, qui s'assurent que les dossiers correspondent aux critères d'éligibilité, puis l'examen des dossiers par les quatre jurys – un par discipline. Chacun d'eux est composé d'un conseiller de la région membre de la présidence du jury et de quatre autres profils spécialisés, renouvelés à chaque édition. En 2023, on retrouvait ainsi l'actrice Elsa Zylberstein dans le jury cinéma, tandis que le comédien Nicolas Bouchaud siégeait aux côtés de la danseuse étoile Alice Renavand en arts de la scène. Le peintre Philippe Cognée, qui se prononçait sur les arts visuels, a beaucoup apprécié l'expérience, même s'il regrette que la sélection ne soit que sur dossier. «Quand on est face aux candidats, on ressent quelque chose en plus, qui échappe au travail écrit, justifie-t-il. Mais j'ai trouvé les dossiers exigeants et variés, même s'ils étaient nombreux à proposer quelque chose d'assez ouvertement politique, une tendance en vogue.» Parfois, la région fait aussi appel à d'anciens lauréats : l'an dernier, Valentin Tournet et Gabrielle Hartmann (lire pages 2-3) ont été solli- cités pour faire partie du jury musique. «La plupart des candidats avaient pour projet de sortir un disque, mais les styles étaient très éclectiques, et cette diversité devait se retrouver dans nos choix», relate Valentin Tournet. Sa consoeur abonde : «C'est l'originalité qui séduit, surtout. Des projets atypiques ont parfois raflé la mise au détriment d'autres plus aboutis.» Car il y a des cases et des cadres, mais aussi des coups de coeur.

Le spectacle des lauréats 2021, à l'Opéra Bastille. Photo Hugues- Marie DUCLOS. Region Ile-de-France

La Croix, no. 43066
Culture, jeudi 7 novembre 2024 98 mots, p. 16,17,17

Cinéma Les succès français dopent la fréquentation des salles

L’Amour ouf et Monsieur Aznavour, après Le Comte de Monte-Cristo et Un p’tit truc en plus : les succès français ont continué de doper la fréquentation des cinémas en octobre. Avec 15,5 millions de spectateurs, il s’agit du meilleur mois d’octobre depuis la crise sanitaire (+11 % sur un an), selon les chiffres du Centre national du cinéma. Sur les dix premiers mois de 2024, les cinémas ont vendu 143,2 millions de billets (-3 % sur un an), compensant les mauvaises performances du début d’année.

Le Monde
Culture, mardi 26 novembre 2024 1145 mots, p. 20
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21 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Arts

A Nice, la vidéo se déploie

Le dixième festival OVNi se déroule dans plus d’une vingtaine d’hôtels, de musées, de galeries et de palais

Harry Bellet

Nice - Le festival OVNi (pour Objectif Vidéo Nice) a inauguré sa dixième édition, vendredi 15 novembre. Sa naissance fut peu banale, puisqu’elle eut lieu dans un hôtel, le Windsor, un immeuble historique, avec la particularité d’avoir confié la conception de ses chambres à des artistes contemporains. La propriétaire, Odile Redolfi, eut l’idée de ce festival. A l’origine pensé sur le modèle de la foire Loop de Barcelone (celle-ci se tient du 19 au 21 novembre), il a rapidement évolué, d’abord en fédérant quelques hôtels proches, puis en invitant les centres culturels étrangers implantés en France à proposer des artistes de leur pays, et, enfin, en obtenant progressivement la participation d’institutions culturelles publiques ou privées de la région.

Ce sont ainsi plus d’une vingtaine de lieux qui montrent de la vidéo, le plus à l’ouest étant le très remarquable Centre de la photographie de Mougins (Alpes-Maritimes), avec une impressionnante exposition de l’artiste afro-américain Bayeté Ross Smith ; au nord, la Fondation Maeght, à Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes), qui présente la vidéo réalisée par un étudiant de l’école Le Fresnoy de Tourcoing (Nord), Alexandre Cornet – un prix a été créé à cette occasion, décerné par la Fondation Louis Roederer, pour encourager les projets mêlant art et science.

A l’ouest, la Villa Ephrussi de Rothschild, à Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes), donne la parole à Hélène Delprat, qui raconte, en film et documents, sa longue relation avec une femme remarquable qui eut plusieurs vies, résistante puis engagée dans les Forces françaises libres durant la guerre, ensuite actrice sous le nom de Nicole Stéphane, et enfin productrice et réalisatrice de cinéma, de son vrai patronyme Nicole de Rothschild (1923-2007).

C’est aussi un des charmes du festival que de faire découvrir des lieux peu connus des amateurs d’art et de révéler la densité du réseau culturel de la Côte d’Azur. Ainsi la citadelle de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes), une ville dans la ville. Une restauration en cours a permis de viabiliser des espaces étonnants qui accueillent, dans le cadre de la Saison de la Lituanie en France, l’artiste Emilija Skarnulyte, laquelle a donné vie à la déesse Téthys, qui, dans la mythologie grecque, personnifiait la fécondité de la mer.

Densité du réseau culturel

De même, si les amateurs de musique connaissent bien le palais Lascaris, qui abrite une exceptionnelle collection d’instruments anciens, la présence ponctuelle dans ses murs d’œuvres prêtées par le Musée d’art contemporain de Nice, actuellement fermé pour travaux, et d’installations de l’artiste Laurence Aëgerter peuvent attirer un autre public.

Sauf que, dans ce cas précis, la vidéo n’est pas l’argument principal de l’exposition, quelques institutions s’associant à l’événement sans en épouser la thématique. C’est ainsi de la danse contemporaine que présente le Musée des beaux-arts Jules-Chéret, un projet de la Compagnie humaine, d’Eric Oberdorff, qui s’inspire des travaux de restauration de l’édifice pour Métamorphose, travail au long cours qui sera toutefois documenté par des films. Ce pas de côté est aussi à l’œuvre dans les galeries qui participent à l’événement. Ainsi, la galerie Eva Vautier montre-t-elle, à l’étage, une vidéo de Natacha Lesueur qui rend un hommage tendre et amusé à Carmen Miranda (1909-1955), une chanteuse et actrice brésilienne qui fit fortune à Hollywood en surjouant les rôles de Latino-Américaine exubérante et endiablée, mais consacre son plus vaste espace du rez-de-chaussée aux peintures – par ailleurs remarquables – de Jacqueline Gainon.

La librairie Vigna, spécialisée dans le féminisme et la culture queer, projette, pour sa part, le réjouissant film Lesborama (1995), de Nathalie Magnan, mais tire ses ressources de la vente de livres. De son côté, la galerie Depardieu montre la photographe et performeuse italienne Zoè Gruni, et n’exposera des vidéos qu’une seule journée, samedi 30 novembre, avec une série de huit films (dont un de Zoè Gruni).

Le 109 (un bien beau nom pour d’anciens abattoirs), « pôle de cultures contemporaines » de Nice consacre, lui, ses gigantesques espaces (18 000 mètres carrés) à la vidéo, et cela dans chacun des quatre organismes qui y sont implantés. Parmi des propositions très variées, on a apprécié, présenté par le Forum d’urbanisme et d’architecture, le Pyramiden, de Damien Faure : la visite d’une cité fantôme située dans un archipel norvégien, mais propriété de l’ex-URSS qui y exploitait jusqu’en 1998 des mines de charbon. Dessins d’enfants dans l’école, mobilier dans les immeubles soviétiques, jusqu’aux bobines de film dans le cinéma local, tout y est demeuré, sauf les habitants.

Remarquable aussi, au Hublot, l’installation Taotie, de Thomas Garnier, qui relève plus du théâtre d’ombres que de la vidéo, où un robot met en lumière des édifices fragiles qui recréent au mur des structures évoquant les espaces de stockage de nos modernes plateformes logistiques.

Si OVNi est le lieu de nombreuses découvertes, il est aussi celui de flamboyantes confirmations : ainsi Jérémy Griffaud, qui nous avait déjà épatés lors de précédentes éditions, prend-il une dimension supplémentaire avec deux installations, l’une projetée sur les parois de la grotte du Lazaret qui préfigure, semble-t-il, l’élaboration d’un futur jeu vidéo, l’autre sur les murs du Musée Chagall, qui a contribué à produire l’œuvre. Celle-ci est inspirée par quatre tableaux bibliques de Chagall : Le Paradis, Adam et Eve chassés du paradis, Le Songe de Jacob, Abraham et les trois anges.

Pour commencer, Griffaud a réalisé près de 300 aquarelles, reconstituant à sa sauce le bestiaire de son illustre prédécesseur. Elles sont exposées dans une salle, avec celles du maître, et la confrontation est toute à l’honneur du jeune (il est né en 1991) artiste. Une autre salle montre le film qui en est issu, et c’est un chef-d’œuvre d’imaginaire et de poésie. Cerise sur le gâteau, les images sont numérisées à partir des aquarelles dont elles restituent parfois le grain du papier, ce qui pallie la platitude, la matière trop souvent lisse et froide de ce genre d’exercice.

La seule déception de ce festival, c’est d’avoir appris qu’il allait passer à une périodicité biennale. Pour les organisateurs, c’était devenu une nécessité : l’événement est réalisé avec une équipe des plus restreintes. Le mois qui précède l’ouverture, ils ne sont que quinze pour préparer l’événement. Jusque-là, dès le montage d’une édition, ils (elles, les femmes sont majoritaires dans ce projet) commençaient déjà à préparer la suivante. Le rythme biennal devrait, sinon leur permettre de souffler, du moins d’approfondir et d’affiner leurs propositions.

Le Monde
Culture, mardi 19 novembre 2024 806 mots, p. 25
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13 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Cinéma

Les films de Man Ray, l’insolite en action

Quatre courts-métrages restaurés de l’artiste surréaliste sont ressortis en salle

Clarisse Fabre

La légende dit que Man Ray (1890-1976), peintre, photographe et génie de la chambre noire, n’aspirait pas spécialement à réaliser des films. Né aux Etats-Unis, il vivait à Paris depuis 1921, entouré de ses amis surréalistes. Mais, un soir de février 1928, Robert Desnos (1900-1945) lut à Man Ray un poème qu’il venait d’écrire, L’Etoile de mer, en hommage à la chanteuse Yvonne George (1896-1930), avec laquelle il avait eu une histoire platonique déceptive.

Dans les mots de Desnos, Man Ray trouva quelques « images hallucinantes », qui lui donnèrent envie de tourner. Ainsi naquit L’Etoile de mer(1928), l’un de ses quatre films muets avec Le Retour à la raison(1923), Emak-Bakia (1926) et Les Mystères du château du Dé(1929) – Man Ray est aussi l’auteur d’une vingtaine d’essais filmiques, tournés entre 1923 et 1940. Distribués par Potemkine, les quatre « courts » restaurés, réunis sous le titre Retour à la raison , sortent en salle accompagnés de la bande-son planante et minimaliste du duo Sqürl, formé par Jim Jarmusch et Carter Logan.

Les guitares et percussions douces préservent le mystère de ces ovnis non narratifs. Man Ray refusait de voir au cinéma tout ce qui renvoie au quotidien et se tenait à l’écart des codes du scénario, de l’industrie… Il préférait les personnages fantastiques, tels Fantômas ou les vampires de Louis Feuillade, auxquels il adresse (peut-être) un clin d’œil lorsqu’il masque les visages.

Man Ray cinéaste expérimente des procédés qu’il avait déjà testés, pour certains, dans la photographie. Comme le rayographe, permettant d’obtenir une image sans appareil, l’objet étant simplement posé entre le papier sensible et la source de lumière. Dans Le Retour à la raison, l’artiste crée ainsi une performance hypnotique de clous, de punaises et de ressorts.

Rêve éveillé

Autre astuce, dans L’Etoile de mer, il pose des morceaux de verre cathédrale devant l’objectif afin de perturber l’optique. Les corps des personnages y apparaissent flous, comme vus à travers une vitre ruisselante de pluie (ou des yeux pleins de larmes). Tel ce moment où Kiki de Montparnasse, artiste et égérie de Man Ray, qui incarne une vendeuse de journaux, se déshabille et s’allonge sur le lit, mains derrière la nuque, en présence d’un homme. Ou alors celui-ci a-t-il rêvé ?

La seule certitude, c’est cette apparition furtive de Robert Desnos, à la fin du film, seule image en mouvement qui existe du poète et résistant. Et aussi cette étoile de mer, enfermée dans un bocal, symbole de l’amour impossible, que Desnos donnera ensuite à Henri Langlois, cofondateur de la Cinémathèque française, à Paris. Les petits piquants de l’animal marin font-ils écho aux dents des femmes, ces « objets si charmants », comme l’indique un carton ? Dans son ouvrage L’Etoile de mer (Gremese, 2018), l’universitaire Carole Aurouet souligne le rôle de Desnos dans la création du film, lequel a pour sous-titre Poème de Robert Desnos tel que l’a vu Man Ray.

Dans ses cartons, l’artiste n’est jamais avare de compliments et de jeux de mots sur la grâce de ses interprètes (belle, Cybèle…). Il les magnifie, les transforme en créatures, comme lorsqu’il peint sur les paupières de Kiki de grands yeux ouverts, dans Emak-Bakia (sous-titre Fichez-moi la paix). On n’a jamais aussi bien filmé le rêve éveillé.

Encore Kiki : Man Ray déréalise son buste dans Le Retour à la raison, l’irradiant de lumière jusqu’à le confondre avec une statue antique. A d’autres instants, les reflets du rideau et la torsion du corps dessinent sur les seins des motifs circulaires, que l’on dirait aujourd’hui pop. L’image apparaît presque futuriste. Et souvent tournoyante.

Une roue, ou un agrès de cirque, traverse le cadre dans Les Mystères du château du Dé, rempli de gymnastes et de baigneurs, en débardeur à rayures, pour un effet ombre-lumière – le film a été tourné dans la Villa Noailles, ultramoderne, de Mallet-Stevens, à Hyères (Var). Tourner sur soi, c’est revenir au point de départ, refuser tout cheminement d’histoire.

Man Ray privilégie le mouvement, le tour de passe-passe (les cols blancs de chemise volent) et les nouvelles transes de l’époque – la danse serpentine ou encore le charleston, qu’exécute une femme lors d’une séquence virtuose. Point de corps immobiles, ou alors ceux-ci fondent au soleil, disparaissant de l’image. Vraiment magique.

Le Monde
Culture, mercredi 4 décembre 2024 915 mots, p. 27

wicked ppvv A voir

Le grand spectacle de deux apprenties sorcières

Jon M. Chu réussit son adaptation de la comédie musicale « Wicked », en misant sur le second degré

Murielle Joudet

Initialement, le terme « blockbuster » qualifiait une bombe extrêmement puissante, capable de faire exploser un quartier entier. Il s’est déplacé dans le domaine du cinéma pour définir un succès programmé où le budget de la campagne marketing dépasse souvent celui du film. On pensait à cette origine militaire du mot devant Wicked, adaptation en grande pompe de la comédie musicale du même nom : lancée à Broadway en 2003, elle bat des records de longévité et s’est depuis exportée dans plus d’une dizaine de pays.

Ce soir d’avant-première, dans l’immense salle du Grand Rex, une horde d’adolescents trépignaient sur leurs sièges, levaient leurs smartphones pour immortaliser des séquences, applaudissaient à des moments sans que l’on comprenne pourquoi. L’expérience fut celle d’un déphasage complet, comme si le processus amorcé par Barbie , de Greta Gerwig (2023) était ici arrivé à maturation.

Quel est-il au juste ? Celui d’un Hollywood qui se réarme et se reconfigure sous nos yeux, renouvelle complètement l’idée qu’il se fait de son public. Il l’imagine jeune, féminin, sourcilleux sur les questions d’inclusivité et de représentation. Wicked s’adresse à lui, lui donne tout, s’épuise à lui plaire et à le divertir – il lui donne corps. C’est le directeur marketing d’Universal qui le confiait lui-même à Variety : « Si vous créez quelque chose qui est véritablement un événement pour les femmes, elles viendront. Barbie l’a prouvé à un niveau stratosphérique. Nous y avons trouvé de l’espoir : que nous puissions être une version de ce même phénomène. »

Fraîchement sortie de la salle de cinéma après avoir vu Wicked, la spectatrice se meut en consommatrice : c’est à elle que sont destinées les milliers de babioles à l’effigie du film, nées d’une étroite collaboration entre le studio et plus de 400 marques.

L’adaptation en deux volets du hit théâtral aura coûté la bagatelle de 300 millions de dollars (286 millions d’euros). Aux manettes : Jon M. Chu, nouveau golden boy qui s’est fait connaître avec la belle franchise Sexy Dance et l’immense succès de Crazy Rich Asians(2018), au casting 100 % sino-américain. Le cinéaste s’est fait l’adroit portraitiste d’une jeunesse américaine politiquement éveillée, multiculturelle, et qui ne dit pas non aux sucreries hollywoodiennes.

C’est très exactement le programme de Wicked, préquelle au Magicien d’Oz qui se focalise sur la méchante sorcière verte, inoubliablement incarnée par Margaret Hamilton dans le film de Victor Fleming (1939). Nous sommes au pays d’Oz, là où voit le jour Elphaba (Cynthia Erivo) qui, parce qu’elle est née avec la peau verte, vit une existence recluse et douloureuse. Désormais jeune femme, elle parvient à intégrer la prestigieuse université de Shiz aux côtés de sa sœur handicapée.

Elphaba doit partager sa chambre avec Glinda Upland (Ariana Grande), énervante première de la classe qui, parée de son blond platine et de sa garde-robe rose bonbon, n’a rien à envier à une poupée Mattel. La suite se laisse deviner : d’abord ennemies intimes, Elphaba et Glinda surmontent leurs différences et affrontent ensemble le régime oppressif du magicien d’Oz (Jeff Goldblum).

Récit d’émancipation

Entre Harry Potteret Barbie, Wicked se veut un éloge enchanteur de la différence, de la sororité qui atomise le vieux logiciel de la rivalité féminine. Le récit embrasse tous les corps, toutes les origines. Il s’attaque à la normativité pour s’accomplir comme manuel d’empowerment au féminin où Glinda finira par transformer sa bizarrerie en pouvoir magique. Les chansons collent comme du chewing-gum aux oreilles, et le tube Defying Gravity est déjà l’hymne de résilience pour une jeunesse en pleine tourmente trumpienne. On a beau, depuis La Reine des neiges, être excédés par ce récit d’émancipation cuisiné à toutes les sauces, Wickeda quelque chose d’assez irrésistible. Ici, le second degré permanent arrondit les angles de la mièvre leçon de vie, la star de la pop Ariana Grande est géniale dans ce rôle de petite peste jolie comme un bonbon, et Cynthia Erivo apporte une sobriété ténébreuse à son rôle.

Formellement, le film reprend l’imaginaire du somptueux film avec Judy Garland, mais passé à la moulinette du numérique : c’est du beau mêlé de laid, du décor de studio tramé avec de l’effet spécial. Jamais dépassé par sa délicate mission, Jon M. Chu a eu l’intelligence de garder l’esprit de la comédie musicale en envisageant l’espace du film comme une scène. On se croirait à Broadway, cet acmé du show-business : le professionnalisme de tous (comédiens, chanteurs, direction artistique) finit de l’emporter sur nos réticences. Qu’on aime ou non, voilà bien un rutilant spectacle de Noël.

Enfin, Wickeda quelque chose de bien moins roublard que Barbie dans sa manière d’assumer pleinement ce qu’il est : c’est une machine de guerre baignant dans une odeur de pop-corn, consciente de sa puissance phénoménale, et se faisant pardonner beaucoup de choses par l’humour et l’efficacité. Alors, on baisse les armes : certes, Hollywood n’est plus adulte depuis longtemps, mais Wicked est sans doute ce qui peut se faire de mieux sous cette ère infantile.

Le Monde
Culture, mercredi 6 novembre 2024 730 mots, p. 22
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6 novembre 2024 - Le Monde (site web)

the substance ppvv A voir

Une ex-star en lutte contre la péremption

Demi Moore incarne une actrice vieillissante dans le film de Coralie Fargeat mêlant horreur et glamour

Murielle Joudet

On doit à Bette Davis le surgissement d’un genre qui fit fureur dans les années 1960, la hag horror – hag pour « vieille sorcière ». Lancée par  Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? (1962), de Robert Aldrich, cette sous-catégorie du film d’horreur mettait en scène de vieilles gloires hollywoodiennes démonétisées dans des rôles de mégère psychopathe. Isolement, décrépitude, frustration maternelle ou sexuelle : l’ hag horror puise dans le réservoir des clichés liés à la vieillesse féminine, pour les étirer aux dimensions d’un conte macabre et parodique.

C’est à une résurgence du genre que l’on pense devant The Substance , de Coralie Fargeat, petit phénomène cannois reparti avec le Prix du meilleur scénario. Le film suit Elisabeth Sparkle (Demi Moore), ancienne star d’Hollywood reconvertie en vedette d’une émission d’aérobic, qui se fait virer le jour de ses 50 ans. Au bout du rouleau, elle se procure au marché noir une substance miraculeuse qui lui permettra de renouer avec sa jeunesse envolée. Une seule règle à respecter : une semaine sur deux, il faut qu’Elisabeth redevienne elle-même. Vendu : elle s’injecte l’antidote et « accouche » de Sue (Margaret Qualley), splendide créature qui jouira de tout ce que Los Angeles a à lui offrir – et en redemandera.

Absence d’ombre

Face à The Substance, le spectateur se perdra dans un labyrinthe cinéphilique qui engloutit à une vitesse folle les références pop : de la période aérobic de Jane Fonda en passant par Kubrick, De Palma, Cronenberg, Showgirls (1995), de Paul Verhoeven, La Mort vous va si bien (1992), de Robert Zemeckis. Le cinéma de genre digéré et régurgité en longues séquences clipesques et tapageuses, gonflés d’effets dégoulinants. On reprochera au film cette mauvaise manie de souligner tout ce qu’il énonce, laissant finalement peu de chose croître dans l’ombre.

Mais si, justement, l’absence d’ombre était le sujet de The Substance ? S’il nous parlait de cela : du corps des femmes sous le soleil impitoyable du numérique et de l’image haute définition, scruté, scanné et déchiqueté par nos regards. Rarement aura-t-on vu un ancien sex-symbol (dont la carrière appartient au cinéma argentique) se laisser examiner par cette précision de l’image qui ne pardonne rien, offrant cette nudité qui n’a rien d’érotique, tout de chirurgical. Demi Moore laisse tout passer : ridules, pores, chirurgie esthétique et discipline sportive qui dissimulent mal l’inexorable travail de l’âge.

Le film est le spectacle d’une actrice qui, maintenant qu’elle n’est plus image, en passe par tous les états : sorcière Disney, amas de chair informe, carcasse gisant sur le carrelage, vidée d’avoir dû plaire à tant de gens.

En face, Margaret Qualley a quelque chose d’extraterrestre : peau immaculée, gorgée de collagène, lèvres et fesses bombées que dévore le gros plan. Sa perfection est taillée pour cette époque. Pour l’œil contemporain, qui, à force de filtres, retouches numériques et autres Photoshop, est devenu allergique au défaut, à l’idée même du travail de la mort qui faisait pourtant tout le prix de l’image cinématographique.

Deux séquences, sans doute les moins spectaculaires, parlent de cette inspection sans fin des femmes face à leur reflet. D’abord Elisabeth qui se prépare pour un rencard : elle se maquille, se démaquille, se remaquille, mais rien ne va. N’ayant pas réussi à se donner forme, on dirait qu’elle tente de s’arracher le visage… et ne se rend pas au rendez-vous. L’autre montre Sue qui enregistre une session d’aérobic. Mais ayant dépassé les sept jours d’existence autorisés, elle sent une étrange forme lui pousser sur la fesse et interrompt le tournage. La production décide de revisionner la séquence image par image : tout est en ordre. Crise de la difformité contre pornographie de la perfection.

Sous son art de la surface un peu clinquant, The Substance fait spectacle d’une angoisse profonde et intimement féminine : la hantise de l’informe. Le hag/body horror bien troussé accouche d’une lutte muette entre la chair des deux actrices : l’une qui se défait, l’autre qui triomphe – et la remplace.

Le Figaro, no. 24965
Le Figaro et vous, jeudi 28 novembre 2024 1759 mots, p. 30

Culture

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27 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

EDDY MITCHELL : « J'EN AVAIS MARRE DE LIRE DE FAUSSES LÉGENDES À MON SUJET »

LE CHANTEUR SORT « AMIGOS » , SON QUARANTIÈME ALBUM, AINSI QUE SA PREMIÈRE AUTOBIOGRAPHIE. L'OCCASION D'UN POINT SUR HIER, AUJOURD'HUI ET DEMAIN.

Nuc, Olivier

Mr Eddy, comme on l'appelle depuis « La Dernière Séance » , l'émission télévisée des années 1980, fait partie de notre paysage musical depuis plus de soixante ans, avec Les Chaussettes noires puis en solo. Parolier d'exception, rocker, crooner, acteur et auteur, à 82 ans, il se livre comme rarement.

LE FIGARO. - LE FIGARO. - Amigos, votre nouvel album, est le premier sans Pierre Papadiamandis, votre compositeur attitré, disparu en 2022. Ça a été difficile sans lui ?

- EDDY MITCHELL. - Oui, mais j'ai été bien secondé par des gens tels qu'Alain Souchon, William Sheller, Pascal Obispo, Sanseverino ou Alain Chamfort qui ont répondu présent tout de suite. J'aime leur univers, ce qu'ils écrivent. Ça a été simple, donc.

LE FIGARO. - Vous avez changé votre méthode de travail ?

- Non, ils se sont plutôt adaptés à la mienne. Par exemple, j'ai coécrit la première chanson avec Souchon, dans une décapotable Pontiac. Sur la deuxième, j'ai mis mon grain de sel en écrivant le refrain. Sheller, j'ai fait le texte, Chamfort, je n'ai rien touché, sa chanson était formidable telle quelle. Sanseverino, j'ai mis mon grain de sel à cause d'un problème de mesure, et puis Obispo, c'était très simple : c'est mon voisin. Il sonnait chez moi ou je sonnais chez lui. Avec les autres, tout s'est fait par correspondance.

-

Vous chantez deux reprises, notamment Ils ont changé ma chanson, de Mélanie, qui est assez loin de vous...

- Oui, je l'ai enregistrée pour rendre hommage à Quincy Jones. J'avais entendu sa version orchestrée pour Ray Charles, qui était formidable. J'ai fait ça bien avant sa disparition. Nous avons souvent travaillé ensemble avec Quincy, même si son nom n'apparaissait pas sur les pochettes pour des histoires de droit.

LE FIGARO. - Beaucoup de gens ont découvert votre proximité avec lui au moment de sa mort, à travers des photos, par exemple...

- Ah oui, c'est vieux tout ça. Quincy avait une mémoire d'éléphant. Il se souvenait de ma première audition. Il travaillait chez Barclay, notamment pour Henri Salvador, en tant qu'arrangeur. Il a passé beaucoup de temps à Paris.

LE FIGARO. - Pourquoi avoir repris In the Ghetto, d'Elvis ?

- La maison RCA voulait sortir un album avec des chanteurs de plusieurs pays reprenant Presley. Le projet ne s'est pas fait à cause des héritiers qui s'y étaient opposés, mais ma traduction était prête.

LE FIGARO. - Ce titre rappelle que vous avez été un adaptateur de génie pour Chuck Berry, entre autres...

- Vous savez, ce n'est pas compliqué. Chuck Berry, il faut avoir une idée et pas se contenter de reprendre l'original.

LE FIGARO. - Comment avez-vous composé le texte de La Route de Memphis qui est meilleur que l'original That's How I Got to Memphis ?

- L'original était un peu simple. J'ai conçu l'adaptation comme un court-métrage. C'est une activité qui m'a toujours amusé.

LE FIGARO. - Vous n'avez pas enregistré aux États-Unis mais à Bruxelles, au studio ICP. Pour quelle raison ?

- C'est la première fois que je travaille là-bas. Je n'étais pas déçu mais les studios se ressemblent tous maintenant : la perfection technique est partout, mais les êtres vivants, non. Il y a de belles âmes qui travaillent à ICP. Les musiciens américains habituels m'y ont rejoint.

LE FIGARO. - Vous avez commencé à travailler avec cette équipe il y a cinquante ans, sur Rocking in Nashville. Qu'est-ce que cet album a de marquant dans votre carrière ?

- À cette époque-là, je vendais beaucoup plus de mes anciens disques que des récents, ce qui était très énervant. On me demandait de réenregistrer des vieux trucs, ce qui ne m'intéressait pas du tout. Je n'avais pas envie. Quitte à faire du rock'n'roll, autant le faire avec ceux dont c'est le métier ! Alors nous sommes partis à Nashville, et j'ai fait la connaissance de Charlie McCoy, Wayne Moss et les autres. Le disque a été enregistré en une journée, de 9 heures à 1 heure ou 2 heures la nuit suivante. Nous avions retenu le studio pour une quinzaine de jours, nous ne savions pas quoi faire. Alors nous avons traîné, enregistré quelques bricoles en plus.

LE FIGARO. - Il y a un grand revival country en ce moment. Avez-vous écouté l'album de Beyoncé par exemple ?

- Non, je n'aime pas beaucoup. La country a perdu de son originalité au passage. Maintenant il y a des violons, de grandes orchestrations, ce qui n'existait pas à notre époque. On enregistrait de manière un peu « roots » avec la steel-guitar. Mais cet instrument est devenu ringard pour les Américains. Alors que c'est un instrument sublime, et il faut sortir de Sant-Cyr pour savoir en jouer.

LE FIGARO. - Vous avez été le premier Français à avoir des tubes avec des chansons country. Comment était l'accueil, alors ?

- En France, cette musique n'était pas connue. Pour le commun des mortels, c'était lié aux chansons de cow-boys traditionnelles qu'on voit dans les films au coin du feu. Un peu carte postale. Je connaissais la chanson country par les rockers Bill Haley, Gene Vincent, qui en faisaient à leur sauce.

LE FIGARO. - Avez-vous écouté Johnny Cash ?

- Oui, un peu. Mais je n'aimais pas beaucoup sa façon de chanter, qui n'était pas très juste et je suis obsédé par la justesse. Mais j'aimais bien, en plus certains de ses textes sont formidables.

LE FIGARO. - Avez-vous le sentiment d'être très aimé ?

- Oui. Je sens bien que les gens sont en attente d'un disque ou d'un livre de ma part. C'est chouette, ça.

Cet album, Amigos, célèbre l'amitié. Vous n'êtes pourtant pas du genre à copiner avec les autres chanteurs, non ?LE FIGARO. -

- C'est quand même devenu rare de réunir des gens comme ça sur le même disque. Donc Amigos s'imposait. En plus, l'hôtel en face du studio s'appelle Amigo.

LE FIGARO. - Vous fréquentez beaucoup de musiciens ?

- Très peu. Il y a pas mal de gens avec qui je m'entends bien, qui font partie de mes amis. William Sheller, pour l'avoir au téléphone... Il est pudique, lui, dans le genre.

LE FIGARO. - À propos de pudeur, on ne s'attendait pas à lire votre autobiographie un jour. C'est votre idée ?

- Non, c'est à cause de Dutronc qui a fait son bouquin et qui a dit à son éditeur : «Vous devriez voir Eddy, il a des choses à raconter.» Et puis j'en avais marre de lire de fausses légendes à mon sujet. C'est bien de pouvoir mettre les choses au point. Notamment sur la vague histoire des Chaussettes noires.

LE FIGARO. - Le livre est empreint de gratitude, et très positif. Vous l'avez écrit facilement ?

- Le plus difficile, c'est de s'y mettre. Après, les souvenirs me sont revenus d'autant plus facilement que le livre est chronologique, ce qui a fait ressurgir les événements au fur et à mesure.

LE FIGARO. - Les pages consacrées à votre enfance sont très touchantes. Vous racontez une société qui a complètement disparu. Que vous ont apporté les différences culturelles ?

- Belleville, ce n'est plus pareil, ce qui n'est peut-être pas plus mal, d'ailleurs. Tout change. Je ne comprends pas la peur de l'autre, je ne l'ai jamais comprise. Je n'ai pas été élevé comme ça. En dessous de chez nous, il y avait des Martiniquais, des Italiens... Aujourd'hui les Italiens sont complètement admis. À l'époque, ma soeur aînée fréquentait un Italien, ce qui était un drame dans la famille. Dans le film Les Vieux fourneaux 2, il y avait un passage bien vu sur les immigrés. Le type qui joue le rôle du maire avait cette réplique géniale : «Tu ne crois pas que ce mec-là a fait autant de kilomètres pour voler ton tracteur?»

LE FIGARO. - Vous avez commencé à voter sur le tard. Pourquoi ?

- Quand j'ai vu que les Le Pen prenaient de l'importance, je me suis dit : «Ouh là, il est peut-être temps de se réveiller.» Ça me fait peur. Là, on l'a frôlé quand même.

LE FIGARO. - Que pensez-vous de la France d'aujourd'hui et de notre époque ?

- Qu'elle se porte bien. Le Français dit « moyen » est nettement plus avancé que celui que j'ai pu connaître. Plus ouvert aussi, mais plus frileux parce que la peur du lendemain est présente. Quant à l'époque, je la préfère à celle que j'ai connue. Quand on parle des années 1960, on voit toujours des images de gens en train de danser le be-bop et des filles avec des fleurs partout, mais il y avait de Gaulle qui nous gonflait vraiment, la guerre d'Algérie. On parlait d' « incidents » en Algérie alors que c'était une vraie guerre. De Gaulle avait ses deux chaînes de télé et n'en avait rien à foutre. Je garde le souvenir qu'à 18 ans nous avions peur de nous taper trois ans d'Algérie. Ma chance a été d'être appelé en janvier 1962 alors que la guerre s'arrêtait en juillet. J'étais parti pour faire vingt-quatre voire vingt-huit mois. Mais j'ai été la première classe à ne faire « que » dix-neuf mois.

LE FIGARO. - La scène et le cinéma vous manquent-ils ?

- La scène un peu, de temps en temps. Et au cinéma, on me propose toujours le rôle du vieux ronchon. Ça va, j'ai déjà donné ! Alors, j'attends. Je ne suis pas pressé. Il y a eu ce téléfilm qui a très bien marché, dans lequel je jouais le rôle d'un curé pas très catholique. C'est intéressant, c'est autre chose. Les assurances ne sont pas toujours d'accord.

LE FIGARO. - Vous avez eu des problèmes de santé récemment. Comment allez-vous ?

- J'ai arrêté de fumer il y a plus d'un mois. Ça va pour le moment, je me maintiens. On va voir.

LE FIGARO. - Sur ce disque, votre épouse signe un texte et se consacre à Jim Harrison...

- Elle avait déjà signé une chanson sur Léo Ferré, sur mon album Les Héros. Quant à Harrison, je suis fan, mais elle l'est encore plus que moi. François Busnel, de « La Grande Librairie » , qui est aussi un grand admirateur, lui avait consacré un reportage. Il lui avait fait écouter ma chanson L'Esprit grande prairie. On devait se rencontrer à Paris. Ma femme était tout émoustillée à l'idée de dîner à sa table. Mais le pauvre est mort entretemps.

Amigos (Barclay). Eddy Mitchell. Autobiographie, Le Cherche midi, 240 p., 19,80 euros.

Le Monde
Culture, mercredi 13 novembre 2024 592 mots, p. 25
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13 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Desert of Namibia ppvv A voir

Au Japon, chronique aride d’une jeunesse qui ne sait pas quoi faire

Sélectionné à la Quinzaine des cinéastes à Cannes, ce film ovni révèle la réalisatrice Yoko Yamanaka et l’actrice Yumi Kawai

Clarisse Fabre

Voici l’ange cruel, mal dépoli. Kana (Yumi Kawai), beauté japonaise de 21 ans, l’incarne avec saveur : sa démarche dégingandée tranche avec sa fine silhouette, son joli minois est aux abois. Rien ne lui réussit, et elle s’en balance : ni son couple rangé avec un agent immobilier, Honda (Kanichiro), ni sa relation bagarreuse avec Hayashi (Daichi Kaneko), un artiste dont elle moque les créations. Sélectionné à la Quinzaine des cinéastes, à Cannes, Desert of Namibia, second long-métrage de Yoko Yamanaka, née en 1997, est un ovni, assurément. Et l’héroïne, une tornade muette.

Kana est dans le tout ou rien : ivre la nuit, dans ses déambulations tokyoïtes ; morne le jour, dans le centre d’épilation au laser où elle est employée. Un mélange de luxe et d’arnaque où l’on promet la peau douce éternelle aux clientes qui frémissent à chaque passage de l’appareil. Il faut être un peu bête pour souffrir ainsi, semble nous dire la cinéaste, cultivant l’irrévérence, comme un décalque de son héroïne.

Kana a le rire méchant : l’amoureux numéro un puis le numéro deux en feront les frais. Le premier, beau ténébreux, attentionné, se fait piéger en obéissant aveuglément à son patron (comme il se doit au Japon). Lequel lui ordonne, lors d’un week-end en séminaire, de venir se détendre dans un bar à hôtesses. Il en est malade : « Je n’ai pas bandé », jure-t-il à Kana. Celle-ci s’en fiche. Cela ne se passe pas mieux avec son nouvel amant ; dans le deux-pièces minuscule, les scènes de vie conjugale se conjuguent avec les poings et les cris, avant de s’apaiser comme si de rien n’était, comme à la fin d’un spectacle.

Bolide lancé tout à trac

Est-ce un film, une performance, une œuvre godardienne ? Sur fond rose bonbon, l’héroïne semble subitement s’échapper du film : courant sur un tapis de course, elle regarde le feuilleton de sa vie sur l’écran de son téléphone. La cinéaste prend plaisir à nous semer, tout en créant des images entêtantes, comme cette voisine aux airs d’ange gardien. Il y a aussi ce dialogue bizarre, dans un café, lorsqu’une copine apprend à Kana le suicide d’une ancienne élève du lycée. Kana fait mine d’écouter, tout en tendant une oreille à la table d’à côté, où se tiennent des propos salaces.

Yumi Kawai, actrice en herbe, était encore au lycée lorsqu’elle est venue voir Yoko Yamanaka qui présentait son premier « long », Amiko (2018), lui demandant de penser à elle pour son prochain film. Dont acte. Tel un bolide lancé tout à trac, la comédienne passe par tous les états et assure le numéro : elle tombe, roule dans l’escalier, réussit les virages dans le burlesque et le vide.

La réalisatrice a abandonné ses études de cinéma, au Japon, pour réaliser son premier « long ». La vingtenaire s’est retrouvée propulsée sur la Croisette avec Desert of Namibia. D’ordinaire, on guette les seconds longs-métrages, pour vérifier l’éclosion d’un nouveau talent. Yoko Yamanaka a déjà franchi l’étape, son cinéma est une fleur sauvage. Espérons que celle-ci ne se fanera pas trop vite, sous le fer à repasser des scénarios lissés.

Le Figaro, no. 24958
Le Figaro et vous, mercredi 20 novembre 2024 711 mots, p. 33

Culture

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19 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

« LA PLUS PRÉCIEUSE DES MARCHANDISES » , CONTE DE LA FOLIE EXTRAORDINAIRE

MICHEL HAZANAVICIUS CHOISIT L'ANIMATION POUR PORTER À L'ÉCRAN LE TEXTE DE JEAN-CLAUDE GRUMBERG SUR LA SHOAH. UN FILM GRAVE ET POÉTIQUE.

Sorin, Etienne

Les admirateurs d'OSS 117 le savent, les meilleures vannes des films de Michel Hazanavicius concernent la Shoah. Ainsi, dans OSS 117: Rio ne répond plus, Jean Dujardin, alias Hubert Bonisseur de la Bath, agent incompétent et antisémite bon teint, se voit rappeler le génocide juif par un membre du Mossad et acquiesce avec un froncement de sourcils : «Ah, ça? Oui, hum, quelle histoire, ça aussi...»

Hazanavicius a longtemps préféré rire de la barbarie nazie. Pourtant, la Shoah, c'est l'histoire de ses ancêtres lituaniens et polonais, de certains membres de sa famille qu'il n'a jamais connus et qui en ont été victimes. Il se trouve par ailleurs que Jean-Claude Grumberg est le meilleur ami de ses parents depuis leurs 16 ans. Et que Grumberg, dont le père et le grand-père ont été raflés en 1942, déportés et assassinés à Auschwitz, est un dramaturge reconnu dont l'oeuvre tente de mettre en mots ce traumatisme indicible. Il est aussi l'auteur de LaPlus Précieuse des marchandises, publié en 2019 (1). Une évocation de la Shoah en forme de conte qui commence comme un conte : «Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron.»

Que Michel Hazanavicius choisisse l'animation pour le porter à l'écran n'est guère surprenant. L'animation est au cinéma ce que le conte est à la littérature, affirme le réalisateur de The Artist. C'est en partie vrai - Valse avec Bachir, d'Ari Folman, ou Persepolis, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, ne sont pas des contes. Il est surtout avéré que Michel Hazanavicius fait partie des cinéastes en activité qui ont le meilleur coup de crayon, avec James Cameron et Guillermo del Toro. Il s'en défend, et, passé par une école d'art avant de faire du cinéma, il l'a longtemps gardé pour lui et pour les story-boards de ses films. Il a dessiné lui-même les personnages de LaPlus Précieuse des marchandises, avant de les confier à une équipe d'animateurs.

Une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron, donc. Ils vivent sans enfant dans les bois, tenaillés par la faim et le froid. Autour d'eux, c'est « la guerre mondiale ». Les trains traversent la forêt enneigée. Des trains de marchandise transportant des hommes, des femmes et des enfants. Un père jette par une lucarne un bébé, voulant sauver l'un de ses jumeaux - comme dans Le Choix de Sophie, de William Styron. La bûcheronne recueille cette « sans-coeur » contre l'avis du bûcheron, barbu bourru bientôt attendri par la fillette et juste sans le savoir. Un voisin, ex-soldat russe à la gueule cassée, lui donne du lait contre des fagots. Les autres bûcherons sont plus méfiants à l'égard de cet enfant apparu soudainement, puis franchement hostiles.

LaPlus Précieuse des marchandises commence bien comme un conte cruel et joli, grave et poétique. Hazanavicius s'inspire du style du peintre japonisant Henri Rivière (1864-1951). Le cerné épais, les couleurs douces et chatoyantes coïncident avec l'allégorie (les « sans-coeur » pour dire les Juifs). Mais le conte ne résiste pas au réel. Le récit bascule et l'esthétique en même temps. Hazanavicius suggère plus qu'il ne montre frontalement les camps d'extermination, mais les signes ne trompent pas. L'étoile jaune, la fumée des cheminées des fours crématoires, les corps décharnés. Dans les wagons, Hazanavicius donne un visage à ces ombres apeurées. Les images arrêtées et les dessins au fusain rappellent certaines planches expressionnistes de Maus, d'Art Spiegelman, l'un des plus grands témoignages sur la Shoah, une bande dessinée représentant les Juifs en souris et les nazis en chats.

Jean-Louis Trintignant prête ici sa voix au narrateur, enregistrée avant son décès, en 2022. Son timbre chaud et métallique chasse tout pathos. Voix d'outre-tombe, fantomatique, et voix qui fait remonter d'autres images. Celles du Train, le beau film de Pierre Granier-Deferre, d'après le roman de Georges Simenon. Trintignant y tombe amoureux de Romy Schneider, juive cachée dans un convoi en plein exode. Le train, Hazanavicius en fait, lui, un leitmotiv lugubre. Qu'il soit dessiné et animé ne change rien à son transport funeste.

(1) Le Seuil le réédite avec les dessins de Michel Hazanavicius.

E.S.

Le Monde
Culture, jeudi 5 décembre 2024 1599 mots, p. 26,27

Musique

Un voyage en Ravélie autour du « Boléro »

Le Musée de la musique célèbre les 150 ans du compositeur français avec une passionnante exposition, accompagnée de concerts et de conférences

Marie-Aude Roux

Cent soixante-neuf répétitions d’un ostinato rythmique, deux longues mélodies reprises 18 fois, un immense crescendo par paliers, dont l’explosion modulante (de do à mi majeur), suivie de tonitruants rugissements de cuivres, précède la chute brutale dans les graves.

« Pas de musique, pas de composition : seulement un effet d’orchestre », écrit Ravel à propos du Boléro dans une lettre du 2 septembre 1828 à son amie Georgette Marnold. Une formule lapidaire pour désigner l’œuvre de musique classique la plus jouée au monde, dont l’audition intégrale en immersion ouvre l’exposition « Ravel Boléro » qui se tient au Musée de la musique, à Paris, du 3 décembre au 15 juin 2025, à l’occasion du 150e anniversaire de Maurice Ravel, né le 7 mars 1875 à Ciboure (Pyrénées-Atlantiques).

Dandy assumé

Le parcours imaginé par le musicologue et commissaire de l’exposition, Pierre Korzilius, s’ouvre par cette plongée dans la matière musicale. Sur un large écran, disposé en spirale autour du percussionniste central, l’Orchestre de Paris et son directeur musical, Klaus Mäkelä, filmés par Camera Lucida en 2023, sont identifiés à l’aide de lumières lorsqu’ils jouent – rouge pour la mélodie, bleu pour le rythme, jaune pour l’ostinato. Chargé de l’irrépressible énergie de la « machine » ravélienne, le visiteur peut ensuite s’aventurer dans les 18 compartiments d’un voyage en Ravélie qui explore aussi bien l’intimité matérielle du compositeur que les méandres de sa pensée.

Omniprésente, bien sûr, la maison de Montfort-l’Amaury (Yvelines), Le Belvédère, où le compositeur a intégralement composé le « ballet de caractère espagnol » commandité par la danseuse et mécène russe, Ida Rubinstein (1885-1960), créé à l’Opéra de Paris le 22 novembre 1928. Les visuels de pièces, portes et couloirs grandeur nature servent à la fois d’écrin et de ligne de fuite, donnant l’impression que le musicien peut surgir à tout moment, comme au retour de la triomphale tournée américaine de 1828, dont témoigne la malle-cabine encore entrouverte sur une rangée de gilets dont la taille rend compte de la frêle carrure du compositeur (1,61 mètre pour 48 kilos), qui lui valut d’être exempté de service militaire pour « faiblesse »puis difficilement incorporé dans l’armée en 1915, dont il sera réformé deux ans plus tard.

Objets de manucure alignés de manière chirurgicale, casse-tête en bois, poupées de Kobé mécaniques, boîtes à musique, Ravel collectionne des objets hétéroclites, certains précieux, d’autres pas. Dandy assumé, il assure en orchestrateur l’élégance de sa mise tout comme le choix et l’alliage des couleurs instrumentales. Parmi les pièces maîtresses de l’exposition, le manuscrit autographe de 1928, esquisses de l’orchestration du Boléro, dont le trait au crayon renforce la précision millimétrée (on retrouvera ce souci du détail dans ses dessins) et le bureau bois et cuir du musicien, avec son lutrin, ses objets gothiques à connotation religieuse, son cendrier (sur les photos, quand Ravel n’est pas au piano, il fume), sans oublier le repose-pied dont il a lui-même conçu les damiers de cuir noir et blanc.

Au Belvédère, Ravel peint, dessine, bricole, découpe des motifs au pochoir qui serviront aux décors des papiers peints muraux et du mobilier, activités qui rejoignent la manière dont il décrit son travail d’écriture, arguant qu’il « turbine », « cimente », ou, pour ce qui concerne le Boléro, « réalise une machine ».Il y a de l’enfance et des sortilèges dans ces marottes obsessionnelles, et ce goût pour les technologies industrielles, que lui a transmis son inventeur de père, Pierre-Joseph, ingénieur suisse et pionnier de l’industrie automobile. Au cours de ses pérégrinations, le musicien s’émerveillera des « cathédrales incandescentes » du bassin sidérurgique de la Ruhr, des usines « horribles et splendides » de la Ford River Rouge Complex de Dearborn (Michigan), et même des établissements de travaux publics Laubeuf à Chatou (Hauts-de-Seine) qu’il appelle l’ « usine du Boléro ».

Influence espagnole

Lettres, estampes, maquettes, tableaux (Manet, Odilon Redon, Degas, Léger), portraits, photos et vidéos (cinéma, ballets, documents d’archives) contrepointent l’espace, prêtés par la Bibliothèque nationale de France, la Maison-Musée Maurice Ravel de Montfort-l’Amaury (une soixantaine d’objets), le Musée d’Orsay, le Centre Georges-Pompidou mais aussi venus de Monaco, Vienne, Londres ou des Etats-Unis. La technologie parviendra-t-elle un jour à mettre des sons sous les doigts de Ravel au piano ? Des mots sur les lèvres du musicien répondant en 1928 au critique musical du New York Times Olin Downes (archive Artur Rodzinski) ?

Au cœur de l’inspiration ravélienne, l’Espagne et la danse, que symbolise la célèbre Lola de Valence peinte par Edouard Manet. La mère de Ravel, Marie Delouart, d’origine basque, lui a chanté jota, fandango, habanera. Une appétence dont témoignent l’ Alborada del gracioso, la Pavane pour une infante défunte, la Rapsodie espagnole, sans oublier l’opéra L’Heure espagnole, tandis qu’il fréquente à Paris les musiciens ibériques (Manuel de Falla, Enrique Granados, Joaquin Nin, Joaquin Turina, et l’ami pianiste Ricardo Viñes), affiche son goût pour la peinture et la littérature espagnoles .Paradoxal cependant : malgré son titre, le Boléro, écrit « dans le style plaintif et monotone des mélodies arabo-espagnoles », n’en est pas un stricto sensu.

L’exposition évoque, pour finir, l’incroyable feuilleton juridico-financier qui s’est achevé le 14 février dernier au tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine). L’épilogue d’une saga en forme d’ostinato. La disparition de Ravel, le 28 décembre 1937, a fait de son frère, Edouard, son ayant droit naturel. Mais, en 1954, lui et son épouse sont victimes d’un grave accident de voiture. Ils devront faire appel aux services d’un couple de « soignants », Alexandre Taverne et sa femme, Jeanne, dont Edouard fera sa légataire universelle.

Le testament, contesté par les héritiers suisses de Ravel, se verra confirmé en justice. En 1966, Alexandre Taverne et sa nouvelle épouse, Georgette, empochent 36 millions de francs lourds. Quelques années plus tard, ayant découvert que les droits du compositeur en Angleterre et aux Etats-Unis ont été perdus, un ancien juriste de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), Jean-Jacques Lemoine, se fait fort de les récupérer, tandis que l’éditeur de Ravel, René Dommange, lui cède, par le biais d’une société domiciliée aux Nouvelles-Hébrides, la moitié des droits d’auteur qu’il détenait.

En 1973, la veuve Taverne est une femme riche, qui s’installe à Gstaad, en Suisse. C’est grâce au lobbying du producteur de musique Manuel de Scarano, entré dans la ronde ravélienne par le rachat des éditions Durand, que Jack Lang promulguera en 1985 une loi prolongeant de vingt ans les droits d’une œuvre qui aurait dû entrer dans le domaine public le 1er mai 1996. Le Boléroest alors, et pour des décennies, en tête des œuvres françaises les plus jouées dans le monde. Une manne.

Mais, dès le surlendemain de son entrée officielle dans le domaine public (1er mai 2016), les ayants droit de la famille Taverne (la fille de Georgette, Evelyne Pen de Castel) et d’Alexandre Benois, décorateur de la création du ballet, en 1928, se manifestent : le Boléroserait une « œuvre de collaboration », ce qui devrait permettre, le décorateur étant mort en 1960, d’en prolonger les royalties jusqu’au 1er janvier 2039. Un nouveau procès, gagné par la Sacem, déboutera les deux successions, Mme Pen de Castel se voyant même condamnée pour abus de droit moral.

Véritable fonds universel

Les musiciens n’ont pas attendu cette chasse à courre cupide pour s’approprier un « tube » que les trois quarts des Français déclarent connaître et qui, selon Spotify, serait la troisième musique la plus écoutée pendant les rapports sexuels (après la bande originale de  Dirty Dancing et Sexual Healing, de Marvin Gaye). Aux côtés de multiples transcriptions, arrangements et citations, le Boléroa intégré le répertoire des orchestres de jazz (Ray Ventura, Benny Goodman), devenant un de leurs standards (de Bill Evans à Angélique Kidjo).

La musique électronique suivra (Isao Tomita en réalise le premier remix), que ce soit sous forme référentielle ou par assimilation : versions reggae de Frank Zappa, dans l’album The Best Band You Never Heard in Your Life(1991), metal avec le groupe finlandais Apocalyptica, pop-rock avec Rufus Wainwright (Oh What a World, 2004), rap avec Saïan Supa Crew (samplé sur Trop agile).

Véritable fonds universel, la musique de Ravel s’est également faite bande-son pour le cinéma ou la publicité, et même dans la rue, dont elle anime, depuis les années 2000, de nombreuses flashmobs. Un rythme hypnotique, deux longs thèmes consanguins, un immense tsunami orchestral : le « bon tour » joué par Ravel « au monde musical », dont le succès n’avait de cesse de le chagriner, n’a pas fini de faire danser le monde.

Exposition : « Ravel Boléro », au Musée de la musique à la Cité de la musique, Philharmonie de Paris, Paris 19e. Du 3 décembre 2024 au 15 juin 2025. Du mardi au vendredi de 12 à 18 heures, samedi et dimanche de 10 à 18 heures. Fermeture les 25 décembre et 1er janvier 2025. De 6 € à 11 €. Gratuit pour les moins de 12 ans.

Concerts et conférences : cinq conférences (les 13 novembre, 4 et 11 décembre 2024, 22 et 29 janvier 2025) et sept concerts, du 7 au 10 mars 2025. Philharmoniedeparis.fr

Livre : « Ravel Boléro », sous la direction de Lucie Kayas. La Martinière/Philharmonie de Paris, 224 pages, 32,50 euros. Editionsdelamartinière.arts

Le Monde
Culture, mardi 3 décembre 2024 1147 mots, p. 25
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1 décembre 2024 - Le Monde (site web)
2 décembre 2024 - La Matinale du Monde

Disparition

Niels Arestrup, la traversée d’un fauve solitaire

L’acteur, qui commença sur les planches et vint au cinémapar nécessité, était taillé pour incarner des personnages inquiétants

Joëlle Gayot et Jacques Mandelbaum

L’acteur, qui était né à Montreuil-sous-Bois (aujourd’hui Montreuil), en Seine-Saint-Denis, le 8 février 1949, s’est éteint dimanche 1er décembre au matin à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine), à l’âge de 75 ans. Cette forte personnalité, d’une nature réservée et intransigeante, capable d’instiller la terreur à travers certains de ses personnages, naquit dans un milieu modeste (père ouvrier, mère dactylo).

Knud, son père, de nationalité danoise, avait en effet fui son pays envahi en avril 1940 par les troupes nazies. Le voici en France, les Allemands sur les talons. Sur le point d’embarquer au Havre pour les Etats-Unis, il fait un crochet par Paris, où l’amour lui tend inopinément les bras à une terrasse de café, sous la forme d’Yvonne Turmel. Il ne parle pas un mot de français, mais sa fuite s’arrêtera net à Paris. Et Niels naîtra, dans l’immédiat après-guerre, de cet amour un peu miraculeux né sous les feux de l’enfer, et a fortiori par accident, ses parents ayant eu déjà chacun un enfant avant lui.

Le jeune Niels est solitaire, il a tendance à se blinder. Il s’en expliquait encore en 2019 au Monde: « J’ai toujours une petite difficulté à approcher l’autre, même si, maintenant, les choses sont plus faciles. Reste que ma sensibilité vient en partie de cette émotion particulière, la solitude, qui m’a beaucoup servi. Sans elle, je n’aurais pas fait ce que j’ai fait. »

Le jeune homme raccourcit ses études et, comme son père dans ceux d’Yvonne, se jette un peu par hasard dans les bras du théâtre, qu’il apprend, comme une pléiade d’acteurs de sa génération, auprès de Tania Balachova, disciple du dramaturge et théoricien Constantin Stanislavski. Lui-même fondera, en 1988, sa propre école de formation d’acteur : le Théâtre-école du passage.

Un orage sous la douceur

Membre d’une troupe belge dans les années 1960, il passe la décennie suivante à se chercher dans des projets aux antipodes les uns des autres. Textes classiques et répertoire moderne, il explore les deux. Il est taillé pour incarner des personnages troubles, opaques et paradoxaux. En 1976, il est de l’aventure Gilles de Rais. L’infâme, une pièce de Roger Planchon. En 1978, il joue dans Haute surveillance, un texte du sulfureux Jean Genet. Tchekhov est cependant l’auteur qui lui colle le plus à la peau, il l’interprète plusieurs fois et fait, grâce à lui, une apparition remarquable aux Bouffes du Nord.

Dans cet écrin mélancolique, sous la houlette de Peter Brook, il campe en 1981 un parvenu revanchard dans La Cerisaie. Ses yeux délavés s’écarquillent : lui, le fils de serfs, a acheté le domaine des maîtres. Cette incarnation fait date. Elle signe une collaboration soutenue avec l’un des autres comédiens, Maurice Bénichou, qui le dirige dans Dom Juan, de Molière (1984), Les Trois Sœurs, de Tchekhov (1988), Etoiles, de Pierre Laville (1999). Ces deux fauves se ressemblent : un même orage gronde sous leur douceur.

Niels Arestrup est un animal beau, instinctif, charismatique mais dangereux. Pas vraiment un partenaire apaisant pour les actrices dont certaines se plaindront de ses violences physiques. Le comédien quitte peu à peu les rives du théâtre subventionné pour ne plus se montrer que dans le privé où il sème l’inquiétude à chaque fois qu’il bouge un sourcil. En 2011, son face-à-face avec André Dussollier, dans Diplomatie, en 2011, prend le public à la gorge. Sa présence est radioactive. En 2020, un Molière salue sa prestation en Rothko (le peintre) dans Rouge, de John Logan. Le théâtre ne propose pas si souvent de telles bêtes de scène. Il était l’une d’elles.

Le cinéma, qu’il affectionne moins, rejoint assez vite le théâtre dans la palette expressive du comédien. Il y inaugure sa carrière dans les années 1970, y devient par ce qu’il convient lui-même de nommer nécessité alimentaire un second rôle de talent, s’illustrant au passage aux côtés de grands metteurs en scène, tels Alain Resnais (Stavisky, 1974), Chantal Akerman (Je tu il elle, 1974), Marco Ferreri (Le futur est femme, 1984) ou Robert Kramer (Diesel, 1985).

La rencontre providentielle est évidemment celle avec Jacques Audiard. Elle lui vaut son premier César pour un meilleur second rôle en 2005 dans De battre mon cœur s’est arrêté, où il interprète avec conviction au côté de Romain Duris un père totalement véreux et foireux. Avant que son rôle de parrain corse dans l’excellent film de prison Un prophète ne le fasse subitement changer de statut en 2009. Il y interprète César Luciani, un psychopathe omnipotent qui jette son dévolu sur un petit délinquant, Malik (Tahar Rahim) qu’il va protéger et terroriser avant que celui-ci, modèle d’intelligence pragmatique, ne le trahisse et l’abandonne à son sort.

La violence rentrée, le malaise constant, l’aura perverse et maléfique qu’Arestrup fait émaner de son personnage, son interprétation euphémistique du rôle, dont la douceur ne rend que plus affolantes les explosions de violence, fait ici merveille. Tahar Rahim, véritable héros du film, rafle à juste raison le César du meilleur acteur, mais Arestrup aurait pu aussi bien y prétendre.

Intonation péremptoire

Son désir de reconnaissance n’est pas tel qu’il prenne ombrage de ce deuxième César du meilleur second rôle. Il en obtiendra d’ailleurs un troisième dans la même catégorie sous la direction de Bertrand Tavernier dans Quai d’Orsay (2013), où il campe, dans un autre registre, un directeur de cabinet revenu de tout. La chose politique intéressait d’ailleurs Niels Arestrup dans le strict rapport qu’elle entretenait avec l’art de la scène. Ce fut le sujet du seul long-métrage qu’il a réalisé, Le Candidat (2007), où il interprète un cacique politique dont le fils (Yvan Attal) reprend sans conviction la vocation à l’occasion d’une élection présidentielle.

En attendant, le voici en revanche plus que jamais demandé par le septième art français qui, par un pli fatal, a tendance à le circonscrire à ce rôle de patriarche autoritaire, grand prédateur à la violence enfouie et à l’impassibilité inquiétante, qui lui avait tant réussi chez Audiard. L’acteur en refuse beaucoup, mais en accepte suffisamment – par exemple dans 96 heures (2014) de Frédéric Schoendoerffer – pour ne pas sembler rééditer le singulier exploit qui lui aura permis de passer au premier plan de la scène cinématographique. Il n’en aura pas moins – avec ses yeux clairs, son intonation péremptoire, son visage raviné, sa démarche redoutablement chaloupée – inventé ce style physique à la fois économe et lourd de menace qui – plus propre au cinéma hollywoodien qu’hexagonal – n’appartenait qu’à lui.

Le Monde
Culture, mardi 5 novembre 2024 1555 mots, p. 24
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4 novembre 2024 - La Matinale du Monde

Théâtre

Extension du domaine de la performance

De plus en plus de spectacles, souvent portés par des femmes, tentent de casser le rapport classique au public

Fabienne Darge

Vous avez dit performance ? Ou vous avez dit théâtre ? Les deux, mon général. Il semblerait qu’entre ces deux-là ce soit le mariage du moment. Dans le théâtre, le mot « performance », qui appartient plutôt au langage de l’art contemporain, est actuellement partout : dans les programmes de saison, dans la bouche des programmateurs, dans les analyses des critiques, universitaires ou journalistes. Julien Gosselin, tout juste nommé à la tête de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, deuxième institution théâtrale française, a fait sensation en annonçant que sa programmation mettrait l’accent sur les formes performatives. Le Festival d’automne, qui a toujours accueilli ces formes mixées, intensifie son geste, sous la houlette de la directrice artistique pour le théâtre et la danse, Francesca Corona.

Cet automne, les spectacles qui font parler d’eux sont, dans bien des cas, soit des formes classées sous l’onglet « performance », mais qui se rapprochent du théâtre par bien des points, comme le magnifique Skinless, de Théo Mercier, soit des formes théâtrales fortement infusées par la performance. Qu’il s’agisse du sidérant A Noiva e o Boa Noite Cinderela, de Carolina Bianchi, de Cécile, de Marion Duval, avec l’incroyable Cécile Laporte, de Carte noire nommée désir ou Plutôt vomir que faillir, de Rébecca Chaillon, ou des différentes petites formes signées par Stéphanie Aflalo. Mais on pourrait parler aussi de ceux de Marion Siéfert, de Laurène Marx ou de Miet Warlop, qui continuent à tourner.

Cassons d’emblée un malentendu : la « performance » dont il est question ici n’est pas celle qui a eu cours dans l’art contemporain, dans les riches heures des années 1960 et 1970, à savoir une action unique, non reproductible, dont les traces subsistent grâce à la photo ou au cinéma. Il faudrait plutôt parler d’ « état d’esprit performatif », comme l’écrit l’universitaire Joseph Danan, auteur d’un livre incontournable sur le sujet : Entre théâtre et performance, la question du texte (Actes Sud, 2013).

Cet « esprit » performatif reprend à cette source originelle pourtant bien des codes, que Danan détaille dans son ouvrage : « La mise en jeu de l’artiste lui-même ; la non-séparation entre l’art et la vie (ou l’ébranlement de cette frontière) ; l’importance primordiale du corps ; l’unicité de l’événement, le rôle de l’imprévu, de l’incontrôlable, voire de l’improvisé, en tout cas le caractère éphémère de la chose ; le partage d’une expérience ; la protestation, la contestation (de l’académisme/du pouvoir politique) ; la transgression, la subversion ; la revendication féministe, la question posée au genre et à l’identité sexuelle ; la marginalité, toujours en tension avec une récupération effective ou possible. »

Certes, l’affaire n’est pas tout à fait nouvelle, comme l’atteste la date de publication du livre de Joseph Danan. Elle remonte aux années 2000, quand des créateurs comme Romeo Castellucci, Rodrigo Garcia, Angelica Liddell ou le groupe Forced Entertainment ont été fortement à l’initiative de cette hybridation. Mais elle concerne aujourd’hui une nouvelle génération de créateurs – ou plutôt de créatrices, au vu de l’énumération faite plus haut, ce qui n’est pas tout à fait un hasard. Et elle s’amplifie.

Provoquer un vrai débat

Que révèle cette extension du domaine de la performance ? Bien des choses, à la croisée du politique, de l’économie, de l’histoire du théâtre et d’une évolution anthropologique. A commencer par le fait que le bon vieux théâtre n’a pas toujours su faire leur place aux femmes, et à ce qu’elles avaient à dire. C’est ce que résume Rébecca Chaillon avec son côté « cash » : « La performance, que j’ai expérimentée, notamment avec Rodrigo Garcia, m’a permis de trouver ma place, ce qui était impossible dans le théâtre français classique quand on est, comme moi, grosse, noire et queer. Aller vers le performatif m’a permis d’être moi-même, et de comprendre que mes problématiques intimes avaient une dimension politique. »Ce chemin a mené vers Carte noire nommée désir, un des spectacles les plus fracassants de ces dernières années. Un des rares, surtout, à avoir eu la capacité de provoquer un vrai débat – saignant, par moments – sur la question du regard des Blancs posé sur les Noirs.

« La performance a été un formidable ouvroir de liberté », disent, quasi dans les mêmes termes, Marion Siéfert et Stéphanie Aflalo, toutes les deux profondément nourries par l’histoire de cet art, mais qui produisent pourtant des formes bien différentes : un théâtre interrogeant le virtuel pour l’une, des formes philosophico-ludiques sondant les énigmes de la mort et du vide pour l’autre. Toutes deux soulignent que la performativité leur a permis de préserver la « radicalité » (Marion Siéfert), « l’insolence et la folie » (Stéphanie Aflalo) de leurs recherches.

La Brésilienne Carolina Bianchi, elle, est au cœur de ce qui se noue entre l’histoire des femmes et celle des formes performatives, avec A Noiva e o Boa Noite Cinderela. « Je voulais engager une conversation avec le public sur la question du viol, des violences sexuelles et sexistes, du traumatisme, et je me suis demandé comment le type de langage qu’est le théâtre pouvait supporter de tels sujets, de tels souvenirs et de telles atrocités, explique-t-elle. Très vite, il m’est apparu que c’étaient les performeuses qui s’étaient engagées le plus loin sur cette question, en se mettant en jeu elles-mêmes. J’ai donc décidé d’intégrer cette histoire à mon spectacle, notamment à travers la figure de Pippa Bacca, une artiste italienne violée et assassinée en 2008, en Turquie, lors d’une performance itinérante consistant à sillonner l’Europe en robe de mariée. »

Carolina Bianchi ne s’en est pas tenu là. Elle jette son propre corps dans la bataille, dans son spectacle : à chaque représentation, elle ingère un cocktail médicamenteux qui l’amène à s’endormir sur scène, incarnant ainsi en direct toutes les belles au bois dormant de l’histoire de l’humanité, sédatées pour pouvoir être violées, jusqu’à la dernière en date, Gisèle Pelicot. « Il m’a semblé évident qu’il fallait me confronter moi-même à un acte performatif fort : quelque chose qui ne soit plus tout à fait dans la sphère du théâtre et de l’imaginaire, mais qui soit bien concret, hyperréel, et qui joue avec les limites du risque. La performance me permet d’aborder la violence sous un autre angle, et de questionner la rémanence de la mémoire. Car les traces de ces actes restent difficiles à appréhender », précise-t-elle.

Espace du risque

Qu’un théâtre fortement performatif soit l’espace du risque, d’une parole alternative à la normativité capitaliste, c’est aussi une évidence avec Cécile, qui jette sur le plateau, avec la performeuse Cécile Laporte, une manière d’être au monde d’une liberté radicale. Pour Marion Duval, la metteuse en scène, cette dimension performative répond avant tout au désir de casser le rapport que le théâtre classique, qu’elle considère comme totalement muséifié, instaure avec le public : « J’essaie avant tout d’établir une autre relation entre la scène et la salle, que les personnes sur scène puissent traverser les expériences qu’ils vivent, et les faire traverser aux spectateurs. La surprise, la dépense jouent sur cette relation, sur le fait d’aller vers quelque chose d’inconnu. »

Le bon vieux théâtre, avec une fable, des personnages, etc., est-il mort pour autant ? Absolument pas, comme l’atteste un vrai renouveau, par ailleurs, du récit et de la fiction, sous la houlette d’artistes comme Caroline Guiela Nguyen, dont le splendide Lacrima poursuit sa trajectoire à travers la France. « Pour moi qui suis italienne, cette hybridation du théâtre et de la performance fait partie intégrante de l’histoire du théâtre, analyse Francesca Corona. La nouveauté, depuis quelques années, après l’ère du “postdramatique” dans les années 2000, qui avait impliqué souvent une forme de cérébralité qui pouvait mettre le public à distance, c’est que ces artistes mêlant théâtre et performance ont fortement renoué avec les sensations et les sentiments, avec une dimension plus “tripale” et tribale, aussi. »

A l’heure du virtuel et de l’intelligence artificielle, de leurs avatars et de leurs fantômes, les questions du vivant, de la présence réelle, de l’intensité du moment vécu, ont aussi fortement refait surface. « Le théâtre, aujourd’hui, est en concurrence avec le cinéma, la télévision, Internet et les réseaux sociaux, résume Stéphanie Aflalo. Ce qu’on vient chercher dans le spectacle vivant, ce n’est donc pas tant la narration qu’un lieu où il y a encore de la présence humaine sans médiatisation technique. La performativité, en mettant l’accent sur la variation, sur l’accident, aide à réancrer le théâtre dans le présent. »

C’est ce que souligne aussi Joseph Danan : « Il faut bien qu’un art vivant réponde à notre désir, désespéré parfois, de nous sentir vivants. Or, le théâtre est bien le lieu de cette incandescence de l’instant arraché par les vivants à la mort. » De là à dire qu’en s’hybridant avec la performance le fleuve du théâtre retourne dans son lit originel, il n’y a qu’un pas que beaucoup franchissent aujourd’hui.

La Croix, no. 43089
Culture, jeudi 5 décembre 2024 88 mots, p. 14

Cinéma Le prix Louis-Delluc décerné à Alain Guiraudie

Le jury du prix prestigieux Louis-Delluc, qui réunit 13 critiques de cinéma, a récompensé cette année Miséricorde,sorte de thriller rural autour du désir masculin et septième film du réalisateur révélé en 2013 avec L’Inconnu du lac. Le prix du premier film est allé au long métrage Les Fantômes, de Jonathan Millet, sur la traque des criminels de guerre syriens cachés en Europe. L’année dernière, c’est Le Règne animal de Thomas Cailley qui avait reçu le prix.

La République des Pyrénées (site web)
Accueil Pyrénées-Atlantiques Nay, vendredi 29 novembre 2024 638 mots
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30 novembre 2024 - La République des Pyrénées

L'Espace culturel du pays de Nay ouvrira au public le 20 décembre

Le chantier de l'Espace culturel du Pays de Nay se termine. Le lieu dédié à la culture, la rencontre et la création ouvrira au public le vendredi 20 décembre avec deux jours de festivités, après l'inauguration et les premières séances de cinéma la veille.

Porté par la Communauté de communes du Pays de Nay, l'Espace culturel du Pays de Nay, au 28 place du Marcadieu à Nay, est l'aboutissement de longues années de réflexion et de coconstruction menées avec les acteurs associatifs du territoire.

Ce projet ambitieux s'appuie sur une dynamique humaine forte, mêlant élus, professionnels de la culture, bénévoles et habitants, avec un objectif commun...

Ce projet ambitieux s'appuie sur une dynamique humaine forte, mêlant élus, professionnels de la culture, bénévoles et habitants, avec un objectif commun : faciliter l'accès à la culture pour tous, en faire un levier de rencontre, de créativité et de cohésion sociale.

Les élèves du lycée des métiers d'art ont mis leur apprentissage en pratique en concevant et réalisant des meubles pour l'Espace culturel.

Dès 2008, la Communauté de communes a identifié la nécessité de créer un lieu dédié à la culture capable de fédérer les initiatives locales et d'apporter des réponses adaptées aux besoins d'un territoire dynamique et riche en actions associatives dans le domaine culturel.

Depuis 2021, des saisons culturelles thématiques ont été organisées, mobilisant le réseau de lecture publique et d'autres acteurs locaux comme les associations d'art, de jeu ou de cinéma. Ces événements ont permis de poser les bases d'une dynamique collective.

Plus de 2 000 m² consacrés à l'accueil du public

C'est l'atelier d'architecture King Kong, de Bordeaux, qui a conçu l'édifice avec la volonté de créer un trait d'union entre l'architecture de la ville, riche de son histoire, et la colline. L'entrée de plain-pied s'ouvre sur un espace fédérateur polyvalent, autour d'un patio intérieur où s'étendent la médiathèque, la ludothèque, la micro-folie, la salle d'animation et les salles de travail et d'atelier.

À l'étage se trouvent les deux salles de cinéma (80 et 180 places). Plus de 2 000 m² sont ainsi consacrés à l'accueil du public.

Le bâtiment est conçu pour répondre à une pluralité d'usages et pour incarner les valeurs de partage, de diversité et d'innovation. Grâce aux ateliers éducatifs, aux conférences et animations qu'il proposera, l'Espace culturel sera un lieu de rencontre, de transmission et de partage. Grâce aux expositions, aux spectacles et aux projections, il sera un carrefour des arts et des cultures et il soutiendra activement la création et les événements culturels du territoire.

L'Espace culturel sera inauguré avec les élus, partenaires et acteurs locaux le jeudi 19 décembre, avant une ouverture au public le 20 décembre (le cinéma prendra un peu d'avance puisqu'il proposera ses premières séances dès le 19 à 18 h 15 et 20 h 30). L'Espace culturel va s'ouvrir par deux journées festives où la découverte des lieux s'accompagnera de jeux, ateliers, concerts, spectacles et animations.

Les différents espaces - Les deux salles de cinéma : une grande salle de 180 places pour les films grand public et une salle de 80 places pour des projections plus intimistes.

- La médiathèque : un lieu chaleureux offrant une collection de plus de 20 000 livres et médias numériques.

- Une ludothèque riche de plus de 2 000 références.

- Une salle d'animation (de 50 à 80 places) : un espace polyvalent pour ateliers, conférences, spectacles et événements associatifs.

- Une Micro-Folie : musée numérique interactif, intégré au réseau de La Villette, permettant d'explorer des milliers d'oeuvres culturelles, ateliers éducatifs et contenus ludiques.

- La salle des Mondes Imaginaires : un espace pour adolescents avec jeux vidéo, projections de films et ateliers culture pop.

- Des salles de travail et d'atelier : postes individuels et salle de réunion équipée pour étudiants, associations et professionnels.

Cet article est paru dans La République des Pyrénées (site web)

Le Temps
Culture, lundi 2 décembre 2024 947 mots, p. 19

Niels Arestrup, l'éclipse d'un astre noir

STÉPHANE GOBBO

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DISPARITION Grand homme de théâtre habitué aux seconds rôles sur grand écran, le comédien est décédé à l'âge de 75 ans. Il excellait dans l'incarnation de personnages troubles et inquiétants, à l'image du mafieux corse emprisonné dans le film « Un Prophète »

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Le 25 février 2006, sur la scène du Théâtre du Châtelet, Niels Arestrup participe au triomphe du 4e long métrage de Jacques Audiard, De battre mon coeur s'est arrêté, qui reçoit huit Césars. Il est sacré meilleur acteur dans un second rôle, une récompense qu'il recevra à deux autres reprises, en 2010 pour Un Prophète, du même Jacques Audiard, puis en 2014 pour Quai d'Orsay, l'ultime fiction de Bertrand Tavernier. Le voici enfin salué par le monde du cinéma, lui le comédien de théâtre, présent sur les écrans depuis le début des années 1970, mais resté passablement méconnu du grand public. Niels Arestrup est décédé ce dimanche 1erdécembre à l'âge de 75 ans, « au terme d'un combat courageux contre la maladie et entouré de l'amour des siens », a communiqué son épouse, la comédienne et dramaturge Isabelle Le Nouvel.

« S'inventer des copains »

Né le 8 février 1949 à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, d'une mère bretonne et d'un père qui avait fui le Danemark durant la Deuxième Guerre mondiale, Niels Arestrup était fils unique. Dans un entretien accordé au Monde en 2019, il expliquait avoir ressenti très jeune le besoin vital de « s'inventer des copains, des aventures ». Sa mère, trop protectrice, lui interdisait d'aller jouer dehors. « Chacun d'entre eux avait déjà un fils et ils ne se sentaient pas la force d'avoir à nouveau un enfant. Ils m'ont eu par accident et sur le tard, puisque ma mère avait presque 40 ans », confiait-il alors.

Peu scolaire, il passe dès ses 17 ans de petits boulots en petits boulots, tout en fréquentant assidûment les salles obscures. A la fin des années 1960, après avoir découvert la comédienne d'origine russe Tania Balachova à la télévision, il décide de suivre ses cours de théâtre à la Gaîté-Montparnasse. En 1973, il fait ses débuts tant sur les planches qu'au cinéma. Mais c'est au théâtre qu'il se sent bien, travaillant notamment sous la direction de Roger Planchon et Peter Brook. Il aime l'adrénaline du direct, la nécessité de rester dans l'intensité du personnage sur la durée.

Une gifle retentissante

Lorsqu'on l'interrogeait en 2016 sur ses rapports avec le théâtre et le cinéma, il nous répondait ceci: « Le théâtre est le territoire auquel je suis habitué, que je connais mieux que le cinéma. La rencontre directe, charnelle, avec un public est quelque chose qui me manquerait terriblement si je devais m'en passer. Le cinéma, c'est une réflexion, alors que le théâtre, c'est un acte de sensualité immédiat. Ce que vous pouvez ressentir quand vous êtes sur un plateau de théâtre n'a rien de comparable à ce qu'on ressent sur un plateau de cinéma. Ça n'est ni supérieur ni inférieur, c'est vraiment différent. » Sa filmographie connaîtra deux étapes suisses avec Le Grand Soir (1976) et Seuls (1981), de Francis Reusser.

A partir de la fin des années 1970, suite à plusieurs incidents et altercations avec des partenaires féminines, notamment une gifle qu'il a donnée à Isabelle Adjani lors d'une répétition et qui a vu la comédienne quitter la production de Mademoiselle Julie, Niels Arestrup acquiert la réputation d'être un comédien violent et colérique. « Je ne suis pas un ange, j'essaie de faire mon métier avec passion, avec ma nature, avec mon caractère », avouera-t-il en 2001 sur un plateau télé au moment de la parution de son autobiographie, Tous mes incendies. Toujours au Monde en 2019, il dira « n'avoir jamais frappé ni souffleté Isabelle Adjani », et avoir « plutôt subi la violence physique de Myriam Boyer, qui a commencé la première ». Cette étiquette d'homme violent lui collera alors à la peau, jusqu'à sa seconde vie artistique lorsque Jacques Audiard fera appel à lui pour De battre mon coeur s'est arrêté et Un Prophète, le film qui révélera Tahar Rahim.

Au moment de la sortie du film, le jeune acteur ne tarissait pas d'éloges sur son partenaire. « On répétait deux-trois fois avant d'y aller. Niels est incroyable, si on a des questions, les réponses se trouvent dans ses yeux pendant qu'on joue. C'est plus fort que les mots », nous disait-il alors.

Une voix basse et posée

De Niels Arestrup, on retiendra une présence imposante et une voix basse et posée, inquiétante aussi. Il se révélera ainsi particulièrement à l'aise dans les personnages troubles. Après avoir réalisé lui-même le drame politique Le Candidat (2007) et interprété un directeur de cabinet dans Quai d'Orsay, il deviendra président de la République dans la série Baron noir (2016-2020), alors qu'il n'a jamais été ouvertement politisé, préférant prendre la parole pour alerter sur la crise climatique.

Dans la série Les Papillons noirs (2022), qui restera un de ses derniers rôles avec le film Divertimento, sorti en janvier 2023, il incarnait un homme se confiant sur son passé criminel à un écrivain en panne d'inspiration. Une nouvelle fois, il brillait de noirceur. « Je pense que dans les séries, surtout en Europe, on trouve des histoires plus ambitieuses. J'allais dire plus intelligentes, ce qui serait très désagréable pour les autres, mais il y a une vraie ambition qui est plus difficile aujourd'hui à exprimer au cinéma, parce que le cinéma a une économie vacillante », nous confiait-il lors de la sortie de la première saison de Baron noir.

Le Monde
Culture, jeudi 7 novembre 2024 821 mots, p. 23
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6 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Cinéma

Trois films du cinéaste Max Ophuls à son apogée

Représentatifs du style du réalisateur, « Sans lendemain », « Le Plaisir » et « Madame de… » reviennent en salle

Mathieu Macheret

Trois films français réalisés par Max Ophuls (1902-1957) retrouvent le chemin des écrans, ils ornent la trajectoire folle de ce grand cinéaste transbahuté par les secousses du XXe siècle. Né allemand en 1902 à Sarrebruck, naturalisé français en 1938, il aura tourné un peu partout en Europe, et jusqu’à Hollywood.

Sans lendemain, une rareté récemment restaurée, correspond à la brève escale que fit le réalisateur à Paris entre 1938 et 1940, après avoir fui l’Allemagne à la suite de l’incendie du Reichstag, et avant de gagner les Etats-Unis. Les deux autres, Le Plaisir (1952) et Madame de… (1953), fleurons plus tardifs, dûment célébrés, appartiennent au contraire à son retour en Europe dans l’après-guerre, période faste mais de courte durée, mise en défaut par l’échec de Lola Montès (1955).

Ici rassemblées, ces trois œuvres marquent l’apogée du style d’Ophuls, dont la fibre baroque germanique trouve dans le naturalisme à la française un terreau particulièrement fertile où se transplanter. Ophuls reconstitue la France en studio, mais la démultiplie, la « renaturalise » de l’intérieur par un déluge de formes, de mouvements et de reflets. Ce faisant, il sonde la part d’irréalité dont l’expérience humaine s’entretient, l’opium des illusions, le vertige des vies brisées face à tout ce qu’elles auraient pu être.

Sans lendemain offre déjà en ce sens un somptueux exemple. Evelyne (Edwige Feuillère, impériale), entraîneuse dans un cabaret de Montmartre, monte de toutes pièces un dîner en trompe-l’œil, afin de faire croire à son amour de jeunesse (Georges Rigaud), de passage à Paris, qu’elle est toujours une grande dame. Peu importe si, pour ce mirage d’un soir, elle contracte une dette impossible chez un prêteur sur gage du milieu. Les apparences, seules à même de réactiver le passé, même pour un instant, en valent bien la chandelle.

Ophuls investit le monde de la nuit comme une cage de reflets dans laquelle la vie est prise au piège, cernée par les brumes du souvenir (le récit tel une torsade baroque s’enroule autour de flash-back). Le mélodrame est soutenu par la photographie du grand Eugen Schüfftan, qui n’a pas son pareil pour strier la nuit parisienne d’une foule d’éclats troubles et d’ombres dévorantes. Le beau personnage d’Evelyne rejoint le cortège d’héroïnes ophulsiennes sur le corps desquelles l’ordre spectaculaire exerce une emprise impitoyable – la scène où accomplissant un numéro de nu, celle-ci, dissociée, semble jeter son corps en pâture au public. Prenant son reflet à témoin dans un miroir, Evelyne dit : «Ça a l’air vrai. »

Un être en mouvement

Madame de… décrit un cheminement inverse. Une coquette de l’aristocratie (Danielle Darrieux), mal mariée à un général ennuyeux (Charles Boyer), connaît la passion avec l’arrivée d’un beau diplomate italien (Vittorio De Sica). Une paire de boucles d’oreilles – offertes, revendues, puis récupérées – fait le lien entre les trois personnages. Pour Louise, le bijou change de valeur en fonction de qui, du mari honni ou de l’amant adoré, s’en fait l’agent. Il devient le prisme de ce qui, souterrainement, lie l’illusion au réel, le mensonge à la vérité.

Un basculement que la comtesse accomplira, se heurtant au droit âpre et jaloux que son mari entend exercer sur elle. D’une mobilité renversante, la caméra d’Ophuls circule à travers bals, salons et boudoirs dans ce XIXe siècle finissant, emportant dans un seul élan et l’espace et le temps.

Le personnage ophulsien est un être en mouvement : sa trajectoire dans le plan redouble son itinéraire moral – qu’il tourne en rond, se perde dans le décor à double-fond ou, plus rarement, trouve sa voie. Le baroque manié par le cinéaste, image mobile de la société qui engloutit les rêves individuels, abrite bien souvent son mordant moraliste. Le Plaisir en atteste, livrant de Maupassant la plus juste adaptation à l’écran, en l’occurrence trois nouvelles dont la pièce de choix centrale est La Maison Tellier.

De cette visite de filles de joies à une communion paysanne, Ophuls retient l’illumination : les prostituées chamarrées éblouissent les villageois, les valeurs sociales s’inversent. Dans ce généreux banquet filmique, tout le cinéma français de l’époque semble réuni : Darrieux, Gabin, Pierre Brasseur, Ginette Leclerc, Madeleine Renaud, et l’on en passe. La réplique finale est restée célèbre : « Le bonheur n’est pas gai » , mais son image n’a pas fini de danser devant la caméra d’Ophuls.

Le Temps
Culture, samedi 23 novembre 2024 1861 mots, p. 26

L'éclat oublié de Vittorio De Sica

Cinéma

David Haeberli

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Quatre Oscars n'ont hélas pas suffi à faire reconnaître l'entier du talent de l'acteur et réalisateur italien. Cinquante ans après sa disparition, l'injustice est réparée: une monographie sort l'artiste de l'ombre

Cinq films pour l'éternité « Les Hommes, quels mufles! » (1932)De Sica n'est encore qu'acteur. Mario Camerini lui donne ses meilleurs rôles « dans des films où se mêlent harmonieusement le sens du divertissement et une satire subtile de la société italienne », écrit Jean A. Gili. De Sica est le chauffeur d'un grand bourgeois, tombant amoureux de la vendeuse d'une parfumerie. « Camerini décrit en sourdine un monde de dureté sociale sous l'exquise apparence de la politesse et du respect des convenances. » « Miracle à Milan » (1951)Une fable qui porte la marque de Cesare Zavattini, l'ami scénariste, un des pères du néoréalisme. Toto est un enfant né dans un chou. A 20 ans, il découvre Milan, sa Scala, ses bidonvilles où il choisit de vivre avec une bande de miséreux. Des pouvoirs magiques leur permettent de réchapper des griffes de personnages qui leur veulent du mal. La scène finale les montre volant sur un balai, au-dessus du Dôme. Le néoréalisme décolle. « Le Jugement dernier » (1961) « Le plus grand malentendu de la carrière de De Sica », prévient Jean A. Gili. Un matin, à Naples, une annonce retentit dans le ciel. Le jugement dernier doit tomber à 18h. Dans l'attente de cette sentence divine, chacun se livre à ses penchants, dans des « imbrications de sketches pour tendre vers l'image unitaire d'une humanité pitoyable » . Le bide fut total. C'était pourtant un des films préférés du réalisateur. « Hier, aujourd'hui, demain » (1963) Naples, Milan, Rome. Dans trois histoires distinctes, De Sica dirige Sophia Loren et Marcello Mastroianni. Un concentré d'amour. La fameuse scène du striptease de Mara, prostituée de luxe, dans son appartement surplombant la Piazza Navona, et les hurlements de son client... Le film vaudra à De Sica son troisième Oscar. L'actrice et le réalisateur feront 14 films ensemble. L'accord parfait. « Le Jardin des Finzi-Contini » (1970)Le film chronique la persécution des juifs après l'adoption des lois raciales par le régime fasciste en 1938. La tragédie est racontée sotto voce, du point de vue de la grande bourgeoisie d'une ville du nord de l'Italie, au sein de familles qui ne veulent pas croire à ce qui leur arrive. « La persécution et le drame final se déroulent sous la plus cruelle des formes: la courtoisie », résume le cinéaste.

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@David_Haeberli

Il y a une énigme Vittorio De Sica. Plus prolifique que Fellini, plus drôle qu'Antonioni, plus éclectique que Visconti, ce grand homme du cinéma italien reste pourtant un inconnu pour le grand public. Pour les 50 ans de sa disparition, un livre - le premier en français depuis 1966! - vient réparer cette injustice. Qui d'autre que Jean A. Gili pour ce tour de force? Universitaire, critique, historien, l'auteur est un spectateur amoureux du cinéma, italien de préférence, un conteur qui sait mêler l'intime à l'érudition.

Comme tout bon scénario, ce livre a une fin surprenante. Une figure de la politique française que l'on n'attendait pas ici signe la postface. Sa présence est liée aux turpitudes de la vie du cinéaste. Vittorio De Sica, né en 1901, s'essaye au théâtre une fois son diplôme de comptable en poche. Il intègre à 26 ans la troupe de Giuditta Rissone, qu'il épousera dix interpréans plus tard avant de tomber amoureux d'une autre actrice, l'Espagnole Maria Mercader, venue tourner à Cinecittà en 1942. L'Italie fasciste tendait alors la main au général Franco en mettant son impeccable outil industriel au profit de productions qui faisaient travailler des artistes hispaniques.

Bigame en toute légalité

Revenons à De Sica, qui se retrouve dans une situation que l'Italie de l'après-guerre tolère tant qu'elle convient au mari. Mais pas question de sortir de cette hypocrisie en divorçant de la première épouse. La Constitution italienne a ignoré le divorce jusqu'en 1970. Un jeune avocat français tirera le cinéaste de ce mauvais pas. Robert Badinter trouvera l'astuce juridique qui permettra de régulariser la situation, en rendant Vittorio De Sica bigame en toute légalité! Le futur ministre de la Justice de François Mitterrand servira même de témoin lors du mariage français.

L'évocation de ce souvenir par Robert Badinter dans une postface pleine d'esprit a le parfum d'une comédie nostalgique. On y apprend que le garde des Sceaux en devenir, introduit dans le cinéma italien via les nombreuses coproductions avec la France, a vécu à Rome la dolce vita, accoudé à Marcello Mastroianni sur les terrasses de la Via Veneto.

L'essentiel du livre de Jean A. Gili n'est cependant pas dans cet épisode, qui ferait un très bon sketch. La double vie du réalisateur - il est arrivé qu'il dîne une première fois avec sa femme et leur fille avant de rejoindre son second foyer et ses deux fils pour un nouveau repas - a d'ailleurs inspiré un film, réalisé par Pietro Germi en 1967: Beaucoup trop pour un seul homme. C'est bien le parcours artistique de Vittorio De Sica que l'on suit au fil des pages. Cette aventure-là épouse les oscillations d'un pays qui aura traversé le XXe siècle au risque de se perdre dans des excès que le cinéaste a su rendre avec mordant.

Ses débuts de comédien, Vittorio De Sica les fait à l'époque dite « des téléphones blancs ». L'expression désigne les romances produites à la chaîne dans les années 1930 et 1940. Convaincu que le cinéma est une arme, Benito Mussolini s'en est servi non seulement comme support de propagande, mais aussi comme un moyen de distraire les Italiens avec des films vidés de toute critique sociale. Dans ces bluettes, la présence répétée de téléphones blancs, tellement plus chics que ceux en bakélite noire, est un gimmick censé faire s'évader le spectateur. Vittorio De Sica s'y révèle, sa présence devenant l'un des attraits de productions médiocres. « La modestie de ces films constitue d'ailleurs l'une des raisons du désir du comédien de passer à la mise en scène », écrit Jean A. Gili.

Le tournant de la guerre

Dans ce passage délicat vers la réalisation, Vittorio De Sica montre un talent inattendu. « Il s'est formé en observant le réalisateur Mario Camerini, son mentor, nous explique l'historien par téléphone. Son sérieux incite De Sica à renoncer progressivement à jouer la comédie pour consacrer son énergie créative à la mise en scène. » Ce sacrifice va transformer le cinéma mondial.

Entre 1946 et 1952 sortent quatre films (Sciuscià, Le Voleur de bicyclette, Miracle à Milan, Umberto D.) qui définiront le genre naissant du néoréalisme. Les deux premiers seront récompensés d'un Oscar du meilleur film étranger. « L'expérience de la guerre fut déterminante pour nous, expliquera le réalisateur dans un texte traduit dans le livre. Chacun ressentit le désir fou de jeter en l'air toutes les vieilles histoires du cinéma italien, de planter la caméra au milieu de la vie réelle, au milieu de tout ce qui frappait nos yeux atterrés. »

En désertant le studio pour filmer un pays dévasté et des personnages - interprétés par des amateurs - tentant de sortir de la misère, si possible avec dignité, Vittorio De Sica, avec la complicité du scénariste Cesare Zavattini, devient une icône. La référence constante à ces oeuvres figera d'ailleurs son image. « Vittorio De Sica a été méprisé pour son travail de réalisateur, détaille l'historien. On a considéré qu'il avait donné le meilleur de lui-même avec le néoréalisme, puis qu'il s'est répété. »

Cruauté des rapports humains

Ce n'est pas le moindre mérite du livre de Jean A. Gili de rappeler les réussites éclatantes qui ont rythmé la suite. Prenons Il boom (1963). Le titre fait retentir le succès économique de l'Italie des années 1960. Giovanni Alberti (Alberto Sordi) en est prisonnier: criblé de dettes, ce père de famille doit entretenir auprès de sa femme et de ses amis l'illusion de sa richesse. Un entrepreneur immobilier, borgne, lui proposera de lui acheter un oeil contre une somme qui l'aidera à sauver les apparences. De Sica fait le même constat amer que Fellini dans La dolce vita: la fête se fait bruyante pour cacher la cruauté des rapports humains dans une société du vide. Un des très bons films d'une époque où l'Italie produisait le meilleur cinéma du monde.

A la fin de son parcours commencé 50 ans plus tôt, Vittorio De Sica hérite d'un film qu'un autre devait réaliser. Le Jardin des Finzi-Contini détaille la montée progressive du danger fasciste pour les juifs d'Italie en faisant le portrait de la grande bourgeoisie du nord, où l'écho ouaté des événements adoucit la réalité mais ne la retient pas. Ce classique instantané lui apportera en 1971 son quatrième Oscar du meilleur film étranger. Il est le seul, avec Fellini, à en avoir reçu autant. Il mourra à Paris trois ans plus tard.

Jean A. Gili, « Vittorio De Sica. Les chemins du réalisme », Ed. Rouge Profond, 242 pages.

Cinq films pour l'éternité « Les Hommes, quels mufles! » (1932)De Sica n'est encore qu'acteur. Mario Camerini lui donne ses meilleurs rôles « dans des films où se mêlent harmonieusement le sens du divertissement et une satire subtile de la société italienne », écrit Jean A. Gili. De Sica est le chauffeur d'un grand bourgeois, tombant amoureux de la vendeuse d'une parfumerie. « Camerini décrit en sourdine un monde de dureté sociale sous l'exquise apparence de la politesse et du respect des convenances. » « Miracle à Milan » (1951)Une fable qui porte la marque de Cesare Zavattini, l'ami scénariste, un des pères du néoréalisme. Toto est un enfant né dans un chou. A 20 ans, il découvre Milan, sa Scala, ses bidonvilles où il choisit de vivre avec une bande de miséreux. Des pouvoirs magiques leur permettent de réchapper des griffes de personnages qui leur veulent du mal. La scène finale les montre volant sur un balai, au-dessus du Dôme. Le néoréalisme décolle. « Le Jugement dernier » (1961) « Le plus grand malentendu de la carrière de De Sica », prévient Jean A. Gili. Un matin, à Naples, une annonce retentit dans le ciel. Le jugement dernier doit tomber à 18h. Dans l'attente de cette sentence divine, chacun se livre à ses penchants, dans des « imbrications de sketches pour tendre vers l'image unitaire d'une humanité pitoyable ». Le bide fut total. C'était pourtant un des films préférés du réalisateur. « Hier, aujourd'hui, demain » (1963) Naples, Milan, Rome. Dans trois histoires distinctes, De Sica dirige Sophia Loren et Marcello Mastroianni. Un concentré d'amour. La fameuse scène du striptease de Mara, prostituée de luxe, dans son appartement surplombant la Piazza Navona, et les hurlements de son client... Le film vaudra à De Sica son troisième Oscar. L'actrice et le réalisateur feront 14 films ensemble. L'accord parfait. « Le Jardin des Finzi-Contini » (1970)Le film chronique la persécution des juifs après l'adoption des lois raciales par le régime fasciste en 1938. La tragédie est racontée sotto voce, du point de vue de la grande bourgeoisie d'une ville du nord de l'Italie, au sein de familles qui ne veulent pas croire à ce qui leur arrive. « La persécution et le drame final se déroulent sous la plus cruelle des formes: la courtoisie », résume le cinéaste.

Le Nouvel Obs (site web)
Culture, lundi 11 novembre 2024 - 15:30 1438 mots

François Morel et Jacques Gamblin en 2007 : « Notre connivence, c'est un cadeau »

Le Nouvel Obs

Réunis sur scène en 2007 dans « les Diablogues », une pièce de Roland Dubillard, les deux artistes se livraient alors à un savoureux dialogue dans les colonnes du « Nouvel Observateur ».

[De nos archives, 8 novembre 2007] Ça devait arriver : Jacques Gamblin et François Morel se retrouvent autour d'un dialogue absurde et désopilant signé Dubillard. Deux personnages, Un et Deux, devisent sur la pluie, la montagne, la trajectoire d'une balle de ping-pong ou la musique. Pour « le Nouvel Observateur », ils poursuivent la conversation.

Curieusement, vous n'aviez jamais joué ensemble...

François Morel Effectivement, car avec Jacques nous avons quelques points communs. Souvent, quand je tourne en province les spectacles que j'écris, un peu autobiographiques - ce que fait Jacques aussi -, on me dit : « Ah, ça me fait penser au spectacle de Gamblin » ou bien « Vous êtes sympa, comme Jacques Gamblin ». Et j'ai toujours pensé : j'aimerais bien travailler avec ce type-là un jour ! Et j'étais certain que l'univers de Dubillard, ce mélange de concret, de quotidien, de cocasse et d'étrange, lui irait comme un gant.

Jacques Gamblin On a joué chacun de notre côté les esprits simples, les abrutis de service, qui sont pour moi de beaux personnages en état d'innocence, qui ne comprennent pas le monde, mais s'obstinent à en faire leur farine, un peu comme les clowns. Mais deux indépendants comme nous qui se retrouvent, ça peut faire des étincelles ou une belle flambée. Avec François, ç'aurait pu ne pas coller : notre connivence, c'est cadeau !

F.M.Tu parles de clowns. Quand j'étais môme, je regardais à la télé avec béatitude les Bario, les Zavatta et Fernand Raynaud.

J.G.J'adorais aussi Dimitri, le clown suisse, tu te souviens ? Et Jacques Tari, Peter Sellers, sans parler des Chaplin, Keaton ou de Devos, qui jouait avec le monde des mots. Jean-Paul Farré est aussi pour moi un grand clown.

F.M.J'étais fan des duos Avron-Evrard ! Ils faisaient les chats, et disaient, sur le ton de la comptine : «  Nous, on s'en fout, on est castrés, on reste chez nous avec la télé »...

Dans votre duo, qui est l'auguste, qui est le clown ?

J.G.Qui sera l'autoritaire et qui le naïf ? En fait, nous inversons sans cesse la tonalité des rôles, et personne ne regarde avec envie ce que l'autre a dans son assiette. D'autant que les personnages des « Diablogues », nommés Un et Deux, ne sont ni amis ni ennemis, mais deux solitaires qui ont besoin l'un et l'autre de tenter de saisir le monde avec les mots. Parler est pour eux une question de vie ou de mort.

F.M.C'est comme si ces deux personnages, tels des enfants déjà dotés de langage, ne connaissaient rien, et découvraient tout. On ne travaille pas du côté de la brillance du cabaret mais plutôt du côté de la chair, de l'humain.

J.G.Et je dois dire que le duo, que je découvre, est un art assez réjouissant quand il fonctionne bien, ce qui a l'air d'être le cas. C'est une telle pression de jouer seul, même si j'aime ça ! Mais ça fait du bien d'être à deux : quand on est perdu, on peut se retrouver dans le regard de l'autre ou, par instants, se reposer un peu.

F.M.Et puis, autre bonheur, chaque sketch de Dubillard est tellement bien écrit qu'il trouve une efficacité populaire immédiate. Je me souviens en avoir inséré un autrefois parmi les miens au cours d'un camp de vacances : Dubillard faisait rire, pas mes oeuvres !

Populaire, simple, provincial, ce sont les milieux d'où vous êtes issus, tous les deux. Et ceux que vous voulez toucher ?

F.M. Mais Jacques ou moi, on ne raconte que ça, dans nos spectacles ! Quand j'ai vu les premiers spectacles de Jérôme Deschamps, je lui ai écrit pour travailler avec lui, parce que j'avais reconnu des gens du fond de l'Orne, d'où je viens. Je ne savais pas si on se moquait d'eux ou pas, en tout cas on leur donnait de l'importance, on les mettait sur scène, comme Hamlet ou le roi Lear. Et ils avaient une force théâtrale inouïe. J'aime - c'est ce qui me touche - raconter des choses de tous les jours, celles dont on se dit : ça ne vaut pas le coup de les raconter. Et puis, soudain, montrées sur une scène...

J.G. D'ordinaires, elles deviennent extraordinaires.

F.M.« Quand on vous voit, on ne se sent pas original, parce que tout ce que vous racontez, j'ai l'impression de l'avoir vécu », m'a dit un jour un spectateur. Avant d'ajouter : « Et je me sens moins seul. » Quand je me demande pourquoi je fais ce métier, je pense à ce spectateur qui m'a donné la réponse.

Aujourd'hui, jusqu'au plus haut niveau de l'Etat, chacun joue un rôle devant les caméras : beaucoup d'acteurs se disent troublés...

F.M.C'est sûr qu'on est vachement moins people que des gens qui ne sont pas acteurs !

J.G.Oui, mais nous, on a réalisé notre rêve : être acteur, et rien d'autre ! Et si tout le monde a l'impression de connaître notre métier, c'est du pipeau, de la peinture laquée, vite rayée.

F.M. D'ailleurs, je serais assez pour la suppression des making of et de cette sorte de souci de transparence qu'ils impliquent. En fait, on nivelle tout. On ne peut plus être sur un tournage sans qu'une caméra tourne à longueur de temps. J'aime bien être en représentation quand on dit « Moteur ! »et ensuite, dans mes rapports avec l'équipe ou avec moi- même, être tranquille, dans l'intimité.

J.G. C'est une fausse vie sans fin, le making of. D'ailleurs, on pourrait aussi faire un making of du making of. A force de vouloir toujours aller plus loin dans la vie des gens ou chez les gens, on casse le rêve. J'ai besoin de faire et du théâtre et du cinéma, mais au moins au théâtre, ce rendez-vous nous appartient.

F.M. On est nos petits patrons.

J.G. Même si ça fout les pétoches. Et là où ça se complète, c'est que le théâtre permet des dingueries, un imaginaire bizarre devenu rare au cinéma, désormais très réaliste.

F.M. Et de plus en plus. J'ai revu par exemple il y a peu « Amarcord » de Fellini. Et j'ai pensé : on ne pourrait plus sortir des films comme ça ! Sans parler des Bunuel complètement barrés...

J.G. Tu te souviens, l'autre jour, on parlait de « Maine Océan » de Jacques Rozier...

F.M. Voilà une bonne raison de jouer ensemble ! Si peu de gens ont vu « Maine Océan » ! Ce film joue sur un humour tel que je l'aime, à la Chaval, à la Sempé.

J.G. Un humour qui ne fait pas s'esclaffer forcément au même moment des salles entières. Mais où désespoir et rire sont cul et chemise, main dans la main. Et où l'un met en valeur l'autre.

Mais en quoi êtes-vous différents ?

J.G. Les deux costumes-cravates identiques que nous portons dans le Dubillard le révèlent !

F.M. Jacques fait de la course à pied, du vélo, du tennis, de la danse, que sais-je. Alors, je me suis mis au vélo, ne serait-ce que parce que je suis plus enveloppé que lui et que je veux éviter le côté Laurel et Hardy !

Et puis l'un chante, l'autre pas.

F.M.J'ai osé, mais grâce au pianiste Reinhardt Wagner et à Jean-Michel Ribes qui m'ont placé dans un contexte théâtral, et dans le rôle d'un chanteur. Après, je me suis pris au jeu.

J.G. Bien sûr, chanter, c'est tentant ! J'ai écrit des chansons il y a longtemps, c'est un peu vieux ce que je raconte, mais elles sont toujours dans mes cartons.

F.M.Tu me les montres ? Notre prochain spectacle, on va le faire ensemble et on chantera tous les deux.

BIO EXPRESS

Jacques Gamblin,né à Granville en 1957, a écrit et joué : « le Toucher de la hanche », « Quincailleries » et « Entre courir et voler y a qu'un pas Papa ». Au cinéma, il a travaillé notamment avec Jean Becker, Claude Chabrol, Bertrand Tavernier, Robert Guédiguian et, au théâtre, avec Philippe Adrien, Alfredo Arias, Gildas Bourdet ou Patrice Leconte.

François Morel,né à Saint-Georges-des-Groseilliers en 1959, est l'auteur de « Meuh ! », des « Habits du dimanche », de « Collection particulière » et de « Bien des choses », qu'il joue cette saison aux côtés d'Olivier Saladin. Il fut un des piliers de la troupe des Deschamps. Il a réalisé deux courts métrages, tourné avec Etienne Chauliez, Lucas Belvaux, Guy Jacques ou Pascal Thomas, et joué Dubillard chez Eric Vigner et Jean-Michel Ribes.

Article publié initialement dans « le Nouvel Observateur » du 8 novembre 2007.

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

Le Nouvel Obs (site web)
Culture, dimanche 1 décembre 2024 - 16:00 982 mots

Isabelle Huppert en 1989 : « Je serais moins équilibrée si je n'avais pas cette vie d'actrice »

Le Nouvel Obs

En 1989, Isabelle Huppert alors âgée de 35 ans, a déjà à son actif des dizaines de rôles au cinéma et au théâtre. Pour « le Nouvel Observateur », elle décrit à Guy Dumur ce qu'elle appelle « sa vie normale d'actrice ».

Après « Une affaire de femmes », film âpre de Claude Chabrol, Isabelle Huppert apparaît ces jours-ci dans un rôle disons plus civilisé, puisqu'il s'agit de la pièce d'Ivan Tourgueniev « Un mois à la campagne ». Habillée à la mode de 1850, elle sera une jeune femme partagée entre le désir et la pudeur.

Le Nouvel Observateur. - Vous voilà revenue au théâtre après de longues années. La dernière fois, c'était quand ?

Isabelle Huppert - Il y a onze ans, pour « On ne badine pas avec l'amour », mis en scène par ma soeur Caroline. C'est avec elle que j'avais débuté, en 1973, en jouant dans un café-théâtre « Jack l'éventreur ». L'année suivante, j'étais dans une pièce de Varoujean, au Petit-Odéon, puis à Reims, chez Robert Hossein, pour une adaptation de « Pour qui sonne le glas » de Hemingway.

C'est alors que vous avez préféré faire du cinéma ?

A l'époque de « Pour qui sonne le glas », j'avais déjà tourné dans sept films, dont « les Valseuses » de Bertrand Blier.

Votre filmographie est impressionnante. On n'arrive pas à compter...

En quinze ans, je crois que j'ai tourné dans quarante-trois films. Plus une douzaine de dramatiques à la télé. De petits rôles d'abord, puis de plus importants, à partir de « la Dentellière », de Claude Goretta.

Dialogue entre Isabelle Huppert et Hafsia Herzi : « Les abus sont partout. Pas qu'au cinéma »

Vous avez travaillé avec les metteurs en scène les plus différents. A quoi attribuez-vous ce succès, hormis le talent ?

Je suppose que c'est parce que je n'aime pas les conflits, que je m'entends bien avec mes partenaires. Parfois, c'est le scénario qui m'a attiré, d'autres fois le metteur en scène. Souvent les deux. La quantité n'a pas exclu la qualité du désir que j'avais de faire ces films. Longtemps, j'ai été plus à l'aise dans les silences que dans l'affirmation des mots. Peu à peu, j'ai relégué la timidité ou, plutôt, j'ai continué à l'utiliser en trouvant des mots pour la dire. J'ai évolué, j'ai appris à marquer mon territoire. Les metteurs en scène sont forcément des manipulateurs. Mais on existe très fort sous leur regard, et j'ai toujours été à la recherche d'un regard qui serait unique.

Certains vous ont-ils marquée plus que d'autres ?

Losey, peut-être. Claude Chabrol sûrement. C'est avec lui que j'ai le plus appris. « Une affaire de femmes » était comme une métaphore de mon propre chemin. Jean-Luc Godard, par exemple, est plus difficile de rapports, mais on sort grandi de l'épreuve qu'il vous fait subir.

Vous avez toujours voulu être actrice ?

Quand je terminais mes études, je m'étais inscrite au conservatoire de Versailles, où j'ai remporté un premier prix. J'avais fait du russe au lycée. Après mon bachot, j'ai fait deux ans aux Langues orientales, tout en allant apprendre le théâtre à l'école de la rue Blanche.

Vous allez retrouver la Russie avec Tourgueniev...

Tourgueniev a beaucoup vécu en France ! Il a été longtemps amoureux de la soeur de la Malibran, Pauline Viardot, auprès de laquelle il est mort, à Bougival. Il y a dans « Un mois à la campagne » tout un côté XVIII français, une espèce de perversité, doublée d'effusions plus slaves. J'aime cette Natalia Petrovna, partagée entre la sincérité et le calcul, la souffrance et la froideur, la passion et la retenue. Je crois que c'est ce que j'ai déjà mis dans beaucoup de mes rôles... Et puis, j'aime me déguiser. Sauf dans « la Dame aux camélias », celle de Bolognini, je n'en ai pas eu tellement l'occasion. Déguisé, on ne joue pas de la même façon. Comme disait Cocteau : « Je suis un mensonge qui dit la vérité. » C'est ce que je ressens en jouant.

Isabelle Huppert, en 2009 : « Mes festivals de Cannes »

Comment expliquez-vous que vous soyez restée si longtemps sans faire de théâtre ?

Le théâtre est plus déstabilisant. Sans doute, j'avais peur. Je reculais ; je rêvais de jouer « Maison de poupée » d'Ibsen. Il a fallu que Jacqueline Cormier vienne me chercher, que Bernard Murat me mette en scène pour que je joue ce Tourgueniev... Il y a quelqu'un avec qui j'aimerais beaucoup travailler : Peter Zadek. J'ai été éblouie récemment par la « Lulu » qu'il a donnée à Paris. Nous nous sommes rencontrés, nous ferons certainement quelque chose ensemble.

Ce spectacle de Zadek dont vous parlez, spectacle provocant, volontiers obscène, n'est-ce pas à l'opposé de ce que vous êtes, de ce que vous avez fait jusqu'ici ?

Il faut briser les vitres. Le théâtre doit servir à ça. J'ai l'impression de n'avoir donné que le dixième de moi, d'être restée à la périphérie de l'expression. J'ai oublié la plupart de mes films, qui se sont succédé et ont disparu comme des vagues. On en a passé quelques-uns à la télévision. Cela m'a permis de faire mon autocritique : qui est la meilleure des critiques.

Quand trouvez-vous le moyen de vous reposer ? Prenez-vous des vacances ?

Jamais, et je n'en prends pas le chemin. Je serais moins équilibrée si je n'avais pas cette vie-là qui est, après tout, une vie normale d'actrice. J'adore partir. En Amérique, pour le tournage des « Portes du paradis », j'ai passé six mois dans le Montana. J'aime lire le soir dans les chambres d'hôtel... Ces derniers temps, je n'ai fait que deux films : « Milan noir », avec Ronald Chammah, et « Migrations », que j'ai tourné en Yougoslavie avec Alexandre Petrovic. Cela m'a laissé du temps pour me mettre sérieusement au chant. Je suis soprano dramatique. Je travaille Mozart, Brahms. C'est d'ailleurs ce qui avait donné l'idée à Claude Chabrol de faire prendre des leçons de chant à la malheureuse héroïne d'« Une affaire de femmes »...

Article publié dans « le Nouvel Observateur » du 19 janvier 1989.

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

Le Point, no. 2723
Culture, jeudi 10 octobre 2024 1046 mots, p. 102,103
Aussi paru dans
15 octobre 2024 - Le Point.fr

Mortelle Adèle

Violaine de Montclos

Nature, bosseuse, un peu « badass » : rencontre avec l'ouragan Exarchopoulos.

Un nom imprononçable. Un prénom choisi comme une blague par un père qui, le jour de sa naissance, trompa son angoisse en buvant une bière : Adèle, comme Adelscott, difficile de faire moins glamour.

Mais c'est elle qui l'a raconté, s'évertuant méthodiquement depuis onze ans, une interview après l'autre, à se démythifier. Ça ne loupe pas le jour où on la rencontre. Elle arrive en survêtement extralarge, cheveux humides, débit rapide qui trahit la fatigue. " J'vais pas vous mentir, Sean Penn est passé hier soir à Paris, on a passé une bonne soirée mais aujourd'hui, j'suis crevée. " Comprendre : légère gueule de bois, pas fastoche de donner le change, mais elle va s'appliquer.

Elle a 30 ans, l'air d'en avoir 18, et derrière elle, déjà, une filmographie brillante et protéiforme. Géniale actrice paumée dans Sybil, de Justine Triet, gendarme bravache dans LeRègne animal, de Thomas Cailley, inoubliable victime d'inceste dans le très beau Je verrai toujours vos visages, de Jeanne Herry, Adèle Exarchopoulos est aujourd'hui l'héroïne du long-métrage fourre-tout mais attachant de Gilles Lellouche, L'Amour ouf. Le film, à Cannes, a été douché par les critiques. Elle balaie : " Cannes, j'ai l'habitude : c'est violent. "

" J'vais pas vous mentir "

En 2013, l'accueil délirant fait sur la Croisette à La Vie d'Adèle, palme d'or, est à la mesure de la brutalité dont a fait visiblement preuve, à l'égard de ses deux actrices, son réalisateur Abdellatif Kechiche. Adèle a 19 ans. À l'inverse de sa partenaire Léa Seydoux, elle ne s'épanche guère à l'époque mais n'a rien oublié de ce traumatisant tournage. " Un technicien avait eu le courage de dire que rien n'était normal. Je l'ai recroisé récemment, je suis allée le remercier. Je ne l'ai pas oublié parce qu'il y avait lui, mais aussi quarante personnes qui n'avaient rien dit. "

Elle a ce tic de langage, " pour être honnête ", " j'vais pas vous mentir ", voix d'ogre, phrasé racaille et un peu badass qu'elle ne surjoue pas. " J'vais pas vous mentir, j'adorerais avoir une voix fluette. "

Sur le tournage de Je verrai toujours vos visages, Jeanne Herry a parfois dû contenir un peu sa gouaille, lui faire ravaler ces " dj " et ces " tch " qu'elle sème un peu partout. " Elle comprenait la musicalité que j'attendais d'elle,raconte la réalisatrice. Adèle a cette présence brute qui déborde du cadre, mais c'est surtout une incroyable interprète. "

" L'amour ouf "

Tiré d'un roman de Neville Thompson, le long métrage fleuve (3 heures) de Gilles Lellouche raconte, sur plusieurs décennies, l'histoire d'amour de Clotaire (François Civil) et Jackie (Adèle Exarchopoulos). Ce mélo assumé, un peu fourre-tout, un peu brouillon, est porté par de formidables comédiens et une géniale bande son très années 80. En salle le 16 octobre.

Dix-huit ans de carrière, déjà, mais elle se méfie tant des fantasmes qu'elle suscite qu'elle tient encore à passer des castings, à préparer ses rôles avec des coachs, bosseuse acharnée qu'on prend, à tort, pour une instinctive. " Elle est immédiatement juste, loue Vincent Lacoste, alors elle donne l'impression que tout est facile, mais en fait elle travaille tout le temps. "

Quand les réalisateurs Julie Lecoustre et Emmanuel Marre l'ont contactée en 2017, sans y croire, pour lui proposer d'incarner l'héroïne jet-laguée de leur déroutant Rien à foutre, elle s'est présentée comme elle est devant nous, noyée dans un sweat informe, pas starlette pour un sou, prête à faire, banco, des essais pour un premier film.

" Un vrai sismographe émotionnel "

" Adèle est l'actrice la plus technique que je connaisse, capable de passer par trois ou quatre états différents dans la même prise. Une inclinaison de tête, une moue et tout change, c'est un vrai sismographe émotionnel,juge Emmanuel Marre. Et, en même temps, son naturel, sa rapidité collent totalement à l'époque. "

Un jour d'essais à l'aéroport d'Orly - alors qu'elle était filmée, dans son uniforme d'hôtesse, au milieu des vraies gens -, une passagère lui a tendu sa carte d'embarquement. Elle l'a saisie en se marrant. Avec elle, le cinéma ressemble comme un frère à la vie réelle.

Hot dogs et M-M's

D'ailleurs, il y a sept ans, enceinte et donc privée de tournages, elle est retournée bosser avec son père. L'homme dirige la restauration d'une salle de spectacle parisienne, alors l'égérie LVMH qu'elle était déjà a vendu sans façons, durant des mois, hot dogs et M-M's à des spectateurs qui n'y croyaient pas. " Ils disaient : "Attends, c'est pas la Popoulos, là ?" exulte-t-elle. Mais moi, occuper le temps en allant au musée d'Orsay, j'sais pas. "

Et puis ces gradins encombrés, ces chariots de pop-corn et de barbes à papa, c'est dans ce cadre qu'elle a grandi, collée à un père dont le lieu de travail ressemblait, un peu, à une fête foraine.

Des films d'horreur et des Charlot, des Louis de Funès...

C'est aussi lui qui l'a initiée au cinéma. Sur le lecteur de DVD familial ou au Pathé-Wepler de la place de Clichy, ils ont tout vu ensemble, des films d'horreur et des Charlot, des Louis de Funès ou des Patrick Dewaere.

À l'école, elle zone, tout le temps en bande. Ses bulletins sont d'ailleurs médiocres : " Mon père me disait : "Au moins, sois vraiment nulle !" " Alors, comme tous les parents d'ados mous, les siens vont lui chercher un truc extrascolaire, volley, ukulélé, qu'importe, sauf que le choix tombera, par hasard, sur l'atelier d'improvisation de la rue Lepic...

Elle a 13 ans, se retrouve dans une petite salle avec dix gus qu'elle n'avait jamais vus, pioche une scène à jouer, se lance, elle est comme un poisson dans l'eau et n'en revient pas. " Y avait des gens qui étaient payés pour ça ? Ça m'a paru fou. "

Elle rêvait de doubler un dessin animé

Ses yeux ont discrètement ripé vers son smartphone, c'est l'heure de la sortie d'école : elle a un petit garçon, qu'elle élève seule, à aller chercher.

C'est pour lui qu'elle rêvait de doubler un dessin animé, alors elle a prêté son inimitable phrasé à un personnage Pixar, puis a emmené la classe de son fiston le voir au cinéma. Et on l'entend d'ici, une fois les lumières rallumées, parler à cet enfant de cette grosse voix marrante, jamais blasée, une voix qui porte loin dans le cinéma français : " J'vais pas te mentir, la vie de maman, c'est ça. "

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16 novembre 2024 493 mots
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Culture, mardi 5 novembre 2024 1410 mots, p. 18

« Il faut mettre en lumière les ténèbres »

INTERVIEW

STÉPHANE GOBBO

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CINÉMA Invitée d'honneur du GIFF, l'Américaine Ava DuVernay est l'autrice de fictions et de documentaires marquants sur la question raciale aux Etats-Unis. Rencontre à la veille d'une élection présidentielle qu'elle suivra depuis Genève

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PROPOS RECUEILLIS PAR @stephgobbo

Lors de l'élection de Barack Obama en 2008, elle était en Suède. Seize ans plus tard, c'est à Genève, vissée nuitamment devant CNN, qu'elle suivra depuis sa chambre d'hôtel le duel opposant Kamala Harris à Donald Trump pour la présidence américaine. Après une carrière démarrée dans le journalisme et la communication, Ava DuVernay est passée tardivement à la réalisation, signant une oeuvre profondément ancrée dans la réalité sociale de son pays. Pour Netflix, la native de Long Beach en Californie, aujourd'hui installée à New York, a notamment signé la minisérie Dans leur regard (2019), sur de jeunes Afro-Américains condamnés pour un crime qu'ils n'avaient pas commis, et Le 13e (2016), un implacable documentaire sur l'incarcération de masse et la privatisation de l'industrie carcérale.

Pour le grand écran, elle a réalisé à ce jour cinq longs métrages, dont Selma (2014), un biopic de Martin Luther King se concentrant sur ses marches de protestation menées en 1965 en Alabama. Invitée d'honneur du GIFF (Geneva International Film Festival), elle se dit extrêmement anxieuse à la veille des élections. « Mais je garde espoir », sourit-elle.

Ces dernières semaines, on a beaucoup entendu que ces élections sont les plus cruciales de l'histoire des Etats-Unis. Partagez-vous cet avis?

Oui, car nous sommes quand même face à un homme qui dit qu'il se comportera, s'il est élu, comme un dictateur, qu'il cherchera à se venger de ses ennemis, qu'il déportera massivement des populations, qu'il privera les femmes du droit de contrôler leur propre corps, qu'il mettra en place des lois très restrictives envers les Noirs et qu'il ne se préoccupera pas de la dignité des personnes qui ne sont pas comme lui... Il faut prendre cela très au sérieux, car le danger est réel.

En Europe, nous percevons souvent les démocrates comme les gentils et les républicains comme les méchants. Or dans votre documentaire « Le 13e », vous montrez bien que ce n'est pas aussi simple. Parlant du système d'incarcération de masse, vous expliquez par exemple que l'administration Clinton a été très répressive...

Tout n'est en effet pas aussi simple. Mais, actuellement, les républicains se comportent véritablement d'une manière que je considère comme inhumaine. J'espère que les démocrates se comporteront différemment s'ils reprennent le pouvoir. Mais il n'y a aucune comparaison possible si on parle du dommage qu'ont causé et que vont continuer à causer les républicains.

Votre dernier long métrage, « Origin » (2023), est centré sur la figure d'Isabel Wilkerson, une journaliste lauréate du Prix Pulitzer qui, dans son essai « Caste. The Origins of Our Discontents » (2020), avance que les racines de l'exclusion et de la ségrégation sont les mêmes aux Etats-Unis qu'en Inde avec le système des castes ou qu'en Allemagne sous le IIIe Reich. Comment cette théorie a-t-elle été reçue par les historiens et les intellectuels?

Il y a eu des réactions mitigées, certaines personnes étaient d'accord, d'autres pas, comme c'est souvent le cas avec les idées progressistes. Cette théorie des castes est étudiée depuis des décennies, bien d'autres chercheurs s'y sont penchés avant Isabel Wilkerson. Les castes sont tout simplement un moyen de classer les gens. Par exemple, certains diront que vous êtes meilleur que moi parce que vous êtes un homme et que vous êtes Blanc; moi, je suis par contre meilleure que telle personne parce que je suis plus jeune, ou que je viens de telle partie des Etats-Unis... L'humain a toujours eu cette tendance à classer les gens, et c'est quelque chose que nos sociétés encouragent. Ces idées ont été codifiées, elles ont été au coeur des lois, de la religion, afin d'affirmer qu'il est juste de traiter les gens différemment. Il est important, comme l'a fait Isabel Wilkerson, d'enquêter sur ce phénomène, car c'est le seul moyen de trouver des solutions.

Dans « Le 13e », vous montrez comment un véritable système de criminalisation de la population afro-américaine a été mis en place afin de remplir les prisons. Parallèlement, vous avez raconté dans la minisérie « Dans leur regard » l'histoire de jeunes Noirs condamnés pour un crime qu'ils n'avaient pas commis. Beaucoup d'innocents sont, dans votre pays, emprisonnés, parfois même dans le couloir de la mort. Y a-t-il encore de l'espoir que les choses changent un jour?

Ça a déjà commencé à changer, petit à petit. La seule solution pour que cela continue, c'est d'en parler. Il faut mettre en lumière les ténèbres, et c'est ce que j'ai essayé de faire à travers ce documentaire. Ce que nous appelons « le complexe industriel carcéral » est en train de changer, mais il faut continuer à nous y opposer, à protester, à faire entendre notre voix.

Dans un pays où le cinéma est une puissante industrie du divertissement, considérez-vous que vous avez un rôle social à jouer en tant que réalisatrice?

Faire partie de cette industrie me permet d'aider à faire entendre de nouvelles voix, de bousculer le statu quo. Pendant très longtemps, rien n'a changé, mais depuis vingt ans que je travaille dans ce milieu, il y a de la place pour des personnes avec de nouvelles perspectives, des femmes, des personnes de couleur, des gens qui viennent de différentes parties du pays. Pendant trop longtemps, on n'a fait des films que depuis Los Angeles ou New York, alors que le pays est si grand.

Qu'est-ce qui vous a poussée à quitter le journalisme pour le cinéma?

Je voulais raconter des histoires d'une manière plus créative qu'à travers le prisme de l'actualité. Les films ont ceci de magique qu'ils sont un portail vers notre imagination et notre coeur. Un film véhicule plus d'émotion qu'un reportage d'actualité.

Avez-vous un souvenir précis d'un film qui, durant l'enfance, vous aurait marquée au point de vous donner envie un jour de faire la même chose?

J'ai empoigné pour la première fois une caméra à l'âge de 32 ans. Avant cela, je n'avais jamais imaginé pouvoir devenir réalisatrice, car je n'avais jamais vu une femme noire le faire - il y en avait, mais je ne les connaissais pas. En tant que cinéphile, le premier film dont je suis tombée amoureuse est West Side Story [Robert Wise, 1961]. Les costumes, la musique, la danse, la romance, j'ai trouvé tout cela éblouissant. Ce film m'a fait aimer le cinéma, sans que j'imagine en faire.

Votre père a assisté aux marches de Martin Luther King, qui sont au coeur de votre film « Selma ». Diriez-vous que, d'une certaine manière, votre destin était tracé?

Oui je le pense! Et j'ai eu tellement de chance que mon père puisse voir ce film avant sa mort. Me dire qu'il était un de ces gamins qui se trouvaient sur la route entre Selma et Montgomery et que sa fille a fait un film sur cette histoire est quelque chose de très beau.

Vous avez travaillé pour le cinéma, pour la télévision et pour des plateformes, vous avez réalisé des documentaires, des fictions et des séries. Considérez-vous tous les genres et formats comme un même moyen de raconter des histoires?

Je trouve magnifique cette approche agnostique des formats. Il fut un temps où si vous faisiez de la télévision, vous ne pouviez pas faire de cinéma, et vice-versa. J'ai appris de Spike Lee qu'on pouvait tout faire. Il a réalisé des fictions, des documentaires, des pubs avec Michael Jordan, des clips avec Michael Jackson... C'est un des premiers réalisateurs qui ont été capables de raconter des histoires sous différentes formes, et cela a indéniablement eu une influence sur mon approche.

En marge des blockbusters, le cinéma semble de plus en plus difficile à financer. Même des cinéastes comme Martin Scorsese ou Michael Mann sont en partie soutenus par des coproducteurs européens. Ressentez-vous également ces difficultés?

L'industrie artistique traverse une période de grandes turbulences, et il nous faut trouver des solutions. Le financement de mon dernier film vient en partie d'organisations à but non lucratif, comme la Fondation Ford et la Fondation Bill & Melinda Gates. Il ne s'agit donc pas d'un film de studio. Les cinéastes doivent s'adapter, et ils le font!

Selma, mardi 5 novembre aux Cinémas du Grütli (15h) dans le cadre du GIFF.

« Les républicains se comportent d'une manière que je considère comme inhumaine »

AVA DUVERNAY, CINÉASTE

Télérama, no. 3906
Humour, samedi 23 novembre 2024 2231 mots, p. 20,21,22,23

Entretien

Manu Payet : « Est-ce que je ne suis pas fou de raconter des choses aussi intimes ? »

Yasmine Youssi

Hilarant, jamais méchant. Seul en scène, Manu Payet connaît un franc succès.Sa Réunion natale, sa foi, sa mère... Confessions d'un grand bosseur doublé d'un auteur de talent.

« Au fond, je suis fait pour raconter des histoires. »Alors il raconte, Manu Payet. Avec précision et générosité. Son enfance à La Réunion ; son père, mort il y a un peu moins de vingt ans, et qui souffrait de le voir si différent des autres enfants ; sa mère, pour qui le rire n'a pas lieu d'être ; la radio, qui l'a fait connaître ; son accent réunionnais, qu'on lui demandait de mettre en sourdine ; le cinéma, qui cantonne trop souvent ce cinéphile aux comédies sans grand intérêt. À chaque fois, il rejoue la scène, prend l'intonation ou l'accent de chacun des protagonistes. Chaque histoire est « un petit bordel »que vient ponctuer un éclat de rire. Ce pourrait être impudique, ça ne l'est pas. Autocentré ? Pas plus. Plutôt très tendre et follement élégant. D'autant que l'on retient d'abord et avant tout le regard décalé de l'artiste sur lui-même, qui permet de rendre chacune des situations vécues universelle. Un art dont bénéficie de manière éclatante son dernier spectacle, Emmanuel 2, donné au Théâtre de la Madeleine, à Paris, jusqu'à la fin de l'année, avant de reprendre sa tournée en 2025. Remontant le fil de son existence, s'arrêtant sur les deux dernières décennies du siècle précédent, décortiquant nos folies d'alors — éducation à la dure, chansons sexistes, tabac intempestif… — pour mieux expliquer le présent, ce presque quinqua, également scénariste et réalisateur, y offre au public l'un des seuls-en-scène les plus aboutis qu'il soit donné de voir aujourd'hui.

Vos spectacles, comme le film que vous avez réalisé, reviennent toujours à votre adolescence.

J'ai une loyauté envers cette période. Je me suis construit contre l'autorité scolaire, professorale et parentale. Alors, il y a des moments que j'ai ratés avec mes parents. Mon père est mort en 2007. Trop tôt. J'avais 32 ans. Au fond, je ne sais pas vraiment qui il était. Il avait grandi dans la misère, la promiscuité, la précarité, et plein d'autres vilains mots comme ça. Et il ne voulait pas nous en encombrer. Mais c'était lourd d'être lui de son vivant. Il avait tellement fait de sa réussite professionnelle un but qu'on ne l'a jamais soupçonné. Mon père a commencé en vendant des glaces sur les plages de La Réunion. Il les vendait si bien que Miko lui a proposé un poste de comptable. Et il comptait si bien qu'il est entré chez Air France, où il a fini directeur du fret pour tout l'océan Indien. On ne parle même plus de réussite professionnelle à ce stade mais d'un succès fulgurant. J'aurais été incapable de gérer ça.

Pourquoi?

Un artiste est un peu le patron d'une PME de lui-même. Or je suis de la génération X. Mon idole, c'était Kurt Cobain, un mec qui s'est foutu en l'air. Aujourd'hui, les gamins sont fans de types qui font de la muscu, qui ne mangent pas de viande, ingurgitent des fibres. Plus personne n'admire les mecs qui se détruisent. Nous sommes dans une autre époque, ce que je raconte également dans Emmanuel 2.

Comment transforme-t-on sa vie en spectacle ?

Paradoxalement, en étant pudique. Pendant que j'écrivais sur l'opération des testicules que j'ai subie à l'âge de 6 ans, ou sur le spermogramme que j'ai dû faire adulte pour m'assurer que je pouvais avoir un enfant, je me suis demandé si je n'étais pas fou de raconter des choses aussi intimes. D'ailleurs, je n'ai pas tout de suite saisi pourquoi je le faisais. Mais — est-ce mon père, là-haut, ou le bon Dieu ? — une voix me disait d'y aller. Que je saurais les dire. C'est seulement en voyant la réaction du public que j'ai compris : des hommes, des couples avaient besoin d'entendre ça. Savoir qu'ils n'étaient pas seuls à vivre cette situation. Je perçois leurs réactions dans la salle. C'est toujours la femme qui prend le bras de son mec, le lui caresse, me regarde, le regarde. Ma mère m'avait pourtant dit que je ne devais pas crier cette opération sur tous les toits.

Vous continuez donc à défier l'autorité parentale ?

Pardon, je cite souvent ma mère… Pour elle, même une table, par exemple, peut d'abord générer une multitude d'accidents — et c'est ainsi qu'elle voulait que mon frère, ma sœur et moi appréhendions le monde. « Il faut toujours que tu ries de tout, Emmanuel,me reprochait-elle. Mais tout n'est pas drôle. »Et pourquoi ça ne le serait pas ? Tant que ce n'est pas de la souffrance de quelqu'un mais de la mienne, ça ne fait de mal à personne de rigoler. Cela aide les autres à voir une situation différemment. J'ai d'ailleurs toujours eu le sentiment qu'il ne m'arrivait que des choses qui avaient un intérêt à être racontées. Quand j'étais enfant, la maison de mon cousin Olivier s'est effondrée pendant un cyclone. Son père n'a pu sauver que son petit frère. Olivier avait une quinzaine d'années, moi une douzaine. Le jour de ses obsèques, il faisait une chaleur incroyable. Nous étions tous effondrés — je n'avais jamais entendu ma mère pleurer comme ça. Des pleurs de grand. Pendant l'homélie, une mouche est entrée dans les lunettes du curé, marchant sur l'intérieur du verre. Lui l'a laissée faire. Et d'un coup, tout le monde a souri. Même ma mère. Peut-être que nous avions tous besoin de ça pour tenir.

Mais d'où vient ce sens de la fantaisie que vous ne semblez pas avoir hérité de vos parents ?

Justement du fait que ça ne rigolait pas beaucoup à la maison. Ma mère, comme moi d'ailleurs, est très croyante. Sauf que, pour elle, la fantaisie, c'était pour les hérétiques qu'on cramait. Quand j'allais chez des amis ou au cinéma, je voyais les gens se marrer. Chez nous, cela n'était possible que quand mes oncles et tantes venaient à la maison, le week-end. Alors je racontais toutes sortes de trucs à table. « Tu nous saoules, Emmanuel »,disait ma mère. Avec elle, tout devait être accompli, rien n'était vécu. Accomplir jusqu'à la mort, en passant allègrement à côté de son existence. Je lui glisse encore qu'à trop vouloir être catholique, je ne suis pas sûr qu'elle célèbre le cadeau que le bon Dieu lui a fait, et qui est celui de la vie. Mais j'ai eu ma revanche.

Comment ?

J'ai été invité par le pape François au Vatican le 14 juin dernier, avec une centaine d'humoristes de toutes les religions, venus des quatre coins du monde, parmi lesquels Jimmy Fallon, Chris Rock ou Whoopi Goldberg. Chacun de nous pouvait venir accompagné. J'ai montré l'invitation à ma mère et elle a littéralement dévissé. « Mais pourquoi on t'envoie ça, Emmanuel ? »Elle ne comprenait pas, avant de se raviser, voyant que ça commençait à m'énerver. « J'espère que tu n'as pas l'intention d'emmener quelqu'un d'autre que moi ? »J'ai toujours dit que les mamans créoles étaient les mères juives de l'océan Indien. Ce jour-là, le pape nous a demandé de continuer à faire rire malgré l'actualité. La période n'étant pas glorieuse, les gens en ont plus que jamais besoin. Tout le contraire de ce que m'avait dit ma mère jusque-là. Lui était merveilleux, rendant intelligente toute notre connerie, vengeant toutes ces années où j'ai pris des tartes parce que je faisais rigoler.

Quand a-t-on commencé à vous prendre au sérieux ?

Quand je suis arrivé au Cours Florent, à Paris, en 2000. Je devais avoir 6 ans quand j'ai compris qu'il me fallait monter sur scène, parce que, sur scène, on a le droit. Devenir humoriste était, cependant, inenvisageable. Il n'y avait pas de cours de théâtre à La Réunion. J'avais, alors, un groupe de rock. L'antenne locale de NRJ m'a repéré et m'a proposé de faire de la radio, avant que quelqu'un de Paris m'y fasse venir. C'est à ce moment-là que je me suis inscrit au Cours Florent. Là, j'étais enfin avec mes semblables. Là, c'était OK de ne pas être dans la norme.

Comment le monde de l'humour a-t-il évolué depuis vos débuts, dans les années 2000 ?

À l'époque, les comedy clubs n'existaient pas. On ne disait pas stand-up mais one-man-show ou seul-en-scène pour faire chic et être nommé aux Molières. Et c'était un monde de mecs. Florence Foresti a ouvert la porte aux femmes. Bien sûr, avant elle, il y avait eu Sophie Daumier, Sylvie Joly et Muriel Robin, mais Florence s'est imposée comme la patronne. Parce qu'elle est l'une des premières vraies natures comiques à avoir travaillé son art et en avoir fait un métier. Certains confondent culot et talent. On peut monter sur scène avec du culot pour dire n'importe quoi. Or le talent, c'est de savoir qu'on en a, et que ça se travaille. Florence fait la différence par son travail. Regardez la première cérémonie des César qu'elle a présentée, en 2016 : une master class. On m'a proposé de lui succéder l'année suivante. Je ne pouvais pas passer après ça, alors j'ai dit non. Ce qui a permis à tout le monde de découvrir que Jérôme Commandeur avait fait du très bon boulot.

Comment travaillez-vous ?

Vient un moment où je me lance un défi : savoir si je suis toujours drôle. Je travaille seul, dans mon coin, moins par orgueil que pour ne pas embêter les autres. Et ne vais jamais dans les comedy clubs tester des bouts de spectacles comme beaucoup le font — je n'ai pas envie de voir les gens se tirer la bourre, cherchant à impressionner celui qui va leur succéder sur scène. J'aime beaucoup ce comique américain, Richard Pryor, dont on ne sait jamais s'il improvise ou si tout est écrit. Dans mon spectacle, tout est écrit. Et tout ce qui est écrit, je l'ai vécu. Après, il n'y a presque plus qu'à dire en faisant des choix dans mon texte, et en l'ajustant chaque soir, en fonction du public. L'ensemble doit être porté par un sens de la dramaturgie qui relève plus du théâtre que du stand-up. Il est là, le vrai défi, faire exister un drame comique avec un début, un milieu et une fin. La fin, je la connais. Mais chaque soir, je me demande comment y arriver.

Vous qui êtes cinéphile n'avez, au cinéma, quasimenttourné que dans des « comédies de potes ».

J'ai pris ce qu'on m'a proposé. Quand on arrive chez un agent en tant que comique, il ne va pas appeler François Ozon mais nous vendre comme tel. Pourtant, après avoir présenté les César, en 2018, plusieurs grands réalisateurs, comme Bruno Podalydès, m'ont envoyé des messages pour me dire que ce que j'avais fait était élégant. Le drame de tout acteur, c'est qu'il doit bouffer. Alors, qu'est-ce que je peux faire ? Attendre que Wong Kar-wai m'appelle ? J'irai voir ses films comme tout le monde, avec mon pass cinéma. Le spectacle me permet d'avoir la liberté de dire non. J'ai tourné une grosse comédie en janvier pour Netflix. Heureusement, j'ai eu le loisir d'en avoir envie. Le jeu n'est pas pareil quand on travaille dans ces conditions.

Que gardez-vous de votre enfance à La Réunion ?

C'est tout ce que j'ai. Longtemps, je n'ai pas su que mes racines constituaient ma force. J'ai même cru qu'il fallait les cacher. À mes débuts, le directeur d'antenne de NRJ m'avait demandé de perdre mon accent. La Réunion, c'est la France du bout du monde, mais c'est la France quand même. Ou peut-être la France qui n'a pas besoin de la France pour être la France. Tous les monothéismes y sont représentés. Le vivre-ensemble, la tolérance, la curiosité de l'autre sont notre quotidien. Tout le monde croit qu'il faut arrêter de dire que l'autre est différent pour qu'on puisse vivre ensemble. Mais ce n'est pas vrai. Nous devons justement cultiver nos différences, elles font qu'on a besoin des autres pour avancer. J'ai des amis à La Réunion que j'appelle « Chinois ». Pascal Dupont ? Non, Pascal Chinois. Et vous savez quoi ? Pascal Chinois est noir. Mon humour vient clairement de là. Il n'est pas moqueur parce qu'il est tendre.

La France est aujourd'hui fracturée. L'avez-vous ressenti pendant votre tournée ?

Sur scène, nous orchestrons l'ambiance de la salle. On peut allumer cette tension — comme certains politiques abrutis qui savent très bien où appuyer pour y arriver — ou l'amener à se mettre en pause. Elle aussi a besoin de se reposer, et nous sommes là pour ça. J'ai un avis, bien sûr. Mais le plus dur est de ne pas le donner, parce que notre rôle est de faire marrer les gens. J'ai décidé de ne plus regarder les chaînes info avant de dormir. En revanche, si j'ai un coup de mou avant de jouer, je vais me mettre devant pendant vingt minutes. Je me dis alors qu'on a besoin de moi. Et je monte sur scène •

Propos recueillis par Yasmine Youssi

Photos : Fanny de Gouville

3T

Le Soir
GENERALE
Culture, vendredi 18 octobre 2024 963 mots, p. GENERALE19

cinéphilie Au Festival Lumière, Justine Triet explore les films qui l’ont marquée

F.B.

F.B.

Envoyée spéciale à Lyon

Aimer le cinéma, s’en nourrir et puis partager. Depuis quinze ans, une semaine durant, Lyon est le lieu de rendez-vous des amoureux du cinéma, connus, méconnus, inconnus, professionnels ou pas. On y vient en ami, en passionné. C’est Tim Burton de retour deux ans après avoir reçu le prix Lumière et l’amour du public qui l’a galvanisé pour poursuivre son œuvre et chasser ses doutes, et qui vient dire merci. C’est Régis Wargnier qui parle avec enthousiasme de La dentellière, du Suisse Claude Goretta, où Isabelle Huppert naît actrice, il y a 47 ans. C’est Jean-Hugues Anglade qui présente La reine Margot, chef-d’œuvre de fureur et de sang de Patrice Chéreau, trente ans après avoir endossé magistralement le rôle de Charles IX qu’au début, il pensait mineur avant d’en faire quelque chose de mémorable. Ainsi vit le Festival Lumière avec, comme point d’orgue, le prix Lumière remis cette année à Isabelle Huppert. Il y a aussi un nouveau rendez-vous très enthousiasmant, celui de la rencontre autour de la cinéphilie d’une personnalité. Et c’est Justine Triet, réalisatrice d’ Anatomie d’une chute, qui l’a inauguré. « Justine Triet n’est pas là comme cinéaste, elle est là comme spectatrice et elle est là pour dire voilà ce que j’aime. Si les gens aiment Justine Triet ou ses films, alors ils vont être attentifs à l’écouter. C’est une autre manière de transmettre », nous précise Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière à l’initiative du festival.

Cassavetes et Friedkin

Devant une salle archicomble, la cinéaste oscarisée raconte sa cinéphilie, comment elle a été marquée par des films des années 70, des images en pellicule, avec une colorimétrie particulière, beaucoup de films américains. « Je suis née en 1978 et les années 70 sont une période de cinéma très riche pour moi », dit-elle, avant de témoigner de son admiration absolue pour Cassavetes qui ne renonçait à rien, et de souligner la façon si réaliste de William Friedkin d’aborder la question fascinante de la pulsion et de l’enfer. « J’ai réalisé à quel point j’ai regardé des films de genre. Rien à voir avec le cinéma que je fais. Ça pose la question de ce qui nous nourrit », déclare-t-elle, juste avant un extrait d’ Une femme sous influence et de L’exorciste. « Ce sont des films qui posent la question du mal qui vient de la maison, de l’intérieur : comment se dépêtrer de la famille, du couple et de ces schémas imposés, comment les réinventer ? Ces questions m’obsèdent », dit-elle, prenant comme autre référence Terreur sur la ligne, de Fred Walton, qu’elle définit comme un ancêtre de Scream. Elle poursuit toujours avec des films des années 70 : Girl Friends, de l’Américaine Claudia Weill, une « Woody Allen au féminin », dit-elle, et An Unmarried Woman, de Paul Mazursky, deux films qui questionnent la place de la femme selon qu’elle est mariée ou pas.

L’extraordinaire vient du banal

« C’est souvent formellement que les films m’influencent », confie-t-elle. Elle laisse de côté Truffaut, qu’elle trouve grand cinéaste mais écrasant, et salue le travail de Claude Sautet, faussement catalogué bourgeois et pantouflard, mais enfin réhabilité, et dont elle met en évidence la modernité, la façon de capter la vie et son inspirante manière d’éclater son récit, comme le montre la scène de l’accident dans Les choses de la vie. Elle s’arrête aussi sur Ne vous retournez pas, chef-d’œuvre de Nicolas Roeg avec Donald Sutherland et Julie Christie. « C’est un film génial sur la famille, le couple, le deuil, la pulsion de vie. L’amour entre deux personnes, on l’a tellement vu, mais là, Nicolas Roeg le réinvente. Il y a une crudité dans la scène d’amour à Venise, quelque chose de vrai par la manière dont c’est filmé. »

Justine Triet aime aller vers les cinéastes qui aiment la vie. « Michael Haneke est un grand cinéaste mais j’ai beaucoup de mal avec son cinéma car je ne le comprends pas. Je n’y vois pas son amour de la vie. Tout se voit dans un film. Ce que tu es dans la vie se voit, ta sexualité, tout. Dans le rapport charnel à l’image. Je suis devenue réalisatrice par désir de témoigner, le moteur premier n’était pas la cinéphilie. A vingt ans, j’étais un bébé à ce niveau-là. L’important était que le geste premier soit plus fort. Des films comme Feu follet, de Louis Malle, et La maman et la putain, de Jean Eustache, m’ont donné envie de faire du cinéma. Cassavetes m’a beaucoup aidée à comprendre que le sujet peut être anodin. C’est la façon dont tu vas l’envahir qui est important. L’extraordinaire vient dans le banal. Quand j’ai commencé, j’étais essentiellement du côté des acteurs, mais j’avais compris que pour créer du faux vivant, il ne fallait pas agiter la caméra. Aujourd’hui, je prépare énormément et je jette tout en l’air sur le plateau. Il faut être mauvaise élève. Si ça ne déraille pas à un moment, ça ne m’intéresse pas. Le tournage, c’est attraper le vivant maintenant, tout de suite, en urgence. Je ne comprenais pas ça, plus jeune. Aujourd’hui, le plateau de tournage est le lieu où je me sens le mieux dans le processus de fabrication d‘un film. L’idée de convoquer quelque chose même dans la pire des configurations, aller chercher la force de vie. »

Le Soir
GENERALE
Culture, jeudi 17 octobre 2024 1640 mots, p. GENERALE16

cinéma

« L’amour ouf, c’est aimer s’ennuyer avec quelqu’un, ne pas avoir peur des silences »

FABIENNE BRADFER

Après avoir été d’Artagnan dans « Les trois mousquetaires », François Civil est à l’affiche de « L’amour ouf », de Gilles Lellouche. A 34 ans, il est la coqueluche du cinéma français, chef de file d’une nouvelle génération.

Je me sens le plus heureux et le plus à ma place quand je suis sur un plateau de cinéma. Mais quand on ne joue pas, on a des sentiments ambivalents.Parfois l’attente, c’est dur à gérerJe me sens le plus heureux et le plus à ma place quand je suis sur un plateau de cinéma. Mais quand on ne joue pas, on a des sentiments ambivalents.Parfois l’attente, c’est dur à gérer

entretien

FABIENNE BRADFER

Fils d’universitaires ayant intégré un cours de théâtre à 14 ans pour les beaux yeux d’une fille, François Civil est heureux quand il joue. A 34 ans et déjà vingt ans d’un métier qui le passionne, ce beau brun ténébreux aux yeux rieurs a tourné trois films avec Cédric Klapisch, est devenu sous-marinier surdoué dans Le chant du loup et flic marseillais pour Bac Nord. Coqueluche du cinéma français, chef de file d’une nouvelle génération, il garde la tête froide même s’il reconnaît avoir passé le cap 2023-2024 de manière formidable, endossant le rôle mythique de d’Artagnan dans le diptyque Les trois mousquetaires, beau succès populaire, puis incarnant un jeune homme plein de violence et d’amour dans L’amour ouf, de Gilles Lellouche, en compétition au Festival de Cannes. C’est à cette occasion que nous le rencontrons, juste avant qu’il parte pour Lyon où il tourne le nouveau film d’Arnaud Desplechin, tenant le rôle d’un pianiste concertiste.

Vous avez dit un jour ne jamais être content des films que vous aviez faits. Seriez-vous un éternel insatisfait de vous-même ?

En tout cas, je ne suis jamais entièrement content. Mais pour la première fois avec ce film-ci, je suis content d’entendre de bons retours. Je l’aime, ce film, et je sais pourquoi je l’aime.

Dites-nous…

Parce que c’est trop rare d’avoir des films qui cochent toutes les cases. Il y a la chance de travailler avec Gilles, acteur fabuleux et réalisateur immense. Je trouve que ce qu’il a fait en mise en scène sur ce film avec une histoire comme celle-là, c’est extraordinaire. Le scénario m’a bouleversé. Un rôle aussi fort, les rencontres que ça a impliqué, travailler avec Adèle (Exarchopoulos), Raphaël (Quenard), avec Jean Pascal (Zadi), être en face de Chabat et de Poelvoorde. Tout ça, c’est dingue. Et le film, quand on le voit à la fin, ça réunit tout ça et ça transperce tout. Dès que le film démarre, on oublie notre vie et on rentre dans cette histoire.

Le film et très mélancolique d’une époque, les années 80, qui renvoie à l’adolescence de Gilles Lellouche. Vous êtes beaucoup plus jeune mais avez-vous aussi la nostalgie de votre adolescence ?

Non, je ne suis pas très nostalgique. Je ne regarde pas trop dans le rétroviseur. De temps en temps, quand je revois des photos, comme tout le monde, je vais sortir un petit sourire ou avoir les yeux un peu embués. Par contre, sans avoir vécu les années 80, je suis nostalgique de tout ce que Gilles a mis dans le film, tous les objets, les chaussures, la musique. J’adore aussi la musique des années 70.

Vous prenez le rôle de Clotaire dans sa phase de jeune adulte, quand il sort de prison. Ça change quoi d’incarner un personnage en cours de récit ?

C’est ce qu’on voit de l’extérieur mais, pour moi, je prends le personnage au début. Je le travaille en ayant lu toute la première partie, en ayant l’impression d’avoir traversé toutes ses scènes. J’ai même demandé à Adèle à ce qu’on travaille les scènes des ados avant de jouer nos retrouvailles dans le film. C’était important pour que ça fasse partie de notre ADN et qu’on ait l’impression de les avoir vécues. Généralement, on essaie de comprendre d’où vient le personnage. Là, j’avais déjà son background. Je savais son origine sociale, l’empêchement, la rage qu’il ressent par rapport au système qui l’oppresse. Après, ce qui était génial, c’était de voir comment le jeune Malik s’est emparé de Clotaire. J’avais un appui pour me dire « ah ! tiens, il allait dans ce niveau d’intensité à tel endroit. Ah ! là, la prison lui a enlevé le côté flamboyant ». Car je fais un Clotaire un peu plus abîmé.

Le père de Clotaire dit à son fils que pour ne pas être déçu dans la vie, il ne faut pas se soucier des belles choses.

Cette phrase est déterminante. Clotaire est un jeune garçon plein de rêves, de poésie, de beauté, de joie. Et je le comprends quand il se mure dans une forme de rage froide et devient violent contre un système. Car quand son père lâche cette phrase, il la dit sans penser à mal, juste qu’il est tellement désabusé par sa propre existence qu’il essaie de préparer son enfant. La question du déterminisme social est très présente. C’est ce qui fait qu’on ne naît pas à armes égales. Ça me fait penser à un morceau d’IAM, Né sous la même étoile : « La vie est belle, le destin s’en écarte. Personne ne joue avec les mêmes cartes. Le berceau lève le voile. Multiples sont les routes qu’il dévoile. Tant pis, on n’est pas nés sous la même étoile. » On aime bien voir les success stories de gens qui viennent d’un milieu populaire et qui ont réussi. Mais ce sont des exceptions qui confirment la règle. Acteur reste un métier très difficile à vivre. Je me sens le plus heureux et le plus à ma place quand je suis sur un plateau de cinéma. Mais quand on ne joue pas, c’est dur de ne pas regarder à droite et à gauche ce qui se passe et de voir les réussites des uns des autres pour lesquelles on est content. On a des sentiments ambivalents, on se dit « mince, pourquoi moi, je ne travaille pas ? ». Parfois l’attente, c’est un peu dur à gérer. Mais il faut relativiser.

En tant que fils d’universitaires, avez-vous été éduqué dans l’amour des arts et du beau ?

Totalement. J’ai grandi dans un certain confort, la moyenne bourgeoisie. Mes parents qui sont passionnés d’histoire de l’art, m’ont amené vers la culture. J’ai passé mon enfance à crapahuter en Espagne, en Italie, à regarder toutes les églises existantes. Petit, cela ne me plaisait pas tant que ça, mais j’ai été sensibilisé au beau très jeune. Je ne sais pas si ça forme mais je suis très reconnaissant envers mes parents de tout ça.

Parlons de Gilles Lellouche sur un plateau. Comment est-il ?

Il est flamboyant, attentif et généreux. Il est vigilant sur tout. Je me disais qu’après 17 ans d’une histoire en tête de manière obsessionnelle, ça pouvait parfois scléroser les idées et figer les choses. Pas du tout. Gilles savait précisément ce qu’il voulait raconter, il était d’une telle liberté, d’une telle souplesse et d’une telle écoute. J’ai rarement vu un film aussi réfléchi, aussi beau esthétiquement où, à chaque plan, il y a une idée alors que sur le plateau on avait l’impression de faire un court-métrage pirate car il y avait une sorte d’énergie, de vie, d’urgence à tourner les scènes.

Vous venez de vivre deux années intenses comme acteur. Avec l’aventure du diptyque Les trois mousquetaires…

C’est quelque chose de particulier parce que c’était une expérience dingue. C’était huit mois de tournage, c’était apprendre l’escrime, rencontrer des acteurs que j’admire. C’était une épopée. Je suis fort de cette expérience aujourd’hui. Mais j’avoue que j’ai du mal à contrôler ou même à avoir conscience de l’image exactement que je renvoie après ça. On me reconnaît un peu plus dans la rue mais, à part ça, je n’ai pas l’impression que ça ait changé quelque chose. Oui, je vois bien que j’ai une forme de popularité et que, grâce à ça, des réalisateurs vont se pencher vers moi parce qu’ils ne me trouvent pas trop mauvais acteur, mais aussi parce qu’ils se disent que le fait que je sois connu est un plus pour financer leur projet. Cela peut aider des films plus fragiles comme lorsque j’ai tourné Pas de vagues. C’est une grande chance. Mais encore une fois, tout est éphémère dans la vie et dans ce métier encore plus. Donc je garde la tête froide.

L’amour ouf, dans la vie, pour vous, c’est quoi ?

Ça, c’est une bonne question. Je pense que si on avait la recette, ce serait trop facile. On ne sait pas ce que c’est l’amour justement car c’est quelque chose qui nous surprend, qu’on n’attend pas, quelque chose qui nous renverse, qui nous élève, qui nous déplace. Sur le long terme, avoir une relation d’amour ouf, c’est aimer s’ennuyer avec quelqu’un, c’est ne pas avoir peur des silences, c’est regarder au même endroit, c’est accepter l’autre.

Linfo (La Réunion) (site web réf.) - LINFO.re
23 novembre 2024 376 mots
Conan O’Brien sera aux commandes des Oscars 2025

Entre les talents récompensés et l’humour de Conan O’Brien, la 97ème cérémonie de remise des Oscars 2025 promet de célébrer le cinéma avec éclat et légèreté Un humoriste aguerri... Voir l'article

Le Temps
Culture, mercredi 27 novembre 2024 1352 mots, p. 18

« J'aime naviguer dans la musicalité d'un texte »

INTERVIEW

STÉPHANE GOBBO

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CINÉMA Sociétaire de la Comédie-Française très présent sur les écrans, Benjamin Lavernhe incarne dans « En fanfare » un chef d'orchestre apprenant qu'il a été adopté et l'existence d'un frère biologique actif, lui, dans une harmonie locale. Rencontre

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PROPOS RECUEILLIS PAR

Une fanfare populaire dans une salle de cinéma en plein Festival de Cannes! Moment incongru mais ô combien sympathique, en mai dernier, à l'occasion de la première de En fanfare, le troisième long métrage de fiction d'Emmanuel Courcol. En 2021, cet acteur et scénariste passé à la réalisation sur le tard s'inspirait pour Un Triomphe de l'histoire vraie d'un comédien sans emploi, Etienne montant En attendant Godot dans une prison. Fort habilement, il parvenait, au-delà du feel-good movie attendu, à mettre en parallèle le destin d'Etienne et celui des prisonniers, qui avaient en commun une trajectoire de vie qui, à un moment donné, a dérapé.

En fanfare reprend d'une certaine manière cette structure en racontant la rencontre entre Thibaut (Benjamin Lavernhe) et Jimmy (Pierre Lottin). A priori tout les oppose: le premier est un chef d'orchestre parisien reconnu et courtisé, tandis que le second travaille dans une cantine scolaire dans le Nord. Ils ne se connaissent pas, jusqu'au jour où, apprenant qu'il est malade et a besoin d'une greffe de moelle, Thibaut découvre qu'il a été adopté. Jimmy est son frère biologique, et il pourrait être un donneur compatible.

« D'où je viens, qui je suis? » : voici Thibaut désorienté, d'autant plus qu'à l'inverse de Jimmy il a, lui, la chance de grandir dans un milieu favorisé. Peu à peu, les deux frangins vont découvrir qu'ils ont une passion commune pour la musique. Jimmy joue dans une fanfare locale qui, là aussi, n'a apparemment pas grand-chose en commun avec la « grande musique » que défend son frère aîné... Rencontre cannoise avec Benjamin Lavernhe, au lendemain d'une première qui l'a enthousiasmé: « C'était dingue ce final littéralement en fanfare, hein? »

Vous nous aviez dit l'an dernier lors de la sortie de « L'abbé Pierre - Une vie de combats » que pour rentrer dans le personnage, il vous avait fallu trouver sa voix. Est-ce que pour « En fanfare », il s'agissait de trouver le geste du chef d'orchestre?

En fanfare n'est pas un film sur la direction d'orchestre, mais il se trouve que mon personnage est chef et qu'on le voit diriger. Il fallait donc que je sois naturel afin qu'on y croie tout de suite, que ça respire la musique, que les gestes soient inspirés, qu'on sente que mon personnage vit cela de la tête aux pieds. La magie du cinéma passe par là. Comme il y a de vrais moments de musique, en répétitions, pendant un concert ou lors de l'enregistrement de l'adagio du Concerto pour piano no 23 de Mozart, le travail a été énorme. J'ai eu un coach qui m'a énormément aidé et m'a accompagné pendant toute la préparation puis le tournage.

Vous êtes-vous finalement entraîné comme un sportif, comme si vous deviez par exemple jouer un tennisman?

J'avais ma routine. Tous les jours, je faisais vingt minutes d'exercices. J'ai commencé par des exercices d'indépendance des mains, avant de préparer des chorégraphies pour les longues scènes qu'on allait filmer. Il fallait faire des choix car il y a plein d'interprétations possibles d'une même partition. On a regardé des vidéos et on choisissait tel geste d'un chef, et tel autre d'un autre chef. Il fallait que ce soit esthétique, que ça ait de la gueule à l'image.

Il y a en effet quelque chose de profondément cinématographique dans les gestes d'un chef, et on pourrait même y voir une métaphore du cinéaste dirigeant son casting et ses techniciens...

Oui, avec aussi toute la partie psychologique consistant à trouver comment s'adresser à l'orchestre. Il faut se faire respecter, mais également ménager les susceptibilités. Emmanuel m'a donné des références, il m'a montré des répétitions de Bernstein, Karajan, Gergiev et même Casadesus, qui a dirigé pendant longtemps l'Orchestre national de Lille. Il y a une vidéo dans laquelle on le voit répéter pendant une heure, s'adresser à ses musiciens; franchement, c'est passionnant. Je suis tombé complètement amoureux de ce métier, je comprends que ça soit une passion dévorante, que ça emporte tout. Après, c'est aussi un métier de solitude.

Une des forces de « En fanfare », c'est d'arriver finalement à ne pas opposer la « grande musique » aux harmonies locales...

Pour moi, les fanfares incarnent la démocratisation de la musique. Tout le monde peut jouer. C'est quelque chose de très convivial qui crée du lien social en mélangeant tous les milieux. Les fanfares, c'est aussi la rue. Tous les dimanches, il y en a une qui joue devant la Comédie-Française, sur la place Colette. Dans le film, ce qui m'a touché, c'est la rencontre entre ces deux mondes: la grande musique classique, qui a priori est élitiste, et la fanfare, qui est populaire et accessible. Dans le Nord, ils ont ce rapport à la musique très fort; on met très vite les enfants aux cuivres. Ça participe totalement de la culture de la région. On a eu la chance de tourner avec une vraie fanfare et d'y intégrer des comédiens, ce qui donne quelque chose de très réel, d'authentique; le charme opère tout de suite.

Le film laisse d'ailleurs beaucoup de place à la musique, lors par exemple de cette très belle scène où Thibaut se met au piano et explique à Jimmy les rapports entre le classique et le jazz. Et il y a sa dimension humaine, sociale, les couches sont multiples...

Il y a la dimension universelle de l'histoire de ces deux frères qui se retrouvent par la musique, mais on parle aussi de déterminisme social, d'ambition, des rêves et de la confiance en soi; toutes ces thématiques qui se croisent. Thibaut et Jimmy parlent de la musique chacun à son endroit: l'un est plus érudit, l'autre est plus instinctif, ce qui fait que tout le monde s'y retrouve. On peut s'attacher à leur relation parce qu'on ne se sent pas exclus, ce qui est très beau. J'ai été marqué par Tar, avec Cate Blanchett en cheffe d'orchestre, mais c'est un film très technique, et aussi d'une certaine manière austère et ardu. Ici, on est dans un style de cinéma très différent, qui a les qualités et l'exigence d'un film d'auteur, mais qui est grand public. On n'a pas peur de l'émotion, mais sans pathos. Emmanuel Courcol et sa coscénariste Irène Muscari ont ce grand talent de s'adresser au plus grand nombre mais sans prendre les gens pour des cons.

Un scénario est-il comme une partition: vous faut-il pour chaque film trouver votre mélodie interne qui s'intégrera dans le rythme global du récit?

Avec Pierre Lottin, on se disait en effet que le scénario était une partition, et on a beaucoup du rythme de la comédie. Pierre a en plus, comme son personnage, une oreille inouïe, et il joue du piano de ouf. Il nous faisait des impros sur le tournage. Il est vraiment surdoué. Quand j'étais au Conservatoire, on passait des heures avec ma professeure Dominique Valadié sur On purge bébé de Feydeau ou Un Chapeau de paille d'Italie de Labiche, à refaire des scènes avec telle intonation ou telle autre. Dans la comédie, c'est essentiel de taper juste au bon endroit, d'avoir la bonne note, la bonne intention. C'est tellement musical, la comédie. On le ressent bien au théâtre, parce qu'on a immédiatement la réponse du public. D'un soir à l'autre, si on n'est pas dans la bonne note, ou dans la bonne intention, ça ne réagit pas pareil. C'est un laboratoire, et j'adore ça. Au cinéma, quand on fait dix prises, j'aime que ce soit dix prises différentes; j'aime naviguer dans la musicalité d'un texte.

En fanfare, d'Emmanuel Courcol (France, 2024), avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco, Jacques Bonnaffé, 1h43.

« Dans la comédie, c'est essentiel de taper juste au bon endroit, d'avoir la bonne note, la bonne intention »

La Dépêche du Midi
Ariège
Locale, jeudi 3 octobre 2024 36 mots, p. 22

Lavelanet/Pays d'Olmes

[cinéma...]

cinéma

Salle M.-C.- Barrault

Joker Folie à deux. À 18 h 30 (VOSTF).

Beetlejuice Beetlejuice. À 21 heures.

Salle G.- Méliès

Megalopolis. À 20 h 30 (VOSTF).

Mirepoix. Espace culturel A.-Malraux

Relâche.

La Provence
ALPES
ALPES; DEPART, jeudi 10 octobre 2024 358 mots, p. ALPES_004

DURANCE-LUBERON-VERDON AGGLOMÉRATION

Des changements autour de la compétence culturelle L'intérêt de l'agglomération pour la culture évolue. Dès le 1er janvier 2025, la programmation des spectacles vivants dans les trois théâtres sera gérée par un syndicat mixte, et non plus par DLVAgglo.

C'était dans les tuyaux depuis un bon bout de temps. La compétence culturelle de DLVAgglo a été redéfinie mardi soir lors du conseil communautaire au centre des congrès l'Étoile à Gréoux-les-Bains. "Notre politique culturelle ne pouvait évoluer que si des arbitrages financiers importants étaient réalisés, explique Sandra Faure, vice-présidente déléguée au développement culturel pour DLVAgglo. Nous avons gardé les trois enjeux forts qui sont l'accès à la culture pour la jeunesse, l'équité territoriale et l'attractivité culturelle du territoire."

Un syndicat mixte pour gérer les spectacles vivants

La politique du livre (à travers le réseau des médiathèques), l'enseignement artistique et musical ainsi que les événements et actions culturelles d'intérêt communautaire seront toujours assurés par DLVAgglo. Sans oublier "le patrimoine littéraire qui s'appuiera sur la maison de Jean Giono, le Paraïs, et le soutien de l'association Les Amis de Jean Giono,précise la vice-présidente . Mais aussi l'appui au cinéma itinérant à travers l'association Cinéma de Pays."

Le bouleversement se situe au niveau des spectacles vivants. À compter du 1er janvier 2025, la programmation dans les trois lieux de diffusion que sont les théâtres de Manosque, Sainte-Tulle et Vinon-sur-Verdon, sera gérée par un syndicat mixte. Le but étant "de poursuivre des opérations telles que la tournée d'hiver, la programmation scolaire ou le festival Oh !", soutient Sandra Faure.

Lors du conseil mardi soir, les représentants de ce syndicat mixte ont donc été désignés. Au total, ils seront neuf membres répartis ainsi : quatre à Manosque, deux à Sainte-Tulle, deux à Vinon-sur-Verdon, et un pour DLVAgglo. Si les membres des trois communes sont choisis lors des différents conseils municipaux, concernant l'agglomération, c'est Fabienne Krebazza, conseillère communautaire et adjointe au maire de Pierrevert, qui a été élue.

Pour rappel, fin mars dernier, dans nos colonnes, le président de DLVAgglo, Camille Galtier, affirmait qu'il "n'abandonne pas la culture, mais qu'on va assumer très clairement le retour d'un certain nombre d'équipements culturels et patrimoniaux aux communes."

Le Courrier de l'Ouest
Deux-Sèvres
Deux-Sèvres dep, vendredi 25 octobre 2024 112 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Deux-Sèvres_2

Une carrière au cinéma ou au théâtre ?

Malgré une hygiène de vie irréprochable, inhérente à sa profession, et près de 20 heures d’entraînement par semaine, Victor le sait, la carrière d’un artiste de cirque  dure rarement au-delà des 35 ans. Surtout lorsque l’on n’a pas commencé petit comme moi , détaille l’artiste.  Je ne veux pas me tuer sur scène donc j’ai commencé à prévoir la suite ». Une suite qui pourrait cependant continuer à s’écrire sur les planches, au théâtre, ou au cinéma.  Mon père me dit depuis des années que j’ai tout pour être un bon acteur, et j’avoue que ça m’attire ! 

La Dépêche du Midi
Ariège
Locale, lundi 14 octobre 2024 47 mots, p. 13

Pays d'Olmes

[cinéma...]

cinéma

Salle M.-C.- Barrault

Joker Folie à deux. À 18 h 30 (VOSTF).

Emmanuelle. À 21 heures (VOSTF).

Salle G.- Méliès

Viver Mal. À 20 h 15 (VOSTF).

Mirepoix. Espace culturel A.-Malraux

Silex And the city. À 18 heures.

Angele. À 21 heures.

Maville (site web réf.) - Saint-Brieuc Maville
24 novembre 2024 666 mots
QUIZ. Les expressions normandes : connaissez-vous leur sens et leur histoire ? Testez-vous ! .

Il a une graund goule… est dit d’une personne qui aime se vanter. Il jappe serait plutôt associé à un (e) bavard (e)… À Carentan-les-Marais (Manche), les organisateurs... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Dunkerque Maville
25 novembre 2024 209 mots
Aux Egaluantes de Carentan, 7 100 entrées payantes et plus de 14 000 festivaliers amoureux du

Cinéma Dunkerque Aux Egaluantes de Carentan 7 100 entrées payantes et plus de 14 000... Dunkerque Contenu réservé aux abonnés Lundi 25 novembre 2024 17:00 Aux Egaluantes de Carentan, 7... Voir l'article

L'Union (France)
CHA
PAGES LOCALES, mardi 8 octobre 2024 94 mots, p. CHA9

L’essentiel

L’essentiel

Le festival War on screen (Wos), consacré aux conflits au cinéma, a lieu jusqu’au 13 octobre, principalement à la Comète, à Châlons-en-Champagne.

Le cinéaste Costa-Gavras est l’invité d’honneur de cette douzième édition : il donnera une masterclass ce jeudi 10 octobre à 20 heures à la Comète, après la diffusion de son film État de siège à 18 heures. Son film L’aveu sera diffusé ce mercredi à 16 h 15 salle Bayen, au lycée du même nom.

De nombreuses autres personnalitésdu monde du cinéma ont été invitées.

Le Courrier de l'Ouest
Angers
Grand Angers Trélazé, lundi 28 octobre 2024 83 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Angers_9

Deux séances de cinéma ce mardi

Les bénévoles Longuenée ciné proposent deux séances de cinéma pour cette dernière semaine de vacances, à l’Espace Longuenée :

Ce mardi 29 octobre à 14 h 30 « Moi moche et Méchant 4 », de Patrick Delage et Chris Renaud.

Le même jour, à 20 h 30, sera projeté « À l’ancienne », une comédie de Hervé Mimran.

Tarifs : Non adhérents Familles Rurales adultes : 5,50 € ; enfants (14 ans inclus) 4 € ; Adhérents adultes : 4,50 €, enfants (14 ans inclus) 3 €.

Presse Océan
Nantes Métropole, Nord et Sud ; Saint-Nazaire Presqu'île
Pays de Pontchâteau, vendredi 25 octobre 2024 48 mots, p. PO Nantes métropole, Nord et Sud_33

[Saint-Gildas- des-Bois...]

Saint-Gildas- des-Bois

Deux séances de cinéma mardi 29 octobre

Deux projections de cinéma sont programmées à l’espace culturel (45 rue Gabriel-Deshayes) le mardi 29 octobre.

À 15 h, Moi, moche et méchant 4,et à 20 h 30, À l’ancienneavec Didier Bourdon et Gérard Darmon.

Midi Libre
SETE
jeudi 17 octobre 2024 209 mots

[Mireval CINÉMA ET THÉÂTRE. Ce jeudi 17 octobre...]

Mireval CINÉMA ET THÉÂTRE. Ce jeudi 17 octobre, Ciné Discut'au CinéMistral de Frontignan. Départ en minibus devant la mairie à 13 h 30. Inscription obligatoire au 04 67 53 81 89. Le soir, théâtre amateur avec la compagnie Ombres et Couleurs qui jouera la pièce 12 âmes en colère à 20 h 30, au centre culturel Léo-Malet. Vendredi 18 octobre, l'association Las Flamencas Sevillanas Gardiole organise son assemblée générale, à partir de 19 h au foyer des campagnes. Contact : 06 10 43 62 74. NOUVEAUX ARRIVANTS. L'équipe municipale a accueilli une vingtaine de familles, samedi 12 octobre, à la matinée d'informations et de découvertes organisée à la mairie. L'équipe a présenté la commune, ses élus et ses activités. Ces nouveaux habitants, arrivés sur Mireval depuis septembre 2023, viennent de Lorraine, de la région parisienne, de la Savoie et de la Haute-Savoie. La réunion d'accueil s'est poursuivie par une visite guidée de la cave coopérative Rabelais.

Correspondante Midi Libre : 06 60 99 37 24

Vic-la-Gardiole THÉÂTRE. Soirée music-hall, sketch et théâtre d'humour, samedi 19 octobre à 20 h, dans la salle des fêtes avec Jean-Patrick Douillon dans La connerie est une énergie renouvelable. Inscription : 06 84 86 89 56; tarif : 15 euros. Correspondante Midi Libre : 06 12 15 57 30

L'Indépendant
NARBONNE_IN
mardi 29 octobre 2024 87 mots
Aussi paru dans
29 octobre 2024 - La Dépêche du Midi

SOUS LA ROTONDE

CINÉMA Dimanche 10 novembre, séances de cinéma au foyer avec Culture d'Oc, Cinem'aude et la municipalité : à 15 heures, Sauvages de Claude Barras; à 18 h 30, Le monde à l'envers de Nicolas Vanier; à 21 heures, Langue étrangère de Claire Burger. 5 euros la place., contact : 06 79 00 13 16 ou [email protected] RÉUNION DES ASSOCIATIONS Mercredi 30 octobre, à 18 heures, les associations locales sont convoquées dans le salon d'honneur de la mairie, afin de préparer un plan des manifestations.

Ouest-France
Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Châteaubriant ; Orne ; Les Sables d'Olonne ; Redon ; Sarthe ; Ploërmel ; Auray ; Pontivy ; Fougères, Vitré ; Quimper, Centre-Finistère ; Rennes ; Caen, Vire ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Nord-Finistère ; Lorient ; Saint-Malo ; Avranches, Granville ; Pays d'Auge ; Saint-Brieuc, Lamballe ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Nantes Nord-Loire ; Dinan ; Vannes ; Mayenne ; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg ; Angers, Segré ; Rennes Sud-Est ; Bayeux, Caen ; Lannion, Paimpol ; Les Herbiers, Montaigu ; Nantes ; Guingamp ; Rennes Nord-Ouest ; Pornic, Pays de Retz ; Fontenay, Luçon ; Quimperlé, Concarneau ; Ancenis ; Loudéac, Rostrenen ; La Roche-sur-Yon ; Cholet
Culture, vendredi 11 octobre 2024 410 mots, p. OF Challans Saint-Gilles-Croix-de-Vie_32

Ce qu’en pensent ses utilisateurs

Recueilli par N. L.-B.

Yaël, 20 ans, lycéen dans la région nantaise(Loire-Atlantique), aujourd’hui étudiant à Lille (Nord) : « J’ai découvert ce dispositif grâce au compte Instagram Hugo décrypte lorsque j’avais 17 ans. Il m’a permis d’acheter des places de concert et pas mal de livres avec des amis, sans avoir trop à nous soucier du prix. Il a amélioré mon accès à la culture, car ça m’a enlevé la question du coût. Cependant, dans mon lycée par exemple, je n’ai jamais vu un professeur ou une affiche en parler. »

Carla, 20 ans, étudiante à Caen (Calvados) : « Je pense que le pass Culture est connu par la majorité des jeunes, mais je ne sais pas s’il est utilisé par tous. Tout le monde ne pense pas forcément à se créer un compte pour profiter des offres ; c’est le cas de certains de mes amis. Moi, je l’utilise principalement pour des livres et du matériel de peinture, et je prends également des places de cinéma. Il m’a énormément aidée pour améliorer ma culture, surtout à travers tous les livres que j’ai pu acheter grâce à lui. »

Sacha, 18 ans, étudiante à Caen : « J’ai utilisé le pass Culture dès sa sortie, quand j’avais 15 ans. La première année il m’a servi à acheter des mangas et la deuxième, du matériel de dessin, des vinyles et un livre. Je l’ai trouvé très utile pour des choses que je n’aurais pas forcément pensé à acheter avec mon propre argent. Le montant pourrait être mieux réparti entre 15 et 18 ans, car il y a un gros écart entre les années. »

Rachida, 21 ans, étudiante à Rouen (Seine-Maritime) : « J’ai eu connaissance du dispositif par le bouche-à-oreille. J’ai utilisé mon pass jusqu’aux derniers euros. Il m’a été très utile, m’a permis de profiter de sorties culturelles sans que l’aspect financier ne soit un obstacle. J’ai pu continuer à acheter des livres, aller au cinéma, notamment d’art et d’essai, mais j’ai surtout pu faire de nouvelles découvertes, comme le théâtre ou bien l’opéra, où je n’étais jamais allée avant. Si maintenant je n’ai plus accès au pass, je continue ce genre de sorties grâce à des dispositifs locaux. »

CHARENTE LIBRE
L'Humeur du samedi, samedi 12 octobre 2024 - 04:00 113 mots, p. 6

LE CINéMA DE LA CITé

a du mal avec la communication. Jeudi soir, l’établissement d’Angoulême avait réussi un très joli coup en attirant Judith Godrèche. Malheureusement, la nouvelle figure du mouvement #MeToo n’a pas été accueillie par une salle comble. En cause, probablement pas un désintérêt pour l’actrice qui a porté plainte contre Jacques Doillon et Benoît Jacquot, mais le fait d’une communication pour le moins originale. Sur le programme du cinéma, la rencontre est mélangée aux autres débats prévus en octobre. Sur Facebook, la venue de Judith Godrèche n’a été annoncée que mercredi à 18h24, au milieu du programme de la semaine. Pareil sur Instagram. Dommage.

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Indre-et-Loire
chinon, mercredi 30 octobre 2024 300 mots, p. 18

chinon | chinonais

Rien que de l’humour au cinéma

37120 Richelieu, France - Durant quatre jours, on a beaucoup ri, au cinéma Majestic de Richelieu, à l’occasion des Rendez-vous des cinémas du monde, dont la 3 e édition était centrée sur l’humour. Le coup d’envoi a été donné, vendredi 25 octobre, par le président de l’association du Majestic, Vincent Delmas. À ses côtés, Étienne Martegoutte, maire de Richelieu, et Emmanuelle Drieu-Lemoine, sous-préfète de Chinon, qui ont dit combien l’humour était nécessaire, au quotidien.

Huit films plus tard, c’est Vincent Dubois, des Bodin’s, parrain de cette édition, qui est venu clôturer le festival : « Il nous faut œuvrer à faire rire nos campagnes, à faire vivre des salles comme le Majestic, à faire éteindre les portables pour continuer à nous rencontrer et à générer de l’humanité », a insisté le comédien, avant de parler du tournage du dernier film des Bodin’s,  Les Bodin’s partent en vrille. Un film qui sortira en salles le 19 mars 2025. 

Cette dernière soirée de projection a été l’occasion, lors d’un temps convivial, de tirer quelques enseignements sur ces Rendez-vous. C’est Jean-Yves Dubois, l’un des organisateurs, qui l’a fait : « Une édition contrastée, avec des films qui ont bien marché, d’autres un peu moins, alors que nous misions dessus, telVampire humaniste cherche suicidaire consentant . Les films Neuilly Poissy , Alexandre le bienheureux ou le formidable Il reste encore demain ont accueilli des publics nombreux et différents. »

Même si ces Rendez-vous sont officiellement terminés, des projections sont encore programmées, à l’intention du public scolaire. Ce n’est qu’après que l’équipe du Majestic tirera les leçons de cette édition et se posera la question du thème d’une éventuelle 4 e année de Rendez-vous des cinémas du monde.

Le Régional de Cosne et du Charitois
Region Mag, mercredi 16 octobre 2024 601 mots, p. Cosne-36

Au cinéma

LA CHARITÉ-SUR-LOIRE

Crystal palace

Tél. 08.92.68.05.54.

C'EST LE MONDE À L'ENVERS. Mercredi 16 octobre, 18 h, 20 h 30; vendredi 18, 16 h, 20 h 30; samedi 19, 20 h 30; dimanche 20, 14 h 30; lundi 21, 18 h; mardi 22, 14 h, 20 h 30.

BAMBI, L'HISTOIRE D'UNE VIE DANS LES BOIS. Mercredi 16 octobre, 14 h, 16 h; samedi 19, 14 h 30, 16 h 30; dimanche 20, 17 h; lundi 21, 16 h 30; mardi 22, 18 h 30.

JOKER : FOLIE À DEUX. Interdit aux moins de 12 ans. VF : samedi 19 octobre, 14 h, 20 h 30; lundi 21, mardi 22, 15 h. VOST : mercredi 16, 17 h; dimanche 20, 19 h 15; mardi 22, 18 h.

ALL WE IMAGINE AS LIGHT. VOST : mercredi 16 octobre, 14 h; vendredi 18, 17 h 30; samedi 19, 18 h; lundi 21, mardi 22, 20 h 30.

LANGUE ÉTRANGÈRE. Vendredi 18 octobre, 14 h; lundi 21, 18 h.

QUAND VIENT L'AUTOMNE. Vendredi 18 octobre, 14 h, 18 h 30; samedi 19, 18 h 30; dimanche 20, 19 h; lundi 21, 14 h 30, 20 h 30; mardi 22, 16 h 30.

MACPAT, LE CHAT CHANTEUR. Mercredi 16 et vendredi 18 octobre, 16 h; samedi 19, 17 h; dimanche 20, 15 h.

RENCONTRE DOCUMENTAIRE : BÉNISSEZ NOS SEINS. Mercredi 16 octobre, 20 h (puis rencontre avec l'association nivernaise 3 Petites Graines).

RÉTRO PALACE : LE PASSE-MONTAGNE. Vendredi 18 octobre, 20 h (présenté par William Robin); dimanche 20, 17 h.

Cosne-Cours-sur-loire

L'éden Tél. 09.77.37.91.88.

BAMBI, L'HISTOIRE D'UNE VIE DANS LES BOIS. Mercredi 16 octobre, 14 h 30, 17 h; jeudi 17, vendredi 18, 17 h 30; samedi 19, 14 h 30, 20 h 30; dimanche 20, 14 h 30; mardi 22, 15 h, 17 h 30.

JOKER : FOLIE À DEUX. Interdit aux moins de 12 ans. Mercredi 16 octobre, 20 h 30; vendredi 18, 15 h, 20 h 30; samedi 19, 17 h; dimanche 20 et mardi 22, 20 h 30.

QUAND VIENT L'AUTOMNE. Mercredi 16 et jeudi 17 octobre, 20 h 30; vendredi 18, 15 h; samedi 19, 20 h 30; dimanche 20, 17 h; mardi 22, 17 h 30.

LE ROBOT SAUVAGE. M ercredi 16 octobre, 15 h, 17 h 30; jeudi 17, 18 h; vendredi 18, 17 h 30, 20 h 30; samedi 19 et dimanche 20, 15 h, 17 h 30; mardi 22, 15 h, 20 h 30.

Les demoiselles de rochefort. Jeudi 17 octobre, 15 h 30; dimanche 20, 20 h 30 (séances avec LSR 58).

Mois de l'inclusion : osons. Jeudi 17 octobre, 20 h (lire page 18).

Nannay

Ciné-club Tél. 03.86.69.21.72.

L'HEUREUSE ÉLUE. Vendredi 18 octobre, 17 h; samedi 19, 20 h 30.

VIVRE, MOURIR, RENAÎTRE. Samedi 19 octobre, 17 h.

VIET AND NAM (VOST). Dimanche 20 octobre, 17 h.

NEVERS

ACNE cinemazarin-nevers.fr.

SEPTEMBRE SANS ATTENDRE. Jeudi 17 octobre, lundi 21, 13 h 45; dimanche 20, mardi 22, 20 h.

TATAMI. Jeudi 17 octobre, lundi 21, 20 h; dimanche 20, 11 h; mardi 22, 16 h 30.

Gien

Le Club Tél. 02.38.67.10.47.

Le robot sauvage; Lee Miller; Joker : Folie à deux; Beetlejuice Beetlejuice; Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois; C'est le monde à l'envers; L'amour ouf; The apprentice; Quand vient l'automne; Megalopolis; Ni chaînes ni maîtres; Pat et Mat : un dernier tour de vis; L'heureuse élue; Mother land; Les Barbares; Le comte de Monté-Cristo; Transformers : le commencement; Challenger.

CINÉMA ITINÉRANT

À MOUSSY. Mercredi 16 octobre, à 15 h, à la salle des fê- tes : Quand vient l'automne.

Ouest-France
Pornic, Pays de Retz
Page Pays de Retz, mercredi 16 octobre 2024 187 mots, p. OF Pornic - Pays de Retz_10
Aussi paru dans
16 octobre 2024 - Maville (site web réf.)

La magie nouvelle génération avec Mathieu Stepson

Le théâtre Saint-Gilles accueillera, samedi, l’illusionniste Mathieu Stepson et son nouveau spectacle, Imprévisible. Les places se sont vendues très rapidement, aussi ne faut-il pas tarder si l’on veut mettre la main sur les derniers billets disponibles.

Le show du magicien, révélé par des émissions comme La France a un incroyable talent (M6) et Diversion (TF1), propose un voyage à la frontière entre la magie expérimentale et la science-fiction, autour de la sensation de déjà-vu. Un spectacle dynamique et innovant qui mêle cinéma et magie, et joue avec la perception et l’attention du public, dans une mise en scène inspirée par des films cultes, tels que Retour vers le futur ou Le Prestige.

Samedi 19 octobre, à 20 h 30, au théâtre Saint-Gilles. À partir de 8 ans. Tarifs : 18,50 € ; réduit 15,50 € ; moins de 25 ans : 6 €. Billetterie auprès de l’office de tourisme, place de la Gare, tél. 02 40 82 04 40, à l’Espace culturel E. Leclerc, et sur Billetweb.

Cet article est paru dans Ouest-France

La Montagne
Riom
Riom, jeudi 3 octobre 2024 51 mots, p. Riom-20

03-10 Cinéma

Pontaumur. Cinéma. Ciné Plus Limousin avec le soutien de la municipalité de Pontaumur propose la diffusion du film Marcel Pagnol le Schpountz ce soir jeudi 3 octobre à 20 heures dans la salle des fêtes Jean-Marc-Thiallier. Tarifs : adultes 5,50 ?; abonnés 5 ?, enfants de moins de 13 ans, 4 ?.

L'Est éclair
EST
PAGES LOCALES, jeudi 31 octobre 2024 165 mots, p. EST15

Au programme

Mercredi 6 novembre, c’est cinéma à l’Aiguillage. À 16 h 30 aura lieu la projection du film d’épouvante de Tim Burton « Beetlejuice, Beetlejuice 2 » puis à 20 h 30, « Anaïs, deux chapitres » un documentaire sur une agricultrice bretonne, Anaïs, qui, contre vents et marées, a décidé de produire des plantes aromatiques puis souhaite s’installer avec son mari Sénégalais. Une tranche de vie poignante sur les réalités du quotidien quand on ne fait pas tout à fait comme les autres. Ce film a obtenu le grand prix du festival Cinema for change 2024.

Vendredi 8 novembre, à 20 h 30, Morgane Audoin et Lætitia Madancos reviennent sur scène avec leur spectacle « De l’eau à la bouche », dont certains Barséquanais avaient vu à Ville-sur-Arce la naissance après une résidence artistique. À découvrir ou redécouvrir. Le samedi 16 novembre, l’Aiguillage fêtera ses cinq ans d’existence avec « Open gare#2 » à partir de 18 h 30. Une soirée à réserver.

La Dépêche du Midi
Ariège
Locale, jeudi 10 octobre 2024 89 mots, p. 25

Mirepoix

[cinéma...]

cinéma

Espace culturel André Malraux - Mirepoix

Programmation du vendredi 11 au mardi 15 octobre 2024

Un amor. Demain à 18 heures (vo), dans le cadre du festival Cinespaña.

Silex and the City. Demain à 21 heures; lundi à 18 heures.

Billy, le hamster cowboy. Samedi à 16 heures.

Angèle. Samedi à 18 heures; lundi à 21 heures.

Les Barbares. Samedi à 21 heures; dimanche à 16 heures.

Ni chaîne, ni maître. Dimanche à 18 heures (vo); mardi à 21 heures (vo).

Beetlejuice Beetlejuice. Mardi à 18 heures (vo).

La Dépêche du Midi
Gers
Locale, lundi 21 octobre 2024 379 mots, p. 14

Fleurance / lomagne

[Hispano Ando met en lumière la culture...]

Hispano Ando met en lumière la culture hispanique

Hispano Ando fait découvrir la richesse de la culture hispanique à travers des rencontres, des films et des débats conviviaux à Fleurance.

L'association Hispano Ando propose de vivre et faire vivre la culture Hispano à Fleurance. Son propos est le suivant : « Nous avons fait le choix que ce soit une culture au-delà des océans, d'une culture au sens large touchant la langue, l'histoire, la littérature, les arts, mais aussi les traditions. Toute cette civilisation qui nous enchante tant latine qu'ibérique, que nous soyons Hispanophones ou non ! »

Lors de l'assemblée générale jeudi, Fabienne Tastet a présenté le bilan de la saison passée avec la participation à deux spectacles de la saison culturelle et à la marche des présidents. Fabienne Tastet est restée présidente démissionnaire pour assumer les projets prévus pour l'année qui vient de se terminer et laisser un peu de temps à de potentiels remplaçants.

Parmi les activités proposées, Los Encuentros : ces rencontres autour d'un thème de débat se prolongent avec une auberge espagnole, chaque premier lundi du mois, à l'espace Laurentie, à 19 h 30. La difficulté est de rechercher toute l'année des intervenants. Dans l'assistance, Martin Avellaneda Caballero qui vient d'Argentine participera activement aux rencontres.

Hispano Ando procède à un partenariat avec le cinéma Grand-angle de Fleurance pour diffuser un film en lien avec la culture Hispano une fois par mois. Chaque jeudi hors vacances scolaires ont lieu les « Conversaciones » de 18 heures à 19 heures à l'espace Laurentie. Le conseil d'administration a apprécié la présence des jeunes lycéens internes au lycée Saint-Jean de Lectoure qui, grâce au dévouement de leur professeur, ont pu bénéficier des quelques soirées cinéma et ont participé activement à deux Encuentros. L'adjointe au maire, Brigitte Laurentie Roux, était conquise : « C'est une belle surprise, ça me donne envie, c'est riche et convivial. »

Un nouveau conseil d'administration a été élu : Vikky Martinez, Carmen Martinez, Yves Castin, Philippe Roseau, Jean-Pierre Attard, Daniel Sabathé, Marie Hélène Marquet. Fabienne Tastet reste au conseil d'administration mais laisse la présidence.

Encuentros à venir: le 4novembre, «Découvrir l'art Mudejar»; le 2décembre, «Frida Kahlo»; le 6janvier, «Marcelino de l'Espagne à Mauthausen». Informations: 0781932662.

Ouest-France
Châteaubriant ; Nantes Nord-Loire
Page Nord-Loire, mercredi 16 octobre 2024 213 mots, p. OF Châteaubriant_14

Karl, un spectacle de pièces géométriques en bois

Dans le cadre du festival de cinéma jeune public Premières bobines, festival de cinéma jeune public, la compagnie Betty Boibrut joue Karl. La représentation du spectacle de marionnettes, aura lieu samedi 19 octobre, à 10 h 30, au centre socioculturel de Plaisance. D’une durée de trente-cinq minutes, il est accessible aux enfants à partir de 3 ans.

Karl est un bonhomme anguleux composé de sept pièces géométriques, malicieuses et indisciplinées, formant un carré appelé tangram. Ces triangles et carrés de bois glissent sur la face d’un grand cube, s’assemblant de mille façons pour faire naître des personnages et des paysages.

Gardien de phare, il vit isolé au milieu de l’océan, où il garde ses petits morceaux bien rangés. Mais Bô, un de ses petits bouts, s’aventure hors du carré. Karl prend son courage à deux angles et décide de partir à sa recherche, dans ce spectacle de marionnettes profond aux allures de voyage initiatique.

Samedi 19 octobre, à 10 h 30, à la salle Armande-Béjart du centre socioculturel de Plaisance. Tarif : 6 à 9 €. Renseignements et réservations au 02 51 78 37 47.

Cet article est paru dans Ouest-France

Sud Ouest - Charente-Maritime
La Rochelle, Aunis, Ré, mardi 29 octobre 2024 861 mots, p. 16
Aussi paru dans
23 octobre 2024 - Sud Ouest (site web) Blogs - Arts and culture / Arts et culture (blog ref.)

Pour se payer une bonne tranche de rires, c’est par ici!

Agnès Lanoëlle; [email protected]

On court voir

Nora Hamzawi, Constance, Christophe Alévêque et Edgar-Yves

Edgar-Yves à l’Encan

Alévêque à La Comédie

Nora Hamzawi à l’Encan

Warren Zavatta à l’Azile

Constance à Châtelaillon

Victoria Pianasso à La Comédie

LaRochelle agglo

Le stand-up est à la mode et passe aussi par les différentes scènes de l’agglomération rochelaise. Petit revue de détail des bons spectacles à ne manquer sous aucun prétexte.

En moins de deux ans, le stand-uppeur Edgar-Yves est devenu l’une des coqueluches de la scène comique hexagonale. Verbe cru, mauvaise foi assumée, l’humoriste de 37ans, fils d’un politicien béninois, sait faire rire de tout, des végans aux gilets jaunes, de la place de l’homme noir en France à la corruption des pays africains. Il sera sur la scène de l’Espace Encan, le samedi 18janvier 2025, avec son deuxième spectacle sobrement intitulé «Solide». Tout sur www.larochelle-evenements.fr

Il est un peu sorti des radars médiatiques, mais Christophe Alévêque reste une référence pour tous ceux qui raffolent des libres-penseurs qui dézinguent la vie politique sur scène depuis quelques décennies déjà. Après «Vieux Con» dans lequel il fustigeait une société anxiogène qui le révulse, l’ancien chroniqueur revient avec sa «Revue de presse» et sera au café-théâtre de La Comédie, le 11janvier 2025. «Rire de tout, en avoir le droit et le garder, parce que c’est nécessaire et politique, c’est son projet», annonce le pitch du spectacle. Pour tous ceux qui auraient raté des épisodes de l’actualité…..Tout surwww.16-19.fr/salles/comedie-la-rochelle

L’éternelle girl next door qui dit tout haut ce que toutes ses copines pensent tout bas, sera sur la scène de l’Espace Encan, le 1erfévrier 2025. Avec le même débit mitraillette qui fait sa signature, celle qui est aussi chroniqueuse et comédienne nous fait encore rire en nous parlant de ses névroses de quadra, de la sexualité dans le couple et des filles d’Instagram. Entre meilleure copine ou véritable peste, la frontière est parfois floue, mais c’est tout son charme. Tout sur: https://www.larochelle-evenements.fr/

Le petit-fils d’Achille Zavatta, grande famille du cirque, débarquera sur la scène du petit théâtre de l’Azile, le 31décembre 2024, avec son dernier spectacle «Sortie de piste». «Ton père est dans le cinéma, tu seras dans le cinéma, ton père est dans le cirque, tu seras dans la merde!» Tout est dit! À l’âge de 16ans, le jeune Warren a claqué la porte du chapiteau, détestant plus ou moins son illustre grand-père, partant à New York puis Moscou. Aujourd’hui comédien et clown, il raconte ses erreurs, ses fous rires et ses moments de solitude. Sortie de piste, «c’est l’histoire d’un clown qui a ruiné sa carrière, qui a sombré dans l’alcool, la dépression… L’histoire d’un clown bipolaire», résume-t-il. Tout surwww.lazile.org/warrenzavatta

C’est une fille à suivre depuis quelques années. Constance, chroniqueuse sur France Inter dans l’ex-équipe de «Par Jupiter», est attendue le vendredi 21mars 2025, sur la scène de Beauséjour à Châtelaillon. L’humoriste, capable de dire les pires horreurs sans être jamais vulgaire, dit avoir traversé deux ans de gouffre. «Ce métier m’a tué, mais il m’a aussi sauvé», résume-t-elle. Elle en a tiré son sixième spectacle intitulé «InConstance», très actuel et émouvant. Tout surwww.beausejour-chatelaillonplage.fr

Son nom n’est pas encore très connu, mais retenez-le. Sur les réseaux sociaux, certains de ses fans lui reconnaissant «la gouaille, l’autodérision et l’énergie débordante» d’une Florence Foresti, avec 20ans de moins! Victoria Pianasso, jeune étoile montant du stand-up, sera à découvrir samedi 1erfévrier 2025, à La Comédie. Formée à l’école du one-man-show à Paris, après avoir tourné le dos à ses cinq années d’études en commerce, la jeune femme se demande pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer? À moins que ça ne soit l’inverse. Elle adore aussi détourner les hits comme ce titre de Tina Arena «Allez plus haut». Tout surwww.16-19.fr/salles/comedie-la-rochelle

«Stand-Up» de Mohamed El Khatib

Après les femmes de ménages (« Moi Corinne Dadat»), les gardiens de musée (« Garden-Party») ou les enfants (« La Dispute»), le metteur en scène Mohamed El Khatib s’intéresse aux nouvelles figures du stand-up, un art à la mode, à la télé comme sur les réseaux sociaux. Pour «Stand Up» à voir les 4, 5 et 6novembre à La Coursive, le metteur en scène que l’on voit partout en ce moment a réuni au plateau huit jeunes interprètes, lauréats d’un concours improvisé, consistant à faire rire grâce à des vidéos de deux minutes chrono. Une manière de revenir sur les origines du stand up, son insolence, son côté rassembleur et de prouver que ce genre en pleine ébullition est bel et bien du théâtre. Tout surwww.la-coursive.com

Sud Ouest - Landes
Landes, vendredi 4 octobre 2024 496 mots, p. 14

Un programme à la hauteur pour la 40e Semaine taurine

Michel Lafitte

Conférences, expositions, spectacles et journées festives rythmeront la ville à partir d’aujourd’hui et jusqu’au dimanche 13octobre

Film sur Nimeño II

Aux arènes

Après la tauromachie gasconne samedi 12octobre à 16 heures, avec la ganaderia Maynus (10euros, gratuit moins de 16ans), dimanche 13octobre sera la journée de l’Afición dans toutes ses composantes.

À partir de 11 heures, le Centre chorégraphique et artistique de Saint-Sever donnera un spectacle «Por sevillanas». Après le repas de l’Afición servi à 13 heures, les arènes Henri Capdeville accueilleront, à 16h30, une novillada non piquée, avec le retour du fer d’El Palmeral, seul élevage d’encaste Atanasio Fernadez en France.

Les novillos seront lidiés par les novilleros Jesus Iglesias, Julio Mendez et Baptiste Angosto. Une tertulia finale du côté de la rue des Ursulines ponctuera cette 40e édition. Animations gratuites. Pour la novillada non piquée (25euros), soirée flamenco (25euros) et le repas de l’Afición (20euros), réservations à l’Office de tourisme Landes Chalosse: 0558763464.

Saint-Sever

Pour sa 40e Semaine taurine et culturelle, la peña Jeune Afición se devait d’être à la hauteur de l’événement en s’offrant une affiche inédite du peintre Diego Ramos. Jusqu’au 13octobre, un programme haletant de conférences, expositions, spectacles, séances de cinéma et journées festives devrait satisfaire aficionados et curieux de la diversité de la culture tauromachique.

Vendredi, à 21 heures, le flamenco revient avec un spectacle inédit de Carlos de Jacoba, pur gitan, génie de la guitare flamenca. Samedi, à 19h30, dans l’église du couvent, Toro Expo cultive l’art dans sa diversité en accueillant les toiles d’Enrique Cruz Calonge, les créations de Raquel de la Iglesia, les sculptures plurielles de Louis Lopez Patrick, ou les productions picturales en mouvement du jeune Revilla. Frédéric Roman, peintre autodidacte, Vicario, plasticien et professeur, et le photographe Patrick Blan viendront compléter ce tableau haut en couleur.

Dimanche (10h30), la fête des peñas battra son plein dans l’ambiance d’une auberge espagnole avec fabrication de tapas, tourbillon de sévillanes, émotion d’un muletazo ou alegria d’une guitare. Lundi7octobre à 20h15, au cinéma, sera projeté le film consacré au torero français Christian Montcouquiol, «Nimeño II», avec un échange avec le réalisateur et l’auteur Jean-Charles Roux. Une soirée gratuite à ne pas rater, tout comme la conférence intitulée «Toros! Toros!», donnée jeudi10 à 21 heures aux Jacobins par Zocato, chroniqueur taurin.

Vendredi11, à 21 heures, Francis Wolff, professeur émérite à l’École normale supérieure, Olivier Mageste et Olivier Martin, novilleros, Juan Mora, matador, Carlos Abella, ancien directeur des affaires taurines de Madrid, et Hervé Touya, organisateur de spectacles, apporteront un éclairage pour mieux comprendre la tauromachie d’aujourd’hui. Samedi12, de midi à 14 heures, la jeune AF apportera sa note festive aux Burladeros, entre tapas et musique colorée par les Brass Coulé.

L'Echo Républicain
Edition principale
Chartres Ouverture, dimanche 20 octobre 2024 85 mots, p. Echo-6

En bref

Projection 41 e lundi des sans-papiers

Dans le cadre du 41 e lundi des sans-papiers, le collectif AERéSP28, pour l'accueil des exilés et la régularisation des sans-papiers d'Eure-et-Loir, propose la projection du film Green Border, d'Agnieszka Holland, lundi 21 octobre, à 19 h 30, au cinéma Les Enfants du Paradis. La projection sera suivie d'un temps d'échange avec Brigitte Espuche, coordinatrice du collectif Migreurop, sur le thème L'Europe forteresse et Frontex. Tarif : prix d'une séance de cinéma. 13, place de la Porte Saint-Michel.

La Dépêche du Midi
Tarn
Locale, jeudi 24 octobre 2024 12 mots, p. 21

Graulhet

[cinéma...]

cinéma

Saint-Paul-Cap-de-Joux - salle des fêtes

Cinécran 81 « Anzu, chat-fantôme ». 10 h.

Le Maine Libre
Sarthe ; Grand Mans
Au nord du Mans, vendredi 18 octobre 2024 113 mots, p. Le Maine Libre Sarthe_11

[Coulaines...]

Coulaines

Cinéma. Picolo cinéma - Mush Mush et le petit monde de la forêt. Mercredi 30 octobre, à 15 heures, espace culturel Henri-Salvador, place Jean-Claude-Boulard. À partir de 4 ans, 44 minutes. Tarif : 4 €. Contact : [email protected], www.coulaines.fr

Saint-Pavace

Fnaca Coulaines Saint-Pavace. Assemblée générale le mercredi 23 octobre, à 15 heures, salle Touraine, rue de Touraine. Contact : 02 43 82 11 42.

Yvré-l’Évêque

Sortie nature. Dimanche 27 octobre, de 9 h 30 à 12 heures, Arche de la nature, ferme de la Prairie. Observations des oiseaux hivernant dans notre bocage et identification des arbres à baies. Inscription avant le 25 octobre. Contact : [email protected], sarthe.lpo.fr

Le Bien Public
Edition de Beaune
Actu | beaune et région, jeudi 10 octobre 2024 173 mots, p. BEAU11

Beaune

Un ciné-débat autour du loup au CGR le mardi 15 octobre

Après la pêche en février et l’agriculture de demain en avril dernier, l’association beaunoise Aigue renoue avec ses cinés-débats, le mardi 15 octobre à 19 h 30, au cinéma CGR de Beaune, avec un sujet parfois clivant : le loup. « Nous projetterons le film Vivre avec les loups de Jean-Michel Bertrand. Après La vallée des loups en 2015, et Marche avec les loups en 2020, le réalisateur revient nous parler du loup d’une manière totalement nouvelle et inattendue. Il y aura bientôt des loups un peu partout en France. Il faut donc apprendre à vivre avec eux », décrit notamment la structure beaunoise. Pour l’occasion, Aigue invite Gilles Benest, de France nature environnement Doubs, pour intervenir après la projection et échanger avec le public.

Réservations auprès du cinéma CGR de Beaune, 3 bis, Bd Maréchal-Joffre. Contact : 08.92.68.85.88

La Dépêche du Midi
Ariège
Locale, vendredi 4 octobre 2024 54 mots, p. 23

Lavelanet

[cinéma...]

cinéma

Salle M.-C.- Barrault

Megalopolis. À 18 heures.

Joker Folie à deux. À 20 h 30.

Salle G.- Méliès

Les Graines du figuier sauvage. À 18 heures. (VOSTF).

Megalopolis. À 21 heures. (VOSTF).

Mirepoix. Espace culturel A.-Malraux

Grand Tour. À 18 heures (VOSTF).

Septembre Sans attendre. À 21 heures (VOSTF).

Le Journal de Saône et Loire
Edition du Charolais-Brionnais ; Edition de Mâcon
Actu | mâconnais, mardi 8 octobre 2024 213 mots, p. PCHR20,MACO14

Mâcon

Effervescence : le comédien Damien Bonnard a régalé les festivaliers

Agnès Gonnot (CLP)

Gaël Labanti, directeur artistique d’Effervescence, a accueilli dimanche Damien Bonnard, originaire de Saône-et-Loire et parrain du festival. Depuis 10 heures le matin le comédien, dont la famille habite encore à Cruzille, a été présent au ciné Pathé dirigé par Guillaume Fourrière. Il est venu à la rencontre du public pendant près de deux heures en retraçant sa jeunesse, ses petits boulots, ses débuts au cinéma, les coups de chance mais aussi les difficultés pour réussir. « J’ai exercé plein de métiers comme pêcheur au Canada, assistant de direction au CNRS, coursier, avant de tourner au cinéma. »

Dans la soirée, deux films ont été projetés en avant-première : La Pampa  qui sortira en février 2025 et Trois amies, film tourné à Lyon qui sortira dans une quinzaine de jours. « J’ai adoré tourner dans la région », a déclaré Damien Bonnard, qui a attiré le public au point que les salles de projection ont dû être doublées. Ravi de sa présence, l’acteur a assuré : « Je suis très heureux d’être le parrain du festival, vous pouvez être sûrs que je reviendrai l’année prochaine. » Les festivaliers y comptent bien !

Sud Ouest - Bordeaux Agglo
Bordeaux rive gauche, lundi 14 octobre 2024 86 mots, p. 24

Saint-Jean-d’Illac

Cinéma.

Culture.

Le cinéma fait son retour à l’Espace Querandeau: demain à 20h30, «Émilia Pérez» de Jacques Audiard; mercredi 23octobre à 14h30, «Moi moche et méchant4», et à 17h30, «Beetlejuice» de Tim Burton. Renseignements: espacequerandeau.fr

La direction des affaires culturelles organise un échange convivial sur le thème des pratiques culturelles des Villenavais mercredi, de 19 à 22heures, à la médiathèque d’Ornon. L’occasion de recueillir les attentes et satisfactions du public autour d’un apéritif dînatoire. Ouvert à tous.

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Vienne
châtellerault et son pays, jeudi 3 octobre 2024 206 mots, p. 20

Brève

DANGE_SAINT_ROMAIN - archigny

> Cinéma. Jeudi 10 octobre à 20 h 30, à la salle des fêtes, La Petite Vadrouille, de Bruno Podalydès. Tarifs : 6,50 € ; réduit, 5 €. Organisé par Dem’arch coopérative.

availles- en-châtellerault

> Loto. Vendredi 11 octobre à 20 h 30, à l’espace Descartes, animé par Jean-Marie, organisé par l’Espérance d’Availles-en-Châtellerault. Réservation : 06.52.12.14.99.

dangé-saint-romain

> Soirée tarot. Jeudi 3 octobre à 20 h 30, salle Jules-Ferry.

> Marche. Samedi 5 octobre à 9 h, place de la mairie, à l’occasion d’Octobre rose, organisée par la municipalité. Parcours de 5 km suivi d’un colloque vers 11 h avec des représentants de la Ligue contre le cancer.

lencloître

> Cinéma l’Étoile. Jeudi 3 octobre : à 15 h, Le Comte de Monte Cristo ; à 21 h, Le Fil. Vendredi 4 octobre : à 21 h, Les Barbares.

scorbé-clairvaux

> Belote. Samedi 5 octobre à 13 h, concours organisé par le Club senior du troisième âge de Scorbé-Clairvaux. Un lot pour tous. Tarif : 8 €. Restauration sur place.

vouneuil-sur-vienne

> Club de l’amitié. Repas mardi 8 octobre à partir de 12 h 15, à la salle des fêtes. Réservation avant samedi 5 octobre : 06.83.83.29.17.

Le Progrès (Lyon)
Edition du Forez
Actu | forez sud, mardi 15 octobre 2024 203 mots, p. FORZ21

Saint-Galmier

Le festival toiles des mômes commence ce week-end

Les Toiles des mômes, c’est un festival de cinéma qui se déroulera lors des vacances de la Toussaint, du 19 octobre au 4 novembre. Et c’est le cinéma Le Colisée, géré par l’association cinématographique baldomérienne (ACB), qui accueillera l’événement.

Erwan Coquelin, salarié de l’ACB, explique : « C’est la 19e édition de ce festival destiné aux enfants, dès 3 ans. En tout, douze films d’animation différents, dont trois avant-premières, seront projetés au sein de notre salle ».

Il développe : « Selon le programme, différentes activités seront proposées. Cela ira de l’atelier ciné pétillant avec la confection d’objets en lien avec le film diffusé sur plusieurs dates, à un atelier d’éveil musical le 28 octobre, en passant par le ciné gaming le 26 octobre. Il s’agira de la découverte de jeux vidéo sous forme immersive, avec un environnement dédié, et une manette de jeu qui tourne dans la salle selon les directives de l’animateur. Les participants seront amenés à collaborer pour réussir ».

Programme du festival sur le site www.lecolisee-saint-galmier.fr

Le Soir
GENERALE
Culture, vendredi 22 novembre 2024 651 mots, p. GENERALE19

CINÉMA

Bertrand Tavernier reste incontournable

FABIENNE BRADFER

Publication des « Mémoires interrompus », de Bertrand Tavernier. Un livre passionné et passionnant, foisonnant et sensible, à l’image de son auteur, érudit et cinéphile généreux.

FABIENNE BRADFER

Jamais il n’a abandonné sa passion. Jamais sa volonté de faire ce qu’avait fait John Ford ne l’a quitté. Bertrand Tavernier (1941-2021), fils de résistant, avait la passion du cinéma chevillée au corps. Qui rencontrait cet homme grand et affable, réalisateur incontournable du cinéma français, défenseur amoureux et acharné du 7 e art, constatait à quel point il était un intarissable passionné à la mémoire phénoménale, à la cinéphilie généreuse, à l’érudition fascinante. C’était aussi un homme qui aimait écrire. Donc, tout naturellement, après avoir emmené le spectateur dans son univers cinéphile avec son documentaire Voyage à travers le cinéma français, monumentale œuvre de mémoire, il a pris la plume pour rassembler ses souvenirs, entreprendre son autobiographie, mettre en valeur, rendre hommage. Cet élan sincère et heureux a été interrompu par sa mort, le 25 mars 2021. Pourtant, c’est plus de 500 pages que nous tenons enfin dans les mains, un livre-somme qui couvre la vie du cinéaste jusqu’au milieu des années 80 (d’où immense frustration de ne pas avoir son regard sur toute sa filmographie), avec le ressenti de son combat personnel contre la maladie, son corps affaibli, la mort qui se profile. Il s’agit d’une publication en l’état puisque l’auteur n’a pas eu le temps de relire, d’élaguer. Mais comme dit très justement son épouse Sarah Tavernier en postface : « Cette multiplicité de détails foisonnants, c’est bien lui aussi. »

Un texte qui fait partie de son œuvre

C’est son ami Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes et directeur de l’Institut Lumière à Lyon dont Bertrand Tavernier fut le président dès sa fondation en 1982, qui ouvre en toute logique le propos, lui qui lui a rendu un magnifique hommage dans ce livre intime et bouleversant intitulé Si nous avions su que nous l’aimions tant, nous l’aurions aimé davantage. Il nous rappelle à quel point la littérature comptait pour Bertrand Tavernier, son maître, son guide, lecteur boulimique, soucieux de la singularité du style et de la force du contenu. Thierry Frémaux invite à considérer ce texte riche et intense qu’il commença à rédiger au début 2020 dans le pays varois, comme faisant partie de son œuvre.

Entre analyses et anecdotes, il y a bien sûr, comme toujours avec Tavernier, l’envie de transmettre. Que ce soit à travers ses émotions de jeune cinéphile via l’aventure du ciné-club Nickel Odéon, ses débuts de cinéaste, ses années d’attaché de presse, ou quand il fut assistant de Jean-Pierre Melville. Cet ouvrage nous embarque dans son enfance lyonnaise, avec les trajets en métro, les ponts enjambant la Saône ou le Rhône, les quais bordés de façades Renaissance aux couleurs vénitiennes, l’horloge astronomique de la cathédrale Saint-Jean, les jardins de Gerland… Page après page, affleure une sensibilité poignante, celle d’un homme de conviction, un cinéaste de combat, un être à l’esprit collectif. La politique comme l’artistique n’est jamais une affaire individuelle. Le verbe est vif et inspiré pour raconter Melville comme Philippe Noiret, Pierre Rissient comme Philippe Sarde. Enfin et surtout, Tavernier invite le lecteur à plonger avec lui dans l’acte de création, de la mise en scène de L’horloger de Saint-Paul à celle d’ Un dimanche à la campagne. C’est son monde de cinéma à cœur ouvert. C’est d’une gourmandise rare et authentique. Tristesse de penser que sa disparition a arrêté net cette si belle envie de partage.

Le Temps
Culture, mercredi 20 novembre 2024 2829 mots, p. 16

La Shoah évoquée par le dessin animé

ANTOINE DUPLAN

8081

CINÉMA Conte de fées à double fond et chant d'espérance, « La plus précieuse des marchandises » raconte le destin d'une petite fille, réchappée des camps de la mort. Délicat et bouleversant, un chef-d'oeuvre réalisé par Michel Hazanavicius

INTERVIEW « L'animation permet une forme d'onirisme » CINÉMA Michel Hazanavicius, réalisateur de « La plus précieuse des marchandises », raconte la fabrication de ce conte qui jouxte le plus noir du réelL'idée du dessin animé s'est-elle imposée tout de suite ou avez-vous pensé à faire incarner les personnages de « La plus précieuse des marchandises » par des comédiens de chair?Je n'ai pas hésité. C'était une évidence. L'animation est sans doute au cinéma ce que le conte est à la littérature. Et pour évoquer le génocide juif, l'animation était l'outil le plus approprié.L'animation permet d'éviter l'obscénité de la reconstitution...Exactement. La reconstitution mime le réel, fait croire que les choses sont arrivées. Un dessin, au contraire, n'est pas réel. C'est une création de l'esprit. Le pacte avec le spectateur est très différent. Un dessin ne reconstitue pas, il réinvente. Je ne pourrais pas filmer des acteurs dans des rôles de déportés puis aller à la cantine avec eux. J'ai un problème éthique avec ça.Les personnages dessinés permettent aussi aux spectateurs de se projeter plus facilement...Oui. Ça marche un petit peu comme le film muet. Moins vous êtes réaliste, plus grand est l'espace à combler. Donc le spectateur travaille à la narration. Un dessin, c'est une évocation, une suggestion. Il est beaucoup plus facile de l'intégrer à un code moral. Si, par exemple, François Cluzet joue un déporté, je vois François Cluzet. Alors qu'un dessin n'a pas d'autre vie en dehors du récit. Donc, il ne ment pas.Avez-vous dessiné vous-même les personnages?Oui, tous les personnages, jusqu'au moindre figurant. Après, il fallait les faire bouger, et ça, c'est le rôle des animateurs. Ce n'est pas facile, car un dessin d'animation fait partie d'un mouvement quand le dessin fixe doit tout raconter. Quand je fais un dessin fixe, je sais, ou crois savoir, comment le personnage va tourner la tête suivant l'inclinaison de son cou ou marcher selon le tomber de ses épaules. Mais ce n'est pas évident pour l'animateur qui le reprend à son compte.Le spectateur se demande si le film va rester dans la forêt, en périphérie de la Shoah, ou aller jusqu'à Auschwitz. On y va, mais en suivant le vol d'un oiseau, ce qui atténue la violence du contraste entre le conte et la réalité...Il y a deux pôles dans l'histoire. Celui de l'ultra-fiction, le conte, le « il était une fois au fond du bois un bûcheron qui... », etc. Et celui qui s'impose à petits pas, celui de la réalité historique, en l'occurrence les camps, la déportation. Comment évoquer cette réalité en conservant un filtre? L'animation et le conte permettent une forme de poésie, d'onirisme. Cet oiseau est une manière de dire que le conte était à quelques battements d'ailes de la réalité. On réunit deux espaces de narration. Pendant la préparation du film, je suis allé à Auschwitz. Or, dans ce lieu que j'avais toujours considéré comme l'incarnation du mal, j'ai vu le ciel bleu, les nuages, les arbres, et un oiseau passant dans le ciel. L'indifférence de la nature m'a frappé de plein fouet. Il vient de là, cet oiseau du film qui picore devant l'enfer que les humains ont créé.Une séquence de plans fixes suspend la narration. Ces dessins charbonneux de visages épouvantés, c'est vous qui les avez faits?Oui, au fusain. Ce sont de tout petits dessins faits très vite. Mais projetés sur grand écran, ils ont une force énorme. Ils marquent une rupture. Ils font comme un trou. On passe de l'animé à l'inanimé. On fige quelque chose qui s'assimile à la mort. J'avais besoin de cette séquence: quand on évoque le génocide juif, il faut évoquer l'insupportable.Le face-à-face du déporté retrouvant son enfant et découvrant son image spectrale dans la vitrine d'une boutique est un sommet de virtuosité graphique et de mise en scène...C'est la scène la plus compliquée de tous mes films! Comment exprimer la solitude du déporté sortant d'Auschwitz, le désert absolu qu'il traverse, cette sensation d'être un fantôme... Au-delà de la réalité historique, il fallait amener le personnage à ce moment où il découvre la déshumanisation qu'on lui a fait subir et ne peut plus s'imposer à la petite fille. Il a été très compliqué de mettre en place l'apparition d'un reflet et de faire comprendre les enjeux sans qu'un mot ne soit prononcé. Mon modèle, très présomptueux, pour cette séquence, est la fin des Lumières de la ville, quand Charlie Chaplin, pauvre vagabond sorti de prison, se retrouve face à la fleuriste qui, guérie de sa cécité, ne le reconnaît qu'en touchant sa main.La force du film, c'est de renoncer à quelque happy end bouleversant pour conclure sur une rencontre tangentielle et un léger sourire...Oui. Certains spectateurs me disent qu'une scène de retrouvailles leur manque. Je leur réponds que je suis au maximum du happy ending. Qu'une histoire comme celle-ci se termine bien, il ne faut pas exagérer... Je donne au personnage la possibilité de retrouver sa fille. C'est déjà beaucoup. Après, il fait ce qu'il veut, et le spectateur aussi. Bérénice [l'actrice Bérénice Bejo, sa compagne], elle, veut toujours savoir ce qu'il y a après. Je lui dis: fais ce que tu veux, mais le monde s'arrête avec le mot « fin » . Là, on termine sur l'ombre d'un sourire. C'est infime, c'est l'espérance qui revient.Le film célèbre les trois vertus théologales: la foi, l'espérance et la charité...Je ne sais pas si c'est théologal, mais j'aime l'idée que ce conte crée des archétypes humains, en n'employant ni le mot « juif » ni le mot « nazi » . Il se place où il doit être: au niveau de l'histoire de l'humanité. Ce ne sont pas des Allemands qui tuent des juifs, mais des êtres humains, des hommes et des femmes qui tuent des hommes et des femmes. En parlant de choix, de libre arbitre, en mettant en valeur les justes, cette histoire rappelle que nous sommes tous de potentiels génocidaires et de potentielles victimes mais aussi, et c'est ça qui est beau, tous de potentiels justes. Le choix nous revient. Au moment où on a l'impression que tout s'écroule, on a toujours le choix de rester debout, d'avoir sa boussole morale en état de marche.Vous avez déjà montré le film à des enfants?Sans images explicites, le film est tout à fait accessible aux enfants. C'est à la discrétion des parents. PROPOS RECUEILLIS PAR A. DN « Je ne pourrais pas filmer des acteurs dans des rôles de déportés puis aller à la cantine avec eux. J'ai un problème éthique avec ça » MICHEL HAZANAVICIUS, RÉALISATEUR

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@duplantoine

Il était une fois un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne... L'histoire commence de la même façon que Le Petit Poucet. Toutefois, le narrateur souligne immédiatement qu'elle s'inscrit contre le conte de Perrault: il n'est pas question de perdre des enfants, mais de les sauver. Et comme cadeau inespéré, c'est la voix du regretté Jean-Louis Trintignant qui prononce ces mots d'amour, l'émotion est tout de suite vive.

Un coeur battant contre les préjugés

Tous les jours, dans la grande forêt que la neige ankylose, un long train noir fracasse le silence. Un bébé en tombe. La pauvre bûcheronne ramasse cette petite fille et la ramène à la maison. Son mari se fâche. L'âme gangrenée par les propagandes haineuses, il tempête, tirant le conte de Noël du côté des ténèbres: « Si le bébé vient du train, tu sais de quelle race il vient? Ils ont tué Dieu! » Bannie de la maison, la pauvre bûcheronne s'installe avec sa protégée dans l'annexe.

Michel Hazanavicius est un cinéaste déroutant, toujours passionnant. Il s'est imposé, il y a bientôt 20 ans, en réinventant sur le mode parodique les aventures d'OSS 117, a conquis Hollywood avec The Artist, hommage au cinéma muet, célébré Jean-Luc Godard dans Le Redoutable ou, plus insolite encore, goûté aux joies du film de zombies japonais dans Coupez!, une mise en abyme célébrant le 7e art à travers la série Z. La clé de cet éclectisme, c'est le désir. « Parmi tous les projets auxquels je peux penser, dit le réalisateur, il y en a un qui s'impose, pour des raisons mystérieuses, je l'avoue... »

Avec La plus précieuse des marchandises, tiré d'un conte de Jean-Claude Grumberg et porté par une partition lumineuse d'Alexandre Desplat, le cinéaste élargit sa palette en tâtant pour la première fois de l'animation. Comme il sait tenir un crayon, il a personnellement dessiné les personnages, réalistes, définis par un cerne appuyé, à la manière de Tardi ou de Sampayo.

Selon le bûcheron, la fillette trouvée appartient à la race des « sans-coeur ». Il finit par poser sa pogne énorme sur la poitrine de la fillette. Entendant battre le coeur, il ravale ses préjugés. Désormais, dans tout ce qu'il touche, il ressent cette pulsation de vie. Transfiguré, il lui reste à affronter ses collègues qui ont « Mort aux porcs » pour cri de ralliement.

Un visage spectral dans une vitrine

Le spectateur comprend vite que la parabole mène à la Shoah. La pauvre bûcheronne est une Juste. Les trains de marchandises roulent vers Auschwitz. Pour atténuer le choc thermique entre la paisible forêt millénaire et l'endroit « où le destin de notre siècle saigne », comme l'écrivit Aragon, le réalisateur suit un oiseau volant vers la fumée noire.

C'est la fin de la guerre. Un déporté famélique erre dans la campagne. Sur la place d'un village détruit, il voit une femme et une fillette. Elles vendent des fromages posés sur un châle qu'il reconnaît: c'est celui dont il a drapé son bébé avant de le jeter hors du train. Découvrant soudain son visage spectral dans la vitrine de la fromagerie, le rescapé s'efface, renonçant à se faire connaître.

Il reverra sa fille des années plus tard, de loin, sur la couverture d'un magazine. Il n'y aura pas de retrouvailles bouleversantes, juste un apaisement, la petite musique de la vie qui continue. La plus précieuse des marchandises se pose en modèle de finesse et d'élégance. Il brise le coeur et ravive l'espérance.

La plus précieuse des marchandises, de Michel Hazanavicius (France, 2024), 1h21.

Il n'y aura pas de retrouvailles bouleversantes, juste un apaisement

INTERVIEW « L'animation permet une forme d'onirisme » CINÉMA Michel Hazanavicius, réalisateur de « La plus précieuse des marchandises », raconte la fabrication de ce conte qui jouxte le plus noir du réelL'idée du dessin animé s'est-elle imposée tout de suite ou avez-vous pensé à faire incarner les personnages de « La plus précieuse des marchandises » par des comédiens de chair?Je n'ai pas hésité. C'était une évidence. L'animation est sans doute au cinéma ce que le conte est à la littérature. Et pour évoquer le génocide juif, l'animation était l'outil le plus approprié.L'animation permet d'éviter l'obscénité de la reconstitution...Exactement. La reconstitution mime le réel, fait croire que les choses sont arrivées. Un dessin, au contraire, n'est pas réel. C'est une création de l'esprit. Le pacte avec le spectateur est très différent. Un dessin ne reconstitue pas, il réinvente. Je ne pourrais pas filmer des acteurs dans des rôles de déportés puis aller à la cantine avec eux. J'ai un problème éthique avec ça.Les personnages dessinés permettent aussi aux spectateurs de se projeter plus facilement...Oui. Ça marche un petit peu comme le film muet. Moins vous êtes réaliste, plus grand est l'espace à combler. Donc le spectateur travaille à la narration. Un dessin, c'est une évocation, une suggestion. Il est beaucoup plus facile de l'intégrer à un code moral. Si, par exemple, François Cluzet joue un déporté, je vois François Cluzet. Alors qu'un dessin n'a pas d'autre vie en dehors du récit. Donc, il ne ment pas.Avez-vous dessiné vous-même les personnages?Oui, tous les personnages, jusqu'au moindre figurant. Après, il fallait les faire bouger, et ça, c'est le rôle des animateurs. Ce n'est pas facile, car un dessin d'animation fait partie d'un mouvement quand le dessin fixe doit tout raconter. Quand je fais un dessin fixe, je sais, ou crois savoir, comment le personnage va tourner la tête suivant l'inclinaison de son cou ou marcher selon le tomber de ses épaules. Mais ce n'est pas évident pour l'animateur qui le reprend à son compte.Le spectateur se demande si le film va rester dans la forêt, en périphérie de la Shoah, ou aller jusqu'à Auschwitz. On y va, mais en suivant le vol d'un oiseau, ce qui atténue la violence du contraste entre le conte et la réalité...Il y a deux pôles dans l'histoire. Celui de l'ultra-fiction, le conte, le « il était une fois au fond du bois un bûcheron qui... », etc. Et celui qui s'impose à petits pas, celui de la réalité historique, en l'occurrence les camps, la déportation. Comment évoquer cette réalité en conservant un filtre? L'animation et le conte permettent une forme de poésie, d'onirisme. Cet oiseau est une manière de dire que le conte était à quelques battements d'ailes de la réalité. On réunit deux espaces de narration. Pendant la préparation du film, je suis allé à Auschwitz. Or, dans ce lieu que j'avais toujours considéré comme l'incarnation du mal, j'ai vu le ciel bleu, les nuages, les arbres, et un oiseau passant dans le ciel. L'indifférence de la nature m'a frappé de plein fouet. Il vient de là, cet oiseau du film qui picore devant l'enfer que les humains ont créé.Une séquence de plans fixes suspend la narration. Ces dessins charbonneux de visages épouvantés, c'est vous qui les avez faits?Oui, au fusain. Ce sont de tout petits dessins faits très vite. Mais projetés sur grand écran, ils ont une force énorme. Ils marquent une rupture. Ils font comme un trou. On passe de l'animé à l'inanimé. On fige quelque chose qui s'assimile à la mort. J'avais besoin de cette séquence: quand on évoque le génocide juif, il faut évoquer l'insupportable.Le face-à-face du déporté retrouvant son enfant et découvrant son image spectrale dans la vitrine d'une boutique est un sommet de virtuosité graphique et de mise en scène...C'est la scène la plus compliquée de tous mes films! Comment exprimer la solitude du déporté sortant d'Auschwitz, le désert absolu qu'il traverse, cette sensation d'être un fantôme... Au-delà de la réalité historique, il fallait amener le personnage à ce moment où il découvre la déshumanisation qu'on lui a fait subir et ne peut plus s'imposer à la petite fille. Il a été très compliqué de mettre en place l'apparition d'un reflet et de faire comprendre les enjeux sans qu'un mot ne soit prononcé. Mon modèle, très présomptueux, pour cette séquence, est la fin des Lumières de la ville, quand Charlie Chaplin, pauvre vagabond sorti de prison, se retrouve face à la fleuriste qui, guérie de sa cécité, ne le reconnaît qu'en touchant sa main.La force du film, c'est de renoncer à quelque happy end bouleversant pour conclure sur une rencontre tangentielle et un léger sourire...Oui. Certains spectateurs me disent qu'une scène de retrouvailles leur manque. Je leur réponds que je suis au maximum du happy ending. Qu'une histoire comme celle-ci se termine bien, il ne faut pas exagérer... Je donne au personnage la possibilité de retrouver sa fille. C'est déjà beaucoup. Après, il fait ce qu'il veut, et le spectateur aussi. Bérénice [l'actrice Bérénice Bejo, sa compagne], elle, veut toujours savoir ce qu'il y a après. Je lui dis: fais ce que tu veux, mais le monde s'arrête avec le mot « fin ». Là, on termine sur l'ombre d'un sourire. C'est infime, c'est l'espérance qui revient.Le film célèbre les trois vertus théologales: la foi, l'espérance et la charité...Je ne sais pas si c'est théologal, mais j'aime l'idée que ce conte crée des archétypes humains, en n'employant ni le mot « juif » ni le mot « nazi ». Il se place où il doit être: au niveau de l'histoire de l'humanité. Ce ne sont pas des Allemands qui tuent des juifs, mais des êtres humains, des hommes et des femmes qui tuent des hommes et des femmes. En parlant de choix, de libre arbitre, en mettant en valeur les justes, cette histoire rappelle que nous sommes tous de potentiels génocidaires et de potentielles victimes mais aussi, et c'est ça qui est beau, tous de potentiels justes. Le choix nous revient. Au moment où on a l'impression que tout s'écroule, on a toujours le choix de rester debout, d'avoir sa boussole morale en état de marche.Vous avez déjà montré le film à des enfants?Sans images explicites, le film est tout à fait accessible aux enfants. C'est à la discrétion des parents. PROPOS RECUEILLIS PAR A. DN « Je ne pourrais pas filmer des acteurs dans des rôles de déportés puis aller à la cantine avec eux. J'ai un problème éthique avec ça » MICHEL HAZANAVICIUS, RÉALISATEUR

Actu.fr (site web réf.) - Actu (FR)
28 novembre 2024 448 mots
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28 novembre 2024 - 78actu (site web réf.)
Cinéma : Franck Dubosc revient aux Andelys présenter son dernier film
Guillaume Voisenet

Par Guillaume Voisenet Publié le 28 nov. 2024 à 6h00 ... Voir l'article

La Dépêche du Midi
Ariège
Locale, mercredi 27 novembre 2024 86 mots, p. 22

Mirepoix

[cinéma...]

cinéma

Salle M.-C.- Barrault

Vaiana 2. À 14 h 30 et 16 h 15 (3D).

Finalement. À 18 heures.

Gladiator 2. À 20 h 15.

Salle G.- Méliès

La Passion selon Béatrice. À 16 h 30.

My Sunshine, Les Saisons Hanabi. À 18 h 15 (VOSTF).

Au Boulot !. À 20 h 30.

Mirepoix. Espace culturel A.-Malraux

Angelo Dans la forêt mystérieuse. À 14 heures.

Blow Up. À 16 heures (VOSTF).

Juré N° 2. À 18 heures (VOSTF).

Louise Violet. À 21 heures.

La Dépêche du Midi
Tarn
Locale, vendredi 6 décembre 2024 52 mots, p. 30

Mazamet

[cinéma...]

cinéma

Mazamet Apollo

En fanfare. 13h45, 21h.

En tongs au pied de l'Himalaya. 19h.

Gladiator II. Int. - 12 ans. VO : 16h.

Il était une fois Michel Legrand. 16h15.

Juré n°2. 18h30.

La Plus Précieuse Des Marchandises. 10h, 18h30.

Le Panache. 16h30.

Monsieur Aznavour. 13h45.

Vaiana 2. 21h.

Wicked. VO : 20h30.

Ouest-France
Caen, Vire
Pays de Falaise Suisse Normande, samedi 2 novembre 2024 194 mots, p. OF Caen - Vire_17

Les Troubadours de la Laize seront sur scène pour Naïa

Nouvelle saison pour les Troubadours de la Laize et nouveau spectacle : la troupe de théâtre amateur sera sur la scène de la salle de cinéma pour quatre représentations, les 9 et 10 novembre ainsi que le 30 novembre et le 1 er décembre.

«  Nous jouons pour Naïa, une petite fille souffrant d’un handicap, souligne Bernadette Degroote, la présidente de la troupe. La moitié des recettes de ce spectacle aidera au financement d’un fauteuil. » Trois comédies sont au programme : C’est complet de Jérôme Dubois, Anonyme de Gérard Affagard et Les Gaietés del’administration de Jean des Marchenelles.

Comique de situation, charge humoristique et mise en boîte constituent le ressort de ces pièces qui devraient beaucoup amuser le nombreux public attendu. Les billets sont en vente au magasin Eva.

Samedi 9 novembre, à 20 h, et dimanche 10 , à 14 h 30, à la salle de cinéma de Bretteville-sur-Laize, place de la Mairie. Tarif : 6 €. Vente des billets au magasin Eva, rue du Général-Leclerc, à Bretteville-sur-Laize.

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Télégramme (Bretagne)
mardi 5 novembre 2024 215 mots, p. 4AUR-BELZ1

Étel

Étel Projection-débat demain au cinéma autour de « L’usage du monde »

« Renouer avec le vivant et la nature sauvage » est le sous-titre du film « L’usage du monde », que sa réalisatrice, Agnès Fouilleux, présentera ce mardi 5 novembre, au cinéma d’Étel. La documentariste globe-trotteuse explique son film comme un « voyage depuis la préhistoire à l’histoire, jusqu’aux luttes environnementales et sociales actuelles », où scientifiques, historiens, anthropologues - dont Claude Lévi-Strauss - expliquent « le poids de la culture, des mythes et des préjugés dans notre rapport à la nature et à la domination sur la nature sauvage, la terre et l’eau mais depuis longtemps aussi, domination sur les femmes et les « sauvages ». À ses côtés, pour le débat, Quai des Dunes a fait appel à Martin Diraison, maraîcher à Brec’h.

Soirée Bretagne-Irlande demain

Autre rendez-vous avant la semaine inaugurale avec Christophe Honoré : demain, en plus de la programmation, Quai des Dunes propose une soirée autour du film Briotain Iwherzon, qui évoque un spectacle de danse créé sous l’égide de Bretagne-Irlande avec les cercles des Dañserion Bro-Plenuer de Ploemel et Korollerion ar Skorv de Lanester.

Pratique

L’usage du monde, mardi 5 novembre à 20 h 30. Tarifs habituels. Briotain Iwherzon mercredi 6 à 20 h 30, 5 €. Site : cinemalariviere.org

La Nouvelle République des Pyrénées
Tarbes
Locale, vendredi 22 novembre 2024 105 mots, p. 28

Sortir

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22 novembre 2024 - La Dépêche du Midi

À ne pas manquer

HUMOUR à Castelnau-Rivière-Basse.De l'humour et de l'amour réunis sur la scène de la Maison du Temps Libre de Castelnau-Rivière-Basse ce samedi dès 21 heures. A l'invitation du Castelbar, l'humoriste Luc Truc vous dévoilera son nouveau spectacle intitulé «Vive l'amour !». De l'humour, tendre et noir, à consommer sans modération !

CINEMA à Tarbes.Le cinéma CGR de Tarbes vous propose de plonger dans l'univers magique du Magicien d'Oz dans une version inédite. Ce soir à 20 heures en version originale et dimanche à 11 heures en 3D, vous pourrez découvrir le film fantastique et musical «Wicked», avec Cynthia Erivo et Ariana Grande.

Le Courrier de l'Ouest
Deux-Sèvres
Le Bocage, vendredi 15 novembre 2024 248 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Deux-Sèvres_11

[Mauléon...]

Mauléon

Mémento. Centre socioculturel : de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures. Office de tourisme : de 10 heures à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 heures (tél. 05 49 65 10 27). Médiathèque : De 9 heures à 12 heures et de 16 heures à 18 heures (tél. 05 49 81 17 14). France services : de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 heures à 17 heures, 8, Grand’Rue (tél. 05 49 81 20 75). Déchetterie : de 8 h 30 à 12 heures et de 14 heures à 17 h 30, route de Moulins (tél. 05 49 81 83 39).

Cinéma Le Castel. Cinéma. « The apprentice » à 20 h 30.

Argenton- les-Vallées

Mémento. Maison des services : 4, place Bergeon (tél. 05 86 30 50 57), de 9 heures à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 heures. Bibliothèque : de 15 h 30 à 18 heures (tél. 05 49 65 75 46). Déchetterie : de 8 h 30 à 12 heures et de 14 heures à 17 h 30, quartier de Boësse.

sAint-mAuRicE- Etusson

Concours de belote pour le Téléthon. Les Joyeux Aînés et le Club des amis de Saint-Maurice-Etusson organisent un concours de belote au profit du Téléthon, ouvert à tous, mercredi 20 novembre, à 13 h 30, salle des Bois-d’Anjou à Saint-Maurice-la-Fougereuse.

sAint-Aubin- du-PlAin

Association des Cyclos saint-aubinais. L’assemblée générale aura lieu ce samedi, à 9 h 45, salle des fêtes.

Le Courrier de l'Ouest
Deux-Sèvres
le bocage, samedi 30 novembre 2024 269 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Deux-Sèvres_10

[Cerizay...]

Cerizay

Mémento. Piscine Aquadel : bassin sportif, de 10 h 30 à 12 h 30 et de 15 à 18 h et ludique, de 15 à 18 h ; dimanche, bassin sportif, de 9 h à 12 h 30. Bibliothèque : de 10 h à 12 h 30 et de 14 hà 16 h 30 (tél. 05 49 80 07 34). Déchetterie : de 8 h 30 à 12 h et de 14 h à 17 h 30. Cinéma Le 7 e Art : « En tongs au pied de l’Himalaya » à 17 h et « À toute allure » à 20 h 30 ; dimanche, « À toute allure » à 14 h 30, « On aurait dû aller en Grèce » à 17 h et « En tongs au pied de l’Himalaya » à 20 h 30.

La Forêt-sur-Sèvre

Livres à déguster. Lundi 2 décembre, de 15 à 16 h, à la bibliothèque, découverte des coups de cœur des lecteurs et lectrices de l’année 2024. Contact au 05 49 80 86 80.

Mauléon

Mémento. Médiathèque : de 10 à 18 heures (tél. 05 49 81 17 14). Déchetterie : de 8 h 30 à 12 h et de 14 h à 17 h 30, route de Moulins (tél. 05 49 81 83 39).

Cinéma Le Castel. « Juré n° 2 » aujourd’hui à 20 h 30 et « Louise Violet » dimanche à 15 h.

Messes. À 18 h à Saint-Aubin-de-Baubigné. Dimanche, à 9 h 30 à Saint-Amand-sur-Sèvre et Argenton-les-Vallées et à 11 h à Nueil-les-Aubiers (Saint-Hilaire) ; assemblées dominicales à 9 h 30 à Rorthais et Moulins, à 10 h 30 à Saint-Pierre-des-Echaubrognes, Loublande et La Chapelle-Largeau et à 11 h à Mauléon.

Ouest-France
Fontenay, Luçon
Fontenay et sa région, mardi 19 novembre 2024 489 mots, p. OF Fontenay-Le-Comte Luçon_9
Aussi paru dans
19 novembre 2024 - Maville (site web réf.)

Familles rurales regroupe 220 adhérents

La section locale de l’association Familles rurales a tenu son assemblée générale. L’occasion de revenir en détail sur la multitude de services offerts à tous ses adhérents.

La section communale de Familles rurales a tenu dernièrement son assemblée générale, à la salle du Marronnier. L’association, gérée par un conseil d’administration de douze membres, compte 144 adhérents « famille » et 76 « seniors ».

Un soutien à la culture et aux loisirs

Un des objectifs de l’association étant de proposer une offre culturelle en milieu rural, l’accent est mis sur le cinéma et le théâtre. L’an passé, les six bénévoles du cinéma itinérant Balad’images ont projeté 23 films, dont quatre pour les écoles. 736 spectateurs ont ainsi profité de tarifs très attrayants, qui mettent le septième art à la portée de tous.

L’école de théâtre est ouverte aux enfants de 6 à 14 ans du Pays de La Châtaigneraie et bénéficie d’une subvention intercommunale. Cette saison, la professeure et comédienne Mathilde Berthier encadre 24 jeunes, répartis en deux groupes.

Les comédiens en herbe se produiront le 6 juin prochain, à l’espace de l’Étoile. Quant à la troupe adulte des Amis en scène, elle a comptabilisé plus de 1 300 entrées l’an dernier et sera à nouveau sur scène pour neuf représentations qui s’étaleront du 15 novembre au 6 décembre.

Une nouvelle offre culturelle se greffe cette année : le concept « Êtes-vous livre ce soir ? » transféré de l’association châtaigneraisienne vers celle de Cheffois.

Des services parfois méconnus

Les loisirs sportifs ne sont pas en reste. Les cours de gymnastique du mardi soir, dispensés par Caroline Jacquet, comptent 25 inscrites, soit cinq de plus que l’an dernier. Une nouvelle journée de randonnée sera organisée à Versailles, le samedi 24 mai.

Si le restaurant scolaire – bénéficiaire cette année grâce à la hausse de la participation communale, après trois années déficitaires – et la location de matériel sont connus et très sollicités, ce n’est pas le cas de « la garderie à domicile et la contribution au centre de loisirs, très peu utilisés ».

Ainsi, les parents qui ont besoin d’un ou d’une baby-sitter pour garder leurs enfants peuvent appeler Bernadette Turcaud au 06 73 81 19 04. Ceux qui souhaitent percevoir une participation aux frais de centre de loisirs, d’un montant de 5 € par jour, dans la limite de 25 € par enfant, doivent déposer un justificatif des frais engagés en 2024, dans la boîte aux lettres de l’association, située devant la mairie, avant le 31 janvier.

Les adhérents bénéficient également d’un service juridique permettant la défense des consommateurs, par l’intermédiaire d’un correspondant local qui les écoute et les aide à monter des dossiers.

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Bien Public
Edition de la Haute Côte d'Or ; Edition de Beaune ; Edition de la Région Dijonnaise ; Edition de Dijon
Pour sortir | côte d'or et région, vendredi 1 novembre 2024 344 mots, p. RDIJ50,DIJO50,BEAU50,COTE50

Chenôve

Hakim Jemili, un retour sur scène drôle et mordant

Elsa Berthier (CLP)

L’acteur et humoriste Hakim Jemili sera au Cèdre le 21 novembre à l’occasion de son nouveau spectacle : Fatigué. Dans un show dynamique, il ose aborder sur scène des préoccupations modernes, alternant entre anecdotes légères et sujets d’actualité, toujours avec tolérance et humour.

Trois ans après Super, son premier spectacle , Hakim Jemili est de retour sur le devant de la scène avec Fatigué.

Dans ce deuxième one-man-show, en tournée dans toute la France depuis le mois d’octobre, l’humoriste de 35 ans opte pour un ton incisif, mais nécessaire : guerre au Proche-Orient, immigration, religion, argent, vie de famille… Il s’attache à partager, toujours avec humour, ses réflexions et ses coups de gueule sur une société polarisée.

Il fait ses preuves au cinéma

Acteur et humoriste alsacien d’origine tunisienne, Hakim Jemili s’est révélé en 2014 avec le collectif Le Woop , qu’il fonde avec six autres humoristes dont Mister V, Hugo tout seul et Youssoupha Diaby, et qui rencontre en grand succès avec quelques millions d’abonnés sur YouTube. Il fait ensuite ses preuves à la télévision, aux côtés de sa femme Fadily Camara, elle aussi humoriste. Il apparaît également au cinéma où il joue, entre autres, dans Docteur ? avec Michel Blanc et Chasse gardée.

En parallèle, il continue de faire rire le web, et notamment Instagram, en réagissant avec humour à l’actualité.

Fatigué mais pas à bout de souffle

Son retour sur les planches avec Fatigué témoigne d’une vraie réflexion et d’un éloignement des thèmes conventionnels. Piquant, authentique, mais bienveillant, Hakim Jemili ne manquera pas de partager au public sa bonne humeur dans un spectacle frais et mordant. Un spectacle à découvrir au Cèdre, à Chenôve, jeudi 21 novembre.

Jeudi 21 novembre à 20 heures au Cèdre, à Chenôve. Tarifs : de 36 à 39 €. Renseignements et réservations via www.cedre.ville-chenove.fr ou au 03.80.51.56.25

Nord Éclair
53LENS
VOTRE EDITION, mercredi 4 décembre 2024 248 mots, p. 53LENS10

MINE DE RIEN

Stromae à Bruay…

et c’est gratuit !

Pas possible. Alors qu’il a annulé la fin de sa tournée pour raisons de santé, pourquoi Stromae serait-il à Bruay ? Parce que c’est au cinéma que ça se passe. Le chanteur a choisi le réseau CGR pour diffuser gratuitement le film « de l’ensemble des images existantes autour du live » de sa dernière tournée, baptisé Multitude. Ça se passe vendredi à 20 heures. Sachez d’ailleurs qu’il n’y a qu’un cinéma dans toute la région qui propose ce rendez-vous, et c’est celui de la Porte Nord ! Réservez vite, aux dernières nouvelles, il restait quelques places.

Saint-François d’Assise récompensé aux Pom’s d’or

Le foyer de vie de Bruay, dont on vous a parlé mi-novembre après l’acquisition d’un Tovertafel (une console de jeux interactive), est à nouveau sous le feu des projecteurs. Il vient en effet d’être mis à l’honneur au festival belge des Pom’s d’or, qui met en avant des adolescents et adultes venant de centres spécialisés de France, de Suisse, d’Italie, de République tchèque, de Monaco, du Québec et de Belgique. Le foyer de vie et le SAT ont été distingués et ont reçu trois prix différents pour le clip qu’ils ont réalisé, intitulé « Dans les yeux » : « C’est un message d’inclusion, d’espoir, et de reconnaissance pour le potentiel immense des personnes en situation de handicap ». Bravo à eux !

Ouest-France
Orne ; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg ; Fontenay, Luçon ; Nord-Finistère ; Lannion, Paimpol ; Les Sables d'Olonne ; Lorient ; Avranches, Granville ; Saint-Brieuc, Lamballe ; Pontivy ; Ploërmel ; Quimperlé, Concarneau ; Sarthe ; Vannes ; Mayenne ; Quimper, Centre-Finistère ; Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Loudéac, Rostrenen ; Angers, Segré ; Auray ; Les Herbiers, Montaigu ; Guingamp ; La Roche-sur-Yon ; Cholet ; Nantes Nord-Loire ; Châteaubriant ; Pornic, Pays de Retz ; Nantes ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Ancenis ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Saint-Malo ; Rennes Nord-Ouest ; Redon ; Fougères, Vitré ; Rennes Sud-Est ; Dinan ; Rennes ; Pays d'Auge ; Caen, Vire ; Bayeux, Caen
Culture - Télévision, mardi 26 novembre 2024 509 mots, p. OF Orne_34
Aussi paru dans
25 novembre 2024 - Ouest-France (site web)

Cure d’austérité culturelle en Pays de la Loire

Véronique ESCOLANO.

Politique culturelle. De nombreuses subventions aux associations et lieux culturels ont été annulées par la Région. Les professionnels ont manifesté, lundi à Nantes.

Issus du monde de la culture, mais pas seulement, ils étaient entre 3 000 et 4 000, lundi matin, devant l’hôtel de région, à Nantes (Loire-Atlantique), pour réagir aux mesures prévues par Christelle Morançais, présidente (Horizons) des Pays de la Loire. Le gouvernement lui demandait de réaliser 40 millions d’euros d’économies, elle a décidé d’en faire 100 millions. Avec des coupes franches dans les subventions versées aux secteurs de la culture, du social, du sport, mais aussi à l’agriculture bio, aux associations qui défendent les droits des femmes…

Le monde de la culture a été le premier à riposter, avec cette manifestation, et une pétition publiée vendredi qui compte déjà 32 000 signatures de professionnels, dont de nombreux artistes connus. « Nous sommes terrifiés par les arbitrages budgétaires qui seraient prévus au vote de l’assemblée régionale du 19 décembre. Il serait question d’une coupe allant jusqu’à 73 % du budget de fonctionnement de la culture », écrivent-ils, dénonçant une décision qui « s’apparenterait à un plan social de la culture », en Pays de la Loire.

« Du jamais vu »

Des festivals, compagnies, associations sont déjà informés de la perte de leurs aides. Du « jamais vu », s’indignent les manifestants. « Il y a un souci démocratique, les annonces se font avant le vote du budget », observe David Rolland, du Syndicat national des arts vivants.   « Sans dialogue et même pour certains, par textos », s’insurge Moïra Chappedelaine-Vautier, du pôle régional de cinéma qui voit sa subvention réduite de moitié en 2025, avant rupture totale en 2026.

Le Chaînon manquant, organisateur du festival de rue de Laval (Mayenne), perdra 161 500 euros d’aides, dès 2025. « Le projet pourrait ne pas survivre », dit son président François Gabory. Le festival de cinéma nantais des Trois Continents ne touchera plus ses 90 000 euros. Potion amère aussi pour Premiers plans, à Angers (Maine-et-Loire), ou le Festival espagnol de Nantes. « Sans ces aides, 8 000 lycéens, ne viendront plus », déplore sa directrice, Pilar Martinez-Vasseur. « Dans le courrier que nous avons reçu, la Région indique vouloir se recentrer sur l’emploi, la jeunesse. Mais nous œuvrons pour elle », abonde Jérôme Brethomé, qui éduque les jeunes avec les Printemps théâtraux. La filière livre est sonnée par la disparition annoncée de la maison Julien-Gracq, à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire). Le Frac (Fonds régional d’art contemporain) s’attend à perdre 40 % de son budget… La guerre est déclarée avec une Présidente qui avait attisé la colère, le 12 novembre avec ce message posté sur X : « La culture serait donc un monopole intouchable ? Je m’interroge : quelle est la pérennité d’un système qui, pour exister, est à ce point dépendant de l’argent public ? »

Cet article est paru dans Ouest-France

La Dépêche du Midi
Est toulousain - lauragais
Locale, mercredi 4 décembre 2024 209 mots, p. 24

Est toulousain

Rosa Bursztein, une humoriste « Dédoublée »

Dans le cadre de la série « Les jeudis Humour » proposés cette saison, Altigone reçoit sur scène jeudi 5 décembre Rosa Bursztein pour son spectacle : « Dédoublée ».

Certains l'ont peut-être déjà entendue sur France Inter dans « Zoom Zoom Zen », aperçue au cinéma ou écoutée dans son podcast « Les Mecs que je veux ken »...

Elle a de nombreuses cordes à son arc : actrice au théâtre, au cinéma, et même réalisatrice.

À l'occasion d'un festival, elle se découvre une vocation pour le seul en scène.

Rosa Bursztein, étoile montante du stand-up, débarque avec son nouveau spectacle. Dans ce spectacle, Rosa poursuit son récit sur la quête amoureuse et creuse ses contradictions de mauvaise féministe, de mauvaise écologiste et de mauvaise gauchiste !

Elle retrace l'histoire de sa famille et se questionne sur notre époque : où se situent réellement nos convictions ? Que fait-on pour se donner bonne conscience ? Sommes-nous restés des enfants qui jouons au bras de fer dans la cour de récré ?

Quel est le pouvoir secret des fées ?

Altigone, jeudi 5décembre à 20h30. Tarif unique «Découverte»: 14€. Réservations à Altigone, 0561391739, www.altigone.fr et points de vente habituels. (Conseillé à partir de 14 ans).

Le Petit Bleu d'Agen
PB
Locale, vendredi 8 novembre 2024 117 mots, p. 6

Agen

Aussi paru dans
8 novembre 2024 - La Dépêche du Midi

Dany Boon sur scène à Agen fin 2025

Dany Boon, le comédien et humoriste nordiste, revient sur scène avec un nouveau one man show baptisé « Clown n'est pas un métier !!». Et il jouera son nouveau spectacle dans le département du Lot-et-Garonne, à l'Agora d'Agen, le 11 décembre 2025.

Ça faisait sept ans que celui à qui a réalisé le film « Bienvenue chez les Cht'is », plus gros succès de l'histoire du cinéma français avec plus de 20 millions d'entrées au cinéma, n'était pas monté sur les planches avec un nouveau seul en scène.

Tarif: à partir de 49euros. Renseignements et réservations: www.ticketmaster.fr

La Dépêche du Midi
Aveyron
ACTUALITÉ, samedi 30 novembre 2024 822 mots, p. 21
Aussi paru dans
30 novembre 2024 - Centre Presse Aveyron

Les animations de dimanche

Agen-d'Aveyron.

- Quine ADMR, à 14 heures, à la salle des fêtes.

Anglars-Saint-Félix.

- Vente de cornets de châtaignes grillées au profit du Téléthon, zone artisanale de la croix de Revel.

Arvieu.

- Salon des vins animé par Mr Zanzibar et son orgue de barbarie (restauration sur place), de 10 heures à 17 h 30, à la salle des fêtes.

Bertholène.

- Concert de Noël de l'ensemble vocal Résonance de Gages, à 16 heures, à la salle des fêtes.

Cantoin.

- Marché de Noël, de 10 heures à 18 heures, à la salle des fêtes.

La Capelle-Bleys.

- Projection « Un p'tit truc en plus », à 14 h 30, à la salle des fêtes.

- Vente de gâteaux (sucrés ou salés), de 10 heures à 12 h 30, à la salle des fêtes.

La Capelle-Bonance.

- Déjeuner aux tripous, de 8 heures à 13 heures, à la salle communale du village.

Centrès.

- Quine du club des aînés « Les 3 vallées », à 14 heures, à la salle des fêtes.

Connac.

- Marché de Noël artisanal (restauration sur place à 12 heures), de 10 heures à 17 heures, à la salle des fêtes.

Decazeville.

- Vente d'affiches de films, de 10 heures à 17 heures, au cinéma la Strada.

Durenque.

- Marché de Noël, de 9 heures à 18 heures, à la salle des fêtes.

Entraygues-sur-Truyère.

- Quine, à 14 heures, à la salle multiculturelle.

Espalion.

- Théâtre avec La Troupe « Un Théâtre sens nom », à 15 heures, à la salle de la Gare.

Lacalm.

- Quine, à 14 heures, à la salle des fêtes.

Lanuéjouls.

- Marché de Noël (64 exposants) : animation musicale, promenade en calèche et tombola, de 9 heures à 19 heures, au hall polyvalent des Prades.

- Marché de Noël art et terroir, de 9 heures à 19 heures, au hall polyvalent des Prades.

Lapanouse.

- Thé dansant animé par les Musicaïres del castel suivi d'une soupe au fromage, à 15 heures, à la salle des fêtes.

Luc.

- Balade en voiture ancienne au profit du Téléthon, de 10 heures à 16 heures.

- Repas suivi d'une après-midi dansante, à 11 h 30.

Marcillac-Vallon.

- Quine Foot Vallon, à 14 heures.

Le Monastère.

- Marché de Noël des artisans, de 10 heures à 18 heures, à la salle polyvalente.

Morlhon-le-Haut.

- Marché de Noël, à la salle polyvalente.

Naucelle.

- Marché de Noël avec la présence du père Noël (soupe au fromage à 12 heures), au Vallon des sports.

- Théâtre avec La Pastourelle qui joue « La Batarde », à 14 h 30, à la salle des fêtes.

Onet-le-Château.

- Quine, à 14 h 30, à l'Athyrium.

Pont-de-Salars.

- Initiation marche nordique suivi d'une randonnée (balade en calèche à 10 heures) au profit du Téléthon, à 9 h 30.

- Petit-déjeuner organisé par les pompiers suivi de manoeuvres « secours routiers » au profit du Téléthon, de 9 heures à 12 heures au centre de secours.

- Quine du Téléthon, à 14 heures, à la salle des fêtes.

Rignac.

- Concert des musiques et airs de l'Avent de Noël, à 16 heures, à l'église Saint-Pierre.

Rodez.

- Quine artistique (pas de perdant), à 17 heures, à la Menuiserie.

Rullac-Saint-Cirq.

- Randonnée ou cinéma au profit du Téléthon, à 14 heures, à la salle des fêtes.

Saint-Chély-d'Aubrac.

- Marché de Noël.

Saint-Christophe-Vallon.

- Marché de Noël, de 9 heures à 17 heures, à la salle des fêtes.

Saint-Côme-d'Olt.

- Dégustation d'huîtres au profit de l'association Jolie Charlotte, à partir de 8 heures, devant le café de la fontaine.

- Théâtre « L'ivresse du général », à 16 heures, à la salle des fêtes.

Saint-Cyprien-sur-Dourdou.

- Quine, à 14 heures, à la salle polyvalente.

Saint-Félix-de-Lunel.

- Gratounade au profit du Téléthon, à 12 heures, à l'espace des cultures locales de Lunel.

Saint-Geniez-d'Olt.

- Quine du foot, à 14 h 30 à la salle de l'espace culturel.

Saint-Jean-Delnous.

- Bourse aux jouets, aux vêtements et à la puériculture, de 9 heures à 17 heures, à la salle des fêtes.

Saint-Santin.

- Marché de Noël, de 10 heures à 18 heures, à la salle des fêtes occitane de Saint-Julien-de-Piganiol.

Salmiech.

- Quine, à 14 heures, à la salle des fêtes.

Sébazac-Concourès.

- Démonstration et initiation à la country, à 16 heures.

- Démonstration et initiation aux rollers, de 15 heures à 17 heures.

- Fitness cardio (10 heures) suivi de yoga doux (11 heures), à 10 heures.

- Randonnée de 6 km au profit du Téléthon, à 14 heures.

Trémouilles.

- Marché de Noël, de 10 heures à 17 h 30, à la salle des fêtes.

Valady.

- Spectacle « Fifty Fifty », à 17 heures, au manoir de Valady.

- Spectacle musical jeunesse, de 9 heures à 17 heures, à la salle des fêtes.

Villefranche-de-Rouergue.

- Randonnée pédestre au profit du Téléthon, à 9 heures, à la salle de la Madeleine.

- Spectacle de la Compagnie Artheâ sur la scène du théâtre, à 15 h 30.

Le Télégramme (Bretagne)
mardi 19 novembre 2024 228 mots, p. 22THE1

Cinéma

Cinéma Prodigieuses : les reines du piano

Note : 2/5

Depuis qu’elles sont enfants, Claire et Jeanne Vallois sont soumises à l’entraînement intensif de leur père, ex-champion d’apnée, désormais modeste maître-nageur, qui veut faire d’elles les plus grandes pianistes au monde. Elles sont admises dans une prestigieuse université de musique en Allemagne mais une maladie génétique orpheline viendra compromettre leur rêve…

Frédéric Potier et son fils Valentin revisitent l’histoire des jumelles virtuoses Audrey et Diane Pleynet qui ont dû inventer une technique pour continuer à jouer du piano.

Dans ce portrait très sage, elles sont interprétées par Camille Razat (l’amie et rivale française d’« Emily in Paris ») et Mélanie Robert. On pense à « Whiplash » dans le portrait peu flatteur de leurs enseignants, leur père comme leur professeur de musique, qui les tyrannisent au nom de l’apprentissage douloureux nécessaire à leurs yeux pour maîtriser leur art. C’est touchant dans l’ensemble, mais l’excès de bons sentiments empêche toute réelle aspérité. Franck Dubosc est ce père têtu qui a tout sacrifié pour en faire des reines, sous les yeux fatalistes de son épouse jouée par Isabelle Carré.

P.L.D.

Drame de Frédéric et Valentin Potier avec Camille Razat, Mélanie Robert, Franck Dubosc, Isabelle Carré…

L'Est Républicain
Edition de Lunéville
Sortir, dimanche 1 décembre 2024 762 mots, p. LUN28

Lunéville

Hakim Jemili : « Dans le stand-up, c’est le public le sélectionneur »

Propos recueillis par Claire Fiorletta

Fatigué Hakim Jemili ? Jamais, plus énergique que jamais à l’amorce de sa tournée qui passera le 20 décembre à Lunéville, l’humoriste n’a de fatigué que le titre d’un nouveau spectacle seul en scène dans lequel il dégaine son humour comme une arme d’autodéfense face à tous les sujets.

D’après le titre du spectacle, vous êtes « Fatigué »… Vraiment ?

« En vrai, j’ai une énorme pêche, que le public se rassure ! La petite histoire c’est que ça me fatiguait qu’on me demande ce que je voulais comme titre, donc un jour j’ai lâché qu’on avait qu’à mettre fatigué puisqu’ils me fatiguaient avec ça et c’est resté. Ça n’a pas plus de sens que ça. En vrai, je suis content d’être là. Je trouve que ce spectacle est beaucoup mieux que le premier. Enfin c’est mon avis perso ! »

Qu’est ce qui a changé en mieux ?

« Tout le propos je dirai. Il est plus intéressant, plus franc, les thèmes sont plus forts. J’ai mûri depuis le dernier spectacle, j’avais l’insulte facile à mes débuts, je joue moins là-dessus. Il y a des enfants qui viennent aussi, je suis devenu papa moi-même, donc je fais un peu plus attention à ce que je dis et à l’exemple que je donne. Emmener les enfants voir des spectacles, je trouve que c’est une forme d’éducation qui va vers l’ouverture d’esprit, donc bravo les parents qui font ça ! »

Si vous ne parlez pas de ce qui vous fatigue dans la vie, de quoi vous parlez ?

« D’un peu de tout en fait. De sujets légers du quotidien et des sujets un peu plus disons… chiants. Mais que j’essaie de rendre drôles bien évidemment je ne cherche pas à plomber l’ambiance. Je suis quand même face à un public qui, à la base, se déplace pour entendre des blagues et s’amuser donc j’essaie de faire des blagues sur des sujets comme le conflit au Moyen Orient. Pas drôle a priori. Mais j’aime bien me dire qu’en vannant là-dessus, je permets aux gens de dédramatiser. Dans un monde qui donne l’impression de ne pas aller très bien ou pas dans le bon sens, l’humour est une arme. Trouver à rire en toutes circonstances, c’est mon système d’autodéfense. D’où je viens si on n’a pas d’humour et d’autodérision, on se pend ! »

Que pensez-vous de l’état d’esprit des Français ?

« Les gens sont cools et ouverts quand le système ne leur dicte pas quoi penser. Mais d’un autre côté, on a un travail à faire au niveau de la société pour que les hommes de couleurs n’aient pas que l’humour et le sport pour faire valoir leur talent ou leurs compétences. Vous me parlez des femmes, et je trouve ça catastrophique les différences de traitement mais ça concerne les hommes blancs ! Les hommes arabes et noirs, on n’y est pas encore non plus à l’égalité des chances. La parole des femmes, elle commence à trouver de l’écoute mais nous on en n’est pas encore à cette époque-là d’être écoutés et reconnus. Ma femme, elle est noire, un peu arabe et musulmane, manquerait plus qu’elle porte le voile et là, elle serait foutue. Et si elle décidait de porter le voile, c’est encore sur moi que ça retomberait, c’est moi qu’on traiterait d’extrémiste. »

On vous a découvert au cinéma avec Michel Blanc, quel partenaire il a été pour vous ?

« Il m’a tout appris du cinéma, je ne peux pas vous dire mieux que ça. Il a été d’une très grande aide, avec ma femme qui est dans le film aussi, on lui doit de nous avoir fait profiter de sa lumière, de nous avoir lancés en fait. »

Et donner envie d’interprétations plus dramatiques ?

« Ça commence là. J’ai 4, 5 films qui sortent en 2025, dont certains sont plus drama que ce que j’ai fait jusqu’ici. Et j’aimerais beaucoup le faire au théâtre aussi. C’est le but en vrai mais comme je disais, quand on a ma couleur, pour être considéré comme comédien à part entière et pas seulement un comique, on est obligé de passer par des chemins détournés. »

Le Télégramme (Bretagne)
mardi 3 décembre 2024 214 mots, p. AURAY22

Cinéma

Cinéma Vaiana 2 : un Disney de Noël sans éclat

Note : 2/5

Vaiana rêve d’une nouvelle expédition loin de sa petite île, persuadée qu’il existe au loin d’autres peuples amicaux. Ce Disney hivernal permet de retrouver la jeune aventurière du Pacifique et le demi-dieu Maui aux tatouages savamment animés, toujours doublés par Cerise Calixte et Anthony Kavanagh.

Ce film d’animation ne cesse d’inviter à être audacieux mais l’est très peu. Ancrer une histoire dans une culture exotique ne suffit pas à lui rendre un bel hommage, ce qui est d’autant plus dommage que les auteurs ont eu la jolie idée de s’inspirer de récits de navigateurs qui profitaient de leurs périples à travers l’océan pour faire connaissance avec les habitants d’autres îles. On s’ennuie hélas beaucoup en compagnie de l’équipage réuni par une héroïne sans éclat, et ce n’est pas la présence des Kakamoras, créatures simiesques aux masques en forme de noix de coco ou d’un coq cinglé qui changera quoi que ce soit à cette impression.

P.L.D.

Animation de David G. Derrick Jr., Jason Hand, Dana Ledoux Miller avec les voix de Cerise Calixte et Anthony Kavanagh.

La Dépêche du Midi
Ariège
Locale, jeudi 5 décembre 2024 29 mots, p. 24

Pays d'olmes

[cinéma...]

cinéma

Salle M.-C.- Barrault

Wicked. À 18 heures (VOSTF).

Vaiana 2. À 20 h 45 (3D).

Salle G.- Méliès

Relâche.

Mirepoix. Espace culturel A.-Malraux

Relâche.

L'Indépendant
CARCA_IN
samedi 9 novembre 2024 54 mots

Cinéma

Ce

dimanche 10 novembre, séances de cinéma au foyer avec Culture d'Oc, Cinem'aude et la municipalité : 15 heures, Sauvages de Claude Barras; 18 h 30, Le monde à l'envers de Nicolas Vanier; 21 heures, Langue étrangère de Claire Burger. 5 euros la place. Tél. : 06 79 00 13 16 ou [email protected].

La Montagne
Clermont-Ferrand
Clermont Ferrand, jeudi 14 novembre 2024 83 mots, p. Metropole-11

LA PLAINE. Ciné-cycle dans le rétro !

La plaine. Ciné-cycle dans le rétro. Le cinéma Le Rio, 178 rue Sous-les-Vignes, propose dimanche 17 novembre, à 18 heures, le film Le fantôme de la liberté de Luis Buñuel. Ce film est certainement le film le plus surréaliste de la dernière période de Luis Buñuel. Son titre fait directement référence au Manifeste du Parti communiste de Karl Marx qui commence ainsi : « Un fantôme parcourt l'Europe ». Ce film est présenté par le Cercle des Amis du Cinéma.

Sud Ouest - Landes
Mont-de-Marsan et pays montois, lundi 11 novembre 2024 225 mots, p. 16

Bascons

Banquet de la chasse.

Belote.

Marché de l’Avent.

Cinéma solidaire.

Loto.

Belote.

Salon du bien-être.

L’association communale de chasse agréée de Bascons organise son traditionnel banquet des chasseurs, ouvert à tous, dimanche 17novembre à partir de 12 heures, à la salle Régenton. Tarif tout compris : adulte, 18euros; enfant de moins de 12ans, 8euros. Inscriptions conseillées auprès de Serge Clavé au 0682552800, Marie-José Clavé au 0641678692, boulangerie AuSucré salé au 0558030373.

Jeudi 14novembre, 21heures, salle des fêtes, concours de belote en quatre parties organisé par les Esbérits.

Dimanche 24novembre, de10à18heures, le Comité des fêtes organise son marché de l’Avent. Au programme: artisanat d’art, producteurs locaux, animations pour les enfants, passage du Père Noël. Restauration et salon de thé assurés. Renseignements: [email protected]

Dimanche 17novembre, à 16 heures, au cinéma Le Grand Club, le Lions club Pomme de pin propose, en avant-première, la projection du film «Le Panache». Les recettes seront reversées à des organisations qui viennent en aide aux victimes de catastrophes naturelles.

Dimanche 17novembre, 15heures, salle des fêtes, loto organisé par le Comité des fêtes.

Samedi 16novembre, à 21heures, dans la salle des fêtes, concours de belote en quatre parties organisé par le Club taurin Didier Goeytes.

Dimanche 17novembre, à la salle polyvalente, se tiendra le Salon du bien-être. Buvette et restauration assurées.

La Montagne
Moulins
Moulins, lundi 2 décembre 2024 87 mots, p. Moulins-10

Au cinéma en décembre

Bourbon-l'Archambault. Au cinéma en décembre. Du 6 au 10 : Louise Violet , avec Alexandra Lamy, Grégory Gadebois, Jérôme Kircher. Du 13 au 17 : Gladiator 2 avec Paul Mescal, Pedro Pascal, Connie Nielsen. Du 20 au 24 : Le panache , avec Joachim Arseguel, José Garcia, Aure Atika. Du 27 au 31 : Vaiana 2 , avec Cerise Calixte, Auli'i Cravalho, Anthony Kavanagh. Séances (salle du centre culturel, 2 rue du parc) les vendredis et samedis à 21 heures, dimanches à 15 heures et mardis à 20 h 30.

La Voix du Nord
04ST-OMER
LOCALE, jeudi 14 novembre 2024 414 mots, p. 04ST-OMER21
Aussi paru dans
13 novembre 2024 - La Voix du Nord (site web)

Quand Laurent Gerra passe à table, tout le monde déguste et le public se régale

De retour à Sceneo deux ans après son dernier passage, Laurent Gerra n’a pas eu de mal à régaler ses convives venus, une fois de plus, nombreux.

Longuenesse. Après deux ans loin de la scène, c’est dans un décor de bouchon lyonnais que Laurent Gerra revient à Longuenesse. Entouré de ses musiciens, il nous sert en chanson une cuisine à l’ancienne, parfois très salée, qui ne conviendra pas forcément à tous les estomacs. Et le terme « cuisine » est bien sûr un prétexte pour causer avec humour de politique, showbiz et société contemporaine. Laurent Gerra répète à plusieurs reprises que « de nos jours, on ne peut plus rien dire» et pourtant il en dit des choses.

De Chirac à Macron, toutes les époques et couleurs politiques sont passées au grill. Il a quand même ses cibles favorites. L’apéro rime très vite avec anti-écolos et il est assez clair que les menus végétariens et halal n’ont pas leur place dans son restaurant. Autre met de choix, François Hollande dispose d’un sketch entier qui lui est consacré façon cinéma muet. Tout repose donc sur la capacité de l’humoriste à jouer de la gestuelle et des mimiques.

Une habileté dont il se sert aussi pour invoquer d’anciennes figures de la chanson et de la télé pour commenter, avec leurs voix et tics reconnaissables, l’actualité d’une façon très personnelle. Sardou chante la femme des années 2020, forcément transgenre ou non-binaire. Zitrone commente d’outre-tombe un couronnement aussi scabreux que farfelu du roi Charles III. Mais on croise aussi Renaud, Bellemare, Gainsbourg, Lama, Grand Corps Malade, Cabrel… La liste donne le vertige. On retiendra particulièrement un vibrant hommage aux gloires du cinéma : Belmondo, Delon, Galabru, Mariel…

Maître de l’imitation

Pour le rappel, les 2 000 spectateurs lui réclament du rab. Alors l’imitateur leur sert un petit dernier pour la route. Avec son savoir-faire de caméléon et quelques objets iconiques, il se glisse dans la peau des grands noms de la chanson française pour les saluer de la plus belle des façons : Henri Salvador et son haut-de-forme, Nougaro et son écharpe, Montand au chapeau melon de travers, Bécaud à la cravate à pois ainsi que beaucoup, beaucoup d’autres.

XAVIER CARLIER (CLP)

Sud Ouest - Charente-Maritime
Charente-Maritime, mardi 26 novembre 2024 805 mots, p. 12
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25 novembre 2024 - Sud Ouest (site web)

«On ne pourra plus faire le même festival»

Agnès Lanoëlle; [email protected]

Le Département a annoncé une baisse de 50% de sa subvention aux acteurs culturels. Lesquels rappellent que ça ne sera pas sans conséquence pour l’emploi local

Peu de marge de manœuvre

Impact économique et social

Culture

«Tout le monde sera impacté et cela va ébranler le monde de la culture»

«C’est une baisse énorme et grave pour tout le monde»

«Oui, là on a franchi un cap. C’est la première fois que nous vivons ça. C’est un recul brutal et paradoxal. Nos salles sont pleines, on bat des records de fréquentation et on nous annonce une baisse très importante.» Arnaud Dumatin, co-délégué général du festival LaRochelle Cinéma (Fema), le plus gros festival de cinéma de la Nouvelle-Aquitaine, mais avec le plus petit budget (devant Angoulême, Bordeaux, Biarritz…), ne décolère pas. Comme tous les acteurs culturels du département de Charente-Maritime, il a été reçu au mois d’octobre dernier par Catherine Desprez, conseillère départementale en charge des affaires culturelles, concernant une baisse de 50% de la subvention attribuée aux structures.

Responsables de théâtres, de manifestations ou d’associations, petits et grands, en sont tombés de leur chaise. Comme elle l’avait annoncé devant l’assemblée départementale, pour tenter de sauver un budget amoindri par la baisse des droits de mutations immobilières, la présidente Sylvie Marcilly (parti Horizons) ne taillera pas dans le social mais dans ses «compétences facultatives», dont la culture fait partie. «Nous recevons les acteurs culturels pour ne pas les prendre en traître. Tout le monde sera impacté et cela va ébranler le monde de la culture. Mais rien n’est voté. On continue d’affiner nos interventions», reconnaît, tout en voulant rassurer, Catherine Desprez. L’élue a déjà reçu une quarantaine de structures et il lui en reste encore autant à prévenir.

L’an passé déjà, la subvention à la culture avait subi une coupe généralisée de 10%. Alors forcément, une baisse de 50%, aura des conséquences plus ou moins graves pour certains. Au Fema, la perte s’élèverait à 31000euros. «On ne pourra plus faire le même festival. Nous avons déjà un budget très raisonnable mais peu de ressources propres, donc peu de marge de manœuvre. Faut-il décider de supprimer une journée? C’est un signal alarmant et pas souhaitable, c’est très problématique pour le public, les partenaires… Faut-il réduire les invités, les parcours, augmenter les prix des billets?», s’interroge la codirection, qui prépare l’édition2025.

Même préoccupation du côté de La Coursive. Depuis 2021, la scène nationale rochelaise ne cesse de voir diminuer l’aide du Département. 237000euros en 2021, 204300en 2024. La moitié donc annoncée pour 2025. Pour son directeur Franck Becker, «c’est une baisse énorme et grave pour tout le monde». «Si je mets bout à bout des subventions qui ne sont pas revalorisées depuis quinzeou vingtans, leur baisse, et la hausse des charges (plus 150000euros de gaz et d’électricité), on est à -500000euros de soutien à la création», explique le directeur de La Coursive. Où fera-t-il des économies? Dans les coproductions, qui aident souvent les compagnies locales et qui ont déjà beaucoup fondu, dans le nombre de spectacles, déjà passés de 77à 67entre 2024et 2025, les actions culturelles à destination de différents publics, ou encore la hausse du prix des billets, qui a déjà augmenté d'uneuro l’année dernière…

Mais, surtout, les responsables entendent rappeler que la culture, ce n’est pas un concept, c’est aussi de l’emploi local. Et que la sacrifier, c’est mettre en danger des dizaines de postes dans de nombreux secteurs d’activité sur le territoire. Par exemple, le Fema travaille avec 80prestataires, des dizaines d’intermittents… Demain, aura-t-il les moyens de faire bosser un graphiste, des auteurs, faire imprimer son fameux catalogue…«Bien sûr, il y aura un impact économique et social. Ce n’est pas juste un truc symbolique», selon Arnaud Dumatin. «On réinjecte une partie de ces moyens dans l’économie locale, les artistes sont logés dans des hôtels, mangent au restaurant…», confirme Franck Becker. Moins de spectacles en plateau, c’est moins de techniciens, régisseurs, éclairagistes, costumières embauchés, etc. Un premier serrage de ceinture avait eu lieu l’année dernière.

En pleine période d’austérité financière, le monde de la culture retient son souffle, en attendant aussi ce que va annoncer comme soutien la Région.

Enfin, on parle également d’un gel du budget du ministère de la Culture… Seul lot de consolation avancé par Catherine Desprez: le Département ne devrait pas toucher –ou alors peu– au dispositif d’aides à la diffusion pour les communes et à son soutien auxSites en scène, programme incontournable populaire qui mixe culture et patrimoine.

Nord Littoral
NORDLITT
Côte d’Opale, jeudi 5 décembre 2024 409 mots, p. NORDLITT28

Salle comble pour Florent Peyre

Delphine Kwiczor

Aujourd’hui, Florent Peyre jouera devant un théâtre plein à craquer. Il sera sur les planches avec son spectacle « Nature » et c’est complet.

Delphine Kwiczor

Comédien, mais aussi humoriste engagé, Florent Peyre est l’une des têtes d’affiche très attendues du théâtre cette saison. Un visage qui parle au plus grand nombre, un nom qui titille le grand public. En programmant Florent Peyre, le théâtre de Calais jouait sans aucun doute la carte du carton plein. Un divertissement qui devait plaire et séduire. Et c’est clairement le cas. Florent Peyre sera sur scène ce soir et c’est complet.

Un visage connu du petit écran

Révélé dans l’émission On ne demande qu’à en rire, régulièrement invité par Arthur, Florent Peyre fait partie du fil rouge de la saison du théâtre, consacré au large thème du cinéma. Il fait partie de ses visages bien connus des fans du grand et du petit écran. « On l’a vu au cinéma avec Raid Dingue, Mission Pays basque », confirme Aurélie Mota, directrice du pôle spectacle vivant. « On l’a vu aussi dans beaucoup de séries. En ce moment, il est d’ailleurs à l’affiche avec la série Commandant Saint Barth sur TF1 […] » Et de revenir sur le succès de cette venue : « C’est complet. On a été assaillis (de réservations) dès l’ouverture de la billetterie. »

« Un spectacle qui vaut le détour »

Entre le one-man-show et le théâtre, avec des musiques composées par Pascal Obispo. Florent Peyre promet de captiver son public. Ce soir, il sera donc sur les planches avec son spectacle « Nature ». « Il est entre le one-man-show et le théâtre. Il vit ses rôles ! Il sait emmener le public dans son imaginaire », assure Aurélie Mota, s’appuyant sur son expérience. « Quand j’ai vu son spectacle, j’ai trouvé que c’était une vraie performance ! Dans son spectacle, il y a aussi de la musique, c’est une comédie musicale à lui tout seul ! » Elle décrit un spectacle « drôle », avec « une parole engagée », un spectacle qui parlera « de nature, où il interprète une vingtaine de personnages. Il mélange les genres, mène les gens à la réflexion sur la nature, les fait rire… » Et sans sourciller, elle l’assure : « Ça vaut le détour ! »

Infos pratiques : Jeudi 5 décembre : Florent Peyre. (humour). Tarifs : entre 17 et 34 euros. Complet

La Dépêche du Midi
Ariège
Locale, jeudi 28 novembre 2024 116 mots, p. 24

Mirepoix / Pays d'Olmes

[cinéma...]

cinéma

Espace culturel André Malraux - Mirepoix

Programmation du vendredi 29 novembre au mercredi 4 décembre 2024

Sur un fil. Demain à 17h30 dans le cadre du Téléthon 2024; samedi à 21 heures; lundi à 18 heures.

Angelo dans la forêt mystérieuse. Samedi à 14 heures.

Louise Violet .Samedi à 16 heures; dimanche à 18 heures; mardi à 14h15.

Blow up. Samedi à 18 heures (vo); lundi à 21 heures (vo).

Juré n°2. Dimanche à 16 heures; mardi à 21 heures (vo).

Coup de coeur de l'AFCAE. Mardi à 18 heures.

Croquette, le chat merveilleux. Mercredi à 14 heures.

L'avventura. Mercredi à 15h30 (vo).

Au boulot. Mercredi à 18h15.

Gladiator 2. Mercredi à 21 heures.

La Montagne
Vichy
Vichy, samedi 16 novembre 2024 32 mots, p. Vichy-15

Cinéma Le Chardon

Gannat. Cinéma Le Chardon. Ce samedi, Angelo dans la forêt mystérieuse , à 16 heures; C'est le monde à l'envers ! , à 18 heures; et Monsieur Aznavour , à 20 h 30.

La Dépêche du Midi
Ariège
Locale, vendredi 6 décembre 2024 53 mots, p. 24

Lavelanet/ pays d'olmes

[cinéma...]

cinéma

Salle M.-C.- Barrault

Vaiana 2. À 14 h 30 et 16 h 15 (3D).

Le Panache. À 18 heures.

Salle G.- Méliès

Vaiana 2. À 18 h 30.

Wicked. À 20 h 30.

Mirepoix. Espace culturel A.-Malraux

Gladiator II. À 18 heures.

The Substance. À 21 heures (VOSTF).

Le Progrès (Lyon)
Edition de Villefranche - Tarare
Actu | beaujolais doré, mercredi 20 novembre 2024 294 mots, p. VILL26

Pommiers

Les enfants du centre de loisirs à la découverte des arts

À partir du mercredi 20 novembre, les enfants de 3 à 12 ans, accueillis le mercredi au centre de loisirs périscolaire Marc-Julien, géré par l’association Courte Échelle, vont découvrir les arts sous différentes facettes.

Un art découvert un mercredi par mois

« En effet, le projet d’animation 2024-2025 porte sur la sensibilisation artistique. Les arts regroupent diverses disciplines : musique, peinture, cinéma, photographie, dessin, magie etc. Chacune façonne diverses compétences, mais toutes ont plusieurs points communs : les arts », souligne Cassandra Lejeune-Barrena, directrice des séjours à l’association Courte Échelle. Les arts permettent en effet le développement de la créativité et de la confiance en soi, ils favorisent l’écoute et le respect des autres, et encouragent l’ouverture à la diversité.

Un mercredi par mois, les animateurs mettront donc en place des activités, piochées dans un kit construit en amont par Cassandra. Chacun permettra la découverte d’un type d’art, de façon ludique. Ainsi, le 20 novembre sera consacré à la découverte de la musique. Puis en décembre, les enfants s’intéresseront au cinéma et à la photographie, etc.

Le but sur l’année est également de concevoir un projet commun aux six groupes et à la vingtaine d’animateurs du périscolaire. « Afin de fédérer autour d’une thématique familière, presque quotidienne et pourtant parfois si lointaine et méconnue », ajoute Cassandra, qui informe qu’au printemps et à la fin de l’année scolaire, les enfants pourront partager des moments d’échanges et de présentation de leurs différents apprentissages et réalisations. Chaque mois, chacun pourra suivre l’évolution du projet sur le site internet.

www.courteechelle.net

Ouest-France
Nantes Sud-Loire Vignoble
Page Vignoble, samedi 2 novembre 2024 12 mots, p. OF Nantes Sud-Loire - Vignoble_18

[« Pat et Mat » : un film pour les...]

Le Journal du Centre
Nièvre ; Nièvre
FDJ Nievre, lundi 4 novembre 2024 377 mots, p. JDC-2,JDC-3

Guillaume Clicquot : « La comédie, c'est un regard sur la société »

Écrivain et cinéaste à succès (Joyeuse retraite, Prenez-moi pour une conne, Garde tout surtout les gosses) Guillaume Clicquot sera pour la troisième année, le maître d'oeuvre de la programmation des douze courts-métrages de Rire tout court, jeudi 7 novembre.

- Quel principe animera l'après-midi et la soirée consacrés au court-métrage ? Il ne s'agit pas de mettre en compétition l'humour. Je préfère participer à faire découvrir toutes les formes d'humour, et les nouveaux talents qui existent en France à travers les courts-métrages. Marguerite Michel, l'organisatrice du festival, m'a donné carte blanche.

- Quelles formes prendront les films projetés ? Cela va de deux minutes à dix-neuf minutes pour le plus long. Ce sera hyperéclectique. Ce qui fait rire dans la comédie, c'est la surprise, comme explique Bergson dans Le rire , son traité sur la signification du comique. L'idée est de surprendre les spectateurs par l'originalité des thèmes et les différentes formes d'humour. La comédie, c'est toujours un regard sur la société, avec de la tendresse, de la dérision, et surtout beaucoup d'amusement. Il y a une vraie volonté de divertir les gens et de leur créer des émotions positives, même en abordant des sujets sérieux, y compris sur films très très courts.

- Concernant vos propres oeuvres écrites et cinématographiques, c'est le même principe qui vous pousse ? Oui, tout à fait. D'ailleurs, je peine à faire publier mon prochain roman, car l'humour que j'y développe est plus noir, plus cynique, et n'est pas dans la lignée de ce que j'ai fait jusqu'à présent

- C'est compliqué de changer de registre ? Oui, car les gens ont tendance à vous enfermer dans des cases. C'est d'ailleurs le sujet de mon dernier roman, La fille du terrassier : la manière dont on étiquette les gens, on les préjuge.

- Côté cinéma, que nous réserve votre futur ? Il y a l'adaptation au cinéma de La fille du terrassier. On constitue des talents pour le faire vivre. Nous sommes aussi dans la même étape pour un autre de mes scénarios, Post-mortem. On s'affaire à trouver la bonne combinaison, cette espèce de magie entre réalisation, comédiens et scénario. Un moment fatidique en termes de production : il ne faut pas se tromper.

Propos recueillis par Jean-Christophe Henriet

Cet article a également été publié dans les éditions suivantes : Nièvre, page 3

Ouest-France
Ancenis
Ancenis et sa région, jeudi 5 décembre 2024 169 mots, p. OF Ancenis_11

Charlot et Buster Keaton rois du sport, en musique !

Samedi, à la médiathèque, le spectacle Les burlesques font du sportsera présenté aux plus jeunes. En hommage aux Jeux olympiques, le multi-instrumentiste Laurent Pontoizeau accompagnera en musique les gags visuels des héros du cinéma burlesque :  Charlot qui sert d’adversaire pour un combat de boxe, une partie de polo mouvementée, Buster Keaton en grande forme. 

Les enfants découvriront le cinéma comique du début du siècle dernier. Piano, ukulélé, flûte, percussions, sampler, looper, Laurent Pontoizeau réalisera en direct la bande-son des films avec tous ses instruments.

 Quand Charlie Chaplin et Buster Keaton se mettent au sport, ce n’est pas vraiment pour la performance, mais bien pour nous faire rire .

Le spectacle s’adresse aux enfants dès 5 ans, dure une heure et il est préférable de réserver.

Samedi 7 décembre, à 11 h, médiathèque, 62, rue de Bel-Air.Réservations 02 40 25 40 18 ou [email protected] et la plateforme weezevent

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Progrès (Lyon)
Edition de Saint-Etienne - Ondaine
Actu | saint-Étienne quartiers, jeudi 14 novembre 2024 375 mots, p. SETI19

Saint-Étienne

Le Triomphe de la bonne humeur

De notre correspondant; Julien Gardon

S’adressant à tous les publics, la comédie Triomphe, salle emblématique du square Violette, propose des spectacles où l’humour fait loi.

La fin d’année s’annonce drôle et festive à la comédie Triomphe, avec comme point d’orgue une soirée particulière prévue le soir du Réveillon de la Saint-Sylvestre. Ce soir-là, pour bien terminer 2024, cinq représentations de trois spectacles seront programmées, avec pour point commun le rire, le credo de la salle emblématique stéphanoise. « Notre souhait est de faire passer un bon moment au public, avec du théâtre de boulevard ou du café-théâtre », explique Marilyn Lattard, directrice artistique.

« Venez rire avec nous ! »

Pour cela, les programmateurs misent sur des compagnies locales et nationales, mais aussi sur leurs propres productions. Et s’adressent à tous les publics. Ainsi, les enfants de 1 à 3 ans et ceux âgés de 4 à 10 ans ont droit à une séance dédiée respectivement tous les dimanches matin et après-midi, et même tous les jours lors des vacances scolaires. « Ce sont des spectacles très interactifs avec une forte participation du jeune public », qui apprend des choses par la même occasion. Des spectacles familiaux plus ciblés sur les adolescents sont aussi régulièrement proposés, sur les thèmes liés à cette tranche d’âge. « Nous abordons différentes thématiques propres aux adolescents sans jamais se moquer, toujours avec bienveillance », poursuit Marilyn Lattard.

Cette dernière, également comédienne, s’est associée en 2018 avec Didier Oliviero, gérant, pour faire tourner une institution stéphanoise relancée en 2015 par Julien Sigalas, toujours partie prenante avec le binôme. « Si nous sommes un théâtre privé et que la tendance générale est un peu compliquée, nous ne nous plaignons pas, car nous sommes toujours là. Notre activité fluctue avec le public stéphanois, mais celui-ci reste très attaché au Triomphe. » La salle, qui a été un cinéma incontournable pour des publics différents selon les époques, en a gardé les sièges caractéristiques. Et elle entend garder sa programmation autour de l’humour et la bonne humeur. « Venez rire avec nous ! » incite d’ailleurs Marilyn Lattard.

Pour tous renseignements sur la programmation et les réservations, site internet : www.comedietriomphe.fr

L'Est Républicain
Edition de Pont-à-Mousson - Toul
Sortir, mardi 3 décembre 2024 748 mots, p. PONT34

Lunéville

Hakim Jemili : « Dans le stand-up, c’est le public le sélectionneur »

Propos recueillis par Claire Fiorletta

Fatigué Hakim Jemili ? Jamais, plus énergique que jamais à l’amorce de sa tournée qui passera trois fois dans l’Est avant la fin de l’année, l’humoriste n’a de fatigué que le titre d’un nouveau spectacle seul en scène dans lequel il dégaine son humour comme une arme d’autodéfense face à tous les sujets, même les réputés pas drôles.

D’après le titre du spectacle, vous êtes « Fatigué »… Vraiment ?

« En vrai, j’ai une énorme pêche, que le public se rassure ! La petite histoire c’est que ça me fatiguait qu’on me demande ce que je voulais comme titre, donc un jour j’ai lâché qu’on avait qu’à mettre fatigué puisqu’ils me fatiguaient avec ça et c’est resté. Ça n’a pas plus de sens que ça. En vrai, je suis content d’être là. Je trouve que ce spectacle est beaucoup mieux que le premier. Enfin c’est mon avis perso ! »

Qu’est ce qui a changé en mieux ?

« Tout le propos je dirai. Il est plus intéressant, plus franc, les thèmes sont plus forts. J’ai mûri depuis le dernier spectacle, j’avais l’insulte facile à mes débuts, je joue moins là-dessus. Il y a des enfants qui viennent aussi, je suis devenu papa moi-même, donc je fais un peu plus attention à ce que je dis et à l’exemple que je donne. Emmener les enfants voir des spectacles, je trouve que c’est une forme d’éducation qui va vers l’ouverture d’esprit donc bravo les parents qui font ça ! »

Si vous ne parlez pas de ce qui vous fatigue dans la vie, de quoi vous parlez ?

« D’un peu de tout en fait. De sujets légers du quotidien et des sujets un peu plus disons… Chiants. Mais que j’essaie de rendre drôles bien évidemment je ne cherche pas à plomber l’ambiance. Je suis quand même face à un public qui, à la base, se déplace pour entendre des blagues et s’amuser donc j’essaie de faire des blagues sur des sujets comme le conflit au Moyen Orient. Pas drôle a priori. Mais j’aime bien me dire qu’en vannant là-dessus, je permets aux gens de dédramatiser. Dans un monde qui donne l’impression de ne pas aller très bien ou pas dans le bon sens, l’humour est une arme. Trouver à rire en toutes circonstances, c’est mon système d’autodéfense. D’où je viens si on n’a pas d’humour et d’autodérision, on se pend ! »

Vous êtes en couple avec Fadily Camara, humoriste elle aussi, dans le milieu du stand up vous observez que c’est plus dur pour elle ou pour vous ?

« Honnêtement c’est plus dur pour moi en général dans la vie de tous les jours. Large ! On ne va pas se mentir, en France les femmes arabes ou noires ont moins de mal à trouver du travail que les hommes arabes ou noirs, c’est une vérité. La discrimination entre les hommes et les femmes dans l’humour, on ne peut pas vraiment l’observer parce que c’est le public qui décide. Pas comme au cinéma. Dans le cinéma ce sont les producteurs, les distributeurs, les réalisateurs, les directeurs de casting… Il y a plein de strates qui font qu’au final, c’est tout le monde sauf le public qui décide qui sera la tête d’affiche d’un film ou pas. C’est déjà plus injuste. Dans le stand up, si t’es marrant, les gens viennent, c’est aussi simple que ça. C’est pour ça que les hommes arabes ou noirs arrivent à percer dans le milieu, c’est le seul métier où on nous laisse exister. Avec le sport. Il y a combien de renois ou de rebeus dans l’équipe de France de foot, 22 ou 23, et pourquoi ? Parce que ça se voit quand t’es nul ou quand t’es bon. Il n’y a pas de triche possible. Quand dans un métier, on voit les compétences des gens, on est obligé de faire jouer les meilleurs sinon on se dirait “Tiens il est chelou le sélectionneur”. Dans le stand up, c’est le public le sélectionneur. »

Hakim Jemili en spectacle à Lunéville le 20 décembre.

La Montagne
Creuse
Gueret, mercredi 4 décembre 2024 30 mots, p. Creuse-13

Cinéma

CHÂTELUS-MALVALEIX. Cinéma. Monsieur Aznavour de Mehdi Idir et Grand Corps Malade, avec Tahar Rahim sera projeté demain jeudi 5 décembre, à 20 h 30, à la salle des fêtes.

Var-Matin (site web réf.) - Varmatin
8 octobre 2024 479 mots
Anne Roumanoff, Éric Collado, Marco Paolo... Ce qui vous attend au "Week-end du rire" à Fayence
La rédaction

Fréjus/Saint-Raphaël Humour Culture Anne Roumanoff, Éric Collado, Marco Paolo... Ce qui vous attend au "Week-end du rire" à Fayence ... Voir l'article

Var-Matin (site web réf.) - Varmatin
3 octobre 2024 801 mots
Aussi paru dans
3 octobre 2024 - Nice-Matin (site web réf.)
Franck Dubosc crée la surprise à Cinéroman avec son nouveau film "Un ours dans le Jura"
La rédaction

Nice Cinéma Culture Franck Dubosc crée la surprise à Cinéroman avec son nouveau film "Un ours dans le Jura" ... Voir l'article

Sud Ouest - Béarn et Soule
Ouest Béarn, jeudi 7 novembre 2024 189 mots, p. 20

Nougaro fait son cinéma

L. T.

Artix

Le samedi 23novembre à 20h30 à la salle polyvalente, le groupe toulousain NouS donnera un concert en hommage à Claude Nougaro: Nougaro fait son cinéma.

Quatre artistes toulousains célèbrent le chanteur Claude Nougaro, ses extravagances poétiques, l’univers de ses chansons, ses cris d’humanité et son humour généreux.

De ses débuts difficiles au Lapin Agile jusqu’à la fin de sa vie, le parcours du poète est retracé par le biais de ses films, de ses chansons, de ses textes millimétrés, de son Ciné-Mot, de ses créations et de ses rencontres humaines et artistiques.

L’accès à ce spectacle, offert par la municipalité, s’effectuera exclusivement sur réservation.

Une permanence pour la billetterie sera assurée dans le hall de la mairie ce samedi 9novembre de 9heures à 12heures: elle sera exclusivement réservée aux Artisiens qui pourront retirer jusqu’à 4 tickets par foyer.

Dans la limite des places disponibles, une deuxième période de réservation sera ouverte aux gens domiciliés hors d’Artix à compter du mercredi 13novembre, toujours à l’accueil de la mairie.

Ouest-France
Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Pornic, Pays de Retz ; Nantes Sud-Loire Vignoble
Page Pays de Retz, samedi 23 novembre 2024 191 mots, p. OF Saint-Nazaire - La Baule - Guérande_17
Aussi paru dans
23 novembre 2024 - Maville (site web réf.)

Tosca, de Puccini, en direct du Metropolitan Opera

Au Metropolitan Opera de New York, l’opéra Tosca, de Giacomo Puccini, va être donné, ce samedi. Les amateurs pourront y assister en direct, un peu partout en France, grâce à la technologie, dans les cinémas partenaires. À Pornic, le cinéma Saint-Joseph offrira cette opportunité aux mélomanes, amateurs de beaux et grands spectacles.

L’histoire se passe à Rome, au début du XIX e  siècle. Le peintre Mario Cavaradossi vient en aide à son ami Angelotti, prisonnier politique qui s’est évadé. Il est activement recherché par le baron Scarpia, redoutable chef de la police qui traque tous les partisans de la liberté. Mais le généreux geste de Cavaradossi va avoir de terribles conséquences. Scarpia, faux dévot sans scrupule, convoite depuis longtemps la maîtresse du peintre, la belle cantatrice Floria Tosca. Habile manipulateur, il va utiliser la jalousie de l’ombrageuse Tosca pour reprendre Angelotti, perdre Cavaradossi, et posséder enfin sa maîtresse…

Ce samedi, à 18 h 55, au cinéma Saint-Joseph, rue Notre-Dame. Opéra en trois actes (deux entractes), durée : 3 h 30. Tarif : 18 € ; réduit : 13 €. Réservation possible sur www.cinestjoseph44.fr.

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Progrès (Lyon)
Edition de Villefranche - Tarare ; Edition d'Oullins – Givors – Monts du Lyonnais ; Edition Ouest Lyonnais et Val de Saône ; Edition Est Lyonnais ; Edition de Lyon - Villeurbanne - Caluire
Loisirs | lyon et région, mercredi 27 novembre 2024 559 mots, p. VILL43,VALS43,LYON43,OGML43,LYOE43

Villeurbanne

De Plus belle la vie au one man show, le nouveau projet de Boubacar Kabo

De notre correspondante Cindel Bugnet

Des Lascars, en passant par Plus Belle La Vie, le cinéma ou encore Netflix, Boubacar Kabo a décidé de se lancer un nouveau défi : le stand up.

Comment est née votre envie de faire du stand-up ?

« Avec un ami comédien, on a voulu se challenger pour voir de nouveaux horizons car ça fait 12 ans que j’ai commencé les tournages. On s’est dit qu’on allait ouvrir nos champs, travailler d’autres choses. Au départ, ce n’était pas très sérieux et on s’est pris au jeu. Lui a arrêté et est devenu mon co-auteur. Moi j’ai continué après ma première scène le 28 novembre 2023. En cours de route, au mois de mars, j’ai lancé cette idée de 9 mois pour mon spectacle quand avec ma femme, on attendait notre premier enfant. »

Qui sont vos inspirations dans le milieu ?

« Mon plus grand exemple, c’est Ahmed Sylla - i ls ont joué ensemble au cinéma dans le film Notre tout petit petit mariage, ndlr-. Avant de le rencontrer et de le connaître personnellement, c’est quelqu’un à qui je m’identifiais parce qu’il est sénégalais, par rapport à des choses qu’il raconte. Sur scène, il n’est pas vulgaire, tout le monde peut venir. C’est ce que j’avais envie de faire. » 

Ahmed Sylla vous a-t-il donné des conseils ?

« Bien sûr. Il m’a dit que j’étais complètement fou mais dans le bon sens. D’être comédien et de venir au stand-up alors que d’habitude, c’est plus dans le sens inverse. Il m’a dit de m’éclater, de rester moi-même, de garder mes valeurs. Il m’a donné l’opportunité de faire sa première partie en mars dernier. C’était dingue. »

Sur scène, vous parlez de la série Plus belle la vie , vous n’avez pas eu peur que ça soit un frein ?

« Pas du tout. Sur scène, je raconte ma vie et je ne pouvais pas faire de stand-up sans en parler. C’est ce qui a fait ce que je suis aujourd’hui. C’était important pour moi et j’essaie justement de casser ces codes-là. »

Vous allez faire votre première grande scène à L’Européen, pourquoi le choix de cette salle ?

« Quand j’ai lancé le concept “9 mois”, je n’avais même pas imaginé la suite. Puis, il y a 3-4 mois, deux humoristes, dont Kevin Debonne, qui m’accompagnent depuis le début, m’ont dit qu’avec mon concept, je ne pouvais pas faire une petite salle. Ils m’ont parlé de L’Européen et d’autres salles. J’ai eu un coup de cœur. C’est une grande salle parisienne, tout le monde ne peut pas y jouer. C’était un pari et j’arrive dans le grand bain. »

Votre meilleur souvenir depuis un an et votre première fois sur scène ?

« J’en ai trois. La première car j’ai eu le courage de le faire. La première partie d’Ahmed Sylla , devant 1 600 personnes. Et la première date du rodage à Marseille, ma ville de cœur. »

Vendredi 29 novembre au Comedy Club Graines de Star à Villeurbanne. Tarif : 17,50 € sur billetreduc.com

La Dépêche du Midi
Tarn
Locale, jeudi 5 décembre 2024 28 mots, p. 30

Mazamet

[cinéma...]

cinéma

Mazamet Apollo

En fanfare. 17h.

Il était une fois Michel Legrand. 14h.

La Plus Précieuse Des Marchandises. 17h.

Le Panache. 14h.

Vaiana 2. 17h.

Wicked. VO : 14h.

La Dépêche du Midi
Comminges
Locale, jeudi 21 novembre 2024 76 mots, p. 23

Saint-Gaudens

[cinéma...]

cinéma

Le Régent

14h15. La plus précieuses des marchandises, Prodigieuses, Le choix, Gladiator 2, L'Amour Ouf, Louise Violet,

15h15. Monsieur Aznavour,

16h00. Finalement, L'affaire Navenka (VOSTF),

16h15. Le Panache, Troies Amies,

18h00. Le Panache, L'Amour Ouf,

18h30. Le choix, La Vallée des fous, On aurait du aller en Grèce, Le Royaume, Juré N°2 (VOSTF),

20h00. Andrea Bocelli 30: The celebration,

20h30. Les petites mains en vallée de Barousse,

21h00. Prodigieuses, 37: l'ombre et la proie,

La Dépêche du Midi
Tarn-et-Garonne
Locale, samedi 16 novembre 2024 122 mots, p. 35

Valence-d'Agen

malause

Soirée conviviale des pongistes

Soirée des pongistes vin nouveau (avec modération) et planche gourmande ce soir samedi 16 novembre. Réservation au 06 29 05 99 17 ou 07 78 47 66 23.

Belote des aînés lundi

pommevic

Belote des aînés pommevicains lundi 18 novembre à 14 heures, salle des fêtes.

Belote des aînés 20 novembre

Goudourville

Belote des aînés mercredi 20 novembre à 14 heures, salle des fêtes. Puis un grand loto le samedi 23 novembre à 14 heures.

Cinéma mercredi

Saint-Paul-d'Espis

Au cinéma de Quercimages et de nos hôtesses locales, mercredi 20 novembre à 20 h 30, dans la salle des fêtes, une comédie dramatique pour tout public « Le Roman de Jim », d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu, sortie en août 2024.

Maville (site web réf.) - La Roche sur Yon Maville
3 décembre 2024 158 mots
À Rennes, un nouveau festival de cinéma et culture queer . Cinéma

Cinéma La Roche sur Yon À Rennes un nouveau festival de cinéma et culture queer - Lassociation... La Roche sur Yon Contenu réservé aux abonnés Mardi 03 décembre 2024 10:00 ... ... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Nantes Maville
29 novembre 2024 478 mots
Aussi paru dans
29 novembre 2024 - Presse Océan (site web)
Des séances de cinéma adaptées pour les personnes valides et en situation de handicap

Info Nantes Des séances de cinéma adaptées pour les personnes valides et en situation de... Nantes Accueil Info Info Loire-Atlantique ... Voir l'article

Le Dauphiné libéré (site web réf.) - Le Dauphine
3 décembre 2024 124 mots
Serres Le cinéma et ses langages, rencontre avec Jean-Paul Thaëns

Dans le cadre de l’Université du temps libre (UTL) Buëch-Durance, Jean-Paul Thaëns, fondateur de l’école française de cinéma et également auteur réalisateur, animera une conférence intitulée “Le... Voir l'article

Le Soir
GENERALE
Culture, mercredi 13 novembre 2024 807 mots, p. GENERALE16

cinéma

« L’amour ouf » fait un score de ouf en salles

FABIENNE BRADFER

La romance rock de Gilles Lellouche séduit plus de 3 millions de spectateurs en France et a déjà fait près de 120.000 entrées en Belgique

FABIENNE BRADFER

Cette année, le cinéma français a le vent en poupe. Après Un p’tit truc en plus (10,7 millions d’entrées en France, 317.000 en Belgique) et Le Comte de Monte-Cristo (9,2 millions d’entrées en France, 350.000 en Belgique), c’est au tour de L’amour ouf, de Gilles Lellouche de séduire les spectateurs. Après quatre semaines d’exploitation, cette romance très rock’n’roll avec en tête d’affiche le couple glamour Adèle Exarchopoulos et François Civil dépasse les 3 millions de spectateurs en France et a déjà fait près de 120.000 entrées en Belgique, ce qui en fait le troisième plus gros succès français de l’année. Après le deuxième week-end d’exploitation chez nous, la fréquentation a progressé 66 %, fait plutôt exceptionnel pour un film français. A titre de comparaison, autre film français issu de la compétition cannoise et porté par un beau casting, Marcello Mio, de Christophe Honoré, sorti en salles cet été, n’a pas rencontré le public au-delà de 7.000 entrées.

Le film fait le buzz sur TikTok

Présenté en compétition à Cannes puis sorti avec un nouveau montage et quelques coupes (salutaires), L’amour ouf, soit 2 h 46 de film visible dans 46 salles en Belgique, touche le public au cœur. Pourquoi ? Un casting jeune et très actif sur les réseaux sociaux. Le film fait le buzz sur TikTok et rameute les ados. il y a de l’amour, de la bagarre, un rythme électrique, une B.O. composée des gros tubes des années 1980 et 1990, de The Cure à Daft Punk en passant par Prince, Deep Purple et NTM. C’est un film qui donne aussi envie de tomber amoureux. Envie d’aller le voir avec son amour, son ami ou son amie… Car Lellouche, avec beaucoup de sincérité, raconte une histoire d’amour contrariée qui nous ramène aux années 80, décennie qui est dans l’air du temps, et à l’adolescence, une période qui n’a pas d’âge. Donc nostalgie ou mélancolie pour les uns, identification pour tous. On a tous (eu) un premier amour… Lellouche a réuni un casting épatant : on s’attache aux jeunes Mallory Wanecque et Malik Frikah car ils jouent vrai ; Adèle Exarchopoulos et François Civil, qui campent les héros dix ans plus tard, font partie des acteurs les plus en vogue du cinéma français. Pour réaliser ce rêve qui l’habite depuis dix-huit ans, le cinéaste déjà plébiscité par le public pour Le grand bain s’est lâché, a soigné sa B.O., a osé bousculer les cases, mélanger les genres, filmer des couchers de soleil comme sur les posters et brasser des grands sentiments pleins de pudeur, de fureur et de passion. Il a imaginé un film très français à l’américaine, en grand fan de Scorsese et Coppola, et fait une déclaration d’amour au cinéma qui lui vient des tripes. « L’adolescence est une thématique qui me tourne autour depuis longtemps Et il fallait que je fasse un film sur ce sujet parce que pour moi, l’adolescence a été très déterminante. C’est le moment de tous les possibles. C’est le moment où on se révèle ou pas, où on se trouve du courage ou pas, et tout ça vous suit. Et tout ça est constitutif de ce que vous allez être plus tard », nous avait-il confié.

Le roman de Neville Thompson, qui inspire le film, ressort en poche. En parallèle, le journaliste français Eric Libiot livre un « journal intime » du film. C’est l’occasion de s’y plonger pour aller dans l’envers du décor sans en perdre la magie. L’auteur suit l’aventure du film de A à Z, décrit le travail de création et commente ce qu’il observe, sachant que A, c’est Benoît Poelvoorde donnant le livre de Neville à Gilles Lellouche en 2006, et que Z, c’est la projection officielle au Festival de Cannes en mai 2024. Il est donc question d’écriture, de recherche de décors, des caprices de la météo, des coups de sang et des états de grâce, de l’importance du jeu Uno et de la cantine, des doutes et des élans des comédiens comme du réalisateur. Car faire un film, c’est une histoire de ouf.

« L’amour ouf. Journal intime d’un film », par Eric Libiot, Editions JC Lattès, 228 pages, 21,90 euros.

Le Soir
GENERALE
Culture, vendredi 22 novembre 2024 278 mots, p. GENERALE19

Extraits des « Mémoires interrompus »

Mémoires inter-rompusBertrand TavernierÉditions Institut Lumière/Actes Sud, 544 pages, 29 €

Ces mémoires représentaient pour Bertrand Tavernier une occasion d’accueillir le passé, d’essayer de parler à son père, sans humeur ni langue de bois. Et d’évoquer ses amis… De raconter la vie, ses films, les hommes et les femmes rencontrés, le cinéma. Il disait aussi en parlant de l’écriture des Mémoires: « Se plonger dans ce qui vous passionne représente le meilleur antidote pour lutter contre le découragement. La passion guérit. L’enthousiasme cicatrise. » Extraits de ce livre interrompu par la mort, le 25 mars 2021.

« Quand j’avais 20 ans, j’ignorais si je parviendrais à devenir réalisateur mais aimer le cinéma et m’y dévouer corps et âme, je savais que c’était en moi. L’amour du cinéma m’a permis de trouver ma place dans l’existence. »

« Je suis spectateur des premiers rangs. Pas du premier, mais du troisième ou quatrième rang. Je suis toujours un spectateur qui privilégie la projection en salle. Jeune, j’adorais m’aventurer dans les salles inconnues. »

« La curiosité me fait visiter l’histoire du cinéma en permanence. il faut savoir se nourrir, prendre de l’expérience et chercher à comprendre les métiers du cinéma : c’est comme ça que je suis devenu cinéaste, puisque je n’ai pas fait d’école. J’apprenais en regardant les gens sur un plateau, en allant dans les salles de montage, en écoutant les producteurs, en étudiant la façon de distribuer des films. En écoutant dans les couloirs et en m’occupant de l’intendance car un cinéaste doit savoir se préoccuper de tout ! » F.B.

Télé Star
VENDREDI 8 NOVEMBRE, lundi 28 octobre 2024 191 mots, p. TSTF_089

Le Top 3 de la rédaction

Le Top 3 de la rédaction

Le film du jour

Divertimento

Comédie dramatique. 20 h 50, Ciné+ Émotion

''Une belle leçon de vie, doublée d'un vibrant hommage à la musique classique, que ce film inspiré d'une histoire vraie, d'un optimisme salvateur. ''

C'est musical !

Status Quo - Rockin' All Over the World

Doc. 22 h 30, Arte

''L'histoire du groupeStatus Quo racontée par ses membres. De son inimitable rock boogie à ses succès en passant par les excès et les drames. ''

La pépite

Les Grands Comiques du petit écran

Doc. 21 h 05, France 3

''Des émissions de télé comme La Classeou Graines de starservirent de tremplins à des humoristes comme Élie Kakou, Chantal Ladesou ou Muriel Robin. ''

Bourse Direct (site web réf.) - Bourse Direct
12 octobre 2024 885 mots
Dati veut une réforme profonde du Pass Culture, totem de Macron

Dati veut une réforme profonde du Pass Culture, totem de Macron 11/10/2024 20:35 | AFP | 299 ... Voir l'article

Le Point, no. 2726
Culture, jeudi 31 octobre 2024 1343 mots, p. 92,93

Le bourreau, son fils et la survivante

Jean-Luc Wachthausen, Valérie Marin La Meslée, Marine de Tilly, Florence Colombani, Elise Lépine

Le face-à-face est historique et émouvant : Hans Jürgen Höss, 87 ans, fils de Rudolf Höss, le commandant d'Auschwitz, rencontre huit décennies plus tard, dans sa maison londonienne, une survivante de l'orchestre des femmes du camp, la violoncelliste Anita Lasker-Wallfisch, 99 ans. D'un côté, le fils du bourreau responsable de la mort de 1 million de Juifs ; de l'autre, la victime qui avoue : " La musique m'a sauvé la vie. " Un mur du camp, entre l'horreur et la vie ordinaire, les séparait. Plus que les mots, leurs regards en disent long sur ce passé qui les hante. C'est l'un des temps forts du puissant documentaire de Daniela Völker, L'Ombre du commandant, qui fait écho au film glaçant de Jonathan Glazer, La Zone d'intérêt (primé à Cannes et aux Oscars 2023) qui montrait la vie bienheureuse du chef du camp et de sa famille. " On ne parlait pas d'Auschwitz dans ma famille, reconnaît aujourd'hui son petit-fils, Kai Höss. Mais c'est un fait : mon grand-père était le plus grand tueur de masse de l'Histoire. Auschwitz était l'oeuvre de sa vie. " La sidération est palpable sur le visage de Jürgen découvrant les chambres à gaz, lui qui révèle avoir passé " une enfance idyllique " à quelques centaines de mètres de là. Sa soeur témoigne : " Nous avons eu des parents merveilleux. "À travers cette rencontre exceptionnelle, deux générations sont confrontées à la banalité du mal définie par Hannah Arendt. Difficile de " pardonner ce qui est arrivé ", selon Anita, qui confie malgré tout : " Il faut passer à l'étape suivante. Il ne s'agit pas de ce que nous avons fait mais de ce que nous faisons maintenant. " La réflexion est d'actualité

" L'Ombre du commandant ", de Daniela Völker. En salle le 6 novembre.

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8 octobre 2024 566 mots
Aussi paru dans
8 octobre 2024 - AFP - Infos Françaises La Croix (site web) Corse Matin (site web) AFP Stories (français) Yahoo! Finance France (site web réf.) MSN (France) (site web réf.) RTL Info (site web réf.)
France: l'humoriste Gad Elmaleh reprend un emblématique cabaret parisien

Publié le 08 oct. 2024 à 16:14, mis à jour le 08 oct. 2024 à 16:16 Paris (AFP) - L'acteur et humoriste Gad Elmaleh va racheter le cabaret transformiste... Voir l'article

Le Devoir
Culture, mardi 3 décembre 2024 1164 mots, p. B7

Roi de l’Europe sans couronne ni prétention

ANDRÉ LAVOIE

COLLABORATEUR LE DEVOIR

La Cinémathèque québécoise célèbre le 100e anniversaire de naissance d’un géant, l’acteur italien Marcello Mastroianni

Il fut métallo, maçon, étu-diant en architecture, pri-sonnier dans un camp de travail en Allemagne pen-dant la Deuxième Guerre mondiale, commis de bu-reau, figurant, bref, un peu de tout avant que son prénom suffise à le définir. Car Marcello Mastroianni (19241996) était autant une icône qu’un acteur, portant sur ses épaules la gloire du cinéma italien d’après-guerre, de même que celle du cinéma européen et de ses plus dignes représentants, de Theo Angelopoulos (L’apiculteur, Le pas suspendu de la cigogne) à Manoel de Oliveira (Voyage au début du monde) en passant par Nikita Mikhalkov (Les yeux noirs).

Federico Fellini, le cinéaste maestro qui fera de lui une star internationale, le résumait ainsi:«C’est l’Italien sympathique sur lequel on projette ce qu’il y a de meilleur en nous et à qui on pardonne tous les défauts parce qu’ils sont les nôtres.»Nous aurons l’occasion de le vérifier du 4 décembre au 15 janvier puisque la Cinémathèque québécoise consacre une rétrospective, forcément incomplète, à cet acteur dont la filmographie compte près de 150 titres.

Celui dont on a dit qu’«il n’était pas capricieux, sauf en ce qui concerne la nourriture», selon l’historien du cinéma Jean Antoine Gili, a vite affiché un éclectisme déroutant dans le choix de ses rôles, cherchant à égratigner l’étiquette de Latin Lover qui lui a toujours collé à la peau depuis La dolce vita (1960), de Fellini. Dans le premier film de ce tandem d’exception, son image de dandy va se cristalliser, et ne jamais disparaître complètement, Mastroianni devenant à lui seul le symbole d’une Italie nouvelle, triomphante, que le monde entier enviait.

Trajectoire fulgurante

Le fait demeure incontestable:Mastroianni doit beaucoup, tout, diront certains, à Fellini. La suite de leur collaboration l’illustre avec éclat dans Huit et demi (1963), La cité des femmes (1980), Ginger & Fred (1986), Intervista (1987) — tous inclus dans la rétrospective. Mais il a eu d’abord eu droit aux bons conseils de Luchino Visconti ; à titre de metteur en scène, le réalisateur de Mort à Venise l’a fait monter sur les planches pour défendre Shakespeare, Anton Tchekhov, Tennessee Williams et Arthur Miller. Si leur association cinématographique n’a guère marqué les esprits (L’étranger, 1967, et White Nights, 1957), elle a donné à Mastroianni les outils nécessaires pour peaufiner les rudiments de son métier.

Mais tout n’était pas que technique chez Mastroianni, souligne le cinéaste Paul Tana. «Sa grandeur comme acteur, c’était sa compréhension intuitive du jeu, la précision de chacun de ses gestes dans chaque scène et, bien sûr, sa photogénie indiscutablement extraordinaire», affirme celui qui est également professeur de cinéma à l’UQAM.

Le réalisateur de Caffe Italia, Montréal (1985) et La sarrasine (1992) se souvient de son premier contact cinéphilique avec Mastroianni et Fellini. «C’était dans les années 1960, à l’époque où il y avait un cinéma à la Place Ville Marie qui présentait des films étrangers soustitrés. J’ai vu Huit et demi, et je me souviens autant de Mastroianni que de Sandra Milo, qui incarnait sa maîtresse ! Il y a une scène mémorable où Mastroianni l’attend dans une gare.»Pour Paul Tana, cette image romantique de l’acteur a peu à peu laissé sa place à quelque chose de plus profond. «Au-delà de son côté débonnaire, et à travers ses personnages mythiques, dont chez Fellini, il s’est transformé en héros existentialiste.»Il en fut d’ailleurs un pour plusieurs générations de spectateurs, comme en témoigne Carlo Mandolini, enseignant en cinéma et en histoire de l’art au collège André-Grasset. «Enfant, j’avais le sentiment de le connaître, et de tout savoir du cinéma italien, grâce à mon père qui m’en parlait avec passion. Un de mes premiers souvenirs de lui comme acteur, c’est dans Nous nous sommes tant aimés [d’Ettore Scola, 1974], où il reprend son personnage de La dolce vita devant la fontaine de Trevi.»

L’Italie à lui tout seul

Carlo Mandolini a ainsi grandi avec un Mastroianni différent, et forcément vieillissant, même si Fellini en a fait une figure immortelle. «Il affiche toujours une allure extraordinaire, se présente comme un être très chaleureux, et constitue l’incarnation de la grande tradition de la commedia dell’arte transposée au cinéma, où le rapport au corps est très important.»À ce chapitre, les exemples de films marquants abondent. «C’est particulièrement évident dans Drame de la jalousie [d’Ettore Scola, 1970] où il interprète un personnage qui craque de partout, complètement vide, laissant percevoir une certaine folie, tout comme chez Monica Vitti, avec qui il forme un duo extraordinaire.» Celui qui incarnera aussi bien un homosexuel (Une journée particulière, d’Ettore Scola, 1977) qu’un impuissant (Le bel Antonio, de Mauro Bolognini, 1960) détestait être qualifié de séducteur (après avoir séduit Silvana Mangano, Jacqueline Bisset, Anouk Aimée, Raquel Welch, Sophia Loren, Nastassja Kinski et Catherine Deneuve, la mère de sa fille, Chiara ?). Peut-être représentait-il surtout une métaphore de l’Italie de la deuxième moitié du XXe siècle.

C’est le constat de Carlo Mandolini. «On peut faire de sa carrière une lecture politique. Dans les années 1950 et 1960, c’est le symbole de l’élégance, du héros à qui tout réussit… tout en étant incapable d’affirmer son humanité, trop soucieux des apparences. À mesure qu’il vieillit, et que la société italienne ne tient plus ses promesses, Mastroianni n’hésite pas à incarner des prolétaires, question de montrer que cette société ne fonctionne plus du tout.»Or, c’est tout le contraire dans son royaume de cinéma, tournant sans relâche un peu partout sur la planète, même aux États-Unis sans maîtriser l’anglais, qualifié par Faye Dunaway de «roi de l’Europe». La célèbre actrice a elle aussi succombé à son charme pendant le tournage du Temps des amants (1969), de Vittorio De Sica, et elle ne pouvait mieux résumer la grandeur de Marcello Mastroianni.

Marcello Mastroianni À la Cinémathèque québécoise, du 4 décembre au 15 janvier Marcello Mastroianni en quelques citations «À force d’être aujourd’hui quelqu’un et demain quelqu’un d’autre, on risque de ne plus savoir qui on est.» «J’ai une grande facilité à me dépouiller de moi-même.» «Être acteur, c’est un métier formidable, un métier de gitan de luxe.» «Le métier d’acteur est un métier de menteur qui permet de continuer à faire l’enfant pendant toute la vie.» «J’ai maintenant soixante-douze ans et on continue à m’appeler Latin Lover. Mais pour qui me prendon ? Un phénomène de foire ?»

Le Devoir
Culture, mercredi 6 novembre 2024 1101 mots, p. B7

La cure de jeunesse d’un vieux festival

OLIVIER DU RUISSEAU

LE DEVOIR

Le grand rendez-vous de cinéma francophone célèbre ses 30 ans et les 10 ans en poste de son directeur général

Cette année marque un double anniversaire symbolique pour le festival de films francophones Cinemania. L’organisme, qui célèbre ses 30 ans, entame aussi mardi sa dixième édition sous la direction générale et artistique de Guilhem Caillard. Depuis 2014, ce Français d’origine a propulsé le festival autrefois très modeste au rang des événements culturels les plus courus de la métropole.

«L’an dernier, on a enfin franchi la barre des 100 000 entrées, se réjouit l’ambitieux directeur. C’est entre autres parce qu’on a augmenté le nombre de films que l’on présente. En 1995, on projetait dix films en quatre jours. À ma première année en poste, c’était devenu 38 films en 10 jours. Aujourd’hui, on propose fièrement 120 films en 11 jours, et on n’a pas l’intention de ralentir la cadence.»Guilhem Caillard rappelle toutefois qu’il ne mesure pas le succès de son festival au nombre de films qu’il programme. Sa plus grande fierté demeure d’avoir «déshexagonalisé»l’événement, dit-il. «Quand j’ai rejoint Cinemania, on s’identifiait déjà comme un rendez-vous de cinéma francophone, mais on ne présentait que des films français. On sensibilise désormais le public québécois au cinéma belge, suisse et luxembourgeois, mais aussi au septième art tunisien ou algérien.»

Dépoussiérage

C’est pourquoi, depuis cinq ans, Cinemania propose chaque année une sélection spéciale axée sur un pays francophone en particulier. Cette fois, pour «faire écho aux origines du festival et célébrer la nouvelle génération de cinéastes de l’Hexagone», la France est à l’honneur, explique M. Caillard.

«Le cinéma français s’est vraiment dépoussiéré récemment, renchérit-il. L’industrie s’ouvre non seulement à de nouvelles voix féminines, aux personnes racisées et à la diversité sexuelle, mais elle forme aussi de jeunes talents qui arrivent désormais à présenter leurs premiers longs métrages au Festival de Cannes.»Le directeur artistique est particulièrement fier d’avoir sélectionné Vingt dieux, premier long métrage de Louise Courvoisier, Prix de la jeunesse de la section Un certain regard au dernier Festival de Cannes. Tandis que le cinéma hexagonal s’ouvre de plus en plus à ses régions éloignées, ce film tourné avec des acteurs non professionnels dépeint l’aliénation d’un groupe de jeunes agriculteurs dans le Jura.

Cinemania présente par ailleurs Regards sur le nouveau cinéma corse, un programme de trois films de cinéastes français bien établis, reflétant l’histoire et les enjeux politiques actuels de l’île méditerranéenne. Parmi eux, À son image, de Thierry de Peretti, sélectionné à la dernière Quinzaine des cinéastes du Festival de Cannes, raconte «l’épopée romantique»d’une photojournaliste avec un militant indépendantiste corse. «Un film magnifique», souligne Guilhem Caillard.

Invités de marque

L’événement mise ainsi à la fois sur des propositions plus pointues et des titres phares qui contribuent à sa popularité grandissante. Guilhem Caillard l’assume complètement. «C’est en faisant venir des figures très célèbres comme Franck Dubosc (Un ours dans le Jura) et Tahar Rahim (Monsieur Aznavour) que l’on arrive ensuite à faire découvrir du cinéma francophone plus champ gauche.»Les invités de marque favorisent aussi selon lui le succès du festival auprès des jeunes. Avant qu’il n’arrive en poste, Cinemania était réputé pour attirer un public vieillissant, surtout friand de comédies populaires françaises. «Il y a dix ans, 4 % des spectateurs avaient moins de 30 ans, souligne Guilhem Caillard. L’an dernier, on a franchi la barre des 20 %. Ça m’insupporte que l’on dise que les jeunes ne vont pas au cinéma, il faut seulement aller les chercher, comme tout le monde.»Les nombreuses initiatives du directeur visant à faire connaître Cinemania, dont la création de partenariats avec des délégations culturelles francophones de partout dans le monde, ainsi qu’avec d’autres festivals montréalais, ont été saluées par les organismes subventionnaires.

«Nous avons connu la meilleure progression de tous les festivals au niveau des financements publics, dit-il. En 2014, on n’avait qu’une seule subvention de 2000 $du Conseil des arts de Montréal. Et cette année, on reçoit 150 000 $de la SODEC, le gouvernement du Québec contribuant au quart de notre budget.»

Contexte favorable

L’organisme bénéficie en parallèle d’un contexte politico-culturel qui lui est favorable. Alors que les échanges entre le Québec et la France n’ont jamais été aussi importants, le public — majoritairement québécois, certes, mais comprenant également nombre d’expatriés français — devient «de plus en plus diversifié», observe M. Caillard.

«Nous avons aussi accès à un plus vaste bassin de films, tandis que les coproductions internationales entre les pays francophones augmentent», dit-il. À l’image de cette tendance, Bergers, de Sophie Deraspe, présenté en ouverture, est un film québécois entièrement tourné en France, avec des comédiens français. «Cette histoire géniale, précise-t-il, incarne tout à fait notre volonté de faire se rencontrer les cultures francophones du monde.»C’est d’ailleurs ce qui motive le directeur à rester en poste après toutes ces années, même s’il se dit «plus fatigué, comme tout le milieu culturel, depuis la pandémie». Ne sachant pas combien d’années supplémentaires il pourrait rester à la barre de l’événement, Guilhem Caillard estime avoir «encore énormément de travail à faire pour faire briller la francophonie, que ce soit à Cinemania ou ailleurs».

À voir à Cinemania

Le festival compte trois compétitions de longs métrages. Nous avons demandé à Guilhem Caillard de nous faire connaître ses coups de coeur parmi chacune d’elles.

Dans la compétition Nouveaux visages de la francophonie, consacrée à «la production francophone internationale», il recommande

La Pampa, d’Antoine Chevrollier. «Un film touchant sur la jeunesse française et l’amitié entre deux adolescents en région.»

En cinéma québécois, le directeur artistique raconte avoir été impressionné par Comme le feu, de Philippe Lesage, «son film le plus abouti à ce jour»selon lui. «C’est aussi, dit-il, la plus grande performance de Paul Ahmarani, l’un de nos meilleurs acteurs.»

Et dans la compétition de documentaires, il affirme avoir été séduit par La passion selon Béatrice, de Fabrice Du Welz. L’actrice Béatrice Dalle, qui sera à Montréal pour présenter le film, y revisite les lieux de tournages de Pier Paolo Pasolini, dans une «épopée fascinante aux accents oniriques».

CINEMANIA

Acadie Nouvelle
Arts et Spectacles, vendredi 18 octobre 2024 429 mots, p. 11

Un projet visant à mettre le cinéma québécois au service de la francisation est lancé

La Presse Canadienne

EN BREF

Imaginez si vous alliez vivre dans un pays étranger, que vous suiviez des cours pour apprendre la langue qui y est parlée et que, dans le cadre de ces cours, on discutait avec vous de films de ce pays qui en reflètent les couleurs, qu’on vous présentait des bandes annonces et finalement qu’on vous emmenait les voir dans un cinéma pour en discuter ensuite avec des gens de la place.

C’est là, en quelques mots, la nature du projet «Voir le cinéma québécois, c’est l’adopter»lancé par l’Association des cine´mas paralle`les du Que´bec (ACPQ), qui répondait ainsi à un appel à projet de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) visant à élargir l’auditoire du cinéma québécois. Le projet cible les groupes et les classes de francisation et d’alphabe´tisation à travers le Québec.

«On a pensé aux nouveaux arrivants, parce que l’immigration est importante au Québec et souvent on manque de ressources, on manque de moyens. On s’est dit que si on mettait nos membres à contribution, qu’on faisait une sélection de films, qu’on développait pour chacun de ces films un cahier d’accompagnement et qu’on allait chercher des groupes qui travaillent en francisation, en alphabétisation, avec les réfugiés, le cinéma pourrait devenir un facteur important, un élément intéressant d’intégration sociale», explique le coordonnateur du projet, Éric Perron, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Les organisateurs ont ainsi sélectionné 12 films québécois en se fixant quelques balises orientées dans un esprit d’intégration. «On ne voulait pas aller dans les classiques du cinéma québécois, même si c’est important de les découvrir, mais on voulait montrer la société actuelle. Donc ces gens-là arrivent dans la société et voici du cinéma qui représente la société québécoise d’aujourd’hui.»Évidemment, préparer une telle liste implique des choix déchirants, mais là encore on s’est donné quelques critères. «Ce sont des films d’auteur. On voulait des documentaires, on voulait deux ou trois films sur la culture autochtone. C’était important pour nous aussi que 50% des films soient réalisés par des femmes, parce que c’est la réalité du cinéma au Québec», poursuit-il.

Les 12 fils choisis sont:Antigone, Avant les rues, Godin, Le goût d’un pays, Jeune Juliette, Jour de merde, Le meilleur pays du monde, Nadia Butterfly, Nin e Tepueian:mon cri, Solo, Une colonie et Vampire humaniste cherche suicidaire consentant.

Le Point, no. 2727
Culture, jeudi 7 novembre 2024 1244 mots, p. 94,95

Mélancolie lituanienne

Samuel Dufay

Sans bien savoir pourquoi, un homme désenchanté, hanté par le fantôme d'une femme aimée, s'aventure en Lituanie. À Vilnius, grisé par une " effervescence diffuse ", il savoure son dépaysement entre les colonnades de style grec, les relents de betterave cuite et les sonorités d'une langue inconnue. Bien vite, sa déambulation le conduit sur les traces d'une mémoire juive effacée par le nazisme puis l'occupation soviétique... Adepte des récits de voyage, Thierry Clermont, plume du Figaro littéraire, avait déjà exploré, dans de précédents livres, Venise, l'Irlande ou encore La Havane. Il signe avec Vilna Tango une balade sensible et introspective, rédigée de la même plume élégante que ses critiques du jeudi. Des fantômes hantent ces pages consacrées aux ruelles pavées de l'ancien quartier juif ou à la forêt de Ponary, où 100 000 personnes furent victimes de la Shoah par balles. Les références culturelles abondent dans cette promenade où l'écrivain approfondit le mystère d'un pays aussi attachant que malmené par l'Histoire et qui reste, aujourd'hui encore, sous la menace de la Russie

" Vilna Tango ", de Thierry Clermont (Stock, 266 p., 20,90 E).

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
15 novembre 2024 872 mots
Au-delà des années, l’incroyable popularité de Gad Elmaleh qui a repris l’ancien cabaret de Michou

Acteur et humoriste apprécié du public francophone depuis bientôt 30 ans, Gad Elmaleh a sans cesse de nouveaux projets. À commencer par le rachat du cabaret de Michou, placé en liquidation... Voir l'article

Ouest-France (site web)
cinema, dimanche 10 novembre 2024 - 19:11 UTC 234 mots
Aussi paru dans
10 novembre 2024 - Maville (site web réf.)

Le handballeur Jackson Richardson à Carentan pour la projection d’un documentaire aux Egaluantes

Emilie MICHEL.

Le handballeur français Jackson Richardson est l’invité surprise de la 9e édition des Egaluantes, à Carentan-les-Marais (Manche). Il est attendu au festival de cinéma à l’occasion de la projection d’une série documentaire intitulée Handball, une histoire de familles.

Les organisateurs du festival de cinéma Les Egaluantes, qui aura lieu du jeudi 21 novembre 2024 au dimanche 24 novembre 2024 à Carentan-les-Marais (Manche), annoncent la venue de nouveaux invités.

Le handballeur français Jackson Richardson présentera, avec son réalisateur Clément Brin, la série-documentaire Handball, une histoire de familles. Les deux premiers épisodes de cette série disponible sur Canal+ (MyCanal) seront projetés dimanche 24 novembre 2024.

Une avant-première du nouveau film d’Edouard Pluvieux

Attendu aussi, le podcasteur normand Guillaume Pley. Il présentera le film Jamais sans mon psy, samedi 23 novembre 2024, ainsi qu’une autre avant-première ajoutée à la programmation, dimanche 24 novembre 2024 : celle du film Y’a pas de réseau, du réalisateur Édouard Pluvieux (qui signait la comédie 14 jours pour aller mieux, présentée l’an dernier aux Egaluantes). À l’affiche de ce long-métrage : Gérard Jugnot, Maxime Gasteuil et Zabou Breitman.

L'Yonne républicaine (site web) - lyonne.fr
vendredi 22 novembre 2024 - 09:30:20 -0000 451 mots

La Ville de Joigny veut adhérer au Pass Culture

Centre France

L’adhésion de la Ville de Joigny au Pass Culture permettra d’y inscrire la médiathèque, le conservatoire et enfin la salle Claude-Debussy.

Quatre ans après sa généralisation par l’État en 2021, la municipalité jovinienne prend le chemin de l’adhésion au dispositif Pass Culture destiné à favoriser l’accès à la culture pour les jeunes. Les élus ont approuvé le principe à l’unanimité, jeudi 21 novembre 2024.

L’adhésion permettra d’élargir l’offre culturelle éligible au Pass sur la commune. Les sites concernés seront la médiathèque Olympe-de-Gouges pour les emprunts de livres, de DVD… Le conservatoire pour les inscriptions aux cours, mais aussi la salle Claude-Debussy pour assister à des spectacles et concerts des Vendredis Debussy , détaille Anne Mielnik-Meddah, l’adjointe au maire à la culture.

Faciliter le repérage de l’offre culturelle

La convention actée, ces établissements figureront alors sur l’application de géolocalisation du Pass Culture. Cette application représente un vrai plus, note-t-elle. Les jeunes pourront intégrer ces lieux dans leurs choix.

Le Pass peut être déjà utilisé dans Joigny. Notamment au cinéma Agnès-Varda depuis 2021, poursuit-elle. La librairie indépendante Au Saut du livre a également adhéré au dispositif. À l’extérieur, d’autres établissements l’acceptent comme la salle de cabaret migennoise L’Escale ou encore le cinéma Le Prisme, toujours dans la cité cheminote.

Maëel Geffroy, le jeune pianiste autodidacte qui anime une galerie d'art à Joigny

Le Pass Culture concerne la tranche d’âge de 15 à 18 ans. Les jeunes (scolarisés ou non) bénéficient d’un crédit sur l’année leur permettant d’accéder à des biens et des services culturels via leur part, dite individuelle (l’autre, dite collective, étant réservée aux activités d’éducation artistique et culturelle en classes, NDLR) : places de cinéma, de concert, billets d’entrée de musée, livres… Il varie selon l’âge : 20 euros pour ceux de 15 ans et 30 pour les 16-17 ans. Les jeunes de 18 ans bénéficient de leur côté d’un crédit de 300 euros, à dépenser durant deux ans.

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Une adhésion effective en 2025

Ce dispositif est porté par l’État et mis en œuvre par la société Pass Culture. Son objectif est d’encourager la diversité des pratiques artistiques et culturelles et de favoriser la connaissance et l’accès aux offres culturelles de proximité, valorisant ainsi la richesse culturelle du territoire. J’espère qu’il pourra devenir effectif chez nous début 2025 , conclut l’élue.

Détruit par un incendie, le magasin de bricolage Weldom a rouvert ses portes à Saint-Florentin

Pierre-Emmanuel Erard

Cet article est paru dans L'Yonne républicaine (site web) - lyonne.fr

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
1 novembre 2024 539 mots
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1 novembre 2024 - Libération (site web)
Le top 10 de la semaine du service Culture : «Anora», «l’Amante anglaise», «Song of a Lost World»...

Perdus au multiplex, hagards à la librairie, déboussolés devant les plateformes de streaming… Vous ne savez que voir, lire, écouter, faire en cette fin de semaine ? La team Culture vous donne... Voir l'article

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
18 novembre 2024 565 mots
“Ça me gêne un peu” : pourquoi le choix de Jean Gabin pour le film Maigret tend un piège a-t-il posé un sérieux problème à Georges Simenon ?

Personnage emblématique du genre policier créé par Georges Simenon, Jules Maigret est à l'honneur sur Arte le lundi 18 novembre 2024. À 20h55, la chaîne diffuse le film Maigret tend... Voir l'article

Le Point, no. 2729
Culture, jeudi 14 novembre 2024 1183 mots, p. 114,115

Exposition La beauté Ba

Valérie Marin La Meslée

Tapis de plumes et d'écorces, personnages habités, animaux puissants, festival de matières, de formes et de couleurs, l'orange et le bleu surgissant du noir en une floraison, les toiles du Sénégalais Omar Ba exposées à la galerie Templon créent un monde d'autant plus merveilleux qu'il est inspiré ici par un conte de la tradition orale africaine. Six ans après sa première exposition parisienne, l'artiste, qui vit entre son pays natal et la Suisse, est de retour avec un travail de près de deux années en immersion dans le récit initiatique peul Kaïdara, qu'un des plus grands écrivains du continent, Amadou Hampâté Bâ (1901-1991), auteur d 'Amkoullel, l'enfant peul, a transcrit en vers libres. Cette rencontre magnifique est née sous le toit de la maison d'édition Diane de Selliers pour un beau livre, dont 28 tableaux illustrant le cheminement de trois compagnons jusqu'à la figure de la sagesse se découvrent dans cette exposition historique. D'un Bâ à un Ba

Galerie Templon, 28, rue du Grenier-Saint-Lazare, Paris. Jusqu'au 21 décembre.

La République des Pyrénées (site web)
Accueil Pyrénées-Atlantiques Mauléon-Licharre, dimanche 3 novembre 2024 209 mots

Mauléon-Licharre : un spectacle qui parle à toutes les générations

La pièce « Mais t'as quel âge ? » sera jouée vendredi 8 novembre au cinéma Maule Baitha.

Le prochain spectacle de la saison culturelle en Soule aura lieu vendredi 8 novembre à 21h au cinéma Maule Baitha avec la piè...

Le prochain spectacle de la saison culturelle en Soule aura lieu vendredi 8 novembre à 21h au cinéma Maule Baitha avec la pièce « Mais t'as quel âge ? ».

De nombreux rendez-vous sont proposés pour découvrir les métiers de l'industrie, dès le mardi 5 novembre.

Il s'agit d'une pièce de théâtre pleine d'humour sur les générations, leur relation, leurs différences, leur incompréhension... « Aujourd'hui, les jeunes sont en PLS, les autres ne comprennent pas ce mot. Les premiers jurent par Snapchat, les seconds tentent fièrement d'utiliser WhatsApp. Jeune ou vieux tout est relatif. Une chose est sûre, vous appartenez à une génération et vos petites manies vous ont dénoncés. »

Marion Pouvreau, prix Meilleur espoir au Festival Avignon Off, propose ainsi plus d'une heure de show. Après 200 représentations, le spectacle qui parle à toutes les générations sera donc à Mauléon en ce début du mois de novembre.

Les places sont en vente à la mairie de Mauléon (de 5 à 12 euros au tarif plein).

Cet article est paru dans La République des Pyrénées (site web)

Maville (site web réf.) - Hyères Maville
15 octobre 2024 511 mots
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15 octobre 2024 - Ouest-France (site web)
Les Ateliers ciné de Grand Lieu veulent démocratiser le 7e art . Cinéma

Cinéma Hyères Les Ateliers ciné de Grand Lieu veulent démocratiser le 7e art - Mardi 22... Hyères Mardi 15 octobre 2024 19:07 Les Ateliers ciné de Grand Lieu veulent démocratiser le... Voir l'article

Le Temps
Culture, mercredi 23 octobre 2024 585 mots, p. 17

Dans « The Outrun », une femme retrouve le nord

8057

CINÉMA Récit d'une guérison qui se joue entre Londres et les confins de l'Ecosse, le film de Nora Fingscheidt est porté par une sensationnelle Saoirse Ronan

8057

Après des études de biologie suivies de désillusions à Londres, Rona retourne dans les Orcades, cet archipel qui l'a vue grandir, tout au nord de l'Ecosse. Malgré le rude travail auprès de son père éleveur de moutons, les souvenirs envahissent cette jeune femme de pas encore 30 ans, remontant de son enfance et d'un passé plus récent. Elle qui avait tant rêvé de liberté et aimé faire la fête l'a payé au prix fort en sombrant dans la dépendance à l'alcool et en perdant un grand amour. Peut-on se relever de ça?

Tiré d'un roman-témoignage best-seller en 2016 (L'Ecart, d'Amy Liptrot), The Outrun est un film comme on n'en voit plus guère. Modeste et sincère mais aussi stylistiquement complexe, échappant au formatage insidieux aussi bien du cinéma pour festivals que de divertissement. Un genre en voie de disparition? Voilà qui résonne avec le titre, qui désigne à la fois la ferme paternelle et le fait d'échapper en courant plus vite et plus loin. Mais aussi avec cet autre travail qui aidera Rona à retrouver du sens: la protection d'espèces menacées sur l'île la plus reculée des Orcades.

Plus loin, moins fort

Il aura fallu Nora Fingscheidt, cinéaste allemande surgie en 2019 avec le formidable Benni et dont on aurait aimé voir sur grand écran le drame de la réinsertion The Unforgivable (avec Sandra Bullock, 2021, que Netflix a soustrait au cinéma), pour réussir cette adaptation. Sa mise en scène dynamique transforme ce qui aurait pu devenir un drame plombant en une expérience palpitante, le travail remarquable sur le son venant compenser un certain surdécoupage. Elle aura aussi trouvé en l'Irlandaise Saoirse Ronan (Hanna, Lady Bird, Little Women) l'interprète idéale, parfaitement crédible dans tous les états de son personnage.

Pour une fois, l'alternance entre présent et passé paraît aussi bien gérée que justifiée, laissant émerger un portrait plein de nuances. Son lourd héritage comme fille d'un père bipolaire (Stephen Dillane) et d'une mère qui s'est réfugiée dans la religion (Saskia Reeves) n'est sans doute pas pour rien dans l'addiction qui a gâché la relation entre Rona et Daynin (Paapa Essiedu, acteur noir de la Royal Shakespeare Company). « Je ne pense pas pouvoir être heureuse sobre », résume-t-elle à un confrère des Alcooliques anonymes. Et pourtant, elle fera un bon choix en s'exilant sur cette île aux confins du monde, réussissant - avec l'aide d'internet et d'un minimum de chaleur humaine - à y survivre à un hiver rigoureux.

Renouer avec cette belle dureté, des gens comme de la nature, ses mythes (les phoques rebaptisés selkies) et ses mystères (une espèce d'oiseau disparue), va lui permettre de renaître plus patiente, plus tolérante, plus confiante. Relatant pour The Guardian l'expérience troublante de cette adaptation, Amy Liptrot conclut: « Rona est une meilleure version de moi que moi. Elle donne une performance plus convaincante, ses émotions sont plus authentiques, ses motivations mieux définies, ses expériences plus profondément ressenties. Au fond, je n'ai sans doute jamais été aussi engagée qu'en écrivant ce rôle. » Magie du cinéma. N. C.

The Outrun, de Nora Fingscheidt (Royaume-Uni, Allemagne, 2024), avec Saoirse Ronan, Saskia Reeves, Stephen Dillane, Paapa Essiedu, Nabil Elouahabi, 1h57.

« Rona est une meilleure version de moi que moi. Je n'ai sans doute jamais été aussi engagée qu'en écrivant ce rôle »

AMY LIPTROT, AUTRICE DU ROMAN « THE OUTRUN »

Le Soir
GENERALE
Culture, samedi 19 octobre 2024 1035 mots, p. GENERALE24

cinéma

« Les miennes », un voyage intime aux confins de la famille

Sarah Saadi-Garcia

Avec « Les miennes », Samira El Mouzghibati propose un premier film documentaire intime, un voyage introspectif entre la Belgique et le Rif marocain où elle dresse le portrait complexe de sa mère et de ses quatre sœurs. Une œuvre personnelle et teintée de réflexions universelles.

Critique

Sarah Saadi-Garcia

La famille est un paradoxe. Elle construit l’identité, définit le rapport au monde et aux autres, mais génère aussi des questions et des contradictions qui peuvent durer toute une vie. Avec Les miennes, Samira El Mouzghibati décide de partir à la rencontre de ces paradoxes en filmant les siens, ou plutôt les siennes, sa mère et ses quatre sœurs dont elle est la cadette.

« Ce film partait d’une quête personnelle, je me suis attaquée aux questions les plus dures de ma vie. » Si elle a toujours aimé filmer ses parents et ses sœurs, plus jeune, pour le plaisir, ensuite avec un regard plus acéré lors de ses études de cinéma, l’envie de réaliser arrive lorsqu’elle tombe enceinte d’une petite fille : « J’ai été perturbée d’apprendre que ce serait une fille et j’ai eu besoin de comprendre pourquoi j’avais un rapport aussi complexe à l’identité féminine. Pour ça, il fallait que je creuse du côté des femmes de ma famille. » Elle décide alors de placer sa caméra dans le salon familial avec l’intention de créer un dialogue avec ses parents, tous deux originaires de la région du Rif au Maroc et venus vivre en Belgique dans les années 1960. Un dialogue aux airs de quête, voire de thérapie, qu’elle entame avec la complicité de ses grandes sœurs, sans vraiment savoir ce qu’elle allait recevoir en soulevant cette pudeur.

Tout sur sa mère

La première scène donne le ton : la famille est rassemblée dans le salon, convoquée par la cinéaste. Si les sœurs et le père se prêtent au jeu en répondant sans trop d’hésitation aux questions concernant la famille et son passé, les larmes muettes de la mère surviennent rapidement. Des larmes dont les origines et le sens se révèlent tout au long du film.

Cette mère, comme tant d’autres, est le pilier et le cœur névralgique de la famille. Pour l’illustrer, Samira El Mouzghibati clôt la scène en lisant un hadith (texte issu du recueil des actes et paroles du prophète Mohammed, NDLR) : « J’ai lu qu’une personne était venue voir le prophète et lui a demandé : Qui est la personne qui mérite le plus que je lui tienne compagnie ? Il lui a répondu : Ta mère. Et qui encore ? Il lui a répondu : Ta mère. Il dit : Et qui encore ? Il lui a répondu : Ta mère. »

De prime abord, le dialogue entre cette mère et ses filles semble contraint par des incompréhensions réciproques. D’un côté, une femme qui a dû quitter sa région natale pour s’exiler dans un pays dont elle ne connaissait ni la culture ni la langue, avec toutes les insécurités et la solitude qu’un tel déracinement peut générer. De l’autre, cinq filles nées en Belgique qui grandissent avec d’autres schémas de pensées et de valeurs, et une envie irrépressible de liberté et d’indépendance. Des sentiments qu’elles cultivent ensemble lors de discussions nocturnes pleines d’humour et de complicité sororale. Une complicité dont leur mère semble exclue tant la distance entre elles est grande. C’est cette distance que Samira El Mouzghibati s’emploie à réduire lorsqu’elle décide de suivre ses parents lors d’un voyage au Maroc, et particulièrement sa mère, caméra au poing, dans son village natal du Rif.

Mondes parallèles

Là-bas, aux confins de paysages secs et colorés, peu filmés et dont les archives sont rares, le temps semble s’étirer et être propice à ces siestes d’été dont les Méditerranéens ont le secret, celles qui annulent les heures les plus chaudes de la journée. Là-bas aussi, sa mère semble enfin se déployer. On découvre ses rires francs, son esprit malicieux et taquin et son amour pour les montagnes qui l’entourent. De retour dans son jardin, elle n‘est plus seulement une mère que ses filles trouvent parfois trop dure. Elle se révèle lorsqu’elle raconte son mariage, pas vraiment forcé mais pas vraiment choisi. Elle sourit lorsqu’elle caresse le figuier de son enfance et pleure en repensant à son père qu’elle n’a pas vu partir.

C’est perdue dans ce monde parallèle où elle a passé tous ses étés petite que la cinéaste réussit enfin à échanger avec sa mère, en rifain, sa langue maternelle, pour l’interroger sans la blâmer et pour tenter de comprendre ce qui unit ses sœurs et elle malgré les dissonances et les rancœurs. Il n’y a pas de véritable réconciliation parce qu’il n’y a jamais eu de rupture entre elles. Leur mère est un miroir, peut-être un peu cassé, dont chacune porte en elle un éclat. « J’ai fait ce film pour montrer nos complexités et nos nuances, celles qu’il y a dans de nombreuses familles belgo-marocaines. Mais aussi les différentes formes de liberté qu’on peut revendiquer. »

Des libertés aux formes fluides qui diffèrent pour chaque femme de la famille. La liberté de la mère qui s’épanouit dans la pratique de sa religion, mais aussi lors de balades en bord de mer avec son mari, ou encore lorsqu’elle refuse de « s’habiller à l’occidentale », préférant ses traditions. La liberté des sœurs qui divorcent et déménagent pour être plus libres encore. Et celle de Samira qui, lorsqu’elle donne naissance à ce projet, donne aussi naissance à sa fille, qu’elle nomme, comme un symbole, Houria, « liberté » en arabe.

Les miennes de Samira El Mouzghibati, actuellement en salles au Cinéflagey (27 octobre à 16 h, 29 octobre à 15 h, samedi 9 novembre à 16 h) et au Cinéma Galeries (20 octobre à 16 h 20 et 21 octobre à 15 h 50 et 19 h 20).

Le Soir
GENERALE
Culture, vendredi 11 octobre 2024 1597 mots, p. GENERALE19

l’expert « Les réseaux sociaux n’ont pas augmenté le harcèlement »

FABIENNE BRADFER

Je ne dis pas que les arts vont tout transformer maisça peut parler à nos tripes, à nos émotions. C’est très précieux pour pouvoir se mobiliser

entretien

FABIENNE BRADFER

Docteur en psychologie et professeur en sciences de l’éducation à l’UCLouvain, auteur de l’ouvrage Le harcèlement à l’école, publié en 2021, Benoit Galand nous explique que, globalement, le phénomène n’a pas l’air d’avoir beaucoup changé depuis les années 80 et que les réseaux sociaux sont une nouvelle donne qui, sur le fond, n’a pas l’air de changer fondamentalement les choses.

Le film belge TKT (T’inquiète) sur le harcèlement scolaire est sorti en salles ce mercredi. Sur ce sujet grave, le cinéma peut-il faire quelque chose ?

C’est très difficile de répondre à cette question d’un point de vue scientifique. Ce qu’on peut constater, dans les différents pays qui ont pris des mesures contre le harcèlement scolaire, c’est qu’à chaque fois que se pose la question de la parole publique, la question de mettre en avant des situations réelles ou fictionnelles de jeunes qui vivent ça, et les témoignages de jeunes ou de parents qui l’ont vécu, ça a fait avancer le débat public et les mesures politiques. Donc, c’est important qu’on en parle. Jusqu’il y a dix ans, ce n’était pas dans les radars, on n’en parlait pas beaucoup, c’était très difficile pour les victimes de se faire entendre, pour les parents d’enfants victimes de faire reconnaître la souffrance de leurs enfants, et que des choses soient faites pour que ça s’arrête. Dans ce sens-là, je pense que le fait que les arts, en général, et le cinéma, en particulier, s’emparent de ces questions, c’est important. Ça aide à nourrir les conversations, à alimenter cette réflexion sociétale sur « qu’est-ce qui est tolérable, pas tolérable ? », à rappeler que ce n’est pas la faute des victimes, que ce n’est pas à elles de trouver des solutions. Le cinéma comme d’autres arts peut amener d’autres perspectives pour les parents, les témoins, les professionnels, les enseignants. Je ne dis pas que les arts vont être révolutionnaires sur cette question, ils ne vont pas tout transformer, mais l’avantage par rapport à moi qui suis un scientifique qui se base sur l’observation et a un discours qui parle plutôt à la raison, c’est que ça peut parler à nos tripes, à nos émotions. C’est très précieux pour pouvoir se mobiliser. Les deux sont donc pour moi complémentaires. Je suis très heureux de ce genre de dynamique car ça peut aider tous ceux qui se battent pour la prévention.

En milieu scolaire, y a-t-il une vraie prise de conscience des enseignants ou y a-t-il encore beaucoup de travail à faire ?

Un peu des deux. Clairement, on voit que les choses ont évolué. Aujourd’hui, on en parle, il y a plus de choses qui sont mises en place dans les écoles. On a une vraie politique, en tout cas sur papier, de prévention et de lutte contre le harcèlement à l’école. Car un nouveau programme-cadre a été voté à la législature précédente en Fédération Wallonie-Bruxelles et il décrit vraiment ce qu’on attend des écoles, quelle politique, quel accompagnement. Donc ça bouge, mais ça prend toujours du temps.

Un prof emmène ses élèves voir TKT, c’est une bonne initiative, qui aide à la prévention ?

Super, cela reflète que les enseignants se préoccupent de ce sujet mais, ensuite, qu’est-ce que j’en fais de ce film ? Juste emmener voir un film, que ce soit sur le harcèlement, les questions climatiques, les questions d’éducation à la vie sexuelle, relationnelle… on sait que l’impact auprès des ados est proche de zéro. Il faut idéalement un travail en amont pour pouvoir décoder les choses. Il faut préparer les jeunes pour qu’ils puissent faire des liens avec leur réel. Ensuite, il faut accompagner. Qu’est-ce qu’on fait de ce moment partagé de cinéma ? Car il n’est probablement pas perçu par tous les jeunes de la même façon. Il faut que ce moment partagé s’inscrive aussi dans un travail à plus long terme, dans la réflexion qu’on a sur la dynamique de classe, sur l’accueil des élèves, sur le fonctionnement de l’école.

Dans votre ouvrage sur le harcèlement scolaire sorti en 2022, vous parlez d’une fourchette entre 10 et 30 % des élèves qui sont touchés par le harcèlement scolaire. Est-ce toujours d’actualité ?

Tout à fait. Ces chiffres ne sont pas anodins mais, au niveau européen, on constate une toute légère baisse au fil des années. Comme si la politique de prévention qu’on a mise en place avait l’air de fonctionner.

Existe-t-il un profil type du harceleur et du harcelé ?

C’est un peu trop simpliste de dire ça comme ça. Quand on creuse, on voit que les victimes sont plus souvent des jeunes qui sont un peu isolés dans le groupe ou des jeunes qui sont moins en confiance, moins bien dans leur peau à ce moment-là. Le problème, c’est qu’on ne sait pas si ça, c’est la cause du harcèlement ou la conséquence. Par contre, ce que la recherche ne soutient pas du tout, c’est l’idée d’être une victime parce que vous êtes blonde, plus petite, plus grosse, plus grande, etc. Les harceleurs et harceleuses vont profiter de tout ce qui vous distingue des autres dans le groupe pour essayer de vous mettre sur la touche. C’est souvent les circonstances. C’est très variable.

Où l’adulte peut-il prendre une place pour enrayer cette mécanique du harcèlement à l’école car les ados cloisonnent fort leur vie ?

Il y a au moins deux approches. En amont, la qualité de la relation nouée avec les élèves. Est-ce qu’ils me font relativement confiance ? Est-ce que je suis relativement ouvert et chaleureux ? Pour que quand il y a des problèmes comme ça, certains puissent se dire qu’ils peuvent en parler au prof. Cette relation de confiance est très importante. Dans tous les travaux de recherche qu’on fait, les enseignants sont vraiment importants dans la vie des ados, même s’ils ne le montrent pas. Il faut être très attentif à ça. Savoir quel modèle on montre comme adulte. Il y a aussi une question de présence et de vigilance. Le rôle des adultes est de veiller à leur sécurité, d’essayer d’être attentifs à ce qui se passe entre eux soit respectueux, d’être vigilants dans les espaces communs très peu investis par les adultes comme les couloirs, la cour de récré, les réfectoires. Travailler avec les éducateurs et éducatrices et ne pas laisser régner la loi de la jungle. Le harcèlement est une dynamique de pouvoir. Une stratégie, c’est d’impliquer des jeunes dans des rôles positifs. Leur donner du pouvoir, mais de manière constructive.

Quelle est la différence entre l’adolescente de La Boum, film des années 80, et une ado d’aujourd’hui comme Emma de TKT?

Les travaux de recherche sur le harcèlement ont commencé dans les années 80 dans les pays scandinaves. C’est intéressant car on a un peu de recul sur ce qu’ils avaient constaté à l’époque. Ce que ça démontre, c’est que, globalement, le phénomène n’a pas l’air d’avoir beaucoup changé. En Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est plutôt la préoccupation pour ce phénomène qui a grandi, le fait qu’on en parle clairement. Mais on n’a pas d’indices forts qui nous disent que l’adolescence avait l’air d’être fondamentalement différente dans les années 80. C’est plus le regard des adultes et le discours qu’on a autour qui ont changé.

Mais les réseaux sociaux ont quand même changé la donne ?

On manque de recul. Sur les réseaux sociaux, la dynamique qu’on peut comprendre du harcèlement, c’est qu’elle est très semblable à ce qui se passe en face-à-face. La dynamique de prise de pouvoir et d’abus de pouvoir est la même. Il faut donc voir les réseaux sociaux comme un nouvel espace où le harcèlement se prolonge. Mais ça n’a pas changé la nature du phénomène, la nature des relations entre les ados. C’est difficile de savoir exactement ce que ça change. Sauf évidemment sur cette idée que c’est partout, tout le temps. La recherche montre que la plupart des actes de harcèlement se font encore face à face. C’est très rare qu’il n’y ait que du cyberharcèlement. Le harcèlement en ligne, en tout cas chez les ados, c’est plutôt entre jeunes qui se connaissent. La vie réelle et la vie virtuelle s’interpénètrent. Mais les chiffres montrent que le phénomène est en légère baisse dans la plupart des pays occidentaux. Donc ça va contre cette idée que le numérique et les espaces réseaux sociaux auraient augmenté le phénomène. Il faut donc être nuancé. Par contre, c’est vrai que ça change parfois la dynamique. C’est un espace qui inquiète les parents car ils n’y ont pas accès. Ce n’est pas du tout maîtrisé. Les écoles sont très mal à l’aise car ça peut déborder très vite. Mais c’est une nouvelle donne qui, sur le fond, n’a pas l’air de changer fondamentalement les choses.

Le Devoir
Culture, vendredi 18 octobre 2024 1082 mots, p. B3
Aussi paru dans
18 octobre 2024 - Le Devoir (site web)

La restauration de films au Québec face à un avenir précaire

OLIVIER DU RUISSEAU

LE DEVOIR

Éléphant est le seul organisme qui restaure régulièrement des longs métrages de fiction d’ici

Chaque année, le Festival du nouveau cinéma (FNC) dévoile en primeur la nouvelle restauration d’un classique d’ici par Éléphant:mémoire du cinéma québécois. Cette fois, Eldorado, de Charles Binamé (1995), est à l’honneur, un film que le projet philanthropique de Québecor avait dans sa mire depuis longtemps.

Le FNC est comme toujours l’occasion pour Éléphant de se faire connaître davantage du public, tandis que l’organisme propose son catalogue de plus de 250 films en location sur les plateformes Helix et Apple TV. Mais à l’heure où Québecor effectue d’importantes compressions budgétaires, les projections d’Eldorado soulèvent aussi des questions sur l’avenir de la restauration de films au Québec.

De fait, des personnes qui travaillent auprès de la petite équipe de Québecor ont confirmé au Devoir qu’Éléphant a vu son budget réduire comme une peau de chagrin ces trois dernières années. L’entreprise a toutefois refusé notre demande d’entrevue et n’a pas voulu chiffrer les coupes en question.

Projets en baisse

Québecor a néanmoins admis, par courriel, avoir supprimé l’an dernier le poste de directeur général d’Éléphant — occupé de 2019 à 2023 par Dominique Dugas, aujourd’hui à la tête de Québec Cinéma — «afin de protéger les montants dédiés à la restauration et à la promotion des films». C’est désormais Raphaël Rainville, directeur du développement des affaires chez MELS, une autre filière de Québecor, qui fait office de directeur général.

Par courriel, M. Rainville reste évasif quant à l’impact des compressions budgétaires sur ses activités de restauration:«Selon l’ampleur et la complexité des projets à restaurer, le nombre de restaurations réalisées par Éléphant varie d’une année à l’autre (en moyenne entre 3 et 7).»En 2022, Dominique Dugas avait confié au magazine L’Actualité que l’organisme effectuait environ sept restaurations par année depuis cinq ans, alors qu’il en réalisait 20 par an à ses débuts. Cette diminution par rapport aux premières années s’expliquait par la «qualité»des restaurations qui augmentait — elles prenaient plus de temps qu’avant — et par la difficulté grandissante de trouver les ayants droit des films.

Or, au cours de la dernière année, seulement trois films, dont Eldorado, auraient été restaurés par Éléphant. Et étant donné que Téléfilm Canada a lancé en 2023 un nouveau programme d’aide à la restauration, ces trois projets ont été cofinancés par la société d’État.

Dans le même article de L’Actualité, Dominique Dugas, qui n’a pas voulu s’entretenir avec Le Devoir au sujet des coupes chez Éléphant, estimait qu’il restait environ «500 longs métrages québécois commerciaux à numériser». M. Rainville souligne quant à lui qu’il «n’existe pas au Québec de liste détaillée avec un nombre précis»de films à restaurer.

Peu de fonds publics

À l’heure actuelle, Éléphant, qui relève du secteur privé, est le seul organisme à assurer régulièrement la restauration de longs métrages de fiction québécois. Alors que Québecor resserre ses finances, les sociétés publiques ne devraient-elles pas en faire plus pour restaurer et diffuser le patrimoine cinématographique d’ici ? «Certainement», répond Marcel Jean, directeur général de la Cinémathèque québécoise. «Historiquement, la restauration n’a pas été une priorité des gouvernements, dit-il. D’abord parce que les lobbys, dont l’Association québécoise de la production médiatique et l’Union des artistes, militent pour que l’État finance de nouveaux projets payants pour leurs membres.»De plus, «la production industrielle de longs métrages de fiction est très récente au Québec», précise-t-il. «Cela ne fait qu’une vingtaine d’années que l’on se soucie sérieusement de la restauration de notre cinéma. Puisque Québecor a pris les devants avec le cinéma de fiction, notamment parce que Pierre Karl Péladeau a la culture d’ici à coeur, nous avons voulu restaurer le reste, c’est-à-dire des documentaires et des films expérimentaux.»Ainsi, depuis environ sept ans, grâce à de nouveaux fonds débloqués dans le cadre du Plan culturel numérique du Québec, la Cinémathèque a pu entreprendre ses propres projets de restauration — une quarantaine en tout jusqu’ici. «C’est d’autant plus pertinent pour nous, parce que nous avons déjà tout le matériel original ainsi qu’une expertise interne qui nous aide à bien choisir nos projets», soutient M. Jean.

L’exemple de l’ONF

La Cinémathèque envoie donc les bobines de film ou les bandes vidéo qu’elle souhaite faire restaurer et numériser à MELS ou à l’Office national du film du Canada (ONF), qui ont l’équipement nécessaire. D’ailleurs, les 14 000 titres de la collection de l’ONF «sont bien préservés», selon Marcel Jean. Les films produits par l’agence fédérale ont été numérisés, nombre d’entre eux ont été restaurés, et plus de 7000 sont accessibles en ligne.

«Il reste quand même énormément de travail à faire, poursuit M. Jean. Le nerf de la guerre, c’est l’argent. Si Éléphant maintient ses efforts, tant mieux, d’autant que les coupes actuelles ne sont pas irréversibles. À la Cinémathèque, avec plus de moyens, on pourrait en faire beaucoup plus. Mais tout le milieu culturel demande plus de financement au gouvernement en ce moment.»Téléfilm Canada figure parmi les principaux bailleurs de fonds des projets de restauration au pays. Au cours de l’exercice financier 2021-2022, la société d’État a injecté 540 000 dollars dans la numérisation de 14 films. En 2023-2024, 660 000 dollars ont été attribués à la restauration de 23 films. Rien n’a été annoncé pour 2024-2025. «Nous sommes en période d’évaluation pour la suite», affirme Andréane Leblanc, directrice des communications de la société fédérale.

Quoi qu’il advienne du programme de Téléfilm, Raphaël Rainville assure qu’«Éléphant demeurera un projet phare pour lequel Québecor continuera d’investir pour préserver et faire rayonner notre patrimoine culturel». Le prochain titre qui sera restauré par Éléphant est Love and Human Remains (1993) de Denys Arcand.

Le film Eldorado en version restaurée est présenté au Festival du nouveau cinéma les 18 et 19 octobre.

500 C’est le nombre de longs métrages québécois commerciaux qu’il resterait à numériser, selon l’estimation de Dominique Dugas, directeur général d’Éléphant de 2019 à 2023.

CINÉMA

Le Soir
GENERALE
Culture, samedi 5 octobre 2024 1779 mots, p. GENERALE28

Cinéma

« A dix ans, j’ai moi-même été victime de harcèlement scolaire »

FABIENNE BRADFER

Maman attentionnée dans « TKT », un film sensible sur le harcèlement scolaire qui sort le 9 octobre, Emilie Dequenne se rappelle de ses dix ans quand elle fut harcelée et nous parle aussi de son combat contre le cancer.

J’ai eu la chance de m’en sortir en devenant beaucoup plus forte, de vivre l’expérience magnifique de «Rosetta»

Entretien

FABIENNE BRADFER

Fin août, Emilie Dequenne annonçait sur son compte Instagram qu’elle devait à nouveau se concentrer sur sa santé, ce qui l’obligeait à annuler une série d’engagements. Parmi ceux-ci, il y avait la promotion de son nouveau film, TKT (T’inquiète), de Solange Cicurel, sur le harcèlement scolaire, qui sort en salles ce 9 octobre.

Depuis son apparition magistrale dans le cinéma en 1999 avec Rosetta, on sait qu’Emilie Dequenne est une battante, une combattante. « Depuis la mi-août, où j’ai subi une lourde opération en urgence, je continue à me soigner. Ce n’est pas tous les jours facile, mais je suis déterminée à vaincre ce cancer rare qui a décidé de venir bouleverser ma vie. Je ne me laisserai pas faire, croyez-moi. »

L’actrice révélée par les frères Dardenne n’a pas pu honorer notre rendez-vous de début septembre (elle commençait sa chimiothérapie le 4), mais elle n’a pas lâché l’envie de parler de ce film qui saisit avec beaucoup de sensibilité et de sincérité l’adolescence de l’intérieur, avec ses joies, ses amitiés, la pression du groupe, le harcèlement, l’exclusion, le suicide, sans tomber dans le film à thèse. Et c’est une voix joyeuse qui nous répond au téléphone en ce début d’octobre. Emilie Dequenne est une très bonne actrice.

Bonjour Emilie, une première question sur votre santé s’impose. Comment allez-vous ?

Tout doucement. Je suis très fatiguée. Là, c’est la semaine où, en général, j’ai un peu d’énergie. Donc, j’en profite. Mais c’est très fatigant car j’ai recommencé les traitements. J’essaie de garder le moral, je ne dis pas que ça marche tous les jours, mais je fais au mieux.

Et malgré la fatigue, vous vous rendez disponible pour soutenir le film de Solange Cicurel…

Oui, car ça fait partie de mon travail, ça me passionne, ça m’éloigne de moi, de la maladie, et ça me fait beaucoup de bien.

On sent aussi une vraie envie de votre part de défendre ce film car il semble vous toucher intimement ?

Je veux le soutenir parce que c’est un film important. Je m’investis dans des films pas uniquement parce qu’il y a un beau personnage à défendre mais parce que, derrière cela, il y a également un engagement citoyen, humain. Ici, le thème du harcèlement scolaire me tient extrêmement à cœur parce que j’ai moi-même été victime de harcèlement, mais beaucoup plus jeune que l’héroïne du film qui a 16 ans.

Vous aviez quel âge à l’époque ?

Je devais avoir dix ans. J’avais sauté une classe, passant de la quatrième à la sixième primaire. Et les ennuis ont commencé en sixième primaire. Le premier de la classe n’a pas aimé voir débarquer une petite fille qui allait lui ravir sa place. Je venais bousculer les choses et j’en ai pris plein la figure. Cela m’a énormément fragilisée. En secondaire, j’ai suivi ce que je pensais être une amie à l’Athénée royal d’Ath. J’avais peur de souffrir, d’être à nouveau maltraitée. Ma fragilité, ma différence s’est encore plus révélée. Ça commençait lors des trajets en voiture. Je me souviens qu’on écoutait du Barry White et encore aujourd’hui, j’ai du mal dès que je l’entends. Dès qu’on descendait de la voiture, c’était un cauchemar. Car j’étais directement exclue. Je n’avais pas ou peu d’amis.

À l’époque, l’athénée était très superficiel et bourgeois, ce qui n’était pas du tout dans les valeurs de mon éducation. Dans les années 90, c’était la grande mode des vêtements Chipie, Chevignon, Donaldson… Pour mes parents, c’était hors de question, je mettais les vêtements que ma cousine ne mettait plus et cela me plaisait beaucoup car je la trouvais très belle, elle avait un look génial. Mais c’était l’exclusion, j’ai connu la violence du groupe. Je me souviens d’un meneur de clan de 2 e secondaire. Il est arrivé avec son groupe dans la cour de récré et ils m’ont poussée avec violence dans les cartables en me demandant : « C’est combien ? » Et moi, qui n’étais pourtant pas habillée de façon inappropriée, je ne comprenais pas cette phrase. Tout le monde dans mon entourage l’a pris à la légère, mais moi, j’ai été traumatisée par cette violence.

Cela veut dire que le scénario de Solange Cicurel vous a renvoyée à votre pré-adolescence ?

Oui et non. Je dirais que la conjoncture est très différente aujourd’hui. Il n’y avait pas les réseaux sociaux. Moi, j’ai eu la chance de m’en sortir en devenant beaucoup plus forte, de vivre l’expérience magnifique de Rosetta. Mais, à l’époque, j’ai fait croire à mes parents que j’étais malade pendant plus de deux mois. Je me suis protégée sans jamais trop leur en parler. C’est surtout cela qui m’a motivée à m’engager dans ce film. Cette importance de la parole, de faire en sorte que les enfants et les adolescents puissent se confier, ne gardent pas ce genre de situation pour eux. Je pense que ce film peut être libérateur. Car c’est un film coup-de-poing et un jeune qui le voit pourrait lâcher le morceau lors du retour en voiture ou d’un repas familial.

Quand vous repensez à cette période, pouvez-vous dire pourquoi, ado, on n’envisage pas de parler de ce genre de problèmes aux parents ?

On ne dit rien aux parents, rien aux professeurs car on a peur que cela s’aggrave. En tout cas, moi, c’était ça.

Diriez-vous que Rosetta fut une revanche ?

Je ne suis pas une revancharde. Mais oui, quelque part. Cela dit, la fin de ma scolarité, à Saint-Ghislain, s’est très bien passée. Les amies que je me suis faites là-bas, en 5 e et 6 e secondaires, sont toujours mes amies. Mais le film de Solange Cicurel est un film d’utilité publique. Au-delà de l’école. Car quand je suis sortie du harcèlement scolaire, j’ai enchaîné des personnalités toxiques du genre de l’« amie » d’Emma dans le film. En dépit de la magnifique scolarité que j’ai eue, dès que la lumière revenait en moi, le vampire arrivait ! Heureusement, cela s’est arrêté, la lumière est revenue, j’ai rencontré mon mari et la lumière reste en moi. Mais oui, ce film est très nécessaire car il parle de l’effet de groupe, des personnalités toxiques, du fait de ne pas se confier, du passage à l’acte qu’est le suicide. Ce que j’aime, c’est que Solange traite ce sujet extrêmement grave de façon magique, avec un casting super chouette et un côté « fantôme », façon Ghost, mais à aucun moment cela n’est glamourisé et, pour moi, c’était important.

Dans le film, vous incarnez une mère attentionnée et aimante, comme vous l’êtes sans doute avec votre fille. Ayant vécu le harcèlement scolaire, avez-vous été doublement attentive à votre fille sur ce terrain-là ?

Non seulement j’ai été très attentive à ça, je lui en ai parlé et je pensais que tout allait bien car c’était son discours. Et figure-toi que ce n’était pas le cas. Elle a aussi souffert au collège et elle s’est bien gardée de me le dire. Aujourd’hui, elle a 22 ans, elle va très bien, c’est une belle personne, forte. Mais c’est fou comme la parole est difficile à libérer. Surtout quand on est ado.

Rosetta est sorti en 1999, il y a donc 25 ans. Quel sentiment vous envahit quand vous vous souvenez de ce moment ?

C’est sensible comme sujet. L’année dernière, cela faisait 25 ans que je tournais Rosetta. Or, l’année dernière, la veille de la découverte de ma maladie, j’étais en tournage à Liège et en allant chez l’ostéopathe, car j’avais une douleur dans le ventre, je passe devant le restaurant où j’avais signé mon contrat avec les frères Dardenne. Le lendemain, alors que je faisais une matinée de lecture pour une série, j’ai averti la réalisatrice que je n‘en pouvais plus car j’avais trop mal. Grâce à la productrice Diana Elbaum, je suis reçue en urgence à l’hôpital Delta. C’est là qu’on a découvert mon cancer. Donc je ne peux m’empêcher de faire un parallèle. Cela suscite en moi une réflexion très étrange. Car mon cancer de la glande surrénale est rarissime, il touche une à deux personnes sur un million dans le monde, et ce que j’ai vécu 25 ans plus tôt, était aussi quelque chose de rare. Donc, c’est ça qui me reste, cette dimension rarissime des choses, avec le côté « conte de fées » puis le côté « cauchemar ». Mais j’essaie de prendre le positif dans tout, je n’ai pas le choix, je dois avancer en dépit de tout. On est tous égaux, tous mortels. C’est juste qu’on n’y pense pas, surtout à 42 ans. Et là, j’y pense beaucoup plus. On se dit : « Ouh là là, ça pourrait arriver beaucoup plus tôt que prévu… » C’est comme ça, on verra bien. En juin, j’ai tourné un épisode de Capitaine Marleau et j’y ai pris beaucoup de plaisir car j’ai pris des cours de danse pour ce film. Bien sûr, pour l’instant, le cinéma, c’est compliqué. J’ai dû apprendre à vivre avec la maladie. Je suis obligée d’apprendre à vivre avec. Mon projet, depuis un an, est de faire confiance à la médecine pour me soigner et faire le deuil de ma vie d’avant. C’est un travail sur ma vie qui ne sera plus jamais la même. C’est très dur. Mais j’ai eu beaucoup de soutien du métier et on continue à m’envoyer de belles choses. Ce sera pour l’an prochain, si les assurances suivent.

Le Soir
GENERALE
Culture, samedi 5 octobre 2024 1361 mots, p. GENERALE25
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6 octobre 2024 - L'Union (France)

Michel Blanc, l’homme qui jonglait entre la comédie et le drame

FABIENNE BRADFER

Eternel « Bronzé », Michel Blanc est décédé d’une crise cardiaque à l’âge de 72 ans. Acteur, réalisateur, scénariste, dialoguiste, primé à Cannes et aux César, il nous a tant fait rire, nous a tant émus.

Oui, j’ai peur de la mort. Ceux qui disent que non sont de grands mystiques ou des terroristes. Nous n’existons que parce qu’on a peur de la mort Michel BlancActeur et réalisateur français

Portrait

FABIENNE BRADFER

Quand te reverrai-je ? », a-t-on envie de crier ! On ne veut pas le croire… Jean-Claude Dusse est mort. Une crise cardiaque dans la nuit du 3 au 4 octobre à Paris, à l’hôpital Saint-Antoine. L’arrachant à la vie, à ses copains des Bronzés, l’emmenant vers « un pays merveilleux » à 72 ans… Bien trop vite pour ce fils et petit-fils de nonagénaires (sa grand-mère est morte à 99 ans et demi) qui avait peur de la mort car, nous avait-il dit, « ceux qui disent que non sont de grands mystiques ou des terroristes. Nous n’existons que parce qu’on a peur de la mort. » « Putain, qu’est-ce que tu nous as fait Michel ? ! », a réagi son pote Jugnot sur son compte Instagram. La troupe du Splendid est en pleurs, amputée brutalement d’un de ses membres. Des amis pour la vie, depuis les bancs du lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine pour Gérard Jugnot, Christian Clavier, Thierry Lhermitte et depuis l’aventure de la troupe du Splendid pour Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel, Bruno Moynot.

A deux doigts de conclure,

mais pas que

Michel Blanc était un immense artiste, un grand acteur populaire qui faisait partie de nos vies de par ses rôles. Du gringalet à moustache dans Les Bronzés au chauve en costume cravate de L’exercice de l’Etat en passant par l’agriculteur grincheux de Je vous trouve très beau. Car il était à la fois la comédie et le drame, le rire et l’émotion. Ayant rarement endossé le rôle du méchant (Un petit boulot), on se souvient de lui en éternel malchanceux amoureux, toujours à deux doigts de conclure, mais ce n’était pas que ça, Michel Blanc. Il était capable d’être inquiétant, ambigu, nostalgique, bienveillant, sombre, tendre, et solitaire.

S’il nous a fait beaucoup rire, il nous a beaucoup émus aussi, jouant avec une bouleversante humanité tant chez Dany Boon (Raid dingue) ou Olivier Baroux (Les Tuche 4) que chez André Téchiné (Les témoins), Pierre Schoeller (L’exercice de l’Etat) ou Isabelle Mergault (Je vous trouve très beau). Acteur, réalisateur, scénariste, dialoguiste, comédien de théâtre, adaptateur, il avait la plume caustique, le sens de la formule pour raconter la comédie humaine. Il disait : « Je ne serais pas là si je n’avais pas eu Jean-Claude Dusse. » Mais le gros succès des Bronzés (en 1978, avec récidive en 1979 avec Les Bronzés font du ski) a troublé un temps son image, le réduisant à la comédie. « J’étais privé d’une de mes ailes. Je volais mal », nous avait-il avoué. Puis, vient Bertrand Blier avec un film gonflé pour le milieu des années 80, Tenue de soirée, une comédie noire qui fait voler en éclats les convenances et réunit Michel Blanc et Depardieu dans le même lit. Le film est en compétition au Festival de Cannes et Michel Blanc décroche un Prix d’interprétation. Tournant dans sa carrière pour cet acteur qui ne voulait pas être enfermé dans une seule image.

Il y a un an pratiquement jour pour jour, nous le rencontrions à Bruxelles pour ce qui devait être son dernier film, Marie-Line et son juge, de Jean-Pierre Améris, avec Louane, et il nous avait raconté cette anecdote de son boucher lui disant, au retour du Festival de Cannes où il avait reçu un Prix d’interprétation pour Tenue de soirée: « Tiens, vous êtes un comédien ! » Et de nous confier : « Avant, pour lui, j’étais un type sympathique qui faisait marrer. Sur le moment, c’est déprimant. Mais j’en suis sorti. Je suis libre. Libre de faire un petit rôle dans Les Tuche. Je me sens comme l’oiseau de Magritte. »

Né à Courbevoie le 16 avril 1952, fils unique de Marcel, déménageur puis cadre moyen, et de Jeanine, dactylographe puis comptable, Michel Blanc a grandi dans un milieu modeste mais très aimant. On peut dès lors s’étonner qu’il se retrouve dans un lycée de gosses de riches à Neuilly où il rencontre Christian Clavier, Thierry Lhermitte et Gérard Jugnot mais c’est sans compter la force de persuasion de sa maman, « une femme de décisions », nous dira-t-il.

Toujours avec un peu de grinçant

Anxieux, timide, mal dans sa peau, hypocondriaque (il avait un souffle au cœur, détecté à la naissance), il se passionne pour la musique classique mais se rendant compte qu’il ne sera jamais le nouvel Arthur Rubinstein, il rejoint ses copains de lycée pour se lancer dans l’aventure du café-théâtre. Nous sommes au début des années 70. La troupe du Splendid est révélée par Amours, coquillages et crustacés et Le Père Noël est une ordure, deux pièces de théâtre qui donneront des films cultes, sous la direction de Patrice Leconte. Le succès est au rendez-vous. Pour le meilleur mais aussi un peu pour le pire.

Michel Blanc joue à fond la carte de l’humour, se servant de son physique « pas facile » et de son mal-être pour en faire une force du rire. Le personnage de Jean-Claude Dusse lui colle à la peau. Un peu trop car l’acteur ne veut pas qu’on le limite à une caricature. Il avait déjà tourné pour Tavernier, Polanski, Claude Miller mais voilà que le cinéma d’auteur lui tourne le dos alors qu’on le sollicite pour la comédie. Il le vit mal. Heureusement, deux films changent la donne : Tenue de soirée, de Bernard Blier (1986), et Monsieur Hire, de Patrice Leconte (1989). Ce qui lui permet d’aborder les années 90 avec un spectre large comme il en rêvait.

Perfectionniste, grand bosseur, fin observateur du genre humain, il réalise aussi ses propres films : Marche à l’ombre, une comédie avec Gérard Lanvin (1984), puis Grosse fatigue, réflexion sur la célébrité et la précarité du métier d’acteur (1994). En 2002, dans sa comédie de mœurs Embrassez qui vous voudrez, il fait dire à Jacques Dutronc : « La vie, c’est bizarre… Si tu y penses, ça te déchire le cœur… Mais si tu la traverses en zigzaguant, c’est plutôt comique… » Tout Michel Blanc est là, dans ce contraste. Et c’est ainsi que, mettant à sa main le roman de Joseph Connolly, il parle de la vie, de soi, des autres, des sentiments et de toutes les emmerdes qui vont avec. Toujours avec un peu de grinçant.

Mais l’ombre des Bronzés plane irréductiblement au-dessus de sa tête. Le public rêve de retrouvailles. Encore. Elles auront lieu en 2006, Les Bronzés, amis pour la vie. Michel Blanc en sortira déçu. « C’était raté car nos goûts avaient changé, à chacun. Comme dans une famille, chacun prend sa responsabilité. Avant, comme l’écriture était collective, on avait plus de points communs que de points de divergence. Maintenant, ce n’est plus le cas. Ce serait difficile d’écrire. L’écriture n’a pas été douloureuse, car on s’est bien entendus, mais disons qu’on s’est bien entendus sur un malentendu. » On les reverra tous sur la scène des César en 2021 pour un César honorifique à la troupe du Splendid, 40 ans après sa création, manière pour l’Académie de pallier ce manque de reconnaissance envers ces acteurs si populaires.

Sans le cinéma, Michel Blanc serait sans doute fou, inhibé, névrosé, nous avait-il confié. Le cinéma était son équilibre, sa force, sa drogue, sa thérapie. Son but : nous divertir, nous émouvoir. Contrat 100 % rempli, intensément. On en voudrait encore. Et si on disait que Michel Blanc était encore vivant… On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher.

Le Devoir
Culture, jeudi 31 octobre 2024 1588 mots, p. B8
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31 octobre 2024 - Le Devoir (site web)

Une décennie de Mommy

FRANÇOIS LÉVESQUE

LE DEVOIR

Entre bilan et confidences, Xavier Dolan revient sur son film phénomène, qui ressort en salle pour ses 10 ans

Dans le parcours professionnel de tout cinéaste, il est des films qui marquent un tournant ; des films dont on peut dire qu’il y eut un avant et un après. Dans la filmographie de Xavier Dolan, Mommy est un tel film. Sortie il y a 10 ans déjà, D cette oeuvre phénomène, qui repartit de Cannes avec le Prix du jury après avoir électrisé le festival et remporta ensuite le César du meilleur film étranger, reprend l’affiche un peu partout au Québec — y compris en projections spéciales 35 mm. Pour l’occasion, on a discuté du legs du film avec le cinéaste.

«Le film a marqué un tournant, oui. C’est factuel de le dire», opine Xavier Dolan lors d’un entretien typiquement ouvert et franc.

Coup d’éclat, coup de génie, Mommy conte le destin de Diane, D.I.E.pour les intimes (Anne Dorval), une veuve qui vit à Longueuil avec son fils unique, Steve, un adolescent affligé de maints troubles du comportement (AntoineOlivier Pilon). Une minute impulsif et violent, Steve est généreux et aimant la suivante. Mère courage dissimulant sa vulnérabilité derrière une gouaille redoutable, Diane est à bout de ressources. Kyla, une voisine quasi mutique (Suzanne Clément), tentera un temps de dénouer cette relation toxique.

«Mommy, c’est l’arrivée en compétition officielle à Cannes», poursuit le cinéaste. Auparavant, J’ai tué ma mère et Laurence Anyways avaient été présentés dans la section Un certain regard, remportant respectivement le prix Regards jeunes et la Palme queer, tandis que Les amours imaginaires avait concouru dans la section La quinzaine des cinéastes:rebelote pour le prix Regards jeunes. À Venise, Tom à la ferme, d’après une pièce de Michel Marc Bouchard, avait remporté le Prix de la critique internationale. Mais tout cela n’était rien comparé au tsunami Mommy.

«À Cannes, il s’est vraiment passé quelque chose avec Mommy. Avec la presse, avec le public. Ensuite, ç’a été mon premier véritable succès en salle, à l’international… C’est un film qui a permis de cristalliser des choses, qui m’a permis de m’insérer dans une communauté de cinéastes de manière plus officielle.»Cela, c’est la dimension positive de l’aventure. Sauf qu’il en est une autre qui, sans être à proprement parler négative, est plus mitigée.

«Mommy, c’est également le film qui a engendré des attentes envers les films suivants:un phénomène dont j’ai dans le temps mal mesuré l’ampleur, admet Xavier Dolan. Mommy a créé un précédent dans ma carrière et dans ma vie. Dans ma vie, ç’a été extrêmement positif, mais dans ma carrière, ç’a été… plus compliqué. Faire des films après Mommy a été plus compliqué.»Qu’entend-il au juste par là ? «On ne refait pas le même film deux fois. En tout cas, ni moi ni les cinéastes que j’admire. Chaque film varie en intensité, en force… Les films peuvent aborder des thèmes similaires, mais être dissemblables:Matthias et Maxime est beaucoup plus délicat, intime, amical et doux que l’est Mommy.»Mommy fut à l’origine de constantes remises en question sans que ce soit nécessairement constructif, dixit Xavier Dolan.

«Je me demandais sans cesse si j’allais réussir à accoter ou à surpasser Mommy… Mais il n’y en aura pas d’autres, dans mes films, de moments où le personnage écarte les périphéries du cadre. Je l’ai fait une fois, je ne le referai pas une deuxième. Sauf qu’après, il y a des gens qui attendent ce momentlà, ou cette intensité émotive là, créative là. Mais chaque projet est différent. À chaque film, il y a de nouveaux apprentissages, de nouvelles façons de faire, qui trouvent souvent leur source dans des erreurs commises dans des films précédents et qu’on essaye de ne pas reproduire. Mon approche, mon rapport au cinéma, change un peu à chaque film. Comme cinéphile, ça me fait de la peine quand je vois un réalisateur s’asseoir sur les mêmes effets, s’installer dans un confort…»Le «confort»ne faisait en l’occurrence pas partie de l’équation à l’époque de Mommy. De fait, Xavier Dolan enchaînait alors les tournages à un rythme effréné. «Je suis allé présenter Tom à la ferme à la Mostra et, le lendemain, je rentrais pour commencer le tournage de Mommy», se souvient le cinéaste. Lequel tournage se déroula sous le sceau de l’amitié, avec des complices issus de projets précédents devant et derrière la caméra.

«Je ne me doutais pas du succès que connaîtrait le film ni des conséquences de ce succès. C’était impossible à prédire. Mais des fois, on sent que tout s’aligne. À l’inverse, d’autres fois, on s’aperçoit que certains éléments ne s’alignent pas parfaitement ; on commence quelque chose et, déjà, on repère des faiblesses, des risques, mais pas des bons risques. Manque de préparation, mauvais choix de casting… Mais on se lance quand même. Mommy, je voyais bien que tout s’alignait.»

Ne rien désavouer

Est-ce à dire que Xavier Dolan estime que sa feuille de route compte des films «mal alignés»? «J’éprouve de la fierté envers tous mes films. Il y a des passages où je me dis:“Tiens, là, j’ai fait exactement ce que je voulais.” Ou je me souviens que tel truc, on l’a trouvé en cours de route, et je ne désavoue jamais ces trouvailles imprévues. Peu importe leur succès ou leur insuccès, en salle ou auprès des critiques, je n’ai honte d’aucun de mes films. En fait, j’ai plutôt honte de certaines choses survenues en dehors de mes films:des entrevues qui se sont moins bien passées, par exemple. C’est ça, le genre de regrets que j’ai dans ma carrière. Ce n’est pas par rapport à mes films.»Ou par rapport à sa splendide série La nuit où Laurier Gaudreau s’est réveillé, d’après la pièce de Michel Marc Bouchard, parue en 2022. D’ailleurs, Xavier Dolan concocte un autre projet de série, anthologique celui-là, et qu’il espère réaliser après son prochain film.

En effet, il a récemment été annoncé qu’après un hiatus de cinq ans au cinéma, soit depuis Matthias et Maxime en 2019, Xavier Dolan préparait un nouveau film:une comédie d’horreur campée dans la France du XIXe siècle.

«Si j’avais pu créer autre chose que du cinéma, peut-être que je n’aurais pas ressenti le besoin de faire un film l’an prochain. Et encore, il subsiste une incertitude autour de la facilité qu’on aura ou non à le financer. On va être capables de le financer, mais aura-t-on le budget nécessaire ? Il y a eu une période où j’étais capable de faire des films vite et pas chers, mais je ne suis plus ce réalisateur-là ; je ne saurais plus comment faire. L’indigence, le manque de temps, le manque de ressources, je l’ai trop vécu. La solution pour pallier le manque de budget serait d’investir mon cachet dans le film. Vivre pour le cinéma sans que le cinéma me fasse vivre ? Encore ? À 35-36 ans, ça commence à être fatigant. C’est frustrant.»Surtout après avoir récolté autant de lauriers. Outre ceux susmentionnés, on rappellera ce Grand Prix à Cannes pour Juste la fin du monde, suivi du César de la mise en scène. Et les prix Iris, et les prix Écrans canadiens, remis à plusieurs de ses films, et le Prix collégial du cinéma québécois à Laurence Anyways… «Je veux créer des choses belles, qui respectent mes standards, ces mêmes standards qu’ont appréciés dans le passé les gens ayant aimé mon travail. Je n’irai pas en deçà, je ne vais pas en déroger.»Ce dont on lui sait gré.

Explorer et expérimenter

Quoi qu’il en soit, la création lui manquait, le démangeait. «Faire quelque chose avec mes mains, choisir des échantillons de tissu pour les costumes… Parler éclairages avec [le directeur photo] André Turpin… Construire un décor, chercher des lieux de tournage, et surtout, surtout, répéter une histoire avec des actrices et des acteurs que j’aime… Tout me manquait de la création.»Pour autant, Xavier Dolan ne fut pas inactif ces dernières années, entre scénarios de courts métrages et idées de vidéoclips demeurés sur la table à dessin. Il est toutefois un projet qui arriva à son terme:Une amitié sur film, un magnifique livre réunissant des photos prises par Shayne Laverdière durant le tournage de Mommy.

«Ça faisait longtemps que j’avais commencé à concevoir ce livre. J’avais mis ça de côté, mais avec les 10 ans du film, c’est devenu une évidence, pour lancer le bal. Ce livre m’a aidé à retrouver l’artiste que je veux être. J’espère qu’à travers ce nouveau film, j’aurai encore l’occasion d’explorer et d’expérimenter. Parce que j’ai encore des choses à tenter. J’ai encore des choses à dire.»

Pour les lieux et dates de projection de Mommy:imminafilms.com/fr/films/mommy

Mommy, c’est également le film qui a engendré des attentes envers les films suivants:un phénomène dont j’ai dans le temps mal mesuré l’ampleur XAVIER DOLAN »

CINÉMA

Le Temps
Culture, mercredi 30 octobre 2024 1019 mots, p. 18

Cendrillon en travailleuse du sexe

NORBERT CREUZ

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CINÉMA Palme d'or du dernier Festival de Cannes, « Anora » de Sean Baker nous entraîne pour une folle virée en compagnie d'une escort-girl et d'un fils d'oligarque russe. Irrésistible

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Une comédie qui l'emporte à Cannes, on ne voit pas ça tous les jours... Même si Les Graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof semblait cette année plus indiqué pour la Palme d'or qu'Anora, de Sean Baker, le geste ne manque pas de panache et porte la signature de la présidente du jury, Greta Gerwig, ex-égérie d'un cinéma indépendant américain aujourd'hui en voie de disparition, du moins sur nos écrans. D'où l'immense plaisir qu'il y a à découvrir ce film fou, fou, fou, mais pas du tout relâché ou idiot pour autant.

« Pretty Woman » trash

Repéré seulement avec son sixième long métrage, The Florida Project (2017), ce sympathique cinéaste qu'est Sean Baker, et qui s'intéresse aux marges de la société, nous avait confié à l'époque sa sensation de s'être glissé de justesse par une porte avant qu'elle ne se referme. L'avenir lui aura donné raison: entre l'affaire Weinstein et la révolution #MeToo d'un côté, la crise du covid et l'essor des plateformes de streaming de l'autre, son type de cinéma a été quasiment rayé de la carte. Après un Red Rocket déjà en compétition à Cannes mais jamais distribué en Suisse (2021, sur la difficile réinsertion d'un ancien acteur du porno gay), Anora nous rappelle donc l'existence de ce cinéma-là. Juste en un peu plus grand. Toujours sans vedettes et sans tabous, mais sur un écran large et pour 2h15 de projection, ce film est un sacré trip!

Dans une backroom de goût douteux, on y fait la connaissance d'Ani (pour Anora), une jeune strip-teaseuse de Brooklyn dont la limite des services rendus à sa clientèle masculine reste floue. Le premier dialogue audible situe bien l'esprit: « Tes parents savent ce que tu fais? - Et votre famille, elle sait que vous êtes là? - J'espère bien que non! » Eh oui, la misère économique et la misère sexuelle existent, et la prostitution aussi, qui en découle. Inutile de vouloir cacher hypocritement ce commerce vieux comme le monde. Mieux, si on va y voir de plus près, on pourrait même découvrir des gens et des histoires intéressantes.

Lorsque débarque un jour Ivan Zakharov, le fils d'un richissime oligarque russe, ils se plaisent. Un peu plus jeune qu'Ani, il l'invite bientôt pour des « extras » chez lui, dans la grande villa de ses parents, puis l'entraîne pour une virée à Las Vegas en jet privé avec des amis. Et là, la passion l'emporte au point qu'ils se marient sur un coup de tête. Un tiers du film a ainsi passé comme dans un conte de fées moderne, à la fois trash et fun, plein d'innocence, de sexe débridé et d'inconscience. Le lendemain toutefois, la nouvelle est déjà parvenue jusqu'en Russie et un homme de confiance, Toros, reçoit l'ordre d'aller vérifier et si nécessaire de faire en sorte que ce mariage à cette « putain » soit promptement annulé.

Le guerrier prend la lumière

Commence alors un autre film, plus réaliste et inquiétant mais pas moins amusant. Au contraire même. Dès la bascule, un coup de fil en plein baptême arménien, la drôlerie du contraste est saisissante. Depuis longtemps chargé de gérer les frasques du rejeton indigne (ce dernier aurait-il quelque problème avec l'origine de la fortune paternelle dont il profite allègrement?), Toros envoie en avant deux hommes, Garnik et Igor, vite dépassés: Ivan prend la fuite tandis qu'Ani se révèle une vraie furie. Et c'est parti pour une longue journée et nuit en quête du jeune homme, qui ne répond plus. Dans un troisième temps, ce sera retour à Las Vegas pour y retrouver les parents accourus de Russie et forcer cette annulation dont Ani ne veut pas entendre parler.

Ce qui plaît, ici, c'est le naturel, le fond réaliste et l'humanité foncière de chaque personnage. Jamais la fantaisie, la caricature ou la frénésie ne sont poussées trop loin. Tourner dans des lieux réels et sur pellicule 35 mm plutôt qu'en numérique compte aussi, de même que de privilégier de plus en plus les plans-séquences. De temps à autre, un plan qui s'attarde sur un visage suffit à rappeler que ces gens-là ont tous une conscience. C'est ainsi qu'émerge peu à peu l'autre personnage clé du récit, à savoir le stoïque Igor, au crâne rasé poutinien. Dans toute cette folie, cet étalage encore bien plus obscène de fric que de sexe, il est le seul qui semble avoir gardé un semblant de boussole morale, aussi homme de main d'un oligarque qu'il soit.

De ses acteurs tous inconnus, Sean Baker obtient des performances très contrastées, entre Mikey Madison (spontanéité désinhibée), Mark Eydelshteyn (charme adolescent fou), Karren Karagulian (expérience accablée) et Youri Borissov (calme bien ancré). Une impression de fraîcheur que l'on retrouve dans ses dialogues et rebondissements, largement imprévisibles. Et contrairement aux rares films américains avec un arrière-plan russe qui nous viennent à l'esprit (Little Odessa de James Gray, The Quickie de Sergueï Bodrov, Lord of War d'Andrew Niccol), l'auteur se refusera à sortir l'artillerie lourde.

Plus raffiné, il emprunte une écharpe rouge significative à... Vampyros Lesbos de Jesus Franco, fasciné par la manière dont ce cinéaste espagnol pourtant « mal famé » filmait en 1971 sa muse Soledad Miranda. Pas très woke, ça! Et même si certains auront vu venir de loin le rapprochement final, la manière dont Baker l'orchestre est absolument admirable, qui envoie valser le politiquement correct pour une scène tout simplement humaine et bouleversante. S'y lit à la fois la désillusion et la surprise, les vieilles habitudes et le désir d'autre chose, l'espoir qui renaît et un terrible vague à l'âme. Du tout grand art, qui aura certainement valu à Anora sa Palme.

Anora, de Sean Baker (Etats-Unis, 2024), avec Mikey Madison, Mark Eydelshteyn, Youri Borissov, Karren Karagulian, Vache Tovmasyan, Darya Ekamasova, 2h19.

Commence alors un autre film, plus réaliste et inquiétant mais pas moins amusant

Le Devoir
Culture, mardi 29 octobre 2024 1415 mots, p. B1,B3
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28 octobre 2024 - Le Devoir (site web)

Le diable est dans les détails

FRANÇOIS LÉVESQUE

LE DEVOIR

Avant les succès de X et de Pearl, Ti West attira l’attention avec The House of the Devil, un terrifiant exercice de style

La série A posteriori le cinéma se veut une occasion de célébrer le 7e art en revisitant des titres phares qui fêtent d’importants anniversaires.

Au début des années 1980, Samantha, une collégienne sans le sou, ne croit pas sa chance. En effet, alors même qu’elle a urgemment besoin d’argent afin de payer la caution d’un appartement, voici qu’on lui propose un contrat de gardiennage des plus lucratifs. Or, lorsqu’elle arrive dans la vaste demeure isolée du couple qui l’a embauchée, Samantha apprend qu’elle n’aura pas à veiller sur un enfant, mais sur la mère de la maîtresse de céans. La dame en question est déjà couchée et ne doit sous aucun prétexte être dérangée. À mesure que la soirée avance, un sentiment indicible de danger étreint Samantha. Sorti pour l’Halloween il y a 15 ans, The House of the Devil (La maison du diable) signala Ti West comme une importante nouvelle voix du cinéma d’horreur, ce que confirmèrent X et Pearl.

À la fois exercice de style rétro et pastiche «sérieux», The House of the Devil est présenté comme un vestige desdites années 1980. En cela que tout, dès le générique d’ouverture avec arrêt sur image, fut mis en oeuvre par Ti West afin d’évoquer l’époque dépeinte.

Ce souci du détail aussi maniaque que ludique fait en sorte que le film fonctionne à deux niveaux:à un premier en tant que film d’horreur purement effrayant, et à un second en tant que satire affectueuse d’un type révolu de cinéma d’épouvante. La même dynamique est d’ailleurs observable dans les subséquents X et MaXXXine.

Dans un éditorial célébrant les dix ans du film, Julieann Stipidis, du site spécialisé Bloody Disgusting, résume:«Ce qui fait de House of the Devil le parangon bien-aimé que le film est devenu, c’est son mariage entre des emprunts sans vergogne aux classiques qui l’ont précédé et sa dimension simultanément avant-gardiste.»De préciser Stipidis:«Par son esthétique, son rythme, son ton et ses tendances voyeuristes, le film convoque délibérément le cinéma d’horreur avec lequel nous sommes tombés amoureux dans les années 1970 et 1980. […] Sa précision méticuleuse, à combustion lente, rappelle la longue traque précédant l’hécatombe élaborée par John Carpenter dans Halloween, en 1978. Ti West intègre également des zooms et des plans larges entièrement filmés en 16 mm, ainsi qu’un texte d’ouverture avec un avertissement “basé sur des événements réels et inexpliqués” qui rappelle The Texas Chain Saw Massacre [Massacre à la tronçonneuse] de 1974. Et, bien sûr, c’était avant que la nostalgie de l’horreur des années 1980 ne devienne à la mode (jusqu’à l’ennui).»Au sujet de la «précision méticuleuse»déployée par West, Emily von Seele, dans la même édition anniver-saire, écrit dans son essai sur le film:«Les ombres semblent receler une présence, comme si des yeux invisibles espionnaient Samantha depuis les recoins les plus sombres. […] West intègre plusieurs plans où la caméra, plutôt que de suivre Samantha, est déjà positionnée à l’intérieur d’une pièce et observe la jeune femme alors qu’elle y entre. Nous sommes témoins des mouvements de Samantha comme si nous faisions partie de l’ameublement et qu’elle avait envahi l’espace que nous occupions déjà. […] Nous sentons que Samantha n’est pas seule dans la maison et est constamment épiée par des yeux invisibles, parce que nous sommes ces yeux invisibles.»

Petits moyens, gros frissons

Ti West écrivit, réalisa et monta cette petite merveille macabre pour 900 000 dollars américains seulement. Mais comme le genre horrifique l’a démontré un nombre incalculable de fois, de petits moyens peuvent engendrer de gros frissons. C’est certainement le cas avec The House of the Devil.

Outre la musique à la fois sinistre et mélancolique de Jeff Grace, le film bénéficie d’une interprétation centrale complètement crédible et attachante de Jocelin Donahue (Offseason) ainsi que de performances délicieusement inquiétantes des acteurs cultes Tom Noonan (Manhunter) et Mary Woronov (Eating Raoul). Sans compter une apparition spéciale de Dee Wallace, autre actrice culte (E.T. ; The Howling /Hurlements), et la présence irrésistible d’une débutante du nom de Greta Gerwig (Lady Bird ; Barbie).

C’est dans le Connecticut que West dénicha la propriété où se déroule l’essentiel de l’intrigue, qui ramène en lumière la «panique satanique»dans laquelle plongèrent les États-Unis dans les années 1980 (voir le récent Late Night with the Devil). En 2009, dans un entretien réalisé pour le Festival de Tribeca, le cinéaste explique:«Bizarrement, tout s’est brisé pendant le tournage:la caméra s’est cassée quatre fois, le générateur s’est cassé quatre fois. […] L’arbre qui se trouve juste à côté de la maison a été frappé par la foudre. C’est arrivé tout d’un coup et c’était le lendemain du tournage de la scène la plus satanique, donc on s’est mis à plaisanter que j’étais foutu avec ce film.» Fait intéressant, l’équipe logeait dans un vieil hôtel de la ville voisine, à Torrington:le Yankee Pedlar Inn. Sur place, des phénomènes étranges furent rapportés et West apprit que, de fait, l’endroit était réputé hanté. Ces événements inspirèrent son film suivant, l’excellent The Innkeepers.

Pour revenir à The House of the Devil, les craintes de West d’être «foutu»ne se matérialisèrent qu’à moitié. S’il est vrai que le film ne fit pas recette, il n’en obtint pas moins une presse élogieuse de la part des grands médias, pourtant peu friands d’horreur en général.

«Un tutoriel intelligent en thriller 101», écrit le Time.

«The House of the Devil offre tout ce que l’on peut raisonnablement espérer de la catégorie “pas-tout-à-fait-seuledans-la-maison”, avec en prime la recréation authentique de l’apparence et de l’ambiance des films d’horreur à petit budget classiques de cette époque», affirme Variety.

«The House of the Devil est un rêve mouillé pour amateurs d’horreur. La structure classique crée lentement un suspense avant d’éclater dans une finale résolument sanglante, rappelant une époque plus intelligente et plus nuancée en matière d’effroi. […] Le style de West s’inspire de l’ambiance des films d’horreur des années 1980, mais c’est son authentique talent de cinéaste qui fait de House of the Devil une expérience aussi passionnante. Le film de West repose moins sur l’hommage que sur le raffinement narratif», s’enthousiasme IndieWire.

Terreur paranoïaque

De la même manière que le film fait sourdre la peur lentement, mais sûrement, c’est à la longue que l’importance du film s’imposa:comme premier vrai coup d’éclat d’un futur maître du genre, ainsi qu’en tant qu’oeuvre précurseuse de l’école de l’horreur à combustion lente, en vogue depuis les succès de The Witch (La sorcière), de Hereditary (Hérédité) ou encore de Midsommar (Midsommar. Solstice d’été), tous produits par la société A24. Cette année, Longlegs, produit par Neon, confirmait la vitalité de cette approche privilégiant la dilatation de la tension, les chocs calculés et les développements insolites.

Dans son éditorial de Bloody Disgusting, Julieann Stipidis argue à ce propos:«Sa sortie ayant eu lieu plusieurs années avant que A24 imprime dans nos psychés la marque désormais populaire d’horreur morne et pleine d’atmosphère, The House of the Devil était un peu en avance sur son temps. Prouvant que la retenue est la clé, le film nous prend au piège avec une impression croissante de terreur paranoïaque, qui crée un sentiment d’impuissance non seulement chez la protagoniste, mais en nous également.»À découvrir ou à redécouvrir, The House of the Devil s’avère, oui, diablement efficace.

Le film The House of the Devil est présenté au cinéma Moderne le 29 octobre et est disponible en VSD sur la plupart des plateformes.

A POSTERIORI LE CINÉMA

Par son esthétique, son rythme, son ton et ses tendances voyeuristes, le film convoque délibérément le cinéma d’horreur avec lequel nous sommes tombés amoureux dans les années 1970 et 1980 JULIEANN STIPIDIS »

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GENERALE
Culture, mardi 26 novembre 2024 141 mots, p. GENERALE13

Une leçon de cinéma avec Robert Guédiguian

A 26 ans, Robert Guédiguian – entouré d’Ariane Ascaride, son épouse, et d’une bande de copains – réalisait Dernier été, son premier film, à l’Estaque, un quartier du nord de Marseille. Et 44 ans plus tard, après des films comme Marius et Jeannette ou Le promeneur du champ de Mars, il est devenu un pilier du cinéma français. Une famille dont il se détache avec un univers propre, mêlant regard sociétal et politique à un vrai ancrage marseillais. Alors qu’il vient de terminer le tournage de son 24 e long-métrage, leçon de cinéma en sa compagnie, animée par Philippe Reynaert et Pierre Duculot.

Mercredi 27/11 à 18 h à la Cité Miroir (Liège) suivi de la projection exclusive deEt la fête continue ! à 20 h au Cinéma Sauvenière.

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Le Soir
GENERALE
Culture, mercredi 13 novembre 2024 1393 mots, p. GENERALE15

cinéma

Ave César, deux millénaires de gladiature te saluent

Pascal Martin

Comme à chaque fois que le cinéma américain s’empare d’un bout d’histoire européenne, les critiques aiguisent leur plume. Libres interprétations, extrapolations et anachronismes font du « Gladiator II » de Ridley Scott assurément une œuvre de fiction. Du cinéma.

Pascal Martin

Le Lucius Verus qui est entré dans les livres d’historien était empereur, et non gladiateur. Ou plutôt « co-empereur » puisque le destin l’installa aux côtés de Marc-Aurèle, en un tandem paradoxal. Le premier était fêtard, hédoniste, rivé aux plaisirs. Le second a laissé l’image d’un stoïcien rigide et austère. Mais tous deux, à leur manière, ont contribué par la guerre à consolider temporairement la frontière orientale de l’Empire romain. En 169 après J-C, Lucius Verus mourut à l’âge de 38 ans. Peut-être d’un empoisonnement. A moins que cela ne soit en raison de ses excès ou de la peste antonine. Le Sénat romain procéda à sa divinisation.

Dans Gladiator II, Ridley Scott prend donc une liberté complète avec la biographie de Lucius Verus. Il en avait fait de même avec son Napoléon sorti l’an dernier, à la manière de tant d’autres réalisateurs – américains ou non – qui se sont attaqués au film historique. La fiction ne prétend pas à la vérité vraie.

Une violence ritualisée

L’histoire des gladiateurs mérite toutefois d’être recadrée dans la mesure où le cinéma a volontiers donné une image de force et de virilité à ces combattants qui n’étaient souvent que des esclaves susceptibles d’être rapidement égorgés dans l’arène.

Dans un article paru en 1978 à l’occasion de la publication de La Gladiature en Occident des origines à la mort de Domitien, l’ouvrage posthume de l’archéologue Georges Ville, l’historien français Paul Veyne décrivait un divertissement cruel où se mêlent l’horreur et la fascination du public. Loin d’être un sport ou un duel à mort, la gladiature constituait un spectacle minutieusement orchestré où la violence était ritualisée et l’humiliation assumée.

Les gladiateurs ne se battaient pas nécessairement sous la contrainte. Certains d’entre eux étaient des volontaires en quête de gloire. Mais au bout du compte, esclaves comme hommes libres combattaient pour distraire et satisfaire un public dont les attentes se firent de plus en plus sanguinaires au fil des premiers siècles de notre ère.

Selon Paul Veyne, la mise en scène parfois très sophistiquée des combats reflétait la hiérarchie de la société romaine et son goût pour le spectacle morbide. Lorsqu’un gladiateur se déclarait vaincu, ce n’était pas sa compétence martiale qui déterminait son sort, mais bien le désir du public. La grâce n’était pas garantie, bien au contraire. Pour flatter le bon peuple de Rome, le « sponsor » d’un combat pouvait faire égorger systématiquement les vaincus. En une seule journée, l’un d’eux « accorda » ainsi la mort onze fois de suite aux onze gladiateurs qui étaient sortis perdants de l’affrontement. Au troisième ou quatrième égorgement, ceux qui attendaient d’entrer dans l’arène avaient compris qu’ils devraient absolument vaincre s’ils ne voulaient pas mourir. Le suspense était garanti.

Les Romains ressentaient un plaisir particulier à observer les instants de vulnérabilité humaine, lisibles dans le visage défait du gladiateur qui attendait la décision finale. Les combattants devaient, dans ce moment ultime, rester impassibles et démontrer une maîtrise de soi. Cet ultime instant de bravoure confinait en une sorte de sublimation de la mort.

La mort était une exception

« Des hommes poussés à combattre par la morsure du fer rouge, des vaincus égorgés sous les yeux fascinés du public ; sur les gradins, Cicéron, Sénèque, Marc-Aurèle, les grands penseurs d’une civilisation raffinée : comment cela a-t-il été possible ? », écrivait Paul Veyne, reprenant une question restée scotchée aux génocides du XX e siècle.

Ces propos ont été nuancés depuis. Il semble que la mort d’un gladiateur restait en réalité l’exception. Ou presque. « Contrairement à nos idées reçues, écrit l’historien et spécialiste de la gladiature Eric Teyssier, les Romains demandent la mort bien moins souvent qu’on ne le pense, peut-être dans un ou deux cas sur dix en moyenne. Lorsque le vaincu a bien combattu, l’expression de la clémence populaire prend alors une forme bien visible. En effet, les Romains demandent à l’éditeur des jeux de renvoyer le vaincu vivant (missio), en agitant une serviette (mappa). »

Le spectacle primait. Les combats de gladiateurs semblent avoir été servis par une imagination sans borne. Au Colisée, ils côtoyaient les chasses au fauve et même des combats navals. L’empereur Domitien, qui a régné de 81 à 96 ap. J-C, fit des « naumachies » un instrument de séduction destiné à s’attirer les bonnes grâces de la population romaine. Les combats étaient organisés dans un grand bassin artificiel. Un amphithéâtre fut construit pour l’occasion, plusieurs centaines de prisonniers ou esclaves étant recyclés en combattants.

Ce luxe de raffinements potentiellement mortels a engendré la question de savoir si les Romains constituaient un peuple cruel, avide de souffrance et sang. Le propos pèche assurément par son déterminisme, mais il n’est pas interdit de penser que la mentalité de l’homme libre moyen incluait l’idée que la violence fait partie de la grandeur de Rome et de sa survie. Et puis, que valait la mort ?

A l’opposé, le spectateur romain pouvait faire preuve de clémence, saluant ainsi l’honneur et la compétence des gladiateurs. Le geste mythique du « pouce retourné » pour demander la mort ne serait qu’une invention moderne. Une gladiature volontaire existait de surcroît, on l’a dit, organisée sous un cadre contractuel, ce qui démontre qu’elle ne se résumait pas à une exploitation cruelle. L’évolution vers une « gladiature technique » au Haut Empire, où les combats furent codifiés et les armatures des gladiateurs conçues pour offrir un spectacle plus raffiné, indique que les affrontements n’étaient pas nécessairement brutaux. Si les gladiateurs étaient formés aux techniques de combat, l’accent était également mis sur le spectacle, l’adresse et la maîtrise des armes, ce qui peut suggérer que la cruauté n’était pas l’objectif premier.

Par déduction statistique, on peut toutefois imaginer que plus il y avait de combats comme ce fut le cas durant le règne de Caracalla, plus le sang rougissait le sable de l’arène.

De Mussolini au MMA

La réalité quotidienne des gladiateurs apparaît bien éloignée de la figure mythique que l’époque contemporaine leur prête. L’Italie de Mussolini a souvent glorifié ces combattants, associés à la virilité, à l’endurance et au nationalisme. Certains groupes de supporters violents se surnomment « gladiateurs », à la manière des fans du Spartak Moscou. De nombreux clubs et franchises utilisent le nom « Gladiators » pour leurs équipes, que ce soit dans des sports de combat, de football américain, ou d’autres disciplines. C’est un nom particulièrement populaire pour les équipes de boxe, de lutte et de MMA.

« Gladiateur », c’est un mot qui cogne. C’est aussi une certaine idée de la liberté. Un esclave passé au rang de champion dans l’arène pouvait se débarrasser une fois pour toutes de ses chaînes. Flamma, un Syrien qui combattit sous le règne d’Hadrien, choisit cependant de rester gladiateur plutôt que d’être libre. Pourtant, il avait été récompensé pour sa bravoure par la rudis, un bâton symbolisant la liberté. Et puis, il y eut des « guest stars » inattendues tel l’empereur Commode resté célèbre pour avoir participé à des combats de gladiateurs en tant que spectateur et acteur.

La gladiature s’est parfois retournée contre Rome. En 73 av. J-C, le Thrace Spartacus a mené une révolte massive d’esclaves et de gladiateurs contre l’armée romaine. Bien que la révolte ait été écrasée et son meneur tué deux ans plus tard, son nom est resté dans l’histoire comme un symbole de résistance à l’oppression. Auparavant, Spartacus avait été entraîné à Capoue, où étaient formés les gladiateurs destinés pour partie à mourir égorgés.

Tribune de Genève, no. 23631
Culture, mercredi 6 novembre 2024 510 mots, p. 23

[Une 26e édition toute en puissance...]

Une 26e édition toute en puissance féminine

Festival Filmar

Dès le 15 novembre, le rendez-vous du cinéma latino proposera 70 films, dont 25 en avant-première. Honneur aux dames!

Genève va voyager au cœur de l'Amérique latine du 15 au 24 novembre. Durant dix jours, la 26e édition du Festival Filmar en América Latina, placée sous le signe des femmes et de leur force de vie, proposera 70 films, dont 25 en avant-première.

Parmi les 39 longs métrages présentés, près de la moitié sont signés par des réalisatrices, se réjouissent les organisateurs. Et quand les femmes filment, elles parlent sans tabou d'être au monde, de justice, de corruption, de maternité, de droits humains, de sexualité et d'amour.

Autres fils conducteurs de la programmation, la musique et des rythmes qui font vibrer l'écran et les corps, l'écologie et la justice environnementale, l'oppression et l'insoumission.

Hors des clichés

La mouture 2024 est jalonnée par plusieurs films primés dans des festivals internationaux. Trois d'entre eux ont été sélectionnés pour représenter leur pays aux Oscars 2025: « Reinas » de Klaudia Reynicke pour la Suisse, « Emilia Pérez » de Jacques Audiard pour la France et « Sujo-Hijo de Sicario » d'Astrid Rondero et Fernanda Valadez pour le Mexique, qui évoque le fléau des cartels.

Parmi les autres films à l'affiche, le sensuel « Baby » du Brésilien Marcelo Caetano et le très remarqué « Dispararon al pianista » de Fernando Trueba, un film d'animation sur un pianiste prodige brésilien mystérieusement disparu en 1976. Le long métrage de la réalisatrice argentine Celina Murga, « El aroma del pasto recién cortado » (L'arôme de l'herbe qui vient d'être coupée) sur le thème de l'infidélité a lui été produit par Martin Scorsese.

Le festival accueillera dix-sept invités, dont quatorze réalisateurs d'Amérique latine. Les figures majeures du cinéma Fernando Trueba (Espagne) et Ernesto Daranas (Cuba) feront notamment le déplacement à Genève, tout comme l'actrice et réalisatrice Grace Passô. Filmar propose d'ailleurs plusieurs œuvres de cette figure iconique de la scène artistique brésilienne, qui explore avec audace les questions identitaires.

Participation et inclusion

La manifestation qui souhaite sortir des clichés collant au continent latino-américain mélange également les genres: du thriller à l'animation en passant par la romance, le drame et le documentaire, rappellent les organisateurs. Les films proviennent de quinze pays: Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Équateur, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine et Venezuela.

Parmi les nouveautés, Filmar annonce des actions pour rendre la culture et le cinéma plus inclusifs, dont les billets suspendus. Cette pratique solidaire consiste à acheter un billet en payant un peu plus cher. Le supplément est reversé afin de faire profiter des personnes qui ne pourraient pas s'offrir une place de cinéma.

Autre projet participatif, Filmar_juntEs est destiné à toute personne qui vient d'arriver en Suisse, sans autre prérequis que d'être hispanophone. Il permettra de faciliter l'accès au festival. Quelques films seront notamment projetés dans certaines communes genevoises, gratuitement. Les participants éliront leur film préféré. ATS

Filmar,

du 15 au 24 novembre, divers lieux. Prog.:

www.filmar.ch

L'une des affiches de l'édition 2024: du muscle et des dames. DR

Le Temps
Culture, mercredi 27 novembre 2024 910 mots, p. 18

Le septième art comme machine à méditer

NORBERT CREUTZ

8087

CINÉMA Après trois décennies d'absence, le maître espagnol Victor Erice revient avec « Fermer les yeux », un magnifique film testamentaire s'il en fut jamais

8087

« Triste-le-Roy, 1947 ». Le film s'ouvre sur cette inscription et les amateurs de Jorge Luis Borgès sauront aussitôt à quoi s'en tenir avec ce début qui voit un homme arriver dans la belle demeure isolée d'un vieux juif fortuné et accepter la mission de retrouver sa fille, restée avec sa mère à Shanghai. Bien sûr, tout ceci n'est que pure fiction, ramenée sur le terrain du cinéma via un clin d'oeil non moins explicite au Shanghai de Josef von Sternberg (1941). Et si ces références vous paraissent par trop ésotériques, l'image (tournée en 16 mm) trop sombre et pas assez nette, les plans séquences longs et bavards, il y a de fortes chances que Fermer les yeux ne soit pas un film pour vous.

Après tout, ce n'est là que la rêverie d'un vieux cinéaste aussi culte que cultivé: l'Espagnol Victor Erice, 83 ans, auteur jusque-là de seulement trois longs métrages révérés par les plus cinéphiles, L'Esprit de la ruche (1973), Le Sud (1983) et Le Songe de la lumière (1992). A moins que ne s'ouvre à lui une seconde carrière à la manière du Portugais Manoel de Oliveira, disparu à 106 ans, ce pourrait aussi bien être la dernière, vu son rythme de travail. Tout cela pour dire que l'âge joue un rôle important dans cette histoire, de même que le temps « perdu ».

Une quête nocturne proche de la rêverie mélancolique

C'est à sa recherche que part encore sans le savoir le sexagénaire Miguel Garay (Manolo Solo) un jour de 2012 où il accepte l'invitation de participer à l'émission Affaires non élucidées. L'épisode est consacré à la disparition d'un célèbre acteur espagnol, Julio Arenas (José Coronado), que nous venons de voir dans le rôle du détective missionné. Et il s'agissait en fait d'une des deux seules séquences tournées d'un film de Garay, Le Regard d'adieu, resté inachevé en 1990 du fait de la disparition de la star du film... Le corps d'Arenas n'ayant jamais été retrouvé, au contraire de sa voiture et de ses chaussures près d'une falaise, la police a conclu à un accident ou un suicide. Quant à la carrière de cinéaste, elle s'est plus ou moins arrêtée là.

Pour préparer l'émission, Miguel s'en va d'abord retrouver les bobines du film, heureusement archivées par Max, un vieil ami. Puis, la curiosité piquée, il contacte aussi la fille du disparu Ana (Ana Torrent), devenue guide au musée du Prado, ainsi qu'une ancienne flamme commune, la chanteuse Lola (l'Argentine Soledad Villamil), de retour des Etats-Unis. Enfin, alors qu'il est rentré assez dépité dans sa modeste habitation sur le port d'Almeria, le témoignage d'une jeune spectatrice de l'émission rebat les cartes. Et si Arenas était cet inconnu amnésique accueilli depuis deux décennies par les religieuses d'une maison de repos? Voilà qui mérite vérification...

Evidemment, tout cela reste quelque peu tiré par les cheveux. Jamais star n'a disparu de la sorte, l'interview télévisée ne ressemble à rien de connu et les âges respectifs des comédiens ne collent pas vraiment. Pourtant, même passée à une image plus contemporaine et numérique (cela reste très beau), la quête largement nocturne de Miguel Garay conserve une tonalité proche de la rêverie. Et même chargée d'une mélancolie tenace (il sera aussi question d'un fils perdu), l'affaire n'en gagne pas moins en suspense. Difficile en effet de ne pas être doucement happé par la maîtrise des cadrages et des rythmes de Victor Erice, fin connaisseur du cinéma classique.

L'étoffe dont nos rêves sont faits

Où d'autre qu'ici verrait-on aujourd'hui une séquence se jouer avec en fond une affiche des Amants de la nuit de Nicholas Ray? Où d'autre entendrait-on soudain des acteurs entonner une chanson de Rio Bravo et citerait-on Carl Theodor Dreyer pour parler miracle? Encore plus fort, cette biographie exhibée de Michal Waszynski, réalisateur en Pologne du Dibbouk devenu producteur espagnol du Cid d'Anthony Mann via l'armée Anders durant la Deuxième Guerre mondiale: un « artiste qui comprit un jour que sa véritable oeuvre serait sa vie ».

Ce qui s'annonçait comme un bilan assez amer se transforme alors dans une deuxième partie pleine de sagesse. Certes, le temps a passé et bien des rêves se sont envolés sans avoir pu se réaliser. Mais une existence peut aussi être vécue autrement qu'on l'avait imaginée sans être perdue pour autant. Les retrouvailles entre notre rêveur devenu un peu ermite et Arenas, un séducteur tombé de haut, n'en seront que plus belles. Au passage, une émotion rare étreindra tous ceux qui auront reconnu en Ana Torrent la fillette de 6 ans aux grands yeux noirs fascinée par le monstre de Frankenstein dans L'Esprit de la ruche.

Quant au final, qui convie tout le monde dans un vieux cinéma rouvert pour l'occasion pour visionner l'autre séquence du Regard d'adieu, il est magnifique. Une profession de foi intacte en cette formidable machine à (se) raconter des histoires, cet art capable d'enjamber le temps qui passe et de réveiller les consciences en titillant la mémoire. Après ça, il ne reste plus qu'à fermer les yeux pour méditer à cette « étoffe dont nos rêves sont faits », sur les traces de Borgès, de John Huston (Le Faucon maltais) et bien sûr de Shakespeare.

Fermer les yeux (Cerrar los ojos), de Victor Erice (Espagne, Argentine, 2023), avec Manolo Solo, José Coronado, Ana Torrent, 2h49.

Tribune de Genève, no. 23821
Culture, mardi 26 novembre 2024 954 mots, p. 15

[Théâtre de Carouge...]

Théâtre de Carouge

« La crise » de Coline Serreau réussit l'épreuve des planches

Jean Liermier met en scène l'adaptation théâtrale d'un film à succès datant de 1992. Ce spectacle sera donné aussi à Kléber-Méleau en janvier prochain.

Bertrand Tappolet

« La crise » , comédie sociale emblématique de Coline Serreau, s'empare de la scène du Théâtre de Carouge sous la direction de Jean Liermier, en première mondiale avec quatre comédiennes et autant de comédiens. Dont Romain Daroles dans le rôle de Michou, un SDF collant, mais au grand cœur. Adaptée pour le théâtre par la cinéaste et son fils Samuel, cette œuvre tragicomique éclaire avec une acuité renouvelée les fractures de notre société. Entre satire mordante et tendresse désarmante, cette version scénique explore les failles contemporaines tout en offrant une réflexion subtile sur la condition humaine.

Au cœur de l'intrigue, Victor (Vincent Lindon au cinéma, Simon Romang ici), conseiller juridique modèle, voit sa vie basculer en une journée: son épouse le quitte, son entreprise le licencie, et son entourage, indifférent, lui tourne le dos. Ce coup de tonnerre amorce une plongée dans l'absurdité d'un monde implacable où relations humaines et solidarité semblent contaminées par un individualisme glaçant. Jean Liermier insuffle à cette descente aux enfers une énergie vibrante, où chaque tableau agit comme une loupe grossissante sur nos paradoxes.

Duo de choc

Victor incarne le naufragé moderne, l'homme qui lutte contre un courant impitoyable. Jean Liermier décrit ce parcours comme une fable initiatique: « Victor est comme un saumon tentant de remonter la rivière. Mais pour se reconstruire, il doit d'abord abandonner une part de lui-même et apprendre à rencontrer l'autre. » Cette idée d'abandon nécessaire, au cœur de l'arc narratif de Victor, trouve une résonance universelle dans un monde en quête de sens.

Face à Victor, Michou (Patrick Timsit hier sur grand écran, Romain Daroles aujourd'hui sur scène), SDF gouailleur et philosophe du quotidien, bouleverse les codes des relations maître-valet héritées des classiques. « Le duo Victor-Michou rappelle Sganarelle et Dom Juan, mais dans une version sociale et contemporaine » , observe l'homme de théâtre. Avec ses répliques cinglantes et son humour corrosif, Michou agit comme un miroir pour Victor, mettant à nu ses travers et ses illusions.

L'une des scènes les plus marquantes de leur relation est ce moment où Michou, pressé par Victor de dire la vérité, lâche: « Si vous n'aviez pas de fric, alors là franchement, je n'aurais jamais eu l'idée de vous suivre hein... » Loin d'être une caricature, cette déclaration, brutale mais honnête, révèle une humanité pétrie de contradictions. Michou, à la fois complice et révélateur, incarne cette vérité implacable qui dérange mais libère. Pour le metteur en scène, cela ne signifie pas que Michou ne soit pas attaché à Victor, au contraire, paradoxalement. « Michou incarne un naïf, et comme il le dit lui-même, il ne peut s'empêcher de dire des choses qu'il faut pas dire... »

Dans cette fresque tragicomique, chaque personnage offre une facette de nos luttes contemporaines. La mère de Victor - Maria Pacôme chez Serreau, Brigitte Rosset chez Liermier - , dans un monologue d'anthologie, revendique son droit à la liberté face à son fils, sa fille et son époux qu'elle quitte: « Pendant trente ans, je n'ai vécu que pour vous, qu'à travers vous, alors tu permettras que, pour une fois, je m'occupe de mes affaires avant les tiennes. » Ce refus des conventions conjugales devient alors un cri universel pour des femmes en quête d'autonomie.

La mise en scène de Jean Liermier sublime ces trajectoires avec une scénographie ingénieuse et fluide signée Rudy Sabounghi. Trente-six décors se succèdent sans rupture, créant un espace où le temps et l'espace semblent s'entrelacer. « Au théâtre, le direct donne une intensité unique aux dialogues. Certaines émotions, que le cinéma suggère, prennent ici une force brute, immédiate » , souligne le metteur en scène.

Rire multiple

Le théâtre, loin de chercher à rivaliser avec le cinéma, propose ici une expérience différente, plus immersive. Les dialogues, joués sur le vif et non figés, prennent une dimension plus intense, où l'humour agit comme une arme à double tranchant: réveiller, mais il peut aussi guérir. « Cette ambivalence est essentielle dans l'écriture de Serreau » , insiste Liermier. Et c'est précisément ce mélange d'humour et de gravité qui donne à cette adaptation toute sa puissance.

« La crise » , au-delà de son titre, n'est pas qu'un constat amer. Elle offre un espoir, celui d'une transformation possible, d'un renouveau. Victor, confronté à ses propres limites, finit par s'ouvrir au monde grâce à sa rencontre avec Michou et sa famille. Cette ouverture, bien que douloureuse, devient le moteur d'une reconstruction personnelle. « Il y a toujours en l'être humain une capacité à rêver et à changer, affirme Liermier. C'est l'un des messages essentiels de la pièce. »

Avec cette adaptation, le metteur en scène veut continuer à rebrasser les cartes entre comédie et drame, entre légèreté et profondeur. Soit son ADN artistique depuis ses débuts en 2004 au Théâtre de Carouge alors dirigé par François Rochaix avec sa mise en scène d' « On ne badine pas avec l'amour » de Musset. « La crise » en devient une réflexion sur ce que nous sommes et aspirons à être. Plus qu'une pièce, cette création est une invitation à repenser le vivre-ensemble, à accepter nos contradictions pour mieux les surmonter. Une œuvre parfois déconcertante de vérité. Loin de se contenter de divertir, elle nous questionne et nous bouleverse.

« La crise » Théâtre de Carouge, du 26 novembre au 22 décembreThéâtre Kléber-Méleau, du 9 au 19 janvier 2025Projection du film « La crise » en présence de la réalisatrice, Coline Serreau, Cinéma Bio, Carouge, 28 novembre à 20 h

Adaptée pour le théâtre par la cinéaste et son fils Samuel, cette œuvre tragicomique portée par huit comédiennes et comédiens éclaire avec une acuité renouvelée les fractures de notre société. CAROLE PARODI

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24 novembre 2024 375 mots
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GENERALE
Culture, mardi 26 novembre 2024 257 mots, p. GENERALE13

cinéma

Trois événements à ne pas manquer au festival Politik

Gaëlle Moury

La 4 e édition des rencontres internationales du film politique (Politik) se tient à Liège et sa région jusqu’à ce dimanche. Un rendez-vous qui réaffirme le pouvoir politique du cinéma et qui invite au dialogue.

Gaëlle Moury

Lancées il y a quatre ans par Philippe Reynaert (directeur artistique, ex-critique cinéma et ex-directeur de Wallimage) et Paul-Emile Mottard, les Rencontres internationales du film politique (Politik) ne cessent de grandir. Déjà couronné de succès (avec 1.500 visiteurs lors de la première édition, 2.500 lors de la deuxième et 3.500 l’an dernier), le festival se prolonge cette année d’une journée et ambitionne de réunir 4.500 personnes. Pour y parvenir, un programme riche composé de pas moins de 27 projections (courts-métrages, longs-métrages de fiction ou documentaires) – dont neuf avant-premières – mais aussi une volonté de prolonger les films avec les spectateurs.

Au cœur de Politik, on retrouve des rencontres : une vingtaine de cinéastes seront présents tout au long de la semaine pour défendre leurs films, sans compter les débats et moments de partage. Une manière de réaffirmer que plus que jamais peut-être, le cinéma est politique. Qu’il est un outil de réflexion dans la société. Et un outil du changement aussi. Sélection de trois choses à ne pas manquer cette semaine.

Jusqu’au 1 er décembre. Nouveauté cette année : un tarif étudiant (trois euros la séance à la Cité miroir) pour rendre l’événement encore plus accessible. Infos et programme complet :

politik-liege.be.

La Tribune (Sherbrooke, QC) (tablette)
Actualités locales, vendredi 1 novembre 2024 - 08:00:00 633 mots

Quoi faire ce week-end en Estrie

La Tribune

Spectacles, événements sportifs et activités: voici les principales activités qui se tiendront en Estrie pendant la fin de semaine du 1er au 3 novembre.

Cinéma

Mommyà la Maison du cinéma

Le film culte de Xavier Dolan Mommy sera projeté le dimanche 3 novembre à la Maison du cinéma à l’occasion des 10 ans de la production. Le réalisateur sera disponible en visioconférence pour un échange après la diffusion.

Billet 10 $ adultes

Cinéma adaptatif à La Maison du cinéma

La Maison du cinéma présente le samedi 2 novembre une première dans le cinéma adaptatif. La réalisation V F C réinvente le modèle cinématographique traditionnel et permet d’élaborer sur le champ une bande sonore adaptée à l’activité cognitive du spectateur.

Billet 12,25 $ admission générale

Musique

Harry Manx au Granada

Le musicien blues et folk Harry Manx sera de passage au Théâtre Granada le samedi 2 novembre accompagnée de l’autrice-compositrice-interprète Geneviève Jodoin.

Billet 47 $ adultes

Maude Audet au Centre culturel

Dans le cadre de la série Les vendredis autour du feu, la chanteuse folk pop Maude Audet sera en spectacle au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke le 1er novembre.

Billet 36 $ adultes / 26$ étudiant

Étienne Dufresne à La Petite Boîte Noire

L’auteur-compositeur-interprète présentera son tout dernier album Étienne Dufresne fait des efforts à La Petite Boîte Noire le samedi 2 novembre. Il a fait paraître en 2020 sa première compilation Sainte-Colère avant de sortir Excalibur en 2021.

Billet 24 $ adultes

Boogát et Sonido Pesao à La Petite Boîte Noire

Les deux artistes promettent une soirée musicale latine à La Petite Boîte Noire. Les Sherbrookois sont invités sur un DJ set le vendredi 1er novembre.

Billet 25 $ adultes / 20 $ étudiant

Patrick Norman au Vieux Clocher de Magog

Le Vieux Clocher de Magog reçoit le samedi 2 novembre le chanteur country québécois Patrick Norman. Dans son spectacle Si on y allait, l’artiste revisite son répertoire bâti depuis les 50 dernières années. Il offrira également quelques-uns de ses nouveaux titres.

Billet 54 $ adultes

Humour

Sylvain Larocque au Centre culturel

L’humoriste sera en rodage au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke le samedi 2 novembre. Il présente son cinquième spectacle J’travaille là-dessus.

Billet 36 $ adultes / 26$ étudiant

Daniel Lemire au Vieux Clocher de Magog

Le Vieux Clocher de Magog reçoit le vendredi 1 novembre l’humoriste Daniel Lemire qui célèbre 40 ans de métier. En stand up, il revisite de grandes lignes de l’actualité.

Billet 48 $ adultes

Sports

Vert & Or contre Rouge & Or

L’équipe féminine et masculine de volleyball du Vert & Or de l’Université de Sherbrooke affronte à domicile le Rouge & Or de l’Université Laval le vendredi 1er novembre dès 18h.

Volontaires du Cégep de Sherbrooke

L’équipe de football collégial division 2 de Sherbrooke sera en duel contre les Condors de Beauce-Appalaches le samedi 2 novembre en quart de finale de la saison régulière.

L’équipe masculine de basketball du Cégep de Sherbrooke affronte le vendredi 1er novembre et le dimanche 3 novembre l’équipe du Collège Jean-de-Brébeuf et du Cégep de Thetford.

Jeunesse

Ariane DesLions au Granada

L’autrice-compositrice-interprète Ariane DesLions sera en spectacle au Théâtre Granada le dimanche 3 novembre. Elle propose aux tout-petits un rendez-vous musical manouche, traditionnel et folk. En plus de quelques numéros de théâtre et d’art clownesque.

Ateliers de création au Musée des beaux-arts de Sherbrooke

Tous les samedis, le Musée des beaux-arts tient l’atelier À la manière des artistes de la collection. Les familles sont invitées en matinée pour participer à l’activité. Les expositions L’écologie du paysage de la Biennale des artistes des Cantons-de-l’Est et Ballade en forêt sont aussi ouvertes au grand public.

Cet article est paru dans La Tribune (Sherbrooke, QC) (tablette)

Le Point.fr, no. 202410
People, mercredi 9 octobre 2024 572 mots

Gad Elmaleh rachète le cabaret parisien « Chez Michou »

Par Marc Fourny

L'humoriste devient le nouveau patron du cabaret qui fit les grandes heures des nuits de Montmartre. Il en fera un lieu de comédie et promet d'en préserver l'âme.

Chouchou succède à Michou... Gad Elmaleh reprend le célèbre cabaret transformiste de Montmartre qui était en liquidation judiciaire depuis l'été dernier. L'humoriste a racheté le fonds de commerce et compte en faire « un lieu de comédie et d'humour, tout en gardant l'âme des lieux », selon le service de communication de l'acteur.

Une décision saluée par Catherine, la nièce de Michou, qui a tout fait pour relancer le cabaret après la mort de son fondateur, il y a quatre ans, mais en vain : elle pestait contre le Covid , les manifestations en série et les problèmes de stationnement qui ont provoqué un effondrement des réservations... « Gad Elmaleh va continuer à faire vivre le 80 rue des Martyrs, tombé entre de bonnes mains comme Michou l'aurait aimé. On aurait été malheureux que le lieu devienne autre chose qu'un cabaret », a-t-elle déclaré à l'Agence France-Presse.

De son côté, la ministre de la culture Rachida Dati a chaleureusement remercié l'humoriste pour avoir sauvé « un des lieux les plus emblématiques de Montmartre et de Paris ».

Merci à @gadelmaleh de sauver ainsi un des lieux les plus emblématiques de Montmartre et de Paris, ce qui était une de mes préoccupations. Michou, qui est dans nos coeurs, ne pourrait qu'en être heureux. #ChezMichou @mairie18paris @rudolphgranier https://t.co/LHzGGARm4C

-- Rachida Dati ? (@datirachida)

October 8, 2024

De fait, «  Chez Michou  » a marqué la légende des cabarets parisiens dès le milieu des années 1950. À l'époque, Michel, un jeune Picard monté à Paris pour tenter sa chance, reprend le cabaret « Chez Madame Untel », rue des Martyrs. Le gay luron rachète les murs et rebaptise les lieux « Chez Michou », contraction de ses petits surnoms : « Ma grand-mère m'appelait Mimi et les fiancés Chouchou, j'ai fait un mix des deux », disait-il.

Chez Michou, l'inspiration de Jean Poiret pour « La Cage aux folles »

Il décide alors d'en faire un lieu transformiste, l'endroit est à la mode, le Tout-Paris défile : Delon, Joséphine Baker, Deneuve, Sagan, Thierry Le Luron... On vient s'encanailler auprès de celles qu'on n'appelle pas encore les Drag-queen et rigoler aux imitations de France Gall, Bardot, Mylène Farmer et Dalida - grande copine du patron.

On y croise Michou et ses Michettes aux noms colorés comme Phosphatine, La Grande Eugène ou Lady Paic... Le cabaret est si célèbre qu'il inspire le cinéaste Jean Poiret pour sa pièce La Cage aux folles, immense succès des années 1970 qui connaîtra une version tout aussi populaire au cinéma avec Michel Serrault dans l'inoubliable Zaza.

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Michou, le roi de Montmartre

Presque 70 ans plus tard, le cabaret s'apprête à ouvrir un nouveau chapitre de son histoire. Y aura-t-il encore des shows de travestis ? Après tout, Gad Elmaleh n'a pas hésité à jouer le jeu dans son fameux film Chouchou, qui fit lui aussi une belle carrière au cinéma, au point de décrocher une nomination comme meilleur acteur lors des César.

L'entourage de Gad a déjà précisé que le nom du cabaret changerait. Il faut donc s'attendre à une nouvelle programmation, plus axée sur le stand-up, à l'image d'autres Comedy clubs, qui existent déjà dans Paris et mettent en avant de jeunes talents. Michou avait déjà prévenu : son cabaret ne lui survivrait pas, prédisait-il. Mais le rire, lui, reste immortel...

Cet article est paru dans Le Point.fr

Le Nouvel Obs (site web)
Culture, jeudi 10 octobre 2024 - 18:56 251 mots

Aux obsèques de Michel Blanc à Paris : « Il nous a fait rire, maintenant il nous fait pleurer »

Des centaines de fans du Splendid se sont rassemblés devant l'église Saint-Eustache, ce jeudi, à Paris, pour rendre un dernier hommage à Michel Blanc, décédé le 3 octobre à l'âge de 72 ans.

« Il nous a fait rire, maintenant il nous fait pleurer », Nathalie Guimier, fan de cinéma, dit tout haut ce que pense la centaine de personnes venue rendre un dernier hommage à Michel Blanc, ce jeudi 10 octobre devant l'église Saint-Eustache, en plein centre de Paris. Les obsèques de l'acteur, décédé brutalement à 72 ans le 3 octobre dernier, ont été célébrées en présence de nombreuses personnalités du cinéma et du théâtre.

Dernier hommage

Une retransmission sonorisée sur le parvis de l'église a permis au public de ne rien manquer de cette cérémonie, où des membres du Splendid, la troupe de café-théâtre d'« amis pour la vie », ont pris la parole pour lui rendre un dernier hommage.

Des « Bronzés » à « l'Exercice de l'Etat », 10 films à revoir en hommage à Michel Blanc

Acteur majeur de nombreuses comédies dans les années 1980, avant de s'orienter vers des rôles plus sombres et une carrière de réalisateur, Michel Blanc a été victime dans la nuit de jeudi à vendredi d'un malaise cardiaque après un choc anaphylactique, une réaction allergique rare mais violente à l'administration d'un médicament lors d'un examen médical de routine. Il a été transporté à l'hôpital Saint-Antoine à Paris où il est décédé.

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

Challenges (site web)
vendredi 11 octobre 2024 - 18:11 UTC 703 mots
Aussi paru dans
11 octobre 2024 - AFP - Infos Françaises AFP - Infos Economiques AFP Stories (français) La Voix du Nord (site web) Yahoo! Finance France (site web réf.) Free (site web réf.) L'Opinion (site web) Boursorama (site web réf.) Le Télégramme (Bretagne) (site web) Bourse Direct (site web réf.)
12 octobre 2024 - HuffPost - France (site web) Yahoo! Finance France (site web réf.) Sud Ouest (site web)

Dati veut une réforme profonde du Pass Culture, totem de Macron

AFP

La ministre de la Culture Rachida Dati souhaite profondément réformer le Pass Culture, totem de la politique culturelle du Président Macron, dont le coût élevé et les effets sont très contestés par les acteurs du secteur.Cinq ans après son introduction, la ministre issue de LR, ralliée à Emmanuel Macron et qui a survécu à la dissolution propose d'en finir avec ce qui faisait l'originalité du dispositif: une subvention universelle de 300 euros pour tous les jeunes de 18 ans, à dépenser comme bon leur semble pour de la culture.Vendredi, au lendemain de la présentation du premier budget du gouvernement Barnier, Rachida Dati profite d'une tribune au Monde pour suggérer des aménagements, après des rapports ayant pointé les limites du dispositif.La ministre souhaite tout d'abord moduler la somme offerte aux jeunes."Sans renoncer à l'universalité du dispositif, nous devons davantage assumer que le Pass culture a vocation à corriger des inégalités de destin", souligne-t-elle, en donnant "davantage aux jeunes de condition modeste, sans négliger les classes moyennes".Elle souhaite également en finir avec le libre-service qui permet aux jeunes de dépenser comme bon leur semble leur subvention.Une partie devra être consacrée aux réservations de spectacles vivants, largement boudés par les bénéficiaires qui n'y consacrent qu'un pour cent de leurs dépenses.- Economies -Jusqu'ici, les jeunes privilégient les achats de livres, dont une grosse part de mangas, et de cinéma, pour les trois quart des dépenses.Cette réforme du Pass Culture, qu'une partie du secteur attendait avec impatience, doit permettre de "faire mieux avec moins", avance-t-on rue de Valois.Jusqu'ici, les jeunes privilégient les achats de livres, dont une grosse part de mangas, et de cinéma, pour les trois quart des dépenses (AFP/Archives - GEORGES GOBET)Avec 4,45 milliards d'euros alloués (stricte reconduction du montant attribué par la loi de finances initiale l'an dernier), le ministère de la Culture s'estime relativement épargné par l'effort budgétaire demandé en 2025 mais voit dans le Pass Culture une importante source d'économies.Étrenné en 2019-2020, le dispositif a bénéficié à plus de 3,4 millions de personnes depuis sa généralisation en 2021, touchant une grande majorité de chaque classe d'âge.Succès aidant, les chèques faits aux jeunes coûtent quelque 210 millions d'euros par an. Or de nombreux acteurs culturels reprochent au Pass, très gourmand en argent public, de rater sa cible en arrosant tout le monde, même ceux qui ont déjà les moyens ou l'habitude de consommer de la culture. Et de ne pas inciter les jeunes à aller vers des spectacles ou des œuvres vers lesquelles ils ne se seraient pas tournés sinon, gonflant les ventes des grandes industries culturelles, comme les éditeurs d'ouvrages de New Romance (fictions amoureuses agrémentées de suspense et d'érotisme) dont les ventes explosent, plutôt que les structures fragiles.Pour y remédier, de premières réformes ont déjà été menées, l'Etat créant une "part collective" dépensée via les enseignants.- "Désaveu" -Mais "la part individuelle reste encore, trop souvent, un instrument de consommation culturelle et de reproduction sociale", constate la ministre dans sa tribune, s'appuyant sur deux rapports gouvernementaux.Elle souhaite donc réduire la part directement versée aux jeunes au profit des sommes qui permettent d'améliorer "la diversification des publics et des pratiques"."La messe est dite pour le Pass Culture", juge pour l'AFP l'universitaire et économiste de la culture Jean-Michel Tobelem, qui y voit "un désaveu" du Président Macron. "Beaucoup de gens n'ont pas voulu accepter l'idée que le Pass culture n'atteignait pas ses objectifs, jusqu'à ce que la situation devienne intenable" budgétairement, regrette-t-il.Il appelle à accompagner cette réforme d'un soutien aux acteurs comme les petites librairies, les MJC et l'éducation populaire.Sociologue au Cerlis, spécialiste des pratiques culturelles des adolescents, Tomas Legon y voit lui aussi la fin de l'esprit original du Pass Culture."Le pass représentait une forme modeste d'innovation dans la politique culturelle" en laissant aux ados le choix de leurs pratiques. "Là, on revient à l'objectif classique depuis les années 1950 de la +démocratisation culturelle+, distinguant les +bonnes+ pratiques des +mauvaises+ et considérant qu'il y a des choses moins culturelles que d'autres", analyse-t-il.

Le Nouvel Obs (site web)
Culture, vendredi 4 octobre 2024 - 18:29 1508 mots

Michel Blanc, bronzé à part

Le Nouvel Obs

Décédé à 72 ans, d'un infarctus, l'acteur et réalisateur, figure populaire du Splendid, un temps plombé par l'ambivalent personnage de loser qui a fait sa gloire, n'a eu de cesse de se réinventer, entre rôles de prestige et passages remarqués derrière la caméra.

Un outsider, tel était le rôle de Michel Blanc au sein du Splendid : si ce célibataire sans enfant appartenait bel et bien au coeur nucléaire de la troupe de café-théâtre des années 1970-80, il y a néanmoins occupé une fonction de soliste par défaut, de franc-tireur, de compère à part. On pense évidemment à Jean-Claude Dusse, hilarant petit repoussoir à filles des « Bronzés » qui fit sa gloire, loser majuscule préfigurant l'archétype du célibataire houellebecquien (en plus drôle), le seul à balader sa frustration au milieu des couples établis et des petits hédonistes de vacances, campés sans exception par tous ses copains.

Décédé cette nuit à 72 ans, Michel Blanc disait lui-même que ce personnage de poissard de la séduction lui allait hélas comme un gant - cruelle, la logique comique l'a poussé à l'incarner, lui, plutôt qu'un Thierry Lhermitte ajoutait-il.

Michel Blanc en 2016 : « Avec "les Bronzés", nous nous sommes tirés une balle dans le pied ! »

Sur les bancs du lycée Pasteur, niché au coeur de Neuilly-sur-Seine, future cité sarkozyste, Blanc fait déjà figure de prolétaire égaré face à ses camarades Clavier et Lhermitte. Lui habite plus au nord, dans la banlieue ouvrière de Colombes, fils unique d'un père déménageur et d'une mère dactylo. Cette extraction modeste le rapproche de Jugnot, enfant de boucher et bon élève promu comme Blanc chez les riches de la rive d'en face : le petit Gérard résidait dans la voisine et populaire Puteaux où le petit Michel passait ses après-midi chez sa tante, écoutant en boucle Mozart et Chopin sur son pick-up stéréo. Si le groupe se soude en cours d'allemand, moquant les tics et les coups de sang du prof (« Blanc et Jugnot, plus jamais ensemble ! » leur aurait hurlé un jour, à bout de nerfs, l'enseignant-martyr), leur vocation mûrit au club théâtre, couvée par Tsilla Chelton, future actrice de « Tatie Danielle », intervenante dans l'établissement et immédiatement convaincue de leur potentiel.

Emancipation du Splendid

Blanc hésite à franchir le pas, plus tenté par le piano que par l'art dramatique. L'effet de groupe l'emporte. Nous sommes au coeur des années 1970 et alors que le Splendid prend racine sur les planches, ses membres tapissent les arrière-plans des grands « hits » sérieux de l'époque. On repère la silhouette malingre de Blanc en valet de chambre royal dans « Que la fête commence » de Bertrand Tavernier (Lhermitte et Jugnot tiennent chacun une hallebarde), en voisin ronchon dans « le Locataire » de Roman Polanski (Balasko joue la concierge), ou en moniteur détraqué dans « la Meilleure Façon de marcher » de Claude Miller. Il faut être grand clerc pour deviner l'étoffe drolatique de ce jeunot dégarni tout transpirant de mal-être. Il a vécu, dit-il, le triomphe des « Bronzés » et l'avènement populaire de Jean-Claude Dusse comme un moyen d'exorciser les tourments d'un âge ingrat qui n'en finissait plus. On le croit sur parole.

En tout cas, le film, boosté par le carton de sa suite aux sports d'hiver (Blanc a rechigné jusqu'au bout à rempiler pour « Les bronzés font du ski »), marque une bascule nette. En dehors des films de troupe labélisés, Clavier et Chazel tournent ensemble, de même que Jugnot et Lhermitte. Blanc préfère, quant à lui, partager la vedette avec le reste du cinéma français (Lanvin, Giraudeau, Birkin), pourvu qu'elle soit dissociée du Splendid. Désormais star et bientôt bankable, l'acteur se rapproche de Patrice Leconte, réalisateur des deux « Bronzés », au point de faire bisquer Clavier, courroucé de cette captation manifeste de patrimoine commun. Signées Leconte, « Viens chez moi, j'habite chez une copine », « Ma femme s'appelle reviens » et « Circulez, y a rien à voir », sont autant de comédies d'exploitation qui émancipent la figure du petit galérien moustachu d'un collectif désormais traversé comme une ombre par l'acteur. Pour le Splendid, il n'est plus qu'une voix ordurière qui résonne dans le combiné d'Anémone dans « Le père Noël est une ordure » (le fameux « Je t'encule Thérèse !  ») et passe furtivement dans « Papy fait de la résistance », en curé partisan. « Marche à l'ombre », son premier film comme réalisateur, va clore cet âge d'or un peu ronronnant. « Je suis resté là où j'avais pied, puis je me suis dit que c'était le meilleur moyen de ne jamais bien nager » dit-il à « Libération » en 2006.

Des « Bronzés » à « l'Exercice de l'Etat », 10 films à revoir en hommage à Michel Blanc

Sa promotion ? « Tenue de soirée », baptême de feu auteuriste dans lequel Bertrand Blier le façonne en objet de désir de l'ogre Depardieu. Le film, acide et vénéneux, pousse son personnage de clown mal aimé dans un grand bain transgressif. Sur le fond, ce rôle d'Antoine, mari méprisé, amant phagocyté, zonant dans les arrière-cours de la banlieue parisienne, ressemble comme un frère aux marginaux déguisés en beaufs truculents qu'enchaîne Michel Blanc depuis les « Bronzés ». Squatteur (« Viens chez moi... », « Marche à l'ombre »), flic obsessionnel (« Circulez !...  »), asexuel résigné (« Ma femme s'appelle reviens »), hypocondriaque évidemment (il l'était dans le civil), il se pose en pur négatif de l'ami Jugnot, incarnation du Français moyen conformiste.

« Tenue de soirée » aura cependant l'effet escompté : salué par la critique, il consacre Blanc en acteur de prestige. Lui, ce deuxième choix dans l'esprit de Blier (il pensait à l'origine à Patrick Dewaere), remporte à Cannes le prix d'interprétation masculine en 1986. Démarre alors un second chapitre de cinéma, où perlent son talent toujours sûr mais aussi un désir de respectabilité un rien envahissant. En 1989, pour « Monsieur Hire », remake aimablement ficelé de « Panique » de Julien Duvivier, adapté de Simenon, il retrouve Patrice Leconte, rase sa moustache, signe ostentatoire d'un Blanc nouveau. Encore un rôle d'amoureux frustré pétrissant ses névroses, un Dusse inquiétant, radical (et privé d'humour), qui blinde un peu plus sa carapace de néo-star sérieuse - il décroche une nomination aux César en 1990.

Nouvel honneur quatre ans après : de retour sur la Croisette, le voilà récompensé du prix du meilleur scénario pour « Grosse Fatigue », drôle d'egotrip maso dans lequel Blanc met en scène un sosie honteux saccageant sa vie d'artiste respectable. Un écho distingué aux « Visiteurs » avec Clavier, sorti l'année précédente (la collision Jacquouille-Jacquard), doublée d'un violent retour du refoulé : l'acteur noircit avec force ce passé comique qu'il assimile sans ambages à un passif indélébile et laisse entendre qu'il s'ennuie un peu depuis son Olympe chèrement acquise - le fait est qu'il tourne peu depuis « Tenue de soirée ». Mais ce succès populaire, cette fois, n'enclenche plus rien, sinon le désir d'une renaissance complète loin des regards. « Mauvaise Passe », son film suivant, l'histoire d'un quinqua français installé à Londres s'initiant par hasard au métier d'escort de luxe, ne raconte rien d'autre - c'est cependant un bide noir. Blanc se contente de le mettre en scène, il choisit Daniel Auteuil en vedette, renonçant par là à incarner pour la première fois un playboy, même un playboy qui s'ignore.

Libéré de sa propre image

Il revient en France trois ans après, aux commandes d'« Embrassez qui vous voudrez », une comédie chorale, genre alors hyper à la mode, nanti d'un casting ultrachic : Jacques Dutronc, Charlotte Rampling, Carole Bouquet et les débutant Gaspard Ulliel et Mélanie Laurent. Un Blanc nouveau, encore : il exhibe à la caméra des épaules et des biceps de culturiste sculptés à la salle - on comprend l'intention thérapeutique, mais cette énième transformation déroute. Fidèle à sa légende noire, il s'est néanmoins réservé le rôle du mari cinglé de Carole Bouquet, comme pour mieux paraphraser son ancien mentor Bertrand Blier (« Trop belle pour toi »).

Passé de sordides retrouvailles avec la bande du Splendid (il sera le premier à regretter publiquement le désastre artistique des « Bronzés 3 »), l'horizon s'éclaircit enfin avec le succès surprise de la comédie romantique d'Isabelle Mergault, « Je vous trouve très beau » en 2005 : dans cet ancêtre de l'émission « L'amour est dans le pré », Blanc, citadin pur sucre dans la vie, prête ses traits à un fermier grincheux lequel réussit à séduire une jeune femme roumaine contactée via une agence matrimoniale. Il faudra attendre la toute fin du film pour le voir conclure, mais l'ombre de Jean-Claude Dusse s'évanouit pour de bon.

Les années 2000 le voient cumuler de nombreux rôles de composition dans des genres très différents. S'éloignant de la tête d'affiche, Michel Blanc s'est aussi recentré dans le même temps, libéré de sa propre image : il campe le plus souvent des messieurs responsables, vénérables et respectés, avocat et père de famille dans « la Fille du RER » de Téchiné, flic dans « le Deuxième Souffle » de Corneau, et surtout directeur de cabinet du ministre des transports dans « l'Exercice de l'Etat » de Pierre Schoeller qui lui vaut en 2012 le César du meilleur second rôle. Une ultime médaille entachée d'une petite contrariété médiatique : la remettante Mathilde Seigner annonce durant la cérémonie qu'elle aurait préféré voir JoeyStarr l'emporter. Michel Blanc n'avait pourtant nul besoin qu'on lui rappelle que les honneurs comme les triomphes publics, possèdent toujours leur part de malaise.

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

L'Aisne nouvelle
61STQ
PAGES LOCALES, samedi 5 octobre 2024 414 mots, p. 61STQ26

Guise

La ville renforce sa politique culturelle

Sarah Rémond

Lors du conseil municipal, la ville a décidé de renforcer sa politique culturelle en adhérant à l’association Solutions culturelles.

Lors du conseil municipal de mardi, la ville de Guise a pris une décision importante en matière de politique culturelle : adhérer à l’association Solutions culturelles. Un choix qui vise à fédérer l’ensemble des initiatives culturelles du territoire autour d’une démarche « cohérente et structurée », après « plusieurs mois de travail.»

Le maire, Hugues Cochet, a rappelé les principaux projets culturels qui seront concernés par cette adhésion. Parmi eux, le festival de la Ronde des Briques, les résidences artistiques, les actions menées dans les communes -les bibliothèques par exemple- ou encore les questions relatives à la lecture publique. L’édile a aussi évoqué la possibilité d’inclure la gestion du cinéma, ainsi que la saison culturelle du théâtre du Familistère, annulée pour 2024/2025 en raison de la hausse des coûts d’énergie. La cidrothèque, autre initiative culturelle locale, pourrait également être intégrée dans cette démarche.

Selon le maire, cette adhésion permettra « d’ancrer véritablement les politiques publiques culturelles du territoire.»

Solutions culturelles : promouvoir la culture en Thiérache

L’association Solutions culturelles a pour mission de développer et promouvoir la culture et les arts sous toutes leurs formes, dans les Hauts-de-France et principalement en Thiérache et dans l’Aisne. Elle s’attache à multiplier les actions culturelles et socioculturelles, tout en favorisant l’accès aux savoirs, à la lecture publique, à l’éducation à l’image, au spectacle vivant et bien d’autres thématiques. L’association s’implique dans l’exploitation des équipements culturels comme le cinéma, participe au rayonnement du Familistère et au dynamisme local et encourage le développement économique et touristique de la région, entre autres.

« Ça devenait urgent »

Lors de cette réunion, la conseillère Corinne Monfront, présidente de la régie du Familistère, a été désignée pour représenter la commune de Guise au conseil d’administration de l’association. Convaincue de la nécessité de rassembler les efforts, elle a déclaré : « C’est nécessaire de mettre toutes les forces dans un même chemin et de créer une synergie. » Selon elle, cette stratégie culturelle « plus percutante et perspicace » permettra de mieux répondre aux attentes des citoyens : « Aujourd’hui, chaque entité monte des projets de son côté. Il est temps de les rassembler. Je suis convaincue que ça devenait urgent. »

Sarah Rémond

Pleine Vie (site web) - Pleine Vie
mercredi 23 octobre 2024 - 08:52:15 -0000 532 mots

Franck Dubosc (60 ans) : qui est sa discrète épouse, Danièle, qu'il a épousée en 2009 ?

La rédaction

Franck Dubosc (60 ans) : qui est sa discrète épouse, Danièle, qu'il a épousée en 2009 ?

Publié le 23 octobre 2024 à 10:37

Par Alice Lefebvre

Crédit photo : Récifilms - Village Films - Orange Studio - France 2 Cinéma - Umédia

Star des films Camping et à l'affiche de Loups-Garous, Franck Dubosc est amoureux de la même femme depuis près de vingt ans.

Acteur emblématique de comédies françaises, Franck Dubosc est à l'affiche d'un nouveau film. Le 23 octobre 2024, Netflix dévoile son nouveau long-métrage, Loups-Garous, une comédie familiale adaptée du célèbre jeu de société. Le comédien de 60 ans en partage l'affiche avec Jean Reno, Jonathan Lambert, Suzanne Clément et Grégory Fitoussi. En parallèle de sa carrière, il est aussi très épanoui dans sa vie privée et est amoureux de la même femme depuis près de vingt ans. Qui est donc sa discrète épouse, Danièle ?

Qui est Danièle, la femme de Franck Dubosc depuis 2009 ?

Depuis le début des années 2000, Franck Dubosc est l'une des stars de la comédie française. Après avoir été révélé par ses one-man-shows, il a percé au cinéma grâce à son rôle dans Camping, avant de jouer dans de nombreux autres films et de passer derrière la caméra pour Tout le monde debout et Rumba la vie. Pour autant, l'acteur partage la vie d'une femme très discrète, Danièle, depuis près de vingt ans. On sait peu de choses d'elle, en dehors du fait qu'elle a dix ans de moins que son compagnon et qu'elle est née au Liban.

En revanche, on a un peu plus de détails sur leur couple, qui s'est formé en 2006. Ainsi, après trois ans de relation, Franck et Danièle Dubosc se sont fiancés en avril 2009, avant de se marier en juin 2009. Un mariage qui s'est fait à la demande de sa compagne, qui souhaitait s'unir à son compagnon avant d'avoir des enfants avec lui. Une fois mariés, le couple a eu deux enfants, Raphaël, né en janvier 2010, et Milhan, né en octobre 2012.

crédit photo : Shutterstock Franck Dubosc et sa femme, Danièle.

Comment Franck Dubosc a-t-il rencontré son épouse ?

Généralement pudique sur sa vie privée, Franck Dubosc a évoqué quelques fois son épouse dans les médias. "Ma femme me calme, m'apaise. Elle m'a aidé à m'aimer un peu plus. Dès le premier regard, elle a compris qui se cachait derrière le masque", confiait-il dans les colonnes de Gala.

De son côté, Danièle Dubosc avait raconté leur rencontre, dans une courte vidéo dévoilée par Karine Le Marchand sur Instagram, pour l'émission Une ambition intime. Ils se sont rencontrés à Monaco, en 2006, alors qu'elle travaillait chez NRJ et organisait un festival d'humour. "Je ne sais pas si on peut appeler ça un coup de foudre, mais j’ai tout de suite flashé. Je le voyais comme ça, sur scène, un beau gosse, avec ses pommettes, qui souriait timidement etc, et je me disais : 'Comment il peut faire ce métier en me paraissant si timide ?' et j’ai tout de suite vu une personne hyper sensible, hyper simple, hyper humble en fait", avait-elle expliqué.

Cet article est paru dans Pleine Vie (site web) - Pleine Vie

Le Temps
Culture, mercredi 13 novembre 2024 578 mots, p. 17

Jean-Paul Rouve navigue à vue

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CINÉMA Xavier Beauvois déclare sa passion pour la voile dans « La Vallée des fous », avec Rouve en skipper virtuel en quête de rachat dans le Finistère, pour un cinéma aux ficelles « feel good »

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Comme son contemporain Arnaud Desplechin, Xavier Beauvois est un cinéaste arrivé en quête d'un second souffle. De film en film, l'auteur de N'oublie pas que tu vas mourir (1995), Le Petit Lieutenant (2005) et Des Hommes et des Dieux (2010) donne l'impression de fléchir doucement.

Et ce n'est pas ce 9e opus, le premier à n'avoir été invité dans aucun festival, qui va changer la donne. A moins qu'il ne vise désormais une reconnaissance populaire en engageant des acteurs comme Jean-Paul Rouve et Pierre Richard et en s'affichant fan de voile, plus particulièrement de course au large?

Imaginé en temps de covid, qui lui a fait découvrir les joies du sport sur ordinateur avec le site Virtual Regatta, le scénario de La Vallée des fous (autre nom pour Port-la-Forêt, repaire breton des navigateurs) se déroule en deux temps. Le premier voit le restaurateur Jean-Paul traverser une passe difficile. Porté sur la bouteille, divorcé et endetté, il ne semble plus capable d'un sursaut. Et lorsque son ex fait mine de lui retirer sa fille, ce n'est pas son vieux père satisfait de jouer aux cartes dans son coin qui va le tirer d'affaire. C'est alors que germe une idée folle chez ce passionné de voile: gagner un prix du Vendée Globe en virtuel pour se désendetter.

Un deuxième temps le voit alors embarquer « pour de vrai » dans son bateau en cale sèche au fond du jardin, avec le matériel et les vivres nécessaires. Pendant toute la durée de son tour du monde en solitaire, il ne communiquera que par écran interposé. Sans alcool, tiendra-t-il le coup? Papy Pierre parviendra-t-il à trouver un cuistot pour maintenir le restau à flot? Suspense tout relatif, tant l'idée paraît peu crédible et les dés pipés, en l'absence de tout contrôle.

Lourdement sincère

De manière encore plus flagrante que dans Albatros (2021), le tourmenté Beauvois se révèle bien meilleur dans l'adversité dépressive que dans le rachat émouvant. Qui apprécie son cinéma lourdement sincère ne s'en étonnera guère. En Rouve, il trouve un alter ego idéal, parfait jusque dans une scène saisissante de manque alcoolique. Et qui d'autre que l'auteur lui-même pour jouer son remplaçant? Gag, il ne fera pas long feu aux fourneaux, laissant sa place à un fils prodigue qui s'était carapaté. Et c'est parti pour un récit alternant course virtuelle et réconciliation générale!

Sur un scénario comparable, le résultat reste mille fois préférable au terrifiant Umami avec Depardieu. Par contre, malgré quarantièmes rugissants et autre cap Horn, cette pseudo-course n'est pas plus passionnante que celles tournées en mer dans En solitaire (Christophe Offenstein, 2013, avec François Cluzet) ou The Mercy (James Marsh, 2018, avec Colin Firth). Même la participation des stars de la voile Michel Desjoyeaux et Jean Le Cam n'y change rien. C'est de voir Xavier Beauvois céder à toutes les ficelles d'un certain cinéma feel good qui est ici déprimant. Pourquoi n'a-t-il pas plutôt suivi l'exemple de Cédric Kahn, cinéaste retrouvé (Le Procès Goldman) qui venait de le diriger comme acteur dans l'excellent Making of? Ici, tout finira pépère devant une choucroute de la mer. N. C.

La Vallée des fous, de Xavier Beauvois (France 2024), avec Jean-Paul Rouve, Pierre Richard, Madeleine Beauvois, Sophie Cattani, Joseph Olivennes, Xavier Maly. 2h01

Le Nouvel Obs (site web)
Société, lundi 2 décembre 2024 - 11:39 846 mots

Accusation de « sionisme d'extrême droite », suspension de subventions... que s'est-il passé au festival LGBT+ Chéries-Chéris ?

Le Nouvel Obs

Le festival de cinéma Chéries-Chéris a vu ses subventions suspendues par la région Île-de-France jeudi 28 novembre. Sans elles, l'événement « meurt », selon son directeur artistique Grégory Tilhac. A l'origine de la décision : une polémique autour de la podcasteuse et membre du jury Julia Layani.

Ça se fête un trentième anniversaire ! Le festival des films LGBTQIA & +++ Chéries-Chéris a ainsi soufflé ses bougies du 15 au 26 novembre dernier dans plusieurs salles obscures des MK2 parisiens. L'événement voulait continuer à aborder la diversité des identités sexuelles et de genre par le cinéma, trois décennies après sa création. Au programme : «  les Reines du drame  » d'Alexis Langlois, avec Bilal Hassani en tête d'affiche, ou encore « Tout ira bien » de Ray Yeung, sur un couple senior lesbien à Hong Kong.

Israël-Gaza, le dialogue impossible ? L'entretien croisé entre Didier Fassin et Eva Illouz

Le lendemain de soirée a pourtant été difficile. Sur Instagram, Julia Layani , podcasteuse et membre du jury, déclare le mercredi 27 novembre avoir été «  témoin de la montée du fascisme». MK2 publie en réaction un communiqué le lendemain, faisant part de leur «  stupéfaction» et de leur «  choc». La ministre de la Culture Rachida Dati évoque «  une atteinte grave aux valeurs de notre République » sur X. Et la région Île-de-France décide dans la foulée de suspendre les subventions du festival par un message sur le même réseau social. Mais comment la fête a-t-elle bien pu en arriver là ?

A l'origine : un mail. Il a été envoyé début novembre et signé par un tiers du jury, auquel des réalisateurs, des cinéastes et des acteurs présents au festival se sont ensuite greffés. Julia Layani raconte avoir été tenue au courant de ce courriel par connaissances interposées. Elle estime y être accusée de «  sionisme d'extrême droite ». Ces mots ne sont en réalité jamais écrits dans le corps du texte que « le Nouvel Obs » a pu consulter. Les idées de Julia Layani y sont qualifiées de «  droite pure et dure » mais il n'y a aucune référence à sa confession religieuse ou à son rapport à Israël.

« Trouver une solution constructive »

Dans les faits, le mail demande de «  bien vouloir envisager le remplacement de Mme Layani par une personne dont les valeurs et les engagements seraient davantage en phase avec ceux de votre festival et de la communauté LGBTQIA+ ». La raison ? Julia Layania a accueilli Caroline Fourest pour une «  masterclass de politique  » en juillet dernier - dans laquelle l'hôte lance « tu es iconique », «  tu es ma gauche » ou «  je t'aime » à l'autrice du livre «  le Vertige Metoo  ». Le mail rappelle alors que Caroline Fourest tient des positions «  abolitionnistes», «  polémiques sur le génocide palestinien» ou une «  vision de la laïcité qui masque une islamophobie », selon leurs mots. Et il condamne par extension la podcasteuse.

Caroline Fourest et François Bégaudeau : deux leçons de féminisme pénibles et dispensables

Auprès du « Nouvel Obs », Julia Layani «  assume» son podcast encore aujourd'hui. Et elle répond aux accusations de «  sionisme d'extrême droite» dont elle maintient faire l'objet et précise que le Premier ministre de l'Etat hébreu Benyamin Netanyahou la « débecte ».

Après avoir eu connaissance dudit courriel, la direction organise une réunion avec les signataires. Grégory Tilhac, à la tête du festival, nous raconte alors avoir voulu «  trouver une solution constructive ». Pour lui, il était « inconcevable d'exclure Julia Layani» alors «  la contrepartie a été d'avoir un discours pendant la cérémonie de clôture », notamment sur la situation à Gaza et au Liban.

« Si la région s'entête, le festival meurt »

Le jour de la cérémonie de clôture, le mardi 26 novembre, Julia Layani propose finalement de monter sur scène avec eux et de mentionner «  les otages israéliens encore captifs du Hamas », raconte-t-elle. Mais les tenants du discours lui demandent de rester à l'écart. «  Le ton monte », entre les deux, selon ses mots, puis elle les laisse monter sur scène, avant d'intervenir, seule, pour évoquer «  les 120 otages qui sont encore à Gaza ».

Mais elle tente également de se défendre des accusations de «  sioniste d'extrême droite » dont elle croit faire l'objet. L'une des personnes dans le public répond : «  C'est pas vrai, c'est parce que tu soutiens[Caroline] Fourest ! » Dans un communiqué, publié samedi 30 décembre sur Instagram, les personnes à l'origine du mail répondent finalement : «  Nous regrettons qu'il ait généré un sentiment d'exclusion.  » «  A aucun moment il n'a été question de nier l'horreur de la situation des otages israéliens », écrivent-ils, avant de répéter que l'origine de leurs griefs est liée aux accointances avec Caroline Fourest et non à «  sa confession juive ».

Qu'importe, dans la foulée, l'extrait est posté sur les réseaux sociaux et les réactions s'enchaînent jusqu'à la décision de suspendre les subventions du festival par la région Île-de-France. Sa vice-présidente Florence Portelli , chargée de la Culture, du Patrimoine et de la Création, justifie cette décision sur X : notre politique « est et restera intransigeante dans sa lutte contre l'antisémitisme ».

La subvention représente pourtant environ 20 000 euros et, selon le directeur Grégory Tilhac, «  si la région s'entête, le festival meurt ». Il en conclut : «  J'ose espérer qu'ils reviendront sur leur décision.  »

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

Le Devoir
Culture, samedi 26 octobre 2024 1046 mots, p. A4

La « grande dame » et le « miracle abitibien »

ÉMILIE PARENT-BOUCHARD

COLLABORATRICE LE DEVOIR

Le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue souligne l’importance du travail d’Odile Tremblay

Pour sa vision de la culture «à 360 de-grés», sa curiosité in-satiable et sa généro-sité sans borne, le Festival du cinéma in-P ternational en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT) profite de l’ouverture de rideau samedi pour rendre hommage à Odile Tremblay et souligner son apport incommensurable à la vie culturelle québécoise, mais surtout sa fidélité, contre vents et marées, à faire briller l’étoile de la culture loin des grands centres.

À la mi-décembre 2023, quelques semaines après que les projecteurs se sont éteints à Rouyn-Noranda et alors que les paillettes laissaient silencieusement place aux flocons scintillants sous le 48e parallèle, Odile Tremblay prenait tout le monde par surprise en annonçant que «La culture en étoile polaire»serait sa dernière chronique dans les pages du Devoir. Il n’en fallait pas plus aux «trois mousquetaires»du FCIAT — qu’elle surnommait le «triumvirat»— pour marquer le coup.

Car Jacques Matte, Guy Parent et Louis Dallaire, trio fondateur de l’événement, insistent:la venue à Rouyn-Noranda sur trois décennies de cette «grande dame du journalisme québécois»a contribué à ce que l’événement puisse continuer à briller malgré les tempêtes. De la menace de couper les vivres aux «petits événements»de Téléfilm Canada au milieu des années 1990 au repositionnement des grands événements de la planète cinéma qui aurait pu éclipser le FCIAT une décennie plus tard, Odile Tremblay a toujours été attentive aux échos de ce qu’elle qualifiait de «miracle abitibien». «Juste être lu dans Le Devoir, c’est un honneur. Elle a une vision à 360 degrés de la vie culturelle au Québec, elle s’intéresse à tout. Elle est capable d’aller dans les quatre coins cardinaux de la culture, de fouiller et d’allumer des lumières. Elle était capable de respirer l’air du temps. Elle a fait beaucoup pour le Québec et elle a aidé plusieurs jeunes artistes, plusieurs jeunes écrivains, des organisations qui débutaient», souffle Jacques Matte, qui voit dans cette relation à distance qui a traversé le temps une sorte de «sceau d’approbation». À l’inverse, Odile Tremblay a aussi contribué à lui donner ses entrées dans les milieux mondains de la métropole où il se rendait tantôt pour promouvoir le festival, tantôt pour dénicher les premières, se souvient Jacques Matte. Par exemple en partageant d’innombrables «tisanes»au Méridien, chef-lieu de toutes les discussions et entrevues suivant les projections du défunt Festival des films du monde (FFM) en compagnie d’autres grandes pointures du journalisme québécois et fidèles du FCIAT — Franco Nuovo, Nathalie Petrowski, René Homier-Roy, entre autres.

«On a été les premiers à faire de la culture événementielle récurrente [loin des grands centres] au Québec. Et ça, Odile et les autres, ils achetaient ça. Si on avait dit:“On est meilleurs que le FFM”, on se serait plantés. Quand on a commencé, on disait qu’on était le festival le plus nordique. On se trouvait des qualités évidentes !»badinet-il en relatant le souvenir des discussions avec ces influenceurs d’une autre époque, persuadé que leur intérêt a contribué à la reprise de la recette dans d’autres régions.

Fait plutôt rare, les fondateurs disent aussi avoir été témoins dans la salle de presse du Festival de ce qui allait devenir une sorte de passage de flambeau à la relève journalistique d’Odile Tremblay, avec l’arrivée de François Lévesque. «Il arrivait de Senneterre, il travaillait pour la radio communautaire et elle le coachait», se remémore Jacques Matte.

Cégépien de 17 ans qu’il était, le journaliste et critique du Devoir confirme avoir été touché par l’ouverture de sa prédécesseure lorsqu’il s’était retrouvé à remplacer un collègue au pied levé. «J’étais déjà un cinéphile boulimique, mais pas un intervieweur:Odile, avec beaucoup de bienveillance, m’a conseillé et encouragé. Je lui en serai éternellement reconnaissant», nous écrit-il depuis la Californie où il est en couverture, avouant qu’à l’issue de cette première rencontre, jamais il n’aurait osé rêver devenir, quelques années plus tard, son collègue.

La principale intéressée sera sur place pour recevoir les fleurs samedi lors du traditionnel souper d’ouverture du FCIAT. De ces rendez-vous répétés dans le nord, que retient celle qui a été des plus grands rendez-vous de la planète cinéma, de Cannes à Marrakech, en passant par Thessalonique et Berlin ? «Ce festival abitibien est, parmi tous ceux que j’ai fréquentés, le plus convivial et le plus chaleureux. Les invités, créateurs et journalistes, enlèvent chez vous leur masque social pour enfin respirer», laisse-t-elle tomber, espérant sans doute qu’un ciel dégagé ce samedi lui permette d’apercevoir la plus brillante des étoiles, celle de la culture qui persiste et signe dans le nord… un peu grâce à ses bons soins.

À voir au Festival Outre les programmes de courts métrages présentés tous les jours du festival en après-midi au théâtre du Cuivre, qui donnent à découvrir les cinéastes de demain à surveiller, voici quelques suggestions de films à voir au FCIAT, jusqu’au 31 octobre.

Le film Le cyclone de Noël, dérivé festif de la série télé comique à succès L’oeil du cyclone, est présenté en primeur ouverture du festival ce samedi soir, quelques jours avant sa sortie en salle. Il sera précédé de Cancel the Messenger, un court métrage de Simon-Olivier Fecteau, lui aussi présenté en primeur. Toujours au rayon des premières, on pourra aussi découvrir le premier long métrage de fiction de Yanie Dupont-Hébert, 1 + 1 + 1, une comédie dramatique inspirée du Roman de l’été de Gregory Lemay, et en clôture du festival le plus récent film de Renée Beaulieu (Le garagiste), Habiter la maison, un drame mettant en vedette François Papineau.

De l’étranger, on note la présentation dimanche du thriller Alger, en présence de son réalisateur, Chakib Taleb-Bendiab, et de l’acteur Nabil Asli et de L’histoire de Souleymane, drame de Boris Lojkine, qui a remporté trois prix dans la section Un certain regard du Festival de Cannes en mai dernier.

Amélie Gaudreau

CINÉMA

Le Figaro (site web)
lundi 18 novembre 2024 - 13:09 UTC +01:00 629 mots

Culture ; Théâtre ; Actualité ; Politique

Mademoiselle Serge félicitée par Emmanuel Macron pour son spectacle sur le cancer

Charles Boutin

« Si je joue à Paris à la rentrée de 2025, je crois que je lui enverrai une invitation », a promis Muriel Mangeol, qui se dit « très émue » par cette attention.

« Le président de la République en personne. » Il y a des jours où la boîte aux lettres regorge d’enveloppes bien plus remarquables qu’une facture ou qu’un prospectus. Vendredi 15 novembre, l’humoriste vosgienne Muriel Mangeol - alias Mademoiselle Serge sur scène - s’est réjouie d’ouvrir un courrier d’ Emmanuel Macron ! Après avoir lu un article qui lui était consacré sur le site de France Bleu Sud Lorraine , le chef de l’État a tenu à féliciter l’ancienne professeure de sport, reconvertie humoriste en 2016, pour son spectacle Gai Rire 2.0, dans lequel elle évoque son cancer.

« Guérir est un mot qui résonne au plus profond de vous, et vous avez fait de l’humour votre première arme dans ce combat que vous menez contre la maladie », a d’abord écrit le président. Avant de lui rendre hommage : « Malgré votre récidive, vous avez choisi d’évoquer, avec légèreté, votre quotidien et les difficultés de vivre avec un cancer ».

Thérapie par le rire

Dans son spectacle, Mademoiselle Serge envisage une « thérapie par le rire », qui permet à l’humoriste de prendre de la distance après l’annonce de sa récidive de cancer. Emmanuel Macron vante la démarche employée par Muriel Mangeol, à savoir « sensibiliser tout en gardant à l’esprit cette joie de vivre qui [la] caractérise ». Les compliments du président ravissent l’artiste : « Je n’arrive pas à réaliser, ça m’a émue énormément. Si à un moment j’avais des doutes, je me dis que je ne peux plus douter et je dois continuer sur ma lancée, c’est fabuleux, c’est magnifique ! », a-t-elle confié à France Bleu.

Une juste récompense pour une humoriste qui a été touchée à deux reprises par la maladie, mais qui déborde de motivation. En mars 2023, alors qu’elle était encore en rémission, Mademoiselle Serge se lançait dans la conquête du toit de l’Afrique : le Kilimandjaro. Aujourd’hui, elle a comme ambition de monter sur les planches à Paris pour y présenter son spectacle. Et pourquoi pas franchir les portes du cinéma ? En octobre dernier, l’humoriste vosgienne ne les fermait pas : « Comme je vais bien, que ma santé va bien, je peux rêver grand».

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« Je lui enverrai une invitation »

Dans sa lettre, le président de la République a également rappelé à Mademoiselle Serge qu’il accordait « une importance particulière à la lutte contre le cancer » et que « la prévention en matière de santé publique [devait] rester une priorité ». Pour ensuite lui adresser personnellement « tout [son] soutien » dans la poursuite de ses projets artistiques, notamment son rêve du cinéma qu’Emmanuel Macron lui « souhaite de tout cœur concrétiser ».

À la lecture de ces lignes, Mademoiselle Serge a avoué avoir versé une larme : « J’ai pleuré! » Et de s’être dit « mais qu’est-ce que c’est?Pourquoi ? Pourquoi moi ? Est-ce qu’il n’a pas autre chose à faire en ce moment que de m’envoyer un courrier ?C’est fabuleux».L’humoriste le sait, le chef de l’État a un emploi du temps plus que chargé. Mais lorsqu’il prend le temps de vous écrire, un peu de culot s’impose. « Il faut oser!Si je joue à Paris à la rentrée de 2025, je crois que je lui enverrai une invitation [...] je lui lancerai ce défi-là! », prévient Mademoiselle Serge dans un éclat de rire.

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Cet article est paru dans Le Figaro (site web)

Le Nouvel Obs (site web)
Culture, vendredi 29 novembre 2024 - 18:30 1113 mots

« Rabia » : Megan Northam lève le voile

Le Nouvel Obs

Révélée par la série « Salade grecque », cette jeune actrice s'affirme en servante de Daech dans le film de Mareike Engelhardt, actuellement en salle.

Son enthousiasme ravageur rappelle que sa carrière, encore courte, compte peu de journées de promo, mais il souligne aussi l'importance cruciale occupée par « Rabia » dans la carrière naissante de Megab Northam. Dans le film de Mareike Engelhardt, l'actrice incarne une jeune salafiste prise dans l'enfer d'une « madâfa » de Raqqa, simili-maison close par où transitaient les recrues féminines de l'organisation Etat Islamique dans les années 2010.

Megan Northam a passé le casting « il y a quatre ou cinq ans », à une époque déjà lointaine où le cinéma était pour elle un horizon plutôt qu'une routine. « La première fois qu'on me faisait confiance pour un rôle principal dans un long métrage », rappelle-t-elle, dans un mélange de fierté et de reconnaissance.

Drôle de baptême du feu : par l'âpreté de son sujet et sa nature anxiogène, le film met plusieurs années à se concrétiser, le temps pour la jeune femme d'aller fourbir ses armes ailleurs, dans la série « Salade grecque » de Cédric Klapisch ou la fable SF « Pendant ce temps sur Terre » de Jeremy Clapin. « "Rabia" restait toujours dans un coin de ma tête » se souvient-elle, « kif » d'actrice sans cesse repoussé, mêlé toutefois d'inquiétudes, eu égard à la complexité de cette partition ténébreuse.

Un tournage « hardcore du début à la fin »

En amont du tournage, Megan Northam avale des pages de documentation, rencontre deux survivantes de Daech et écoute, fascinée, leur récit d'embrigadement mortifère. L'une est intarissable sur les flux sensoriels qui circulaient dans la madâfa, en particulier « les odeurs de parfum portés par les soldats, celles des violeurs, du bâtiment, du froid... Comme je suis viscérale, c'était une matière idéale pour mon rôle ».

Le plus dur reste à faire : six semaines d'un tournage hivernal en quasi-autarcie, privé de lumière naturelle, claquemuré dans une usine désaffectée de tabac à Sarlat, dans le Périgord noir. « Hardcore du début à la fin : on était noyé dans une sale ambiance, et ça tendait tout le monde. J'avais de la poussière dans les yeux, les pieds nus la majeure partie du temps, enchaînais les scènes de viol, de prières et de torture. »

Elle en sort délestée de plusieurs kilos, « le corps détruit, bien plus malmené qu'après des cascades », l'esprit tenaillé par cette intensité exigée par le personnage, qu'elle maintient le soir à l'hôtel, où elle révise, toujours, ou entre chaque prise, « incapable de taper des grosses barres de rire pour décompresser. Même le téléphone, j'évitais. »

Un sacerdoce que résume cette presque trentenaire au visage encore poupon par un défi un rien sado maso : « trouver le bonheur dans la douleur ». La voit-elle un peu comme ça sa Jessica-Rabia, banlieusarde pataugeant dans une vie triste et morne, convertie express à l'islam radical ? « Pour moi, le sexe ne l'intéresse pas. On devine qu'elle part avant tout à Raqqa pour suivre sa meilleure copine Leila. A 20 ans, l'amitié l'emporte sur tout. Mon mec de l'époque, il n'était rien pour moi comparé à ma meilleure amie. »

Actrice, une envie longtemps non assumée

Elle a surtout transmis au personnage sa détermination de « militante, résistant à tout et tout le monde », insistant auprès de la réalisatrice du film pour lui conférer une ambiguïté qui participe à la beauté magnétique de l'ensemble, là où « Mareike Engelhardt pensait plus clairement que son destin, c'était de s'évader ».

Megan Northam ne s'est pas toujours jetée à corps perdu dans cette vocation d'actrice. Celle-ci a même longtemps été reléguée au chapitre « des envies non assumées ». Entre l'influence de son père, scénographe pour le théâtre et l'opéra, et une formation au long cours de violoncelliste, cette Nantaise multiplie les activités extrascolaires, sauf le théâtre. Elle ne garde aucun souvenir de ses refus répétés, exhumés il y a peu par ses parents. « En me connaissant mieux aujourd'hui, je réalise désormais que tout ce qui me fait flipper me donne envie d'y aller. »

C'est néanmoins le compliment d'un copain, frappé par sa présence devant la caméra l'instant d'une figuration sur un court métrage étudiant, qui agit comme un premier déclic. « Ce n'était pas tous les quatre matins qu'on me disait que j'étais bonne à faire quelque chose... » Elle « dépose (s)a tronche à la Fémis, pour être engagée sur des films de fin d'étude »,s'inscrit sur le site cineaste.org, pourvoyeur bien connu de casting, décroche le rôle majeur du court métrage « Miss Chazelles », au terme d'une audition qui « s'est grave bien passée ».

Le film gagne récompense sur récompense dans une palanquée de festivals, et précipite ainsi le destin d'actrice de l'incertaine Megan, mettant un terme à sept ans de valses hésitations et de petits boulots - vendeuse dans une friperie, serveuse, hôtesse d'accueil -, où le cinéma ne restait jusque-là qu'une activité ponctuelle et bénévole.

« J'en ai marre d'avoir peur »

Quatre ans ont passé depuis, pas vraiment une éternité, mais assez tout de même pour mesurer l'impact de #MeToo sur un milieu en pleine remise en cause, secoué par l'affaire Depardieu (avec lequel Northam a tourné son premier long métrage, « Robuste », sorti en 2022), et les révélations de Judith Godrèche ou de Juliette Binoche.

« Il y a encore du chemin pour imaginer un tournage dépourvu de harcèlement sexuel, de harcèlement tout court, pense-t-elle. Pour sa part, elle compte déjà « 3-4 harcèlements ou agressions » depuis qu'elle est actrice à plein temps. « Une fréquence terrifiante » qui justifie à elle seule son adhésion à l'association des Acteur.ices. « C'est choquant de réaliser que la trentaine de personnes autour de toi ont toutes vécu des agressions au sein du travail, qui n'ont été ni répertoriées ni dénoncées.  »

En mai 2023, via le collectif, elle a cosignée une tribune dans « Libération » , dénonçant la complaisance avec laquelle le festival de Cannes valorisait les agresseurs du milieu, soutenant par-là même la retraite anticipée d'Adèle Haenel. Megan Northam ne veut pas savoir si cet engagement public lui a coûté des rôles. Elle « en a marre d'avoir peur », des injonctions informelles entendues de plateau en plateau (« en dire le moins possible en promo, retenir ses états d'âme en tournage sous peine d'être mal étiquetée »).

Au moins, la parole collective libère autant qu'elle rassure, puisque dans ce boulot de passionnés, « tout est réuni pour te faire expulser en deux secondes » à qui l'ouvrirait en solo. « Pas du tout pessimiste », elle repousse toutefois le spectre d'un éternel statu quo, convaincue de l'efficience de la politique des petits pas (« on gueule intelligemment pour la plupart d'entre nous, dans le respect et calme »), ravie d'aborder une fois de plus le sujet des violences faites aux femmes, mais rêvant d'un jour prochain où elle n'aura plus besoin d'en parler.

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

Le Nouvel Obs (site web)
Culture, dimanche 1 décembre 2024 - 10:00 1441 mots

Bilal Hassani, sous influence : « Je porte des perruques depuis dix ans et je crois que j'en porterai toujours »

Le Nouvel Obs

A l'affiche des « Reines du drame » d'Alexis Langlois, pour son premier rôle sur grand écran, Bilal Hassani se livre en toute sincérité sur ce qui l'a inspiré depuis l'enfance, de Lorie à « Mulan », en passant par le terrible monstre Badabook.

Depuis qu'il a fait sensation dans « The Voice Kids » en 2015, Bilal Hassani enchaîne les succès avec une aisance déconcertante. Quatre ans plus tard, son titre « Roi » est choisi pour représenter la France à l'Eurovision. La chanson s'est imposé en un instant comme un hymne vibrant de fierté et de liberté pour la jeunesse LGBTQ+. Ce chanteur, à l'aura magnétique, est devenu, presque malgré lui, un emblème de tolérance et d'émancipation, faisant de chaque étape de sa carrière un manifeste pour l'acceptation de soi.

Aujourd'hui âgé de 25 ans, il est à l'affiche du film « les Reines du drame » d'Alexis Langlois. Ce film punk-queer, auréolé de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes, lui offre un rôle pétulant et biscornu. Sous des traits botoxés et protéinés, il apparaît en youtubeur à la langue de vipère et conteur-fantasque de l'histoire de son idole de jeunesse. Ce personnage pourrait bien marquer le début d'une carrière prometteuse au cinéma pour cet artiste protéiforme. L'an prochain, Bilal Hassani est déjà annoncé à l'affiche de « Nino dans la nuit », long-métrage de Laurent Micheli adapté du roman de Capucine et Simon Johannin.

Pour percer le mystère de son ascension, nous avons interrogé l'acteur-chanteur sur ce qui l'a inspiré dans son parcours. De sa maman, figure tutélaire de son succès, aux films d'animation de Satoshi Kon en passant par son goût singulier pour les pâtes au thon relevées... d'un peu de reblochon, il décrypte avec une sincérité désarmante toutes ses influences.

Le premier son dont vous vous souvenez ?

« He Wasn't Man Enough » de Toni Braxton. Cette chanson de R'n'B passait sur un CD à la maternité lorsque j'étais en train de naître. On l'a ensuite beaucoup écoutée lors des trajets en voiture quand j'étais enfant.

Un héros ou héroïne de fiction qui a particulièrement marqué votre enfance ?

Il y en a beaucoup, mais j'étais très fan du personnage de « Mulan ». Je regardais beaucoup de dessins animés avec des princesses Disney. J'ai tout de suite adoré cette jeune fille qui devait se déguiser en mec pour pouvoir entrer dans l'armée. C'est finalement la première fois qu'apparaissait un gender bender devant moi, même si ma réflexion n'allait pas si loin à l'époque. Mais j'ai trouvé ça amusant parce que j'aimais déjà mettre des robes alors que Mulan, elle, faisait l'inverse.

Un héros ou une héroïne dans la vraie vie ?

Ma maman. Je ne me suis jamais vu comme le personnage principal de mon histoire personnelle. J'ai souvent l'impression qu'on est en train de suivre sa vie et que je suis à ses côtés. Quand j'étais petit, je développais, dans ma tête, une série sur ma mère qui s'appelait « Tout ira bien, madame la marquise ». On y suivait les aventures de cette femme célibataire qui s'occupait au quotidien de mon frère et moi, et avec qui nous traversions beaucoup de jolis épisodes. J'aimerais beaucoup réaliser ce film inspiré de sa vie. Il y aurait tellement de choses à raconter.

Une idole de jeunesse ?

La chanteuse Lorie. J'étais très fan d'elle. J'ai d'ailleurs beaucoup puisé dans cette époque pour élaborer mon personnage de Steevyshady dans « les Reines du drame » .

Un roman que vous dévoriez quand vous étiez adolescent ?

Ma première grosse lecture ce sont les aventures d'« Harry Potter ». Je suis devenu aussi très fan de la trilogie « Hunger Games » de Suzanne Collins. Tout comme la série « Phobos » imaginée par Victor Dixen. C'est une sorte de téléréalité filmée dans l'espace où on emmène 14 personnes sur Mars pour essayer de repeupler cette planète. Mais en les envoyant là-bas, la chaîne et les sponsors savent que cela ne va pas tenir debout. Ils décident de le faire quand même parce qu'il y a trop d'argent en jeu.

Le premier disque acheté ?

« Baby One More Time » de Britney Spears. On me l'a offert en 2004 alors qu'il était sorti cinq ans auparavant. Le premier disque que j'ai acheté, avec mes propres sous, c'était « Born This Way » de Lady Gaga, sorti en 2011.

Et le dernier ?

« Killin'It » de P1Harmony, sorti cette année. C'est un disque de boys band sud-coréen qui est bon de bout en bout, chose assez rare avec les projets de K-pop.

Une chaîne YouTube à conseiller ?

SparkDise. C'est un ami qui s'appelle Johan qui fait à la fois de la musique et du super contenu vidéo. Il a un format qui s'appelle « IRL », filmé à l'iPhone, que j'adore. C'est la première série de vlog que j'ai trouvé vraiment chouette dans sa ligne éditoriale. Il filme ses vrais amis puis monte de manière ultra-rythmée, un peu comme une émission télé de MTV.

C'est assez fascinant.

L'accessoire de mode que vous ne quitterez jamais ?

Mes perruques. Ça fait dix ans que j'en porte et, je crois que j'en porterai toujours. Même si mes cheveux sont courts, ça sera toujours une perruque.

Une pièce de haute couture que vous gardez jalousement ?

J'en ai très peu. Je n'ai presque jamais acheté de pièces de luxe. Je n'ai jamais trouvé pertinent d'en avoir car j'aime les vêtements pratiques. J'ai quand même une pièce que j'aime beaucoup. C'est une veste Off-White en collaboration avec Caviar Kaspia qui est brodée, derrière, avec des strass. C'est vraiment un vêtement collector. J'ai eu beaucoup de mal à l'avoir car il n'y en a que douze qui ont été produites dans le monde. Nous sommes deux à avoir celle en taille M : Naomi Campbell et moi.

Le plus grand couturier français de tous les temps ?

Yves Saint Laurent. Personne n'avait compris les femmes aussi bien que lui. Il a posé un regard neuf sur elles. Son tailleur est tellement iconique...

L'oeuvre d'art que vous aimeriez voler dans un musée ?

« Autoportrait avec "l'Humanité "» de Dalí. Elle a été imaginée avec des collages du journal « l'Humanité » en 1923. Cette peinture m'a toujours beaucoup fasciné. Je suis parti en vacances à Cadaqués l'an dernier. Nous en avons profité pour visiter le théâtre-musée Dalí à Figueres en Espagne. Je donnais un concert à la Fête de l'Huma quelques semaines plus tard et j'ai eu envie de devenir cette créature sur scène.

Un cauchemar récurrent ?

J'en faisais un tous les soirs quand j'étais petit : un monstre, qui s'apparenterait à Babadook, venait dans mon lit pour me gratter le dos. Ses griffes poussaient et me rentrer dans la peau. Depuis, systématiquement quand je dors quelque part, il faut que j'ai un mur derrière moi pour m'y adosser. Sinon, il pourrait de nouveau venir me chercher.

Votre parfum ?

En ce moment, je porte Santal Cream de Nonfiction. J'adore aussi l'odeur du N °5 de Chanel. C'était le parfum de ma maman.

Votre actrice préférée ?

C'est une question très difficile. Mais pour tout ce qu'elle a réussi à faire dernièrement, je vais dire Nicole Kidman. Son rôle dans « les Autres » est dingue et j'ai trop hâte de la voir dans « Babygirl » de Halina Reijn, qui doit sortir le 15 janvier prochain. En France, je dirai Marina Foïs.

Et un acteur ?

J'ai toujours préféré les actrices aux acteurs, mais je dirais tout de même Mike Faist. Je l'ai adoré dans « Challengers ». Il était super dans « West Side Story ». Et puis, il vient de Broadway qui est mon endroit préféré sur Terre.

Une recommandation pour découvrir le cinéma queer ?

« Mysterious Skin » de Gregg Araki. Ce n'est pas un film facile à regarder. Il évoque les violences sexuelles faites sur un enfant qui devient un ado interprété par Joseph Gordon-Levitt. L'histoire est très bien racontée. L'air de ce film raconte, je trouve, correctement l'état de notre jeunesse queer. C'est la première fois que j'ai eu l'impression de regarder un film avec mes propres yeux.

Votre BO préféré ?

Air qui a imaginé la bande-son de « Virgin Suicides ». J'ai le vinyle et je le mets souvent.

Un plat madeleine de Proust ?

Les pâtes au thon, avec du reblochon à l'intérieur. Et aussi plein de mercure , apparemment...

La question qu'on vous pose tout le temps en interview ?

« Qu'est-ce que ça fait d'être vous ? Est-ce que c'est difficile d'être le porte-drapeau d'un mouvement de jeunesse queer ? » J'ai l'impression de répondre toujours la même chose. Je ne comprends pas pourquoi on me la pose encore. Mais j'aurai toujours la décence de répondre à chaque journaliste qui me la posera. Sauf que, peut-être, dans dix ans, il y aura plus de sécheresse dans ma voix.

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

Le Monde
Culture, jeudi 12 septembre 2024 1695 mots, p. 20
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11 septembre 2024 - Le Monde (site web)

Enquête

Deauville fait sa mue post-#metoo

Le festival du cinéma américain, qui fête sa cinquantième édition, est secoué par les polémiques

Laurent Carpentier

Deauville (Calvados) -envoyé spécial - La pluie a vidé la plage et détrempé le tapis rouge qui mène à la salle de cinéma. Les mouettes tournent orphelines en essuyant les rafales de vent, mais au bar du Normandy, l’hôtel amiral du groupe Barrière, grand mécène du Festival du cinéma américain de Deauville (Calvados) – qui se tient jusqu’au 15 septembre –, on se félicite : les Américains, justement, sont de retour.

Après les années Covid-19, la grève des scénaristes puis des acteurs à Hollywood, en 2023, avait tenu éloignés une fois de plus les grands noms qui foulent les planches de la station balnéaire normande depuis un demi-siècle.

Voici donc que débarquent Michael Douglas, Natalie Portman, Francis Ford Coppola, Daisy Ridley (britannique, mais star de Star Wars), Sean Baker – le réalisateur d’ Anora, Palme d’or à Cannes – et son actrice Mikey Madison… Sans compter les cinéastes peu ou pas connus des films présentés en compétition.

Une « enquête interne »

Tout a commencé en 1974, lorsque Lionel Chouchan, publicitaire – et normand –, et son ami André Halimi (1930-2013), critique de cinéma, proposent leur projet de festival de cinéma au maire de Deauville, Michel d’Ornano (1924-1991). Comme l’écrit aujourd’hui la femme de l’ancien ministre, Anne d’Ornano, en introduction d’un livre de Gilles Penso, Deauville, 50 ans de cinéma américain (Michel Lafon, 176 pages, 35 euros), « Michel a tout de suite aimé l’idée, mais, prudent, il a demandé à Claude Lelouch et Philippe Labro ce qu’ils en pensaient. Les deux étaient enthousiastes ». Le 2 septembre 1975, l’histoire commence. Avec Nashville, de Robert Altman, Guerre et Amour, de Woody Allen, Jonathan Livingston le goéland, de Hall Bartlett…

Une 50e édition, donc. Qui marque aussi un tournant. Car il manque notoirement un nom dans ce livre mémoriel publié en août : celui de Bruno Barde. L’homme dirigeait pourtant le festival depuis trente ans, depuis que Lionel Chouchan lui en avait donné les rênes, en 1995. Le directeur a été relevé de ses fonctions à la mi-juin, en attendant les conclusions d’une « enquête interne » après la publication par Mediapartd’une série de témoignages le mettant en cause. Sept jeunes collaboratrices y dénoncent des comportements s’apparentant à du harcèlement sexuel : gestes déplacés, propos machistes, propositions inconvenantes. Aucune plainte n’a été déposée, l’intéressé nie, mais l’organisation n’a pas hésité à lui demander de se mettre aussitôt en retrait.

D’autant qu’il y avait le feu dans la demeure : Bruno Barde, 67 ans, dirigeait non seulement le Festival du cinéma américain de Deauville, mais également celui du film fantastique de Gérardmer (Vosges) et Reims polar (Marne)… En somme, toute l’activité de l’agence Le Public Système Cinéma, que Lionel Chouchan avait créée, y compris les relations presse de nombreux films et le suivi de réalisateurs importants, faisant de Bruno Barde un personnage incontournable de l’industrie française du cinéma.

A côté de ça, au fil des années, l’insatiable Chouchan s’était associé avec d’autres publicitaires français – rapprochant leurs sociétés, en rachetant d’autres – pour créer un groupe de communication d’envergure internationale, Hopscotch. Ses dirigeants ont vite saisi les risques encourus en matière d’image dans ce genre de situation. Ils ont tranché. Du jour au lendemain. Exit, Bruno Barde. C’est dire, si au début de l’été, cette 50e édition était mal partie.

Violences sexistes et sexuelles

C’est là qu’arrive Aude Hesbert. « J’ai le même âge que le festival », sourit la Nancéenne, que l’on retrouve autour d’un café au bar de l’Hôtel Normandy, alors que, dehors, le crachin a avalé la ville. La nouvelle directrice du Public Système Cinéma – officiellement depuis le 1er septembre – a appris le métier auprès de Marie-Pierre Macia, à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes d’abord, puis au festival Paris Cinéma, que Bertrand Delanoë avait demandé à la productrice de monter et qu’Anne Hesbert a dirigé à sa suite.

C’est à cette époque-là qu’elle rencontre Bruno Barde. L’ancien mao qui aimait dire qu’il fallait « défendre le cinéma à coups de poing » attaque avec véhémence cette concurrence naissante. Elle l’appelle. Ils sympathisent. Il lui propose de rejoindre son équipe, mais elle refuse. Elle restera dix ans à la tête de Paris Cinéma avant de rejoindre Unifrance, l’agence chargée de l’exportation du cinéma français. Bruno Barde la recontacte en 2018. La deuxième tentative est la bonne et elle devient son bras droit.

Ils se connaissent donc bien, partagent la même cinéphilie, savent leurs qualités et défauts respectifs. L’homme a la réputation de pouvoir être aussi charismatique et généreux qu’autoritaire et tranchant. Lorsque, au printemps de cette année, il apprend qu’on enquête sur lui, il fait appel à elle pour le remplacer. Un an plus tôt, elle était partie à Los Angeles diriger le département audiovisuel de la Villa Albertine, institution gouvernementale destinée à soutenir les artistes français aux Etats-Unis.

Ni Bruno Barde ni Aude Hesbert ne connaissent alors la teneur des accusations portées contre lui. Ils pensent qu’il s’agit d’une enquête sur son mode de management autocratique. Le directeur pense passer la main de la programmation, de l’action sur le terrain, et devenir quelque chose comme président de la société, à l’instar de Lionel Chouchan avant lui.

Le sigle fait l’effet d’une bombe. « VSS », pour « violences sexistes et sexuelles ». Les accusations qui tombent – même anonymes, même sans plaintes ni poursuites judiciaires – sont trop fortes pour s’en tenir là. On passe en communication de crise. Frédéric Bedin, le patron d’Hopscotch, sait qu’il faut éliminer tout soupçon, couper la branche avant qu’elle ne contamine l’arbre. Adoubée par son ancien patron, Aude Hesbert se retrouve sur une barque qui tangue.

L’équipe essaye de jouer le coup en douceur. L’ancien mentor disparaît du paysage. La programmation est maintenue, complétée. On change juste la présidente du jury que Bruno Barde avait nommée, Maïwenn, qui, pour trouver ça cavalier, ne proteste pas, et on construit un jury autour de Benoît Magimel, dans lequel siège le seul invité antérieur – depuis février – à cette histoire : Ibrahim Maalouf. Or, son nom, semble-t-il, en agace certains au sein du jury. En 2020, le trompettiste a en effet été relaxé, en appel, dans une affaire de violence sexiste et sexuelle impliquant une jeune fille de 14 ans. Il a certes été innocenté par la justice, mais, vu les circonstances, Aude Hesbert et son équipe, qui cherchent à faire peau neuve, demandent au musicien de se retirer du jury. Il refuse.

« Ç’a été très dur, soupire la nouvelle directrice. Dans la minute où la décision a été annoncée, cela s’est déchaîné sur les réseaux sociaux. Insultes, menaces… Aujourd’hui, j’ai fermé mes comptes. Je regrette cette hystérisation du débat public. Je savais que c’était un poste où je devrais prendre mes responsabilités, et je l’ai fait. Mais je n’avais jamais imaginé que ce serait aussi violent. »

Eviction du jury

Ibrahim Maalouf, lui, ne décolère pas. « Il n’y a pas d’affaire Maalouf, il y a une affaire Deauville », s’exclame au téléphone le trompettiste, qui voit dans son éviction du jury « un gros nettoyage au Kärcher. Et dans[s] on cas une injustice totale ». Il confirme vouloir poursuivre au civil le Festival du cinéma américain de Deauville pour rupture de contrat unilatéral qu’il aurait, dit-il, « appris[e] par la presse ». « Cette décision vient remettre du soupçon dans la tête des gens, alors que j’ai été complètement innocenté, plaide-t-il. Et chaque article publié rappelle systématiquement cette histoire. C’est hypersalissant pour moi, ma famille, mon entourage. Ça me rend fragile. C’est pourquoi j’entends faire valoir mes droits. Je ne veux ni baisser les bras ni baisser les yeux. »

Nous sommes fin août. Le sage Festival de Deauville dans son cocon bourgeois est devenu le nouveau lieu d’affrontement post-#metoo. Alors que, l’an passé, Judith Godrèche y montrait – à l’invitation de Bruno Barde – sa série autobiographique sans soulever les foules, cette fois-ci tout est sujet à question.

Dans la grande salle de 1 500 places qui, dos à la mer, fait le plein tous les jours, un petit groupe d’hommes discutent : « Mais Maalouf a avoué lui-même qu’il s’était mal comporté, il ferait mieux de se taire », s’agace le premier. « J’ai lu le compte rendu du jugement, c’est la victime qui a menti », croit savoir le deuxième. « On pourrait à loisir refaire le procès, tranche le troisième , mais si on ne respecte plus une décision de justice, où va-t-on ? Droit et morale sont deux choses séparées. S’il vous plaît, ne jetons pas nos institutions aux orties.Dura lex sed lex . »

Depuis Paris, Maïwenn est, à son tour, montée au créneau, dévoilant qu’elle aussi, avant l’éviction d’Ibrahim Maalouf, a été remerciée. « Officiellement, je n’en connais toujours pas les raisons », remarque-t-elle. Et d’expliquer qu’elle a décidé de réagir quand elle a vu le traitement médiatique réservé au trompettiste : « Certains médias disent que je suis anti-#metoo, mais ce n’est absolument pas vrai. Mes positions sont toujours au cas par cas, avec des nuances, des réserves, des doutes… Pour moi, l’important, c’est de ne pas annuler la culture, je déteste qu’on annule les artistes. »

Et tant pis si Aude Hesbert tient sensiblement les mêmes propos : « Je ne suis pas dogmatique, je crois que chaque cas est différent. Le seul point positif, c’est qu’on a créé un débat de société. Ce n’est pas si mal ? », s’enquiert-elle en touillant, inquiète, son café.

Victoire de la « cancel culture » ou aggiornamento nécessaire du milieu du cinéma ? Quand, dans la grande salle, les lumières s’éteignent, ce sont in fine les films qui l’emportent. The show must go on reste le mantra auquel chacun s’accroche comme à une bouée. Le bruit des vagues de Deauville fait toujours chabadabada.

La République des Pyrénées
Edition Principale
vendredi 6 décembre 2024 580 mots, p. 24

Salies & Béarn des Gaves

L’infini renouvellement fait le succès du Vrac

L’Art en Vrac qui a pour but de rendre accessible la culture artistique (peinture, sculpture et photographie) organise depuis 18ans cette belle et gratuite manifestation.

L’Art en Vrac qui a pour but de rendre accessible la culture artistique (peinture, sculpture et photographie) organise depuis 18ans cette belle et gratuite manifestation.

Lors de la récente assemblée générale de L’Art en Vrac, faisant le bilan de l’édition2024, la présidente Valérie Pascal rappela les missions que s’est fixées l’association de promouvoir l’art sous toutes ses formes mais aussi de promouvoir de jeunes artistes venant d’autres pays, notamment du continent africain.

«Au fur et à mesure des années, nous nous efforçons de rendre cette manifestation de plus en plus qualitative avec notamment cette année l’intervention de la conférencière Sylvie Anahory, le partenariat avec le cinéma du Saleys ainsi que la proposition de performance gagnante, celle de Monsieur Terez», a-t-elle expliqué.

Une manifestation qui crée du lien

Cette manifestation crée aussi du lien entre les différentes générations, grâce à des partenariats avec les établissements scolaires et les Ehpad (illustration de banderoles…).

L’année 2024 a eu une très bonne affluence du public ainsi que du nombre des artistes à candidater, deux bons signes pour les années à venir. On notera aussi une communication axée vers le cinéma d’art et d’essai.

Chaque année pendant le week-end de Pâques l’occasion est ainsi donnée de répandre un peu d’Art en Vrac dans les rues de Salies avec la coopération de la ville, des commerçants, des restaurateurs, d’un public fidèle et fourni, la complicité des artistes et en associant toutes les formes d’arts pour le plaisir et la découverte de tous, enfants, adultes, néophytes ou amateurs éclairés.

L’année 2024, a été «une belle réussite tant par la bonne qualité des œuvres, le renouvellement des sujets comme des styles d’art ou d’une partie des artistes pour apporter chaque fois des nouveautés; la bonne fréquentation du salon de cette nouvelle édition… Nous avons eu de très bons retours tant du public que des artistes… et de nombreux échanges sur les réseaux sociaux…» Un bon bilan devait conclure Valérie Pascal au nom de l’association du Vrac remerciant chaleureusement la municipalité tant pour les prêts de salles, les subventions que pour l’assistance technique avant, pendant et après toute la durée du salon.

Une manifestation qui atteint sa majorité

C’est à Salies-de-Béarn que le Vrac a imaginé voici 18ans, cette rencontre entre la création contemporaine et ce public parfois éloigné des grands centres urbains où sont habituellement concentrés ce type d’événements. Revenant brièvement sur son histoire, celle de ces 4 lettres «VRAC» (Village Rencontre des Arts Contemporains) en forme de clin d’œil qui résument le cadre de la manifestation artistique de Pâques et son esprit, Valérie Pascal retraça le long travail de préparation qui «permetchaque année, en quelque 22 lieux disséminés dans la ville, d’offrir gratuitement – notre marque de fabrique – ces rencontres où se côtoient avec près de 80 artistes, toutes les formes d’art comme photos, vidéos, peintures, sculptures, céramiques ou encore musique… Mais aussi des performances d’artistes comme celle très remarquée de Monsieur Terez avec son art conceptuel bousculant notre regard sur l’art et la société.»

Acadie Nouvelle
Arts et Spectacles, lundi 25 novembre 2024 774 mots, p. 9
Aussi paru dans
24 novembre 2024 - Web sites - Arts, Cratfs and Culture / Arts, artisanat et culture

FICFA: une version revisitée qui satisfait les attentes des organisateurs

Avec environ 2000 entrées, sans compter les expositions du volet art médiatique et la tournée scolaire record ayant rejoint plus de 16 000 élèves, l’équipe du 38e Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA) est satisfaite de cette nouvelle version condensée qui a offert plusieurs nouveautés.

Selon la directrice générale du FICFA, Mélanie Clériot, cette version revisitée sur six jours, avec de nouveaux concepts sous la gouverne d’une nouvelle responsable de la programmation, Maryse Arseneault, a été bien accueillie par le public, même si les salles n’étaient pas toujours pleines. Le FICFA s’est terminé dimanche sur les images du film primé Niki, de Céline Sallette, présenté au théâtre l’Escaouette à Moncton.

«On a remarqué, je pense comme d’autres événements culturels, que l’affluence est toujours quelque chose qui est variable. Sur certains nouveaux concepts, on a vraiment eu une belle participation, aux ciné-causeries, aux séances de courts-métrages qu’on avait jumelées avec les séances du volet art médiatique. Et c’est sûr que de notre côté, c’était vraiment une année d’apprentissage, mais on est vraiment contentes de la façon dont ça a pu se faire.»Si certains cinéphiles ont été surpris d’apprendre que le festival ne présentait plus de films au Cinéplex-l’équipe ayant invoqué notamment des raisons financières-les séances de projection au Centre des arts et de la culture de Dieppe ont été appréciées, assure la directrice.

«C’est sûr que d’être dans une salle communautaire, ça apporte une valeur différente. De notre côté, on est en train de continuer à travailler pour pouvoir proposer la meilleure qualité possible dans cette salle-là. On a vraiment de bons espoirs de pouvoir faire financer des améliorations au niveau des équipements en partenariat avec le Centre», a affirmé Mélanie Clériot.

Parmi les séances les plus courues, on retrouve celles qui présentent des oeuvres acadiennes, la première mondiale du film louisianais Pointe Noire de Pat Mire et les séances du volet art médiatique (Acadie Underground, Objectifs obliques et séances éphémères) au Centre culturel Aberdeen.

«On voit que notre public a toujours une place spéciale dans leur agenda et dans leur coeur pour les séances qui contiennent des films acadiens. Il y a toujours beaucoup d’attentes et d’envie de voir ce contenu-là, de se voir représenté à l’écran.»Le FICFA en famille qui comprenait aussi des ateliers pour les enfants et les ciné-causeries figurent parmi les bons coups du festival cette année, estime la directrice. Les cinécauseries qui ont présenté des documentaires percutants ont été suivies de discussions avec des intervenants de la collectivité.

«Je pense que ça c’est quelque chose qui a été très apprécié du public, qu’on veut vraiment pouvoir continuer de développer, vraiment pour l’impact que ça a sur le public et aussi sur la communauté.»Le festival a accueilli une cinquantaine d’artisans du milieu cinématographique et une quinzaine d’artistes du volet art médiatique. Mélanie Clériot est satisfaite de la restructuration du volet professionnel, ayant permis des échanges en profondeur sur des sujets. L’équipe entend poursuivre la formule du festival sur six jours leur permettant de mieux accueillir les invités et d’offrir des cachets à ceux qui participent aux tables rondes, aux conférences et aux jurys, ce que peu de festivals font, précise la directrice.

DU CINÉMA FRANCOPHONE

À l’exception des six jours du Festival, la région de Moncton et Dieppe est plutôt mal servie en matière de cinéma francophone. Le Cinéplex de Dieppe qui fonctionne sur une logique commerciale en offre très peu. La directrice du FICFA souligne que l’équipe du festival travaille notamment avec le CACD et l’Escaouette (qui est doté d’un projecteur permanent et maintenant d’un super grand écran) pour trouver des façons de pouvoir présenter du cinéma de qualité en français et de bonifier l’offre à longueur d’année.

«Quitte à mettre de l’investissement pour avoir des écrans sur place, l’idée c’est de pouvoir s’en servir. On attendait de pouvoir sécuriser les financements, on est encore en train de travailler sur la deuxième partie. Mais une fois les financements sécurisés, l’idée c’est que ça ne soit pas juste pour le festival. C’est vraiment de pouvoir développer le potentiel de jouer du cinéma francophone dans la communauté et que la communauté puisse s’approprier ces possibilités-là.»Mme Clériot ajoute que l’équipe est prête à travailler avec les organismes pour mettre en place dans leur programmation du cinéma francophone comme ils le font déjà avec certains événements.-SM

Acadie Nouvelle
Arts et Spectacles, mercredi 30 octobre 2024 575 mots, p. 10

Dévoilement de la programmation du 38e FICFA: une formule revisitée

Sylvie Mousseau

Avec près de 60 oeuvres de la francophonie canadienne et mondiale au menu, le 38e Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA), du 19 au 24 novembre, revient dans une formule revisitée et condensée avec quelques nouveautés.

Parmi les nouveautés, la direction du FICFA a décidé de concentrer ses séances de projection au théâtre l’Escaouette, au Centre des arts et de la culture de Dieppe (CACD) et au Centre culturel Aberdeen au lieu de louer une salle au Cinéplex comme c’était le cas depuis longtemps.

Au-delà des enjeux financiers, l’équipe du festival veut ainsi renforcer ses partenariats avec le CACD et s’implanter vraiment dans la communauté en travaillant avec les centres culturels des deux villes.

«C’est sûr que quand on travaille avec les cinémas commerciaux, c’est plus difficile d’avoir les relations de partenaires comme celles qu’on a réussi à développer avec le Centre des arts au fil des années. […] On est aussi en train d’avoir des objectifs à plus long terme avec le Centre pour voir comment estce qu’on peut travailler peut-être pour apporter du cinéma à l’année. Donc c’est une première étape vers cet objectif-là pour amener encore plus de cinéma francophone dans nos communautés», a expliqué Mme Clériot en entrevue lors du dévoilement de la programmation mardi.

Tout comme pour le théâtre l’Escaouette, l’équipe envisage éventuellement d’installer de l’équipement (projecteur, son et écran) dans la salle afin d’offrir une expérience de cinéma complète au public auquel il est habitué. L’organisme attend encore des réponses à ses demandes de financement.

Compte tenu de l’augmentation des coûts de production de 30% et des réalités économiques, la direction du FICFA a choisi de réduire la durée de l’événement à six jours, avec 22 séances de projection, afin de maximiser l’expérience à la fois pour le public et l’équipe du festival.

LES CINÉ-CAUSERIES

Le FICFA propose pour la première fois des ciné-causeries mettant en lumière des documentaires sur des sujets plus sensibles et percutants.

La sélection comprend les films Ninan Auassat:Nous les enfants, de Kim O’Bomsawin et Comme entendre à travers une feuille de métal de Mariane Belliveau, une oeuvre sur la toxicomanie.

Les réalisatrices et des membres de l’équipe seront sur place pour les projections qui auront lieu au CACD en après-midi.

«On est venu avec cette idée en fait de faire ces ciné-causeries et donc de travailler avec des organismes communautaires pour la présentation du film, pour pouvoir avoir un ac-compagnement à proposer au public et donner une occasion d’avoir des discussions plus en profondeur après le film.»Quelques primeurs sont à l’affiche du FICFA cette année, dont la première mondiale d’un film louisianais Pointe noire de Pat Mire et Rebecca Hudsmith, avec Myriam Cyr et Roy Dupuis. Comme ce long métrage est majoritairement en anglais, il est présenté hors compétition, mentionne Mélanie Clériot.

«C’est en anglais et français avec une petite majorité d’anglais, mais on voulait quand même le présenter, on voulait garder ces liens avec le festival aussi en Louisiane, Cinéma on the Bayou. Donc on a choisi de le présenter avec Myriam Cyr qui sera là et on attend une confirmation pour Roy Dupuis.»

[email protected]

@SylvieMousseau1

Le Journal de Québec
Spectacles, mardi 5 novembre 2024 86 mots, p. 34

DENIS VILLENEUVE SERA HONORÉ AU GALA QUÉBEC CINÉMA

Le cinéaste Denis Villeneuve recevra l'Iris hommage lors de la 26e édition du Gala Québec Cinéma, le 8 décembre.

En décernant ce prix prestigieux au réalisateur des films Dune, Blade Runner 2049, L'Arrivée et Incendies l'organisme Québec Cinéma -qui chapeaute la grande fête du cinéma québécois -souhaite célébrer sa carrière de 30 ans «marquée par une contribution exceptionnelle au rayonnement du cinéma québécois et international ». Villeneuve succède à l'acteur Rémy Girard, qui avait reçu l'Iris hommage l'an passé.

Maville (site web réf.) - Lorient Maville
1 octobre 2024 210 mots
Un père idéal, téléfilm tourné dans l’Orne avec Laurent Gerra et Eddy Mitchell, diffusé sur

Cinéma Lorient Un père idéal téléfilm tourné dans lOrne avec Laurent Gerra et Eddy Mitchell... Lorient par Accueil Cinéma ... Voir l'article

Le Soir
GENERALE
Culture, samedi 12 octobre 2024 1333 mots, p. GENERALE24

cinéma

Emily Watson, actrice impériale

Gaëlle Moury

Alors qu’elle vient de recevoir un prix Joseph Plateau pour sa carrière au Film Fest Gent, rencontre avec une actrice qui a toujours su garder les pieds sur terre.

Gaëlle Moury

Autoritaire, glaçante : Emily Watson est incroyable dans Small Things Like These de Tim Mielants, qui a fait l’ouverture du Festival du film de Gand. Un don naturel pour la comédie et une force qu’elle insuffle à ses personnages depuis toujours, de Breaking the Waves à The Boxer en passant par la série Chernobyl. Une carrière qu’elle évoque avec nous en toute simplicité lors de son passage à Gand.

Chapitre 1 : une enfance stricte

Née le 14 janvier 1967 à Londres, Emily Watson est la fille d’un architecte et d’une professeure d’anglais. C’est cette dernière qui lui insuffle le goût de la littérature, une manière d’échapper à la réalité pour la jeune Emily qui vit dans un contexte très strict, sans télévision à la maison. « J’ai grandi dans un contexte où l’accès à la culture et à d’autres choses était très restreint. C’était un contexte religieux assez oppressant (elle a été élevée dans la religion anglicane, NDLR). La culture populaire était assez mal vue mais ma mère avait l’habitude de rentrer à la maison avec un tas de livres qui venaient d’une librairie de seconde main et je les lisais tous. C’était un peu comme les séries télé pour les jeunes aujourd’hui : je binge-lisais ! D’abord des livres pour enfants, puis des classiques de la littérature, anglaise notamment, alors que j’étais probablement un peu trop jeune pour l’apprécier. Je crois que j’ai lu Guerre et Paix à l’âge de 11 ans. Je sautais les batailles (sourire). »

C’est d’ailleurs pour cela qu’elle entreprend dans un premier temps des études d’anglais. Une expérience assez décevante – « c’était une étude académique de choses qui, pour moi, étaient passionnantes et vivantes » – qui lui permettra toutefois de trouver son chemin vers son grand amour : le théâtre et le jeu.

Chapitre 2 : la découverte du théâtre

Si ses premières expériences de la scène à l’école secondaire ne furent qu’un simple amusement – « je n’avais pas accès à la profondeur de ce que pouvait être ce métier » –, les planches apparaîtront finalement comme une véritable révélation. « Après l’université, j’ai trouvé un travail à la Royal Shakespeare Company (dès 1992, NDLR) et c’était vraiment passionnant. En y repensant aujourd’hui, c’était comme si j’avais trouvé un lieu d’appartenance, une communauté. Je me souviens encore du nom de chacun. C’est aussi là que j’ai rencontré mon mari. (…) Je me suis dit que c’était ce que je voulais faire, même si je n’avais pas vraiment de rôles importants. J’observais, je regardais. Le fait d’être exposée à Shakespeare était extraordinaire, dans le sens où les gens le vivaient, l’aimaient et l’habitaient. »

Chapitre 3 : « Breaking the Waves »

C’est une autre expérience « immersive et d’une certaine manière extrême » qui la révélera aux yeux du monde en 1996 : Breaking the Waves de Lars von Trier, Grand Prix du jury à Cannes. Elle y incarne Bess McNeill, une femme profondément dévouée et religieuse qui se sacrifie par amour pour son mari. « Par un concours de circonstances, j’ai découvert que j’étais très lisible devant la caméra. C’est accidentel et avec le temps, c’est un outil incroyable dont on apprend à se servir. Il permet d’approfondir les choses. (…) Le théâtre était une expérience très forte. Nous étions jeunes, tout était plein de vie et de sens. Puis quand vous débarquez au cinéma, vous vous sentez un peu perdue. Sauf si vous réussissez à recréer ce même sens de la communauté avec un sens de la passion et de l’intégrité. Mais ça ne se produit que lorsque quelqu’un vous embarque. »

Chapitre 4 : Hollywood

Le rôle de Bess dans Breaking the Waves lui vaudra sa première nomination aux Oscars (la seconde arrivera deux ans plus tard pour Hilary et Jackie où elle incarne Jacqueline du Pré)… mais ne lui donnera pas pour autant envie de tout plaquer pour Hollywood. « C’était bizarre de se frayer un chemin dans l’industrie. Je me souviens être assise avec mon agent dans un bar de Los Angeles. Elle avait une liste avec tous les projets qui m’avaient été proposés (après le succès de Breaking the Waves, NDLR) et nous avons tellement ri parce que c’était absurde toute cette histoire. Puis ce n’était pas non plus : Viens à Hollywood, c’est un endroit sûr où on va s’occuper de toi. Je n’avais pas peur, mais il est clair que les valeurs liées au fait d’être une femme n’étaient pas des choses qui me semblaient réelles ou naturelles ou auxquelles j’avais particulièrement envie de m’associer. (…) Il faut être un peu stupide pour être acteur. Vous voyez une porte ouverte et vous courez, vous vous précipitez. Il ne faut pas trop réfléchir. Mais il faut avoir confiance. En faisant Breaking the Waves, j’étais entourée de très belles personnes qui se sont assurées que j’allais bien et que j’étais en sécurité. J’avais 28 ans, donc ça allait. Mais en allant à Hollywood, pour être honnête, j’ai eu l’impression d’être dans un aquarium à requins. M’installer là-bas m’aurait donné l’impression d’être un poisson mort sur la plage. »

Chapitre 5 : des projets qui sonnent vrai

Installée à Londres, elle fera des allers-retours à Hollywood, déployant une carrière aussi bien dans les productions américaines que dans le cinéma d’auteur. On la verra face à Daniel Day-Lewis dans The Boxer (1997), elle sera dirigée par Robert Altman (Gosford Park, 2001), Paul Thomas Anderson (Punch-Drunk, 2002), Steven Spielberg (War Horse, 2011). Apparaîtra dans Kingsman : Le Cercle d’or. Sera au centre de séries comme l’excellente Chernobyl ou le mois prochain Dune : Prophecy sur HBO max, série qui se déroule 10.000 ans avant l’ascension de Paul Atréides et retrace les origines des Bene Gesserit.

« J’aurais beaucoup aimé dire que j’avais un grand plan en tête mais, en fait, ce sont juste les choses qui se présentent (sourire). Il y a tout de même peut-être une ligne directrice : sentir l’intégrité, sentir que ça sonne vrai. C’est surtout une question de sujet. Je suis prête à travailler avec des personnes qui commencent ou qui ne sont pas particulièrement célèbres si je sens cet intérêt. »

Chapitre 6 : « Small Things Like These »

Cet intérêt, c’est notamment celui de porter à l’écran des pages sombres de l’histoire de nos sociétés, comme le fait le Belge Tim Mielants dans Small Things Like These, pour lequel Watson a obtenu un prix d’interprétation à Berlin. Un film qui raconte le scandale des couvents de la Madeleine en Irlande, institution catholique qui entendait « rééduquer » des « femmes perdues », qui avaient eu des relations sexuelles hors mariage. Elle y incarne une sœur à l’autorité froide, menaçante, avec une intensité incroyable. « Ma relation avec le sujet est intéressante en raison de mon éducation. Quand j’ai vu le film à Berlin, j’en suis ressortie enragée. Parce que j’ai reconnu ce que c’était que la vie des gens contrôlée par la peur. Il s’agit très précisément des jeunes femmes dans l’Eglise catholique. Mais ça existe partout où les gens sont injustement opprimés, contrôlés, abusés. (…) Ce n’est pas comme si j’étais en croisade et que je voulais traiter de tel ou tel sujet, mais c’est ce qu’écrivent les auteurs intéressants. »

Small Things Like Thesesortira dans les salles le 20 novembre.

Dune : Prophecy sortira sur HBO Max le 18 novembre.

Le Temps
Culture, lundi 7 octobre 2024 1281 mots, p. 19

« Langue étrangère », coeurs sans frontière

VIRGINIE NUSSBAUM

8043

CINÉMA A Genève, le festival Everybody's Perfect propose en première suisse ce film de Claire Burger, sélectionné à la Berlinale, qui raconte la rencontre entre deux adolescentes, une Française et une Allemande. Un éveil à la fois sensuel et politique

SÉLECTIONEverybody's Perfect, paillettes et joie lesbienneComplém Depuis onze ans, le festival genevois célèbre le cinéma couleur arc-enciel avec une programmation riche et grand public. A l'affiche de cette nouvelle édition, qui investit jusqu'au 13 octobre la Maison des arts du Grütli, une trentaine de films et documentaires - en grande partie inédits en Suisse - qui explorent, décortiquent, rendent visible les thématiques de la communauté LGBTIQ +autour du monde. En blason, l'amour lesbien, avec des films qui racontent un émoi adolescent au nord-est du Brésil (Sem coração), un couple frappé par le deuil à Hongkong où le mariage gay n'est pas reconnu (All Shall Be Well, suivi ce lundi d'une rencontre avec le réalisateur) ou encore la vie de la militante et écrivaine Andrea Dworkin (My Name Is Andrea).On découvre aussi la Queer Palm du dernier festival de Cannes (Trei kilometri pâna la capatul lumii d'Emanuel Pârvu), un volet dédié au porno gay français des années 1970 ou un fascinant documentaire sur la façon dont l'ethnologie a participé à normaliser les identités LGBTIQ+ (Queering nature). Des tables rondes ponctuent la semaine, une exposition d'illustrations court au Phare de Genève et le festival, ne négligeant jamais les paillettes, multiplie les soirées festives. A ne pas manquer, la cérémonie de clôture et remise des prix qui se déroulera pour la première fois au Musée d'ethnographie de Genève. V. N.

8043

@Virginie_nb

La France et l'Allemagne, deux voisines, deux amies aime-t-on même répéter dans les discours politiques. Deux mondes pour Fanny, 17 ans, qui quitte son Alsace natale pour un échange linguistique à Leipzig. Durant un mois, elle logera chez Lena et sa mère, une vieille amie de la sienne - et elle peine à trouver sa place. Elle baragouine « ein bisschen » dans la langue de Goethe et sa correspondante ne lui « correspond pas ». Lena est une adolescente du genre engagée, prête à combattre le fascisme et défendre l'environnement dans des manifs tandis que Fanny, grande timide cabossée par le harcèlement scolaire, ne pense la politique que dans ses cours d'histoire.

Mais petit à petit, une relation se tisse entre les jeunes filles à mesure qu'elles se découvrent des points communs - à commencer par leurs vies de famille, aussi fracturées l'une que l'autre. Fascinée par Lena et ses convictions, Fanny s'en imprègne, quitte à trafiquer un peu le réel pour lui plaire...

Après une nomination à la Berlinale et une sortie remarquée en France le mois dernier, Langue étrangère débarque pour sa première suisse au festival du film queer Everybody's Perfect, dont la 11e édition s'est ouverte vendredi à Genève. Belle idée que de mettre à l'honneur ce troisième long métrage de la réalisatrice Claire Berger, qui y raconte un éveil multiple: linguistique, politique mais aussi sensuel, tandis que l'amitié unissant Fanny et Lena connaît peu à peu les tressaillements d'un désir naissant.

Les familles, terre d'incompréhension

C'est la force de Langue étrangère: loin des clichés de coups de foudre romanesques ou de coming out explosifs, la relation homosexuelle est une découverte timide et progressive, effleurée avec une justesse qui bouleverse. « Ça m'intéressait de travailler sur ce qu'un certain nombre de jeunes appellent la fluidité, la manière dont ils laissent le désir voguer d'un genre à l'autre, explique Claire Burger. Mais dans l'histoire des représentations de l'homosexualité, je ne voulais pas, en tant que cinéaste, faire de cette découverte un drame qui contamine tout le film. »

Au coeur du scénario, l'adolescence. Cette période où explosent, à intensité décuplée, les questions existentielles - ce qu'on va, ce qu'on veut, ce qu'on peut devenir. Dans cet âge transitoire, le séjour linguistique fait office de saut dans le vide, note la réalisatrice, dont la jeunesse a été ponctuée de voyages d'apprentissage. « Quitter son foyer, explorer d'autres langues, d'autres cultures, se réinventer ailleurs, ce sont des moments très marquants. »

Comme un miroir des révoltes intérieures, la conscience politique est explorée ici à hauteur de jeunes, encore pétrie de naïveté, d'utopisme. En cela, Langue étrangère raconte aussi les difficultés à se comprendre entre générations: Fanny vit de plus en plus mal le quotidien bourgeois de sa mère (Chiara Mastroianni) et la mère de Lena (Nina Hoss) trouve sa fille trop extrême - alors qu'ellemême se battait au même âge pour la réunification de l'Allemagne. A table, le ton monte. « On vit une société avec énormément de tensions, où il est difficile de communiquer avec des gens qui ne nous ressemblent pas, aussi à l'intérieur même des familles. Je ne voulais pas donner raison à une génération plutôt qu'une autre, mais plutôt illustrer comment, de l'intérieur, les rapports se tendent. »

Le film brosse ainsi le portrait d'une certaine jeunesse européenne qui a peur du futur (« des fascistes, de Poutine, de la guerre, du réchauffement climatique ») et cherche à dépasser ce sentiment d'impuissance. « Plutôt que faire un film militant, théorique, de clamer des slogans ou de filmer des réunions, j'explore ce que la politique peut avoir d'érotique. Comment faire foule, croire ensemble à quelque chose, partager des expériences et des émotions fortes quand on descend dans la rue avec l'impression de changer le monde. »

Finalement, Lena et Fanny militent surtout dans leurs rêves et Langue étrangère s'avère plus doux que révolutionnaire. Mais l'Allemande Josefa Heinsius et la Française Lilith Grasmug (vue dans Foudre, de la réalisatrice suisse Carmen Jaquier) incarnent la fébrilité de cet âge avec délicatesse. Un « couple franco-allemand » des plus charmants.

« Langue étrangère », un film de Claire Burger. A voir dans le cadre du festival Everybody's Perfect, Genève, Maison des arts du Grütli, ma 8 octobre à 21h, et me 9 à 16h. Ou au CityClub de Pully, du 08 au 30 octobre (mai 8 à 20h, séance en présence de Lilith Grasmug). www.everybodysperfect.ch

« Plutôt que de faire un film militant, ou de clamer des slogans, j'explore ce que la politique peut avoir d'érotique »

CLAIRE BURGER, RÉALISATRICE DE « LANGUE ÉTRANGÈRE »

SÉLECTIONEverybody's Perfect, paillettes et joie lesbienneComplém Depuis onze ans, le festival genevois célèbre le cinéma couleur arc-enciel avec une programmation riche et grand public. A l'affiche de cette nouvelle édition, qui investit jusqu'au 13 octobre la Maison des arts du Grütli, une trentaine de films et documentaires - en grande partie inédits en Suisse - qui explorent, décortiquent, rendent visible les thématiques de la communauté LGBTIQ +autour du monde. En blason, l'amour lesbien, avec des films qui racontent un émoi adolescent au nord-est du Brésil (Sem coração), un couple frappé par le deuil à Hongkong où le mariage gay n'est pas reconnu (All Shall Be Well, suivi ce lundi d'une rencontre avec le réalisateur) ou encore la vie de la militante et écrivaine Andrea Dworkin (My Name Is Andrea).On découvre aussi la Queer Palm du dernier festival de Cannes (Trei kilometri pâna la capatul lumii d'Emanuel Pârvu), un volet dédié au porno gay français des années 1970 ou un fascinant documentaire sur la façon dont l'ethnologie a participé à normaliser les identités LGBTIQ+ (Queering nature). Des tables rondes ponctuent la semaine, une exposition d'illustrations court au Phare de Genève et le festival, ne négligeant jamais les paillettes, multiplie les soirées festives. A ne pas manquer, la cérémonie de clôture et remise des prix qui se déroulera pour la première fois au Musée d'ethnographie de Genève. V. N.

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20 novembre 2024 - Le Journal de Montréal

UN BEL AUTOMNE POUR LE CINÉMA QUÉBÉCOIS

MAXIME DEMERS

Après avoir connu un été faste au box-office grâce au succès des films Nos Belles-Soeurs et 1995, le cinéma québécois poursuit sur sa belle lancée cet automne. Pas moins de trois films de la Belle Province se sont taillé une place dans le top 10 des titres les plus populaires de la dernière fin de semaine, dans les salles du Québec.

TROIS FILMS SE SONT CLASSÉS PARMI LES DIX PRODUCTIONS LES PLUS POPULAIRES CETTE SAISON, ET CE N'EST PAS FINI

Ainsi, après avoir trôné au sommet du box-office la semaine dernière, la comédie familiale Le cyclone de Noël fait toujours courir les cinéphiles et s'apprête à franchir la barre symbolique du million de dollars aux guichets.

Le film La Petite et le Vieux continue de bien tirer son épingle du jeu sept semaines après sa sortie et cumule à ce jour des recettes de 1,5 M$. Enfin, la nouveauté québécoise de la semaine, Bergers, a connu un bon départ en récoltant près de 200 000 $ pendant ses trois premiers jours à l'affiche.

«Pour une deuxième année consécutive, et elle n'est pas terminée, on est choyés en matière de films québécois, se réjouit Éric Bouchard, coprésident de l'Association des propriétaires de cinémas du Québec. Si je prends l'exemple de mon cinéma à Saint-Eustache, le 2e film le plus populaire de la fin de semaine a été Le cyclone de Noël suivi de Bergers au troisième rang. Comme je le dis souvent, on aime quand nos salles sont pleines, mais c'est encore plus satisfaisant quand elles sont pleines pour des films québécois !»

EFFET D'ENTRAÎNEMENT

Pour Éric Bouchard, les succès de films comme Nos Belles-Soeurs (plus de 3,5 M$ au box-office l'été passé) et 1995 (3 M$) ont généralement un effet d'entraînement sur les autres longs métrages québécois qui prennent l'affiche dans les semaines suivantes. Il estime toutefois que la popularité de certains films québécois de 2023 comme Le temps d'un été, Testament et Ru ont pavé la voie pour 2024.

«Il ne faut pas perdre de vue qu'on a eu sept films millionnaires québécois l'an passé, rappelle-t-il. 2023 a mis la table pour 2024 où on a eu des gros canons comme Nos Belles-Soeurs et 1995. C'est une roue qui tourne. Quand les gens viennent voir un film québécois qui leur plaît, ils sont généralement tentés de revenir pour en voir un autre.»

PLACE À MLLE BOTTINE

Le bel automne du cinéma québécois devrait se poursuivre pour plusieurs semaines encore grâce à la sortie, dans une dizaine de jours, du très attendu film familial Mlle Bottine. Éric Bouchard fonde beaucoup d'espoir dans cette nouvelle version du célèbre Conte pour tous Bach et Bottine qui met en vedette Antoine Bertrand et la jeune actrice Marguerite Laurence.

«C'est un film qui a le potentiel de rejoindre une clientèle très large, avancet- il. Les gens qui ont grandi avec Bach et Bottine vont vouloir venir voir le nouveau film avec leur famille et les enfants peuvent y aller aussi avec leurs grands-parents. C'est vraiment un film pour les 7 à 77 ans.»

À une semaine de l'Action de grâce américaine, les propriétaires de cinémas s'apprêtent d'ailleurs à entrer dans l'une de leurs périodes les plus achalandées de l'année. Historiquement, la dernière fin de semaine du mois de novembre marque le début du temps des Fêtes dans les salles de cinéma.

«Le Thanksgiving américain donne vraiment le coup d'envoi de la période des Fêtes pour nous, souligne Éric Bouchard. Je dirais même que ça commence dès cette fin de semaine avec les sorties de Gladiateur II et de Wicked. L'an passé, la grève [à Hollywood] nous a affectés parce que plusieurs gros films avaient été repoussés. Mais cette année, on va avoir une bonne variété de films à offrir.»

Parmi les titres les plus attendus, Éric Bouchard cite Mufasa : le roi lion, Sonic le hérisson 3 et Moana 2, des suites de films qui ont connu un immense succès.



*****

Les 5 plus gros succès québécois de 2024 au box-office - Nos Belles-Soeurs : 3,5 M$ - 1995 : 3 M$ - La Petite et le Vieux : 1,5 M$ (encore à l'affiche) - Le successeur : 1 M$ - Le cyclone de Noël : 1 M$ (encore à l'affiche)

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Le Temps
Culture, samedi 19 octobre 2024 919 mots, p. 24

« Les Nibelungen », ombres et lumière d'un mythe allemand

Cinéma

Antoine Duplan

8054

Le chef-d'oeuvre de Fritz Lang fête son centenaire avec une version restaurée sur Blu-ray. Mise en scène de façon magistrale, cette épopée grandiose et mortifère suscite un enthousiasme intact. Et troublant, la geste de Siegfried ayant nourri la propagande nazie

8054

@duplantoine

Son origine remonte à la nuit des temps. Ce descendant du dieu Odin hante sous le nom de Sigurd plusieurs poèmes héroïques de l'Edda, compilés au XIIIe siècle. Devenu Siegfried dans La Chanson des Nibelungen, la version germanique et christianisée du mythe, il campe l'âme allemande - pour le meilleur et pour le pire. Il porte le premier volet du diptyque de Fritz Lang, Les Nibelungen.

Fils du roi Siegmund de Xanten, Siegfried fait un stage de forgeron chez le nain Mime. Le chant d'un barde lui inspire un amour fou pour Kriemhild, la soeur du roi Gunther. Chemin faisant, il tue un dragon et se baigne dans son sang, ce qui le rend invulnérable, à l'exception d'un point sous l'omoplate gauche où une feuille de tilleul est tombée.

A Worms, capitale des Burgondes, le roi Gunther lui promet la main de Kriemhild, à condition qu'il l'aide à conquérir le coeur de la farouche Brunehild. Son heaume d'invisibilité permet au héros de se substituer au monarque falot et de remporter les trois épreuves auxquelles l'Amazone soumet ses prétendants. Conduite à Worms, la vaincue lance à Gunther: « Je suis ta prisonnière, mais jamais je ne serai ton épouse. » A nouveau sollicité, Siegfried prend l'apparence du roi impuissant et soumet la fière Brunehild à un viol domestique. L'affaire s'ébruite: « Ton indiscrétion, héros, a été plus funeste qu'un meurtre », gronde Hagen de Tronje, le séide du roi.

Pensant bien faire, Kriemhild révèle le seul point faible de son époux. Alors que le héros s'abreuve à une source, Hagen le transperce d'un coup de lance. Aux funérailles, la veuve prévient: « Tu n'échapperas pas à ma vengeance, Hagen de Tronje. » Ainsi s'achève la légende de Siegfried.

Rêve héroïque

Saccagé par d'innombrables remontages, longtemps invisible, Les Nibelungen fête son 100e anniversaire sur Blu-ray avec une version magnifiquement restaurée. Plastiquement splendide, l'oeuvre relève moins de l'expressionnisme allemand que de l'art moderne, privilégiant les compositions géométriques du Bauhaus, les ornements Arts déco ou Jugendstil. Kriemhild semble habillé par Klimt. La forêt aux troncs géants d'où émerge Siegfried, la pétrification des nains gardant le trésor maudit des Nibelungen, la citadelle vertigineuse de Brunehild, la cavalcade débridée des Huns, 400 chevaux cravachés par 400 guerriers, et autres compositions visuelles sidérantes proclament la toute-puissance du cinéma.

Au XIXe siècle, l'Allemagne pioche dans un passé médiéval idéalisé la matière d'une épopée nationale. Pendant la Première Guerre mondiale, la ligne fortifiée sur le front de l'Ouest porte le nom de Siegfried. La défaite allemande renvoie à la traîtrise de Hagen, Siegfried incarne l'Allemagne d'avant-guerre. Le film de Fritz Lang est dédié « au peuple allemand », affecté par la défaite de 1918 et l'inflation de 1923. Selon un critique de l'époque, le combat contre le dragon représente « la révolte de la pensée européenne contre la puissance du dollar américain ».

Gigantesque succès public, Les Nibelungen est le film favori de Hitler et Goebbels, « ces deux hommes bruns qui se rêvaient en héros blonds de la race des seigneurs... », écrit l'historienne du cinéma Lotte Eisner dans son ouvrage Fritz Lang (Flammarion). Le Parti national-socialiste s'approprie la figure du plus aryen des héros. Goebbels, chef de la propagande nazie, martèle: « L'exemple édifiant du passé allemand ressuscitera sous les yeux de notre jeunesse qui se montrera à la hauteur de notre rêve évidemment héroïque. »

Vengeresse hiératique

Si les nazis chérissent Siegfried, première partie des Nibelungen qui rend à l'Allemagne sa fierté, ils sont nettement moins sensibles à la seconde. La Vengeance de Kriemhild disparaît des écrans. Il faut dire que dans cet acte mortifère tous les Burgondes, soit les Allemands, périssent par le fer et le feu.

Kriemhild épouse en secondes noces Etzel (Attila), le roi des Huns, et convie la noblesse burgonde à un banquet. Hagen y tue le jeune fils de son hôte, donnant le signal d'un affrontement sans pitié. La blonde Kriemhild se mue en vengeresse hiératique, car « le sang appelle le sang ». Retranchés dans le palais royal, Gunther, sa cour et son host repoussent plusieurs vagues d'assauts. Les Huns finissent par incendier le bâtiment. Seuls Gunther et Hagen sortent des flammes pour passer aussitôt au fil de l'épée... Ainsi s'achève la légende.

La représentation des Huns a justement fait polémique. Etzel est un nabot hydrocéphale et simiesque. Ses sujets se caractérisent par leur hirsutisme et leur agitation. A contrario, on peut estimer que la frénésie puérile des Huns traduit une énergie vitale inversement proportionnelle à la langueur des Burgondes. Quant à Siegfried, le vengeur de l'Allemagne défaite, il n'est pas non plus irréprochable. Le tueur de dragon vole un trésor, triche avec Brunehild et trahit un secret d'Etat. On a les héros qu'on peut.

« Les Nibelungen - Siegfried » et « La Vengeance de Kriemhild », de Fritz Lang (Allemagne, 1924), 2h29 et 2h10. Double DVD Potemkine/MK2, avec quatre suppléments historiques et critiques.

« Tu n'échapperas pas à ma vengeance, Hagen de Tronje »

Kriemhild, veuve de Siegfried

Le Temps
Culture, samedi 5 octobre 2024 1204 mots, p. 17

Michel Blanc est mort, et ce n'est pas un malentendu

STÉPHANE GOBBO

8042

HOMMAGE L'acteur, réalisateur et scénariste, figure emblématique de la troupe du Splendid et de la trilogie des « Bronzés », est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l'hôpital, à l'âge de 72 ans, des suites d'un malaise cardiaque

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@stephgobbo

Forcément, c'est inévitablement à Jean-Claude Dusse, ce type passablement agaçant qu'il a incarné dans la trilogie des Bronzés réalisée par Patrice Leconte, qu'on pense en apprenant la disparition à 72 ans - des suites d'un malaise cardiaque - de Michel Blanc, cet acteur au nom passe-partout devenu un des visages les plus familiers et aimés du cinéma français. Etre inévitablement réduit à un rôle emblématique de dragueur raté qui est persuadé que « sur un malentendu, ça peut marcher » est forcément réducteur. Le Français, né le 16 avril 1952 à Courbevoie, s'en accommodait pourtant parfaitement, conscient de la chance qu'il a eue d'être un acteur populaire, au bon sens du terme.

En marge de ces trois films sortis en 1978, 1979 et 2006, cultes pour les deux premiers tandis que le troisième sera un phénoménal navet à la limite du regardable, Michel Blanc a également tourné sous la direction de Roman Polanski (Le Locataire, 1976), Peter Greenaway (Prospero's Books, 1991), Bertrand Tavernier (Que la fête commence, 1974; Des enfants gâtés, 1977), Claude Chabrol (Le Cheval d'orgueil, 1980), Roberto Benigni (Le Monstre, 1994) ou encore Robert Altman (Prêt-à-porter, 1994).

Dépasser sa timidité

« Etre associé à Jean-Claude Dusse me poserait un problème si je n'avais pas le reste, si on ne se souvenait que des Bronzés », nous disait-il en 2016, lorsqu'on le rencontrait à Lausanne autour d'un verre de single malt tourbé, un de ses petits plaisirs. « A Paris, je me déplace en bus et en métro. Du coup les gens viennent me voir pour me dire qu'ils m'aiment bien. Et pas seulement dans Les Bronzés, insistent-ils. Ça m'encourage énormément, ça me prouve que ça valait le coup de résister à la tentation de rentabiliser ce succès. »

Michel Blanc avait, à l'instar de son ami Gérard Jugnot, cette qualité d'être immédiatement sympathique. Après quelques minutes de discussion, on avait l'impression de parler à un ami, loin des discours distants et purement promotionnels de nombreux « talents », comme on appelle dans le jargon de la communication les acteurs et actrices. Il devait probablement cela à ses parents, Marcel et Jeanine, issus d'un milieu modeste et dont il sera le fils unique et choyé - « c'est ma chance et ma joie », dira-t-il au Monde en 2018.

C'est d'abord la musique qui attirera le petit Michel, lorsque vers 9 ans il découvre le classique à la faveur de quelques disques que possède sa tante, dont un concerto de Mozart qui le fascine. Le trouvant motivé, ses parents acceptent qu'il suive des cours de piano. Son destin se scellera finalement à l'adolescence, au Lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, où il a comme camarades Gérard Jugnot, Christian Clavier et Marie-Anne Chazel. Conscient qu'il ne sera jamais concertiste, il a alors des envies de théâtre, en partie pour dépasser sa grande timidité. Montant pour la première fois sur les planches dans une production scolaire des Précieuses ridicules, il se rend compte qu'il est capable de faire rire. La sensation est belle, c'est décidé, il sera comédien.

En 1974, il fonde avec ses potes de lycée Le Splendid, à la fois une troupe et un café-théâtre. Font également partie de l'aventure Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Bruno Moynot et Anémone. La fine équipe écrit alors Amours, coquillages et crustacés, un spectacle qui deviendra au cinéma Les Bronzés. Le succès sera tel que Le Splendid et Patrice Leconte écriront et tourneront dans la foulée Les Bronzés font du ski. Au moment du tournage de la fameuse séquence de dégustation d'une liqueur d'échalote relevée au jus d'ail, le réalisateur se mordait les joues tellement il pleurait de rire.

Prix d'interprétation à Cannes

Patrice Leconte et Michel Blanc s'entendront si bien qu'ils tourneront ensemble, en marge des trois Bronzés, cinq autres films. Des comédies de qualité variable (Viens chez moi, j'habite chez une copine, 1981; Ma femme s'appelle reviens, 1982; Circulez y a rien à voir, 1983; Les Grands Ducs, 1996), mais pas seulement. Lorsqu'il s'attelle à une adaptation des Fiançailles de M. Hire, un « roman dur » de Georges Simenon qui sortira en 1989 sous le titre de Monsieur Hire, le cinéaste ne pense pas à l'interprète de Jean-Claude Dusse. Mais à la suite des refus et indisponibilités, il propose finalement le rôle, très sombre, à son ami, qui a tourné trois ans plus tôt l'audacieux Tenue de soirée sous la direction de Bertrand Blier, avec à la clé le Prix d'interprétation masculine du Festival de Cannes. Ces deux films marqueront un tournant. Sans l'avoir véritablement voulu, le voilà devenu un acteur « sérieux », avec cette fausse idée que la comédie ne l'est pas.

Michel Blanc embraye alors avec des films comme Uranus (Claude Berri, 1990), Merci la vie (Bertrand Blier, 1991) et Prospero's Books, une libre adaptation de La Tempête, de Shakespeare. Sur le plateau, il rencontre l'immense comédien britannique Sir John Gielgud, qui lui donnera à sa plus grande joie un cours de théâtre. De sa première prof d'art dramatique, Tsilla Chelton, il a toujours gardé comme credo l'importance d'apprendre son texte par coeur mais de le réciter comme le bottin, afin de pouvoir dans un second temps y mettre l'émotion demandée par le metteur en scène.

Le scénario avant tout

Amateur de la langue française et des dialogues ciselés, Michel Blanc était également friand de littérature étrangère et principalement anglo-saxonne. Après ses débuts de réalisateur en 1984 avec Marche à l'ombre, il lit Les Vestiges du jour, du futur Prix Nobel Kazuo Ishiguro, et se dit que cela ferait un film formidable. Son agent brise son rêve en lui disant que James Ivory est déjà sur le coup... Il dévore alors Le Bouddha de banlieue, d'Hanif Kureishi, qui après Grosse Fatigue (1994) lui inspirera son troisième long métrage, Mauvaise Passe (1999). Il réalisera encore Embrassez qui vous voudrez (2002), d'après Joseph Connolly, et Voyez comme on danse (2018), dans lequel il reprend les mêmes personnages.

Il s'était fixé comme règle de ne jamais accepter un film sans en avoir lu le scénario, allant par exemple jusqu'à refuser une proposition de Blier qu'il ne sentait pas. « Par contre, il m'est arrivé d'accepter de mauvais scénarios parce qu'il y avait des gens que je voulais absolument rencontrer, nous avait-il avoué. J'ai ainsi fait une semi-bouse [Les Recettes du bonheur] dans laquelle je joue le rôle assez caricatural d'un maire de village. C'était un film hollywoodien sans grand intérêt, j'ai dit oui car j'avais quelques scènes avec Helen Mirren. Je l'ai rencontrée, mais je n'ai pas été emballé... » Pas de langue de bois chez Michel Blanc, mais surtout de bons rôles - citons encore Les Témoins (André Téchiné, 2007), L'Exercice de l'Etat (Pierre Schoeller, 2011, César du meilleur acteur dans un second rôle) ou Marie-Line et son juge (Jean-Pierre Améris, 2023).

« Etre associé à Jean-Claude Dusse me poserait un problème si je n'avais pas le reste »

MICHEL BLANC, ACTEUR ET RÉALISATEUR

Le Soir
GENERALE
Culture, mercredi 30 octobre 2024 535 mots, p. GENERALE16

cinéma

Bon sang, Morrissey est mort !

Didier Stiers

Figure importante du cinéma indé des années 60 et 70, à une époque où le 7 e Art pouvait encore être le théâtre de toutes les expérimentations, Paul Morrissey est décédé à 86 ans ce lundi d’une pneumonie dans un hôpital de Manhattan.

Portrait

Didier Stiers

Il y a de ces coïncidences étranges : à quelques heures de Halloween, et alors que le Bram Stoker Festival vient de se terminer à Dublin, voilà que s’en est allé pour de bon Paul Morrissey, à qui l’on doit notamment les « sulfureux » Chair pour Frankenstein et Du sang pour Dracula. L’artiste qui trouvait absurde de croire que les films doivent « dire » quelque chose tels les livres sérieux, était une somme de paradoxes. Le webzine Brightlightsfilm brossait ainsi son portrait il y a quelques années : « Un républicain catholique hétérosexuel de droite qui a réalisé des films improvisés, crus et sardoniques avec la coterie radicale d’Andy Warhol, composée de queens, de drag queens, d’arnaqueurs et de gros bras. »

Né le 23 février 1938 à New York, Paul Joseph Morrissey se passionne très tôt pour le cinéma, réalisant des courts-métrages et ouvrant une cinémathèque dans l’East Village alors qu’il est encore réserviste pour l’armée. C’est par l’entremise du photographe et poète Gerard Malanga, autre figure de la scène artistique new-yorkaise, qu’il rencontre Andy Warhol. Nous sommes alors en 1965, et Morrissey apporte au pape du pop art, qui se veut réalisateur, un savoir-faire technique, devenant son collaborateur sur de nombreux tournages labellisés Factory. Ainsi en est-il notamment de l’expérimental Chelsea girls de trois heures et en split screen. De Warhol, il dira bien plus tard : « Il était incompétent, anorexique, analphabète, autiste Asperger… Il n’a jamais rien fait de toute sa vie. Ne me parlez pas des films de Warhol , ce sont mes films ! »

Et quid de « ses » films, justement ? En 1968, il se lance avec Flesh, offrant un rôle à Joe Dallesandro qu’il retrouvera à plusieurs reprises. Dans Trash (1970), il met en scène Holly Wood lawn, la première actrice transgenre à jouer le rôle de la petite amie d’un personnage principal. Et avec Heat (1972), il s’essaie à une satire de Hollywood. Les grands studios, il ne va les fréquenter qu’une fois, du côté de Cinecittà où il enchaîne le tournage de Chair pour Frankenstein (1973), si gore et érotique qu’on imagine Mary Shelley aujourd’hui encore en train de se retourner dans sa tombe de Bornemouth, et, dans la même veine, Du sang pour Dracula (1974). La critique conservatrice déteste, celle de la contre-culture trouve plus d’une qualité à ce diptyque où les références abondent : au nazisme dans le Frankenstein par exemple, à l’iconographie communiste dans le Dracula. Morrissey dézingue au passage la bourgeoisie, ses mœurs et son hypocrisie. Lui qui disait aussi : « On ne met pas ses points de vue personnels dans un bon film. Un film ne doit s’intéresser qu’aux personnages, pas à une grande morale, même si elle est toujours sous-jacente. »

Maville (site web réf.) - Quimper Maville
15 octobre 2024 45 mots
« Ce cinéma c’est toute mon enfance » : après la fermeture du Rohan à Landerneau, ils se

Cinéma Quimper Ce cinéma cest toute mon enfance après la fermeture du Rohan à... Quimper Cet article est réservé aux abonnés Pour un accès immédiat, abonnez-vous 1ère semaine offerte ... Voir l'article

Le Soir
GENERALE
Culture, mercredi 16 octobre 2024 1348 mots, p. GENERALE15

Cinéma

Trop terrifiant pour les ados, ce « Terrifier » ?

DIDIER STIERS

Dans les salles de cinéma françaises, le film « Terrifier 3 » vient d’être interdit aux moins de 18 ans. Une décision officielle mais peu courante, dans le genre. En attendant, le film cartonne, chez nos voisins comme aux Etats-Unis. Qu’en est-il en Belgique, où il sort ce 23 octobre ?

Pour moi, l’interdiction aux moins de 18ans ne s’applique à la base qu’à la pornographie. Donc, oui, je trouve ça assez étonnant et peut-être fort puritain Vivien Vande Kerckhove Directeur de O’Brother

DIDIER STIERS

Voilà près de vingt ans qu’il n’était plus arrivé que la commission de classification du CNC (Centre national de la cinématographie) interdise un film aux moins de 18 ans. La dernière fois, c’était en 2006, pour Saw 3. Motif, selon la réglementation en vigueur en France : « Des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence mais qui, par la manière dont elles sont filmées et la nature du thème traité, ne justifient pas d’un classement X. » Les distributeurs de l’Hexagone ont protesté, bien entendu, arguant notamment d’un manque à gagner. Sauf que Terrifier3, sorti dans les salles en France mercredi dernier, figurait en tête du box-office après deux jours d’exploitation ! Et les prévisions basées sur les premiers chiffres étaient plus que positives. Même chose aux Etats-Unis : après l’ opening week-end cher aux analystes, il s’est hissé sur la première marche du podium. A suivre donc.

Terrifier ? Du gore de chez gore signé Damien Leone, et une franchise en devenir puisqu’on en est donc aujourd’hui au troisième volet. Elle met en scène les massacres perpétrés par un tueur mutique, masqué, sans états d’âme et pas vraiment de notre monde : Art le Clown. Costume noir et blanc, grosses pompes, minuscule chapeau de traviole sur le crâne et regard dément, il trimballe son arsenal dans un sac-poubelle et zigouille avec un art consommé de l’inventivité.

C’est d’ailleurs ce qui a fait du premier et du deuxième volet des films « cultes » auprès d’un public accro aux énucléations à vif, démembrements, éviscérations, fractures très ouvertes, scalpages et autres joyeusetés trempées d’hémoglobine. Toujours plus fort, toujours plus profond et, oui, toujours plus grotesquement drôle, tel est le cahier des charges de cette série d’horreur où le scénario tient, on l’a compris, sur un ticket de tram. Même si certains personnages des premiers films reviennent dans le troisième de la série et que celui-ci en dévoile un petit peu plus sur le surnaturel à l’œuvre à la toute fin du premier (ben oui, Art ressuscite) et tout au long du deuxième.

Inédit dans les salles belges, le premier Terrifier, sorti en 2016, a été réalisé avec un budget de 35.000 dollars. Il en a rapporté près de 420.000. Le deuxième, tourné pour 250.000 dollars et tout aussi inédit au Plat Pays, en a ramené environ 16 millions !

Cinecheck

Mais quelles « scènes de très grande violence », au fait ? Dans le premier Terrifier, l’une des victimes du clown est suspendue la tête en bas, dénudée et découpée à la scie. Dans la suite, l’une d’elles est torturée dans sa chambre à coucher. Et dans le troisième épisode, attendu dans nos salles pour le 23 octobre, le réalisateur procède à une giclante redéfinition du terme boucherie à grands coups de tronçonneuse. Signalons au passage que les connaisseurs ont déjà eu l’occasion de souligner la qualité des practical effects: Damien Leone ne joue pas avec les CGI !

A la différence de la France, où l’on peut interdire, en Belgique, on conseille. Ou on déconseille. Et certainement depuis 2020, quand est entré en vigueur chez nous un nouveau système. « Nous avons repris en Belgique celui qui existait déjà aux Pays-Bas sous le nom de Kijkwijzer », explique Vivien Vande Kerckhove, directeur de O’Brother qui distribue chez nous ce Terrifier3. « Le nom est resté pour la Flandre, et c’est Cinecheck pour la partie francophone du pays. Après avoir suivi une formation qui nous donne le titre de Codeur Kijkwijzer , nous sommes habilités à répondre à un formulaire d’une soixantaine de questions pour chaque film que nous sortons. En fonction des réponses, les petits pictogrammes Cinecheck sortent automatiquement. Nous ne pouvons plus distribuer un film sans ces vignettes-là, qui vont de All à 16 ou même 18. »

Que trouve-t-on parmi ces 60 questions ? Différentes thématiques, comme la violence, la sexualité, l’usage de substances (« du verre d’alcool et de la cigarette jusqu’aux drogues dures »), le sexisme… « Le questionnaire regroupe des sujets assez larges et c’est en fonction de ça que tout est défini. Il ne s’agit donc pas d’une interdiction, mais bien d’une prévention. Et, donc, ce n’est absolument pas le distributeur qui décide, même si c’est lui qui répond aux questions. Et d’ailleurs, nous repassons un examen chaque année pour savoir si nous sommes de bons codeurs ! Chez O’Brother, nous sommes deux à avoir suivi la formation, ma collègue du marketing et moi-même, et nous nous partageons quelque peu les films comme ça. »

Puritanisme ?

Chez O’Brother, le cinéma de genre, on connaît, pour nous avoir déjà sorti Titane, Palme d’or à Cannes voilà trois ans, La main (l’un des meilleurs films d’horreur de ces dernières années selon Peter Jackson) ou encore ICU. « C’est un sillon que nous aimons bien travailler », commente Vivien Vande Kerckhove. « Là, nous avions entendu parler des deux premiers films de la série, nous savions qu’il y avait un public et un circuit plus underground qui les affectionnaient énormément, et que le buzz grossissait pour le troisième qui allait quand même bénéficier d’une sortie en salles aux Etats-Unis. »

Suit alors, pour O’Brother, un petit parcours du combattant (sic) pour récupérer les droits de distribution de Terrifier 3 dans les salles du pays. Une surprise, la décision française ? « C’est sûr que nous ne nous attendions pas à ce qui se passe maintenant là-bas, et à ce que ça ait un retentissement chez nous. Même si nous savions que ça pouvait être une belle surprise. Parce que quand nous avons annoncé aux salles que nous allions sortir le film, elles ont toutes été super emballées. Leur public leur avait déjà fait comprendre qu’il fallait absolument que le film sorte en Belgique. Les salles avaient elles-mêmes organisé des soirées spéciales l’année dernière à Halloween ou autre pour passer le 2, et ça avait été des cartons complets ! »

Il reste qu’en Belgique, Terrifier3 sera non pas « interdit » mais donc « déconseillé » aux moins de 18 ans. « Le questionnaire Cinecheck avait été rempli, et donc notre prévention moins de 18 déjà établie avant que la Commission décide en France de l’interdiction. La seule différence est là : la France interdit alors que nous, nous prévenons. Les salles ne seront pas fermées aux jeunes de moins de 18 ans. Nous pensons même qu’une bonne partie du public aura peut-être moins de 18 ans. »

On est étonné, en Belgique, de la décision prise chez nos voisins quant à ce slasher, très 80’s à certains égards (dans le 3, l’un ou l’autre passage musical renvoie même directement à John Carpenter) ? « Pour moi, l’interdiction aux moins de 18 ans ne s’applique à la base qu’à la pornographie. Donc, oui, je trouve ça assez étonnant et peut-être fort puritain. Après, nous ne sommes pas sur le même territoire. Et il s’agit effectivement d’un film particulier, avec un personnage ultra-fort mais des scènes qu’on n’a pas l’habitude de voir dans les cinémas. Le réalisateur ne fait aucune concession quant à la violence qui est montrée à l’écran, c’est certain. Il s’adresse à un public averti, même si c’est du troisième degré. »

Le Dauphiné libéré (site web réf.) - Le Dauphine
7 octobre 2024 103 mots
Sérignan-du-Comtat Cinéma : deux séances à la salle Edmond-Achaume

Place à deux séances de cinéma à la salle Edmond-Achaume ce jeudi 10 octobre. Les bénévoles de l’association Sérinéma accueilleront le réseau de... ...pour lire la suite, rejoignez notre... Voir l'article

Tribune de Genève, no. 23175
Culture, vendredi 11 octobre 2024 494 mots, p. 15

[Pour ses 30 ans, le GIFF sort...]

Pour ses 30 ans, le GIFF sort le grand jeu

Festival de cinéma

Du 1

er

au 10 novembre, le rendez-vous genevois où tous les formats cohabitent s'annonce plus incontournable que jamais.

À la lecture du programme du prochain GIFF (Geneva International Film Festival), qui fête ses 30 ans du 1

er

au 10 novembre, on ne peut pas dire qu'on ne soit pas alléché. Films, séries, œuvres immersives et autres se mêleront dans une approche des futurs de l'audiovisuel qui ne cessent de multiplier les interrogations. Quel sera l'effet des nouveaux modes de diffusion? Quel est, plus simplement, l'avenir du cinéma? Comment se positionne le web dans la création des séries? Voici trois exemples de questions qui nous viennent en tête lorsqu'on examine le riche programme dévoilé hier.

Mais par quoi commencer? Par les débuts, peut-on naïvement répondre, soit les 30 ans d'existence d'une manifestation passée par plusieurs directions artistiques successives, commémoration au cœur de cette édition. « Ce sera tout sauf une année comme les autres, témoigne Anaïs Emery, actuelle directrice de l'événement. Au niveau du programme, il s'agira de rappeler en quoi le GIFF est spécial, important, et surtout ce qu'il peut apporter à Genève. »

Parmi les grands moments qui ponctueront ces dix jours, on peut annoncer la remise du Prix Film & Beyond à la cinéaste Ava DuVernay, architecte d'une œuvre résolument féministe. Son combat pour le travail d'artistes afro-américains continue. Elle est à la fois un poids lourd de l'industrie américaine et un symbole de la liberté au sens large. Leos Carax sera lui aussi présent à Genève, et s'entretiendra sur son univers au cours d'une conférence, unique moyen de rencontrer l'auteur de « Holy Motors ».

Nous aurons aussi l'occasion de croiser Kirill Serebrennikov, auteur de « Limonov » , Niels Schneider, Louis Garrel, Stefan Crepon, Souheila Yacoub, Noémie Merlant, Valeria Golino et d'autres. Du côté des films, il reste de nombreux titres des sélections cannoise et vénitienne à n'avoir pas encore circulé. Certains seront montrés à Genève. Tels « Maldoror » de Fabrice Du Welz (film glacial sur l'affaire Dutroux), l'éprouvant « The Girl with the Needle » de Magnus von Horn (histoire d'une faiseuse d'anges particulière), le très queer « Les reines du drame » d'Alexis Langlois, « À son image » de Thierry de Peretti, « Parthenope » de Paolo Sorrentino, ou le paraît-il bluffant « The Brutalist » de Brady Corbet.

Sans oublier une carte blanche à Léo Kaneman, fondateur et premier directeur du festival, qui s'appelait alors Cinéma tous Écrans. Un panorama de l'œuvre du franco-suisse Pierre Koralnik, qui réalisa notamment « Anna » pour la télévision en 1966. Le premier épisode de la série « Dune: Prophecy ». Le Swiss Series Storytelling Award, qui récompensera le meilleur scénario de série suisse. Et une centaine de choses qu'on oublie mais sur lesquelles nous reviendrons. Un seul conseil, bloquez vos dates et réservez un maximum de soirées entre le 1

er

et le 11 novembre. Pascal Gavillet

2024.giff.ch/

Au programme notamment: « Maldoror » de Fabrice Du Welz, un film-choc sur l'affaire Dutroux. GIFF

Le Temps
Culture, mercredi 2 octobre 2024 549 mots, p. 18

« Drone », un thriller qui vole haut

NORBERT CREUTZ

8039

CINÉMA Simon Bouisson confronte dans un film ultra-contemporain une étudiante en architecture à un drone mystérieux. Intrigant, virtuose et prenant

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Le cinéma de genre brille plus souvent par son absence d'inspiration que par un souci d'innover. D'où l'excellente surprise que constitue Drone, premier long métrage de Simon Bouisson, 39 ans. Ci-devant pionnier du cinéma interactif, celui-ci semble avoir trouvé là un concept idéal pour prolonger la veine hitchcockienne d'une confrontation du spectateur à sa pulsion voyeuriste. Avec l'aide d'un Cédric Kahn acteur, mais aussi de fidèles collaborateurs de ce dernier (le monteur Yann Dedet et les scénaristes Fanny Burdino et Samuel Droux), ce jeune auteur réussit là un thriller français qui en remontre aux Américains.

Alors qu'on ne constate que trop ces temps la facilité à réaliser, grâce aux drones, des plans aussi impressionnants que dépourvus de point de vue, ce film y remet bon ordre. Et ce, dès un premier plan-séquence virtuose qui suit une jeune joggeuse dans la nuit avant de la traquer jusque dans son appartement en haut d'une tour de banlieue. En effet, ce qui chez un tâcheron ne serait le regard de personne s'avère ici être celui d'un drone - autrement dit, un appareil téléguidé par quelqu'un. Mais qui donc espionne ainsi Emilie, jeune étudiante en architecture solitaire qui s'offre par ailleurs aux regards comme cam-girl pour payer ses études?

Une héroïne attachante dans un climat de paranoïa

Il doit bien y avoir un lien. Provinciale par ailleurs timide, Emilie se trouve confrontée à des étudiants parisiens roués, dont l'inquiétant Olivier (Stefan Crepon). Il y a aussi Richard (Kahn), ce prof charismatique qui leur donne comme devoir d'imaginer la transformation d'un bâtiment classé: lorsque Emilie s'écarte des directives en choisissant une friche industrielle, il lui propose de rejoindre son bureau.

Elle échappe toutefois à t ous deux dès sa première sortie en boîte, en flashant plutôt sur la musicienne Mina (Eugénie Derouand). Mais ce satané drone ne la lâche pas pour autant, la traquant jusque sur son site abandonné, et lui offrant même une solution financière via une application installée sur son téléphone...

De la photo, largement nocturne, à la musique, mi-piano mi-électro, tout est au diapason, à commencer par le choix de Marion Barbeau, la révélation d'En corps de Cédric Klapisch: difficile de trouver héroïne plus attachante. Après avoir bien établi sa position vulnérable et suscité un climat de paranoïa, tout s'accélère avec une mort. Et si le drone était dangereux? Des souvenirs de thrillers signés Michael Crichton, John Badham et Brian De Palma s'invitent alors chez les plus cinéphiles, tandis que ceux attentifs à la dernière modernité songeront plutôt à Personal Shopper (Olivier Assayas) ou encore La Vénus d'argent (Héléna Klotz).

Un « male gaze » prédateur

A la question d'un male gaze prédateur, le film répond par une relation plus saine entre filles et par l'aide providentielle d'un jeune hacker handicapé. On pourra y trouver une forme de facilité. Il n'empêche qu'à l'arrivée, ce Drone joliment métaphorique pour notre société hyperconnectée aura autant stimulé la réflexion que titillé les nerfs. Si Hollywood ne venait pas à se manifester pour un remake, ce serait à n'y rien comprendre!

Drone, de Simon Bouisson (France, 2024), avec Marion Barbeau, Eugénie Derouand, Cédric Kahn, Stefan Crepon, Bilel Chegrani, 1h50.

Tribune de Genève, no. 23075
Culture, mardi 1 octobre 2024 1029 mots, p. 17
Aussi paru dans
2 octobre 2024 - 24 Heures (Suisse)

[Fiction TV...]

Fiction TV

Sur le tournage de « Log-out » , la nouvelle série de la RTS

Une coproduction entre la RTS et TF1 est en cours de tournage à Genève. Visite du plateau à la Perle du lac le temps de quelques scènes.

Andrea Di Guardo

Au cœur du parc de la Perle du lac, juste à côté du restaurant La Potinière, le bord du Léman ressemble à une petite fourmilière en ce mercredi 25 septembre. Alors que les décors prennent forme et que les acteurs s'échauffent pendant le maquillage, des badauds s'arrêtent pour observer ce curieux spectacle.

Grande usine

Car la machinerie impressionne toujours autant. Entre les caméras, les moniteurs et les perches-son de 3 mètres de long, même une petite scène de quelques secondes convoque toute une industrie. Comme dans une usine, chaque ouvrier joue son rôle, à travers une chorégraphie extrêmement bien huilée.

Alors qu'on règle les derniers positionnements des comédiens, le tournage se met en branle. « Silence sur le plateau » , s'écrie une assistante. Pas de chance, une classe de petits enfants criards se promène juste à côté alors qu'un hélicoptère se fait entendre au loin. Tourner en extérieur, c'est composer avec les aléas du réel.

La scène commence. En hors-champ, Giulia (Sofia Essaïdi) fait mine d'enclencher le retardateur de son appareil photo avant de rejoindre son fils Achille (Arcadi Radeff) pour prendre la pause. « Coupez! » lance alors le réalisateur. « C'est tout? » déplore un joggeur qui s'était arrêté pour observer. Eh oui. Assister à un tournage, c'est long, et jamais très excitant.

Après quatre ou cinq prises, le réalisateur se dit satisfait. On change alors de point de vue et la caméra se tourne cette fois vers des tables de bistrot garnies de figurants pour capter dans le champ l'image de Giulia enclenchant son appareil photo. La totalité du plan dure quelques secondes.

On en profite alors pour échanger avec Arcadi Radeff, jeune espoir genevois de 25 ans du cinéma français. Espoir? Plutôt comédien confirmé au vu de son pedigree: pièces de théâtre, courts métrages, séries télévisées et surtout grand écran. On fait le point avec cet acteur d'un talent et d'une humilité rares.

« Un métier cruel »

La première fois qu'on l'a aperçu sur les planches, c'était en 2015, à l'aula Frank Martin du Collège Calvin, incarnant un Roméo éblouissant dans la pièce de Shakespeare. L'acteur rit à l'évocation de cette performance. « Ça reste l'un de mes meilleurs souvenirs au théâtre, on avait une super équipe et près de 500 personnes sont venues nous voir, c'est incroyable pour une pièce montée par des collégiens! »

Au départ, Arcadi Radeff ne se destinait pas à ce métier de comédien. Son désir est venu durant sa maturité à Candolle, lors une reprise d' « Hamlet » avec ses camarades. Après quelques pièces et courts métrages, sa passion s'étoffe, il effectue alors deux années de cours à la Manufacture à Lausanne. Juste avant sa troisième année, il choisit de stopper son cursus pour commencer à jouer.

La suite est glorieuse. Côté helvète, la RTS commence à lui confier des rôles de plus en plus importants dans des séries. « C'est drôle, je n'étais par exemple pas censé jouer dans « Délits mineurs ». Je suis juste venu donner la réplique sur le plateau et la réalisatrice m'a embauché suite à ma prestation » , s'amuse-t-il. La comédie, c'est aussi une histoire de famille. Sa cousine, Isaline Prévost-Radeff, est aussi une habituée du grand et du petit écran. Ils tourneront même ensemble dans « Les indociles » et « En eau salée » (Denis Rabaglia).

Mais c'est bien en France que la carrière d'Arcadi Radeff va s'envoler. Repéré, il partagera l'affiche de « Passages » (Ira Sachs, 2023) avec Adèle Exarchopoulos. Pascal Bonitzer lui donnera ensuite un rôle important dans « Le tableau volé » (2024), aux côtés d'Alex Lutz et de Léa Drucker. Au cinéma comme dans la vie, l'acteur est sincère, habité et captivant. Il a une « gueule » , comme on le dit si bien des comédiens que l'on n'oublie pas.

Installé à Paris, il retourne fréquemment dans la cité genevoise. On l'a récemment remarqué dans le premier rôle du nouveau court métrage du genevois Alexandre Schild, « Le dernier soleil » (2024). Une expérience qui le ravit tout autant que de plus grosses productions.

« J'aime faire de tout, et surtout incarner des rôles bien différents. Dans « Log-out » je joue un hacker de 17 ans. Bientôt je serai un fils de bourge chez Bonitzer, et plus tard j'incarnerai un garçon de vache serial killer, j'espère que ça va continuer comme ça! » s'enthousiasme-t-il.

Humble et optimiste, le comédien ne se monte pas la tête pour autant et reste réaliste. « J'ai été mené sur ce chemin par le hasard absolu de la vie, et rien n'est jamais acquis. Ce métier est un jeu cruel, car si un projet ne marche pas, tout peut s'arrêter d'un coup. Si ça devient un truc ou tu construis une carrière autour de ta personne, je ne vois plus l'intérêt. Il faut que ça reste un plaisir » , résume le comédien avec sagesse.

Un thriller franco-suisse

Les aficionados des séries RTS savent que trois ou quatre séries « maisons » sont produites et diffusées chaque année, avec plus ou moins de réussite. Après « Hors saison » , « Délits mineurs » ou encore « Les indociles » , et bientôt « Winter Palace » , le tournage de « Log-out » a débuté le 16 septembre à Genève, avant d'aller s'installer dans les cantons de Vaud et du Valais.

Entre thriller et road-movie, le tournage s'étalera sur plus de 60 jours. Un gros projet que porte un tandem franco-suisse, les réalisateurs Louis Farge et Luc Walpoth. Le casting s'illustre également comme le fruit d'une collaboration entre les deux pays mettant en scène des talents français: Sofia Essaïdi (« Star Academy 3 » , « Les combattantes ») et Alexis Michalik (« Edmond » , « Les trois mousquetaires: Milady »); et suisses: Irène Jacob (que l'on ne présente plus) et Arcadi Radeff.

« Log-out traite de la spirale du mensonge sur fond de cybercriminalité. L'aventure nous plonge dans une dynamique familiale complexe. Mais il s'agit aussi d'une histoire de deuil, de filiation, de poursuite et d'amour » , décrit la RTS dans un communiqué. Rendez-vous courant 2025 sur la RTS et TF1 pour découvrir le fruit de tout ce travail.

Arcadi Radeff, 25 ans, comédien et jeune espoir genevois du cinéma français. FRANK MENTHA

Le Journal de Montréal
JM Mardi, mardi 5 novembre 2024 101 mots, p. 39

DENIS VILLENEUVE SERA HONORÉ AU GALA QUÉBEC CINÉMA

Le cinéaste Denis Villeneuve recevra l'Iris hommage lors de la 26e édition du Gala Québec Cinéma, le 8 décembre prochain.

En décernant ce prix prestigieux au réalisateur des films Dune, Blade Runner 2049, L'Arrivée et Incendies, l'organisme Québec Cinéma -qui chapeaute la grande fête du cinéma québécois -souhaite célébrer sa carrière de 30 ans «marquée par une contribution au rayonnement du cinéma québécois et international ».

Villeneuve succède à l'acteur Rémy Girard, qui avait reçu l'Iris hommage l'an passé.

Animée par l'humoriste Phil Roy, la 26e édition du gala aura lieu le 8 décembre.

Le Temps
Culture, mardi 3 décembre 2024 827 mots, p. 16

Leni Riefenstahl, les ombres derrière le culte de la beauté

NORBERT CREUTZ

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CINÉMA Le formidable documentaire d'Andres Veiel retrace bien mieux qu'un biopic de fiction l'incroyable destin de la cinéaste favorite de Goebbels et Hitler

8092

Avec le temps, son nom est devenu plus connu que ses films. Ses documentaires de propagande nazie, Le Triomphe de la volonté (1935) et Les Dieux du stade (1938), étant devenus quasi invisibles de par une (auto) censure bien compréhensible, et côté fictions, son splendide début, La Lumière bleue (1932), étant à peine plus montré et son dernier opus, Tiefland (1944/1954), carrément jamais, il ne reste guère de Leni Riefenstahl que sa réputation de cinéaste officielle du IIIe Reich. Mythe ou réalité?

Après pas moins d'une vingtaine de retours télévisuels sur sa carrière interrompue, sa personnalité hors du commun (elle est morte en 2003, à 101 ans) et la question lancinante de sa responsabilité, « Leni Riefenstahl - La lumière et les ombres », un documentaire de cinéma signé Andres Veiel, fait enfin le point.

Reconnu comme l'un des meilleurs praticiens de sa discipline en Allemagne, Veiel (Black Box BRD, Beuys) n'arrive pas trop tard: non seulement la question fondamentale de la place de l'artiste dans la société reste centrale, mais l'écart temporel et le fait de ne travailler que sur des archives - dont celles, phénoménales, de la dame elle-même - lui ont donné la bonne distance.

Séduite par les budgets illimités du IIIe Reich

Il faut en effet savoir que Riefenstahl passa la seconde moitié de sa vie à tenter de se disculper en bâtissant sa propre légende. Quant au retour en force du féminisme, il colore aujourd'hui d'une dose d'ambiguïté supplémentaire ce parcours de femme libre, d'indiscutable talent qui assuma son désir jusqu'à s'afficher avec un assistant amant de quarante ans son cadet.

De la jeune fille sportive éduquée comme un garçon à la sémillante vedette des films de montagne (anecdotiques) d'Arnold Fanck et de la star « glamourisée » par les photographes de studio à l'artiste ambitieuse qui décide de prendre les choses en main, on ne peut qu'être plutôt admiratif. Et puis arrivent le IIIe Reich et son embrigadement, avec une Leni Riefenstahl subjuguée par le « magnétisme » d'Hitler.

Lourdement courtisée par Goebbels, elle ne se donna apparemment ni à l'un ni à l'autre, épousant plutôt un officier SS. Mais elle se lança avec enthousiasme, elle qui ne jurait que par la fiction, dans la confection de documentaires à la gloire du régime, séduite par des budgets illimités. C'est ainsi qu'elle fut impliquée aux côtés de l'architecte Albert Speer dès la conception du fameux Congrès de Nuremberg et des Jeux olympiques de Berlin en 1936, où elle prétend n'avoir jamais voulu que saisir la beauté, son unique souci.

Et puis tout s'est gâté avec la guerre. Sollicitée pour immortaliser l'invasion de la Pologne, elle emploie des prisonniers comme figurants avant de jeter l'éponge. Pour Tiefland, qui doit marquer son retour à la fiction et à ses chères montagnes, elle utilise des enfants tziganes recrutés dans un camp - qu'elle prétendra avoir retrouvés plus tard alors qu'ils furent presque tous assassinés. Arrêtée dès la fin de la guerre, elle sera déclarée simple Mitläuferin (ceux qui suivirent juste le mouvement). Mais aussi, au contraire de la quasi-totalité de ses collègues masculins, sera interdite de plateau de cinéma. Une injustice?

Malgré les nombreuses interviews qui la montrent plaidant la naïveté et minimisant son implication, le film accumule les preuves qu'elle trempa bien dans le nazisme jusqu'au cou. Seules questions qui restent ouvertes: le degré de son antisémitisme et sa connaissance ou non de la « solution finale ». Là où Riefenstahl s'écarte clairement de l'idéologie hitlérienne, c'est dans son admiration des corps d'athlètes noirs. Ces mêmes corps qu'elle magnifiera en Afrique occidentale dans les années 1960-1970, s'inventant alors une nouvelle carrière de photographe. Mais il faut aussi la voir - dans des images filmées inédites - les diriger avec un autoritarisme parfaitement colonialiste. Chassez le naturel...

Une « suiveuse » très active

Alors, innocente ou coupable? Pour Claude Torracinta, journaliste romand de l'ancienne TSR, qui voulait la confronter en direct aux terribles images des camps mais auquel elle fit faux bond, l'affaire semble entendue. Andres Veiel, lui, laisse chacun juge. D'un côté, on découvre une femme admirable à bien des égards. De l'autre, une victime de sa propre ambition qui poussa trop loin son flirt avec le pouvoir et se protégea de plus en plus face à l'horreur et la critique. En cela, son cas n'a rien d'unique: il parle de notre tendance à tous, hommes et femmes, à nous réfugier dans l'aveuglement, l'autojustification et le mensonge. Mais malgré sa volonté exceptionnelle, Andres Veiel a veillé à ce que cette fois Leni Riefenstahl ne triomphe pas de la vérité. On ne pouvait pas espérer mieux que ce film-ci, aussi passionnant qu'exemplaire.

Leni Riefenstahl - La lumière et les ombres, documentaire d'Andres Veiel (Allemagne, 2024), 1h55.

Le film accumule les preuves qu'elle trempa bien dans le nazisme jusqu'au cou

Le Temps
Culture, mercredi 6 novembre 2024 581 mots, p. 18

« In Water », la limpidité du flou

NORBERT CREUTZ

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CINÉMA Le Coréen Hong Sang-soo ose l'inconcevable d'un film délibérément flou. « In Water » est un essai beau comme un tableau de maître, qui ravira au moins les fans du prolifique cinéaste

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« Sur l'île rocheuse de Jeju, un jeune acteur réalise un film. Alors que l'inspiration lui manque, il aperçoit une silhouette au pied d'une falaise. Grâce à cette rencontre et à une chanson d'amour écrite des années plus tôt, il a enfin une histoire à raconter. » Ce résumé officiel dit presque tout, du film et de l'art singulier du Coréen Hong Sangsoo. Depuis la trentaine d'années qu'il sévit avec son cinéma toujours plus minimaliste, l'homme a ses inconditionnels, même si ses films, actuellement réalisés au rythme de deux par an, ne se rencontrent guère que dans les festivals. Mais est-il possible d'élargir cette base? Après les 500 entrées enregistrées pour Introduction en 2022, un distributeur téméraire voudrait encore y croire.

Difficile pour nous d'imaginer la réaction d'un spectateur ou d'une spectatrice néophyte devant ce 29e long métrage (tout juste, d'une durée de soixante et une minutes). Mais après tout, on peut bien tomber amoureux d'un écrivain, d'un peintre ou d'un compositeur devant une de ses oeuvres tardives. La difficulté avec Hong Sang-soo est que bien peu de gens savent encore que le cinéma est aussi un art et qu'In Water contrevient délibérément à toutes les règles communément admises d'un « bon film ».

Un art mélancolique

C'est en effet dans un dégradé de flous, au plus grand mépris du diktat photographique de faire le point, que l'on découvre cette histoire de presque rien - une nouvelle variation sur ses habituelles mises en abyme d'artistes perdus dans la vraie vie. Soit donc trois amis apparemment en villégiature sur une île, en réalité réunis pour tourner un court métrage autofinancé. Sauf que l'apprenti cinéaste ne sait plus trop ce qu'il voulait raconter, s'il l'a jamais su. Et que deux hommes et une femme, c'est en général un triangle amoureux. C'est sur cette double tension minimale que s'enchaînent scènes d'errance et de discussions chères au cinéaste.

Tandis qu'on guette le moindre signe de rapprochement, on voit Seong-mo (Shin Seok-ho, grand gaillard efflanqué régulier du cinéaste) tester vaguement des plans. Puis survient la rencontre avec cette femme qui ramasse des ordures jetées négligemment par les touristes dans les rochers. Il prend alors son courage à deux mains et téléphone... à son ex pour lui demander l'autorisation d'utiliser une chanson qu'il avait composée pour elle. C'est à ce moment que les connaisseurs auront un avantage décisif, sachant qu'il s'agit de l'actrice Kim Min-hee, la véritable ex quoique invariable égérie de l'auteur. A partir de là, le final sera d'une bouleversante limpidité.

Jamais sans doute Hong n'avait osé une mise en abyme plus nette que dans ce film flou, à la fois grand geste paysagiste (le décor s'en trouve transfiguré), discours de sa méthode (ses films sont de plus en plus libres et improvisés) et déclaration intime (d'une mélancolie ici quasi-suicidaire). Il suffit de constater au générique qu'il cumule à présent les fonctions de réalisateur, scénariste, producteur, chef opérateur, monteur et même musicien pour s'en convaincre. A côté de ça, le court Les Filles du feu du Portugais Pedro Costa, proposé en complément de programme, tient franchement de l'anecdote.

In Water, de Hong Sang-soo (Corée du Sud, 2023), avec Shin Seok-ho, Ha Seong-guk, Kim Seung-yun, Kim Min-hee. 1h01.

« In Water » contrevient délibérément à toutes les règles communément admises d'un « bon film »

Maville (site web réf.) - Toulon Maville
25 novembre 2024 133 mots
Aux Egaluantes de Carentan, 7 100 entrées payantes et plus de 14 000 festivaliers amoureux du

Le festival de cinéma Les Egaluantes, à Carentan-les-Marais (Manche), a totalisé 7 100 entrées payantes et fait vibrer 14 296 festivaliers tout au long de sa 9e édition. La... Voir l'article

Le Temps
Grande interview, samedi 23 novembre 2024 2324 mots, p. 12

« Je rêve d'un bug général d'internet »

CÉLIA HÉRON

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NORA HAMZAWI Humoriste, actrice, chroniqueuse, autrice... L'hyperactive quadragénaire débarque ce dimanche à Genève dans le cadre de la tournée de son hilarant seule en scène. L'occasion de rire de nous, d'elle-même, et des errances de l'époque

PROFILAvril 1983 Naissance à Cannes.2009 Premier spectacle. 2014 Chroniqueuse dans « Le Grand Journal » puis « Quotidien » .2021 Publication du livre « 35 ans (dont 15 ans de thérapie) » .2025 Premier seule en scène à l'Olympia, à Paris.LE QUESTIONNAIRE DE PROUSTLe métier dont vous rêviez enfant?Fromagère - elles avaient l'air si heureuses!Le meilleur remède à l'anxiété?L'antidépresseur. Ou le fait de fabriquer quelque chose de ses mains.Votre dernier déguisement?En dame blanche, la dame qui crie « Attention!! » dans les virages de montagne... Je précise que c'était pour Halloween.L'odeur de votre enfance?Les poupées Cherry Merry Muffin.Le conseil de développement personnel qui vous fatigue? « Il faut tout aimer de soi » .Votre dernier cauchemar?Cette nuit, j'ai rêvé que je rentrais dans un grand huit, et une fois propulsée extrêmement haut, je réalisais que je n'avais pas vérifié en quoi consistait ce grand huit. Et je me dis « Mais dans quoi tu t'es embarquée? » Un médicament magique pour soigner une émotion?J'aimerais soigner les chagrins.Un podcast à recommander?Je n'en écoute pas, au point que mes amis doivent me rappeler que ça existe...

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PROPOS RECUEILLIS PAR , PARIS @celiaheron

Si la névrose lui va si bien, c'est parce qu'elle a pris très tôt le parti d'en rire (et pour ce faire, d'aller chez un psy). De chroniques en livres, de spectacles en films, de post Instagram en newsletters, l'humoriste et comédienne Nora Hamzawi interroge ce que l'actu en continu fait à nos vies, à nos liens. Et en sondant l'impact de l'état du monde sur nos intimités, elle s'approche d'une introspection qui ressemble à s'y méprendre à une thérapie de groupe.

Ce matin gris comme la pluie, elle s'installe côté banquette dans une brasserie parisienne qui attend l'heure du brunch et les cool kids du quartier, en attendant que sa tournée ne l'emmène aux quatre coins du pays et à Genève ce dimanche. Elle commande un café allongé sous le regard indifférent d'un chat moucheté, maître en son royaume.

Je vous ai entendu dire récemment que vous aviez augmenté votre dose d'antidépresseur. Comment ça va chez vous, en ce mois de novembre 2024?

Pas si mal! Déjà, je ne sais pas si c'est mon tempérament légèrement dépressif mais j'adore l'entrée dans l'hiver. Plus il fait nuit tôt, mieux je me porte. Bientôt viendront les décorations de Noël, je serai enfermée à la maison, c'est merveilleux. En fait, je prenais mes antidépresseurs en dilettante, je me suis mise à les prendre de façon plus régulière. Donc oui, j'estime que j'ai augmenté ma dose, parce que là je me suis dit: il faut les prendre, l'époque est compliquée, ça ne va plus du tout, donc autant se faire aider si on peut.

Qu'est ce qui « ne va plus du tout » ?

Toute l'actualité, la politique, l'agressivité, la polarisation des gens m'inquiètent, le dialogue est dur. Et puis la surinformation, on est stimulés en permanence... Mais ayant une mère dépressive et étant mère moi-même, j'ai vraiment du mal à supporter qu'on ne profite pas de notre chance d'être vivants, là, en bonne santé dans un pays qui « va bien ». J'ai envie d'être joyeuse.

D'où vient cette urgence à la joie?

Quand j'étais petite, ma mère était en profonde dépression. Son état était lié à la mort de mon père. Mais je me disais: on ne peut pas vivre comme ça, en comptant, en soupirant, les jours qu'il nous reste à vivre! Dès que j'ai été en âge d'avoir de l'argent de poche, j'ai économisé pour pouvoir quitter la maison. Je voulais acheter des petits meubles, des toasters, j'avais une urgence à être « grande ». C'est tellement le chaos à l'extérieur que dans l'intime, on ne peut pas se permettre d'être dans la seule angoisse. Il faut se regarder, se parler, boire un verre, créer un peu de joie, être dans l'instant présent et connecté aussi à sa propre réalité, sans être dans le déni. C'est une forme d'énergie vitale pour moi. Sinon on attend juste la fin du monde dans l'angoisse, ça n'a pas de sens.

Que ce soit votre stand-up, vos chroniques ou vos livres, le ton relève souvent du journal intime. Vous souvenez-vous du premier journal que vous avez tenu?

C'est mon frère qui m'a offert mon premier journal intime quand j'ai su écrire, vers 6-7 ans. Dans mes souvenirs, l'objet répond à une question spirituelle. Je m'interroge sur mon père qui est décédé: est-ce qu'on a une bonne étoile, est-ce que Dieu existe, est-ce qu'il faut prier quelqu'un? A qui faut-il parler quand on est seul - de nos souhaits, nos peurs? C'est là que mon frère m'a dit: « Ecris tous les jours. » Mais très vite, dès la préadolescence, ce journal a basculé en une sorte de mise en scène de moi-même. Comme si je me mettais à écrire dans l'espoir d'être lue...

Par qui?

Pas par ma mère ni par mon frère - mais plutôt comme si j'espérais que quelqu'un tombe dessus et se dise « cette enfant est un génie! » Que Spielberg l'ouvre et s'exclame: elle est extraordinaire, elle va jouer dans E.T. 2. Je le vois dans les tournures de phrases. Je mets du drame et de l'intensité... J'avais inventé une sorte de double, un peu comme sur scène aujourd'hui.

En même temps, votre humour n'est jamais purement autobiographique. Quel lien faites-vous entre votre personne et votre personnage?

Mon personnage, c'est moi mais avec un décalage horaire. Le personnage sur scène est comme un double qui peut aborder frontalement des choses que j'ai digérées. En même temps, on me demande souvent si la scène est une thérapie, et je ne suis pas d'accord du tout. Chez le psy, dans ma vraie thérapie, je suis hyper premier degré, il n'y a aucun ressort comique. Sur scène, je parle de problèmes qui sont digérés, et dont je peux donc rire, même si le personnage les aborde sans distance en étant totalement impliqué. En fait c'est comme si je faisais une différence entre intime et privé, tout est intime, mais on n'entre jamais dans ma sphère privée, dans l'instant présent de ma vie, même si ça donne l'impression que si. C'est tout le travail.

Quel est le point de départ d'un sketch?

Ce n'est pas un thème, c'est un état. C'est ce que je ressens, ce qui me met en difficulté. Au départ, quand je me suis demandé de quoi je voulais parler dans ce nouveau spectacle, j'étais mal barrée: rien ne me faisait rire, tout m'angoissait. Mais s'est imposée l'urgence de vivre fort, de refaire l'amour, l'urgence de soigner les amis déprimés. Je suis partie de cela, une sorte d'hystérisation à la joie, de besoin d'en profiter.

Est-ce ce travail de l'émotion qui rend l'humour universel, au-delà de la situation particulière?

C'est assez fascinant: on veut qu'un spectacle soit à la fois sincère mais que ça fasse écho à quelque chose. J'avais envie que ce spectacle fasse du bien, mais soit aussi un miroir sincère.

Vous étiez une des premières à aborder des sujets tabous comme le syndrome prémenstruel (SPM), le fait de prendre des antidépresseurs. Quel regard portez-vous sur l'évolution de l'humour ces dernières années?

D'un côté, certains sujets sortent du tabou, et je trouve ça merveilleux que la parole se libère. A l'époque, quand je parlais de SPM, ce spectacle était qualifié de girly puis, quelque temps après, il a été qualifié, à texte égal, de « féministe ». Aujourd'hui, tout le monde parle de SPM. Tant mieux. En même temps, je trouve qu'on vit un moment où il est très facile de « cocher les bonnes cases », de faire semblant d'être dans l'air du temps, et de manquer de sincérité. L'autre jour, j'étais invitée à une conférence sur l'humour « bienveillant » ou « pas bienveillant », et franchement tout ça me fatigue. Parfois j'ai l'impression que la vie est devenue une énorme conférence TED... On n'est pas sociologues.

Est-ce qu'il arrive qu'un humour vous dérange?

Bien sûr. Il y a de l'humour problématique, et celui-là, qu'il dégage. Par exemple je suis tombée sur une parodie de moi sur YouTube - fort bien, le mec se moque de mes blagues, aucun problème. Mais il commence par se moquer de mon nom de famille arabe. Là, de quoi rit-on exactement?

Dans une interview, vous avez dit: « Ma mère ne m'a rien transmis à part ses névroses », c'est rude...

Ce que je voulais dire par là, c'est qu'on n'a pas grandi avec une transmission culturelle ou intellectuelle. Ni de nos origines, du Moyen-Orient, ni de goûts littéraires ou cinématographiques par exemple. Donc on a grandi sur une page blanche, ce qui est à la fois fragilisant et porteur de beaucoup de liberté parce qu'on n'a pas de poids, d'héritage, d'autorité. Par ailleurs, quand je parle de névroses, ma mère, plus jeune, a été première dauphine d'un concours de beauté au Liban, et clairement le physique est un sujet qui l'obsède et qui a créé des obsessions chez moi. Après, je dois dire qu'elle m'a aussi sans doute transmis le goût de rire, c'est quelqu'un qui aime rire.

Vous en êtes où aujourd'hui, de cette obsession du physique?

Je crois que ça va mieux. Jusque-là, j'espérais sans doute inconsciemment être une meilleure version de moi, mais je me dis finalement que ce n'est pas si grave d'être celle que je suis. Bon, je dis ça, et quand je passe à la télé je prends 40 captures d'écran que j'envoie à mes proches en leur disant: « Mais attendez? Pourquoi ça s'affaisse, là? Pourquoi vous ne me l'avez pas dit?! »

Quel rapport entretenez-vous avec la question de vos racines syriennes?

Je n'ai jamais été au Moyen-Orient. Ma mère avait fait un rejet de tout ça. Mon manque à moi était plutôt de ne pas connaître mon père. De très très loin j'en parle, mais peut-être que je n'y vois pas encore de potentiel comique... Et puis au fond, je pense que ce qui m'ennuie, c'est qu'on s'attarde davantage sur la question, qu'on pose plus la question aux gens qui ont des origines arabes, que d'autres origines. Parce que, quelque part, on vient tous d'un endroit et parfois ce n'est pas un sujet.

La parentalité nourrit vos chroniques radio. Qu'a changé pour vous le fait de devenir parent?

C'est une immense joie pour moi. Globalement, je préfère la version de moi-même depuis que mon fils est là, et quand on me dit qu'il me ressemble je suis hyper heureuse, parce que je le trouve merveilleux. Je me souviens qu'enceinte, je faisais des rêves dans lesquels j'étais terrorisée par la vulnérabilité de cet enfant à naître, et finalement il m'apporte plutôt de la confiance en l'avenir et de la force.

On vous a vue au cinéma, encore cette année, dans « Le Tableau volé ». Qu'est-ce que ces expériences sur grand écran vous apprennent sur vousmême?

Que la scène est essentielle! Là où je pensais, il y a très longtemps, que ce serait un tremplin pour le cinéma, je m'aperçois que la scène est mon objectif principal. Ça ne remplit pas du tout le même endroit et le rapport au public me manque quand je fais du cinéma. Après, j'adorerais faire de la comédie, peut-être sur l'amour, le couple. Emmanuel Mouret [réalisateur, ndlr] le sait (rires). Mais bon, il y a beaucoup d'acteurs plus intéressants que moi...

Quel est votre rapport avec le public?

C'est un rapport de sincérité, que j'ai essayé de prolonger avec une newsletter, au-delà des seuls réseaux sociaux. Sur scène, le public me permet d'être dans l'instant présent, ce qui est très rare. Et l'époque a changé: non seulement c'est devenu un privilège de passer une heure et demie coupés du monde sans smartphones et puis, aujourd'hui, les gens interagissent beaucoup plus, ce qui crée des moments géniaux.

Votre dernier livre s'intitule « 35 ans (dont 15 avant internet) ». Vous avez quel rapport avec le web?

Une sorte d'amour-répulsion. Je travaille pour y être bien mais j'aimerais que ça n'existe plus. Je rêve d'un bug général et qu'on revienne au temps long, à l'instant, à l'attente. J'y crois secrètement.

« Il y a de l'humour problématique, et celui-là, qu'il dégage »

« Globalement, je préfère la version de moi-même depuis que mon fils est là »

PROFILAvril 1983 Naissance à Cannes.2009 Premier spectacle. 2014 Chroniqueuse dans « Le Grand Journal » puis « Quotidien ».2021 Publication du livre « 35 ans (dont 15 ans de thérapie) ».2025 Premier seule en scène à l'Olympia, à Paris.LE QUESTIONNAIRE DE PROUSTLe métier dont vous rêviez enfant?Fromagère - elles avaient l'air si heureuses!Le meilleur remède à l'anxiété?L'antidépresseur. Ou le fait de fabriquer quelque chose de ses mains.Votre dernier déguisement?En dame blanche, la dame qui crie « Attention!! » dans les virages de montagne... Je précise que c'était pour Halloween.L'odeur de votre enfance?Les poupées Cherry Merry Muffin.Le conseil de développement personnel qui vous fatigue? « Il faut tout aimer de soi ».Votre dernier cauchemar?Cette nuit, j'ai rêvé que je rentrais dans un grand huit, et une fois propulsée extrêmement haut, je réalisais que je n'avais pas vérifié en quoi consistait ce grand huit. Et je me dis « Mais dans quoi tu t'es embarquée? » Un médicament magique pour soigner une émotion?J'aimerais soigner les chagrins.Un podcast à recommander?Je n'en écoute pas, au point que mes amis doivent me rappeler que ça existe...

Le Temps
Culture, mardi 26 novembre 2024 193 mots, p. 17

EN BREF

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Bilan réussi pour le Festival Cinéma Jeune Public

Le Festival Cinéma Jeune Public a clôturé dimanche sa dixième édition. A l'heure du bilan, les organisateurs qualifient la participation d'excellente, avec 500 personnes présentes mercredi lors du film d'ouverture et un total de 6000 spectateurs et spectatrices, sur les cinq jours de la manifestation. L'événement « a reçu un magnifique accueil, rassemblant un public intergénérationnel autour d'une programmation originale et foisonnante dans différentes salles de cinéma de Lausanne et Pully », se félicitaient les organisateurs hier dans un communiqué. ATS

Le Prix Erasme 2024 est décerné à Amitav Ghosh

L'auteur indien Amitav Ghosh s'apprête à recevoir ce mardi le prestigieux Prix Erasme aux Pays-Bas pour son oeuvre sur la crise climatique. Amitav Ghosh, 68 ans, « reçoit le prix pour sa contribution passionnée au thème « Imaginer l'impensable » dans lequel une crise mondiale sans précédent - le changement climatique - prend forme à travers l'écriture », a indiqué hier sur son site la Fondation Praemium Erasmianum qui décerne chaque année cette récompense. Né à Calcutta en 1956 et résidant entre l'Inde et New York, il est considéré comme l'un des plus grands écrivains indiens. AFP

Le Dauphiné libéré (site web réf.) - Le Dauphine
23 novembre 2024 183 mots
Aubenas L’Ardèche à l’honneur pendant les Rencontres des cinémas d’Europe

Alors que se déroule la 26e édition des Rencontres des cinémas d’Europe à Aubenas jusqu’au 24 novembre, le septième art en Ardèche était à l’honneur, ce jeudi 21... Voir l'article

Le Temps
Culture, mercredi 6 novembre 2024 585 mots, p. 18

« The Substance », un film qui en manque

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CINÉMA Pseudo-choc cannois, la réalisation de Coralie Fargeat se veut un film d'horreur féministe. Mais en vomissant le diktat de la beauté, il ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes

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Imaginez un film d'art signé Ruben Ostlund (The Square) croisé avec un film d'exploitation de Stuart Gordon (Re-Animator) et vous obtenez The Substance de Coralie Fargeat. Le grand cinéma d'auteur qui veut en imposer et le « mauvais genre » qui s'amuse à choquer sont-ils compatibles? Cela donne-t-il un résultat intéressant? Pas vraiment. D'où le paradoxe d'un film de 2h21 qui en jette plein la vue avec une colère légitime - contre le diktat de la beauté et la date de péremption du féminin à 50 ans - mais qui finit par ennuyer à force d'explicite et de grotesque univoques.

Ex-star de cinéma, la quinquagénaire Elisabeth (Demi Moore) s'est recyclée dans une émission de fitness façon Jane Fonda. Lorsque le directeur de la chaîne veut la remplacer, elle cède aux promesses d'une petite annonce. D'accès très discret, la « Substance » se présente comme un liquide à s'injecter accompagné d'un stabilisateur et de nutriments à usage ultérieur. En fait, il s'agit d' « accoucher » d'un double rajeuni qui fonctionnera une semaine sur deux. Pendant ce temps, l'autre corps reste dans un placard! Formidablement sexy et assurée, la « nouvelle » Sue (Margaret Qualley) est alors engagée pour remplacer Elisabeth. Mais bientôt, elles se disputent le droit de rester un peu plus longtemps à la lumière, oubliant qu'elles ne sont qu'une seule et même personne...

Bref, c'est une sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde au féminin, revu à la manière d'une nouvelle de SF des années 1950 ou d'un épisode de La Quatrième Dimension. Mais au contraire du superbe L'Opération diabolique de John Frankenheimer (1966), film matrice du genre, on se retrouve avec un long métrage à rallonges bourré de références obligées: Carpenter, Cronenberg, De Palma, Verhoeven, en veux-tu en voilà. Un film où tout doit être souligné, de l'affreux patron (Dennis Quaid filmé au grand-angle) à l'isolement d'Elisabeth (dans sa grande villa avec vue sur Los Angeles) et à la vulgarité consentante de Sue (avec sa gym limite pornographique). Puis, lorsque tout se délite, physiquement et moralement, ce sera avec force gore grand-guignolesque.

L'heure de la revanche

Un seul moment de subtilité surnage dans ce film aussi programmatique qu'appuyé, qui a inexplicablement valu un Prix du scénario à son auteure à Cannes. Lorsque, après avoir croisé un ancien camarade d'école, Elisabeth se décide à un rendez-vous mais se laisse gagner par le doute devant son miroir. Poignant. Tout le reste ne fait hélas que gâcher une idée de départ valable, surtout avec Demi Moore qui a accepté d'incarner cette has been défraîchie si proche d'elle-même.

Portée par la mode, Coralie Forgeat, qui avait ouvert les feux contre la domination masculine dès son inédit Revenge de 2017, peut s'en donner à coeur joie. Mais sa mise en scène n'arrive pas à la cheville de celle de Nicolas Winding Refn pour le très proche mais autrement troublant The Neon Demon. Et même si d'aucuns seront sûrement épatés par l'audace d'un final outré (une émission de Noël en direct) se gaussant de l'obsession mammaire et vomissant le voyeurisme, la pauvreté de son argument fait en réalité de cette Substance un objet aussitôt périmé. N. C.

The Substance, de Coralie Fargeat (Royaume-Uni, France, 2024), avec Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid, Edward Hamilton-Clark, 2h21.

Il s'agit d' « accoucher » d'un double rajeuni qui fonctionnera une semaine sur deux

Le Temps
Culture, vendredi 15 novembre 2024 597 mots, p. 20

Sur les traces mystérieuses d'un terroriste suisse

NORBERT CREUTZ

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CINÉMA Le documentaire « La Disparition de Bruno Bréguet » rappelle l'histoire, déjà oubliée, de ce jeune Tessinois parti aider les Palestiniens dans les années 1970 pour finir par s'évaporer

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Qui se souvient encore de Bruno Bréguet, rare terroriste suisse d'envergure internationale dont nos médias firent leurs choux gras durant les années 1980-1990? Même pas le soussigné, à sa grande honte, tant son histoire reste passionnante. Un autre Tessinois, Olmo Cerri, qui l'a découvert via un intérêt pour les questions de l'engagement politique, sa répression et ses dérives, en a tiré un documentaire aussi valable qu'intrigant, produit par les Zurichois de Dschoint Ventschr et projeté dans quelques salles romandes: La Disparition de Bruno Bréguet. En effet, la fin de l'histoire reste un grand point d'interrogation, l'homme s'étant volatilisé sans laisser de trace en 1995.

Actions violentes

Depuis, certaines archives, comme nos fameuses fiches fédérales, ont été rendues accessibles, mais encore trop peu de langues se sont déliées. Dans sa tentative de retracer le parcours de l'énigmatique Bréguet, le cinéaste n'a ainsi reçu aucune aide de la famille (un frère, deux ex-compagnes, un fils et une fille) et a dû se contenter d'une poignée d'amis encore en vie. Ces interviews, des images TV et quantité d'autres documents, augmentés de divers lieux filmés en super-8 pour faire vintage, suffisent heureusement à retracer l'essentiel et à poser les bonnes questions. A commencer par celle de la violence: nécessité pour une action efficace ou plutôt piège fatal?

En 1970, le jeune Bréguet, fils d'une bonne famille (modeste) de Locarno, n'a que 19 ans quand il file en Israël dans l'idée de donner un coup de main à la cause palestinienne. Cueilli dès son arrivée, il est lourdement condamné à 15 ans de prison pour préparation d'attentat terroriste et en purgera 7. Expulsé, il écrit alors un livre, L'Ecole de la haine (La scuola dell'odio, 1980) relatant cette expérience qui l'a radicalisé et qui annonce la suite. Installé à Berlin avec une Allemande, il fait la connaissance du fameux terroriste vénézuélien Carlos et trempe dans plusieurs attentats à la bombe. A nouveau arrêté et condamné en France malgré une défense de Maître Jacques Vergès, il finira par s'installer en Grèce avec une nouvelle compagne, sans renoncer à l'action violente.

Sous une autre identité?

Toutefois, à la chute du mur de Berlin, le réseau criminel mené par Carlos depuis la Syrie se désagrège. Bréguet est gagné par la désillusion et c'est là qu'un chercheur, Adrian Hänni, situe son « retournement » par la CIA. Les fidèles amis tessinois, restés quant à eux dans le militantisme de gauche non violent, peinent à y croire. Mais ils soulignent aussi une part secrète, apparemment observée jusqu'auprès de ses compagnes. Il y a beaucoup de mélancolie dans leurs souvenirs et les retours sur les lieux de leurs rencontres - jusqu'en Grèce pour retrouver sa maison.

Pour finir, le film se penche sur le mystère du titre: la disparition de Bréguet lors d'une traversée en ferry entre Ancône et Igoumenitsa. Suicide? Enlèvement par les services secrets? Fuite pour refaire sa vie sous une autre identité? Chacun y va de son hypothèse. S'il était encore en vie, Bréguet aurait aujourd'hui 74 ans. Mais son élimination semble bien plus probable, parachevant une trajectoire qui a valeur d'avertissement.

La Disparition de Bruno Bréguet (La scomparsa di Bruno Bréguet), documentaire d'Olmo Cerri (Suisse, 2024). 1h37. Ve 15 à 20h au Cinéma d'Oron, sa 16 à 19h au CDD de Genève et di 17 à 11h au Cinéma Royal de Sainte-Croix, projections suivies d'une discussion avec le réalisateur.

Maville (site web réf.) - Saint-Brieuc Maville
11 novembre 2024 983 mots
À 82 et 90 ans, elles sont figurantes sur grand écran dans le film de Lucien Jean-Baptiste .

Ce tournage a été pour nous une belle expérience car on a découvert les secrets de la réalisation d’un film , se réjouissent Danielle Migeon et Thérèse Gouriou, résidentes à Espace... Voir l'article

Le Dauphiné libéré (site web réf.) - Le Dauphine
6 novembre 2024 135 mots
Vaison-la-Romaine Un mois de novembre riche en évènements au cinéma Le Florian

Plus de 140 personnes ont assisté à la soirée “100 % Aznavour” proposé par le cinéma Le Florian et toute son équipe, emmenée par Mylène Rolland, mardi 5 novembre. Après un concert... Voir l'article

Le Soir
GENERALE
Culture, mardi 3 décembre 2024 1488 mots, p. GENERALE12

Série

« Ce n’est pas le retour de Zorro, c’est Zorro sur le retour »

Didier Zacharie

Jean Dujardin campe un Zorro sur le retour dans une mini-série diffusée à partir de mercredi sur RTL-TVI.

Entretien

Didier Zacharie

Il n’arrive pas masqué, mais détendu comme un surfeur qui vient de « casser » une vague. Entre deux interviews, Jean Dujardin nous parle du vengeur masqué et de la nouvelle interprétation qu’il en fait. Celle d’un Don Diego de la Vega de 50 ans quelque peu dépassé par les événements. Il hérite, au décès de son père, des clefs de la ville de Los Angeles et de tous les problèmes qui vont avec la ceinture maïorale. Mais, après avoir passé 40 ans dans l’ombre de son paternel (André Dussollier), de la Vega paraît trop petit pour le costume qui l’attend. Pris à la gorge par un créancier (Eric Elmosnino) qui règne sur la ville, il n’a d’autre solution que d’enfiler un autre costume et un masque, ceux, poussiéreux, de Zorro. Chance, les deux lui vont encore à merveille… Et c’est à peu près là tout ce que ce nouveau Zorro a à apporter, malgré le charisme de son personnage principal (avec des réminiscences d’ OSS 117 et Lucky Luke) et malgré d’intéressants personnages secondaires (Elmosnino, Gadebois, Dana, Dussollier). Au « cavalier qui surgit de la nuit », on aurait souhaité qu’il ne s’enfonce aussi sec dans l’ennui.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette nouvelle version de Zorro ?

Justement le fait qu’on en fasse une nouvelle version qui se démarque des précédentes. Je n’y serais pas allé si c’était seulement pour mettre le costume de Zorro qui va sauver la veuve et l’orphelin et venger la mort de son père. Ce qui m’a attiré, c’est la schizophrénie, le chemin entre un Diego impuissant, intègre, qui essaie de faire passer la loi, mais qui est obligé de remettre son masque. Et puis le triangle amoureux… Il y a un côté très « lubitschien » dans l’écriture. Dans cette nouvelle version, il y a à la fois de l’aventure, de l’humour et du drame. C’est toujours marrant de passer par ce genre de comédie pour entendre un peu notre époque.

C’était un rêve de gosse ?

Un peu comme tous les gars de ma génération. Il n’y avait pas 36.000 héros à la télévision. Et puis, Zorro existe depuis 120 ans, il a créé Batman et tous ces personnages-là. Avant moi, il y a eu Douglas Fairbanks, Guy Williams, Delon, Banderas… Il se trouve que quand on est déguisé, on a plus de courage. C’est un peu l’allégorie du métier d’acteur.

La nouveauté, c’était aussi d’incarner un Zorro un peu dépressif qui vit la crise de la cinquantaine ?

Oui, c’est vrai. On devrait d’ailleurs l’appeler Diego plutôt que Zorro. C’est Diego de la Vega qu’on suit, on est dans son mal-être. Et c’est drôle de se dire : « Ce n’est pas le retour de Zorro, c’est Zorro sur le retour. » Il faut remettre le masque, les gants, défendre la veuve et l’orphelin, ça l’emmerde. C’est un peu le superhéros à la française, avec cette contrariété qui le rend amusant. Si on s’attend à un Zorro premier degré, on peut être déçu. Peut-être mieux vaut-il lâcher ses souvenirs et faire table rase avant de regarder la série.

Y a-t-il une limite lorsqu’on joue une icône populaire ?

Aucune, sauf celle de garder la légende intacte. La série, on aurait pu l’appeler : « Qui est Zorro ? » Ce qui était drôle, c’était de le décaler et de le sortir de sa routine de héros. C’est un Zorro de jour. Il devient presque inutile. C’est ce que je trouve très original.

Au niveau de l’humour, c’est par petites touches. On est loin de Brice de Nice ou OSS 117 …

Non, on n’est pas là-dedans. Les références, elles sont plus du côté de Lubitsch. C’est-à-dire que les situations sont fortes, on les vit, on doit les transpirer. On n’est pas parodique. Ça n’a rien à voir avec OSS. Les tourments sont réels et parfois, il y a de la comédie. Mais ce n’est pas le seul élément de la série. Il y a aussi un triangle amoureux et beaucoup de références avec notre époque, le capitalisme, etc. C’est une série qui, l’air de rien, dit beaucoup de choses.

Il y a une volonté de ne pas refaire ce que vous avez déjà fait ?

Oui, je change à chaque fois. J’ai l’impression que la comédie est pleine de variations et de doubles fonds. Parfois, on ne veut pas la voir, on pense que la comédie est jouée de la même manière. Mais non, c’est tellement varié. OSS, je l’ai fait, Brice, je l’ai fait. Ça ne sert à rien de repasser les plats.

Douglas Fairbanks a joué Zorro. Ce qui nous ramène à The Artist…

J’ai d’ailleurs joué un bout de Zorro dans The Artist. C’était mon premier Zorro.

Il y a quelque chose qui vous rattache toujours à cette époque du cinéma muet ?

C’est ce qu’on me dit, que je ressemble dans mon jeu à cette époque-là. Je pense que c’est lié au corps. Ça vient sûrement d’un complexe d’acteur, c’est-à-dire que je ne suis pas passé par des cours de théâtre. J’ai compensé au début par la comédie et par le corps. J’ai commencé par des plans larges et mon corps a été le vecteur qui m’a permis de m’installer au café-théâtre, à la télé et au cinéma. C’est un truc que j’ai gardé, comme dans les films muets. C’est une expression très intime, le corps. Je m’en sers souvent. J’ai toujours besoin de repasser par le corps.

C’est votre premier rôle à la télé depuis Un gars une fille. Quelle est la différence entre série et cinéma ?

C’est le temps. Là, on a fait cinq mois de tournage, c’est une discipline. Tu repasses par les mêmes scènes, il faut pouvoir réinventer, avoir un suivi psycho logique dans le personnage. Il faut toujours que le chemin soit un peu balisé. On a passé cinq mois dans le sud de l’Espagne, la condition, c’était de ne pas tomber dans un décor de carton-pâte. Il fallait que les endroits soient réels. Les extérieurs, c’était Almeria, les films de Sergio Leone ont été tournés là, il y avait encore des vestiges de Gods and Kings de Ridley Scott et on a pu se greffer dessus.

André Dussollier joue un père omni présent sous forme de fantôme…

J’ai vu le père, je savais que c’était pour lui. Je l’entendais lire le texte avec sa voix tellement reconnaissable. Il est affreux, c’était formidable. La série commence par une humiliation. On casse directement l’image de Don Diego. Mais quand on regarde Guy Williams, on a un peu le souvenir d’un type niais avec une guitare et son papa. En fait, on a poussé ce curseur-là jusqu’au bout. Ça m’a toujours intrigué, quand j’étais gosse, qu’on ne reconnaisse pas Zorro juste parce qu’il porte un masque. C’est le mythe de Superman avec les lunettes. Ça n’a pas de sens. On a joué avec ça.

Il y a encore un héros de votre enfance que vous avez envie de jouer ?

Non, je crois que je suis allé au bout des déguisements, là. Mais il y a des rois de France que j’ai envie de faire. Henri IV, par exemple. Je suis un quart béarnais, j’ai des racines par-là, je passe beaucoup de temps à Pau et j’aime bien visiter son château, le personnage m’intéresse, son rapport aux femmes, sa vision du peuple, son ambiguïté, le fait qu’il ait déjoué plusieurs attentats… Je n’imagine pas un grand film avec des batailles, mais j’aimerais bien le voir par le trou de la serrure. C’est un truc que j’ai jeté en l’air, on verra s’il retombera un jour.

Votre prochain projet ?

Un film de Xavier Giannoli sur Jean Luchaire qui était le rédacteur en chef des Nouveaux Temps, un journal collabo. Ça se passe durant l’Occupation. C’est lui aussi un personnage ambigu, opportuniste… L’idée est de revenir un peu à cette époque et de dire : « On va un peu se regarder en face. » C’est le bon moment de le faire.

Le Figaro, no. 24894
Le Figaro et vous, vendredi 6 septembre 2024 1058 mots, p. 31

Culture

LE FESTIVAL DE DEAUVILLE RÊVE DE FÊTE APRÈS LA TEMPÊTE

LE RENDEZ-VOUS DU CINÉMA AMÉRICAIN OUVRE SA 50E ÉDITION SUR FOND DE CHANGEMENT DE GOUVERNANCE ET DE CONTROVERSES #METOO.

Jamet, Constance, Sorin, Etienne

Septembre 2023. Judith Godrèche est anxieuse. Elle est sur le point de dévoiler au Festival du film américain sa série Icon of French Cinema, dans laquelle elle raconte son adolescence, aux mains d'un réalisateur Pygmalion prédateur. « Monter un projet, c'est un saut d'obstacles. Puis arrive ce moment où on doit le montrer aux yeux des autres et lui laisser vivre sa vie », souffle-t-elle au Figaro , attablée à la terrasse de l'hôtel Normandy. La comédienne refuse encore de nommer celui qui lui a inspiré le personnage d'Éric, même si, pour qui connaît sa filmographie et sa vie, l'identité de Benoît Jacquot est un secret de Polichinelle. Début 2024, quelques semaines après la diffusion sur Arte de la comédie, Judith Godrèche, bouleversée par le soutien des spectateurs, porte plainte contre son ex-compagnon et Jacques Doillon, déclenchant une vague #MeToo qui ne retombera pas.

Épicentre de ce séisme, le Festival aurait pu devenir une tête de pont du mouvement. Mais dans un étrange retour de boomerang, la manifestation se retrouve en plein séisme, essuyant réplique après réplique. Ce qui devait être une grande célébration va débuter sous tension. Les frémissements sont apparus en janvier dernier à Gérardmer. Le Festival du film fantastique, comme celui du film policier de Reims et de Deauville est organisé par Le Public Système Cinéma, également société d'attachés de presse. Gérardmer avait programmé une reprise du Bal des vampires. Mais le nom de Roman Polanski suscite l'effroi parmi les (jeunes) membres du jury du court-métrage. Le film est retiré du programme - mais pas du catalogue, déjà parti à l'impression .

« Je voulais protéger le festival, justifie alors le directeur du Public Système Cinéma, Bruno Barde, inquiet de la polémique en gestation. La « cancel culture » a gagné,déplore le vétéran . Il ne faut pas séparer l'homme de l'artiste, mais il faut séparer l'artiste de l'oeuvre , explique-t-il.

En juin, le scandale le rattrape, et Bruno Barde est mis en retrait. Dans Mediapart, sept collaboratrices l'accusent de harcèlement et d'agressions sexuelles. Bruno Barde s'en défend et jure « n'avoir jamais fait de remarque à connotation sexuelle, ni eu le moindre geste sexiste ». Pour le remplacer, Le Public Système Cinéma, qui appartient au groupe de communication Hopscotch, se tourne vers son ancienne directrice adjointe, Aude Hesbert, en poste depuis peu à la Villa Albertine à Los Angeles, qui soutient les échanges culturels entre la France et les États-Unis. « Je ne pensais pas arriver dans de telles conditions » , concède celle qui « souhaite envoyer des signaux positifs et incarner une nouvelle gouvernance ».

« Nous souhaitons consolider le dialogue franco-américain »

Las, les premières décisions de son équipe entraînent des polémiques. Annoncé dans le jury de Benoît Magimel, le trompettiste Ibrahim Maalouf en est finalement évincé. Accusé il y a plusieurs années d'agressions sexuelles sur mineure, le musicien a été relaxé en 2020. Mais les protestations des internautes, comme de certaines personnalités menaçant de se retirer du festival, sont vives.

«Cette virulence nous a interrogés. Lorsque j'ai accepté la direction de Deauville, j'étais en poste à la Villa Albertine, je ne pouvais pas consacrer tout mon temps à l'organisation du festival », admet Aude Hesbert. «Une invitation avait été adressée à Ibrahim Maalouf depuis le mois de février par l'ancienne direction ». L'écarter «était la seule décision possible pour que cette 50e édition soit réussie. Le cinéma français vit aujourd'hui les répliques du tremblement de terre commencé aux États-Unis avec l'affaire Weinstein. Nous souhaitons consolider le dialogue franco-américain, les questions soulevées par #MeToo font partie de ce dialogue-là. Le monde change, y compris en France.»

Ibrahim Maalouf ne l'entend pas ainsi. Son avocate Fanny Colin, qui souhaite porter le litige devant les tribunaux, dénonce « le sacrifice d'un innocent sur l'autel d'intérêts mercantiles ». «Nous avons essayé d'engager un dialogue à la fois avec les contestataires et avec Ibrahim Maalouf pour évaluer avec chacun les difficultés que nous rencontrions, dit Aude Hesbert. Outre le départ de Bruno Barde, nous sortions d'une période compliquée, marquée par deux ans de pandémie et la grève des acteurs et scénaristes aux Etats Unis.»

Peinant à juguler la controverse, Aude Hesbert doit contenir un autre départ de feu. L'actrice et réalisatrice Maïwenn a révélé au Point que la présidence du jury lui avait été promise par Bruno Barde. Mais la nouvelle direction de Deauville a nommé Benoît Magimel. Faut-il y voir une sanction contre la réalisatrice qui n'a jamais dissimulé ses positions anti-MeToo et qui a fait tourner l'ostracisé Johnny Depp dans son film Jeanne du Barry? Pas du tout, réplique Aude Hesbert : « Cette offre de Bruno Barde était informelle. À son départ, l'équipe a souhaité se réapproprier le festival. Cela n'a absolument rien à voir avec Maïwenn, qui est une artiste exceptionnelle. Je lui ai téléphoné car je suis très attristée qu'elle se soit sentie blessée. »

Préserver les espaces de rencontre

« Nous avons eu des difficultés à expliquer nos choix, pas toujours bien perçus, car il y a beaucoup d'amalgames et de raccourcis. La nuance est difficile à porter sur les réseaux sociaux », constate Aude Hesbert. Éprouvée par les insultes et les menaces sur les réseaux sociaux, elle vient tout juste d'achever son déménagement de Los Angeles. Elle souhaiterait que l'attention se reporte sur le programme de cette 50e édition. Et sur les futurs combats à mener. Outre l'élaboration d'une charte sur les questions d'emprise et d'abus, Aude Hesbert désire mettre en relation les producteurs américains avec leurs homologues français. Dans une industrie où l'accès aux comédiens est de plus en plus entravé - des journalistes ont protesté lors de la Mostra contre la raréfaction des interviews en festival -, la directrice veut préserver les espaces de rencontre. «Si Deauville prête une telle attention aux jeunes pousses, comme Sebastian Stan, Mikey Madison ou Daisy Ridley, c'est qu'avec le succès, ils deviennent vite inapprochables.»

Seule consolation de cette prise de poste infernale : « Ces controverses montrent que Deauville est un festival très regardé. Cela nous impose une grande vigilance pour la suite. »Et d'appeler au calme : « Nous sommes au Festival du cinéma américain de Deauville pour voir et parler des films, pas pour résoudre un problème de société.»

Festival du Cinéma américain de Deauville, du 6 au 15 septembre. www.festival-deauville.com

Le Devoir
Culture, vendredi 25 octobre 2024 459 mots, p. B3
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25 octobre 2024 - Le Devoir (site web)

QUOI FAIRE CE WEEK-END

Amélie Gaudreau

Frissons dans la métropole

Les célébrations d’Halloween sont déjà bien entamées depuis quelques semaines, et elles se multiplieront ce week-end. Au rayon des nouveautés, soulignons l’événement Lune noire, au parc Jean-Drapeau jusqu’à dimanche. Dans un village éphémère érigé près du pavillon Hélène-de-Champlain, on pourra assister à la Dernière balade, un parcours immersif sur la disparition d’une fillette en 1934. Des activités gratuites sont offertes en journée pour toute la famille, dont une chasse aux bonbons. Les classiques Frissons d’Halloween au Jardin botanique se poursuivent jusqu’au 31 octobre, avec quelques nouveautés, dont le spectacle pour les tout-petits. Également au programme, des ateliers de maniement de baguette et de fabrication de potions.

Frissons dans la capitale

Québec n’est pas en reste pour célébrer la fête des monstres et des bonbons. La deuxième édition de l’Étrange carnaval bat son plein tout le week-end dans le Vieux-Québec. Sont offerts en soirée des visites nocturnes dans au monastère des Ursulines, et des Promenades fantômes dans les rues du quartier, une soirée karaoké et des ateliers d’initiation à la danse swing. L’offre plus familiale en journée et en soirée n’est pas piquée des vers avec une panoplie d’activités, dont des animations théâtrales et circassiennes. Le quartier Petit Champlain et la place Royale seront le théâtre d’une grande fête costumée pour les petits et grands, samedi après-midi.

Cinéma en festivals

L’offre festivalière du 7e art est généreuse dans la métropole ce weekend. On note entre autres le Festival du cinéma brésilien, qui se tient au cinéma du Parc jusqu’au 31 octobre. En ouverture, on pourra voir Ainda estou aqui de Walter Salles, lauréat du prix du meilleur scénario à la dernière Mostra de Venise. On pourra également y rattraper le documentaire animé Ils ont tiré sur le pianiste. Le festival Massimadi, consacré aux films et à l’art LGBTQ+ afro, se termine dimanche. D’ici là, on peut attraper en ligne et en salle (au cinéma Public, à l’Institut Goethe et au Musée McCord Stewart) des documentaires et fictions.

Danse et entomologie

Curieuse proposition que celle de l’artiste Claudia Chan Tak jusqu’à samedi à l’Espace Transmission:le spectacle La nostalgie du papillon malgache, un projet chorégraphique faisant la part belle à une installation et à des projections vidéo, qui a été développé dans le cadre d’une résidence à l’Insectarium de Montréal. Pour élaborer cette création intrigante, l’artiste s’est inspiré des insectes de Madagascar, contrée d’origine de ses ancêtres, dont certains papillons qu’elle a pu observer dans le dôme de l’Insectarium. L’entrée aux représentations de vendredi et samedi, 19 h, est gratuite, mais il faut réserver.

L'Yonne républicaine (site web) - lyonne.fr
lundi 7 octobre 2024 - 05:05:48 -0000 1249 mots
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7 octobre 2024 - Le Populaire du Centre (site web) La Montagne (site web) Le Journal du Centre (site web) Le Berry républicain (site web)

Comment réussir à l'international dans le business des industries culturelles et créatives ?

Centre France

Vous êtes entrepreneur dans les industries culturelles et créatives et vous souhaitez exporter votre activité ? Revivez l'échange " Comment réussir à l'international " organisé par la French Touch et Cathay Capital.

Développer son business dans les industries culturelles et créatives (ICC) françaises ne signifie pas obligatoirement se contenter du marché hexagonal ! Des opportunités existent aussi à l'international. Et elles sont nombreuses, ces entreprises tricolores qui réussissent à l'export et font valoir le savoir-faire d'excellence à la française hors de nos frontières.

Comment réussir à l'international dans les industries culturelles et créatives ? Quel que soit son domaine, les exemples ne manquent pas. Mais dans tous les cas, la première étape est sûrement de bien se faire accompagner dans son projet d'export, de rencontrer les bons interlocuteurs et d'avoir accès à des témoignages précieux.

C'est l'objet d'un échange organisé par la French Touch et Cathay Capital en juillet dernier à Paris. La French Touch, le mouvement de la création française, vise à favoriser les synergies entre les différents acteurs des ICC et les faire rayonner à l'international, notamment en menant des délégations d'entreprises françaises à la découverte de marchés à l'étranger (Etats-Unis, Chine, Arabie Saoudite...). Cathay Capital est une société d'investissement qui soutient les entreprises à tous les stades de leur développement international en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et en Afrique. Pour échanger sur les bonnes pratiques à adopter pour réussir hors de l'Hexagone, les partenaires ont invité des personnes d'univers distincts mais ayant rencontré des problématiques communes dans leur stratégie d'expansion à l'international : Nicolas Cannasse, fondateur et CEO de Shiro Games (société de création de jeux vidéo), Romano Ricci, fondateur et CEO de Juliette Has A Gun (marque de parfums), Cosette Liebgott, group chief productions officer chez Federations Studios (groupe de production et de distribution audiovisuelle) et Elsa Darquier-Fournier, COO du média Brut.

Comprendre les attentes et habitudes spécifiques du pays dans lequel on s'implante

Première bonne pratique pour réussir à l'international livrée par Elsa Darquier-Fournier : adapter sa proposition de valeur au pays dans lequel on s'implante. La COO du média qui cumule plus de 2 milliards de vues dans le monde prend l'exemple de Vice, média américain concurrent qui a fait le choix de diffuser le même contenu dans tous les pays et compare : " Chez Brut, nous incubons tous nos talents éditoriaux à Paris pendant deux ans, ce qui est assez long, puis nous leur donnons la main pour localiser la ligne éditoriale selon leur implantation ". Elle précise que ces mêmes talents éditoriaux, bien qu'incubés et formés à Paris, sont des natifs du pays dans lesquels ils auront ensuite la charge de développer des contenus.

Le fondateur de Shiro Games ajoute l'importance d'être à l'écoute des communautés locales, de leurs attentes et de leurs comportements et prend pour cela l'exemple d'un jeu initialement développé par sa société pour le marché chinois, que des streamers (personnes jouant à un jeu vidéo en ligne en direct face à une audience) coréens ont eux-mêmes traduit pour pouvoir y jouer dans leur langue.

Au-delà du Made in France, adopter le ton à la française

Les industries culturelles et créatives françaises auraient-elles ce " je ne sais quoi " qui font leur réputation à l'international ? En tous cas, pour Romano Ricci qui dit réaliser 99 % de son chiffre d'affaires à l'export, essentiellement aux Etats-Unis, les entreprises tricolores peuvent se démarquer à l'étranger en adoptant ce " ton of voice " (ton) à la française et ce qu'il véhicule. Dans le cas de sa marque de parfum, Juliette Has A Gun, le directeur artistique s'inspire en grande partie des codes de la femme parisienne. Dans certains secteurs comme celui de la parfumerie, pour lequel il estime que la France jouit déjà d'une réputation notoire dans le monde, l'intéressé conseille de ne pas hésiter à continuer d'associer sa marque au savoir-vivre à la française pour réussir à l'international, car c'est un marqueur qui fait partie de notre identité et qui peut être recherché.

Une expérience partagée par Cosette Liebgott, prenant l'exemple des icones du cinéma français qui diffusent l'aura d'une tradition de cinéma, aidant les productions audiovisuelles tricolores à s'exporter, parfois même les plus difficiles sur le papier. C'est peut-être cela qui a permis à son fondateur, le producteur Pascal Breton, de fonder ce groupe dès son origine dans une dimension internationale en s'implantant à Paris et Los Angeles, et de poursuivre son ambition en s'associant avec des producteurs locaux dans les huit pays où il est présent. Cela a aussi permis aux équipes de déployer une stratégie d'acquisition classique de sociétés et au groupe de proposer des séries d'une ampleur jamais vue pour une société française, comme le Bureau des Légendes.

Cette patte " à la française " peut se dupliquer dans de nombreuses industries créatives, même dans celles où la notoriété des entreprises françaises est sous-jacente. C'est ce qu'explique le fondateur de la société à l'origine des jeux de stratégie Northgard et Dune: Spice Wars, qui réalise 85 % de son chiffre d'affaires à l'export dont 40 % en Amérique du nord : dans une industrie aussi concurrentielle que celle du jeu vidéo, " difficile de faire cocorico ". Pourtant, là aussi des éléments peuvent différencier les studios français et leur permettre de se démarquer : " Un jeu médiéval comme Wartales, on ne va pas le faire comme les Américains. Nous n'aurons pas la même approche, pas la même sensibilité car nous avons grandi avec des visites de châteaux, nous avons appris à l'école l'histoire des rois de France. Cela peut paraitre secondaire mais par exemple nous allons d'autant plus veiller à ce que les armures du jeu correspondent à la bonne époque, nous éviterons les mélanges extravagants ou anachroniques. Nous ferons quelque chose de beaucoup plus pointu et tout ceci va finalement se ressentir dans le jeu ".

L'excellence opérationnelle est la clé pour réussir à l'international

Pour réussir à l'international, soignez l'opérationnel et choisissez bien vos partenaires ! Pour Romano Ricci dont le parfum se vend dans une cinquantaine de pays, la clé a été de s'appuyer sur un réseau de distributeurs exclusifs et de prendre le temps d'observer ses partenaires, plutôt que de choisir une forte croissance à court terme. Selon le fondateur, " l'excellence opérationnelle est un défi quotidien qui est décuplé quand on veut s'ouvrir à l'international ", ce qui n'empêche pas les aléas de la logistique et le temps nécessaire avant de se roder.

Un avis partagé par la directrice des productions du groupe à l'origine du Bureau des Légendes : s'implanter prend du temps. " Quand on a déjà réussi dans un pays et qu'on ouvre une nouvelle filiale dans un autre, on oublie qu'en tant que producteur cela peut prendre 4 ou 5 ans pour développer ses projets et son réseau de talents ", présente-t-elle. L'intéressée invite à envoyer les équipes des sociétés les plus fortes du groupe dans les sociétés en croissance, pour faire circuler les bonnes pratiques, celles qui amènent à la réussite des filiales internationales. Et pour la COO du média qui fait 60 % de son audience et 35 % de son chiffre d'affaires à l'international, être ensemble pour se partager des bonnes pratiques aux côté de personnes natives des US a permis à sa société de pénétrer le marché américain.

Montée en gamme, vision écosystémique, excellence opérationnelle et qualité d'exécution : et vous, quels sont vos leviers pour réussir à l'international dans le business des industries culturelles et créatives ?

Cet article a été publié initialement sur Big Média

Comment réussir à l'international dans le business des industries culturelles et créatives ?

Cet article est paru dans L'Yonne républicaine (site web) - lyonne.fr

Le Maine Libre (site web)
pays-de-la-loire, mardi 22 octobre 2024 - 05:19 UTC 326 mots
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22 octobre 2024 - Le Maine Libre

Allonnes. De nouveaux volontaires en service civique

L’organisme Unis Cité, basé à la maison des arts Melinée et Missak Manouchian gèrent le recrutement et l’activité des jeunes volontaires du service civique. Cette année, la nouvelle promotion qui a démarré début octobre est répartie en trois pôles.

Solidarité et culture

Plusieurs d’entre eux ont choisi de s’engager auprès des seniors. Plusieurs d’entre eux effectueront des visites à domicile, des actions au sein de la résidence autonomie Jean Duchesne et de l’aide aux courses. Ils ont également pour mission de favoriser la culture des seniors en les accompagnants au théâtre de Chaoué, à la médiathèque, au centre social et à la maison des arts. « C’est agréable de voir que des liens se créent, d’ailleurs, c’est toujours beaucoup d’émotions lors de la cérémonie de clôture en mai où quelques larmes coulent » commente Sandra Ageorges élue municipale en charge des seniors.

Ils seront huit à travailler sur cette mission « le but est de libérer le débat citoyen grâce au cinéma » commente Emma d’Unis Cité. Dans ce cadre, ils interviendront sur le cinéma en milieu scolaire et les collèges de la ville, ainsi qu’à la mission locale.

Un nouvel engagement

Une nouveauté a été imaginée pour cette année, la mission Re’Pairs Santé dont l’objectif est de mener des actions de sensibilisation et de prévention autour de la santé auprès de jeunes de 16 ans à 25 ans.

Tous les jeunes du service civique participeront en avec les élus à la distribution des colis de Noël offert par la ville, le samedi matin 7 décembre. Il ne sera également pas rare de les voir le mardi matin sur le marché hebdomadaire proposer leurs services.

Chaque volontaire perçoit une indemnité mensuelle de 620 € payée en partie par l’État et l’organisme Unis Cité.

Midi Libre (site web)
jeudi 31 octobre 2024 - 00:02:35 107 mots

Halloween : "Le Robot sauvage"

Suivie d'un quiz spécial Halloween puis d'une distribution de bonbons : le public doit venir déguisé et apporter des sacs de récolte de friandises.

Animation (1h42) de Chris Sanders, à partir de 7 ans. L'épopée d'un robot qui après avoir fait naufrage sur une île déserte doit apprendre à s'adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l'île. Elle finit par adopter le petit d'une oie, un oison, qui se retrouve orphelin.

Infos pratiques

Date

le jeudi 31 octobre 2024 à 14h.

Adresse

2 rue Marcellin-Albert

Lieu

Cinéma Nestor-Burma

Type

Jeune public

Organisateur

Cinéma Nestor Burma

Cet article est paru dans Midi Libre (site web)

Le Point, no. 2722
Culture, jeudi 3 octobre 2024 426 mots, p. 110
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7 octobre 2024 - Le Point.fr

Intérieur nuit

Marc Lambron, de l'Académie française

"J e me trouve là où j'avais décidé de me rendre cette nuit, où je ne peux pas ne pas vous emmener : l'endroit précis où Louis Lumière a installé le trépied de son cinématographe pour réaliserLa Sortie des usines. " Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, nous raconte une nuit où il n'a pas dormi. Le lieu de l'insomnie ? La villa muséale de l'Institut Lumière, dont il est le directeur, à Lyon-Monplaisir, rue du Premier-Film. Édifié en 1892 par Antoine et Jeanne-Joséphine Lumière, déjà prospères fabricants de plaques photographiques, le " Château Lumière " fut conçu comme une vaste demeure patricienne, avec jardin d'hiver, salle de billard, frises en céramique courant autour d'un orgue monumental. Trois ans plus tard, les rejetons trentenaires du couple, Louis et Auguste Lumière, inventaient le cinématographe.

Rachetée par la ville de Lyon, la villa abrite désormais les services et dépendances de l'Institut qui porte leur nom. C'est dans ce lieu patrimonial incluant ses propres bureaux que Thierry Frémaux revisite en oiseau nocturne sa passion du cinéma. Arpentant les pièces de la villa, il choisit de ne pas dormir dans le lit des parents Lumière, qui accueillit naguère Agnès Varda et Jane Birkin, mais entame plutôt une ronde de nuit avec comme point focal le hangar attenant, où fut tourné le premier film, la célèbre Sortie des usines Lumière. En ce lieu inaugural que le cinéaste André de Toth, le visitant en 1993, avait défini comme le " Bethléem du cinéma ", Frémaux se remémore son engagement en 1982 comme bénévole par Bernard Chardère, fondateur de l'Institut et légendaire historien du septième art, tandis qu'il en arpente les réserves sous une lumière à la Georges de La Tour.

Tel un passe-muraille

Ouvrant porte après porte, tel Eddie Constantine dans Alphaville, de Godard, il trouve au coeur du labyrinthe des affiches jaunies, des copies restaurées, le trépied de bois portant la caméra Alpha, celle de L'Arroseur arrosé et de L'Arrivée d'un train en gare de la Ciotat.Dans la salle de projection désertée, Thierry Frémaux visionne des extraits de L'Armée des ombres,de Jean-Pierre Melville, se sentant lui-même fantôme de trésors argentiques, conservateur de rêves sur Celluloïd. Comme avalé par les murs tel un passe-muraille, il traverse le miroir du passé pour dire la passion d'une vie.

C'est le beau livre du prêtre d'un art-phénix, se voulant passeur éphémère autant que scribe de la mémoire, perdu dans la nuit d'images mystérieuses comme l'enfance, merveilleuses comme une renaissance

" Rue du Premier-Film ", de Thierry Frémaux (Stock, " Ma nuit au musée ", 252 p., 19,90 E).

FranceTv Info (site web réf.) - France TV Info
5 octobre 2024 232 mots
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5 octobre 2024 - France Info (site web réf.)
Cinéma : "Pendant 1h30 sur scène, j’ai la naïveté de penser que je suis Claude Monet", confie Clovis Cornillac
France 2

Rencontre avec Clovis Cornillac, de retour sur scène pour interpréter le rôle-titre de la pièce "Dans les yeux de Monet" au théâtre de la Madeleine. Elle se concentre sur un... Voir l'article

Le Point, no. 2725
Culture, jeudi 24 octobre 2024 1362 mots, p. 124,125

Debré côté cour et côté jardin

Alice Durand, Violaine de Montclos, Marine de Tilly, Jérôme Cordelier, Florence Colombani, Elise Lépine

Désormais comédien, l'ex-ministre de l'Intérieur Jean-Louis Debré, grande figure de la politique et président du jury du prix du Polar européen du Point,parcourt les théâtres de la France entière (et quelques abbayes du Luxembourg) avec sa partenaire et compagne, Valérie Bochenek, comédienne et metteuse en scène. Dans En coulisse,le couple revient, à la façon d'un journal de bord, sur ses dernières années de création, évoquant aussi bien la peur du trou de mémoire que les rencontres avec le public. Pour Debré, il s'agit de continuer à apprendre un nouveau métier mais surtout, loin de tout mandat officiel, de quitter définitivement un univers qui semble le poursuivre - et qu'il ne peut s'empêcher de commenter : " Je regarde à la télévision ce spectacle où se retrouvent tous les pigeons voyageurs de la politique[...] Il n'y a pas qu'au théâtre qu'on joue la comédie ! "

D'un appel du président de la République en 2020 à sa toute première visite à Matignon, l'homme navigue entre les anecdotes ministérielles et parlementaires - non sans tendresse - quand sa compagne livre les coulisses de leur spectacle. Dans ce livre engagé et empathique, le couple Debré-Bochenek, toujours en mouvement, capte aussi les états d'âme des Français qu'il rencontre. Ce qui en fait, aussi, un portrait psychologique du pays. Entendu, par exemple, en gare de Marseille, où, selon leur voisine de siège, le train s'arrête un peu trop longtemps : " Tout ce monde qui descend pour fumer sur le quai... C'est normal, Marseille est la ville de la drogue ! "

" En coulisse. Côté politique, côté théâtre ", de Jean-Louis Debré et Valérie Bochenek (Plon, 272 p. 21 E).

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
7 octobre 2024 114 mots
Les superstars de cinéma qui se mettent à jouer dans les séries

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Le Journal de Québec
Spectacles, mercredi 9 octobre 2024 734 mots, p. 39

CINÉMA Actualités : VAMPIRE HUMANISTE RÉCOLTE 22 NOMINATIONS

LE FILM D'ARIANE LOUIS-SEIZE PART FAVORI AU PROCHAIN GALA QUÉBEC CINÉMA

MAXIME DEMERS

La comédie noire Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, de la jeune réalisatrice Ariane Louis-Seize, a causé toute une surprise hier en se hissant en tête des nominations du Gala Québec Cinéma avec des mentions dans 22 catégories. Les films Simple comme Sylvain de Monia Chokri et 1995 de Ricardo Trogi suivent avec respectivement 14 et 11 citations.

Sorti en salle en octobre dernier après avoir été récompensé à la Mostra de Venise, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant est notamment en lice pour les prix Iris du meilleur film, de la meilleure réalisation, du meilleur scénario et du meilleur premier film.

La comédie d'horreur coscénarisée par Christine Doyon a aussi reçu sept nominations dans les catégories d'interprétation. Il s'agit d'une récolte exceptionnelle pour un premier long métrage.

La compétition sera féroce puisque les comédies Simple comme Sylvain de Monia Chokri et 1995 de Ricardo Trogi se retrouvent aussi en lice dans les catégories les plus prestigieuses, dont celles du meilleur film, de la meilleure réalisation et du meilleur scénario.

«Je suis content pour chacune des nominations, mais surtout pour celle de [l'acteur] Jean-Carl Boucher, s'est réjoui le réalisateur Ricardo Trogi, rencontré au dévoilement des nominations. C'est sa quatrième nomination pour ce rôle [il avait aussi été sélectionné pour 1991, 1987 et 1981] et je trouve qu'il le mérite vraiment.»

AUSSI EN LICE

Parmi les autres longs métrages qui ont réussi à obtenir plusieurs nominations, mentionnons Richelieu de Pier-Philippe Chevigny (10), Solo de Sophie Dupuis (10), Ru de Charles-Olivier Michaud (8), Ababouiné d'André Forcier (7), Nos Belles- Soeurs de René Richard Cyr (6) et Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles de Lyne Charlebois (6).

Les films 1995, Nos Belles-Soeurs (de René Richard Cyr), Ru, Simple comme Sylvain et Testament (de Denys Arcand) se disputeront quant à eux le Prix Michel-Côté, décerné par le public.

Du côté des acteurs, Marc-André Grondin se retrouve en lice dans deux catégories différentes : meilleure interprétation masculine dans un premier rôle (pour Le successeur) et meilleure interprétation masculine dans un rôle de soutien (pour Richelieu). Steve Laplante est quant à lui nommé à deux reprises pour le même prix grâce à ses rôles dans Vampire humaniste cherche suicidaire consentant et Simple comme Sylvain.

DE GRANDS OUBLIÉS

Parmi les grands oubliés, on déplorera l'absence des actrices du film Nos Belles- Soeurs dans les catégories d'interprétation ainsi que celle de René Richard Cyr pour l'Iris du meilleur premier film.

Le dernier film de Denys Arcand, Testament, a quant à lui été ignoré dans toutes les catégories sauf celle du Prix du public Michel-Coté.

Animé par Phil Roy qui succède à Jay Du Temple, le 26e Gala Québec Cinéma sera diffusé sur les ondes de Noovo, le 8 décembre prochain. Il sera précédé du Gala Artisans, qui sera présenté le 4 décembre avec Mona de Grenoble à l'animation.



*****

Les nommés dans les principales catégories MEILLEUR FILM - 1995 - Ababouiné - Richelieu - Ru - Simple comme Sylvain - Solo - Vampire humaniste cherche suicidaire consentant MEILLEUR PREMIER FILM - Adam change lentement - Jour de chasse - Kanaval - Richelieu - Vampire humaniste cherche suicidaire consentant MEILLEURE RÉALISATION - Pier-Philippe Chevigny pour Richelieu - Monia Chokri pour Simple comme Sylvain - Sophie Dupuis pour Solo - Ariane Louis-Seize pour Vampire humaniste cherche suicidaire consentant - Ricardo Trogi pour 1995 MEILLEUR SCÉNARIO - Pier-Philippe Chevigny pour Richelieu - Monia Chokri pour Simple comme Sylvain - André Forcier, François P. Forcier, Renaud Pinet-Forcier, Laurie Perron et Jean Boileau pour Ababouiné - Ariane Louis-Seize et Christine Doyon pour Vampire humaniste cherche suicidaire consentant - Ricardo Trogi pour 1995 MEILLEURE INTERPRÉTATION FÉMININE DANS UN PREMIER RÔLE - Ariane Castellanos pour Richelieu - Sophie Desmarais pour Les jours heureux - Magalie Lépine-Blondeau pour Simple comme Sylvain - Mylène Mackay pour Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles - Sara Montpetit pour Vampire humaniste cherche suicidaire consentant MEILLEURE INTERPRÉTATION MASCULINE DANS UN PREMIER RÔLE - Félix-Antoine Bénard pour Vampire humaniste cherche suicidaire consentant - Jean-Carl Boucher pour 1995 - Pierre-Yves Cardinal pour Simple comme Sylvain - Marc-André Grondin pour Le successeur - Théodore Pellerin pour Solo RÉVÉLATION DE L'ANNÉE - Félix-Antoine Bénard pour Vampire humaniste cherche suicidaire consentant - Ariane Castellanos pour Richelieu - Chloé Djandji pour Ru - Shadi Janho pour 1995 - Chaimaa Zineddine Elidrissi pour Les rayons gamma

Le Journal de Québec
Spectacles, mercredi 23 octobre 2024 506 mots, p. 44
Aussi paru dans
23 octobre 2024 - Le Journal de Montréal

VIOLÉ À 18 ANS PAR PLUSIEURS HOMMES À HOLLYWOOD

LE PRODUCTEUR DANIEL MORIN RACONTE CET ÉPISODE DANS UN ROMAN

CÉDRIC BÉLANGER

Dans un roman de fiction inspiré de sa vie, le producteur de cinéma Daniel Morin, qui a notamment travaillé sur les deux premiers films de Xavier Dolan, affirme avoir été violé par plusieurs hommes à Hollywood, quand il avait 18 ans.

Il espérait devenir un acteur célèbre. Quand il est débarqué dans la capitale du cinéma, durant les années 1980, Daniel Morin, alias Ulysse dans le livre Hollywood... You, xxx, a plutôt vécu un événement traumatisant dont il a refusé de parler pendant plus de 40 ans.

Durant sa quête de gloire, il avait été invité avec un ami, «par un personnage un peu malotru », à assister à une fête dans une «grosse villa » où l'alcool et la drogue étaient facilement accessibles.

«Nous étions naïfs. On se disait qu'il y aurait des gens du milieu du cinéma et on s'imaginait sur un plateau de tournage dès le lendemain. Pour nous, c'était l'American dream à son meilleur », se remémore Daniel Morin, en entrevue au Journal.

SILENCE

La soirée de tous les espoirs a cependant tourné au cauchemar.

«À notre insu, nous avons été drogués et violés par sept, huit hommes.»

Daniel Morin et son ami n'ont pas porté plainte. D'un commun accord, ils ont décidé de tourner la page et de garder le silence sur l'événement. Le producteur dit n'avoir aucune idée de l'identité de ses agresseurs.

Quant à son ami, d'origine allemande et qui avait aussi fait le voyage pour conquérir Hollywood, il en a perdu la trace. Il lui a donné un nom d'emprunt dans son roman.

#METOOGARÇONS

Il a pris la décision de dévoiler ce triste épisode pendant l'écriture de son livre.

Sa sortie suit celle, fort médiatisée, de l'acteur français Aurélien Wiik, qui a révélé avoir été abusé par son agent quand il était adolescent.

«J'ai décidé de joindre ma voix à la sienne sur son #MeTooGarçons. Je n'ai rien à cacher. À 60 ans, je suis capable de vivre avec ce qui m'est arrivé dans mon enfance. J'espère que mon roman donne une petite lueur d'espoir à d'autres victimes en leur montrant que malgré l'horreur que j'ai vécue, j'ai quand même eu une crisse de belle vie.»

«J'AI RÉALISÉ MON RÊVE»

En effet, s'il n'a pas réalisé son rêve de devenir acteur à Hollywood, Daniel Morin n'a pas laissé cette violente agression le détourner de son ambition de faire du cinéma.

Il s'est même bâti un curriculum vitae enviable. Il a participé à la production de J'ai tué ma mère et des Amours imaginaires, les longs métrages qui ont révélé le talent de Xavier Dolan, et il était le producteur délégué de Coeur de slush, le dernier film de Mariloup Wolfe.

En ce sens, son alter ego Ulysse, parti de la Gaspésie pour la Californie, peut dire mission accomplie. «J'ai réalisé mon rêve en produisant des films, j'ai été au bout de ce que j'avais envie de faire et je continue encore aujourd'hui.»

Acadie Nouvelle
Arts et Spectacles, jeudi 17 octobre 2024 646 mots, p. 9

FICFA: une soirée d’ouverture aux airs festifs

Sylvie Mousseau

L’équipe du festival veut aussi rendre hommage au cinéaste et producteur Léonard Forest

La création cinématographique acadienne sera au coeur de la soirée d’ouverture du 38e FICFA. En plus de la première du court métrage Trécarré:à la source du son de la Baie Sainte-Marie, de Natalie Robichaud, ce sera l’occasion de célébrer les 50 ans du Studio Acadie de l’ONF et l’oeuvre du cinéaste et pionnier Léonard Forest.

La soirée d’ouverture du Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA) qui se tiendra le 19 novembre au théâtre l’Escaouette à Moncton prend une forme un peu spéciale cette année.

«Pour nous, c’était vraiment une façon de célébrer ces 50 ans de création en Acadie avec le dernier-né du studio, Trécarré, puis lors de la soirée on aura aussi un survol, en fait, un petit état des lieux de ces 50 ans de création. […]», a déclaré la directrice générale du FICFA, Mélanie Clériot.

Pour cette rétrospective cinématographique du Studio Acadie, une délégation de l’Office national du film du Canada sera présente.

L’équipe du festival veut aussi rendre hommage au cinéaste et producteur Léonard Forest, pionnier du cinéma acadien et responsable de la fondation du Studio Acadie, décédé le 19 mars dernier.

«Il y a eu tout un mouvement qui a été justement porté en partie par Léonard Forest, qui a été de dire que c’est important qu’on ait les moyens de créer et de parler de nos histoires d’ici sur place avec des cinéastes sur place. Il y a beaucoup de talents en Acadie. Donc c’est ce qui a mené à la création de ce studio il y a 50 ans.»La fille du cinéaste, Violaine Forest a réalisé un panorama de l’oeuvre de son père, un peu avant sa mort. Il s’agit d’un montage d’images d’archives qui comprend aussi un message de Léonard Forest à propos de son oeuvre représentant en quelque sorte le dernier mot qu’il adresse au milieu du cinéma. Étant aussi un poète, on réserve quelques surprises mettant en lumière cet aspect de la vie du cinéaste, a indiqué Mélanie Clériot.

LA MUSIQUE DE LA BAIE SAINTE-MARIE

Réalisé par la cinéaste acadienne Natalie Robichaud, le documentaire Trécarré plonge au coeur d’une communauté acadienne vibrante de la NouvelleÉcosse. Le film célèbre la musique qui rythme la vie de la Baie Sainte-Marie depuis des générations et qui fait partie intégrante de l’identité acadienne. Cette oeuvre sera projetée à deux reprises pendant la soirée d’ouverture.

«En fait, ce qu’on a décidé de faire cette année, c’est qu’on aura deux séances en fait. On en aura une à 19h qui sera cette soirée un petit peu spéciale hommage. Et on va faire une reprise à 21h avec le film de Natalie [Robichaud] et d’autres courts métrages pour faire une séance complète.»Les deux séances auront lieu au théâtre l’Escaouette.

La programmation complète du FICFA sera dévoilée le 29 octobre au Centre des arts et de la culture de Dieppe. Le FICFA se déroulera du 19 au 24 novembre.

[email protected]

@SylvieMousseau1

«Nous sommes très heureux de faire cet hommage à ce studio. Il y a beaucoup de discussions, de chamboulements à l’ONF et pour nous, c’est d’envoyer un message fort, de dire que la création en Acadie, elle est importante, elle est là, elle est vivante et de montrer que ce studio est toujours aussi pertinent, puis toujours aussi important pour notre paysage cinématographique.»

Bourse Direct (site web réf.) - Bourse Direct
8 octobre 2024 780 mots
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8 octobre 2024 - La Voix du Nord (site web) Maroc Hebdo (site web réf.) Yahoo! Finance France (site web réf.) Nice-Matin (site web réf.) Var-Matin (site web réf.) 78actu (site web réf.) Actu.fr (site web réf.) FranceTv Info (site web réf.) France Info (site web réf.)
"Chouchou" chez Michou: Gad Elmaleh reprend l'emblématique cabaret

"Chouchou" chez Michou: Gad Elmaleh reprend l'emblématique cabaret 08/10/2024 15:04 | AFP | 106 ... Voir l'article

The Conversation (France) (site web réf.) - The Conversation (FR)
27 octobre 2024 1568 mots
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27 septembre 2024 - La Gazette des communes (site web)
Qui veut la peau du Pass culture ?
Claude Poissenot

Dans une tribune publiée le 11 octobre dans le Monde, la ministre de la culture, Rachida Dati, a annoncé sa volonté de réformer le Pass culture afin qu’il remplisse mieux... Voir l'article

Le Point, no. 2723
Culture, jeudi 10 octobre 2024 1390 mots, p. 110,111

Wolinski, au bonheur des yeux

Romain Brethes, Violaine de Montclos, Marine de Tilly, Jean-Luc Wachthausen, Elise Lépine

Cette année, Georges Wolinski aurait fêté ses 90 ans. Après sa disparition dans l'attentat qui faucha la rédaction de Charlie Hebdo, il était impensable pour ses trois filles, Frederica, Natacha et Elsa, de voir s'effacer une oeuvre aussi protéiforme qu'inventive, d'une intelligence, d'une modernité et d'une élégance folles. C'est au sein de la galerie Huberty - Breyne que l'ami Georges (qui fut le bien-aimé président du jury du prix de la BD du Point portant aujourd'hui fièrement son nom) a donc trouvé refuge, dans une sarabande éblouissante de dessins. Ils scandent une longue et prolifique carrière, qui le vit passer par les pages de Hara-Kiri et de Charlie Hebdo bien sûr, mais aussi de Paris Match et de... L'Humanité. Wolinski n'aime rien tant que célébrer les femmes, en vrai-faux phallocrate qu'il est, mais aussi la poésie et les arbres. Il les réunit souvent dans ses planches, à l'image de cette promeneuse qui disparaît mystérieusement avec son chien derrière un tronc d'arbre, pourtant bien mince. Wolinski se moque aussi de tous, sans préférence : les riches et les pauvres, les jeunes et les vieux, les catholiques, les musulmans et les juifs, miroir d'une humanité qui fait le désespoir de l'homme mais la joie du dessinateur. Les amateurs auront plaisir à découvrir d'authentiques curiosités, comme les aventures de Cactus Joe, super-héros épineux qui pique les femmes lorsqu'il les sauve et leur fait l'amour, ou La Reine des pommes, ébouriffante adaptation d'un roman noir de Chester Himes, publiée en 1964 dans Hara-Kiri

" Wolinski ", à la galerie Huberty - Breyne, jusqu'au 26 octobre.

FranceTv Info (site web réf.) - France TV Info
21 octobre 2024 516 mots
Aussi paru dans
21 octobre 2024 - France Info (site web réf.)
Maurice : du changement à la tête de l'institut français

L'Institut français de Maurice a changé son organigramme à la fin du mois de septembre 2024. Anaïs Robert est la nouvelle chargée de mission culturelle. En fin de semaine dernière... Voir l'article

AFP - Infos Françaises
jeudi 17 octobre 2024 - 03:00:14 UTC 662 mots

Art Basel Paris: trois regards décalés sur la grande foire d'art contemporain

Paris, 17 oct 2024 (AFP) - Art Basel Paris, foire internationale d'art contemporain parisienne, se tient ce week-end au Grand Palais rénové, l'occasion de donner la parole à trois regards experts et décalés, rencontrés par l'AFP, sur cet événement qui rassemble artistes, galeristes, collectionneurs et célébrités du monde entier.

- Pierre Groppo, rédacteur en chef mode et lifestyle de "Vanity Fair" France -

Dans son numéro d'octobre, ce quadragénaire aux airs de globetrotter, qui a travaillé à Vogue pendant dix ans avant de rejoindre le magazine mêlant glamour et investigation, fait le pari de rendre sa formule "soluble dans le monde de l'art".

Un cahier inédit de 40 pages nous apprend par exemple que pour arpenter la foire, mieux vaut s'habiller "quiet luxury" (avec discrétion et élégance), tout en portant des baskets de marque.

On ne pourra pas y amener son chien contrairement à Miami où les "ESA" (emotional support animal/animaux de soutien émotionnel) sont acceptés, ni payer cash et repartir avec une oeuvre sous le bras.

Pour des rencontres exclusives, des soirées ou dîners branchés, il faudra débourser entre 1.500 et 2.400 euros pour un pass VIP, contre 29 euros minimum pour une simple visite.

Le magazine, partenaire d'Art basel Paris cette année, publie aussi huit portraits de femmes artistes en vogue, photographiées par la Britannique Laura Stevens, et ceux, plus courts, des 20 personnalités "qui font la cote" dans le milieu, "un choix subjectif et assumé".

Un palmarès de cinq biopics de peintres qui ont marqué l'histoire du cinéma, des photos d'oeuvres de quatre artistes émergents en avant-première et l'interview d'un faussaire, Wolfgang Beltracchi, y côtoient aussi une cartographie du quartier avec une liste de "bonnes adresses".

- "Hey art lovers !": Pauline Loeb sur Instagram -

Pauline Loeb, 37 ans, a grandi dans le milieu de l'art qu'elle a étudié et a travaillé pour la galerie Kugel avant de lancer sa propre formule: sillonner les foires du monde entier pour interviewer artistes et marchands en publiant sur Instagram de petites vidéos où elle se met en scène, exclusivement en anglais.

En introduction, toujours la même formule : "Hey art lovers !" (salut les amoureux de l'art !).

Habillée de couleurs vives, avec élégance, elle se déplace filmée par un caméraman et adopte un ton direct et décontracté. On la voit chanter, toucher les oeuvres d'art allant jusqu'à décrocher un tableau. A Bâle en juin, elle s'était hissée au volant d'un camion rouge vif, oeuvre de l'artiste italien Emilio Isgro. En mars, elle avait lancé ses chaussures en arrivant à la TEFAF de Maastricht, une vidéo qui avait fait le buzz.

Dans son teaser d'Art Basel Paris, elle a choisi de s'habiller en Cendrillon faisant un parallèle avec la foire "qui rejoint un écrin à la mesure de son prestige", et met l'accent sur la jeune création, clin d'oeil au Salon d'Automne de 1905 (foire d'art contemporain de l'époque, ndlr).

Sur son site artfairmag.com, lancé en 2019, elle publie en parallèle des articles en anglais sur les foires qu'elle visite, seule base de données exhaustive sur ces événements internationaux.

- Thibaut Wychowanok, "Numéro Art" et sa "culture de l'image" -

Avec son biannuel "Numéro Art", Thibaut Wychowanok, 41 ans, son rédacteur en chef, entend rassembler "tous les publics de l'art contemporain, avec les grandes expositions et les artistes qu'il faut suivre" et qui font régulièrement la "Une" du magazine né en 2017.

Cette année, il s'intéresse à "huit galeries qui défendent la jeune création et font un énorme travail de défrichage".

Dans le dernier numéro, "Luigi & Iango", qui avaient photographié la star mondiale de la pop Madonna en madone, ont imaginé une série de photos sur le surréalisme dont on célèbre le centenaire.

Pour "parler d'art contemporain de façon sérieuse mais accessible", le magazine fait régulièrement appel à des artistes d'autres domaines: l'icône française du cinéma Isabelle Huppert avait joué le jeu au printemps en dialoguant avec les oeuvres du musée du Louvre.

Le Télégramme (Bretagne) (site web)
Dinard, mercredi 9 octobre 2024 463 mots

Dinard Festival du film britannique & Irlandais

Le rideau est tombé, dimanche soir, sur la 35e édition du Dinard Festival du film britannique & Irlandais. Avec près de 20 000 entrées, et un taux de remplissage proche des 75 %, le festival a connu un grand succès populaire, estime Vincent Rémy, adjoint à la culture.

Le festival 2024 a-t-il été un bon cru ?

« À tout point de vue, oui. Météo providentielle, jury sympathique de trois nationalités (français, britannique et irlandais) avec une présidente rêvée, Arielle Dombasle, brillante, cultivée, curieuse de tout, et drôle. Enfin, et c'est l'essentiel, un taux de fréquentation exceptionnel, beaucoup de projections ont fait salle pleine. »

La programmation a-t-elle tenu son rang ?

« Comment en être certain devant l'abondance de l'offre proposée par Dominique Green, au-delà des six films de la compétition. Pour ma part, j'ai particulièrement aimé dans la compétition « Unicorns », primé par le public. Un premier film brillant et sensible, qui mérite de trouver un distributeur français, ainsi que « That they may face the rising sun », adaptation par Pat Collins du grand roman de l'écrivain irlandais John McGahern, avec ce prix d'interprétation attribué à Lalor Roddy. Hors compétition, j'ai savouré le film documentaire « Made in England » de David Hinton, hommage de Martin Scorsese aux deux des plus grands cinéastes du cinéma britannique, Michael Powell et Emeric Pressburger ».

Au niveau de la fréquentation quel a été le taux de remplissage ?

« 10 000 scolaires, et près de 20 000 festivaliers, alors que les projections étaient moins nombreuses. Ce qui explique cet excellent taux de remplissage avoisinant les 75 %. C'est rare aujourd'hui de voir des salles de cinéma aussi pleines de spectateurs qui partagent leurs émotions ».

Pensez-vous que le public a soif de culture ?

« Après un été compliqué pour la culture, liée à une météo pas fameuse en juillet, un climat politique pas fameux non plus, et surtout la concurrence des Jeux olympiques, il semble effectivement y avoir chez bon nombre de Dinardais à nouveau une soif de culture. Nous espérons en avoir la confirmation à la Toussaint avec le 35e Festival International de musique, dont la programmation est riche, diverse et très séduisante ».

La présence cette année de l'Irlande est un tournant pour l'avenir du festival ?

« À coup sûr ! Nous avons eu l'honneur d'avoir la venue des deux numéros deux des ambassades du Royaume uni et d'Irlande à Paris, l'Anglais Theo Rycroft et l'Irlandais Michael Tierney ! Tous deux ont échangé, sympathisé, et nous les remercions chaleureusement de leur présence, et du soutien moral et financier que leurs deux pays apportent désormais au festival. Le Royaume et l'Irlande côte à côte, c'est un enrichissement certain, qui promet un bel avenir du festival du film de Dinard. C'est sur ces bases, et après un bilan global détaillé, que nous allons construire la 36e édition ».

Cet article est paru dans Le Télégramme (Bretagne) (site web)

Le Berry républicain (site web) - Leberry
mercredi 30 octobre 2024 - 15:30:32 -0000 129 mots

L’humoriste et acteur Baptiste Lecaplain vient présenter un nouveau film en avant-première au CGR de Bourges

Centre France

Le cinéma CGR de Bourges proposera une avant-première du film Jamais sans mon psy.

Lundi 4 novembre à 20 h 30, sera projeté en avant-première le dernier film d’Arnaud Lemort, Jamais sans mon psy. Il a déjà réalisé des films comme Ibiza ou l’Amour c’est mieux à deux.

premium Franck Dubosc, à l'affiche de "Loups-Garous" : "Je fais enfin un peu plus ce que je veux"

L’humoriste et acteur Baptiste Lecaplain, qui figure avec notamment, Christian Clavier, Claire Chust et Cristiana Reali, au générique de ce film, sera présent en salle pour assister à la projection et rencontrer le public.

L'avant-première sera payante, le prix d'une place de cinéma.

Cet article est paru dans Le Berry républicain (site web) - Leberry

Le Devoir
Culture, lundi 28 octobre 2024 1174 mots, p. B10
Aussi paru dans
26 octobre 2024 - Le Devoir (site web)

La Palme de monsieur Baker

FRANÇOIS LÉVESQUE

LE DEVOIR

Sean Baker revient sur son plus récent film, Anora

À Brighton Beach, Ani danse dans un club clinquant mais peu recommandable autour duquel gravite une faune qui l’est encore moins. Travailleuse du sexe à ses heures, loyer oblige, Ani fait un soir la connaissance de Vanya, un jeune fils d’oligarques qui profite, seul, d’une des nombreuses demeures familiales. Coup de foudre suivi d’un mariage éclair à Las Vegas. Mais voici que débarquent deux brutes envoyées par les parents de fiston, mécontents de la situation. Pour Ani, c’est le début de la fin d’un bref conte de fées. Lauréat de la Palme d’or, Anora (V.F.) a été écrit et réalisé par Sean Baker, à qui on a parlé.

«Le film est né d’un désir de longue date que j’avais, de tourner un film dans le secteur Brighton Beach-Coney Island de Brooklyn», confie le cinéaste natif du New Jersey lors d’un entretien par visioconférence.

«Karren Karagulian, qui joue Toros [un prêtre orthodoxe qui embauche les deux sbires pour le compte de parents de Vanya, qui sont en Russie] et qui est apparu dans tous mes films, a abouti dans ce secteur à son arrivée aux États-Unis, en 1990. Il vendait du caviar sur Brighton Beach Boulevard. Il m’a fait découvrir le quartier, et nous avons souvent discuté d’idées potentielles pour un film qui serait campé dans la communauté russoaméricaine de Brighton Beach.»À ce lieu et à cette communauté s’ajouta bientôt une scène prolongée qui, dans le film, survient peu ou prou au mitan.

«La séquence de la violation de domicile, avec une jeune protagoniste qui se rend compte qu’elle a épousé le mauvais gars, m’est venue avant tout le reste, révèle Sean Baker. C’est autour de ce morceau d’histoire que j’ai commencé à écrire le scénario.»Un scénario qui n’était en l’occurrence pas encore rédigé lorsque le cinéaste approcha l’actrice Mikey Madison, vue dans Once Upon a Time in Hollywood (Il était une fois à Hollywood) et Scream (Frissons ; 2022).

«Quand j’ai proposé le projet à Mikey, j’avais un début, un milieu et une fin, mais c’était très sommaire. Elle a accepté, et j’ai donc pu écrire en l’ayant en tête. Même chose pour Yura [Borisov, dans le rôle d’Igor, un des hommes de main qui a un faible pour Ani] et Karren, qui étaient déjà de l’aventure. J’ai construit l’histoire en voyant leurs visages à tous les trois, en entendant leurs voix.»Pendant que Sean Baker écrivait, Mikey Madison eut tout loisir de se préparer pour le rôle.

«Elle s’est transformée. Elle a appris la pole dance et a passé du temps au club, ainsi qu’avec des travailleuses du sexe… Elle a effectué énormément de recherches ; elle s’est immergée. De telle sorte que lors du tournage, je pouvais constamment lui demander d’improviser, parce qu’elle connaissait à fond Ani, et l’univers dans lequel Ani évolue. Elle pouvait sans problème mettre le scénario de côté tout en demeurant le personnage.»

Influences tous azimuts

Sur le plan technique, Anora possède une dimension un peu hors du temps. Non seulement cette impression était voulue, mais elle fut soigneusement pensée.

«Le film se déroule de nos jours, ou enfin en 2019, mais avec l’aide de mon directeur photo Drew Daniels, j’ai voulu le tourner comme on l’aurait fait en 1974. Je précise que pour moi, 1974 est la plus grande année de cinéma qui soit. Les oeuvres issues de cette annéelà sont sans égales en matière de raffinement de l’image et du contenu. Donc Drew et moi avons tourné sur pellicule en utilisant des objectifs en usage dans les années 1970. Nous avons multiplié les techniques caractéristiques de cette époque. On passe de plans d’ensemble très statiques à des scènes en caméra à l’épaule frénétique, puis à des moments très mesurés…»La même mixité est au rendez-vous dans les influences cinéphiles. Interrogé sur la question, Sean Baker dit assumer les siennes, mais préférer les discrets clins d’oeil, ou «coup de chapeau», pour reprendre son expression, aux hommages élaborés consistant à reproduire telle scène de tel film.

«Honnêtement, quand vous aimez le cinéma, c’est difficile de ne pas être influencé. Évidemment, je veux que mon film soit distinct et original, mais c’est clair que des influences s’y trouvent disséminées. Il y a du William Friedkin dans Anora:je pense à The French Connexion [La filière française]. Il y a du Jesús Franco, que j’admire pour son esprit indépendant:le foulard rouge d’Ani renvoie à celui de Soledad Miranda dans Vampyros Lesbos. D’ailleurs, ce foulard est devenu plus qu’un accessoire:c’est un symbole. Il y a également du Federico Fellini, pour Les nuits de Cabiria, du Mario Monicelli, pour La fille au pistolet:tout le début de ce film, c’est Monica Vitti qui se fait kidnapper… Jonathan Demme, certainement:vous mentionniez Something Wild [Sauvage et dangereuse]… John Landis aussi:je pense à Coming to America [Un prince à New York], un peu de Into the Night [Série noire pour une nuit blanche]… Les comédies des années 1980, en somme… C’est très varié, et ça tapisse le film.»

Espace créatif privilégié

Anora marque un tournant dans la carrière de Sean Baker, dixit le principal intéressé. Et cela n’a rien à voir avec le prestige associé à la Palme d’or.

«Pour ce film, j’ai eu le privilège de collaborer avec la plus incroyable des équipes qui soit, devant autant que derrière la caméra. Ça m’a pris huit films pour enfin arriver dans cet espace créatif privilégié où j’avais la certitude de travailler uniquement avec des gens partageant les mêmes idées et les mêmes visées artistiques, sans toxicité, et avec un vrai amour du cinéma.»Du même souffle, le cinéaste évoque un plateau d’écoute, de partage et de collégialité.

«Les acteurs m’ont fourni plein d’idées qui m’ont permis de donner encore plus de profondeur aux personnages. Ross Brodar, mon directeur de lieux de tournage, a trouvé ce club, qui est devenu un personnage à part entière dans le film. Justine Sierakowski, ma responsable des coiffures, est celle qui a pensé à greffer ces fines guirlandes dans les cheveux d’Ani:ça ajoute tellement au personnage ! Parce que dans chaque plan d’Ani, on a ces petits chatoiements de couleur et de lumière. Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà vu ça dans un film. Tout ce que j’espère pour la suite, c’est de parvenir à répéter une expérience comme celle que j’ai vécue sur Anora.»

Le film Anora est à l’affiche à Montréal depuis vendredi et prendra l’affiche partout au Québec dès le 15 novembre.

CINÉMA

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
27 octobre 2024 527 mots
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27 octobre 2024 - Yahoo! Finance France (site web réf.)
Artus déconnecté de l'univers parisien, il a préféré tout plaquer

Originaire du sud de la France, l'humoriste Artus, qui vient de triompher avec son premier film en tant que réalisateur, avait tenté sa chance à Paris lorsqu'il avait 19... Voir l'article

FranceTv Info (site web réf.) - France TV Info
5 octobre 2024 228 mots
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5 octobre 2024 - France Info (site web réf.)
"20h30 le vendredi". Michel Blanc, l'hommage
France 2

Le magazine "20h30 le vendredi", présenté par Laurent Delahousse, propose un regard décalé et pétillant sur un fait d’actualité ou de société. L'acteur et réalisateur Michel Blanc est mort... Voir l'article

Le Point, no. 2724
Culture, jeudi 17 octobre 2024 1256 mots, p. 94,95

Dans la famille Sattouf, le frère

Romain Brethes, Marine de Tilly, Jean-Luc Wachthausen, Elise Lépine

Après le prodigieux succès de L'Arabe du futur (plus de 3,5 millions d'exemplaires vendus), saga où il évoquait son enfance syrienne, son arrivée en France et sa mue artistique, Riad Sattouf a décidé de faire parler une autre voix : celle de son petit frère Fadi. Ce dernier avait été enlevé par son père à l'occasion d'une visite en France et ramené de force en Syrie, à l'âge de 6 ans. Cet épisode traumatique est au coeur de Moi, Fadi, le frère volé, tiré à 350 000 exemplaires. Entre 2011 et 2012, Sattouf a recueilli le témoignage de son frère et une moisson de souvenirs. Le lecteur sera en terrain connu au petit village de Ter Maaleh avec ses éléments familiers - la tante, l'école, les amis, l'ennui. Le père, qu'on avait découvert mythomane, obsessionnel et manipulateur dans L'Arabe du futur, se révèle ici bigot, violent et phallocrate. On ne dira jamais assez combien, chez Riad Sattouf, tout passe par la langue, davantage peut-être encore que par le dessin. C'est en effet à travers la lente disparition du français au profit de l'arabe que Fadi mesure l'effacement de sa vie passée. Si l'oeuvre de Riad Sattouf a été traduite en 23 langues, elle ne l'a toujours pas été, justement, en arabe...

" L'Arabe du futur. Moi, Fadi, le frère volé "Tome I (1986-1994), de Riad Sattouf (Les Livres du futur, 144 p., 23 E).

Le Point, no. 2729
Culture, jeudi 14 novembre 2024 340 mots, p. 105

Ce « Diamant brut » qui porte bien son nom

Christophe Ono-dit-Biot

Une adolescente combative face au désir des autres. Et au sien.

Connaissez-vous Miracle Island ? C'est le Graal pour Liane Pougy. Sans particule, contrairement à la " grande horizontale " de la Belle Époque (Liane de Pougy), mais la ref'est amusante. Liane a 19 ans, elle vit dans les quartiers populaires de Fréjus, l'argent manque, le père aussi, alors elle s'engueule avec sa mère, s'occupe très bien de sa petite soeur, qui l'admire, et vit obsédée par la beauté, du moins selon les canons de la télé-réalité qui bombarde grâce aux réseaux sociaux l'écran de son smartphone pailleté.

Vain ? Au contraire, " c'est utile puisque ça fait rêver les gens ". Miracle Island est une émission de télé-réalité, et Liane vient d'être retenue pour la prochaine saison après un casting. Sa vie va changer, elle en est sûre, elle va devenir " la Kim Kardashian française ". Mais la productrice ne la rappelle pas, alors Liane, qui a bon coeur mais qui ne supporte pas qu'on se paie sa tête ou son corps, vrille, prête à tout, mais toujours digne, fille courage au langage fleuri.

Moment de cinéma percutant

Diamant brut, l'une des révélations du dernier Festival de Cannes, est le premier film d'Agathe Riedinger, celui aussi de son actrice, Malou Khebizi ,issue d'un casting sauvage, c'est-à-dire non réservé à des professionnels.

Bonne pioche : elle crève l'écran dans ce moment de cinéma percutant nourri aux réminiscences du À nos amoursde Pialat, où Sandrine Bonnaire avait le rôle de l'adolescente qui se cherche dans le labyrinthe de la vie.

Diamant brut, qui porte bien son nom, est intense, pas manichéen pour un sou, ne juge jamais et se contente de filmer au plus près ses acteurs, leurs rêves, leur rage, signant l'éclosion de deux talents, une réalisatrice et une comédienne dont on n'a pas fini d'entendre parler

Diamant brut

))))?

Le portrait énergique et plein de grâce d'une jeune fille d'aujourd'hui décidée à s'accrocher à ses rêves. Et qu'importe ce que les autres en pensent.

En salle le 20 novembre.

Télé Poche
À LA UNE, lundi 18 novembre 2024 857 mots, p. TPOC_012,TPOC_013

Dany Boon, SA DRÔLE DE VIE

Par Sophie Briard

Rien ne prédestinait ce ch'ti gars d'Armentières à tutoyer les étoiles du showbiz. Retour sur la success-story de Dany Boon, invité d' Un dimanche à la campagne , qui remontera sur scène en 2025.

Dany Boon, SA DRÔLE DE VIE

france 2 - DIMANCHE 24 - 16 H 10 - MAGAZINE - UN DIMANCHE À LA CAMPAGNE

Clown n'est pas un métier !, griffonnaient d'un trait rageur ses professeurs sur ses piètres bulletins. C'est, pourtant, en amusant la galerie que Daniel Hamidou, l'introverti gosse des corons, s'est mué en Dany Boon. Et c'est toujours en usant du rire, tantôt comme un bouclier, tantôt comme une arme, que ce saltimbanque a combattu le désamour et dompté les péripéties de la vie… Lorsqu'à l'école, ses oreilles décollées lui valent de piquants quolibets, il dégaine l'humour pour désarmer ces pointes venimeuses. C'est encore au muscle zygomatique qu'il fera appel, enfant, pour égayer le quotidien d'une mère égratignée. Tombée enceinte à 18 ans d'un Kabyle de vingt ans son aîné. « Je me suis dit qu'il fallait que je la console en la faisant rire », confesse-t-il à Frédéric Lopez lors de ce Dimanche à la campagne. Un humour réparateur qui lui permettra de tirer le meilleur d'une enfance écoulée dans un milieu très modeste. Ne dit-on pas que les failles et faiblesses construisent les artistes ? «Le rejet et l'exclusion que j'ai ressentis lorsque j'étais petit ont développé mon sens artistique», reconnaît Dany Boon. Et c'est parce que, faute de moyens, il a «tout expérimenté sur le tard» qu'il aiguise une plume naïve et décalée.

EXIL DORÉ À LOS ANGELES

Lui qui a découvert le cinéma à 17 ans, et le restaurant à 18 ans, n'avait jamais assisté à un spectacle avant de monter sur scène ! «J'avais ce regard innocent de quelqu'un qui arrive d'une autre planète. Cette différence est la base de ma créativité. J'ai fait une force de mes maladresses», a-t-il analysé dans Psychologies Magazine,en janvier 2009. Quant à ses années de galères parisiennes - interdit bancaire, il survit à coups de pain et d'eau -, elles achèveront de sculpter son audace et sa détermination.

cette force du rire qui, dans un registre cette fois tragi comique, l'extirpera de l'anonymat. Lorsqu'en 1993, il se fait plaquer par sa copine de l'époque, Dany Boon écrit le sketch Le Dépressif. Avec une dextérité linguistique qui rappelle celle de Raymond Devos, l'humoriste conquiert le Café de la Gare avant d'exploser au Palais des Glaces, en 1995.

Fruit de son union avec l'actrice Sophie Hermelin, Mehdi naît en 1997. La paternité le transcende. Alors qu'il épouse, en 1998, Judith Godrèche, avec laquelle il aura un fils prénommé Noé, les spectacles et les premiers succès au cinéma s'enchaînent. Était-il préparé en 2008 au raz-de-marée Bienvenue chez les Ch'tisqui dépassera 20 millions d'entrées et le propulsera superstar ? Fait chevalier de la Légion d'honneur par le président Nicolas Sarkozy qui salue un homme «parti de loin», il savoure sa revanche sur la vie. Soucieux de préserver les siens d'une notoriété écrasante, l'artiste, désormais à la tête d'une fortune colossale, s'exile à Los Angeles avec son épouse Yaël Harris. Lui qui, comme un de Funès en son temps, a longtemps bouffé de la vache enragée se cogne au complexe rapport à l'argent.

S'il déclarera s'être senti honteux d'autant gagner, Dany Boon prendra brièvement «le melon». Sa mère, qui l'enguirlande à la moindre dépense excessive, se chargera de lui rappeler le sens des réalités.

UN RETOUR AUX SOURCES

Quant à la psychanalyse, elle enseignera à cet hypocondriaque l’art de prendre du recul et l’aidera à casser son rapport névrotique aux épreuves de l’enfance... Certains souffleront que cet aimant à public, aujourd’hui âgé de 58 ans et père de cinq enfants, est en perte de vitesse. Tandis que La Vie pour de vrai attire, en 2023, 802 000 entrées, Les Chèvres , sorti le 21 février dernier, n’atteindra que les 182 000 spectateurs. Selon Closer, Dany Boon se serait, en outre, séparé de sa compagne, l’actrice et réalisatrice Laurence Arné, après sept ans d’amour. Le clown serait-il devenu triste ? Fidèle à sa recette thérapeutique, c’est en faisant rire qu’il chassera ces nuages noirs. Le titre de son nouveau one-man show qu’il étrennera le 11 janvier à Enghien ? Clown n’est pas un métier. Un salutaire retour aux sources…

Une boutade « canon » !

Dany Boon partage ceDimanche à la campagneavec l'auteure à succès Virginie Grimaldi, mais aussi Kendji Girac.Lui aussi propulsé sous le feu des projecteurs alors que rien ne l'y prédestinait, l'interprète de Color Gitano est revenu sur cette nuit du 21 au 22 avril qui lui valut la une des faits divers. «J'ai eu peur de perdre l'amour du public (...) Ma femme a réussi à me remettre debout», confesse l'intéressé. Une boutade de Dany Boon viendra vite désamorcer la tension sous-jacente : «Y aura pas de sélection pour l'épreuve de tir aux Jeux olympiques de 2028 !»

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
5 novembre 2024 44 mots
S'infiltrer avec du mentalisme dans le plus grand cinéma de France. (J'avais pris mis mes places...

S'infiltrer avec du mentalisme dans le plus grand cinéma de France. (J'avais pris mis mes places quand même la police m'arrêtez pas ) https://www.msn.com/fr-fr... Voir l'article

Sud Ouest (site web)
Accueil Culture Cinéma, mardi 12 novembre 2024 198 mots

Saint-Jean-de-Luz : Baptiste Lecaplain en visite au Sélect à l'occasion de l'avant-première de « Jamais sans mon psy »

Par Sudouest.fr

Mercredi 20 novembre à 20 h 15, le cinéma Le Sélect à Saint-Jean-de-Luz a programmé l'avant-première du film « Jamais sans mon psy », réalisé par Arnaud Lemort et dans lequel on retrouve Christian Clavier, Claire Chust, Cristiana Reali, Rayane Bensetti, Jean-François Cayrey et même Thomas VDB, qui y fait quelques apparitions.

Connu pour ses one-man-shows, l'humoriste Baptiste Lecaplain est l'une des têtes d'affiche de cette nouvelle production. L'acteur sera présent dans la cité des Corsaires afin d'échanger avec les spectateurs à l'issue de la projection.

Réservation possible sur cineluz.fr ou directement à la caisse du cinéma.

Le synopsis du film Le docteur Béranger est un célèbre psychanalyste à qui tout réussit. Sa vie serait parfaite s'il n'y avait pas ce patient très angoissé et extrêmement collant : Damien Leroy. Pour enfin s'en débarrasser, il lui fait croire que le seul moyen de guérir est de trouver le grand amour. Mais alors qu'il s'apprête à fêter ses 30 ans de mariage, sa fille lui annonce qu'elle a enfin trouvé l'homme de sa vie qui n'est autre que... Damien. La fête va virer au cauchemar.

Cet article est paru dans Sud Ouest (site web)

Le Parisien (site web)
Edition principale
mercredi 6 novembre 2024 1371 mots

Dany Boon de retour sur scène en 2025 : « Mes bulletins scolaires, c'était une catastrophe »

Grégory Plouviez

Au milieu de notre entretien, Dany Boon sort son téléphone portable et nous le tend. Sur le mini-écran défile une vidéo prise quelques jours plus tôt. On a de la chance, on découvre en primeur un extrait de son prochain spectacle , « Clown n'est pas un métier », l'événement humoristique de la rentrée de janvier 2025. Ça saute aux yeux : le plaisir de retrouver la scène, après sept ans d'absence, transpire à chaque mouvement, chaque blague. Savoureux et dans l'air du temps, le sketch ironise sur la façon dont on perd tous la mémoire en cette époque ultra-connectée. Nous, la mémoire, on ne l'a pas perdue : on se souvient que le réalisateur de « Bienvenue chez les Ch'tis » avait annoncé en 2018 qu'il arrêtait le one-man-show après le succès de « Dany de Boon des Hauts-de-France ». À 58 ans, il a changé d'avis. Tant mieux.

Pourquoi ce revirement ?

DANY BOON.Je pensais vraiment que le précédent serait le dernier. Je fais beaucoup de cinéma, j'ai un emploi du temps chargé... J'avais plutôt envie de théâtre, d'écrire une pièce, de partager la scène avec d'autres. Mais je ne suis pas allé au bout, pas encore en tout cas. Et quand j'en ai discuté avec Gilbert Coullier, (son producteur)ma fille, qui a aujourd'hui 14 ans, était là et m'a dit : « Pourquoi tu ne referais pas du one-man-show ? » Gilbert a dit qu'elle avait raison, que la vérité sortait de la bouche des enfants, que les gens seraient heureux de me retrouver sur scène...

Et vous avez dit « banco » ?

Il y a aussi une chose qui m'a motivé : c'est que le monde est de plus en plus dur. Quand j'étais ado, et qu'on voyait le futur, on se disait que ça allait être génial. Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas... Bah finalement, il n'est pas. (Rires.)J'ai toujours fait rire dans mes spectacles avec des choses parfois un peu graves, comme dans mon premier où je faisais le sketch du « Déprimé ». Et puis la scène, à côté d'Internet et des réseaux sociaux, c'est un endroit de liberté, un endroit où l'on débranche, sans téléphone... C'est important de toujours revenir à la source, à ce dont je rêvais quand j'étais gosse...

Il va parler de quoi ce spectacle ?

Attendez, je vais vous montrer un extrait. (Il nous passe la vidéo sur son téléphone.)Je parle du monde d'aujourd'hui, de l'absurdité des situations qu'on peut vivre, de nos histoires d'Internet, de mots de passe, de notre capacité d'attention qui s'étiole, des objets connectés et du pouvoir dingue qu'on leur donne. Moi qui suis hypocondriaque, j'ai une bague (il nous la montre): j'ai H24 un CHU au doigt pour 10 euros par mois ! Bon, il faut juste qu'elle ne se mette pas à déconner, sinon je vais me réveiller et elle me dira que je suis décédé dans la nuit. (Rires.)

L'écriture d'un scénario, c'est un processus plus laborieux et plus complexe, tandis que le sketch, c'est une idée et d'un seul coup, ça part.

Le show a changé de titre. Il devait initialement s'appeler « Dany Boon va mieux faire ».

En fait, de ces années d'école où l'on me disait « peut mieux faire », j'ai fait un sketch. Mes bulletins scolaires, c'était une catastrophe. Mes profs me dégommaient. J'ai eu de ces trucs : « Élève sans histoire et sans géographie », « Peut s'il veut mais veut s'il peut »... En fait, c'était les premiers tweets. Mes profs ont inventé Twitter ! Avant on parlait de « gros feignants », maintenant de « troubles de l'attention », je m'amuse avec ça.

Le spectacle s'appelle « Clown n'est pas un métier ». Ce mot, clown, ça vous évoque quoi ?

« Arrête de faire le clown », c'est la phrase que j'ai le plus entendue gamin. J'aimais inventer des histoires pour faire rire, créer des situations décalées, c'est ce que je fais depuis toujours.

C'est quoi la différence entre écrire pour la scène et le cinéma ?

L'écriture d'un scénario, c'est un processus plus laborieux et plus complexe, tandis que le sketch, c'est une idée et d'un seul coup, ça part, il y a un truc magique. Je me souviens du jour où j'ai écrit le sketch du « K-Way ». Ça démarre sur scène, je parle au public de ma mère présente dans la salle, je leur dis qu'elle m'a traumatisé avec le K-Way quand j'étais petit. Les gens se marrent, alors je fonce, je parle de la capuche qu'on tournait, je bouge la tête, « et hop on se retrouvait dans le noir » .Les gens rient, applaudissent. Après le spectacle, je cours pour écrire... Dans ces moments, on est dans la vérité, le public s'identifie, on est en communion. C'est pour ça, aussi, que c'est important de remonter sur scène : aujourd'hui, on est de moins en moins en communion.

Votre dernier film, « la Vie pour de vrai », n'a, pour la première fois, pas dépassé la barre du million d'entrées. Une déception ?

Pour moi, ce n'est pas un échec, d'abord parce que j'ai fait le film que je voulais faire. J'ai fait sept films qui ont cartonné, plus ceux en tant qu'acteur. C'est déjà une anomalie d'en faire autant. Et 800 000 entrées, ce n'est pas honteux.

Vous pensez déjà au prochain ?

Oui, bien sûr. Mais là, je vais prendre mon temps. La vraie question, c'est de se demander si les gens sont lassés par ce que vous faites. Je ne pense pas. J'ai le fait le film avec Ozon (« Mon Crime ») qui a très bien marché, « une Belle Course » de Christian Carion qui a cartonné à l'étranger, notamment au Japon où il va y avoir un remake. Je viens aussi de tourner avec Audrey Fleurot dans une « dramédie » qui va s'appeler « Regarde ! ».

En 2026, vous fêterez sur scène vos 60 ans. Comment dure-t-on en humour ?

Je ne me pose pas la question. Quand j'ai commencé, je venais de quitter mon boulot de dessinateur - je travaillais avant dans l'animation avec Pierre Coffin (qui allait devenir le créateur de « Moi, moche et méchant »). À mes débuts, j'étais déjà épanoui du fait de gagner correctement ma vie en faisant mon métier, j'allais jouer le soir au Lucernaire, la journée je bouquinais, j'étais heureux ! Je me disais qu'il n'y avait pas de place pour moi tout en haut de l'affiche. À l'époque, il y avait déjà Robin, Bigard, Palmade, Métayer, Smaïn, Bedos et évidemment Raymond Devos.

Quand mes enfants étaient plus jeunes, tous les soirs, je leur lisais un sketch de Raymond Devos. Dans mon nouveau spectacle, je lui rends hommage.

Il a joué un rôle primordial dans votre carrière...

Quand j'étais enfant, c'est lui qui m'a fait aimer le français et m'a fait découvrir le pouvoir de faire rire avec les mots. Dans mon premier spectacle, j'interpellais les retardataires en salle. Et un jour, j'entends des « oh » un peu indignés à la place des rires habituels. Mon régisseur m'a expliqué après coup : « T'as allumé Raymond Devos ! »

Il ne vous en a pas tenu rigueur...

Après une cérémonie des Molières où le public n'a presque pas ri à un de mes sketchs, il m'a consolé, m'a dit que ça lui était arrivé. On est allés dîner ensemble ce soir-là, il avait encore son costume noeud papillon, il a pris une serviette, l'a mise sur son bras et a commencé à faire le service dans le resto. C'était très, très drôle. On a parlé du clown, du music-hall, de la musique...

Vous avez sa photo en fond d'écran. Votre complicité a été très forte...

On avait un rapport presque père-fils. J'ai commencé à aller chez lui, à Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines), il venait voir mes spectacles, je lui faisais lire mes sketchs avant... À chaque anniversaire, je lui offrais un instrument de musique qui n'avait pas eu de succès, genre un accordéon-guitare, il adorait ça. Quand mes enfants étaient plus jeunes, tous les soirs, je leur lisais un sketch de Raymond Devos. Dans mon nouveau spectacle, je lui rends hommage en reprenant quelques-unes de ses chansons à la guitare. Je trouve ça triste que les jeunes connaissent de moins en moins Raymond.

« Clown n'est pas un métier », spectacle de Dany Boon, en tournée à partir de janvier puis au Casino de Paris du 3 au 19 octobre 2025.

Cet article est paru dans Le Parisien (site web)

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9 novembre 2024 860 mots
Pawòl Djòk : rencontre avec la très active Lucie Major

Quel est le point commun entre le syndicalisme, le cinéma, la maternité et l’agriculture ? Une femme : Lucie Major ! Cette battante vit actuellement une retraite paisible, à parler aux plantes qu... Voir l'article

Le Point, no. 2727
Culture, jeudi 7 novembre 2024 1078 mots, p. 78,79,80
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12 novembre 2024 - Le Point.fr

Des hommes et des démons

Florence Colombani

Avec La Vallée des fous, Xavier Beauvois signe un grand film populaire qui raconte l'amour de la voile, le poison de l'alcool, les relations familiales... L'histoire d'une renaissance, aussi : la sienne.

L'expression, poétique et sauvage, suggère une contrée imaginaire... Mais la " Vallée des fous " est un lieu véritable que les passionnés de voile connaissent bien : " Port-la-Forêt, c'est la Mecque des navigateurs, explique Xavier Beauvois, là où tous les grands se sont entraînés - Éric Tabarly, Vincent Riou, et puis ceux qu'on voit dans le film, Michel Desjoyeaux, Jean Le Cam... " C'est aussi là que vit Jean-Paul (Jean-Paul Rouve), patron de restaurant taciturne, dépassé par les ennuis et un sérieux penchant pour la boisson depuis la mort de sa femme. Dans une scène terrible et inoubliable, lors d'un repas avec son père (Pierre Richard) et sa fille d'une dizaine d'années, Camille (Madeleine Beauvois), Jean-Paul - qui a bu encore plus que de coutume - laisse apparaître son autre visage, le Mister Hyde que l'alcool fait immanquablement sortir : un être cruel, impitoyable, destructeur.

Est-ce parce qu'il ne se supporte plus lui-même ? Croit-il vraiment à une improbable victoire qui lui permettrait de rembourser ses dettes ? Jean-Paul, passionné de voile depuis sa jeunesse, espère sortir de l'impasse en s'inscrivant à Virtual Regatta, la course virtuelle du Vendée Globe. Mais au lieu de jouer comme tout le monde sur son téléphone en parallèle d'une vie normale, il décide de s'installer dans son bateau, au fond du jardin. Et de tout planter - famille, restaurant, courriers administratifs et bouteilles de pinard - pour faire la course en solitaire, comme les navigateurs qu'il admire tant. " Un mec qui fait la course au fond de son jardin, c'est poétique, c'est tout Xavier ! "s'enthousiasme Jean-Paul Rouve, qui prête au héros du film son prénom et sa présence de clown triste.

Delirium tremens

Avec plus d'un million de participants à chaque Vendée Globe, Virtual Regatta est un véritable phénomène de société... mais aussi une expérience vécue par Xavier Beauvois. L'ex-enfant prodige du cinéma français (découvert en 1991 avec Nord) a aujourd'hui 57 ans, une vie au vert dans la région de Fécamp, aux côtés de Marie-Julie Maille, sa coscénariste et monteuse, et de Madeleine, leur fille de 12 ans, que l'on voit grandir de film en film... Il nourrit aussi une authentique passion pour la voile. " Virtual Regatta, je l'ai fait quatre fois déjà, c'est vraiment difficile, il faut s'adapter à la météo qui change. Un mauvais geste et tu perds 10 000 places. Quand j'ai été 65 000 e , j'étais content ! " s'amuse-t-il en sirotant un grand café. Et de décliner les parallèles entre l'aventure d'une course à la voile et celle d'un tournage de cinéma : " Il faut une équipe complètement dévouée au projet, du matériel technique, de grosses sommes d'argent. Et affronter tout un tas d'imprévus. "

En plus de s'offrir un irrésistible Pierre Richard de 90 ans débordant de tonus et d'amour du jeu, Xavier Beauvois a eu la joie - grâce à ce film - de rencontrer Jean Le Cam et Michel Desjoyeaux et de se sentir " dans la peau du fan de foot qui devient ami avec Zidane. J'ai même fait du bateau avec Jean Le Cam, vous imaginez ! ". Au-delà de cet amour de la voile, La Vallée des fous fait figure de film confession pour l'auteur de Des hommes et des dieux (2010). " Un soir où on dînait, on commence à parler du scénario, raconte Jean-Paul Rouve, et je lui dis : "C'est toi, ce personnage !" Et Xavier me répond : "Ah non, pas du tout..." Marie-Julie, elle, fait un sourire en coin. En fait, il ne s'en était pas rendu compte ! C'est beau que ce soit inconscient. "

" D'habitude, sourit Xavier Beauvois, qui avait déjà abordé le sujet de l'alcoolisme, en particulier dans Le Petit Lieutenant(2005), on vit quelque chose et puis on le raconte dans un film. Moi, j'ai fait l'inverse. Après ce film, je suis allé m'enfermer dans une clinique, et pas dans un bateau. Parce que j'allais vraiment trop loin avec la vodka. " Dans la fiction, l'aventure Virtual Regatta de Jean-Paul se transforme en sevrage à marche forcée puisqu'il s'est enfermé dans son bateau : " Il n'a pas de médicaments, rien pour l'aider, souligne le cinéaste. C'est donc très violent. " On assiste ainsi à une vraie scène de delirium tremens, où Jean-Paul crie d'effroi devant les reptiles qui glissent vers lui...

Et Jean-Paul Rouve de revenir sur la scène du dîner, celle où Jean-Paul se montre si dur avec sa fille et son père : " Une scène d'un courage exemplaire, où Xavier se met à nu totalement. Je voulais trouver le ton juste car c'est très difficile de jouer le fait d'être alcoolisé. Évidemment, je ne bois pas une goutte d'alcool avant. J'ai essayé de me mettre dans un certain état psychologique... Et j'ai aussi été très aidé par Madeleine et par Pierre Richard. On a fait une prise ou deux... Très peu, en tout cas. Xavier était très ému à la fin, il nous a tous pris dans les bras... " La scène est, dans son intensité et sa violence, essentielle pour le cinéaste. " C'est très tabou, l'alcoolisme, en France, constate Xavier Beauvois. Quelqu'un m'a dit : cette scène est trop longue. Non, c'est le personnage qui est pénible, difficile à supporter, c'est différent. "

En circuit court

Xavier Beauvois aime le " circuit court " : tourner sur un sujet très personnel, à quelques kilomètres de chez lui (comme le restaurant qu'il met en scène), avec une équipe alliant famille, amis et voisins - le compositeur de la musique est l'ex-rocker et normand d'adoption Pete Doherty... " Xavier, c'est un mec qui aime autant Spielberg que Pialat, souligne Jean-Paul Rouve. EtLa Vallée des fous est comme ça. " De quoi imaginer que cette fable sur la volonté farouche de s'en sortir trouve écho bien loin de son ancrage français : " Demain, vous pourriez avoir un remake américain avec Tom Hanks ", lance le comédien. Comme une réponse à l'appel du grand large

" La Vallée des fous "

((((;

Parce qu'il boit trop et voit les impayés s'accumuler sur son bureau, Jean-Paul (Jean-Paul Rouve) trouve une échappatoire : participer à Virtual Regatta, le Vendée Globe virtuel, en se cloîtrant dans son bateau au fond de son jardin. L'isolement forcé et la désintoxication qui va avec vont le réconcilier peu à peu avec sa famille. Un autoportrait d'une sincérité rare.

" La Vallée des fous " , de Xavier Beauvois. Avec Jean-Paul Rouve, Pierre Richard, Madeleine Beauvois, Joseph Olivennes... En salle le 13 novembre.

Télé Star
UNE STAR, UN DESTIN, lundi 4 novembre 2024 671 mots, p. TSTF_124,TSTF_125

L'humour à la page

Par Olivier Petit

Lancée très jeune sur la scène du rire, l'idole des ados a su renouveler sa cible en restant sur son créneau d'élection.

L'humour à la page

W9 - Mardi 12 - 21 h 10 - Alad'2 - Kev Adams

La naissance artistique de Kev Adams aurait deux dates. En janvier 1998, c'est la secousse Titanic au cinéma. Il a 6 ans et regarder DiCaprio couler à pic se meut en désir impérieux : il sera comédien.

Deux ans plus tard, son grand-père l'emmène voir Gad Elmaleh au théâtre Déjazet. C'est la seconde onde de choc, celle qui sectorise sa vocation : il sera humoriste… et partagera l'affiche avec Gad seize ans plus tard ! Le gosse bien né (parents dans la finance et l'immobilier, domiciliés à Neuilly-sur-Seine) ne connaît guère la timidité.

Une protection probable contre les lazzi à l'école sur son surpoids et son appareil dentaire. Mais quand il sort des vannes, les moqueries cessent. Il note alors ses blagues dans un cahier d'histoire-géo et improvise des spectacles à domicile.

Il enchaîne les castings dès 9 ans, teste ses trouvailles sur la scène de la MJC de Neuilly. Succès relatif.

À 14 ans, le voilà candidat d' Attention à la marche,face à un Jean-Luc Reichmann à la fois scotché et horripilé par l'arrogance du loustic. À 17 ans, il force les portes du Pranzo, un restaurant-cabaret parisien où Blanche Gardin se fera aussi les dents. «On faisait des sketches pour avoir des pizzas !», ironise-t-il aujourd'hui. C'est là qu'il est repéré par Elisa Soussan, productrice d'Anne Roumanoff qui l'invite sur la scène de l'Olympia.

Quelques semaines plus tard, il attaque son tout premier seul-en-scène. The Young Man Showlance son personnage d'adolescent cool, cheveux en pétard, aux prises avec ses profs, sa mère, le chat de sa copine. De l'humour œcuménique et peu abrasif qui vaut surtout pour l'aplomb de celui qui le dispense. La visibilité venue de son passage en 2010-2011 dans On n'demande qu'à en riredébouche sur la série Soda(«ados» à l'envers) qui en fait l'icône nouvelle génération. Au point que la Fox lui fait passer un casting pour Star Wars : le réveil de la Force,selon une méthode d'audition par Internet ultra-sécurisée. La tentative hollywoodienne sera sans suite et c'est au contraire une production bien de chez nous (Les Profs,2013) qui le bombarde star de cinéma. Au même moment, le public se rue en masse sur son deuxième spectacle (Voilà voilà),écrit comme une thérapie comique pour guérir du récent divorce de ses parents. Sa cote est telle que Les Profs 2ne tournent qu'autour de son personnage, l'élève Boulard. Les mauvaises langues disent que le nom lui va bien… Mais la rentabilité d'une cote montée très vite n'est pas systématique.

Les bides consécutifs de Gangsterdamou Tout là-hauten 2017 le prouveront amèrement. Au-delà d'entreprises lancées sur son seul interprète, le problème est que Kev marche vers la trentaine. Et l'adolescence comme cible marketing s'accommode mal d'un look trahissant de plus en plus la maturité. Devenu producteur, il redope donc sa fraîcheur en l'opposant à des seniors avec Maison de retraiteet sa suite, deux succès populaires. Mais peu importe la cible : l'ancien boyfriend de Capucine Anav et Iris Mittenaere, indéboulonnable juré de Mask Singer,reste un amuseur, jamais à court d'idées, comme l'a prouvé l'été dernier la création de son premier festival L'humour à la plage. Ce ne sont pas ses vingt millions de followers qui diront le contraire.

Bio Express

1991Le 1er juillet, naissance à Paris XVIe de Kevin Smadja.

2000 Première apparition à l'écran dans Cours toujours, de Dante Desarthe.

2018Sois 10 ans, son 3e one-man-show.

2024 Tournage de Le Jour G, comédie de Claude Zidi Jr. qui se déroule pendant le Débarquement.

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15 novembre 2024 212 mots
L'animateur Conan O'Brien présentera la prochaine cérémonie des Oscars
Magali Rangin

Après avoir testé plusieurs formules, un présentateur, pas de présentateur, trois présentatrices... la cérémonie des Oscars confie sa présentation à l'humoriste et animateur de late show, Conan O'Brien. Il... Voir l'article

Le Monde
Culture, jeudi 19 septembre 2024 1328 mots, p. 23
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19 septembre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Architecture

Le Pathé Palace se projette en cinéma de luxe

Le groupe de Jérôme Seydoux a mandaté l’architecte Renzo Piano pour métamorphoser son vaisseau amiral

Isabelle Regnier

Il n’y a plus guère que dans les films de braquage qu’on prête attention aux caméras de surveillance. Ces petites disgrâces font aujourd’hui partie du paysage de nos villes, au même titre que les clôtures ceinturant désormais le moindre projet résidentiel. La critique a fini par les accepter comme une concession faite à l’époque, un détail imposé avec lequel l’architecture est bien obligée de composer. Pourquoi alors celles qui surplombent l’entrée du Pathé Palace, nouveau vaisseau amiral du groupe Pathé installé dans le bâtiment qui abritait jadis le Gaumont Opéra, au coin du boulevard des Capucines et de la rue de la Chaussée-d’Antin, à Paris, accrochent-elles à ce point le regard ?

C’est parce qu’entre ces objets paranoïaques que Roland Barthes aurait pu, s’il était encore vivant, considérer comme une mythologie du temps présent, et la façade en pierre de taille partiellement classée, parfaitement ravalée, de ce bâtiment emblématique du Paris de la Belle Epoque, la greffe peine à prendre. Un hiatus bénin, sans doute, mais dont la réverbération persiste tout au long de la visite, comme ces taches de lumière qui continuent de vibrer une fois qu’on a fermé les yeux. C’est que cette dissonance opère comme un révélateur. Elle matérialise le glissement sémantique qui est au fondement du projet de « cinéma haut de gamme » imaginé par Jérôme Seydoux, le puissant patron du groupe Pathé, pour cet immeuble qu’il a racheté en 2017 – et le malaise qu’il procure chez un visiteur un tant soit peu cinéphile.

Expérience « exclusive »

Plus qu’un multiplexe, le Pathé Palace est un lieu où l’on vient chercher une expérience « exclusive ». Le ticket d’entrée est à 25 euros. Cela peut sembler cher, et ça l’est. C’est fait exprès. Cela fait partie du concept. Car ce n’est pas le film que l’on paie. C’est le fait d’être assis dans l’un des 854 fauteuils club en cuir, inclinables comme un siège d’avion de business class, chauffant qui plus est. C’est la technologie dernier cri des projections : écrans Onyx LED, son Dolby Atmos, projection Dolby Vision et, bientôt, même en argentique. C’est le service de conciergerie qui va avec, permettant de commander à l’avance boissons et confiseries, de se les faire déposer, avant son arrivée, sur la tablette de son siège, de se faire livrer, une fois dans l’une des sept salles, un plaid (pourquoi une telle obsession pour la température corporelle des spectateurs ?), de réserver un taxi…

Le décorum joue son rôle dans l’expérience. La signature de Renzo Piano, architecte lauréat du prix Pritzker 1998, aussi, à qui l’on a confié la mission de transformer le bâtiment, ainsi que celle de Jacques Grange, décorateur dont le nom suffit à évoquer l’idée du luxe parisien, recruté pour aménager le bar à cocktails.

Le terme « exclusivité » qui revient dans le discours des communicants n’a pas été choisi par hasard. Il renvoie à un âge d’or du cinéma, où les salles de prestige proposaient les films en exclusivité pour un prix supérieur à celui pratiqué dans les salles d’exploitation, où ils échouaient dans un second temps. Cent ans plus tard, le sens du mot n’a pas changé, mais son acception, dans l’emploi qu’en fait l’exploitant, n’est plus la même.

L’exclusivité à la sauce Pathé ne se réfère plus aux films, qui sont depuis longtemps réduits au statut de produits d’appel interchangeables (on vient ici aussi bien pour voir des captations de concerts de Mylène Farmer, que des retransmissions en direct de pièces de la Comédie-Française ou d’opéras, une rétrospective de cinéma de patrimoine ou un film grand public). Elle désigne la montée en gamme de ce qu’ils permettent de vendre, la surenchère d’incongruités proposées répondant à la banalisation extrême de la consommation de cinéma induite par le phénomène des plates-formes.

Promu comme le meilleur de Paris, le pop-corn maison se marie ici sans complexe avec du vin. On récupère son verre dans un distributeur aux allures de cave réfrigérée (le « wine wall », pour reprendre la terminologie maison), dont les références ont été sélectionnées par les équipes du restaurant parisien Le Taillevent.

L’expérience du cinéma que propose le Pathé Palace est légitimée par la mémoire de ce haut lieu de la vie parisienne chargé, où prospéra, à la fin XIXe siècle et au début du XXe, le Théâtre du Vaudeville, et après cela, le Paramount, cinéma d’exclusivité qui s’érigea à sa place entre 1924 et 1927. Réalisé par Auguste Bluysen et Francis Thomas Verity, le bâtiment reprenait en façade les codes de l’architecture haussmannienne, tandis que l’intérieur jouait la carte Art déco. C’est celui-là qu’a racheté Pathé en 2017. L’intervention de Renzo Piano vient l’ancrer dans le présent. Il s’agit de la deuxième collaboration avec le groupe ; la première s’est nouée autour du bâtiment de la Fondation Pathé, avenue des Gobelins, véritable joyau de l’architecture parisienne de notre temps.

Décor chargé

De cet immeuble d’angle, tout en intériorité, qu’on lui a confié, l’architecte italien a fait un écrin de lumière, ouvert sur la ville par sa façade et percé en son centre d’un grand prisme de verre, où le ciel s’engouffre par le haut et des bouleaux s’élèvent depuis le sol. Son intervention a consisté à percer le toit à l’endroit où il était déjà creusé par une terrasse encaissée. C’est le geste fondateur, qui met l’espace en mouvement. Les mezzanines qui prolongent les différents niveaux, la fine structure métallique, ouvragée à la manière des câbles de bateau, qui les soutient, véritable marque de fabrique des projets Piano, font le reste, distillant dans l’espace élégance et légèreté.

Les deux étages supérieurs accueillent les bureaux du groupe Pathé et sont connectés à une terrasse gigantesque, qui offre une vue panoramique à couper le souffle sur Paris – sur les toits de l’Opéra qu’on n’a jamais vus de si près, en particulier, sur le versant sud de la colline de Montmartre qu’on a l’impression de découvrir pour la première fois. Une capsule aux allures de vaisseau kubrickien va bientôt s’y poser, qui contiendra une salle de projection privée. Elle fera contrepoint à la coupole vert-de-gris trônant à l’extrémité opposée, qui, elle aussi, contient un secret : une salle ovoïde percée de gros hublots, cadrant de fantastiques vues sur le quartier, mais dont la direction de Pathé ne sait pas quoi faire pour l’instant, tant l’acoustique y est agressive.

La Piano’s touch fonctionne indéniablement, au cœur du bâtiment tout du moins. Le hall d’entrée, c’est une autre histoire. Cette partie a été reconstruite en s’inspirant de l’architecture d’origine, en reprenant le drôle d’alliage de marbre rainuré et de stuc qui en imite le motif et donnait déjà le « la » à l’époque ; ainsi que le garde-corps en fonte, lourdement ouvragé et orné de dorures, bordant la mezzanine et le guichet où l’on achetait ses billets (reconverti désormais en kiosque pour le concierge)…

Un décor chargé qui s’accorde mal avec les grandes ouvertures en verre que l’architecte a percées dans la façade et la marquise qui les prolonge à l’extérieur, où l’on retrouve les dissonantes caméras de surveillance. Dans cette séquence introductive, chaque élément paraît contredire l’autre, et cette cacophonie traduit la mystification à l’œuvre ici : celle d’un Paris de plus en plus vampirisé par des acteurs de la sphère privée qui capitalisent sur son image de Ville éternelle et en vitrifient chaque jour un peu plus les contours.

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13 novembre 2024 259 mots
Retrouvailles tapis rouge pour Franck Dubosc et Isabelle Carré, à l’affiche de « Prodigieuses »
Paris Match

C’est un Franck Dubosc bien différent de celui que l’on connaît. À l’affiche du film  Prodigieuses  , l’acteur français a troqué son humour et ses blagues pour un... Voir l'article

Le Point, no. 2730
Culture, jeudi 21 novembre 2024 1008 mots, p. 92,93
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22 novembre 2024 - Le Point.fr

En 1945, le monde renaît enfin de ses cendres

François-Guillaume Lorrain

Événement. Le Salon Histoire de lire dont Le Point est partenaire fera la part belle à l'année 1945. Rendez-vous à Versailles les 23 et 24 novembre.

L'année 1945, c'était il y a bientôt quatre-vingts ans. Année scindée en deux par ce 8 Mai auquel Martin Gilbert avait consacré en 1995 un livre passionnant, The Day the War Ended. Jean-Christophe Buisson, avec 1945, son dernier opus, réitère avec bonheur la formule qui avait fait le succès de 1917 (Perrin, 2016): une éphéméride triée sur le volet et richement illustrée pour une année faste s'il en est, dont on parlera souvent en 2025.

Une guerre, mondiale, se termine, une autre, froide, s'amorce. Du moins, un nouveau monde, issu du conflit, se met en place, prophétisé dès avril par Churchill, l'un des trois participants à Yalta, en février.

Jean Vilar est révélé

En France, des journaux que nous connaissons voient le jour : Le Monde naît fin 1944, Point de vue le 23 mars 1945, Elle le 21 novembre. Le CNPF, mais aussi le commissariat au Plan, sont lancés le 21 décembre, les PUF ont créé la collection " Que sais-je ? ", le jazz déferle à Paris, Jean Vilar est révélé dans deux pièces de théâtre, La Danse de mort et Meurtre dans la cathédrale, les femmes votent pour la première fois le 29 avril... Très vite, on exalte le courage de ses héros : le 2 avril est donné le premier tour de manivelle de La Bataille du rail,à la gloire de la SNCF, qui a permis toutefois la déportation de 76 000 Juifs, de résistants, d'homosexuels...

Le signe que la guerre se termine en Europe est à relever le 27 mars : le dernier V2 s'abat sur Londres. Le lendemain, Eisenhower, sous prétexte de sauver des vies américaines, laisse le champ libre à Staline à l'ouest de Berlin. Le 22 avril, Hitler déclare enfin aux derniers dignitaires que le combat est perdu. Seuls les membres de l'opération Loup-Garou se battront après le 8 mai. Trois jours plus tard, à San Francisco, la future ONU ouvre déjà sa première séance. Le lendemain, à Vallorbe, Pétain est remis par les autorités suisses à la France, prélude d'un procès qui va passionner la France tout l'été. La planète semble tourner plus vite.

Rythme

Mais elle ne vit pas partout au même rythme. Quand en Europe on en est aux ultimes soubresauts de la guerre - les dernières poches allemandes, Lorient et Saint-Nazaire, ne tombent que le 10 mai, soit deux jours après la capitulation - ou à déjà solder les comptes - fuites, arrestations, suicides, épurations, procès - ou à réhabiliter des auteurs proscrits, découvrir et restituer des oeuvres d'art volées, en Asie, on se bat encore.

Les Japonais multiplient les marches de la mort et les massacres de prisonniers et de civils. Entre l'assaut sur Iwo Jima en février, sur Okinawa le 1 er avril et le nouveau bombardement sur Tokyo du 24 mai, où 1 million de bombes provoquent le plus grand incendie de l'histoire, les Américains jettent leurs dernières forces conventionnelles avant de basculer dans l'ère atomique.

Quand la réalité dépasse la fiction

Hollywood s'étant mis au service du Pentagone, dès le 31 mai sort le film Retour aux Philippines avec John Wayne et Anthony Quinn, qui luttent contre l'occupant japonais. Plus inoffensive, la guéguerre menée par le chat Grosminet contre Titi, qui a fait son apparition sur les écrans américains le 24 mars.

Du côté allemand, on a pu assister à la sortie de Kolberg, superproduction retraçant la résistance farouche de la ville face à Napoléon, qui doit inciter ses habitants à ne pas céder à l'Armée rouge. Mais la réalité l'emporte sur le cinéma : la ville se rend le 18 mars, la plupart des soldats de la division française SS Charlemagne y ayant laissé leur vie.

De grandes découvertes

1945est l'occasion de bien des découvertes au fil des notices de Jean-Christophe Buisson, très précises. On apprend ainsi que le dernier combat en Europe eut lieu en Slovénie, le 14 mai, à Poljana, à la frontière autrichienne. Fait méconnu, c'est non loin de là, à Bleiburg, qu'eut lieu le massacre de dizaine de milliers de Croates pro-allemands par l'armée de Tito.

On découvre également que c'est un Juif français et résistant, Raphaël Feigelson, qui, s'étant évadé d'Auschwitz le 21 janvier, put alerter l'Armée rouge qu'il fallait marcher vers ce camp. Un peu plus tard, le 7 mai, mauvaise surprise pour Marlene Dietrich, qui arrive à Bergen-Belsen pour libérer sa soeur Elisabeth : elle n'y est pas déportée mais dirige le cinéma pour les soldats de la Wehrmacht.

Fin d'un monde, mais début d'un autre, donc, qui est le nôtre puisque, en 1945, naissent aussi des figures familières. Beaucoup d'inventeurs du rock, du jazz ou du reggae, comme si la guerre avait enfanté les créateurs d'une nouvelle musique : Eric Clapton, Bob Marley, Keith Jarrett, Rod Stewart, Debbie Harry (Blondie), Dick Rivers, Sheila, Neil Young, Bryan Ferry...

Et, s'il faut finir sur une note actuelle, relevons cette réponse de Georges Bernanos, au printemps 1945, adressée au général de Gaulle, qui le pressait de rentrer en France et de reprendre sa place " parmi nous ": " Vous voulez savoir ce que je pense de la France ? Eh bien, la France est dans la merde, mais comme vous êtes grand, vous restez au-dessus. " La haute taille serait-elle un critère suffisant ?

" 1945 ", de Jean-Christophe Buisson (Perrin, 310 p., 26 E). L'auteur sera à l'hôtel de ville de Versailles les 23 et 24 novembre.

78actu (site web réf.) - Actu (FR)
16 novembre 2024 986 mots
Interview. Rennes. Valentine va transformer l'ancien cinéma Arvor en Comedy Club : "Il y avait un besoin et une demande"
Brian Le Goff

Par Brian Le Goff Publié le 16 nov. 2024 à 10h19 ... Voir l'article

Le Journal de Québec
Spectacles, jeudi 21 novembre 2024 503 mots, p. 40
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21 novembre 2024 - Le Journal de Montréal

PLACE AU PHÉNOMÈNE «GLICKED» AU CINÉMA

CINÉMA | ACTUALITÉS

MAXIME DEMERS

Après la vague «Barbenheimer» qui a déferlé sur le box-office mondial à l'été 2023, assisterons-nous, cet automne, au phénomène «Glicked» ?

GLADIATEURS 2 ET WICKED, DEUX FILMS TRÈS ATTENDUS, PRENNENT L'AFFICHE VENDREDI

«Glicked », c'est le surnom donné à la sortie simultanée des films Gladiateur 2 et Wicked cette fin de semaine. Comme c'était le cas pour Barbie et Oppenheimer (alias «Barbenheimer ») en juillet 2023, ces deux superproductions hollywoodiennes s'adressant à des publics très différents débarquent le même jour sur les écrans nord-américains.

Il n'en fallait pas plus pour que les cinéphiles lancent, sur les réseaux sociaux, le mot-clic #Glicked, suggérant un programme double incongru regroupant les deux films aux univers diamétralement opposés.

Le phénomène a rapidement pris de l'ampleur, si bien que même l'acteur principal de Gladiateur 2, Paul Mescal, a été questionné sur le sujet, à la première du film, plus tôt cette semaine.

«Je pense que ces deux films se complètent très bien parce qu'ils sont très différents l'un de l'autre », a souligné Mescal au magazine Variety.

«Si vous aimez le cinéma, allez voir ces films en salle et n'attendez pas qu'ils soient diffusés sur une plateforme. C'est l'avenir du cinéma en salle qui est en jeu.»

FORTES ATTENTES

Adapté de la comédie musicale du même titre, Wicked devrait rafler plus de 100 millions $ au box-office nord-américain pendant ses trois premiers jours à l'affiche, selon les prédictions des experts. Le film de 2 h 40 mettant en vedette Cynthia Erivo et Ariana Grande sera projeté sur près de 4000 écrans aux États-Unis et au Canada.

Les attentes sont énormes aussi pour Gladiateur 2, la suite du film culte de Ridley Scott qui a remporté cinq Oscars -dont celui du meilleur film -en 2001. Lancé sur 3500 écrans vendredi, le péplum de 2 h 30 mettant en vedette Paul Mescal, Pedro Pascal et Denzel Washington pourrait rafler 65 millions $ pendant ses trois premiers jours d'exploitation.

PLUS DE 160 M$ EN TROIS JOURS ?

Si les prédictions des experts se concrétisent, le phénomène «Glicked» encaisserait plus de 160 millions $ au box-office nord-américain dès son premier week-end en salle. À titre de comparaison, «Barbenheimer » avait récolté plus de 240 millions $ pendant ses trois premiers jours en salle.

Au Québec, les propriétaires de salles attendent aussi avec impatience la sortie de ces deux superproductions hollywoodiennes, qui marquera le début du temps des Fêtes : une période généralement très achalandée.

«Je m'attends à ce que Gladiateur 2 fonctionne bien parce que le premier film avait été un gros succès, avance Éric Bouchard, coprésident de l'Association des propriétaires de cinémas du Québec. Pour Wicked, c'est plus un point d'interrogation pour moi. Je sais qu'ils s'attendent à un gros box-office aux États-Unis, mais j'ai hâte de voir comment ce succès va se traduire au Québec.»

«BARBENHEIMER» EN CHIFFRES

BARBIE

- Box-office québécois : 11,5 M$

- Box-office nord-américain : 636 M$

- Box-office mondial : 1,4 milliard $

OPPENHEIMER

- Box-office québécois : 6,5 M$

- Box-office nord-américain : 330 M$

- Box-office mondial : 975 M$

Sud Ouest (site web)
Accueil Pyrénées-Atlantiques Arbonne, mercredi 27 novembre 2024 189 mots

Arbonne : karaoké, ateliers bien-être, course parents-enfants, chant et tombola au menu du Téléthon

Par Hélène Journet

Le Téléthon va se déployer avec des animations organisées et pensées pour le plus grand nombre, du vendredi 29 novembre au dimanche 1er décembre. Vendredi dès 17 heures à l'école publique, les enfants des deux écoles pourront concourir à Just Dance, puis à partir de 19 heures, les parents sont invités à une soirée karaoké.

La Maison des associations ouvrira ses portes le samedi, de 9 heures à 18 heures, pour une journée dédiée au bien-être. Au choix : massage corps, réflexologie plantaire et faciale, kobido, reiki ou encore de l'hypnose. Il est indispensable de s'inscrire auprès de Marie, par SMS, au 06 10 64 12 82.

Yoga et cinéma

D'autres ateliers sont proposés le dimanche, notamment une séance de yoga et deux séances de cinéma, à partir de 14 heures. Le soir, les gourmands et les fêtards pourront profiter au Bil Toki d'une soirée festive et animée avec la jeune chanteuse basco-béarnaise Mary Rachel.

Outre la traditionnelle tombola, une grande course duo enfant-parent animera cette journée de solidarité dominicale. Inscriptions au 06 03 08 85 14.

Cet article est paru dans Sud Ouest (site web)

Acadie Nouvelle
Arts et Spectacles, samedi 23 novembre 2024 977 mots, p. 14

FICFA: ode à la beauté de l’enfance

Sylvie Mousseau

Après avoir voyagé et tourné des films à travers le monde, le couple de cinéastes Olivier Higgins et Mélanie Carrier propose un documentaire intimiste qui plonge dans l’univers de l’enfance, suscitant une réflexion philosophique à travers le regard des tout petits et de moments tout simples de questionnements.

Beaucoup de douceur et de beauté se dégagent du documentaire À hauteur d’enfant qui offre de petites perles. Quand les parents expliquent à leur fille Béatrice qui ne souhaite pas grandir que la plus belle chose c’est d’avoir des enfants, elle leur répond candidement, non la plus belle chose c’est d’avoir des parents. Selon le réalisateur, cette parole représente bien le film qui repose sur l’importance du point de vue des enfants.

«Elle fait prendre conscience à l’adulte que si on se met dans la peau de l’enfant, ce n’est pas d’avoir des enfants qui est important, c’est d’avoir des parents, puis chaque point de vue est important. D’où cette liberté-là de raconter, d’être capable de choisir ce que j’ai le goût de raconter et comment j’ai le goût de le raconter. Quelque part, il y a une réflexion aussi sur la liberté», a mentionné Olivier Higgins au cours d’une entrevue dans le contexte du Festival international du cinéma francophone en Acadie où il présente son film.

Produit de façon indépendante, ce 5e long métrage documentaire du couple de Charlesbourg près de Québec filme le quotidien de leurs deux enfants, Émile et Béatrice. La caméra les suit à l’école, au service de garde, dans leurs jeux, à la maison, aux fêtes, dans leur apprentissage et pendant les vacances d’été. Émile fait son entrée en première année, tandis que la petite Béatrice, âgée de 3 ans, est encore à la maison. Le tournage s’est déroulé sur quatre années. Émile apprend à lire, à écrire et à décoder ainsi le monde qui l’entoure.

Le projet a émergé à partir de questionnements et de réflexions des parents, sur l’éducation, l’enseignement et le legs qu’on laisse à nos enfants. Comment raconte-ton la vie aux enfants?, souligne Olivier Higgins. En observant les cultures de par le monde, ils se sont intéressés à l’éducation des enfants.

Le projet qui au départ devait se réaliser à quatre endroits différents dans le monde a pris une proportion plus intime, en raison de la pandémie, pour se concentrer sur la famille. Ce qui, d’après le cinéaste, s’est avéré positif et a amené des moments magiques.

Ce documentaire exprime la beauté d’être enfant, de ce qu’on a parfois oublié en vieillissant.

«C’est sûr que ce qu’on perd en vieillissant, c’est cette naïveté-là que tout est possible, tout peut se recréer. Je pense que c’est important de se repositionner dans cette position-là de l’enfant. Des fois, on l’oublie en tant qu’adulte. C’est comme si on était pris dans des carcans. Il y a ça de beau dans l’enfance, de se questionner, de tenter de réfléchir autrement dans cette naïveté, puis je pense que des fois l’adulte a besoin de remettre les pendules à zéro.»

ÊTRE À L’ÉCOUTE

Vu que c’est le métier de leurs parents, les enfants sont habitués à être entourés d’équipement de cinéma, raconte le réalisateur. Ils se sentaient donc à l’aise devant la caméra et ont continué d’interagir normalement avec leurs parents. C’est juste d’être engagé et à l’écoute afin de capter les moments significatifs.

«La beauté de ce film-là, c’est vraiment les petites perles qu’on a réussi à aller chercher, c’est des moments et des paroles magiques que tous les enfants disent à un moment donné, mais de réussir à les capter. C’était ça un peu le défi, d’aller mettre en lumière ces moments-là de magie.»Le cinéaste est reconnaissant envers le personnel de l’école et du service de garde qui lui a donné accès à la salle de classe. Si au début, les élèves étaient un peu excités face à la caméra, rapidement la situation s’est normalisée.

«Souvent, en documentaire, ce qui se passe, c’est une question de rencontre, d’écoute de l’autre. Ça a été merveilleux. [...] On a partagé de beaux moments. On était privilégiés d’avoir cet accès-là.»Avec cette oeuvre, les réalisateurs ont voulu léguer à leurs enfants une ode à la beauté et à la douceur et qu’une part des chuchotements qu’on entend dans le film se rendent jusqu’à eux.

«La douceur peut être parfois plus forte que la force.»Depuis la fin du tournage, la famille a repris son train-train quotidien, mais ce projet de documentaire a permis aux parents d’être vraiment à l’écoute de leurs enfants et de mieux saisir leurs personnalités, leurs envies et leurs besoins.

«On s’est rendu compte à quel point les enfants avaient quelque chose à dire.»Biologistes de formation, Mélanie Carrier et Olivier Higgins se sont initiés au cinéma documentaire en filmant leurs périples à travers le monde. À hauteur d’enfant a reçu le Prix du public Jean-Marc Vallée du Festival de cinéma de la ville de Québec. Le documentaire est à l’affiche du FICFA samedi à 15h au Centre des arts et de la culture de Dieppe.n [email protected]

@SylvieMousseau1 «Le film, c’est sur le passage de la petite enfance au monde, à la réalité. La perte d’innocence, la perte de naïveté, la compréhension de la magie, est-ce que la magie existe, est-ce que la magie n’existe pas, etc.»

Free (site web réf.) - Free
4 novembre 2024 263 mots
"Il y a quand même des gens qui..." : Anthony Delon se confie sur un regret concernant les obsèques de son père (ZAPTV)

Publié le 04 nov. 2024 à 20:11, mis à jour le 04 nov. 2024 à 19:22 Depuis la mort de son père Alain Delon, c’est la première fois... Voir l'article

L'Indépendant (site web)
jeudi 7 novembre 2024 - 22:11:48 373 mots

Sous les Micocouliers

CONSEIL MUNICIPAL Mardi 12 novembre, salle des mariages à 18 h 30, conseil municipal. Ordre du jour en mairie trois jours avant. NUMÉRIQUE

Jeudi 14 novembre de 14 h à 17 h à la médiathèque, permanence de Service départemental inclusion numérique : aide au quotidien pour les démarches et l'apprentissage des outils connectés. Inscriptions au 04 68 85 82 29 du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h.

MédialettreS

Mercredi 13 novembre à 14 h, salle du club Amitié-loisirs, Scrabble. Ouvert aux adhérents de l'association. Rens. associationmedialettres @ orange.fr

Cinéma

Mercredi 13 novembre, cinéma à 20 h 30, salle des fêtes, L'amour ouf de Gilles Lellouche. Comédie, romance, thriller. Avec A. Exarchopoulos, F. Civil, M. Frikah, M. Wanecque.

Scrapbooking

Jeudi 14 novembre à 13 h 30, salle Pastor, atelier scrapbooking animé par Madeleine Le Gall. Ouvert aux adhérents de l'association Médialettres. Rens. et inscriptions au 06 70 10 42 48.

CLUB AMITIÉS LOISIRS

Mardi 12 novembre, local à côté de la salle des fêtes, à 14 h, animations et loto. En cas de besoin, la navette peut être demandée à la mairie. Rens. au 06 72 23 95 72.

ELS AMICS SARDANISTES DE SUREDA

Vendredi 15 novembre, sardanes, salle des fêtes à 17 h 30. Ouvert aux débutants comme aux confirmés.

FORMATION

Samedi 14 novembre à 18 h 30, salle des mariages, formation aux gestes qui sauvent par 3A citoyens secours.

EXPOSITION

Du samedi 16 au vendredi 22 novembre, La palette des Albères organise à la salle des mariages une exposition du travail de peinture réalisé par ses adhérents en cours sur la période 2023-2024.

Théâtre

Samedi 16 novembre à 16 h 30, salle des fêtes, Gondole pour Compostelle ou Toujours l'imprévu arrive par la Troupe du Campet. Entrée 6 €.

Festa Major

Dimanche 17 novembre, animations, concerts, repas à la salle des fêtes.

DON DU SANG

Mardi 19 novembre de 15 h à 19 h 30 à la salle des fêtes, collecte de sang. Il suffit d'avoir entre 18 et 70 ans, de peser plus de 50 kg, et d'être en forme pour donner. Prendre rendez-vous dondesang.efs.sante.fr/tro.../118860/sang/23-10-2024 et informations sur dondesang.efs.sante.fr/don-de-sang

Cet article est paru dans L'Indépendant (site web)

Acadie Nouvelle
Arts et Spectacles, jeudi 21 novembre 2024 1014 mots, p. 10

FICFA: la vidéopoésie, une forme de cinéma qui connaît une belle croissance

Sylvie Mousseau

Si la poésie en Acadie continue de fleurir avec ses nombreux poètes, elle peut renaître en se transportant à l’écran. Le poème devient alors un film qui devient poème. Ce genre de cinéma bien présent cette année au FICFA connaît une belle croissance.

À la frontière de la vidéo d’art, du cinéma et de la littérature, la vidéopoésie permet en quelque sorte de donner une nouvelle dimension au poème qui prend vie, estiment le réalisateur Dominic Bro et l’artiste multidisciplinaire Xénia Gould qui présentent des vidéopoèmes au 38e Festival international du cinéma francophone en Acadie. La popularité de la vidéopoésie est bien réelle, note Xénia Gould qui a réalisé Morte avant rouge. La cinéaste souligne l’expérience qu’elle a vécue à un festival de vidéopoèmes à Montréal.

«J’ai entendu des poèmes que je n’aurais peut-être jamais lus. J’ai vu des images attachées à des poèmes qui m’ont fait peut-être réinterpréter des poèmes que j’avais déjà lus», a exprimé l’artiste native de Shediac, établie à Montréal.

L’avènement du vidéopoème s’inscrit dans l’époque actuelle, très médiatique et visuelle, évoque la comédienne, poète et cinéaste. Les formes peuvent varier d’un artiste à l’autre.

«C’est vraiment d’avoir accès à des images qui ne sont peut-être pas directement liées avec les mots du poème, mais qu’ensemble, l’espèce de synergie qui se crée entre les mots et les images, tout d’un coup, on a une vibe plus profonde qui se développe pour la personne qui regarde.»Les deux vidéastes ont réalisé leurs projets dans le contexte de la résidence Acadie-lumière au dernier Festival acadien de poésie de Caraquet. Ils avaient 72 heures pour produire un court métrage de quelques minutes à partir d’un texte poétique, tourné dans la Péninsule acadienne. Xénia Gould qui a écrit et réalisé son film a choisi une forme un peu abstraite explorant les sensations que provoque son poème par les images.

«Ce que j’aime, c’est que ça devient un peu un appui au poème versus une représentation du poème. […] Je parle beaucoup des homards, comme tu sais, je viens de Shediac. Pis je suis vraiment en plein dans l’écriture de mon prochain recueil qui touche beaucoup à Shediac, aux coquilles de homard, à l’espèce d’appartenance à la couleur rouge.»

Tout comme le homard qui change de carapace chaque année, l’artiste a vécu plusieurs mutations au cours de sa carrière et de sa vie, autant dans son corps, dans sa pratique que dans son appartenance à un «icitte», comme en témoigne son vidéopoème.

«Ça fait longtemps que je pense about icitte /Ça fait un bout de temps que je vis ailleurs, pis que j’essaie d’oublier icitte but je peux pas.»(extrait de Morte avant rouge).

Superposition d’images, visuel technicolor, scènes rêvées un peu floues, silhouette de la main, la baie des Chaleurs se succèdent. Elle voulait que le spectateur puisse être transporté dans un univers.

«Pour moi, la recette secrète du vidéopoème […] c’est à propos de voir qu’est-ce qu’on ne voit pas dans le poème que moi, en tant que poète, je ressens, puis comment est-ce que je fais pour rendre ce ressenti-là visuel.»

UNE COLLABORATION INSPIRANTE

Dominic Bro qui a une longue feuille de route en création vidéo a réalisé Entre deux croches avec le poète et danseur wolastoqiyik et acadien Shayne Michael qui a publié, entre autres, le recueil Fif et sauvage.

Le réalisateur de Tracadie précise que d’autres festivals ont manifesté de l’intérêt pour son film. Selon lui, la vidéo et la poésie se combinent merveilleusement bien ensemble.

«C’est mettre l’emphase sur les mots d’une autre façon, c’est pas tout le monde qui aime s’asseoir et lire des poèmes. Souvent, il y a du monde qui est plus auditif ou visuel. Puis, le vidéopoème, justement, va aller chercher ce monde-là qui veut juste profiter d’un poème sans avoir besoin de lire, puis se laisser bercer avec les images.»Il a toujours aimé le côté expérimental de la vidéo avec la superposition d’images qui donne un sens et amène une trame narrative. Le poète et le vidéaste qui ne se connaissaient pas avant ce projet se sont inspirés l’un l’autre pour créer cette oeuvre. C’est dans un chemin abandonné entre deux croches et sur les falaises de Grande-Anse que le film a été tourné. On voit Shayne Michael danser dans la nature.

«À mesure que je faisais mon montage, je me suis rendu compte que le rythme était déjà là, la façon dont les images flow ensemble, il y avait une belle continuité. Puis la trame audio, c’est juste le bruit de nature qu’il y a en arrière. [...] Pour moi c’était vraiment le texte qui était important parce que c’était une création de lui. Puis la vidéo, pour moi, était juste un appui visuel.»Frappé par la beauté du texte, le réalisateur a senti que le poème de Shayne Michael venait du coeur. Il conclut son texte en répétant je t’aime en français et en wolastoqiyik.

Dominic Bro qui s’est beaucoup inspiré des vidéoclips estime qu’il ne faut pas avoir peur d’expérimenter lorsqu’on réalise un vidéopoème.

«Je trouve que c’est très bénéfique pour moi aussi d’avoir eu l’honneur de pouvoir travailler avec Shayne, puis ça a créé une bonne amitié, puis j’espère qu’on aura la chance de travailler ensemble de nouveau.»Entre deux croches est présenté jeudi à 19h lors de la séance La sirène à barbe au Centre des arts et de la culture de Dieppe. Morte avant rouge figure au programme de courts métrages Liberté Queer le vendredi à 19h à la Salle Bernard-LeBlanc. On retrouve aussi à la programmation du FICFA un vidéopoème de Jonathan Roy.

[email protected]

@SylvieMousseau1

Acadie Nouvelle
Arts et Spectacles, lundi 25 novembre 2024 901 mots, p. 9

Natalie Robichaud et Xénia Gould récompensées au FICFA

Sylvie Mousseau

Le documentaire Trécarré de Natalie Robichaud a remporté La Vague du meilleur court métrage acadien au 38e Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA), tandis que le vidéopoème Morte avant rouge de Xénia Gould reçoit une mention spéciale pour sa vision artistique unique.

Six prix La Vague ont été décernés au FICFA, samedi, lors d’une cérémonie au Centre culturel Aberdeen à Moncton. C’est le documentaire de Natalie Robichaud sur la musique de la Baie Sainte-Marie qui a reçu les honneurs dans la catégorie du meilleur court métrage acadien. Six films étaient en compétition dans cette catégorie. Xavier Léger du jury court métrage a souligné la richesse de l’histoire et des personnages.

«C’est une histoire qui est très bien racontée, la cinématographie est très bien réussie. […]», a déclaré Xavier Léger.

Celui-ci a souligné la créativité dans la forme du documentaire et la façon d’aborder le sujet. Le jury a été touché par cette oeuvre porteuse d’espoir qui retrace les fondements de la culture musicale et de son évolution à la Baie Sainte-Marie.

«Ça a été merveilleux, c’était un petit bijou.»La cinéaste n’était pas présente à la cérémonie samedi, étant à la Baie Sainte-Marie pour une projection de son film. La productrice de l’ONF, Christine Aubé, estime que ce prix vient ancrer le travail du Studio Acadie dans la communauté.

«C’est une région qu’on ne voit pas beaucoup au cinéma, d’avoir pris le «risque»de faire ce film-là avec une cinéaste qui n’était pas une cinéaste à la base, pour moi je trouve que ça fait partie de mon mandat de donner la voix à ces gens-là, partout sur le territoire en Atlantique. Ce film-là représente bien cet esprit-là, cette image-là dans une Acadie moderne», a affirmé la productrice qui a été séduite par le sujet dès le départ.

Trécarré est le premier film de Natalie Robichaud. La productrice s’est donné comme mandat d’ouvrir la porte à la relève en cinéma même si le concours Tremplin a été aboli.

En ce 50e anniversaire du Studio Acadie de l’ONF, ce prix apporte une vitalité et donne un sens à leur travail, estime la productrice. Cette récompense est accompagnée d’une bourse du Fonds d’aide au cinéma indépendant de l’ONF.

En remettant une mention spéciale au film Morte avant rouge, le jury a salué l’excellence du texte et l’émotion qui s’en dégage. Xavier Léger affirme que ce vidéopoème réussit à capter l’attention du public, avec beaucoup de fraîcheur.

«Et puis, on a trouvé que le texte de Xénia [Gould] était excellent, un texte très fort rempli d’émotions, mais aussi d’humour, qui traite d’un sujet lourd, mais de façon parfois humoristique, parfois poétique, où est-ce que les éléments visuels étaient très bien réussis.»

UNE QUALITÉ EXCEPTIONNELLE

Myriam Cyr du jury long métrage a souligné l’originalité des films en compétition. «Les films étaient vraiment merveilleux et exceptionnels. C’était vraiment difficile à choisir.»La Vague du meilleur long métrage documentaire a été décernée à Dahomey de Mati Diop (Sénégal/Bénin/France). Le jury a salué la cohérence entre le fond et la forme, ainsi que la qualité exceptionnelle de son oeuvre. Une mention spéciale a été attribuée à la réalisatrice de Québec Marianne Belliveau pour son documentaire percutant Comme entendre à travers une feuille de métal qui traite de la toxicomanie sous un nouvel éclairage, sans préjugé. Le jury a mentionné son approche humaine, son audace et son talent indéniable. La cinéaste qui en est à sa première participation au FICFA s’est dite très touchée par cette mention. Son film a été présenté dans le contexte d’une ciné-causerie qui a été suivie d’une discussion avec la cinéaste et un intervenant de l’organisme Ensemble de Moncton qui offre des services aux toxicomanes.

«J’ai été extrêmement touché d’avoir vu aussi les réactions sincères et honnêtes et les discussions que j’ai pu avoir après la projection. Ça fait chaud au coeur de voir ça, et aussi on réalise que c’est un sujet qui reste d’importance. Et puis, je pense que les gens relèvent souvent l’aspect humain et la complexification de l’image habituellement réductrice du junkie qu’on peut voir habituellement.»Le prix du meilleur long métrage de fiction canadien est allé à la comédie Une langue universelle de Matthew Rankins, pour son originalité et sa critique incisive de la politique canadienne. Ce film a été choisi pour représenter le Canada dans la course aux Oscars. Une mention spéciale a été accordée à Meryam Joobeur pour sa maîtrise de la mise en scène et de la direction photo dans son film Là d’où on l’on vient.

C’est le film de clôture Niki de Céline Salette de la France qui a été couronné de la Vague du meilleur long métrage de fiction international. Le film Autre chose d’Étienne Lacelle a reçu le prix du meilleur court métrage canadien, tandis que le court métrage Tan Lontan de Guillaume Noura de l’île de la Réunion s’est distingué dans la catégorie internationale. [email protected]

@SylvieMousseau1

Midi Libre (site web)
jeudi 21 novembre 2024 - 00:06:03 82 mots

Le jeudi soir c'est concert... avec GoGo Penguin

Installez-vous confortablement dans un fauteuil d'une salle de cinéma et profitez du concert filmé : "Gogo Penguin Tour 2023", concert enregistré à la Grande Halle de La Villette le 9 septembre 2023.

Réalisation : Josselin Carré. Durée : 1h19.

Infos pratiques

Date

le jeudi 21 novembre 2024 de 19h à 21h30.

Adresse

218 boulevard de l'Aéroport international

Lieu

Médiathèque Emile Zola, salle cinéma mezzanine

Autre tarifs

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Organisateur

Médiathèque Emile-Zola

Cet article est paru dans Midi Libre (site web)

Le Point, no. 2730
Culture, jeudi 21 novembre 2024 1263 mots, p. 96,97,98
Aussi paru dans
26 novembre 2024 - Le Point.fr

Dans la fabrique du Disney de Noël

notre correspondant à Los Angeles, Philippe Berry

Le Point s'est glissé dans les studios de la marque aux grandes oreilles, à Burbank, où la suite des aventures de Vaiana a été conçue. Un projet titanesque qui a mobilisé plus de 700 personnes pendant quatre ans, et garanti 100 % sans IA.

C'est l'un des créneaux les plus convoités de l'année. Aux États-Unis, le week-end de Thanksgiving réunit les familles autour d'une dinde et dans les salles. Après La Belle et la Bête, Toy Story ou encore Frozen, Disney mise ce 27 novembre sur Vaiana 2 pour confirmer son retour en force au box-office mondial après les années Covid-19. Face à la concurrence de l'intelligence artificielle (IA) générative, les artistes rencontrés par Le Point dans les studios de Disney à Burbank, près de Los Angeles, n'ont pas dit leur dernier mot.

Le visiteur perdu sur ce campus de 20 hectares peut se repérer grâce à la légendaire water tower,ce château d'eau de 40 mètres de hauteur qui domine l'horizon depuis 1939. Coiffé du chapeau de sorcier de Fantasia, le Roy E. Disney Animation Building, qui fait honneur au neveu de Walt Disney, accueille plus de 1 000 employés de 25 pays. À l'intérieur, une fresque rappelle l'histoire presque centenaire du studio, de Blanche-Neige et les Sept Nains (1937) à Moana 2 - le nom que porte l'héroïne en VO et que Disney a dû changer en Europe pour des questions de droits.

Vaiana 2 ne compte pas un ni deux mais trois coréalisateurs ! C'est parce que le projet devait, à l'origine, être une série d'animation pour Disney+. Mais en février dernier, Bob Iger, le directeur général, reprend la barre, après les deux années difficiles que vient de passer son successeur, Bob Chapek, à ce poste, et surprend les investisseurs en annonçant une sortie en salle.

" Cette histoire, épique, demandait d'être racontée sur grand écran "

" On a regardé le travail déjà effectué et c'était une évidence : cette histoire, épique, demandait d'être racontée sur grand écran ",explique Jason Hand, l'un des trois metteurs en scène, avec David Derrick Jr. et Dana Ledoux Miller. Cette dernière détaille le processus de coupe : " On avait beaucoup développé les personnages. On a gardé ceux qu'on aimait le plus dans l'équipage qui entoure Vaiana pour l'emmener dans la plus grande aventure de sa vie. "

Dans le premier film, en 2016, la navigatrice, alors âgée de 16 ans, renouait avec ses racines et ses ancêtres. Cette fois, trois années ont passé, et l'aventurière, désormais cheffe de sa tribu, embarque dans un dangereux périple pour redécouvrir une île légendaire, Motufetü. Et, peut-être, d'autres peuples du Pacifique grâce à l'aide du demi-dieu Maui, à qui Dwayne Johnson prête encore sa voix en anglais (Anthony Kavanagh en VF).

" Plus de 700 personnes y ont mis leur coeur, leur âme et leur vécu "

Disney en fait une question de fierté : sa nouvelle création est garantie 100 % sans IA. " Même avec l'aide des ordinateurs, c'est un film "fait à la main", insiste David Derrick Jr. De l'éclairage à la façon dont bougent les habits, c'est un artiste qui en a fait les choix. " Un artiste comme Kevin Webb, responsable animation, qui a donné vie à Simea, l'adorable petite soeur de Vaiana. C'est sa propre fille qui a inspiré les dents de lapin mais aussi la démarche bringuebalante du personnage.

Croquis préparatoires, modélisation en 3 D, ajout des textures et de l'éclairage, animation des personnages... Il faut un village plus grand que celui de Vaiana pour réaliser un tel travail de fourmi. Selon David Derrick Jr., " plus de 700 personnes ont mis leur coeur, leur âme et leur vécu " dans chacune des 144 000 images qui composent Vaiana 2. Malgré les progrès techniques, il est très difficile de représenter l'eau et les cheveux, cela reste un défi pour les animateurs, tout comme les cordes et les noeuds de marin.

En quelques coups de crayon, vraiment ?

Pour le personnage de Mini Maui, qui prend vie sur les tatouages du demi-dieu, Disney mélange animation 3 D moderne et dessins 2 D à l'ancienne. Une prouesse technique que l'on doit à Eric Goldberg, animateur légendaire, papa du génie d'Aladdin il y a plus de trente ans. Un de ses assistants tente de nous apprendre à dessiner Mini Maui en quelques coups de crayon. Malgré ses conseils et l'aide de lignes directrices, le héros polynésien termine avec un mollet maigrichon que n'approuverait pas " The Rock " (le surnom de catcheur de Dwayne Johnson).

Difficile de faire plus humain et plus analogique que le métier de Foley artist(" bruiteur "). Ronni Brown, qui a travaillé sur le bruit martial des bottes de Dark Vador dans le film Rogue One : a Star Wars Story(2016), va parfois dénicher ses trésors dans des brocantes pour recréer un son, comme des gants en cuir pour des pas étouffés ou un plumeau pour un bruissement d'ailes d'oiseau.

Le bon timing

Pour une scène dans laquelle des poissons sautent les uns sur les autres, la jeune maman s'oriente vite vers une tétine de biberon en guise de ventouse, combinée à un chiffon mouillé enduit de gel pour cheveux pour un son délicieusement gluant. Les yeux fermés, la magie du cinéma opère... À condition d'être bien en rythme ou de compter sur les monteurs son après coup pour tout synchroniser.

Dans la cabine de doublage, le timing est également primordial. Hualalai Chung, qui prête sa voix à Moni, le conteur du village, nous explique le principe : trois bips avant la séquence principale, un bip entre chaque ligne de dialogue. Et, surtout, ne pas oublier de se lâcher quand l'équipage se met à courir sur le pont du bateau pour échapper à des ennemis sanguinaires.

Duo star de TikTok pour BO entêtante

Vaiana 2 ne serait pas complet sans des chansons entêtantes reprises en boucle, comme " How Far I'll Go " (" Le Bleu lumière ") il y a huit ans. Le faiseur de hits Lin-Manuel Miranda étant occupé par Mufasa : le Roi Lion (en salle le 18 décembre), le studio s'est tourné, pour épauler les compositeurs Opetaia Foa'i et Mark Mancina, vers Emily Bear et Abigail Barlow.

Disney a eu du nez : le duo star de TikTok a remporté un Grammy Award en 2022 pour sa comédie musicale non officielle de The Bridgerton, et Emily Bear, pianiste prodige, a accompagné Beyoncé sur plusieurs dates de sa tournée Renaissance cette année. À 23 ans aujourd'hui, celle-ci était à peine plus vieille que l'héroïne de Disney quand elle a rejoint le projet. " C'est une jeune femme qui essaie de trouver sa place dans le monde. On s'est immédiatement senties proches de Vaiana, dont on a partagé les difficultés et les doutes. On s'est mises dans sa peau pour écrire ", explique l'artiste.

" Je dois rendre fiers mes 50 cousins et leurs enfants "

Après avoir vu les trente premières minutes dévoilées par Disney, impossible de résister à l'appel de l'aventure. " Vaiana est trop forte ", s'enthousiasme Julie, presque 10 ans, une fan française qui a regardé le premier film " quatre ou cinq fois " sur Disney+ et a déjà demandé à ses parents de l'emmener au cinéma pour le suivant.

Avec des préventes records aux États-Unis, Vaiana 2 va, à coup sûr, faire exploser les recettes mondiales de son prédécesseur (687 millions de dollars) et pourrait même venir menacer Vice-Versa 2 (1,7 milliard de dollars). Pour Dana Ledoux Miller, qui est d'origine samoane, tout comme David Derrick Jr., l'enjeu est ailleurs : " Je dois rendre fiers mes 50 cousins et leurs enfants. " Une pression que ne connaîtra pas ChatGPT. Enfin, pour l'instant ?

" Vaiana 2 " sera en salle le 27 novembre.

Le Monde
Culture, lundi 30 septembre 2024 1347 mots, p. 29
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27 septembre 2024 - Le Monde (site web)
28 septembre 2024 - La Matinale du Monde

Disparition

La mort de Maggie Smith, actrice de « Downton Abbey »

Son parcours impressionnant au théâtre et au cinéma fit d’elle l’une des comédiennes britanniques les plus récompensées du septième art

Véronique Cauhapé

Comtesse douairière délicieusement peste de la série Downton Abbey, rigoureuse sorcière enseignant à Poudlard dans la saga Harry Potter… la vieille dame britannique qui fut au service du théâtre et du cinéma durant plus de soixante-dix ans s’est éteinte à l’âge de 89 ans, a annoncé sa famille vendredi 27 septembre. Margaret Natalie Smith, dite Maggie Smith, dont la carrière commença en 1951, n’a jamais cessé de jouer. Sollicitée jusqu’à la fin par les metteurs en scène et les cinéastes, elle a contredit l’idée largement répandue selon laquelle une actrice en vieillissant devient indésirable.

Sur les planches, elle a tenu les grands rôles du répertoire classique, mais aussi contemporain, dans une centaine de pièces. A l’affiche de près de soixante longs-métrages, elle a joué pour des auteurs prestigieux dont Joseph L. Mankiewicz (Guêpier pour trois abeilles, 1967), George Cukor (Voyages avec ma tante, 1972), Robert Altman (Gosford Park, 2001). Elle n’a jamais boudé les films populaires et a aimé distraire avec des comédies.Dans ce domaine, les deux volets de Sister Act en 1992 (Emile Ardolino) et 1993 (Bill Duke) – où elle est la mère supérieure du couvent qui sert de refuge à la délurée Whoopi Goldberg – comptent parmi ses plus gros succès.

Désirs coriaces

Ce parcours impressionnant fit d’elle l’une des actrices les plus récompensées du septième art, le métier ayant inscrit à son tableau d’honneur deux Oscars : celui de la meilleure actrice pour Les Belles Années de miss Brodie(1969), de Ronald Neame, où elle incarne une professeure impétueuse, déterminée à imposer, dans le courant des années 1930, des méthodes d’enseignement peu orthodoxes à un collège de jeunes filles ; et celui de meilleur second rôle féminin pour California Hôtel(1978), de Herbert Ross.

A ces deux statuettes vinrent s’ajouter trois Goldens Globes (l’un pour Chambre avec vue, de James Ivory, en 1986), cinq Bafta de la meilleure actrice et deux d’honneur, deux Emmy Awards pour la série Downton Abbey… Docteure honoris causa de l’université de St Andrews (Ecosse) et de l’université de Londres, Maggie Smith fut aussi faite dame commandeur de l’ordre de l’Empire britannique en 1990 et compagnon d’honneur en 2014, pour services rendus au pays dans le domaine des arts. Ce palmarès, dont elle faisait peu état, apportait tout de même sa cerise sur le gâteau, couronnant à la fois son talent et la détermination qu’elle manifesta dès l’enfance.

Née le 28 décembre 1934 à Ilford, dans la banlieue est de Londres, Margaret Natalie Smith possède, très vite, un caractère bien trempé et des désirs coriaces. Gamine, elle souhaite devenir comédienne. Rien ne l’en dissuadera, pas même les arguments de raison que lui opposent ses parents. Sa mère, secrétaire, et son père, professeur d’université, jugent l’ambition de leur fille peu sérieuse et irresponsable. La petite fille leur tient tête jusqu’à obtenir gain de cause à 17 ans, l’âge auquel elle intègre l’Oxford Playhouse School. C’est sur cette scène qu’elle interprétera ses premiers rôles et que débutera sa carrière.

En 1959, elle est engagée dans la troupe de l’Old Vic Theatre où, cette année-là, elle joue dans plusieurs pièces de Shakespeare (Comme il vous plaira, Richard II, Les Joyeuses Commères de Windsor) avant d’incarner Daisy dans Rhinocéros, d’Eugène Ionesco, mis en scène par Orson Welles, avec dans le rôle-titre de Bérenger Laurence Olivier. Ce dernier s’apprête à devenir directeur de la compagnie qui se crée au Royal National Theatre. Il propose à Maggie Smith de le rejoindre. Elle accepte et y restera dix ans, y rencontrera son premier mari, l’acteur Robert Stephens, lui comme elle se hissant, durant cette période, au rang de vedettes du théâtre londonien.

Entre-temps, le cinéma a commencé à l’employer. Elle est apparue dans Le Criminel aux abois(1958), de Basil Dearden et Seth Holt, a partagé l’affiche avec Elizabeth Taylor et Richard Burton dans Hôtel international(1963), d’Anthony Asquith. En 1964, elle joue le personnage de Desdémone sur scène, avant de l’interpréter dans le film Othello, de Stuart Burge, l’année suivante, un rôle qui lui vaudra sa première nomination à l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Douée pour la fantaisie, dotée d’un humour ravageur, la comédienne aime chanter, danser et faire rire. Ce goût assumé pour le spectacle l’entraîne dans la comédie musicale de Richard Attenborough Ah Dieu ! que la guerre est jolie (1969), qui la transforme en starlette de music-hall, parée de robes à strass, de perles et de coiffes à plumes.

« La notoriété est stupide »

Le registre comique la fait triompher dans Les Amants terribles, de Noël Coward, d’abord à Londres, puis en tournée aux Etats-Unis. Lors de ce périple, elle reçoit la proposition de rejoindre la troupe du Festival de Stratford, au Canada, avec laquelle, durant presque dix ans, elle choisit de poursuivre sa carrière de comédienne. Séparée alors de son premier mari, avec qui elle a eu deux enfants, elle épouse en 1975 le dramaturge et scénariste Beverley Cross, son compagnon jusqu’à la mort de ce dernier, en 1998. La scène, elle ne s’en est jamais cachée, demeure son domaine de prédilection, sa préférence. Anton Tchekhov, Jean Cocteau, Oscar Wilde, Peter Shaffer enrichissent son répertoire, tandis qu’au cinéma elle s’amuse avec des histoires plus légères (Hook ou la revanche du capitaine Crochet,de Steven Spielberg, Chauds, les millions, d’Eric Till, Porc royal,de Malcolm Mowbray…).

Il suffit d’avoir regardé quelques-unes de ses interviews télévisuelles pour se rendre compte de l’irrésistible aisance avec laquelle Maggie Smith maniait l’ironie et le sarcasme. Capable de dire des horreurs, le visage impassible mais l’œil malicieux. Appliqué à ses rôles, cet esprit espiègle a contribué à la rendre familière, aimable aux yeux des spectateurs. « Faites-lui dire bonjour, et ce sera désopilant. Peu importe ce qu’elle dit, c’est avec le ton juste », avait souligné l’actrice Imelda Staunton, qui a partagé l’affiche avec elle dans les deux longs-métrages dérivés de la série télévisée de cinquante-deux épisodes créée par Julian Fellowes, Downton Abbey. Laquelle, plus encore que la saga Harry Potter, lui assura une célébrité internationale dont elle a jugé les effets exagérés et guère plaisants. « La notoriété est quelque chose de totalement stupide, avait-elle en effet déclaré, en mai 2017, lors d’une intervention au British Film Institute. J’ai mené une vie parfaitement normale jusqu’àDownton Abbey . Or, j’avais fait énormément de choses quand cette série est arrivée. J’allais au théâtre, dans les galeries d’art toute seule. Maintenant, je ne peux plus. »

A la fin des années 1980, atteinte d’une maladie de Basedow (affection auto-immune de la thyroïde), l’actrice, malgré une radiothérapie et une opération des yeux, continue le théâtre et le cinéma. En 2007, un cancer du sein l’affaiblit profondément durant deux ans. La chimiothérapie la « rend chauve comme un œuf », selon ses propres termes. Obligée de faire une pause, elle tourne cependant les trois derniers opus de Harry Potter, coiffée d’une perruque. Après cela, sa présence au théâtre devient plus rare.

En revanche, pour le cinéma, elle enchaîne les tournages. On la voit notamment dans le premier film – en tant que réalisateur – de Dustin Hoffman, Quartet (2012), où elle interprète une ancienne diva, effrontée mais non moins émouvante. On la découvre en vieille dame sans domicile fixe, autoritaire, capricieuse, bouleversante dans The Lady in the Van,de Nicholas Hytner (2015 ). « Elle peut être en même temps vulnérable, féroce, sombre et hilarante, et apporte chaque jour au plateau l’énergie et la curiosité d’un jeune acteur qui vient de débuter » , avait alors dit d’elle le réalisateur britannique. Une énergie qui, a-t-on cru jusqu’à ce jour, la rendait invincible.

Le Monde
Culture, mercredi 2 octobre 2024 646 mots, p. 21
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2 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Quand vient l’automne ppvv A voir

Les vieilles dames indignes de François Ozon

Le quotidien d’une grand-mère se trouve bouleversé par une histoire de champignons, créant une intrigue aux allures de thriller

Maroussia Dubreuil

Après Mon crime, comédie jouant sur l’ironie et la théâtralité, d’après la pièce éponyme (1934) de Georges Berr et Louis Verneuil, François Ozon fait vœu de sobriété pour conter le quotidien d’une femme âgée, à l’automne de sa vie.

Michelle (Hélène Vincent), une grand-mère sans histoires, vit sa retraite dans la campagne d’un village bourguignon, à quelques kilomètres de sa meilleure amie, Marie-Claude (Josiane Balasko), dont le fils est en prison. Elle attend avec impatience les vacances de la Toussaint pour passer une semaine avec son petit-fils, que sa fille (Ludivine Sagnier) doit venir déposer.

Au-delà du désir de filmer des actrices d’un certain âge qui ne s’autorajeunissent pas avec des injections de botox ou d’acide hyaluronique, François Ozon s’attache à montrer les gestes journaliers des plus de 80 ans, assez pimpantes pour tenir une maison et recevoir leur famille mais tout de même vulnérables, auxquelles le cinéma ne s’intéresse pas beaucoup. Michelle a une série de tâches à accomplir : elle jardine dans son potager, elle conduit son amie, qui n’a pas le permis, elle prie le dimanche à l’église, elle prépare à manger, fait le lit…

En plaçant cette observation méticuleuse dans l’ombre du sthriller, le cinéaste produit une image inédite et très juste de la vieillesse, sous-tendue par la question du désir… Comment rendre sa vie palpitante, au moins vivable, quand on ne travaille plus et qu’on est loin de ses proches ? Jusqu’où peut-on s’arranger avec le destin pour se faire un coin au soleil ? Essentiellement circonscrit à la maison, avec quelques virées à l’hôpital et au cimetière, composé d’une succession de moments creux, Quand vient l’automne présente son héroïne comme une énigme.

Malgré une mise en scène qui se laisse parfois avoir par les apparences plan-plan du bon-vivre à la campagne, des références appuyées – un sermon sur Marie Madeleine – et un fantôme couvert de poudre blanche, il y a à l’origine de cette intrigue un précis d’immoralité qui la rend très prenante. Michelle, comme la plupart des personnages féminins chez Ozon, se révèle plus ambiguë que les a priori le laissent penser.

Récolte empoisonnée

Tout commence par une histoire de champignons cuisinés et servis avec amour. Après une dispute qui a noué les estomacs de la grand-mère et de son petit-fils, seule la mère mange sa part, et quelques heures plus tard, s’évanouit. Urgences. Lavage d’estomac. La récolte était empoisonnée. Cet exorde qui fait douter de l’amour maternel et souffle à Michelle l’idée qu’un monde sans sa fille pourrait être plus simple – plus de demande de donation, plus de reproches, plus de colères – fait penser au Roman d’un tricheur(1936), de Sacha Guitry. Pour mémoire, un enfant privé de champignons pour avoir chapardé dans la caisse de l’épicerie familiale était le seul à survivre et se faisait la promesse de réussir, quitte à être malhonnête.

Dans le même esprit, François Ozon expose ses personnages à des cas de conscience au-delà du bien et du mal, lance des fausses pistes, et rappelle que la culpabilité n’est peut-être plus une affaire de vieille dame. Ce conte pour adultes respire le pétrichor et la mousse des bois, fait craquer les feuilles mortes et l’écorce des arbres, raconte la beauté automnale avec ses couleurs, sa lumière et ses sons. Cette sensualité de saison rend perceptible une forme de retour aux sources, où les jugements moraux qui ne font qu’encombrer l’esprit, n’ont plus leur place.

Le Monde
Culture, mercredi 16 octobre 2024 160 mots, p. 23

Les meilleures entrées en France

Les deux premiers titres du tableau illustrent deux cas de réussite dissemblables, tels que le cinéma américain a le chic de les dispenser. En numéro un, Le Robot sauvage, fable écolo familiale sortie des studios Dreamworks, distribué sur quasiment 700 copies et attirant 360 000 spectateurs. En deuxième position, Terrifier 3, film interdit aux moins de 18 ans, troisième opus d’une saga horrifique qui rend peut-être cent mille spectateurs à son devancier, mais explose en revanche son ratio de spectateurs par écran (1 585, contre 541 pour Le Robot sauvage) et partant sa rentabilité. Derrière, Lee Miller et L’Histoire de Souleymane sont loin de démériter, mais le public n’a pas suivi, en revanche, la proposition de The Apprentice, piquant roman de formation de Donald Trump. On présumait enfin que le surprenant Joker, folie à deux ne désappointe sa base de fans, ce que confirme la nette décélération du film en deuxième semaine.

Le Monde
Culture, mercredi 23 octobre 2024 131 mots, p. 25

Disparition

L’actrice Christine Boisson est morte à l’âge de 68 ans

Christine Boisson, qui avait débuté, à 17 ans, au cinéma dans Emmanuelle, de Just Jaeckin, sorti en 1974, est morte lundi 21 octobre, à 68 ans, à Paris, d’une maladie pulmonaire. Formée au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (promotion 1977), l’actrice a tourné dans une cinquantaine de films, notamment sous la direction d’Alain Robbe-Grillet, d’Yves Boisset, de Claude Lelouch, d’Olivier Assayas, de Philippe Garrel ou de Lætitia Masson et, plus récemment, avec Maïwenn dans Le Bal des actrices, en 2009. Au théâtre, elle a figuré dans des pièces mises en scène par Roger Planchon, Claude Régy, Lars Noren, Harold Pinter ou Luc Bondy. Nous reviendrons sur son parcours dans une prochaine édition.

Le Monde
Culture, mardi 22 octobre 2024 831 mots, p. 25
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21 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Bande dessinée

La BNF souhaite acquérir les planches originales de « La bête est morte ! »

La Bibliothèque nationale de France a lancé une souscription pour acheter l’album d’Edmond-François Calvo publié en 1944

Frédéric Potet

La « belle endormie », comme l’appelle Carine Picaud, conservatrice à la Bibliothèque nationale de France (BNF) spécialisée dans le livre pour enfants à la Réserve des livres rares, sort progressivement de son sommeil. Longtemps exclue des programmations et des politiques d’acquisition des grandes institutions culturelles françaises, la bande dessinée pourrait effectuer une entrée notable, d’ici à la fin de l’année, dans les collections de l’établissement public consacré à l’imprimé, sur son site de Tolbiac (Paris 13e).

Ce ne serait pas totalement une première, mais l’opération est d’importance : l’appropriation des planches originales de La bête est morte !, joyau de l’histoire du neuvième art. Réalisé clandestinement sous l’Occupation par l’illustrateur Edmond-François Calvo (1892-1957) sur des textes de Victor Dancette (1900-1975) et Jacques Zimmermann (1902-1951), ce récit relate quasiment en direct les événements de la seconde guerre mondiale par le truchement de personnages animaliers.

La BNF possède déjà plus d’un millier d’originaux de bande dessinée : soit trois albums entiers d’ Astérix le Gaulois offerts de son vivant par Albert Uderzo (1927-2020) en 2011 ; sept volumes de la série des Cités obscures données par François Schuiten et Benoît Peeters en 2016 ; et un ensemble de pièces diverses de F’murr (1946-2018) cédées en dation à l’Etat en 2021. La différence, ici, est la nature de l’acquisition : une souscription dont le montant devra atteindre 875 000 euros, d’ici au 31 décembre. Relié par Calvo lui-même, l’ensemble de 77 planches a été classé œuvre d’intérêt patrimonial majeur, ce qui le rend éligible à la défiscalisation. Sitôt l’offre d’achat lancée, « il n’y a pas eu l’ombre d’un doute qu’il nous fallait acquérir ce recueil au caractère de trésor national », indique Carine Picaud.

Vœu familial

A l’exception d’une page, mystérieusement disparue, mais figurant dans la version imprimée (rééditée par Futuropolis au milieu des années 1970, et actuellement par Gallimard), le lot est resté dans la famille Calvo. Celle-ci n’a eu de cesse de prêter des planches pour des expositions. On peut en voir actuellement une quinzaine au Centre Pompidou, à Paris, à travers l’exposition « La BD à tous les étages », jusqu’au 4 novembre, et autant au Mémorial de l’internement et de la déportation de Compiègne (Oise), jusqu’au 5 janvier 2025. Exceptionnelle, l’œuvre l’est à plus d’un titre.

Ancien patron d’un hôtel-restaurant ayant décidé, à 46 ans, de se vouer à sa seule passion, le dessin, Edmond-François Calvo y déploie une aisance graphique dans la représentation caricaturale des animaux qui lui valut le surnom de « Disney français ». Utilisé sous le vernis d’un album pour enfants, le procédé de l’anthropomorphisme – les Français sont incarnés par des lapins et des écureuils, les nazis par des loups, les Américains par des bisons libérateurs ; le général de Gaulle a une tête de cigogne, Goering celle d’un cochon – ne pare pas moins le récit d’une dimension historique indéniable.

A deux reprises, l’ouvrage évoque ainsi le sort des juifs pendant la seconde guerre mondiale alors que la réalité de la Shoah était très peu connue en 1944, année de sa parution. Dans toute bibliothèque de bédéphile, La bête est morte ! est à ranger à côté de Maus, dans lequel Art Spiegelman raconte la déportation de son père en utilisant des souris et des chats.

Craignant un phénomène de dispersion, les ayants droit de Calvo ont refusé avec constance les offres des collectionneurs privés et des salles de ventes. « Notre objectif a toujours été que l’œuvre puisse être vue par le grand public, indique Franck Laborey, le petit-fils du dessinateur. Le rêve de ma grand-mère, décédée en 1985, était que les originaux puissent rejoindre un jour les réserves de la Bibliothèque nationale. A l’époque, cette lubie faisait plutôt sourire. »

Exaucer le vœu familial sera aussi un moyen de protéger des altérations du temps une création faite de papier et d’encres. La BNF continuera certes de prêter aux musées les pages de La bête est morte !, mais avec précaution : toute planche ne pourra sortir des réserves plus de trois mois, avant d’y retourner pour au moins trois ans.

L’intérêt pour le chef-d’œuvre de Calvo ne semble en tout cas pas près de faiblir. En avril, l’acteur et réalisateur Mathieu Kassovitz a annoncé qu’il avait relancé un projet vieux de vingt ans consistant à adapter au cinéma La bête est morte ! Fort d’un budget de 30 millions de dollars (27 millions d’euros), le long-métrage mêlera prises de vues réelles (pour les décors) et images animées (pour les personnages). Il sera tourné en anglais, la langue de Churchill, grimé en chien dans l’œuvre originale.

Le Monde
Culture, mercredi 2 octobre 2024 632 mots, p. 21

All we imagine as light pppv A ne pas manquer

Trois femmes dans le théâtre d’illusions de Bombay

Cl. Fa.

Parfois, un film est une couleur. Comme une signature de mise en scène, une abstraction qui se passe de mots. Dans All We Imagine as Light, second long-métrage de Payal Kapadia, le bleu cyan et le rouge magenta brossent le portrait en demi-teinte d’une ville lumière, Bombay, capitale commerciale de l’Inde et cœur battant de « Bollywood ». Les migrants y affluent, moins pour rêver que pour fuir des traumas familiaux. Quelques voix off, documentaires, nous le font comprendre dès le début du récit.

On avait découvert le cinéma brûlant de Payal Kapadia à Cannes, en 2021, à la Quinzaine des cinéastes : Toute une nuit sans savoir tissait une correspondance amoureuse et militante, mêlant une multitude d’images filmées par une jeunesse en lutte contre le pouvoir ultranationaliste hindou de Narendra Modi.

All We Imagine as Light n’est qu’en apparence plus apaisé : il faut saluer la grâce avec laquelle la réalisatrice filme la métropole comme un manège faussement enchanté, révélant ses héroïnes au milieu d’une foule d’anonymes. Le film commence avant la levée du jour, humant la ville. Des mouvements de caméra survolent les étals d’un marché de gros, avec ses vendeurs tapis dans l’ombre.

« La mousson et la non-mousson »

Au loin, une bande horizontale de lumières signale le passage du train, sorte de métro aérien. A bord, une femme en sari bleu, debout, s’accroche à la barre comme si elle tournoyait dans un carrousel. On la retrouve à l’hôpital où elle officie comme infirmière. Elle s’appelle Prabha (Kani Kusruti), vit en colocation avec Anu (Divya Prabha), que l’on découvre quelques étages plus bas, au guichet. Le stéthoscope est son horoscope amoureux : l’infirmière de garde l’utilise pour écouter les battements de son cœur.

Quand Anu va-t-elle retrouver Shiaz, son amant musulman que ses parents n’accepteront jamais ? A une patiente de 24 ans qui a déjà trois enfants, et n’en veut pas davantage, la jeune infirmière donne furtivement une plaquette de pilules contraceptives. La troisième protagoniste, Parvaty (Chhaya Kadam), est la cuisinière de ce même établissement hospitalier. Le vieil immeuble dans lequel elle vit est menacé de destruction.

Si le film travaille la non-fiction, il capte aussi les deux saisons uniques en Inde, « la mousson et la non-mousson », comme a coutume de dire la cinéaste. A Bombay, les pluies torrentielles marquent l’arrivée des bâches en plastique que l’on utilise pour protéger les marchandises. On les voit partout, devant les boutiques, sur les terrasses d’immeuble, sortes de lucioles d’un bleu électrique éclairant la nuit – dans un grain satiné numérique, imitant à s’y méprendre la pellicule. Grande coloriste, Payal Kapadia filme jusqu’au vertige une ville de lueurs et de sueur, qui perle aux fronts – l’occasion d’autres micro-illuminations.

Le retour de Parvaty vers son village d’origine est l’occasion d’une seconde partie plus solaire, et rêveuse, où les tempéraments des trois femmes s’affirment. Entre autres, Prabha cherche à tourner la page de son mari, un homme qu’elle a épousé sans vraiment le connaître, avant qu’il ne parte travailler en Allemagne.

Visage de madone, aux faux airs (butés ou résignés) de Hafsia Herzi, l’actrice Kani Kusruti affiche avec subtilité un masque de retenue. Un seul verbe pour qualifier son personnage : Prabha s’interdit, de faire quelques pas dans la mer, de danser, de se rapprocher du médecin de l’hôpital qui lui fait joliment la cour. Puis un jour, elle se met à courir sur la plage. Le grain du sable submergeant l’écran.

Le Monde
Culture, lundi 21 octobre 2024 172 mots, p. 23

Sélection albums Walid Ben Selim

Patrick Labesse

Here and Now

Voici un chanteur qui ne manque pas d’arguments pour donner à chacun la sensation du temps pour soi retrouvé. Voix voguant entre douceur enivrante et puissance frissonnante, il se fait accompagner de la harpiste Marie-Marguerite Cano qui habille merveilleusement les mots et les silences. Walid Ben Selim rend hommage à la poésie qui le fait vibrer. A commencer par celle de Mahmoud Darwich (1941-2008) à qui il emprunte le titre d’un poème pour nommer son album, traduit en anglais par Here and Now, que le poète palestinien avait inclus dans son ultime recueil Le Lanceur de dés, publié en 2008, et déjà présenté sur scène par Walid Ben Selim. Le chanteur reprend aussi quelques-uns des poètes soufis qui l’animent – dont Hallaj (IXe siècle), Abû-Nuwâs (VIIIe), Ibn Zaydoun (XIe). Enregistré en public, fin 2023, au cinéma City Club à Pully (Suisse), un moment de grâce, beau et apaisant.

Lire aussi sur « Lemonde.fr » la critique de « Voix jetées », par l’Ensemble Paramirabo.

Le Monde
Culture, mercredi 16 octobre 2024 211 mots, p. 23

Les autres films de la semaine

Le Sentier des absents

M. Jo.

Documentaire simple, sobre et à la première personne, Le Sentier des absents tente de mettre des mots là où il n’y a qu’un lourd silence autour de ce que l’on appelle le « deuil périnatal », soit la mort d’un bébé in utero ou quelques jours après sa naissance. Sa réalisatrice, l’historienne du cinéma Eugénie Zvonkine, raconte comment, alors qu’elle était enceinte de quatre mois, elle perd sa fille Marie, à la suite d’une interruption médicale de grossesse. Hantée par l’idée de la trace et de l’oubli, elle se déprend de sa douleur en filmant l’histoire de trois autres femmes endeuillées, Juliette, Ikram et Kamila, qui racontent ce qui leur est arrivé, et dresse les contours d’une inguérissable blessure, néanmoins communicable au spectateur. Le film, modeste, a une réelle vertu pédagogique : sans rien montrer, il ramène le corps féminin (son poids, ses organes, ses traumas et ses larmes) dans le champ. Enfin, il finit par être le portrait de quatre femmes qui se tiennent discrètement comme à côté du monde. La fin vaut autant comme un prévisible et heureux retour à la vie qui a cependant quelque chose d’éteint, de fantomatique.

Le Monde
Culture, mercredi 30 octobre 2024 844 mots, p. 27
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30 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau pppv A ne pas manquer

L’odyssée 3D d’un vaillant matou

Le deuxième film de Gints Zilbalodis est une bouleversante épopée

Véronique Cauhapé

Sélectionné en compétition officielle du Festival du film d’animation d’Annecy, en juin, Flow, le chatqui n’avait plus peur de l’eau a fait l’unanimité auprès du public, dont une grande partie n’a pu retenir ses larmes. Celles-ci relevaient moins d’un sentiment de tristesse que d’un trop-plein d’émotions accumulées durant une heure trente.

Nombreux furent les festivaliers qui, dès lors, et malgré la rude concurrence des autres films en lice, n’en démordirent pas : Flow était destiné à recevoir la plus haute récompense, le Cristal du long-métrage. Lequel est finalement allé au superbe Memoir of a Snail, du réalisateur australien Adam Elliot. Flow , pour sa part, loin de repartir bredouille, a obtenu trois prix : celui du jury, celui du public et celui de la Fondation Gan pour le cinéma. Un mois plus tôt, présenté dans la catégorie Un certain regard, le film avait conquis Cannes.

C’est à une histoire sans paroles ni commentaires que nous convie le jeune réalisateur letton Gints Zilbalodis, 30 ans, dont le précédent long-métrage, son premier, Ailleurs(2020), déjà repéré et couronné du prix Contrechamp à Annecy, avait aussi adopté ce parti pris pour rapporter le périple d’un jeune garçon parachuté sur une île mystérieuse, après un accident d’avion. Cette fois, toute trace humaine a disparu. La nature a (re)pris le dessus qui, hélas, risque à son tour d’être engloutie par la menaçante montée des fleuves, des rivières et des océans. Dans ce monde postapocalyptique, un chat noir aux yeux jaunes immenses a élu domicile dans une maison vide. Parmi ses voisins, toutes sortes de bêtes domestiques et sauvages vont et viennent, occupées à trouver de la nourriture. Guère sociable, le chat garde ses distances.

Airs d’arche de Noé

Le déluge approchant, le félin, que l’eau rebute au plus haut point, décide de prendre les voiles avant qu’il ne soit trop tard. Et trouve refuge sur un bateau de fortune où ne tarderont pas à le rejoindre d’autres animaux, eux aussi effrayés par les inondations : un capybara narcoleptique, un lémurien cleptomane, un labrador joueur en quête de compagnie et un échassier au caractère solitaire.

Sur l’embarcation aux airs d’arche de Noé, chacun s’est octroyé un emplacement précis, dont la défense exige une attention de tous les instants. La méfiance est de mise, qui oblige à ne pas quitter l’autre du regard, donc à observer ses attitudes, ses rituels, ses manies. Ce qui ne va pas sans susciter curiosité et étonnement, chacun considérant les différences de l’autre comme autant d’étrangetés jugées incongrues, voire ridicules.

Les animaux à quatre pattes et le volatile s’observent ainsi en chiens de faïence une bonne partie du film, puis s’accordent une certaine confiance au fil des dangers et des épreuves, jusqu’à faire clan. On l’aura compris, Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, en se tenant auprès des animaux et à leur hauteur, vise à nous envoyer le reflet de nos propres agissements face à ceux qui ne nous ressemblent pas, la crainte que l’on peut éprouver d’abord, avant de s’entendre mutuellement, une fois connaissance faite. L’identification aux animaux se fait sans que le film ait recours à l’anthropomorphisme – un fait rare dans les films d’animation, qui se plaisent généralement à doter le règne animal d’un langage humain.

A l’inverse, Flow crée sa magie à partir de l’observation et de la reproduction minutieuses des comportements de chacune des espèces. C’est l’un des tours de force du film que de rendre fascinant le moindre mouvement animal. Comme si l’usage du dessin et de la 3D (à la pointe du réalisme) apportait une nouvelle acuité à notre regard, nous faisant redécouvrir ce que nous avons déjà maintes fois regardé. Hommage à la nature et à ceux qui l’habitent, le film laisse entendre le bruissement des feuillages, le grondement de l’eau, les cris et le chant des oiseaux, les miaulements et les aboiements, la musique composée par le réalisateur, en collaboration avec Rihards Zalupe, s’insinuant avec discrétion, telle une preuve de respect.

Le périple de survie, quant à lui, se transforme en une épopée spectaculaire et bouleversante, au cours d’un récit qui avance au fil de l’eau, au gré des tourbillons et de vagues aussi hautes que des immeubles. Conduite sans esbroufe, l’aventure infuse poésie et humour, selon les situations vécues et les lieux traversés. Forêts immenses, ville semi-engloutie d’une beauté saisissante, sculptures géantes abandonnées au beau milieu des paysages, jusqu’à cette gigantesque baleine préhistorique qui parfois surgit des profondeurs, tout cela donne à l’expédition une dimension fantastique, captivante de bout en bout.

La Croix, no. 43053
Événement, mardi 22 octobre 2024 482 mots, p. 2,3

Femmes d’Afghanistan, l’art contre le silence

Marianne Meunier

Que ce soit par le chant, la peinture ou le théâtre,

les artistes afghanes utilisent leur voix, au sens propre

ou figuré, afin de lutter contre l’interdiction pour

les femmes de parler dans l’espace public décrétée

par les talibans.

Il y a deux mois, le 22 août, le gouvernement des talibans décrétait que les femmes ne parleraient plus dans l’espace public. Une interdiction de plus après celles d’étudier au-delà de la sixième, de travailler ou encore de sortir de chez elles (sauf en cas de nécessité)… Elle complète jusqu’au tragique l’entreprise d’annihilation de l’humanité des femmes que les fondamentalistes orchestrent depuis leur prise de pouvoir, en août 2021. Leur voix bannie, que reste-t-il aux Afghanes ? La question prend un sens singulier pour les artistes. Qu’elles chantent, jouent au théâtre ou peignent, celles-ci utilisent leur voix au sens propre ou figuré. Une démarche qui, depuis le 22 août, suffit à faire de la création un acte de résistance.

Comme les précédentes, l’interdiction pour les femmes de parler dans l’espace public se heurte à une scène artistique afghane qui s’est formée peu à peu après la chute du premier régime taliban, en 2001. « Une génération d’artistes est apparue qui, après avoir cherché à répondre aux attentes occidentales, s’en est affranchie pour devenir passeuse des maux de la société », explique Guilda Chahverdi, metteuse en scène et ancienne directrice de l’Institut français de Kaboul. Souvent avec le concours de la France, certains ont pu s’exiler après la chute de Kaboul, en 2021. Aussi, si «les talibans empêchent toute forme d’art en Afghanistan aujourd’hui »et que les seules pratiques permises doivent répondre aux critères de la charia – cinéma et calligraphie notamment –, des artistes se font l’écho hors des frontières de la tragédie des leurs au pays.

Impossible pour eux de ne pas faire une place au sort des femmes dans leur travail. « La négation de la femme est celle de l’humain », rappelle Guilda Chahverdi. « Puisque nous pouvons l’évoquer, nous ne devons pas rester silencieux »,dit le comédien et marionnettiste Farhad Yaqubi, exilé depuis 2021, en citant l’appel à la fin du patriarcat contenu dans Marjan, le dernier lion d’Afghanistan, spectacle dans lequel il joue en France depuis près de deux ans.

Plus qu’un thème incontournable, c’est le cœur de la création des artistes femmes. « Pour toutes, quel que soit leur domaine, peinture, théâtre, photographie », assure Farhad Yaqubi. Des voix qui parviennent jusqu’aux Afghans grâce aux réseaux sociaux, malgré les interdictions et quand l’électricité le permet. Impossible pour les talibans de les faire taire, pas plus que celles qui, sur place, « pratiquent des arts dans la clandestinité », comme le souligne Fakhereh Moussavi, chercheuse en sciences politiques. Comme un défi au silence imposé.

La Correspondance de la Presse
Problèmes d'actualité, lundi 14 octobre 2024 1396 mots
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14 octobre 2024 - La Correspondance de la Publicité

Les attributions de Mme Rachida DATI, ministre de la Culture, publiées au Journal officiel

Les attributions de Mme Rachida DATI, ministre de la Culture, publiées au Journal officiel

Les attributions de Mme Rachida DATI, ministre de la Culture, publiées au Journal officiel

Plusieurs décrets relatifs aux attributions des membres du gouvernement de M. Michel BARNIER ont été publiés vendredi au "Journal officiel" et notamment le décret fixant les missions de la ministre de la Culture, Mme Rachida DATI (décret n° 2024-913 du 10 octobre 2024 relatif aux attributions du ministre de la culture).

Ce texte diffère légèrement du décret (n° 2024-34) du 24 janvier 2024 qui avait défini les missions de Mme DATI dans le gouvernement de M. Gabriel ATTAL (cf. CP du 26/01/2024).

Tout d'abord, il est rajouté que la ministre de la Culture "prépare et met en oeuvre la politique du Gouvernement en matière de culture et de communication", qui - étonnamment - ne figurait pas précédemment.

Par ailleurs, il n'est plus précisé que la politique d'éducation artistique et culturelle s'adresse aux "enfants et (aux) jeunes adultes tout au long de leurs cycles de formation", ni que la ministre de la Culture "participe à la définition et à la mise en oeuvre de la politique du Gouvernement dans le domaine de la décentralisation".

En matière d'action culturelle extérieure, il est désormais écrit que cette dernière comprend également la "coopération". En revanche, il n'est plus indiqué que la ministre" contribue aux actions relatives aux implantations culturelles Françaises à l'étranger", comme précédemment.

Au chapitre des grandes opérations d'architecture et d'urbanisme de l'Etat, le nouveau décret d'attribution ne mentionne plus que la ministre est "notamment chargée, en liaison avec les ministres intéressés, d'assurer la cohérence des programmes et la maîtrise des coûts, de préparer les décisions budgétaires et de veiller à l'avancement des opérations".

Enfin, concernant les services sur lesquels la ministre a autorité, le décret publié vendredi ne liste plus ces services mais renvoie uniquement à l'article 1er du décret du 11 novembre 2009 qui est assez succinct. Ainsi, n'est plus mentionnée la tutelle sur le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). L'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche est également absente du texte du décret.

Plus étonnant encore, il avait été rajouté dans les attributions de Mme DATI (par rapport à sa prédécesseure, Mme Rima ABDUL MALAK), le fait que "conjointement avec le ministre de l'Economie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique", la ministre "a autorité sur le service à compétence nationale dénommé "Pôle d'expertise de la régulation numérique"". Cette partie sur le PeREN a disparu. Rappelons que créé en 2020, le PeREN, que dirige M. Nicolas DEFFIEUX, analyse le fonctionnement des plateformes numériques pour permettre aux autorités compétentes d'adapter ou de mettre en place des régulations.

Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche dispose de la DGMIC en matière de numérique

A ce titre, rappelons que la nouvelle secrétaire d'Etat chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique, Mme Clara CHAPPAZ, est désormais rattachée au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, M. Patrick HETZEL.

L'on remarque ainsi dans le décret (n° 2024-923) du 10 octobre 2024 relatif aux attributions du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, également publié ce vendredi que "pour l'exercice de ses attributions en matière de numérique", M. Patrick HETZEL "dispose de la direction interministérielle du numérique et de la direction générale des médias et des industries culturelles".

Toujours sur ce sujet, l'on note également que, selon le décret (n° 2024-908) du 10 octobre 2024 relatif aux attributions du ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, publié vendredi, Mme Catherine VAUTRIN "pilote le déploiement des infrastructures numériques, en lien avec le ministre de l'Economie, des finances et de l'industrie et le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche et met en oeuvre la politique d'inclusion numérique visant à garantir l'accès et l'appropriation, par l'ensemble de la population et dans tous les territoires, des usages et services numériques". En outre, elle contribue aux initiatives territoriales favorisant l'accès aux services numériques.

Nous publions ci-dessous le décret n° 2024-913 du 10 octobre 2024 relatif aux attributions de la ministre de la Culture

"Article 1

Le ministre de la Culture a pour mission de rendre accessibles au plus grand nombre les oeuvres capitales de l'humanité et d'abord de la France.

Il prépare et met en oeuvre la politique du Gouvernement en matière de culture et de communication.

A ce titre, il conduit la politique de sauvegarde, de protection et de mise en valeur du patrimoine culturel, il favorise la création et la diffusion des oeuvres de l'art et de l'esprit, la participation de tous à la vie culturelle et artistique et le développement des pratiques et des enseignements artistiques, contribue, conjointement avec les autres ministres intéressés, à la définition et à la mise en oeuvre de la politique d'éducation artistique et culturelle.

Il encourage les initiatives culturelles locales et développe les liens entre les politiques culturelles de l'Etat et celles des collectivités territoriales.

Il contribue au développement des industries culturelles et créatives, des nouvelles technologies de diffusion de la création et du patrimoine culturels et des contenus et services culturels numériques et, conjointement avec les autres ministres intéressés, à la politique de régulation des plateformes numériques.

Il définit et coordonne la politique du Gouvernement relative aux arts du spectacle vivant et aux arts plastiques.

Il définit et met en oeuvre, conjointement avec les autres ministres intéressés, les actions de l'Etat destinées à assurer le rayonnement dans le monde de la langue, de la culture et de la création artistique françaises.

Il contribue à la définition et à la mise en oeuvre de la coopération et de l'action culturelle extérieure de la France.

Article 2

Le ministre de la Culture prépare et met en oeuvre les actions qui concourent à la diffusion, à l'emploi et à l'enrichissement de la langue française, ainsi qu'à la préservation et à la valorisation des langues de France.

Article 3

Le ministre de la Culture prépare et met en oeuvre la politique du Gouvernement dans le domaine des médias.

Il veille, à ce titre, à l'indépendance et au pluralisme des médias ainsi qu'au développement et à la diffusion de la création audiovisuelle.

Il participe à la définition et à la mise en oeuvre de la politique du Gouvernement en matière d'action extérieure de la France dans le domaine des médias.

Il encourage la diffusion de programmes éducatifs et culturels par les sociétés nationales de programme et les autres entreprises de communication audiovisuelle.

Il participe, en liaison avec les autres ministres intéressés, à l'élaboration et à la mise en oeuvre de la politique du Gouvernement concernant les technologies, les supports et les réseaux utilisés dans le domaine de la communication.

Article 4

Le ministre de la Culture est responsable de la politique de l'architecture.

Il favorise la création architecturale et veille à la promotion de la qualité architecturale et paysagère dans les espaces naturels et bâtis. Il assure la tutelle de l'ordre des architectes et des écoles nationales supérieures d'architecture.

Il assure, à la demande du Premier ministre, la coordination des travaux de construction ou de rénovation relatifs aux grandes opérations d'architecture et d'urbanisme de l'Etat. Il est, en outre, associé à la préparation des décisions relatives au montant global et à la répartition des aides apportées par l'Etat aux grandes opérations d'architecture et d'urbanisme des collectivités territoriales.

Article 5

Le ministre de la Culture participe, avec les autres ministres intéressés, à la définition et à la mise en oeuvre des mesures relatives aux fondations à objet culturel et au mécénat.

Article 6

Pour l'exercice de ses attributions, le ministre de la culture a autorité sur les services mentionnés à l'article 1er du décret du 11 novembre 2009 susvisé".

Pour rappel : article 1 du décret du 11 novembre 2009

L'administration centrale du ministère de la culture comprend, outre l'inspection générale des affaires culturelles, le haut fonctionnaire de défense et de sécurité, la délégation générale à la langue française et aux langues de France, et le bureau du cabinet, directement rattachés au ministre :

-le secrétariat général;

-la direction générale des patrimoines et de l'architecture;

-la direction générale de la création artistique;

-la direction générale des médias et des industries culturelles;

-la délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle.

Le Figaro, no. 24928
Le Figaro et vous, mercredi 16 octobre 2024 507 mots, p. 29

Culture

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15 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

« BARBÈS LITTLE ALGÉRIE » , QUARTIER LIBRE

AVEC CE PORTRAIT PÉTILLANT D'UN COIN DE PARIS, HASSAN GUERRAR SIGNE SON PREMIER LONG-MÉTRAGE : UN COUP D'ESSAI EN FORME DE COUP DE MAÎTRE.

Neuhoff, Eric

Ils ne s'en font pas. Le Covid règne, et le port du masque semble assez aléatoire. Pendant la pandémie, le trafic continue. Pourquoi se gêner ? Tel est Barbès vu par Hassan Guerrar, attaché de presse de cinéma, qui réalise son premier long-métrage. Que le spectateur lambda, sans doute guère habitué à sillonner ce quartier, ne s'attende pas à du misérabilisme. Ça n'est pas le genre de la maison. Le décor est haut en couleur. Les Algériens sont partout, toutes générations confondues. Il y a du bruit. La vie circule comme si de rien n'était. Le café où se retrouvent les anciens a dressé ses tables sur le trottoir. Le rendez-vous pour l'apéritif est de rigueur, avec plaisanteries, tapes sur l'épaule, langage bigarré.

Malek (Sofiane Zermani), la quarantaine, spécialiste en informatique, débarque dans cette terre inconnue. Il s'est juré de ne plus remettre les pieds dans son pays d'origine. Cela ne va pas sans déchirement. Il héberge son neveu dont il déteste le père (les deux frères ne se parlent plus, même au téléphone). Le jeune garçon découvre Paris, prépare son diplôme. Dehors, les gandouras côtoient les maillots Adidas et les casquettes de base-ball. L'humour est omniprésent. Le responsable des faux papiers est surnommé « Préfecture ». Sur les trottoirs, entre le magasin Tati et le Sacré-Coeur, les marchandises les plus diverses sont à la disposition des passants, herbe, cigarettes, hélicoptères (là, le vendeur plaisante). L'église du coin abrite une association caritative. Des bénévoles, chrétiens et musulmans, Clotilde Courau en tête, distribuent des repas gratuits. Malek a une voisine noire à laquelle il n'a pas l'air d'être indifférent. Les policiers affichent une attitude débonnaire. Ils en ont vu d'autres. Le tableau pourrait pécher par angélisme. Il s'agit simplement d'éviter la noirceur.

Pétillant de vie

Cette chronique à la Pagnol n'empêche pas la gravité. Hassan ne se voile pas la face. Un coup de couteau est vite donné, dans les parages. La comédie de moeurs bascule par instants dans le drame. Les larmes ne sont pas loin. Elles resteront furtives, tant Guerrar vise juste. Il y a dans Barbès Little Algérie tout ce qu'il faudrait mettre dans un premier film, la joie de tenir une caméra, l'émotion de revenir à ses racines, un naturel inné, une bonne humeur communicative. Chemin faisant, on apprend deux, trois choses essentielles : qu'il n'est pas question pour une personne délicate de manger de la chorba en boîte et que le lait dans les yeux est le meilleur remède contre les grenades lacrymogènes. L'ensemble pétille de vie, d'une liberté sereine, d'une nécessité qui rappelle le Truffaut des 400coups. Il faut accepter l'évidence : un talent est né. Jusqu'à présent, Hassan vantait les films des autres. Aujourd'hui, nous voilà obligé de dire du bien du sien. Il est généreux, fraternel, bourré de promesses. Elles risquent d'être tenues. E.N.

Le Monde
Culture, jeudi 24 octobre 2024 1508 mots, p. 22,23
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23 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Art Musique

La folie, une source inépuisable d’inspiration musicale

L’auditorium du Louvre présente, du 23 octobre au 7 février 2025, un cycle de concerts en contrepoint de l’exposition « Figures du fou. Du Moyen Age aux romantiques »

Marie-Aude Roux

Dans toutes les cultures, la musique est par essence l’un des langages de la folie », affirme Laurent Muraro, responsable du programme musique et spectacle vivant à l’auditorium du Louvre, où se déroule, du 23 octobre au 7 février 2025, un cycle de concerts en lien avec l’exposition « Figures du fou. Du Moyen Age aux romantiques », qui se tient à côté, dans le musée.

De la terreur sacrée des Dies iraedu Moyen Age aux expérimentations psycho-atonales de la seconde école de Vienne, des mad songs du XVIIe siècle anglais aux sortilèges de l’opéra baroque italien, des remugles de la psyché romantique au total psychanalytique des temps modernes, le personnage du fou inspire les compositeurs, renforçant ou stigmatisant la question de la normalité dans un double processus de renversement et de subversion.

Le fou est d’emblée associé aux instruments à vent, notamment la cornemuse, dont la forme en peau de bête évoque une panse, voire un testicule, imite borborygmes et autres flatulences. Dans l’histoire de l’opéra, c’est la flûte, médiatrice de la déraison, qui soutient, par exemple, les divagations de l’héroïne dans la fameuse « scène de la folie » de Lucia di Lammermoor, de Gaetano Donizetti. Vocalises étourdissantes, aigus stratosphériques, ruptures de tons, ou, au contraire, errance mélodique et calme inquiétant : les stigmates du dérèglement psychique portés par la vocalité sont, là encore, réversibles. Les conséquences d’un amour malheureux aliènent les femmes (Ophélie dans Hamlet, d’Ambroise Thomas) ; les conséquences coupables du meurtre égarent les hommes : visions spectrales du régicide dans Macbeth, de Giuseppe Verdi, du tsar meurtrier d’enfant dans le Boris Godounov de Modeste Moussorgski.

« Notre cahier des charges entre directement en résonance avec l’exposition », précise Laurent Muraro. Les six concerts s’inscrivent essentiellement dans la période qui va du Moyen Age gothique à la Renaissance, avant de jouer les prolongations dans une « coda » atteignant aux rivages névrotiques du XXe siècle.

Liée au religieux

L’ouverture du bal de la déraison, le 23 octobre, a été confiée au flûtiste et chef d’orchestre italien Giovanni Antonini, à la tête de son ensemble musical Il Giardino Armonico, avec un concert intitulé La Morte della ragione(« la mort de la raison »), d’après une pavane anonyme du XVIe siècle, qui avait déjà donné son titre à l’album multiprimé paru chez Alpha Classics en 2019. Une fresque instrumentale qui convie la fine fleur européenne de la fin de la Renaissance, de Josquin Desprez à Giovanni Gabrieli, en passant par Alexander Agricola ou John Dunstable, renvoyant au janusien visage évoqué dans le célèbre Eloge de la folie d’Erasme. Deux formes s’y opposent. Celle qui « se produit chaque fois qu’une douce illusion de l’esprit délivre l’âme de ses soucis angoissants et la plonge dans une volupté multipliée » et celle, éminemment destructrice, « que les Furies vengeresses font surgir des Enfers toutes les fois que, déchaînant leurs serpents, elles introduisent dans le cœur des mortels l’ardeur pour la guerre »(Eloge de la folie, XXXVIII).

D’abord intrinsèquement liée au religieux, la silhouette dansante du fou s’inscrit sur les objets, du plus usuel au plus rare. Elle est concomitamment perçue comme une manifestation divine ou démoniaque, symbolique d’une spiritualité défaillante encore dépourvue de la faille pathologique qui lui sera agrégée quelques siècles plus tard. « Le fou symbolise alors l’insensé, au sens premier du terme latin “insipiens”, celui qui ne reconnaît pas Dieu, explique Elisabeth Antoine-König, conservatrice générale au département des objets d’art du Musée du Louvre et l’une des commissaires de l’exposition. Il est associé à la perte de la raison, une crainte profonde dans la société médiévale. »

Fleurit alors cet antidote moral qu’est le Dies irae, « jour de colère » de l’Apocalypse. Mais aussi, dans un revers cathartique, les « fêtes des fous », où s’agitent les danseurs de mauresque, aux jarrets sertis de grelots, « le hip-hop de l’époque », souligne avec humour Elisabeth Antoine-König. « Le fou est à la fois une chose et son contraire, renchérit la médiéviste. Il permet de penser la complexité du monde. »

Bouffon de cour

Bonnets aux longues oreilles d’âne (l’animal humble par essence, ici dûment « couronné »), marottes, habits aux couleurs criardes, le fol(simple d’esprit) s’efface peu à peu devant le bouffon de cour, en pleine possession de ses moyens mentaux, dont les princes font réaliser les portraits. C’est à ce visage historique que l’ensemble Sollazzo, fondé par la joueuse de vièle Anna Danilevskaia (Parle qui veut, Linn Records/Outhere Music, 2017), rend hommage dans le programme « Confidences d’un fou » (le 10 janvier), évoquant les Triboulet, Chicot et autres Rigoletto, aux origines italiennes de ce personnage à la fois « grotesque et corrosif, dont les joutes verbales animent les banquets de cour » et les musiques de Niccolo da Perugia, de Francesco Landini, de Lorenzo da Firenze. « Au cœur du pouvoir, le fou est le seul qui peut s’en prendre au souverain et remettre en cause l’ordre social », remarque Laurent Muraro.

Parfois, le génie créateur lui-même s’assimile à la folie. Ainsi de Carlo Gesualdo, compositeur dont les harmonies étranges et visionnaires fascinent autant que l’homme, entré dans l’histoire pour le double meurtre de son épouse surprise en compagnie de son amant. Sous la bannière « Strana armonia » (le 7 février) et la direction de Geoffroy Jourdain, Les Cris de Paris (Melancholia, Harmonia Mundi/PIAS, 2018) restitueront les beautés vénéneuses imaginées par le prince de Venosa, mêlées à celles de Cipriano de Rore, de Sigismondo d’India, de Michelangelo Rossi ou de Nicola Vicentino, dont les recherches avant-gardistes liées au chromatisme ont inspiré la compositrice Francesca Verunelli, née en 1979, pour une création divisée en cinq parties, VicentinoOo I, II, III, IVet V.

L’interrogation métaphysique est au cœur du programme illustré par le jeune ensemble vocal britannique Stile Antico (Song of Songs, Harmonia Mundi/PIAS, 2008) autour du « Triomphe de la folie » (le 15 décembre), imbrications savantes des polyphonies de Thomas Tallis, de Palestrina, de Lassus, tirant jusqu’au XXIe siècle de Nico Muhly (Gentle Sleep). S’y rencontrent fous d’amour et fous de Dieu à travers des motets illustrant la souffrance du Christ, les tortures d’amours madrigalesques, la noire mélancolie des monarques. « Le programme comprend de la musique pour Charles Quint, le fils de Jeanne la Folle, ainsi que le madrigal Toutes les nuits, de Thomas Crecquillon, dont témoigne le fameux Concert dans l’œuf , vraisemblablement une copie de l’original perdu du peintre flamand Jérôme Bosch, présenté au sein de l’exposition », précise Laurent Muraro.

Motif obstiné

Si le fou s’éclipse momentanément de l’iconographie des XVIIe et XVIIIe siècles, respectivement le Grand Siècle et le siècle des Lumières, la musique continue de porter haut les couleurs de la frénétique Follia, née au Portugal au XVe siècle. Fondée sur un motif obstiné, sujet à variations multiples, cette musique de transe, entre perte de contrôle, jubilation et désordre, contaminera toute l’Europe − on dénombrera plus de 150 compositeurs à travers les âges. Dans le même temps, la Folie est devenue un personnage emblématique de l’opéra baroque. Haendel, Marin Marais, Jean-Féry Rebel, André Campra, Henry Purcell, Destouches : les excessifs, extravagants et passionnels « Eclats de folie », de la mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac, seront accompagnés par l’ensemble Amarillis d’Héloïse Gaillard (Portraits de la folie, 2020, Harmonia Mundi/PIAS), le 27 novembre.

Au terme d’une restauration effectuée au Centre de recherche et de restauration des musées de France, le Louvre expose à nouveau le Pierrot(1718-1719), dit autrefois le  Gilles, d’Antoine Watteau. Depuis son entrée dans les collections en 1869, l’énigmatique chef-d’œuvre n’a cessé de hanter le monde des lettres, des arts plastiques, de la photographie et du cinéma. La création musicale n’en est pas sortie indemne, comme l’atteste le Pierrot lunaired’Arnold Schönberg, incarné au sens le plus large du terme par la violoniste moldave Patricia Kopatchinskaja (le 20 novembre).

Chantant, jouant, déclamant un sprechgesang(« parlé-chanté ») rigoureusement sourcé - l’œuvre a été créée en 1912 par l’actrice Albertine Zehme -, l’inclassable « PatKop » endosse l’âme et la défroque du « clown blanc », qu’elle affuble d’arrangements de Johann Strauss fils (Valse de l’empereur, Fantaisie pour violon et pianoop. 47, Six pièces pour pianoop. 19), de pièces d’Anton Webern et de Fritz Kreisler. Un dérangeant et fascinant portrait en musique, capté dans le remarquable Pierrot lunaire paru en 2021 chez Alpha Classics.

Le Monde
Culture, mercredi 23 octobre 2024 703 mots, p. 24

Les autres films de la semaine A ne pas manquer

Cl. F. J. Ma. Ma. Mt M. JO.

à ne pas manquer

Coconut Head Generation

Documentaire français, nigerian d’Alain Kassanda (1 h 29).

A l’université d’Ibadan, au Nigeria, le réalisateur Alain Kassanda a créé un ciné-club : une fois par semaine, les étudiants découvrent un film et débattent. Bien que publique, l’université d’Ibadan est engoncée dans un conservatisme et un mode de gouvernance peu démocratique.Le temps long du tournage permet au cinéaste de capterune parole libre, en colère. Ce documentairepossède l’élégance de plans silencieux, de respirations ou de signaux d’alerte adressés au spectateur.

à voir

Souviens-toi du futur

Documentaire français de Romain Goupil (1 h 16).

En 1982, sortait Mourir à trente ans, très belle autobiographie filmée de Romain Goupil, produite par Marin Karmitz, évoquant sa participation à Mai 68. Les deux hommes, partageant l’engagement révolutionnaire de leur jeunesse et devenus amis, se retrouvent autour de l’exposition photographique codirigée par Marin Karmitz au Centre Pompidou, à Paris. Enjeu de cette programmation : les épousailles de la magnifique collection privée réunie par Karmitz et du fonds du musée. le film consiste à écouter Karmitz parler de ses choix, expliquer ce qui l’attache à quelques-uns des tirages accrochés.

Angelo dans la forêt mystérieuse

Film d’animation français, luxembourgeois de Vincent Paronnaud et Alexis Ducord (1 h 21).

Connu sous son nom d’auteur de bandes dessinées, Winshluss, Vincent Paronnaud adapte ici à l’écran, avec son coréalisateur, sa BD, Dans la forêt sombre et mystérieuse (Gallimard, 2016). Le long-métrage restitue le mariage rare de la poésie et du loufoque, à la limite du malpoli. L’animation, un peu lisse, ne rend pas justice au foisonnant coup de crayon de Winshluss.

pourquoi pas

Chroniques chinoises

Film chinois de Lou Ye (1 h 47).

Révélé en 2000 avec le très beau Suzhou river, le Chinois Lou Ye poursuit une carrière en demi-teintes, compliquée par son rapport conflictuel aux autorités de son pays. Son nouveau film est l’histoire d’un tournage de cinéma stoppée par le confinement dû à l’épidémie de Covid-19. Or ce tournage était censé reprendre le cours d’un précédent film du réalisateur retrouvé sur un disque dur, dont les fonds avaient été coupés voici dix ans pour des raisons politiques. Une ironie amère planesur Chroniques chinoises, qui, derrière une complexité formelle forcenée, peine toutefois à en développer le propos.

Fario

Film français de Lucie Prost (1 h 30).

Léo (Finnegan Oldfield), laborantin installé à Berlin, revientau village pour vendre sa part des terres héritées de son père, agriculteur, à une société de forage. Sur place, il flaire quelque chose de louche et décide de mener l’enquête. Si Fario se mêle de politique et d’écologie, c’est selon le scénario usé de la prise de conscience, remis au goût d’enjeux contemporains. L’ensemble n’évite pas les poncifs, brasse des thématiques, mais ne les affronte pas.

on peut éviter

The Killer

Film américain de John Woo (2 h 05).

Après Silent Night (2023), John Woo poursuit sa tentative de come-back hollywoodien : mais le feu sacré n’y est plus.Remake de son chef-d’œuvre réalisé en 1989, The Killer adapte le scénario aux canons de l’époque. Le tueur est devenu une tueuse (Nathalie Emmanuel) qui, parce qu’elle a refusé d’honorer un contrat, se voit pourchassée à Paris par des tueurs… et un policier français (Omar Sy). Casting international mal accordé, scénario au rabais, clichés et laideur visuelle.

Transformers. Le commencement

Film d’animation américain de Josh Cooley (1 h 44).

Josh Cooley, réalisateur du beau Toy Story 4 (2019) et ancien de Pixar, écope avec Transformers. Le commencement d’une franchise à la dérive, cherchant à faire vivre les affrontements de robots géants de l’espace qui se camouflent en véhicules terrestres. Vaguement dystopique, le récit se révèle surtout abracadabrant, prétexte au vacarme de tôles froissées.

À l’affiche également

4 zéros

Film français de Fabien Onteniente (1 h 46).

Challenger

Film français de Varante Soudjian (1 h 35).

Chez les zébus francophones

Film français de Lova Nantenaina (1 h 43).

What a Fantastic Machine !

Film suédois et danois d’Axel Danielson (1 h 28).

La Croix, no. 43061
Culture, jeudi 31 octobre 2024 89 mots, p. 19

Cinéma « Emilia Pérez » débarque dans les salles américaines

Après le succès retentissant du drame musical de Jacques Audiard sur le grand écran en France, Emilia Pérez sort dans les salles américaines ce vendredi 1er novembre. Prix du jury à Cannes, l’œuvre, qui raconte la transition de genre d’un narcotrafiquant mexicain, est lancée dans la course aux Oscars pour le meilleur film international. Mais pas seulement : Netflix, qui a acheté le long métrage, entend le soumettre dans les catégories du meilleur film, meilleur réalisateur, ou encore meilleure actrice.

Le Figaro, no. 24916
Le Figaro et vous, mercredi 2 octobre 2024 686 mots, p. 30

Culture

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1 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

« QUAND VIENT L'AUTOMNE » : UN OZON DE SAISON

POUR SON 24E LONG-MÉTRAGE, LE RÉALISATEUR CHANGE UNE FOIS DE PLUS DE GENRE. POUR UN FILM À ELLIPSES MAIS FORT SURPRENANT.

Sorin, Etienne

Tourner chaque nouveau film « contre » le précédent. François Ozon a retenu l'adage de François Truffaut. Il a tout intérêt, de crainte de se lasser et de lasser le public. Un rapide coup d'oeil sur Wikipédia confirme le stakhanovisme d'Ozon. Depuis 1998, le quinquagénaire a signé vingt-trois longs-métrages, en variant les genres, les époques et les tons (Sitcom, Sous le sable, Huit femmes, Angel, Potiche, Frantz, Grâce à Dieu...). Avec Quand vient l'automne, récompensé par deux prix au Festival de Saint-Sébastien (Espagne), Ozon change une nouvelle fois de régime. Après plusieurs adaptations, il revient à un scénario original à base de champignons vénéneux - il existe de fausses girolles comme il y a de faux-semblants.

Mon crime, vaudeville et satire post-MeToo, célébrait la jeunesse et la vitalité de ses deux héroïnes et actrices principales, Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz. Quand vient l'automnemet au contraire en scène deux femmes et deux interprètes qui arrivent avec leur vécu, leurs rides, leur corps vieillissant et leurs désillusions sur la vie.

Ironique et amoral

Michelle et Marie-Claude sont deux amies de longue date, retraitées dans un village de Bourgogne à la routine agréable - café du matin, balade en forêt, cueillette des champignons. La première est jouée par Hélène Vincent, formidable en mamie gâteau, coquette et pimpante dans sa doudoune rose aussi bien à la messe qu'au potager, inquiète et troublante en un battement de cils. La seconde est incarnée par Josiane Balasko, impeccable en copine cabossée, tabagique, qui traîne sa carcasse comme un boulet. Leur progéniture va faire remonter leur passé à la surface.

Michelle a une fille, Valérie, qui habite à Paris. Elle se désespère qu'elle lui rende visite, surtout pour profiter de son petit-fils, Lucas, qu'elle aime éperdument. Quand les retrouvailles arrivent enfin, l'ambiance n'est pas à la fête. Valérie (Ludivine Sagnier), en plein divorce, est encore plus odieuse que d'habitude. Une fille à baffer, sûrement. À tuer, sans doute pas. Elle est la seule à ingurgiter les champignons vénéneux au cours du repas. Elle s'en tire avec un lavage d'estomac et rentre à Paris avec des soupçons. Étourderie due au grand âge ou tentative d'empoisonnement ?

Marie-Claude a un fils, Vincent. Il sort de prison et promet d'arrêter les « bêtises » , la bouche pleine de profiteroles. Pour lui rendre service, Michelle lui fait faire de menus travaux. Un bel élan de solidarité intergénérationnelle. On n'en dira pas plus, au risque de gâcher le travail de François Ozon à ménager des ellipses et des surprises et le plaisir du spectateur à se faire balader.

Quand vient l'automne sonne comme le titre d'une chanson d'Aznavour. C'est une chanson de François Valéry qu'on entend dans une scène de bar : Aimons-nous vivants. Ce choix n'a rien d'innocent. Il est même peut-être joliment ironique et amoral. Certaines personnes sont plus aimables mortes que vivantes. Ozon voulait une atmosphère à la Simenon. L'écrivain belge n'appréciait guère qu'on le réduise à une gueule d'atmosphère. « Rien ne m'irrite plus que le terme « atmosphère », disait Simenon (1). Le romancier d'atmosphère ! Mais sacrebleu !, s'il n'y avait pas d'atmosphère, c'est que le roman serait raté. C'est un peu comme si, me parlant d'un homme, vous disiez : « Il respire ! » Autrement, il serait mort, non ? Un roman sans atmosphère est un roman mort-né. » Simenonien, Ozon l'est assurément par ses personnages, ni saints ni salauds, mais ordinaires et ambigus. Et par le regard qu'il pose sur eux.

Il ne les juge pas, comme ne les juge pas Maigret, joué ici par une capitaine de gendarmerie sans pipe ni chapeau (Sophie Guillemin), dans un troisième acte encore un peu plus retors. La police bute sur Michelle, cette douce et gentille grand-mère. Le spectateur aussi, peu enclin cette année à laisser les enfants à mamie aux vacances de la Toussaint ni à goûter sa poêlée de champignons.

(1) Entretien avec André Parinaud, octobre-novembre 1955, cité dans l' « Autodictionnaire Simenon » , de Pierre Assouline (Éditions Omnibus).

La Croix, no. 43049
Culture, jeudi 17 octobre 2024 100 mots, p. 15

Littérature Décès de l’écrivain chilien Antonio Skarmeta

L’écrivain chilien Antonio Skarmeta est décédé mardi 15 octobre à 83 ans. Auteur d’une douzaine de romans, de contes, récits, poèmes, livres pour la jeunesse et pièces de théâtre, il avait reçu de nombreux prix en espagnol. Son roman le plus célèbre, Une ardente patience, avait été adapté au cinéma en 1994 sous le titre Le Facteur, où Philippe Noiret incarne l’écrivain Pablo Neruda. Après le putsch d’Augusto Pinochet en 1973, il s’était exilé en Argentine puis en Allemagne, où il avait ensuite été ambassadeur du Chili.

La Croix, no. 43052
Culture, lundi 21 octobre 2024 103 mots, p. 15

Musique La chanteuse Cher entre au panthéon américain du rock

Les chanteuses américaines Cher et Mary J. Blige et le rockeur britannique Ozzy Osbourne sont entrés samedi 19 octobre au Rock&Roll Hall of Fame, musée de Cleveland (Ohio), considéré comme le « panthéon du rock », et ouvert aux autres musiques populaires .Née en 1946, Cher est devenue célèbre en 1965 avec I Got You Babe, en duo avec Sonny. Elle a connu le succès en solo avec les tubes The Shoop Shoop Song (1990) et Believe (1998), et au cinéma dans le film Éclair de Lune de Norman Jewison, avec Nicolas Cage.

La Croix, no. 43041
Culture, mardi 8 octobre 2024 119 mots, p. 17

Prix littéraire Le prix des Deux Magots décerné à Jean-Pierre Montal

Le 91e prix des Deux Magots a été attribué, lundi 7 octobre, à Jean-Pierre Montal pour son roman cinéphile La Face nord (Séguier, 160 p., 19 €). L’histoire met en scène un narrateur qui, depuis vingt ans, regarde en boucle les deux versions de Elle et lui de Leo McCarey. À l’une des projections, il croise une femme. Le début d’une histoire d’amour en dépit de leur différence d’âge, qui mêle les sentiments intenses à la passion pour le cinéma que partagent les deux personnages. « Le prix distingue de préférence des livres hors des sentiers battus», a précisé Étienne de Montety, président du jury.

Le Monde
Culture, vendredi 25 octobre 2024 538 mots, p. 23
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23 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Spectacle

Bérénice Bejo se confronte au seule-en-scène

Malgré l’ardeur de l’actrice, la pièce adaptée du livre de Maria Larrea demeure poussive

J. Ga.

Couronnée par le Prix du premier roman pour son livre publié en 2022 chez Grasset, Maria Larrea a écrit un récit autobiographique dont l’énergie a dû séduire la comédienne Bérénice Bejo. C’est en tout cas ce qu’on se dit à la vue de l’actrice qui se dépense sans compter pour donner corps au personnage, sur la scène du Studio Marigny.

De l’enfance à l’âge adulte, l’héroïne raconte son histoire et, au-delà, celle de ses parents qui ont fui l’Espagne de Franco pour trouver refuge en France. Quitter Bilbao pour Paris, élever l’enfant dans une loge de concierge : tandis que la mère fait des ménages, le père, porté sur l’alcool, devient le gardien du Théâtre de la Michodière. Un lieu de vie incroyable, mais que ne restitue pas sur un mode merveilleux la plume de l’écrivaine. Maria se souvient de l’essentiel, c’est-à-dire du concret. La fillette devait se laver en vitesse dans les douches des acteurs et se coucher dès le spectacle terminé, dormir dans un couloir et supporter les ébats conjugaux (ou les coups donnés par le père à la mère).

De la Michodière, elle n’a retenu ni le charme des coulisses ou des loges ni la magie des planches de bois. Le théâtre lui aura néanmoins permis de frimer dans les cours d’école, quand les sarcasmes de petits camarades aisés et dotés de prénoms franco-français la blessaient. « Mon père dirige la Michodière », rétorquait-elle alors. Son récit est celui d’une résilience. Comment transformer le sordide en sublime, oublier la violence du père, comment, une fois devenue adulte et mère de deux enfants, passer outre les secrets de famille, comment tenter et réussir l’école de la Fémis et comment se réinventer dans la création ?

Son lot d’énigmes

L’adaptation du texte (signée Johanna Boyé et Elisabeth Ventura) cherche à imprimer aux mots le tempo haletant d’une enquête avec son lot d’énigmes. Mais le résultat est plus que poussif, malgré l’ardeur de Bérénice Béjo.

En 2012, l’actrice obtient le César de la meilleure actrice pour son rôle dans The Artist, de Michel Hazanavicius. En 2013, le Festival de Cannes la récompense du Prix d’interprétation féminine pour son rôle dans Le Passé, d’Asghar Farhadi. Côté cinéma, l’interprète est capée, alors qu’elle est une quasi-débutante au théâtre.

Elle s’y risque pourtant dans l’exercice le plus périlleux qui soit, un seule-en-scène qui la surexpose aux regards. Autour d’elle, la scénographie (une estrade et un rideau de perles) lui est d’une aide relative. Elle doit donc, sans échappatoire ni partenaire sur lequel se reposer, tout assumer des personnages qu’elle incarne. Leurs émotions, leurs caractères, leurs intentions. A elle d’essayer de rendre crédible la fresque racontée jusqu’à emprunter l’accent espagnol. Présence généreuse, technique balbutiante : jouer pour le théâtre n’est pas si simple.

Le Monde
Culture, mercredi 2 octobre 2024 791 mots, p. 22

les autres films de la semaine A voir

M. Dl J.-F. R. Ma. Mt

à voir

Maya, donne-moi un titre

Film d’animation français de Michel Gondry (1 h 01)

Après Conversation animée avec Noam Chomsky (2013), Michel Gondry revient à l’animation. Eloigné de sa fille, le cinéaste l’invite à lui souffler des idées d’histoires, pour les mettre en images pendant les confinements. On retrouve dans cette suite de courts-métrages son sens de la bricole et son goût de l’artisanat. Gondry n’aime rien tant que montrer sa méthode de fabrication, à la manière de Soyez sympas, rembobinez (2008), dans lequel deux employés de vidéoclub tournaient par eux-mêmes les films qu’ils avaient effacés. Si l’ouvrage en papiers découpés regorge de fantaisies diverses et variées, il est parfois difficile de se laisser prendre par ces cadavres exquis. Le premier court-métrage, Tremblement de terre, émerveille toutefois par sa sensible virtuosité. Maya reporter traverse la ville, évitant la tour Eiffel et les immeubles qui piquent du nez, avant de découvrir que son père est à l’origine de ce grand chamboule-tout. Un joli cadeau fait maison pour tout-petits.

pourquoi pas

The Devil’s Bath

Film autrichien, allemand de Severin Fiala et Veronika Franz (2 h 01).

Le film de Severin Fiala et Veronika Franz, qui a obtenu l’Ours d’argent de la meilleure photographie au Festival de Berlin, commence par une séquence éprouvante. Une femme s’empare d’un bébé qu’elle jette dans un torrent avant de se constituer prisonnière. On devine, dès lors, que tout ce qui va suivre sera une manière d’expliquer un geste encore incompréhensible pour le spectateur. Situé en Haute-Autriche au milieu du XVIIIe siècle, The Devil’s Bath s’attache à une jeune paysanne qui vient de se marier. L’impuissance de son époux, la présence permanente d’une belle-mère autoritaire et toxique, l’absence de toute perspective la font plonger dans une profonde mélancolie. L’interdiction du suicide au nom d’une foi intransigeante la pousse à un geste désespéré. S’appuyant sur un phénomène historique réel, celui du suicide par procuration de femmes, qui deviennent criminelles pour pouvoir être exécutées, pur produit d’une société rurale dominée par un catholicisme intransigeant et un matriarcat étouffant, The Devil’s Bath décrit, dans un effort d’analyse historique rappelant le cinéma d’un René Allio, une lente descente aux enfers.

on peut éviter

La Damnée

Film français d’Abel Danan (1 h 20).

Une jeune Marocaine venue faire ses études en France s’installe à Paris au moment où une crise sanitaire assigne tout le monde à domicile. Enfermée, à court de traitement médical, Yara est bientôt assaillie de visions traumatiques liées à son enfance, et sent une présence invasive dans son studio, où un dégât des eaux creuse un étrange conduit dans le plafond. Le premier long-métrage d’Abel Danan, tentative d’horreur claustrophobique, s’appuie sur l’expérience du confinement pour sonder le lourd tribut psychique prélevé sur la jeunesse durant cette période. Engoncée dans un espace qui ne lui laisse pas beaucoup de marge de manœuvre, la mise en scène en est réduite à chercher les sensations fortes sur un autre terrain : angles aberrants, rotations inutiles de la caméra, montage à la machette et déflagrations sonores abusives. La barque thématique est bien chargée (isolement étudiant, angoisse sanitaire, rapport au pays natal, malédiction villageoise et statut des femmes), trop sans doute pour s’engouffrer sans heurts par la lorgnette d’un seul appartement.

The Outrun

Film britannique et allemand de Nora Fingscheidt (1 h 58).

Le troisième long-métrage de l’Allemande Nora Fingscheidt, repérée avec Benni (2019), traite de l’alcoolisme à travers Rona, jeune Anglaise d’aujourd’hui, victime de ses penchants. Pour l’interpréter, l’Américano-Irlandaise Saoirse Ronan, jetée dans le rôle comme on embrasse une cause. Rona revient dans la ferme familiale, sur l’île des Orcades, dans le nord de l’Ecosse, où la ruralité et les rigueurs du climat lui servent de garde-fous. Il y aura des crises, des rechutes, des sevrages, des astreintes et, peut-être, au bout du chemin, la lumière. Dans la vogue des fictions résilientes, The Outrun s’inscrit, en termes de style, dans une sorte de naturalisme sensitif. La caméra, en permanence sur l’héroïne, reste indifférente à ce qui pourrait excéder sa sphère de sensibilité. Le montage déstructuré, qui brouille l’avant et l’après (on se repère néanmoins grâce aux teintures de cheveux de Rona), n’empêche pas l’unidimensionnalité d’un personnage essentialisé par son trauma.

À l’affiche également

Libres

Documentaire espagnol de Santos Blanco (1 h 48).

On fait quoi maintenant ?

Film français de Lucien Jean-Baptiste (1 h 31).

Super Seniors

Documentaire britannique de Dan Lobb (1 h 37).

La Croix, no. 43040
Culture, lundi 7 octobre 2024 673 mots, p. 17

Michel Blanc, comique à la corde sensible

Emmanuelle Giuliani

Un malaise cardiaque a emporté Michel Blanc à 72 ans seulement.

Aimé pour son irrésistible drôlerie dans Les Bronzés ou Marche à l’ombre , le comédien avait su magnifiquement cultiver sa veine dramatique et connu le succès comme réalisateur.

Il n’est rien de plus drôle qu’un visage qui ne l’est pas. Rien de plus poignant aussi. Michel Blanc comme Bourvil – la référence n’est peut-être pas excessive – était de ces comédiens fondant leur art sur la transcendance d’une apparente banalité. Silhouette de monsieur tout-le-monde, calvitie précoce, à l’âge où on aimerait plaire aux filles en passant négligemment la main dans une chevelure rebelle. Toutefois, il ne se cantonne pas dans des rôles de faire-valoir de ses collègues à « belles gueules ». Ce fut le cas mais, acteur intelligent et sensible, il sut métamorphoser cette insignifiance en atout et gagner durablement le cœur du public. D’un côté et de l’autre de la caméra…

Il naît le 16 avril 1952 à Courbevoie, en banlieue parisienne. De santé fragile – il a un souffle au cœur –, ce fils unique est l’objet de l’attention protectrice de ses parents. Une adolescence sans histoire, un peu triste car, déjà, le jeune homme ne s’aime pas. Il recherche dans l’art l’exaltation que la vie ne semble pas vouloir lui offrir. Et se rêve pianiste classique, travaillant comme un fou avant de renoncer. Michel Blanc conservera cet amour pour la musique. Son destin se scelle au lycée Pasteur à Neuilly-sur-Seine. Parmi ses camarades, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte ou Christian Clavier : la future troupe du Splendid est en germe. Elle se lancera, en 1974, dans le café parisien du même nom. Elle signera pièces et films à succès, d’un humour affectueusement méchant. Michel Blanc y inscrit sa mélancolie de loseur qui se leurre lui-même pour ne pas sombrer. Dans la série des Bronzés, sous la caméra de Patrice Leconte, il incarne Jean-Claude Dusse, dragueur qui espère « conclure » et ne conclut guère…

« Encore plus angoissé que fainéant», Michel Blanc aime répéter au théâtre comme au cinéma, creuser ses personnages, aussi fantaisistes soient-ils. Ainsi, lorsque, en 1989, son ami Patrice Leconte lui confie la partition de Monsieur Hire d’après Simenon, le public est saisi par sa puissance mutique. Et si le clown Blanc était en réalité une insondable énigme ? Quittant la troupe du Splendid, il trace désormais son chemin avec son rôle dans le grinçant Tenue de soirée de Bertrand Blier, qui lui vaut un prix d’interprétation à Cannes en 1985. Bien des années plus tard, en 2012, il obtiendra le César du second rôle pour sa remarquable prestation de directeur de cabinet dans L’Exercice de l’Étatde Pierre Schoeller. Là encore, un caractère aux fascinantes opacités.

L’expérience du Splendid mêlait jeu et écriture. L’artiste s’en nourrit quand il passe à la réalisation en 1984. Sa comédie Marche à l’ombre, dans laquelle il donne la réplique au virilissime Gérard Lanvin, séduit plus de 6 millions de spectateurs. Plus ambiguë, Grosse fatigue (1994), son deuxième film, est une mise en abyme de la célébrité où il se fait voler sa vie par un sosie. « Je suis un militant activiste de la séparation de l’acteur et du rôle», confiait-il alors dans Paris Match. Le théâtre et la télévision alternent avec le 7e art et, dans le registre dramatique qui est maintenant régulièrement le sien, Michel Blanc s’impose avec L’Affaire Dominici (2003), fiction pour le petit écran où il donne la réplique à Michel Serrault, autre étoile comique excellant dans la tragédie. Depuis une dizaine d’années, son parcours se faisait plus discret, sa comédie dramatique Voyez comme on danse(2018), suite de son succès de 2002, Embrassez qui vous voudrez, ne rencontrant pas la même faveur. Mais il aura encore ému les spectateurs l’an dernier, en incarnant Émile Menoux, l’homme illettré des Petites Victoires.

La Croix, no. 43046
Culture, lundi 14 octobre 2024 106 mots, p. 17

Hommage Décès du comédien Pierre Vernier

Présenté souvent comme membre de la bande flamboyante de Jean-Paul Belmondo au Conservatoire, Pierre Vernier est mort le 9 octobre, à l’âge de 93 ans. L’acteur était avant tout pour bien des Français l’élégant interprète de Rocambole.Ce feuilleton télévisé (1964), d’après Ponson du Terrail (1858), s’est en effet invité tous les jours sur le petit écran au fil de ses 78 épisodes ! Haute taille, regard vif et voix bien timbrée, Pierre Vernier tourna aussi pour le cinéma, avec Henri Verneuil ou Joseph Losey, tout en faisant carrière au théâtre.

La Croix, no. 43054
Culture, mercredi 23 octobre 2024 745 mots, p. 14
Aussi paru dans
22 octobre 2024 - La Croix (site web)

Aznavour,sa vieromanesque

Nathalie Lacube

Mehdi Idir et Grand Corps Malade reconstituent avec souffle la vie de Charles Aznavour.

Monsieur Aznavour est porté par un brillant trio d’acteurs et fait entendre à nouveau des chansons inoubliables.

Monsieur Aznavour EEE

de Grand Corps Malade

et Mehdi Idir

Film français, 2 h 14

Un homme nerveux derrière un rideau rouge fermé. Une rumeur diffuse montant d’une salle qui se remplit. La lumière d’éclairages de scène, des accords de musique… « À 18 ans, j’ai quitté ma province/Bien décidé à empoigner la vie/Le cœur léger et le bagage mince/J’étais certain de conquérir Paris… »Quand Tahar Rahim joue Charles Aznavour chantant Je m’voyais déjà comme si c’était son ultime concert, il communique toute sa fièvre, sa rage d’arriver quasi désespérée.

En un plan-séquence, le biopic réalisé par le chanteur Grand Corps Malade et le cinéaste Mehdi Idir devient le récit d’une quête obstinée de succès, de reconnaissance et de gloire artistique. Tahar Rahim, révélé par Un prophètede Jacques Audiard (2009), s’empare de ce nouveau rôle avec un engagement total. Incarnant son modèle dans sa gestuelle et son style, il réinvente la vie de cet enfant d’Arméniens né à Paris le 22 mai 1924 et mort à Mouriès (Bouches-du-Rhône) le 1er octobre 2018, auteur de plus d’un millier de chansons.

Cinq chansons, en cinq chapitres, dictent le tempo de Monsieur Aznavour. Elles apportent fluidité et cohérence au film. Ses réalisateurs prennent à bras-le-corps un destin romanesque et le racontent avec ampleur sous l’œil de la caméra. Monsieur Aznavour célèbre la musique comme seul le cinéma sait le faire. Dès le générique bercé par la mélodie nostalgique d’un instrument arménien, le duduk, et jusqu’au moment où l’écran s’éteint sur Les Plaisirs démodés, elle règne sur ce biopic autant qu’elle a dirigé l’existence d’Aznavour.

D’entrée de jeu, le propos s’ancre dans le réel et dans l’histoire. Sur le titre Les Deux Guitares, se superposent l’évocation d’une fête dans le café de la famille Aznavourian à Paris et des images d’archives du génocide arménien. « Je veux rire et chanter/Et soûler ma peine/Pour oublier le passé/Qu’avec moi je traîne. »L’Occupation, l’amitié avec Missak Manouchian, sa femme Mélinée et les résistants de L’Affiche rouge, la Libération… Ces temps forts marquent les prémices d’une route semée d’embûches, d’humiliations, de coups de frein et ponctuée de grands titres : Sa Jeunesse, La Bohème, Emmenez-moi ou Comme ils disent, figurent en majesté dans le film, interprétées par Charles Aznavour.

En un équilibre bien trouvé, Tahar Rahim « chante » Aznavour quand il répète, crée, se cherche, mais à chacun des cinq temps forts, on entend la voix si particulière de l’homme qui a gravé au patrimoine de la chanson française des enregistrements inoubliables.

Si la famille d’Aznavour (ses parents, sa sœur Aïda si proche, ses épouses…) est présente, ce sont les artistes qui portent ce film reposant sur un brillant trio d’acteurs. Au côté de Tahar Rahim, Bastien Bouillon joue le pianiste Pierre Roche, son partenaire des débuts, avec la légèreté bienvenue d’un jeune homme bien né, bohème et insouciant, incarnant avec délicatesse et humour une fidélité stoïque.

Dans le rôle d’Édith Piaf, Marie-Julie Baup est la grande révélation de Monsieur Aznavour. La comédienne compose une magnifique interprétation de « La Môme » dans toute sa gouaille, sa gaieté, son brio et ses fêlures, sans que jamais une seule de ces dimensions ne prenne le dessus. Charmeuse et cassante, drôle et tragique, dotée d’une infaillible intuition artistique, Piaf exerce sur Aznavour l’ascendant d’un talent qui crève l’écran. Marie-Julie Baup la transcende en démiurge fascinante et exaspérante.

On croisera les silhouettes de Charles Trenet, Gilbert Bécaud, Johnny Hallyday intimidé chantant Retiens la nuit avec Aznavour qui l’a écrite pour lui, François Truffaut réalisant Tirez sur le pianiste, ou, à Las Vegas, Sammy Davis Jr et un Frank Sinatra très peu ressemblant… autant d’étapes au cours de l’ascension d’un monstre sacré que les réalisateurs admirent sans l’encenser. Leur film n’hésite pas à montrer un homme colérique, déterminé, avide de reconnaissance, de succès, d’argent, voulant à tout prix faire entendre sa voix. Biopic fasciné sans être hagiographique, Monsieur Aznavour ne force pas la sympathie pour son modèle, mais oblige au respect.

Le Monde
Culture, mercredi 9 octobre 2024 838 mots, p. 28

Les autres films de la semaine A voir

M. Dl M. Jo. J.-F. R. Cl. F.

à voir

Lee Miller

Film britannique d’Ellen Kuras (1 h 52).

En se concentrant sur la période 1939-1945, le biopic entend faire découvrir une facette méconnue de la photographe américaine, longtemps réduite à ses emplois de mannequin et d’égérie du surréalisme. Correspondante pour le Vogue anglais , elle fut aussi reporter de guerre signant à la fois photos et articles. Produit par l’actrice Kate Winslet et inspiré de la biographie Les Vies de Lee Miller (1985), d’Antony Penrose, fils de Miller, cet exercice de rattrapage construit comme un long flash-back reste confiné à sa dimension pédagogique et se trouve pris au piège de sa solennité. Certes, la reconstitution des photographies est soignée – notamment son autoportrait dans la baignoire de Hitler après la libération du camp de Dachau. Mais le film de la cheffe opératrice Ellen Kuras ne parvient pas à rendre compte de l’approche sensible de son héroïne, la renvoyant dans un systématisme simplifié, à la lutte contre les violences faites aux femmes. Cela dit, l’humour abrasif de la photoreporter se distingue dans les scènes du triangle amoureux formé avec son mari et son amant, David E. Scherman.

Niki

Film français de Céline Sallette (1 h 38).

Paris, 1952 : Niki Mathews a fui les Etats-Unis pour la France avec son mari et sa fille, elle débute comme mannequin, se retrouve bientôt coincée dans un rôle de mère au foyer. Remonte alors à la surface le viol par son père subi quand elle avait 11 ans. Face à ce traumatisme, Niki se fait interner dans un asile psychiatrique. C’est là qu’elle commence à peindre et trouve sa vocation : quelques années plus tard, elle se fera connaître sous le nom de Niki de Saint Phalle, s’imposant dans un monde de l’art régi par les règles et le désir des hommes. Niki suit le parcours tout tracé, et binaire, du récit d’émancipation : on glisse de l’aliénation à la liberté, du rôle assigné à la vocation artistique, du trauma à la catharsis par l’art. La réalisatrice, qui n’a pas pu montrer les œuvres de l’artiste, transforme ce handicap, en rebattant un peu les cartes du sage biopic. En choisissant de filmer « du point de vue des œuvres », la caméra s’accroche au visage de son actrice, Charlotte Le Bon, impressionnante de justesse. Surgit une belle idée : si on ne peut pas filmer les œuvres, alors le visage d’une femme tiendra lieu de toile vierge.

pourquoi pas

Les Docteurs de Nietzsche

Documentaire argentin de Jorge Leandro Colas (1 h 19).

Le film de Jorge Leandro Colas pourrait évoquer le cinéma de Raymond Depardon. On y trouve la même approche frontale d’un appareil idéologique, ici celui d’un hôpital de Buenos Aires restitué à la faveur de principes dramaturgiques assez simples : une alternance de scènes où le médecin discute avec ses patients, avec les internes sur sa conception de la vie et de son métier. Car l’homme au centre du film est le docteur Esteban Rubinstein qui a fondé sa pratique professionnelle sur les écrits de Nietzsche. La philosophie nietzschéenne, en remettant en question tous les a priori sur lesquels repose la pratique médicale, relativise les questions morales, les notions de bien et de mal et surtout la recherche de causalités dont on nous dit qu’elles s’appuient sur la culpabilisation ou l’autoculpabilisation des malades. En cela, par l’exceptionnalité de la situation filmée, le film se distingue du projet de la mise à nu politique d’une institution tel que le concevaient les œuvres de Depardon.

Super/Man. L’histoire de Christopher Reeve

Documentaire américain d’Ian Bonhôte et Peter Ettedgui(1 h 44).

Derrière un titre bien trouvé, soit l’homme derrière le personnage de super-héros, Super/Man, qui retrace la vie de Christopher Reeve (1952-2004), ressemble à mille autres documentaires anglo-saxons sur des stars, saturés d’interviews de proches. Les meilleurs moments sont les archives relatant le début de sa carrière, qui commence au théâtre. Le jeune acteur voit grand et postule pour enfiler le justaucorps rouge et bleu. Il incarne le rôle-titre de Superman (1978), de Richard Donner, devient une star mondiale et rempile pour les trois opus suivants (1980, 1983, 1987), au point qu’il peinera à s’en détacher. Puis survient la terrible chute à cheval, en 1995, qui le laisse paralysé. La deuxième partie suit le combat de l’acteur contre la maladie, et son engagement auprès des personnes handicapées.

À l’affiche également

A l’ombre de l’abbaye de Clairvaux

Documentaire français d’Eric Lebel (1 h 33).

L’Homme au bâton, une légende créole

Film français de Christian Lara (1 h 21).

Mon petit Halloween

Programme de trois courts-métrages d’animation britannique, espagnol et irlandais (43 min).

My Hero Academia. You’re Next

Film d’animation japonais de Tensai Okamura (1 h 50).

Sur la terre comme au ciel

Film canadien de Nathalie Saint-Pierre (1 h 58).

La Croix, no. 43044
Culture, vendredi 11 octobre 2024 870 mots, p. 20
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10 octobre 2024 - La Croix (site web)

Han Kang, Nobel de littérature, la traversée des frontières

Marianne Meunier

Le comité Nobel a attribué la prestigieuse distinction littéraire à l’autrice sud-coréenne Han Kang, une première pour son pays.

Elle entend ainsi récompenser une « prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine ».

Pour une fois, les parieurs ne s’y sont pas trompés. Ils misaient sur l’attribution du prix Nobel de littérature à une femme non occidentale et voilà que, jeudi 10 octobre, l’Académie suédoise leur a donné raison en récompensant la romancière et poétesse sud-coréenne Han Kang. Âgée de 53 ans, celle-ci devient la première représentante de son pays à figurer dans le prestigieux palmarès. Une consécration qui s’explique par « sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine », a détaillé le jury dans un communiqué.

Han Kang, à la réputation solidement établie en Corée du Sud depuis la publication de son roman La Végétarienne, en 2007, doit sa renommée internationale à la traduction en anglais, huit ans plus tard, de ce récit distingué dans la foulée par le Man Booker Prize. Son époux, son beau-frère et sa sœur y relatent tour à tour l’histoire de Yonghye qui, aspirant à devenir une plante, cesse soudain de manger de la viande animale et, au péril de sa vie, se replie sur elle-même. « Un mélange de littérature intimiste et de fantastique », analyse Laure Leroy, directrice des Éditions Zulma, les premières à avoir publié l’autrice sud-coréenne en France – avec Les Chiens au soleil couchant, une nouvelle intégrée au recueil Cocktail Sugar et autres nouvelles de Corée.

La Végétarienne,qui passe aussi pour une métaphore de la société sud-coréenne et de ses carcans, peut aussi être lue « comme une parabole contre le patriarcat », convenait son autrice dans une interview publiée le site du Booker Prize en 2023, avant d’ajouter : « Cependant, je ne crois pas que ce soit propre à la société coréenne. Il peut y avoir des différences de degré, mais est-ce que ce ne serait pas universel ? Je n’ai pas cherché à faire un portrait de la société coréenne en particulier. »

Ancrés en Corée du Sud, les romans de Han Kang en dépassent les frontières, notamment grâce à une attention portée au corps soulignée par l’Académie suédoise, qui relève dans son œuvre « cette double exposition de la douleur, une correspondance entre le tourment mental et le tourment physique ».C’est le résultat d’un souci constant ainsi expliqué par l’autrice dans son interview de 2023 au Booker Prize : « Quand j’écris de la fiction, je mets beaucoup d’emphase sur les sens. Je veux transmettre des sensations vives, liées à l’ouïe et au toucher notamment. Je les infuse dans mes phrases comme un courant électrique et, de manière assez étrange, le lecteur perçoit ce courant. »

Fille de l’écrivain réputé Han Sung-won, Han Kang « a grandi dans une atmosphère littéraire, ce qui est assez rare en Corée du Sud, où on lit peu de romans », indique Christophe Gaudin, maître de conférences en sciences politiques à l’université Kookmin, à Séoul. Autre singularité : sa ville d’origine, Gwangju, capitale d’une province du sud du pays « connue pour ses soulèvements populaires », poursuit le chercheur. C’est d’ailleurs l’un d’eux qui tiendra lieu de cadre à Celui qui revient (Le Serpent à plumes, 2016), où Han Kang met en scène le jeune Tongho, à la recherche d’un ami disparu après la répression cruelle de la révolte de la ville par la junte militaire.

Un passé plus ancien encore fournit à Han Kang la matière de son dernier roman, Impossibles adieux (Grasset), distingué l’an dernier par le prix Médicis étranger. Cette fois-ci, elle part du carnage commis sur l’île de Jeju, en 1948, où quelque 30 000 civils furent assassinés parce qu’ils étaient communistes, pour en tirer un texte à « la poésie surréelle »et au « style étrange et pénétrant », qui propose « la vision cosmique d’un monde en souffrance », comme le souligne alors La Croix.

Ce premier couronnement de la littérature sud-coréenne par un prix Nobel vient combler une attente provoquée par le rayonnement croissant du pays hors de ses frontières. Le résultat d’une stratégie de « soft power » lancée avec succès il y a une vingtaine d’années afin de faire exister le pays sur la scène mondiale à travers le cinéma, les séries, la musique – la fameuse K-pop – ou encore la langue. « À l’université, nous n’avons jamais eu autant d’étudiants qui choisissent un cursus coréen, et l’on peut ainsi multiplier les indices donnant la pleine mesure du soft power de Séoul », explique Jean-Claude de Crescenzo, éditeur et directeur de la revue de littérature coréenne Keulmadangqui, en 2015, a publié Pars, le vent se lève, de Han Kang. Et d’ajouter : « Son prix Nobel s’inscrit dans ce mouvement général, ce qui n’enlève rien à sa qualité d’écrivaine, elle qui est un mélange de force et de douceur et qui suit la ligne qu’elle s’est fixée : elle n’écrit pas pour séduire un public. »

Le Figaro, no. 24934
Le Figaro et vous, mercredi 23 octobre 2024 498 mots, p. 29

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22 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

« THE KILLER » , LE RIDICULE NE TUE PAS

JOHN WOO SIGNE LUI-MÊME LE REMAKE DE SON POLAR HONGKONGAIS. TRANSPOSÉ DANS UN PARIS DE CARTE POSTALE.

Sorin, Etienne

D'autres avant John Woo se sont essayés à l'auto-remake. Alfred Hitchcock (L'Homme qui en savait trop), Michael Haneke (Funny Games) ou Jean-Marie Poiré (Les Visiteurs) par exemple. Ces cinéastes étrangers, européens en l'occurrence, en profitent alors pour tourner aux États-Unis, pays de l'usine à rêves qui parfois se transforment en cauchemars.

Woo, lui, transpose The Killer de Hongkong à Paris. Hollywood, il connaît déjà. Ses polars chinois (Le Syndicat du crime, The Killer, Une balle dans la tête, À toute épreuve) lui servent de passeport pour l'Amérique au début des années 1990, quand le cinéma d'action cherche un second souffle. Chasse à l'homme, Broken Arrow, Volte/Face, et plus tard le second volet de Mission Impossible (2002), installent Woo comme un metteur en scène qui compte.

The Killer n'est distribué en France qu'en 1995, bien après sa sortie à Hongkong. On le découvre avec un train de retard mais sa maîtrise de l'espace, son style nerveux, opératique, baroque, fait de travellings, de ralentis et d'accélérations brutales, éblouissent.

Trente ans plus tard, John Woo est un vieux monsieur (78 ans). Comme lui, son tueur à gages est fatigué. Même s'il n'a plus les traits de Chow Yun-fat, son acteur fétiche, mais de Nathalie Emmanuel (Zee), solitaire et professionnelle dans sa mansarde avec vue sur la tour Eiffel à peine moins présente à l'écran que lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques.

L'original se voulait un hommage au Samouraï de Melville. Ce nouveau Killeraussi, encore plus même puisqu'il a Paris pour décor. Un Paris de carte postale, comme chez Woody Allen, peuplé d'acteurs français. Omar Sy et Grégory Montel dans la même voiture, on pense plus à un croisement de Lupin et de Dix pour cent qu'à un thriller. Ils sont pourtant inspecteurs de police. Sy n'est pas Tom Cruise, c'est-à-dire qu'il n'est pas un acteur de film d'action - il court et se bat comme un manche.

L'auto-remake vire franchement à l'autoparodie quand Éric Cantona apparaît en Jules Gobert, truand amateur d'art approximatif, féru de « primitivisme postmoderne ». Sam Worthington (le Jake Sully d' Avatar) est plus à l'aise en anglais mais à peine moins ridicule en commanditaire irlandais - il vit sur une péniche amarrée face à la tour Eiffel. L'intrigue change à la marge mais on retrouve le personnage de la jeune chanteuse aveugle et les pigeons dans l'église du premier film.

On aimerait retrouver la fougue de John Woo dans les séquences de gun fight qui ont fait sa réputation. Las. Au Paradis Latin, à l'hôpital, ou au cimetière, les chorégraphies sont plus laborieuses que spectaculaires. La nostalgie est parfois trompeuse. Peut-être que l'original n'a pas bien vieilli. Entre-temps, John Wick a visité Montmartre. Et David Fincher a signé The Killer , avec Michael Fassbender en tueur méticuleux, froid et implacable. Une vision du métier plus moderne. É. S.

Le Figaro, no. 24939
Le Figaro et vous, mardi 29 octobre 2024 807 mots, p. 28

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28 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

« JURÉ NO 2 » : COUPABLE, MAIS PAS TROP

POUR SON 42E LONG-MÉTRAGE, CLINT EASTWOOD PLONGE DANS LE FILM DE PROCÈS. UN HUIS CLOS QUI LUI RÉUSSIT PARFAITEMENT.

Neuhoff, Eric

Un cerf ? Oui, c'était sûrement un cerf. Dans la nuit, sa voiture a heurté quelque chose. En plus, il tombait des cordes. Justin (Nicholas Hoult) est sorti sous les trombes d'eau, a regardé dans le fossé, n'a rien vu. Il en sera quitte pour une réparation de l'aile avant. Ce trentenaire a une vie paisible. Son épouse (Zoey Deutch) est enceinte. On comprend qu'elle a déjà fait une fausse couche (c'étaient des jumeaux). La chambre est prête pour accueillir le futur nourrisson. Ils contemplent le berceau vide avec une once d'inquiétude dans le regard. Jusque-là, la grossesse se déroule normalement. Quelque temps après, Justin est désigné d'office pour appartenir à un jury. Il ne se doute pas que ce choix va avoir de multiples conséquences.

Le 25 octobre précédent, on a retrouvé le cadavre désarticulé d'une femme en talons hauts au bord d'une route. Aïe, la date ne lui est pas étrangère. C'est aussi un itinéraire qu'il a l'habitude d'emprunter. Justin devine assez vite qu'il se retrouve dans une nasse. Il se souvient de cette soirée-là. Il était allé dans un bar. Cet ancien alcoolique avait commandé un verre de bourbon, qu'il n'avait pas touché. Cela, il le jure à sa femme à qui il a avoué une partie de la vérité.

Les images lui reviennent par vagues. Un billard trônait au milieu de la salle. Au comptoir, une blonde et son compagnon se disputaient. Le ton était monté. Il y avait eu une bouteille cassée. Les consommateurs s'étaient arrêtés de boire. La bagarre avait continué dehors. Une cliente avait même filmé l'altercation avec son téléphone. La blonde était repartie à pied.

Excellente réputation

Dans le box des accusés, un barbu nie être responsable de l'accident. La procureur (Toni Collette) marche sur des oeufs. Elle se présente aux élections. Il ne faudrait pas que ce procès tourne au fiasco. Les témoignages se succèdent. Autour de Justin, ils sont onze. Le sort du malheureux est entre leurs mains. Il y a, entre autres, une toiletteuse pour chiens et un ancien flic qui a le tort de mener sa propre enquête de son côté. Un Apparemment, le verdict est plié. Il reste des zones d'ombre. La justice américaine ne ressemble pas à la française. La décision se prend à l'unanimité.

Justin, bon gars, dans le fond, essaie d'éviter la chaise électrique au suspect. Des remords le taraudent. Sa valse-hésitation l'empêche de dormir. Et si les autorités découvraient qu'il possède un 4 × 4 Suzuki ? Que faire ? La question de Lénine le travaille. Comment sauver la tête d'un innocent sans se livrer lui-même ? À la maison, la piquante Zoey Deutch le trouve bizarre, distant. Elle a une manie : c'est d'éteindre la lumière dès qu'elle quitte une pièce, même si son mari y est encore. Les films sont faits pour contenir des détails comme ça.

L'intrigue de Juré no2 se déroule en Géorgie, dans un Savannah aux arbres envahis de mousse espagnole que Clint Eastwood avait déjà montré dans Minuit dans le jardin du bien et du mal. Les jurés ne sont pas d'accord. Certains considèrent que la plaisanterie dure un peu trop. Finissons-en. Ça n'est pas aussi évident. En attorney général, Toni Collette, sanglée dans des tailleurs beiges, très pète-sec, voit ses convictions s'effriter. C'est la loi du genre, qui implique d'aller de surprises en révélations. Cela fonctionne. On évoquera à ce propos le célèbre Douzehommes en colère. Chez nous, les cinéphiles rappelleront l'existence du SeptièmeJuré, avec Bernard Blier, qui traitait d'un sujet similaire. L'étonnement est de taille : les réalisateurs hollywoodiens connaîtraient donc de vieux Lautner.

Avec Clint Eastwood, tout est possible. Les gazettes assurent que ce 42e film sera son dernier. Contrairement à Mistinguett, le vétéran de 94 ans n'a jamais annoncé sa retraite. Le cinéaste américain jouit d'une excellente réputation. Elle est méritée. Il y a eu, certes, des hauts et des bas. Ce huis clos lui réussit. Il ne faut pas oublier que le cinéma a pris ses premières leçons au théâtre. L'acteur ne joue pas dedans. Derrière la caméra, il s'exprime avec simplicité. Quelques flash-back lui suffisent. Il fait confiance à son scénario, s'adresse à des adultes. On se glisse dans cette histoire comme on enfilerait des pantoufles confortables. Nicholas Hoult, gentil garçon à l'air naïf, est empêtré dans ce dilemme. Kiefer Sutherland a pris un coup de vieux. Eastwood n'a toujours pas l'âge de ses artères. S'il s'agit vraiment de son ultime long-métrage, il n'aurait pas à en rougir. Il y aurait vraiment pire, comme adieux. E.N.

Bulletin Quotidien
Les femmes, les hommes et les pouvoirs, mercredi 30 octobre 2024 671 mots

Les femmes, les hommes et les pouvoirs

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30 octobre 2024 - La Correspondance de la Presse

Mme Rachida DATI, ministre de la Culture, complète son cabinet

Mme Rachida DATI, ministre de la Culture, complète son cabinet

Mme Rachida DATI, ministre de la Culture, complète son cabinet

M. Emmanuel BAFFOUR, administrateur de l'Etat, jusqu'alors adjoint au préfet, secrétaire général pour l'administration de la préfecture de police, est nommé chef de cabinet de Mme Rachida DATI, ministre de la Culture. Il succède à M. Georges SALAUN, qui fut chef de cabinet, conseiller Outre-mer de Mme DATI de janvier à septembre dernier.

Né en juillet 1970, titulaire d'une maîtrise de droit privé, ancien élève de l'Ecole nationale de police (ENP) et de l'Institut régional d'administration de Nantes, M. Emmanuel BAFFOUR fut gardien de la paix à la direction de la police urbaine de proximité de la préfecture de police (1998-2006), avant d'être attaché d'administration, adjoint au chef du bureau des étrangers à la préfecture de la Loire-Atlantique (2006-2008). Chef du service interministériel de défense et de protection civiles à la préfecture de Mayotte (2008-2010), il fut chef du bureau du cabinet du préfet de la Vendée (2010-2015) et adjoint au directeur de cabinet du préfet (2012-2015), avant d'être sous-préfet de Châteaudun (2015-2017). Intégré dans le corps des sous-préfets en août 2017, il fut sous-préfet de La Trinité et de Saint-Pierre (2017-2019), avant d'être secrétaire pour l'administration générale à la direction des ressources et des compétences de la police nationale, au ministère de l'Intérieur (2019-2022). M. Emmanuel BAFFOUR était, depuis mars 2022, adjoint au préfet, secrétaire général pour l'administration de la préfecture de police. Il fut dans le corps des administrateurs de l'Etat en janvier 2023.

En outre, M. Henri de ROHAN-CSERMAK, organiste et musicologue, inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche, ancien conseiller adjoint de coopération et d'action culturelle à l'ambassade de France au Liban, est nommé conseiller éducation artistique, enseignement supérieur et démocratie culturelle. Il reprend une partie des attributions de Mme Florence BOTELLO, nommée attachée de coopération universitaire à la Villa Albertine de Boston (cf. BQ du 24/10/2024).

Ancien élève des conservatoires nationaux de région de Toulouse et Boulogne et du Conservatoire à rayonnement régional de Paris, titulaire d'un DEA en musicologie et ethnomusicologie, M. Henri de ROHAN-CSERMAK fut professeur au Conservatoire de Béziers (1985-1991), puis professeur agrégé de musique et chargé de cours à l'université de Paris IV-Sorbonne (1991-2009). Il fut également chef du département Arts et culture du Réseau Canopé de Nouvelle-Aquitaine (2006-2009). Titulaire du grand orgue de Saint-Germain-L'Auxerrois à Paris de 2002 à 2019, il fut conseiller pour les orgues de l'ARIAM Ile-de-France de 2005 à 2017, et fut à ce titre expert pour les restaurations et constructions d'orgues auprès du Conseil régional et des conseils généraux de l'Ile-de-France. Nommé inspecteur général de l'éducation nationale pour l'histoire des arts en décembre 2009, il fut conseiller adjoint de coopération et d'action culturelle au Liban de septembre 2019 à août 2023. Il fut par ailleurs membre du Haut Conseil de l'éducation artistique et culturelle (HCEAC) (2010-2013) et membre du Haut Conseil des musées de France (2015-2019).

Par ailleurs, Mme Rachida DATI a reconduit dans leurs fonctions cinq de ses conseillers :

Conseillère spectacle vivant, arts visuels, design, mode, métiers d'art : Mme Emma BUTTIN, ancienne coordinatrice générale des résidences de la Villa Albertine à New-York.

Conseillère cinéma, jeu vidéo, industries culturelles, numérique et intelligence artificielle : Mme Lucie CARETTE, ancienne attachée audiovisuelle et directrice du bureau des industries culturelles et créatives et directrice de la Villa Albertine à Los Angeles, ancienne responsable VOD et SVOD au CNC.

Conseillère budget, fiscalité, investissements, mécénat, Outre-mer : Mme Naïma RAMALINGOM, née en 1988, ENA, administratrice de l'Etat, ancienne sous-préfète d'Avallon, ancienne cheffe du département des affaires budgétaires et de la synthèse au secrétariat général du ministère de la Culture.

Conseiller affaires européennes et internationales, expertise culturelle, livre, lecture, langues, traduction, francophonie : M. Hubert TARDY-JOUBERT

Conseiller transition écologique et discours : M. Maxime TRIQUENAUX, agrégé de lettres modernes, ancien collaborateur de Mmes Geneviève DARRIEUSSECQ au ministère délégué aux Personnes handicapées et Catherine COLONNA au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

La Croix, no. 43036
Culture, mercredi 2 octobre 2024 521 mots, p. 17
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1 octobre 2024 - La Croix (site web)

Trois femmes en quête d’amour à Bombay

Céline Rouden

La réalisatrice indienne Payal Kapadia suit le cheminement de trois femmes bien décidées à assumer leurs désirs dans un très beau film récompensé par le grand prix du jury au dernier Festival de Cannes.

All We Imagine as Light eee

de Payal Kapadia

Film franco-indien, 1 h 55

Elles sont trois. Trois femmes de générations différentes dont le visage émerge peu à peu de la foule du Bombay dense et trépidant que filme longuement la réalisatrice Payal Kapadia. Il y a d’abord Prabha, infirmière dévouée et solitaire qui n’a plus de nouvelles depuis des années de son mari parti travailler à l’étranger et s’empêche, poids des conventions oblige, de vivre une histoire d’amour avec le médecin qui la courtise. Elle partage son appartement avec Anu, une de ses jeunes collègues, amoureuse en secret d’un musulman et contrainte à des rencontres furtives, plutôt que d’affronter la réprobation de leurs familles. Touchées par la situation de leur aînée Parvaty, une veuve sur le point d’être expulsée de son immeuble voué à la disparition, elles vont l’aider le temps d’un week-end à déménager dans son village natal, au bord de la mer.

Le film est ainsi scindé en deux parties. Dans la première, à l’inspiration très documentaire, il suit ces femmes dans leur quotidien intense fait de travail et de longs trajets en transports à travers la ville. La foule, les lumières nocturnes, le brouhaha des conversations occupent tout l’espace et forment le cadre légèrement oppressant de leur vie de femmes célibataires, apparemment indépendantes mais soumises aux injonctions d’une société patriarcale. À l’opposé, leur échappée sur le littoral, avec son horizon infini et ses ciels cristallins, leur offre un espace de liberté leur permettant de laisser libre cours à leurs rêveries et d’assumer enfin leurs désirs. Et nous flottons alors avec elles dans cet espace-temps où elles vont trouver le chemin de leur émancipation.

Payal Kapadia, 38 ans, avait remporté L’Œil d’or du meilleur documentaire en 2021 pour son premier long métrage, Toute une nuit sans savoir. Son passage à la fiction confirme le talent de cette cinéaste engagée, qui réalise ses films en marge de l’industrie cinématographique indienne, et a été récompensée cette année par le grand prix du jury du Festival de Cannes. Avec sa touche singulière, mêlant réalisme et onirisme, elle oppose sororité et douceur à la violence insidieuse d’un pays qui refoule le féminin. La beauté hypnotique des images illumine cette traversée sensorielle et sensuelle vers un ailleurs fantasmé où peuvent enfin s’épanouir les individualités. Le ciel et la mer se confondent alors dans un effet d’optique propre à créer l’illusion comme seul le cinéma peut le faire. Après Santosh, sorti cet été, de l’Anglo-Indienne Sandhya Suri, et Girls Will Be Girls de Shuchi Talati, ce film confirme l’émergence de toute une génération de cinéastes prêtes à apporter un regard féminin sur leur pays.

Le Figaro, no. 24916
Le Figaro et vous, mercredi 2 octobre 2024 505 mots, p. 33

Culture

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1 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

« DRONE » D'ENDROIT POUR UNE RENCONTRE

POUR SON PREMIER LONG-MÉTRAGE, SIMON BOUISSON SIGNE UN TECHNO-THRILLER PARANOÏAQUE QUI POINTE LES DÉRIVES D'UNE SOCIÉTÉ SOUS SURVEILLANCE PERMANENTE.

Delcroix, Olivier

Le spectateur entre dans le film comme par effraction. Paris la nuit déploie ses charmes troubles et scintillants. Dans un séduisant plané-chaloupé, l'oeil de la caméra se dirige vers le quinzième étage d'un immeuble périphérique. On perçoit distinctement le feulement intriguant de ce drone qui se plante devant les baies vitrées de l'appartement de la jeune héroïne. La séquence est orwellienne. Qui peut bien l'observer sans bruit ? Et pourquoi ?

Les protagonistes se toisent. Entre ces deux-là débute une singulière relation, à la limite de la persécution et de l'emprise. Est-ce bien réel ? Émilie (Marion Barbeau, la danseuse étoile qui illuminait En corps , de Cédric Klapisch) commence par douter de ce qui lui arrive. Le jour, cette étudiante introvertie en architecture doit soumettre à un maître exigeant (Cédric Khan, au charisme ambivalent) des plans de réhabilitation pour des bâtiments patrimoniaux. Et elle est assaillie par un camarade sans-gêne.

La nuit, la jeune femme solitaire et désargentée s'exhibe sur le net pour financer ses études. Plus elle tente d'échapper à son mystérieux harceleur aérien, plus cet objet s'immisce dans son existence. Le thriller paranoïaque digne des années 1970-1980 s'enclenche. On pense à Tonnerre de feu(1983), de John Badham, scénarisé par Dan O'Bannon (celui d' Alien) qui mettait en scène un hélicoptère mutique, outil expérimental de surveillance militaire piloté par Roy Scheider. Mais on note également la référence explicite au Duel de Spielberg. Ce drone omnipotent et menaçant rappelle par bien des aspects l'intrigant « truck » du thriller mis en scène par le réalisateur des Dents de la mer.

Fascination perverse

Pour son premier film, Simon Bouisson voit grand. Après avoir réalisé des séries, Stalkou 36 15 Monique, le réalisateur de 39 ans s'investit dans le techno-thriller anxiogène, avec un « whodunit » numérique, ambitieux, malin voire assez effrayant. Depuis Fenêtre sur cour, d'Alfred Hitchcock, les thèmes du voyeurisme et du meurtre sont intimement liés au cinéma. Dans Drone, Simon Bouisson va un peu plus loin. Aujourd'hui, la surveillance high-tech est partout, tout le temps. Notre société baigne dans une fascination perverse pour l'intime. Et il n'y a plus de limite.

Épiée et traquée à toute heure, Marion Barbeau livre avec ce rôle une prestation physique aussi impressionnante que magnétique. De tous les plans, l'actrice chorégraphie ses interactions avec le drone comme un ballet oppressant. On se souviendra notamment de la séquence nocturne du parking souterrain ou de la poursuite à moto sur la bretelle du périphérique parisien. Comme mû par une vie propre, le drone est regardé comme un inquiétant prédateur qui empêche le besoin d'émancipation de sa victime. Le film s'offre même un final surprenant, tout en assenant avec force une critique de la société actuelle où tout n'est que virtuel. On regretterait presque ce bon vieux Big Brother...O.D.

La Croix, no. 43046
Culture, lundi 14 octobre 2024 150 mots, p. 16

repères

Une tournée jusqu’au printemps 2025

Formé au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, Cyril Teste fait partie des fondateurs du Collectif MxM, qui crée des spectacles mêlant théâtre et cinéma.

Après avoir été jouée au Théâtre des Amandiers à Nanterre, Sur l’autre rive sera accueillie les 17 et 18 octobre à Chalon-sur-Saône, du 8 au 16 novembre au Théâtre du Rond-Point à Paris, le 26 novembre à Châteauroux, les 5 et 6 décembre à Amiens, du 11 au 13 décembre au Mans, les 18 et 19 décembre à Villeneuve-d’Ascq, du 15 au 17 janvier à Cergy, les 22 et 23 janvier à Valence, du 30 janvier au 8 février à Lyon, les 18 et 19 mars à Douai, du 26 au 28 mars à Sénart.

Sur l’autre rive est aussi disponible en film sur la plateforme arte.tv, jusqu’au 11 janvier 2025.

La Croix, no. 43041
Culture, mardi 8 octobre 2024 100 mots, p. 16

repères

Des BD sur ses proches

2004. Ma circoncision (Bréal Jeunesse, épuisé), récit d’un épisode de son enfance, repris dans le tome 3 de L’Arabe du futur.

2014-2022. Série L’Arabe du futur(Allary), sur son enfance et son histoire familiale.

2015-2024. Les Cahiers d’Estherpubliés dans L’Obs , puis en neuf tomes (Allary), témoignage d’une jeune adolescente parisienne proche de Riad Sattouf.

2021. Le Jeune Acteur(Les livres du futur), premier tome d’une série sur les débuts de l’acteur Vincent Lacoste au cinéma.

2024. Moi, Fadi, le frère volé (Les livres du futur).

Le Figaro, no. 24922
Le Figaro et vous, mercredi 9 octobre 2024 538 mots, p. 41

Culture

SEBASTIAN STAN, L'ART DE LA TRANSFORMATION

Jamet, Constance

Ex-beau gosse dangereux de la série pour ado Gossip Girl, meilleur ami du valeureux Capitaine America des Avengers, rien ne prédisposait Sebastian Stan à camper une des figures les plus clivantes du XXIe siècle. Pourtant, le comédien roumano-américain de 42 ans est un sidérant jeune Donald Trump dans The Apprentice, d'Ali Abbasi. Il est aussi brun, athlétique et prudent dans sa parole que l'ancien président américain est blond, flasque et outrancier. Même démarche appuyée presque traînante. Même débit verbal. Mêmes lèvres retroussées. Jusqu'à la taille qui s'épaissit au fil des années : l'acteur a pris 7 kg.

Présenté au dernier Festival de Cannes, le film raconte les années formatrices de Trump aux mains du redoutable avocat conservateur Roy Cohn (Jeremy Strong). Ce portrait d'un ambitieux, qui surpasse et trahit son mentor séropositif lié à la mafia, ulcère les partisans de l'ex-président. L'équipe de Trump menace d'attaquer le biopic en justice.

Une menace qui n'entame pas la passion de Sebastian Stan pour ce projet. «Un film à fort potentiel charrie toujours ses difficultés. The Apprentice tente peut-être l'impossible: créer une conversation. Peu importent vos convictions, ce film vous donnera matière à réfléchir», confiait-il au Figaro au Festival du cinéma américain de Deauville. «Ali Abbasi apporte un point de vue qui n'est pas politique mais humain. Trump est plus accessible que nous voulons l'admettre.» Sebastian Stan a apprécié que The Apprentice mette en lumière l'état d'esprit des années 1970-1980, années fric, années chics . «Cette vision du rêve américain est celle où le gagnant remporte tout. Donald Trump est le produit de ce culte de la réussite.»

Sécurité matérielle

Pour partir à l'assaut du titan Trump, l'acteur a collecté plus d'un demi-millier de vidéos afin de comprendre le rapport de Trump à son corps, ses champs lexicaux, ses schémas oratoires. Sebastian Stan, qui passait deux heures au maquillage pour poser prothèse et postiches, a dû aussi bachoter le contexte politique et social.

Ce processus de métamorphose est la raison d'être du comédien, né dans la Roumanie communiste de Ceausescu. Lui et sa mère divorcée ont quitté le pays pour Vienne à la chute du rideau de fer, avant de rallier les États-Unis suite au remariage de la musicienne. «Je suis un peu complexé. Quand je joue, j'aime ne pas me reconnaître dans le miroir. Me transformer me permet d'en apprendre plus sur moi-même et sur le monde.»Jouer les super-héros chez Marvel, où il incarne depuis quinze ans Bucky Barnes, le « Soldat de l'hiver » , lui a apporté une sécurité matérielle, permettant des choix à contre-courant des rôles de jeunes premiers.

Travailler avec Ali Abbasi a renforcé son désir de collaborer avec les cinéastes du Vieux Continent. «En Europe, vous avez moins peur de poser des questions difficiles», pointe-t-il. Son voeu le plus cher serait de tourner pour ses compatriotes les réalisateurs roumains Cristian Mungiu, Radu Jude ou Corneliu Porumboiu. En attendant, Sebastian Stan est fier d'avoir été un des producteurs de Blue Banks, premier long-métrage d'Andreea Bortun. Ce portrait «d'une femme se battant pour construire une vie meilleure pour elle et son fils Dani, dans un village pauvre de Roumanie m'a rappelé notre parcours, à ma mère et à moi» , conclut-il. C.J.

Le Monde
Culture, mercredi 16 octobre 2024 714 mots, p. 22
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16 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Norah ppvv A voir

Portrait de la jeune fille saoudienne, au pays de la représentation taboue

Premier film d’Arabie saoudite sélectionné à Cannes, l’action du mélodrame de Tawfik Alzaidi se situe dans les années 1990

Clarisse Fabre

On se souvient de l’heureuse surprise que fut Wadjda(2012), de la Saoudienne Haifaa Al-Mansour, premier film à avoir jamais été produit en Arabie saoudite – un pays où, par ailleurs, les salles de cinéma ont rouvert en 2018, après trente-cinq années de fermeture. Cette comédie, qui eut sa première mondiale à la Mostra de Venise, suivait le désir irrépressible d’une adolescente de monter à bicyclette, une activité interdite aux femmes jusqu’en 2013. L’ambition de l’œuvre, tant esthétique que politique, avait emporté l’adhésion. En France, Wadjda a enregistré plus de 400 000 entrées en salle.

Douze ans plus tard, Norah (autre prénom), premier « long » du scénariste et producteur Tawfik Alzaidi, a été le premier film saoudien sélectionné à Cannes dans la section Un certain regard. Le réalisateur situe le récit de ce mélodrame minimaliste dans les années 1990, à une époque où la question de l’art et de la représentation était encore taboue. Elle l’est d’autant plus dans ce village désertique où débarque un nouvel instituteur, Nader (Yagoub Alfarhan), venu de la ville et grillant des Marlboro. Il se donne pour mission d’apprendre à lire et à écrire à une classe de garçons, dont la plupart n’envisagent d’autre avenir que de travailler au côté de leur père.

Rêve d’une autre vie

Seule la petite épicerie permet de s’évader un peu. Son patron a des antennes en ville et fait venir sous le manteau, au choix, magazines de mode, cigarettes américaines, etc. Norah fait partie de ses clientes et, le soir venu, feuillette les pages de style, découpe des silhouettes, rêve d’une autre vie. La jeune fille, qui a perdu ses parents, a été recueillie avec son petit frère par son oncle et sa tante, très conservateurs. Elle est promise à un homme dont elle ne veut pas. Et, de toute manière, elle ne souhaite pas se marier.

Un jour, son frère revient de l’école avec un portrait de lui, dessiné au crayon par Nader, pour le récompenser de ses bons résultats. A son tour, Norah demande à l’instituteur un portrait d’elle, par l’intermédiaire de l’épicier. C’est dans un recoin de la réserve que Nader s’exécute, non sans avoir refusé dans un premier temps. A travers des boîtes de conserve, il entrevoit les traits du visage de Norah derrière son voile fin, lequel ne laisse apparaître que les yeux. L’entreprise est risquée, et ne va pas manquer de créer des remous.

Tawfik Alzaidi crée un univers dépouillé, aride, où chacun des protagonistes peut s’épier d’une fenêtre ou d’un pas-de-porte − le fiancé promis à Norah guette les allées et venues de la jeune fille. Trois ou quatre maisons cubiques semblent « se regarder » en chiens de faïence, dans l’attente qu’un individu en sorte ou soulève un pan de rideau. Norah nous plonge dans une atmosphère de western où les hommes ne se battent pas entre eux, mais contre un ennemi immatériel, l’Occident et ses valeurs, avec ses femmes susceptibles de mener leur barque et non inféodées à la famille… En abordant les vertus de l’art, en incitant les élèves à dessiner ce qui leur vient « de l’intérieur », l’instituteur devient sinon l’homme à abattre, du moins à écarter. Proprement, sans bruit. Sa masculinité douce le rend hautement subversif.

Les protagonistes gardent la tête froide dans cette œuvre minimaliste, où seules les voitures soulèvent de la poussière. Les rares piétons sont les enfants et, surtout, les femmes, silhouettes sombres et furtives qui ne font que passer, mais observent, intensément, tout ce qui entre dans leur champ. Le regard féminin devenant, en soi, une caméra. On regrette que le cinéaste n’ait pas poussé davantage la radicalité de sa mise en scène. Comme pour tamiser le feu, il fait le choix de couleurs chaudes, encore adoucies par une musique veloutée venant bercer (un peu trop) le chagrin de Norah.

Le Figaro, no. 24928
Le Figaro et vous, mercredi 16 octobre 2024 514 mots, p. 30

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15 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

« MISÉRICORDE » , L'ENNUI EST DANS LE PRÉ

LE CINÉASTE ALAIN GUIRAUDIE MÉLANGE LES GENRES SANS CONVAINCRE DANS CE THRILLER VILLAGEOIS FILMÉ EN AVEYRON. IL RÉUSSIT MÊME À ÉTEINDRE CATHERINE FROT.

Neuhoff, Eric

Cela devient empoisonnant. Le cinéma français grouille de champignons vénéneux. Chez Ozon, Hélène Vincent cuisinait une omelette aux cèpes vaguement suspecte. Les personnages de Miséricorde passent leur temps à en chercher dans les bois. Il n'y a que ça à faire dans cette région reculée de l'Aveyron. D'ailleurs, le café a fermé. Jérémie, expressif comme un mannequin du Musée Grévin, est revenu pour enterrer son ancien patron, le boulanger local. Au cimetière, il arbore une mine impassible. Après la cérémonie, la veuve lui propose de rester chez elle. Brève hésitation, haussement d'épaules, pourquoi pas ? Avec sa petite amie, il y a de l'eau dans le gaz : il n'est donc pas pressé de retourner à Toulouse.

Le voilà qui s'installe dans l'ancienne chambre de son copain d'enfance. Ledit Vincent ne considère pas la chose avec bienveillance. Et si le citadin avait des vues sur sa mère ? Il ne manquerait plus que ça. Visiblement, entre les deux garçons, quelque chose s'est produit, jadis. Ah la la, les villages ont de ces secrets. Ajoutez à cela le bourru Walter dont la bedaine explose sous son tricot de peau, qui vit en solitaire et carbure au pastis. Ça n'est pas lui qui cédera aux avances de ce Jérémie qui se croit tout permis.

Du Mocky sous Valium, du Buñuel sur toile cirée

Une bagarre dans les bois tourne au vinaigre. La gendarmerie s'en mêle. Ses représentants ne sont pas futés (il paraît que c'est voulu). L'enquête piétine. Tout le monde a l'air de se moquer de savoir ce qui est arrivé au disparu. Le suspect s'enlise dans ses mensonges sans déranger qui que ce soit. Une photo du défunt en maillot de bain sème le trouble. On voit que tout cela est passionnant.

Guiraudie mélange les genres (exprès, dira-t-on), hésite entre Chabrol et Hitchcock, se lance dans un Théorème à l'accent du Sud-Ouest. Cela donne du Mocky sous Valium, du Buñuel sur toile cirée. Catherine Frot ne sert pas à grand-chose. Elle sort de chez elle la nuit en robe de chambre. Le curé est un chaud lapin. On le voit en érection. Quelle audace ! Il doit se prendre pour l'abbé Pierre. Dans une bizarre inversion des rôles, c'est lui qui se confesse à ses ouailles.

Certains prétendront qu'il s'agit de second degré, que le film est un hymne au désir plein de fantaisie, que ce mauvais esprit est réjouissant. C'est cela (prononcer la phrase avec la voix de Thierry Lhermitte, SVP). Le rythme est mollasson, le suspense aux abonnés absents. Où est passé l'auteur brillant de L'Inconnu du lac ? Au moins, une information de taille sauve une séquence. On y découvre que sous terre les cadavres en décomposition aident les girolles à pousser à une vitesse folle (attention, métaphore phallique). Cela ne mange pas de pain. Oui, mais en attendant, il n'y a plus de boulangerie à Saint-Martial. Miséricorde est garanti sans gluten. E.N.

Le Figaro, no. 24934
Le Figaro et vous, mercredi 23 octobre 2024 550 mots, p. 30

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17 mai 2024 - Le Figaro (site web)

« TROIS KILOMÈTRES JUSQU'À LA FIN DU MONDE » : LES FEUX DE L'ÉTÉ

LE FILM DU RÉALISATEUR ROUMAIN EMANUEL PARVU RELATE AVEC FINESSE L'HISTOIRE BANALE D'UNE AGRESSION ET DE SES CONSÉQUENCES.

Neuhoff, Eric

Ça, ils ne l'ont pas raté. Adrian a le nez cassé, le visage en sang, des ecchymoses partout. Il s'est fait agresser après une soirée en boîte de nuit. C'était la seule fois des vacances où il y avait mis les pieds. Ça n'est vraiment pas de chance. Voilà ce que c'est d'être un bon fils, de passer chaque été dans son village natal niché dans le delta du Danube, fleuve qui, on le vérifiera, n'est pas si bleu. En plus, on lui a volé son téléphone. Certes, il l'a retrouvé. Maigre consolation.

Les parents sont aux cent coups. Ils ne comprennent plus. Qu'est-il arrivé ? Non, il n'a pas vu ceux qui l'ont battu. Il ne leur dit pas non plus qu'il était avec un touriste de passage qui est reparti pour la capitale. Adi se mure dans un silence buté. Dans la maison familiale aux volets bleus, les cris résonnent. Autour, les langues se délient. La réalité ne tarde pas à sauter aux yeux. Elle choque, dans cette campagne bercée par les flots. Adrian a l'air sonné. Le père tombe des nues. Lui faire ça, à lui.

Province étouffante

Déjà qu'il croulait sous les dettes. Il voulait que son fils s'engage dans la marine et celui-ci préfère s'installer à Bucarest. La mère essaie d'être plus douce. Sa tendre maladresse ne provoque que des dégâts. Elle finit par l'enfermer dans sa chambre. Ces gens-là sont désemparés. C'est tout juste si on ne chuchote pas lorsqu'on les croise.

Porter plainte ? Le policier du coin n'y tient guère. On se décide à convoquer un prêtre. L'homme d'Église se livre à un exorcisme rituel, assez éloigné de William Friedkin, arrose d'encens le corps de l'adolescent bâillonné. Ces épisodes montrent que, contrairement à l'avis général, on est très sérieux quand on a 17 ans. Seule la jeune voisine sera d'un certain secours au pauvre héros qui se cogne contre les murs. Il n'est pas besoin d'être un psychologue de renom pour soupçonner qu'elle est amoureuse du garçon. Les services sociaux s'en mêlent en la personne d'une blonde énergique, pas dupe des mensonges qu'on lui sert et des atermoiements auxquels elle assiste.

Avec Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde, Emanuel Parvu s'inscrit dans la lignée de ce cinéma roumain où les drames intimes se heurtent aux imbroglios administratifs, dont les dialogues croisent le fer avec une efficacité redoutable. Quant à Adrian, il veut vivre, tout simplement vivre, fuir cette province étouffante à laquelle il a déjà pardonné. Il se regarde une dernière fois dans le miroir. Ça n'est pas beau à voir. Croûtes et hématomes. Elles seront le prix à payer pour obtenir sa liberté.

Au moins, tout cela lui aura appris à ne pas être comme les autres. Peut-être que l'expérience l'aidera même à devenir quelqu'un de bien. Un jour, un jour sûrement, il reviendra. Il n'aura plus 17 ans, et ces herbes hautes, ces volets peints finiront par lui manquer. Telle est la leçon qu'on peut tirer de cette histoire banale, tragique, éternelle. Cela fait beaucoup de gros mots pour un film tout en finesse et en intelligence. E.N.

Le Figaro, no. 24924
Le Figaro et vous, vendredi 11 octobre 2024 1328 mots, p. 33

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10 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

AVEC PST ART, LA CALIFORNIE DES MUSÉES CONFRONTE ART ET SCIENCE

SOUS LA BANNIÈRE DU GETTY À LOS ANGELES, QUELQUE 70 EXPOSITIONS ET PLUS DE 800 ARTISTES TESTENT LE DYNAMISME D'UNE SCÈNE DÉJÀ HISTORIQUE.

Duponchelle, Valérie

Action ! Qu'importe l'actualité, nerveuse du point de vue de la politique américaine, terrible du point de vue mondial, anxiogène du point de vue de la planète, l'Amérique reste le pays de l'action et de la mise en oeuvre claire, nette et pédagogique des idées, surtout à côté de Hollywood. «Just do it» , la devise de Nike, s'applique aussi à la culture. Pour sa 3e édition, l'opération « PST Art » rassemble, sous l'égide du Getty, les musées, petits et grands de Californie du Sud, et propose depuis septembre et pour cinq mois plus de 70 expositions et plus de 800 artistes qui se posent ainsi à la croisée des chemins. Soit plus de 40 lieux de l'art juste pour Los Angeles. Sous le titre « PST Art : Art & Science Collide » , c'est le plus important événement artistique - voire culturel - américain qui, de Los Angeles à Palm Springs et de San Diego à Santa Barbara, relit l'histoire de l'art et les sciences de façon dynamique. L'art du « storytelling » !

Dans le programme de ce banquet muséal qui étourdirait plus d'un Européen, il y a un peu tout ce qui fait la culture d'aujourd'hui, du très vieux et du tout neuf. Du très patrimonial, comme l'exposition « Lumen : The Art & Science of Light » , qui parle astrolabes, pieux manuscrits enluminés et lampes de prière, dans le Getty Museum trônant avec son architecture blanche posée sur les hauteurs de la mégalopole. Du préhistorique à grande échelle, comme La Brea Tar Pits, là où se tenaient jadis les puits de pétrole : on y voit l'exposition assez conceptuelle « Mark Dion : Excavations » , fruit de sa longue résidence en cette terre des dinosaures. Ce seul site vivant urbain au monde est vénéré des Californiens, témoin du dernier grand changement climatique où le goudron, riche en fossiles monstres du Jurassique, affleure à ciel ouvert. Juste derrière le Lacma et le nouvel Academy Museum, sphère de Renzo Piano créée pour le Musée des Oscars. Pour annoncer l'exposition « Cyberpunk : Envisioning Possible Futures Through Cinema » , un mur d'affiches, de Blade Runner à Matrix, de RoboCop à Videodrome, de New York 1997 à Ex-Machina.

Mais aussi du cosmique, comme le Griffith Observatory, posé sur la pente sud du Mount Hollywood depuis 1935, dont le planétarium servit de base d'exercice aux pilotes de la Seconde Guerre mondiale et aux astronautes de la mission Apollo, qui visaient la Lune dans les années 1960. Du promontoire de ce haut lieu touristique (1,6 million de visiteurs par an), on vérifie que septembre est bien le mois le plus chaud à Los Angeles, on voit les lettres géantes de Hollywood au loin au nord, et deux grands incendies qui forment des champignons atomiques dans le ciel, pas si loin, au sud. À l'intérieur de cet univers fondé grâce au philanthrope américain d'origine galloise Griffith J. Griffith, on découvre les vingt-trois minutes du film digital Pacific Standard Universe qui raconte, presque comme un film de Disney, l'histoire du cosmos au fil des civilisations, des Mayas à la Nasa.

Modernité et naturalisme

Il y a du contemporain à un degré plus spectaculaire au Moca Geffen, le musée d'art contemporain de Los Angeles, dans le quartier de Downtown, avec la rétrospective et les douze installations spécifiques de la star dano-islandaise Olafur Eliasson, barbe de prophète et costume gris sans fioritures dans le vent chaud de la Californie. Kaléidoscopes géants, où le visage du spectateur se répète à l'infini, lumière diffractée, mouvements du public saisis en direct par un jeu d'ombres chinoises et de couleurs arc-en-ciel, pour sa première grande exposition à Los Angeles, « Olafur Eliasson : Open ». Son monde est à la fois pointu et grand public. À mi-chemin exact entre le mirage pour enfant et la question philosophique de l'immatériel. C'est l'artiste inquiet qui n'a eu de cesse de travailler sur le mystère de la lumière, le militant vert de la première heure, au studio berlinois bio et végétarien, qui «recycle ou réutilise une grande partie de (ses) expositions». Il répond bien aux préoccupations d'une Californie menacée par le manque d'eau et la part du feu.

Il y a bien sûr du scientifique pur dans cette énorme bouffée de prospective muséale à la gloire de l'énergie américaine. Halte obligée au Natural History Museum qui, à travers « Reframing Dioramas : The Art of Preserving Wilderness » , célèbre les 100 ans des « dioramas » , ces répliques en 3D grandeur nature ou miniatures, qui replacent l'animal dans son biotope, et que le grand photographe japonais Hiroshi Sugimoto a rendu presque plus vivants que la faune et la flore réelles. Du taxidermiste maison, qui restaure depuis quarante ans le mouvement dans l'animal mort, au botaniste qui permet de recréer précisément son paysage naturel, les artistes sont là. Les cartels, factuels, historiques, clairs, sans prétention, sont des appoints omniprésents pour suivre l'histoire des sciences. En anglais et en espagnol, public « latinx » originaire d'Amérique latine oblige. Avant, on disait « chicanos » pour désigner les Mexicains établis aux États-Unis, le terme, jugé péjoratif, a vécu.

Une édition tentaculaire

«Le thème choisi pour ce PST Art 2024 est comment penser, et pas quoi penser», pose d'emblée Katherine Fleming, présidente et CEO du J. Paul Getty Trust depuis le 1er août 2022. Cette universitaire spécialiste de la civilisation et de la culture grecques à la New York University est le prototype de l'intellectuelle époustouflante, polyglotte, aussi à l'aise dans les discours ultrapositifs sur le présent et l'avenir que sur le « dancefloor » de sa soirée d'ouverture, le 13 septembre sur la terrasse du Getty. «La première édition de PST Art a eu lieu en 2011 et est née pratiquement comme une génération spontanée. Les institutions californiennes avaient une énorme masse d'archives qu'une centaine de chercheurs et de commissaires exploraient, comme une mine encore vierge. De là est venue l'idée de cet événement qui ressemble à une biennale d'art», nous explique Joan Weinstein, directrice de la Getty Foundation depuis 2019, à la réserve pleine de malice.

Cette troisième édition est tentaculaire, parce que confronter l'histoire de l'art et l'histoire des sciences demande de l'ambition ! Elle va du Birch Aquarium de San Diego aux fantastiques hippocampes « Sea Dragons » ; au tout premier « Skyspace » de la star américaine du mouvement californien Light and Space, James Turrell , au Pomona College de Benton et à l'exposition sur « Abstraction et science en Californie du Sud, 1945-1990 » à Palm Springs. Cette opération commando est soutenue par le Getty à hauteur de plus de 20 millions de dollars, autant de bourses qui soutiennent les projets et les partenaires d'une aventure «larger than life». Il a été acté désormais que PST ART reviendrait tous les cinq ans.

En off, ce monde très policé, démocrate dans l'âme, se dit «aujourd'hui moins sous la pression woke, si forte pendant le Covid et lors du meurtre de George Floyd, le 25mai 2020 à Minneapolis. C'était le règne des « diversity and inclusion consultants »! Et puis, c'est retombé. Nous sommes presque dans l'excès contraire. L'écologie, le coût écologique des musées, a pris le relais.» Les artistes dont les ancêtres sont nés sur cette terre de désert, bien avant les Espagnols ou les Américains, restent choyés comme des survivants. Comme les Mexicains de souche, Porfirio Gutiérrez au Lacma, dans « We Live in Painting : The Nature of Color in Mesoamerican Art » , ou Tanya Aguiniga, qui a pris l'empreinte rouillée des échelles des migrants pour passer le mur de Trump, avec son Border Wall Ladder, dans « Sangre de Nopal » au Fowler Museum. Elle rappelle les Anthropométries d'un certain Yves Klein.

Le bizarre, cher au cinéaste Tim Burton et au couturier Rick Owens, a son petit royaume : les allumés ésotériques, dont Ron Hubbard, père de la scientologie, les travestis ou transgenres de « Sci-fi, Magick, Queer L.A. : Sexual Science and the Imagi-Nation » à l'USC Fisher Museum of Art, y gagnent tous les oscars ! V. D.

Le Figaro, no. 24928
Le Figaro et vous, mercredi 16 octobre 2024 623 mots, p. 30

Culture

« SAUVAGES » , L'AUTRE APPEL DE LA FORÊT

HUIT ANS APRÈS « MA VIE DE COURGETTE » , CLAUDE BARRAS REVIENT AVEC UN NOUVEAU FILM D'ANIMATION EN STOP MOTION ET SITUE L'ACTION DE SA BELLE FABLE ÉCOLOGIQUE À BORNÉO EN INDONÉSIE.

Delcroix, Olivier

En 2016, il avait surpris tout le monde avec l'émouvant Ma vie de Courgette,succès critique et public qui avait dépassé le million d'entrées au box-office français. Huit ans plus tard, le Suisse Claude Barras revient avec Sauvages.

Sélectionné au dernier Festival de Cannes en séance spéciale, puis au Festival international d'Annecy, ce nouveau film d'animation en stop motion plonge le spectateur au coeur de la forêt tropicale de Bornéo, où une jeune adolescente nommée Kéria recueille un bébé orang-outan alors qu'une compagnie forestière sans scrupule menace le lieu.

On rencontre le réalisateur valaisan de passage à Paris, venu accompagné par quelques figurines échappées de son dernier dessin animé. Il les appelle ses «acteurs sculptés». On découvre ainsi les trois protagonistes de Sauvages, marionnettes de pâte à modeler dont l'une tient dans ses bras un petit orang-outan absolument adorable. On est d'emblée séduit par ces statuettes délicates d'une quinzaine de centimètres de haut, aux yeux immenses et qu'on croirait presque vivantes tant leur présence est indéniable.

« Un geste de résistance à la numérisation du monde »

Le projet de Sauvages a surgi dans l'esprit du réalisateur alors qu'il était en pleine promotion de Ma vie de Courgette. «J'ai lu un article qui disait qu'il y avait à peu près un million d'orangs-outans en 1900, mais qu'il n'en resterait plus que 100000 en 2016, se souvient Claude Barras. Les experts prévoyaient même l'extinction de l'espèce vers 2030 à l'état sauvage. Depuis que je suis gamin, j'ai toujours rêvé d'être un biologiste ou alors primatologue comme Jeanne Goodall, je me suis passionné tout naturellement pour le sujet. Je pense que cela vient de mes racines familiales. Mes grands-parents étaient des paysans de montagne qui vivaient de manière quasi autarcique, en se déplaçant d'un village à l'autre l'été et l'hiver. Ce semi-nomadisme paysan était très répandu dans tout l'arc alpin à l'époque. C'est en jetant un oeil rétrospectif sur mon parcours que j'ai fait le lien avec ce qui se passait avec Bornéo. Tous ces gens qui quittent un mode de vie traditionnel de gré ou de force, parce que l'être humain tient à contrôler de plus en plus la nature sauvage...»

Sauvages met en scène le peuple des Penans, chasseurs-cueilleurs qui vivent dans la forêt tropicale. En les étudiant, Barras découvre qu'ils ont abrité parmi eux, dans les années 1980, un survivaliste rêveur suisse du nom de Bruno Manser, un utopiste que l'on le surnommait « La Voix de la forêt tropicale ». «Ce personnage charismatique m'a marqué par son courage, note Barras. En 2018, je suis parti là-bas et j'ai fait le même voyage que lui pour chercher l'inspiration.»

Sauvages, réalisé comme Ma vie de Courgettegrâce au stop motion (à la manière des films Wallace et Gromit produits par les studios Aardman) porte la trace de ce grand voyage en Indonésie. «Le stop motion est un geste de résistance à la numérisation du monde, explique tranquillement Claude Barras. Mais c'est aussi un geste de cinéma passionnant qui force à une certaine lenteur. Au-delà du numérique, dans un monde où il faut être toujours hyperproductif, aller toujours plus vite, cette technologie reste une espèce de rempart naturel à toute cette agitation. Je m'en suis emparé parce qu'elle défend un mode de fabrication et des valeurs que j'aime.» Ce ne sont pas Tim Burton, ou Henry Selick qui le contrediront. O. D.

La Croix, no. 43049
Culture, jeudi 17 octobre 2024 800 mots, p. 15
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16 octobre 2024 - La Croix (site web)

« Le Suicidé », de l’art de ne pas mourir

Emmanuelle Giuliani

Écrite par le dramaturge russe Nicolaï Erdman en 1928 et interdite par le régime stalinien, cette comédie féroce (1) mais affectueuse place un homme ordinaire au centre d’un monde affolé où chacun se noie dans ses propres intérêts.

Si se plaindre constamment était une activité rémunérée, Sémione nagerait dans l’aisance. Mais voilà, dans l’URSS de la fin des années 1920, ce chômeur doit se contenter de vivoter du salaire de son épouse, Macha, sous le regard affûté de sa belle-mère, Sérafima. Tout commence une nuit comme les autres, dans la chambre du couple au sein de l’appartement communautaire partagé avec des voisins plus ou moins bruyants. Au mépris du sommeil de Macha, Sémione, affamé, exige séance tenante un morceau de saucisson ! Et tout s’emballe : l’analogie imprudente entre la forme de la charcuterie et celle d’un… pistolet inspire les plus grandes frayeurs à l’épouse. Sémione tenterait-il de mettre fin à ses jours ? Comment l’en dissuader ?

Sur cette méprise, le dramaturge Nicolaï Erdman, digne héritier de Gogol pour sa drôlerie corrosive et son sens de l’absurde mais aussi de Tchekhov si attentif aux « losers », brodait en 1928 une comédie grinçante qui fut vite tuée dans l’œuf par la censure stalinienne (lire les repères).Le geste supposé de Sémione se répand dans le voisinage : un par un puis tous ensemble, les représentants des corps sociaux de la ville le sollicitent. Au lieu de limiter son acte à la seule expression de son désespoir personnel, ne se grandirait-il pas à le mettre au service de leur noble cause ? Un intellectuel verbeux, un boucher porte-parole du petit commerce, un prêtre légèrement hystérique, un écrivain « qui se la joue »… tentent de faire de Sémione le chantre de leur insatisfaction. Passif, il se laisse manipuler, jusqu’à se voir imposer le jour et l’heure de sa mort et le banquet qui la précédera, offrande très arrosée de la collectivité à son nouveau héros !

Quarante ans après avoir été révélé au public français dans une mise en scène de Jean-Pierre Vincent à l’Odéon – alors intégré à la Comédie-Française –, Le Suicidé fait son entrée salle Richelieu. Dans une nouvelle adaptation de Clément Camar-Mercier, le texte de Nicolaï Erdman fait mouche grâce à l’alchimie cocasse et diablement efficace entre le réalisme le plus quotidien – à commencer par le fameux saucisson… – et les considérations existentielles, voire philosophiques. «C’est justement dans ces questionnements, sur la vie et la mort notamment(…), qu’on éprouve de la tendresse et de l’empathie pour ces personnages terriblement humains », plaide Stéphane Varupenne dans le programme du spectacle.

Le metteur en scène, aidé par la scénographie ingénieuse et transformiste d’Éric Ruf et les costumes malicieux de Gwladys Duthil, matérialise ce jeu d’allers-retours entre concret et abstrait, objets et idées, faits et rêves. L’appartement exigu de Sémione et Macha fait place à une vaste salle communale, avant que, dans une séquence quasi fantastique, les comédiens ne soient repoussés sur le devant de la scène, et même dans la salle, violemment éclairés face aux spectateurs. Le tout au son d’un piano omniprésent, parfois rejoint par une clarinette et une guitare, à la manière du cinéma muet qui jetait ses derniers feux lorsque la pièce fut écrite. Au clavier, le formidable Vincent Leterme navigue tout en fluidité et variations poétiques de Tchaïkovski au jazz du pionnier Alexander Tsfasman ou à l’emblématique Chostakovitch, tantôt adoré tantôt honni par le régime soviétique.

Cet écrin visuel et sonore n’a plus qu’à se peupler de la troupe des comédiens-français pour que s’épanouisse la joie du théâtre. Protagonistes et savoureux seconds rôles rivalisent de brio, cultivant cette singularité qui permet de les identifier immédiatement pour ne plus les perdre, même dans les grands tutti, à l’image de la fête « présuicide ». Lunaire, pathétique mais plein de charme en dépit de ses cheveux gras et de ses vêtements informes, Jérémy Lopez rend Sémione profondément attachant dans son désir de vivre que l’hypothèse de la mort aura enfin révélé. Son épouse et sa belle-mère trouvent en Adeline d’Hermy et Florence Viala (époustouflante) des interprètes gourmandes, tutoyant l’excès sans se faire prier. Mention particulière à l’intellectuel opportuniste et exaspérant de Serge Bagdassarian, au voisin bravache et tonitruant de Clément Bresson, délicieusement carnassier, ou au coursier de la police militaire (beau métier !) auquel Clément Hervieu-Léger apporte une touche surréaliste fascinante. À leur côté, toutes ou tous orchestrent un ballet foutraque. Dans cette URSS qui nie leur identité, ils tentent d’exister encore un peu. Quitte à profiter de la mort d’un autre.

(1) Jusqu’au 2 février 2025.

Le Monde
Culture, jeudi 24 octobre 2024 819 mots, p. 24
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22 octobre 2024 - Le Monde (site web)
23 octobre 2024 - La Matinale du Monde

Portrait

René Lacaille, ambassadeur généreux de la musique réunionnaise

L’accordéoniste, chanteur, auteur-compositeur et guitariste publie un nouvel album et fête ses 70 ans de scène. Il participera, le 26 octobre, aux 24 heures de l’accordéon, à Toulouse

Patrick Labesse

Sète (Hérault) - En ce moment, je n’ai pas le temps de vieillir ! » Ainsi parle René Lacaille, 78 ans, VIP de la musique réunionnaise. Un artiste très occupé, optimiste, heureux. Aujourd’hui encore plus qu’hier. Il vient de sortir en format numérique son nouvel album, Ti Galé –vinyle et CD sont prévus début 2025. Le premier en solo de sa longue carrière. Du maloya, du séga et autres musiques à danser de son île natale, juste à l’accordéon, il en rêvait depuis longtemps. Douze autres albums ont précédé celui-ci, sans compter ses multiples collaborations – récemment sur le nouveau disque du quintette angevin Lo’Jo, Feuilles fauves. Des albums, enregistrés dans différents formats, en famille, avec sa fille Oriane, son fils Marco, les amis. Nombreux.

René Lacaille ne cesse de brasser les amitiés musicales. Beaucoup de ses amis l’entouraient le soir du 26 septembre sur la scène du Théâtre Molière, à Sète (Hérault). Sandrine Mini, directrice du lieu, avait souhaité donner une carte blanche à ce nouveau Sétois, venu s’installer en ville avec son épouse, Odile, en mai 2022, après quelques années passées à Marmande (Lot-et-Garonne). Prétexte de la soirée : fêter les 70 ans de scène de l’accordéoniste, chanteur, auteur-compositeur, guitariste et interprète de quelque « 250 chansons ».

Lui-même ne compte plus et s’étonne de la longévité de sa carrière. Un chemin dans la musique, commencé à l’âge de 8 ans en accompagnant à l’accordéon et aux percussions son père, musicien dans les bals. « Au fil des années, il est devenu unpilier de la musique réunionnaise dont il est un des meilleurs ambassadeurs dans le monde », commente Alain Courbis, créateur du Pôle régional des musiques actuelles de La Réunion venu à Sète participer à la soirée en l’honneur de Lacaille. « Né en 1946, René est tombé dans la musique en voyant le jour au sein d’une famille d’agriculteurs des hauts Saint-Leu, à La Réunion, qui, le soir et les week-ends, faisait les beaux jours des “bals la poussière”de l’époque. »

Mouss et Hakim (les frères Amokrane, cofondateurs, avec Magyd Cherfi, du groupe toulousain Zebda) étaient de la fête au Théâtre Molière, avec leur copain Gari Grèu – du groupe marseillais Massilia Sound System, et beaucoup d’autres musiciens. Ils nous feront de leur admiration pour le gaillard : «René, c’est avant tout la gentillesse, l’accueil, la générosité, la simplicité, l’envie de partager. Sous cette apparence de simplicité, il est un virtuose, un grand musicien, il fait partie dans notre parcours de ce que nous appelons les “virtuoses accueillants”. »

« Un chant de liberté »

«René, c’est un grand frère, ajoutera en écho le chanteur Walid Ben Selim, qui sait faire parler la terre de ses ancêtres dans chaque note, partout où il est. René est une poésie en musique, une mélodie qui raconte l’exil et l’ailleurs, l’ancrage et le voyage. Sa musique est un chant de liberté qui se moque des frontières. » Célébré comme un héros, Lacaille a gardé le goût des choses simples et ne court plus après les cachets. Il se lève le matin entre 8 heures et 10 heures puis fait des mouvements d’assouplissement. «A 70 ans, ça s’impose », estime le musicien. «Après le petit-déjeuner, je me précipite vers mes “jouets”, comme dit ma petite-fille. L’accordéon et l’ordinateur. Je compose de plus en plus sur l’ordinateur. Tous les jours. Je me régale. »

Quand il ne travaille pas l’accordéon, la guitare ou ne joue pas quelque part, il lit, avec avidité. Il a dévoré Les Livres de Jakob, de l’écrivaine polonaise Olga Tokarczuk (Prix Nobel de littérature 2018) – livre publié en 2014, traduit en français en 2018 chez Noir sur blanc – , La Peste, de Camus, l’écrivain réunionnais Jean-François Samlong, l’Américaine Louise Erdrich et un livre sur la vie de Jaurès… « Ma mémoire s’est éloignée de moi, alors je note sur un cahier les auteurs qui m’ont marqué. »

La cuisine est son autre passe-temps. Spécialité : rougail morue, avec sa touche personnelle, de la banane. René Lacaille se revendique bon vivant. « J’aime la vie et partager. Si tu ne partages pas, la vie n’a pas de saveur. » En juillet, il est parti en Californie, pour enregistrer un autre album, Maloyamérika (parution prévue courant 2025). Des projets lui trottent déjà dans la tête, un hommage à Bobby Lapointe par exemple. Des envies de cinéma ? Beaucoup de séries sont tournées à Sète. La suggestion semble l’amuser. Puis il se reprend. C’était une boutade. Un autre de ses jeux favoris.

Prochain concert : le 26 octobre aux 24 heures de l’accordéon, à Toulouse.

Ti Galé (Lamastrock).

La Croix, no. 43059
Culture, mardi 29 octobre 2024 101 mots, p. 15

repères

Une carrière jalonnée de prix

28 septembre 1924. Naissance à Fontana Liri.

Fin des années 1930. Premières figurations au cinéma.

1960. Joue dans La Dolce Vita, de Federico Fellini, qui marque le début du mythe du « latin lover » et de sa carrière internationale.

1963. Premier Golden Globe comme meilleur acteur pour Divorce à l’italienne, de Pietro Germi.

1970. Premier prix d’interprétation à Cannes pour Drame de la jalousie,d’Ettore Scola.

1990. Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à la Mostra de Venise.

19 décembre 1996. Meurt à Paris d’une tumeur à 72 ans.

Le Figaro, no. 24922
Le Figaro et vous, mercredi 9 octobre 2024 655 mots, p. 41

Culture

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8 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

« REAGAN » , L'AUTRE BIOPIC QUI DIVISE

Picard, Maurin

Dans une scène de TheApprentice, un membre de l'équipe de campagne de Ronald Reagan tente de convaincre Donald Trump de soutenir le candidat Républicain. En vain. Au début des années 1980, Trump ne jure que par le business. Mais, lors de son entrée en politique, il se souviendra du slogan de Reagan : «Make America Great Again»(« Maga ») .On ne sait pas encore quel accueil réservera le public américain à TheApprentice, en salle le 11 octobre. Mais on sait déjà que la surprise de septembre au box-office se nomme Reagan. Le biopic du réalisateur Sean McNamara consacré au défunt président Ronald Reagan (1911-2004) a dépassé les espérances de ses producteurs dès le premier week-end d'exploitation en générant le double des bénéfices attendus (10 millions de dollars). Depuis, le long-métrage de deux heures et quart poursuit son parcours, dans l'ombre des blockbusters Deadpool & Wolverine et Alien: Romulus, alimenté par un bouche à oreille positif dans les rangs conservateurs. Reagan dresse le portrait flatteur de l'ancien acteur de série B, incarné par le vétéran septuagénaire Dennis Quaid.

Surprise encore, un grand fossé sépare critiques et spectateurs : les premiers tirent à boulets rouges sur une oeuvre jugée hagiographique et taillée sur mesure pour les foules « Maga » loyales à Donald Trump, quand les seconds plébiscitent ce portrait d'un Cold Warrior (« combattant de la guerre froide »), qui avait ramené à l'Amérique sa fierté patriotique après le traumatisme de la guerre du Vietnam et la crise pétrolière. «Vous redoutiez une hagiographie « made in 'Maga' » de la pire espèce, et il se trouve que vous étiez en dessous de la vérité», tranche Nick Schager du Daily Beast, évoquant «le pire film de l'année». Cette dichotomie illustre la polarisation croissante de la société américaine, qui se reflète dans les sondages électoraux, où Kamala Harris et Donald Trump se tiennent dans un mouchoir de poche.

Mauvaise foi

Le projet repose sur Dennis Quaid. L'acteur, révélé par TheBig Easy (1986) et Great Balls of Fire (1986), n'a jamais dissimulé ses allégeances politiques, intégrant le cercle restreint des célébrités de Hollywood soutenant Donald Trump, à l'instar de Jon Voight ou James Woods, et défendant le film bec et ongles. «C'est un peu (un film) sur nous tous, dans une Amérique qui n'existe plus, souligne-t-il sur la chaîne Fox News. Tout cela a été interprété et déformé parce que les gens ont des préjugés. Oui, c'est vrai, on a déjà essayé un bon nombre de fois de me mettre au rebut (dans ma carrière). Qu'est-ce que cela change, après tout? Beaucoup de gens voudraient en faire un film à charge, mais ce n'est pas du tout le cas.»

S'il est indéniable que la carrière de Quaid a pâti de ses convictions à contre-courant de celles de l'industrie du cinéma, la mauvaise foi du comédien est patente. Derrière l'acte de foi, le récit, signé Howard Klausner (Space Cowboys), demeure hautement discutable. L'accent est mis sur les morceaux de bravoure du double mandat reaganien, comme autant de pages incontournables dans les manuels scolaires américains : «Abattez ce mur, Monsieur Gorbatchev!». Aucune mention, en revanche, n'est faite de sa vie familiale dysfonctionnelle, marquée par l'aliénation de sa progéniture, de ses dénonciations volontaires devant la commission parlementaire des activités antiaméricaines (HUAC), en 1947, de sa longue réticence envers le mouvement des droits civiques, le fiasco de la lutte antidrogue ou sa pusillanimité face à la propagation du sida dans les milieux homosexuels. Son anticommunisme viscéral trouve un écho à l'heure où Donald Trump pourfend la gauche radicale incarnée, selon lui, par Kamala Harris. «Les inconditionnels pour lesquels a été faitReagan ne le verront sûrement pas comme une hagiographie, peu importe que celle-ci fût aussi lénifiante et creuse qu'une parade militaire de la victoire au Kremlin, suggère Ty Burr, dans le Washington Post. En termes de propagande de culture pop, le film s'adresse aux vrais croyants. Pour l'histoire, il ne vaut rien. » M. P.

La Croix, no. 43036
Culture, mercredi 2 octobre 2024 428 mots, p. 17
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2 octobre 2024 - La Croix (site web)

Sous l’œilleton d’une oppressante caméra

Corinne Renou-Nativel

Une étudiante est suivie par un mystérieux drone, dans ce thriller fort et dérangeant qui questionne

les dérives voyeuristes de notre société.

Drone eee

de Simon Bouisson

Film français, 1 h 50

Le cinéma use et abuse du drone pour des vues aériennes et des mouvements de caméra audacieux tout en le gardant invisible. Dans son premier film, Simon Bouisson lui donne l’un des premiers rôles. C’est dans une usine désaffectée aux mystérieux sous-sols qu’Émilie rencontre pour la première fois un drone quasiment silencieux dans un face-à-face effrayant. Cette étudiante en architecture, mal dans sa peau, a quitté Lille pour suivre à Paris le prestigieux séminaire d’un architecte renommé qui demande à son auditoire de présenter un dossier de rénovation d’un bâtiment du patrimoine.

Après avoir croisé le drone sur le lieu de son projet, Émilie le voit réapparaître devant la baie vitrée de son appartement perché en haut d’une tour parisienne. Il surgit dès lors tous les jours quand la nuit tombe. Pour subvenir à ses besoins, l’étudiante pratique le caming : via un site, elle montre son corps à des clients qui la payent. Le drone est-il piloté par l’un d’eux qui aurait découvert sa véritable identité ? Ou par un homme qu’elle côtoie au quotidien ?

Ce thriller à l’image soignée et à l’esthétique graphique imprègne son récit d’une atmosphère urbaine et nocturne dans une tension croissante. Il exploite à dessein la fluidité des plans panoramiques et la vertigineuse agilité du drone, devenu un personnage doté de son propre point de vue. Dans des champs et contrechamps dont des reflets sur les vitres brouillent la dichotomie, le film confronte le regard de la machine et celui d’Émilie. Ami qui élargit l’horizon de la jeune femme, voire la protège, ou ennemi porteur d’une menace qu’elle ne parvient pas à cerner ? Simon Bouisson joue d’un doute bien contemporain avant de trancher : Émilie est-elle persécutée ou victime d’angoisses profondes qui la conduisent à fantasmer un risque imaginaire ?

Le cinéaste sonde par cette fiction les dérives voyeuristes et exhibitionnistes démultipliées par les réseaux sociaux et la technologie dans notre société de l’image qui marchandise toujours plus l’intimité et le corps féminin. Sa chute, inattendue, rejoint à sa manière l’actualité judiciaire. Après des débuts sur grand écran dans En corps de Cédric Klapisch en danseuse fragilisée par une blessure, Marion Barbeau incarne avec justesse une jeune femme vulnérable, capable aussi d’une grande détermination.

La Croix, no. 43043
Culture, jeudi 10 octobre 2024 99 mots, p. 25

Cinéma Costa-Gavras recevra un prix d’honneur à la 50e cérémonie des Césars

Le cinéaste franco-grec, maître du thriller politique, recevra un César d’honneur en février. Il avait reçu l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1970 pour Z, écho à la dictature des colonels en Grèce, la Palme d’or en 1982 pour Missing, sur le coup d’État au Chili, et deux Césars en 2003 pour Amen, qui condamne le silence du Vatican pendant la Shoah. Les organisateurs avaient déjà annoncé la remise d’un prix d’honneur à l’actrice américaine Julia Roberts.

La Croix, no. 43047
Culture, mardi 15 octobre 2024 816 mots, p. 17
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15 octobre 2024 - La Croix (site web)

Lumineuse mélancolie sous les doigts de Jean-Baptiste Doulcet

Emmanuelle Giuliani

Le pianiste français nous invite à un voyage bercé par les musiques du Nord.

Son magnifique enregistrement lève le voile sur des pièces envoûtantes signées Grieg, Nielsen et Sibelius.

Une vaste étendue blanche et glacée. Au milieu de cette immensité, une silhouette dont les pas s’enfoncent dans la neige. Ce pourrait être une toile d’Albert Edelfelt ou d’Akseli Gallen-Kallela, peintres finlandais amoureux de leurs paysages. En réalité, il s’agit de la photographie illustrant la pochette du nouveau disque de Jean-Baptiste Doulcet, intitulé Soleils blancs (label Mirare). Le pianiste y réunit trois compositeurs de l’Europe du Nord : le Norvégien Edvard Grieg (1843-1907), le Finlandais Jean Sibelius (1865-1957) et le Danois Carl Nielsen (1865-1931).

« J’ai en effet souhaité suivre un fil nordique, explique l’artiste, même si ces trois créateurs possèdent leur singularité propre, comme chez nous Debussy et Ravel. Ils partagent cependant une même sensibilité aux chants et danses traditionnels de leurs pays. Ils sont aussi en quête de lumière, dans ce qu’elle peut avoir de plus éblouissant. » Fin connaisseur des cultures scandinave et finnoise, Jean-Baptiste Doulcet rappelle combien cette lumière «y semble paradoxale. Absente pendant une longue période de l’année, excessive l’été !» D’où cette mélancolie profonde «toutefois sans complaisance» et cette écoute permanente des échos de la nature. «Les compositeurs ne cherchent pas à en imiter le pittoresque mais plutôt à découvrir ce qui se cache derrière un chant d’oiseau, les murmures d’un lac ou le crissement du givre. Ils explorent ce que ces sensations provoquent dans le coeur humain.»

Son jeu limpide, aéré et pourtant empreint de lyrisme, passe de la pointe sèche chez Sibelius à des coups de pinceau plus voluptueux dans la poignante Ballade en sol mineur de Grieg. Sans affectation, le pianiste restitue les moindres inflexions qui font basculer un accord vers le silence, un arpège dans un monde de chimères inquiétantes ou apaisantes. «Engourdie de longs mois par le froid, la vie nordique est souvent synonyme de retranchement, de pudeur, reprend l’artiste qui réside en partie au Danemark – après être parti pour la Finlande en 2016. Cet isolement confère à l’expression musicale une sorte de “rétraction” qui demande à l’interprète comme à l’auditeur de s’immerger dans les œuvres avec délicatesse et attention. »

Passionné de cinéma, Jean-Baptiste Doulcet ose des analogies entre les compositeurs qu’il aime et les images et ambiances d’Ingmar Bergman ou de Carl Dreyer, « l’un des plus grands réalisateurs qui aient jamais existé ! » Dans son panthéon, le cinéaste finlandais Aki Kaurismäki figure, lui aussi, en bonne place : « Il décrit si subtilement cette déréliction individuelle et collective, cette grisaille des âmes où se faufile pourtant une extraordinaire humanité. »

Comment ne pas y songer à l’écoute des Impromptus opus 5comme du cycle, proprement magique, des Arbres de Sibelius ? Le pianiste en livre une vision épurée, quasi minimaliste mais dépourvue de toute sécheresse. Chaque note naissant du clavier résonne de sa profonde affection pour ces pièces et leur auteur. «Sibelius a eu une existence difficile et cela se sent, confirme Jean-Baptiste Doulcet, qui avoue avoir dû mobiliser «beaucoup de ressources intérieures» pour ne pas se laisser submerger par «la puissance émotionnelle de sa musique. Mais j’y entends aussi une clarté diffuse capable peut-être de conjurer le mal-être. Après tout, semble nous dire le compositeur, tourments et douleurs font partie des choses de la vie… »

Sans se poser en donneur de leçons, l’artiste aimerait contribuer à rendre leur juste place à des musiciens qui sont des « gloires nationales » dans leur pays mais demeurent encore méconnus en France, notamment leur œuvre pour piano. « Être musicien, c’est aller chercher au-delà du seuil de votre porte », confiait-il récemment au micro de Radio Classique. N’avait-il pas déjà mis cette conviction en pratique en explorant les mondes fantastiques du répertoire romantique ? La porte qu’il franchissait alors était celle des ombres et des songes. «J’imagine d’ailleurs que ma quête de clarté et de grands espaces répond, par contraste, à cette précédente immersion dans la psyché tourmentée d’un Schumann ou les aspirations métaphysiques d’un Liszt.» Désormais, Jean-Baptiste Doulcet n’exclut pas de porter ses regards… vers le sud. « J’y songe en effet. Avant cela, mon prochain disque sera axé autour de l’improvisation. » Une autre de ses passions.

À noter, les prochains concerts

de Jean-Baptiste Doulcet :

les 20 et 21 octobre au festival des Lisztomanias à Châteauroux ;

le 8 novembre à Chambéry aux Rencontres artistiques de Bel-Air ; les 22 et 23 novembre au festival L’Envol musical à Poissy.

Le Figaro, no. 24931
Le Figaro et vous, samedi 19 octobre 2024 1625 mots, p. 30

Culture

Aussi paru dans
18 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

LA FOLLE SEMAINE DE L'ART WEEK PARIS EN 12 ÉTAPES

DES FOIRES AUX MUSÉES, DES GALERIES DU MARAIS À MATIGNON, PARIS REGORGE DE PROPOSITIONS EN CETTE SEMAINE QUI MET L'ART MODERNE ET CONTEMPORAIN À L'HONNEUR.

Duponchelle, Valérie, de Rochebouët, Béatrice

Le monde de l'art saisit l'occasion d'Art Basel pour se faire remarquer. Partout dans Paris, les cimaises demandent qu'on s'y attarde. Tableaux, sculptures mais aussi design, films d'artistes, venus d'Europe, d'Afrique, d'Amérique ou d'Asie. Le monde entier rassemblé d'ouest en est, de Matignon au Marais, dans les quelques arrondissements saisis par la fièvre de la création.

Offscreen, l'image d'hier et de demain

Retour au Grand Garage Haussmann, 43-45 rue de Laborde (8e) à côté de l'église Saint-Augustin, jusqu'à dimanche pour cette 3e édition d'Offscreen, le rendez-vous installations, images fixes et en mouvement. C'est la dernière fois que ce salon cofondé par Julien Frydman et Jean-Daniel Compain en 2022 se tient dans ce bâtiment brutaliste à la façade Art déco avant sa transformation (accès gratuit). Après Anthony McCall en 2022, Offscreen célèbre cette année, tout en haut de cette spirale à la Blade Runner, la réalisatrice belge Chantal Akerman, disparue en 2015 : la Marian Goodman Gallery présente La Chambre, 1972, film elliptique et sensuel qui était dans sa rétrospective de Bozar à Bruxelles mais pas dans celle du Jeu de Paume actuellement, « Chantal Akerman : Travelling ». Un public jeune et pointu se presse pour découvrir The Washington Monument Project: The Red Pyramid, (1980), performance mystique de Lita Albuquerque, entre Land Art et Light and Space, le courant incarné par James Turrell, et présentée par La Patinoire royale, la galerie bruxelloise de Valérie Bach.

Design Miami au plus beau de Paris

Tous les Américains et leurs décorateurs étaient au rendez-vous, mardi 15 octobre, pour cette deuxième édition réunissant les meilleurs du design (30 exposants dont 5 nouveaux), dans l'écrin de boiseries XVIIIe de l'hôtel de Maisons, l'ancien hôtel Pozzo di Borgo où vécut Karl Lagerfeld, au 51, rue de l'Université (7e). Cette adresse, à l'image du Paris historique, fait beaucoup pour séduire les collectionneurs de ce salon initié par le promoteur immobilier Craig Robins en 2005 à Miami et qui se tient aussi à Bâle, en juin. Ces deux dernières sont en perte de vitesse, face à la montée en puissance de la capitale française, haut lieu depuis toujours des Arts décoratifs. La qualité cette année est montée encore d'un cran : de la salle à manger des sculpteurs Claude et François-Xavier Lalanne (650 000 euros à la Galerie Mitterrand, qui a reçu le prix de la meilleure pièce historique), aux nouvelles pièces de Ronan Bouroullec en verre coulé, après son travail à la chapelle Saint-Michel de Brasparts aux monts d'Arrée, dans le Finistère (42 000 euros, la table basse, chez Kreo), au mobilier très chic de Royère chez Aline Chastel Maréchal.

Asia Now, la percée vers l'Asie méridionale

Dix ans déjà pour cette foire pionnière créée par Alexandra Fain qui a investi depuis trois ans la Monnaie de Paris. Espace prestigieux dont la configuration labyrinthique oblige aussi à installer deux tentes, l'une dans la cour centrale et l'autre, nettement moins bien placée, au fond du bâtiment historique. Centrée sur la Chine, au moment de son expansion, elle s'est ouverte, depuis, à d'autres continents, de l'Asie centrale à l'Asie du Pacifique et même jusqu'à l'Asie méridionale. Cette année, l'entrée du Pakistan est une première. On la doit à la tête chercheuse Anissa Touati, curatrice entre Occident et « Sud global » (0 Art Space Gallery de Lahore, avec le tableau en quatre panneaux, paysages en lapis-lazuli, par Hamra Abbas, à 35 000 dollars). Les plus curieux n'ont pas manqué, caché à gauche à l'entrée, l'ode au Gange, fleuve sacré devenu poubelle, transcendé dans l'immense panneau fait à partir des déchets de la rivière, de l'artiste du Bangladesh, Bishwajit Goswami, 43 ans (10 000 euros). Il a été révélé par la Brihatta Art Foundation créée à Dacca dans une ancienne tannerie, au coeur historique de la ville, par un duo quarantenaire très investi dans son pays.

Outsider Art Fair

L'art brut, ce mouvement identifié en 1945 par Jean Dubuffet et attribué aux marginaux de toutes sortes, fous, prisonniers, reclus, anarchistes ou révoltés, revient pour la seconde édition de l'Outsider Art Fair, à l'espace Molière, avec neuf exposants internationaux (Distorted Gaze de Gimiro, 1 100 euros, chez Copenhagen Outsider Art Gallery). Une version réduite des premières, mais toujours à l'Atelier Molière, rue de Richelieu (1er).

AKAA, la fête de l'Afrique à Paris

Portée par sa fondatrice, Victoria Mann, « Also Known as Africa » revient pour sa 9e année tester Paris, après Londres où les transactions furent mitigées, la semaine dernière à 1-54, l'autre foire concurrente. Ambiance joyeuse au Carreau du Temple, sur fond de musique africaine où étaient présents, au vernissage, jeudi soir, de nombreux artistes du continent : de Leslie Amine qui a grandi au Gabon et au Togo (qui vit à Grenoble) chez Anne de Villepoix (3 000 euros les petites toiles), à Modou Dieng Yacine du Sénégal chez 193 Gallery (à partir de 8 000 euros sa série sur Paris). Le parterre des 37 galeries est inégal et la qualité de l'offre aussi. On attend un changement de direction artistique l'année prochaine.

Paris Internationale et Nada, la foire off qui arrive d'Amérique

Dirigée par l'énergique Silvia Ammon, Aaahhh !!! Paris Internationale a pris de la bouteille, à la Central Bergère, 17 rue du Faubourg-Poissonnière (9e), quitte à ne plus se surpasser. Ambiance promenade dans un lieu brut, loin de ceux des « white cubes » des marchands nantis. L'offre des 75 participants (beaucoup d'Américains) est tentante mais souvent à des prix bien au-dessus des 10 000 à 20 000 dollars pour de très jeunes artistes qui ont encore un CV presque vide. La surprise, cette année, vient de The Salon by Nada & The Community (organisation à but non lucratif créée pour défendre la scène contemporaine), intronisé dans les anciennes usines Baccarat. Un souffle de fraîcheur bienvenue dans cette semaine d'Art Basel Paris dominée par les poids lourds. Et des découvertes, comme Blake Daniels, 34 ans, l'artiste queer du Midwest, aux sujets oniriques, chez le galeriste du Marais, Cadet Capela (entre 15 000 et 23 000 euros).

Le boom des expositions muséales

Le Paris des musées fait courir le public de l'art moderne et contemporain. Au Musée d'art moderne de Paris (MAM), entre Alma et Iéna, « L'Âge atomique. Les artistes à l'épreuve de l'histoire » est d'une philosophie opposée à celle du film Oppenheimerde Christopher Nolan. À l'étage, il faut découvrir le Suisse Hans Josephsohn et ses sculptures si humaines, figées par le temps comme à Pompéi. Au Centre Pompidou, les quatre finalistes du prix Marcel Duchamp 2024 ont quelque chose de céleste, d'Abdelkader Benchamma à Noémie Goudal, du duo Detanico-Lain à la lauréate Gaëlle Choisne. De Jean-Marie Appriou à Sophie Calle, la donation Perrotin y a fait la fête dimanche 13 octobre avec Zaho de Sagazan ; la Chine nouvelle s'y révèle et « Surréalisme » , l'exposition fêtant les 100 ans du mouvement y cartonne avec l'exposition événement au Centre Pompidou. Le Musée d'Orsay met le monde de la sculpture à l'envers avec le corrosif duo dano-norvégien de Berlin, Elmgreen & Dragset. Le Musée Picasso éblouit avec « Jackson Pollock, les premières années (1934-1947) » et émeut avec « Pascal Convert, Si je mourais là-bas ». La Bourse de Commerce dit tout de l'Arte Povera. Et la Fondation Vuitton a le sourire avec sa bourrasque pop incarnée par l'Américain Tom Wesselmann.

Le triangle d'or de Matignon

Dans le triangle d'or de Matignon où Sotheby's fait l'événement avec son nouveau QG, il y a foule pour voir la star de Chicago Rashid Johnson chez Hauser & Wirth, « L'Histoire est ronde comme la Terre » de feu l'artiste chilien Matta à la Galerie Mitterrand, l' « Arte Povera » au plus beau chez Tornabuoni, « Guerre et Paix » selon Adel Abdessemed et Morandi à la Galleria Continua, Max Ernst, magnifique, chez Daniel Malingue, les peintres Harold Ancart chez Gagosian et Sylvia Snowden chez White Cube. Au Palais d'Iéna, Miu Miu fait son cinéma (art et essai) avec « Tales and Tellers ». À l'Alma, l'art adviser Patricia Marshall invite le commissaire suédois de la Biennale de Venise 2009, Daniel Birnbaum, à penser « The Nine Rules of Tremulation ».

Le Marais garde tout son charme

Il s'agit ici de redécouvrir, avec l'oeil de Matthieu Poirier qui a exposé Chu Teh-Chun dans l'ancienne piscine de la Fondation Cini à Venise, le sculpteur britannique Lynn Chadwick (1914-2003) dans les jardins de l'Hôtel du Sully. De tester la force de « Picasso, Innovation intemporelle » avec ses émules, les artistes Leiko Ikemura ,Aljoscha ,Radenko Milak et Zohar Fraiman, chez Priska Pasquer. De confronter les deux grands solitaires John Chamberlain et Pierre Soulages chez Karsten Greve. De retrouver tout l'éclat de Pistoletto à la Galleria Continua et le mordant de Kader Attia chez Mor Charpentier.

Des valeurs sûres dans les galeries de Saint-Germain

La Galerie Kamel Mennour met à l'honneur ses trois artistes qui font chauffer la demande, le sculpteur suisse Ugo Rondinone, le peintre franco-algérien Dhewadi Hadjab (sur liste d'attente !) et la Polonaise de Berlin Alicja Kwade. De leur côté, les Vallois exposent feu l'affichiste Jacques Villeglé au plus politique.

Les pas de côté

James Turrell et ses merveilleux «Sky-spaces» valent le voyage chez Gagosian au Bourget. Mercredi soir, les courageux ont enchaîné Expanded Horizons: American Art in the 70s , de Judy Chicago à Rauschenberg, chez Ropac à Pantin après le vernissage d'Art Basel Paris. Plus proche, le Musée de la BnF invite sur le site Richelieu l'artiste camerounais Barthélémy Toguo dans « Le monde pour horizon ». Et la BnF Richelieu expose, Galerie Mansart, Damien Deroubaix, né en 1972, peintre et sculpteur au regard acéré sur la société actuelle et ses maux, pour la première fois présenté dans une institution nationale. V. D. ET B. D.

La Croix, no. 43054
Culture, mercredi 23 octobre 2024 121 mots, p. 14

repères

Grand Corps Malade et Mehdi Idir

Au cinéma. Scénaristes et réalisateurs, Fabien Marsaud alias Grand Corps Malade et Mehdi Idir alias Minos ont réalisé trois films, Patients (2016), La Vie scolaire (2019) et Monsieur Aznavour (2024).

En musique. Grand Corps Malade est l’auteur-compositeur-interprète de huit albums solo, dont Mesdames (2020). En trio, il a signé Éphémère (2022) avec Gaël Faye et Ben Mazué.

Plus de reflets, album sorti le 11 octobre (Anouche Records), réédite Reflets (2023) avec six nouvelles chansons dont

des duos avec Emma Peters

ou Nikola, et À chacun sa

bohème,chanson inspirée

par Aznavour.

Concerts. Grand Corps Malade sera en tournée dès novembre.

sur la-croix.com

Lire l’entretien avec Grand Corps Malade et Mehdi Idir

Le Figaro, no. 24919
Le Figaro et vous, samedi 5 octobre 2024 860 mots, p. 27

Culture

DE LA TROUPE DU SPLENDID AU THÉÂTRE CONTEMPORAIN, L'INTELLIGENCE DU TEXTE

Simon, Nathalie

Il savait faire rire avec élégance », observe le metteur en scène José Paul qui avait applaudi Michel Blanc au théâtre dans Le Père Noël est une ordure. Les deux hommes qui devaient faire un bout de chemin ensemble, ne se connaissaient pas. L'acteur jouait le rôle-titre à la place de Gérard Jugnot . « Ce qui résume le plus l'esprit du Splendid est arrivé récemment. QuandLe Père Noël est une ordure est ressorti au Palais des congrès il y a quatre ou cinq ans, sont arrivées 2000 personnes déguisées en personnages de la pièce. C'était un truc de fou » , a raconté Gérard Jugnot à l'AFP, lors de la parution de son autobiographie, Une époque formidable, mes années Splendid(Éditions Grasset, 2016). « Ce qui nous a sauvés dans toutes les galères et expériences approximatives, c'est un sens aigu de la dérision. La dérision a été et sera toujours notre dénominateur commun » , ajoutait-il.

Michel Blanc et ses comparses, Gérard Jugnot, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Thierry Lhermitte et Bruno Moynot sont complètement inconnus avant de fonder, inspirés par le Café de la gare de Coluche, la troupe du Splendid en 1974. Anémone, Dominique Lavanant et Valérie Mairesse feront aussi partie de l'aventure. Ils montent un premier spectacle, Je vais craquer, au Café-Théâtre de l'Odéon. Sans le sou, la bande se débrouille avec les moyens du bord, aménage elle-même la première salle du Splendid, située passage d'Odessa près de la gare Montparnasse. Puis, à partir de 1982, le Splendid proprement dit, rue du Faubourg Saint-Martin (ils en sont toujours propriétaires). Ensemble ils repeignent les murs, plantent des clous et reçoivent le public. Les garçons, qui se sont rencontrés sur les bancs du lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, ont suivi des cours d'art dramatique avec Tsilla Chelton.

Ces débutants insouciants n'ont aucun plan de carrière, ils ne cherchent qu'à faire rire avec des comédies potaches, Amours, coquillages et crustacés qui donnera naissance au film Les Bronzés... Le succès leur tombe dessus sans crier gare avec Le Père Noël est une ordureen 1979. « On était tellement loin de tout ça. Ça me paraît irréel » ,avait observé Gérard Jugnot. Sans Josiane Balasko, la pièce se serait appelée « Le Père Noël s'est tiré une balle dans le cul ».

Si, depuis, Michel Blanc était devenu l'impayable Jean-Claude Dusse, il revenait au théâtre dès qu'il le pouvait. En 1992, dans Je veux faire du cinémade Neil Simon, au Théâtre de la Michodière, qu'il met lui-même en scène, il joue un scénariste blasé. Michèle Laroque est « sa » maîtresse. Avec des airs de Woody Allen, le personnage de Michel Blanc est surpris par la jeune Judith Godrèche, 17 ans, qui lui annonce qu'elle est sa fille. Également auteur, l'acteur signe lui-même l'adaptation.

Trois ans après, après avoir joué Le Marchand de Venisedans une mise en scène de Jean-Luc Tardieu, il reprend Art, de Yasmina Reza. Il y incarne avec brio le rôle d'Yvan, tenu auparavant par Pierre Arditi, puis par Jean-Louis Trintignant. Il est l'ami « farfadet », un « être hybride et flasque » qui vient de trouver un emploi de représentant dans une papeterie en gros et va se marier à « une gentille fille brillante et de bonne famille ». Il y avait aussi Jean Rochefort et Pierre Vaneck.

José Paul se souvient de l'époque où Michel Blanc, cette fois adaptateur, avait travaillé avec « finesse et fantaisie » sur L'Amour est enfant de salaud d'Alan Ayckbourn, que José Paul avait mis en scène au Théâtre Tristan Bernard (2003). L'auteur anglais l'avait applaudi. « Nous ne nous connaissions pas avec Michel, il aurait pu avoir des doutes sur moi, mais il m'a fait entièrement confiance, signale José Paul. À un moment, il était sur un tournage, mais il m'avait donné carte blanche. Très simple dans le travail, il avait joué le jeu à tous les points de vue. Il avait grandi la pièce et d'ailleurs reçu le Molière de l'adaptation. Il était drôle, joyeux, pince-sans-rire, et aussi très angoissé. Un jour, il avait hésité à boire un verre avec la troupe, Isabelle Gélinas, Lysiane Meis, Bruno Madinier et Chick Ortega. Finalement, ça avait duré une heure ! Avec le temps, Michel a pris une densité, notamment pour faire des films commeMonsieur Hire . »

Dominique Besnehard, qui fut son agent pendant sept ou huit ans et a collaboré avec lui pour Je vous trouve très beau d'Isabelle Mergault (2005), estime que Michel Blanc était « notre Anthony Hopkins français, il avait une dimension shakespearienne et tragique. Il aurait pu jouer Le Silence des agneaux avec Jodie Foster. Il pouvait être inquiétant et bouleversant. Il était modeste et extrêmement pudique. Je n'entrais jamais dans son intimité. Je l'avais réalisé quand j'ai jouéGrosse fatigue , avec lui et Carole Bouquet (notre propre rôle). Michel avait refusé d'écrire avec moi la sérieDix pour cent , mais on réfléchissait à un rôle pour lui. On n'en aura pas eu le temps. »

La dernière fois que Michel Blanc a adapté une pièce pour le théâtre, c'était en 2005 dans Tantine et moi, de l'auteur canadien Morris Panych, monté par Stephan Meldegg, au Théâtre La Bruyère, avec Francis Perrin et Monique Chaumette.

Bulletin Quotidien
Sans commentaires... et sous toutes réserves, lundi 14 octobre 2024 256 mots

[Pass Culture : - La ministre de la Culture Rachida...]

Pass Culture : - La ministre de la Culture Rachida DATI souhaite profondément réformer le Pass Culture, totem de la politique culturelle du président de la République, M. Emmanuel Macron, dont le coût élevé et les effets sont très contestés par les acteurs du secteur. Cinq ans après son introduction, la ministre propose d'en finir avec ce qui faisait l'originalité du dispositif : une subvention universelle de 300 euros pour tous les jeunes de 18 ans, à dépenser comme bon leur semble pour de la culture.La ministre souhaite tout d'abord moduler la somme offerte aux jeunes "Sans renoncer à l'universalité du dispositif, nous devons davantage assumer que le Pass culture a vocation à corriger des inégalités de destin", souligne-t-elle, dans une tribune publiée dans "Le Monde", en donnant "davantage aux jeunes de condition modeste, sans négliger les classes moyennes". Elle souhaite également en finir avec le libre-service qui permet aux jeunes de dépenser comme bon leur semble leur subvention.Une partie devra être consacrée aux réservations de spectacles vivants, largement boudés par les bénéficiaires qui n'y consacrent qu'un pour cent de leurs dépenses.Jusqu'ici, les jeunes privilégient les achats de livres, dont une grosse part de mangas, et de cinéma, pour les trois quart des dépenses."La part individuelle reste encore, trop souvent, un instrument de consommation culturelle et de reproduction sociale", constate la ministre dans sa tribune, s'appuyant sur deux rapports gouvernementaux. Elle souhaite donc réduire la part directement versée aux jeunes au profit des sommes qui permettent d'améliorer "la diversification des publics et des pratiques".

Le Figaro, no. 24940
Le Figaro et vous, mercredi 30 octobre 2024 547 mots, p. 32

Culture

Aussi paru dans
29 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

DANS LES COULISSES DE « BARRY LYNDON »

BEAU-FRÈRE DE STANLEY KUBRICK, JAN HARLAN A SUPERVISÉ L'ÉDITION D'UN OUVRAGE SUR LE MAKING OF DE CE CHEF-D'OEUVRE DU SEPTIÈME ART.

Delcroix, Olivier

Sorti aux États-Unis en 1976, il y a quarante-huit ans, le chef-d'oeuvre aux quatre Oscars de Stanley Kubrick n'a pas toujours été considéré comme «le plus beau film du monde». À sa sortie, ce film n'aura absolument pas rencontré le succès. «Kubrick a été très déçu par cet échec, rappelle le producteur. On s'est moqué de lui. Le public a trouvé le film ennuyeux. Un critique de l'époque a même écrit : « Kubrick devrait apprendre à ne jamais plus faire un film où des gens écrivent à la plume. » Ce fut très dur pour lui. Il en a été très déprimé.»

Tirée du roman de William Makepeace Thackeray, cette plongée picaresque dans un XVIIIe siècle tourmenté raconte l'ascension et la chute d'un certain Barry Lyndon (Ryan O'Neal), aventurier irlandais tour à tour soldat, déserteur, joueur, duelliste et mari infidèle de la riche veuve Lady Lyndon (Marisa Berenson). Le producteur américain et beau-frère de Stanley Kubrick, Jan Harlan, aujourd'hui âgé de 87 ans, a vécu de l'intérieur le tournage chaotique de ce long-métrage à nul autre pareil. Il était légitime pour superviser l'édition d'un ouvrage inédit et exhaustif sur les coulisses de Barry Lyndon.

Après l'abandon de son projet de film sur Napoléon, refusé par la MGM, Kubrick se lance à corps perdu dans l'adaptation du roman de Thackeray. «Ce qui intéressait avant tout Stanley, se souvient Harlan, c'était l'envie de tourner un film situé dans les temps anciens. Il voulait reproduire au cinéma l'atmosphère et la lumière des peintres du XVIIIesiècle.»

Kubrick n'était pas un cinéaste rapide . «Il était jaloux d'Ingmar Bergman, qui pouvait tourner une scène en cinq minutes et libérer son équipe de tournage à 17heures pour le thé. Mais c'était comme ça», reconnaît Jan Harlan.

Saluer le travail des grands peintres

Harlan se souvient surtout de la manière dont Kubrick l'a sollicité pour les fameuses séquences tournées à la lueur des bougies. «Stanley avait lu dansAmerican Photographer un article sur un objectif Zeiss conçu par la Nasa afin de photographier l'espace. Immédiatement, il voulut se l'approprier et me demanda d'appeler Zeiss, car je parlais allemand. On me répondit que c'était impossible. Kubrick n'était pas du genre à considérer un non comme une réponse acceptable. Il me fit appeler un cameraman réputé de Hollywood, Ed DiGiulio. Pour faire court, ce technicien de génie réussit à modifier une caméra Mitchell BNC pour la consacrer entièrement à cet objectif. Et Kubrick put ainsi filmer les scènes qu'il voulait, uniquement éclairées à la bougie.» Kubrick put ainsi saluer le travail des grands peintres. «Kubrick avait confiance en lui sans être arrogant,conclut Harlan. Il était obsédé à l'idée de tourner des films intemporels. Il a mis nos nerfs à rude épreuve, mais il a réussi son pari.Lolita , Docteur Folamour ,2001 : l'Odyssée de l'espace ,Orange mécanique ,Full Metal Jacket ,Eyes Wide Shut ... ou Barry Lyndon sont des films qui durent dans le temps. Et dont on parle encore aujourd'hui.» O. D.

Barry Lyndon. Stanley Kubrick, ouvrage collectif édité sous la direction de François Betz, et la supervision de Jan Harlan, 172 p., Éditions Simeio, 59 euros.

Le Monde
Culture, jeudi 3 octobre 2024 703 mots, p. 27
Aussi paru dans
2 octobre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Arts

Au FRAC Corsica, Leonora Carrington mène la danse chimérique

Ses ultimes sculptures côtoient des œuvres contemporaines aux accents ésotériques, pour le centenaire du « Manifeste du surréalisme »

Emmanuelle Jardonnet

Corte (Haute-Corse) - L’artiste britannique devenue mexicaine Leonora Carrington (1917-2011), à la fois peintre et écrivaine, fut une figure du mouvement surréaliste. Avec, en commun à ses tableaux, textes, contes ou pièces de théâtre, des hybridations entre l’homme, l’animal et la nature. Ses créatures oniriques viennent paver la voie de l’exposition « Arcanes rituels et chimères » au FRAC Corsica, à Corte (Haute-Corse), et chercher des échos dans la jeune création contemporaine. Une façon de commémorer le centenaire du Manifeste du surréalisme.

« Le surréalisme s’appuyait sur le rêve, donc la dissolution des contraires, des figures réversibles et ambivalentes. Il y a toute une génération qui se reconnaît dans la volonté d’aller à l’encontre d’une pensée strictement rationnelle, de chercher des formes autres de compréhension du monde » , souligne Fabien Danesi, le directeur de l’institution corse, et commissaire d’une exposition qui réunit une vingtaine d’artistes issus de la scène émergente autour d’une artiste qui, presque centenaire, fut leur contemporaine.

D’autant que les œuvres de Leonora Carrington présentées ici sont les dernières qu’elle a réalisées, avec un maître orfèvre, quand elle ne pouvait plus peindre, à partir de figures fantastiques présentes dans ses tableaux. Ce sont des petites sculptures bijoux en alliage d’argent et pierres précieuses. Des figures « qu’elle a conçues comme des talismans », souligne le commissaire.

Les pratiques des artistes conviés dans ce sanctuaire de l’imaginaire visent à réenchanter un monde pris dans un idéal moderne de contrôle, avec des œuvres ouvrant vers des réalités alternatives, des lignes de fuite poétiques et volontiers ésotériques. Les formes échappent aux certitudes, et la traversée se déroule comme une suite de dialogues formels. Avec de savoureuses découvertes à la clé.

Cecilia Granara reprend dans une peinture murale la figure ésotérique du Pendu, personnage tête en bas qu’elle féminise, qui invite à la contemplation du monde sous un angle nouveau – il était une des figures du tarot de Leonora Carrington dans les années 1950. Un personnage bipède à tête de poisson de Kévin Bray lui fait face : une sculpture hybride créée avec une imprimante 3D, à partir d’un conte du folklore russe par Pouchkine sur les excès humains, et dont la peau numérique animée épouse la gestuelle, activée par l’image.

Accents alchimiques

Un peigne étiré jusqu’à taille humaine se mue, avec Mathilde Albouy, en un totem épuré chargeant le rituel de beauté d’une gravité ambivalente, entre sortilège et ensorcellement. Dans cette même logique, avec un côté gothique, une œuvre mi-peinture, mi-sculpture, de la jeune Suédoise Wilma Harju apparaît comme une fenêtre ouvrant sur un monde symbolique, où la flore stylisée se fait à la fois feu d’artifice et squelette. Autre fleur, plus expressionniste et grotesque, avec sa corolle de jambes, son visage au maquillage dégoulinant et sa panoplie à l’aura presque chamanique, celle de l’Estonienne Kris Lemsalu laisse poindre le malaise derrière son aspect carnavalesque et exubérant, entre rêve et cauchemar. Une vidéo délirante de la Saoudienne Ruba Al-Sweel la montre en train de dériver dans un Dubaï aux airs de Las Vegas, saturé d’écrans, de pubs, de mèmes, et de signes astrologiques.

Deux artistes corses d’une génération antérieure ont été glissés dans le parcours, y entrant pleinement en résonance, avec un film expérimental réalisé en 1972 par Dominique Degli Esposti (1946-2024) : Brusgiature (Brûlures), icône surréaliste du cinéma corse, dans lequel un couple traverse une série de transformations, entre chants polyphoniques et exubérance visuelle. Et des alphabets magiques d’Antoine Giacomoni, ancien photographe devenu maître des symboles et calligrammes.

L’accrochage débouche sur la salle finale, aux accents alchimiques : des autels de Youri Johnson aux vignes de Michele Gabriele. D’une chimère queer d’Isaac Lythgoe à la peinture ultrastylisée de Justin Fitzpatrick, en passant par un jeu vidéo de Madison Bycroft. Autant de seuils pour accéder à des outre-mondes, qui suivent l’intuition de Carrington, selon laquelle « nous sommes tous des portes, des passages vers l’invisible ».

Le Monde
Culture, mercredi 16 octobre 2024 208 mots, p. 23

Les autres films de la semaine ppvv À voir A voir

Bambi. L’histoire d’une vie dans les bois

M. Jo.

On connaît de Bambi la somptueuse adaptation qu’en a tirée Walt Disney en 1942, moins le conte originel de Félix Salten (1869-1945) publié en 1923. C’est cette histoire que Michel Fessler (scénariste, en 2005, du film à succès sur les manchots La Marche de l’empereur, réalisé par Luc Jacquet) adapte dans ce documentaire animalier subtilement fictionnalisé. On redoutait d’abord un résultat se rapprochant des blockbusters à l’américaine (Le Roi Lion, 2019), plaquant sur des animaux qui n’ont rien demandé un excès de fiction, de musique et d’anthropomorphisme. C’est précisément à cette mode inflationniste que répond Bambi. L’histoire d’une vie dans les bois : le temps est laissé aux enfants comme aux adultes d’observer longuement les animaux de la forêt (faon, biche, lapin, corneille…) et une belle place est faite au silence, ponctué avec parcimonie par la voix de la chanteuse Mylène Farmer lisant le conte de Salten. Il est heureux de voir un film pour enfants faire aujourd’hui le pari d’une expérience de cinéma très simple, qui aura, aussi pour les adultes, quelque chose d’apaisant.

Le Monde
Culture, mardi 29 octobre 2024 85 mots, p. 27

Cinéma

Sortie décevante pour « Venom : The Last Dance » aux Etats-Unis

Pour son premier week-end d’exploitation aux Etats-Unis, Venom : The Last Dance, de Kelly Marcel, n’atteint pas les scores espérés. En récoltant 51 millions de dollars (47,3 millions d’euros), le film, qui sort mercredi 30 octobre en France, enregistre le plus mauvais résultat de la trilogie. Le lancement du premier opus, Venom (2018), avait amassé 80 millions de dollars et le deuxième, Venom : Let There Be Carnage (2021), 96 millions de dollars.

Le Figaro, no. 24940
Le Figaro et vous, mercredi 30 octobre 2024 519 mots, p. 31

Culture

« SUR UN FIL » : REDA KATEB ÉQUILIBRISTE DES ÉMOTIONS

POUR SON PREMIER FILM COMME RÉALISATEUR, LE COMÉDIEN SUIT DES CLOWNS AU CHEVET D'ENFANTS MALADES. POÉTIQUE ET SINCÈRE.

Jamet, Constance

Auteur du court-métrage Pitchoune présenté à Cannes en 2015, Reda Kateb a pris son temps pour revenir derrière la caméra et signer son premier long-métrage, Sur un fil. Ce portrait des clowns au chevet d'enfants malades est délicat et poétique. À l'image de Reda Kateb, qui réalise un périlleux numéro d'équilibriste, entre rire, légèreté et doux-amer. «On s'est pris tellement d'humanité dans la gueule» , résume son héroïne Aloïse Sauvage. La comédienne incarne Jo, une acrobate qui chute de sa corde. Pour ne pas se retrouver sans revenu, elle rejoint l'association de clowns professionnels Nez pour rire, qui sillonne les services pédiatriques. D'une activité de saltimbanque à une autre, la transition devrait être facile. Mais il n'en est rien.

Adoucir le quotidien

Comment trouver la fantaisie et la distance pour créer un lien avec les enfants sans laisser sa sensibilité prendre le dessus ? Pour façonner son personnage, Jo peut compter sur deux mentors expérimentés : Gilles, alias « Poireau » (Philippe Rebbot), et Thierry (le nez rouge expérimenté Jean-Philippe Buzaud). Ce tandem fantasque, prompt à casser les vitres, est surveillé de près par Clémence, l'infirmière cadre du service (Sara Giraudeau). Dans la lignée de Toledano et Nakache, qui l'ont dirigé dans Hors normes, Reda Kateb cherche les petits riens qui adoucissent le quotidien. Il capture la magie d'une seconde de complicité lorsqu'une bulle de savon fait oublier la pose d'une intraveineuse. Face aux clowns, l'enfant trouve les mots à mettre sur ses peurs, son ras-le-bol, ou s'évade.

«Si je plongeais dans la douleur des enfants, je pouvais sombrer sur l'écueil du pathos. Si je faisais de l'hôpital un endroit où on rigole tout le temps, j'aurais exploré le sujet sans aller chercher sa vérité. Je m'enrichis au contact de la sincérité des gens avec lesquels j'ai joué. Des soignants dansHippocrate , gens du voyage dansDjango . Des jeunes autistes dans Hors normes » , souligne Reda Kateb, qui désirait faire pénétrer le spectateur dans cet univers qu'il a découvert avec le Journal du docteur Girafe,de Caroline Simonds, fondatrice de l'association le Rire médecin.

«Avant ce livre, je pensais que ces clowns étaient des bénévoles. Mais ils forment une discipline à part du spectacle vivant» , souligne ce fils d'infirmière, qui a replongé dans ses souvenirs. «De par ma mère, j'ai un peu grandi à l'hôpital. Il y a quelque temps, j'ai retrouvé une photo prise au Noël de son service. J'avais 8ans, arborais un nez rouge et devais être en train de chanter une comptine. » Un signe. «Ces dernières années, le cinéma a abandonné le registre de l'enfance comme avaient su le mettre en scène Spielberg ou Truffaut. Les jeunes années sont pourtant la source de bien des vocations artistiques. La caméra pose désormais un regard trop adulte. Si j'ai une touche à apporter en tant que metteur en scène, ce serait d'épouser à nouveau le regard de l'enfant» , conclut Reda Kateb. C.J.

Le Monde
Culture, mardi 1 octobre 2024 127 mots, p. 23

Cinéma

Un film sur la tauromachie primé au Festival de Saint-Sébastien

Tardes de soledad(« après-midi de solitude »), le documentaire sur la tauromachie du réalisateur catalan Albert Serra a reçu, samedi 28 septembre, la Coquille d’or. Soit la plus haute récompense du Festival international du film de Saint-Sébastien, au Pays basque espagnol. En recevant son prix, le cinéaste a remercié le festival pour avoir « sélectionné le film », alors que des organisations de défense des animaux avaient milité pour son retrait de la compétition de cette 72e édition du festival (du 20 au 28 septembre). Le film suit le torero péruvien Andres Roca Rey du moment où il enfile son habit de lumière jusqu’àla fin de la corrida, sans éluder la question de la mort destaureaux. – (AFP.)

Le Monde
Culture, jeudi 10 octobre 2024 69 mots, p. 24

Cinéma

Costa-Gavras recevra un César d’honneur

Le cinéaste franco-grec Costa-Gavras, 91 ans, recevra un César d’honneur lors de la 50e édition de cette cérémonie en février 2025. Auteur de vingt et un longs-métrages, le réalisateur a déjà reçu l’Oscar du meilleur film en langue étrangère pour Z en 1970, la Palme d’or pour Missing en 1982 et un César (scénario) pour Amen en 2003. – (AFP.)

Le Monde
Culture, mardi 29 octobre 2024 1752 mots, p. 26
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28 octobre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Reportage

Les 40 ans de l’album militant de Bronski Beat

Publié en 1984, « The Age of Consent », du trio emmené par Jimmy Somerville, a fait émerger une fierté queer

Bruno Lesprit

Londres - envoyé spécial - Quarante ans après, les trois figures géométriques brillent en fond de scène du Queen Elizabeth Hall, au bord de la Tamise. Le rond bleu et le carré jaune suprématistes pourraient être un hommage à Malevitch si n’était superposé un triangle rose, le symbole utilisé dans les camps nazis pour identifier les homosexuels. Comme un défi à la loi du silence.

Cette composition sur un fond noir funèbre – le virus de l’immunodéficience humaine, dit « VIH », venait alors d’être identifié comme la cause du sida – distingue l’album The Age of Consent, publié en octobre 1984 par un trio encore inconnu quatre mois auparavant : Bronski Beat. Jusqu’à la sortie d’un premier single, Smalltown Boy. Le falsetto du contre-ténor Jimmy Somerville illustrait la détresse d’un garçon victime d’homophobie sous le règne de Margaret Thatcher, rejeté par sa famille et poussé à s’enfuir parce qu’ «[il] ne trouvera jamais chez[lui] l’amour dont[il a] besoin ». Le chanteur avait lui-même quitté Glasgow en 1980 pour trouver refuge dans des squats londoniens, un mois avant que l’Ecosse ne légalise l’homosexualité et ne finisse par s’aligner sur le Sexual Offences Act de 1967 qui l’avait décriminalisée – sous conditions – à partir de 21 ans en Angleterre et au Pays de Galles.

Ecrit à l’attention des solitaires et des réprouvés, Smalltown Boy,troisième du classement britannique et numéro un en Italie, aux Pays-Bas et en Belgique, avait conquis les masses. De quoi pousser l’avantage avec un album au titre revendicatif. The Age of Consent(« la majorité sexuelle ») était en effet accompagné d’un comparatif des législations européennes concernant les gays.

Convergence des luttes

Ce moment historique dans l’émergence d’une fierté queer au Royaume-Uni méritait d’être célébré pour son 40e anniversaire. Par une recréation le 19 octobre, au Queen Elizabeth Hall. « La voix de Jimmy Somerville m’a aidé à comprendre mon homosexualité avant même que je ne trouve les mots pour en parler, témoigne le producteur de la soirée, Laurie Belgrave, fondateur du label queer The Chateau. Et The Age of Consent demeure une grande inspiration pour les artistes pop, alors que celle-ci s’est éloignée des préoccupations politiques. Bronski Beat était très lié à l’organisation LGSM[Lesbians and Gays Support the Miners] , qui avait apporté son soutien aux mineurs, lors de la grève de 1984. Ils avaient joué le 10 décembre au concert caritatif “Pits and Perverts”[“des puits et des pervers”] à l’Electric Ballroom de Londres, où Jimmy avait souhaité leur victoire et celle du socialisme. »Cette alliance improbable, restée comme un modèle de convergence des luttes, a été racontée dans le film Pride (2014), de Matthew Warchus, dont le personnage principal est le militant communiste Mark Ashton, mort du sida en 1987.

Un proche de Somerville, aujourd’hui âgé de 63 ans. Celui dont le dernier album – un Homageau disco – remonte à 2015 est d’une remarquable discrétion, ne réapparaissant épisodiquement que pour des singles caritatifs, notamment en faveur des sans-abri. Mais il a tout de même adressé un message aux spectateurs du Queen Elizabeth Hall : « Avec Steve et Larry, écrit-il , ce sont nos cœurs indignés et en colère, sortis du placard et fiers, qui ont donné[à cet album] le pouvoir et la beauté qu’il a conservés. » Depuis la mort de Steve Bronski en 2021, le même jour (un 7 décembre) que l’autre claviériste, Larry Steinbachek, cinq ans plus tôt, Somerville est le dernier survivant du Bronski Beat originel, qu’il devait quitter dès l’été 1985 pour fonder le duo The Communards. En leur absence, explique son manageur, Gunther Walker, « il souhaite que l’on parle uniquement deThe Age of Consent et, surtout, qu’on se l’approprie ».

« Révolutionnaire pour l’époque »

Pour interpréter ses dix titres, Laurie Belgrave a réuni un groupe « queer et trans », afin d’indiquer que le combat continue . « Il faut obtenir l’interdiction des thérapies de conversion, explique-t-il, et ne rien lâcher. Car, quatre ans aprèsThe Age of Consent, fut adopté le fameux amendement 28[Section 28] prohibant la promotion de l’homosexualité. » Le plateau vocal donne à entendre des voix évidemment haut perchées dès que Tom Rasmussen, barbu roux portant kilt et tee-shirt de l’association Act Up (le slogan « Silence = mort »avec un triangle rose sur fond noir), fait décoller Why ?.The Age of Consents’ouvrait par ce cri de Somerville devant l’impossibilité pour un gay de vivre publiquement sa sexualité sans que ne s’exerce à son encontre une violence physique.

L’instrumentarium utilisé (saxophone, harpe, carillons tubulaires) atteste que l’album est plus varié que l’étiquette Hi-NRG, ce dérivé synthétique et survitaminé du disco, apparu au début des années 1980, qu’on lui a accolée. L’influence du jazz vocal transparaît aussi avec la reprise du It Ain’t Necessarily Sode Gershwin, idéal pour la voix soul de Tawiah, Londonienne de lignée ghanéenne, alors que Bishi, aux origines bengalaises, introduit au sitar la protest-song No More War.

Dans le hall, le stand de merchandising est consacré à l’album réédité le 18 octobre en quatre volumes audio et un DVD. Il est tenu par William Larnach-Jones, directeur australien du marketing chez London Records, le label qui signa Bronski Beat. «The Age of Consent est entré dans la mémoire collective, car un trio de jeunes hommes gays était révolutionnaire pour l’époque, constate-t-il. Nous avons donc voulu que les contributions, dans le livret, l’évoquent de différents points de vue – sociologique, musical et personnel. Jimmy n’a pas souhaité être impliqué, mais il a tenu à ce qu’une nouvelle vidéo soit réalisée pourWhy ?, afin de mieux en restituer le contexte. »

Confiée au réalisateur Matt Lambert, elle est constituée d’images d’archives montrant le combat des gays au Royaume-Uni. « Jimmy a toujours été d’abord un activiste, observe William Larnach-Jones. Il est devenu célèbre par accident. Son parcours n’a rien à voir avec celui d’un Boy George ou d’un George Michael, qui voulaient avant tout devenir des pop stars. »

Début 1984, un groupe fait pourtant scandale avec son premier single, Relax,accompagné d’une pochette et d’un clip mettant en scène du bondage. Originaire de Liverpool, Frankie Goes to Hollywood est orchestré par le producteur Trevor Horn (coauteur en 1979, avec The Buggles, du hit Video Killed the Radio Star) et Paul Morley, un journaliste musical qui se révélera un as du marketing. Le tandem parvient en effet à ses fins quand Relaxest banni des ondes de la BBC, publicité qui propulse le titre au sommet du classement britannique.

« Relax était l’équivalent d’un film de sexploitation, une opération commerciale, et c’était tout ce que Bronski Beat ne voulait pas être, déplore Colin Bell, qui était alors directeur du marketing de London Records. Rien n’était authentique : les membres de Frankie Goes to Hollywood, remplacés en studio par des musiciens, n’étaient que des marionnettes. » Précédemment manageur de Tom Robinson, un punk-rockeur dont la chanson Glad to Be Gayavait été adoptée en 1976 par le Gay Liberation Front, Colin Bell avait rencontré Somerville et ses deux acolytes le 12 septembre 1983, lors de la première apparition publique de Bronski Beat. C’était au Heaven, un club gay londonien, à l’occasion du festival September in the Pink.

« Ethique punk »

Alors que d’autres maisons de disques étaient sur les rangs, son orientation sexuelle avait fait pencher la balance en faveur de London Records, d’autant qu’il avait promis aux trois skinheads de préserver leur intégrité. C’était surtout Somerville, avec son « éthique punk », qu’il avait fallu convaincre : « Steve et Larry n’étaient pas aussi politisés. Ils apportaient essentiellement ce son électronique émergent. Et Jimmy ses textes. Il était encore un chanteur inexpérimenté, mais je n’avais jamais entendu auparavant une telle voix, pleine d’émotions contradictoires. » The Age of Consentfut produit par Mike Thorne, complice du groupe londonien Wire, des esthètes du punk dont les Bronski Beat avaient apprécié l’album Pink Flag(1977). Il avait aussi contribué en 1981, aux côtés du duo Soft Cell, à la transformation d’un obscur rhythm’n’blues en tube electro international : Tainted Love.

Mais Colin Bell était aussi un « capitaliste de l’industrie du disque », dont la mission était d’atteindre l’audience la plus large. « A l’origine, Bronski Beat voulait le seul triangle rose sur la pochette, se souvient-il . Je leur ai dit que c’était trop restrictif. Et pour le clip deSmalltown Boy , j’ai dû empêcher que figure une scène decottaging [la recherche de faveurs sexuelles dans les toilettes publiques, qui vaudra à George Michael une condamnation en 1998]. Ça allait trop loin, on ne passerait jamais à la télé. » La vidéo opta pour une austérité conforme au cinéma social de Ken Loach. Curieusement, elle fut réalisée par Bernard Rose, le même qui avait tourné celle de Relax…

Auteur de Queer Footprints (« empreintes queer » Pluto Press, 2023, non traduit), un guide retraçant l’épopée du Londres gay, Dan Glass a tenu, lui aussi, à saluer l’anniversaire de The Age of Consentlors des promenades thématiques qu’il organise. Actuellement en campagne pour que l’entreprise pharmaceutique Gilead commercialise le lénacapavir, un nouveau médicament pour le traitement du VIH, à un prix décent (fabriqué pour 40 dollars, soit 37 euros, il est vendu à 40 000 dollars), ce membre d’Act Up a adapté son circuit pour l’occasion. Avec arrêts devant la librairie « radicale-progressiste » Housmans, où trône en vitrine le tee-shirt du concert « Pits and Perverts » de 1984, ou dans l’espace autrefois occupé par The Bell, le pub préféré de Somerville.

Dan Glass affirme que The Age of Consent,paru un an après sa naissance en 1983, a accompagné sa jeunesse. Smalltown Boy faisait écho à ses fugues d’ « adolescent dormant sur les plages de Bournemouth ou dans des ruelles de Soho à la sortie des clubs ». « Quand j’ai appris à 19 ans que j’étais contaminé, ajoute-t-il, les chansons de Bronski Beat sur la piste de danse devinrent un exutoire au stress. »

Le Monde
Culture, mercredi 30 octobre 2024 1187 mots, p. 25
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29 octobre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Juré N°2 pppv A ne pas manquer

Le thriller machiavélique de Clint Eastwood

A 94 ans, le réalisateur américain livre un film de procès complexe, au scénario retors

Jacques Mandelbaum

On le savait au moins depuis L’Homme des hautes plaines (1973), son deuxième long-métrage comme réalisateur, Clint Eastwood est par excellence l’homme qui revient. D’entre les ombres du cinéma classique, d’une jeunesse de toute éternité révolue, et même de sa propre mort, incessamment préfigurée. Auteur à 94 ans d’une œuvre désormais monumentale, l’impavide fantôme livre avec Juré n° 2, comme il en va le plus souvent, un film d’excellente facture, d’où son corps cette fois-ci s’absente mais où son esprit persiste. Tel est dorénavant la donne hollywoodienne, que le moindre film de Clint Eastwood puisse, par son intelligence de la complexité requise de la fiction, faire l’effet d’une Critique de la raison pure.

Il s’agit ici d’un film de procès doublé d’un thriller. Vécu, comme il est dit, depuis l’expérience subjective du « juré n° 2 », Justin Kemp, un grand beau gars qui ressemble un peu à Clint Eastwood jeune (l’acteur anglais Nicholas Hoult l’interprète), bon et loyal mari d’une épouse sur le point de donner à leur foyer leur premier enfant. Le fait qu’il soit désigné pour être juré dans une affaire d’homicide ouvre, en filigrane, à l’existence d’un autre couple à peu près du même âge, qui se révèle son infernal contrepoint. A vrai dire, son corps à elle vient d’être retrouvé sans vie sur le bord d’une route. Quant à lui, dealeur notoire et brute épaisse (Gabriel Basso, de la série The Night Agent), il est soupçonné de l’avoir tuée au sortir d’un bar où, alcoolisés, ils se sont publiquement déchirés.

Monde brouillé

Le premier, en compagnie de ses cojurés, sera donc amené à juger de l’innocence ou de la culpabilité du second, que tout accable. Y compris le regard implacable d’une procureure adjointe (Toni Collette, avec toute la morgue nécessaire) en pleine campagne pour gravir l’échelon supérieur, d’autant plus disposée à boucler rondement l’affaire avec ce qu’elle a sous la main. Le film se noue véritablement, pour ne plus nous lâcher, avec les premières « visions » de Kemp. A l’instar de Clint Eastwood, le jeune homme souffre de réminiscences. Hanté par le passé. Par son propre passé, en l’occurrence.

Par petites touches, à mesure que les visions le saisissent au cours du procès, apparaît l’histoire d’un couple moins solaire, moins solide qu’il aura pu paraître. Deux enfants dont il faut porter le deuil. L’épreuve de l’alcool pour Kemp. Les groupes d’entraide. La rechute d’un soir dans le bar même où se déchire l’autre couple. La fille qui s’en va en courant du bar poursuivie par son amant. La voiture qu’on prend à leur suite dans la nuit et sous une pluie diluvienne pour rentrer chez soi. Le choc violent d’un corps, non identifié, contre le capot. Que le lecteur se rassure, nous n’avons rien trahi ici qui ne puisse l’être. Ces révélations apparaissent suffisamment tôt dans le film pour que l’hypothèse de la culpabilité de Kemp, et partant celle de l’innocence de l’homme qu’on est en train de juger, circonscrive le véritable terrain où va se jouer ce film.

Car c’est désormais un monde soudain brouillé, faillible, incertain, qui s’ouvre. Où se trouve le bien et où le mal ? La culpabilité et l’innocence ? Kemp est à la fois rongé par la culpabilité et soucieux de sauver sa peau. Il présume que le salopard qui risque une lourde peine est peut-être innocent du crime dont on l’accuse et que lui seul pourrait lui sauver la mise. D’un autre côté, il doit à sa femme, à sa famille, à lui-même et à la vie, de saisir à pleines mains cette deuxième chance de revitaliser son foyer. Sur la foi de quoi il avance comme sous hypnose, sur un fil, manœuvrant à la fois contre ceux qui dans le jury veulent la peau de l’accusé et contre les soupçons qui pourraient faire pencher l’enquête du côté de sa propre responsabilité.

De fait, ceux-ci se resserrent à mesure que le procès avance. Alertée par un flic à la retraite qui ne croit pas à la culpabilité du suspect, la procureure mène une contre-enquête. Les témoins vacillent. La liste des véhicules récemment réparés dans la région comprend le véhicule qui est au nom de la femme de Kemp. La tension monte dangereusement, à l’écran et dans la salle. Tension d’autant plus étrange, d’autant plus embarrassée, qu’elle n’engage pas, de la part du spectateur, un parti pris en faveur de tel ou tel. Qui sauver, entre l’honnête citoyen involontairement responsable de la mort d’une passante et le dealeur qui a du sang sur les mains mais se trouve innocent du crime dont on l’accuse ? Choisir l’un ou l’autre revient à entacher ou la vérité, ou la justice.

Se mesurer à Henry Fonda

Est-on, in fine, absolument certain que ce scénario, probable, soit plus avéré que celui qui, aux yeux de l’accusation, désigne le suspect ? Même pas. Récit machiavéliquement ficelé donc, et qui à ce stade réserve encore des surprises. Quoique non réductible aux Douze hommes en colèreréalisé en 1957 par Sidney Lumet – huis clos canonique du film de procès à travers la délibération d’un jury –, Juré n° 2 s’arrange pour y faire fortement allusion, à travers la tentative de Kemp de retourner un à un les jurés qui veulent la tête du suspect. En l’espèce, c’est moins le rapprochement que la différenciation entre les deux films qui est édifiante. Lumet, écorché vif et progressiste, bataillait dans ses films contre l’injustice et les failles du système en conservant malgré tout l’espoir de les atténuer. C’est tout le sens de la performance d’Henry Fonda qui, par pure conviction démocratique, convainc pied à pied un jury vengeur de se ranger à ce principe du droit qu’est le doute raisonnable.

Eastwood, en bon libertarien, tient au contraire que la justice, faillible comme institution, est une affaire qui engage l’obligation de chaque individu à défendre sa liberté et sa morale, boussoles supposément suffisantes pour distinguer le bien du mal. Ce faisant, il n’en finit plus de se mesurer à Henry Fonda, l’acteur qui l’aura probablement le plus influencé dans la recherche de son style propre (regard laser, assurance virile, beauté froide,…), sans qu’il endosse pour autant les valeurs progressistes que son aîné incarnait par excellence. Fonda avait d’ailleurs refusé le rôle principal de Pour une poignée de dollars (1964), de Sergio Leone, qui ouvrit en majesté la carrière d’Eastwood. Deux Amérique se croisaient. Vieille histoire.

Le Monde
Culture, vendredi 11 octobre 2024 106 mots, p. 26

CINÉMA

La série de jeux vidéo « Shinobi » adaptée pour le grand écran

Le japonais Sega a annoncé une adaptation cinémato-graphique de sa célèbre série de jeux vidéo Shinobi, en collaboration avec Universal Pictures, déjà derrière Super Mario Bros, le film (2023). Sorti pour la première fois en 1987 dans les salles d’arcade, le jeu, mettant en scène un ninja des temps modernes se frayant un chemin au gré de niveaux remplis d’ennemis, a connu de nombreuses adaptations et suites sur ordinateur et console. Le long-métrage sera réalisé par Sam Hargrave et produit notamment par Marc Platt (La La Land, Babylon) pour Universal Pictures. – (AFP.)

Le Monde
jeudi 24 octobre 2024 572 mots, p. 30
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23 octobre 2024 - Le Monde (site web)

La nécessaire refonte du Pass culture

Principal marqueur de sa politique culturelle, le Pass culture est en train d’échapper à Emmanuel Macron. La réforme de ce dispositif, annoncée par la ministre de la culture, Rachida Dati, dans une tribune au Monde le 11 octobre, remet en cause la philosophie originelle du projet présidentiel. Ce « chèque » de 300 euros offert, depuis mai 2021, à tous les jeunes âgés de 18 ans pour être dépensé à leur guise en achats culturels devrait voir son montant modulé en fonction de la situation sociale de ses bénéficiaires. Et une partie de la somme devrait être fléchée vers le spectacle vivant.

Le ministère veut éviter que le Pass soit une simple plateforme d’achats, majoritairement utilisée pour acheter des livres (mangas et romances en tête), aller au cinéma ou s’abonner à des sites de musique en ligne, très rarement pour aller au théâtre. Pour l’heure, il ne parvient pas à atténuer les inégalités sociales et territoriales dans l’accès à la culture.

Malgré un succès quantitatif indéniable, avec 3,4 millions de bénéficiaires, le Pass culture a toujours été sous le feu des critiques, qu’on l’accuse de favoriser les entrepreneurs du secteur privé ou que l’on reproche à la société qui le gère de ne pas communiquer de statistiques précises à sa tutelle ministérielle. Ce partage de données devrait être enfin effectif en novembre, selon Sébastien Cavalier, patron de la SAS Pass culture, permettant d’alimenter le débat de manière objective. Qualitativement, le Pass ne semble pas avoir changé l’habitus culturel des jeunes. Pouvait-il en être autrement ? La promesse d’un algorithme novateur, incitant les utilisateurs de l’application à s’ouvrir à de nouveaux horizons culturels, n’a jamais fonctionné.

Parce qu’il coûte cher (210 millions d’euros par an pour la seule part individuelle) pour de maigres résultats, il doit être profondément remanié, dans un contexte de contrainte financière et alors même qu’il a jusqu’à présent été épargné par les coupes budgétaires. En janvier 2022 déjà, Rima Abdul Malak, alors conseillère culture d’Emmanuel Macron, et Roselyne Bachelot, alors ministre de la culture, avaient fait une première entorse à un projet monté dans la précipitation, en ligne avec l’esprit « start-up nation » de la campagne de 2017, en créant une part collective pour les collégiens et les lycéens gérée par leurs professeurs. Elles entendaient ainsi renouer avec l’indispensable médiation pour construire une éducation artistique et culturelle trop souvent sacrifiée.

Rachida Dati propose aujourd’hui une réforme plus radicale. En choisissant de rompre avec une politique de la demande, elle s’émancipe du pari élyséen et reprend à son compte les critiques émises ces derniers mois par la Cour des comptes et l’inspection générale des affaires culturelles, qui ont pointé les difficultés du nouveau dispositif à remplir ses missions de service public.

La volonté de corriger les inégalités sociales et de pousser à la diversification culturelle en direction du spectacle vivant va donc dans le bon sens. Cette réforme nécessaire risque toutefois de se heurter à la complexité de sa mise en œuvre. Sur quels critères familiaux, par exemple, moduler les sommes attribuées ? Les écueils seront nombreux ; cette refonte de la philosophie initiale du Pass culture n’en reste pas moins primordiale. Il y va de la survie, à terme, de l’une des rares initiatives prises en faveur de la jeunesse depuis 2017.

Le Figaro, no. 24931
Le Figaro et vous, samedi 19 octobre 2024 1206 mots, p. 32

Culture

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18 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

LES CINQUANTE NUANCES DE PIANO D'ALEXANDRE THARAUD

APRÈS SOIXANTE DISQUES, L'INTERPRÈTE REVIENT À BACH AVEC UN ALBUM DE TRANSCRIPTIONS INTIME ET AUDACIEUX. IMAGE D'UN ARTISTE PROTÉIFORME QUI, EN TRENTE ANS DE CARRIÈRE, N'A EU DE CESSE DE POUSSER LES MURS DU CLASSIQUE POUR MIEUX LE FAIRE AIMER.

Hillériteau, Thierry

Écrivain un jour. Comédien le lendemain. Interprète. Mais aussi directeur artistique. Chanteur, à ses heures perdues. Amoureux de Chopin comme d'Emmanuel Chabrier, de Jean Wiéner. Et surtout de Barbara ! Pianiste avant toute chose. Tel est Alexandre Tharaud. À 55 ans, le musicien français à la silhouette d'éternel adolescent reste mondialement connu pour ses interprétations d'une rare élégance du répertoire français. Des baroques Rameau ou Couperin, qu'il remit au goût du jour sur piano moderne. À Ravel, Poulenc ou Satie. En passant par les compositeurs d'aujourd'hui, auxquels il consacrera l'an prochain un nouvel enregistrement.

Mais il est aussi un artiste à 360°. Inclassable et insaisissable à la fois. Un mystère pour lui-même. Qu'il sonde de scène en scène, de disque en disque, avec une touchante soif d'introspection. Témoin, son dernier opus, paru ce 18 septembre chez Érato. Le pianiste aux soixante disques y revient à un compositeur qui lui est cher : Jean-Sébastien Bach, dont il grava à plusieurs reprises les concertos, ainsi que les Variations Goldberg. Jean-Sébastien Bach, avec lequel il fit aussi ses premiers pas de côté en dehors des salles de concert traditionnelles. C'était il y a vingt ans. Aux Nuits de Fourvière. Tharaud y accompagnait Bartabas et ses écuyers dans un singulier récital équestre, où dialoguaient concertos dans le goût italien et Clavier bien tempéré. Depuis, l'envie d'ailleurs du musicien a fait du chemin. Son piano a quitté son appartement pour prendre le large.

Au figuré, il multiplie depuis vingt ans les croisements et les aventures extra-musicales. Sur scène et dans les bacs. Abordant de manière décomplexée, à côté du grand répertoire, les musiques de film, la chanson (quitte à s'entourer d'artistes de variété comme Bénabar ou Juliette) ou la musique des Années folles : «Une période où tous les croisements étaient permis» ,souligne-t-il avec nostalgie. Au cinéma, où il joua son propre rôle en 2012 dans le film Amour de Haneke. Et campa l'an dernier un formidable critique musical dans le biopic d'Anne Fontaine autour de Maurice Ravel, Boléro: «Un rôle de composition. Je me suis inspiré pour le jouer des mimiques et des intonations d'un critique qui n'a pas toujours été tendre avec moi», glisse-t-il dans un sourire. Et même en librairie, où il créa la surprise il y a cinq ans, en publiant, chez Grasset, Montrez-moi vos mains, remarquable témoignage sur la vie de pianiste, rédigé avec une plume pleine de poésie, de grâce et de fantaisie. «Je viens de finir mon deuxième livre. J'y parle de mon enfance. Je ne sais pas encore si je le publierai» , confie celui qui dit n'écrire que dans les avions. «Je n'y arrive que lorsque je suis en mouvement et que ça va très vite. L'explication doit être chez le psy», lâche-t-il entre deux rires.

Au propre, le Français passe aujourd'hui chaque semaine libre au Québec, dont il est tombé en amour voici quelques années. «Y aller me fait beaucoup de bien. C'est un lieu où je me ressource et chaque fois que j'en reviens, je suis changé. Au moins pour quelques jours» , dit-il, fraîchement débarqué du Canada. Cette âme contemplative s'y repaît des paysages grandeur nature du Saint-Laurent. Mais pas seulement. «C'est l'un des rares pays où l'on se parle encore. Quel que soit son bord politique, ses convictions, on peut échanger avec bienveillance, ce qui est hélas trop rare. Notre monde, France comprise, a beaucoup perdu en humanité et ouverture de coeur» , déplore cet artiste engagé, qui a fait entendre sa voix pour défendre les droits des homosexuels ou s'élever contre la montée des extrêmes en Europe. Il y profite aussi d'une scène musicale «ouverte et curieuse de tout. Là-bas, je peux proposer tout type de formats de concert, ou de répertoire. Ce qui est rarement le cas ailleurs.»

Depuis deux décennies, le conquérant Alexandre n'en a pas moins réussi à repousser le quatrième mur dans plusieurs de nos institutions musicales. À commencer par la Philharmonie de Paris, où ses nombreuses cartes blanches lui ont permis de creuser le sillon du hors format. Concerts chorégraphiés. Récitals nocturnes baptisés « Dodo-Tharaud » , où le public, allongé et plongé dans le noir, se laisse guider par le musicien et ses invités (de Claire Chazal à l'acteur Raphaël Personnaz), dans une escapade musicale et poétique. Il est aussi le parrain des concerts Relax, qui oeuvrent partout en France à garantir une meilleure accessibilité aux concerts classiques pour les publics souffrant de handicap. «Depuis la mort de la génération Chopin, on a enfermé les pianistes dans une tour d'ivoire sous une douche de lumière, et le récital dans un rituel. Avec partout les mêmes éclairages. Les mêmes pianos noirs qui se ressemblent. La liste des compositeurs joués lors des grandes séries s'est réduite comme peau de chagrin. En cent ans, on a dû passer de cinquante à vingt. Je rêve un piano qui redevienne synonyme de liberté. De récitals sur instruments couleur bois, où l'on verrait les veines du palissandre. D'un rapport au public qui ne soit plus figé. De programmes qui brisent les frontières et permettent à l'interprète de renouer avec la créativité.»

C'est pour renouer avec cette part de créativité dans l'interprétation qu'il revient aujourd'hui à Bach. Un Bach intime, auquel il rend hommage au disque sous forme d'une audacieuse succession de transcriptions, pour piano seul, de pages qui embrassent tous les pans de l'oeuvre du compositeur allemand. De ses suites pour luth au choeur d'ouverture de la Passion selon saint Jean, en passant par ses concertos ou des extraits de la Saint Matthieu. Des transcriptions signées du Cantor de Leipzig lui-même (comme l'adagio du Concerto en ré mineur d'après Marcello). Mais aussi Jean Wiéner (le choral de la BWV 756), Franz Schubert (le fameux Ave Maria, dont il livre ici une version idéale d'équilibre entre simplicité et puissance narrative)... Et surtout Tharaud lui-même !

«Ces transcriptions remontent pour leur très grande majorité à mes années de conservatoire» , se souvient-il. Des années auxquelles il faut remonter pour comprendre la soif de liberté qui l'anime. «Du conservatoire, je garde le souvenir d'une série d'interdits. Des répertoires interdits, comme Emmanuel Chabrier. Je ne parle pas de Jean Wiéner ou des musiques de film. Mais aussi l'interdiction de tout jeu trop personnel. Je me suis construit contre cet académisme. Contre le conservatoire lui-même. La transcription m'a permis de m'échapper du piano tel qu'on l'enseignait. De renouer avec cette part créative, qui faisait partie de l'ADN de tout pianiste jusqu'à la seconde moitié du XXesiècle», analyse-t-il. Et d'ajouter : «De toute manière, jouer Bach sur piano moderne, c'est déjà une forme de transcription. Donc tout pianiste est transcripteur d'office. Car tout pianiste, amateur comme professionnel, chemine avec sa musique depuis ses premières années d'apprentissage jusqu'à la fin de sa carrière. Il est notre centre. Camille Saint-Saëns ne disait-il pas jouer chaque matin, avant son petit déjeuner, un prélude et fugue de Bach?»

En concert le 15novembre, au Festival Piano, à Lyon, et le 19novembre, à la Philharmonie de Paris (19e).

Le Monde
Culture, mercredi 30 octobre 2024 839 mots, p. 26
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30 octobre 2024 - Le Monde (site web)

totEm pppv

Un étrange anniversaire filmé à hauteur d’enfant

Lila Avilés met en scène une fillette qui, le temps d’une journée, comprend que son père va mourir

Clarisse Fabre

Que se passerait-il si l’on filmait une fête et ses préparatifs du point de vue d’une enfant, qui ne comprend pas tout de la vie, ni du langage des adultes ? A quels détails s’attacherait la caméra, comment la fillette s’occuperait-elle en attendant le soir, que les lumières s’allument, que les amis arrivent, que son père gravement malade se montre, enfin ? Toutes ces questions irriguent la mise en scène volubile de Totem, second long-métrage de la réalisatrice mexicaine Lila Avilés, née en 1982 – son premier « long », La Camarista (2018), était inspiré du journal de Sophie Calle, L’Hôtel (Ed. de l’Etoile, 1984).

Le temps d’une journée, un peu bizarre, Sol (Naima Senties), fillette de 7 ans, comprend que son père, Tona (Mateo Garcia Elizondo), dont on fête l’anniversaire, va bientôt mourir. Agé de la trentaine, celui-ci est atteint d’une maladie que l’on devine être un cancer. Le suspense, et c’est la force du dispositif, tient dans ces heures qui précèdent la soirée et trottent dans le cœur de Sol. La cinéaste les saisit dans un cadre resserré (quatre sur trois), au plus près du visage de l’enfant et des doutes qui s’immiscent en elle.

Silence et douceur

Tout ou presque se joue dans la maison familiale. Tona, artiste peintre, complètement affaibli, vit reclus dans une chambre. Le reste de la famille s’active, à faire un gâteau, à passer l’aspirateur… Sol et sa maman sont arrivées le matin, en voiture – après une scène d’ouverture gratinée dans les toilettes publiques, sur le trajet, la petite scotchée sur la cuvette, la mère n’en pouvant plus d’attendre son tour.

Sélectionné en compétition à la Berlinale, en 2023, Totem est cru, vivant, jamais sinistre. Une fois dans la maison, l’enfant ne sait pas où se mettre, tel un paquet encombrant au milieu de l’effervescence. On la félicite pour sa perruque frisée de clown – car la petite a préparé un spectacle pour son père. Celui-ci est tout près, derrière une cloison, mais Sol ne peut pas aller le voir. Le spectateur, si : on entrevoit Tona, corps christique, beau visage mangé par une barbe, dans ses tentatives de se lever, de se doucher. Beaux moments de silence et de douceur aux côtés d’une proche (Teresa Sanchez) lui prodiguant des soins.

Lila Avilés filme l’ennui, ce temps qui s’écoule trop lentement pour la fillette. On se faufile à ras du sol, sous la table, où elle se réfugie, puis au milieu des coussins du canapé que la petite a réagencés pour se fabriquer un abri. Un autre monde, près de la porte-fenêtre entrouverte, où passent l’air… et les petites bêtes.

Le dedans et le dehors communiquent, comme la vie et la mort au Mexique, où l’on célèbre les esprits des disparus. La grand-mère de Sol est décédée, et le grand-père, aphone, est muni d’un appareil vocal lui donnant une voix spectrale. Ce qui pourrait relever de l’exotisme devient ici cocasse, sous le regard de la petite. Sol voit débarquer une dame venue chasser les mauvaises ondes, équipée de deux seaux remplis d’eau et de sel, aux vertus curatives, dit-elle. Puis la chamane réclame son argent, repart en coup de vent.

Ce film animiste donne toute sa place aux insectes, dont les rituels rassurent. Une rangée de fourmis arpente la tapisserie, comme il se doit. A côté, dans la pièce, certains adultes font l’effet de courants d’air. Les tantes s’affairent en cuisine, le gâteau brûle… Ça tourbillonne, ça gueule, mais ça fonctionne, tel est le sens du titre, Totem, pour qualifier ce collectif qui réussit malgré tout à garder le cap.

C’est la vie des bêtes, les grands seraient les abeilles d’une ruche et Sol le petit escargot, portant l’inquiétude sur son dos : cela fait des jours qu’elle n’a pas vu son père… Un oncle offre à la petite un poisson rouge, car Sol va aussi souffler ses bougies, à côté de Tona.

La jeune actrice imprime un silence résigné sur son visage, d’une force et d’un naturel bouleversants. Tout en gardant son regard enfantin, curieux de tout, et surtout ce rire, candide, lorsque Sol explique que son poisson s’appelle Nugget. Nourrie par le cinéma de Cassavetes, Lila Avilés filme une fin de vie au milieu d’un bateau ivre. Le père est en quelque sorte au fond de la cale, et va devoir trouver la force de monter sur le pont. Où l’attendent ses proches et amis, bouleversés, abattus. Mais debout. Quand le père arrive, enfin, personne ne fait une tête d’enterrement. Etrange fête que ce dernier anniversaire.

Le Figaro, no. 24937
Le Figaro et vous, samedi 26 octobre 2024 691 mots, p. 34

Culture

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25 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

LE DIBBOUK, UN FANTÔME TRÈS INSPIRANT

LE MUSÉE D'ART ET D'HISTOIRE DU JUDAÏSME, À PARIS, RACONTE COMMENT CET ESPRIT PRENANT POSSESSION D'UN VIVANT A INSPIRÉ JUSQU'AUX FRÈRES COEN.

Duponchelle, Valérie

L'affiche dans les couloirs du métro parisien, bleu sur noir, concentre toute la beauté dramatique du dibbouk, cette histoire de possession d'un vivant par un esprit mort, mais aussi cette histoire d'amour tragique à la Roméo et Juliette. Le visage de Lea (en hébreu), ou Leye (en yiddish), aux yeux lourdement maquillés dans l'héritage du cinéma muet, est captif des deux mains croisées de l'héroïne, presque masculines, témoins de son déchirement intérieur. L'esprit qui la tourmente est celui de Khonen (en yiddish) ou de Hanan (en hébreu), amoureux au désespoir dont le destin funeste est scellé lors de la visite à «la tombe des fiancés massacrés», «rite de tout jeune couple en chemin vers le dais nuptial». Cette affiche est tirée d'une photo de l'actrice Hanna Rovina, dans le rôle de Lea, au théâtre, à Berlin, en 1926, et son traitement bleuté accentue son caractère expressionniste.

Elle est « entre deux mondes » , comme l'indique le sous-titre de la pièce originale. Car Le Diboukfut d'abord une pièce phénomène publiée en 1918 par Shalom An-ski, auteur né dans la région de Vitebsk en 1863, bien avant Chagall en 1887. La pièce fut d'abord écrite en russe, car le théâtre russe est alors la référence, puis traduite en yiddish par l'auteur lui-même. Elle fut créée, un mois exactement après la mort brutale de Shalom An-ski de crise cardiaque, en décembre 1920, à Varsovie, par une troupe de Vilna, l'actuelle Vilnius, en Lituanie, où s'était réfugié ce socialiste révolutionnaire craignant les persécutions en tant qu'opposant notoire au pouvoir bolchevique. Elle connut un succès immense pendant des décennies. Elle fut créée en hébreu à Moscou en 1922 par l'ensemble Habima, fut la pièce principale de son répertoire pendant ses tournées internationales et devint un classique après l'établissement de la troupe en Palestine, en 1931 (Le Dibouk. Entre deux mondes, ouvrage bilingue, Bibliothèque Medem).

Au fin fond de l'Ukraine

Cette pièce est le fruit de longues recherches menées par Shalom An-ski lors de ses expéditions ethnographiques (1912-1914) en Volhynie et en Podolie (l'actuelle Ukraine) pour récolter les fondements du folklore dans les populations juives hassidiques, ces adeptes d'un courant mystique fondé au XVIIIe siècle privilégiant la ferveur plutôt que l'interprétation intellectuelle des textes. Son expédition réunit une petite équipe dont font partie des musicologues, un photographe et plusieurs étudiants munis d'un phonographe et d'un appareil photographique. Pendant deux ans et demi, surtout l'été, elle va sillonner l'Ukraine jusque dans ses bourgades les plus reculées. Et récolter quelque deux mille photographies, des milliers de contes, légendes, chansons et pièces de théâtre populaire, mélodies populaires, souligne l'historien Yitskhok Niborski.

On retrouve ce patrimoine plein d'échos ancestraux dans la pièce où résonne le shofar, la corne de bélier, «dont le son accompagnera la venue du Messie et la résurrection des morts», où «Nom magique» est l'un des noms de Dieu, où «l'autre côté» est un terme désignant le diable et les esprits maléfiques, où «notre monde d'illusion» est l'appellation traditionnelle du monde d'ici-bas, par opposition au «monde de la vérité», l'au-delà. La pièce devient un film en 1937 avec Michal Waszynski, un des derniers films yiddish tournés en Pologne avant la Shoah. Son succès fut retentissant. C'est d'ailleurs significatif que le dibbouk, amoureux meurtri dans la pièce, devient après la guerre la métaphore du «retour du refoulé» au pire sens du terme. C'est le nom de code choisi pour désigner le criminel de guerre Adolf Eichmann dans la longue traque des services secrets israéliens en Argentine.

De Romain Gary dans La Danse de Gengis Cohn, histoire d'un ancien SS habité par le dibbouk d'une de ses victimes, à Andrzej Wajda, de Sidney Lumet à Leonard Bernstein, des frères Coen à l'artiste Sigalit Landau, le dibbouk devient l'incarnation d'un monde disparu, un fantôme dans un pays amputé d'une part historique de sa population.

« Le Dibbouk. Fantôme du monde disparu » ,au Musée d'art et d'histoire du judaïsme (Paris 3e), jusqu'au 26janvier 2025. Catalogue coédition Mahj/Actes Sud, 36euros.

Le Monde
Culture, mercredi 9 octobre 2024 652 mots, p. 26
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9 octobre 2024 - Le Monde (site web)

L’histoire de Souleymane pppv A ne pas manquer

Deux jours de pur suspense au côté d’un migrant

Jacques Mandelbaum

Voilà dix ans que Boris Lojkine tourne des fictions, fortement teintées de réel, autour du continent africain. Il y filme ceux qui le fuient (un couple d’émigrants en route vers l’Europe dans Hope, en 2014), ceux qui le rejoignent au péril de leur vie (la photographe Camille Lepage dans Camille, 2019), et aujourd’hui, avec L’Histoire de Souleymane, l’un de ceux qui ont réussi le voyage, mais à quel prix ?

C’est à Paris que cela se passe, et le héros de ce drame haletant se nomme Souleymane. Originaire de Guinée, vingt et quelques printemps, clandestin en attente de régularisation : le personnage doit beaucoup à l’histoire de son (excellent) interprète, Abou Sangare. Trois impératifs le requièrent, qui nourrissent exclusivement la trame du film : gagner de quoi manger, s’assurer un toit pour dormir, préparer son entretien de demande d’asile.

Par-devers soi, on pensera peut-être « archi-vu, anti-romanesque ». C’est tout le contraire. Du relativement peu vu et du romanesque à fond les manettes. On en connaît la raison, qui tient dans le titre d’un film canonique : Rosetta (1999), des frères Dardenne. Avec Emilie Dequenne, de tous les plans, en héroïne luttant pied à pied contre la précarité, intensifiée et magnifiée par la caméra portée.

Un très fragile équilibre

Copié depuis lors jusqu’à satiété, le film n’aura eu que peu d’émules dignes de ce nom. Louise Wimmer(Cyril Mennegun, 2012) en fut un. Souleymane en un autre. Tiens, trois titres, trois noms. Soit des films qui annoncent la couleur, plaçant au centre l’individu – soit étymologiquement ce qui est indivisible, autrement dit unique.

A l’assurance de cette intégrité s’ajoute l’une des grandes vertus de ce cinéma d’inspiration dardénienne : l’absence délibérée de discours et de morale. Un pur comportementalisme y embarque le spectateur au côté du héros. Ses problèmes les plus triviaux y deviennent ipso facto ceux du spectateur, a fortiori quand celui-ci comprend à quel point ils se révèlent vitaux pour le personnage.

S’agissant de Souleymane, toute l’habileté du scénario, qui n’invente rien cependant, consiste à nous montrer à quel point la vie de ce personnage repose sur un très fragile équilibre. Emprunter, en s’endettant sévèrement, l’identité d’un aigrefin pour pouvoir être livreur. Pédaler jour et nuit selon un timing d’enfer. Courir pour ne pas rater le bus qui le conduit au centre d’hébergement d’urgence. Répéter mentalement pendant tout ce temps le récit supposément crédible qu’un autre aigrefin enseigne à ses compatriotes en vue de leur entretien pour la demande d’asile.

La durée du film se cale sur les deux jours, de pur suspense, qui séparent Souleymane de cet entretien, dont la mise en scène ne nous prépare pas vraiment au poignant épilogue. Une brindille, pressent-on, pourrait le faire chuter en dépit de son calme impérial, de sa souveraine résilience. Un accident de vélo, une pizza abîmée, une cliente mécontente qui se plaint, pourraient être le début de la fin.

L’argent attendu du premier escroc qui refuse de le donner, alors même qu’il doit servir à payer le deuxième escroc, et voilà ce dernier qui refuse in extremis de délivrer un document nécessaire à la demande d’asile. En attendant, la police ricane, et les Parisiens s’impatientent. Dans ces conditions, comment tenir plus longtemps ? Comment encore espérer ? Il n’est pas certain que Souleymane ait le loisir ou le luxe de se poser la question. La grande vertu du film tient au fait qu’on se la pose à sa place, et aussi à cette manière, proprement cinématographique, de faire entrer un clandestin dans le régime triomphant de la visibilité.

La Croix, no. 43055
Culture, jeudi 24 octobre 2024 88 mots, p. 13

Cinéma Nicolas Bedos condamné pour agression sexuelle

L’acteur et réalisateur a été condamné mardi 22 octobre à un an de prison dont six mois avec sursis pour des agressions sexuelles sur deux femmes en 2023. La partie ferme de sa condamnation s’effectuera à domicile sous surveillance électronique, a ordonné le tribunal qui a par ailleurs prononcé une obligation de soins et une inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais). Son avocate, Me Julia Minkowski, a indiqué qu’ils feraient appel du jugement.

Le Figaro, no. 24946
Le Figaro et vous, mercredi 6 novembre 2024 827 mots, p. 30

Culture

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5 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

DEMI MOORE, UNE STAR À LA PEAU DURE

L'ACTRICE REVIENT SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE DANS « THE SUBSTANCE » , UN FILM GORE ET FÉMINISTE, PRIX DU SCÉNARIO À CANNES.

Delcroix, Olivier

Demi Moore n'a jamais fait les choses à moitié. Le jour de l'interview, elle porte un tailleur gris sophistiqué, un col roulé noir et sa chevelure de jais est coiffée à l'indienne. L'élégante actrice de The Substance serre sur ses genoux un minuscule chien tremblant, tandis qu'elle parle avec passion du rôle qui vient de la propulser à nouveau au firmament des comédiennes qui comptent à Hollywood. La séduction s'immisce dans l'entretien. La fierté de n'avoir pas baissé les bras aussi...

«Quand j'ai lu le script, j'ai immédiatement été époustouflée, attaque-t-elle. Je trouvais le thème du film à la fois cool et terriblement fou. C'était une façon très décalée de plonger dans un sujet très actuel, presque tabou: le vieillissement des stars hollywoodiennes. Le tournage fut complexe et exigeant. J'ai vraiment souffert.»

Ce film de genre, radical, jubilatoire, aussi graphique que maîtrisé, est pour elle celui de la renaissance. D'autant que The Substance a été sélectionné en compétition officielle à Cannes et a obtenu le prix du meilleur scénario. Cet audacieux long-métrage de la Française Coralie Fargeat se regarde comme une fable cruelle sur le vieillissement du corps féminin, une satire du milieu du cinéma et de la télévision. Son intrigue se rapproche de celle du Portrait de Dorian Gray au féminin, passé à la moulinette de l'ère post-MeToo.

Demi Moore y incarne Elisabeth Sparkle, ancienne actrice oscarisée devenue présentatrice d'une émission de fitness. Quand sonne l'heure fatidique de son 50e anniversaire, son producteur, aussi vulgaire que grimaçant (Dennis Quaid, bluffant de cynisme décomplexé), la licencie comme on jette un Kleenex par la vitre de sa voiture. C'est là qu'entre en jeu une mystérieuse « substance » dénichée sur le marché noir qu'on lui propose de tester.

Un pacte faustien

Attention, ce sérum relève du miracle à condition de respecter le protocole. Le pacte est faustien. Sous pression, déterminée à ne pas se laisser effacer du paysage hollywoodien d'un trait de plume, le personnage de Demi Moore plonge. Cette substance qu'elle s'injecte lui permet de donner naissance à Sue (Margaret Qualley), un clone d'elle-même mais en mieux. Dans la peau de cet avatar, l'héroïne vit une nouvelle jeunesse, à condition de retrouver son corps originel une semaine sur deux. Une condition qu'elle transgressera évidemment.

Déjà dirigée par le passé par des cinéastes francophones - Lisa Azuelos et Alain Berliner -, Demi Moore ne trouve rien de typiquement français dans la façon de tourner. «Ce fut à chaque fois une expérience différente» ,admet-elle. Mais l'ancienne compagne de Bruce Willis ajoute : « Je ne voudrais pas séparer le côté français de Coralie de son côté professionnel. Je ne pense pas qu'il y ait dans sa manière de tourner quelque chose de français. Mais elle fait partie de ces cinéastes qui savent ce qu'ils veulent faire. Et comment l'obtenir. Sa vision du corps féminin horrifique, métamorphosé, est singulière. »

Le corps et ses blessures, Demi Moore connaît. En 2019, dans son autobiographie Inside Out, l'actrice avoue avoir subi un viol à 15 ans et ne dissimule rien des addictions qui la poursuivaient depuis les années 1980. Un courage innerve aussi la carrière de cette comédienne phare des années 1990. Quand elle se montre nue et enceinte devant l'objectif d'Annie Leibovitz pour Vanity Fair en août 1991, lorsqu'elle déclare à propos de son rôle dans Harcèlement (1994) : «Je suis une femme sexuellement agressive, et j'aime ça» , ou quand elle se rase le crâne pour jouer les GI dans À armes égales(1997), de Ridley Scott, Demi Moore ne fait pas dans la dentelle. Elle ose, fonce comme un bon soldat et franchit les obstacles sans chicaner. Il y avait donc une certaine logique dans sa rencontre avec Coralie Fargeat.

Et une certaine légitimité à critiquer la cruauté de Hollywood envers les actrices de son âge ? «Je crois que Hollywood incarne une certaine forme de culture aux yeux du monde,lance-t-elle sans se démonter. Mais tout cela est en train de changer. Le manque de tolérance, le jugement sur les femmes uniquement fondé sur leur apparence extérieure ou sur le fait qu'elles soient désirables, tout cela évolue. Ce qui est formidable, c'est queThe Substance participe de cette prise de conscience. Est-ce qu'il y a encore du chemin à parcourir? Oui. Mais nous avons déjà fait pas mal de route depuis vingt ans. Quand j'avais 40ans, je me souviens que je n'étais pas aussi à l'aise sur le sujet qu'aujourd'hui, alors que j'ai la soixantaine. Mais encore une fois, je pense que The Substance n'aurait pas la puissance qu'il possède sans Coralie Fargeat. Elle a osé des choses qu'aucun réalisateur à Hollywood n'aurait imaginé faire!» Ces deux-là étaient bel et bien faites pour s'entendre. O. D.

Le Figaro, no. 24970
Le Figaro et vous, mercredi 4 décembre 2024 586 mots, p. 34

Culture

« WICKED » , LE MAGICIEN D'OZ JOUE LA CARTE DES SORCIÈRES

CYNTHIA ERIVO ET LA CHANTEUSE POP ARIANA GRANDE, EN CRÉATURES FANTASTIQUES, PORTENT CETTE ADAPTATION CINÉMATOGRAPHIQUE DU HIT DE BROADWAY.

Jamet, Constance

Àl'inverse de la France, chez les Anglo-Saxons, la comédie musicale Wicked possède le même statut culte que Les Misérables et Le Fantôme de l'Opéra. Le spectacle inspiré de l'univers du Magicien d'Ozse joue à Londres et à Broadway depuis vingt-deux ans et a été vu par 65 millions de curieux. Le voici décliné au cinéma dans un climat proche de l'hystérie aux États-Unis. 112 millions de dollars de recettes en dix jours, qui dit mieux ? Les salles ont dû prier le public de ne pas se lancer dans des séances de karaoké spontanées. Certains spectateurs n'hésitent pas à filmer des numéros musicaux entiers sur leur portable pour les mettre aussitôt en ligne. Les spécialistes prédisent à ce premier volet - d'une saga qui en comptera deux - un chemin pavé d'or pour les Oscars, quitte à barrer la route à l'autre favori musical, Emilia Perez de Jacques Audiard.

S'ouvrant une décennie avant l'arrivée de Dorothée et de son chien Toto au pays d'Oz, Wickedrevisite l'univers de la saga de Lyman Frank Baum, en s'intéressant à ses magiciennes : la méchante sorcière de l'Ouest Elphaba et la bonne sorcière du Nord Glinda. Née avec la peau vert irisé, Elphaba ne contrôle pas ses pouvoirs magiques. De quoi l'ostraciser auprès de ses camarades de l'université de Shiz - l'école des sorciers façon Poudlard d'Oz. La chipie de la promotion - la parfaite Glinda - l'a dans le collimateur. Mais parfois les opposés s'attirent. Les deux jeunes femmes nouent une amitié qui va les transformer. Le tout dans un climat de tensions grandissantes. Les autorités persécutent les animaux doués de la parole, qui occupaient à Oz des postes haut placés. Seul l'élusif magicien, qui réside dans la Cité d'Émeraude, pourrait y mettre fin.

Spectaculaire et enchanteur

Malgré sa durée de 2 h 40, Wicked déborde d'une vitalité qui emporte tout sur son passage. Le réalisateur John M. Chu (In The Heights) sort le grand jeu pour brouiller la frontière entre effets spéciaux numériques et décors naturels. Des milliers de tulipes et des parcelles d'orge ont ainsi été plantées pour donner vie à certaines contrées. De quoi pardonner en partie la colorimétrie criarde de l'ensemble. Surtout, les acteurs chantent pour de vrai. Pas sur une bande préenregistrée. L'émotion, la spontanéité, les imperfections des extraordinaires Cynthia Erivo, qui prête ses traits à Elphaba, et Ariana Grande peuvent se déployer. La chanteuse pop, qui change avec brio de registre vocal, campe la superficielle Glinda, qui va petit à petit apprendre à se soucier des autres.

Ces conditions de la scène donnent lieu à de vraies prouesses physiques. Cynthia Erivo interprète le titre phare Défiant la gravité - qui pourrait devenir le nouveau « Libérée, délivrée » -, suspendue dans le vide. La comédienne de Harriet a dû apprendre à trouver son souffle, sans pouvoir compter sur ses appuis au sol pour ouvrir son diaphragme ! Tout aussi spectaculaire et enchanteur est le numéro « Dancing Through Life » , exécuté dans une bibliothèque mouvante, par Jonathan Bailey, héros de La Chronique des Bridgerton.

Portrait d'héroïnes qui revendiquent leur part d'ombre et essaient d'échapper à l'étiquette de blanche colombe ou d'être maléfique, à laquelle on veut les réduire, Wicked se veut aussi une allégorie de la montée de l'autoritarisme. « « Wicked » offre à ceux qui se sentent « queer » et différents un refuge » , a résumé Ariana Grande. C.J.

Le Figaro, no. 24943
Le Figaro et vous, samedi 2 novembre 2024 681 mots, p. 30

Culture

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26 octobre 2024 - Le Figaro (site web)

LES CHEVALIERS À L'ASSAUT DU CHÂTEAU DES DUCS DE BRETAGNE

LA COLLECTION DU MUSÉE STIBBERT DE FLORENCE PRÉSENTE PLUS DE 150 PIÈCES D'ARMEMENT DE LA RENAISSANCE.

Cherner, Simon

Les chevaliers reprennent leurs quartiers au château des ducs de Bretagne. Comme un retour aux sources pour cette forteresse du XIIIe siècle et son Musée d'histoire, qui ont accueilli ces dernières années la fresque industrielle des biscuiteries Lu, les heures sombres de la traite atlantique nantaise, les arts sacrés du monde indien ou le legs foisonnant des hordes mongoles. Dix ans après sa première collaboration avec le Musée Stibbert de Florence, le château nantais a de nouveau topé avec cette armurerie italienne aux militaria rutilants. Fini l'orientalisme : aux plastrons laqués du Japon prêtés en 2014 succèdent aujourd'hui les osts époustouflants de chevaliers en armure de plate, ceints de leurs armes de guerre. Débarquée des États-Unis, où elle a été présentée ces derniers mois, la nouvelle exposition de la résidence des ducs de Bretagne, intitulée « Chevaliers » , donne de sacrés airs de caserne au château.

Harnois de cavaliers et cuirasses de fantassins, arsenaux de joute et armes de parade constituent l'essentiel des quelque 150 objets présentés. Comme une promesse, une Excalibur plantée dans son rocher veille en sentinelle à l'orée du parcours. L'évocation du cycle du Graal et de la table ronde arthurienne s'avère un rien spécieuse : la chevalerie médiévale n'est pas, à proprement parler, le sujet de l'exposition. Et pour une bonne raison : si les objets les plus anciens de la collection Stibbert remontent au crépuscule du Moyen Âge, la majorité des pièces date des XVIe et XVIIe siècles. Seuls les panneaux et les dispositifs ludiques rappellent l'histoire et la nature du chevalier médiéval, sa formation, son quotidien, ses légendes.

Étourdissant de luxe

Figures emblématiques de cette excellence, Godefroy de Bouillon et Robert Guiscard apparaissent au milieu d'armures contemporaines des guerres d'Italie et de portraits peints filant jusqu'à la guerre de Trente Ans. Un grand écart de cinq cents ans ! Ces confrontations inattendues ont le mérite de révéler l'objet véritable de l'exposition, qui porte moins sur la nature des chevaliers que sur la persistance de leur figure idéalisée, de la Renaissance à l'aboutissement romantique du XIXe siècle.

Le parcours accompagne donc l'entrée du chevalier dans le mythe avec une approche «quasi anthropologique» , dit le directeur du Musée d'histoire de Nantes, Bertrand Guillet. Ses équipes ont dû composer avec les contraintes de cette exposition livrée clés en main par le Musée Stibbert, exportée à l'international par l'agence Contemporanea Progetti et aménagée, à la marge, par le château nantais. Peu d'objets additionnels se sont fait une place, restreignant les quelques pas de côté imaginés pour l'occasion, comme une section passionnante sur « les femmes chevaliers » , limitée à un dispositif vidéo flanqué de deux panneaux. Un peu chiche.

Reste la rencontre avec les chevaliers eux-mêmes. Deux modèles en armure de plate italienne, installés sur leur destrier caparaçonné, donnent le ton. La sobriété ornementale prévaut encore sur ces soldats du début du XVIe siècle aux harnais impénétrables. Puis le développement de la poudre à canon et des armes à feu relègue le chevalier aux tournois et aux joutes de festivité.

La mode fait dès lors irruption sur ces protections devenues simples rappels d'un rang social ou accessoires de pose. Des condottieri goguenards bombent leur torse de métal pour les pinceaux de Jean de Saive. L'utile cède à la fioriture. L'acier des cuirasses se cisèle de rinceaux et d'emblèmes. Une vitrine présente un ensemble milanais paré de fantaisistes épaulières léonines, dans le goût antique. Une autre expose un armet de cavalier étourdissant de luxe, le métal couvert de gravures où se débattent dragons et monstres marins, anges aux ailes déployées et soudards aux lourds cimeterres. Cette création du XIXe siècle clôt le parcours où prime la délectation esthétique. Signe de son accessibilité, l'exposition s'achève par une séquence consacrée à la fortune critique de la chevalerie au cinéma. L'ultime objet ? Une photo de Rey Skywalker, héroïne des derniers Star Wars. Ou l'avatar moderne des chevaleresses d'antan.

« Chevaliers» ,au château des ducs de Bretagne, à Nantes (44), jusqu'au 20avril 2025.

Le Monde
Culture, mercredi 6 novembre 2024 705 mots, p. 23
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6 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Voyage à Gaza pppv A ne pas manquer

A Gaza, les images et le souvenir d’une ville qui n’existe plus

En 2018, Piero Usberti a capté la beauté des lieux et la parole des jeunes

Clarisse Fabre

Tourné en 2018, Voyage à Gaza, du Franco-Italien Piero Usberti, se regarde comme le souvenir d’une ville et d’un tissu urbain qui n’existent plus. Tout ce que le réalisateur a filmé il y a six ans, les restaurants, les appartements où vivaient les jeunes qu’il a rencontrés, a été détruit par les bombardements israéliens, en riposte aux massacres perpétrés par le Hamas, le 7 octobre 2023. Chaque plan de ce film qui s’attache à capter de la beauté (un champ de fraises à Beit Lahya, le café Al Baqa en bord de mer…) envoie une forte dose de mélancolie. Libre et poétique, ce documentaire, dont la postproduction s’est achevée fin septembre 2023, est déjà en soi un morceau d’histoire. Produit par Arnaud Dommerc (Andolfi), il a été dévoilé au Cinéma du réel, à Paris).

Né en 1992, philosophe de formation, Piero Usberti avait 25 ans lorsqu’il est parti à Gaza, en mars 2018 – il y est resté trois mois au fil de deux séjours consécutifs. Depuis l’adolescence, il avait en tête des images de ce territoire coincé entre l’Egypte et Israël (sous blocus depuis 2007), alors que son père, universitaire, organisait des échanges avec la Palestine. Sur place, le réalisateur a été accueilli par l’Italienne Meri Calvelli, fondatrice du centre italien d’échange culturel à Gaza, qui travaille depuis trente-deux ans avec la coopération internationale.

Fluidité du montage, voix off du cinéaste rythmée par les percussions : le film s’ouvre au milieu des funérailles du photoreporter palestinien Yasser Mourtaja, tué le 6 avril 2018. L’armée israélienne lui a tiré une balle dans l’abdomen alors qu’il portait le badge « Presse » et couvrait la « marche du retour » – une manifestation commémorant la Nakba, soit l’exode de Palestiniens au moment de la création de l’Etat hébreu, en 1948. « Ma voix off ne vise pas à donner un cours d’histoire, mais je pointe des faits : Israël a mené un projet d’occupation puis d’expulsion des Palestiniens, en 1948, explique au MondePiero Usberti .Il n’y a rien de haineux à dire cela. Je ne suis pas contre l’idée d’un Etat laïque, dans lequel cohabiteraient à égalité de droits Juifs et Palestiniens. Au début du XXe siècle, chrétiens, juifs et musulmans vivaient ensemble en Palestine », rappelle-t-il.

C’est un point de vue engagé que livre le cinéaste (il n’apparaît pas à l’image), tandis qu’il découvre les lieux avec la lumineuse Sara, 25 ans à l’époque – elle officiait alors dans un centre d’entraide pour des femmes. « Je vis à Gaza City », dit-elle, tout en expliquant géographiquement le verrouillage de la « bande » : au sud, la porte de Rafah à la frontière avec l’Egypte, au nord, Erez à la frontière avec Israël. Beauté et souffrance cohabitent à l’image. Vagues indomptables, soleil couchant, et ce commentaire qui donne des frissons : à Gaza, les bateaux de pêcheurs ne peuvent s’aventurer trop loin, sous peine d’être ciblés par les navires de combat israéliens. Les Gazaouis ont appris à rire du bruit incessant des drones, des coupures d’électricité, etc.

Mais il n’y a pas que le siège d’Israël, soulignent les jeunes, qui dénoncent le poids suffocant des traditions exacerbées par le Hamas. Il y a trois sièges qui pèsent sur Gaza : Israël, le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas, souligne Mohammed, beau visage anguleux : « Ils assiègent notre liberté », dit-il.

Dans le film, une jeunesse tente de s’évader, au moins mentalement, d’une prison à ciel ouvert. Mohanad, communiste, montre ses livres dont certains sont « interdits ». Jumana, professeure d’anglais et de natation, rêve de devenir journaliste. A la fin, Sara part en Italie pour ses études. Mohanad vit en Belgique depuis 2022. Jumana est restée sept mois dans la bande de Gaza après le 7-Octobre, avant d’aller en Egypte. A présent, tous comptent leurs morts.

Le Monde
Culture, mardi 12 novembre 2024 770 mots, p. 27
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8 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Spectacle

Benjamin Millepied fait danser les chansons de Jeff Buckley

A La Seine musicale, le chorégraphe crée une mosaïque de sons, de voix, de gestes et d’images qui réunit acteurs, chanteurs et danseurs

Rosita Boisseau

Grace,nouvelle pièce de Benjamin Millepied d’après l’album éponyme du chanteur et compositeur Jeff Buckley (1966-1997), porte un sous-titre « Jeff Buckley Dances » .Le contenu du spectacle est dit : chorégraphier les chansons de l’artiste américain mort tragiquement noyé dans le Mississippi tout en réveillant son fantôme. Il danse, Jeff ! Incarné par Loup Marcault-Derouard, il ressuscite sur le plateau, joue de la guitare. Il retraverse sa vie depuis sa naissance en Californie jusqu’à sa disparition dans une intense flambée émotionnelle.

Cette production ambitieuse soutenue par des vidéos réalisées en direct par Olivier Simola a enthousiasmé les 3 500 spectateurs de La Seine musicale, jeudi 7 novembre. Est-ce l’impact combiné de Buckley et de Millepied, l’attrait rassembleur et grand public d’une création chantée-dansée ? Les places se sont arrachées. Deux dates ont été ajoutées in extremis, mi-septembre, aux quatre initialement prévues. D’ici à dimanche 10 novembre, 20 000 personnes auront vu Grace, qui sera à l’affiche les 17 et 18 juin des Nuits de Fourvière, à Lyon.

Ecriture agile

Pour arpenter la trajectoire de Buckley, Benjamin Millepied, dont la musique est toujours le tremplin, s’appuie sur les 11 titres de l’album enregistré en 1994 par l’artiste. Fan du musicien qu’il découvre à New York dans les années 1990, il a ajouté à la bande-son une douzaine d’autres inédits, sortis après sa disparition, ainsi que des textes et des extraits de son journal intime. Le ton est rock, écharpé, mélancolique, grave. Les thèmes existentiels de l’identité, l’amour, la peur se colorent au noir, abordant des rives de plus en plus sombres au fil du spectacle.

Cette mosaïque de sons, de voix, de gestes et d’images habille Grace. Dix interprètes, acteurs, chanteurs et danseurs, en articulent les différents paramètres. Parmi eux, Ulysse Zangs, également guitariste, a conçu des environnements musicaux qui contribuent à entretenir l’atmosphère du propos. Devant un écran immense placé au centre de la scène, un décor mobile de panneaux rapidement déménagés par le groupe fait apparaître des architectures légères. Une chambre surgit, un lit bascule.

La trame narrative de Grace, sur laquelle plane la voix définitivement envoûtante de Buckley, est soufflée par l’écriture agile et versatile de Millepied. Happée dans le vent de sa course, elle glisse et vite, vivant élastique rebondissant dans l’espace. Les chemises et les robes volent. De nombreux duos, comme souvent chez Millepied, ponctuent les tableaux d’ensemble toujours enlevés. Le naturel savant du style multifacette du chorégraphe, entre classique vrillé et swing jazz, entretient le jet épidermique du mouvement. Mais laisser filer la virtuosité prend parfois des airs de facilité rattrapée par ce désir que la danse ressemble à la vie et inversement.

Cette effusion gestuelle s’offre un traitement visuel ajusté par Olivier Simola, collaborateur artistique de Millepied. Caméra à la main, il circule à pas pressés, encercle les danseurs, se faufile au milieu d’eux, éclatant les situations en de multiples plans resserrés ou panoramiques. Il dessine une chorégraphie parallèle emportée par l’urgence de sa captation. En redistribuant l’action dans un jeu de cadres façon poupées russes, il brise la tendance clippée de la pièce. Il déplace aussi la focale en se concentrant sur une image fixe de famille en deuil, tel un chœur en pleurs, tandis que Loup Marcault-Derouard livre un solo déchiré.

La valeur ajoutée de la vidéo live signe le parti pris esthétique de la nouvelle structure française de Millepied. Installé depuis 2022 à Paris, présent néanmoins aux Etats-Unis avec le Los Angeles Dance Project, l’ancien directeur de l’Opéra national de Paris (2014-2016) a baptisé cette troupe, fondée en 2023 avec Solenne du Haÿs Mascré, The Grace Company. Il la pose au carrefour de la danse, du cinéma, des arts visuels et de la musique. Dans la lignée de Daphnis et Chloé (2018) et de Roméo et Juliette (2022), Grace poursuit la recherche sur la narration de Millepied. Curieusement impressionniste et réaliste, il oscille en quête de cette grâce décrite par Buckley dans un entretien à la chaîne de télévision canadienne Match Music, en 1994 : « La grâce est ce qui compte dans tout, surtout dans la vie, la croissance, la tragédie, la douleur, l’amour, la mort… »

Le Monde
Culture, samedi 16 novembre 2024 721 mots, p. 23
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13 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Théâtre

Le monde en perdition selon Cyril Teste

Avec « Sur l’autre rive », au Rond-Point, à Paris, le metteur en scène adapte librement « Platonov », de Tchekhov

Fabienne Darge

La fête est triste, hélas, et les personnages en présence n’ont certainement pas lu tous les livres. Inspiré du Platonov de Tchekhov, qu’il adapte très librement, Cyril Teste met en scène une longue soirée qui tourne à vide, puis au tragique – au tragique à force de vide. Comme dans les films de Ruben Östlund, mais avec plus d’élégance et moins de cynisme, il fait sortir les monstres d’un grand corps collectif malade, contaminé jusqu’à la moelle par l’obsession de l’argent. Au point que l’amour et l’amitié y soient devenus impossibles.

Tout semble pourtant commencer dans la gaieté et l’insouciance d’une soirée d’été, sur le grand plateau nu, sans décor, où ont été disposées de grandes tables et une petite estrade pour le musicien qui va animer la soirée à coups de tubes disco et de bons vieux standards de rock. L’hôtesse, c’est Anna, une jeune veuve « pas dégueulasse » , comme disent d’elle les personnages masculins de la pièce. Elle est criblée de dettes, et ne sait comment elle va pouvoir garder sa maison. Autour d’elle tournent les charognards, qui la veulent elle, veulent sa maison, ou les deux, ce serait mieux.

Alors elle va danser jusqu’au bout de la nuit, avec un côté « on achève bien les chevaux », tandis que, tout autour, quelque chose se corrompt, se brise et s’effondre dans cette petite société provinciale. Le catalyseur, l’agent perturbateur, l’astre noir de la pièce, c’est Platonov, le « petit Platon », surnommé ici Micha : il fera voler en éclats les mariages, y compris le sien, sortir la férocité des pères à l’égard des fils – des fils qui peinent à échapper à la médiocrité –, jettera à la poubelle les sentiments quels qu’ils soient, y compris ceux qu’on lui porte. Il est porteur d’une lucidité stérile, comme on le serait d’un virus toxique.

L’intelligence de Cyril Teste et de l’acteur qui joue Platonov, l’excellent Vincent Berger, c’est d’en faire l’un personnage sans flamboyance aucune, presque absent à lui-même dans son entreprise de destruction et d’autodestruction, dans ce monde qui ne demandait qu’une pichenette pour partir en vrille.

Rituel sauvage

Poursuivant ses recherches sur la « performance filmique », un concept qu’il a inventé, Cyril Teste tisse le dialogue cinéma-théâtre de manière passionnante, comme toujours, dans les deux premières parties du spectacle, alors que, dans la dernière, le théâtre seul reprend ses droits, pour laisser libre cours à une sorte de rituel sauvage, où les personnages se défigurent, s’animalisent, tous leurs masques arrachés.

Le metteur en scène instaure surtout une énergie bien particulière, qui semble toujours sur le point de prendre sans prendre vraiment, une énergie avortée, perpétuellement retardée, sur le plateau où une trentaine d’« invités », figurants amateurs, se mêlent aux acteurs. Ils constituent ce corps collectif dans lequel l’œil et l’oreille du spectateur doivent chercher les personnages principaux, comme s’ils n’étaient que des échantillons prélevés sur un vaste organisme.

Le pari n’était pas gagné et, après avoir un peu tâtonné à la création à Annecy et au Printemps des comédiens de Montpellier, le spectacle, plus précis, plus aigu, a trouvé sa cohérence, porté par la sensibilité et l’humanité qui sont toujours celles de Cyril Teste. S’il en est ainsi, c’est largement grâce à ses acteurs et, surtout, à ses actrices. La révélation de la soirée s’appelle Haini Wang, jeune actrice d’origine chinoise, dans le rôle de Sacha, le bel ange fracassé de ce petit monde en perdition.

Emilie Incerti Formentini et Katia Ferreira sont également formidables. Quant à Olivia Corsini (Anna), elle évoque rien de moins que les grandes actrices de Cassavetes ou de Bergman, avec son énergie désespérée, son tragique sans pathos : une façon de regarder son malheur en face absolument bouleversante, qui s’exprime à l’image par des regards caméra que l’on n’oubliera pas.

Le Monde
Culture, mercredi 6 novembre 2024 710 mots, p. 22

Entretien

« Un regard féminin sur le monde »

Coralie Fargeat explique la place qu’elle donne au corps des femmes

propos recueillis parJean-François Rauger propos recueillis parJean-François Rauger

Pour son deuxième long-métrage après Revenge (2018), qui mettait à l’honneur le film de genre dans une approche féministe, Coralie Fargeat poursuit dans la même veine avec The Substance.

Quelle a été votre formation ?

Je voulais être réalisatrice depuis l’âge de 16 ou 17 ans et présenter le concours de la Fémis [Ecole nationale supérieure des métiers de l’image et du son], mais il fallait avoir bac + 3. J’ai donc passé le concours de Sciences Po Paris. En dernière année, j’ai assisté à un tournage. J’ai parlé au premier assistant pour faire un stage. Il cherchait une stagiaire pour un film américain qui se tournait à Paris et dans le Luberon. J’ai sauté sur l’occasion. J’ai continué, suis passée deuxième assistante et j’ai commencé à écrire des scénarios pour moi tout en inventant des sujets courts pour des émissions de télévision. Mon premier court-métrage, Le Télégramme, a été remarqué en festival. Mais je voulais surtout faire des films de genre, et en France, vous ne trouvez pas d’interlocuteurs pour ça. Mon premier long-métrage, Revenge , devait être simple et peu coûteux. Je voulais des scènes qui me permettraient d’aller au bout de mes idées et de mes obsessions.

Comment expliquez-vous votre goût pour le cinéma de genre ?

Ce sont les univers non réalistes qui me plaisaient sans doute parce que je me sentais très inadaptée et timide dans la vraie vie. L’imaginaire et le voyage me faisaient me sentir vivante. Créer du faux avec du vrai m’excitait.

Comment l’idée de « The Substance » est-elle née ?

C’est une idée qui m’habite depuis que je suis enfant. A quoi doit-on ressembler quand on est une fille. Pour moi, ça n’a jamais été évident. J’étais plutôt inadaptée par rapport à un modèle féminin dominant. Je me suis dit aussi : « Quand j’aurai passé 50 ans, ma vie sera finie, plus personne ne va me regarder. » Ça m’a déprimée et je me suis dit qu’il fallait que j’en fasse quelque chose. Le succès de Revenge m’a ouvert des porte. J’ai eu davantage conscience aussi qu’il y avait la possibilité de poser un regard féminin voire féministe sur le monde.

Il y a beaucoup de nudité féminine dans votre film…

La nudité, pour moi, était très importante. La question du corps des femmes est au cœur du film. J’aimerais que les femmes soient totalement libres d’être sexy si elles ont envie, de ne pas l’être si elles ne le veulent pas. Je voulais raconter quelque chose avec la nudité. Dans sa salle de bains, Elisabeth [Demi Moore] est seule avec elle-même. L’espace du monde extérieur est celui de Sue [Margaret Qualley], où le corps est valorisé dans son hypersexualisation. Sa manière d’exister consiste à répondre à ces regards.

Pourquoi avoir choisi le fitness ? On pense aux années 1980 et au moment où le souci de son propre corps a remplacé d’autres intérêts, ceux de la décennie précédente, soit Jane Fonda, passant de l’activisme aux cours d’aérobic…

Le plus important pour moi était de filmer des corps en mouvement. J’ai eu alors cette idée qui vient effectivement de ce qu’a fait Jane Fonda. Le fitness était quand même une forme de déclassement pour une actrice, mais aussi un moyen de rester au centre des regards.

Comment le choix des actrices s’est-il fait ?

Je voulais une star, mais je savais que ça voulait dire confronter une actrice à sa pire phobie et que ça n’allait pas être simple. J’ai essuyé beaucoup de refus. Demi Moore a accepté tout de suite. Elle aime prendre des risques. Je l’ai rencontrée plusieurs fois pour qu’elle soit vraiment consciente de ce que le film demandait d’elle, les heures de maquillage, la nudité. Il lui fallait aussi tourner en France.

Tout a-t-il été tourné en France ?

Oui, à Paris et en région parisienne, à Epinay-sur-Seine. Les palmiers de Los Angeles sont ceux de Nice. J’ai évité les tournages très contraignants aux Etats-Unis.

Le Monde
Culture, mardi 5 novembre 2024 825 mots, p. 26
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29 octobre 2024 - Le Monde (site web)

Photographie

Un portrait en kaléidoscope de Cartier-Bresson

Une rétrospective à Landerneau met en valeur différentes facettes du photographe de l’« instant décisif »

Claire Guillot

Landerneau (Finistère) - C’est un fait connu, Henri Cartier-Bresson (1908-2004) avait horreur d’être photographié. Il existe plusieurs images qui montrent le photographe hors de lui, la main devant le visage, tentant à tout prix de se cacher. Le directeur de la fondation qui lui est consacrée, Clément Chéroux, reconnaît malicieusement avoir « joué avec un tabou » en décidant de scander avec des portraits du photographe à tout âge la rétrospective qu’il lui consacre à Landerneau (Finistère), au Fonds Edouard et Hélène Leclerc.Il précise : « Henri Cartier Bresson a refusé d’être photographié à partir des années 1950, et surtout 1960, pour rester anonyme et photographier plus librement. Mais il n’a pas toujours été réfractaire. Dans les années 1930, il a même fait des autoportraits. »

Pour cette première rétrospective en Bretagne, Clément Chéroux a découpé l’œuvre en 23 sections et introduit chacune par un portrait de l’artiste, « pour montrer que ce n’est pas toujours la même personne qui prend la photo. Il y a eu plusieurs Cartier-Bresson : le surréaliste, le photoreporter, l’observateur de la société de consommation… C’était important de l’incarner, et de le voir vieillir. »

300 tirages d’époque

Et l’idée d’exposition kaléidoscopique fonctionne. Les 23 portraits rythment autant de petits chapitres thématiques et chronologiques à la scénographie épurée : surréalisme, voyages aux Etats-Unis, reportages en Inde ou en URSS… Dans la rétrospective fouillée présentée au Centre Pompidou à Paris en 2014, lorsqu’il était directeur du département de photographie, Clément Chéroux avait cherché à éclairer les angles morts du photographe, accumulant les inédits, les lettres et documents.

Pour cette exposition en Bretagne, il s’est concentré plus classiquement sur l’œuvre, avec 300 tirages d’époque, dont toutes les icônes, plus quelques photos méconnues. Le commissaire a eu la bonne idée d’y associer plusieurs films, dont Le Retour, réalisé en 1945 par Cartier-Bresson, sur les prisonniers et déportés qui rentrent chez eux après la guerre. Un autre signé de Gjon Mili (1904-1984) complète les portraits du photographe en montrant, chose rare, le pudique Cartier-Bresson en pleine action, en 1956 : agile et léger, tourbillonnant autour de son sujet.

Chaque mini-chapitre expose, s’il en était besoin, la virtuosité stupéfiante du photographe. Les trois premiers, consacrés au début de sa carrière influencée par ses études en peinture et par le surréalisme, installent son style, le fameux « instant décisif » – une synthèse de rigueur et d’intuition. « Dès le départ, ce qui est extraordinaire chez lui, c’est l’association de quelque chose de très maîtrisé, de géométrique, et de quelque chose de très libre, assure Clément Chéroux. Il dit qu’il ne calcule pas : son inconscient a reconnu quelque chose, et il appuie sur le bouton. »

Ainsi naissent des photos célèbres : le petit garçon qui touche un mur les yeux fermés, comme habité, en Espagne ; l’homme qui s’envole au-dessus d’une flaque et de son image près de la gare Saint-Lazare en 1932 – seule photo recadrée ; les trois barques à la queue leu leu sur le Rhin en 1956 ; ou les extraordinaires jeux de regards d’une famille surprise dans une péniche à Bougival en 1959. On redécouvre aussi des images moins connues, comme cette jeune fille floue sur une plage dont la robe crée des ailes de chauve-souris.

De Gandhi à Sartre

Parmi les chapitres les plus remarquables, celui de la guerre, où nombre de photographies, poignantes, ont des allures de scènes de cinéma, par leur composition et par les histoires tragiques qu’elles racontent. Un conférencier pour le parti nazi, enveloppé dans un imperméable, est tenu en joue par deux résistants en 1944. Un enfant perdu dans un camp de transit disparaît dans un manteau et des chaussures bien trop grands pour lui. En tant que reporter à l’agence Magnum, Cartier-Bresson a fait montre d’un talent certain pour trouver l’image qui fait mouche et se trouver au bon endroit au bon moment.

En Chine, juste avant la victoire communiste, il capture ainsi une foule survoltée cherchant à acheter de l’or. En Inde, il rencontre Gandhi juste avant son assassinat, en 1948, avant de couvrir ses funérailles. Toute sa vie, le photographe restera sensible aux aspirations et aux mutations sociales, couvrant fidèlement les manifestations, et ce bien après sa retraite officielle en tant que professionnel.

L’exposition se clôt avec une série de portraits, exercice dans lequel il a toujours excellé : Jean-Paul Sartre, Truman Capote ou Alberto Giacometti sont saisis dans une pose toujours empreinte de mystère et de gravité. Le portrait, exercice auquel Cartier-Bresson se dérobait, était pour lui surtout une contemplation du « silence intérieur » que cache chaque personne.

Le Monde
Culture, jeudi 14 novembre 2024 1261 mots, p. 29
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10 novembre 2024 - Le Monde (site web)
11 novembre 2024 - La Matinale du Monde

Art

Les atomes crochus de l’art et de la fission nucléaire

Profuse et incomplète, l’exposition du Musée d’art moderne de Paris consacrée à l‘âge atomique peine à trouver une cohérence

Philippe Dagen

Elle avait un peu disparu des esprits. Vladimir Poutine, Kim Jong-un et quelques autres l’ont remise à la mode : la menace nucléaire. Elle occupe jusqu’au 9 février 2025 les salles du Musée d’art moderne de Paris pour une exposition d’actualité. « L’Age atomique » traite du sujet du point de vue de la création plastique. Aux œuvres s’ajoutent des sections documentaires où s’accumulent textes et images, souvent redondants. Il y en a tant et accrochés si serrés qu’il devient parfois difficile de savoir à quel élément correspond tel cartel et que le regard ne sait plus où se poser. Il en est de même des toiles, qui se succèdent le long des murs à un rythme plus que soutenu. Tout cela fait un long parcours, et il est prudent de réserver deux heures de son temps pour essayer de tout voir et tout lire.

Il y a, dans cette abondance, des œuvres capitales, à commencer par celle qui accueille les visiteurs à l’entrée, Pagan Void, de Barnett Newman (1905-1970), un cercle noir au centre d’une nuée blanche qui semble liquide et où flottent des éclaboussures bleues. Newman étant américain et l’œuvre de 1946, sa présence à cet endroit suggère d’y reconnaître une référence aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki l’année précédente.

Cette interprétation n’est pas la seule qui puisse être proposée et on a cru y voir parfois la représentation d’une éclipse, mais, quelle que soit celle que l’on choisit, il est peu d’œuvres qui, par les moyens de la couleur et des formes, dégagent un sentiment de peur plus dense. A l’autre extrémité de l’exposition se trouve Eternity, de Luc Tuymans, grande sphère rouge irradiant sa lumière dont on ne sait si c’est le nuage d’une explosion ou le dôme imaginé par le physicien nazi Werner Heisenberg, l’un des acteurs du projet Uranium décidé par Hitler en 1939. Là encore, c’est à la forme et au chromatisme que l’œuvre doit sa force, plus qu’à ce qu’elle montrerait. Les deux œuvres se répondent ainsi à distance.

Effacement de l’humanité

Il y en a d’autres aussi remarquables et qui ne suscitent pas moins de questions. Relèvent-elles indubitablement du sujet atomique ? Pour quelques-unes, c’est certain tant l’artiste y a mis d’insistance. Pour sa toile Uranium and Atomica Melancholica Idyll de 1945, Salvador Dali accumule les symboles. Il ne manque ni le bombardier, ni les bombes, ni les spectres blêmes sur fond noir. Aucune équivoque et aucun émoi : un exercice de style laborieux. La Composizione nucleare(1952), de Gianni Dova, est infiniment plus expressive, bien que Dova soit moins connu que Dali et sa toile presque abstraite et non narrative. Encore son titre est-il explicite. Ce n’est pas le cas du Droit de l’aigle(1951), d’Asger Jorn, de L’Impensable(1958), de Roberto Matta, ou de Spazio Luce(1960), de Francesco Lo Savio, mais on ne doute pas un instant qu’ils sont dans le sujet, chacun à sa manière, et que leurs auteurs projettent en peinture l’angoisse de l’effacement de l’humanité.

On n’en dirait pas autant d’un Achrome (1957) de Piero Manzoni ou d’un Concetto spaziale (1967) de Lucio Fontana, tous deux d’une éclatante blancheur. C’est la difficulté d’une exposition sur un tel sujet historique. La tentation est grande d’y inclure des œuvres majeures d’artistes majeurs – ici Fontana, Manzoni, mais aussi Jackson Pollock ou, dans un tout autre style, Francis Bacon – afin d’obtenir une exposition attirante. Mais leurs relations avec le sujet sont lointaines, très lointaines parfois. A l’inverse, d’autres en traitent indiscutablement, mais de façon si littérale et illustrative que leur accumulation devient vite fastidieuse.

La difficulté est ici d’autant plus visible que l’exposition veut aborder trois sujets distincts. Ce sont, dans l’ordre chronologique, les arts et les premiers développements de la physique de l’atome au début du XXe siècle ; Hiroshima, Nagasaki et la terreur de la fin du monde ; l’invasion de la planète par les industries nucléaires militaires et civiles jusqu’à aujourd’hui. Le premier est évoqué par la série L’Atome, d’Hilma af Klint, de 1917, évidemment nécessaire, et par des œuvres de Vassily Kandinsky et de Mikhail Larionov dont le rapport à l’atomisme est moins certain. Quelques toiles de Frantisek Kupka auraient été plus démonstratives, mais il n’y en a pas. Ce préambule était-il absolument nécessaire ?

Y renoncer aurait permis d’avoir plus de place pour traiter de façon plus complète les deux autres questions, ce qui n’est pas le cas. On s’explique mal par exemple que ne soit pas montré un passage d’ Hiroshima, mon amour, film d’Alain Resnais de 1959 à partir du livre de Marguerite Duras. Parce qu’il serait trop connu ? On aimerait le croire, mais ce serait optimiste. Dans un tout autre genre cinématographique, le premier Godzilla, d’Ishiro Honda, sorti en 1954, fut censuré aux Etats-Unis lors de sa sortie pour en effacer les allusions trop claires aux bombardements atomiques de 1945. Il n’aurait pas été inutile de le rappeler. Ni d’inclure dans cette partie les dessins exécutés ces dernières années par Eric Manigaud à partir de photographies qui, pour certaines, sont dans l’exposition. Ni peut-être de rappeler que les monstres de Niki de Saint Phalle du début des années 1960 sont aussi des Godzilla.

Sobriété terrible

Le cinéma est du reste globalement trop peu présent. Il y a certes deux exceptions. L’une est Crossroads(1976), de Bruce Conner, qui retravaille les images tournées par l’US Army lors de l’explosion atomique expérimentale au large de l’atoll de Bikini en juillet 1946, que l’on peut voir et revoir sans en épuiser la force expressive. L’autre est The War Game(1966), de Peter Watkins, fiction à caractère documentaire tournée pour la BBC afin de préparer, si l’on peut dire, la population britannique à une attaque soviétique. Watkins accomplit si bien sa mission que la diffusion publique du film fut interdite. On comprend vite pourquoi, tant il est efficace avec des moyens simples, sans effets spéciaux : juste le noir et blanc et un montage impeccable. Il aurait été intéressant de confronter cette sobriété terrible aux distrayants spectacles de catastrophes que l’industrie hollywoodienne produit en série en abusant des commodités du numérique.

Il l’aurait été aussi de profiter de l’exposition pour montrer en France le film Traces, documentaire de l’artiste algérien Ammar Bouras présenté en 2022 à la Biennale de Berlin. Il traite des expérimentations nucléaires françaises dans le Sud algérien, 17 entre 1960 et 1966, et de leurs conséquences sur la santé des populations exposées à la radioactivité. Son œuvre aurait été une réponse aux extraits de journaux télévisés dans lesquels on entend François Mitterrand et Jacques Chirac justifier avec entrain la poursuite de ces essais. Et elle aurait dialogué avec une toile d’une artiste rarement exposée, Les Mortifères (1977), d’Hélène de Beauvoir, très étrange allégorie de la mort atomique.

Le Figaro, no. 24958
Le Figaro et vous, mercredi 20 novembre 2024 546 mots, p. 34

Culture

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19 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

« LE CHOIX » : HÉROS DE CONDUITE

CE FILM DE GILLES BOURDOS RÉUSSIT L'EXPLOIT DE FILMER VINCENT LINDON PENDANT UNE HEURE ET QUART AU VOLANT DE SA VOITURE SANS NOUS ENNUYER.

Neuhoff, Eric

Moteur ! On imagine que le premier jour, le réalisateur Gilles Bourdos a lancé le mot fatidique. Il faut le prendre ici au pied de la lettre. Durant une heure un quart, Vincent Lindon (qui incarne Joseph) ne quitte pas sa voiture. Un coup de fil, et sa vie a basculé. En une seconde, ce chef de chantier abandonne son poste. Il ôte son casque et prend le volant direction Paris. Ça n'est pourtant pas le moment. Le lendemain matin, à 5 h 25, aura lieu la plus grande coulée de béton de la décennie, des tonnes et des tonnes. Une centaine de camions sont attendus.

Sur l'autoroute, la circulation est fluide (parfois, le critique est obligé de s'installer au PC de Rosny-sous-Bois). Joseph fait une drôle de tête. La nouvelle l'a sonné. Il ne s'attendait pas à ça. Les phares et les néons éclaboussent le pare-brise. Le téléphone n'arrête pas de sonner. La note risque d'être salée. Qu'est-ce qu'il fabrique, à foncer dans la nuit ? Ses fils voulaient voir le match de football avec lui. Sa femme ne comprend pas. Bientôt, elle est en larmes. Son adjoint panique. Il faut vérifier les pompes, s'assurer que le béton livré soit bien du C6 (il y a des moments où le critique doit endosser son uniforme orange de BTP).

Son supérieur tempête. En Allemagne, la direction s'affole. Une menace de licenciement plane. Ne pas compter sur des indemnités. Le conducteur est déchiré, entre sa famille, son métier, son avenir. Un choix s'impose. Il va tâcher d'être à la hauteur, de ne pas avoir à rougir s'il s'aperçoit dans le rétroviseur. Ça lui apprendra à avoir trop bu un soir avec des collègues. Sa destination approche. Une urgence se précise. Oui, oui, il sera bientôt là. Remake de Locke(2014) avec Tom Hardy.

Désarroi tranquille

Le Choix offre à Vincent Lindon un rôle sur un plateau. Il est seul, perdu. Sa vie était si plate. Il va y avoir du mouvement. Un cas de conscience lui tombe dessus. On lui raccroche souvent au nez. Il rappelle, discute avec un gendarme, une sage-femme, un employé de mairie. La caméra ne sort pas de l'habitacle. De temps en temps, le cinéma nous renseigne sur nous-mêmes. Les futés s'amuseront à identifier les voix qui répondent au héros. Elles appartiennent à quelques acteurs célèbres. Les amateurs évoqueront The Guilty pour le huis clos, le suspense et la fébrilité. Oui, mais dans The Guilty, il n'y avait pas Vincent Lindon.

C'est quelque chose. Il se démène dans ses contradictions, incarne la difficulté qu'il y a à être quelqu'un de bien. On voit mal qui, à part lui, aurait montré cette profondeur impériale, ce désarroi tranquille. Voici notre Gabin, notre Montand. Cherche Sautet désespérément. Gilles Bourdos (Renoir) peut lui dire merci. Vincent Lindon a étudié le coeur humain. Il en connaît les moindres coutures. On le regarderait même s'il était de dos. On l'écouterait même s'il se taisait. Là, il est filmé de face et n'arrête pas de parler. Il s'agit de magie pure. N'empêche, on espère qu'il a son permis. E.N.

Le Monde
Culture, vendredi 29 novembre 2024 828 mots, p. 21
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27 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Reprise

Un grand film politique sur la résistance italienne

Dans « Le Terroriste », sorti en 1963, Gianfranco De Bosio revient sur cette période de la seconde guerre mondiale

Mathieu Macheret

Enclavée derrière la « ligne gothique », la Vénétie fut l’une des dernières régions du nord de l’Italie à se libérer de l’occupant allemand au tournant de la seconde guerre mondiale, marquée dans la durée par des faits de résistance radicaux, hautement controversés et tout aussi brutalement réprimés par l’ennemi. Un film extraordinaire, astre noir du cinéma politique italien, Le Terroriste (1963) revenait avec une sécheresse et une précision inouïes sur ces faits, mais vingt ans après ceux-ci, quand il était de nouveau possible de les regarder en face, une fois soldé le néoréalisme d’après-guerre qui en avait fait son socle mythologique.

Ce premier long-métrage, l’un des rares signés Gianfranco De Bosio (1924-2022), refait surface en salle dans une copie flambant neuve. Connu comme metteur en scène de théâtre de Brecht, De Bosio fut également une figure importante de la Résistance, membre du Comité de libération nationale (CNL), actif au sein des groupes d’action patriotique, les GAP, ces petites cellules autopilotées pour commettre des sabotages. L’homme savait donc de quoi il parlait au moment de ressaisir cette séquence clandestine, moins sous forme d’un récit que d’un rapport d’activité, avec cette austère lucidité de l’examen qui débrouillait de l’intérieur le mythe unitaire du partisanisme italien.

Tension palpable

Nous sommes à l’hiver 1943, à Venise, peu de temps après la chute du régime fasciste, au printemps. Trois partisans s’organisent pour commettre un attentat contre le siège de la Kommandantur, installé dans le palais des Doges : revêtus d’uniformes allemands, ils y livrent par bateau des caisses de bouteilles piégées. L’opération, pilotée par un homme de l’ombre, Renato Braschi dit « l’ingénieur » (Gian Maria Volonté), échoue. Les dignitaires visés en réchappent, les victimes sont vénitiennes.

La réponse de l’occupant ne se fait pas attendre : les partisans prisonniers seront fusillés. La section locale du CNL, qui rassemble diverses forces politiques des communistes aux libéraux, s’agite, les plus modérés plaident pour ne pas s’associer à ces frappes clandestines qualifiées de « terroristes ». On décide la désactivation du GAP jusqu’à nouvel ordre, mais « l’ingénieur » poursuit ses frappes stratégiques, agissant désormais hors de tout contrôle politique, quitte à se retrouver de plus en plus isolé, exposé.

Le film s’ouvre sur une scène étonnante, dans une église, en pleine messe, la caméra glissant froidement parmi les travées de fidèles pétrifiés, dans une ambiance de suspicion pesante. De Bosio annonce d’emblée la couleur : regard distancié, saisie des forces en jeu, le travelling comme mesure d’une situation. Si De Bosio favorise les grands blocs de récit, c’est par un respect forcené pour l’« action » (au sens physique et politique du terme), qui lui permet d’agréger des faits dans leur succession.

Sa rigueur descriptive s’applique aussi bien aux scènes de sabotage, au suspense terriblement prenant, qu’aux débats internes à la Résistance, qui manifestent une profonde intelligence politique. La tension du film, palpable, prend à la gorge. Elle est liée, d’une part, à l’usage du cadre large, qui fait toujours de l’action un enjeu spatial de traversée – Venise s’étendant tel un dédale complexe, sous un jour cafardeux –, comme au refus de toute musique dramatique, qui laisse place à une autre symphonie, celle des bruits concrets et obsédants dont s’accompagne la lutte armée.

« L’ingénieur » n’occupe pas le centre du film, mais s’y déplace obliquement : sa présence est intermittente, il apparaît et disparaît d’une scène à l’autre, ombre fuyant dans les ruelles, et ce n’est que tardivement que son identité se précise – trop tard, mais à dessein. Monstre de minutie, il s’aliène dans l’action clandestine, qui devient pour lui une seconde nature, du moins une « mécanique ». Il s’éloigne dans l’action.

Lors d’une très belle scène avec Anouk Aimée, qui joue sa femme en fuite, ce héros furtif s’adresse à l’avenir, c’est-à-dire aux années 1960 contemporaines du tournage : « Dans vingt ou trente ans, quand tout cela sera fini, y aura-t-il de nouveau une période dans laquelle les gens se laisseront endormir, anesthésier, par un peu de paix et d’abondance ? Et peut-être que, pour des raisons matérielles, on acceptera de tout perdre à nouveau. »

Allusion à peine voilée à l’Italie du miracle économique qui aura définitivement liquidé le programme de la Résistance. Une résistance que le film révèle déjà minée de l’intérieur par ses processus politiques internes. Plus Le Terroriste avance, plus il rencontre ce constat amer, implacable, qui était, sur le registre de la comédie grinçante, également celui d’ Une vie difficile (1961), de Dino Risi : la guerre n’est jamais finie.

Le Monde
Culture, mercredi 4 décembre 2024 90 mots, p. 26

Cinéma

« Vaiana 2 » en tête du box-office nord-américain

Pour le week-end de Thanksgiving, ce sont les aventures de Vaiana(Moana, en anglais), produites par les studios Disney, qui ont dominé le box-office nord-américain, récoltant 221 millions de dollars (211 millions d’euros) de recettes. Ce dessin animé avec les voix d’Auli’i Cravalho et Dwayne Johnson fait suite à un premier long-métrage sorti en 2016. En seconde place, figure l’adaptation sur grand écran de la comédie musicale de Broadway, Wicked, avec 118 millions de dollars de recettes. – (AFP.)

Le Monde
Culture, mercredi 13 novembre 2024 881 mots, p. 23
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13 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Entretien

« Le film parle avant tout d’une communauté »

Yuval Abraham et Basel Adra, les réalisateurs de « No Other Land », racontent la fabrication du film

Propos recueillis par Mathieu Macheret Propos recueillis par Mathieu Macheret

Dans les montagnes à la limite sud de la Cisjordanie se trouve Massafer Yatta, une communauté d’une vingtaine de villages bédouins, un territoire déclaré illégitime par l’Etat israélien et disputé par l’armée aux habitants pour en faire une zone d’entraînement militaire. Quatre jeunes journalistes, palestiniens et israéliens, ont uni leurs forces pour raconter la situation dans No Other Land , long-métrage poignant et document de première main sur le processus de colonisation en cours. Deux d’entre eux, Basel Adra, habitant des lieux, filmant depuis des années l’expulsion des siens, et Yuval Abraham, Israélien parlant l’arabe, sont venus à Paris accompagner la sortie du film. Durant tout l’entretien, l’un comme l’autre luttent à tour de rôle contre l’épuisement, pour faire entendre une parole forte.

Comment le film est-il né ?

Basel Adra : Nous sommes un groupe de quatre journalistes activistes, nous nous sommes rencontrés sur le terrain. Ce que nous documentions à longueur de temps, nous avons décidé d’en faire un long-métrage, avec l’aide de Close Up, un programme de développement pour les films de non-fiction au Moyen-Orient. Cela nous a pris cinq ans, dans des conditions très précaires. Les démolitions des maisons pouvaient survenir n’importe quand, il fallait être capable de tout lâcher pour courir filmer. Les militaires pouvaient envahir ma maison d’un moment à l’autre. Une fois, ils ont confisqué cinq caméras et un ordinateur portable que nous, militants, utilisions sur le terrain. Mais nous voulions créer un savoir, une pression politique, et faire en sorte que notre communauté ne soit pas effacée par l’occupation.

En tant que journalistes rompus à l’exercice instantané de la presse en ligne et des réseaux sociaux, pourquoi avoir choisi de recourir au cinéma ?

Yuval Abraham : Lorsque je suis venu pour la première fois en Cisjordanie, il y a cinq ans, j’étais au courant des faits. Je savais que le territoire était occupé, que l’armée détruisait les maisons palestiniennes pour s’emparer des terres situées à proximité des colonies. Mais, sur place, ce qui faisait toute la différence était l’émotion. Lorsque vous voyez le visage d’une famille expulsée de sa maison, lorsque vous entendez le bruit d’une grenade qui explose à côté de vous, et que vous sentez votre cœur battre, c’est un autre type de réalité. La vie sous l’occupation, cela dépasse la retranscription journalistique des faits. De plus, la violence à Massafer Yatta dure depuis des décennies. Un journaliste qui ne fait que passer aura toutes les chances de rater la situation d’ensemble. Nous, nous avons rassemblé du matériel pendant ving-cinq ans et avions besoin du temps long pour raconter une histoire qui s’étend sur trois générations.

Certaines scènes tendent à montrer comment les colons avancent sous protection de l’armée israélienne dans les territoires occupés. Est-ce le cas ?

Y. A. : En Occident, on pense parfois que le problème vient d’une poignée de colons fanatiques et radicalisés qui forceraient l’Etat d’Israël, un Etat démocratique, à étendre l’occupation. Je ne dirais pas que c’est le contraire, car les colons jouent un rôle important. Mais l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie sont en grande partie imposées par l’Etat israélien et mises en œuvre par son armée. C’est bien l’armée qui s’occupe de la démolition des maisons palestiniennes. Il s’agit d’un système, d’une politique d’Etat. Dans cette région, il y a 14 000 colons et près de 1 million de Palestiniens. Ces colons contrôlent 60 % à 70 % des terres et les principales ressources en eau. S’ils étaient là sans l’armée, ils ne seraient pas en mesure de maintenir leur existence.

La fabrication du film s’est étendue sur cinq ans. Quand avez-vous décidé d’arrêter le tournage ?

Y. A. : Peu après le 7 octobre 2023, quand nous avons vu que les habitants de six villages autour de Massafer Yatta s’enfuyaient. L’attaque du Hamas a détourné l’attention de la Cisjordanie, et conduit à un déchaînement de violence. Des raids punitifs des colons ont eu lieu dans les villages palestiniens. C’est ainsi que le cousin de Basel a été abattu, le 13 octobre 2023. On pensait finir le film plus tôt, mais quand on a vu cette violence, on ne pouvait plus ignorer à quel point la réalité avait changé. Définitivement changé.

Le film raconte aussi l’amitié qui naît entre vous, une amitié palestino-israélienne. Il y a des moments de respiration…

B. A. : Quand on fait un film, on ne peut pas se contenter de montrer la politique, la violence et toutes les mauvaises choses. Le film dure quatre-vingt-seize minutes et s’il parle de quelque chose, c’est avant tout d’une communauté. Il fallait que le public sente qu’il a affaire à des êtres humains, pris comme lui dans un quotidien, traversés de vie. Nous voulions lui montrer qu’il s’agit là d’un endroit magnifique, d’êtres humains magnifiques, et que l’amitié est aussi quelque chose de très beau.

Le Figaro, no. 24958
Le Figaro et vous, mercredi 20 novembre 2024 637 mots, p. 34

Culture

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19 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

« DIAMANT BRUT » : CHAGRINS DE BEAUTÉ

LE PREMIER FILM D'AGATHE RIEDINGER RÉVÈLE LA JEUNE ACTRICE MALOU KHEBIZI EN ADO RÊVANT D'INTÉGRER UNE ÉMISSION DE TÉLÉRÉALITÉ. ET IMPRESSIONNE PAR SA MAÎTRISE.

Delcroix, Olivier

Les candidates des émissions de téléréalité seraient-elles les nouvelles princesses des temps modernes ? Notre époque produit les héroïnes qu'elle mérite. Voilà le message qui irrigue sobrement le premier film d'Agathe Riedinger, présenté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes.

Liane Pougy (Malou Khebizi), cagole de Fréjus qui n'a pas froid aux yeux, se rêve en héroïne de téléréalité. Cette adolescente de 19 ans, qui vit avec sa jeune soeur et une mère démissionnaire (Andréa Bescond, méconnaissable) dans une bicoque poussiéreuse cramée par le soleil aride du sud de la France, ambitionne d'échapper à sa petite vie minable en devenant une star de la télé.

Entre la mère la fille, l'entente n'est pas cordiale. Cette maman indigne laisse ses filles se débrouiller seules. Pour subvenir à ses besoins, Liane vole dans les magasins des parfums de marque, des bijoux de pacotille qu'elle revend à la sauvette près de l'autoroute. Tout son univers tient sur l'écran pailleté de son smartphone qu'elle ne lâche jamais. Short en jean à franges ras les cuisses, tee-shirt rose moulant, fesses et seins refaits, lèvres gonflées sous son maquillage à la truelle, cette ado au caractère bien trempé ne s'en laisse pas conter.

Elle se façonne un physique de combat selon les critères de sa génération. Rage tendre et tête de bois pour cette donzelle qui s'avère une guerrière incapable de rester en place, et qui passe son temps à hypersexualiser son corps, vécu comme une arme fatale. Cela, parfois jusqu'à la douleur, comme lorsqu'elle s'inflige un « tatouage maison » qui s'apparente plus à une scarification qu'à autre chose.

L'émission que rêve d'intégrer Liane Pougy (patronyme évoquant Liane de Pougy, cette demi-mondaine de la Belle Époque qui utilisa ses charmes pour s'introduire dans la haute société) s'appelle « Miracle Island ». Un titre aussi ronflant qu'artificiel. Le tournage de la prochaine saison aura lieu aux États-Unis, à Miami. Liane a envoyé une vidéo. Un jour, le téléphone sonne.

Liane est prête à tout. Elle passe le casting en petite culotte devant une recruteuse qui la caresse dans le sens du poil et la pousse à s'exhiber sur Instagram pour multiplier le nombre de ses followers. Notre « bimbo warrior » s'attelle à la tâche avec sérieux, multiplie les « posts » où elle s'adresse à ses fans en les appelant «mes bébés». Dans sa salle de bains rouge, elle se regarde dans la glace. Son portable lui tend un écran en forme de miroir aux alouettes déformant : «Mobile, mon beau mobile, dis-moi si je suis la plus belle...»

Mauvais goût en bandoulière, repoussant gentiment un garçon qui a l'air de s'intéresser sincèrement à elle, Liane attend qu'on la rappelle. L'attente se mue en torture. Ses rêves de gloire gonflés au Botox s'effritent. Elle n'a d'yeux que pour son désir de revanche sociale qui passe par le fameux quart d'heure de célébrité warholien...

À presque 40 ans, la jeune Agathe Riedinger frappe fort. Diplômée des Arts déco, photographe, réalisatrice de deux courts-métrages dont l'un, J'attends Jupiter(2018), mettait déjà en scène une jeune femme rêvant de notoriété, la cinéaste brosse avec énergie et discernement le portrait naturaliste d'une jeune fille d'aujourd'hui prise en tenailles par les injonctions contradictoires de l'époque. On pense parfois au cinéma social rêche et cru de la Britannique Andrea Arnold, et notamment à Fish Tank (2009). La tendresse en plus...

Quant à la jeune Malou Khebizi, découverte lors d'un casting sauvage, elle est attachante. Et incarne avec réalisme et conviction cette jouvencelle virtuelle 2.0 assoiffée de reconnaissance qui n'aspire à être qu' « une heure, une heure seulement, belle, belle, belle et conne à la fois » , comme l'aurait chanté le grand Jacques Brel. O. D.

Le Figaro, no. 24969
Le Figaro et vous, mardi 3 décembre 2024 801 mots, p. 33

Culture

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2 décembre 2024 - Le Figaro (site web)

LE FAIT DIVERS, FURIEUSE MATIÈRE PREMIÈRE DES ARTISTES AU MAC VAL

L'EXPOSITION AU MUSÉE DE VITRY CIBLE LES OEUVRES CONTEMPORAINES QUE LE CRIME, LA CATASTROPHE, LE DESTIN OU LE HASARD ONT NOURRIES. CÉRÉBRAL ET CURIEUX.

Duponchelle, Valérie

Le fait divers passionnait François Truffaut, qui y puisa matière à scénario sur le destin ou la chance, commenta leur originalité, leur créativité et leur familiarité immédiate avec le public. Ce condensé de l'âme humaine intrigue et fascine, comme un échantillon violent d'une mythologie oubliée. Le fait divers passionne donc les écrivains, de polars ou pas, qui y trouvent le début de leur récit, de Simenon à Truman Capote, de Marguerite Duras à Emmanuel Carrère. Les artistes ne sont pas en reste qui y trouvent une drôle de liberté, un rien barbare, matière à réflexion, voire à morale, et surtout champ libre à leur imagination. C'est donc un puzzle énigmatique qu'offre le Mac Val de Vitry-sur-Seine en composant « Faits divers. Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse » , grand Cluedo bien contemporain.

Comment les artistes voient-ils le fait divers ? Le sujet dans son ensemble n'avait pas encore fait l'objet d'une exposition, soulignent les commissaires fort cérébraux, Nicolas Surlapierre, directeur du Mac Val, et Vincent Lavoie, historien de l'art et professeur titulaire à l'université du Québec, à Montréal. On le comprendra, les neurones feront partie du dispositif ! Le Musée du Louvre avait exposé « La peinture comme crime » avec Régis Michel en 2001, et le Musée d'Orsay « Crime et châtiment » du génial Jean Clair en 2010. Mais seul le crime était au menu. L'exposition « Fait divers » en 1982 au Musée des arts et traditions populaires, lieu mythique fermé depuis 2005 et en pleine métamorphose à côté de la Fondation Vuitton, regardait le phénomène au prisme de la presse et de l'objet aux vertus ethnographiques.

« Grain de sable »

Notre époque redécouvre l'affaire Grégory (1984) mais a oublié celle de Bruay-en-Artois dans les années 1970 ou l'aAffaire Dominici dans les années 1950. Elle se passionne pour l'affaire Pelicot, si nauséabonde. Car, c'est l'un des mystères du fait divers, ce «frère bâtard de l'information» , selon Roland Barthes (Structure du fait divers, 1964), il résonne avec son temps. «S'il fait diversion, selon la célèbre formule de Pierre Bourdieu, le fait divers est aussi une des grandes manifestations de la société de divertissement», rappellent les commissaires. «Le fait divers est la révélation de l'insondable mystère de la banalité. Il est le grain de sable qui grippe la morne routine des choses, l'anomie brutale, l'explosion de violence sous l'eau qui dort, la cruauté chez les braves gens, la revanche des obscurs et des sans-grade.»

En bons intellos, les commissaires ont pris leur sujet en diagonale, offrant une lecture « meta » du fait divers par les artistes, jeu de références qui s'imbriquent les unes dans les autres et qui laissent le premier rôle aux peintres de la figuration narrative, Jacques Monory et ses tableaux revolvers, Eduardo Arroyo et ses crimes désordonnés (Heureux qui comme Ulysse..., 1977). Effets miroir sur l'inconscient collectif, donc, plus que vision directe et version populaire du fait divers, comme l'aurait mieux montré une cimaise couverte des unes de Détective, ces concentrés de films noirs pour lesquels ont travaillé de nombreux artistes dont les Bachelot-Caron et les écrivains comme Julie Estève (Tout ce que le ciel promet, avec Agnès Vannouvong).

Les cinq chapitres qui répondent aux cinq inconnues de l'exposition hésitent entre cérébral et cinéma, mise à distance et jouissance du vulgaire. « Au nom de la loi » ouvre le chemin : en apéritif, Les Recettes d'Henri-Désiré Landru, entre 1916 et 1919, prêté par la collection du Musée de la préfecture de police, et, en digestif, The Third Memory, 1999, installation comme un film de procès à l'américaine, de Pierre Huyghe, prêté par le Centre Pompidou. « Scénario catastrophe » ouvre avec la robe de dentelle noire portée par Barbara Stanwyck sur le tournage de Titanic, de Jean Negulesco (1953), et conduit au film Assassinats de feu Absalon, mort du sida à 28 ans (1993). « Faire violence » commence dans la mémoire avec Boltanski et évoque le petit Gregory avec une sculpture osée de Xavier Boussiron (Le Bénitier de l'impensable, 2024). « Ouvrir l'oeil » se cache derrière l' OEilleton du docteur Petiot, serial killer sous l'occupant nazi en 1944, intrigue avec La Brodeuse masquée (Opinelet Cordelette, 2018) et triomphe avec Monory (Énigme no26). Enfin, « L'ombre d'un doute » célèbre L'Accidentavec Mohamed Bourouissa et restaure l'humour avec Sophie Calle (On a trop déconné-Cul de sac, 2023). On le voit, le fait divers est saugrenu, entre drame universel et cheveu dans la soupe.

« Faits divers. Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse » , jusqu'au 13 avril 2025 au Mac Val, à Vitry-sur-Seine (94). Catalogue sous la direction des commissaires Nicolas Surlapierre et Vincent Lavoie (In Fine / Mac Val, 30 euros).

Le Figaro, no. 24972
Le Figaro et vous, vendredi 6 décembre 2024 789 mots, p. 33

Culture

BARRAULT, VITEZ, PY, NORDEY... PEU DE METTEURS EN SCÈNE S'Y SONT RISQUÉS

Simon, Nathalie

Parfaitement injouable telle quelle.»C'est ainsi que Jacques Parsi jugeait Le Soulier de satin, que Paul Claudel a écrit entre 1919 et 1924. Le scénariste cosigne pourtant l'adaptation filmée de Manoel de Oliveira en 1985. Le réalisateur portugais livre une version complète de la pièce en mêlant théâtre et cinéma. Son film dure six heures cinquante. Il le définissait comme une «composition originale, cosmique, complexe, assez musicale...»

«Heureusement qu'il n'y a pas la paire!», aurait plaisanté Jean Cocteau ou Sacha Guitry, à propos des «deux amants stellaires qui, chaque année après de longues pérégrinations arrivent à s'affronter, sans jamais pouvoir se rejoindre, d'un côté et de l'autre de la Voie lactée». Son auteur la considérait comme une oeuvre testamentaire.

Après des essais radiophoniques à Marseille, Jean-Louis Barrault est le premier à avoir mis en scène l'histoire d'amour impossible entre Dona Prouhèze et Don Rodrigue, de novembre 1943 à janvier 1945, à la Comédie-Française. Portée par Marie Bell, Madeleine Renaud et Pierre Dux, la pièce dure près de cinq heures et triomphe malgré l'Occupation. Défenseur de Paul Claudel, avec lequel il collabore - celui-ci réécrit d'ailleurs certaines scènes -, Jean-Louis Barrault a défendu sa pièce fleuve pendant quarante ans. Il s'y attelle de nouveau en 1958 au Théâtre du Palais Royal, puis en 1963 au Théâtre de l'Odéon. En 1980, il montera une version plus longue au Théâtre d'Orsay, qui sera redonnée au Théâtre du Rond-Point.

Mais c'est l'adaptation intégrale d'Antoine Vitez dans la cour d'honneur du Palais des Papes, à Avignon, en juillet 1987, qui a marqué l'histoire du théâtre. Ce proche de Jean Vilar célèbre les 40 ans du Festival d'Avignon avec sa version de onze heures. «C'est une proposition que je me suis faite à moi-même, mais à vrai dire sans aucun goût pour la performance ou l'exploit sportif, confie alors le metteur en scène à France Roche sur Antenne 2. Pour tout vous dire, c'est avec un peu d'inconscience... J'étais optimiste, je croyais que ça durerait moins longtemps (...). C'est une oeuvre qui raconte la vie de l'homme tout entière et l'histoire du monde aussi... Bien sûr, c'est long, mais c'est beau que ce soit long.»

Le metteur en scène, qui rêvait d'un «théâtre élitaire pour tous» , jouait lui-même Don Pélage, s'était entouré d'une vingtaine de comédiens, dont Ludmila Mikaël (Dona Prouhèze) et Didier Sandre (Don Rodrigue). À l'époque des répétitions, L'Événement du jeudi évoque un « marathon géant ». «Je ne crois pas, quand on commence, qu'on se dise : « Ça va durer douze heures », racontait Ludmila Mikaël, qui avait arrêté de fumer pour l'occasion et «essayait d'avoir une bonne hygiène de vie».

Reprise en novembre et en décembre 1987 au Théâtre national de Chaillot, à Paris, la version de Vitez est plébiscitée par le public et saluée par la presse nationale. «En réussissant la gageure que Claudel lui-même avait cru impossible d'unSoulier de satin en intégral et en continu, Antoine Vitez n'a pas seulement offert au Festival d'Avignon le grand coup d'éclat qu'il attendait depuis Vilar; il a restitué au théâtre, à la poésie et pour tout dire à la littérature française qui en a actuellement bien besoin une oeuvre inouïe, sans équivalent, un torrent d'images et de mots; au pays des coteaux modérés où triomphent les bluettes de Marguerite Duras, il a donné droit de cité au démesuré, au baroque, à l'extravagance, en un mot, il a parachevé à sa façon le travail historique de Jean-Louis Barrault et renduLe Soulier à sa vérité», s'enthousiasme Jacques Julliard, dans Le Nouvel Observateur le 24 juillet 1987.

Il faut ensuite attendre 2003 pour revoir l'oeuvre de Claudel. Olivier Py se lance dans l'aventure au Centre dramatique national d'Orléans, au Théâtre de la Ville, puis à l'Odéon, en 2009, dont il est le directeur, avec Jeanne Balibar sous la robe de Dona Prouhèze et Philippe Girard en Don Rodrigue. «Claudel voulait que ça dure onze heures pour pouvoir toucher tous les pays, tous les peuples et tous les théâtres du monde», justifie-t-il. Et de citer Paul Claudel : «Si l'on demande beaucoup au public, pourquoi douter qu'il ne soit prêt à donner beaucoup?»

La dernière adaptation date de 2021. Pour le Palais Garnier, Stanislas Nordey métamorphose Le Soulier en opéra mis en musique par Marc-André Dalbavie, d'après le livret de Raphaèle Fleury. Dans le numéro 1 de L'Art du théâtre (Éditions Théâtre National de Chaillot), Antoine Vitez avait justement prédit : «Quand tout sera passé, on regardera ce temps-ci, ces trente ou quarante années, comme un âge d'or du théâtre en France. Rarement on aura vu naître tant d'expériences et s'affronter tant d'idées sur ce que doit être la scène, et sur ses pouvoirs.» N. S.

Le Figaro, no. 24970
Le Figaro et vous, mercredi 4 décembre 2024 619 mots, p. 36

Culture

« IL ÉTAIT UNE FOIS MICHEL LEGRAND » , UN CONTE DE FÉES ENDIABLÉ ET JAZZY

DAVID HERTZOG DESSITES REND UN HOMMAGE GÉNÉREUX ET SINCÈRE AU CÉLÈBRE COMPOSITEUR.

Delcroix, Olivier

L'image est en noir et blanc. Assis au piano, un jeune homme droit comme un « I ». Vêtu d'une veste sombre, lunettes fumées, col de chemise fermé, cheveux courts, avec cet air juvénile qu'il n'a jamais perdu, le compositeur des Moulins de mon coeur répond très sérieusement à François Chalais.

«À votre avis,Michel Legrand,entame Chalais avec sa voix grave et nonchalante reconnaissable entre mille, si le cinéma avait existé de leur temps, est-ce que Bach et Beethoven auraient fait de la musique de film?» Et Legrand de répondre : «J'en suis certain.» Du tac au tac, l'intervieweur star des années 1960 poursuit : «Pensez-vous que vous pourrez être un jour l'équivalent de Bach et Beethoven?» La réponse tombe comme un couperet : «À coup sûr, non. C'est vraiment une certitude, alors...» Le documentariste David Hertzog Dessites explique : «J'ai voulu commencer mon film hommage par cet entretien télévisé pour montrer toute l'humilité du personnage.»

L'instant suivant, dans un enchaînement vécu comme un démenti visuel, le spectateur se retrouve projeté en décembre 2018 à la Philharmonie de Paris, lors de l'ultime concert du compositeur. Soixante ans après ses débuts, la salle applaudit à tout rompre Michel Legrand (1932-2019). Un sourire lumineux d'éternel gamin brille sur le visage fatigué de cet homme de 85 ans, comme une récompense si longuement recherchée. C'est dans les coulisses, en présence de Macha Méril, qu'il lâchera tout bas dans sa loge que «devenir compositeur symphonique aura été le but de sa vie».

« Montrer l'homme derrière le génie »

Dans un grand vent d'enthousiasme et de musique, Il était une fois Michel Legrand balaie la vie trépidante du compositeur des Demoiselles de Rochefort, cet extraordinaire « musical » à la française conçu avec son ami Jacques Demy. Quelle énergie, quel talent et quelle férocité habitaient donc ce prodige de la mélodie et du jazz ? Dès le générique, le réalisateur reproduit le split screen (cet écran divisé en plusieurs parties). Comme pour signifier qu'un simple écran ne serait pas suffisant pour embrasser l'immense carrière du compositeur. «Mes parents se sont aimés sur la musique de ce film mythique,confie Hertzog Dessites. Ma mère écoutait en boucleThe Windmills of Your Mind, alors que j'étais dans son ventre. »

Il y a décidément du conte de fées dans le destin de celui qui obtint trois Oscars, un Bafta, un Golden Globe mais pas un seul César. «Je ne comprends pas pourquoi ces messieurs de l'Académie des César n'ont jamais récompensé ce mélodiste virtuose.» Le film donne quelques éléments de réponse. «C'est sans doute son mauvais caractère proverbial, admet Claude Lelouch, interviewé parmi tant d'autres. Certaines fois, j'aurais pu lui casser la gueule. Mais comme il était très intelligent, il se rendait compte qu'il était allé trop loin, et sa marche arrière était sublime.»

Avec subtilité et tendresse, Stéphane Lerouge, son biographe officiel, ajoute «que s'il se comportait parfois de façon terrible, il ne supportait pas qu'on le déteste». L'homme n'était pas à un paradoxe près. Nombreuses sont les images où on le voit, intraitable, pester avant le concert. Mais au cours de la soirée, il était capable d'improvisations très généreuses où il parvenait même à glisser du Chopin au milieu des Parapluies de Cherbourg. David Herztog Dessites, qui l'aura bien connu à la fin de sa vie, tranche : «Il pouvait être odieux, mais ce n'était pas par méchanceté. C'était quelqu'un d'inquiet. Avec ce film, j'ai voulu montrer l'homme derrière le génie. »Après Ennio (2021), de Tornatore, Music By John Williams (2023), de Laurent Bouzereau, «c'est pour Michel Legrand l'heure de la reconnaissance» , conclut le réalisateur. O. D.

Le Monde
Culture, mercredi 4 décembre 2024 837 mots, p. 27

Reprise

Entre polar et mélodrame amoureux, la manipulation bilatérale de Luigi Comencini

Petit bijou de 1969, inédit en salle, « Sans rien savoir d’elle » est un troublant jeu de masques

Mathieu Macheret

Luigi Comencini (1916-2007) occupe une place à part dans le paysage du cinéma italien. Voilà en effet un cinéaste et téléaste prolifique, qui a traversé la seconde moitié du XX siècle en entretenant un rapport oblique à la modernité. Ici donnant à la comédie certains sommets de cruauté (L’Argent de la vieilleen 1972, Le Grand Embouteillage en 1978), creusant là une veine sensible autour de l’enfance et de l’adolescence (L’Incompris en 1966, Casanova. Un adolescent à Venise en 1969, Les Aventures de Pinocchio en 1972), il a navigué parmi les genres populaires en tenant dans la même ligne de mire attentes du public et exigences de mise en scène.

Ses films furent assez nombreux pour que certains restent encore inédits en France, tel ce petit bijou de 1969, Sans rien savoir d’elle(Senza sapere niente di lei en version originale), passé en son temps totalement inaperçu, et que Les Films du Camélia ont le flair d’exhumer à partir d’une copie neuve fraîchement restaurée par la Cinémathèque de Bologne.

Le film se montre tout du long assez insituable sur l’échelle du genre, ne relevant ni complètement de l’enquête policière, ni complètement du mélodrame amoureux, mais un peu des deux, et plus sûrement encore d’un constant brouillage d’une forme par l’autre, afin de maintenir jusqu’au bout le doute sur ses personnages.

Spectre de la fragmentation

Nanni Bra (Philippe Leroy), enquêteur en assurances à Milan, travaille sur la mort suspecte d’une vieille femme quelques heures avant l’approvisionnement d’une importante prime, et flaire là quelque détournement d’héritage. Cherchant à rassembler ses cinq enfants, il court encore après la benjamine, Cinzia (Paola Pitagora), une chipie évadée du nid, menant une existence nomade. Il la prend en filature avant de l’aborder, se faisant passer pour un autre, et de l’héberger chez lui. S’engage alors entre les deux une histoire d’amour vécue sur le mode de la syncope, non sans qu’il puisse tout aussi bien s’agir d’un jeu de masques, d’une manipulation bilatérale.

Sans rien savoir d’elle s’apparente, quelque dix ans après et en mode mineur, à un petit Vertigo de poche (le célèbre thriller d’Alfred Hitchcock datant de 1958), histoire d’une filature amoureuse où le détective, sujet malade du regard, s’aliène dans son objet, une femme indiscernable. L’intrigue se noue dans un Milan grisailleux d’une terne modernité, étouffant dans l’œuf tout motif de sublimation. Comencini organise entre ses personnages une sorte de tête-à-tête virant insidieusement au bras de fer mental, quête de reconnaissance ou pêche aux aveux qui ne veut pas dire son nom.

Deux portraits se forgent dans cette friction amoureuse qui rebondit de garçonnière en terrain de golf, et au cours de laquelle vacille l’image que les deux amants se font d’eux-mêmes. Lui modeste employé, « petit homme gris » qui aurait pu être un grand juriste, tout à coup frappé par une émotion. Elle postadolescente encore gamine (elle touille le café avec son doigt) en rupture avec son milieu, si volubile qu’elle se transforme d’un moment à l’autre – sautes d’humeurs, changements de tenue, double éthos nomade et bourgeois.

La mise en scène, remarquable, est travaillée par le spectre de la fragmentation. Dans les premières minutes, la solitude de l’enquêteur s’expose dans un pur silence, par vignettes elliptiques, avant que ne retentisse le formidable thème Ostinato d’Ennio Morricone. Sa filature est ensuite perturbée par des flashbacks intempestifs qui fractionnent l’affaire. Tout le reste du film orchestre la confrontation de ces deux amants pris dans les lignes géométriques et froides des intérieurs milanais, découpés par les embrasures de porte, les pans de mur, les parois qui se referment sur eux, les spirales de ferronnerie ou d’escalier.

La caméra a beau s’enrouler autour des corps, elle marque une séparation nette dès qu’il s’agit de se rapprocher des visages, chacun saisi dans une proximité qui n’appartient qu’à lui, espace de doute. Quand Nanni découvre Cinzia s’étant tranché les veines dans sa salle de bains, le montage éclate, les plans s’emballent, les fragments pullulent.

Tout du long, Sans rien savoir d’elle fait le deuil d’une continuité impossible. Il fallait depuis le début prendre le titre au sérieux : que sait-on jamais d’un personnage, en dehors d’une dispersion d’apparences qui dans le fond ne raccordent pas ? Face à cette grande question moderne, Comencini, cinéaste populaire, en arrive à la même conclusion que l’intellectuel Antonioni dans L’Avventura (1960) : un personnage fomente toujours sa propre disparition.

La Croix, no. 43090
Culture, vendredi 6 décembre 2024 1166 mots, p. 24,25

Comment les médias parlent des violences sexistes et sexuelles

Florence Pagneux

L’importante couverture médiatique du procès des viols de Mazan met en lumière l’évolution du traitement des violences sexistes et sexuelles par les journalistes, soucieux de trouver le ton juste face à un phénomène longtemps cantonné à la rubrique des faits divers.

« Cela fait longtemps que la presse traite ces sujets, mais elle a mis du temps à mettre le doigt sur le fait que les violences faites aux femmes étaient systémiques »,constate Thomas Heng, directeur départemental du quotidien Ouest-France en Loire-Atlantique, qui a longtemps officié comme fait-diversier à Nantes, poste d’observation privilégié des tourments qui traversent la société. Longtemps cantonnées à la rubrique des faits divers, parfois traitées avec légèreté, les violences sexistes et sexuelles (VSS) prennent désormais la lumière d’une tout autre manière dans les médias.

À ce titre, le procès des viols de Mazan, ouvert depuis le 2 septembre devant la cour criminelle d’Avignon, est venu affermir cette prise de conscience. « On en a fini avec l’image du violeur qui surgit d’un parking au milieu de la nuit », résume le journaliste, invité à raconter comment les rédactions s’adaptent au traitement des VSS lors du dernier Festival de l’info locale (FIL). Organisé chaque année à Nantes depuis 2019, ce rassemblement des responsables de médias locaux a inscrit pour la première fois cette thématique au programme, preuve d’une préoccupation grandissante. Autre signal fort, l’attribution toute récente du prix Albert-Londres, l’une des plus prestigieuses récompenses de la profession, à la journaliste du Monde Lorraine de Foucher, saluée pour son travail réalisé sur les violences faites aux femmes.

Ce mouvement de bascule prend racine en 2017, au moment de la vague #MeToo, ces témoignages de viols et d’agressions sexuelles déferlant sur les réseaux sociaux, dans le sillage des accusations visant le producteur de cinéma Harvey Weinstein. À cette époque, les rédactions françaises lancent de plus en plus d’enquêtes sur les violences faites aux femmes (dans la culture, le sport…). « Les journalistes étant de plus en plus nombreux à documenter ce phénomène, cela a interpellé les mouvements féministes qui ont davantage questionné les médias sur leur manière de traiter ces sujets », analyse Marine Forestier, journaliste et co-fondatrice de l’organisme de formation La Fronde.

Depuis 2019, année du Grenelle des violences conjugales, qui a imposé là encore ces sujets à la une, elle anime des formations sur les stéréotypes de genre dans les écoles de journalisme et les médias, de plus en plus nombreux à la solliciter. « Au début, quand j’employais le mot féminicide, j’avais des yeux ronds face à moi »,se souvient-elle .Ce terme, désignant la volonté de tuer une femme en raison de sa condition féminine, a d’abord été utilisé dans les pays latino-américains, avant d’être porté par les mouvements féministes, puis de se propager au sein des rédactions. « Il ne s’agit pas de se transformer en militants, poursuit-elle. L’objectif est de faire preuve d’éthique journalistique en représentant mieux la société. »

Le collectif féministe #NousToutes constate, dans une enquête publiée en novembre dernier, que plus de 3 000 articles de presse ont employé le terme féminicide en 2022, soit 28 fois de plus qu’en 2017 (1). « La parole est davantage donnée aux associations féministes et d’aide aux victimes et bien moins aux auteurs et à leurs représentants (avocats, familles…) », salue le collectif. D’après une étude récente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), le terme « féminicide » est cité en moyenne 249 fois par mois entre le 1er janvier 2019 et le 30 juin 2024 sur les chaînes de radio et télé, tandis que celui de « crime passionnel », qui a pour effet pervers de romantiser le crime conjugal, n’est plus cité que 10 fois par mois en moyenne sur la même période (2).

À Ouest-France, la rédactrice en chef Laëtitia Greffié, référente égalité, raconte que ce sont des journalistes récemment embauchés, souvent des jeunes femmes, qui ont poussé la direction à « améliorer la manière dont on parle des femmes dans le journal ».Réseau égalité, charte d’écriture non sexiste et annuaire d’expertes locales font partie d’une batterie de mesures lancées ces dernières années. Directeur de l’information régionale à France Télévisions, Erik Berg mesure lui aussi l’ampleur des changements. « La première fois que notre magazine “Envoyé spécial” a traité des violences conjugales, c’était en 2002, et l’homme qui avait tué sa femme et son amant avait été acquitté, raconte-t-il. Cela nous paraît la préhistoire. Aujourd’hui, on fait des soirées entières de documentaires sur ce sujet ! »

La mort de l’actrice Marie Trintignant, tuée par Bertrand Cantat en 2003, ne serait plus couverte de la même manière. « Désormais, on met la victime au centre, souligne-t-il. À l’époque, c’est l’agresseur que l’on mettait en avant, comme on l’avait fait en 2004 avec le joueur de rugby Marc Cécillon(qui avait tué sa femme, NDLR) . » Un biais que Marine Forestier observe encore dans certaines affaires très médiatisées : « On a tendance à se focaliser sur l’auteur du crime, à le décrire comme un artiste torturé ou un génie incompris, ce qui a pour effet de créer de l’empathie »,décrit la journaliste formatrice, suggérant « d’accompagner les portraits d’agresseurs de paroles d’experts pour contextualiser ces violences ».

Si des titres particulièrement déplacés comme « Elle rate les frites, il la frappe » ou « Assassinée pour une crème dépilatoire » sont bien moins fréquents, la journaliste voit encore des pistes d’amélioration. Elle conseille ainsi de préférer des termes juridiques précis à des notions floues qui peuvent euphémiser l’acte : écrire « agression sexuelle » plutôt qu’ « attouchements » ou « abus », « rapport sexuel imposé » plutôt que « relation sexuelle » pour évoquer un viol, « a été violée » plutôt que « s’est fait violer ».« Sur le plan éditorial, on peut encore s’améliorer sur le volet prévention, par exemple mentionner les numéros d’urgence dans les articles, ajoute Laëtitia Greffié. Les jeunes générations nous attendent sur ces sujets. »

Autre point d’attention, selon Marine Forestier : éviter l’« héroïsation » des victimes. À ce titre, la couverture du procès Mazan, qui érige Gisèle Pelicot au rang d’icône (son portrait dessiné vient de faire la une de Vogue), peut « faire courir le risque que d’autres victimes n’ayant pas le même profil ou demandant le huis clos soient moins crues ». Pour Thomas Heng, ce procès fera date dans la profession. « Pour reprendre les mots d’une avocate nantaise, les monstres n’existent pas, sauf dans les contes pour enfants, lance-t-il . Ce procès remet les monstres dans les livres et les hommes face à leurs problèmes… »

(1) À lire sur le site www.noustoutes.org

(2) 16 chaînes de radio et télé ont été étudiées. À lire sur le site https://data.ina.fr/

Le Figaro, no. 24972
Le Figaro et vous, vendredi 6 décembre 2024 893 mots, p. 30

Culture

CIRCUS RONALDO : FAMILLE, JE VOUS AIME

À ANTONY, PRÈS DE PARIS, LES ROULOTTES ET LES CAMIONS DU CIRQUE RONALDO SE RASSEMBLENT AUTOUR DE LEUR CHAPITEAU POUR DEUX SPECTACLES SINGULIERS ET IRRÉSISTIBLES.

Bavelier, Ariane

Ils s'aiment dans cette famille-là, et les voir à l'oeuvre en ces jours, se tenant déjà en livrée de Noël, donne quelques clés de l'alchimie recherchée par tous. Il y a le père, Danny, au centre, et son fils Pépijn. Ils jouent ensemble Sono io, le plus beau des duos, où un père qui baigne dans sa gloire de père et croit tout savoir découvre peu à peu les talents que son fils ose lui dévoiler à mesure. Et se met à lui faire de la place.

Et puis il y a tous les autres, qui apparaissent dans DaCapo : les deux frères de Pepijn, son aîné, Nanosh, et son cadet Angelo, 17 ans, leur petite soeur Adanya, 10 ans, le frère de Danny, David, un temps retourné à la terre pour élever veaux, vaches, cochons, poulets. Il y a aussi Marie, la petite amie de Pepijn, et puis d'autres, famille de sang ou de coeur qui se lance dans le défi de raconter l'histoire de cette fratrie pas comme les autres qui a commencé le cirque en 1842, lorsqu'un des siens s'est enfui pour rejoindre des saltimbanques. Depuis, la plupart d'entre eux sont nés en caravane, même s'ils ont aussi une maison où faire escale.

« Impossible de remonter le temps »

Ronaldo sonne italien. Il ne faut pas s'y fier. La famille est de Belgique flamande, née sous le patronyme de Van den Berghe. DaCapo narre leur épopée sur sept générations sous la forme d'une parade : «En Belgique, où nous sommes très connus depuis notre spectacle La Cuccina dell'Arte, il y a plus de vingt ans, beaucoup de gens se posaient des questions sur notre histoire. Nous avons voulu y répondre par un spectacle qui la raconte, dit Danny . C'est un album photo dont on tourne les pages, les couleurs sépia au début s'attisent à mesure, deviennent pop, puis pastel. On voit le temps passer, toujours dans le même sens, c'est un spectacle à sens unique, parce qu'il est impossible de remonter le temps et qu'il faut toujours laisser place au suivant.»

Dans la saga Ronaldo, Danny est le clown central, celui qui tire la farandole. Regard de rêveur intense, cheveux à la saint Jean-Baptiste ,et puis du nez, un vrai pif, même s'il n'est pas rouge. «Ma famille avait perdu son cirque pendant la Seconde Guerre mondiale. Mon père, qui avait 11ans en 1945, s'est lancé comme chanteur de variétés, puis de rock'n'roll, puis de country western apprenant des numéros de fouet et de lasso.» Son retour au cirque date de 1971 : «J'avais 2ans. C'était un cirque commercial avec beaucoup de paillettes et de bruit. À l'adolescence avec mon frère, nous nous sommes rebellés: nous ne comprenions pas ce que nous faisions avec notre nez rouge et des costumes grotesques. J'avais cependant assez d'amour envers le clown pour le rester.»

Danny découvre dans les théâtres d'autres musiques, et dans le regard des enfants auprès desquels il travaille d'autres songes qui l'éveillent à son art singulier. Jouer dans le silence, dans un espace noir, renouer avec la commedia dell'arte et ce cirque à l'ancienne aux origines de sa famille. Son clown tendra à la société un miroir où chacun décèlera une drôle d'imitation de lui-même qui l'aidera à amender ce qui est encore amendable et à rire du reste. Peu de paroles dans le discours, mais les grognements à consonance italienne qui traverse les frontières. Le corps explicite le reste, plutôt façon Lecoq que façon mime Marceau. «Mais le plus important c'est le regard», dit-il.

Le sien guette tout et désamorce aussitôt. Les rivalités entre ses quatre enfants qui, sans avoir la même spécialité, se retrouvent sur la piste ? «L'aîné a son spectacle,Swing . Il vient de racheter un cinéma pour un projet personnel et intervient beaucoup dans la logistique du cirque, entretient les roulottes, répare les camions, car il aime ça. Il se plaint de ne pas avoir assez de temps pour travailler sa technique de cirque. Mais Pepijn aussi, qui en plus de ses spectacles s'occupe de la communication. Les deux derniers sont encore trop jeunes», dit Danny insistant sur le fait que ceux qui oeuvrent derrière la piste sont aussi importants que ceux qui se tiennent en son centre.

« Laisser beaucoup d'espace à chacun »

«Il est vrai que nous ne sommes pas une famille très conflictuelle, dit Pepijn. En travaillant surSono io , nous espérions un moment d'exaspération qui monterait en grande engueulade pour pouvoir l'exploiter, mais il n'a pas eu lieu. La magie de mon père, c'est de laisser beaucoup d'espace à chacun.Sono io , nous l'avons écrit ensemble de manière très organique, en essayant, en s'écoutant.» Le cirque qui coule dans leur sang a trouvé là son terrain de jeu dès l'enfance : «À la maison, on jouait au cirque comme d'autres aux Playmobil. Nous avons grandi entre des outils de cirque et des instruments de musique. Nous avions nos petits costumes et nous faisions des petits passages dans les spectacles» ,dit Pepijn, pour qui le spectacle continue. Prochaine création ? La suite de Sono io avec son père en spectateur. A. B.

Circus Ronaldo, à l'Espace Azimut d'Antony (92), jusqu'au 15 décembre.

Le Figaro, no. 24971
Le Figaro et vous, jeudi 5 décembre 2024 964 mots, p. 34

Culture

PATRICIA PETIBON, L'ART DE LA MÉTAMORPHOSE

AU THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES, L'INCLASSABLE SOPRANO RETROUVE LA SUBLIME PRODUCTION DE « DIALOGUES DES CARMÉLITES » MISE EN SCÈNE PAR OLIVIER PY. SA TROISIÈME PRISE DE RÔLE DANS L'OPÉRA DE POULENC... ET PEUT-ÊTRE PAS LA DERNIÈRE !

Hillériteau, Thierry

Ses premiers pas dans la lumière de Poulenc et Bernanos ? Patricia Petibon s'en souvient comme si c'était hier. «C'était il y a vingt-cinq ans avec le rôle de Soeur Constance, dans la mise en scène fantastique deMarthe Keller!» L'actrice suisse, déjà bien connue des mélomanes, notamment pour sa Jeanne d'Arc bouleversante de fragilité et de force à la fois dans Jeanne au bûcher, de Honegger, signait là sa toute première mise en scène lyrique. À l'Opéra du Rhin, la lionne alémanique des plateaux de théâtre, de télé ou de cinéma, qui, petite, se rêvait en danseuse de ballet, se révélait pudique. Sensible. Profonde. Signant un spectacle d'une rare ferveur. Tout en sobriété, en subtils jeux de lumière. Une gestion de l'espace scénique et sacré du carmel d'une rare intelligence, qui laissait parfaitement respirer la musique, jusqu'à ce « Salve Regina » final éthéré et bouleversant.

Ce spectacle, resté dans toutes les mémoires - et immortalisé en DVD sous l'objectif de Don Kent - marquait le début d'une nouvelle carrière pour Marthe Keller. Il dévoilait aussi une Patricia Petibon lumineuse comme jamais. Exaltante, comme à son habitude. Diction impeccable et incarnation habitée. Surtout parfaitement à son aise dans ce répertoire du XXe siècle français. Faisant déjà preuve, trois ans seulement après ses débuts à l'Opéra de Paris dans le baroque, d'un art de la métamorphose qui conduirait toute sa carrière pendant le quart de siècle suivant.

À peine quinze ans plus tard. Autre salle. Autre ambiance. Autre metteur en scène. Mais un retour au carmel qui allait, lui aussi, s'ancrer dans les mémoires. Au Théâtre des Champs-Élysées, en 2013, Olivier Py déploie sa quête mystique dans une ambiance clair-obscur. Magnifiée par l'esthétique en noir et blanc du scénographe Pierre-André Weitz, et des lumières aussi verticales et vertigineuses que les harmonies de Poulenc, signées Bertrand Killy. Inscrivant à la craie immaculée sur fond noir ces mots-clés que l'on gardera en mémoire, tels des stigmates gravés dans la chair. Faisant dialoguer les concepts républicains de liberté ou d'égalité avec l'idée de Dieu : fascinante mise en abîme. Patricia Petibon irradie littéralement la scène, cette fois en Blanche de La Force. Donnant à l'héroïne jadis campée par Denise Duval une épaisseur, une humanité pleine de contrastes, et proprement bouleversante.

En 2024, la voilà de nouveau sur la scène de l'avenue Montaigne. De nouveau dans l'opéra de Poulenc. De nouveau dans la mise en scène d'Olivier Py. Mais cette fois dans le rôle de Mère Marie de l'Incarnation. Autre figure clé, autant qu'ambiguë, parmi les religieuses du Compiègne. «Derrière son apparente sévérité se cache un personnage d'une grande complexité, détaille Patricia Petibon. Tiraillée entre son dévouement religieux, son sens des responsabilités vis-à-vis de ses soeurs, qui va grandissant au fil de l'opéra, et le tragique de la situation. Un personnage de maturité, qui est aussi un vrai personnage de soprano dramatique, et marque pour moi un tournant. Tant dans mon compagnonnage avec l'opéra de Poulenc que dans ma carrière», poursuit-elle. Un compagnonnage qui débuta bien avant ses débuts en Soeur Constance, à Strasbourg. «Déjà, au Conservatoire, j'avais eu la chance de côtoyer Régine Crespin. Je me rappelle qu'elle m'avait longtemps parlé du rôle de MmedeCroissy, qu'elle avait incarnée, ainsi que de la nouvelle prieure, d'ailleurs. Et de la manière dont Poulenc dessinait, avec la musique et l'harmonie, de véritables masques qu'il offrait à chacun de ces personnages.»

Un jeu de masques dont Patricia Petibon a su faire son miel tout au long de sa carrière. Jalonnant son parcours de personnages aussi radicalement opposés que Blanche de La Force, Susanna des Noces de Figaro, Olympia des Contes d'Hoffmann, Lulu de Berg ou Mélisande ! «Des personnages qui ont tous énormément compté pour moi», concède-t-elle. Refusant d'accorder une préférence pour l'un ou pour l'autre. «J'ai toujours refusé d'entrer dans des cases, dit-elle. Dès mes débuts, je ne me reconnaissais pas vraiment dans une catégorie vocale bien précise. Je ne me sentais ni véritablement colorature ni soprano dramatique. Je n'aurais pu me satisfaire de rôles purement légers, car j'avais ce grave, et ce désir d'ancrage dans quelque chose de plus dramatique. Et, en même temps, j'ai besoin de la bonne humeur d'Offenbach et de la joie de Mozart, dont je ne saurais me passer.»

Celle qui n'a eu de cesse, en vingt-cinq ans, de jouer sur tout son spectre vocal comme sur tous les tableaux de la carrière de chanteuse, multipliant les récitals à « forte valeur ajoutée théâtrale » , créant sa propre académie - Les Chants d'Ulysse - et s'attachant à servir la création contemporaine, n'en avoue pas moins une affection toute particulière pour les héroïnes de l'opéra français, notamment de Poulenc et de Debussy. «Il y a dans leurs opéras quelque chose de l'ordre du cheminement. De la quête. Qui ne se livre pas d'emblée et me correspond assez bien. Correspond aussi à ma propre vie, qui n'a pas suivi une voie toute tracée. C'est vrai pourPelléas et Mélisande . Mais ça l'est aussi pour lesDialogues .»Deux ouvrages avec lesquels elle espère être loin d'en avoir fini. Après avoir chanté Constance, Blanche et Mère Marie, elle rêve de refermer la boucle en incarnant, dans quelques années, une Mme de Croissy... Et aimerait un jour passer de l'autre côté en entamant, comme Marthe Keller il y a vingt-cinq ans, une nouvelle carrière dans la mise en scène d'opéra. «Si je devais choisir quoi mettre en scène?Pelléas et Mélisande, bien sûr!», conclut-elle. T. H.

« Dialogues des carmélites » , les 6, 8, 10 et 12 décembre, au Théâtre des Champs-Elysées (Paris 8e)

Le Monde
Culture, jeudi 21 novembre 2024 2852 mots, p. 24,25
Aussi paru dans
20 novembre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

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Nommée six fois aux Grammy Awards, la chanteuse américaine de 25 ans revendique une féminité festive. Elle sera en concert à Paris en mars 2025

Aureliano Tonet

San Francisco - envoyé spécial - En lingerie noire et moulante, Sabrina Carpenter musarde dans la salle de bains aménagée sur la scène du Chase Center, à San Francisco. Sous un miroir en forme de cœur, sans ôter son justaucorps en dentelle, la chanteuse s’assoit sur la cuvette des toilettes et entonne la bluette Sharpest Tool. Ce tableau aurait-il fait des émules, parmi les 18 000 personnes venues l’écouter ce soir-là ? Aux prémices du spectacle, une fan a retiré sa culotte et uriné par terre – de peur, suppose-t-on, de perdre sa place à proximité de la scène. On a connu meilleure manière de marquer son territoire : sitôt alertée, la sécurité évacue la fautive, devant la foule stupéfaite.

Peu après, un certain Kyle est la cible d’un autre type d’intervention, et la proie d’un autre genre de débordement. « Vous êtes en état d’arrestation pour excès de beaugossitude ! », l’apostrophe la pop star, tandis que l’écran géant montre le visage poupin du jeune homme. Et Sabrina Carpenter de lui tendre des menottes rose bonbon, avant de reprendre son tour de chant sous les vivats. Quant à Kyle, il peine d’autant plus à contenir son émoi qu’il est l’un des rares spectateurs masculins : autour de lui, la plupart des chevelures sont ornées de rubans blancs, le signe distinctif des « Carpenters », ainsi qu’on surnomme les fans de la diva.

En ce 9 novembre, on pouvait craindre que l’humeur ne soit guère à la fête, après la défaite, quatre jours plus tôt, de Kamala Harris à la présidentielle américaine. La démocrate n’a-t-elle pas enregistré ses meilleurs scores chez celles que Carpenter séduit en premier lieu, les jeunes urbaines ? Et n’a-t-elle pas commencé sa carrière politique ici même, dans la baie de San Francisco ? Si la chanteuse n’a pas explicitement apporté son soutien à la candidate, elle a incité plus de 35 000 personnes à s’inscrire sur les listes électorales à travers la plateforme HeadCount, dont elle a pulvérisé les records.

A en juger par sa mine joueuse et enjouée, l’Américaine semble s’être focalisée sur une autre nouvelle, tombée la veille du concert : avec six nominations dans les catégories reines des Grammy Awards, qui voient, chaque hiver, l’industrie musicale récompenser ses champions, elle n’est devancée que par Beyoncé, intouchable sur ce terrain. Et fait jeu égal avec Chappell Roan, Charli XCX et Taylor Swift, aux côtés desquelles elle squatte les cimes des hit-parades internationaux depuis le printemps.

Goût des paillettes

Cette gloire soudaine tient à une poignée de tubes, Espresso, Please Please Please et Taste, extraits de son sixième album, Short n’Sweet, paru fin août. Il donne son nom à sa tournée, le « Short n’Sweet Tour » , qui passera par l’Accor Arena, à Paris, les 16 et 17 mars 2025. Par la ferveur qu’il suscite, les analogies fleurissent avec le « Eras Tour » de Taylor Swift, dont Sabrina Carpenter assura, à plusieurs reprises, la première partie. Nous avions assisté à l’un de ses tours de chauffe, en mars, à Singapour. Sans danseurs ni scénographie ad hoc, elle avait enlevé l’affaire avec ses airs enjôleurs et sa blondeur hors d’âge, quand bien même son répertoire était moins solidement charpenté qu’il ne l’est aujourd’hui.

A 25 ans, Sabrina Carpenter affiche une décennie de moins que Taylor Swift. Comme celle-ci, elle a grandi en Pennsylvanie, dans le nord-est des Etats-Unis. Comme Swift, elle a commencé très jeune, encouragée par un père cuisinier et une mère chiropractrice : elle attire l’attention en publiant, dès 9 ans, des reprises de… Taylor Swift, avant de faire ses classes au sein de l’écurie Disney, dont elle s’est affranchie à partir de son cinquième album, Emails I Can’t Send(2022). A son aînée elle a emprunté le goût des paillettes, dont elle constelle pareillement sa garde-robe, et des confettis, qui pleuvent sur le public à la fin de leurs spectacles respectifs. Manière, dans les deux cas, de faire miroiter toutes les nuances d’un féminisme festif, d’une américanité conquérante, d’une musicalité passe-muraille.

Les deux blondes partagent, du reste, le même producteur : sur quatre morceaux de Short n’Sweet, Carpenter a convié le collaborateur historique de Swift, Jack Antonoff. Sa patte rétro ma non troppo fait merveille sur Please Please Please,notamment, où les inflexions sensuelles de Carpenter occupent tout l’espace. « Il existe peu de timbres aussi gracieux que celui de Sabrina, nous confiait le musicien américain, de passage en Europe, au printemps. Voilà pourquoi, sur les titres qu’on a coécrits, sa voix est autant mise en avant. »

Si elle marche dans le sillage de dame Swift, Carpenter sait s’en écarter avec espièglerie. C’est qu’il existe, entre les deux femmes, une différence de taille. Vingt-six centimètres, pour être précis. D’un bout à l’autre du concert, la brindille n’aura de cesse de s’amuser de son 1,52 mètre, qu’elle brandit comme une sorte d’emblème. Short n’Sweet, annonce le titre de l’album et de la tournée : ici, tout sera « court et doux », de la longueur des tenues à la durée des festivités – une seyante heure et demie, soit moitié moins que le « Eras Tour ».

On peut être petitement vêtue et fichtrement futée. Voyez Sabrina Carpenter, déambulant sur scène comme dans une maison de poupée – pop et interlope, la poupée, dans un écho à la Barbie filmée par Greta Gerwig en 2022 : tout au long du spectacle, la chanteuse et sa douzaine de danseurs passent d’une pièce à l’autre, ici alanguis devant une cheminée, là s’adonnant à de soyeux et licencieux ébats, sur un lit à baldaquin.

« Depuis le printemps, les charts sont dominés par des femmes s’adressant principalement aux femmes, une rareté dans l’histoire de la pop music,analyse Spencer Kornhaber, critique musical pour la revue américaine The Atlantic. Taylor Swift a ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffrées Chappell Roan, Charli XCX ou Sabrina Carpenter. Si les tribulations amoureuses sont leur source d’inspiration commune, Carpenter tire son épingle du jeu par son humour et par la frontalité avec laquelle elle parle de sexualité. »

« I’m stupid but I’m clever » (« je suis stupide mais je suis maligne »), claironne-t-elle sur Lie to Girls, comme pour mieux saper le stéréotype de la blonde idiote, cette « dumb blonde » que chantait son modèle le plus évident, Dolly Parton. L’icône de la country occupe une place de choix dans Bimbo(JC Lattès, 342 pages, 19 euros), l’essai que vient de publier l’autrice tout-terrain Edie Blanchard. La Française y défend cette figure hyperféminine qu’est la bimbo, résistant crânement aux assignations patriarcales : au nez et à la barbe d’une société qui jette l’opprobre sur toutes celles qui sont « trop » (sexy, visibles…), la bimbo prouve qu’il est possible d’être « hot et intelligente ».

Et que mettre en valeur ses formes ne vise pas forcément à plaire aux hommes, mais d’abord à soi-même : « Sabrina Carpenter fait partie des artistes auxquelles j’ai pensé durant l’écriture de mon livre », admet Edie Blanchard, qui trouvera dans le public quasi exclusivement féminin, et excessivement apprêté, du « Short n’Sweet Tour » une confirmation de ses hypothèses. « La féminité est quelque chose que j’ai toujours embrassé », assume d’ailleurs la chanteuse, dans l’article faisant la une du magazine Time, en octobre.

Sensibilité aiguisée

Trop, l’Américaine l’est assurément. Avec son groove saturé de saccharose, Espresso affiche un Nutri-Score désastreux. La faute, imagine-t-on, aux douceurs mayennaises qui ont accompagné sa confection, dans le studio de Chailland, près de Laval (Mayenne), où le tube a été enregistré. Car, si serré soit-il, Carpenter ne carbure pas qu’au café. Ainsi du rituel qui préside au choix de la reprise qu’elle entonne, au milieu de chaque concert : après avoir ingurgité son contenu cul sec, elle fait tournoyer une bouteille jusqu’à ce qu’elle s’arrête sur l’un des quatre morceaux qu’elle a présélectionnés. Cette variante friponne de la roulette permet d’injecter une part d’aléa au sein d’un tour de chant par ailleurs millimétré. Surtout, elle donne un aperçu des grandes directions entre lesquelles oscille sa musique : la country de Dolly Parton ou de Shania Twain, la pop d’Abba, d’Olivia Newton-John ou de Madonna, le folk de Sixpence None the Richer, le R’n’B de Christina Aguilera…

N’en déplaise à ces artistes auxquels le « Short n’Sweet Tour » a successivement rendu hommage, la blondeur n’est pas l’unique fil rouge. Sous ses atours commerciaux, il laisse une place importante aux musiques dites « alternatives » : à San Francisco, la première partie était assurée par le Britannique Declan McKenna, un dandy aux airs diablement alambiqués. Après quoi, pour faire patienter le public jusqu’à l’entrée en scène de la tête d’affiche, la sono a diffusé des vieilleries de bon aloi, signées The Smiths, The La’s, Hall & Oates ou Candi Staton. Quant à la photo intérieure de l’album qui donne son nom à la tournée, elle figure la chanteuse posant devant des 33 tours de pointures de la country ou de la soul, de Lee Hazlewood à Syl Johnson.

Dans la baie californienne, cette sensibilité aiguisée a fait mouche. Après tout, San Francisco s’est toujours présentée comme une ville à la pointe, avec ses chercheurs d’or, ses édifices pyramidaux, ses avant-gardes artistiques, politiques ou technologiques. «Ce que j’apprécie avant tout chez Sabrina, c’est le piquant avec lequel elle se met en scène », résume Belle, une étudiante de 21 ans – comme un très gros tiers du public, elle est issue de l’importante communauté asiatique locale.

Chef opérateur en vue du cinéma indépendant américain, Sean Price Williams a dirigé la photographie du vidéoclip de Please Please Please. «Mon truc, c’est le rock progressif, pas la pop, mais dans le genre je dois reconnaître que Sabrina est sacrément douée,glisse celui qui a collaboré avec d’autres vedettes, de Drake à Rihanna. On a tourné en un jour, dans une ancienne prison de New York. Malgré ces conditions difficiles, elle est restée hyper pro, tout en batifolant avec son compagnon [l’acteur irlandais Barry Keoghan, qui joue dans le clip]. Je ne le dirais pas de tous les chanteurs, loin de là, mais elle sait jouer la comédie.»

Ce talent est exploité à l’envi durant le « Short n’Sweet Tour » . Toute de néons, de rideaux et d’escaliers fleurant bon les années 1960 et 1970, la scénographie épouse celle d’un programme télé à l’ancienne. De part et d’autre de la scène, des cameramen en costumes d’époque s’affairent ostensiblement, tandis que les écrans géants diffusent une suite de spots publicitaires vintage, où Sabrina Carpenter tient, avec malice, la vedette. Certains vantent les mérites de véritables produits, comme ce shampoing auquel les cheveux de la pop star devraient, nous fait-on croire, leur éclat. D’autres, à la gloire de marques imaginaires, tournent en dérision les réclames de jadis, ravivant la figure désuète de la pin-up.

« Ingénierie du consentement »

Père fondateur de la communication de masse, Edward Bernays (1891-1995) a appliqué à l’inconscient collectif certaines théories de son oncle, Sigmund Freud. A ses yeux, l’ « ingénierie du consentement », ainsi qu’il définit les relations publiques, « est l’essence même du processus démocratique, l’art de persuader et de suggérer » –la clé de voûte, en somme, du libéralisme économique et politique . Cet art, Sabrina Carpenter le maîtrise du bout des ongles : sous ses airs ingénus, c’est une redoutable « ingénieure du consentement », une expression qui lui sied d’autant mieux qu’elle se nourrit, comme la plupart de ses contemporaines, de l’onde de choc #metoo. Prêtez l’oreille à Sharpest Tool,Coincidenceou Lie to Girls: les amants malotrus, qu’ils se murent dans le silence ou s’enfoncent dans le mensonge, prennent cher.

Les spectatrices du Chase Center, à San Francisco, lui en savent gré. « Ce qui me plaît chez Sabrina, c’est son honnêteté », lâche Brianna, employée dans les nouvelles technologies. Sa meilleure amie exerce la même profession ; elle ale même âge, 24 ans, et presque le même prénom (Briana, avec un seul « n »). « Je la trouve discrètement hilarante, renchérit celle-ci. Sapositivité fait un bien fou. » Devant le stand de produits dérivés, une file interminable patiente dans une atmosphère bon enfant. Une mère et sa fille arborent un tee-shirt rose à paillettes siglé Polly Pocket, les jouets miniatures auxquels s’est, non sans ironie, comparée Carpenter. Un groupe de lycéennes se promène en lingerie fine – porte-jarretelles pour les unes, nuisette en satin pour les autres. Un désir mimétique circule de la scène aux gradins, qui voit les mêmes étoffes, les mêmes accessoires, les mêmes tatouages couvrir les peaux, comme ces traces de rouge à lèvres, calquées sur celles qui ornent la pochette de Short n’Sweet : ce sont autant les atours que les valeurs de l’idole du jour que l’on endosse, de concert.

Un attroupement se forme autour d’une fan qui jouit d’une ressemblance troublante avec miss Carpenter : mêmes mèches blondes ondulées, mêmes pommettes bombées, même gabarit riquiqui. On la félicite, on la congratule, on n’en revient pas. Cheyenne Moles – c’est son nom – travaille à Chicago, en tant que coach sportif. Tandis que les « Oh my God ! » fusent alentour, la jeune femme explique que, après que sa sœur, Danielle, a posté sur TikTok une vidéo devenue virale, elle a été invitée à jouer les sosies de Sabrina dans une émission de télévision. « J’ai 29 ans, donc techniquement c’est Sabrina qui me ressemble, pas l’inverse », plaisante-t-elle. Cheyenne est venue rendre visite à sa sœur, fraîchement installée à San Francisco. «Derrière son côté un peu suranné, Sabrina a parfaitement intégré les codes de l’“empowerment” féminin. C’est une femme de notre temps », souligne Danielle, directrice de la création dans la publicité – tiens donc.

Sous-vêtements couverts de cristaux

A lire nombre d’analyses de la victoire de Donald Trump, l’Amérique viriliste se serait tournée vers une ingénierie bien différente de celle dont parlait Bernays : le populisme illibéral que façonnent, en coulisse, les « ingénieurs du chaos », ainsi que les appelle le politiste italien Giuliano da Empoli. Joe Rogan, un podcasteur aussi masculiniste que musculeux, est l’un des plus influents d’entre eux – son soutien à Donald Trump aurait joué un rôle significatif dans l’issue du scrutin, le 5 novembre. Il n’a jamais invité Sabrina Carpenter à participer à son podcast, contrairement à des institutions du divertissement télévisuel américain, comme le « Saturday Night Live », historiquement marqué à gauche. Il n’empêche que, au détour d’un message sur les réseaux sociaux, Rogan a laissé échapper son admiration pour la chanteuse, moins clivante que ne le sont, par leurs bruyantes prises de position, Beyoncé, Taylor Swift, Ariana Grande ou Chappell Roan.

Si la concorde entre les sexes, aux Etats-Unis, ne tient qu’à un fil, se pourrait-il qu’il soit suspendu au porte-jarretelles de Sabrina Carpenter ? C’est dans la baie de San Francisco qu’est née la chaîne Victoria’s Secret, en 1977 : il s’agissait, racontera la veuve du fondateur, Roy Raymond, de créer un magasin « où les hommes se sentiraient à l’aise pour acheter de la lingerie », sans honte ni œillades insistantes. Que ces sous-vêtements aient adopté les codes du « regard masculin », tel que l’a promu la revue érotique Playboy, par exemple, n’est évidemment pas étranger au succès de la marque. Aussi, lorsque, ouvrant son peignoir au début du concert, Sabrina Carpenter dévoile des sous-vêtements couverts de cristaux, personne ne s’étonne qu’ils aient été conçus par Victoria’s Secret : faire appel à ce dentellier-là, c’est l’assurance d’obtenir, chez la plupart des prunelles, qu’elles soient masculines ou féminines, quelque agrément.

« Vous avez vu les pubs de sous-vêtements/Pour hommes et pour femmes/Si similaires mais si différentes », écrivait Lawrence Ferlinghetti (1919-2021), dans son poème, Underwear (« sous-vêtements »). Cet auteur américain fit de sa librairie, City Lights , àSan Francisco, le lieu de rassemblement de la Beat generation. « Les sous-vêtements féminins empêchent les choses de tomber/Les sous-vêtements masculins les empêchent de remonter/Les sous-vêtements sont une chose/Que les hommes et les femmes ont en commun/Les sous-vêtements sont ce qui vient se mettre entre nous. »

Ces vers reviennent à l’esprit tandis que Sabrina Carpenter papillonne, en petite tenue, d’une pièce à l’autre de sa maison de poupée. On pourra trouver ce spectacle affreusement archaïque et artificiel. Mais, à la voir, avant de chanter Espresso, réveiller ses danseurs assoupis, comme on sortirait un pays d’un mauvais songe, on pourra tout aussi bien ressentir l’inverse – avec Ferlinghetti, lui qui parlait de la poésie comme du « sous-vêtement de l’âme ».

La Croix, no. 43074
Culture, lundi 18 novembre 2024 91 mots, p. 17

Cinéma La part des réalisatrices recule en 2023, mais progresse à long terme

La part des réalisatrices aux commandes de films français a chuté l’an dernier, selon des chiffres du Centre national de la cinématographie (CNC) : 64 films d’initiative française ont été réalisés ou coréalisés par des femmes en 2023 (soit 27,1 % de l’ensemble), contre 69 en 2022 (33,2 %), année record. Le CNC souligne cependant que sur deux décennies la progression reste nette : en 2004, seuls 18 % des films étaient réalisés ou coréalisés par des femmes.

Le Monde
mardi 3 décembre 2024 31 mots, p. 1

Disparition

Niels Arestrup, mort d’un fauve au jeu trouble

Homme de théâtre comme de cinéma,le comédien est décédé,dimanche 1er décembre,à l’âge de 75 ans

Le Figaro, no. 24949
Le Figaro et vous, samedi 9 novembre 2024 1391 mots, p. 33

Culture

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8 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

DE SAINT-GERMAIN À STALINGRAD, DES ACCROCHAGES DÉCAPANTS ET DES EXPÉRIMENTATIONS

Duponchelle, Valérie, de Rochebouët, Béatrice

D- plus érudit au plus journalistique, de salons en galeries, il y en a pour tous les goûts dans la capitale envahie d'amateurs, français et étrangers.

A PPR OCHE, UN AUTRE CHEMIN DE LA PHOTO

Le salon aux cinq syllabes fondé par Emilia Genuardi revient jusqu'à dimanche soir, au Molière, l'espace si parisien sis 40, rue de Richelieu (1er), tout près de la statue du maître du théâtre français. Espaces ouverts, parquet, sélection pointue, découvertes, c'est la foire différente, parallèle, esthète, dédiée à l'expérimentation de l'image, la promenade plus légère après le banquet de Paris Photo.

À noter, pour sa 8e édition, le travail pictorialiste du photographe belge Antoine De Winter, 39 ans, qui réinterprète les fonds Renaissance, crée chimiquement un décor factice, y pose les visages de « faux followers » achetés en bloc sur le web pour explorer l'hyper-réalité étudiée par Jean Baudrillard et celle conquérante de l'intelligence artificielle. Il est aussi médecin et infectiologue quatre mois par an, revient d'une mission à Mayotte (de 2 400 euros à 3 000 euros le tirage unique, Hangar Gallery de Bruxelles). À noter aussi les photos de feux, prises avec des jumelles qui servent aux filatures, d'Alexandre Dupeyron (entre 900 euros et 5 200 euros, Galerie agnès b.). Et la mosaïque de tout petits formats encadrés de Poda, La Petite OEuvre D'Art, pleine de vitalité, de surprises et d'humour (49 euros pièce, vente en ligne).

PHOTOSAINTGERMAIN, ESPRIT RIVE GAUCHE

La promenade s'impose à Saint-Germain jusqu'au 28 novembre, du pop-up à l'Hôtel La Louisiane à l'Académie des beaux-arts (« Olivier Jobard »), du Musée Delacroix à l'École Penninghen, du Musée d'histoire de la médecine au Réfectoire des Cordeliers. Sans oublier la foule des galeries, de la Galerie Vallois (Eulàlia Grau) au Minotaure et à la Galerie Kaléidoscope (petites histoires surréalistes), de la galerie Olivier Waltman (Linda Tuloup) à la Galerie Roger-Viollet, de la librairie Gallimard (Nicolas Krief) à la librairie Delpire. PhotoSaintGermain, désormais avec le soutien de la Fondation Louis Roederer, fait valoir ce quartier mythique de l'après-guerre dans son sillage de (re)découvertes.

PHOTO DAYS, DÉJÀ UNE INSTITUTION

Cinq ans déjà pour cet événement qui soutient «la création contemporaine dans le champ de l'image». En tout 82 lieux, 39 galeries, 22 institutions et 21 espaces atypiques, à voir durant tout novembre à Paris. Sa fondatrice, Emmanuelle de L'Écotais (elle fut en charge de la collection photographique du Musée d'art moderne de la Ville de Paris), a ouvert les festivités au mythique cinéma L'Arlequin, rue de Rennes (6e), dès lundi soir, avec Ariane Michel. La fille d'Agnès b. a investi le bar du sous-sol, de ses installations photos sonores, en noir et blanc, au passionnant montage sur la fonte des glaces réalisé à partir d'extraits d'Irwin Allen, The Sea Around Us, a film after Rachel Carson(1953). Au Carrousel du Louvre, où Paris Photo fit ses débuts, de 1997 à 2010, Juliette Agnel, Prix Niépce 2023, explore le Bénin à l'invitation de Marie-Cécile Zinsou de la Fondation Zinsou, dans sa série Dahomey Spirit : ses plantes témoignent des dieux de la nature au Bénin et du changement climatique. L'événement de cette édition est le bel accrochage de Dolorès Marat, 80 ans, artiste autodidacte enfin célébrée par un livre magnifique écrit avec Magali Jauffret et Sarah Moon (Fonds de dotation Neuf Cinq, Prix du livre Robert Delpire), et par une exposition de la MEP à la Fondation Carla Sozzani, lieu superbe au 22, rue Marx-Dormoy (18e), à Stalingrad, où l'an dernier Photo Days exposa la star japonaise Rinko Kawauchi.

EXPOSITIONS ÉBLOUISSANTES AU MUSÉE

Mieux que Londres, Paris est bien la ville de la photo avec trois musées qui lui sont consacrés. La MEP, qui présente « Science/Fiction-Une non-histoire des Plantes » , histoire visuelle des plantes reliant l'art, la technologie et la science depuis le XIXe (jusqu'au 19 janvier). Le Jeu de Paume, qui offre deux visions inversées : la bouleversante rétrospective « Chantal Akerman » , toute en recherche intérieure, et « Family Ties » de Tina Barney, 79 ans, photographe implacable du beau monde américain et star de la photo adorée à New York (jusqu'au 19 janvier). Et Le Bal, «espace lié à l'image document» vénéré des connaisseurs comme Alexis Fabry de la Galerie Toluca, qui expose une figure de l'histoire de la photographie japonaise, méconnue en France, Yasuhiro Ishimoto (1921-2012), dans son espace assez contraint (jusqu'au 22 décembre).

Le Centre Pompidou rend honneur à Barbara Crane (1928-2019), née à Chicago, dont l'oeuvre vient d'entrer dans la collection du Musée national d'art moderne : première rétrospective européenne en 200 photos dans l'étroite Galerie de photographies, en sous-sol (jusqu'au 6 janvier). Dans « Céline Laguarde Photographe (1873-1961) » , le Musée d'Orsay révèle le talent de cette figure du pictorialisme découverte lors de l'énorme exposition « Qui a peur des femmes photographes » en 2015, partagée entre Orangerie et Orsay (jusqu'au 12 janvier). La Fondation Henri Cartier-Bresson, enfin, qui a ouvert la semaine de la photo avec son dîner de gala lundi soir, expose la Lyonnaise Mame-Diarra Niang, et le photographe américain Raymond Meeks, qui a longuement séjourné en France au cours de l'année 2022 (jusqu'au 5 janvier).

EXPOSITIONS DÉCAPANTES EN GALERIE

Qu'elles soient ou non au programme de Paris Photo, les galeries multiplient les accrochages décapants pour attirer en ville les amateurs photo, malgré les bouchons et les arrondissements interdits aux voitures. Déjà à l'honneur de la Collection Antoine de Galbert et de la Biennale de Venise 2019, la Japonaise Mari Katayama fait sa première exposition chez Suzanne Tarasiève avec ses deux jambes artificielles dans ses derniers autoportraits plus formalistes, plus doux ou plus frontaux (jusqu'au 21 décembre). Lauréat du prix BMW 2017 pour son travail virtuose entre photo et peinture, Baptiste Rabichon, né à Montpellier en 1987, est à la Galerie Binôme avec « Dis-moi les détours » (jusqu'au 30 novembre). Le Danois Adam Jeppesen présente chez Bendana-Pinel « À contre-courant » ,nouvelle série qui explore «la relation complexe entre la conscience humaine et l'intelligence vaste, imprévisible et évolutive des systèmes artificiels».

ZOOM SUR LES ENCHÈRES

C'est du côté de Drouot qu'il faut regarder, Christie's et Sotheby's ayant considérablement réduit leurs départements photo, voire totalement pour cette dernière qui n'organise plus aucune vente à Paris. Hormis les collections, la photographie est désormais incluse dans leurs ventes d'art contemporain, tendance lourde dans les musées aussi, jusqu'à Beaubourg. Paris a donc le champ libre : honneur à Gustave Le Gray et son iconique Grande vague, Sète, du printemps 1857 (100 000 à 120 000 euros, le tirage albuminé, chez Yann Le Mouel, le 8 novembre après-midi). L'accompagnent deux autres marines de Normandie de Le Gray, provenant de l'ancienne collection de François Puaux, ancien directeur des affaires politiques du Quai d'Orsay et consul à New York, décédé en 1996.

Le 7 novembre, s'est vendu avec succès, chez Ferri, un ensemble de dix photographies de sculptures de et par Constantin Brancusi (38 000 euros, La Muse endormie,en marbre de 1912 et 71 000 euros, Mademoiselle Pogany vue de trois quarts en bronze, deux tirages argentiques d'époque). Brancusi les avait données à Marie- Louise Desmaroux, l'épouse de Paul Gravier, ingénieur et membre de la mission Pyot en Roumanie de 1917 à 1918, d'où ses liens avec le photographe roumain. Le marché haut de gamme continue de bien fonctionner mais le plus courant s'avère difficile. Selon le rapport Art Tactic, en 2023, les enchères de photo représentaient 62 millions de dollars (57,4 millions d'euros) chez Christie's, Sotheby's et Phillips, soit une diminution de 16 % par rapport à 2022.

Artcurial fête le 75e anniversaire de Paris Match aussi ce 8 novembre, avec une série de photos emblématiques, issues des archives du magazine dont le slogan est toujours «Le poids des mots, le choc des photos».De Brigitte Bardot à Serge Gainsbourg, de Mohamed Ali à Jacques Chirac, sans oublier les instants historiques de Mai 1968, d'Harlem et du Bronx vers 1970 ou de Berlin (Mur de Berlin, estimation dès 1 000 euros). À ajouter, les ventes de soutien, comme « Rien ne va plus ! » du Shed, centre d'art contemporain en Normandie, opération soutenue par l'historienne de l'art et écrivain Pauline de Laboulaye (Rip Hopkins, Chevaleresque) et pour laquelle 20 artistes ont donné des oeuvres, de la Finlandaise Elina Brotherus à la Française Anita Molinero, de Laurent Faulon à Stéphane Thidet (tirage au sort le 30 novembre). V. D. et B. D. R.

Le Figaro, no. 24958
Le Figaro et vous, mercredi 20 novembre 2024 1521 mots, p. 32

Culture

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19 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

MICHEL HAZANAVICIUS : « JE VOULAIS MONTRER QUE LE JUSTE EST UNE FIGURE CONTEMPO RAINE »

Delcroix, Olivier

Dans les salons feutrés d'un hôtel du 6e arrondissement de Paris, Michel Hazanavicius est détendu pour parler de son nouveau long-métrage, La Plus Précieuse des marchandises, présenté en compétition officielle au Festival de Cannes en mai dernier. Très éloigné de sa filmographie précédente, ce film d'animation qui évoque la Shoah est l'adaptation d'un conte de Jean-Claude Grumberg. Il a fallu six ans au cinéaste pour mener à bien ce projet.

LE FIGARO. - LE FIGARO. - Pourquoi avoir choisi l'animation pour adapter le conte de Jean-Claude Grumberg ?

- MICHEL HAZANAVICIUS. - Avant de songer à l'animation, il s'agissait d'adapter un ouvrage signé Jean-Claude Grumberg que j'avais lu et beaucoup aimé. Je ne l'aurai pas fait si on me l'avait proposé en prise de vue réelle. Jean-Claude Grumberg était un ami de mes parents depuis qu'ils avaient 15 ans. Il m'a vu naître. Il savait que je dessinais. Il était important pour lui d'avoir un réalisateur qui dessine.

LE FIGARO. - D'où vous vient ce goût du dessin ?

- Je dessine depuis que j'ai 10 ans. C'est venu d'une humiliation d'une enseignante de CM2. En 1977, nous devions travailler sur une fresque du Moyen Âge. Chacun y est allé de son château fort ou de sa princesse. Mais, quand est venu mon tour de parler, elle m'a dit : «Toi, je ne le demande pas, tu es trop nul.» Pour elle, je ne méritais pas de participer à cette peinture collective. C'est à partir de là que j'ai commencé à dessiner. La réaction de cette prof a peut-être été lamentable, mais elle m'a fait réagir. Quarante-sept ans plus tard, j'en garde encore un souvenir cuisant. Mais je l'ai remerciée au générique du film !

LE FIGARO. - Qu'est-ce qui vous a poussé à accepter cette adaptation ?

- Avant tout l'histoire écrite par Jean-Claude, que je trouve magnifique. C'est une histoire solaire et élégante. Il y a dans ce conte une forme de délicatesse pour raconter des choses graves. Quand je l'ai rencontré, il m'a dit : «Tu sais, moi, je voulais juste faire quelque chose de très simple. Montrer que même dans les pires histoires, il peut toujours y avoir quelque chose de beau.»Et ce quelque chose porte un nom : ce sont les justes.

LE FIGARO. - Quelle représentation vous faites-vous du juste ?

- Les justes sont des gens qui ne sont pas prédestinés à être des héros. Ils ne sont ni plus forts, ni plus éduqués, ni plus riches que les autres. Mais ils ont fait le choix de la dignité et de l'humanité. En adaptant La Plus Précieuse des marchandises, je ne voulais pas être dans un quelconque devoir de mémoire, je voulais montrer que le juste est une figure contemporaine. Ce film est là pour rappeler que l'on peut toujours faire le bon choix et qu'il s'agit d'une affaire de libre arbitre. Même quand le monde marche à l'envers, il existe des gens qui possèdent une boussole morale en état de marche. Cela redonne de l'espoir.

- Jean-Claude Grumberg évoque les Juifs comme étant assimilés à des « sans-coeur ». Qu'en pensez-vous ?

- C'est une très belle idée. Lorsque le bûcheron se rend compte que le bébé découvert près de la voie ferrée par sa femme possède un coeur, il prend conscience qu'il en a un lui aussi. Ce qui est beau, c'est qu'en voyant l'humanité en l'autre, il retrouve la sienne.

LE FIGARO. - Pourquoi avez-vous tourné un film en prises de vues réelles au bois de Vincennes avant de vous lancer dans l'animation ?

- Oui, apparemment, ça ne se fait pas dans le milieu de l'animation... Mais moi, j'en ai ressenti le besoin. En quinze jours, j'ai tourné ce film avec une équipe réduite. Franchement, le film est absurde si on le regarde de but en blanc. C'est n'importe quoi. Vous voyez même des joggers qui passent dans le champ. Les gars de l'équipe mettaient des chapeaux pour jouer les personnages. Ma chèvre, c'était un tabouret en plastique blanc avec un gobelet en plastique posé au bout d'un bâton. Mais moi, ça m'a permis de visualiser mon film. Après, le style de mon animation est classique, réaliste. Le film emprunte aux premiers Disney, notamment à Blanche-Neige. Même si je me suis dégagé rapidement de ce côté un peu trop rond. Mais, dans la nature, dans la forêt, dans les décors, il reste une saveur des premiers Disney.

- On vous connaît pour des films comme OSS 117, The Artist ou La Classe américaine. Cette fois, c'était un périlleux défi, non ?

- Oui, je reconnais que c'était audacieux de passer au dessin animé avec un sujet grave. D'autant que la dernière fois que j'ai essayé, avec The Search, je me suis fait sérieusement épingler à Cannes. Donc, oui, avec La Plus Précieuse des marchandises, je prends un risque, mais j'aime ça, comme le culot. En yiddish, il existe un mot pour ça : la « chutzpah » ! (Rires). Mais je possède une équipe de choc. Grégory Gadebois, Dominique Blanc et Denis Podalydès assurent les voix. C'est Jean-Claude Grumberg qui a écrit l'histoire. Alexandre Desplat compose la musique. Et Jean-Louis Trintignant fait le narrateur...

LE FIGARO. - Comment avez-vous convaincu Jean-Louis Trintignant de participer ?

- En ce moment, il se passe quelque chose de formidable avec Jean-Louis Trintignant sur ce film. Sans doute parce que c'est son dernier long-métrage. Tout à coup, la voix de Trintignant résonne en salle de projection. Et c'est comme s'il y avait un fantôme dans la pièce. L'histoire, c'est également celle d'un fantôme. Un type qui part dans les camps et qui en revient. Je raconte donc l'histoire d'un fantôme avec la voix de Trintignant. J'ai tout de suite pensé à lui. Je trouvais qu'il y avait une grande cohérence entre ce texte, très beau, comme une espèce de testament moral écrit par Jean-Claude Grumberg. Et puis Trintignant, c'est la plus belle voix du cinéma français. Ce texte écrit par un vieil homme et dit par un vieil homme, je trouvais ça bouleversant. C'était tellement incarné. Cela m'a semblé une évidence.

LE FIGARO. - Comment lui avez-vous proposé le projet ?

- À l'époque où je lui en ai parlé, il était déjà aveugle. C'est sa femme, Marianne, qui lui a lu le texte. Il m'a appelé. Nous avons discuté. Je suis allé le voir chez lui à Collias, dans le sud de la France, vers Uzès. Nous avons enregistré sa voix du côté d'Avignon. J'ai adoré ces moments. C'était très touchant. Sa voix vous chavire le coeur.

LE FIGARO. - Le film a été sélectionné en compétition officielle au dernier Festival de Cannes. Quel effet cela a-t-il ?

- C'était très important et ça a permis au film de sortir du « ghetto » de l'animation. En le sélectionnant, Thierry Frémaux a voulu signifier que ce long-métrage était un film « normal ». On m'a posé de nombreuses fois la question : «Pourquoi vous n'avez pas fait un film normal?», en sous-entendant que le film d'animation n'est pas un film normal. On m'a également demandé pourquoi je n'avais pas fait «un vrai film». Ce sont des abus de langage. Je comprends très bien ce qu'ont voulu dire les gens.

LE FIGARO. - Comment représente-t-on la Shoah sur le plan graphique ?

- Cela m'a pris énormément de temps. Heureusement, je savais où je voulais aller. Mais je ne suis ni peintre ni dessinateur professionnel. Donc il a fallu refaire beaucoup de dessins au fusain, avec un trait de crayon plus gras, plus charbonneux. Je voulais que le trait soit vibrant de vie. Qui plus est, à ce moment-là, on passe d'une image animée à une image fixe. Les images se figent. Cela vient de mon imaginaire d'enfant. C'est comme cela que je m'étais imaginé Auschwitz et les camps de la mort, étant môme. Plus récemment, lors d'un voyage au Rwanda, j'ai vu un charnier et des cadavres plongés dans de la chaux. Ces corps étaient figés dans une expression qui était leur dernière expression. Un peu comme à Pompéi. C'était très surprenant. Des personnes se tenaient encore la main. Quelqu'un avait perdu une chaussure. On distinguait les inscriptions sur les tee-shirts. Cette accumulation infernale a également nourri mon imaginaire et contribué à construire cette séquence-là. De nombreuses personnes m'ont parlé du Cri de Munch, auquel, moi, je n'avais pas pensé de manière consciente. Mais il y a effectivement cette idée d'un cri silencieux...

LE FIGARO. - Le film entre en résonance avec l'époque actuelle, n'est-ce pas ?

- Jean-Claude Grumberg a écrit son histoire il y a une dizaine d'années. Et j'ai commencé à l'adapter il y a six ans. Ce film n'est en aucun cas une réponse à un contexte actuel... Après, étant donné le sujet, oui, il y a une espèce de résonance avec la montée d'un antisémitisme ambiant. C'est pour cela que je suis très heureux de porter cette voix-là, aujourd'hui, dans ce contexte précis. Parce qu'il s'agit d'une voix humaniste, pacifiée, je dirais même apaisée. Je trouve ça rassurant de savoir que, dans des situations difficiles, faire le choix de la fraternité, la solidarité, l'humanité, c'est dans nos cordes.

Le Monde
Culture, mercredi 4 décembre 2024 413 mots, p. 27

Shambhala, le royaume des cieux ppvv A voir

Un voyage extatique dans l’Himalaya

Dans un village tibétain, où la polyandrie est la tradition, le film suit le destin d’une femme

Clarisse Fabre

Avec son titre méditatif, et ce périple rare d’une femme dans les montagnes himalayennes, Shambhala, le royaume des cieux, du Népalais Min Bahadur Bham, semble cocher les cases du « world cinema » et du film émancipateur. Paysages splendides, actrice lumineuse et coutumes locales : il y a de tout cela dans Shambhala, mais il serait réducteur de le limiter à cela.

Le réalisateur, bouddhiste et anthropologue, dont le premier long-métrage, Kalo Pothi, un village au Népal (2015), avait représenté son pays aux Oscars, y met de la poésie, prend le temps de suggérer les mutations infimes de la société népalaise, sans trop asséner de dialogues prêts à l’emploi.

Relation adultère

Shambhala, premier film népalais à entrer en compétition à la Berlinale, s’ouvre dans les hauteurs d’un village tibétain, où la polyandrie est la tradition. La jeune Pema (Thinley Lhamo) se marie avec une fratrie de trois hommes, dont l’aîné est Tashi (Tenzin Dalha), celui avec lequel se « consomme » l’union. Le deuxième frère, Karma (Sonam Topden), est moine, et le dernier est un gamin turbulent. Aux côtés de son père et de sa mère, la jeune femme se prépare à la cérémonie, qui a lieu dehors, autour d’un feu.

Avant de partir quelques mois pour le ravitaillement de la communauté, le jeune marié, Tashi, grave son nom et celui de son amoureuse sur des pierres. Pourtant, au lendemain de son départ, l’harmonie se dégrade : Pema est accusée d’avoir eu une relation adultère avec l’instituteur du village, et son ventre qui s’arrondit interroge : qui est le père ? La rumeur, qui s’est propagée, a atteint Tashi, qui, plutôt que de revenir affronter la situation, s’installe ailleurs et demeure introuvable. Pema décide d’aller le chercher, accompagnée de Karma. Selon la coutume, c’est à la femme accusée d’avoir trompé son mari de prouver son innocence lors d’un rituel.

Le générique du début, une succession de dessins faussement naïfs, dit tout ou presque. Il est beau de voir comment, ensuite, le cinéaste met en images cette épopée intime et spirituelle, où les silences, les regards et les musiques entêtantes atteignent un certain magnétisme.

Le Figaro, no. 24961
Le Figaro et vous, samedi 23 novembre 2024 501 mots, p. 29

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13 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

« SUR L'AUTRE RIVE » , LES ILLUSIONS PERDUES DE CYRIL TESTE

LE METTEUR EN SCÈNE REVISITE LIBREMENT « PLATONOV » , PREMIÈRE PIÈCE DE TCHEKHOV.

Simon, Nathalie

Madame, on apporte les fleurs», prévient un serveur en tablier noir. En robe violette fluide, talons assortis, veuve séduisante, Anna (Olivia Corsini) accueille ses amis chez elle, sans doute pour la dernière fois. Des rangées de verres sont disposées sur les grandes tables recouvertes de nappes blanches et de petits fours. La dolce vita devrait battre son plein. Pourtant, Anna fait bonne figure, elle qui est ruinée et désespérée. Platonov, l'instituteur qui s'appelle ici Micha (Vincent Berger), papillonne autour d'elle sans même tenir compte de la présence de sa femme, Sacha (Haini Wang).

Mais également autour de Sofia, son premier amour (Katia Ferreira) venue ce soir-là avec Serge, le beau-fils d'Anna (Mathias Labelle), qui ne cesse de les filmer. Nicole (Émilie Incerti Formentini) attend, elle, Maria, son amoureuse (Lou Martin-Fernet), que Micha viendra déstabiliser. L'alcool coule à flots, la fumée de cigarette s'élève vers les cintres et les esprits s'emballent et s'égarent. Un DJ (l'acteur et compositeur Florent Dupuis) fait se déhancher une trentaine d'invités.

Des désirs contraires

Après La Mouette, Cyril Teste prévient qu'il s'inspire « librement » - on pourrait dire très librement - de Platonov pour son nouveau spectacle intitulé Sur l'autre rive. Associé au collectif MXM, le metteur en scène de 49 ans exploite à bon escient l'art du théâtre et du cinéma pour la pièce qu'Anton Tchekhov a écrit vers 17-18 ans et qui avait été refusée. Avec cette version resserrée traduite par Olivier Cadiot, on ne s'étonnera pas qu'il en ait tiré un film (diffusé sur Arte). Au départ, on essaie de suivre les acteurs sur scène, puis on se décide à les regarder sur les écrans. La caméra les isole sur des écrans vidéo.

La vérité éclate sur leurs visages en gros plans. «Emportés par la foule», mais seuls au fond, ils s'égarent dans les méandres de leurs désirs contraires. Anna sait déjà qu'il lui faudra quitter sa maison. Micha promet à Sofia de partir avec elle. Maria souffre malmenée par son mari. Sacha se considère comme l'étrangère au milieu de ce beau monde. C'est la pagaille ! «La soirée est divine, écoutez, c'est la fête!» ,dit Arkadina dans La Mouette. «Oui, enfin, sur l'autre rive surtout.»

La mise en scène rythmée par un « son » lancinant redevient théâtrale les trente dernières minutes de la pièce. La caméra disparue, les excellents comédiens ont toute la liberté de jouer sur le plateau et nous de les admirer. Platonov, dont le titre pressenti était Être sans père, parle d'héritage et de transmission, mais Cyril Teste élargit le champ. En illustrant les thèmes chers à Tchekhov : les illusions perdues, l'argent, la propriété et la condition sociale. Si la détresse des personnages est palpable, à l'instar de l'auteur russe ou d'un Simenon, le quadragénaire se penche sur la comédie humaine avec bienveillance.

Sur l'autre rive, au Théâtre du Rond-Point (Paris 8e), en tournée jusqu'au 28 mars 2025. N. S.

Le Figaro, no. 24952
Le Figaro et vous, mercredi 13 novembre 2024 624 mots, p. 32

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12 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

« LE ROYAUME » : TRAGÉDIE GRECQUE DANS L'ÎLE DE BEAUTÉ

TRÈS REMARQUÉ AU FESTIVAL DE CANNES, LE PREMIER FILM DE JULIEN COLONNA MET EN SCÈNE DES HORS-LA-LOI TAISEUX ET POLIS EN CORSE INCARNÉS PAR DES ACTEURS NON PROFESSIONNELS. SANS LES JUGER.

Sorin, Etienne

Il y a quelque chose de pourri au royaume de Corse. Un royaume sans prince danois velléitaire, le bras tremblant à l'heure de venger son père. Sans princesse non plus. Lesia, orpheline de mère, est une lycéenne ordinaire. Une jeune fille amoureuse d'un garçon au début de l'été, prête à flirter à la plage.

Elle est extirpée brutalement de ce paradis adolescent par un homme à moto. Il la conduit dans une villa isolée. Elle y retrouve son père, Pierre-Paul, entouré d'hommes à l'air grave. Ils claquent la bise à Lesia et retournent à leurs affaires. On est en 1995, une époque où l'on suit à la télévision la chronique des règlements de comptes et des explosions à la voiture piégée. La jeune fille observe, écoute tout en préparant la cuisine. Rien n'est dit clairement mais on comprend que Pierre-Paul est un truand en planque entouré de ses fidèles.

Le film n'explicite pas ce qui les réunit. Mafieux ou politiques, les motifs restent flous ou s'entremêlent pour faire surgir une guerre des clans archaïque et violente. Julien Colonna ne la juge pas. Il y a même un peu de fascination dans le regard qu'il porte sur ses hommes, hors-la-loi taiseux et polis, malgré leur course inéluctable vers la mort, fatum digne d'une tragédie grecque. Il ne la juge pas parce qu'il la filme à travers les yeux d'une gamine qui n'est plus une enfant et pas encore une femme. Un trait commun à tous les films corses sortis ces derniers mois. Borgo, avec Hafsia Herzi en surveillante de prison, ou À son image, de Thierry de Peretti, à chaque fois la société masculine de l'île est vue à travers un regard féminin.

Le Royaume fait penser au magnifique À bout de course, de Sidney Lumet, avec River Phoenix en adolescent fatigué de fuir avec ses parents activistes. Sauf qu'ici la cavale rapproche la fille et le père. Les fugitifs rattrapent le temps perdu lors d'une partie de pêche ou d'une chasse au sanglier qui les montre d'abord comme des prédateurs. À mesure que les meurtres s'enchaînent, Pierre-Paul n'hésite pas à se salir les mains et se couvrir la tête d'une perruque. Il devient une proie de plus en plus exposée, son territoire se rétrécit. Mais le danger ne fait que resserrer les liens entre Pierre-Paul et Lesia.

Une mise en scène viscérale

Ghjuvanna Benedetti est une Électre stupéfiante, avec son oeil noir et son air farouche qui assombrissent un visage encore enfantin. Saveriu Santucci n'est pas moins impressionnant en père protecteur et inquiétant. Colosse barbu, il émane pourtant de ce physique digne d'un personnage du Seigneur des anneaux une douceur poignante. C'est la force des acteurs non-professionnels, vierges de tout autre vécu au cinéma. Ils apparaissent à l'écran avec un naturel, une évidence qui dépasse la gueule de l'emploi et l'authenticité de l'accent.

Pour son premier long-métrage, Julien Colonna a coécrit le scénario avec Jeanne Herry (Elle l'adore, Pupille, Je verrai toujours vos visages). Mais cette histoire n'appartient qu'à lui (lire l'entretien ci-dessous). Et il est seul derrière la caméra. Sa mise en scène viscérale filme les corps, les visages, les regards. Les mots sont rares dans le maquis. Les questions de Lesia à Pierre-Paul sont le plus souvent sans réponse. Colonna cite Pasolini : «L'histoire, c'est la passion des fils à vouloir comprendre leur père.» Les filles ont la même passion. Le dénouement, ambigu, entre atavisme et émancipation, rappelle que ce mystère de la filiation a parfois l'odeur du sang. E.S.

Le Monde
Culture, jeudi 7 novembre 2024 730 mots, p. 22
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6 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Musique

Gringe, actuellement en tournée, affine sa plume de rappeur

L’éternel adolescent du groupe Casseurs Flowters, avec Orelsan, propose sur scène son deuxième album, « Hypersensible », maîtrisé et grinçant

Stéphanie Binet

Gringe prend son temps pour enregistrer un album. Le rappeur, acteur et écrivain, âgé de 44 ans, n’en a sorti que deux dans sa carrière commencée il y a presque vingt-cinq ans. Le premier, Enfant lune, a été publié en 2018 ; le suivant, Hypersensible, six ans plus tard, qu’il s’apprête à défendre en tournée à partir du jeudi 7 novembre. Sur scène, Guillaume Tranchant, son nom à l’état civil, veut exposer à la fois son monde intérieur et ses questionnements sur la société actuelle. Il s’enferme alors dans un cube lumineux, accompagné de ses musiciens et de son DJ, Pone. Parfois, il en sort pour interpréter ses morceaux liés à l’actualité sociale, comme Du plomb, où il réagit à la mort du jeune Nahel tué d’une balle policière en juin 2023 à Nanterre, ou Fake ID, dans lequel s’exprime son rejet du conformisme des réseaux sociaux et du rap actuel.

Les fans de hip-hop l’ont découvert au début des années 2000 au côté d’Orelsan dans le groupe Casseurs Flowters. Il était alors le copain déconneur, glandeur, dragueur dont le rappeur de Caen grossit le trait dans un film autobiographique et comique, Comment c’est loin(2015) . Les deux complices s’amusent aussi tous les soirs dans la série Bloqués (Canal+), où ils échangent leurs points de vue sur des sujets de société. A partir de là, Gringe va connaître sa « parenthèse ciné »comme il la décrit, qui le fait enchaîner les seconds rôles dans Carbone(2017), d’Olivier Marchal, Les Chatouilles(2018), d’Andréa Bescond et Eric Métayer Jusqu’à un premier rôle dans la série télévisée de Laetitia Masson, Citoyens clandestins, diffusée sur Arte en mars. Le rappeur s’est ensuite consacré à l’écriture d’un livre avec son frère schizophrène, Ensemble, on aboie en silence(Harper Collins, 2020). Gringe n’a donc pas chômé entre ses deux disques.

Assis dans un des canapés de son label à Paris, il prétend même avoir corrigé les erreurs de son premier essai qu’il trouve « trop bavard, trop mou ». «Enfant lune , ça aurait fait un bon maxi si je m’étais arrêté à cinq-six morceaux. J’étais trop dispersé quand je l’ai enregistré. Maintenant, je compartimente davantage et je m’implique à fond. Je me suis donné un an et demi pour faire cet album. A l’origine, il y avait l’idée d’un deuxième roman, avec mon éditrice, Marie Eugène. »

« Des mécanismes d’écriture »

Ses échanges avec celle-ci sur l’écriture, ses rôles au cinéma, dirigé par des réalisatrices, ont influé sur le résultat de l’album. Il y explore ses thématiques préférées (la famille, la filiation, la santé mentale) avec le jeune compositeur, Tigri, en qui il dit avoir trouvé « l’équivalent d’un Skread pour Orelsan qui sait[l] e diriger musicalement ». « Pour mon roman, raconte-t-il, mon éditrice m’avait dit : “Conserve ta plume de rappeur, ton urgence et moi je vais dégraisser le superflu.”En la regardant corriger, j’ai chopé des mécanismes d’écriture que j’intègre inconsciemment. J’ai adopté une gymnastique intellectuelle, je suis plus concis, je me documente davantage, je vais plus en profondeur. Je n’ai plus besoin de me discipliner, je suis à fond sur mon projet tant que je n’ai pas terminé. »

Gringe peut ainsi se moquer, dans le morceau Fake ID, de ces « rappeurs génériques » qui se ressemblent tous, qui « appliquent les mêmes formules, les mêmes manières de travailler le son et l’image. Il y a très peu de discours. C’est beaucoup de mise en scène d’une vie faste à une époque où, en termes de justice et de progrès social, c’est le néant… Quand tu es artiste, il y a cette responsabilité de devoir un peu éveiller les consciences, en tout cas donner l’alerte et ça, c’est perdu ». Dans son duo avec Orelsan, Feelings, il prétendne pas avoir trouvé de réponse à sa question préférée : « Pourquoi j’écris ? » En entretien, il reconnaît qu’elle l’aide au moins à mettre « un peu d’harmonie dans le chaos ».

Hypersensible, de Gringe,3ème Bureau/Wagram.

Tournée jusqu’au 6 mai 2025.

Le Figaro, no. 24945
Le Figaro et vous, mardi 5 novembre 2024 797 mots, p. 33

Culture

PRIX RENAUDOT : GAËL FAYE, PLONGÉE AU COEUR DU RWANDA

de Larminat, Astrid

Huit ans après l'immense succès de Petit pays, qui s'est vendu à 1,5 million d'exemplaires en France et fut traduit en 45 langues, le rappeur Gaël Faye, 42 ans, décroche le prix Renaudot pour son deuxième roman, Jacaranda (Grasset), un livre engagé dans une histoire dont il est partie prenante, celle du Rwanda où il habite avec sa femme et leurs filles depuis une dizaine d'années.

Gaël Faye est né au Burundi en 1982, d'un père français et d'une mère rwandaise, que les pogroms des années 1960 avaient poussée à l'exil. En 1995, à 13 ans, il quitte le pays chéri de son enfance pour la France. Il grandit dans les Yvelines, obtient un master de finances, travaille à Londres pour un fonds d'investissement, puis, avec sa femme, franco-rwandaise également, il choisit la vie de bohème. Avec le succès que l'on sait, aussi bien comme rappeur que comme auteur.

Dans Petit pays, couronné par le prix Goncourt des lycéens puis adapté au cinéma, Gaël Faye racontait avec beaucoup de poésie et par la voix d'un enfant comment le petit paradis de son enfance à Bujumbura avait basculé dans la violence entre 1993 et 1995. Dans Jacaranda, le point de vue est plus large et s'étire dans le temps long. Le récit commence en avril 1994 au moment où les tueries commencent au Rwanda. Le narrateur, Milan, a 12 ans et vit à Versailles entre un père français et une mère tutsie qui jamais ne parle de son pays. Même quand elle voit les images du génocide à la télévision, elle ne dit rien : « Le passé de ma mère était une porte close. » Pourtant, quatre ans après, elle propose à Milan de l'accompagner au Rwanda où elle a une affaire à régler. Là-bas, il découvre qu'il a une grand-mère et un jeune oncle qui ont survécu au génocide. Une autre rescapée, amie de jeunesse de sa mère, qui a perdu ses quatre enfants dans les massacres, vient d'avoir un bébé. Ce sont ces personnages, et beaucoup d'autres, que l'on va suivre pendant trois décennies.

Le poids de la mémoire

Car Milan reviendra au Rwanda. Lorsqu'il sera étudiant en droit, pour faire un mémoire sur les tribunaux populaires chargés de juger les génocidaires. Puis - comme l'auteur - il s'y installera définitivement. Au fil des ans, il regarde, il écoute, il prend des notes, il décrit : un pays exsangue et rural qui s'est développé et urbanisé de façon spectaculaire en vingt ans, un pays qui vit trois mois par an en deuil lorsqu'il commémore les massacres de 1994, un pays où la majorité des habitants née après le génocide voudrait se délester un peu du poids de la mémoire. Au fil d'une narration bien scénarisée, Gaël Faye tente de composer un tableau équilibré de la société rwandaise et de son passé, plongeant aux origines de la violence - une longue histoire évoquée à travers les souvenirs de la vieille Rosalie, née en 1895, qui a connu la cour des rois du Rwanda - un personnage qui mériterait un roman fleuve à lui tout seul.

Pour reprendre une phrase de l'écrivain haïtien René Depestre, que Gaël Faye cite souvent, c'est un roman qui oscille entre la tendresse et la révolte. Révolte, par exemple, contre les prêtres rwandais qui se sont rendus complices des tueurs, mais tendresse pour la foi chrétienne. Son phrasé est ample et calme mais cache un abîme de tristesse. « Les larmes coulent à l'intérieur », comme dit un dicton rwandais.

Ce roman est aussi l'histoire d'un fils et de sa mère inaccessible. Bien qu'elle reste dans l'ombre, cette femme retranchée en elle-même, est le personnage qui fait battre le coeur du livre. Un jour, jeune homme, le narrateur, lui rend visite à Versailles. Il prie silencieusement pour qu'elle lui propose de rester dormir chez elle. Mais, ce soir-là, elle lui dit : « Le mieux, c'est de ne s'attacher à rien. » Une scène déchirante qui sera rachetée, plus tard, lorsqu'elle sera sur son lit de mort et qu'il récitera avec elle des Ave Mariaen lui tenant la main : comme il l'aura aimée, cette inconnue, dont le passé lui sera révélé après sa mort.

Chez Gaël Faye, les grands-mères prennent le relais des mères absentes. Elles relient leurs petits-enfants à leur arbre généalogique, arbre invisible mais réel qui les sort de la solitude abyssale où l'on se sent quand on n'est relié à rien ni à personne. Il y a aussi les arbres des jardins, qui incarnent des présences tutélaires, avec leurs branches rassurantes comme les bras d'un père, à l'image du jacaranda, le grand arbre mauve qui donne son titre au roman.

Le Figaro, no. 24955
Le Figaro et vous, samedi 16 novembre 2024 1659 mots, p. 27

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15 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

KEV ADAMS, GAD ELMALEH, ALBAN IVANOV, ARTUS : LA RUÉE VERS LES COMEDY CLUBS

VENU DES ÉTATS-UNIS, LE GENRE SE DÉVELOPPE DANS LES GRANDES VILLES EN FRANCE. ENQUÊTE SUR UN PHÉNOMÈNE QUI SÉDUIT MÊME LA CLASSE POLITIQUE.

Lutaud, Léna

Une soirée comedy club plutôt qu'un film ? À Marseille, les touristes et les locaux modifient peu à peu leurs habitudes. Ce soir de novembre, direction le Garage, cours Julien. Après un verre dans une galerie d'art transformée en salon décati, une centaine de spectateurs de tous âges se serrent sur des bancs. «La demande est telle que je dois refuser du monde», regrette Quentin Friburger, l'un des associés.

Un maître de cérémonie chauffe la salle. Cinq humoristes, dont on ne connaît pas le nom à l'avance, se succèdent. Dans la programmation, des espoirs, des pépites et parfois des stars. Il y a quinze jours, Gad Elmaleh et Roman Frayssinet testaient ici des bouts de sketchs. Ce soir, la salle découvrira peut-être la future Florence Foresti. Alisson Assandri déclenche un tonnerre d'applaudissements. Son sketch sur ses gardes de chats à domicile fait mouche. Son phrasé est posé, son humour tend vers l'absurde. «Le 22décembre, je jouerai ici mon premier spectacle» , annonce cette Marseillaise de 31 ans.

«La France a massivement succombé à la mode du stand-up et se marre comme jamais. C'est une tendance profonde et puissante», analyse l'essayiste Mathieu Souquière, coauteur de LaFrance à 20heures, aux Éditions de l'Aube. «En ces temps tourmentés, le rire est un refuge. Le comedy club est une nouvelle façon de consommer l'humour,ajoute Grégoire Furrer, fondateur du Montreux Comedy et du festival Lillarious, à Lille. Tous les jours, ses équipes postent des vidéos sur sa plateforme d'humour digitalisée qui compte 7 millions d'abonnés. Ses audiences sont folles. Lui repère justement ses humoristes dans ces petites salles. Ses choix sont gage de qualité. «À Montreux, nous vendons 18000 des 22000billets à l'aveugle. Nous avons même pu ouvrir la billetterie de notre tournée des Zénith sans annoncer la programmation.»

Au comedy club, lointain cousin du café-théâtre, les humoristes ne se cachent pas derrière des personnages. Seuls sur scène, sans décor, debout derrière un micro, ils parlent de leur quotidien, de tout et de rien, de leurs déboires sentimentaux, de leur condition de trentenaire désenchanté et se moquent d'eux-mêmes. «Ceux des quartiers se moquent des stéréotypes alimentés par la société à leur endroit. Les autres France applaudissent désormais à l'unisson et à tout rompre», observe l'essayiste Mathieu Souquière. Les places sont à moins de 15 euros et la soirée promet d'être légère. L'authenticité est sur scène. On se doute que dans la masse surgira un jour une future star. Paul Mirabel, Camille Lellouche, Kyan Khojandi, Kheiron, Mathieu Madénian, Nino Arial et Claudia Tagbo y ont tous fait leurs classes avant de percer.

En tenue décontractée, ils improvisent et interpellent le public avec le même gimmick : «Par applaudissements, combien de personnes ici ont...?» Quand leur session s'achève, ils réclament «un maximum de bruit» pour encourager le suivant. Cet art a son langage. La programmation se dit « line-up ». Un « open mic » est une scène ouverte. Un « roast » consiste à insulter avec bienveillance le public, une ville, un rival. S'il y a un creux, ce n'est pas grave. Chacun joue sept minutes. Le plateau est filmé. Le lieu et les artistes vont poster de courtes vidéos sur leurs réseaux sociaux, avec l'idée d'attirer les jeunes, puis leurs parents. «Plus vous avez d'abonnés sur les réseaux, plus vous avez de chance de remplir vos salles» ,explique Max Dana, le seul à pratiquer l'humour politique dans le Sud.

Cet art de la scène venu d'Amérique existe depuis longtemps à New York, Los Angeles et Montréal. En France, les comedy clubs sont apparus par vagues. D'abord à Paris. Après le Café Oscar en 1993, Jamel Debbouze a lancé le Jamel Comedy Club en 2006. Deux ans plus tard, son producteur a ouvert le Paname. En 2018, Fary s'est jeté à l'eau avec Madame Sarfati dans un décor signé de l'artiste JR. Le Joke, de Baptiste Lecaplain, date de 2022.

Ces jours-ci, l'ouverture de comedy clubs un peu partout en France transforme le genre en phénomène. Arte lui consacre une série documentaire fin novembre. L'humoriste Amelle Chahbi sort Dinguerie Bookchez JC Lattès. Les cinémas Pathé et des hôtels, dont les Mama Shelter, invitent des artistes repérés dans les comedy clubs. Même les TGV s'y mettent. Dès 2025, les voyageurs riront dans ses wagons-bars. «Une forme de petite révolution culturelle est en cours» , affirme Kev Adams, 33 ans, dont quinze de scène. Il est à la tête du Fridge, l'unique chaîne de comedy clubs de l'Hexagone. «J'ai découvert TheLaw Factory aux États-Unis. Dans ses différents lieux jouent Eddie Murphy ou Jerry Seinfeld. Ce groupe a démocratisé le comedy club. C'est mon modèle. Je ne voulais plus louer un théâtre pour y jouer forcément une heure de spectacle» ,explique cet acteur qui se révèle un entrepreneur sérieux.

Associé à son cousin Benjamin Lévy, spécialisé dans les bars et restaurants, il était prêt le 13 mars 2020, le jour du début du confinement. Il ouvrira en juin 2021. «Il a fallu payer le loyer et rembourser les crédits des deux ans de travaux. La perte a été monumentale. Nous avons des prêts et des traites sur dix ans.» En travaillant d'arrache-pied, le duo s'est rattrapé. «Notre chiffre d'affaires n'a jamais été aussi conséquent.» Eux ont misé sur un concept élégant et confortable qui, avec une programmation choisie et des plats soignés, fait la différence. Dîner, bruncher et siroter des cocktails font partie de la culture du comedy club. Au Fridge, chaque euro de bénéfice est réinvesti dans le développement. D'ici Noël, Kev Adams ouvre des Fridge à Rouen, Montpellier et Bruxelles. «Ce n'est pas tant la ville qui compte que l'associé sur place. Nous avons de la chance, de plus en plus de gens nous contactent. Les artistes aussi viennent à nous naturellement» , se félicite Kev Adams.

Le temps presse, car ses amis et néanmoins rivaux se lancent eux aussi. À Paris, Artus (Un p'tit truc en plus) ouvrira à côté du Fridge. Inauguré fin 2021, le Micro est une institution à Nantes. La politique antivoiture de la maire, Johanna Rolland, a poussé l'équipe à trouver une seconde adresse en périphérie. Une troisième se prépare à Bordeaux. «L'équipe joue aussi dans les cinémas Pathé. Et nous nous produirons le 7février à la HArena, à Nantes. Sur 4500sièges, nous en avons déjà vendu 2800» , raconte Yoann Doto, l'un des fondateurs. Comme Angers, Rennes disposera de son comedy club en 2025. «La demande du public breton est très forte. J'attends de signer la vente d'un cinéma à l'abandon avec la mairie», explique Valentine Mabille, productrice dans l'humour.

Marseille se prépare à un combat d'ego. «Désormais, tous les artistes vont pouvoir jouer, car les ouvertures se multiplient», se félicite Sébastien Mei. Sur la Canebière, cet entrepreneur ouvre ces jours-ci le troisième comedy club phocéen. Le sien est sur trois étages avec des balcons comme à l'opéra. Près de la gare Saint-Charles, le comedy club d'Alban Ivanov, que l'on a vu dans LeSens de la fête,est en chantier. L'acteur, qui a quitté Paris pour vivre sur les collines de Pagnol, garde un oeil sur le Vieux-Port.

Près du Bar de la Marine, des gros bras tatoués s'affairent en effet dans un ancien bar à burgers. «Gad Elmaleh ouvrira ici fin décembre, début janvier», confirme son associé Stéphane Cohen. À Montmartre, Gad Elmaleh a acheté Chez Michou. À Nice, il prépare un festival. «Il va mettre un coup de projecteur sur le stand-up», se félicitent Pascal et Caroline Schiavone, qui ont ouvert le Bobar, premier comedy club Niçois fin 2023. L'un de leurs artistes, Pablo Caillault, fera les premières parties des Zénith de Jarry. Elmaleh va-t-il ouvrir un comedy club sur la Riviera ? Contactée par LeFigaro, sa communicante ne répond pas. Kev Adams, qui travaille d'arrache-pied à la seconde édition de son petit barnum à Juan-les-Pins, a de l'avance. Sa troupe montera sur scène du 26 au 29 juin 2025. Avec 10 000 spectateurs et 2,3 millions d'audience sur TF1, il veut en faire un «vrai événement, comme les Enfoirés et les NRJ Awards».

L'impact de ces comedy clubs est considérable pour le milieu, qui se professionnalise. Il est plus facile de jouer, de se faire repérer grâce aux réseaux sociaux. L'humour se féminise et se diversifie. Les artistes n'auront plus besoin de venir à Paris. Pour les fidéliser, beaucoup de lieux leur offrent les vidéos captées, des loges tranquilles et un contrat. Contrairement à la rémunération au chapeau, illégale, ces fiches de paie permettent d'acquérir le statut d'intermittent. L'occasion de jouer ne manque pas, car bien des comedy clubs se déclinent en festivals, en tournée et en contenu télévisé. Pour séduire les jeunes, les élus ont flairé le filon.

Proche du président de la République Emmanuel Macron, Grégoire Furrer introduit la culture du comedy club au plus haut niveau. Ses humoristes ont participé au Sommet de la francophonie organisé par l'Élysée et sont en résidence à la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts. À Nice, Grégoire Furrer est associé avec Gad Elmaleh et le maire, Christian Estrosi.

Pour concentrer son développement français et international à Lille plutôt qu'à Paris, il vient d'obtenir 1,2 million d'euros d'un fonds nordiste. L'argent vient notamment de la région et de la famille Mulliez. Soutenu par Gad Elmaleh, le producteur marseillais Michel Nouader veut fédérer tout le monde. Le 10 décembre à la Scène parisienne, près des grands boulevards, «je lance le Clasico où s'affronteront les comedy clubs. Le premier « match » opposera Paris à Marseille. L'idée est que cela devienne une émission télévisée formatée.» Dans cette euphorie, des projets vont forcément mourir. «Un comedy club demande un travail monumental» , prévient Kev Adams, qui y consacre un tiers de son temps depuis quatre ans. L. L.

Le Figaro, no. 24953
Le Figaro et vous, jeudi 14 novembre 2024 1630 mots, p. 34

Culture

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13 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

« LES MISÉRABLES » REPART À L'ASSAUT DE PARIS

BOUDÉE EN FRANCE, LA COMÉDIE MUSICALE QUI DÉTIENT LE RECORD MONDIAL DE SPECTATEURS EST REPRISE AU CHÂTELET DANS UNE MISE EN SCÈNE SIGNÉE LADISLAS CHOLLAT. CETTE FOIS, LA BILLETTERIE EXPLOSE.

Bavelier, Ariane

Bienvenue dans une journée « Misérables »!», lance Ladislas Chollat. Installé au Châtelet depuis une semaine, le metteur en scène de la nouvelle mouture du musical d'Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg manie ses troupes. Précision, amabilité, bonhomie. La tâche est pourtant écrasante. Après avoir fait répéter les 42 chanteurs acteurs quatre semaines et demie à Romainville, en Seine-Saint-Denis, le voici pour deux semaines et demie sur la scène du théâtre parisien. Il s'agit maintenant d'intégrer les 50 personnes qui évoluent dans les coulisses : techniciens, décors, costumiers, éclairagistes, régisseurs son.

Cet après-midi, ça coince. En cause, un moteur censé faire entrer et sortir la table où l'évêque de Digne reçoit Jean Valjean, tout juste sorti du bagne. Le moteur hoquette, obligeant l'évêque, sa soeur et la soubrette à se cramponner aux chandeliers d'argent qu'ils doivent offrir à Valjean. En cause encore, les nuages d'encre envoyés en vidéo sur des tulles pour figurer la tempête sous le crâne du héros. Ils se coordonnent mal aux strophes des chansons et le visage d'un homme censé se dessiner dans la nuée est trop noir pour qu'on le distingue.

Ladislas Chollat, précis, concentré, mémorise le nom des séquences vidéo sans y perdre son latin, sépare le simple « 25 A12 » du « 25 A12 avec évêque » , conseille de mettre toute la gomme pour le démarrage de la table avant de filer en vitesse de croisière. Au bout de deux heures, nous avons seulement assisté aux dix premières minutes du spectacle. Il veut que ce soit beau et fluide, nous n'y sommes pas. «Journée misérable», lance-t-il dans un éclat de rire.

Le metteur en scène de théâtre, qui ne lit pas la musique, mais a déjà travaillé sur la comédie musicale Oliver, tient son monde. On dirait qu'il a pris la carrure d'un Valjean. Quel homme, Chollat ! Rien ne le démonte. Ni la première ce 20 novembre, ni les 50 dates du spectacle déjà plein comme un oeuf, ni la venue du producteur britannique Cameron Mackintosh en inspecteur des travaux finis pour donner son feu vert à une reprise et à une tournée. «Je suis en liberté très légèrement surveillée, dit Chollat. Mackintosh nous a refusé un premier casting pour manque de diversité. Je lui ai fait valider la maquette des costumes et du décor. Ça a été très long d'avoir un rendez-vous, mais il n'a rien dit.»

Il se passe autour de cette nouvelle mouture des Misérablescomme un petit miracle. La pièce d'Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg, montée par Robert Hossein en 1980 au Palais des sports, puis aménagée en anglais avec la complicité de Cameron Mackintosh et lancée à la Royal Shakespeare Company en 1985 avant de s'installer au Palace Theater, puis au Queens Theater, a conquis le monde entier. À l'exception notable de Paris. Elle y a tenu l'affiche six mois à Mogador en 1991, une bagatelle comparée à Londres, Berlin, New York ou même Tokyo. À la volonté du peuple, devenu Do You Hear the People Sing?, a été entonné comme un hymne dans toutes les révolutions du monde. Les téléspectateurs français n'ont pas tous compris pourquoi Thomas Jolly l'avait introduite dans la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, mais, pour les étrangers, l'identification à la France a été immédiate.

«Ça fait du bien d'entendre « À la barricade » dans un théâtre proche de là où elles ont été dressées!» , lance Alain Boublil, qui, comme Claude-Michel Schönberg, veille aux répétitions, reprenant ici une phrase, donnant là son avis sur une interprétation : «C'est de la musique populaire. Nous avons écritLes Misérable s pour des chanteurs de variété. Le public doit oublier que les acteurs chantent. La musique est écrite mesure par mesure sur des paroles parlées. Nous refusons sans cesse des versions opératiques, comme nous avons refusé la demande de Placido Domingo de chanter Valjean dans une production à Broadway. Nous ne faisons aucune concession au temps présent, ni dans les paroles ni dans la musique. Nous avons aussi refusé une version hip-hop», expliquent les deux acolytes, qui ont des idées précises sur les personnages.

«Pour le casting, nous avons repêché un Marius de 30ans, Jacques Preiss, pilote de ligne à Air France, jugé trop vieux. On se fiche de son passeport! Il faut voir ce qu'il donne sur scène: il pleure chaque fois qu'il chante son air! Et la chimie qui se dégage quand il chante avec Cosette!» Pareillement, ils ont imposé à Valjean, interprété par Benoît Rameau, qui chantait L'Heure espagnole à l'Opéra Comique, de suivre un coaching particulier pour se déshabituer de la diction lyrique. «J'ai moi aussi choisi les chanteurs, je voulais qu'ils correspondent à l'idée que j'avais de chaque personnage», confie Ladislas Chollat, obligé dans le contexte à rester diplomate, mais qui fait valoir son point de vue. Il demande ici et là des modifications du texte pour qu'il semble plus authentique dans la bouche des personnages.

Même si LesMiz sont sans cesse en mouvement depuis leur re-création à Londres en 1985, même s'ils ont été vus par 70 millions de spectateurs dans 52 pays du monde, il n'a pas été simple de convaincre Cameron Mackintosh qu'une autre production, signée par un Français, pourrait peut-être enfin faire accepter ses Miz à Paris. Stéphane Letellier, producteur, l'a apprivoisé avec la même patience que le Petit Prince, le renard. Il aura fallu six ans... «Nous avons une licence qui court jusqu'à janvier. Les Anglais la renouvelleront s'ils sont contents. Ils m'attendent sur l'exigence, sachant que les leurs sont très poussées. Malgré un orchestre, 40personnes sur scène, 350costumes, nous n'avons pas leurs moyens. Là-bas, un musical peut rester quinze ans à l'affiche, et, quand ils en lancent un, ils mettent le paquet» ,raconte Ladislas Chollat .

Raison de la bouderie des Français ? «C'est que nous sommes chauvins. Une oeuvre inscrite dans notre ADN ne peut pas être acceptée dans une version revue par des étrangers. Vous imaginez apprécier un Cyrano adapté par des Américains?» ,demande Ladislas Chollat. Ces nouveaux Misérables sont une providence pour le Châtelet, qui pourrait y soigner ses finances délicates. «Nous sommes au bon endroit au bon moment. Le Châtelet est LE temple de la comédie musicale à Paris» ,affirme Ladislas Chollat, oubliant que LesMisérables y a échoué une première fois en 2010 dans une version Mackintosh, mais inspirée par les dessins à l'encre de Victor Hugo.

C'est l'encre encore, mais celle d'Hugo écrivant, qui a inspiré à Ladislas Chollat sa mise en scène, la première française depuis celle de Robert Hossein, en 1980. «Victor Hugo a toujours écrit à la plume d'oie. Cette chose-là, je l'ai poussée. Il y a des encres partout comme émergées de l'énergie de son geste d'écrivain. Quand je l'imagine, je vois un geste qui ne s'arrête pas», dit le metteur en scène, qui a contemplé à la BnF le manuscrit de Victor Hugo.

«J'ai aussi été fasciné de voir à quel point il mêle sa propre vie au récit, sa douleur à la mort de Léopoldine, sa nuit de noces avec Juliette Drouet... Un poème m'a donné la clé, dans le recueilLes Feuilles d'automne : « Ce siècle avait deux ans!/ (...) Alors dans Besançon,/ (...)/Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois/ Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix;/ Si débile qu'il fut, ainsi qu'une chimère,/ Abandonné de tous, excepté de sa mère,/ Et que son cou ployé comme un frêle roseau/ Fit faire en même temps sa bière et son berceau./ Cet enfant que la vie effaçait de son livre,/ Et qui n'avait pas même un lendemain à vivre,/ C'est moi. » J'ai compris à quel point les personnages desMisérables s'accrochent eux aussi pour ne pas être effacés du livre. Hugo signait ses lettres à ses enfants: « Je vous aime, aimez-moi. » Les Misérables est une quête de l'amour qu'Hugo et ses personnages n'ont pas eue. Dès lors, j'ai compris que le monogramme VH, qui marque en chaque endroit la maison de Guernesey, ne traduit pas la mégalomanie d'Hugo, mais sa peur d'être effacé. Et je suis tombé en émotion devant cette conscience aiguë d'un artiste aussi imposant envers la fragilité humaine.»

Dans son travail, Ladislas Chollat a extrait chaque personnage, dessiné chacune de leurs chansons comme des monologues de théâtre, avec intention, rupture, émotion, cheminement d'un point A à un point B, cultivant l'énergie de troupe avec le souci des petits rôles : «Épuisant, joyeux, génial, mais il faut que tout le monde ait le sentiment d'être utile» ,dit-il. Il a travaillé l'intime et le grand spectacle, les moments de bravoure, les solos, rapporté le décor à des éléments de réalisme, portail, tabouret, barricades, pris juste entre deux grands blocs mobiles qui reconfigurent l'espace. Le reste appartient à l'encre, projetée sur des tulles. «Une porte, l'enfer, et un homme qui marche vers la lumière. J'ai eu en ligne de mire de mon inspiration cette gravure de l'enfer de Dante par Gustave Doré» ,précise Ladislas Chollat. Les couleurs assez vives viennent des costumes d'époque repatinés pour la misère.

Dans la salle, Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg observent le déroulement. «Je cherche un jeu naturaliste comme au cinéma, que ce soit sincère et démonstratif. Je propose une idée, leur demande si ça va. Ils sont très moteurs dans leur enthousiasme. Sept semaines pour une somme pareil, c'est bien court. J'ai besoin de leurs retours. Je n'avais jamais eu autant d'or entre les mains» ,conclut Ladislas Chollat .

Les Misérables , au Châtelet (Paris 1er), 52 représentations du 20 novembre au 2 janvier 2025. J'avais rêvé... Une amitié en musique, d'Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg (Éditions du Rocher), 172 pages, 19,90 euros.

Le Figaro, no. 24962
Le Figaro et vous, lundi 25 novembre 2024 965 mots, p. 36

der ; Portrait

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24 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

NINO ARIAL, LE NOUVEL OBSERVATEUR

À 34 ANS, IL EST L'ÉTOILE QUI MONTE DANS L'HUMOUR. SANS AUCUNE MÉDIATISATION, À L'AFFICHE AU THÉÂTRE FONTAINE, À L'OLYMPIA PUIS DANS UNE TOURNÉE DES ZÉNITH, CE PUR PRODUIT DES COMEDY CLUBS A JEAN D'ORMESSON DANS LA PEAU.

Lutaud, Léna

Plus le monde va mal, plus les humoristes remplissent les salles. Surtout quand ils sont brillants. L'un des shows à voir est celui de Nino Arial. Avant d'attaquer les Zénith en 2025 et de voir son nom briller en lettres rouges sur l'Olympia le 13 avril prochain, il est au Théâtre Fontaine. Sans aucune médiatisation, il explose les ventes. Sur scène, Nino Arial reçoit sur un immense tapis rouge surmonté d'un lustre avec Eminem en bande-son. Son sens de l'improvisation, son insolence et sa complicité avec le public font mouche. Comme il est beau garçon, bien des groupies rêvent de repartir avec lui. Lui rit de tout. De Gad Elmaleh, Artus, Redouane Bougheraba... des handicapés, des seniors, des WhatsApp entre copines, des trentenaires face au mariage comme des longs faux ongles «avec lesquels les filles ouvrent des canettes comme des gitans.» Il n'est pas politique mais il fait passer des messages. Que les électeurs ne lisent pas les programmes le navre. Anne Hidalgo, maire de Paris, le hérisse. Les applaudissements nourris montrent qu'il est loin d'être le seul. Pour autant, on ne peut pas le cataloguer comme un humoriste de droite façon Gaspard Proust. Il se moque des communautaristes, des racistes et des « ninjas » qui, contrairement à leurs mères, se voilent de la tête aux pieds. À mille lieues des MeeToo dans l'humour, Nino Arial dénonce la charge mentale des femmes et le harcèlement dans la rue. «Il aborde des sujets sociétaux toujours avec un bon angle» , commente Karim Kachour, directeur du Paname, mythique comedy club parisien. Pour lui, «Nino est le nouveau Coluche.»

Ce gendre parfait a un humour taquin sans une once de vulgarité. Il écrit ses textes et il n'a pas de souffleur dans l'oreillette. «Là où d'autres montent un bloc d'improvisation dissocié du spectacle, lui distille l'improvisation. C'est beaucoup plus difficile,souligne Rodrigue qui assure avec brio sa première partie. Ces moments d'interaction forcément uniques lui permettent de publier chaque jour une vidéo sur ses réseaux sociaux.»

Face à lui, le public est joyeux, taquin et mélangé. Les 20-35 ans l'ont repéré sur les réseaux sociaux, où il compte 1,3 million d'abonnés sur TikTok et 930 000 sur Instagram. Les 35-65 ans l'ont découvert à l'Accor Arena et dans les Zénith, en première partie de Gad Elmaleh et de Redouane Bougheraba. «Deux ans plus tard, il est lui-même tête d'affiche. Une telle consécration est rare. Je suis si fier de lui, il vit enfin un conte de fées!» , dit Redouane Bougheraba. À 34 ans, Nino Arial connaît le succès sur le tard. Comme Julien Doré, il a Jean d'Ormesson dans la peau : «merci pour les roses et pour les épines» , dit son tatouage sur le bras.

« Depuis tout petit, je rêvais de faire ce métier. Mais je n'ai pas du tout été encouragé.» En Aquitaine, il a grandi à Vayre à dix kilomètres de Libourne. «Comme beaucoup de villages, on croisait les doigts pour en partir. Il n'y avait ni cinéma ni salle de spectacle. Aujourd'hui, les plateformes et les réseaux sociaux aident mais mes premiers shows, ceux de Jamel et de Gad, je les ai regardés en VHS.»À l'école, il est excellent élève. Diplômé de l'ESC, il file à New York pour son année de césure. «J'ai pris un aller simple avec 2000euros en poche. J'étais barman à Time Square, je dormais sur des canapés, une semaine chez une personne. Les comedy clubs où les artistes se succèdent toutes les dix minutes ont été une révélation.» À son retour, il devient banquier. «Le grand écart entre faire des cocktails à Manhattan et être derrière un bureau a été compliqué.» À 26 ans, il donne sa démission. Il devient youtubeur. Le tournage, le montage... il apprend tout sur le tas. La première année, ses vidéos ne font aucune vue. Un sketch sur le harcèlement à l'école fait tout basculer. En une nuit, il atteint 70 000 abonnés. Puis 3 millions. Le Covid le coupe dans son élan. Il profite des confinements pour multiplier les vidéos. Créer deux minutes de contenu par jour tout en écrivant des sketchs pour la scène est un rythme d'athlète.

En 2021, Redouane Bougheraba le prend sous son aile. Ces deux-là ont le même sens de la débrouille et l'esprit entrepreneur. «Nino est l'un des rares humoristes à être aussi drôles dans la vie que sur scène, avec les autres on a envie de se pendre» ,signale Redouane Bougheraba. « J'étais assis dans le side-car et lui conduisais» , résume joliment Nino Arial. Tout seul, il jouait dans des salles de 120 personnes. Avec Redouane Bougheraba, il s'est produit dix minutes dans des Zénith de 5 000 personnes, devant 13 000 spectateurs à l'Accor Arena et même à New York et Miami. Redouane Bougheraba a un côté « foufou » qui frôle parfois l'inconscience. Mais il sait exactement combien d'entrées, chaque humoriste fait en France, ville par ville. En tant que producteur, ses conseils sont précieux. «Dans son ombre pendant deux ans, j'ai énormément appris. Notamment à ne plus avoir peur de la scène» ,dit Nino Arial, qui sait se taire pour écouter. Au Dôme de Paris ,il remercie son mentor en arborant un tee-shirt aux couleurs de l'OM. Et lance : «Cela me coûte autant qu'à vous mais j'y vais: Allez l'OM!» S'il est un jour à l'affiche du Vélodrome, osera-t-il un hommage au PSG ? «Je suis courageux, pas fou! Les Parisiens, ça les fait rire. Les Marseillais.... » L. L.

Aujourd'hui en France
Edition Principale
_24 Heures en Region, mercredi 27 novembre 2024 566 mots, p. AUJM18
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26 novembre 2024 - Le Parisien (site web)

Rouen accueille le nouveau « Fridge » de Kev Adams

Seine-maritime|Une déclinaison du concept lancé à Paris en 2020 ouvre ce mardi.

Laurent Derouet

Ce mardi, depuis le fin fond du Sahara où il tourne actuellement dans le prochain film de Gilles de Maistre, « le Livre du désert », Kev Adams aura sans doute une pensée pour Rouen (Seine-Maritime). C'est là, à côté du Théâtre à l'Ouest de son associé Loïc Bonnet, qu'ouvre le Fridge Rouen, première déclinaison en province de son établissement parisien lancé il y a quatre ans. « C'est le même concept, la même direction artistique, la même ambiance », s'enthousiasme Kev Adams, qui avait « très envie d'exporter l'idée. J'ai la conviction que le comedy club va devenir une sortie comme une autre en famille ou entre amis, un peu comme le bowling ou le cinéma ».

« Plus beau que l'original »

Lumière bleue électrique pour une salle d'environ 80 places, une estrade, des tables en métal, un décor indus. Et, clin d'oeil de circonstance, une vraie chambre froide en guise de loge des artistes. Un souci du détail dont l'humoriste se dit « hyper fier. C'est même plus beau que l'original à Paris ». Et si, le même jour à Bruxelles, après fin janvier à Montpellier, deux autres Fridge ouvrent aussi, c'est bien ici que le projet d'exporter le comedy club est né.

« On a commencé à en parler dès 2022, quand Kev est venu roder son nouveau spectacle ici », se remémore Loïc Bonnet. « Nous avions cette envie commune et une opportunité avec un espace qui se libérait. » Et même si des contretemps immobiliers ont repoussé le lancement d'un an, « nous n'avons jamais lâché l'affaire. Il y a entre nous une confiance et une estime réciproques qui nous ont permis de mener ce projet à bien », continue-t-il.

Loïc Bonnet est persuadé que l'endroit répond à une attente du public rouennais et aussi à une scène locale qui ne demande qu'à émerger : « Pour un humoriste débutant qui voulait venir chez moi, c'était compliqué. Le faire jouer dans une salle de 200 places devant 30 ou 40 personnes, ça ne rendait service ni à lui ni à moi. Là, avec le Fridge, entièrement dédié au stand-up, il pourra plus facilement faire ses premiers pas et trouver son public au fil du temps, se faire un nom. »

« J'aurais adoré avoir un lieu comme ça à mes débuts », assure le comédien de 33 ans. « C'est d'ailleurs en partie pour ça que j'ai eu envie de créer un comedy club. Un peu comme un centre de formation de l'humour. On peut y échanger avec les gens, leur demander ce qu'ils ont aimé, ce qui n'a pas marché. On peut venir, revenir, essayer des choses nouvelles... Il n'y a rien de plus dur que de jouer face à 80 ou 100 personnes. Et je reste persuadé qu'il faut sans cesse revenir à cette base-là », développe-t-il.

Le Fridge rouennais proposera une dizaine de rendez-vous par semaine. L'inauguration se déroulera les 6 et 7 décembre en présence de Kev Adams, qui admet que le Fridge s'est fait sa propre renommée : « Sans fausse modestie, mon nom ne joue plus pour beaucoup dans son succès. À Paris, le samedi ou le dimanche, neuf plateaux de cinq à six humoristes s'enchaînent. C'est devenu une usine à rires ! »

Le Figaro, no. 24970
Le Figaro et vous, mercredi 4 décembre 2024 757 mots, p. 34

Culture

RALPH FIENNES, UN CARDINAL TOURMENTÉ AU VATICAN

À 62 ANS, L'INOUBLIABLE ACTEUR DU « PATIENT ANGLAIS » BRILLE DANS « CONCLAVE » , UN THRILLER SUR LES COULISSES DE L'ÉLECTION DU PAPE.

Delcroix, Olivier

En 1993, Steven Spielberg avait dit de lui : «S'il choisit les bons rôles, et n'oublie pas le théâtre, Ralph Fiennes peut devenir le prochainAlec Guinness ou Laurence Olivier». Le réalisateur des Aventuriers de l'Arche perdue ne s'est pas trompé. Trente ans après avoir incarné le haïssable tortionnaire nazi de LaListe de Schindler,on retrouve Ralph Fiennes en cardinal du Vatican obligé de présider aux destinées de l'élection d'un nouveau Saint-Père dans l'excellent thriller papal Conclave, d'Edward Berger (À l'ouest, rien de nouveau). De l'amoureux transi du Patient anglais (1996) au diplomate éploré dans The Constant Gardener (2005), en passant par l'infâme Lord Voldemort de la saga Harry Potter, ce natif du Suffolk a su tracer sa route au cinéma avec finesse.

Le moins que l'on puisse dire est que l'acteur aime surprendre. Il est capable d'incarner un majordome imperturbable dans Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson (2014), ou rejoindre la crème des espions en jouant « M » le supérieur de 007 dans la série des James Bond .Bref, Ralph Fiennes n'est jamais là où l'attend le public. Après s'être glissé dans la peau du duc d'Oxford, un ancien soldat de la reine Victoria dans la série TheKing's Man(2021), il passe sans transition du sabre au goupillon en incarnant, à 62 ans, le cardinal Thomas Lawrence dans ce polar ecclésiastique romain adapté du best-seller de Robert Harris (écrivain et scénariste britannique, auteur de The Ghost Writeret de J'accuse).

C'est un acteur apparemment décontracté que l'on rencontre pour évoquer ce rôle d'un athlète de la diplomatie louvoyant sur un chemin de lumière à l'ombre des ambitions des autres cardinaux. «En fait, pour appréhender ce personnage tourmenté, j'ai commencé par parler à des prêtres. J'ai même rencontré un cardinal. Vous savez, le travail de l'acteur se rapproche de celui d'un enquêteur. Lorsque la police recherche un suspect, elle doit constituer son profil. Elle pose des questions, recueille des informations pour se faire une idée de qui est vraiment la personne recherchée. Cela s'apparente à une étrange chasse à l'homme. C'est exactement ce que j'ai fait pour me familiariser avec le cardinal Lawrence. Et j'ai commencé par ses vêtements...»

Conclavemet au jour les rouages peu reluisants de l'horlogerie vaticane à l'heure de l'élection d'un nouveau pape. «Alors que cet intellectuel lassé par la pompe vaticane songe à se retirer pour méditer sur des questions philosophiques liées à sa foi, raconte Fiennes, il se retrouve obligé de gérer le conclave. Le pape est mort de manière soudaine. Mon personnage se retrouve aux commandes. Il doit prendre des décisions. Ce qui n'est pas son domaine naturel. Pour moi, c'est ce conflit intérieur qui était intéressant à jouer. Il a nourri mon imagination. »

Entre Conclave et LeNom de la rose, de Jean-Jacques Annaud (1986), se tissent d'invisibles liens. Les rapports de force entre les protagonistes, les tractations ou les manigances souterraines forment une toile de fond commune, comme un bal chorégraphié où la valse de la corruption le dispute au twist du mensonge, sans oublier les mesquineries et autres basses trahisons. Ralph Fiennes navigue entre courants, comme jadis Sean Connery dans le rôle de Guillaume de Baskerville. «Être comparé à Sean Connery est toujours un très beau compliment, sourit-il quand on lui fait la remarque. Je pense que, d'une certaine manière, on peut comparer ces deux protagonistes. Ce sont tous les deux des hommes de foi en quête de sens, qui doutent, qui s'interrogent et qui possèdent une honnêteté foncière. Mais, curieusement, la nature d'enquêteur du cardinal Lawrence m'a plutôt rappelé Alec Guinness dans le rôle de George Smiley, ce maître espion imaginé par John le Carré dans la série télévisée produite par la BBC. Il incarnait un enquêteur réticent, mais toujours à l'écoute. C'est vers cela que je suis allé avant tout. »

Un bon choix si l'on en juge la rumeur qui court favorablement sur l'acteur pour les prochains Oscars, mais qui le laisse désarçonné : «Il est toujours un peu gênant de réfléchir à la qualité de sa propre performance. Je veux être fidèle à mon instinct. Si les gens aiment le film et apprécient ma performance, c'est formidable. Cette histoire d'Oscar, ça me met un peu mal à l'aise. Évidemment, je suis flatté. Mais c'est fini. Je suis simplement heureux d'avoir pu jouer ce rôle merveilleux. Et je suis ravi si les gens l'aiment.» O. D.

La Croix, no. 43080
Culture, lundi 25 novembre 2024 98 mots, p. 16,17

Cinéma Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof représentera l’Allemagne aux Oscars

« Je suis ravi que l’Allemagne ait vu la portée internationale du film et lui ait ouvert les bras,a réagi Mohammad Rasoulof, exilé dans le pays après sa fuite précipitée d’Iran. C’est comme porter un flambeau, c’est un signe aux cinéastes qui travaillent sous la contrainte dans le monde entier. »Son film, Les Graines du figuier sauvage, tourné dans la clandestinité en Iran et financé par des sociétés de production française et allemande, a déjà remporté le prix spécial du jury à Cannes.

Le Monde
Culture, lundi 18 novembre 2024 1073 mots, p. 22
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15 novembre 2024 - Le Monde (site web)

SCène

A Rennes, le théâtre sonde la fragilité humaine

Le Festival TNB est marqué par une attention particulière aux souffrances qui montent dans nos sociétés

Fabienne Darge

Rennes - envoyée spéciale - A Rennes, en novembre, les amateurs de spectacle vivant, d’ici ou d’ailleurs, ont leur rendez-vous : le Festival TNB du Théâtre national de Bretagne qui, de son vaisseau amiral à la façade de verre ouverte sur la ville, se déploie sur toute l’agglomération rennaise tout en gardant ses antennes pointées sur le monde. L’édition 2024, sous la conduite d’Arthur Nauzyciel, le directeur du TNB, n’affiche pas de thématique particulière. Mais on peut lire dans ce festival, qui s’est ouvert le mercredi 13 novembre et se poursuit jusqu’au samedi 23, une attention particulière aux souffrances, aux fragilités qui montent dans nos sociétés, notamment à la question du handicap et de la « création adaptée ».

Les deux soirées d’ouverture des 13 et 14 novembre ont d’ores et déjà offert des bonheurs divers. Outre le Léviathan, de Lorraine de Sagazan, et le Hamlet créé par Chela De Ferrari avec des acteurs atteints de trisomie 21, déjà chroniqués dans nos colonnes, on a pu y découvrir deux belles créations semblant aux antipodes l’une de l’autre, mais réunies par une même confiance dans les pouvoirs poétiques du théâtre : Sur le chemin des glaces, par Bruno Geslin, et Comment se débarrasser de son crépi intérieur, par Valérie Mréjen.

Etrangeté de la vie ordinaire

La première se met dans les pas du cinéaste allemand Werner Herzog, alors que vient d’être publiée en France sa passionnante autobiographie, Chacun pour soi et Dieu contre tous(Séguier, 400 pages, 24,90 euros). En 1974, Herzog a 32 ans, il a déjà réalisé Aguirre, la colère de Dieu (1972). Il apprend que son amie Lotte Eisner, critique et historienne du cinéma, est gravement malade, et qu’elle risque de mourir. Il décide alors d’entreprendre à pied le voyage de Munich à Paris, avec l’idée que cette course de 900 kilomètres contre la mort la sauvera.

De ce voyage initiatique, halluciné, il rend compte quelques années plus tard, en 1978, dans Sur le chemin des glaces, qui est bien plus qu’un carnet de route, plutôt le récit d’un voyage intérieur hanté par les fantômes et la folie. Herzog se met en marche, avec ses bottes, un sac et une boussole. Il dort sous des Abribus, dans des granges, dans des maisons de campagne où il entre par effraction. Il traverse des paysages déserts, dans un état proche de la transe, sous la pluie, la grêle, la neige, par le brouillard, le vent glacial. Le voyage d’hiver est une manière de mettre le corps à l’épreuve, de défier la mort. Lotte Eisner survivra, et vivra encore pendant dix ans.

Ce matériau a priori peu théâtral trouve une superbe traduction scénique, sous la conduite de Bruno Geslin, un des francs-tireurs les plus intéressants de la scène française. Il s’agissait pour lui d’ « arpenter le récit comme un paysage », de « traverser une écriture autant qu’une géographie ». La cage de scène est une vaste chambre d’écho, où le texte, les images et la musique s’accordent magnifiquement pour mettre en route tout un imaginaire très allemand marqué du sceau d’un romantisme noir.

L’acteur qui porte le récit, Clément Bertani, remarquable, offre son corps à la bataille. Il marche, tout du long, en une sorte de vaste plan-séquence, sur un tapis roulant, tandis que l’espace se peuple d’images et de sons, de paysages comme dessinés en ombres chinoises, de riffs de guitare électrique ou de lieder. Le spectacle est d’une poésie folle, hypnotique, qui emmène chacun dans ses questions existentielles – qui, aujourd’hui, ferait 900 kilomètres à pied pour conjurer la mort d’un ami ?

Avec Valérie Mréjen, on est en apparence dans un registre plus léger, que semble indiquer le titre irrésistible de son spectacle, Comment se débarrasser de son crépi intérieur. En apparence seulement. L’autrice, plasticienne, vidéaste et désormais metteuse en scène n’a pas son pareil, au théâtre comme ailleurs, pour se saisir de manière impavide de l’étrangeté de la vie ordinaire.

De quoi est-il question ici ? Une femme plus très jeune (l’excellente Charlotte Clamens) est assise, les deux mains posées bien à plat sur une table. Elle raconte à une autre femme, assise en face (Valérie Mréjen), qui pourrait être une amie, une psy ou une policière, quelques petites catastrophes de la vie quotidienne. Rien de grave, non : une bouteille d’huile d’olive qui explose dans un appartement de location, un sac à main oublié dans un train, des protections pour plaques électriques qui brûlent.

Valérie Mréjen note sur son ordinateur, et pose de temps en temps une question aussi précise qu’inutile (« Le sac, il était vert bouteille ou vert sapin ? »). Entre les deux femmes, un objet transitionnel d’un nouveau genre : un plateau de table tournant fonctionnant grâce à une télécommande, qui permet à Mréjen de servir à sa compagne des verres d’eau sans avoir à se lever pour aller jusqu’à elle.

Sens du burlesque

Anecdotique ? Pas du tout, c’est là que Valérie Mréjen est très forte. Son sens du burlesque fin et mélancolique l’inscrit dans une filiation où il s’agit bien de parler de la fragilité humaine – ici, en l’occurrence, l’inadaptation que l’on peut ressentir face à un monde de processus automatisés, d’objets inutiles, de systèmes absurdes. L’autrice-metteuse en scène crée des rimes, des variations, des glissements qui troublent et intriguent : tout à coup, les deux femmes portent le même pull, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. Quelque chose déraille doucement, très doucement, un petit chien prénommé Pina fait des siennes, et l’on rit, à n’en plus pouvoir, avant que le plateau de table tournant ne se transforme en minipodium pour une chorégraphie très personnelle sur la chanson Diamonds, de Rihanna.

Arpenter le monde chaussé de bottes de sept lieues ou l’embrasser de manière minimaliste dans ses détails qui en disent long : entre les deux, on ne choisit pas.

La Croix, no. 43089
Culture, jeudi 5 décembre 2024 116 mots, p. 14

Musées L’Arabie saoudite offre 50 millions d’euros au Centre Pompidou

Le royaume saoudien s’est engagé, mardi 3 décembre, pour la rénovation du Centre Pompidou de Paris à hauteur de 50 millions d’euros. Le célèbre musée d’art moderne, inauguré en 1977, doit fermer à l’été 2025 jusqu’en 2030 pour des travaux de désamiantage et de rénovation, pour un budget de 262 millions d’euros, attribué à l’État. En échange des 50 millions d’euros, la France a signé neuf accords-cadres de coopération pour apporter son expertise à l’Arabie saoudite sur les thèmes de l’archéologie préventive, le patrimoine, les musées, le cinéma, les bibliothèques, l’ingénierie culturelle, etc.

Aujourd'hui en France
Edition Principale
_Loisirs, mercredi 6 novembre 2024 1080 mots, p. AUJM27
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6 novembre 2024 - Le Parisien

« Mes bulletins scolaires, c'était une catastrophe »

« Clown n'est pas un métier »| Son retour surprise sur scène, à 58 ans, sera l'un des événements de la rentrée comique, en janvier. Dany Boon s'en explique pour la première fois.

Propos recueillis par Grégory Plouviez

Soudain, Dany Boon sort son portable et nous le tend. Sur l'écran, défile une vidéo prise quelques jours plus tôt. On a de la chance, on découvre en primeur un extrait de son prochain spectacle, « Clown n'est pas un métier », l'événement humoristique de la rentrée de janvier 2025. Savoureux et dans l'air du temps, le sketch ironise sur la façon dont on perd tous la mémoire en cette époque ultra-connectée. Nous, on se souvient très bien que le réalisateur de « Bienvenue chez les Ch'tis » avait annoncé en 2018 qu'il arrêtait le one-man-show après le succès de « Dany de Boon des Hauts-de-France ». À 58 ans, il a changé d'avis. Tant mieux.

Pourquoi ce revirement ?

DANY BOON. Je pensais vraiment que le précédent serait le dernier. J'avais plutôt envie de théâtre, d'écrire une pièce, de partager la scène. Mais je ne suis pas allé au bout, pas encore en tout cas. Et quand j'en ai discuté avec Gilbert Coullier (son producteur), ma fille, qui a aujourd'hui 14 ans, était là et m'a dit : Pourquoi tu referais pas du one-man-show ? Gilbert a dit que la vérité sortait de la bouche des enfants...

Et vous avez dit « banco » ?

Il y a aussi une chose qui m'a motivé : c'est que le monde est de plus en plus dur. Quand j'étais ado et qu'on imaginait le futur, on se disait que ça allait être génial. Le XXI e siècle sera spirituel ou ne sera pas... Bah finalement, il n'est pas. (Rires.) J'ai toujours fait rire avec des choses un peu graves, comme le sketch du déprimé. Et puis la scène, à côté des réseaux sociaux, c'est un endroit de liberté où l'on débranche... C'est important de toujours revenir à la source, à ce dont je rêvais quand j'étais gosse...

Il va parler de quoi, ce spectacle ?

Attendez, je vais vous montrer un extrait. (Il passe la vidéo sur son téléphone.) Je parle du monde d'aujourd'hui, de l'absurdité des situations qu'on peut vivre, de nos histoires d'Internet, de notre capacité d'attention qui s'étiole, des objets connectés et du pouvoir dingue qu'on leur donne. Moi qui suis hypocondriaque, j'ai une bague (il nous la montre) : j'ai H24 un CHU au doigt pour 10 € par mois ! Bon, il faut juste qu'elle ne se mette pas à déconner, sinon je vais me réveiller et elle me dira que je suis décédé dans la nuit. (Rires.)

Le show a changé de titre. Il devait s'appeler « Dany Boon va mieux faire ».

En fait, de ces années d'école où l'on me disait « peut mieux faire », j'ai fait un sketch. Mes bulletins scolaires, c'était une catastrophe. Mes profs me dégommaient. J'ai eu de ces trucs : « Élève sans histoire et sans géographie », « Peut s'il veut mais veut s'il peut »...En fait, c'était les premiers tweets. Mes profs ont inventé Twitter !

C'est quoi la différence entre écrire pour la scène et le cinéma ?

L'écriture d'un scénario, c'est un processus plus laborieux et plus complexe, tandis que le sketch, c'est une idée et d'un seul coup, ça part, il y a un truc magique. Je me souviens du jour où j'ai écrit le sketch du K-Way. Ça démarre sur scène, je parle au public de ma mère présente dans la salle, je leur dis qu'elle m'a traumatisé avec ce coupe-vent quand j'étais petit. Les gens se marrent, alors je fonce... Dans ces moments, on est dans la vérité, le public s'identifie, on est en communion. C'est pour ça, aussi, que c'est important de remonter sur scène : aujourd'hui, on est de moins en moins en communion.

Votre dernier film, « la Vie pour de vrai », n'a, pour la première fois, pas dépassé le million d'entrées. Une déception ?

Pour moi, ce n'est pas un échec, d'abord parce que j'ai fait le film que je voulais. J'ai fait sept films qui ont cartonné, plus ceux en tant qu'acteur. C'est déjà une anomalie d'en faire autant. Et 800 000 entrées, ce n'est pas honteux.

Vous pensez déjà au prochain ?

Bien sûr, mais là je vais prendre mon temps. La vraie question, c'est de se demander si les gens sont lassés par ce que vous faites. Je ne pense pas. J'ai le fait le film avec Ozon (« Mon crime ») qui a très bien marché, « Une belle course » de Christian Carion qui a cartonné à l'étranger. Je viens aussi de tourner avec Audrey Fleurot dans une « dramédie » qui va s'appeler « Regarde ! ».

En 2026, vous fêterez sur scène vos 60 ans. Comment dure-t-on en humour ?

Je ne me pose pas la question. À mes débuts, j'étais déjà heureux de gagner correctement ma vie en faisant mon métier. Je me disais qu'il n'y avait pas de place pour moi tout en haut de l'affiche. À l'époque, il y avait déjà Robin, Bigard, Palmade, Métayer, Smaïn, Bedos et évidemment Raymond Devos.

Il a joué un rôle primordial dans votre carrière...

Quand j'étais enfant, c'est lui qui m'a fait aimer le français et découvrir le pouvoir de faire rire avec les mots. Dans mon premier spectacle, j'interpellais les retardataires. Et un jour, j'entends des « oh » un peu indignés à la place des rires. Mon régisseur m'a expliqué après coup : « T'as allumé Raymond Devos ! »

Il ne vous en a pas tenu rigueur...

Après une cérémonie des Molières où le public n'a presque pas ri à un de mes sketchs, il m'a consolé, m'a dit que ça lui était arrivé. On est allés dîner ensemble ce soir-là, on a parlé du clown, du music-hall...

Vous avez sa photo en fond d'écran. Votre complicité a été très forte...

On avait un rapport presque père-fils. J'ai commencé à aller chez lui, il venait voir mes spectacles, je lui faisais lire mes sketchs avant... Quand mes enfants étaient plus jeunes, tous les soirs, je leur lisais un sketch de lui. Dans mon nouveau spectacle, je lui rends hommage en reprenant quelques-unes de ses chansons à la guitare. Je trouve ça triste que les jeunes le connaissent de moins en moins Raymond.

Le Monde
Culture, mercredi 6 novembre 2024 805 mots, p. 21
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6 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Trois amies pppv A ne pas manquer

Une ronde amoureuse pour trois actrices sur un air funèbre

Sara Forestier, Camille Cottin et India Hair dessinent un nuancier d’attitudes face à l’éternelle dialectique de la vérité et du mensonge

Ma. Mt

La comédie carbure au calcul, elle est fille du nombre et des combinaisons. Ce n’est donc pas un hasard si le dernier long-métrage d’Emmanuel Mouret, peintre aimable des inconstances amoureuses, porte au fronton le chiffre 3, signe d’une structure ternaire et d’un rythme syncopé. Mais, justement, Trois amies relève-t-il encore d’une veine comique ? Il semble que, pour une fois (tout du moins depuis la tentative de mélo Une autre vie, en 2013), Mouret semble chercher une émotion plus profonde, une note plus grave. Ici, on aurait plutôt affaire à une sorte de « drame gai », comme le disait Jean Renoir à propos de La Règle du jeu (1939), voire à une suite musicale qui oscillerait sans cesse, par-delà les tonalités adverses, du majeur au mineur. De la ligne claire de ses précédents films, Mouret passe désormais à la ligne brisée, aux sentiments mêlés, de l’humeur badine à la cyclothymie.

Nous sommes à Lyon. Joan (India Hair) et Alice (Camille Cottin) enseignent dans le même lycée. La première, tiraillée, souffre de ne plus vibrer pour son compagnon, Victor (Vincent Macaigne), professeur de français, et se sent tenue envers lui par une exigence d’honnêteté. La deuxième, elle, assume une conjugalité dépassionnée et professe de jouer la comédie à domicile pour se prémunir de trop violents orages amoureux. Quant à la troisième, Rebecca (Sara Forestier), professeure d’arts plastiques en recherche de poste, qui, en attendant, joue les gardiennes au musée, sort avec « M. X », un homme marié dont elle dissimule l’identité – et pour cause, puisqu’il s’agit du compagnon d’Alice (Grégoire Ludig). La mort subite de Victor dans un accident de voiture, qui laisse Joan inconsolable, va bientôt rebattre les cartes, amenant un nouveau venu au poste de professeur laissé vacant, un dénommé Thomas (Damien Bonnard), auteur à succès.

La mort fait ainsi son entrée, moins fracassante que feutrée, dans le cinéma d’Emmanuel Mouret, qui se prend à la filmer pour la première fois, et ce presque trente ans après ses débuts. Le récit s’énonce même de ce lieu impossible, puisque, ironiquement, la voix off n’est autre que celle du mort, qui nous sert de relais, suivant en cela le modèle canonique de Boulevard du crépuscule (1950), de Billy Wilder. Cette part funèbre ne sert pas, heureusement, de pendant « moral » à la frivolité de la ronde amoureuse : elle définit plutôt cette distance métaphorique qui permet de poser un regard tendre sur les personnages, tout en désignant le caractère périssable du désir, suspendu à des cycles d’extinction et de renaissance. A cela répond la pente automnale, tout en douceur, d’un film qui entraîne les personnages à travers demi-teintes cassées, jours déclinants et nuits profondes.

Emotions miroitantes

Mais là n’est pas tout à fait le centre de Trois amies, qui se penche encore plus volontiers sur le motif de l’amitié féminine. Encore plus qu’une alliance, les trois héroïnes dessinent un nuancier d’attitudes face à l’éternelle dialectique amoureuse de la vérité et du mensonge – mensonge de la respectabilité sociale, vérité du désir. Chacune, comme un instrument au sein d’une formation musicale, affronte cette grande question selon la tonalité qui lui est propre.

A Joan reviennent la pente tragique, l’expérience de la perte et des larmes, le ton de la déploration. Rebecca lui oppose la vitalité sautillante de la comédie, des plans échafaudés, de la dissimulation ingénieuse. Enfin, à Alice correspond une sorte de pragmatisme intermédiaire. Le personnage se confond ici avec la tessiture de l’actrice : fragilité boudeuse d’India Hair, spontanéité époustouflante de Sara Forestier, netteté tranchante de Camille Cottin, toutes formidables.

La grande beauté du film tient à la façon qu’il a d’entrecroiser ces registres, d’opérer entre eux autant de bascules soudaines que de glissements subtils, et ce faisant d’ouvrir une gamme d’émotions miroitantes. La souplesse d’écriture de Mouret, son jeu sur les équivoques du langage s’appuient ici sur une mise en scène discrètement virtuose, qui sert sur un plateau de longues prises, variant selon les combinaisons des comédiens (en duettos, trios, quartettes, etc.).

Sous l’évanescente matière sentimentale, les aventures des « trois amies » abritent une question plus vaste, qui est celle du choix. En est-on vraiment maître ? Choisit-on vraiment quelque chose, ou la possibilité du choix en lui-même ? Et les jeux frivoles de l’amour d’emprunter par leurs propres moyens les sentiers de la philosophie.

Le Figaro, no. 24961
Le Figaro et vous, samedi 23 novembre 2024 536 mots, p. 34

Télévision

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23 novembre 2024 - TV Mag (site web)

ALEX VIZOREK N'EST PAS MORT, VIVE ALEX VIZOREK !

DANS SON DEUXIÈME SPECTACLE « AD VITAM » , DIFFUSÉ CE SAMEDI SOIR SUR PARIS PREMIÈRE, L'HUMORISTE SE RIT DE LA GRANDE FAUCHEUSE.

Simon, Nathalie

Avouons d'emblée qu'Alex Vizorek nous a lui-même soufflé le titre de cet article. En juillet 2021, l'audacieux chroniqueur de la matinale de RTL nous avait régalés avec un second seul-en-scène consacré à la mort : le bien nommé Advitam, au Théâtre de l'OEuvre. Spectacle qu'il donne au Casino de Paris jusqu'au 23 novembre, puis en tournée jusqu'en janvier 2025. Le Belge a pris soin de supprimer « æternam ». Même pas peur de faire fuir ses fidèles de la première heure ! Tout le monde y passera.

L'humoriste bruxellois qui sévissait encore sur France Inter venait de fêter ses 40 ans, cela avait dû l'inciter à dresser un premier bilan de son existence. Par ailleurs, il s'était imprégné des confinements successifs pendant le Covid pour jouer un spectacle sur la fin, «thématique que personne ne maîtrise». Âgé de trois ans de plus, le sociétaire des « Grosses têtes » n'a pas à rougir de voir son show diffusé sur Paris Première. Cultivé, fin lettré et pince-sans-rire malicieux, Alex Vizorek réussit l'exploit de nous faire «rire de nos angoisses» en exposant un historique de la mort savant, mais divertissant. Dès le début, des citations plus ou moins célèbres défilent sur un écran noir : «Ne nous prenons pas au sérieux, il n'y aura aucun survivant» (Alphonse Allais) ; «Ce n'est pas que j'ai peur de la mort, je veux juste ne pas être là quand ça arrivera» (Woody Allen) ; «Quand on est mort, c'est pour longtemps» (Zola)...

Adepte de l'humour noir

Par la suite, il convoque Montaigne, Épicure ou... un autre penseur, d'outre-Quiévrain, comme lui, Jean-Claude Van Damme. Le comique fait « fin » de tout de bois. Il s'inspire des sciences naturelles, de la vie des bêtes, du cinéma et de l'art. Pour son précédent spectacle, Alex Vizorek est une oeuvre d'art, il avait déjà amené le public à réfléchir. L'exigence dans le rire est devenue sa recette. Physiquement, il en a aussi sous la semelle. Il est capable d'incarner une antilope en plein burn-out ou un porc-épic épique. Des vidéos choisies avec soin accompagnent ses diatribes aussi fines qu'hilarantes sur l'orgasme, internet ou la religion.

Adepte d'humour noir, pour évoquer la grande faucheuse, Alex Vizorek ne tombe cependant jamais dans la noirceur. «Un spectacle sur la mort ne peut qu'être aussi un spectacle sur la vie» , affirme-t-il justement. C'est un «vivant joyeux» et non un «mort joyeux» , comme aurait dit Baudelaire. Qui ne craint pas d'organiser sur scène ses propres obsèques. Le choix des urnes et l'explication de la « métaphysique du « Dasein » » de Heidegger resteront dans les annales du genre comique. Une heure et demie durant, dirigée avec aisance par sa complice, la metteuse en scène Stéphanie Bataille, le comédien s'amuse avec la salle, la provoque et répond du tac au tac à ses réactions. Ancien étudiant de l'école de commerce Solvay, en Belgique (l'équivalent de HEC en France), Alex Vizorek a failli exercer un métier à mourir d'ennui, banquier. Par bonheur, il a changé d'orientation. Insatiable, il vit désormais comme s'il ne devait jamais mourir, selon le précepte de Vauvenargues. N. S.

Le Figaro, no. 24945
Le Figaro et vous, mardi 5 novembre 2024 1816 mots, p. 33

Culture

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4 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

GONCOURT, RENAUDOT: LA CONSÉCRATION DES FAVORIS

LE PRIX GONCOURT A ÉTÉ DÉCERNÉ À KAMEL DAOUD POUR « HOURIS » ET LE PRIX RENAUDOT À « JACARANDA » DE GAËL FAYE. DEUX ROMANS SUR FOND DE GUERRE CIVILE EN ALGÉRIE ET AU RWANDA.

Develey, Alice, Lemoigne, Victoire

Devant le restaurant Drouant, des hommes en brassard rouge « police » investissent doucement la rue. Curieux. Il n'y en avait pas les années précédentes. Le nom de Kamel Daoud revient sous toutes les lèvres. Faut-il y voir un signe ? Il faut dire que la présence de l'auteur et de sa maison d'édition Gallimard a été interdite au Salon international du livre d'Alger en raison de sa critique du pouvoir algérien. Mais on y reviendra. Pour l'heure, certains pensent que les prises de position politiques de l'écrivain seraient trop audacieuses pour un jury qui n'aime pas la polémique. Alors, on se dirigerait vers un choix plus populaire avec Gaël Faye. Pour le Renaudot, chacun semble perdu dans ses choix. Un beau mikado littéraire.

Ce lundi 4 novembre, au sein de la prestigieuse institution du 2e arrondissement de Paris, on retrouve comme chaque année des journalistes, bien sûr, des perches et des caméras, mais aussi des badauds qui attendent leur photo. Quand, à 12 h 45, le nouveau président du Goncourt, Philippe Claudel, apparaît en haut de l'escalier conduisant du rez-de-chaussée au salon Goncourt situé au premier étage pour prendre la parole. « Le prix Goncourt 2024 a été décerné, au premier tour de scrutin, à 6 voix, à Kamel Daoud pour son romanHouris . A obtenu 2 voix Hélène Gaudy, pourArchipels . Ont obtenu 1 voix Sandrine Collette, pourMadelaine avant l'aube ; Gaël Faye, pourJacaranda . » La guerre entre Kamel Daoud et Gaël Faye n'a donc pas eu lieu.

Jean-Marie Gustave Le Clézio, président du jury Renaudot pour cette édition 2024, aux côtés de Dominique Bona, a annoncé le prix remis à Gaël Faye pour Jacarandaaux Éditions Grasset. Il l'a reçu au premier tour, à 6 voix. Les autres auteurs ont obtenu 2 ou 1 voix. « Le prix Renaudot essai a été attribué à Sébastien Lapaque pourÉchec et mat au paradis , aux Éditions Actes Sud et le prix Renaudot poche à Serge Rezvani, pourLes Années-lumière (collection « Fugues » de Philippe Rey). »

Faut-il voir avec ce prix, un acte politique de la part du Goncourt ? Le président Philippe Claudel nuance d'entrée de jeu : « C'est un choix littéraire. Nous sommes une académie littéraire, nous jugeons de la qualité littéraire d'un texte. » En effet, le jury a reconnu dans son intégralité le ton « incantatoire » du livre. « On a affaire à un vrai roman, avec une vraie qualité littéraire, puissant », a loué Pierre Assouline. Didier Decoin abonde : « C'est écrit comme certaines de ces poésies arabes qui vous emportent. J'ai l'impression d'être dansLes Mille et Une Nuits. J'entendais une musique derrière les mots de Kamel Daoud. » Éric-Emmanuel Schmitt, enfin, a relevé le palimpseste d'écritures sous sa plume. « J'ai aimé la façon dont il a investi la langue française, en y glissant une autre culture, une autre poésie. C'est une fierté, la francophonie, que d'autres histoires, d'autres nations se glissent dans notre langue française et la changent, la font évoluer. Il y a une vraie psalmodie. »

Reste qu'il s'agit d'un livre politique qui s'inscrit dans une temporalité politique. Philippe Claudel a déploré l'interdiction de Gallimard au Salon du livre en Algérie. « Il est toujours dommageable de voir la liberté de publication, de création, d'expression restreintes dans un pays. En tout cas cela n'a pas pesé dans notre choix. » Rappelons-le ici : dans Houris, Aube, une survivante de la décennie noire (1992-2002) en Algérie, enceinte et mutilée, raconte à la petite fille qu'elle attend, le tragique récit de ces années de sang.

« Le boycott des autorités de l'Algérie est un honneur qui est fait au livre de Kamel Daoud, affirme Pierre Assouline. Ça prouve à quel point les pouvoirs politiques sont touchés. C'est un honneur fait à la littérature, ça montre que la fiction a un pouvoir. » Éric-Emmanuel Schmitt va plus loin : « Daoud ose parler de ce qu'on doit taire quand on est algérien. C'est un acte de soutien de la part du Goncourt. Chasser quelqu'un qui a une voix libre n'est pas supportable. La plupart des écrivains écrivent tranquillement dans leur chambre. Lui, ce qu'il écrit le menace. » Didier Decoin opine : « Kamel Daoud est quelqu'un qui vit dangereusement, je pense qu'il le sait. »

D'où les policiers. Un quart d'heure après l'annonce du prix, Kamel Daoud arrive dans un brouhaha de perches et de photographes. On a manqué de faire tomber un scooter. « Attention ! Attention ! » L'auteur se fraie un chemin jusqu'à Drouant grâce à une haie de sécurité. Malgré la joie et le bruit, Daoud reste égal à lui-même, marmoréen : « La France est un pays qui protège les écrivains. Aujourd'hui, il n'y a que de la joie. Je suis bouleversé. » Il a d'ailleurs publié quelques instants avant son arrivée une photo de ses parents sur X (ancien Twitter), surmontée de la légende: « C'est votre rêve, payé par vos années de vie. À mon père décédé. À ma mère encore vivante, mais qui ne se souvient plus de rien. Aucun mot n'existe pour dire le vrai merci. »

Dans la salle Goncourt, alors qu'Antoine Gallimard est avalé par la foule, Kamel Daoud parvient à la fendre pour remercier individuellement chaque juré. Il tient à réaffirmer à quel point Hourisest d'abord et surtout un roman : « Un livre de résurrection, d'espoir, de résilience. » Et d'ajouter : « Le Goncourt est un prix donné à un écrivain. Mais sachant que certains vivent de l'autre côté des murs de nos démocraties, c'est un signal fort pour tous les gens qui sont tentés par cette aventure d'écrire et publier. » Aussi à la question : est-ce un acte politique que de le récompenser, il répond : « Non, je ne suis pas politicien, ce n'est pas parce qu'un écrivain de l'Europe de l'Est des années 1970 écrit un livre qui est primé, ça veut dire qu'il est spécialiste en communisme, l'écrivain parle des privations des libertés, il n'est pas là comme politologue. »

En sacrant Daoud, le jury Goncourt renoue avec Gallimard. Les années précédentes l'éditeur avait échoué d'un cheveu, la voix double du président du jury faisant basculer le sort : en 2022, Giuliano da Empoli s'inclinait devant Brigitte Giraud (Vivre vite, Flammarion), et en 2023, c'était au tour d'Éric Reinhardt de s'avouer vaincu face à Jean-Baptiste Andrea (Veiller sur elle, L'Iconoclaste). Le dernier prix Goncourt de la maison s'appelle Hervé Le Tellier, c'était en 2020. Sur le papier cependant, Gallimard avait tout de même de très grandes chances de l'emporter. Outre la force du roman de Daoud, elle compte quatre auteurs au sein du jury et a vu, en avril dernier le retour de Françoise Chandernagor.

Du côté de Gaël Faye, le lauréat du prix Renaudot est arrivé à pied sous les vivats. « Gaël on t'aime ! » Un fan lui a même demandé un selfie. Du jamais-vu devant Drouant. À l'inverse d'un Daoud, quasi impassible, Faye était bouleversé. « C'est fabuleux. J'ai essayé de tenir à distance les prix. Ce n'était pas facile, je recevais beaucoup de textos avec des émojis « doigts croisés ». Ce matin, j'avais besoin de marcher. »

Où donc ? Au cimetière du Père-Lachaise. « Je suis allé me recueillir devant la stèle des victimes du génocide du Rwanda. »C'est d'ailleurs vers eux qu'a été sa première réaction . « Je pense à l'histoire du Rwanda et je suis content qu'elle soit exposée avec ce livre. » Et d'ajouter : « J'ai une pensée émue pour ceux qui m'ont précédé, comme Scholastique Mukasonga, une autrice rwandaise, qui nous a ouvert la voie, à notre génération, tout comme à mon pygmalion, l'écrivain qui m'a donné envie d'écrire, René Depestre, prix Renaudot 1988. » Son éditrice, Juliette Joste a renchéri : « Il y a huit ans, il était finaliste du Goncourt et obtenait le Goncourt des lycéens avecPetit pays . Cette année, il reçoit le Renaudot. Il le fera encore rayonner. C'est un prix poétique et politique. »

Une consécration pour Grasset - qui remporte son 3e prix Renaudot en dix ans - mais aussi pour son auteur de 42 ans, qui en est seulement à son deuxième roman. Le premier, Petit pays, a été un succès incroyable ; il a été traduit en 45 langues, écoulé à plus de 1 million d'exemplaires, adapté au cinéma, en pièce de théâtre et en bande dessinée. Quand il n'est pas en librairie, Faye est rappeur, compositeur, interprète. À succès aussi (il a notamment remporté la révélation scène de l'année aux Victoires de la musique 2018). Loin de la course à la publication germanopratine, Faye a ainsi pris son temps pour écrire Jacaranda. Un roman inspiré de sa propre vie et de ses liens avec le Rwanda, dans lequel il analyse la reconstruction de ce pays, traumatisé par le génocide des Tutsis en 1994. Hasard du calendrier ? L'année 2024 marque le trentième anniversaire des commémorations de ce massacre.

Dans la salle du Renaudot, on n'était pas peu fier de sacrer le jeune écrivain. « Le Renaudot a toujours encouragé les auteurs en début de carrière, rappelle Dominique Bona. Ce fut le cas avec Le Clézio, qui a obtenu le Renaudot pour son premier roman. » En parlant de ce dernier, Frédéric Beigbeder a tenu à montrer combien le jury a été sensible au livre de Faye, mais également à son oeuvre de poète et slameur. « C'est bien qu'il y ait un rappeur au Renaudot. J.M.G. Le Clézio a même un peu rappé en remettant le prix. Il portait une doudoune et des baskets New Balance, une tenue de rappeur. »

Le jury a aussi eu des mots élogieux pour le prix du Livre de Poche et de l'essai. Dominique Bona relève que cette année les jurés du Renaudot se sont distingués « en choisissant un prix du roman très jeune, avec Faye, et un prix du Livre de Poche, avecLes Années-lumière d'un auteur de 96 ans, Serge Rezvani ». Sébastien Lapaque (journaliste au Figaro littéraire) est le lauréat du prix essai. Il s'est intéressé aux secrets de la rencontre entre Bernanos et Zweig au Brésil. « C'est un auteur qu'on a l'impression de très bien connaître, parce que comme Bernanos tout est publié, mais il y a encore beaucoup de mystères ! »

L'année dernière, Jean-Baptiste Andrea remportait le prix Goncourt au terme de quatorze tours de scrutin. Pour ses débuts en tant que président, Philippe Claudel a su fédérer ses jurés dès le premier tour : « Il y a eu des années où les disputes émotionnelles et intellectuelles étaient vives, cette année, c'était plus évident. Il y a une majorité qui s'est dégagée très vite autour du livre de Kamel Daoud. »

Didier Decoin, redevenu juré après quatre ans à la tête du Goncourt, savoure cette nouvelle tranquillité: « C'est très reposant. De mes trois ans de président, je suis sorti exténué. »

La Croix, no. 43076
Culture, mercredi 20 novembre 2024 501 mots, p. 17
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20 novembre 2024 - La Croix (site web)

Au miroir des réseaux sociaux

Céline Rouden

Dans une Riviera de pacotille, une bimbo en mal d’amour maternel se rêve en influenceuse et vedette de téléréalité.

Un premier film puissant et jamais surplombant sur l’envers misérable des réseaux sociaux.

Diamant brut EE

d’Agathe Riedinger

Film français, 1 h 43

Agathe Riedinger nourrit depuis longtemps une fascination pour les émissions de téléréalité et les canons de la beauté féminine qu’elles véhiculent. Cette hypersexualisation si éloignée des combats féministes de l’époque. Elle en a fait un objet d’étude cinématographique. D’abord dans un court métrage, J’attends Jupiter, en 2018, puis dans ce premier long métrage à la force brute qui saisit sans pudeur, à la manière d’un certain cinéma social britannique, l’envers souvent déchirant de ce miroir aux alouettes. Il a valu à sa réalisatrice une entrée fracassante en compétition lors du dernier Festival de Cannes et, pour son interprète principale, Malou Khebizi, une nomination aux révélations des Césars 2025.

Elle y incarne Liane, 19 ans, sorte de bimbo de la Côte d’Azur, en mal d’amour maternel, qui se rêve en influenceuse beauté et trouve dans ses « followers » et ses « likes » un peu d’estime de soi. « C’est celui qui est désiré qui possède le pouvoir, non ? », lance-t-elle en forme de défi. Avec ses mini-shorts et ses mèches peroxydées, ses faux cils et ses faux seins, elle est prête à martyriser son corps pour répondre aux canons de beauté véhiculés par les réseaux sociaux et danse lascivement devant la caméra de son téléphone en espérant être repérée par le casting d’un show télévisé. Lorsqu’elle est contactée pour participer à « Miracle Island », une émission de téléréalité, elle est persuadée que sa vie va enfin changer.

Il n’y a aucun jugement dans le regard de la réalisatrice, au contraire. Son héroïne, dont le nom complet Liane Pougy renvoie à une célèbre cocotte de la Belle Époque, ne possède que son corps comme arme pour sortir de la misère sociale et affective dans laquelle elle se trouve. Et si elle se conforme aux diktats des réseaux sociaux, c’est avant tout parce qu’elle y voit un moyen de s’émanciper de la tutelle des hommes dont dépend sa mère pour les faire vivre, elle et sa jeune sœur. Personnage troublant, aguicheuse et pourtant vierge, déterminée mais vulnérable, elle ne cesse d’affirmer son désir d’indépendance et évite intelligemment les pièges qui lui sont tendus pour se frayer un chemin dans un monde hostile.

Dans une veine à la fois naturaliste et esthétiquement très (trop ?) soignée, aux couleurs saturées et traversée de passages oniriques, Agathe Riedinger cherche à modifier le regard sur ces jeunes femmes et à retourner le mépris de classe dont elles font l’objet. Elle le fait à sa manière, radicale et dérangeante, abordant frontalement et sans faux-semblants un sujet qui dérange.

Le Monde
Culture, mercredi 20 novembre 2024 566 mots, p. 24
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20 novembre 2024 - Le Monde (site web)

« La plupart du temps, on ne filmait pas, on observait »

Cl. F.

Mercredi 6 novembre, en début d’après-midi, quelques heures après la nouvelle de l’élection de Donald Trump, Ben Russell marmonne « Rough day », dure journée. Le cinéaste américain s’installe à la table d’un café parisien avec son coréalisateur, le Français Guillaume Cailleau.

Les deux quadras travaillent ensemble depuis une dizaine d’années et présentent leur documentaire Direct Action , une plongée en plans fixes dans la ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) – le film a obtenu le Grand Prix du Cinéma du réel en mars.

Le tournage s’est étalé sur une centaine de jours, entre 2022 et 2023. Soit quelques années après l’annonce, en 2018, de l’abandon du projet d’aéroport sur ce territoire, auquel s’étaient opposés des militants écologistes.

Comme un « after », le film capte le quotidien – redevenu calme – d’un territoire habité par des hommes et des femmes soucieux de repenser les modes de production, de prendre soin de la terre, de gagner en autonomie, etc. Une philosophie aux antipodes du programme productiviste du milliardaire républicain, qui deviendra le 47e président des Etats-Unis. « Direct Action n’est pas sans lien avec la question démocratique. La ZAD est un territoire de pensée et de refuge. Il y a cette idée d’un collectif précurseur, qui reprend le contrôle », souligne Ben Russell, cinéaste expérimental et commissaire d’exposition, qui présente également ses œuvres dans des centres d’art.

Il fallait être en empathie avec les habitants de la ZAD pour pouvoir ainsi filmer les travaux agricoles, le goûter des enfants, une séance de piercing, etc. « Avant de filmer, notre position était souvent participative. On aidait sur les chantiers, avant de décider du cadre », raconte Guillaume Cailleau, qui a coproduit le film avec sa société CaskFilms. « La plupart du temps, on ne filmait pas, on observait. A la fin on n’avait que douze heures de rushs et on en a gardé un peu plus de trois heures trente », complète Ben Russell.

Partage politique

Tourner en 16 millimètres implique de changer de bobines toutes les dix minutes. Les habitants de la ZAD décidaient d’entrer dans le champ ou pas. « A chaque fois que l’on filmait, on montrait les rushs aux zadistes. On a organisé une projection une fois le film terminé. Ils n’ont rien voulu changer », ajoute Guillaume Cailleau.

Le temps rimait avec partage politique. « En filmant ces travaux quotidiens, il y a l’idée de transmission d’un savoir-faire. Si le documentaire a des airs de film d’anticipation, c’est que les activités manuelles, sur la ZAD, sont combinées à des activités politiques », analyse Guillaume Cailleau.

Le tandem de cinéastes n’avait pas prévu que, durant le tournage, la lutte contre les mégabassines allait advenir. Cailleau et Russel ont transféré leur caméra jusqu’à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), pour filmer la marche du 25 mars 2023. Laquelle a dégénéré en bataille. « On n’a pas filmé les arrestations qui ont eu lieu après, par l’unité antiterroriste. On n’était pas là pour ramener des images », complète Russell.

Les cinéastes n’ont pas eu accès aux assemblées générales – une règle au sein de la ZAD. Au silence du film s’ajouteront les mots consignés dans un ouvrage, Direct Action (Iris Editions), de Cailleau et Russell, à paraître le 11 décembre, donnant la parole à divers membres de collectifs.

La Croix, no. 43088
Culture, mercredi 4 décembre 2024 557 mots, p. 15

Chronique languide d’une génération perdue

Céline Rouden

Très attendue, l’adaptation au cinéma du prix Goncourt 2018 séduit par son esthétique et l’interprétation de Paul Kircher sans jamais atteindre la puissance sociale et émotionnelle du roman.

Leurs enfants après eux EE

de Ludovic et Zoran Boukherma

Film français, 2 h 21

Été 1992. Deux adolescents s’ennuient dans une vallée désindustrialisée de Lorraine et végètent au bord d’une retenue d’eau. « On s’emmerde ! », clame Anthony à l’adresse de son cousin. Alors ils volent un canoë et traversent le lac pour aller à la rencontre de leur destin. En une scène, nous voilà replongés dans l’atmosphère du livre de Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018, dont le film est une adaptation fidèle. Une chronique intimiste et sociale sur quatre étés (1992, 1994, 1996, 1998) d’une jeunesse qui vit ses premières histoires d’amour et se cherche un avenir à l’ombre des hauts fourneaux désormais fermés et de parents désabusés.

À la réalisation, les frères Boukherma, réalisateurs de films de genre à l’univers décalé (Teddy, L’Année du requin), lui donnent l’ampleur et l’entêtant parfum de nostalgie qui émanaient du roman. Images en cinémascope, lumières irradiant les paysages écrasés de chaleur, couleurs saturées et bande-son des années 1990 en forment l’écrin léché. Loin de la grisaille et du naturalisme des comédies sociales à la Ken Loach. Un parti pris a priori séduisant. Tout comme son acteur principal, Paul Kircher, qui donne d’emblée le ton à son personnage avec un mélange d’innocence et de gravité propre à cet âge de la vie où tous les espoirs sont encore permis. Sa présence à l’écran, son physique singulier avec cette mèche qui dissimule un œil à moitié fermé, son phrasé si particulier en imposent. Ils lui ont valu le prix Marcello-Mastroianni du meilleur acteur débutant lors de la dernière Mostra de Venise.

On suit alors sans déplaisir ses rendez-vous manqués avec Steph (Angelina Woreth), la fille inaccessible dont il est tombé raide amoureux, sa querelle avec Hacine (Sayyid El Alami), le garçon de la cité voisine qui lui a volé une moto appartenant à son père, le divorce de ses parents et la lente dérive alcoolique d’un père, incarné par Gilles Lellouche, témoin du mal-être de toute une génération. Le contexte, de fait, n’est jamais oublié. Celui d’un bassin sidérurgique à l’agonie, de la solidarité ouvrière qui s’effrite, de la montée du racisme et du poids des déterminismes sociaux. Mais ce qui faisait toute la richesse du livre de Nicolas Mathieu est ici à peine effleuré et n’apparaît que comme l’arrière-fond des tourments romantiques de son héros.

D’où l’impression d’une adaptation sage et un peu lisse du livre. Ramenée à son intrigue principale – malgré sa durée de 2 h 21 –, elle laisse de côté toute la galerie de personnages secondaires qui en faisait le sel et donnait corps à cette France périphérique jusque-là rarement évoquée dans la littérature. Si le film, au rythme de la chronique, capte parfaitement l’atmosphère de ces étés languides, il nous laisse un peu à distance de ses héros.

Le Monde
Culture, mardi 5 novembre 2024 118 mots, p. 25

Cinéma

Première mondiale à Londres pour le retour en salle de l’ours Paddington

Sept ans après la sortie du deuxième film mettant en scène les aventures de l’ours Paddington, un nouveau long-métrage, Paddington au Pérou, réalisé par Dougal Wilson, poursuit les aventures du plantigrade. Cette fois, l’icône de la littérature enfantine britannique retourne en vacances dans son pays natal, le Pérou. La première était organisée, dimanche 3 novembre à Londres, en présence de ses acteurs vedettes, Olivia Colman, Hugh Bonneville et Antonio Banderas, avant une sortie, le 8 novembre au Royaume-Uni, puis en février 2025 en France. Les deux premiers films, sortis en 2014 et en 2017, ont été d’énormes succès au box-office. – (AFP.)

Le Monde
Culture, mardi 26 novembre 2024 80 mots, p. 19

Cinéma

« Wicked » domine le box-office nord-américain

Adaptation de la comédie musicale de Broadway, le film Wicked a pris la tête du box-office nord-américain lors de son premier week-end d’exploitation, devançant l’autre grosse sortie, Gladiator II. Le film de Jon Chu, avec Cynthia Erivo et Ariana Grande dans les rôles des sorcières Elphaba et Glinda, réalise le troisième meilleur démarrage de 2024 aux Etats-Unis et au Canada, avec 114 millions de dollars (108 millions d’euros) de recettes. – (AFP.)

Le Monde
Culture, mercredi 13 novembre 2024 644 mots, p. 24

Les autres films de la semaine A ne pas manquer

M. Dl Ma. Mt

À ne pas manquer

E.1027 Eileen Gray et la maison au bord de la mer

Documentaire suisse de Beatrice Minger et Christoph Schaub (1 h 29).

E.1027 retrace le destin de la maison moderniste conçue en 1929 par la designer Eileen Gray sur la Côte d’Azur. Enviant la liberté et le talent de la jeune femme, Le Corbusier recouvrit les murs blancs de ses peintures et laissa penser qu’il était l’architecte des lieux. Il bâtit ensuite son célèbre Cabanon en surplomb du refuge de sa rivale. Basé sur les Mémoires d’Eileen Gray, ce docu-fiction ultraléché, où la poésie se glisse dans les cadres, se laisse voir comme une hallucination. D’un côté, la maison ensoleillée, de l’autre, une scène de théâtre où se rejoue le mensonge. Entre ces deux pôles, les réalisateurs décortiquent la spoliation dont a été victime Gray, avant que son œuvre connaisse un regain d’intérêt dans les années 1970. En rendant visible la maison telle qu’elle l’avait imaginée, grâce à l’intelligence artificielle, ils réparent le préjudice et livrent un émouvant essai sur la mémoire architecturale.

À voir

Good One

Film américain d’India Donaldson (1 h 30).

Le premier long-métrage de l’Américaine India Donaldson, née en 1984, marche dans les pas du cinéma de Kelly Reichardt, son aînée de 20 ans, et, imagine-t-on, modèle en termes d’indépendance. On pense inévitablement au film Old Joy (2006), qui avait révélé cette dernière, dont les schèmes sont ici voisins. Sam (Lily Collias), 17 ans, accepte d’accompagner son père (James Le Gros, comédien familier de Reichardt) et un vieux camarade de celui-ci (Danny McCarthy), pour un week-end de randonnée dans les montagnes de Catskill, dans l’Etat de New York. Au fil de la marche affleurent failles générationnelles et impensés de genre, le petit groupe s’orientant pas à pas vers un point de non-retour. Sous la joliesse un peu surjouée d’une certaine esthétique « indé », le film se creuse de longues plages de conversation où s’affinent considérablement les portraits psychologiques. On regrette toutefois que le point de vue s’abrite sous un absolu adolescent qui aboutit à la condamnation irrévocable des adultes. A l’arrivée, l’âge devient pour chacun un essentialisme.

On peut éviter

La Vallée des fous

Film français de Xavier Beauvois (2 h 00).

Jean-Paul (Jean-Paul Rouve), veuf alcoolique, restaurateur au bord du dépôt de bilan, père irresponsable, se lance dans un pari fou : participer au Vendée Globe depuis un bateau amarré au fond du jardin, via le jeu en ligne Virtual Regata. Dans la lignée d’ Albatros (2021), où un brigadier lâchait tout pour une dangereuse escapade en mer, le nouveau film de Xavier Beauvois renchérit sur l’imaginaire de la navigation pour faire de celle-ci un levier de reconstruction, un remède à la déchéance contemporaine. Ainsi, le film ne cessera de restaurer la place symbolique du père au sein d’une famille en lambeaux, par le biais d’un pur acte de foi. Plus encore que son fond conservateur, c’est le programme balisé de la fiction résiliente qui fait la limite du film, peu aidé par une mise en scène ultra-conventionnelle (seule référence citée : l’émission « Cauchemar en cuisine »). On ne sait trop comment Beauvois sera passé du romantisme à fleur de peau des débuts (N’oublie pas que tu vas mourir, 1995) à ce régime routinier, mais on lui souhaite de redresser bientôt la barre de son œuvre.

À l’affiche également

Gladiator 2

Film américain de Ridley Scott (2 h 28).

Finalement

Film français de Claude Lelouch (2 h 08).

On aurait dû aller en Grèce

Film français de Nicolas Benamou (1 h21).

Les Ours gloutons au pôle Nord

Film d’animation tchèque de Katerina Karkhankova et Alexandra Majova (43 min).

Le Monde
Culture, mercredi 20 novembre 2024 1292 mots, p. 23
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23 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Entretien

« L’animation permet de raconter sans montrer »

Le réalisateur Michel Hazanavicius explique pourquoi il a choisi ce mode cinématographique pour évoquer la Shoah dans « La Plus Précieuse des marchandises »

propos recueillis par Jacques Mandelbaum propos recueillis par Jacques Mandelbaum

Roi du détournement – La Classe américaine (1993) OSS 117. Le Caire, nid d’espions (2006), The Artist(2011), Le Redoutable (2017) , Coupez ! (2022) –, Michel Hazanavicius ne se permet que rarement une sortie « premier degré ». Il n’en va pas autrement de son nouveau film, La Plus Précieuse des marchandises, qui en passe par la double médiation d’un texte magistral (le livre éponyme de Jean-Claude Grumberg, paru en 2019 au Seuil) et de deux genres hyperstructurants, le conte et le cinéma d’animation, afin d’évoquer le destin d’une fillette juive sauvée par des Justes durant la Shoah. Alors qu’il a signé durant l’été une tribune retentissante sur la condition juive post-7-Octobre (Le Monde du 7 août), ce film ne l’en rapproche pas moins, et comme jamais peut-être, de lui-même.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter le texte de Jean-Claude Grumberg ?

C’est le texte qui a décidé. Moi, j’étais quasiment passif. J’ai reçu des épreuves du livre, d’abord parce que Jean-Claude Grumberg est un très vieil ami de mes parents. Il me connaît depuis que je suis né. Et puis il y a eu d’emblée la proposition d’en faire un film d’animation, encore une fois à l’initiative de Jean-Claude, qui connaissait mes dessins et qui m’a recommandé au producteur Patrick Sobelman. Rien ne se serait fait toutefois si je n’avais pas adoré le texte. Le livre m’a bouleversé. Ce pas de côté qu’est le conte, cette approche profonde et délicate d’un sujet que je connaissais bien pour avoir baigné dedans enfant, je ne l’avais encore jamais vu.

L’animation n’est pourtant pas votre spécialité…

C’est vrai. L’idée initiale était de partir des dessins des personnages que j’avais réalisés et de travailler avec un coréalisateur spécialisé. J’ai essayé à deux reprises mais ça n’a pas marché. Il m’est apparu que le sujet était vraiment trop délicat, qu’il fallait que je l’assume totalement. Je me suis donc lancé dans un travail collectif avec l’équipe d’animation, ça a pris du temps pour définir une méthode, mais ça a fini par marcher.

Quelles étaient vos balises esthétiques pour l’animation proprement dite ?

Je n’en avais pas vraiment. Mes propres dessins ne se réclament pas d’ailleurs d’un univers propre, ça part un peu dans tous les sens. Le plus important, pour moi, était d’avoir une claire conscience que l’animation était le médium sans doute le plus approprié pour aborder un sujet tel que la Shoah. Parce qu’elle permet de raconter sans montrer. Le dessin ne reconstitue pas le réel, il le réinvente. Il était hors de question de faire appel à des acteurs pour jouer cette histoire. On ne peut pas montrer des millions de vies humaines arrachées, ça n’a aucun sens.

Ce débat, vif en France, sur la représentation de la Shoah, continue de diviser aujourd’hui. Où en est-il à votre sens ?

Je pense que le dogme lanzmannien sur la nécessité morale du documentaire et du témoignage autorisé demande à être dépassé. Et il l’est par la force des choses, car les survivants ne sont plus là. La question se pose différemment. Cela me semble normal que la fiction, de plus en plus, s’empare de cette question. Un gamin d’aujourd’hui est né soixante-dix ans après les camps. Aussi loin que l’affaire Dreyfus pour moi. Nous avons besoin de récits.

Ce n’est pas qu’une question de genre. C’est aussi penser que la représentation d’une abjection qui confine à la rupture anthropologique ne peut se prévaloir d’aucune lumière, d’aucun réconfort, seraient-ce ceux du conte…

On peut penser cela quelques minutes avant de se pendre, en effet. Je pense, même si c’est difficile à accepter, qu’après un tel désastre, la transmission de sa mémoire en passe nécessairement par la vie. Sans obscénité sûrement, mais avec le pas de côté qu’on se doit de faire pour être au plus juste. Et puis c’est quelque chose de très juif, je crois, que de faire triompher la vie sur la mort, c’est écrit dans les textes. La résilience et la survivance de ce peuple ne s’expliquent pas autrement. Et c’est ce que fait Grumberg sur cette histoire-là : il choisit la vie.

Roberto Benigni, l’un des premiers, avait imaginé dans « La vie est belle » (1997) un conte sur la survie d’un enfant juif, mais au cœur même d’un camp d’extermination. Est-ce votre idée de la transmission ?

Je dois vous avouer que je n’ai jamais vu ce film, au sens où je me suis abstenu de le voir. Ce que j’ai pu en lire, ce que ma famille, ce que Jean-Claude Grumberg lui-même, qui y voyait une approche « disneyenne » qui l’horrifiait, m’en disaient, m’en ont dissuadé. Je sais toutefois que beaucoup de gens l’ont adoré. J’y suis resté pour ma part étranger parce que je pressentais qu’il atteignait sans doute les limites de ce que peut la reconstitution en vues réelles sur un tel sujet.

Le conflit qui dure depuis un an au Moyen-Orient a généré une vague antisioniste et antisémite mondiale. Vous avez récemment publié à ce sujet une tribune sur le malaise diffus qui vous a saisi en tant que Français d’origine juive. Quelles réactions ce texte a-t-il suscitées ?

Des réactions plutôt très bonnes, une fois précisé que je ne suis pas dans les réseaux sociaux. De ce fait, je n’entends pas les gens qui hurlent et qui aboient. Je suis sûr que ces réactions-là existent. Les gens qui se sont manifestés, juifs et non juifs en proportion égale, ont témoigné la même compréhension. Je crois qu’ils étaient soulagés d’avoir des mots simples et une attitude de quelqu’un qui exprime quelque chose qu’il vit plutôt que de dérouler un savoir ou des anathèmes. C’était, de ma part, vraiment de la communication non violente. Le texte exprimait simplement le malaise et l’inquiétude d’être de nouveau en butte à des passions antisémites au sein de la société française, directes dans le cas des agressions, plus ou moins masquées et codées dans certains types de discours.

Pensez-vous qu’une nouvelle conscience juive soit née au lendemain du 7 octobre 2023 ?

Il est sans doute un peu tôt pour le dire. Pour ma part, il y eut comme un double choc. L’événement initial, que j’ai mis du temps à appréhender à sa juste dimension. Et puis, dans les jours qui ont suivi, et que j’ai en revanche ressenti très vite et très clairement, l’empressement de certains à relativiser la chose, à refuser de nommer les choses, à ne respecter ni les morts ni le temps du chagrin. L’image de ce nouveau négationnisme, pour moi, c’est l’expulsion de la grande manifestation féministe parisienne de ces femmes juives qui y dénonçaient les actes de torture, de viol et de profanation des cadavres perpétrés contre les victimes du 7-Octobre.

Ce cas n’est hélas pas isolé. Il y a aujourd’hui une sorte de convergence des luttes minoritaires qui excluent les juifs de leurs rangs, alors même que les juifs ont toujours témoigné beaucoup de solidarité pour ces causes. Alors, quand vous vous retournez et qu’il n’y a plus personne, c’est un grand sentiment de solitude qui vous saisit.

Le Monde
Culture, mardi 26 novembre 2024 1855 mots, p. 18
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25 novembre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Entretien

« Le service public de la culture est dans une situation critique »

Nicolas Dubourg, président démissionnaire du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles, dénonce le gel du budget prévu et les attaques des politiques contre les subventions au secteur

Propos recueillis parSandrine Blanchard Propos recueillis parSandrine Blanchard

Ala tête du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) depuis 2019, Nicolas Dubourg, directeur du Théâtre La Vignette-Université Paul-Valéry, à Montpellier, présidera sa dernière assemblée générale syndicale, lundi 25 novembre. Il vient d’annoncer sa démission « afin d’éviter tout conflit d’intérêts », alors qu’il s’est porté candidat à la direction d’un lieu culturel. Le nom de son successeur sera connu lundi 9 décembre. Première organisation d’employeurs du spectacle vivant subventionné, ce syndicat compte plus de 500 adhérents (lieux et compagnies) représentant plus de 15 000 salariés. Il s’inquiète du gel du budget du ministère de la culture et des attaques récentes portées par des politiques contre les subventions au secteur culturel.

Dans le projet de loi de finances pour 2025, le budget de la culture a été préservé et devrait être reconduit au même niveau que celui de 2024. Est-ce finalement une bonne nouvelle ?

Un budget de statu quo signifie que nous n’aurons pas la revalorisation de 100 millions d’euros que nous avions demandée pour le service public de la culture. Par ailleurs, nous risquons de subir de nombreuses coupes de la part des conseils régionaux, conseils départementaux, métropoles, villes, à qui l’Etat retire 5 milliards d’euros dans le PLF 2025. Or, 70 % des financements de la culture sont issus de ces collectivités territoriales. Donc, non, ce n’est pas une bonne nouvelle.

Sous prétexte que la dette a explosé et que le déficit n’est plus maîtrisé, le budget global 2025 va accélérer le démantèlement des services publics. Tout se passe comme si on avait laissé une situation économique déraper pour justifier des choix politiques qui auraient été proprement insupportables auparavant.

Comment qualifieriez-vous la situation actuelle du service public de la culture ?

Nous sommes dans une situation extrêmement critique. S’il ne se passe rien, si les projets de budget ne sont pas amendés, on peut s’attendre à ce que, en 2025, des artistes cessent leur activité, des personnels permanents d’institutions publiques soient licenciés et que le nombre de créations et de représentations proposées au public accuse une baisse drastique.

En Pays de la Loire, en réponse à ceux qui s’inquiètent d’une baisse du budget de la culture, la présidente de région, Christelle Morançais, a répondu sur X : « Quelle est la pérennité d’un système qui, pour exister, est à ce point dépendant de l’argent public ? N’est-ce pas la preuve que notre modèle culturel doit d’urgence se réinventer ? » Serait-on à un moment de bascule sur l’engagement des collectivités locales ?

Elle fait tomber le masque. Quand les débats sont simplifiés à outrance de manière ultradémagogique, comme ça a été le cas lors de la campagne présidentielle américaine, et qu’en plus ils sont relayés par certains médias, il est facile aujourd’hui de créer des cibles. Si on interrogeait les Français, ils seraient certainement très peu nombreux à demander le démantèlement des services publics. Quand on dit que ça coûte trop cher, qu’est-ce que ça veut dire ? Que ceux qui paient des impôts, par exemple, ne souhaitent plus contribuer à l’intérêt général ? On renvoie alors à la question du marché : ceux qui veulent accéder aux services de santé, à l’école ou à la culture n’ont qu’à se le payer. Seulement, quand vous allez au théâtre dans des pays où il n’y a pas de service public de la culture, la place ne coûte pas entre 10 et 20 euros, mais entre 80 et 150 euros.

La présidente de la région Pays de la Loire considère que la culture subventionnée serait « le monopole intouchable d’associations très politisées qui vivent d’argent public ». Selon elle, vous êtes tous des « militants » de gauche…

Il faudrait rappeler à cette présidente de régionqu’il y a, en France, la loi relative à la liberté de création, qui prévoit notamment la liberté de programmation et de diffusion. On a réussi à créer en France un système qui libère les artistes non seulement des influences politiques, mais aussi des influences du marché, et protège la liberté d’expression. Par exemple, dans le spectacle vivant, les financements croisés permettent qu’un artiste ou un théâtre ne soit pas soumis uniquement à l’influence d’un maire ou d’un ministre. En France, on a un cinéma indépendant, un théâtre de création indépendant, etc. La question n’est pas de savoir si les artistes sont d’accord ou pas avec elle. La question est de savoir si elle est contente de vivre dans un pays où les citoyens ont une liberté d’expression, ou pas. C’est tout.

La culture a peu de poids dans le débat politique, elle n’est jamais un sujet de campagne…

On a actuellement une attaque ciblée. Tous ceux qui considèrent que la liberté d’expression dont on jouit alimente une idéologie qui leur est défavorable s’intéressent de très près à la culture. L’extrême droite et la droite libérale ont parfaitement compris qu’on était dans une guerre culturelle. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est que la droite républicaine, la gauche démocrate ou la gauche radicale et écologiste ne disent rien sur le sujet. Des ultralibéraux commela présidente de région des Pays de la Loire, il y en a toujours eu en France. Ce qui est troublant, c’est qu’elle n’est pas spécialement contestée par les siens. La droite républicaine qui défend un modèle français de service public ne se fait pas entendre pour remettre en cause ce qu’elle dit.

Le débat culturel est d’abord un débat sur le vocabulaire. Il y a des mots qui ont été volés, instrumentalisés par nos adversaires. Par exemple, la démocratisation. Auparavant, cela avait un sens très social, c’était donner accès à la culture à des personnes dont le capital économique était faible et dont les barrières symboliques et sociales étaient importantes. Aujourd’hui, la démocratisation à la manière d’un Laurent Wauquiez [président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes] correspond, en gros, à donner la priorité à une culture gauloise, traditionaliste, populiste. La démocratisation est un mot qui est devenu très ambigu lorsque des ministres ou des maires vous disent : « Votre salle est élitiste » ou « Ce n’est pas assez populaire, pas assez mainstream ce que vous proposez. »

Mais n’y a-t-il pas une part d’échec depuis quarante ans dans la démocratisation ? En juin, dans une tribune dans « Libération », Ariane Mnouchkine écrivait à propos du monde culturel subventionné : « Une partie de nos concitoyens en ont marre de nous : marre de notre impuissance, de nos peurs, de notre narcissisme, de notre sectarisme, de nos dénis. (…) Nous, gens de gauche, nous, gens de culture, on a lâché le peuple. »

Comment Ariane Mnouchkine peut-elle s’arroger le droit de dire « Nous, les artistes de gauche » ? Pour fréquenter de très nombreux artistes, je peux vous affirmer que les nuances politiques dans notre secteur sont très importantes. Qui que ce soit, y compris Ariane Mnouchkine, ne fait pas la synthèse idéologique de notre secteur. Chaque jour, des compagnies et des artistes travaillent dans des quartiers populaires, en zone rurale, en prison, ou auprès de personnes en situation de détresse psychiatrique. Que réclament-ils ? Des moyens. Nous n’avons pas failli, nous sommes prêts à en faire mille fois plus, mais, quand on propose des ateliers à l’école, à l’université, des interventions à l’hôpital ou en prison, les portes se ferment parce qu’on nous répond qu’il n’y a plus de budget.

On vit dans un pays où il y a dix mille personnes qui pensent que Paris est le centre du monde. C’est ça le problème aujourd’hui. A voir le monde avec des mauvaises lunettes, on a du mal à l’observer. Il n’y a pas que le Festival d’automne à Paris et le Festival d’Avignon l’été. Ailleurs, la démocratisation est à l’œuvre. Des gens très variés, des jeunes, dont les parents n’ont pas fait des études supérieures, et ne sont peut-être jamais venus au théâtre, composent le public. Mais l’essentiel des financements publics pour la culture est concentré sur Paris. A un niveau délirant. Quatre théâtres nationaux sur cinq sont à Paris, l’essentiel des centres dramatiques nationaux et des scènes nationales est concentré dans la banlieue parisienne, et une majorité des compagnies et des moyens de création sont en Ile-de-France.

Le spectacle vivant représente à peine 1 % des réservations sur le Pass culture. Rachida Dati souhaite réformer la part individuelle du Pass et propose, notamment, de réserver une partie de la somme attribuée aux jeunes au spectacle vivant. Cela vous satisfait-il ?

La part individuelle du Pass culture ne relève pas d’une politique culturelle mais d’une politique économique, à travers laquelle l’Etat, par, pourrait-on dire, une distorsion de marché, soutient des entreprises à but lucratif. Quand on fait une politique qui finance la demande plutôt que de financer l’offre, il ne faut pas s’étonner que ceux qui vont avoir la capacité de communiquer, de faire de la publicité de manière massive, ce n’est pas le secteur public, mais privé. L’an dernier, nous avons collecté des données pour voir combien de billets avaient été vendus dans le réseau public par le biais du Pass : l’équivalent de moins de 20 000 euros sur l’ensemble de la France. C’est ridicule.

Ce qui nous permettrait d’avoir plus de jeunes dans nos salles, ce n’est pas le Pass culture. Ce serait d’avoir des médiateurs, un travail de relais avec des associations, des programmes de pratiques artistiques, bref, du personnel et des compétences, mais certainement pas une application de géolocalisation.

Donc, selon vous, ce projet de réforme ne changera rien ?

Depuis le début, nous demandons l’abrogation de ce dispositif. Plutôt que de mettre un quota de 15 % ou 20 % pour le spectacle vivant, nous préférerions que soit annoncée une diminution de la part individuelle pour refinancer les lieux. Le Pass culture coûte 250 millions d’euros par an. Prenons 100 millions sur cette enveloppe et utilisons-les pour financer le secteur que la ministre appelle à fréquenter. La Cour des comptes, le Sénat, tout le monde critique le Pass culture. La seule raison pour laquelle il va encore vivre quelque temps en étant amendé à la marge pour limiter les dégâts, c’est parce qu’il s’agit d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2017. Pour créer ce dispositif, le ministère a été capable de récupérer 250 millions d’euros. Alors prenons cet argent pour faire de vraies politiques publiques de la culture, pour refinancer enfin un secteur qui ne l’a pas été depuis vingt ans et remettre tout le monde à flot. Le Pass n’est pas la bonne politique, mais c’est le bon budget.

Le Monde
Culture, mercredi 13 novembre 2024 714 mots, p. 24
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13 novembre 2024 - Le Monde (site web)

Se souvenir d’une ville pppv A ne pas manquer

Revisiter des archives vidéo du siège de Sarajevo

Jean-Gabriel Périot retrouve les auteurs des images tournées lors du blocus

Clarisse Fabre

Un appartement en étage élevé, à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine. Devant la fenêtre, un groupe de jeunes, hors-champ, commente les tirs qui s’abattent sur l’immeuble d’en face. L’un d’eux tient la caméra et enregistre tout. « Ne reste pas dans le cadre » , lui dit un ami, alors que les bombardements s’intensifient. Ces images ont été filmées au printemps 1992, par Nedim Alikadic, alors que les Sarajéviens découvraient, atterrés, la situation : leur ville était pilonnée par les Serbes et ils ne pouvaient plus en sortir (du moins dans un premier temps). Le siège allait durer quatre ans (jusqu’au 29 février 1996).

Cette vidéo fait partie des documents exhumés par Jean-Gabriel Périot dans son nouveau long-métrage. Se souvenir d’une ville réactive la mémoire du siège de Sarajevo , avec des films tournés à l’époque par des amateurs ou des étudiants en cinéma. Né en 1974, le documentariste a l’art de revisiter les archives et de les éclairer d’un jour nouveau. Son œuvre prolifique embrasse des luttes politiques – L’Art délicat de la matraque(2009), The Devil (2012), Une jeunesse allemande (2015), Nos défaites (2019) –, mais aussi sociales, intimes, tel Retour à Reims (Fragments),(2021), César du meilleur documentaire.

Voyage dans le temps

Scindé en deux actes, Se souvenir d’une villen’a pas peur de dérouter, avant d’installer un dispositif millimétré. La force du film est sa grande originalité et sa rigueur documentaire. La première partie livre sans commentaire des archives tournées pendant le blocus : des reportages pour la télé ou l’armée, louant le courage de ces jeunes Bosniens qui s’étaient improvisés soldats ; un journal de bord, tenu par le fils d’un chirurgien, qui donnait un coup de main à l’hôpital et s’était retrouvé à emballer une jambe amputée dans un sac ; mais aussi des vidéos festives lors d’une projection improvisée… Rappelons que le Festival du film de Sarajevo est né en 1995, comme un geste de survie, après plusieurs éditions sauvages.

Dans la deuxième partie, Périot s’entretient successivement avec les filmeurs (cinq au total) à Sarajevo : les rencontres ont lieu dans un quartier choisi par chacun d’entre eux – notamment à Dobrinja, très touché par la guerre. Puis chaque auteur, tour à tour, redécouvre ses propres archives sur une tablette. La caméra va jusqu’à capter le reflet du visage de Nedim Alikadic sur l’écran, tandis que le quinquagénaire visionne ses vidéos d’adolescent.

Plus qu’une séquence émotion, ce geste cinématographique lance le voyage dans le temps. Comment décidait-on de se battre contre l’agresseur, même si l’on n’avait pas l’étoffe d’un héros ? Certains avaient préféré tenir la caméra pour ne pas avoir à manipuler les armes. L’un des caméramans a créé une chaîne YouTube (« Dobrinja en temps de guerre ») pour que « les jeunes générations voient que la guerre n’apporte rien de bon ».

Les discussions, passionnantes, ne sont pas sans faire écho aux conflits en cours (Ukraine, Gaza…). Nedim Alikadic, devenu réalisateur, a gardé ce regard pétillant et désabusé. « On était convaincus que ça ne durerait pas. Que les puissances étrangères réagiraient »,dit-il. Une force de protection de l’ONU fut certes déployée, une aide humanitaire fut acheminée par un tunnel creusé sous la piste de l’aéroport, mais il fallut attendre l’été 1995 pour que la communauté internationale intervienne.

L’amertume est encore palpable : Dino Mustafic, autre filmeur, aujourd’hui directeur du Théâtre national de Sarajevo, dénonce cette Europe qui « palabrait à des kilomètres de distance ».Il est filmé sur la terrasse du théâtre, où « tout autour, ce n’était que des lignes de front ». A l’époque, il avait tourné un reportage très sombre sur les morts aux abords de la piste de l’aéroport. « Je voulais dire que [l’Europe] était responsable de ça et qu’un jour ou l’autre le fascisme viendrait frapper à sa porte. J’ai bien peur qu’en ce moment même mes propos d’il y a trente ans se confirment », ajoute-t-il.

La Croix, no. 43070
Culture, mercredi 13 novembre 2024 666 mots, p. 24
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13 novembre 2024 - La Croix (site web)

« Les Corses ont envie de se réapproprier leurs histoires »

Recueilli par Stéphane Dreyfus

Julien Colonna

Réalisateur

Avec Le Royaume , coécrit avec Jeanne Herry (1), Julien Colonna livre une œuvre intime et sensorielle sur l’amour filial entre un parrain corse et sa fille.

Le Royaume raconte l’émouvante relation entre un père et sa fille, que vient percuter une guerre de clans. Votre film a-t-il une dimension autobiographique, votre père, Jean-Jérôme Colonna, ayant été le parrain présumé de la Corse-du-Sud ?

Julien Colonna : J’ai puisé dans un contexte qui m’était connu pour retracer le récit le plus réaliste. La relation filiale est proche de celle que j’ai vécue. Mais ça s’arrête là. Toute l’intrigue de ce qui se passe en arrière-plan, l’intrigue criminelle, c’est de la pure fiction.

Le film traduit bien ce trait propre à l’enfance, tout comprendre à travers les sensations, sans forcément s’expliquer les choses. Aviez-vous envie de développer l’idée de l’inné et de l’acquis ?

J. C.: C’est l’une des grands thématiques du film. Durant la première partie du film, Lesia, appelée auprès de son père et de ses proches, écoute et observe ce cénacle d’hommes. Elle est dans un rapport sensoriel à son environnement. La chaleur, étouffante, est le symbole de la chape de plomb qui pèse sur ces âmes.

Comme dans les films de Jeanne Herry, qui a écrit avec vous le scénario, il y a beaucoup de jeux de regard silencieux…

J. C.:Nous partageons un amour commun pour la description la plus juste possible des relations humaines. À chaque scène, je me demande comment enlever le plus de dialogue possible. Moins ils parlent, mieux c’est. Pour moi, la dramaturgie passe avant tout par l’action. Cela permet de donner plus de force au verbe.

Comme « À son image », de Thierry de Peretti, chronique d’une génération perdue dans le combat nationaliste, « Le Royaume » est une tragédie peuplée de personnages dont les sentiments sont exacerbés. Est-ce une image qui correspond à la réalité corse ?

J. C.: La Corse ne peut pas être résumée à ces drames, fort heureusement ! Mais tout le monde y connaît quelqu’un de très proche endeuillé par des morts violentes. Les hommes que je mets en scène sont des pénitents de leur propre vie, comme des morts en sursis. Si le fatalisme a été inventé quelque part, c’était peut-être en Corse. « E cusi sia » (« ainsi soit-il ») est une expression très courante.

Est-ce qu’à travers ce film vous cherchez à rompre avec le cycle de la violence ?

J. C.: Avec Jeanne Herry, nous avons voulu faire un anti-film de voyous, sortir de ce côté fantasmé, héroïsé, sacralisé de cette figure, montrer qu’ils vivent comme des bêtes sauvages alternant entre la chasse et la cache. Mais je n’ai pas voulu faire un film moralisateur. Ce sont les nuances de gris qui m’intéressent.

Assiste-t-on à l’émergence d’un cinéma corse ?

J. C.: Je ne crois pas au hasard. Il y a un an, nous étions trois réalisateurs insulaires à tourner en Corse-du-Sud en même temps : Thierry de Peretti pour À son image, Frédéric Farucci pour Le Mohican(en salles le 12 février 2025) et moi-même. Sans compter Pierre Leccia, qui tournait pour Canal+, la série Plaine orientale. La Corse-du-Sud, c’est Hollywood !

La Corse est une nation de conteurs. L’oralité est très importante chez nous. Être des passeurs d’histoires fait aussi partie de notre grande histoire car nous avons été pétris de nombreuses cultures au cours des siècles. Or, nos histoires ont été beaucoup racontées avant nous par des continentaux. Les années 1960 et 1970 ont vu l’émergence du riacquistu, la « réappropriation » de notre identité, de notre langue et de notre culture. Peut-être assiste-t-on à une sorte de riacquistu cinématographique pour raconter nos histoires et la Corse dans toute sa complexité.

(1) Pupille (2018) ; Je verrai toujours vos visages(2023).

Le Figaro, no. 24894
Le Figaro et vous, vendredi 6 septembre 2024 434 mots, p. 31

Culture

LE DÉBARQUEMENT DE HOLLYWOOD

Jamet, Constance

La plage de Deauville s'apprête à vivre un nouveau débarquement : Natalie Portman, Michelle Williams, Michael Douglas ou encore Francis Ford Coppola sont attendus pour la 50e édition du Festival du cinéma américain. Un joyeux contraste par rapport au tapis rouge de l'an passé, presque désert, en raison de la grève des scénaristes et des acteurs. « Cinquante ans, c'est presque la moitié de l'histoire du septième art. Notre manifestation a su évoluer avec tous les changements du cinéma américain. Cela se célèbre » , dit la directrice Aude Hesbert.

Symbole de cette continuité, Michael Douglas, qui a rencontré son épouse, Catherine Zeta-Jones, à Deauville, y reviendra une cinquième fois en tant qu'invité d'honneur de la cérémonie d'ouverture. Pour son demi-siècle, Deauville organise une rétrospective de 50 films américains ayant changé le regard sur le monde et le cinéma de 1916 (Intolérance) à 2019 (Once Upon a Time... In Hollywood). Le festival remettra un prix spécial « nouvelle génération » à Malia Obama. La fille de l'ex-président des États-Unis présentera son court-métrage, sélectionné à Sundance, The Heart. « Malia représente la confiance en l'avenir et la créativité, valeurs qui nous sont chères » , note Aude Hesbert.

Michelle Williams (The Fabelmans, Brokeback Mountain) et Natalie Portman (Black Swan) se verront décerner un Talent Award et des cabines de plage à leur nom. Remarqués sur la Croisette, Mikey Madison (révélation d' Anora,de Sean Baker) et Sebastian Stan (le jeune Donald Trump de The Apprentice) recevront les prix du Nouvel Hollywood. Tout comme Daisy Ridley, le nouveau visage de Star Wars, tandis que le vétéran Coppola défendra son clivant Megalopolis. « Une des joies d'un festival est de se disputer sur le cinéma » , plaide Aude Hesbert.

Dénicher les talents de demain

Côté compétition, cette édition reste fidèle à l'ADN des deux dernières décennies : pleins feux sur le cinéma indépendant et sa vitalité pour dénicher les talents de demain comme James Gray qui donnera une masterclass. Sur les 14 longs-métrages en lice que visionnera le jury de Benoît Magimel, 8 sont des premiers films. Se détachent les thématiques de la jeunesse, de la transmission et de la violence aux États-Unis. We Grown Now suit l'amitié de deux garçons qui ont grandi dans une cité. Color Book dresse le portrait d'un père et de son fils trisomique. Daddio avec Sean Penn et Dakota Johnson dépeint les conversations d'un chauffeur de taxi et de sa passagère. Sing Sing raconte les ambitions théâtrales d'un groupe de détenus d'un pénitencier de haute sécurité. La performance de Colman Domingo fait déjà le buzz alors que la course aux Oscars commence à peine. C. J.

Le Monde
Culture, mardi 17 septembre 2024 647 mots, p. 22
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16 septembre 2024 - Le Monde (site web)

Au Festival de la fiction, les diffuseurs restent dans leur couloir

Le palmarès et les annonces de la manifestation rochelaise témoignent de la stabilité des lignes éditoriales des chaînes et des plates-formes

T. S.

L’emploi du terme « fiction » dans la raison sociale de la manifestation trahit sa vocation. Il ne s’agit pas, à La Rochelle, de fédérer toutes les formes de l’imagination, du cinéma à la littérature, mais de réunir les professionnels de l’audiovisuel français qui se consacrent aux séries et à ce que l’on appelle téléfilm ou unitaire, et que l’on réunit, dans l’organigramme des diffuseurs d’audiovisuel, sous cette dénomination.

Ce qui n’empêche pas le Festival de la fiction, dont la 26e édition a eu lieu du 10 au 15 septembre, de déplacer le public, qui afflue dans les salles de cinéma de la ville pour voir les épisodes et longs-métrages que chaînes et plates-formes programmeront sur de plus petits écrans dans les mois à venir.

Cette circulation entre cinéma et télévision – même si le terme est chaque jour un peu plus obsolète – est devenue la règle. Lauréat du Prix de la réalisation pour son film Je ne me laisserai plus faire, bientôt diffusé par Arte, Gustave Kervern a reconnu, lors de la cérémonie de remise des prix : « Je viens du 7e art, je croyais que la télévision était le 32e, après la pyrogravure. »

Je ne me laisserai plus faire, conte cruel et burlesque qui accompagne la virée vengeresse d’une retraitée et d’une aide de vie, mollement pourchassées par un duo de policiers névrotiques, affiche une distribution (Yolande Moreau, Laure Calamy, Raphaël Quenard, Anna Mouglalis) qu’envieraient bien des producteurs de cinéma.

Productions en costume

Toujours pour Arte, le cinéaste Philippe Faucon a réalisé la minisérie Nismet, sans dévier de la manière singulière qui a toujours été la sienne. Nismeta été distinguée par le jury, présidé par le comédien Thierry Godard (Engrenages, Germinal) dans la catégorie 52 minutes.

Ce qui ne veut pas dire que les économies du cinéma et de l’audiovisuel se confondent. Il suffisait d’assister aux présentations des productions à venir d’Arte, de France Télévisions et de Netflix pour mesurer à quel point la production de fictions destinées aux petits écrans est balisée par les politiques éditoriales des diffuseurs.

La chaîne (et plate-forme) franco-allemande a annoncé le début du tournage de la nouvelle série d’Hagai Levi, le créateur de BeTipul et de sa version française, En thérapie. Inspiré du journal d’Etty Hillesum (1914-1943), l’écrivaine et penseuse juive néerlandaise, assassinée à Auschwitz, Etty sera tournée entre Amsterdam et Berlin. En chantier également sous la bannière d’Arte, une minisérie relatant l’affaire des avions renifleurs qui agita le septennat de Valéry Giscard d’Estaing (1926-2020).

France Télévisions, qui présentait, entre autres, à La Rochelle, deux productions en costume, la série Fortune de France (qui a valu le Prix d’interprétation masculine à Nicolas Duvauchelle et Guillaume Gouix) et Olympe, une femme dans la Révolution, avec Julie Gayet, a montré les premières images de La Rebelle, série consacrée à George Sand, avec Nine d’Urso dans le rôle de la romancière.

De son côté, forte du succès planétaire (100 millions de visionnages) du long-métrage de Xavier Gens Sous la Seine et de Furies (série d’action avec Marina Foïs), la plate-forme au N écarlate a présenté, entre autres projets, GIGN, série de Julien Leclercq, et Super Mâle (adaptation de la série espagnole Machos alfa) présentée comme «Le Cœur des hommes [Marc Esposito, 2003] à l’ère Metoo », par Clémentine Gayet, chargée des séries françaises chez Netflix.

Cette stabilité dans les lignes éditoriales ne masque pas les incertitudes. Elles pèsent aussi bien sur le sort du service public de l’audiovisuel français, tributaire de la nouvelle donne politique, que sur celui des plates-formes dont l’économie reste en mutation permanente.

Le Monde
Culture, lundi 16 septembre 2024 968 mots, p. 29
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13 septembre 2024 - Le Monde (site web)
14 septembre 2024 - La Matinale du Monde

Cinéma

La question raciale au cœur du Festival de Deauville

Cinq films suivent des personnages afro-américains dans leur intimité, dont l’envoûtant « The Knife »

Murielle Joudet

Deauville (Calvados) - Bien avant qu’elle ait commencé, la 50e édition du Festival du cinéma américain de Deauville a fait parler d’elle : à la suite de l’éviction de son directeur Bruno Barde, pour des faits présumés de harcèlement sexuel, les rênes du festival ont été confiées à sa proche collaboratrice Aude Hesbert, qui a dû essuyer une succession de polémiques faisant suite au remaniement de son jury.

Dans les salles aussi, se tramait une passation de pouvoir, nette et éloquente, entre deux moments du cinéma américain : son histoire – fière, conquérante, majoritairement masculine et blanche. Et un présent travaillé jusqu’à l’obsession par la question de la représentation de ses minorités et bien décidé à tordre le bâton dans l’autre sens.

Au cinéma Morny, on pouvait traverser à toute allure l’histoire du cinéma américain en cinquante films emblématiques : s’y côtoyaient aussi bien Rambo (Ted Kotcheff, 1982), qu’ Intolérance (1916), de D. W. Griffith, Do the Right Thing (Spike Lee, 1989) faisant face à Autant en emporte le vent (1939, Victor Fleming). A côté, c’était une rétrospective intégrale James Gray, venu donner une master class et inaugurer, comme le veut la tradition, sa cabine de plage.

Histoire et présent

Dans ce petit monde juif new-yorkais que le cinéaste n’a cessé d’arpenter, son dernier film en date, Armageddon Time (2022), voyait éclore le surgissement d’une altérité pure, d’un renversement de perspective : soudainement, le microcosme grayien se voyait observé depuis la rive de la condition noire. Le racisme institutionnel s’infiltrait jusqu’à détruire une amitié enfantine. Armageddon Time, c’est un peu l’œuvre pivot, le pont qui reliait les deux pans de cette programmation, l’histoire et le présent, qui, lui, se jouait en compétition officielle.

Sur quatorze films indépendants, cinq d’entre eux se donnaient un programme commun : celui de suivre des personnages afro-américains qui ne sont plus appréhendés comme altérité par un « regard blanc », mais saisis pour eux-mêmes, au cœur de leur intimité. A un même exercice, plusieurs réponses allant de la naïveté au plus parfait pessimisme.

Dans Color Book, le réalisateur David Fortune filme une histoire follement simple : celle d’un père de famille noir, fraîchement veuf, qui s’occupe seul de son petit garçon atteint de trisomie 21. Entre difficultés du quotidien et épiphanie paternelle, le film court le long d’un enjeu ténu : une traversée de la ville d’Atlanta afin que le fiston assiste à son premier match de base-ball. Ici, le handicap relègue au second plan la question de la race, mais tout est baigné dans une lumière de bienveillance et de difficultés surmontables. Saisi dans un noir et blanc cotonneux, presque somnolent, le film tombe dans un écueil : croire qu’aimer ses personnages consiste à les rendre exemplaires, angéliques – bientôt mièvres.

Anges sans saveur

C’est une même limite qu’on retrouve dans We Grown Now, de la réalisatrice Minhal Baig, faisant écho à Armageddon Time : soit l’amitié indéfectible entre deux gosses afro-américains, jusqu’à ce que la violence policière les extirpe brutalement de leur innocence ; les voilà conscients de leur couleur de peau et de leur place dans le monde. Seule face à un dehors dépeint comme menaçant, la cellule familiale est montrée comme résiliente, combative, héroïque – de nouveau, l’absence de négativité condamne les personnages à la fadeur. Sur l’écran, les anges sont sans saveur.

Sing Sing, de Greg Kwedar, offrait la troublante impression d’une suite à We Grown Now: comme si les deux gosses avaient grandi et se retrouvaient en prison. Le film ne sort que très rarement d’un atelier théâtre organisé pour les détenus. Là, un dramaturge accusé d’un crime qu’il n’a pas commis se rapproche d’un turbulent caïd qui se laissera bientôt contaminer par le virus des planches. On est dans le plus parfait « hollywoodisme », avec son happy end, ses airs de fable, sa vocation réparatrice. Malgré les grosses ficelles scénaristiques, la recette fonctionne, notamment grâce à son casting.

Et puis, il y a un film qui n’avait envie de ne rien réparer. The Knife, de Nnamdi Asomugha, se passe le temps d’une nuit, au sein du foyer aimant que s’est bâti Chris, ouvrier du bâtiment. Il a une femme, deux filles, une maison qu’il a bientôt fini de retaper. Une nuit, alors qu’il s’apprête à trouver le sommeil, un bruit se fait entendre : une inconnue s’est infiltrée dans la cuisine, Chris descend voir. Sans qu’on comprenne ce qu’il s’est passé, la femme finit à terre, grièvement blessée. Chris appelle la police.

Récit d’une famille noire

Toute la nuit, la famille sera travaillée au corps par une détective qui tentera de reconstituer les événements : y a-t-il eu légitime défense ou usage disproportionné de la force ? Chris est-il victime ou coupable ? Seulement voilà, la situation s’alourdit d’une chose qui n’est pas nommée mais brûle l’écran : Chris et les siens sont noirs, la femme blessée est blanche, tout comme les policiers et la détective.

Si bien que, par-dessus la scène officielle, se joue un tout autre récit : celui d’une famille qui, bien que respectable et embourgeoisée, est très vite rappelée à son identité raciale – la voilà ontologiquement suspecte.

Sous tension permanente, débordant sans cesse son programme idéologique, The Knife se distingue par une manière d’en appeler à l’intelligence de son spectateur, jouant avec lui, et ne semblant pas effrayé à l’idée de « finir mal » : aucune réparation ici, seulement un tragique politique. Dans cette marée de happy ends, le pessimisme de The Knife avait des allures d’antidote.

Le Figaro, no. 24910
Le Figaro et vous, mercredi 25 septembre 2024 1881 mots, p. 30

Culture

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24 septembre 2024 - Le Figaro (site web)

FRANCIS FORD COPPOLA : « TOUS MES FILMS SONT DES AUTOPORTRAITS »

À 85 ANS, LE RÉALISATEUR DU « PARRAIN » ET D' « APOCALYPSE NOW » REVIENT AVEC « MEGALOPOLIS » , UNE FRESQUE QUI TRANSPOSE UNE ÉPOPÉE ROMAINE DANS UNE AMÉRIQUE MODERNE. RENCONTRE AVEC UN CINÉASTE COMBATIF.

Sorin, Etienne

Le retour à Cannes en mai dernier de Francis Ford Coppola ne pouvait pas passer inaperçu. Son Megalopolis a divisé la critique. La controverse semble avoir rendu le double palmé d'or - Conversation secrète, en 1974, et Apocalypse Now, en 1979 - encore plus combatif. Mais c'est un Coppola serein et généreux que l'on rencontre à Paris mi-septembre. À 85 ans, le cinéaste américain garde une foi intacte dans le cinéma.

LE FIGARO. - Vous avez commencé à songer à Megalopolis il y a quarante ans...

Francis Ford COPPOLA. - Ce n'est pas tout à fait vrai. Il y a quarante ans, j'avais tourné une poignée de films, et chacun était dans un style différent. Le Parrain était très classique, Apocalypse Now, sauvage et surréel, Coup de coeur,très théâtral... Je me demandais si j'avais un style propre et quel pouvait-il être. J'avais fait mes débuts au théâtre avant de devenir réalisateur, la technologie m'intéressait. J'avais un pied dans le passé, un pied dans le futur. J'étais une personne hybride. J'ai commencé à noter des idées, inspirées de mes lectures. J'ai fini par me dire que je voulais tourner une épopée romaine. Un genre emblématique du cinéma muet, avant Quo Vadisou Spartacus, de Stanley Kubrick - j'aime d'ailleurs tous les films de Kubrick. Et je suis arrivé à la conclusion que l'Amérique devait beaucoup à la République romaine. Nous n'avons pas de roi, mais nous avons un Sénat. D'un point de vue architectural, Washington ou New York ressemblent à Rome. J'ai donc décidé de transposer une épopée romaine dans une Amérique moderne. On m'a dit : « Qui aura envie d'aller voir ça ? » Mes films sont une façon de mettre en scène le futur. Aujourd'hui, nous voyons que la République en Amérique est menacée, comme elle l'était il y a deux mille ans à Rome... À la première vision de Megalopolis, les gens se demandent ce qu'ils ont vu. Je conseille de le voir une seconde fois. C'était la même chose avec Apocalypse Now.

Comment l'expliquez-vous ? Par la profusion d'images, de personnages et d'intrigues ?

Oui, normalement un film met en scène deux ou trois personnages faciles à suivre. Dans une épopée romaine, tout est plus complexe. Même s'il y a au départ deux camps clairement identifiés. D'un côté Cicéron, le père conservateur, de l'autre, Catilina, l'architecte visionnaire. Au milieu, une femme qui les aime tous les deux. Mais il y a plein d'autres personnages et tous sont projetés dans un univers, qui ne ressemble à rien de connu. C'est pourquoi à la fin de la séance, vous pouvez vous demander : « Qu'est-ce que je viens de voir ? »

Catilina évoque Tucker, l'ingénieur automobile auquel vous avez consacré un film en 1988, Tucker : l'homme et son rêve. Deux utopistes ?

Oui, on peut faire le lien. J'ai toujours été intéressé par la figure de l'artiste plongeant dans l'inconnu. Il affirme par là sa liberté. Et c'est dans l'inconnu que se trouvent les solutions.

Megalopolis est-il un autoportrait ?

Tous mes films le sont. Quand j'ai fait Le Parrain, j'étais jeune, j'étais père de deux enfants, avec un troisième à venir. Je n'avais ni argent ni pouvoir. Je suis devenu très machiavélique et je me suis identifié à Michael Corleone. Quand j'ai fait Apocalypse Now, entouré d'hélicoptères tournoyant au-dessus de ma tête, je me reconnaissais dans Kurtz. J'étais en pleine crise mégalomaniaque... Chacun de mes films traite d'une certaine façon de choses qui me sont arrivées. Ainsi, je me suis rendu compte qu'Adam Driver se servait de moi pour jouer Catalina dans Megalopolis. Il ne cessait de me poser des questions sur moi et sur ma vision d'un monde fini, à la croissance limitée. De façon tragique ou heureuse, je suis tous les personnages de mes films.

Adam Driver est-il très différent des acteurs du Nouvel Hollywood avec lesquels vous avez travaillé ?

Il y a deux catégories d'acteurs. Certains ont beaucoup de talent et s'appuient sur ce talent inné. Comme James Caan ou Robert Duvall, qui ne tournait jamais plus de deux prises. Je l'ai supplié d'en faire une troisième dans la scène du Parrain où il apprend à Brando la mort de son fils. Warren Beatty, lui, est surtout très intelligent. Al Pacino possède les deux qualités. C'est aussi le cas d'Adam Diver.

Rome est le modèle de la République. C'est aussi la ville de naissance du fascisme...

Oui, et le vrai inventeur du fascisme italien n'est pas Mussolini mais l'écrivain Gabriele d'Annunzio. Hitler n'a fait que les copier. Saviez-vous que Hitler s'est laissé pousser la moustache pour ressembler à Charlie Chaplin parce que Chaplin était l'homme le plus aimé dans le monde entier ? En retour, ce qu'a fait Chaplin dans Le Dictateurest admirable. Le discours final de vingt minutes est extraordinaire.

Dans Megalopolis, tout est très théâtralisé...

Tout ce que vous voyez dans le film a vraiment eu lieu à New York ou dans la Rome antique. Le vrai Claudius pouvait s'habiller en femme. Il n'y a rien de fictionnel.

Donald Trump est un showman, et, avant lui, Ronald Reagan était un acteur hollywoodien, Silvio Berlusconi un homme de télévision. Le triomphe de la politique spectacle n'est pas nouveau...

Ce sont des démagogues. Le monde est plein de gens malheureux. Ils sont maintenus dans cet état délibérément parce qu'il est plus facile de vendre du bonheur à des consommateurs malheureux, insatisfaits. Si on leur dit qu'ils sont formidables, ils ne se comportent pas comme des moutons. Je crois que c'est un mensonge. L'humanité est une grande famille capable de choses extraordinaires.

Megalopolis est peut-être votre film le plus optimiste...

Il l'est ! C'est un film joyeux. La fin n'a rien à voir avec toutes ces dystopies qui montrent les vestiges de la statue de la Liberté. Ce n'est pas une vision apocalyptique du monde dévasté par le changement climatique. Il n'y a pas de fatalité. Nous pouvons laisser une planète merveilleuse à nos enfants.

Êtes-vous aussi optimiste à propos de Hollywood ?

J'ai l'impression que le journalisme et le système hollywoodien sont en train de mourir. C'est triste parce que le journalisme est une belle chose. Les studios, à Hollywood comme partout dans le monde, en Allemagne, en Italie, qui a produit tant de beaux films, sont à l'agonie. Mais c'est le cycle de la vie. Mourir et renaître. C'est comme un restaurant dont la nourriture n'est plus aussi bonne qu'auparavant. Il finit par fermer, mais un autre ouvre au coin de la rue... Les studios ne pensent qu'à rembourser leurs dettes. Ils ne prennent aucun risque. Je pense à Jacques Tati qui a mis tout son argent dans Playtime, un chef-d'oeuvre. Il est mort dans la pauvreté. Le Carmen de Georges Bizet a d'abord été sifflé. Il est mort à 50 ans sans savoir qu'il deviendrait l'un des opéras les plus populaires au monde.

Par quoi passe la renaissance du cinéma selon vous ?

Elle passe par des artistes au talent extraordinaire. Regardez Sean Baker, le lauréat de la palme d'or cette année avec le magnifique Anora. Si j'ai un conseil à leur donner, c'est : « Faites ce que vous aimez, n'écoutez pas les autres. »

Megalopolis a coûté 120 millions de dollars. Pour faire des films, il faut de l'argent...

J'ai débarqué à Hollywood sans un sou en poche. Je n'avais pas de voiture, pas de petite amie... J'ai gagné de l'argent en prenant des risques. Les Coppola n'étaient pas riches. Je me suis enrichi en achetant des hôtels et des vignobles. Pour financer Megalopolis, je suis allé à la banque et j'ai emprunté l'argent grâce à mes vignes. C'est le prix de ma liberté.

À la différence de Martin Scorsese, vous n'avez pas travaillé avec les plateformes de streaming. Pourquoi ?

Le streaming n'est rien d'autre que de la vidéo domestique, comme l'étaient la VHS et le DVD... Ce n'est pas la forme de cinéma qui m'intéresse. J'aime voir les films en salle, au milieu d'une foule nombreuse. Comme lorsque j'ai vu Lawrence d'Arabie, un souvenir inoubliable.

Megalopolis est dédié à votre épouse, Eleanor Coppola, disparue en avril dernier...

Nous avons été mariés pendant soixante ans... Elle a eu le temps de voir Megalopolis avant de mourir. Elle était ma meilleure amie. Quand je me réveillais chaque matin, je lui racontais mes problèmes et nous confrontions nos avis. Concernant ma propre mort, elle ne me fait pas peur. Je suis un épicurien. Carpe diem. J'aime bien poser cette question stupide : « Avez-vous une brosse à dents électrique ? » Si c'est le cas, elle s'arrête au bout de deux minutes. C'est ça la mort. Vous ne faites jamais l'expérience de la mort puisque vous n'êtes plus là quand elle advient.

Megalopolis est ancré dans le présent, voire regarde vers l'avenir. Vous n'êtes pas prêt à porter un regard rétrospectif et introspectif, comme Steven Spielberg l'a fait récemment avec The Fablemans par exemple...

J'ai un projet ambitieux intitulé A Distant Vision, dans l'esprit des Buddenbrook, de Thomas Mann. Je voudrais raconter l'histoire de trois générations d'une même famille au moment de l'invention de la télévision, qui ferait écho à la mienne.

Votre prochain film pourrait être une comédie musicale...

Oui, je veux faire un film amusant et je veux le tourner à Londres, où je n'ai jamais habité ni travaillé. Une ville que je ne peux pas associer à Eleanor.

Est-ce un retour à vos débuts ? En 1968, vous avez dirigé Fred Astaire dans La Vallée du bonheur, produit par la Warner...

Fred Astaire était le meilleur. Je voulais le filmer en décor naturel dans le Kentucky, là où se situe l'action. On m'a obligé à tourner en studio avec de la fausse herbe.

Coup de coeur et Cotton Club sont aussi des films très musicaux...

J'ai remonté Cotton Club en remettant les trente minutes que le studio avait coupées. Il voulait supprimer tous les numéros de claquettes ! J'enrageais : « Comment pouvez-vous faire une chose pareille ? Il s'agit de danseurs noirs et de tap dancing ! » Gregory Hines est fabuleux.

Vous avez aussi remonté plusieurs fois Apocalypse Now. Un film n'est jamais fini ?

Je retourne en salle de montage seulement quand j'ai le sentiment que quelqu'un m'a fait faire quelque chose que je n'aurais pas dû faire. J'essaie de corriger cela. Je n'ai jamais rien changé au Parrain, ni à Conversation secrète, ni à Dracula.

Votre goût pour la musique est-il un héritage de votre père, Carmine Coppola, flûtiste et compositeur ?

Oui. Toute ma famille faisait partie de la scène lyrique et théâtrale new-yorkaise. La musique est toujours très importante dans mes films. J'aime beaucoup la partition qu'a composée Osvaldo Golijov pour Megalopolis. On peut danser sur sa musique.

Vous n'avez jamais eu envie d'écrire vos Mémoires ?

Non, cela ne m'intéresse pas. Mes enfants sont mes Mémoires. Roman et Sofia sont de magnifiques réalisateurs. Quand ils étaient petits, je les emmenais sur les tournages. Nous étions comme une troupe d'acrobates chinois. Et ma petite-fille Gia vient de faire sensation avec son nouveau film au Festival de Toronto ! (The Last Showgirl , avec Pamela Anderson, NDLR)

Le Devoir
Culture, mercredi 9 octobre 2024 820 mots, p. B1,B2
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9 octobre 2024 - Le Devoir (site web)

Allégorie délicieusement maximaliste

OLIVIER DU RUISSEAU

LE DEVOIR

Roy Dupuis joue aux côtés de Cate Blanchett dans Rumours, satire politique sur un sommet du G7, de Guy Maddin

Roy Dupuis est de loin mon acteur préféré au monde», lance Guy Maddin au bout du fil, quelques jours avant la première québécoise de son dernier film au Festival du nouveau cinéma. Avec ses coscénaristes et coréalisateurs, les frères Evan et Galen Johnson, il s’est manifestement fait plaisir, puisque le comédien québécois partage l’écran avec nul autre que Denis Ménochet et Cate Blanchett — une distribution insolite dont lui seul a le secret.

Les acteurs se retrouvent pour incarner chacun un dirigeant du G7, lors d’un sommet en Allemagne. Alors qu’ils rédigent ensemble leur communiqué officiel en pleine crise mondiale, dont la nature n’est jamais précisée, ils s’isolent et finissent par se perdre en forêt. Sous la menace de morts-vivants et d’un cerveau géant, ils naviguent à travers passions et conflits, déterminés à finaliser leur déclaration à tout prix.

Malgré son ton absurde, «le film s’inspire d’enjeux politiques bien réels», souligne Guy Maddin. À l’heure où l’on observe une perte d’influence du G7 sur la scène internationale, les cinéastes manitobains ont imaginé cette allégorie maximaliste, dans laquelle le groupe de dirigeants s’enlise littéralement dans la boue, incapable de gérer la crise qu’il croit pouvoir régler à lui seul.

«Nous avons aussi voulu causer la surprise en imaginant un monde où le premier ministre canadien est le héros, explique Maddin. Dans ce rôle clé, Roy Dupuis sauve des personnages en détresse et devient bien sûr un objet de désir pour d’autres. J’adore Roy, parce qu’il semble si honnête et innocent, tout en se révélant un acteur redoutable. Son personnage, émotif, entêté et imprévisible, lui va particulièrement bien. Mais comme ses partenaires de jeu, il ne s’inspire pas nécessairement des traits de véritables politiciens.»Le réalisateur du chef-d’oeuvre surréaliste My Winnipeg (2007) n’en est d’ailleurs pas à sa première collaboration avec le comédien ni avec les frères Johnson. Dupuis était notamment en vedette dans leur film The Forbidden Room (2015), dont l’étrange fantaisie avait divisé la critique. «Bien que Rumours soit l’une de mes oeuvres les plus conventionnelles, note Guy Maddin, cela ne m’a pas empêché de m’amuser et d’aller à fond dans l’absurde.»

Tension sexuelle

«Mes projets antérieurs étaient parfois si étranges qu’ils me marginalisaient aux yeux d’une bonne partie du public, déplore-t-il. C’est pourquoi, cette fois, on a voulu faire une satire plus rassembleuse et linéaire. C’était également le prétexte parfait pour s’entourer de vedettes internationales. J’ai eu énormément de plaisir à travailler avec elles.»Il doit surtout sa distribution étoilée, dont font aussi partie Charles Dance dans le rôle du président américain ou Alicia Vikander en présidente de la Commission européenne, à son producteur, le réalisateur Ari Aster (Hereditary, Midsommar). «J’ai été tellement touché quand il m’a écrit pour me dire que j’avais été l’un de ses cinéastes préférés durant son enfance, raconte Maddin. Au moment où notre scénario était déjà écrit, il m’a annoncé qu’il voulait produire le film. Rapidement, Ari nous a mis en contact avec Cate Blanchett et Denis Ménochet, puis ces deux grands noms nous ont aidés à confirmer tous les autres.»La chimie entre les personnages est surprenante. Denis Ménochet se révèle très attachant dans son rôle de président français maladroit. Une scène où il se blesse en forêt et se fait porter dans les bras de Roy Dupuis promet tout particulièrement de marquer la mémoire cinéphile. Et que dire de la tension sexuelle entre le premier ministre canadien et la chancelière allemande, interprétée par une Cate Blanchett à son plus comique, qui a dû perfectionner un joli accent pour l’occasion.

Toutefois, la palme du plus bel accent du film revient sans doute à Charles Dance. Dans son rôle de vieux président affaibli, qui n’est pas sans rappeler Joe Biden, il parle tout du long avec un accent britannique, sans raison. «Nous avions précisé cet aspect dès les premières versions du scénario, et quand nous l’avons fait lire par notre entourage, on nous a dit que c’était complètement stupide, explique Guy Maddin. Et c’est exactement le genre de commentaire qui m’indique que je vais dans la bonne direction.»

Mes projets antérieurs étaient parfois si étranges qu’ils me marginalisaient aux yeux d’une bonne partie du public. C’est pourquoi, cette fois, on a voulu faire une satire plus rassembleuse et linéaire. C’était également le prétexte parfait pour s’entourer de vedettes internationales. J’ai eu énormément de plaisir à travailler avec elles. GUY MADDIN »

Rumours est présenté le jeudi 10 octobre au Festival du nouveau cinéma et sort en salle le vendredi 18 octobre.

CINÉMA

La Croix, no. 43082
Culture, mercredi 27 novembre 2024 133 mots, p. 16

repères

Fanfares à l’écran

Les vertus collectives des fanfares ont pu séduire les réalisateurs de cinéma depuis Fanfare d’amour, comédie burlesque et sentimentale réalisée par Richard Pottier en 1935. Parmi les films emblématiques magnifiant éclats

des cuivres et douceur des instruments à vent :

La Fanfare, court métrage d’animation américain de Wilfred Jackson pour les Studios Disney (1935), dans lequel Mickey est le chef d’orchestre d’une fanfare pour un concert en plein air.

Les Virtuoses,film britannique de Mark Herman (1997). Un modèle du genre, brassant comédie et émotion autour de « l’intrusion » d’une jeune femme dans le milieu très masculin d’une fanfare minière.

La Visite de la fanfare,film israélien d’Eran Kolirin (2007) sur les tribulations drolatiques d’une petite fanfare de la police égyptienne.

Le Figaro, no. 24970
Le Figaro et vous, mercredi 4 décembre 2024 518 mots, p. 36

Culture

« LIMONOV. LA BALLADE » , PLUS POP QUE PROVOC

TIRÉ DU LIVRE D'EMMANUEL CARRÈRE, LE FILM DE KIRILL SEREBRENNIKOV PEINE À RESTITUER LA VIE SULFUREUSE DE L'ÉCRIVAIN RUSSE.

Sorin, Etienne

Entre deux mises en scène au théâtre et à l'opéra, le Russe Kirill Serebrennikov tourne des films sélectionnés à Cannes (Leto, La Fièvre de Petrov, La Femme de Tchaïkovski). Ce stakhanoviste, aujourd'hui en exil entre la France et l'Allemagne, venait à peine d'achever le tournage en Uruguay de La Disparition, adaptation du roman d'Olivier Guez sur la fuite de Josef Mengele, médecin tortionnaire d'Auschwitz, que son Limonov était en lice pour la palme d'or en mai dernier. Le Polonais Pawel Pawlikowski (Ida, Cold War) devait initialement le réaliser avant de se retirer du projet. Serebrennikov l'a casé dans son agenda surchargé.

Comme Mengele, Édouard Limonov a réellement existé. Écrivain russe (1943-2020), natif de Kharkov, ouvrier, il a exercé plusieurs petits boulots (plongeur, majordome) à New York et à Paris avant d'enfiler le treillis de milicien proserbe dans la guerre de Bosnie, puis de passer de prisonnier politique, après avoir fondé le Parti national-bolchévique, à soutien de Poutine après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 - il meurt d'un cancer à l'âge de 77 ans. Limonov doit surtout sa postérité à Emmanuel Carrère.

Un emblème des soubresauts de la fin du XXe siècle

Dans un récit biographique paru en 2011, l'auteur de L'Adversaire brossait le portrait d'un personnage emblématique des soubresauts de la fin du XXe siècle. Carrère racontait ses frasques, ses contradictions, ses excès, du point de vue d'un écrivain français de la bourgeoisie de gauche, avec un mélange de fascination et de répulsion. Ce frottement s'avérait fructueux. Si le livre est à l'origine du scénario, on ne sait pas très bien quel regard porte Serebrennikov sur son compatriote. Il voit sans doute en lui une sorte d'alter ego, d'artiste inclassable et excentrique. L'acteur britannique Ben Whishaw, avec ou sans perruque, ressemble plus à Philippe Lançon qu'à Limonov. Quel que soit le pays où il réside, le poète parle anglais avec un faux accent russe. Une convention relativement admise dans le cinéma hollywoodien (voir Adam Driver dans House of Gucci et dans Ferrari) mais plus difficile à avaler dans un europudding.

Les débuts en Russie montrent brièvement le jeune Limonov réciter ses premiers poèmes et tomber amoureux d'Elena. Ils font l'amour sous les yeux de Soljenitsyne, interviewé en noir et blanc dans le poste de télévision. Un dissident trop austère et ennuyeux pour celui qui se rêve en aventurier. On retrouve une scène de sodomie à New York, où Limonov couche avec un sans-abri - épisode raconté dans Le poète russe préfère les grands nègres, chronique de ses années new-yorkaises. Serebrennikov s'attarde sur la séquence américaine, ponctuée par des reprises de Walk on the Wilde Side, de Lou Reed. Mais il reste à la surface. Sa mise en scène pop, qui assume ses décors en studio et son artificialité, édulcore le personnage, escamote le nationaliste de la fin et le leader politique à la tête d'une bande de skinheads. Son Limonov n'a rien d'inflammable. E.S.

Le Devoir
Culture, vendredi 18 octobre 2024 640 mots, p. B4
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18 octobre 2024 - Le Devoir (site web)

Un G7 entre tensions politiques et sexuelles

OLIVIER DU RUISSEAU

LE DEVOIR

On se souviendra de la distribution de Rumours comme d’une brèche jouissive dans l’histoire du cinéma

Réunis en Allemagne pour leur sommet annuel, les dirigeants des pays du G7 s’installent d’abord à une table pour souper. Les bouteilles de vin se succèdent, les langues se délient, les couteaux volent bas. Rapidement, la tension monte. Non pas en raison d’une crise mondiale (jamais nommée) qu’ils sont censés régler, mais plutôt parce que leur retraite à l’étranger les force à affronter leurs propres drames.

L’un d’entre eux boit quelques verres de trop et sème la confusion dans le groupe. Il s’agit bien sûr du premier ministre du Canada, interprété par un Roy Dupuis très en forme, à son plus attachant. On devine d’emblée qu’il a eu une aventure avec la première ministre britannique (Nikki Amuka-Bird). Et que la coquette chancelière allemande (nulle autre que Cate Blanchett) s’éprend de lui.

C’est un Guy Maddin (My Winnipeg) plus conventionnel qu’à l’habitude que l’on retrouve derrière la caméra avec ses coréalisateur et coscénariste Evan et Galen Johnson. On reconnaît néanmoins l’humour absurde typique de ces cinéastes manitobains, tout comme leur style de mise en scène, théâtral et marqué par des éclairages expressifs et des décors surréalistes. De fait, si leur satire s’amorce dans une relative vraisemblance, elle s’enfonce peu à peu — et à notre plus grand bonheur — dans la folie.

Le sommet se transforme véritablement en une épopée délirante lorsque les chefs d’État essaient, après le repas, de rédiger leur déclaration officielle. À la tombée de la nuit, ils se rendent comptent qu’ils sont complètement seuls et ils s’aventurent dans la forêt environnante à la recherche de personnel pour les aider. Évidemment, ils se perdent et rencontrent toutes sortes d’obstacles grotesques, dont des morts-vivants ou un cerveau géant sous lequel se cache la présidente de la Commission européenne (Alicia Vikander), qui ne parle que suédois.

Un potentiel culte

À mesure que les dirigeants s’embourbent dans leurs problèmes, les gags du film perdent en efficacité. Alourdis par des redondances, ils comptent alors quelques longueurs. Or, le génie de Maddin et des frères Johnson fait aussi surgir spontanément des moments magiques qui nous raccrochent à leur proposition fantasmagorique.

On ne peut que tomber sous le charme de certaines scènes au fort potentiel culte, dont ce moment où le premier ministre canadien court dans la forêt en portant dans ses bras le président français (Denis Ménochet) ou encore lorsqu’il se fait masser par la chancelière allemande. Ainsi, on se souviendra de cette distribution — jouissive pour tout cinéphile québécois — comme d’une brèche dans l’histoire du cinéma que seul Guy Maddin pouvait rendre possible.

Les personnages présentent d’ailleurs certains traits de véritables dirigeants, que ce soit le vieil âge du président américain ou le snobisme de son homologue français. Mais tout cela semble presque hasardeux, et ce n’est certainement pas l’enjeu du film. Maddin et les frères Johnson réalisent plutôt, avec ce récit de chefs d’État occidentaux perdus et isolés, une savoureuse allégorie jusqu’au-boutiste dont les personnages s’entêtent à finir une déclaration alors que le monde brûle autour d’eux. Sans que personne sache pourquoi ni comment éteindre le feu.

Rumours -||-***1/2

Satire politique écrite et réalisée par Guy Maddin, Evan Johnson et Galen Johnson. Avec Roy Dupuis, Cate Blanchett, Denis Ménochet, Alicia Vikander, Nikki Amuka-Bird, Charles Dance, Rolando Ravello, Takehiro Hira et Zlatko Buric. Canada, 2024, 103 minutes. En salle.

CRITIQUE CINÉMA

Le Monde
Culture, mercredi 20 novembre 2024 727 mots, p. 24
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20 novembre 2024 - Le Monde (site web)

le choix pvvv Pourquoi pas

Une fiction in vitro, dans l’habitacle d’une voiture

Dans le film de Gilles Bourdos, dont l’intrigue est resserrée sur le temps d’un trajet, Vincent Lindon se taille une sorte de seul-en-scène

Mathieu Macheret

Le film-concept s’invite dans le champ de la fiction française avec le sixième long-métrage de Gilles Bourdos, qui nous convie à un curieux huis clos, soit une heure et quart dans l’habitacle d’une voiture en compagnie d’un conducteur aux abois. La formule est empruntée à un thriller d’outre-Manche, Locke (2013), du scénariste britannique Steven Knight (autrement connu pour avoir créé la série Peaky Blinders), dont Le Choix opère la transposition dans le décor parisien, avec au volant Vincent Lindon à la place de Tom Hardy, et la tonalité d’un drame intime à la place d’un suspense ravageur.

Joseph Cross (Vincent Lindon), chef de chantier sur le point de couler la plus grande dalle de béton d’Europe, laisse soudain tout en plan pour filer, depuis la lointaine banlieue, à une maternité parisienne, où doit accoucher une femme portant son enfant.

Le temps du trajet, qui est également celui du film, Joseph tente de résoudre une triple urgence par téléphone : piloter le chantier à distance par l’intermédiaire d’un assistant terrorisé, avouer à son épouse cette paternité illégitime longtemps dissimulée, et pendant ce temps rassurer la parturiente en pleine crise de panique. Un coup de fil après l’autre, Joseph n’épargne ni salive ni argument, pour que, ce soir-là, « le monde entier » ne s’écroule pas sur sa tête.

Fait d’une suite de conversations téléphoniques, Le Choix s’en remet à une matière avant tout verbale, un texte dont le pari est de suggérer sans montrer. Le problème, face à ce texte qui aurait très bien pu être celui d’une pièce ou d’une dramatique radio, c’est qu’il ne reste plus au cinéma grand-chose à filmer, sinon l’alternance entre intérieur et extérieur de l’habitacle.

D’un côté, le héros conducteur sous pression dont le regard abattu vise un point de fuite à l’horizon. De l’autre, la route qui défile indifféremment à travers le pare-brise, où percent des pans d’urbanité désolée. De cette petite poignée d’angles on ne sortira jamais.

Voix intérieure

Minimal, le dispositif repose entièrement sur les épaules de Vincent Lindon, qui se taille ici une sorte de seul-en-scène, où même ses partenaires de jeu (Emmanuelle Devos, Micha Lescot, Grégory Gadebois, Cédric Kahn) sont relégués au rang de voix de l’autre côté du kit mains libres. L’acteur laisse libre cours à son registre préféré, celui de la « gestion de crise », ne lésinant pas sur le lexique adéquat (« Calme-toi », « Je voudrais qu’on arrive à se parler ») et les coups de gueule dont il a fait sa spécialité.

A sa seule performance revient la lourde responsabilité de faire exister ces trois hors-champ qui resteront tout du long extérieurs au film, ce en quoi l’acteur partage la solitude de son personnage.

Quand Joseph a bien épluché son répertoire, alors c’est sa voix intérieure qui prend le relais, révélant le ressort de son choix radical : la hantise d’un père défaillant auquel ce conducteur s’acharne à ne surtout pas ressembler. Cette rustine psychologique ne fait pas oublier l’artificialité d’un échafaudage dramatique qui ne parvient pas à dépasser son postulat de départ.

En effet, le film donne l’impression de rester tout du long suspendu à son pitch, sans lui amener de perturbation suffisante : d’où cette impression d’une fiction in vitro, qui édicte ses propres règles, calfeutrée dans la bulle de l’habitacle.

La part du film qui échappe à cette écriture toute-puissante, c’est l’image signée par le grand chef opérateur taïwanais Mark Lee Ping-bing, connu notamment pour son travail d’orfèvre sur les films de Hou Hsiao-hsien ou de Wong Kar-wai. Entre ses mains, la nuit parisienne prend des reflets fauves et fantomatiques, miroitements sur la carrosserie de la voiture, grand ballet de lueurs louches et de surgissements inquiétants au milieu des ténèbres. C’est lui qui nous rappelle par bribes à quel point le monde est flottant, a fortiori derrière un pare-brise.

Le Monde
Culture, mardi 3 décembre 2024 53 mots, p. 25

Les dates Niels Arestrup, la traversée d’un fauve solitaire

8 février 1949

Naissance à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)

1973

Débuts au cinéma

1981

« La Cerisaie », mise en scène de Peter Brook

2005

« De battre mon cœur s’est arrêté », de Jacques Audiard, et premier César

1er décembre 2024

Mort à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine)

Le Monde
Culture, samedi 2 novembre 2024 94 mots, p. 25

Écologie

14 nouveaux lauréats pour le dispositif « Alternatives vertes 2 » du ministère de la culture

La ministre de la culture, Rachida Dati, et le secrétaire général pour l’investissement chargé du plan France 2030, Bruno Bonnell, ont annoncé, mardi 29 octobre, 14 nouveaux lauréats de l’appel à projets « Alternatives vertes 2 ». Mutualisation des matériels des industries culturelles, écoresponsabilité des tournées ou encore décarbonation des mobilités des publics du cinéma, ces projets innovants, soutenus pour un total de près de 9 millions d’euros, participent à la transition écologique du secteur de la culture.

Le Monde
Culture, samedi 2 novembre 2024 145 mots, p. 24

Le Studio Théâtre fête ses 40 ans

Soutenu par le conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, la DRAC Ile-de-France et, depuis 2006, par la région, le Studio Théâtre de Stains se veut, depuis ses débuts en 1984, un lieu de création et d’accueil artistique, ancré dans le quotidien des habitants, grâce à une vingtaine d’ateliers hebdomadaires et à un travail avec le réseau associatif local. En 1983, le dramaturge et comédien Xavier Marcheschi prend la direction de l’Espace Paul-Eluard, théâtre municipal, à Stains et fonde le Studio Théâtre l’année suivante, en compagnie de Marjorie Nakache. En 1989, le Studio Théâtre de Stains s’installe au Central, un ancien cirque devenu cinéma de quartier et fermé en 1969. Propriétaire des lieux depuis 2004, la mairie de Stains investit, en 2008, dans la construction d’un second espace polyvalent, la Fabrique du Studio Théâtre.

Le Figaro, no. 24957
Le Figaro et vous, mardi 19 novembre 2024 1355 mots, p. 33

Culture

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18 novembre 2024 - Le Figaro (site web)

LE SALUT DE LA CULTURE EST-IL DANS L'IMMERSIF ?

ENTRE LES MÉGASHOWS QUI BERCENT LE PUBLIC DANS DES IMAGES, ET LES RECONSTITUTIONS OÙ LE SPECTATEUR PLONGE DANS UNE AUTRE ÉPOQUE, PLUS PERSONNE N'ÉCHAPPE AU VIRTUEL. ENQUÊTE.

Bavelier, Ariane

Immersif. C'est le mot à la mode. Les spectacles, les shows, les expos... Faut-il désormais se jeter dans la culture comme dans un grand bain ? Il s'agit surtout de guetter l'attrait de nouvelles sensations et émotions. Un peu comme ce vertige que fut l'invention du cinéma, celui de la grande roue des fêtes foraines ou de Space Mountain à Disney.

On veut s'inscrire dans un décor, le modifier, se promener dans un univers imaginaire, comme si on était passé de l'autre côté du miroir. Cela s'appelle « immersif ». À ce titre, comme M. Jourdain disait de la prose sans le savoir, on s'immergeait déjà lorsqu'on dansait dans le grand décor de la galerie des Glaces ou que l'on assistait à une fête des fous, se retrouvant poursuivi par leurs grimaces et leurs grelots - comme François Chaignaud le rejoue aujourd'hui dans les douves du Louvre en lien avec l'exposition « Figures du fou ».

C'est le progrès du numérique conjugué à l'essor de l'intelligence artificielle qui fait briller l'immersion comme une nouvelle lune. Elle va durer. «Nous sommes encore dans un Moyen Âge complet et, dans dix ans, on sourira des expériences actuelles», pointe Didier Fusillier, patron du Grand Palais-RMN, qui avait soutenu les pionniers de l'art numérique en créant le Festival Exit dès le milieu des années 1990 quand il dirigeait la MAC de Créteil. «Nous jouions avec des hologrammes. Ça marchait à moitié. Le boom, ce sont les casques que le visiteur se met sur la tête pour évoluer seul dans un univers virtuel et interagir avec lui, casques remplacés sous peu par des lunettes. L'autre boom, au même moment, c'est le mapping permettant des projections sur des monuments ou des surfaces.»

Depuis, les deux tendances gagnent du terrain. D'un côté, les artistes d'art numérique ont inventé des solos shows. James Turrell, au Superblue de Miami, Random International, au championnat de la NXT d'Amsterdam, Christopher Bauder, au Dark Matter à Berlin, Anthony McCall, à la Tate Modern de Londres, Mika Ninagawa, au Node de Tokyo, où s'épanouissent ses fleurs, ou encore Miguel Chevalier et ses pixels que le visiteur fait danser dans la nouvelle mouture du Grand Palais immersif à Paris... Maints lieux se développent dans le monde pour accueillir le travail de ces artistes et leurs recherches.

De l'autre côté, les spécialistes du mapping ont créé des mégashows, dont le meilleur exemple reste l'Atelier des Lumières à Paris. Chaque année 1 million de spectateurs confortablement assis, couchés, ou debout dans les dessins de Tintin ou les tableaux de Van Gogh, et bientôt Picasso ou le Douanier Rousseau, se laissent bercer par les images et la musique, dans une suite de chapitres construits sans commentaires, l'aspect pédagogique étant relégué dans de petites galeries latérales.

« L'avenir pour les musées »

«Il faut isoler les espaces pédagogiques des espaces émotionnels, sinon le rationnel se met à fonctionner, et on ne réussit plus à être transporté dans l'oeuvre. Sans compter les étrangers qui ne comprennent pas la langue», dit Bruno Monnier, président fondateur du groupe Culture Espaces, qui développe le concept dans le monde entier. « Pour un ensemble de musées qui n'ont pas les moyens de s'offrir des expositions, c'est l'avenir.» Cet homme, formé au cabinet de Jack Lang, ministre de la Culture, où il entre en 1986, avait d'abord pensé aux expositions en images numériques comme une alternative au difficile voyage des chefs-d'oeuvre de l'art occidental, de plus en plus fragiles et coûteux en assurances, à travers les divers pays de la culture mondialisée. «Hors Paris, Bordeaux et les Baux-de-Provence, nous avons ouvert des centres d'art immersif à Amsterdam, New York, Hambourg, Dortmund, Séoul et Jeju, en Corée. Nous travaillons avec Asahi pour en ouvrir un à Tokyo. Nous avons un projet pour Djakarta, en Indonésie. Mais un centre coûte 10millions d'euros et demande un espace de 3000à 4000m2 équipé de 120vidéoprojecteurs. Au Canada et au Brésil, nous travaillons avec des opérateurs qui ont déjà des salles immersives, mais pas de contenu de qualité. Nous allons par exemple vendre notre expo Klimt à Sao Paulo pour 250000euros.»

Un coût certes, mais moindre que celui d'une exposition temporaire. D'où, en cette période de vaches maigres, la foule de projets que Bruno Monnier caresse pour la France : «Aujourd'hui en région, quand un conservateur explique qu'il lui faut 1million d'euros pour monter une exposition temporaire dont on ne sait pas ce qu'elle rapportera à la ville, les élus ont beau jeu de faire valoir d'autres priorités. Sans doute pensera-t-on bientôt à installer des salles immersives pour ouvrir des expositions temporaires dans les musées de région. Cela se fait au Prado à Madrid ou à Bruxelles, de même à Amsterdam, où nous présentons une séquence de Vermeer à Van Gogh en lien avec les conservateurs du Musée Van Gogh ou du Mauritshuis.»

En France, c'est une autre musique. Même si 70 % des Français n'ouvrent pas la porte d'un musée, les conservateurs bleu blanc rouge considèrent ces grands shows numériques avec le même mépris que les reproductions de tableaux sur les boîtes de chocolats. Cependant, peu à peu, cette désaffection se nuance. «L'immersif ne va pas remplacer l'oeuvre qui est la matrice absolue, mais on sait que la majorité des gens n'iront pas la voir», indique Didier Fusillier. «Pour les expositions que nous préparons sur l'art brut et sur Matisse, nous nous interrogeons avec le Centre Pompidou sur la présence d'une salle immersive qui permettrait par exemple de pénétrer dans l'atelier d'un grand artiste. Ça marche très bien auprès du public.» Déjà, cette année, le Musée d'Orsay avait monté, pour les visiteurs qui supportaient le port du casque de réalité virtuelle, une visite de la première exposition impressionniste de 1874. Et le très conservateur Vatican a annoncé l'ouverture, le 1er décembre, de salles d'exposition numériques à l'intérieur de la basilique pour s'immerger dans son histoire.

« Tout cela coûte cher »

«Avec l'immersif, il y a comme dans tout, de la tarte à la crème, de l'inventif et de l'abscons, lance Didier Fusillier. Évidemment, ce serait amusant de reconstituer le banquet d'HenriII au château de Saint-Germain-en-Laye ou la présence de Catherine de Médicis dans ses appartements à Écouen. Ce sont des expériences de visite au même titre que les cartels ou les audioguides vieux de quaranteans. Sûrement d'ici à quelques années nous mettrons des lunettes qui permettront de voir les repentirs sur un tableau. Mais pour l'instant, tout cela coûte cher.»

Avec la Comédie-Française et Radio France, le patron de la RMN réfléchit à faire entendre les bruits du château de Pau à la cour d'Henri IV. Comme à l'Hôtel de la Marine, où on peut suivre dans un casque ceux de la vie quotidienne dans l'hôtel, ce qui modifie la perception de la visite. Un travail sur les voix peut également être envisagé, l'IA permettant de reconstituer celle d'un personnage illustre pour peu que des contemporains l'aient commentée. Il y a cependant des priorités. «Je préférerais faire rouvrir les salles de Compiègne , notamment le théâtre impérial, qui est une splendeur. Il me suffit d'y marcher, attentif à mes pas sur le parquet, au détail du mobilier, pour que mon imagination me transporte aussitôt», déclare Didier Fusillier.

Reste à savoir jouer finement le rapport du virtuel à l'oeuvre originale, par-delà la grande fête des images et de la musique, pour apporter une information impossible à obtenir autrement, ou susciter une envie : «Jean-Luc Martinez, alors à la tête du Louvre, était venu parler de laJoconde avec des enfants dans la microfolie de Noisy-le-Sec. Après avoir agrandi les détails, s'être perdu dans la reproduction géante, Jean-Luc Martinez avait expliqué que laJoconde était comme un selfie de l'époque, fait à bout de bras avec un téléphone, que la toile était petite et que Léonard l'emportait partout, roulée dans sa poche. Tous les enfants ont alors eu l'obsession d'aller la voir en vrai!» , se souvient Didier Fusillier. A. B.

Le Figaro, no. 24950
Le Figaro et vous, lundi 11 novembre 2024 360 mots, p. 22

Culture

« FINALEMENT » : HOMME, MODE D'EMPLOI

Neuhoff, Eric

Basta. Lino Massaro en a assez. Plus casanier que le Belmondo d' Itinéraire d'un enfant gâté, ce brillant avocat largue les amarres, parcourt la France en auto-stop, sa trompette sous le bras. Cela lui permet de croiser un échantillon de ses contemporains, d'assister au 80e anniversaire du débarquement sur le pont de Bénouville.

Il s'invente des vies, raconte n'importe quoi, prétend être un prêtre défroqué et obsédé sexuel. En face du mont Saint-Michel, un éleveur de moutons le dénonce à la police. À une antiquaire de Béziers, il fait croire qu'il réalise des pornos, ce qui lui offre une réplique d'anthologie.

Aux 24 Heures du Mans, une foule de pom-pom girls l'entoure. Durant le Festival d'Avignon, il discute avec une romancière sur une péniche. Quel repos ! Comme c'est bien d'abandonner sa femme qui est actrice, de flirter en Bourgogne avec une fermière mélomane, d'accompagner l'orchestre d'Ibrahim Maalouf. Lelouch égrène au petit bonheur des extraits de ses films précédents.

Chez lui, tout va de soi

En exil de sa propre existence, Lino (Kad Merad), blouson de cuir et casquette de tweed, profite du hasard des rencontres, signe des chèques de 5 000 euros à des inconnus. Michel Boujenah reprend le rôle de copain blagueur que tenait jadis Charles Gérard. Sandrine Bonnaire se retrouve accusée de proxénétisme. Une tentative de suicide finit en sourires navrés. La famille se récapitule autour de chansons, péché mignon de l'auteur, avec les plaidoiries enflammées. Françoise Fabian arbore une mèche blanche à la Susan Sontag. Elsa Zylberstein soupire devant les frasques de son mari atteint de dégénérescence fronto-temporale.

Voici du Lelouch à l'emporte-pièce, avec ses engouements, son énergie, ses naïvetés, son inspiration tout-terrain, empruntant des chemins parsemés d'herbes folles. Chez lui, tout va de soi. Très tôt, le celluloïd lui est entré dans les veines. Il n'en est plus sorti. Cet homme pressé fait feu des quatre caméras. Au début, il tournait un film comme si c'était toujours le premier. Maintenant, c'est à chaque fois comme s'il s'agissait du dernier. Tel est Lelouch Claude, fou de lui-même et de cinéma. C'est à prendre ou à laisser. On prend. É. N.

Libération
mardi 26 novembre 2024 536 mots, p. 17

AUTRE

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25 novembre 2024 - Libération (site web)

Baisse des subventions culturelles à Nantes : «La culture est un écosystème à protéger»

Marine Dumeurger Correspondante à Nantes

AUTRE

Après la sidération, la gronde. Importante mobilisation lundi matin sous les fenêtres de l'hôtel de région des Pays-de-la-Loire après l'annonce des coupes vertigineuses dans la culture par sa présidente (Horizons), Christelle Morançais. Cette dernière a annulé la réunion avec les maires de la région prévue ce jour-ci, accusant sur X les «fake news» et les «attaques personnelles», et évoquant la sécurité des maires pour se justifier. Intermittents, artistes, auteurs, plasticiens, musiciens, responsables de salles de spectacles, étudiants en art ou simples habitants concernés par la place de l'art dans leur quotidien… Ils étaient environ 3 000 sur la grande place, dès 8 h 30, malgré la pluie, pour soutenir un monde de la culture inquiet. Si le vote du budget de la région doit avoir lieu le 19 décembre, les déclarations choc de la présidente laissent présager le pire.

A quelques pas de la grande pancarte «La braderie c'est fini», Rebecca Toyb Dada s'est parée d'une perruque bleu-vert fluo, selon le dress code hard discount imaginé pour l'occasion et qui tournait sur les réseaux sociaux. Comédienne et chanteuse, elle est aussi impliquée dans la Plateforme, le pôle cinéma et audiovisuel nantais. A l'image des autres institutions qui structurent la vie culturelle de la région, ce dernier a appris la baisse de moitié de sa subvention en 2025, et sa suppression en 2026.

«2025, c'est hyper court et ce n'est pas négociable. On va être obligés de dissoudre le pôle. C'est l'incompréhension. Les gens vont perdre leur travail», s'alarme Rebecca Toyb Dada avant de poursuivre : «Contrairement à ce que l'on entend, je ne suis pas biberonnée aux subventions mais mes enfants en profitent à l'école à travers les actions culturelles.» Une préoccupation que partage son amie Audrey, 42 ans, comédienne qui bénéficie du régime d'intermittence depuis douze ans. «Le spectacle vivant, cela se passe au théâtre bien sûr, mais également dans les collèges, les lycées, les hôpitaux, les centres d'animation… Tout ce dont nous avons besoin pour vivre ensemble.» C'est l'avis d'Alan, 41 ans, architecte : «Quelque part, nous serons tous affectés. La culture est un écosystème à protéger. Cela pose la question de la puissance publique, de la place que nous lui accordons et de la vie que nous voulons avoir.» A quelques pas de là, sont rassemblés une quarantaine de libraires issus de tout le territoire ligérien – l'Association des librairies indépendantes en Pays-de-la- Loire (Alip) vient tout juste d'apprendre le retrait de la totalité de sa subvention dès 2025, soit près de la moitié de son budget de fonctionnement. «En plein contexte morose de concentration éditoriale, ça fait mal», s'insurge Marie Goiset, coordinatrice à l'Alip. A ses côtés, Michèle Germain, qui a ouvert il y a plus de quinze ans la librairie ParChemins à Saint-Florent-le-Vieil, s'interroge sur le maintien de sa subvention d'animation. Elle la reçoit depuis dix ans, ce qui lui permet d'inviter des auteurs, d'organiser des ateliers et des rencontres dans cette petite ville de 3 000 habitants. «Je me suis installée là avec l'envie de défendre des propositions culturelles en milieu rural. Aujourd'hui, c'est tout cet environnement qui est remis en cause.»

Le Devoir
Culture, jeudi 3 octobre 2024 792 mots, p. B3
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3 octobre 2024 - Le Devoir (site web)

Voyage initiatique à Limoilou

OLIVIER DU RUISSEAU

LE DEVOIR

Patrice Sauvé a adapté le livre La petite et le vieux,dont le récit a lieu dans les années 1980

Près de 15 ans après la parution du roman d’apprentissage à succès de Marie-Renée Lavoie, Patrice Sauvé signe une adaptation à la fois rassembleuse et plus auteuriste que ses projets précédents. Sa tête d’affiche, Gildor Roy, y développe une complicité naturelle avec la jeune Juliette Bharucha, qui tient ici son tout premier rôle au cinéma.

À l’image du livre, le film est campé à Limoilou dans les années 1980, bien avant l’embourgeoisement qui caractérise aujourd’hui ce quartier de Québec. Ainsi, Hélène (Juliette Bharucha), 10 ans, entreprend de livrer des journaux dans le secteur pour rapporter de l’argent au foyer, tandis que son père (Vincent-Guillaume Otis), enseignant, peine à joindre les deux bouts et que sa mère (Marilyn Castonguay) reste à la maison pour veiller sur elle et sa soeur.

Le titre fait référence à l’amitié qui lie la fillette à son nouveau voisin, Monsieur Roger (Gildor Roy). Maussade et grincheux, celui-ci s’adoucit au contact de la petite, qui l’initie à la lecture. La littérature finit par occuper une place centrale dans le récit, devenant à la fois une échappatoire à la misère du quotidien d’Hélène et un levier d’ascension sociale, puisque son père aspire à devenir écrivain.

Le montage fait alterner les scènes d’époque à Québec et des séances représentant un monde fictif, inspirées du Vieil homme et la mer (Ernest Hemingway, 1952), un livre qu’Hélène lit sur recommandation de son père et qui la marque profondément. C’est aussi le dernier livre que ce dernier a lu depuis des années, lui qui pourtant rêve de «devenir le Michel Tremblay de Limoilou».

Signature d’auteur

Patrice Sauvé, connu pour la série culte La vie, la vie (2001-2002), la comédie Cheech (2006) ou encore le film d’aventures Grande Ourse. La clé des possibles (2009), se permet donc certains moments d’onirisme ainsi qu’une mise en scène exceptionnellement évocatrice, quoique conventionnelle, puisant dans sa propre cinéphilie. La petite et le vieux a même été sélectionné au prestigieux festival de Locarno, témoignant à tout le moins de sa signature d’auteur.

«Toute ma vie, j’ai profondément aimé le cinéma, mais je n’ai jamais été un auteur qui écrit ses propres scénarios, affirme le réalisateur en entrevue. Encore une fois, j’ai travaillé à partir du texte de quelqu’un d’autre, en l’occurrence Sébastien Girard. Mais j’ai enfin pu construire un récit plus doux, tout en subtilités, dont la mise en scène est inspirée de mes coups de coeur d’adolescence, comme les films de Fellini ou de Tarkovski, qui m’ont bouleversé.»Le cinéaste ose par exemple un éclairage expressif, usant d’une palette de couleurs sépia pour marquer le passage du temps. Il représente également des visions de la fillette, alors que, dans son imagination fertile, la réalité et la fiction semblent souvent se confondre.

Précisions que La petite et le vieux se veut accessible malgré tout. Patrice Sauvé le répète:son film «est là pour faire du bien». «J’ai commencé la production en pleine pandémie, au moment où l’on ne voyait plus la lumière au bout du tunnel. J’ai voulu mettre à profit toutes les techniques cinématographiques que j’avais apprises en plus de 25 ans de métier pour faire un film qui puisse faire honneur à la joie et à l’espoir qui émanent du livre.».

Message d’espoir

Un message d’espoir instillé par le ton candide du roman, «qui ne verse jamais dans le misérabilisme», selon le cinéaste, bien qu’il traite de thèmes lourds. En effet, des réalités sombres sont abordées, dont l’alcoolisme du père et de Monsieur Roger.

Patrice Sauvé situe également son récit dans le contexte plus large de la vague de désinstitutionnalisation qui avait cours à l’époque. De curieux — mais charmants — personnages surgissent alors dans les rues de Limoilou et viennent animer les balades d’Hélène dans son quartier.

«En lisant le roman, je suis tombé sous le charme de la protagoniste qui, en dépit des difficultés qui l’entourent, arrive à rester positive, grâce entre autres à son rapport à la littérature, soutient le réalisateur. Et j’ai trouvé en Juliette Bharucha la personne parfaite pour l’interpréter. Elle joue dans 97 des 101 scènes du film. C’est une responsabilité immense. Mais son intelligence, sa curiosité et la puissance de son regard m’ont confirmé que j’avais fait le bon choix.»

Patrice Sauvé situe également son récit dans le contexte plus large de la vague de désinstitutionnalisation qui avait cours à l’époque

CINÉMA

Le Journal de Québec
Spectacles, vendredi 11 octobre 2024 422 mots, p. 31
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11 octobre 2024 - Le Journal de Montréal

ÉRIC TESSIER REVIENT AU CINÉMA D'HORREUR

MAXIME DEMERS

Quinze ans après la sortie de son thriller 5150, rue des Ormes, Éric Tessier revient au cinéma d'horreur. Le cinéaste planche sur une adaptation cinématographique du roman Flots de l'auteur Patrick Senécal.

Ce sera la troisième fois qu'Éric Tessier porte à l'écran un livre de Senécal, le maître de l'horreur au Québec, après Sur le seuil (en 2003) et 5150, rue des Ormes (en 2009).

Le réalisateur de la série Fugueuse et des films Tu te souviendras de moi et Junior Majeur dit avoir retrouvé l'envie d'explorer le cinéma de genre l'an passé en tournant un nouveau chapitre de la saga d'épouvante The Amityville Curse, pour la boîte de production Incendo.

«Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait de film d'horreur et j'ai tellement eu de plaisir, relate le cinéaste. Je me sentais comme un poisson dans l'eau. Je me suis dit qu'il fallait que je retombe là-dedans parce que c'est trop trippant.»

DÉCLIC

La lecture de Flots, roman de Senécal publié en 2021, a ainsi provoqué un déclic dans sa tête.

«On se connaît bien et je lis tout ce qu'il fait. Je l'ai appelé pour lui dire que j'avais envie d'adapter Flots et il a juste répondu : "yé, parfait!" C'était aussi simple que ça », indique le cinéaste.

Produit par Anne-Marie Gélinas de EMAfilms (Beans), Flots est présentement à l'étape de l'écriture et du financement. Éric Tessier dit avoir déjà complété une première version du scénario et espère pouvoir tourner le film en 2025.

Flots racontera l'histoire de Florence, une fillette de 8 ans qui mène une vie sans histoire jusqu'au jour où elle blesse et tue un chat sans le vouloir. Cet événement entraînera Florence dans «une dérape incontrôlée au coeur de l'horreur », selon le synopsis du film.

«Le roman de Patrick est très sombre mais mon film va être plus lumineux, précise Tessier. C'est un récit qui joue un tour au spectateur en l'amenant dans des directions inattendues et en lui faisant croire au pire. C'est une histoire incroyable.»

INTÉRÊT

L'adaptation de Flots suscite déjà de l'intérêt dans les festivals. Le projet a remporté en juillet les prix du meilleur pitch au marché du film Frontières et au marché du film Fanpitch, à Sitges, en Espagne.

«Quand on a fait notre pitch à Sitges, c'était la folie furieuse, raconte Éric Tessier. On a même reçu une invitation pour le pitcher à Bucheon, en Corée du Sud. C'est comme si on faisait une tournée de festivals avant même que le film soit fait !»

Le Soleil (Québec, QC) (tablette)
Arts, mardi 26 novembre 2024 - 00:37:45 560 mots
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26 novembre 2024 - Le Soleil (Québec, QC) (site web)

Charles-Frédérick Ouellet, artiste de l’année dans la Capitale-Nationale

Léa Harvey, Le Soleil

L’année 2024 se conclut sous le signe des récompenses pour Charles-Frédérick Ouellet. Après avoir remporté un prix au prestigieux concours World Press Photo ce printemps, le photographe a reçu le titre d’«artiste de l’année dans la Capitale-Nationale», lundi soir, au gala des prix d’excellence en arts et culture.

Avec cette distinction, le jury a notamment tenu à faire briller «sa capacité hors du commun à créer des atmosphères poétiques puissantes dans ses projets photographiques».

L’artiste de 43 ans, originaire de Chicoutimi, remporte également une bourse de 10 000 $, remise avec le prix du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ).

À l’instar de Charles-Frédérick Ouellet, le CALQ a également souligné le travail de l’écrivain Vincent Lambert en tant qu’artiste de l’année en Chaudière-Appalaches. Une récompense qui souligne «son œuvre littéraire», mais également son implication dans sa région.

Après avoir réussi un doublé l’an dernier, le duo Pierre&Marie a remporté pour une deuxième année consécutive le prix Ville de Québec — art public. Pierre Brassard et Marie-Pier Lebeau Lavoie ont embelli la maison des aînés de Lebourgneuf avec leur œuvre Le contour de nos souvenirs. Il s’agit de deux sculptures et d’une photographie qui offrent «un ensemble cohérent, poétique et très sensible envers la clientèle par son accessibilité, son côté tactile et sa référence à la mémoire», selon le jury.

Toujours du côté de la capitale nationale, Antitube s’est vu remettre le prix Ville de Québec — organisme. Le diffuseur, consacré au 7e art, a été récompensé pour la création du Cinéma Beaumont ainsi que «pour son ancrage et son rôle au cœur du milieu du cinéma indépendant à Québec».

Du côté de la relève professionnelle, Culture Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches (CCNCA) a souligné le travail de Geneviève Dufour et Sandra Giasson-Cloutier, respectivement autrice (Je me réclame du vertige, 2024) et artiste multidisciplinaire. Les deux artistes se sont ainsi mérité une bourse de 7500$ chacune.

Les douze lauréats 2024 en bref:

Prix Émergence en métiers d’art : Catherine Valois, céramiste

Prix Distinction en métiers d’art : Véronique Martel, céramiste

Prix du CALQ — artiste de l’année dans la Capitale-Nationale : Charles-Frédérick Ouellet, photographe

Prix du CALQ — artiste l’année en Chaudière-Appalaches : Vincent Lambert, écrivain.

Prix Relève professionnelle en Capitale-Nationale : Geneviève Dufour, poète

Prix Relève professionnelle en Chaudière-Appalaches : Sandra Giasson-Cloutier, artiste en arts visuels

Prix Videre — relève en arts visuels : Danielle Cormier, pour l’exposition Ce qu’il en reste

Prix Videre — création en arts visuels : Bill Vincent, pour l’exposition Exsiccatae

Prix Videre Reconnaissance en arts visuels : Richard Baillargeon, pour l’ensemble de sa carrière

Prix Ville de Lévis : l’École Solidartis

Prix Ville de Québec — organisme : Antitube, pour le Cinéma Beaumont

Prix Ville de Québec — art public : Pierre&Marie, pour Le contour de nos souvenirs.

Au total, près de 45 000$ ont été remis, sous forme de bourse, aux lauréats, lors de cette 38e édition des prix d’excellence en arts et culture. Les trophées offerts aux gagnants ont été réalisés par l’artiste multidisciplinaire, Olivier Moisan Dufour.

Pour en savoir plus sur les gagnants et les finalistes, on peut visiter le site web de l’organisation.

Cet article est paru dans Le Soleil (Québec, QC) (tablette)

Le Devoir
Culture, vendredi 1 novembre 2024 944 mots, p. B3

Le tour du chapeau de Philippe Quint

ANDRÉ LAVOIE

COLLABORATEUR ; LE DEVOIR

Le violoniste a présenté plus de 40 fois sur les routes d’Europe et d’Amérique du Nord son spectacle hommage à la musique de Charlie Chaplin, et il ne s’en lasse pas

es générations de spectateurs savent à quel point Charles Spencer Chaplin, mieux connu sous le nom de Charlie Chaplin, était non seulement talen-tueux, mais d’une polyvalence à ren-dre jaloux les plus doués de Holly-D wood. Acteur, réalisateur, scénariste, producteur, le créateur du personnage du plus célèbre vagabond de l’histoire du cinéma, Charlot, et d’un nombre important de chefs-d’oeuvre, dont L’opinion publique (1923), La ruée vers l’or (1925), Les temps modernes (1936), et Le dictateur (1940), avait aussi la main haute sur la musique de ses films.

On lui a beaucoup reproché un excès de sentimentalisme, mais certaines de ses mélodies ont fini par s’imposer, au point où plusieurs les fredonnent sans savoir qu’elles portent la signature de Chaplin. Le violoniste Philippe Quint ne s’en cache pas:il fait partie de ceux qui ignoraient tout de cette facette de la personnalité artistique d’une de ses idoles de jeunesse.

Celui qui a grandi en Union soviétique, plus précisément à Leningrad, avant que la ville reprenne son nom d’origine, Saint-Pétersbourg, en 1991, n’a eu conscience que très tard qu’il fut bercé par ses compositions tout en admirant ses films.

À une époque où le régime communiste censurait le cinéma occidental, Chaplin bénéficiait d’une certaine tolérance, et d’une diffusion plus grande, dont à la télévision. «Visiblement, le régime ne craignait pas que nous soyons brainwashés par ses films muets !»dit Philippe Quint en rigolant. Plusieurs années après ses études à la Juilliard School, et devenu citoyen américain, cette révélation, «grâce à YouTube», tient-il à préciser, a modifié la trajectoire de sa carrière.

Trois ans de recherches

Le ciné-concert de dimanche à la salle Bourgie, intitulé Le sourire de Charlie Chaplin, a aussi beaucoup souri à ce musicien:il le trimballe à travers le monde depuis quelques années déjà. Avant cela, la création de l’album Chaplin’s Smile (Warner Classics, 2019) fut loin d’être précipitée:trois ans de recherches, avec la complicité de la pianiste Marta Aznavoorian (sur scène, il sera accompagné par Jun Cho), pour offrir 13 arrangements des plus belles musiques du réalisateur d’Un roi à New York (1957).

Selon Philippe Quint, tous ces airs visent directement le coeur et, comme ils sont accompagnés d’images qui ont fait rire et pleurer des millions de spectateurs, l’envoûtement s’en trouve rehaussé. Une réussite d’autant plus grande selon lui puisque Chaplin, qui jouait du violon et du piano en amateur, «ne savait absolument pas lire la musique».

Quelques défauts

Ce fut une surprise, mais finalement pas si grande que cela pour celui qui a croisé plus d’un compositeur dans la même situation que Chaplin.

«En tant que musicien formé aussi bien à la théorie qu’à la pratique, j’avais l’impression que c’était le cas des compositeurs, reconnaît Philippe Quint. Certains des plus connus ne savent pas lire la musique ! La dynamique des répétitions change forcément d’un compositeur à l’autre. En ce qui concerne Chaplin, il travaillait avec des arrangeurs doués, mais possédait deux choses exceptionnelles:un formidable instinct et une grande culture musicale.»Les 500 partitions de son corpus sont d’ailleurs imprégnées des artistes pour lesquels il avait une grande admiration, tels Puccini, Verdi, Tchaïkovski et Brahms, sans compter tous ceux qu’il a eu la chance de rencontrer au fil de sa carrière, comme Debussy, Rachmaninov, Stravinsky et Gershwin.

À ces précieux atouts s’ajoutaient bien sûr quelques défauts, Philippe Quint ayant découvert chez Chaplin des aspects plus sombres. «Il avait une personnalité intransigeante, parfois tyrannique, souligne le violoniste. Congédier quelqu’un sur-le-champ ne lui causait aucun remords, encore moins reprendre une prise des dizaines et des dizaines de fois jusqu’à ce qu’il soit satisfait.»De son côté, Quint a présenté plus de 40 fois sur les routes d’Europe et d’Amérique du Nord ce spectacle hommage à la musique de Charlie Chaplin, et ne s’en lasse pas. Le musicien, qui compte une quinzaine d’albums à son actif, a pu largement le peaufiner depuis 2019, l’offrant parfois avec orchestre, parfois en formation réduite, «devant des publics qui réagissent, et rient, rarement aux mêmes endroits».

Les pépites les plus précieuses

Au fil des années, il continue de chérir les pépites les plus précieuses du trésor Chaplin. «J’adore Le kid (1921), un film qui me ramène constamment à ma propre enfance et ne cesse de m’émouvoir, puis la pièce Eternally, tirée des Feux de la rampe (1952), un hommage au premier mouvement de la Symphonie pathétique de Tchaïkovski.»Comme le disait Woody Allen:«If you steal, steal from the best !» Le sourire de Charlie Chaplin Philippe Quint, le dimanche 3 novembre à 14 h 30 à la salle Bourgie En ce qui concerne Chaplin, il travaillait avec des arrangeurs doués, mais possédait deux choses exceptionnelles:un formidable instinct et une grande culture musicale PHILIPPE QUINT » À une époque où le régime communiste censurait le cinéma occidental, Chaplin bénéficiait d’une certaine tolérance, et d’une diffusion plus grande, dont à la télévision

MUSIQUE

Acadie Nouvelle
Arts et Spectacles, samedi 23 novembre 2024 405 mots, p. 15

Un film d’horreur sonore

SM

Le cinéma d’horreur est reconnu pour ses bandes sonores riches contribuant à accroître l’angoisse et le suspens. Afin de pousser l’expérience plus loin, l’artiste David Arseneau de Sackville propose un film d’horreur seulement audio. Il n’y a pas d’image. L’effet est plutôt saisissant. Dans la Galerie Sans Nom, il y a un grand écran, des sièges de salle de cinéma et des haut-parleurs qui diffusent la bande sonore. Celui qui a passé toute sa vie à regarder des films cultes, d’horreur et de série B, aime cette esthétique.

«Et j’ai essayé de la recréer. Le film a été présenté à Montréal, mais d’une autre façon. […] C’est la première fois que je montre le film comme que je l’avais imaginé. Dans le cube blanc, mais avec une tendance cinéma avec les sièges. C’est comme un trucage. C’est-tu un film ou une oeuvre d’art?»Ironiquement, David Arseneau vient du monde de l’image et de la peinture. Il a été artiste-peintre pendant près de 15 ans. À mesure que sa peinture devenait de plus en plus conceptuelle, il a délaissé le monde de l’image pour se consacrer à la recherche et au son.

«J’ai une personnalité assez obsessive et je suis rentré à fond dans la recherche, le travail s’accumulait. Et en même temps que je faisais ça, j’ai une obsession pour les bandes sonores. Surtout comme certaines bandes sonores qui ont rapport avec des synthétiseurs, des films de série B des années 1970, 1980. J’ai commencé secrètement à faire des bandes sonores dans ma chambre, chez moi, après ma journée de travail à l’atelier. Et ça a pas mal pris le dessus de ma vie.»Walker Road and the creature from hell est son premier film sonore qu’il a conçu de A à Z. «Je trouve que le film d’horreur, pour moi en tout cas, c’est vraiment quelque chose d’extrêmement sonore.»Son installation est présentée aussi jusqu’au 2 décembre, tout comme les autres expositions du volet arts médiatiques au Centre culturel Aberdeen. On peut voir une série de vidéoclips de Joseph Edgar réalisés par Julien Cadieux qui mettent en vedette des artistes de la danse. Une installation de Laura St-Pierre est également présentée à la Galerie Louise-et-Reuben-Cohen à Moncton jusqu’au 15 décembre. – SM

Le Dauphiné libéré (site web réf.) - Le Dauphine
23 septembre 2024 148 mots
Lussas La nouvelle salle de cinéma rénovée a ouvert ses portes

En cette année 1984, Lussas avait bénéficié d’une subvention pour la création de la salle de cinéma dans le cadre de la politique menée alors par le ministère de la... Voir l'article

Acadie Nouvelle
Arts et Spectacles, jeudi 14 novembre 2024 236 mots, p. 9

La Tournée scolaire du FICFA bat des records

SM

Alors que le Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA) approche à grands pas, la Tournée scolaire du festival affiche une assistance record d’après les organisateurs. L’initiative a rejoint plus de 16 000 jeunes du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.

Du 14 octobre au 8 novembre, les élèves ont eu l’occasion de découvrir des films francophones en provenance de différentes régions du monde. Les projections encadrées par des membres de l’équipe du FICFA, ont permis aux élèves de la maternelle à la 12e année de développer leur sens critique face au cinéma et à la culture, et d’exprimer leurs réflexions à travers du matériel pédagogique en lien avec les films. «La Tournée scolaire du FICFA a été une occasion unique pour les élèves d’explorer la richesse du cinéma francophone. Chaque film a été soigneusement sélectionné pour offrir aux jeunes une expérience culturelle enrichissante et adaptée à leur âge, contribuant ainsi à la construction de leur identité francophone», indique Natasha Haché, responsable de la Tournée.

Le programme adapté selon les niveaux scolaires proposait une sélection de courts métrages, les films Angelo dans la forêt mystérieuse d’Alexis Ducord et Winshluss, Écho à Delta de Patrick Boivin ainsi que le film de clôture du FICFA 2023, Ru de Charles Olivier-Michaud. Le 38e FICFA se tient du 19 au 24 novembre.-SM

EN BREF

Le Devoir
Culture, jeudi 28 novembre 2024 1255 mots, p. B8
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28 novembre 2024 - Le Devoir (site web)

Chausser de grands souliers

ANNE-FRÉDÉRIQUE HÉBERT-DOLBEC

LE DEVOIR

L’équipe derrière Mlle Bottine dévoile sa vision de ce classique remanié mettant en scène une célèbre mouffette

Une adorable mouffette qui multiplie les bêtises. Une fillette intelligente, fron-deuse et indépendante qui tient tête aux adultes pour préserver la beauté du monde. Un tonton misanthrope qui ouvre peu à peu son coeur au monde. Il y a près de 40 ans, Bach et Bottine faisait fondre le coeur des petits comme des grands, s’ancrant à jamais parmi les oeuvres phares du cinéma jeunesse d’ici.

Toucher à un classique est toujours risqué. C’est pourtant le défi que se sont lancé le scénariste et producteur Dominic James et le réalisateur Yan Lanouette Turgeon, en offrant une nouvelle adaptation du célèbre conte au public d’aujourd’hui.

Lorsqu’il a repris, en 2015, les rênes des productions La Fête, fondées par le créateur des Contes pour tous, Rock Demers, Dominic James a très rapidement vu le potentiel de ce film bonbon mettant en vedette une famille atypique. «Je trouvais que la prémisse du film — qui est notamment fondée sur la notion d’isolement — résonnait beaucoup avec l’époque actuelle, explique-t-il en entrevue au Devoir. On vit dans une société où on passe plus de temps sur nos téléphones qu’à connecter les uns avec les autres. Cette idée que quelqu’un puisse briser les murs de la prison que les adultes érigent autour d’eux pour réveiller l’enfant intérieur et leur réapprendre à se laisser aimer, je pense qu’elle peut toucher beaucoup de gens.»Le scénariste a transposé cette nouvelle mouture dans l’univers de l’opéra où Philippe, un compositeur en manque d’inspiration, se voit contraint d’accueillir sa nièce Simone, une orpheline en attente d’une nouvelle famille, dont la meilleure amie est une mouffette. Tandis que le premier est renfermé, taciturne et profondément solitaire, la seconde déborde de vie, d’imagination, de curiosité, en plus de cultiver un sérieux penchant pour la désobéissance.

Simone arrive à un moment difficile dans la vie de Philippe, qui voit avec effroi approcher l’échéance du contrat de composition auquel il s’affaire depuis des mois, sans grands résultats, et qui doit remettre sa carrière sur les rails. Au contact de la gamine, l’artiste verra toutefois ses horizons — et son coeur — s’élargir, redonnant de l’élan à sa créativité.

Large spectre

Dominic James a confié les clés de son projet à Yan Lanouette Turgeon — un choix audacieux. Le réalisateur, qui tient notamment à son curriculum vitæ le long métrage Roche papier ciseaux (2013) et la télésérie IXE-13 et la course à l’uranium (2024), est en effet plutôt connu pour son humour grinçant et son emprunt au film noir. «Je ne suis vraiment pas le premier à qui j’aurais pensé pour un tel mandat, lance en riant le principal intéressé. Mais quand j’ai lu le scénario, j’ai été emballé par le souffle, le rythme, l’histoire. Je voyais la possibilité de créer tout un univers. J’y ai aussi reconnu les angoisses qu’on peut avoir quand on devient parent pour la première fois, et qu’on doit soudainement s’occuper d’un tout petit humain, et ça m’a beaucoup touché.»«Le défi était de trouver le ton juste pour toute la famille, ajoute le producteur. On voulait, avec La Fête 2.0, proposer des films rassembleurs, inspirants, drôles, mais qui ne craignent pas d’aborder des thématiques plus sérieuses, qui parlent aussi à un public adulte. Ça prenait quelqu’un avec une profonde sensibilité, avec beaucoup d’humour et capable d’offrir une expérience visuelle. Je savais, pour avoir déjà travaillé avec Yan, qu’il protégerait cette vision et ces exigences.»

Un duo irrésistible

Antoine Bertrand, qui interprète le compositeur, n’a pas hésité une seule seconde à sauter à pieds joints dans l’aventure. «J’ai grandi avec les Contes pour tous. Quand j’ai vu le logo des productions La Fête sur le scénario, 90 % de ma décision était prise. Puis, la proposition était manifestement à la hauteur. Il ne manquait qu’un élément», indique-t-il en adressant un clin d’oeil à sa partenaire de jeu, Marguerite Laurence, qui interprète Simone.

En effet, même si l’histoire est touchante et bien amenée, le film n’aurait pas été aussi réussi sans la complicité manifeste unissant les deux acteurs. «C’est impossible de ne pas développer une complicité avec Marguerite, parce qu’elle est tellement ouverte sur les autres. Je pense que tu t’entendrais même avec un punk du parc Émilie-Gamelin, un vidangeur d’Hochelaga, ou même Donald Trump.»«Quand même pas ! rétorque la principale intéressée. Ça a été difficile de trouver des points positifs à Antoine, mais j’ai réussi», ricane-t-elle.

Alors que Marguerite Laurence ressemble beaucoup à Simone, «mais en plus respectueuse», Antoine Bertrand a pour sa part dû composer le personnage le plus différent de lui qu’il ait eu à interpréter au cours de son impressionnante carrière. «Je suis l’antithèse de l’anxieux social. Je devais toujours garder un frein sur mon côté extraverti et blagueur, toujours être dans l’inconfort alors que je ne suis que confort. J’ai fait beaucoup de recherche sur l’anxiété avant le tournage pour faire vivre Philippe en moi avant d’arriver sur le plateau. C’était un beau défi.»

Atmosphère ludique et grandiose

En choisissant de transposer l’univers de Bach et Bottine dans le milieu de l’opéra, Dominic James et Yan Lanouette Turgeon se sont donné le droit d’explorer un univers dont le ton, la forme et les conventions leur offraient des avenues narratives moins conventionnelles, sans perdre une once de vérité et de réalisme. «À l’opéra, tout est gros, grandiose, tragique. En même temps, c’est tellement senti qu’on ne peut pas ne pas y croire. Ça nous permettait de créer des personnages secondaires un peu “over the top”, d’oser un humour plus caricatural, d’utiliser la musique pour communiquer des émotions plus grandes que nature, en plus de bâtir un univers visuel riche et beau. Pour un réalisateur, c’est du bonbon», souligne Yan Lanouette Turgeon.

Pour souligner l’intemporalité du récit, les deux acolytes ont également décidé d’offrir un petit côté rétro à leur production, tant et si bien qu’on ne peut jamais vraiment cibler l’époque où se déroule le récit. Le cinéaste a d’ailleurs beaucoup étudié l’intemporalité, dans la production tant photographique que cinématographique, pour imaginer le look de son film. «À la lecture du scénario, j’ai revu le petit cul de 11 ans dans la salle de cinéma, qui se cachait pour que son cousin ne le voie pas pleurer. À 45 ans, j’étais encore ému, pour des raisons complètement différentes. L’intemporalité du récit était manifeste. Il pouvait autant se passer en 1956 qu’en 2024. Je travaille toujours de la même façon, en partant des personnages pour faire exploser la forme. Ici, j’avais affaire à des personnages un peu décalés, en marge du monde. Tout devenait symbiotique et me permettait d’imaginer un univers ludique et coloré.»«On était aussi très conscients de travailler sur un film qui allait durer longtemps, comme tous les Contes pour tous», renchérit Dominic James.

CINÉMA

Le Devoir
Culture, vendredi 8 novembre 2024 643 mots, p. B4
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8 novembre 2024 - Le Devoir (site web)

Naviguer entre deux eaux

SARAH-LOUISE PELLETIER-MORIN

COLLABORATRICE; LE DEVOIR

En mélangeant les codes du film d’action et de la comédie romantique, À toute allure s’échoue entre les deux

Marianne (Eye Haïdara), officière dans un sous-marin nucléaire, rencontre Marco (Pio Marmaï), chef de cabine dans un avion, lors d’une violente tempête qui les force à s’arrêter sur la même île au beau milieu de l’océan. Naît alors entre eux une idylle, avortée par le départ de Marianne qui doit rejoindre son équipage. Dans un élan romantique, Marco tente de la rattraper, mais se retrouve à embarquer par accident dans le sousmarin, parti en expédition. S’ensuit une histoire d’amour perturbée par de nombreuses péripéties hors du commun.

Nul besoin ici d’insister sur l’étrangeté, mais aussi sur l’originalité du scénario, dont la proposition a tout pour plaire:un film d’aventures pris en écharpe dans une comédie romantique.

La réalisation à grand déploiement appuie ainsi sur les codes du cinéma d’aventure (musique d’action, travelling, montage très rythmé, prises de vue impressionnantes), mais aussi sur ceux de la comédie romantique, qui jouent en l’occurrence sur le rendezvous manqué et l’amour impossible. Il en ressort un film extrêmement rythmé, avec des dialogues bien ficelés, qui alterne de lieu en lieu d’une ingénieuse façon. On sent un réel investissement des décors et des costumes, qui ne cessent de se renouveler en fonction des nouveaux cadres. Notre oeil se laisse happer par ces lieux nouveaux qui nous entraînent d’une île tropicale à une maison de famille luxueuse, en passant par les hautes les hautes mers, grâce à une direction photo qui nous offre des plans assez agréables à regarder.

Au ras du divertissement

Certes, À toute allure divertit. Mais est-il drôle ? Par moments. On se régale notamment des scènes musicales, qui reviennent à quelques reprises et qui sont très bien mises en scène. Mais il faut surtout insister sur la performance de Pio Marmaï, délectable dans ce rôle d’homme à tout faire, trouble-fête, dont le charisme ne cesse d’évoluer au gré de la transformation de son personnage, qui perd en impénétrabilité pour gagner en vulnérabilité. Marianne incarne son alter ego féminin, dans ce personnage doté d’un coeur de pierre et d’un sale ca-ractère, deux caractéristiques sans doute essentielles lorsqu’on est l’unique femme au sein d’un équipage d’une centaine d’hommes.

Hélas, en mélangeant les codes du film d’action et de la comédie romantique, le film ne parvient jamais à dépasser le statut de parodie, ni du côté de l’aventure ni du côté romantique, si bien qu’il semble flotter entre deux eaux, pour finalement stagner dans cet entre-deux.

Les personnages sont du reste très peu approfondis, tout comme les blagues qui ne dépassent guère les clichés sexistes. On regrette surtout que la complicité entre Marco et Marianne ne dégage aucune tension, au mieux une franche camaraderie, qui ne fait jamais croire à une histoire d’amour entre eux. Bien qu’il cherche à en mettre plein la vue, le long métrage ne réussit pas à décoller ; il effleure, rase et finalement s’abîme dans les pièges d’une réalisation patentée.

Molière disait que la comédie sert à corriger les vices des hommes ; ici, on ne sait trop de quoi on rit ni pourquoi on rit, et c’est peut-être ce qui manque cruellement à cette oeuvre. C’est un film qui, in fine, ne parvient pas à laisser sa trace, et qui de fait sera vite oublié. Dégager un chemin entre le ciel et les profondeurs, accéder jusqu’au coeur.

À toute allure -||-**

Comédie écrite et réalisée par Lucas Bernard, avec Pio Marmaï, Eye Haïdara et José Garcia. France, 2024, 86 minutes. En salle.

CRITIQUE CINÉMA

Maville (site web réf.) - Guingamp Maville
9 octobre 2024 665 mots
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9 octobre 2024 - Ouest-France (site web)
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17 octobre 2024 1250 mots
ENTRETIEN. Muriel Robin revient dans «Master Crimes» : « Louise et moi partageons un côté

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Le Temps
Culture, mercredi 30 octobre 2024 599 mots, p. 19

Les invisibilisées de Hongkong

8063

CINÉMA Prodige de délicatesse, « All Shall Be Well » de Ray Yeung raconte comment la fin d'un grand amour lesbien fait place à la mesquinerie familiale. Un film juste sur une cause oubliée

8063

Quand, dès les premiers plans, deux jeunes en balade vus de dos s'avèrent bientôt être deux amies sexagénaires qui vivent ensemble depuis des décennies, le film a des chances d'être intéressant. Et ce, même si on commence par suivre Pat et Angie qui vaquent à leur vie tranquille de retraitées à Hongkong. Un jour, après avoir reçu toute la famille de Pat à dîner, cette dernière meurt soudainement. Problème: elle n'a pas laissé de testament et la loi désigne son frère Shing comme légataire universel, laissant Angie, déjà dévastée par la perte de l'amour de toute une vie, à la merci d'une belle-famille qui ne l'est même pas officiellement.

Et encore un film queer? Si l'on veut, mais d'une manière si tendre, discrète et intelligente qu'il ne saurait choquer personne. Juste un film qui s'intéresse pour une fois à cette vieille tante qu'on retrouve à toutes les fêtes de famille et qui ne s'est jamais mariée. Le fait qu'il nous vienne de Hongkong en dit aussi long sur la rareté d'un tel thème et la qualité de son traitement. Quatrième opus de Ray Yeung, qui dirige par ailleurs le festival de cinéma LGBT local (toléré par les autorités chinoises), All Shall Be Well fait suite à Un printemps à Hong Kong (2019), une romance entre deux grands-pères déjà remarquée pour sa délicatesse.

A chacun ses raisons

Appréciée de tous dans la famille - de Shing comme de sa femme Mei, de leurs enfants Victor et Fanny, et même des petits de cette dernière -, Angie a beaucoup de chance. Mais déjà, pour les funérailles, même si Pat lui avait confié son souhait que ses cendres soient répandues en mer, la famille se décide plutôt pour un casier de columbarium. Et quand arrive la question de leur bel appartement, qui pourrait dépanner les uns ou les autres, plus mal lotis, tout se gâte. Angie parviendra-t-il à faire reconnaître ses droits, même si l'appartement avait été acheté par Pat?

Grâce à l'attachante actrice qui l'incarne, Patra Au Ga-man, on est de tout coeur avec elle. Mais la vraie force du film est de donner à chacun ses raisons. C'est ainsi que, tandis que Pat avait fait fortune avec une entreprise textile, Shing a dû lâcher son restaurant et continuer à travailler comme gardien d'un garage. Simple chauffeur Uber, Victor ne trouve pas d'appartement pour s'installer avec son amie. Fanny et les siens vivent entassés dans un quartier modeste. Où l'on découvre une différence de classe et d'autres problèmes locaux tels qu'une grave crise du logement. « Tante » Angie se voit donc invitée à se rapprocher de ses propres parents encore en vie plutôt que de s'accrocher aux souvenirs de la sienne avec Pat.

Un sens de la lumière

Tout ceci est traité avec une douceur remarquable, un sens de la lumière, du cadre et des durées juste, sans musique manipulatrice. Les petites trahisons des uns et des autres, même pas homophobes mais profitant d'un cadre légal qui leur est favorable, n'en paraissent que plus terribles. Dur sur le fond, All Shall Be Well (« tout ira bien ») se clôt dès lors sur le baume d'un souvenir privé intact. Trop accommodant? En tout cas, on défie quiconque d'y rester indifférent. N. C.

All Shall Be Well, de Ray Yeung (Hong Kong, 2024), avec Patra Au Ga-man, Maggie Li Lin-lin, Tai Bo, Hui So-ying, Lung Chung-hang, 1h33.

Maville (site web réf.) - Guingamp Maville
31 octobre 2024 141 mots
Sur un fil. Cinéma

Cinéma Guingamp : Sur un fil - Jo, une jeune femme, artiste de cirque de rue, découvre le travail des clowns professionnels de 'Nez pour rire'. Vite - peut-être trop vite - entrée dans... Voir l'article

Tribune de Genève, no. 23547
Culture, mercredi 30 octobre 2024 385 mots, p. 23

[« Let's doc! » , deuxième Semaine du documentaire...]

« Let's doc! » , deuxième Semaine du documentaire

Festival

Dès le 1er novembre, 130 lieux disséminés dans tout le pays diffusent une nonantaine de films.

Pour la deuxième fois, l'association romande Ciné-Doc organise le festival national du film documentaire « Let's Doc! » Du 1er au 30 novembre, plus de 90 films seront projetés dans plus de 130 lieux à travers toute la Suisse. Lors du projet pilote de l'année dernière, une centaine de lieux ont participé en tant que partenaires. Le festival de films documentaires se déroule de manière décentralisée dans toute la Suisse.

Cette année, cinquante cinémas, 13 bibliothèques, 19 centres socioculturels, 13 ciné-clubs, des musées et des églises ainsi que quelques festivals partenaires comme le festival de films documentaires Visions du Réel à Nyon y participent. Les partenaires ont pu choisir parmi les 30 films proposés ou proposer eux-mêmes des films. De la Katholische Kirsche de Kriens au Musée d'ethnographie de Neuchâtel, en passant par la Bibliothèque cantonale de Bellinzone, la Cinémathèque suisse à Lausanne, les Cinémas de Sion ou encore l'Espace noir de St-Imier, c'est une constellation de lieux qui organisent des séances. À Genève, le Grütli, Cinéversoix, le FIFDH et le Cinéma CDD participent à l'événement. La majorité des projections sont suivies d'échanges et des prises de paroles En parallèle, un programme de médiation culturelle se déploie dans six prisons et une dizaine d'écoles.

Le festival s'ouvre avec « No Other Land » de Basel Adra, Yuval Abraham, Hamdan Ballal et Rachel Szor, un collectif de quatre activistes israélo-palestiniens. Leur film a reçu le prix du meilleur documentaire à la Berlinale et, en avril dernier, le Prix du public à Visions du Réel. « No Other Land » sera projeté dans plus de 20 cinémas.

La première aura lieu le 31 octobre aux Cinémas du Grütli à Genève. Une discussion en ligne avec les réalisateurs sera organisée.Ciné-Doc est une association fondée en 2016 pour promouvoir le cinéma documentaire, principalement en Suisse romande. L'année dernière, elle a lancé le projet national Let's Doc! Le festival suisse s'inspire des journées du film documentaire LETsDOK en Allemagne et du Mois du film documentaire en France. ATS

Programme sur www.letsdoc.ch. Première à Genève le 31 à 20h30 avec « No Other Land »

« No Other Land » , de Basel Adra, Yuval Abraham, Hamdan Ballal et Rachel Szor, ouvre l'événement à Genève. DR

Maville (site web réf.) - Saint-Brieuc Maville
7 octobre 2024 185 mots
Les contes d'hoffmann (metropolitan opera). Cinéma

Cinéma Saint-Brieuc : Les contes d'hoffmann (metropolitan opera) - Lors d'une représentation de l'opéra Don Giovanni de Mozart, Hoffmann raconte à des étudiants trois amours de sa vie, de... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Grasse maville
9 octobre 2024 730 mots
« Un lieu de comédie et d’humour » : Gad Elmaleh reprend le célèbre cabaret parisien Chez

Info Grasse Un lieu de comédie et dhumour Gad Elmaleh reprend le célèbre cabaret... Grasse Accueil Info En France et dans le Monde ... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Pontivy Maville
31 octobre 2024 101 mots
Bloody beggar. Cinéma

Cinéma Pontivy : Bloody beggar - La vie d'un mendiant prend un tournant inattendu lorsqu'une mésaventure bouleverse sa routine quotidienne. Parviendra-t-il à se frayer un chemin à travers les... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Brignoles Maville
3 octobre 2024 185 mots
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Cinéma Brignoles : Les contes d'hoffmann (metropolitan opera) - Lors d'une représentation de l'opéra Don Giovanni de Mozart, Hoffmann raconte à des étudiants trois amours de sa vie, de Paris... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Vitre Maville
5 octobre 2024 148 mots
D'est. Cinéma

Cinéma Vitré : D'est - Après la chute du mur de Berlin, Chantal Akerman regarde en de longs travellings ou plans fixes la réalité et la mutation de ces pays de l... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Rennes Maville
5 octobre 2024 158 mots
En fanfare. Cinéma

Cinéma Rennes : En fanfare - Thibaut est un chef d'orchestre de renomme´e internationale qui parcourt le monde. Lorsqu'il apprend qu'il a e´te´ adopte´, il de´couvre l... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Menton Maville
11 octobre 2024 125 mots
C’est l’un des dossiers chauds de Rachida Dati : le pass Culture, stop ou encore ? . Cinéma

Plusieurs chantiers attendent Rachida Dati, reconduite à la tête du ministère de la Culture. Notamment la refonte du pass Culture, dispositif censé faciliter l’accès des jeunes aux propositions culturelles. Or... Voir l'article

Le Temps
Culture, mercredi 16 octobre 2024 933 mots, p. 16

« Miséricorde », dans l'Aveyron à la saison des champignons

NORBERT CREUTZ

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CINÉMA Inclassable, entre comédie, drame et suspense, ce long métrage d'Alain Guiraudie ne se moque pas du public, convié à une drôle de fable (a)morale. Un film clairement queer, mais pas trop

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Décidément, c'est la saison des champignons. En attendant un long métrage de fiction entièrement consacré à leurs aventures, en voici déjà deux qui leur offrent une place (symbolique) de choix. C'est sur les talons de l'excellent Quand vient l'automne de François Ozon que sort en effet Miséricorde d'Alain Guiraudie, lequel leur donne un tout autre rôle: après le révélateur de relations familiales empoisonnées, voici en effet celui d'un désir phalloïde irrépressible, jusque sur une tombe. Hum! De la part de l'auteur de L'Inconnu du lac et Rester vertical, on pouvait toutefois s'y attendre. La surprise vient plutôt du fait qu'à 60 ans, il signe peut-être là son film le plus grand public, sans s'égarer dans sa propre fantaisie ni chercher absolument à choquer le bourgeois.

Parti pour rester

Le Festival de Cannes l'aura bien mal récompensé, le programmant dans ce fourre-tout intitulé « Cannes Première » alors qu'il s'agit là d'un vrai film d'auteur, original et exigeant. On n'hésitera pas à l'affirmer, nettement meilleur en vérité que les deux autres sorties de cette semaine, L'Amour ouf et The Apprentice, qui, eux, eurent l'honneur de la compétition... Bref, si vous aimez vos films plus subtils que grandiloquents, plutôt complexes qu'évidents, alors n'hésitez pas. Ce nouveau Miséricorde qui aura tôt fait d'effacer le souvenir d'un film suisse éponyme (Fulvio Bernasconi, 2016) est pour vous!

Tout se joue à l'automne dans l'Aveyron natal de l'auteur, sans doute le plus anti-parisien de tous les cinéastes français. Le générique se déroule déjà sur un long traveling en voiture qui dit bien l'isolement de la région. Parti de Toulouse, le trentenaire Jérémie (un excellent Félix Kysyl, aperçu dans Le Redoutable, Des Hommes et Le Consentement) revient à Saint-Martial pour l'enterrement de son ancien patron boulanger. Alors qu'il pensait repartir dans la soirée, il finit par accepter l'invitation de rester la nuit chez sa veuve Martine (Catherine Frot), dans l'ancienne chambre de son fils Vincent. Malgré tous les bons souvenirs partagés, on sent que ce dernier ne voit pas ce retour d'un très bon oeil. Encore moins lorsque Jérémie renoue avec le gros Walter, un autre ami de jeunesse qui vit seul dans la ferme isolée de ses parents, et ne fait plus mine de vouloir repartir.

A l'évidence, il y a là beaucoup de non-dits, et Alain Guiraudie a fait l'excellent choix de les laisser pour l'essentiel là. Alors même que tout le monde s'affiche hétérosexuel, on sent bien qu'il y est question de désir homosexuel, entre qui et qui et consommé ou non, on n'en saura trop rien. Toujours est-il que l'inimitié croissante entre Jérémie et Vincent débouche sur un drame. Coupable, Jérémie tente bien de camoufler son méfait commis en forêt et de faire croire à une disparition inopinée de Vincent, mais le retour obstiné des morilles l'accuse... Et alors qu'un tandem de gendarmes arrive pour enquêter, on en vient surtout à se demander qui sait quoi, entre Walter, Martine, l'épouse de Vincent, le curé du village et bientôt les policiers eux-mêmes...

Au début, cela n'a l'air de rien, juste d'une petite histoire de remise au vert pour un citadin dépressif. Guiraudie nous place d'ailleurs de son côté, quitte à bientôt éprouver de l'empathie pour un criminel retors. Alfred Hitchcock ne procédait pas autrement avec ses séduisants assassins de L'Ombre d'un doute, La Corde ou L'Inconnu du Nord-Express. Avec notre Aveyronnais aussi pince-sans-rire que décalé (pour ne pas dire ouvertement gay), cela donne plutôt un mix entre Mais qui a tué Harry? et Théorème de Pasolini: un cadavre enterré-déterré et un bel étranger qui sème le trouble dans une famille. L'habileté croissante du cinéaste et un goût du classicisme retrouvé font en tout cas que le suspense est au rendez-vous. Quant au désir, même sous-terrain, même coupable, il circule toujours librement, et le curé ne saurait en être épargné.

Un suspense philosophique

Pourtant, même la religion n'est pas totalement traitée par-dessus la jambe dans ce territoire reculé propice à toutes les fantaisies. D'où sans doute le titre. Oh, il ne s'agit là ni d'un catéchisme appris par coeur ni d'une foi sincère qui reprendrait le dessus. Mais tout de même d'un questionnement moral lancé à une instance supérieure, alors même que la nature semble si indifférente et l'humain capable de s'arranger de toutes les ignominies. Et pourquoi donc le sexe, pulsion de vie, est-il si intimement lié à la mort? Quant à la conclusion, qui réunit enfin deux corps dans un même lit, elle sera encore sujette à conjectures, suggérant que l'amour est encore ailleurs, autrement scandaleux.

Pour nous, le meilleur film mycophile reste le délicieux documentaire italo-américain The Truffle Hunters (Michael Dweck & Gregory Kershaw, 2020). Mais pour qui apprécie aussi le potentiel vénéneux des champignons, ce doublé insidieusement queer, avec une déviance et une perversité plus cachées (François Ozon) contre une différence et une jouissance plus assumées (Alain Guiraudie), a lui aussi de quoi marquer les esprits. Le cinéma d'auteur français y retrouve en tout cas toute sa saveur.

Miséricorde, d'Alain Guiraudie (France, 2024), avec Félix Kysyl, Catherine Frot, Jacques Develay, Jean-Baptiste Durand, David Ayala, Tatiana Spivakova, Sébastien Faglain. 1h43

Il y a là beaucoup de non-dits, et Alain Guiraudie a fait l'excellent choix de les laisser pour l'essentiel là

Le Soir
GENERALE
Culture, vendredi 25 octobre 2024 985 mots, p. GENERALE18

Jeux de société

Les Loups-Garous de Thiercelieux allument toujours le feu

JULIE HUON

Ils étaient chassés autour d’une table, les voilà qui bondissent à l’écran. Adapté en série sur Netflix et en téléréalité sur Canal+, le jeu de société culte fête ses 23 ans et prouve que, nuit après nuit, il est toujours vivant.

JULIE HUON

Le village s’endort, et dans le silence de la nuit, Les Loups-Garous de Thiercelieux s’infiltrent dans nos télés. Comme un sort jeté par la sorcière du village, ce petit bijou ludique, créé en 2001 par les Français Philippe des Pallières et Hervé Marly, se la joue désormais en mode superproduction Netflix – lancée ce 23 octobre – et téléréalité sur Canal+ – depuis le 11 octobre, huit épisodes au total, chaque vendredi sur la chaîne cryptée et en replay sur myCanal.

Mais c’est quoi l’histoire de ce jeu où on peut littéralement accuser sa grand-mère d’être une créature de la nuit ?

De Thiercelieux à Netflix : un bond de sept lieues

Ça commence comme un conte de fées : un petit jeu de rôles calqué sur un concept né dans les années 80 (lire ci-contre) est autoédité à 200 exemplaires, les deux créateurs n’ayant pas réussi à trouver de société pour le commercialiser. Pour son nom, ils s’inspirent du hameau de Thiercelieux, où vivait alors Philippe des Pallières, dans la commune rurale de Montolivet dans l’est de la Seine-et-Marne.

Quand ils imaginent cette histoire de village paumé où on chasse du loup-garou entre potes, ils sont loin d’imaginer que, 23 ans plus tard, François Uzan, le réalisateur de Lupin, en tirera une grosse comédie façon Les Visiteurs, avec Jean Reno, Franck Dubosc, Suzanne Clément et Jonathan Lambert au générique.

« Mon producteur a posé la petite boîte rouge du jeu sur la table et m’a dit : J’adapterais bien ça en film », raconte François Uzan à l’AFP. « Hervé n’arrêtait pas de se pincer sur le tournage », ajoute Philippe des Pallières. « D’un jeu autoédité à un plateau de tournage digne de Hollywood, c’est un truc de dingue ! »

Les Loups-Garous ne sont pourtant pas les premiers à servir le cinéma, loin de là. Les jeux Uno, Monopoly, Risk et Cluedo s’apprêtent à devenir des films ou des séries, 40 ans après le cultissime Clue, première adaptation cinématographique du Cluedo en 1985 avec, entre autres, Tim Curry, Christopher Lloyd et Madeline Kahn…

« Plus le jeu est immersif et nous plonge dans un univers particulier, plus il est légitime de penser à l’adapter au cinéma », nous expliquait Elodie Migeal, responsable marketing et communication de l’éditeur de jeux Asmodee Belgique à l’annonce des quatorze projets de films lancés par Mattel après le succès planétaire de Barbie en 2023. « Les jeux de rôles, les jeux à identités cachées sont parfaits pour ça. On peut même les décliner en jeux télévisuels à succès ! »

Des loups toujours dans le coup

Mais pourquoi un jeu de société né il y a plus de 20 ans fait encore autant de remous ? C’est que Les Loups-Garous de Thiercelieux sont les rois des jeux d’ambiance. De 8 à 18 joueurs – avec des variantes qui se jouent à six ou à quatre –, des accusations qui fusent, du bluff, des alliances improbables : le parfait chaos organisé. Philippe des Pallières explique ce succès par le côté immersif et transgénérationnel du concept : « Les gamins qui s’y sont mis au début ont maintenant dans les 30 ans. Ils sont aux affaires et ont toujours autant envie de jouer ! Le fait qu’ils incarnent chacun des différents personnages pousse les gens à se l’approprier complètement. »

Corinne Derruder, directrice de la distribution France chez Asmodee, dit exactement la même chose : « Les enfants qui ont aimé le jeu sont aujourd’hui adultes et en mesure de créer des projets autour de cet univers. » Une réappropriation telle que le public a ajouté aux cartes originales – dessinées par l’illustrateur grec Alexios Tjoyas – ses propres personnages au fil du temps : on trouve ainsi sur les sites de fans le loup bavard, le fossoyeur, la servante dévouée, l’arnacœur, le nécromancien, le dragon, le dictateur « qui peut faire un coup d’Etat à tout moment » ou le « type bourré qui a vu un truc mais ne sait plus trop quoi » (sic)…

Et une téléréalité dans la foulée

Après le jeu et toutes ses extensions, un roman en 2018 et le film tout frais sorti, Les Loups-Garous se déclinent aussi en une émission de téléréalité produite par les humoristes français Fary Lopes et Panayotis Pascot depuis cet automne sur Canal+. Alors qu’il existe déjà, sur la même mécanique, Les Traîtres sur RTL-TVI et Le maître du jeu sur TF1 – plus proche d’un Cluedo –, le but des loups est, selon Fary, surtout « de transmettre à l’écran l’excitation des parties entre amis ».

Tourné dans un village reconstitué en forêt de Seine-et-Marne – berceau du jeu –, le programme réunit treize candidat(e)s pour une partie immersive gorgée de manipulation et de stratégie. Le casting, composé d’expert(e)s en mensonge et déduction, inclut un mentaliste, un ancien espion, une joueuse de poker, et un avocat pénaliste. L’émission conserve les pouvoirs du jeu original (voyante, sorcière, etc.) que les joueurs et joueuses activent via des quêtes. Quatre ans de développement, un joli succès dès la première diffusion – plus de deux millions de téléspectateurs et téléspectatrices –, un renouvellement pour une saison 2 et une adaptation en plusieurs langues.

Projets télévisuels, nouvelles cartes, éditions augmentées, une, deux, trois, quatre, cinq extensions, des versions mobiles et en ligne… Ce n’est que le début du jeu. Et certainement pas l’heure du dodo pour Thiercelieux.

Le Temps
Culture, mercredi 30 octobre 2024 448 mots, p. 19

L'odyssée d'un chat après l'apocalypse

8063

CINÉMA Le réalisateur letton Gints Zilbalodis met en scène, dans son deuxième long métrage d'animation, « Flow », un chat confronté à une inexorable montée des eaux

8063

Avec ses grands yeux hyper-expressifs et son espièglerie matinée de roublardise, il ressemble à Jiji, le chat qui veille sur la jeune héroïne de Kiki la petite sorcière (1989), le cinquième long métrage du grand maître de l'animation Hayao Miyazaki. Mais à l'inverse du matou imaginé par le dessinateur japonais, celui qui au est coeur de Flow, le deuxième long du Letton Gints Zilbalodis, ne parle pas.

Malgré sa dimension onirique et poétique, ce film présenté au dernier Festival de Cannes et triplement primé à celui d'Annecy a été conçu comme une oeuvre réaliste. Tous les miaulements et ronronnements du chat sont d'ailleurs ceux de vrais félins, de même que ses mouvements sont calqués sur ceux d'animaux longuement observés sur internet par le réalisateur. Après avoir réalisé son premier long (Away, 2019) entièrement seul, Zilbalodis, qui s'est formé en autodidacte, a travaillé pour la première fois en équipe, d'où un résultat « infiniment supérieur », juge-t-il à raison.

Flow est une fable sans parole. Dans un monde postapocalyptique menacé par une inexorable montée des eaux, et où une végétation luxuriante a envahi les restes de civilisation humaine, ce petit chat noir dont on suivra les aventures va trouver refuge sur une barque et devoir apprendre, lui, le solitaire méfiant, à collaborer avec d'autres animaux - un chien amical, un lémurien abandonné par les siens, un capybara impassible et un échassier blessé. Si toutes les attitudes de cette improbable arche de Noé sont crédibles, les comportements ne le sont, eux, pas toujours. Car même si on est très loin de l'anthropomorphisme qui a souvent dominé le cinéma d'animation, ce qui est dit autour de la tolérance, du rapport aux autres et de la nécessité de la collaboration pour survivre, passe forcément par une certaine torsion du réalisme animalier.

Immersion visuelle et sonore

Réalisé en dessin 3D afin de pouvoir reproduire artificiellement d'amples mouvements de caméra, Flow propose une sidérante immersion visuelle et sonore dans un monde en train de sombrer, où le chat va devoir apprendre à nager sous l'eau tandis qu'un imposant mammifère marin s'échouera dans une prairie. La fin du film est ouverte et, malgré sa tonalité mélancolique, les plus optimistes voudront y voir la possibilité d'une résilience du monde animal et végétal après que l'humanité n'a été qu'un épiphénomène destructeur dans l'histoire de la Terre. S. G.

Flow, de Gints Zilbalodis (Lettonie, France, Belgique, 2024), 1h24.

Le petit chat noir va trouver refuge sur une barque et devoir apprendre, solitaire méfiant, à collaborer avec d'autres animaux

Maville (site web réf.) - Saint-Malo Maville
31 octobre 2024 141 mots
Sur un fil. Cinéma

Cinéma Saint-Malo : Sur un fil - Jo, une jeune femme, artiste de cirque de rue, découvre le travail des clowns professionnels de 'Nez pour rire'. Vite - peut-être trop vite - entrée... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Vitre Maville
31 octobre 2024 142 mots
Sur un fil. Cinéma

Cinéma Vitré : Sur un fil - Jo, une jeune femme, artiste de cirque de rue, découvre le travail des clowns professionnels de 'Nez pour rire'. Vite - peut-être trop vite - entrée dans... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Fougeres Maville
3 octobre 2024 135 mots
Le robot sauvage. Cinéma

Cinéma Fougères : Le robot sauvage - Le Robot Sauvage suit l'incroyable épopée d'un robot ? l'unité ROZZUM 7134 alias ?Roz? ? qui après avoir fait naufrage sur une île déserte doit... Voir l'article

Le Temps
Culture, vendredi 18 octobre 2024 1047 mots, p. 21

Le phénomène « Terrifier » débarque

CHRISTOPHE PINOL

8053

CINÉMA Après un démarrage en force en France et outre-Atlantique, « Terrifier 3 », avait d'abord été snobé par nos distributeurs. Le nouveau volet de la saga horrifique d'un clown tueur révulsera finalement le public romand pile pour Halloween

8053

@joromulasan

C'est un succès dont rêvent tous les producteurs... Celui actuellement rencontré par le clown sociopathe de Terrifier 3, le slasher ultra-sanglant qui dévore tout sur son passage depuis dix jours. Rien qu'avec son premier week-end d'exploitation aux Etats-Unis, le film de Damien Leone a déjà remporté neuf fois sa mise de départ, soit 18 millions de dollars pour un budget de moins de 2 millions. Bricolé avec des bouts de ficelle, gorissime à l'excès, il s'offre même le luxe de terrasser Joker. Folie à deux et ses 300 millions de dollars de financement, campagne marketing incluse. Sa sortie française s'accompagne du même succès. Deuxième au box-office pour sa semaine inaugurale, il cumule déjà plus de 279 000 entrées. Et ce, malgré une interdiction aux moins de 18 ans.

Et en Suisse alors? Nada, que pouic... Rien, puisque le film n'est programmé nulle part. Ouvertement snobé - voire carrément méprisé - par nos chers distributeurs. Du moins dans un premier temps puisque depuis le raz de marée observé à l'étranger, on ne se pince plus autant le nez dans la profession. « Ça a été compliqué à négocier mais ça y est, nous explique Jean-Pierre Grey, patron de Mont-Blanc Distribution SA. Le film sortira bien en Suisse romande. Le 30 octobre, pile pour Halloween ».

En prenant son p'tit déj' au lendemain de la sortie française, il avait manqué s'étrangler en entendant à la radio les chiffres réalisés par le film pour son premier jour d'exploitation et aussitôt sauté sur son téléphone pour tenter d'en négocier les droits. « Je suis un distributeur occasionnel, je sors d'une expérience difficile avec ThePalace, le dernier Roman Polanski, et je n'étais pas à l'affût d'un nouveau long métrage. Mais là, l'occasion était trop belle. D'autant plus qu'étonnement, mes concurrents semblaient bouder le film. On a finalement fait affaire avec Ascot Elite, son distributeur légal, qui va gérer la sortie outre-Sarine, tandis que je m'occupe de sa commercialisation en Suisse romande ».

Un 4e film en perspective

En 2016, le premier Terrifier était passé totalement inaperçu. Ultra-fauché, tourné avec 35 000 dollars à peine, il mettait en scène un certain Art, clown triste de son état. Un mime muet s'évertuant à trucider son prochain, dans la lignée de Freddy Krueger et autres Michael Myers. Six ans plus tard, son réalisateur, Damien Leone, remettait le couvert en investissant cette fois 250 000 billets verts, essentiellement alloués à la concoction d'un festival d'effets sanglants, entre démembrements et éviscérations. Bingo! Son approche du gore, généreuse et sans complexe, mêlant sadisme et grand guignol, avait cette fois engrangé plus de 15 millions de dollars.

Mais le carton stratosphérique du troisième volet, où Art le clown refait surface durant les fêtes de Noël, personne ne l'avait vu venir. Marc Maeder, responsable ventes et acquisitions auprès du distributeur zurichois Praesens, a néanmoins un début d'explication: « Le réalisateur est très présent sur les réseaux sociaux. Intelligemment, il galvanise ses fans à la sortie de chaque nouveau volet à coups de messages provocateurs: « Ce film vous a terrifié? Dégoûté? Vous n'avez encore rien vu! Attendez seulement le suivant ». Il vient d'ailleurs de refaire le coup en annonçant un 4e volet ». En France, c'est aussi l'interdiction aux moins de 18 ans, une première depuis 2006 et le film Saw 3, qui a probablement poussé les spectateurs à se ruer dans les salles. Victor Lamoussière, distributeur du film dans l'Hexagone avec la société ESC, évoquait dans les colonnes de BFMTV des « records de fréquentation » avec une moyenne de 1596 spectateurs par copie. « Des chiffres habituellement réservés aux blockbusters », précisait-il. Pour sa deuxième semaine d'exploitation, le film est d'ailleurs passé de 154 à 270 écrans, preuve que les salles en redemandent. On en a même vu certaines distribuer à l'entrée des sacs à vomi - habile coup de promo -, tandis que d'autres se retrouvaient forcées de multiplier les contrôles d'âge face à une multitude de mineurs tentant de gruger la sécurité.

« Pour ma part, je vais d'emblée reprendre l'interdiction aux moins de 18 ans en Romandie, continue Jean-Pierre Grey. C'est clairement un film à ne pas mettre sous tous les yeux et ça ne sert à rien de demander l'avis de la commission de censure ». « C'est effectivement hyper trash, confirme Marc Maeder, même si les meurtres sont commis avec un certain sens de la comédie. Mais c'est peut-être justement ce qui rend le tout finalement si dérangeant ».

Reste à voir si les projections de cette péloche déviante s'accompagneront, ou pas, de débordement dans les salles, comme ça a parfois été le cas avec ce genre de films ces derniers temps. « Les cinémas font de plus en plus état d'un public chahuteur, des copains qui sortent en bandes, souvent éméchés, continue Marc Maeder. Les exploitants doivent alors renforcer leurs équipes pour être à même de gérer des spectateurs capables de vider un seau de pop-corn sur la tête de leur voisin, voire la bière qui va avec. Et certains exploitants ne veulent carrément plus voir ces films chez eux, de peur de froisser leur clientèle habituelle ou de devoir faire appel à des entreprises de nettoyage d'urgence le lendemain matin. »

Critiques assassines

Quid, enfin, des critiques assassines du film qui commencent à fleurir sur les réseaux sociaux, entre ceux qui ne supportent pas l'amateurisme du produit et ceux qui s'ennuient ferme? « Même un film détesté par le public, c'est bon à prendre! rétorque Didier Zuchuat, associé de Jean-Pierre Grey chez Mont-Blanc Distribution et par ailleurs exploitant des salles Empire et Ciné 17 à Genève. L'important, c'est que les gens en discutent. Ce qui nous tue en Suisse romande, c'est qu'on ne parle plus de rien. Les groupes de presse licencient, réduisent la pagination des journaux... Il y a de moins en moins de sujets sur le cinéma et à force de ne plus avoir de caisse de résonance, les films sortent dans l'indifférence générale. Là, j'espère que Terrifier 3 va quand même faire un peu de bruit ».

Maville (site web réf.) - Saint-Nazaire Maville
30 octobre 2024 140 mots
Sur un fil. Cinéma

Cinéma Saint-Nazaire : Sur un fil - Jo, une jeune femme, artiste de cirque de rue, découvre le travail des clowns professionnels de 'Nez pour rire'. Vite - peut-être trop vite - entrée... Voir l'article

Le Temps
Culture, mercredi 30 octobre 2024 800 mots, p. 18

Dans le jardin du bien et du mal

STÉPHANE GOBBO

8063

CINÉMA Avec « Juré no 2 », son 40e long métrage, le grand Clint Eastwood signe un intense film de procès dans lequel il place un juré face à ses responsabilités morales

8063

@stephgobbo

Crépusculaire, testamentaire... Depuis la bouleversante séquence finale du sublime Gran Torino (2009), au cours de laquelle il sacrifiait son personnage de manière hautement symbolique en annonçant ne plus voulour faire l'acteur (promesse qu'il ne tiendra pas), on ne cesse d'user et d'abuser de ces adjectifs à chaque nouveau film de Clint Eastwood, qui comme Manoel de Oliveira (1908-2015) avant lui semble bien décidé à tourner jusqu'au bout. A 94 ans, il dévoile son 40e long métrage en tant que réalisateur, Juré no 2.

A la fin de Cry Macho (2021), on voyait l'Américain au volant d'une vieille voiture déglinguée, quelque part à la frontière séparant le Texas du Mexique. Un plan lui aussi symbolique qui clôturait un récit humaniste parlant de tolérance et du respect des autres, alors que l'on connaît ses penchants républicains. Cette 39e réalisation ayant été globalement mal reçue, Eastwood a voulu s'offrir un dernier tour de piste plus solide. Voici donc Juré no 2, où il se contente d'être derrière la caméra. Un film de procès d'une maîtrise totale, et qui peut rappeler le mémorable Minuit dans le jardin du bien et du mal (1997). Les deux titres se déroulent en Géorgie, un des Etats bascules où se jouera en partie, la semaine prochaine, le combat opposant Kamala Harris et Donald Trump pour l'investiture présidentielle.

Un coupable idéal mais une vérité plus diffuse

Cette géolocalisation ne fait que renforcer la puissance d'un récit où il est question de décider de la culpabilité d'un homme, sans zone grise: accusé du meurtre de sa compagne, James Sythe doit être déclaré coupable ou innocent. Dealer repenti (mais peut-on le croire?) et homme prompt à user de violence envers les femmes, il incarne aux yeux de la société le mal. Le jury populaire constitué pour rendre un verdict impartial représente quant à lui le bien. Il y a là des femmes et des hommes ordinaires, confrontés à un drame qui ne l'est pas. La petite amie de Sythe marchait seule au bord d'une route, nuitamment sous la pluie, après une énième dispute dans un bar... Le lendemain, on la retrouvait morte dans un fossé. Tout est réuni pour faire de Sythe le coupable idéal.

Le jury n'a d'ailleurs que peu de doutes sur sa culpabilité et le fait qu'il s'agisse d'un féminicide. Mais voilà Justin Kemp, le juré no 2 du titre, soudainement mis face à sa responsabilité morale. Le soir du drame, il était dans le même bar que la victime et son compagnon. En rentrant chez lui, il renverse quelque chose, là même où la jeune femme est morte. Et s'il n'était pas, comme il le pensait d'abord, entré en collision avec un cerf? Doit-il avouer ce délit de fuite pour potentiellement innocenter Sythe ou plutôt protéger son épouse, sur le point d'accoucher?

Un récit qui questionne la figure du héros américain

Une fois cet enjeu d'emblée posé, le récit va explorer de nombreuses pistes autour des notions de culpabilité, de justice, de déterminisme social, de droit à une seconde chance. D'abord quasiment unanime à condamner Sythe, dont le passé est comme un aveu, le jury va peu à peu se mettre à douter. Pourrait-il s'agir d'un accident, d'autant plus sur une route réputée dangereuse? Kemp ne sait que faire. Il a lui aussi ses blessures, un passé à oublier, le droit à une seconde chance. Son épouse, dont on comprend rapidement qu'elle a connu une première grossesse qui n'est pas arrivée à terme, a besoin de lui.

Plus qu'un film solide permettant au réalisateur d'Impitoyable (1992, déjà qualifié à l'époque d'oeuvre crépusculaire) de quitter le monde du cinéma la tête haute, Juré no 2 est un film profondément eastwoodien dans sa manière de sonder l'âme humaine et de questionner la figure du héros américain, du bon citoyen oeuvrant pour le bien de la collectivité. Dans le rôle de Kemp, Nicholas Hoult est d'une remarquable densité, exprimant l'essentiel de ses émotions de manière non verbale. Toni Colette est tout aussi remarquable dans le rôle de la procureure chargée de l'accusation, à l'instar de l'ensemble du casting, Eastwood étant un réalisateur qui ne sacrifiera jamais la densité psychologique de ses personnages sur l'autel d'un quelconque maniérisme. Sa mise en scène est certes sobre et classique, mais d'une rigueur implacable, toujours au service du récit. Le champ-contrechamp final qu'il nous propose, digne d'un western, est brillant, à la fois ouvert et lourd de sens.

Juré no 2 (Juror #2), de Clint Eastwood (Etats-Unis, 224), avec Nicholas Hoult, Toni Collette, Chris Messina, Zoey Deutch, J.K. Simmons, Kiefer Sutherland, 1h53.

Maville (site web réf.) - Golfe de Sainttropezc
30 octobre 2024 105 mots
Bloody beggar. Cinéma

Cinéma Golfe de Saint Tropez : Bloody beggar - La vie d'un mendiant prend un tournant inattendu lorsqu'une mésaventure bouleverse sa routine quotidienne. Parviendra-t-il à se frayer un chemin... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Guingamp Maville
5 octobre 2024 185 mots
Les contes d'hoffmann (metropolitan opera). Cinéma

Cinéma Guingamp : Les contes d'hoffmann (metropolitan opera) - Lors d'une représentation de l'opéra Don Giovanni de Mozart, Hoffmann raconte à des étudiants trois amours de sa vie, de Paris... Voir l'article

Le Temps
Culture, mercredi 23 octobre 2024 901 mots, p. 17

Drame de l'homophobie sur les rives de la mer Noire

NORBERT CREUTZ

8057

CINÉMA « Trois Kilomètres jusqu'à la fin du monde », du réalisateur roumain Emanuel Pârvu, est une tragédie qui dissèque les fonctionnements d'une communauté rurale. Une belle surprise primée à Cannes cette année

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Formidable cinéma roumain qui surprend toujours! Pour rappel, au tournant des années 2000, une « nouvelle vague » est apparue, intronisée à Cannes dans la seconde moitié de la décennie (La Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu, 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu, Policier, adjectif de Corneliu Porumboiu). Si les réalisateurs de ces oeuvres ont largement confirmé depuis, l'engouement est un peu retombé, réveillé par l'arrivée d'un certain Radu Jude (N'attendez pas trop de la fin du monde). La queue de la comète? Toujours pas, à en croire ce film d'un nouvel inconnu hissé cette année en compétition à Cannes. Il en est reparti avec la Queer Palm du meilleur film à thématique LGBT + (damant le pion à neuf productions françaises...), mais c'était lui faire injure: en rien « spécialisé », ce film confirme surtout un certain génie national.

En fait de débutant, Emanuel Pârvu, 45 ans, est un comédien passé à la réalisation dont c'est là le troisième long métrage. Les deux précédents, Meda ou le moins bon côté des choses (vainqueur à Sarajevo en 2017) et Mikado/Marocco (San Sebastian, 2021), sont un peu passés sous les radars. Mais voici l'erreur réparée. A nouveau produit par Miruna Berescu, responsable d'un festival dans le delta du Danube, Trois Kilomètres jusqu'à la fin du monde est un produit 100% local, qui part d'un drame familial pour l'élargir à toute une communauté, voire plus. Où l'on reconnaît, appliquée avec talent, la méthode Mungiu, pour lequel Pârvu fut acteur dans Baccalauréat, tandis qu'on retrouve aussi Laura Vasiliu, la jeune fille enceinte de 4 mois, 3 semaines, 2 jours, et Valeriu Andriuta, le dangereux pope orthodoxe d'Au-delà des collines...

C'est sur une plage au bord de la mer Noire - la « fin du monde » du titre - que s'ouvre le film, avec deux jeunes gens vus de loin. A la sortie d'une boîte de nuit, ces deux garçons évoquent la possibilité de se revoir, même si l'un d'eux va rentrer à Bucarest. Il s'arrête et suce le doigt de l'autre, blessé, puis s'en va... Au petit matin, le pêcheur du coin retrouve son fils, Adir (pour Adrian), l'adolescent au doigt blessé, salement amoché, son portable volé. Il a été tabassé par des inconnus, et ne saurait dire pourquoi. Une déposition au commissariat s'impose. Mais lorsque l'enquête remonte aux fils d'un certain Zentov, un citoyen très en vue, auquel le pêcheur doit de l'argent, tout se complique. Si cet « avertissement » homophobe mérite d'être sanctionné, ne vaudrait-il pas mieux s'arranger?

Un réalisme sensible

Ce qui se déploie alors devient de plus en plus fascinant. D'un côté, le ciel est tombé sur la tête des parents d'Adi qui découvrent l'orientation sexuelle de leur fils, déjà collégien à Tulcea. Adieu leur rêve d'une carrière dans la marine et d'un mariage avec son amie Ilinca, bonjour les perspectives de stigmatisation. Ils décident alors d'aller demander de l'aide au pope local. De l'autre côté, toute une toile se tisse. Le riche propriétaire est plus compréhensif envers sa progéniture alors que le chef de la police imagine déjà une « invasion » de touristes gays et s'inquiète surtout pour sa fin de carrière, Et quand débarque de Tulcea une assistante sociale, alertée à la suite d'un petit exorcisme improvisé, tout ce joli monde se demande surtout quelles ficelles tirer pour étouffer l'affaire.

D'accord, ce film solidement arrimé à la nouvelle vague roumaine ne révèle peut-être pas un talent novateur. Mais quelle leçon encore une fois pour tant de films formellement hésitants! A l'image de ce coin perdu d'apparence si tranquille, accessible en barque et sans rues goudronnées, tout se déploie ici sans hâte, avec un réalisme qui n'exclut pas la sensibilité. L'amour parental peut donc se doubler d'une profonde incompréhension, la volonté d'apaisement d'une insidieuse corruption? Ce n'est que petit à petit qu'apparaissent les mentalités traditionnelles qui gouvernent encore la région, où l'homosexualité est perçue comme une menace existentielle. Quant à la question morale, elle est perceptible derrière chaque parole, chaque action et même chaque plan.

Une belle universalité

La principale objection à faire aux auteurs concerne sans doute le jeune Adi, trop passif et velléitaire malgré l'acteur clairement plus âgé qui l'incarne. En fait, c'est plutôt son père (Bogdan Dumitrache) le personnage principal, ou alors le chef de la police (Valeriu Andriuta), avec sa longueur d'avance et sa vue d'ensemble sur les tenants et aboutissants d'un possible scandale.

Et, comme dans le récent R.M.N. de Mungiu (2022), c'est la communauté dans son ensemble et son fonctionnement qui sont en question. En particulier, cette tendance à vouloir ignorer et exclure toute différence plutôt que se pencher sur ses propres défauts. Même en n'atteignant qu'une partie de la complexité, de la profondeur et de la beauté formelle de ce modèle, Trois Kilomètres jusqu'à la fin du monde donne déjà l'impression de toucher terriblement juste, avec une belle universalité.

Trois Kilomètres jusqu'à la fin du monde (« Trei kilometri pâna la capatul lumii »), d'Emanuel Pârvu (Roumanie, 2024), avec Ciprian Chiujdea, Bogdan Dumitrache, Laura Vasiliu, Valeriu Andriuta, Ingrid Micu-Berescu, 1h44.

Le Temps
Culture, jeudi 3 octobre 2024 305 mots, p. 19

« Electric Fields », de brèves histoires du temps

STÉPHANE GOBBO

8040

CINÉMA La réalisatrice alémanique Lisa Gertsch signe un film à sketchs à la tonalité surréaliste, construit autour de ces petits moments où la normalité semble basculer

8040

@stephgobbo

Formée à l'Université des arts de Zurich, Lisa Gertsch s'est vu remettre en 2018 un prestigieux Student Academy Award (les Oscars des écoles de cinéma) pour Almost Everything, son film de diplôme. Après deux autres courts métrages, la cinéaste d'origine bernoise dévoile son premier long, Electric Fields, un film à sketchs réalisé en noir et blanc pour en rehausser la dimension surréaliste, à l'instar l'an dernier de Vous n'êtes pas Ivan Gallatin, de Pablo Martin Torrado, autre film suisse inclassable.

Budget minimal et équipe technique réduite

Une ampoule qui refuse de s'éteindre, une saison qui passe en un battement de paupières, un mort qui se réveille, une femme soudainement téléportée à Rome, une autre qui s'apprête à rejoindre une grande entreprise... Tourné sur une année et demie avec un budget minimal et une équipe technique réduite de trois personnes, Electric Fields raconte des histoires de basculement, de glissement. Lisa Gertsch y accentue ces petits moments où on a l'impression que le sol se dérobe sous nos pieds, qu'une réalité parallèle est là, prête à nous accueillir, pour le meilleur ou pour le pire.

Au final, malgré sa dimension parfois fantastique, le film parle d'émotions bien réelles, comme le chagrin, la mélancolie, la solitude, l'espoir. A défaut d'être véritablement passionné par les sketchs inégaux qui composent ce petit exercice de style, on se raccroche à la manière dont ils peuvent résonner en nous. Lisa Gertsch possède une vraie signature visuelle qu'on se réjouit de découvrir au service d'un scénario plus consistant.

Electric Fields, de Lisa Gertsch (Suisse, 2024), avec Michael Neuenschwander, Sophie Hutter, Ole Eisfeld, Nicolas Rosat, Sabine Timoteo, 1h20.

Le Temps
Culture, vendredi 11 octobre 2024 465 mots, p. 20

La troupe du Splendid émue et réunie pour un ultime hommage à Michel Blanc

8047

FUNÉRAILLES Les obsèques de l'acteur français, décédé brutalement le 4 octobre dernier, étaient célébrées hier à Paris en présence de nombreuses personnalités du cinéma et du théâtre. Un dernier adieu au « clown angoissé »

8047

AFP

Ses amis du Splendid - la troupe de comédiens français -, Brigitte Macron, Rachida Dati et un millier de fans sont venus rendre un dernier hommage au « clown angoissé », hier à Paris, lors des obsèques de l'acteur Michel Blanc, décédé brutalement à 72 ans.

La cérémonie, menée par le curé de la paroisse Yves Trocheris, a commencé vers 16h en l'église Saint-Eustache, située en plein coeur de la ville où l'acteur résidait. De nombreuses personnalités étaient présentes; ses amis du Splendid dont Gérard Jugnot et Josiane Balasko, Brigitte Macron, les acteurs et réalisateurs Jean-Paul Rouve et Isabelle Mergault, qui réalisa son premier film, Je vous trouve très beau (2005), avec Michel Blanc dans le rôle-titre, ou la ministre de la Culture Rachida Dati.

A l'extérieur, des centaines d'anonymes et d'admirateurs se sont amassés devant les grilles qui délimitent un périmètre de sécurité. Nombre d'entre eux ont réussi à se frayer un chemin pour accéder aux bancs de l'église, bondés.

Les recalés pouvaient suivre la cérémonie grâce à une retransmission sonorisée sur le parvis.

« Un homme simple »

« C'était un homme simple qui n'a jamais pris la grosse tête, qu'on aurait pu inviter à notre table à la maison », déclarait Monique Picard, 72 ans, qui loue la « cinématographie extraordinaire » de l'acteur, dont Les Bronzés qu'elle regarde quand elle a « un coup de blues ». « C'est une personne qui nous a fait rire, on a regardé tous ses films. Nous sommes là par curiosité et admiration et pour lui rendre hommage », a confié Jean, 74 ans, qui n'a pas souhaité donner son nom. Des clins d'oeil émaillent cet hommage populaire et ouvert, à l'image du comédien: le livret de messe comporte une réplique culte de Michel Blanc - « Je sens que je vais conclure » - et, au fond de l'église, un homme s'affiche en tenue de sports d'hiver, skis compris, référence au deuxième volet des Bronzés.

Acteur majeur du cinéma comique dans les années 1980 avant de s'orienter vers des rôles dramatiques et une carrière de réalisateur, l'acteur s'est illustré dans des films dramatiques tels que Monsieur Hire (1989), d'après Simenon, et Les Témoins (2007) d'André Téchiné, en incarnant un médecin homosexuel atteint du sida.

Malgré le gros succès public des Bronzés 3 en 2006, il admettait pudiquement que ce n'était pas ce qu'il avait « fait de mieux ».

Nommé quatre fois au César du meilleur acteur, il avait remporté en 2012 la précieuse statuette pour son second rôle de directeur de cabinet dans le thriller politique L'Exercice de l'Etat.

Actu.fr (site web réf.) - Actu (FR)
3 octobre 2024 369 mots
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3 octobre 2024 - 78actu (site web réf.)
L'humoriste Hakim Jemili joue son spectacle « Fatigué » dans le Val-d'Oise
Rédaction Pontoise

Par Rédaction Pontoise Publié le 3 oct. 2024 à 10h26 ... Voir l'article

Le Temps
Culture, lundi 14 octobre 2024 599 mots, p. 19

« El Profesor », comédie au bord du gouffre argentin

NORBERT CREUTZ

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CINÉMA Phénomène en son pays, ce film, annonciateur de l'ère Milei, tire le portrait d'un brave prof de philosophie bousculé de toutes parts. Une tragicomédie grinçante qui fait plaisir à voir

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Une année après sa présentation au Festival international du film de Saint-Sébastien, où Marcelo Subiotto remporta un Prix d'interprétation, voici une nouvelle occasion de découvrir Puan de Maria Alché et Benjamin Naishtat. La première fut au festival Filmar en America latina, en présence de Subiotto: un petit triomphe. Devenue entre-temps un film-phénomène en Argentine, où l'on n'a plus guère l'occasion de rigoler, et sortie avec succès en France sous le titre de El Profesor, revoici donc cette comédie proposée en importation directe au CityClub de Pully et aux Cinémas de Grütli de Genève.

Tout commence par la mort d'un joggeur senior, victime d'une crise cardiaque. En principe, la disparition du professeur Caselli, doyen du département de philosophie de l'Université de Buenos Aires, ouvre un boulevard à Marcelo Pena, son protégé de longue date. Mais ce professeur plutôt terne et introverti se retrouve soudain en concurrence avec une vieille connaissance, Rafael Sujarchuk (Leonardo Sbaraglia), un collègue bien plus charismatique et séduisant, de retour d'Allemagne. Les efforts maladroits de Marcelo pour prouver qu'il est le meilleur candidat, alors même que sa vie et le pays tout entier sont menacés par le chaos, peuvent-ils être couronnés de succès?

La comédie universitaire (Puan est le nom de la rue dans laquelle se trouve la Faculté des lettres, berceau de bien des contestations) n'est déjà pas un genre courant. Quant aux auteurs, la comédienne passée réalisatrice Maria Alché (à 20 ans, elle tenait le rôle principal de La niña santa de Lucrecia Martel) et le cinéaste « pour festivals » Benjamin Naishtat (Historia del miedo, El movimiento, Rojo), ils ne sont certes pas des spécialistes. On ne s'étonnera donc pas trop de retrouver ici une tonalité plus proche de Woody Allen que de la grosse comédie populaire, sous l'oeil de l'excellente cheffe opératrice française Hélène Louvart (Pina, La chimera, etc.).

La drôlerie provient pour l'essentiel du contraste entre le héros méritant mais malchanceux et son rival superficiel auquel tout semble réussir (on lui prête même une liaison avec une star du cinéma). Ils ne sont plus très jeunes et la perte des idéaux est passée par là. Tandis que son épouse milite encore, Marcelo tente de préserver sa dignité en jonglant entre la faculté, un projet bénévole dans des écoles défavorisées et des leçons particulières à une riche octogénaire. Quant à l'université publique, qui peine à verser ses salaires, elle est le théâtre de luttes de pouvoir internes tout en étant menacée de coupes drastiques, selon la bonne logique néolibérale.

C'est ce mélange de franche comédie (comme lorsque Marcelo s'assied sur des couches de bébé bien remplies) et d'enjeux intimes, sociaux et politiques tout à fait sérieux (même les bribes de cours de philosophe ne sont pas innocentes) qui donne un film si plaisant - sans oublier bien sûr le brio des acteurs, Subiotto et Sbaraglia en tête. Quant à l'appel à la résistance final, il ne résonne que plus fort depuis la politique « à la tronçonneuse » de Javier Milei, président d'un pays manifestement déboussolé.

« El Profesor (Puan) », de Maria Alché et Benjamín Naishtat (Argentine, 2023), avec Marcelo Subiotto, Leonardo Sbaraglia, Julieta Zylberberg, Alejandra Flechner. 1h49. Au CityClub de Pully, du 14 au 27 octobre, et aux Cinémas du Grütli à Genève, du 16 au 29 octobre.

L'appel à la résistance ne résonne que plus fort depuis la politique « à la tronçonneuse » de Javier Milei

Le Soir
GENERALE
Culture, vendredi 11 octobre 2024 583 mots, p. GENERALE18

cinéma

Le harcèlement scolaire, il faut en parler

FABIENNE BRADFER

Le harcèlement scolaire, ça peut arriver à tout le monde, démontre Solange Cicurel dans « TKT (T’inquiète) », film lumineux et bouleversant, en salle depuis mercredi. Elle n’est pas la seule.

La limite est très très mince entre le harceleur, le harcelé et le témoin. La situation peut très vite se renverserLaura WandelRéalisatrice de «Un monde»

analyse

FABIENNE BRADFER

Même la série emblématique Plus belle la vie, qui intègre tout ce qu’il se passe dans la société française depuis deux décennies, s’est emparée du phénomène du harcèlement scolaire. C’est dire si le sujet est au cœur des préoccupations. Depuis quelque temps déjà et c’est tant mieux. En 2021, dans son premier long-métrage multiprimé Un monde, Laura Wandel abordait la problématique à l’école primaire à travers le regard d’une petite fille qui découvre que son grand frère est harcelé, mais il lui demande de ne rien dire. A l’époque, la jeune réalisatrice belge nous avait dit : « Ce que j’ai pu observer, c’est que la limite est très, très mince entre le harceleur, le harcelé et le témoin. La situation peut très vite se renverser. Je pense qu’on a tous été d’une certaine manière dans chacune des positions, même sans s’en rendre compte. » Trois ans plus tard, une autre réalisatrice belge, Solange Cicurel, traite du même sujet au lycée dans TKT (T’inquiète) en partant d’une adolescente victime de harcèlement et qui, dans le coma, se remémore le processus qui l’a amenée à attenter à sa vie. Solange Cicurel nous a affirmé : « Il y a l’effet de groupe, les amitiés toxiques. Ce n’est pas facile quand on fait partie d’une bande d’avoir sa propre personnalité. Mettez-vous à la sortie d’une école, ils sont tous pareils, ils s’habillent tous de la même façon. Donc, pour s’affirmer, il faut une force de caractère énorme. » Le 16 octobre sortira Julie keeps quiet, du jeune Flamand Leonardo van Dijl (le film qui représente la Belgique aux Oscars), qui traite de violences sexuelles dans un cadre éducatif (le sport) et rejoint la problématique du harcèlement à travers la difficulté de libérer la parole. « Un vrai dialogue, ça commence par l’écoute. J’ai fait ce film sur le silence de Julie pour qu’elle soit entendue », nous a-t-il dit.

Entre rire potache et réflexion de fond, le cinéma s’emparant de ce sujet, ce n’est pas nouveau. Déjà Brian De Palma dans Carrie ou le bal du diable l’abordait, tout comme Gus van Sant dans Elephant et André Téchiné dans Quand on a 17 ans. On en parle aussi dans Wonder, avec Julia Roberts. D’autres films ont traité plus frontalement de ce mécanisme insidieux qu’est le harcèlement scolaire comme Después de Lucía, du Mexicain Michel Franco ou 1 : 54 , du Québécois Yan England, mais aussi des téléfilms tels que Marion, 13 ans pour toujours, avec Julie Gayet ou Le jour où j’ai brûlé mon cœur avec Michael Youn. C’est également au cœur de séries comme 13 Reasons Why qui aborde de front le sujet, Pretty Little Liars qui dénonce le cyberharcèlement, ou encore Big Little Lies et la série musicale Glee, qui revient sur le sujet de façon récurrente. Tous se rejoignent pour dire : « Il faut en parler. »

Maville (site web réf.) - Laval Maville
1 octobre 2024 229 mots
Good bye lenin !. Cinéma

Cinéma Laval : Good bye lenin ! - Alex, un jeune Berlinois de l'Est, apprend la chute du mur alors que sa mère est dans le coma à la suite d'un infarctus... Voir l'article

Le Dauphiné libéré (site web réf.) - Le Dauphine
27 octobre 2024 289 mots
Décryptage Fréquentation des salles de cinéma : habitez-vous un territoire cinéphile ?

Les derniers chiffres de la fréquentation des cinémas en France confirment une tendance qui se dessine - lentement mais sûrement - depuis la fin de la crise du Covid-19 : les Français font... Voir l'article

Le Matin Dimanche, no. 23283
People, dimanche 27 octobre 2024 853 mots, p. 21

[Mikey Madison fait la course en tête...]

Mikey Madison fait la course en tête à Hollywood

Adolescente, elle se destinait à l'équitation, avant de bifurquer vers le cinéma. Pari gagnant: grâce à son rôle de stripteaseuse dans « Anora » , Palme d'or à Cannes, on ne parle que d'elle.

Christophe Pinol

Comme Julia Roberts dans « Pretty Woman » avant elle, Mikey Madison campe une Cendrillon des temps modernes qui risque de marquer les esprits dans « Anora » , de Sean Baker, Palme d'or du dernier Festival de Cannes (en salle dès le 30 octobre). Un film que cette Américaine de 25 ans porte entièrement sur ses épaules, à travers un personnage d'une force de caractère et d'un charisme assez jubilatoires.

Elle incarne une stripteaseuse de Brooklyn qui voit dans un premier temps sa vie se transformer en un conte de fées lorsque le fils d'un oligarque russe l'épouse sur un coup de tête. Mais les choses tournent au vinaigre quand les parents du fiston, furieux, envoient des hommes de main faire annuler le mariage.

Saisissante dans le rôle, l'actrice avouait pourtant il y a quelques jours au « Guardian » être à l'exact opposé du personnage: « C'est une battante qui dit tout ce qu'elle pense et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Moi? J'évolue juste dans la vie de tous les jours de manière beaucoup plus calme. » Elle se dit même timide et réservée, s'exprime avec une petite voix... Un tempérament qu'elle cache néanmoins à la perfection à l'écran. Témoin? Son rôle de tueuse déchaînée dans le 5e volet de « Scream » ou celui d'une adepte de Charles Manson dans « Once Upon a Time... in Hollywood » , de Quentin Tarantino, où elle était carbonisée au lance-flamme par Leonardo DiCaprio.

Adoptée ou pas?

Être actrice n'est pourtant pas ce qu'elle avait envisagé. Dans la famille Madison, on aime les chevaux et elle se lance d'abord très jeune dans les compétitions équestres. À partir de 12 ans, elle effectue même sa scolarité à la maison pour être le plus possible à l'écurie avec son poney. Mais son père, grand cinéphile, lui inculque aussi l'amour du septième art et, à 15 ans, elle décide de changer son fusil d'épaule. « J'adorais le rituel d'aller à l'écurie pour m'occuper de mon cheval, mais c'est un sport qui isole » , expliquait-elle au magazine « Cut ».

Elle bifurque alors vers la comédie, espérant en profiter pour vaincre sa timidité « maladive » , précise-t-elle. Et ça marche, puisqu'elle décroche ses premiers rôles quand elle encore adolescente, notamment un personnage récurrent de la série « Better Things ». Son conte de fées est en marche...

Elle grandit dans la banlieue de Los Angeles, avec des parents tous deux psychologues. Papa est spécialisé en schizophrénie, maman en pédopsychologie. Elle a deux sœurs et deux frères, dont l'un est son jumeau. Mais elle précise sur le site Datebook ne pas leur ressembler du tout: « Ils sont tous roux alors que je suis brune. Les gens pensaient que j'étais adoptée, quand j'étais petite. C'était même un gag récurrent dans la famille. » Le gag est d'ailleurs si tenace qu'un jour, elle file effectuer un test ADN pour en avoir le cœur net. Résultat: elle est bien une Madison.

Son rôle préparé avec des pros

« Avoir des parents psychologues m'a permis de mieux comprendre les gens et leurs motivations, poursuit-elle sur Datebook. Ça m'aide beaucoup en tant qu'actrice, pour effectuer tout un travail intérieur avant d'arriver sur le plateau. » Elle s'est d'ailleurs investie à fond pour « Anora » , en lisant des mémoires de stripteaseuses, en s'imprégnant de leur vie dans les clubs et en les côtoyant longuement, tout en se lançant dans des cours intensifs de pole dance. Elle raconte d'ailleurs qu'un de ses meilleurs souvenirs liés au film est la projection qu'elle avait organisée pour toutes les travailleuses du sexe qui l'ont aidée à préparer son rôle. « C'était incroyable de voir ces femmes formidables taper des mains et des pieds, avec leurs talons aiguilles, durant la projection. »

Mais aujourd'hui, l'équitation lui manque et elle songe à acheter un cheval. Histoire de tenir compagnie à son chat croisé persan,

Biscuit

- « pas très intelligent mais adorable » -, et son chihuahua,

Jam

, tous deux adoptés. Car la jeune femme a un faible pour les animaux. Il y a six mois, elle avait trouvé un bébé écureuil agonisant devant chez elle, s'était ruée chez un vétérinaire, mais le rongeur avait rendu l'âme sur le chemin... la laissant en sanglots. Alors son conte de fées en avait forcément pris un coup dans l'aile, mais gageons que celui-ci retrouvera vite tout son éclat.

« Avoir des parents psychologues m'a permis de mieux comprendre les gens et leurs motivations. »

Mikey Madison, sur Datebook

« J'adorais le rituel d'aller à l'écurie pour m'occuper de mon cheval, mais c'est un sport qui isole. »

Mikey Madison, au magazine « Cut »

Mikey Madison lors de la présentation d' « Anora » au Festival du cinéma américain de Deauville, le 12 septembre 2024. Francois G. Durand/Getty Images

Captivante

Dans « Anora » , elle est une stripteaseuse qui épouse le fils d'un oligarque russe richissime (Mark Eydelshteyn).

2024 Anora Productions, LLC

Rayonnante

Avec Sean Baker, le réalisateur d' « Anora » , auréolé de la Palme d'or à Cannes le 25 mai 2024. JB Lacroix/FilmMagic

Le Dauphiné libéré (site web réf.) - Le Dauphine
15 octobre 2024 181 mots
Saint-Genis-Pouilly Des jeunes tournent un court-métrage pendant leurs vacances en colo

Pour le deuxième été consécutif, les jeunes de Saint-Genis ont été mis sous les projecteurs et derrière la caméra lors d’un séjour vacances centré sur le cinéma, en partenariat... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Saint-Brieuc Maville
5 octobre 2024 146 mots
D'est. Cinéma

Cinéma Saint-Brieuc : D'est - Après la chute du mur de Berlin, Chantal Akerman regarde en de longs travellings ou plans fixes la réalité et la mutation de ces pays de... Voir l'article

Le Dauphiné libéré (site web réf.) - Le Dauphine
10 octobre 2024 83 mots
Caromb À son image et La nuit se traîne au cinéma

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Maville (site web réf.) - La Roche sur Yon Maville
2 octobre 2024 151 mots
D'est. Cinéma

Cinéma La Roche sur Yon : D'est - Après la chute du mur de Berlin, Chantal Akerman regarde en de longs travellings ou plans fixes la réalité et la mutation de ces... Voir l'article

Le Temps
Société, samedi 5 octobre 2024 524 mots, p. 34

Gloire à Ludivine Sagnier

CHARIVARI

Marie-Pierre Genecand

8042

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La chronique de

« Ma maturité se voit enfin sur mon visage et je peux enfin interpréter des rôles de mon âge! » Ludivine Sagnier ne le sait sans doute pas. Mais cette phrase fait un bien fou aux femmes qui vieillissent et ne trouvent plus, dans le cinéma, des modèles auxquels s'identifier puisque la plupart des actrices, même les plus douées comme Isabelle Huppert, s'échinent à gommer l'outrage des années.

Bien sûr, rares sont celles qui, comme Nicole Kidman ou Isabelle Adjani, traquent la moindre ride au risque de se transformer en poupées figées. Mais toutes ou presque se ravalent la façade, un peu, beaucoup, passionnément, donnant au monde une fausse idée de ce qu'est un visage féminin vieillissant.

Alors, lorsque, dans un article de 20 minutes, on tombe sur Ludivine Sagnier qui célèbre ses rides, on ressent un immense soulagement. Ceci d'autant que, dans Quand vient l'automne, dernier film de François Ozon consacré au nécessaire pardon, la comédienne interprète une quadragénaire aigrie qui, ne pouvant pardonner à sa mère ses imperfections, ne parvient pas à donner de l'amour à son propre garçon. Ludivine Sagnier ajoute donc à la maturité de son visage, les creux et les bosses d'une personnalité compliquée dont la vie n'est pas que liesse et félicité.

Pourquoi est-ce si important que ces reliefs tourmentés, physiques ou psychologiques, s'affichent dans le domaine public? Parce que, sinon, une dissonance cognitive s'installe dans l'inconscient collectif.

On sait que les visages féminins vieillissent beaucoup après la ménopause en raison de la baisse brutale d'oestrogènes. On sait aussi que mener de front une vie professionnelle, une vie de famille, une vie sociale, des activités sportives, culturelles, etc., est un défi quasi intenable pour les femmes d'aujourd'hui et que ce challenge les met sous une pression colossale. On sait encore que les charges mentale (organisation) et émotionnelle (tout le monde va bien?) qui pèsent sur elles sont un vrai fardeau.

On sait tout ça, mais si le cinéma, les séries, la publicité, les influenceuses, les stars, les dirigeantes d'Etat ou les cheffes d'entreprise, bref, si les femmes qui s'affichent ne relaient pas cette réalité du terrain, le cerveau ne parvient pas à faire le point et refuse d'intégrer ces données. C'est une forme de limite mentale, car les images publiques, plus vues que réellement regardées, s'inscrivent directement dans l'inconscient et modèlent en profondeur l'idée de ce que doit être le sujet. Pervers, n'est-ce pas?

Dès lors, on a beau admettre mentalement que la juvénilité des traits humains ne dure qu'un temps ou que, face à leurs nombreuses responsabilités, les femmes ont le droit d'être fatiguées, on refuse instinctivement cette réalité et on en veut aux visages féminins ridés de nous rappeler notre propre mortalité. Une malédiction à laquelle échappent les visages masculins, puisque, grâce au joliment buriné George Clooney et à tous ses amis, un homme mûr est un individu sage, charmant et épanoui. Alors oui, je dis merci à Ludivine Sagnier. Et j'espère qu'elle continuera dans cette voie et sera rejointe en masse par d'autres stars réellement libérées. On pourrait dès lors toutes vieillir en paix et en joie!

Le Temps
Culture, vendredi 11 octobre 2024 810 mots, p. 21

Aux 30 ans du GIFF, du local et du spatial

VIRGINIE NUSSBAUM

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CINÉMA L'édition anniversaire du Geneva International Film Festival dévoilera du 1er au 10 novembre de nombreux films et séries inédits, dont la première coproduction romande Netflix. Parmi les invités phares, l'actrice Noémie Merlant et le réalisateur Leos Carax

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@Virginie_nb

Plonger, littéralement, dans un champ de bataille: c'est l'expérience que propose la 30e édition du Geneva International Film Festival avec Le Panorama de la bataille de Morat. Cette fresque gigantesque du peintre allemand Louis Braun, qui représentait en 1894 la victoire, quatre siècles plus tôt, des troupes confédérées contre l'armée du duc de Bourgogne sur une toile de 100 mètres de long, a longtemps sommeillé dans un bunker militaire de l'Oberland bernois. Jusqu'à ce que le laboratoire de muséologie expérimentale de l'EPFL ne la transforme en oeuvre numérique et immersive, présentée au GIFF dans le cadre de Swissphoria, nouveau programme dédié à l'histoire de la création numérique suisse. Lors de visites guidées, les festivaliers exploreront des aspects méconnus du panorama, avec effets sonores, visuels et même... olfactifs.

Faire dialoguer patrimoine et nouvelles technologies, le concept résonne furieusement avec l'ADN de cette 30e cuvée. Un programme entre hommages et nouveautés, qui déclinera pas loin d'une centaine de films, séries et oeuvres numériques du 1er au 10 novembre. « Nous voulions mettre en avant les spécificités du GIFF, ce qui le démarque dans le paysage suisse: son esprit pionnier, défricheur, sa capacité à prendre des risques », souligne la directrice Anaïs Emery.

Car dès son lancement en 1995, le Cinéma Tout Ecran, son nom de l'époque, a le goût de l'expérimentation. La réalité virtuelle a beau être un lointain rêve, le festival s'intéresse déjà au web, aux formats hybrides, et sera l'un des premiers à proposer les séries en compétition internationale. Une industrie devenue toute-puissante aujourd'hui. « Il y a une telle production, de nouveaux auteurs qui émergent... Le GIFF joue là un rôle de prescripteur. » Parmi les 26 séries présentées cette année, on découvrira en avant-première deux épisodes de Winter Palace, coproduction Netflix romande qui revisite, en costumes, l'histoire de l'hôtellerie suisse. « A l'image des pays nordiques, qui nous font rêver, on constate l'attrait de notre pays à l'international », sourit Anaïs Emery. On ne ratera pas non plus Ceux qui rougissent, production franco-suisse sur un groupe de jeunes apprivoisant le théâtre, et En haute mer, thriller offshore du Valaisan Denis Rabaglia. L'occasion pour le GIFF de réaffirmer son amour pour la production nationale en inaugurant le Swiss Series Storytelling Award, concours récompensant le meilleur scénario de série helvétique.

Dans les tranchées

Du local, et du spatial: c'est au GIFF que sera dévoilée en avant-première la très attendue Dune: Prophecy, tirée de l'univers de Frank Herbert, située 10 000 ans avant l'ascension de Paul Atréides. Autre succès populaire, la britannique Generation Z, comédie sanglante où les boomers se transforment en zombies affamés de chair fraîche...

Du côté des films aussi, les grandes premières se succéderont. Parmi les 96 longs métrages, notons Hiver à Sokcho, adaptation du roman de l'autrice helvético-coréenne Elisa Shua Dusapin ou Les Femmes au Balcon, deuxième film de Noémie Merlant. Présente au GIFF, l'actrice évoquera cette comédie fantastique et féministe, où trois femmes - dont la Genevoise Souheila Yacoub, également au festival - vivront l'impensable dans un appartement marseillais surchauffé.

Parmi les autres invités de marque, le réalisateur Leos Carax - « un génie qui a admirablement protégé son agentivité et son imaginaire, note Anaïs Emery. Un modèle pour les cinéastes émergents! » On redécouvrira Annette (2021), Holy Motors (2012) ou son récent drame expérimental C'est pas moi, avec Denis Lavant et Juliette Binoche. Le festival accueillera également la réalisatrice et productrice américaine Ava DuVernay, à qui on doit notamment Selma (2014) et la série Netflix When They See Us (2019).

Un anniversaire, c'est aussi l'occasion de saluer ceux qui ont marqué ces trois décennies d'audiovisuel. Le GIFF rendra ainsi hommage à Pierre Koralnik, cinéaste suisse qui a chamboulé le petit comme le grand écran, ainsi qu'à l'homme de télévision romand Claude Torracinta, décédé ce printemps. Des capsules d'archives permettront également au festival de revisiter sa propre histoire.

Qu'on ne s'y trompe pas, le GIFF garde bien deux pieds dans l'avenir, avec des expériences virtuelles toujours bluffantes. Tandis qu'avec La Clé d'or, de Marc Da Costa et Matthew Niederhauser, le public co-créera en direct et en images un conte avec l'intelligence artificielle, dans Champ de bataille, il enfilera un casque pour se retrouver les pieds dans la boue, dans une tranchée de la Première Guerre mondiale. Les bombes grondent, les camarades tombent... saisissant.

Geneva International Film Festival, 30e édition. Du 1er au 10 novembre.

« Ce qui le démarque dans le paysage suisse, c'est son esprit pionnier, défricheur, sa capacité à prendre des risques »

ANAÏS EMERY, DIRECTRICE DU GIFF

Les festivaliers exploreront des aspects méconnus du panorama, avec effets sonores, visuels et même... olfactifs

Le Dauphiné libéré (site web réf.) - Le Dauphine
5 octobre 2024 99 mots
Courthézon Courth’Images propose deux séances de cinéma au théâtre de la Roquette

L’association Courth’Images, en partenariat avec Cinéval, organise une nouvelle séance de projection... ...pour lire la suite, rejoignez notre communauté d'abonnés et accédez à l'intégralité de nos articles... Voir l'article

Le Temps
Culture, mercredi 9 octobre 2024 1045 mots, p. 17

Christopher Reeve, le Superman du handicap

CHRISTOPHE PINOL

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BIOPIC Dans « Super/Man. L'histoire de Christopher Reeve », en salles cette semaine, les enfants de l'acteur racontent son engagement auprès des personnes paralysées après l'accident qui changea sa vie. Rencontre avec son coréalisateur, le Genevois Ian Bonhôte

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Faut-il être un enfant de Superman pour retracer la vie de la star qui a le mieux incarné le super-héros à l'écran? Visiblement pas, comme le prouve le Genevois Ian Bonhôte, coréalisateur avec l'Anglais Peter Ettedgui du documentaire Super/Man. L'histoire de Christopher Reeve. Un duo à qui l'on doit déjà l'épatant McQueen (2018), retraçant le parcours hors norme du créateur de mode Alexander McQueen. « Je suis né un an avant la sortie du premier Superman, en 1977, nous explique Ian Bonhôte, peu avant la présentation de son nouveau film au Festival de Zurich. Donc j'ai un peu loupé le coche. J'étais plutôt fan de Star Wars. Et pour être franc, un gars qui porte son slip par-dessus sa combinaison, je trouve ça de très mauvais goût, moi qui suis féru de mode, lance-t-il dans un rire. Non, ce qui m'a fasciné chez lui, c'est son parcours. Ce qu'il a traversé après l'accident de cheval qui l'a laissé tétraplégique. Comment il a réussi à se réinventer, à surmonter les défis auxquels il a été confronté... »

Passionnant, le film dresse un portrait sensible et poignant de cet acteur, issu du théâtre, qui fut durant quelques années l'un des plus populaires au monde. Le tout à travers des images d'archives retraçant les moments intimes de sa vie familiale, les témoignages touchants de ses trois enfants - Matthew, Alexandra et William -, mais aussi ceux des acteurs qui l'ont côtoyé tout au long de sa vie, comme Glenn Close ou Jeff Daniels.

Le combat de Christopher Reeve

Tout débute chez les Reeve, au réveillon 1994, quelques mois avant l'accident. « Une période où ma vie familiale et professionnelle était parfaitement équilibrée... avant que tout ne bascule en une seconde », explique Christopher Reeve lui-même, dans les versions audio de ses mémoires utilisées ici comme fil rouge. Le film fait alors un bond dans le temps pour retrouver le comédien après cette compétition équestre fatale, lors de son réveil brutal à l'hôpital, au bord du gouffre, tourné vers des pensées suicidaires... avant de repartir à nouveau vers le passé, pour se plonger dans son enfance.

Habilement, le film multiplie ainsi les allers-retours de part et d'autre du drame (jusqu'à son décès en 2004, à la suite d'un arrêt cardiaque), racontant en parallèle à la fois la naissance du super-héros à l'écran et le formidable combat mené par le comédien pour défendre les droits des personnes handicapées. Ou encore pour pousser les recherches sur les lésions de la moelle épinière. « Se montrer en chaise roulante à la cérémonie des Oscars comme il l'a fait en 1996, alors qu'il n'était jamais réapparu publiquement depuis son accident, c'était énorme, continue Ian Bonhôte. A l'époque, un acteur de sa stature ne se serait jamais montré aussi vulnérable. Et quelque part, il a complètement changé la perception du handicap dans notre société. »

A l'origine du film, il y a un joli concours de circonstances. En 2019, un archiviste envoie un message via la plateforme LinkedIn à Matthew Reeve pour lui demander s'il accepterait de parler de son père. Les trois enfants sont alors sur le point de vendre la maison familiale et sont depuis quelques semaines plongés jusqu'au cou dans les archives de leur jeunesse. Surtout, à force de retomber sur des documents poignants, ils commencent justement à regretter d'avoir décliné tant de propositions de films sur leur papa... La société de production britannique Passion Pictures entre alors dans la danse. Ils viennent de travailler avec Ian Bonhôte et Peter Ettedgui et voient en eux les interlocuteurs idéaux pour mener à bien ce projet. « Nos deux derniers films nous avaient en quelque sorte préparés à Super/Man: on avait l'aspect biopic avec McQueen et la thématique du handicap avec Comme des phénix. L'esprit paralympique, sur l'histoire des jeux paralympiques, que nous venions de tourner pour Netflix. Alors quand on nous a proposé ce projet, nous n'avons pas hésité une seule seconde. »

Fils de banquier, Ian Bonhôte aurait pu suivre les traces de papa s'il n'avait chopé le virus du théâtre et du cinéma. « Mes potes vous diraient sûrement que j'étais trop prétentieux et trop grande gueule pour Genève, et aussitôt ma matu en poche, j'ai mis les voiles. » Il part étudier à New York, puis à Londres, où il se met à réaliser des clips vidéo. Il monte ensuite une boîte de prod, la revend. Puis une autre pour financer son premier long et alterne aujourd'hui les projets en tant que producteur et/ou réalisateur.

On lui doit justement la production d'un documentaire fraîchement débarqué sur Disney+, Le Candidat. Un film fou retraçant l'incroyable histoire d'un Japonais, avant le règne de la téléréalité, qui passa quinze mois enfermé dans une petite pièce, nu et filmé en permanence en train de remplir des concours dans les magazines afin d'espérer gagner de quoi survivre. Le tout sans savoir qu'à l'extérieur, les images retransmises à la télévision nationale faisaient de lui une star. « Ce que j'aime avec la production, c'est permettre à d'autres de laisser éclater leur vision. J'ai adoré travailler avec Clair Titley, la réalisatrice de ce film ».

Le Suisse est d'ailleurs en train de produire un nouveau documentaire, Black is Beautiful, sur la naissance du mouvement culturel né dans les années 1960. « En tant que Genevois, Blanc, ce n'est clairement pas à moi de réaliser un tel film. J'ai pourtant voulu m'impliquer à fond pour lui permettre d'exister. Mais fondamentalement, l'industrie du cinéma a actuellement de gros soucis. Pour plein de raisons. L'une d'elles étant qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui comprennent à la fois le côté commercial et artistique, qui parviennent à établir un équilibre entre les deux. Or moi, j'adore trouver cette balance. C'est ce qui motive le plus dans le métier ».

Super/Man. L'histoire de Christopher Reeve, de Ian Bonhôte et Peter Ettedgui (2024), 1h46.

« Ce qui m'a fasciné chez lui, c'est son parcours. Comment il a réussi à se réinventer »

IAN BONHÔTE, RÉALISATEUR

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Culture, jeudi 10 octobre 2024 92 mots, p. 17

MAIS ENCORE

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Le réalisateur Claude Barras nominé pour le Prix du cinéma européen Le réalisateur valaisan Claude Barras est nominé pour le Prix du cinéma européen dans la catégorie film d'animation. Son film « Sauvages » est en concurrence avec quatre autres oeuvres, a indiqué la European Film Academy hier dans un communiqué. « Sauvages » est une fable écologique qui se déroule dans la forêt tropicale de l'île de Bornéo, en Asie du Sud-Est. Cette coproduction franco-belgo-suisse du studio genevois Nadasdy Film a été présentée en première mondiale au Festival de Cannes. (ATS)

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Les organisateurs du festival de cinéma Les Egaluantes, qui aura lieu du jeudi 21 novembre 2024 au dimanche 24 novembre 2024 à Carentan-les-Marais (Manche), annoncent la venue de nouveaux... Voir l'article

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Culture, vendredi 22 novembre 2024 426 mots, p. 18

La Moselle plonge dans le passé avec « Leurs enfants après eux »

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CINÉMA Adapté du Goncourt 2018 de Nicolas Mathieu, le film des frères Boukherma explore une jeunesse marquée par les inégalités et la désindustrialisation, offrant un portrait poignant et universel

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AFP

« C'était vraiment comme ça », même si l'interprétation est peut-être parfois un peu « caricaturale » : dans le département de la Moselle, en région Grand Est, où se déroule l'intrigue du film Leurs enfants après eux, les habitants qui l'ont découvert en avant-première ont souri des ressemblances avec les années 1990 qu'ils ont connues.

Le film est adapté du roman éponyme de Nicolas Mathieu, Prix Goncourt en 2018 qui a connu un grand succès. Comme dans le roman, c'est à Hayange, ville qui a subi de plein fouet la désindustrialisation, que se déroule l'histoire de Leurs enfants après eux, fresque mélancolique sur l'adolescence, la reproduction sociale et les inégalités.

Les décors varient des petites départementales de campagne entourées de verdure aux quartiers ouvriers qui ont fleuri au début du XXe siècle dans ces villes de Lorraine, en passant par les hauts fourneaux, définitivement fermés par Arcelor Mittal et l'Etat français en 2013. Seul élément qui a étonné les spectateurs venus en nombre découvrir l'avant-première du film, projeté ce vendredi à Thionville, à guichets fermés: « On aurait vraiment aimé avoir un lac à Hayange, un beau lac comme celui du film », riait à la sortie Aleyna, habitante de Nilvange, petite commune voisine d'Hayange, qui n'a pas souhaité donner son patronyme et avait 17 ans en 1998.

« La France des invisibles »

Dans le roman, « il y a à la fois un discours social très fort et très pointu, et en même temps, il y a une générosité dans la narration. Et ce qu'on trouve très beau, c'est qu'il raconte la vie de ce qu'on appelle, je trouve à tort, la France des invisibles », qui est en fait « la France de la majorité, la France de tout le monde », expliquent les réalisateurs, Zoran et Ludovic Boukherma, deux jumeaux de 32 ans.

« Je crois qu'on s'est beaucoup retrouvés simplement dans le personnage d'Anthony, dans l'adolescence, dans ces étés interminables, l'ennui, les premières amours », confie Ludovic Boukherma, rappelant que les deux frères ont grandi dans « une zone rurale » du sud-ouest du pays. « On a voulu faire un film populaire, dans le grand sens du terme. » Le film, qui dure 2h16, était à l'origine conçu comme une série, et en garde une construction en chapitres, comme autant d'étés - et de pertes d'illusions. Il sort le 4 décembre au cinéma en France.

Maville (site web réf.) - Guingamp Maville
9 novembre 2024 169 mots
En fanfare. Cinéma

Cinéma Guingamp : En fanfare - Thibaut est un chef d'orchestre de renomme´e internationale qui parcourt le monde. Lorsqu'il apprend qu'il a e´te´ adopte´, il de´couvre l... Voir l'article

Le Soir
GENERALE
Culture, mercredi 27 novembre 2024 632 mots, p. GENERALE16

« Quand j’étais petit, je voulais chanter, mais surtout mettre en scène »

C.Ma. et D.Z.

Vous avez fait un duo avec Juliette Armanet. Avec quels autres artistes contemporains aimeriez-vous travailler ?

J’ai aussi travaillé avec Iseult que j’adore. J’ai travaillé avec Julien Doré que j’adore. On verra la suite. Mais vous savez, ce n’est pas évident les duos. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre des artistes avec qui on a des choses à raconter véritablement, profondément. Et puis, il faut que le timing marche parce qu’on a souvent des plannings très différents de sortie, de commande, d’expositions. Les duos, c’est vraiment quelque chose de long, de chronophage. Alors, parfois, il y a la magie qui fait qu’on se rencontre et que c’est le moment pour l’un et pour l’autre ! Mais ce n’est pas tous les ans qu’on rencontre cette magie.

Vous fonctionnez encore à l’humain ? Pour certains, aujourd’hui, les duos, ça peut devenir un business, un échange de fichiers vite fait…

Moi je n’y crois pas du tout. Je pense que ça se fait à l’humain. Un duo qui marche, c’est une connexion. Pas le vieux truc un peu collé, des trucs de labels où les artistes ne se sont jamais vus. Moi, c’est une connexion et je fais confiance à ça. J’ai fait des sessions studio avec des artistes qui m’ont invité et parfois ça n’a pas marché. Il y a pas mal de chansons qui sont restées au rang du studio parce qu’il n’y avait pas la petite alchimie et que la connexion n’était pas si folle que ça. OK, parfois il y a des titres avec qui la connexion a marché, mais ça ne marche pas sur les plannings.

À quoi peut-on s’attendre le 5 décembre pour votre concert à Forest National ?

J’adore la mise en scène depuis que je suis jeune. Quand j’étais petit, je voulais chanter, mais surtout mettre en scène, réfléchir à comment incarner un personnage, comment se raconter, comment se positionner, comment mettre sa voix. Plus j’ai fait des Zéniths et des tournées, plus j’ai senti que je devais faire confiance à cette casquette de metteur en scène. Pour ce nouveau spectacle, j’avais envie d’un visuel de bord de route. Le crash, ça parle de voitures, de crash de vie. On part sur le bord d’une route avec un énorme panneau publicitaire qui raconte toutes mes émotions. Comme si on vendait ces émotions. Le spectacle commence par un crash de voiture et toutes les émotions vont défiler, entre minuit et le jour. Oui, c’est très visuel, très chorégraphié, très cinématographique. J’adore raconter des histoires au-delà des albums. L’album, c’est une chose et on peut ensuite appuyer certaines émotions grâce à la scène.

Vous tournez un film en Belgique ?

Oui, ça, c’est la nouveauté. C’est mon premier long-métrage et j’ai le premier rôle. C’est un film franco-belge réalisé par Olivier Pairoux. Un film noir, très politique. ça parle de la pédocriminalité, d’une milice qui se crée en dehors des sentiers habituels de la justice. Mon personnage trouve la justice trop lente et va créer sa propre bande pour attraper et piéger des hommes. On va tourner deux mois en Belgique. Ça s’appelle Vigilante. J’ai toujours voulu toucher au cinéma. Mon plus grand rêve, c’était la scène, que ce soit avec le théâtre ou la musique, mais le cinéma, j’adore aussi. C’est génial pour raconter des histoires, surtout quand c’est un film puissant comme celui-ci, avec un engagement profond vis-à-vis du sujet abordé.

C.Ma. et D.Z.

Maville (site web réf.) - Dunkerque Maville
6 décembre 2024 134 mots
100 000 000 000 000. Cinéma

Cinéma Dunkerque : 100 000 000 000 000 - Ils restèrent toute la nuit à discuter dans la chambre de Julia. Elle lui parla des palais, des châteaux, des diamants, et de tout... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Pontivy Maville
2 novembre 2024 33 mots
Quiz. Testez votre culture générale en 20 questions . Cinéma

Géographie, musique, cinéma… Avez-vous une bonne culture générale ? Voici 20 questions pour vous tester. À vous de jouer ! >>> Lire la suite.   ... Voir l'article

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Le Temps
Culture, lundi 25 novembre 2024 364 mots, p. 21

Filmar en America latina prime Cuba et le Chili

8085

CINÉMA Le festival a attiré 23 700 visiteurs à Genève, pour une septantaine de films

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ATS

Filmar en America latina a connu un nouveau succès, se réjouissent samedi ses organisateurs. Au terme des dix jours de cette 26e édition, près de 23700 festivalières et festivaliers, dont 2137 scolaires, ont fréquenté l'événement qui a proposé à Genève pas moins de 70 films issus de 15 pays d'Amérique latine, la moitié réalisée par des femmes.

L'affluence est à peine moindre que celle, record, de l'édition anniversaire du 25e, l'an dernier, qui avait accueilli 1000 visiteurs de plus.

Deux prix, d'un montant de 4000 francs chacun, ont été attribués, ont indiqué samedi les organisateurs dans un communiqué: le Prix du public, qui salue un film de la section Focus Sud (des oeuvres qui ont marqué l'année en cours) et le Prix du jury des jeunes, qui récompense un film de la section Opera Prima (le premier long métrage d'un cinéaste prometteur).

En récompensant Isla Negra du Chilien Jorge Riquelme Serrano, le Prix du public salue « une oeuvre saisissante et bouleversante qui aborde un sujet trop peu traité encore dans le débat public mondial: le délogement et l'exil de populations entières à cause de l'exploitation de leur terre, au nom d'un profit qui blesse profondément l'humanité », écrivent les organisateurs.

Le Prix du jury des jeunes a primé Fenomenos naturales, le premier long métrage du jeune cinéaste cubain Marcos Diaz Sosa. il a été choisi par un jury composé de 11 élèves du secondaire II issus d'établissements genevois et accompagnés cette année par le réalisateur argentin Pablo Briones. « Nous sommes particulièrement touchés par le fait que cette distinction revienne à un cinéaste cubain », soulignent les organisateurs.

« C'est une manière, à notre échelle, de rejoindre les voix de celles et ceux qui s'opposent au régime de ce pays: une dictature qui maintient son peuple dans une situation dramatique et exerce une censure arbitraire et inculte contre la création artistique, l'esprit critique et la liberté d'être au monde. Nous sommes fiers de célébrer ainsi un cinéma qui reste de haute qualité envers et contre tout », ajoutent-ils dans leur communiqué final.

Maville (site web réf.) - Saint-Brieuc Maville
2 novembre 2024 39 mots
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Le Soir
GENERALE
Culture, jeudi 28 novembre 2024 171 mots, p. GENERALE16

cinéma

24 e édition du Cinemamed

G.My

Lorsqu’il vit le jour en 1989, le Cinemamed avait pour ambition « de mettre en lumière des films de qualité ancrés dans la région méditerranéenne tout en valorisant les liens de Bruxelles à cette partie du monde ». Une façon d’ancrer de manière précieuse le cinéma dans la société. Pour sa 24 e édition, qui se déroule du 28/11 au 6/12, le festival combine avant-premières, pépites piochées sur la scène internationale et moments de partage. A pointer notamment : Animale d’Emma Benestan, L’histoire de Souleymane de Boris Lojkine, Les femmes au balcon de Noémie Merlant ou encore Vermiglio de Maura Delpero. Sans oublier une programmation spéciale autour des 60 ans des accords d’immigration qui unissent la Belgique au Maroc et à la Turquie. On y retrouvera des films comme Everybody Loves Touba de Nabil Ayouch mais aussi des concerts (notamment une carte blanche à Harun Özdemir). G.My

Du 28/11 au 6/12, Palace, Aventure (Bruxelles). Infos : www.cinemamed.be

Maville (site web réf.) - Angers Maville
20 novembre 2024 151 mots
Prodigieuses. Cinéma

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Le Dauphiné libéré (site web réf.) - Le Dauphine
21 novembre 2024 97 mots
Jonquières Deux séances de cinéma ce vendredi au profit du Téléthon

La municipalité propose deux séances de Cinéval ce vendredi 22 novembre, dont les recettes seront reversées... ...pour lire la suite, rejoignez notre communauté d'abonnés et accédez à l'intégralité de... Voir l'article

Le Soir
GENERALE
Culture, samedi 9 novembre 2024 1141 mots, p. GENERALE22

scènes

Espèces de clown·e·s : de l’importance des sots et maladroits virtuoses

CATHERINE MAKEREEL

C’est le premier festival belge dédié à l’art clownesque. Pendant douze jours, spectacles, conférences, ateliers, cabarets et projections vont faire la nique aux stéréotypes et réhabiliter le clown dans toute sa richesse. L’occasion de tirer les vers du nez rouge…

CATHERINE MAKEREEL

Il n’a pas bonne presse le pauvre. Avec son maquillage à la truelle, ses grands pieds encombrants et sa chevelure hirsute, le clown (version Bozo) tient aujourd’hui de l’épouvantail. Imaginez une militante de Kamala Harris dans les plaines de Pennsylvanie et vous aurez une idée de la cote de popularité de cette créature blafarde au sourire déglingué. Pour certains, qu’on appelle les « coulrophobes », le malaise tient même de l’effroi pathologique : merci Stephen King ! Et oui, le personnage de Ça, adapté au cinéma, a terni pour longtemps la réputation de ce paillasse pourtant inoffensif.

Un mot fourre-tout

Mais les clowns n’ont pas dit leur dernier mot. Pour en finir avec les préjugés absurdes qui leur collent à la peau comme leur nez rouge au milieu de la figure, pour sortir des stéréotypes et montrer l’incroyable richesse de leur art, et surtout pour nous faire rire en ces temps moroses qui tirent plus vers le masque triste et tyrannique du clown blanc que vers l’humeur éclatante de l’Auguste, une bande de joyeux hurluberlus a mis sur pied le festival Espèces de clown·e·s. Dans douze lieux de la capitale belge, spectacles, conférences, ateliers, cabarets et films vous embarqueront dans une traversée de l’art du clown sous toutes ses formes. Né à l’initiative de la Commission clown d’aires libres (Fédération professionnelle des arts de la rue, des arts du cirque et des arts forains), sous la houlette notamment de la Cie Ah mon Amour !, le festival donne à voir toutes les facettes de cette discipline tentaculaire : le clown de théâtre, le clown de cirque, le clown de rue, le clown du soin (avec ses Clowns de l’espoir notamment, qui tentent de redonner le sourire aux enfants coincés à l’hôpital), etc. De petites formes de cabaret à la projection de films, en passant par des jams où les clowns improvisent ensemble, l’objectif est le même : visibiliser un art largement méconnu.

« Il y a tellement de formes différentes et tellement de préjugés, que c’est difficile de donner une place importante à l’art du clown », analyse Mathilde Bernadac, de la compagnie Les Rotules effrénées. « Beaucoup pensent encore au clown d’anniversaire, genre clown de McDonald, le plus souvent parce qu’ils n’ont jamais vu de spectacles, tout simplement parce qu’il y en a encore très peu. Le clown, c’est aussi un peu un mot fourre-tout. D’ailleurs, certains s’interrogent sur l’utilisation du mot clown. Les jeunes qui sortent des écoles préfèrent plutôt parler d’idiots ou de naïfs. » C’est pourquoi le festival Espèces de clown·e·s (avec un « s » pour souligner la diversité des formes) se dote de ce sous-titre : « Le festival sérieux des arts idiots. »

Après des études en psychomotricité, la Française Mathilde Bernadac est venue en Belgique pour se former à l’école Laassad. « C’est là que j’ai découvert le clown. J’ai été touchée par son côté tragi-comique. » Seulement voilà, s’il existe des écoles de théâtre ou des écoles de danse, il n’existe pas d’écoles de clown. « A part le Samovar à Paris », précise celle qui va alors enchaîner les formations et monter des spectacles. Dans Sacré Mômans, qu’elle joue avec Citlalli Ramirez Mauroy, l’artiste a imaginé un duo de mamans qui émergent de plusieurs mois passés à pouponner. Bébés parés et landaus pimpés, elles décident de sortir enfin de chez elles pour aller à un spectacle paillettes et années 80. Mais bien sûr, rien ne va se passer comme prévu. Finalement, ce sont les mamans elles-mêmes qui vont faire le show. Bébés qui pleurent, montée de lait qui fait gicler des seins capables de propulser leur liquide nourricier à plus de 1,50 mètre, accidents de pipi spectaculaires (les artistes sont équipées de gadgets aquatiques très performants), pétage de plombs de mamans pas encore tout à fait remises de leur épisiotomie : le spectacle aborde les difficultés de la maternité avec un humour qui pique et qui… mouille.

« Avec le clown, on peut aller dans la démesure tout en parlant de sujets pas forcément légers. Avec Sacré Mômans par exemple, on aborde le corps des femmes qui se transforment, la fatigue, la charge mentale, la pression de la super maman. A la différence du bouffon, qui est plus dans la critique et l’attaque, le clown, grâce à sa naïveté, n’est pas dans le jugement ou la moquerie. Il peut aller loin grâce à cette naïveté. » Pour Mathilde Bernadac, le clown est bien plus que ce pitre tarte à la crème qui nourrit faussement l’imaginaire collectif. C’est surtout un être d’une grande tendresse, voire de touchantes faiblesses, derrière son masque d’amuseur public. La jeune femme cite d’ailleurs l’exemple de clowns comme Typhus Bronx : « Il a un univers grinçant et rentre-dedans avec des spectacles forts sur l’enfermement psychiatrique ou les traumatismes de l’enfance. » Ou encore Bonaventure Gacon et son célèbre Par le Boudu, avec son inquiétant personnage qui révèle l’horreur du monde tout en rachetant un peu de notre humanité.

Les Belges aussi ont leurs grands clowns, comme Yves Hunstad et sa Tragédie comique. Hélas, les femmes sont très largement sous-représentées en la matière. « Il y a énormément de praticiennes du clown, observe Mathilde Bernadac. Dans les formations, il y a généralement un ou deux hommes pour dix nanas. Et pourtant, quand on pense aux clowns connus, ce sont toujours à des hommes qu’on pense. A part peut-être Rosie Volt. Peut-être parce qu’il faut du temps. Ça prend des années avant de comprendre les mécanismes, trouver ses spécificités, son lien avec le public. On dit qu’il faut dix ans pour trouver son clown. » Un déséquilibre que le festival Espèces de clown·e·s tente en partie de rétablir avec des spectacles féminins comme Julieta de la Mexicaine Gabriela Muñoz, ou encore Un benêt virtuose de Carina Bonan. Comme dans le reste du programme (Ludor Citrik, la Cie de la Casquette, le Théâtre du Sursaut, la Famille Chabri, etc.), elles élèveront le ridicule et l’idiotie au rang d’art.

Du 13 au 24/11 à Bruxelles (Montagne magique, Ecole du Cirque, Cinéma Nova, Up, etc.). www.especesdeclownes.be.

Maville (site web réf.) - Saint-Brieuc Maville
4 novembre 2024 101 mots
Bloody beggar. Cinéma

Cinéma Saint-Brieuc : Bloody beggar - La vie d'un mendiant prend un tournant inattendu lorsqu'une mésaventure bouleverse sa routine quotidienne. Parviendra-t-il à se frayer un chemin à travers... Voir l'article

Maville (site web réf.) - Guingamp Maville
11 novembre 2024 538 mots
Aussi paru dans
11 novembre 2024 - Ouest-France
À 82 et 90 ans, elles sont figurantes sur grand écran dans le film de Lucien Jean-Baptiste .

On fait quoi maintenant ? C’est le titre du film dans lequel Danielle Migeon et Thérèse Gouriou, résidentes à Espace et vie à Saint-Herblain, ont joué les figurantes. Elles racontent... Voir l'article

Le Temps
Culture, vendredi 1 novembre 2024 976 mots, p. 21

« Limonov était un Joker russe »

INTERVIEW

STÉPHANE GOBBO

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CINÉMA Le réalisateur et dramaturge Kirill Serebrennikov vient présenter à Genève, dans le cadre du GIFF, qui s'ouvre ce vendredi, « Limonov, la ballade » . Rencontre en mai dernier à Cannes, autour de cette adaptation du récit d'Emmanuel Carrère

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PROPOS RECUEILLIS PAR @stephgobbo

Né Edouard Veniaminovitch Savenko en 1943, écrivain à New York et Paris après une enfance à Kharkiv, Edouard « Eddie » Limonov (un pseudonyme qu'il s'est créé à partir des mots « citron » et « grenade ») est mort à Moscou en 2020 après avoir vécu mille vies. D'abord petit voyou et poète à ses heures, il a tenté sa chance dans la capitale russe avant de faire le choix de la dissidence et de devenir un écrivain à part entière aux Etats-Unis - où il a vécu dans la misère avant de trouver un emploi de majordome. Mais Limonov, ce fut aussi un politicien adepte de tous les extrêmes et un mercenaire capable de s'afficher aux côtés du génocidaire serbe Radovan Karadzic.

En 2011, Emmanuel Carrère lui consacrait un fabuleux récit. Sous la plume de l'auteur de L'Adversaire et d'Un Roman russe, toujours prompt à passer de son sujet à sa propre histoire et à ses questionnements intellectuels et moraux, le Russe devenait un aventurier à la fois ambitieux, arrogant et aveugle, un homme se rêvant en héros mais qui aura passé sa vie à végéter dans ses contradictions, jouant souvent à l'épouvantail et enchaînant les provocations. Devant la caméra de Kirill Serebrennikov, incarné par Ben Whishaw, Limonov est aujourd'hui un fabuleux personnage de cinéma.

Limonov, la ballade, présenté en première suisse en présence du cinéaste dans le cadre du GIFF (Geneva International Film Festival), était au printemps dernier en compétition à Cannes. Kirill Serebrennikov nous expliquait alors qu'il traversait une période sombre lorsqu'on lui a proposé d'adapter le livre de Carrère. « Pour moi, c'était crucial que le film ne soit pas un biopic, que je n'aie pas à suivre la vie du personnage mais plutôt l'imagination de Carrère. Mon film est d'une certaine manière une réflexion de la réflexion. J'ai accepté cette proposition parce que j'étais très libre. »

Emmanuel Carrère avait lui-même commencé par travailler à une adaptation avec Pavel Lounguine, puis avec Pawel Pawlikowski. Avez-vous lu les scripts préexistants ou êtes-vous parti de votre propre lecture du livre?

J'aurais aimé repartir de zéro, mais ce n'était pas possible. Même si nous avons tout réécrit, il y a dans le film des scènes qui ont été imaginées par Pawlikowski. Dans les dernières versions, faute de temps, j'ai malheureusement dû couper la partie sur l'enfance d'Eddie et sa relation avec son père, un officier du KGB qui n'était pas un héros, comme il le pensait, mais qui emmenait des prisonniers au goulag.

Dans son livre, Carrère écrit que Limonov se voyait comme un héros alors qu'il était plutôt un salaud. Qui est-il, pour vous?

Lorsqu'il m'a fallu expliquer à Ben Whishaw qui était Limonov, je lui ai dit qu'on allait faire un film sur un Joker russe. Pour moi, il a plusieurs facettes; c'est quelqu'un qui est mort plusieurs fois et qui est chaque fois revenu sous une nouvelle incarnation pour mener une vie nouvelle.

Comment est-il arrivé dans votre vie?

Je ne l'ai jamais rencontré personnellement, mais dans les années 1990, c'était quelqu'un qui exerçait une grande fascination sur la jeunesse russe avec son attitude anticapitaliste et antibourgeoise. Anti-tout, en fait. Il avait une aura de rock star, c'était un punk, on lisait avec passion Limonka, le journal anti-Occident qu'il publiait.

Il a grandi à Kharkov, la ville ukrainienne que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de Kharkiv. Comment était la ville à son époque?

C'était une ville profondément soviétique, on y parlait russe et pas ukrainien. On y trouvait beaucoup de poètes et d'artistes d'avantgarde, des gens spéciaux et talentueux, un melting-pot de plusieurs cultures. Les gens se considéraient vraiment comme Soviétiques, plus que comme Russes ou Ukrainiens.

Limonov a choisi de vivre dans la dissidence, comme vous...

A l'époque soviétique, si vous quittiez le pays, c'était un aller simple, vous ne pouviez pas revenir. Et vous n'aviez plus aucune possibilité de communiquer avec vos proches restés au pays, aucun accès à l'information. Aujourd'hui, ce n'est plus la même chose. Je communique tous les jours par Zoom avec mon père, je sais tout ce qui se passe en Russie, j'ai accès à l'information. J'ai quitté un pays dans lequel je ne pouvais plus travailler ni vivre pour un pays, l'Allemagne, où j'ai plein d'opportunités et dans lequel je suis heureux.

Comment avez-vous recréé le New York des années 1970?

Ça a été une des plus grandes peurs de ma vie, car je connais plutôt le Moscou de 1989... Pendant des mois, j'ai regardé des films et des reportages, je me suis plongé dans la photographie de rue. Les décors ont été construits deux fois. D'abord à Moscou, avant le début de la guerre en Ukraine. Mais ce décor a été détruit. Après ma fuite de Russie et de mes équipes, un producteur m'a finalement permis de recréer le décor en Lettonie, alors qu'on pensait que le film ne se ferait jamais. Grâce aux technologies contemporaines, on a également pu incruster Ben Whishaw dans des images d'archives.

Limonov, la ballade (Limonov - The Balad), de Kirill Serebrennikov (Italie, France, Espagne, 2024), avec Ben Whishaw, Viktoria Miroshnichenko, Tomas Arana, Evgueni Mironov, 2h18.

Première suisse dans le cadre du GIFF, en présence du cinéaste, mardi 5 novembre au Cinerama Empire (20h30). Sortie le 18 décembre.

« La Russie était devenue un pays dans lequel je ne pouvais plus travailler ni vivre »

« Recréer le New York des années 1970 a été une des plus grandes peurs de ma vie »

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Le Soir
GENERALE
Culture, jeudi 14 novembre 2024 896 mots, p. GENERALE18

cinéma

« Jouer quelqu’un d’alcoolisé, je trouve ça très dur »

Didier Stiers

Alors que le top départ du Vendée Globe a été donné dimanche, Jean-Paul Rouve incarne dans « La vallée des fous », ce mercredi sur nos écrans, un concurrent particulier : il prend part à la version virtuelle de cette course, enfermé dans un voilier en cale sèche au fond de son jardin…

Quand Pierre Richard est sur un plateau, on a l’impression qu’il est émerveillé comme un jeune comédien. Et c’est pas feint Jean-Paul Rouve

Didier Stiers

Restaurateur dont l’établissement va à vau-l’eau et accumule les dettes, devenu alcoolique pour faire bonne mesure, Jean-Paul perd peu à peu le contact avec les siens. Pour se refaire financièrement, il imagine participer au Vendée Globe, grâce à un jeu en ligne. Et pour se mettre dans la peau d’un véritable skipper, lui qui n’a plus pris la mer depuis qu’un accident l’a traumatisé, il décide de s’enfermer pendant toute la durée de la course – trois mois en moyenne –, dans le bateau entreposé au fond de son jardin…

Voilà donc qu’avec La vallée des fous, écrit et réalisé par Xavier Beauvois (Des hommes et des dieux, Le petit lieutenant, La rançon de la gloire…) nous arrive encore une histoire de reconstruction personnelle, dans laquelle Jean-Paul Rouve fait avec son personnage le tour de « son » monde, un voyage intérieur, initiatique. Et l’acteur, 57 ans, qu’on retrouvera sous les crolles de Jeff Tuche en février, étonne encore une fois dans un registre plus dramatique, saisissant de vérité dans deux scènes « dures ». La première où il s’en prend verbalement aux siens sous l’emprise de l’alcool, et la seconde à bord de son voilier, complètement en manque… « Jouer quelqu’un d’alcoolisé, je trouve ça très dur, nous raconte-t-il sous la supervision de Gtro, son Jack Russell qui est de tous les moments promo. Dans une comédie, on peut s’en amuser, mais c’est tellement cliché de faire un mec bourré qui parle mal ou qui titube. Et puis tout le monde sait ce que c’est, soit parce qu’on l’a vécu, soit parce qu’on l’a vu. Donc, on voit quand ce n’est pas juste. Et comme le cinéma de Xavier est tellement dans la vraie vie, on ne peut pas être à côté, sans quoi on n’y croit pas. Mais oui, c’était ce que j’appréhendais le plus comme scène. » La formule, alors ? « On se met en condition, on a le metteur en scène, bien sûr, et puis les partenaires. Quand c’est dur, il faut toujours se reposer sur les autres. Il faut lire le regard de l’autre. Et je vous jure que ça aide vachement ! D’ailleurs, il montre beaucoup les regards, Xavier. Il a raison ! Le regard de l’autre, c’est le lien entre le spectateur et le personnage. »

Génération comique

Pour Xavier Beauvois, Jean-Paul Rouve est capable de faire avec son visage des choses que les autres acteurs ne peuvent pas, et donc exprimer par ce biais des émotions… « Non, mais bon, s’amuse l’ex-Robins des Bois, vous savez comment c’est, on discute un peu avant de tourner, et puis « tac, allez, moteur, on tourne ! » Et je me jette tout de suite. J’ai toujours fait comme ça. Je pense que ça vient de ma formation, quand on faisait des sketchs. Quand on fait des sketchs, il y a ce truc d’immédiateté, il faut trouver tout de suite, on n’a pas le temps. Et c’est plutôt pas mal comme école. Je pense que ça vient de là. »

Dans La vallée des fous (outre le titre du film, c’est également ainsi qu’est surnommée la commune de Port-la-Forêt, dans le Finistère, la Mecque des navigateurs où tous les grands se sont entraînés, d’Eric Tabarly à Jean Le Cam, Michel Desjoyaux et Armel Le Cléac’h, NDLR), le père du personnage incarné par Jean-Paul Rouve est joué par Pierre Richard. Voilà donc deux acteurs qu’on a découverts, à une génération d’intervalle, par l’humour, la comédie, et qui se retrouvent ici sur un thème quelque peu plus dramatique. « Pierre, je le connaissais dans la vie mais je n’avais jamais travaillé avec lui. J’étais hyper fier ! Il a 90 ans, Pierre, et une qualité extraordinaire : quand il est sur un plateau, on a l’impression qu’il est émerveillé comme un jeune comédien. Et c’est pas feint. Il est vraiment heureux de jouer, heureux d’être là, toujours sur le coup, jamais blasé. Et ça, quand vous êtes acteur, c’est une belle leçon ! » Tout comme nous, il a l’impression de le connaître depuis qu’il est tout petit… « Donc le fait qu’il joue mon père, c’est presque naturel ! J’ai tourné avec plein de grands acteurs, mais là, c’est la première fois où j’ai commandé une affiche sur eBay, une affiche du Jouet, que je lui ai fait dédicacer. Je n’ai jamais fait ça avec aucun des autres acteurs avec lesquels j’ai tourné, et je pense que je ne le ferai plus. Ici, c’est à part ! »

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24 novembre 2024 151 mots
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Le Temps
Société, samedi 16 novembre 2024 1352 mots, p. 19

Pour ses 40 ans, Dragon Ball capitalise sur le marché de la nostalgie

GRÉGOIRE BARBEY

8078

PATRIMOINE La célèbre franchise fait un retour fracassant en série et en jeu vidéo. Malgré le décès de son auteur début 2024, les ayants droit semblent plus déterminés que jamais à profiter de l'aura de ce phénomène culturel

8078

Pour son 40e anniversaire, Dragon Ball s'offre une nouvelle jeunesse. La franchise fait un retour fracassant, avec la sortie le 11 octobre dernier du jeu vidéo Dragon Ball Sparking! Zero et de la série d'animation Dragon Ball Daima. Cette dernière est diffusée en ce moment au rythme d'un épisode par semaine et est accessible sur Crunchyroll et Netflix.

Le lancement de la série a eu lieu simultanément au Japon et à l'international, une première pour le studio Toei Animation. Le scénario et les personnages ont été conçus par Akira Toriyama lui-même. Un animé désormais orphelin, puisque l'auteur est décédé au mois de mars 2024 à l'âge de 68 ans.

Décliné dans tous les formats imaginables

La publication de Dragon Ball sous le format bande dessinée a commencé le 20 novembre 1984 dans le magazine japonais Weekly Shonen Jump, au rythme d'un chapitre par semaine. Les 519 chapitres qui retracent les aventures de Son Goku et ses amis ont ensuite été édités en 42 volumes reliés, et adaptés en série d'animation.

Dragon Ball retrace ainsi les pérégrinations de Son Goku en tant qu'adolescent, ce qui correspond aux volumes 1 à 17. De son côté, Dragon Ball Z s'attarde sur le reste du récit, considéré comme plus dramatique et faisant la part belle à des combats dont la franchise a le secret. C'est aussi l'un des premiers animés japonais qui cartonnent en France. Il a été diffusé de 1988 à 1995 par TF1 dans l'émission Club Dorothée.

Dragon Ball est devenu au fil des décennies un véritable phénomène culturel. « Aujourd'hui, Dragon Ball n'est plus un manga mais une franchise, qui se décline à travers tous les formats imaginables », explique David Javet, premier assistant à la section d'histoire esthétique du cinéma à l'Université de Lausanne, et auteur d'une thèse de doctorat sur les franchises de science-fiction japonaises.

La liste des produits dérivés de Dragon Ball est en effet longue comme un jour sans pain: séries d'animation, adaptations cinématographiques, jeux vidéo sur consoles et sur mobiles, cartes à collectionner ou encore figurines. Une ampleur qui témoigne du succès rencontré par Dragon Ball à travers les générations, et qui explique son retour en force.

« C'est assez commun qu'une franchise connaisse des adaptations en jeux vidéo, observe David Javet. Ce qui est propre à Dragon Ball, c'est toute la machinerie relancée il y a une dizaine d'années par les ayants droit. » Aucune adaptation télévisuelle n'était intervenue depuis la fin de Dragon Ball GT en 1997 au Japon, une série d'animation produite par le studio Toei Animation mais pour laquelle Akira Toriyama ne s'est pas impliqué.

C'est en 2013 que la franchise fait son retour avec Dragon Ball Z - Battle of Gods, sorti au cinéma. L'auteur de l'oeuvre originale en a même écrit le scénario. David Javet s'en souvient parfaitement: « J'ai beaucoup aimé ce film qui met en scène le dieu de la destruction Beerus. Akira Toriyama suggère dans ce récit à quel point cela n'a pas de sens de continuer les aventures de Dragon Ball, car cela ne peut que tendre vers la surenchère. »

Et pourtant, les ayants droit ont continué sur leur lancée. D'autres films suivront, puis la publication dès 2015 d'un nouveau manga, Dragon Ball Super, immédiatement adapté en série d'animation diffusée au Japon entre 2015 et 2018. Elle ne concerne qu'une partie des aventures narrées dans le manga, lequel n'était pas encore terminé au moment du décès d'Akira Toriyama.

Un auteur plein d'astuces

L'un des gimmicks les plus célèbres de Dragon Ball, ce sont les transformations de Son Goku. Issu de la race extraterrestre des Saïyens - des êtres à l'apparence humaine dotés d'une queue de singe qui leur permet de se transformer en gorille géant lorsqu'ils sont exposés aux rayons de la pleine lune -, le héros de Dragon Ball acquiert durant le récit original la capacité de se transformer en « super Saïyen ». Ses cheveux prennent alors une couleur dorée.

Bounthavy Suvilay, maîtresse de conférences en littérature à l'Université de Lille et auteure d'une thèse portant sur la réception de Dragon Ball en France, note qu'il s'agissait avant tout d'un procédé astucieux imaginé par Akira Toriyama pour faciliter la production des planches du manga. « L'auteur était souvent en retard, ce qui compliquait le travail de son assistant chargé de l'encrage », explique-t-elle.

En leur donnant cette apparence spéciale avec la transformation, il n'était plus nécessaire de les encrer, ce qui constituait un précieux gain de temps pour tenir les délais de production. « Akira Toriyama a toujours été très ingénieux, observe Bounthavy Suvilay. C'est aussi pour ça qu'il choisissait parfois de détruire les décors lors des combats: cela réduisait les détails et donc le travail d'encrage. »

Ces transformations font aujourd'hui partie de l'ADN de Dragon Ball. Chaque itération de l'oeuvre originale en a apporté de nouvelles. Entre les fusions et les nouvelles formes, les procédés pour octroyer des capacités toujours plus puissantes aux personnages ne manquent pas. A ce sujet, Dragon Ball Daima semble opérer une sorte de retour en arrière, là où Dragon Ball Super a joué la surenchère, créant le « super Saïyen divin », puis le « super Saïyen super Saïyen divin » (sic).

Car le scénario de Dragon Ball Daima met en scène Son Goku et ses amis sous les traits d'enfants de 6 ans. Une situation provoquée par le roi du Royaume des démons, qui fait un voeu auprès du dragon Shenron, sorte d'entité toute puissance capable d'exaucer les moindres désirs de ceux qui l'invoquent en réunissant les sept boules de cristal (les fameuses « dragon balls »). Son souhait? Réduire la puissance des héros en leur faisant retrouver leur corps d'enfant.

Un procédé scénaristique qui permet à la série de s'adresser à deux générations en même temps, estime David Javet: d'un côté, les enfants, grâce à des héros qui leur ressemblent, et de l'autre, les adultes qui ont connu la franchise dans leur jeunesse. Voir Son Goku et ses amis sous des traits juvéniles rappelle les débuts de Dragon Ball. « C'est la promesse d'un retour aux sources, à l'époque où Dragon Ball était moins axé sur la dimension épique de ses combats, et davantage sur l'aventure et le comique », ajoute l'universitaire. Une manière de reconvoquer des émotions.

Ambitions transgénérationnelles

David Javet est d'ailleurs convaincu que le timing de cette nouvelle vague de productions consacrées à Dragon Ball depuis 2013 ne doit rien au hasard. « Trente ans, c'est la durée idéale pour s'adresser à deux générations différentes en même temps. D'un côté, il y a ceux qui ont connu la série, et qui ont désormais les ressources financières pour consommer de nouveaux produits qui les rattachent à cette époque, et de l'autre, il y a un nouveau public, qui peut se rattacher à de nouveaux récits. »

Cette dimension nostalgique se retrouve d'ailleurs dans Dragon Ball Sparking! Zero, publié récemment sur PS5, Xbox Series et PC. Le jeu est le nouvel opus de la série connue en Occident sous le nom de Budokai Tenkaichi. Le dernier épisode était sorti en 2006, et est toujours considéré comme l'une des meilleures adaptations vidéoludiques de la franchise. Avec un casting de combattants de plus d'une centaine de personnages et un système de combat fidèle à l'animé, le jeu a été un franc succès.

Plus de 3 millions de copies ont été écoulées en 24 heures lors de sa sortie en octobre, toutes plateformes confondues. La preuve que les joueurs attendaient cette nouvelle itération avec grande impatience. L'éditeur Bandai Namco entend d'ailleurs capitaliser sur cet engouement et proposera des mises à jour payantes intégrant du contenu supplémentaire, afin de renouveler l'intérêt du jeu. De quoi le faire coexister avec la série, puisque cette dernière comptera 20 épisodes pour cette saison. Tout porte à croire que Dragon Ball va continuer son aventure encore longtemps.

La liste des produits dérivés de Dragon Ball est longue comme un jour sans pain

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Le Soir
GENERALE
Culture, lundi 18 novembre 2024 1281 mots, p. GENERALE20

cinéma

Lambert Wilson, entre tournage et tour de chant

Didier Stiers

Invité d’honneur au récent Festival international du film de comédie de Liège, Lambert Wilson incarne aujourd’hui un grand couturier dans « La maison ». L’exercice de la série lui plaît, mais il n’abandonnera pas la musique pour autant !

Il y a des gens qui prennent du plaisir à faire des choses répétitiveset pour moi, c’est synonyme d’une profonde angoisseLambert WilsonActeur

Didier Stiers

Ces dernières années, on a pu le retrouver régulièrement dans une série. En 2019, ce fut lors de la deuxième saison de Calls, sur un ton quelque peu « science-fictionnesque ». En 2021, dans le genre « espionnage » avec Totems, sur Prime Video, réalisé notamment par Jérôme Salles. Et puis, là, dans La maison, aux côtés de Carole Bouquet, Amira Casar ou encore Pierre Deladonchamps, il incarne Vincent Ledu, héritier d’un empire de la haute couture dont l’entreprise doit faire face à un scandale. Le dixième et dernier épisode est à voir sur Apple TV+ depuis ce vendredi.

La maison aura-t-elle un jour droit à une saison 2 ? Wait and see… Lambert Wilson a en tout cas aimé l’expérience. Ne fût-ce que parce qu’il a eu plus à faire que sur le tournage d’un film : « Dans une série de dix épisodes qui font à peu près dix fois une heure, on démultiplie les situations », nous dit-il. « Et là, on peut exprimer plein de moments du personnage, plus que dans un long-métrage. L’autre différence, c’est qu’il y a plusieurs metteurs en scène et c’est génial parce que chacun a réfléchi à votre personnage et vient vous stimuler avec sa vision. C’est vraiment un enrichissement. Et puis, c’est une série Apple, donc on est vu dans le monde entier. Alors qu’avec un long-métrage français… les chances d’être vu à l’étranger sont quand même très limitées. »

Et puis il y a ce personnage de Vincent Ledu qu’il joue, barbe poivre et sel, lunettes à grosse monture… Un personnage comme il n’en avait jamais incarné auparavant : « J’essaie de ne pas me répéter, donc je vais dire que je n’ai jamais joué de couturier. Alors j’ai fait plein de méchants, ça c’est évident. J’ai fait plein de gens cruels, sadiques, et on utilise toujours un peu certaines ficelles qu’on a en soi. Mais ce côté aristocrate, artiste solitaire et amer, je n’avais jamais fait ça. Ce qui est difficile en revanche, c’est d’imaginer que si jamais il y avait une suite, il faudrait continuer à travailler les mêmes couleurs. Là, le personnage a maintenant une identité dans l’esprit du public et on ne peut pas partir dans des directions trop éloignées de la recette initiale. »

L’angoisse

de la répétition

C’est bien connu, les « méchants » sont souvent beaucoup plus croustillants à jouer que les « gentils ». Lambert Wilson acquiesce : « Quand on dit héros, ça veut dire finalement ceux dont c’est l’histoire, les rôles principaux, gentils ou pas gentils. Ce qu’il faut, c’est avoir des choses à jouer, et plus il y en a, mieux c’est. Mais, oui, les scénaristes souvent se réjouissent d’écrire les personnages de méchants. C’est comme s’ils aiguisaient leurs couteaux, ça les fait rire. Plus les personnages ont la langue bien pendue, sont vaches, plus ça les excite. Et donc souvent ça plaît à l’acteur parce que c’est savoureux d’avoir cet esprit-là. »

A 66 ans (il est né le 3 août 1958 à Neuilly-sur-Seine), l’acteur considère toujours que son métier peut très vite devenir ennuyeux. « J’accepte surtout les choses qui sont différentes de ce que j’ai fait auparavant. Quand vous avez maîtrisé les bases, c’est-à-dire la peur, surtout celle d’être devant un metteur en scène, une équipe et des acteurs, ce n’est plus trop compliqué. Ce qui l’est, c’est de changer, de se transformer, de surprendre, et c’est ça que je recherche. La vie est trop courte pour faire quoi que ce soit de façon répétitive. Même si c’est un bout de jardin : si vous faites des patates une année, vous allez faire des poireaux l’année suivante ! »

Pire : la répétition l’effraie ! « C’est comme si je ne vivais pas pleinement la vie. Il y a des gens qui prennent du plaisir à faire des choses répétitives et, pour moi, c’est synonyme d’une profonde angoisse. Il faut que ça change tout le temps parce que c’est une façon de démultiplier la vie. Je déménage très souvent. Il y a un moment où je suis dans un endroit depuis trop longtemps. Il faut que je parte. Et j’aime beaucoup le cinéma pour ça parce que c’est un rythme qui me correspond bien. Ça dure deux mois, deux mois et demi et puis hop ! on part sur un autre monde. »

Alors on chante

A Liège, Lambert Wilson est allé à la rencontre du public. Pour lui, la Belgique est le pays des acteurs comiques ! « C’est le pays du très, très bon public. J’ai des souvenirs absolument merveilleux, notamment ici à Liège où j’ai chanté au Forum. C’était la première fois que je faisais un spectacle musical. »

Pour casser la routine, rien de tel alors qu’un peu de musique... ou beaucoup ! « La musique, c’est très risqué tout le temps. D’abord parce qu’on fait très peu de longues séries, et il y a finalement toujours cette notion du concert exceptionnel, de sans filet , de performance unique. Même quand j’ai fait des comédies musicales au théâtre du Châtelet, où on avait dix ou quinze représentations, ça restait à chaque fois quelque chose d’unique. » Déjà rien que parce que la voix est un instrument fragile : « J’ai des amis chanteurs d’opéra. Quand ils arrivent sur scène, ils ne savent pas ce qui va sortir ! Donc ça reste super excitant tout le temps. »

Et il adore (sic) ça, celui qui, il y a une trentaine d’années, s’est même frotté au chant classique. Ce qui l’a emmené dans des situations périlleuses : « Je m’étais dit que peut-être, c’était ça ma vie. Mais je n’avais pas fait d’études au conservatoire, et puis il faut un temps fou pour se préparer progressivement devant des publics de plus en plus importants. Et moi, je suis passé directement du cours de chant en tête-à-tête à un opéra de l’Opéra de Monte-Carlo avec un orchestre ! J’ai eu tellement peur ! Après, je suis reparti vers un répertoire plus léger, un répertoire de comédies musicales qui appartient aux acteurs. »

Aujourd’hui, Lambert Wilson le chanteur a trouvé l’équilibre entre comédies musicales et petites tournées. « En ce moment, de temps en temps, c’est avec du Kurt Weill, qui a écrit la musique de L’Opéra de quat’sous de Brecht, mais il a aussi écrit pour les acteurs. Ce n’est donc pas le chant classique. L’opéra, je n’ai pas la voix pour. Un jour, j’adorerais chanter une soirée autour de Léo Ferré par exemple, ou des chansons de Brel, qu’on peut faire soit avec juste un pianiste ou avec une petite formation. Parce que, finalement, c’est toujours un maniement de la langue française. Même s’il y a un chant et donc utilisation d’une technique vocale, je suis là pour livrer comme un acteur un texte poétique en musique. »

Nice-Matin (site web réf.) - NiceMatin
29 novembre 2024 878 mots
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29 novembre 2024 - Var-Matin (site web réf.)
L'humoriste Rosa Bursztein, chroniqueuse sur France Inter, de retour avec "Dédoublée" à voir à Nice et Toulon
La rédaction

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Le Soir
GENERALE
Culture, lundi 25 novembre 2024 270 mots, p. GENERALE20

Un livre d’exception pour le chef-d’œuvre « Barry Lyndon »

Barry Lyndon – Stanley Kubricksous la direction de François BetzÉditions Simeio172 pages, 59 euros

Barry Lyndon fut d’abord un livre avant d’être l’un des chefs-d’œuvre du cinéma mondial, signé Stanley Kubrick, en 1975. Ce roman de William Makepeace Thackeray, qui décroche sa notoriété grâce à La foire aux vanités, est publié près de 50 ans avant l’invention du cinéma. Kubrick s’en inspire pour réaliser une époustouflante fresque historique de trois heures racontant les gloires et les déboires d’un jeune Irlandais, opportuniste sans scrupule, bien décidé à s’élever dans la société de la seconde moitié du XVIII e siècle. C’est cette aventure cinématographique hors du commun qui est racontée pour la première fois par ceux qui l’ont vécue, comme l’actrice Marisa Berenson, et par de pertinents analystes tel le directeur photo Darius Khondji ou feu Michel Ciment dans un ouvrage d’exception, supervisé par le producteur et beau-frère de Kubrick, Jan Harlan. Nourri des archives du cinéaste, riche d’une iconographie rendant hommage au souci de perfection de Kubrick et à la beauté picturale du film, cet ouvrage rend compte du travail titanesque qu’ont induit une longue préparation et un tournage chaotique. « De temps en temps, Stanley qui était extrêmement perspicace voyait mon regard vaguer dans le lointain et il me disait : Je sais que tu ne vois pas la lumière au bout du tunnel, mais ce film sera pour toi d’une grande importance et tu ne seras jamais aussi belle ! Il avait raison », confesse l’actrice Maria Berenson.

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Culture, mercredi 4 décembre 2024 1152 mots, p. 16

« Je voulais creuser le sillon de la parentalité »

STÉPHANE GOBBO

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CINÉMA Le réalisateur franco-belge Guillaume Senez a tourné son troisième long métrage à Tokyo. Dans « Une Part manquante », il raconte l'histoire d'un expatrié confronté au problème de la garde alternée, qui n'existe pas au Japon

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PROPOS RECUEILLIS PAR

Guillaume Senez a de la suite dans les idées. Dans Keeper (2018), il filmait deux adolescents confrontés à une parentalité imprévue. Dans Nos batailles (2018), il s'intéressait à un père devant soudainement élever seul ses deux enfants après que sa femme s'est mystérieusement volatilisée.

Et voici que dans son troisième long métrage, Une Part manquante, le cinéaste franco-belge raconte l'histoire de Jérôme, dit Jay (Romain Duris, déjà à l'affiche de Nos batailles), qui recherche désespérément sa fille, Lily, qu'il n'a plus revue depuis sa séparation il y a 9 ans. La femme de Jay est Japonaise et, au Japon, la justice ne reconnaît ni la garde partagée ni le droit de visite pour les enfants mineurs...

Resté à Tokyo dans l'espoir de retrouver Lily, Jay travaille comme chauffeur de taxi. Il arpente les rues en se disant qu'un jour, peut-être, il retrouvera cette fille dont on le prive désormais. Sa profonde connaissance de la société japonaise lui permet d'aider d'autres personnes confrontées à la problématique des enlèvements, le premier parent partant avec un enfant en ayant automatiquement la garde exclusive.

Une Part manquante est un film profondément ancré dans une réalité sociale, mais également un vrai film de cinéma dans la manière qu'a Guillaume Senez de filmer une ville tentaculaire à l'aune des déplacements de Jay, dévoilant un Tokyo des chemins de traverse, comme dans un manga de Jirô Taniguchi. Un jour, Jay pense reconnaître Lily dans cette jeune lycéenne qui prend place à l'arrière de sa voiture, qui va alors devenir comme un cocon, le lieu possible des retrouvailles tant attendues...

« C'était un vrai challenge, parce que si vous ne voyez que deux personnes dans un taxi, il y avait aussi la cheffe opératrice, la personne qui s'occupe de la mise au point et un ingénieur du son dans le coffre, confie Guillaume Senez, de passage à Genève. Et on n'a pas triché: c'est vraiment Romain Duris qui conduit, à gauche, dans la vraie circulation. S'il y a quelqu'un qui traverse, c'est quelqu'un qui traverse! »

Avec ce film, vous rejoignez une longue liste de cinéastes, de Wim Wenders à Sofia Coppola, en passant par Abbas Kiarostami ou encore Jean-Pierre Limosin, qui sont partis tourner au Japon. Aviez-vous une fascination pour ce pays dont la culture reste pour nous, Occidentaux, parfois mystérieuse et impénétrable?

Non, c'est vraiment le sujet qui m'a intéressé. Je me suis dit qu'il y avait un beau film à faire, et qu'il y avait une continuité avec Nos batailles, que je pouvais continuer le travail entamé avec Romain sur ce film et creuser le sillon de la parentalité. Tourner au Japon n'était pas un fantasme que j'avais, moi, en tant que cinéaste européen. J'aime beaucoup ce pays et j'espère que ça se ressent, mais je voulais à la base, lorsque nous sommes allés y présenter Nos batailles avec Romain, simplement le visiter comme un touriste. A l'inverse, Romain, lui, est un grand fan du Japon, il a étudié la calligraphie et pour le film il a appris la langue japonaise avec un très grand plaisir. Il a toujours rêvé de tourner là-bas, il y va dès qu'il peut. Il m'a donc un peu influencé, car dès qu'on est arrivés, il m'a dit qu'il fallait qu'on y fasse quelque chose vu qu'on s'était promis de refaire un film ensemble. Lorsqu'on est tombé sur ces histoires d'enlèvements d'enfants et de garde alternée non respectée, il y a alors eu comme une évidence.

Quel travail de recherche avez-vous alors effectué avec votre coscénariste Jean Denizot?

On a commencé par regarder ce qui était paru dans la presse et on s'est échangé des articles. Romain nous en a aussi envoyés, puis on est tombé sur une émission d'Envoyé spécial qui suivait trois protagonistes français, qu'on a ensuite rencontrés. Même si le film ne raconte pas leur histoire, on a puisé beaucoup de choses dans leur vécu afin d'alimenter la véracité de notre récit, de s'approcher un peu du réel. On a ensuite rencontré d'autres papas, d'autres mamans, des étrangers mais aussi des Japonais - on a même été manifestés avec eux à Tokyo! Mais très vite, on s'est dit qu'on voulait rester dans de la fiction, on ne voulait pas raconter une histoire qui était vraiment arrivée, d'autant plus qu'on n'a jamais réussi à avoir le point de vue des personnes qui étaient responsables des enlèvements. On ne voulait pas pour autant faire un film manichéen avec Jay le gentil et Keiko sa femme la méchante; on voulait montrer toute la complexité du sujet.

Y a-t-il au Japon un débat de société autour de cette problématique?

Oui, il y a un vrai débat. Lorsqu'on était au Japon, un sondage montrait que la majorité de la population voulait faire bouger les lignes par rapport à la problématique de la garde alternée. Il y a tellement de gens qui sont touchés par cette problématique dans le pays, et ce sont en majorité des Japonais, pas des étrangers: on parle de 150 à 200 000 enfants enlevés chaque année! Et enfin, au début de l'été, une loi est passée qui fera avancer le problème de la garde alternée. Mais en même temps, cette loi ne sera mise en application que dans deux ans et sans aucun effet rétroactif. Cela ne va donc malheureusement rien changer pour tous les papas et toutes les mamans que nous avons rencontrés sur place. Et le problème reste que la police a pour habitude de ne jamais interférer dans les problèmes familiaux. Donc, même si la loi est avec vous, bonne chance pour la faire appliquer.

Dans la scène d'ouverture, Jay indique la route à un autre chauffeur de taxi. On découvre qu'il connaît presque mieux la ville que les Japonais. D'emblée, on croit à la réalité du personnage, à cet expatrié qui est presque chez lui à Tokyo...

C'était l'intention de montrer qu'un Jay qui est bien intégré, qui est presque plus Japonais qu'un Japonais... Je ne veux pas comparer son parcours à celui, très difficile, d'un migrant qui viendrait d'Afrique du Nord en Europe, mais il y a quand même un petit écho qui me plaisait dans le parcours de ce personnage venant dans un pays plus riche que le sien, dans une autre culture, une autre langue, une autre religion, et qui est malgré tout bien intégré, alors que ce n'est pas si simple. Ça semblait un point très important pour nourrir un peu la dramaturgie.

Une Part manquante, de Guillaume Senez (France, Belgique, 2024), avec Romain Duris, Judith Chemla, Mei Cirne-Masuki, Tsuyu, 1h30.

« Tourner au Japon n'était pas un fantasme que j'avais, moi, en tant que cinéaste européen »

Le Temps
Culture, mercredi 4 décembre 2024 1066 mots, p. 17

Quel pape pour quelle Eglise?

NORBERT CREUTZ

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CINÉMA Adaptant un best-seller de Robert Harris, Edward Berger transforme dans « Conclave » une élection pontificale en un suspense de haut vol, sans éluder de vraies questions de foi. Une réussite épatante

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L'an dernier, le remake d'A l'Ouest, rien de nouveau par l'Allemand Edward Berger remportait à la surprise générale quatre Oscars - celui du meilleur film étranger, plus ceux pour la musique, la photo et les décors. Coup de chance pour ce cinéaste de 50 ans surgi de nulle part? Certainement pas aux yeux de qui avait pu voir ce film impressionnant durant sa courte exploitation en salles ou plus tard sur Netflix. Et en réalité, Berger avait déjà signé quatre longs métrages plus ou moins remarqués en Allemagne (dont Jack, en compétition à la Berlinale en 2014), sans laisser son talent se gâter par vingt années de séries TV.

Voici donc venue l'heure de la confirmation, et elle est éclatante: avec Conclave, grosse production anglo-saxonne, il rejoint définitivement Steven Spielberg, Roman Polanski ou Ang Lee au rang des meilleurs praticiens d'un cinéma de facture classique sachant néanmoins rester constamment inspiré. Sans doute celui qui nous manque le plus aujourd'hui.

Adaptation d'un roman publié en 2015 par l'Anglais Robert Harris, déjà à la source de deux grandes réussites de Polanski (The Ghost Writer, 2010; J'accuse, 2019), Conclave est une pure fiction spéculative, quoique parfaitement documentée. Encore une fois, Edward Berger s'est fort bien entouré, en particulier par une équipe de décorateurs qui lui a reconstruit un Vatican plus vrai que nature dans les studios de Cinecittà voisins. C'est bien simple: on s'y croirait réellement.

Cardinal au bord de la crise spirituelle

S'il n'a pas été désagréable de suivre les conversations plus ou moins profondes entre Anthony Hopkins et Jonathan Pryce dans Les Deux Papes (2019) de Fernando Meirelles, les amusants atermoiements de Michel Piccoli dans Habemus Papam (2011) de Nanni Moretti, voire la prise de pouvoir par Jude Law dans la série The Young Pope de Paolo Sorrentino (2016), ceci est encore tout autre chose: un processus d'élection pontificale menée selon les règles d'un thriller.

Le film débute alors que le pape - un sage plutôt libéral, à la manière de François - vient de mourir subitement. En tant que doyen du Collège des cardinaux, il incombe au cardinal Lawrence (Ralph Fiennes) de présider à l'élection de son successeur. Or Lawrence traverse une profonde crise spirituelle. Et alors que les quelque 120 cardinaux du monde entier arrivent à Rome pour le conclave, il apparaît que l'Eglise est plus que jamais tiraillée entre différents courants, quand il ne s'agit pas simplement d'ambitions personnelles.

Lui-même proche d'un des favoris, le libéral Bellini (Stanley Tucci), Lawrence craint surtout le réactionnaire Tedesco (Sergio Castellitto). Mais le Canadien Tremblay (John Lithgow) et le Nigérian Adeyemi (Lucian Msamati) ont eux aussi une bonne chance de l'emporter. Et qui est donc ce Benitez (Carlos Diehz), inconnu de tous et soi-disant cardinal de Kaboul, appointé en secret par le pape défunt?

En apparence, tout se déroule de manière parfaitement organisée et civile, avec une élection totalement ouverte à bulletin secret. A la tête d'un petit bataillon de nonnes, Soeur Agnès (Isabella Rossellini) veille au bien-être des cardinaux durant ce qui s'annonce comme un lent processus de décantation. Mais ni elle ni Lawrence ne peuvent empêcher ce qui ressemble à un premier coup fourré pour écarter l'un des candidats. Tandis que la cote de Lawrence lui-même ne cesse de grimper, le dévoilement de postures, d'intrigues et de secrets ne vont faire que déstabiliser plus avant la foi de cet homme sincèrement humble.

Clairement, tout ceci ressemble de plus en plus à une élection politique. Et pourtant, difficile d'imaginer scénario qui y mêlerait mieux questions de religion (l'organisation de l'Eglise, ses défis dans le monde d'aujourd'hui) et de foi (le rapport intime de chacun à Dieu). Pour ouvrir ce conclave, Lawrence se lance dans un discours de la plus belle tenue spirituelle, qui rappelle à tous la nécessité du doute. Et le déroulement des événements ne lui donnera certes pas tort. Mais qu'on n'attende pas ici des petits coups bas tendant à discréditer l'Eglise catholique. On découvre juste que les cardinaux sont des humains avec leurs qualités et leurs défauts et que l'institution peut aussi avoir ses failles - la place des femmes n'étant pas la moindre. Même deux gros coups de force du scénario vont s'avérer parfaitement pensés pour tirer plutôt l'affaire vers le haut.

Un réapprentissage constant du mystère

Et la mise en scène, au fait? De bout en bout, elle suit le même but. C'est avec une réelle maestria qu'Edward Berger nous plonge d'abord dans cet univers feutré, en principe coupé du monde pour quelques jours. Mouvements de caméra, éclairages, montage, son et musique (Volker Bertelmann livre là la partition la plus subtile de l'année) sont pleinement utilisés pour décrire le rituel, révéler peu à peu ce qui se passe en coulisses, mais surtout, nous faire partager les vacillements de Lawrence.

Tandis que les caractères de chacun se décantent, non sans pointes d'humour, on admire la perfection du jeu de tous les acteurs, au diapason d'un Ralph Fiennes capable de faire passer trois sentiments simultanés dans un seul regard. Même le concert des langues est habilement respecté. Et que dire de la gestion du suspense? Où qu'on regarde, c'est là du grand art. Et bizarrement, un art facilement sous-estimé.

Alors que les meilleurs acteurs et artisans désertent toujours plus le grand écran pour se tourner vers les séries, un tel film nous remplit d'admiration et d'espoir. Hollywood peut s'enfoncer autant qu'il le souhaite dans le pur divertissement, de Venom en Gladiator et autres Wicked, la graine plantée par ses géants passés continuera de germer ailleurs, comme ici dans ce film idéalement européen. D'un spectacle a priori rébarbatif à base de vieux mâles en robes cléricales, les auteurs ont tiré le film grand public le plus chatoyant et intelligent qui soit. Un film qui réconcilie doute et foi, traditions et progrès, dans un réapprentissage constant du mystère, de la tolérance et de l'humilité jusqu'à ce que la fameuse fumée blanche puisse enfin s'échapper de la chapelle Sixtine.

Conclave, d'Edward Berger (Royaume-Uni, Etats-Unis, 2024), avec Ralph Fiennes, Stanley Tucci, John Lithgow, Sergio Castellitto, Isabella Rossellini, 2h.

Le Soir
GENERALE
Culture, mercredi 6 novembre 2024 800 mots, p. GENERALE16

livres

José Garcia, Benoît Poelvoorde, Pierre de Maere tapent du poing

Jean-Claude Vantroyen

« La boxe fait son cinéma » rassemble les photos d’une cinquantaine de stars et de boxeurs pour donner du punch à la boxe belge.

Jean-Claude Vantroyen

La boxe, j’avoue, c’est pas mon truc. Contempler des gars et des filles se taper sur la tronche, compter les gouttes de salive et de sang qui giclent de leurs bouches torturées ou de leurs arcades sourcilières charcutées comme dans Rocky, Million Dollar Baby ou Raging Bull, ça m’échappe. Le noble art, pour moi, n’a rien de noble, vraiment. C’est dire si je montais sur le ring de la présentation du livre La boxe fait son cinéma avec des pieds de plomb. C’était dans une des salles de l’hôtel Amigo de Bruxelles. Ornée pour l’ambiance : toiles de Wim Adriaenssens, tout en couleurs assez sanglantes, vieilles affiches nostalgiques de matchs (de boxe, bien sûr) dont l’une annonçait Cyrille Delaunoit et Marcel Cerdan au Palais des Sports de Bruxelles le 10 juillet 1948. Et soudain des boxeurs sur scène, en shorts, gants aux poings. Et des films et des clips, dont celui que Le Soir a déjà publié sur son site, et qui possèdent un fameux sens de l’ironie.

Et c’est là que, faisant fi de mes a priori, comme tout bon journaliste, j’ai applaudi à l’initiative, à la réalisation et à la destination de ce livre. Et à son casting impressionnant, de Jean Dujardin à Gérard Jugnot, de Pierre Richard à Olivier Gourmet, de François Berléand à Francis Huster, de Mathieu Amalric à Annie Cordy, de Plastic Bertrand à Adamo, de Pierre Arditi à Gérard Lanvin, Jean-Claude Van Damme à François Damiens, de Loïc Nottet à Florent Pagny…

« Il nous a fallu cinq ans pour mener ce projet à sa finalisation », raconte Marc Duvinage, de l’association Belgian Golden Gloves, qui soutient la boxe en Belgique et qui est à l’initiative du livre. Voilà pourquoi Jean-Paul Belmondo en signe la préface et Annie Cordy y apparaît comme Michel Galabru, tous trois décédés aujourd’hui. Les photos sont impressionnantes François Damiens, l’arcade sourcière ouverte ; Annie Cordy tout sourire avec le boxeur Jamel Bahki ; José Garcia en entraîneur ; François Berléand en manageur qu’on suppose aussi magouilleur ; Antoine Dulhéry enchaîné à la boxeuse Daniella Somers ; Plastic Bertrand, l’œil au beurre noir ; Adamo en arbitre à nœud pap’ ; Gérard Jugnot en entraîneur ; Olivier Marchal en survêt’ à capuche ; Pierre de Maere en ange du ring ; Benoît Poelvoorde en boxeur au moral brisé…

« Une aventure incroyable »

Toutes les photos sont en noir et blanc. « Pour la pureté de l’image », intervient Frédéric Andrieu, le photographe. « Sans l’appel des couleurs, on se concentre davantage sur le regard, la lumière, l’émotion. » Pendant cinq ans donc, les créateurs de cet ouvrage ont mis en scène les artistes et des boxeurs. Ils allaient à Namur voir Poelvoorde, à Paris voir Duléry, Lanvin, Jugnot. Ils restaient à Bruxelles, pour accueillir Marchal et les Belges. A l’aise, cool, relax. Quasi un shooting par mois. Ça fait le compte. « Une aventure incroyable », lance Stepan Kuleshov, un des initiateurs du livre. « On a créé des liens vraiment authentiques entre les acteurs et les boxeurs. »

« C’est que pour monter sur le ring, il faut être un peu acteur », ajoute Ibrahima Diallo, le boxeur bruxellois. « L’adversaire ne m’a rien fait et pourtant je montre que je veux le battre, je prends un air de tueur alors que je suis un gentil garçon dans la vie. » C’est un peu ça le noble art. Les amateurs de boxe me susurrent qu’au football, ce sont des voyous qui ne respectent pas les règles, qui blessent, volontairement, alors qu’en boxe, on est honnête, on se donne à fond mais sans coups bas.

Mais en fin de compte, pourquoi ce livre veut-il donner du punch à la boxe belge ? « On ne parlait que de boxe dans les années 40 et 50 chez nous », répond Marc Duvinage. « La boxe était un art très respecté, suffit de voir la célébrité d’un Marcel Cerdan. En Belgique, ça a décliné dans les médias et c’est dommage parce qu’on a des champions internationaux. En France, par contre, la boxe est restée dans les esprits. Et nombre d’écrivains, d’artistes, d’intellectuels vont assister à des matchs. Ce ne fut pas difficile de convaincre les acteurs français. »

Une exposition de photos extraites du livre se tient les vendredi 8, samedi 9 et dimanche 10 novembre à La Bourse de Bruxelles. Tous les bénéfices de la vente du livre vont aux Belgian Golden Gloves et à une association de lutte contre le cancer.

Le Temps
Ouverture, samedi 16 novembre 2024 1949 mots, p. 24

Etre artiste et parent, une vie pas si simple que ça

Famille

Marie-Amaëlle Touré

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Entre rythme de vie effréné et précarité, la question de la parentalité des artistes a été remise en lumière dans le cadre du festival Les Créatives. Des initiatives émergent pour favoriser l'équilibre, mais sans coordination institutionnelle

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@MarieMaelle

Le vertige. Lorsqu'elle accouche de son premier enfant, l'impression saisit Caroline de Cornière en plein corps. La danseuse et chorégraphe genevoise, âgée de 24 ans à l'époque, entame tout juste sa carrière. « Avoir un enfant, ce n'était pas vraiment le moment, mais l'injonction à la parentalité ainsi que le désir d'enfant de mon partenaire de l'époque ont fait que cet enfant est arrivé avec joie », se souvient-elle. Au choc de l'accouchement a succédé celui de la solitude postpartum. « Je ne connaissais que des danseurs et danseuses qui n'étaient pas du tout dans cette étape de vie. »

Tantôt épanouissante, tantôt étourdissante, la parentalité s'impose toujours comme un défi. Lorsqu'il s'agit de la faire cohabiter avec une pratique artistique, ce bouleversement peut revêtir une autre dimension. C'est tout l'objet de l'exposition photographique Scène de famille orchestrée par la Fédération genevoise des musiques de création (FGMC) en partenariat avec le festival Les Créatives. L'exposition, qui fut précédée d'une table ronde mercredi 13 novembre, a remis en lumière le rapport à la parentalité dans le milieu des musiques actuelles. Et permet d'interroger cette condition pour les artistes au sens large.

Il y a ce flash d'appareil photo que l'on déconseille de porter durant la grossesse. Ces castings et auditions auxquels on renonce à se présenter par peur de laisser entrevoir un ventre « trop » rond. Il y a aussi l'angoisse de l'après, entre chatouillement introspectif et crises existentielles, qui interrogent l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée sur fond de précarité. Du projet de faire famille, en passant par le rapport au corps et à l'esprit, jusqu'au retour sur le marché du travail: de quelle manière la parentalité est-elle vécue par les artistes en Suisse romande?

La précarité en toile de fond

D'aussi loin qu'elle se souvienne, devenir mère était une évidence pour Céline Frey, voix des groupes Aloan et Elvett. « J'aimais la musique, mais je voulais avoir un enfant, raconte-t-elle. Je n'avais pas anticipé à quel point ça allait bouleverser mon organisation. » Il faut dire que la pratique artistique peut rimer avec rythme de vie effréné, entre horaires étendus, tournages, répétitions et tournées.

Dans une enquête réalisée auprès de ses membres, publiée en 2019, l'association professionnelle des artistes visuels Visarte tirait deux constats: les artistes doivent faire face à de nombreux obstacles sociaux, réglementaires et organisationnels s'ils veulent concilier vie professionnelle et vie familiale, et ont tendance à renoncer à fonder une famille pour des motifs financiers ou en raison de leur carrière.

Cette charge, Safi Martin Yé en avait bien conscience avant d'attendre son premier enfant. « Je me suis beaucoup occupée des enfants au sein de famille. Ça m'a permis de réaliser ce que cela impliquait vraiment d'avoir un bébé, sans fantasmes ni illusions, détaille la comédienne. Je voyais le désordre, l'impact sur la vie de couple, l'organisation, la charge mentale. Cette expérience m'a confirmé que je voulais attendre le bon moment et chercher le bon équilibre entre carrière et maternité. »

A cette conciliation souvent contrariée, il convient d'ajouter la question de la précarité des milieux artistiques. Soixante pour cent des travailleurs culturels en Suisse gagnaient moins de 40 000 francs par an en 2021, soulignait une étude mandatée par Suisseculture Sociale et Pro Helvetia. Une tendance corroborée par la Commission romande de diffusion des spectacles (Corodis) qui publiait, en juin 2022, une étude pointant la surchauffe, liée à une suroffre et à une forte attractivité du milieu, comme facteur aggravant la précarité « déjà chronique des arts de la scène ».

Le mythe de l'artiste voué à son art

« Dans le milieu de la musique actuelle, beaucoup abandonnent quand ils ont des enfants, car il devient impossible de vivre avec des revenus si bas et irréguliers, étaye Céline Frey. Les artistes ne devraient pas devoir choisir entre carrière et famille. »

Pour Rebecca Bowring, il a fallu choisir, puis renoncer. « Lorsqu'on a un enfant, il faut un entourage solide. Cela n'était pas mon cas. J'ai cessé ma pratique artistique jusqu'à ce que mon fils ait 3 ans. J'avais vraiment la sensation qu'il fallait que je choisisse entre le travail et l'amour et donc le fait d'être maman », se souvient la photographe genevoise. Avant cela, il a fallu composer avec les limitations physiques qu'impose une grossesse. « Au bout d'un moment, je ne pouvais plus porter mon matériel de travail, cela provoquait des contractions », illustre-t-elle.

Un rapport au corps complexe, dans des milieux où ce dernier constitue le principal outil de travail. Il y a parfois ce sentiment d'essoufflement, ces mouvements que l'on ne peut plus réaliser, et cette insidieuse sommation à retrouver « la forme » le plus rapidement possible.

« Les enfants ne sont pas les bienvenus »

« Quand j'étais enceinte il y a près de 30 ans, la danse était un système très patriarcal doublé de militarisme. A l'époque régnait cette idée de discipline, d'injonction à la minceur, au corps asexué, il fallait cacher les formes et les grossesses, se souvient Caroline de Cornière. Après chacun de mes trois accouchements, je prenais un congé sans solde pour pouvoir allaiter. Plus jeune, le corps récupère plus vite, je me remettais au fitness et en trois mois je retrouvais mon corps, mais en invisibilisant la violence que je m'étais infligée. »

Le grand chambardement physique, Safi Martin Yé a pu vivre avec. « Pendant ma gros-sesse, j'ai réfléchi à l'impact sur ma pratique artistique, à mon corps souvent exposé, et j'ai complètement lâché prise. Mon corps s'était transformé, je n'avais plus de souffle, j'ai refusé des jobs, et j'étais en paix avec ça », relate la comédienne.

Si certaines injonctions tendent à s'amoindrir dans le sillage du mouvement #MeToo, le rapport qu'entretiennent les artistes avec leur parentalité ne s'est pas pour autant simplifié, dans des microcosmes où le fait d'avoir des enfants est souvent perçu comme un frein et où règne un imaginaire où l'artiste se voue corps et âme à sa pratique. « Il y a cette idée que l'on carbure à l'adrénaline, corrobore Safi Martin Yé. Il est vrai que l'on vit des métiers passions, ce qui est un privilège. Mais d'un autre côté, on se retrouve parfois enfermés dans cette perception, dit-elle. Dans ces milieux, c'est comme si l'on tolérait moins l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. »

« Les vernissages et expositions ont souvent lieu le soir. Il est compliqué d'y assister quand on est seule avec son enfant », regrette Rebecca Bowring. « Dans les musiques actuelles, il y a cet inconscient collectif, ce côté rock'n'roll, incompatible avec la famille. Il y a une espèce de rejet de la parentalité, s'insurge pour sa part Céline Frey. C'est tacite et officieux. Les enfants ne sont pas vraiment les bienvenus. Lorsque je tournais enceinte, les festivals et clubs n'étaient pas préparés pour nous accueillir, poursuit-elle. Et comme on est moins disponibles, on est moins visibles. Disparaître une fois quelques mois, ça va, mais pas deux. Là, c'est impardonnable », témoigne-t-elle.

Des initiatives pour favoriser l'équilibre

La Fondation romande pour le cinéma (Cinéforom) mène depuis trois ans une réflexion autour de la diversité, interrogeant la manière d'améliorer l'inclusion dans le secteur. Orientées sur la prévention, la lutte contre le harcèlement et contre toutes les formes de discrimination, les discussions intègrent peu à peu la question de la parentalité. « Nous nous sommes principalement concentrés sur les tournages car c'est dans ces moments que la situation peut être compliquée pour les professionnels qui ont des enfants ou des personnes à charge, souligne Stéphane Morey, secrétaire général de la fondation. Certains producteurs et productrices sont très attentifs à ces questions. Pour la série Les Indociles, tournée dans le Jura, la production avait loué des appartements pour les comédiens avec des personnes à charge et a trouvé le moyen de scolariser temporairement les enfants dans la région pendant la durée du tournage. »

Quelques mois après son accouchement, Safi Martin Yé est sollicitée pour un casting, un monologue dont le texte est très conséquent. « C'était inimaginable pour moi d'accepter, surtout avec la charge de travail, mais j'ai finalement décidé de tenter ma chance. Contre toute attente, j'ai été choisie. La metteuse en scène et la production ont tout adapté en fonction de moi. J'ai donc pu commencer ce projet avec mon bébé, en jonglant entre les répétitions, le tirage de lait et les nuits. Ce fut épuisant, mais c'était aussi un cadeau inestimable, un moment d'espoir qui montrait que c'était possible, même pour une jeune maman », raconte-t-elle.

Pas d'uniformité

Les associations culturelles et certaines institutions se saisissent aussi peu à peu de cette thématique. En début d'année, la ville de Neuchâtel a mis au concours un séjour d'un mois dans une résidence d'artistes dans les Centovalli au Tessin, appelant, entre autres, les artistes avec enfants à se proposer pour l'occuper. Des impulsions encourageantes qui manquent néanmoins d'uniformité. « C'est encore compliqué. Les résidences pour parents artistes, par exemple, restent rares, lance la photographe Rebecca Bowring. Aujourd'hui, il y a un peu plus de soutien, mais ça reste insuffisant. » Sept pour cent des institutions d'encouragement établies en Suisse ont une pratique favorable aux familles dans l'attribution de bourses d'atelier aux artistes, rappelait l'association Visarte dans une étude publiée en juillet 2023.

« Pour le cinéma, par exemple, il n'existe aucune mesure politique concertée au niveau des fonds ou des institutions », reprend Stéphane Morey. Depuis deux ans, néanmoins, l'Office fédéral de la culture a donné un signal en rendant éligibles les dépenses de frais de garde dans les budgets de production, rappelle le secrétaire général de Cinéforom. « Les institutions doivent continuer de prendre en compte ces questions et mettre en place des normes claires et des outils pour aussi éviter les déséquilibres entre les différents corps de métier. »

« La parentalité nourrit la création »

Dans l'attente d'un changement de paradigme, Caroline de Cornière entend bien faire bouger les lignes à son échelle. La danseuse et chorégraphe veut ainsi rendre visible l'expérience de la maternité comme pierre angulaire de la création. « Ma troisième grossesse a été compliquée, et après avoir accouché, j'ai compris qu'il fallait changer quelque chose en profondeur dans notre rapport au corps, appuie-t-elle. J'avais l'envie de revendiquer mon corps de mère sur scène. Il faut valoriser l'expérience d'avoir porté un enfant et de l'avoir mis au monde et la richesse qui en découle. Il faut aussi mettre en valeur l'expérience de femmes qui ont vécu des avortements, des fausses couches ou qui refusent d'avoir des enfants », poursuit-elle. « La parentalité nourrit la création, elle décuple l'expérience et la vision de soi, soutient aussi la chanteuse Céline Frey. Malheureusement, cette richesse n'est pas encouragée. »

Caroline de Cornière a ainsi dessiné les contours du projet La Maison, une résidence à Genève destinée à accueillir momentanément les artistes mères après l'accouchement. « Le but est de permettre à ces femmes de vivre ce moment non pas comme une rupture mais comme un moment de repos dynamique, sans injonction, en étant entourées et mises en réseau pour pouvoir continuer à créer. »

Enthousiasmé par le projet, le Service culturel de la ville de Genève a alloué un fonds à l'Observatoire des politiques de l'enfance, de la jeunesse et de la famille (OPEJF) dans le cadre d'un mandat de recherche « Maternité et art de la danse ». « Je veux créer un lieu ressource, lieu que je n'ai pas eu la possibilité d'avoir pour ces jeunes artistes que je croise aujourd'hui et qui font encore face aux mêmes difficultés que j'ai pu connaître il y a bientôt 30 ans. »

« On ne devrait pas devoir choisir entre carrière et famille »

Céline Frey, musicienne

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Nouvelles régionales (É.-U.), jeudi 24 octobre 2024 - 08:00:00 UTC -0400 826 mots
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Festivals et événements de la saison automnale 2024 - Près de 230 000 $ au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue

Cabinet du ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Jeunesse

QUÉBEC, le 24 oct. 2024 /CNW/ - Le gouvernement du Québec est heureux d'octroyer 229 000 $ au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue qui se déroule à Rouyn-Noranda jusqu'au 31 octobre. Le ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais, M. Mathieu Lacombe, ainsi que la ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de Lanaudière, Mme Caroline Proulx, en ont fait l'annonce aujourd'hui.

Le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue est une véritable célébration de l'art cinématographique, rassemblant plus de 100 productions issues d'une trentaine de pays. Il propose également 2 volets spéciaux destinés aux tout-petits et aux personnes de l'âge d'or.

Citations

« Le Festival du cinéma international est un rendez-vous incontournable pour découvrir les trésors que nous offrent les artistes cinématographiques, tant d'ici que d'ailleurs. Il s'agit d'une vitrine exceptionnelle pour le rayonnement de la culture en région. Je suis fier que notre gouvernement participe à son succès. Je souhaite à tous et toutes un excellent festival! »

Mathieu Lacombe, ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais

« Depuis les tout débuts de cet événement, la qualité de ses programmes variés attire non seulement les artisans de l'industrie du cinéma, mais également un public de cinéphiles passionnés. Le Festival stimule la vitalité et le dynamisme artistique de la région et il permet de la faire rayonner à travers tout le Québec et au-delà de nos frontières. Je suis fière que notre gouvernement lui accorde son soutien, et je suis convaincue que cette édition contribuera, une fois de plus, au développement culturel et touristique de l'Abitibi-Témiscamingue, tout en accueillant des visiteurs de tous horizons. »

Caroline Proulx, ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de Lanaudière

« Chaque année, le Festival international du cinéma en Abitibi-Témiscamingue nous surprend et nous enchante avec un programme à la fois varié et de qualité qui présente des films provenant de partout dans le monde. Je suis enchanté qu'un festival d'une telle envergure prenne place dans la belle ville de Rouyn-Noranda. Merci à toute l'équipe pour son travail exceptionnel! Je vous souhaite une belle 43e édition. »

Jean Boulet, ministre du Travail, ministre responsable de la région de la Mauricie, de la région de l'Abitibi-Témiscamingue et de la région du Nord-du-Québec

« Nous sommes choyés d'avoir un festival d'envergure internationale en Abitibi-Témiscamingue. Au fil des dernières décennies, le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue s'est fait une renommée qui dépasse largement les frontières de notre région et du Québec. Je suis fière de la contribution de notre gouvernement pour le rayonnement de cet évènement. Je vous souhaite un bon festival. »

Suzanne Blais, députée d'Abitibi-Ouest et adjointe parlementaire de la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire (volet solidarité sociale)

« Depuis 1982, le Festival international du cinéma en Abitibi-Témiscamingue est un incontournable pour le 7e art sur les scènes régionale, nationale et internationale. Plus important encore, c'est maintenant une tribune et un tremplin pour les cinéastes et artisans de notre propre région, et ce, pour le bonheur des cinéphiles et le développement de toute cette industrie. »

Daniel Bernard, député Rouyn-Noranda-Témiscamingue

« C'est une fierté pour l'Abitibi-Témiscamingue de se prévaloir d'année en année d'un festival du cinéma international qui présente une programmation à très haut niveau.  Je salue les équipes pour l'excellent travail qui fait rayonner notre région. »

Pierre Dufour, député d'Abitibi-Est et adjoint parlementaire au ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie (volet Développement économique régional)

Faits saillants

La Société de développement des entreprises culturelles, une société d'État relevant du ministre de la Culture et des Communications, octroie au Festival 160 000 $ par le biais du programme Aide aux événements culturels.

Le ministère du Tourisme lui remet 69 000 $ dans le cadre du programme Aide financière aux festivals et aux événements touristiques.

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SOURCE Cabinet du ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Jeunesse

Consulter le contenu original : http://www.newswire.ca/fr/releases/archive/October2024/24/c3748.html

Contact

Sources: Catherine Boucher, Attachée de presse, Cabinet du ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais, 418 802-6833, [email protected]; Brigitte Roussy, Attachée de presse, Cabinet de la ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de Lanaudière, 514 248-0160, [email protected]; Renseignements: Équipe des relations médias, Ministère de la Culture et des Communications, 418 380-2388, [email protected]; Jean-Manuel Téotonio, Responsable des relations médias, Direction des communications, Ministère du Tourisme, 418 64-5959, poste 73488, [email protected]

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People, dimanche 1 décembre 2024 921 mots, p. 23

[Ariana Grande retrouve l'innocence de ses...]

Ariana Grande retrouve l'innocence de ses 10 ans

Déjà reine de la pop, elle s'apprête maintenant à conquérir Hollywood après le succès de l'adaptation de la comédie musicale « Wicked ». Mais le film lui a surtout permis de retomber en enfance.

Christophe Pinol

Le voilà enfin sur nos écrans, le phénomène culturel qui secoue les États-Unis depuis 2003, date de la création de la comédie musicale originale, mais plus précisément depuis le week-end passé, avec l'arrivée sur les écrans de son adaptation cinématographique, « Wicked ». Avec 114 millions de dollars récoltés en trois jours, le film a même réalisé le meilleur démarrage de l'histoire pour une adaptation de Broadway.

Pour son premier rôle principal à l'écran, à 31 ans, l'icône de la pop Ariana Grande frappe donc fort. Dans cette réécriture du « Magicien d'Oz » (en salle dès mercredi prochain), elle incarne la fée au cœur pur, Glinda, à l'époque où elle était encore amie avec la méchante sorcière de l'Est, Elphaba, incarnée ici par Cynthia Erivo. Le rôle lui tenait d'ailleurs tellement à cœur qu'elle a voulu figurer au générique sous son nom complet, Ariana Grande-Butera.

Une première dans sa carrière, même si elle a déjà par le passé tenu quelques rôles au cinéma et à la télévision. « Grande » , c'est le nom de sa maman. « Butera » , celui de son papa. Tous deux d'origine italienne, divorcés alors que la petite Ariana avait à peine 8 ans. Ce petit caprice, elle l'avait justifié de manière assez touchante dans le podcast « The Streaming Service » : « Participer à ce film a été un tel retour à mon enfance que j'ai voulu rendre hommage à la fillette que j'étais à 10 ans lorsque j'ai découvert cette histoire, en reprenant le nom que je portais à l'époque. Une façon de boucler la boucle. »

Dommages collatéraux

Il faut dire que, petite, elle se posait devant sa télé à la moindre diffusion du « Magicien d'Oz » pour étudier le jeu de Judy Garland. Bien des années plus tard, après la création de la comédie musicale « Wicked » , elle avait même harcelé le producteur dix ans durant pour savoir quand un film allait enfin en être tiré et tenter ainsi sa chance aux auditions. « Quand j'ai appris que la production m'avait finalement choisie, ça a été sans conteste le plus beau moment de ma vie » , raconte-t-elle dans « Sudinfo ».

À tel point qu'elle a pris une décision qui risque de décevoir ses fans. Elle a en effet tellement repris goût à la comédie musicale, genre qui l'a vue percer à Broadway à 15 ans, avec le spectacle « 13 » , qu'elle entend maintenant ralentir le rythme de ses albums et de ses tournées pour revenir à ses premières amours. « Je ferai toujours de la musique, confiait-elle au podcast « Las Culturistas » , le 6 novembre dernier. Je monterai toujours sur scène et je ferai toujours de la pop. Je le promets. Mais plus au rythme des dix années écoulées. » Soit sept albums - tous couverts de prix et de différents records - depuis 2013, date de la sortie de son premier single officiel.

Sous détecteur de mensonge

Le tournage de « Wicked » n'a toutefois pas fait que la réconcilier avec Broadway. Elle y a aussi trouvé l'amour auprès de l'acteur Ethan Slater, interprète dans le film d'un étudiant prénommé Boq. Une relation qui avait d'ailleurs fait grand bruit, à l'époque où elle avait été dévoilée par les tabloïds, en juillet 2023, puisque tous deux étaient en plein divorce. Problème: aucun d'eux ne l'avait encore annoncé publiquement et ils avaient été accusés d'adultère. « Les tabloïds essaient de me détruire depuis que j'ai 19 ans » , se justifiait, dans le dernier « Vanity Fair » , celle qui reste l'une des personnalités les plus influentes sur les réseaux sociaux.

Tout récemment, c'était même au tour des internautes de la pointer du doigt, cette fois pour avoir eu recours à la chirurgie esthétique. Si bien que pour leur prouver le contraire, elle a accepté le défi - peu banal - proposé par le magazine: se soumettre à un détecteur de mensonge. Dans une vidéo, on la voit ainsi répondre aux questions de « Vanity Fair » lues par sa partenaire à l'écran, Cynthia Erivo, sous le contrôle d'une « scientifique » chargée d' « authentifier » ses réponses.

« As-tu fait appel à la chirurgie esthétique pour être plus populaire, au niveau du nez ou des seins? » « Non » , répond la chanteuse, un capteur fixé à l'index. « Et du visage? » « Non, mais je ne suis pas contre... » , tout en rappelant s'être déjà offert lifting et botox sur un unique coup de tête il y a quatre ans, chose qu'elle avait déjà admise par le passé... À chaque réponse, la validation de l' « experte » tombait. Et la chanteuse avait profité de la dernière pour laisser éclater, face caméra, un rageur « Prenez ça, les gens de YouTube! » Un point pour elle...

« Les tabloïds essaient de me détruire depuis que j'ai 19 ans. »

Ariana Grande, dans « Vanity Fair »

« Je monterai toujours sur scène et je ferai toujours de la pop. »

La chanteuse, au podcast « Las Culturistas »

Glamour

En octobre dernier, l'icône de la pop irradiait lors d'un gala au Museum of Motion Pictures à Los Angeles.

Taylor Hill/FilmMagic

AMOURS

Elle s'est encore peu montrée avec son nouveau petit ami, Ethan Slater. Mais ils avaient été repérés à la finale de la Coupe Stanley (hockey sur glace) en juin dernier. Elsa/Getty Images

CINéMA

Tout de rose vêtue, elle incarne Glinda dans « Wicked » , qui ne reprend que le premier acte de la comédie musicale. La seconde partie sera traitée en novembre 2025. Universal Studios. All Rights Reserved

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Festivals et événements de la saison automnale 2024 - Plus de 1 M$ au Festival du nouveau cinéma

Cabinet du ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Jeunesse

QUÉBEC, le 9 oct. 2024 /CNW/ - Le gouvernement du Québec est heureux d'octroyer 1 001 000 $ au Festival du nouveau cinéma qui se déroule à Montréal jusqu'au 20 octobre. Le ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais, M. Mathieu Lacombe, la ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de Lanaudière, Mme Caroline Proulx, ainsi que la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Mme Christine Fréchette, en ont fait l'annonce aujourd'hui.

Le Festival du nouveau cinéma de Montréal présente des oeuvres cinématographiques variées et audacieuses. Cette année encore, un nombre impressionnant de courts et de longs métrages de tous les horizons seront diffusés. En plus des projections, les festivalières et festivaliers ont notamment accès à des activités de découvertes, de rencontres et d'échanges. De plus, le volet professionnel est une occasion de développement d'affaires pour les membres de l'industrie cinématographique québécoise. Les rencontres pancanadiennes du cinéma étudiant sont également un moment privilégié pour les jeunes d'échanger et de créer des ponts avec l'industrie.

Citations

« Le Festival du nouveau cinéma célèbre le talent et la passion de cinéastes du Québec et de partout dans le monde. Par son programme diversifié et original, il permet la diffusion d'oeuvres de qualité tout en fournissant l'occasion aux jeunes de découvrir le monde cinématographique. Je remercie l'organisation de ce rendez-vous incontournable pour tous les amoureux et amoureuses du 7e art. »

Mathieu Lacombe, ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais

« Les festivals et événements touristiques sont des traditions bien ancrées au Québec. Ils permettent à nos artistes et producteurs de faire valoir leur talent auprès du grand public. Je suis fière que le gouvernement s'associe au Festival du nouveau cinéma de Montréal, véritable tremplin pour nos artisans du cinéma. Cet événement contribue à renforcer l'attractivité de Montréal et du Québec tout en soutenant l'écosystème culturel et touristique, qui en bénéficie à travers les multiples collaborations et avantages qu'il génère. »

Caroline Proulx, ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de Lanaudière

« Le Festival du nouveau cinéma est un événement d'envergure qui célèbre la diversité culturelle et cinématographique d'ici et d'ailleurs tout en présentant des oeuvres de la relève et des grands noms de l'industrie. Il consolide la place stratégique de la métropole du Québec au sein de l'industrie cinématographique internationale. »

Christine Fréchette, ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, ministre responsable du Développement économique régional et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal

Faits saillants

La Société de développement des entreprises culturelles, une société d'État relevant du ministre de la Culture et des Communications, accorde à l'organisme une aide de 339 000 $ par le biais de son programme Aide aux événements culturels.

Le Secrétariat à la jeunesse octroie au Festival du nouveau cinéma une somme de 300 000 $, dans le cadre du Plan d'action jeunesse 2021-2024 pour l'année de transition 2024-2025.

Le ministère de la Culture et des Communications finance également le volet professionnel du Festival en appuyant l'accueil des participantes et participants internationaux grâce à une aide de 50 000 $ qui découle du Programme d'appui aux initiatives internationales, volet 2 Invitation.

Le ministère du Tourisme verse 192 000 $ à l'événement grâce au programme Aide financière aux festivals et aux événements touristiques.

Le Secrétariat à la région métropolitaine du ministère des Affaires municipales et de l'Habitation contribue à la tenue de l'événement en lui accordant une somme de 120 000 $ qui provient du Fonds signature métropole.

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Contact

Sources: Catherine Boucher, Attachée de presse, Cabinet du ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais, 418 802-6833, [email protected]; Brigitte Roussy, Attachée de presse, Cabinet de la ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de Lanaudière, 514 248-0160, [email protected]; Maxime Roy, Directeur des communications, Cabinet de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, ministre responsable du Développement économique régional et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, 581 989-6037; Renseignements: Équipe des relations médias, Ministère de la Culture et des Communications, 418 380-2388, [email protected]; Jean-Manuel Téotonio, Responsable des relations médias, Direction des communications, Ministère du Tourisme, 418 64-5959, poste 73488, [email protected]; Équipe des relations de presse, Direction des communications, Ministère des Affaires municipales et de l'Habitation, 418 691-2015, poste 83746

Le Figaro, no. 24904
Le Figaro et vous, mercredi 18 septembre 2024 1717 mots, p. 32

Culture

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17 septembre 2024 - Le Figaro (site web)

MARA GOYET : « JACQUES DOILLON EST UNE FIGURE PERVERSE »

DANS « JEU CRUEL » , LA CHRONIQUEUSE, ÉCRIVAIN ET ENSEIGNANTE, RACONTE LE CLIMAT INCESTUEUX PRÉVALANT SUR LE TOURNAGE DU FILM « LA VIE DE FAMILLE » DONT ELLE ÉTAIT L'HÉROÏNE ÂGÉE DE 10 ANS.

Spaak, Isabelle

Pourquoi maintenant ? Alors que le réalisateur Jacques Doillon est visé par plusieurs plaintes pour viols, tentatives de viols et violences sexuelles pour des faits qui se seraient déroulés entre 1980 et 2012, la question se pose du timing de la publication de Jeu cruel (Robert Laffont). Dans ce récit enquête, la chroniqueuse, écrivain et enseignante de collège Mara Goyet raconte les conditions de tournage sous sa direction de La Vie de familleen 1984, l'été de ses 10 ans, et le traumatisme qui s'est ensuivi depuis pour elle. La question de parler maintenant est « au coeur de (son) livre » , affirme-t-elle. Précisant d'emblée que, s'agissant de son cas, elle n'a pas été violée. Mais a subi un climat incestueux et des violences qui l'ont traumatisée jusqu'à maintenant. Au point de n'avoir plus jamais tourné, de n'avoir jamais parlé de cette expérience sur laquelle elle a mis un couvercle.

Depuis trente ans, Mara Goyet enseigne l'histoire-géo au collège. Un métier qu'elle adore, commencé en Seine-Saint-Denis et désormais exercé à Paris. Elle y a consacré dix essais. Le premier, Collèges de France (2003) s'est vendu à plus de 50 000 exemplaires. Dans le dernier, Finir prof (2023), elle continue d'exprimer sa passion d'enseigner. Et surtout son empathie pour cette catégorie d'âge, entre 11 et 14 ans, dont elle se sent très proche. En particulier les « 11 ans » pas encore sortis de l'enfance. Elle aime tout chez eux. Y compris leur façon de se tenir, de marcher. « Ils me bouleversent, comme si j'étais restée bloquée à cet âge-là » , concède-t-elle le jour où nous la rencontrons dans un café du 12e arrondissement. Pas loin mais pas trop près du collège où elle enseigne en ce moment. Car il s'agit cette fois d'évoquer les souvenirs qu'elle a conservé de ce mois de tournage « oppressant » durant lequel rien n'allait. « Le climat incestueux, la misogynie, la violence des propos, la violence physique que j'ai subie, ce que « Jacques » fait dire à Sami(Frey, NDLR) qui me traitait de « pétroleuse » ou de « future conne ». »

Et ce, malgré la présence de Jean-François Goyet, le père de Mara, auteur du scénario et scénariste quasi attitré de Jacques Doillon par la suite. Durant cet été 1984, le tournage se déroule entre la Provence et l'Espagne. Il s'agit de mettre en scène « un père divorcé et ténébreux (Sami Frey) qui emmène sa fille de 10 ans (Mara Goyet) en Espagne pour la « reconquérir » et se faire pardonner. Au cours du film, il embrasse, étreint, ou moleste sa femme, sa belle-fille (Juliette Binoche) et sa fille. Il croise une maîtresse qu'il ne moleste pas. Il y a des crises, des pleurs, des gestes violents » , résume Mara Goyet dans Jeu cruel. L'équipe de La Vie de famille est à 99 % masculine. Une bande de « garçons » comme se qualifiaient d'eux-mêmes « ces hommes soi-disant fragiles » à cette période de « déconstruction de la virilité » , raille la prof d'histoire. La dichotomie entre ce qui s'énonce et ce qui se fait portée à son paroxysme par Jaques (Doillon) en personne. D'une part, il « se répand à longueur d'interviews sur ses angoisses, sa fragilité, ses somnifères... Un côté petit chose exaspérant » et de l'autre, « il fait souffrir les enfants et les femmes qu'il fait jouer. L'autoportrait typique d'une figure perverse » , cingle Mara Goyet qui ne décolère pas.

Elle a d'ailleurs développé un tel rejet du film qu'elle ne l'a plus jamais vu, n'en a jamais parlé, y compris avec son père, dorénavant atteint de la maladie d'Alzheimer. Ce n'est que pour les besoins de son livre qu'elle se résout à le revoir sur une plateforme. Ce qu'elle découvre, en tant qu'adulte, la sidère.

Ainsi sur le plateau de La Vie de famille, trois figures lui servent de père : Jacques (Doillon), le père symbolique; Jean-François (Goyet, son véritable père; et Sami (Frey), son père fictionnel et principal partenaire. C'est à ce dernier qu'elle doit donner la réplique. Dès la première scène, ça dérape. Elle doit s'allonger torse nu sur un lit à ses côtés. « Quand Sami s'approche du lit, je pique une crise... J'étais là avec ma culotte et plein de gens autour de moi, des hommes. C'était insupportable. Du moins, ça l'était pour moi... En plein milieu de la prise, je me lève et m'échappe. Je ne comprends pas moi-même pourquoi je suis dans cet état. Je me sens comme dans une souricière... Ce fut la consternation générale... Sami était indigné par mon manque de professionnalisme. Moi, je culpabilisais parce que la pellicule, c'était cher et qu'il ne fallait pas la gâcher » , explique-t-elle dans Jeu cruel.Mara se fait gronder par son père, se met en colère, devient de plus en plus difficile et refuse obstinément de jouer ce qu'on lui demande. Surtout, elle culpabilise. Non seulement de décevoir ce père qu'elle adore mais d'imaginer des choses qu'elle n'a pas la capacité de verbaliser à l'âge de 10 ans. Car elle perçoit confusément que ce climat incestueux, « ourdi par Jacques » , n'est pas normal. « Comment aurais-je pu avoir l'idée de relations incestueuses entre un père et sa fille? J'avais honte de penser ce que je pensais. C'était impossible à dire à mon père. J'étais complètement enfermée dans quelque chose que je pensais délirant alors que j'étais plutôt lucide. Je ne comprenais pas pourquoi je refusais de tourner, pourquoi j'étais bloquée comme ça. Ça ne me ressemblait pas du tout parce que j'étais normalement une petite fille calme, de bonne volonté, de bonne humeur. »

Dans la réalité, Jean-François Goyet est un jeune papa de 34 ans très aimant, et très proche de sa fille. « La confusion vient donc aussi de la confiance absolue que j'avais en lui et le fait qu'il ne m'ait pas protégée. Je le comprenais par bribes mais je pensais que tout était de ma faute. Que je me comportais en vilaine petite fille. »

Car au fur et à mesure que le malaise de l'enfant grandit, il est utilisé par le réalisateur qui en nourrit le scénario réécrit jour après jour avec Jean-François Goyet. Les propres mots tenus hors plateau par l'enfant servant aux dialogues du lendemain. « La méthode qui consiste à faire parler des actrices et prendre la matière de ce qu'elles disent était totalement revendiquée à l'époque. Tout le monde en rigolait. C'était assumé. « Le cinéma, c'est un vol, et on est des vampires! Ah! Ah! La bonne blague. » Jacques n'est pas le premier ni le dernier à le faire. Mais là, il s'agit d'une enfant, ce n'est pas possible » , s'insurge-t-elle aujourd'hui. À l'époque, déchirée entre son affection envers son père et son envie de contenter « Jacques » à qui elle reconnaît lui avoir appris à « jouer et s'exprimer juste » , son unique échappatoire consiste alors à focaliser contre « Sami ».

Durant le tournage et au cours des quatre décennies qui ont suivi, elle en a fait le principal objet de son mal-être. Même le voir en photo lui est pénible. Elle en a peur. Âgée de 50 ans, elle s'avoue toujours incapable de lui écrire. Alors qu'avec le recul, elle tient à le « réhabiliter ». Car elle se rend compte que l'acteur lui a servi de « traumatisme écran ». « Avec Sami, ce fut un peu comme une nuit de noces à l'ancienne, je me suis retrouvée à avoir un contact physique avec lui dès la première scène ou presque. Certes, il a été malhabile, n'a pas réalisé que je n'étais qu'une enfant. Mais pour lui non plus, ça n'a pas été facile. » Non seulement il avait le sentiment que « je le rejetais et ça devait être très dur pour lui » , reconnait-elle. Mais il est maltraité par le réalisateur qui monte son équipe contre son acteur principal dès avant de commencer à tourner. Mara entend dire « que Sami se met des gouttes dans les yeux pour faire semblant de pleurer, qu'il se teint les cheveux, qu'il porte un dentier, etc. ». Tout est sujet à moqueries. Et, quand Sami Frey s'insurge un jour contre un dialogue, barre des phrases en prévenant Jacques Doillon qu'il ne les dira pas, le réalisateur gomme tous les mots que l'acteur accepte de dire pour l'obliger à ne prononcer que ce qu'il refuse.

Évidemment, qui pourrait imaginer que les coulisses d'un film soient un chemin pavé de roses? Que jouer soit facile, que les comédiens ne souffrent pas, que les réalisateurs traitent toujours leurs comédiens et comédiennes avec tact et douceur? Ce que souhaite décrire Mara Goyet avec Jeu cruel est justement cette « zone grise » derrière l'écran d'un « certain cinéma français post-années 1970 où l'enfant était un trophée et sa maltraitance pour les besoins d'un film, assumée ».

Sans dénoncer et avec calme, elle pose la question de l'implication de chacun, y compris celui des critiques cinéma qui ont cautionné et célébré ce cinéma-là. Néanmoins, pourquoi publier son livre maintenant ? Après que la plainte déposée par Judith Godrèche en février 2024 à l'encontre du réalisateur de 80 ans pour viol sur mineur fut suivie de celles de plusieurs autres actrices depuis six mois. Parmi lesquelles, Isild Le Besco, pour des faits « de viols sur mineurs de plus de 15 ans entre 1998 et 2007 » , Julia Roy, pour « violences volontaires par conjoint ou concubin » et « agressions sexuelles par conjoint » , Joe Rohanne, pour viol et violences, ainsi que Hélène M. et Aurélie Le Roch. Charger encore l'auteur du Petit Criminel et de La Fille de 15 ans est-il approprié après quarante ans de silence? « Mon premier réflexe a été de me dire « Tais-toi, laisse les vraies victimes s'exprimer ». Puis je me suis dit « Mais pourquoi devrais-je encore me taire tandis que sur ce film, tous mes mots ont été pillés ? ». Après quarante ans, je suis en mesure d'énoncer ce que j'ai ressenti et je parlerai quand je veux. » D'autant que le terme même de « victime » l'a interpellée. N'a-t-elle pas subi, elle aussi, une violence inacceptable pour une petite fille de son âge? Et c'est justement en tant qu'enseignante qu'elle veut décrire avec le plus de justesse possible « le courage d'une enfant qui lutte ». Ils sont si nombreux, y compris parmi ses élèves.

Jeu cruel de Mara Goyet (Robert Laffont), 180 p., 18,90 euros.

Le Temps
Culture, mercredi 13 novembre 2024 577 mots, p. 17

Lesia, fille de brigand

NORBERT CREUTZ

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CINÉMA Dans « Le Royaume », Julien Colonna révèle en douceur la face cachée de la Corse, en adoptant le point de vue d'une jeune adolescente tiraillée

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Le temps serait-il venu pour la Corse de trouver sa voix à l'écran? Dans la foulée du remarquable Borgo de Stéphane Demoustier, voici qu'arrivent enfin des films réalisés par des cinéastes du cru: A son image (Thierry de Peretti), Le Mohican (Frédéric Farrucci) et puis ce Royaume de Julien Colonna qui nous occupe ici. Pour la majorité d'entre nous, l'Ile de Beauté n'est qu'une destination touristique (reflétée à l'écran par Adieu Philippine, Les Randonneurs et Le Retour). Mais derrière se trouve une réalité locale minée depuis toujours par la violence, qu'il s'agisse de l'antique tradition de la vendetta, de la guerre de clans mafieux ou de la lutte indépendantiste. Le Royaume nous y plonge avec une tranquillité trompeuse.

Nous sommes en 1995, pic d'un cycle de violences. En cet été de ses 15 ans, Lesia est une adolescente normale, même si on la découvre, durant une fête de famille, tachée de sang en évidant le sanglier qu'elle vient d'abattre elle-même. Orpheline de mère, elle vit auprès de sa tante dans un village. Elle vient de se trouver un petit ami quand son père lui demande de venir passer quelques jours avec lui. Aux précautions prises pour l'amener à lui et à son entourage dans une grande villa, on devine que Pierre-Paul est un chef de clan recherché avec des accointances politiques. Il n'aspire qu'à passer un peu de temps avec sa fille mais se trouve pris dans un engrenage qui l'oblige à riposter et à se déplacer encore et toujours.

Pas si méchant que ça

L'originalité du traitement consiste à tout présenter du point de vue de Lesia, qui commence à comprendre. Ce qui peut aussi devenir une raison de frustration si l'on préfère les films d'action qui vont droit au but. Ici, presque toute la violence se déroule hors champ, sans explications précises. Une tentative d'appeler son ami met tout le monde en danger, la mort frappe toujours plus près. Pour finir, il ne restera plus que le père et la fille, planqués dans un camping au milieu des touristes. Idée géniale, qui fait se côtoyer ces deux mondes qui s'ignorent. C'est aussi là qu'un vrai rapprochement aura finalement lieu entre père et fille, lorsque Pierre-Paul raconte enfin à Lesia tout son parcours: une destinée qui ne peut que se terminer dans le sang. Pourra-t-elle y échapper?

Le style réaliste du cinéaste est renforcé par le choix d'interprètes amateurs locaux. C'est ainsi qu'entre la frêle Ghjuvanna Benedetti, aux intonations si particulières, et Saveriu Santucci, grand escogriffe aussi chauve que poilu, un courant improbable passe. Ni l'un ni l'autre ne sont a priori des corps de cinéma, mais c'est précisément ce qui fonde la différence de ce film loin des clichés. Coscénarisé par Jeanne Herry (Pupille, Je verrai toujours vos visages) et sélectionné dans la section Un Certain Regard de Cannes, Le Royaume a particulièrement plu à la critique anglo-saxonne, qui y a malgré tout trouvé des échos de la saga du Parrain. Et si Colonna n'est pas encore Coppola, on attend à présent avec intérêt ce qu'il pourrait proposer par la suite. Avec l'espoir qu'il poursuive cette exploration de la réalité corse.

Le Royaume, de Julien Colonna (France, 2024), avec Ghjuvanna Benedetti, Saveriu Santucci, Thomas Bronzini, Anthony Morganti, Andrea Cossu, Frédéric Poggi, Régis Gomez. 1h48

Maville (site web réf.) - Brignoles Maville
27 novembre 2024 168 mots
En fanfare. Cinéma

Cinéma Brignoles : En fanfare - Thibaut est un chef d'orchestre de renomme´e internationale qui parcourt le monde. Lorsqu'il apprend qu'il a e´te´ adopte´, il de´couvre l... Voir l'article

Le Temps
Culture, vendredi 1 novembre 2024 267 mots, p. 21

Autres films à découvrir au GIFF

FESTIVAL

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« Hiver à Sokcho », de Koya Kamura

En 2016, Elisa Shua Dusapin faisait une entrée fracassante sur la scène littéraire romande. Huit ans et trois autres romans plus tard, l'écrivaine a acquis une reconnaissance internationale méritée. Voici son premier livre, « Hiver à Sokcho », adapté au cinéma après une version théâtrale. Dans le rôle d'un étranger venant perturber la quiétude d'une petite ville côtière de Corée du Sud et le quotidien morose de la jeune Soo-Ha, Roschdy Zem.

Samedi 2 novembre au Cinerama Empire (15h30) et vendredi 8 aux Cinémas du Grütli (18h).

« Les Femmes au balcon », de Noémie Merlant

Actrice incandescente (« Portrait de la jeune fille en feu », « Les Olympiades », « Emmanuelle »), Noémie Merlant est passée à la réalisation en 2021 avec « Mi iubita, mon amour ». A l'instar de ce premier essai, « Les Femmes au balcon » a été dévoilé au Festival de Cannes. La voici qui vient présenter ce deuxième long métrage à Genève, en première suisse. L'histoire se déroule à Marseille, où trois jeunes femmes observent depuis leur balcon leur voisin.

Samedi 2 novembre au Théâtre Pitoëff (18h45) et jeudi 7 aux Cinémas du Grütli (18h).

« L'Arche russe », d'Alexander Sokourov

Il ne s'agit pas d'une avant-première, mais de l'occasion unique de (re)voir au cinéma une oeuvre magistrale qui déploie véritablement toute sa virtuosité sur grand écran. Tourné en plan-séquence (une prise unique, sans aucune coupure), « L'Arche russe » est une sidérante traversée de l'histoire russe prenant la forme d'un voyage au fil des différentes salles du Musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg.

Jeudi 7 novembre aux Cinémas du Grütli (18h15).

Le Figaro, no. 24913
Le Figaro et vous, samedi 28 septembre 2024 1892 mots, p. 29

Culture

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27 septembre 2024 - Le Figaro (site web)

BRIGITTE BARDOT : ÉTERNELLE ICÔNE MONDIALE

L'ACTRICE, DEVENUE CÉLÈBRE AVEC « ET DIEU... CRÉA LA FEMME » , FÊTE SES 90 ANS CE 28 SEPTEMBRE. RETRANCHÉE DANS SA MAISON DE SAINT-TROPEZ, CETTE PERSONNALITÉ FOUGUEUSE ET INDÉPENDANTE CONTINUE DE FASCINER, CINQUANTE ANS APRÈS AVOIR QUITTÉ LE MONDE DU CINÉMA.

Neuhoff, Eric

Il était une fois, à Paris, une jeune fille française. Elle avait grandi dans le 16e arrondissement et se destinait à la danse classique. Bizarrement, ce fut un mambo qui changea son destin. On ne remerciera jamais assez la chorégraphie cubaine. Dans Et Dieu... créa la femme, Brigitte Bardot se lance dans un ballet endiablé. Adieu les exercices à la barre, les entrechats, les pointes, les jetés-battus. Dans une boîte de Saint-Tropez, sous les yeux d'un Jean-Louis Trintignant au bord des larmes et en veste pied-de-poule, elle se déchaîne en jupe verte et haut noir au rythme des bongos, secoue sa crinière en folie, saute sur une table, saisie d'une transe infiniment photogénique. Trintignant lui crie : « Arrête ! » Elle n'écoute pas, évidemment. Elle n'écoute jamais rien. C'est sa marque de fabrique. Telle est sa chance. Voilà comment une demoiselle bien élevée se transforme en icône. Une légende est née. Elle ne pâlira plus. Le responsable s'appelle Roger Vadim.

Il fallait voir ce que c'était. Le pays ronronnait. Elle surgit dans une France un peu grise, comme les monuments couverts de suie dans la capitale. Il s'agit d'un pur produit de l'enseignement catholique. Le père est industriel. La mère rêvait d'être actrice. Rue de la Pompe règne un curieux mélange de tradition et d'extravagance. Cela façonne une personnalité. L'école ne la passionne pas. Ça tombe bien, le réalisateur Marc Allégret l'a repérée sur une couverture de Elle et pense à la jeune femme pour un rôle. La rencontre a lieu en présence de son assistant, Vadim, dont le sourire ferait fondre la calotte glaciaire. Le film ne se montera pas, mais Vadim et Bardot se marieront.

Elle entre en cinéma comme on trempe un orteil dans une eau froide. Elle débuta en donnant la réplique à Bourvil dans Le Trou normand. Après ça, tout est possible. Tout est permis. Bardot ne se privera de rien. Figurer au générique de Manina, la fille sans voile ou des Week-ends de Néron ne la dérange pas. Quelque part, elle devine qu'une surprise l'attend. Et Dieu... créa la femme la propulse au firmament et transforme un petit port varois en rendez-vous de la jet-set. Sans le savoir, Vadim annonce la Nouvelle Vague. Son audace et sa liberté bousculent les habitudes. Son interprète est une trouvaille, une pépite. Pourtant, le film ne connaît pas un succès immédiat. C'est quand il sort aux États-Unis l'année suivante que le phénomène explose. Le public assiste à ce spectacle inédit, sidérant. La planète entière se saoule de Bardot, cet alcool blond qui se consomme désormais sans modération. Le film ressort en France et c'est un triomphe. Cela ne va pas sans pétarades. Les ligues de vertu ont leurs vapeurs. Le Vatican s'en mêle.

Avec son 1,66 mètre, ses mensurations parfaites et sa démarche de déesse grecque, l'actrice semble remonter à la plus haute Antiquité. Elle couche avec ses partenaires, les quitte comme on oublie un pull dans une chambre d'hôtel. Elle se marie comme on fait des bêtises, divorce comme on règle un PV. Cette demoiselle de La Muette n'a pas sa langue dans sa poche. Son naturel a quelque chose d'unique, de miraculeux. Elle incarne le pendant de Françoise Sagan sur celluloïd. Même parfum de scandale, même souffle d'insouciance. La fête, le jeu, les amis, ce programme leur convient à toutes deux. Ce sont de charmants petits monstres en pantalon corsaire ou en robe Vichy.

Dario Moreno entonne un refrain qu'on écoute dans toutes les langues, Brigitte Bardot, Bardot. Elle est obligée d'accoucher à son domicile de l'avenue Paul-Doumer, aucune clinique n'étant capable de lui assurer la discrétion nécessaire. Les paparazzi se bousculent sur son palier, grimpent sur les toits d'en face. Un journaliste de Paris-Match est dépêché pour raconter l'événement en direct. On ne la désigne plus que par ses initiales. Gainsbourg en fait une chanson. Pour lui, elle pose avec le béret de Bonnie Parker ou chevauchant une Harley-Davidson. La minijupe a visiblement été inventée pour elle.

Sa vie devient impossible. Elle n'a plus une minute à elle. Des inconnues l'injurient dans la rue. Chez elle, les volets sont fermés en permanence. Cela lui vaudra des dépressions, des tentatives de suicide, cet arsenal de la célébrité. La gloire a sa rançon. Elle est le sujet d'une des Mythologies de Roland Barthes. Simone de Beauvoir brosse son portrait dans un magazine américain. L'OAS la menace. Elle ne se démonte pas et publie une lettre ouverte dans L'Express. De Gaulle assure qu'elle rapporte davantage de devises que la régie Renault. Elle admire le Général et se rend à l'Élysée en veste de hussard à brandebourgs. Les hommes rêvent tous d'elle en même temps. Cela fait du monde et c'est assez encombrant. À 9 ans, elle a appris que le Père Noël n'existait pas. Des déceptions, il y en aurait d'autres.

Il n'y en a pas deux comme elle. Elle s'offre La Madrague, une maison nichée au creux de la baie des Canoubiers. Le jardin n'abrite pas de piscine. Il y a la mer. Au large, les bateaux de touristes effectuent une halte, tempêtant contre la végétation qui empêche d'observer la propriétaire. À son propos, il serait inexact de parler de charme. Elle défie les clichés, décourage les superlatifs. Elle se pose un peu là. Ses rivales ne lui arrivent pas à la cheville, qu'elle a fine. Il y en a eu plein, des nouvelles BB. Elles ne faisaient pas le poids. Elle épouse le milliardaire Gunter Sachs à Las Vegas, enregistre Je t'aime, moi non plus pour le rendre jaloux. Dans sa bouche, se récapitulent souvent les adjectifs « mignon » , « rigolo ». En 45-tours, les rengaines marquent les esprits. Vivacité et drôlerie les caractérisent : Sidonie (qui a plus d'un amant), Ay que viva la sangria, Tu veux ou tu veux pas ?

Sur le plateau de La Vérité, elle gifle Clouzot qui croit utile de la martyriser. Certaines de ses répliques sont culte. Qui, à part elle, réussirait à prononcer avec une telle innocence « Quel cornichon, ce lapin ! » dans Et Dieu... créa la femme ? La phrase « La campagne, c'est grand » , qu'elle lâche de sa voix mutine au wagon-restaurant dans Les Femmes, lui va comme un gant. Dans La Vérité, seul film qu'elle sauve de sa carrière, sa plaidoirie reste gravée sur la pellicule. Entre deux sanglots de colère, elle crie : « J'ai été bête, méchante, pleine de défauts » ou « Vous êtes tous morts ! ». Son avocat Charles Vanel ne peut que constater : « Est-ce de sa faute si elle est belle ? »

Le fait est que sa beauté est chimiquement pure. Avec elle, l'éternel féminin prend du rose aux joues. Il suffit de contempler le regard de Jean Gabin dans En cas de malheur pour s'en convaincre. Devant ce ténor du barreau, Bardot, appuyée contre le rebord du bureau, relève lascivement sa jupe pour émoustiller le quinquagénaire en costume sombre. Il fallait bien ça pour que le prude Gabin accepte d'embrasser une de ses partenaires à l'écran. Elle ne joue pas. Elle se brûle. Les propositions pleuvent. C'est trop. Elle refuse Angélique, L'Affaire Thomas Crown, Au service secret de Sa Majesté (mais elle aurait accepté d'être James Bond), Les Demoiselles de Rochefort, dit non à Histoire d'O. Le sens de la formule lui sert de manteau, de bouclier.

« Je suis l'homme de ma vie » résume son esprit d'indépendance. Le plus beau jour de sa vie a été une nuit - le trait révèle un goût certain pour la répartie. À New York, durant une conférence de presse, un reporter lui demande : « Êtes-vous un sexe-symbole ? ». La réponse fuse : « Voyez vous-même ! »

Les esthètes tordent le nez. Sa filmographie est loin d'être indigne. Dans Le Mépris, elle bronze, allongée nue sur la terrasse de la villa Malaparte à Capri, une « Série noire » cachant son postérieur (les aficionados ont chaussé leurs lunettes pour décrypter le titre du polar en question). Pour la convaincre de changer de coiffure, Jean-Luc Godard a marché sur les mains. Cela n'a pas empêché la comédienne de le traiter ensuite d' « intello cradingue ». Sans lui, pourtant, elle n'aurait pas posé à Piccoli la fameuse question : « Tu les aimes, mes fesses ? » Dans L'Ours et la Poupée, épatante comédie de Michel Deville, sa Rolls emboutit sous la pluie la deux-chevaux de Jean-Pierre Cassel, qui est violoncelliste dans l'orchestre de l'ORTF. Dans Vie privée, elle descend la Via Veneto en robe à rayures et les cous masculins se dévissent sur son passage : on n'est pas sûr qu'il s'agisse uniquement de figurants. Entre les prises, elle n'adresse pas la parole à Marcello Mastroianni. Jeanne Moreau, qui l'accompagne dans Viva Maria !, avoue : « La regarder marcher, c'est comme écouter de la grande musique. »

Brigitte Bardot est une héroïne. Elle a participé à un western aux côtés de Sean Connery (Shalako), flirté avec Jane Birkin dans Don Juan 73. Cette année-là, elle abandonne définitivement le cinéma. Elle a 39 ans. Sa dernière prestation dans L'Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise, inénarrable nanar médiéval, a dû la convaincre de s'en tenir à cette décision. On arrête les frais. Désormais, elle se consacre aux animaux. Elle a vendu la plupart de ses biens pour financer sa fondation. Serrer un bébé phoque dans ses bras lui a sûrement procuré plus de plaisir que de brandir un César. On l'ignore trop souvent, mais Marguerite Yourcenar lui a rendu visite à La Madrague, même si BB estime que ses livres sont « barbants ». En 1996 ont été édités ses Mémoires qu'elle a écrits elle-même. Ses positions politiques défrisent les âmes sensibles. Bardot proteste contre l'Aïd et la vivisection, déplore l'abaissement des moeurs. Elle va aussi parfois trop loin. En 2021, elle est condamnée à 20 000 euros d'amende pour injures raciales. Elle avait comparé La Réunion à « l'île du diable » avec « une population dégénérée encore imprégnée (...) des traditions barbares qui sont leurs souches ».

Elle est brute, comme on le dit d'un diamant. Van Dongen et Warhol l'ont peinte. Marianne lui avait emprunté son visage. Elle ne s'y reconnaît plus. S'identifier à saint François d'Assise est un rôle dont elle n'a pas honte. Elle admire Greta Thunberg. Un navire de Greenpeace porte son nom. Elle dérange. Sa franchise, qui lui fournissait de l'attrait, est devenue un handicap. En 2017, une sculpture à son effigie a été inaugurée à Saint-Tropez. Elle ne s'est pas déplacée. En 2020, une bande dessinée a retracé son parcours. Et en 2025, un film documentaire fera de même. Pour elle, le cinéma contemporain se résume à « une merde molle ». Son souhait serait de mourir « gentiment ». Le plus tard sera le mieux. Elle est la dernière.

Bardot représente un art qui la dépasse, une France qui est plus grande qu'elle. Elle n'est plus faite pour son époque. Tout le monde essayait de lui ressembler. Elle voulait être elle-même. Mission accomplie. Il faut maintenant l'imaginer un peu seule, assez sereine dans son refuge tropézien aux volets bleus , un verre de champagne à la main (est-ce du Drappier, celui que préférait de Gaulle ?), en train de lire un roman de Christian Signol. Au loin, le phare du cap Camarat se découpe sur l'horizon. BB sous le soleil exactement et pour l'éternité.

Le Figaro, no. 24914
Le Figaro et vous, lundi 30 septembre 2024 1537 mots, p. 32

Culture

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29 septembre 2024 - Le Figaro (site web)

CES OBSTINÉS QUI CHERCHENT À OCCUPER LES THÉÂTRES AUTREMENT

TANDIS QUE PLUSIEURS SALLES METTENT LA CLÉ SOUS LA PORTE, DES DIRECTEURS RELÈVENT LE DÉFI D'EN OUVRIR DE NOUVELLES, MAIS AVEC DES PROGRAMMATIONS ADAPTÉES. ENQUÊTE.

Simon, Nathalie

Ça y est, c'est parti ! », se réjouit Stéphane Cottin, le metteur en scène qui répète Belles de scènessur le plateau du tout nouveau Théâtre des Gémeaux parisiens, au coeur du 20e arrondissement de Paris. Fermé du jour au lendemain en 2018 par « mesure de sécurité », l'ancien Théâtre de Ménilmontant promettait « une réouverture dans les plus brefs délais ». Il aura fallu d'importants travaux de rénovation entamés en mars 2023 et un budget de 1,4 million sans compter les frais de fonctionnement, de communication et de billetterie (environ 400 000 euros) pour qu'il rouvre mi-septembre. « Nous avons décidé d'anoblir le lieu, d'en faire un cocon accueillant, explique Nathalie Lucas, codirectrice du lieu avec Serge Paumier. Les fauteuils sont neufs. Les murs du théâtre alvéolés bénéficient d'une isolation thermique et acoustique, comme pour les salles de concert. Le plateau de 11 mètres sur 11 mètres est légèrement incliné. Nous nous sommes équipés en LED et avons également installé un système de pompe à chaleur. »

Accolé à une école privée, le bâtiment de 1 000 mètres carrés est chaleureux et lumineux. L'entrée donne sur une terrasse qui proposera prochainement une restauration légère. Elle est dominée par une chapelle où aurait chanté Édith Piaf, mais qui n'est pas encore accessible au public. « Elle servait de réserve, nous l'avons nettoyée et retiré l'amiante. Nous verrons, quand nous aurons un peu d'argent... », glisse Nathalie Lucas, également comédienne. Avec Serge Paumier, ex-enseignant, elle sait que l'aventure est risquée : « Toute entreprise est un risque. Il ne faut pas trop penser ou alors on ne fait rien. Il y a toujours une part d'inconscience », lance-t-elle. « On en prend conscience tous les jours, notamment à travers les sommes qu'on dépense quotidiennement », ajoute Serge Paumier, qui avait déjà ouvert une salle de 100 places à Créteil, en 1986.

Quand ils se rencontrent, il y a huit ans, très vite, ils partagent l'envie d'avoir un théâtre. Ils en ouvrent un premier en 2019, au centre d'Avignon, à l'emplacement d'une ancienne église, où ils aménagent deux salles (de 190 et 176 places). « Nous l'avons appelé « Théâtre des Gémeaux » parce que nous sommes tous les deux du signe des Gémeaux ! Plus tard, nous avons été mis en relation avec les propriétaires du Théâtre de Ménilmontant, qui appartenait à la congrégation des Salésiens de Don Bosco », se souvient Serge Paumier. « Nous souhaitions une salle à Paris d'au moins 150 places, sinon c'est très compliqué à rentabiliser, enchaîne Nathalie Lucas. Avec 300 places, les Gémeaux parisiens est un intermédiaire entre des petites salles comme le Lucernaire et d'autres plus grandes. »

Le couple a inauguré le lieu avec sept spectacles, dont une comédie familiale satirique, Formica, de Fabcaro. « Nous essayons d'avoir la moitié de créations autant à Paris qu'à Avignon. Cela laisse du temps aux spectacles pour grandir et le bouche-à-oreille a ainsi le temps de fonctionner », signale Nathalie Lucas. Car si le Théâtre des Gémeaux avignonnais est fermé hors festival, son frère parisien est lui ouvert sept jours sur sept. Irina Brook s'est déjà dite intéressée pour s'y produire. En janvier, Zoé Adjani, la nièce d'Isabelle Adjani, pourrait y créer l'événement avec Les Caprices de Marianne, d'Alfred de Musset, mis en scène par Philippe Calvario. « Il y a une belle énergie dans le quartier », se félicite Nathalie Lucas. « Nous voyons les habitants prendre les programmes exposés devant la façade », renchérit Serge Paumier.

Tous deux ne se sont pas découragés à l'heure où plusieurs salles - le Théâtre des Déchargeurs fin août et les Blancs-Manteaux début septembre à Paris - ont mis la clé sous la porte. Le Daunou, près de l'Opéra, a baissé le rideau définitivement. « Quand un théâtre ferme, c'est rarement parce qu'il ne fonctionne pas, mais plutôt parce que le propriétaire veut l'exploiter autrement. Louer ne rapporte pas grand-chose », analyse le comédien Pierre-Alain Leleu, qui joue actuellement Comme il vous plaira au Théâtre Hébertot et devait prendre la codirection du Daunou pour sa réouverture. « Un théâtre de 400 fauteuils coûte 4 millions d'euros, reprend-il. C'est environ 10 000 euros la place. Aujourd'hui, un acteur ou un metteur en scène ne peut plus s'acheter une salle avec le fruit de son travail, alors que c'était encore possible il y a quinze ans. »

À Saint-Cloud, Stéphanie Bataille, qui a été directrice artistique du Théâtre Antoine et continue de collaborer avec Richard Caillat, à la tête, entre autres, du Marigny, accomplit son rêve : elle a été choisie par la mairie pour prendre les rênes des 3 Pierrots (il sera inauguré les 5 et 6 octobre). « Je trouvais joyeux d'être à dix-neuf minutes de la gare Saint-Lazare dans un endroit qui vient d'être complètement rénové avec la volonté d'apporter ma patte sans oublier le passé, indique-t-elle. D'ailleurs, elle accueille en résidence les troupes du spectacle Denali, qui a été un succès au Studio Marigny, et de L'Illusion comique, actuellement donné au Lucernaire. « Je veux que le théâtre soit une maison, un atelier pour monter des spectacles avant de les présenter à Paris ou à Avignon, et souhaite proposer une programmation très large :Les Chatouilles , d'Andréa Bescond,Une idée géniale , de Sébastien Castro, ou une pièce de la Comédie-Française, insiste Stéphanie Bataille. Quand il n'y a pas de tête d'affiche, c'est compliqué. Mais il va falloir réviser ses fiches, ne pas oublier la curiosité. Alexis Michalik(auteur de plusieurs pièces chorales au large succès, NDLR) nous a ouvert une porte. »

De fait, de jeunes auteurs s'imposent, mais cela suffira-t-il à remplir les deux salles des 3 Pierrots ? Le complexe, qui comprend un cinéma flambant neuf doté de 343 fauteuils et d'un écran de 12 m × 6 m, a été étrenné par Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte avec leur Comte de Monte-Cristo. « Le théâtre et le cinéma sont des métiers différents », remarque Pierre-Alain Leleu. Un argument balayé par Stéphanie Bataille, qui entend diversifier la programmation avec, en plus du théâtre et du cinéma, des spectacles jeune public, de la danse et du cirque. « On doit tout le temps être ouvert et installer des rendez-vous, scande-t-elle. Nous ouvrirons également un restaurant. Plus il y aura une diversité d'offres, plus il y aura du monde et plus on créera du lien. »

La société de production Polaris a choisi, elle, d'offrir exclusivement du théâtre immersif au coeur du Quartier latin, dans l'ancienne demeure de Charles Le Brun, premier peintre du roi Louis XIV. Rebaptisé « Le Grand Hôtel des Rêves » , il donne actuellement La Belle et la Bête (jusqu'à mi-novembre, avant La Véritable Histoire du Père Noël). Des spectacles écrits et mis en scène par Charles Mollet, fondateur de l'entreprise, créée en 2015. « Il était entièrement blanc et vide, on l'a réaménagé et remeublé pour des déambulations dans les décors avec les acteurs,précise Julie Claret-Gélugne, directrice générale de Polaris . On le loue pour proposer des spectacles immersifs à des groupes d'une vingtaine de personnes. »L'équipe espère attirer du monde avec un spectacle immersif tous les deux mois. Julie Claret-Gélugne estime que le public « recherche peut-être des choses particulières. Nous-mêmes parlons plus de spectacle que de théâtre. Nous faisons venir des personnes qui ne viendraient pas forcément voir des pièces plus classiques. »

Ce n'est pas l'approche d'Elsa Boublil, ex-journaliste de France Inter qui vient d'être nommée par la Ville de Paris à la direction du Théâtre de la Concorde, connu autrefois sous le nom d'Espace Cardin. À deux pas des Champs-Élysées, l'établissement, qui sera aussi inauguré samedi, accueille un ciné-club, un studio et une salle de 650 places ainsi que plusieurs salles d'exposition. Sous la houlette d'Anne Hidalgo, le lieu, dont le budget sera voté en fin d'année selon la mairie, est présenté comme « un lieu de débat et de réflexion sur l'avenir de la démocratie et de l'art ».

« Il y a énormément de salles à Paris. C'est un pari sur un théâtre qui fonctionne autrement, prévient Elsa Boublil, également compagne du comédien Philippe Torreton. Nous proposons une alternative où la question politique de la démocratie est centrale. Nous allons réfléchir à l'éducation, la justice, au climat, à la santé, évidemment à la culture. Nous voulons être une sorte d'agora. Le spectateur ne vient pas contempler la scène, mais réfléchir avec nous. Il y aura des ateliers sur l'information et la désinformation, le labo des histoires avec l'école Kourtrajmé, l'École de l'Opéra de la parole, implantée dans le 14e arrondissement de Paris, ou la Maison de la conversation, située dans le 18e. »

« Pour servir de boussole », l'élue a nommé l'historien Patrick Boucheron président d'un comité d'orientation du théâtre. Celui qui a oeuvré à l'écriture du récit de la cérémonie d'ouverture des JO prônait « le métissage planétaire ». Il animera un « atelier d'autodéfense sur les images » ce week-end. Le théâtre semble bien loin. « Nous sortons un peu de l'endogamie pure. Cela peut être désemparant pour un puriste ou un conservateur » , reconnaît Elsa Boublil. Effectivement.

Le Monde
Culture, mercredi 25 septembre 2024 516 mots, p. 22
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28 septembre 2024 - Le Monde (site web)

Truong Minh Quy, l’une des figures du cinéma d’auteur vietnamien

Cl. F.

Il a coupé ses longs cheveuxet dépassé la trentaine. Pourtant, Truong Minh Quy ressemble à un étudiant, dans ce café du quartier Mouffetard, à Paris, où a lieu la rencontre. Tee-shirt noir, lunettes cerclées de métal, voix douce. Né en 1990, à Buon Ma Thuot, ville située sur les hauts plateaux du centre du Vietnam, il est le réalisateur de Viêt and Nam – censuré, le film ne sera pas distribué au Vietnam. Le trentenaire fait partie de cette nouvelle génération du cinéma d’auteur vietnamien, tel Pham Thien An, réalisateur de L’Arbre aux papillons d’or (2023), lauréat de la Caméra d’or à Cannes.

A première vue, les images sensuelles et rêveuses de Viêt and Nam, qui revisitent les traumas de la guerre à travers un couple de garçons – « gueules noires » travaillant dans les mines et y faisant l’amour –, font écho au travail du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Mais les influences du Vietnamien sont plus vastes. « L’œuvre de Weerasethakul m’a aidé à comprendre que faire du cinéma peut être simple. MaisViêt and Nam renvoie aussi à Andreï Tarkovski, notamment son film intimeLe Miroir [1975] . Et, globalement, l’œuvre d’Alain Resnais me parle, qui consiste à assembler des images et du son, au-delà de la narration. Ensuite, le fait de ne pas travailler avec des acteurs professionnels vient de Robert Bresson. Les comédiens ne doivent pas trop exprimer… », assure-t-il.

« Choix radicaux »

Truong Minh Quy a découvert le cinéma dans les clubs vidéo. « Il n’y avait pas de salles, dans mon enfance. Chez le loueur, tout était sur la table. Je visionnais les films avec ma grand-mère, chez laquelle je vivais, au lycée. »Plus tard, le jeune homme tourne ses premiers courts-métrages avec des membres de sa famille. Puis, ses « choix radicaux » l’ont amené à quitter l’école de réalisation de Ho Chi Minh-Ville, qu’il avait intégrée à l’âge de 18 ans.

Il réalise ensuite plusieurs courts qui circulent dans les festivals, comme l’expérimental The Sublim of Rectum (2017), « exploration visuelle d’un contact intime homosexuel », indique le synopsis. Pendant ses études à l’Ecole du Fresnoy, à Tourcoing (Nord), il met en scène des rencontres furtives entre hommes sur un ancien terril, dans Les Attendants (2020) ; puis le film-installation The Woman Next Door (2021), au centre duquel se trouve un matelas, révèle sa fibre artistique – Truong Minh Quy a aussi participé à une exposition collective, en 2023, à la galerie parisienne BAQ.

« Dans mes films, tout est vrai, dit Truong Minh Quy. Viêt et Nam sont deux prénoms très courants dans mon pays, comme en France Pierre et Antoine. Ce film est très transparent, les dialogues aussi, les gens y expriment leurs sentiments. Il est peut-être trop sincère. Chacun le verra différemment selon sa position. Pour être honnête, ce n’est pas l’homosexualité qui a posé problème aux autorités, mais cela n’a pas aidé. C’est une petite feuille sur le dos de l’âne ! » , conclut-il dans un éclat de rire.

Canada NewsWire (français)
Nouvelles générales, lundi 2 décembre 2024 - 05:00:00 UTC -0500 1639 mots
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2 décembre 2024 - Le Carrefour de Québec (site web réf.) Cité Boomers (site web réf.)

Groupe de travail sur l'avenir de l'audiovisuel au Québec - Un financement équitable et de meilleures conditions de travail pour les créateurs, artistes et artisans d'ici

Union des artistes

MONTRÉAL, le 2 déc. 2024 /CNW/ - Dans le cadre de la consultation organisée par le Groupe de travail sur l'avenir de l'audiovisuel au Québec, cinq associations représentant près de 20 000 artistes --  l'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ), la Guilde canadienne des réalisateurs - Conseil du Québec (GCR Québec), la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec (GMMQ), la Société des auteur.e.trice.s de radio, télévision et cinéma (SARTEC), et l'Union des artistes (UDA) -- s'unissent  pour demander un financement plus équitable et de meilleures conditions de travail pour leurs membres.

Le Groupe de travail sur l'avenir de l'audiovisuel au Québec doit nous permettre de rêver à notre avenir collectif et de revoir nos façons de faire sans éluder la question centrale du financement public du secteur audiovisuel. Comme nous l'avons maintes fois dénoncé, les fonds publics destinés à la culture ne percolent pas adéquatement jusqu'au bout de la chaîne, soit vers les artistes et les créateurs. Des zones d'ombre demeurent dans la répartition de l'argent public attribué à l'industrie culturelle et créé un déséquilibre dans le financement qui est actuellement concentré entre trop peu de mains. Ce financement semble être une manne lucrative pour certains, au détriment des créateurs, artistes et des artisans, qui sont au coeur de la création, de sa diversité, de sa qualité et de sa renommée, ici comme ailleurs.

La signature et le respect des ententes collectives pour l'accès au financement public

« Il est impératif que les projets ou entreprises aient l'obligation de signer et de respecter des ententes collectives avec les associations d'artistes et/ou syndicats pour recevoir du financement public. Ces ententes, collectives ou particulières, permettent d'offrir des conditions minimales de travail et de rémunération aux artistes. Elles assurent un filet social comme l'accès à un régime d'assurance collective et/ou d'épargnes pour la retraite. L'application des ententes offre également une protection juridique aux créateurs, artistes et artisans ainsi que la protection de leurs droits de création », affirme Gabriel Pelletier, président de l'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec. 

« Des ententes collectives, sectorielles et particulières peuvent être négociées pour offrir une certaine flexibilité selon la nature et la taille des productions tout en permettant de garantir des conditions de travail dignes aux artistes. L'introduction d'un formulaire ou d'une case à cocher lors des demandes de subvention pourrait constituer une solution simple, efficace et juste pour que les bailleurs de fonds s'assurent que le projet se fait en conformité avec les ententes en vigueur. Nous croyons qu'elle est facile à implanter et à faible coût. Malheureusement, elle demeure ignorée », précise Chantal Cadieux, présidente de la Société des auteur.e.trice.s de radio, télévision et cinéma.

Nous souhaiterions que la prochaine révision de la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, du cinéma, du disque, de la littérature, des métiers d'art et de la scène introduise un mécanisme forçant la création d'association de producteurs pour chaque secteur. Cela contribuerait à renforcer la transparence et le suivi de ces pratiques dans l'industrie.

Enfin, il est essentiel que l'État donne l'exemple en veillant à ce que les fonds publics soutiennent exclusivement des entreprises respectueuses des normes établies dans le secteur culturel. Cela signifie également que les producteurs doivent honorer les contrats qu'ils concluent sur les productions et qu'ils se conforment à la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, du cinéma, du disque, de la littérature, des métiers d'art et de la scène, notamment en établissant des milieux de travail sains, exempts de violence et de harcèlement.

« À cet égard, l'État et plus particulièrement la SODEC, ne devrait pas offrir des subventions à des producteurs qui n'ont pas respecté leurs obligations contractuelles et qui ne sont donc pas en règle avec les syndicats. Il en va du respect de l'argent des contribuables du Québec », ajoute Michèle Laliberté, présidente de la Guilde canadienne des réalisateurs - Conseil du Québec.

La qualité de vie des travailleurs du secteur culturels

Aujourd'hui, le secteur culturel traverse une période difficile. Les défis financiers sont grands et les impacts sur la santé mentale des artistes sont réels. La transformation des habitudes de consommation culturelle, notamment en raison des plateformes numériques internationales, y est pour beaucoup. Le nombre de travailleurs du secteur culturel contraint de cumuler plusieurs emplois pour assurer un revenu décent a triplé depuis 1990. Ils peinent à atteindre des revenus comparables à ceux de l'ensemble des travailleurs de la population active expérimentée. Selon l'Observatoire de la culture et des communications du Québec (2020), le revenu d'emploi médian des travailleurs.euses des professions artistiques était de 18 829 $ alors que celui de l'ensemble des travailleurs.euses de la population active expérimentée était de 35 823 $, un écart de 16 994 $.

« Cet écart a des conséquences réelles, affectant non seulement la qualité de vie de nos artistes, mais mettant également en péril la survie de l'ensemble du secteur culturel. Après tout, ce sont les personnes qui réalisent les films que vous visionnez, qui interprètent la musique que vous écoutez et qui écrivent les séries télé que vous suivez » souligne Vincent Seguin, président de la Guilde des musiciens et des musiciennes du Québec.

« Les défis actuels du secteur culturel nécessitent une approche collective et concertée. Il ne s'agit pas seulement de réformer les processus financiers, mais de repenser la façon dont l'industrie fonctionne dans son ensemble, en prenant compte de toutes les réalités actuelles incluant celles des artistes. Les géants de la diffusion en continu ont bouleversé la manière de produire, de diffuser et de consommer la télévision, le cinéma et la musique. La compétitivité de notre production locale est prioritaire, mais elle ne peut se faire au détriment des conditions de travail des artistes », conclut Tania Kontoyanni, présidente de l'Union des artistes.

À propos

Association des réalisateurs et des réalisatrices du Québec (ARRQ)

L'ARRQ est une association professionnelle reconnue regroupant plus de 900 membres de partout au Québec. Ces derniers oeuvrent notamment dans les domaines du cinéma, de la télévision, du web et de l'animation. Comme association, elle défend les intérêts et les droits professionnels, économiques, culturels, sociaux, moraux de tous les réalisateurs et réalisatrices du Québec. Parmi les actions vouées à la défense des droits des réalisateurs et au respect de leurs conditions de création, l'association négocie des ententes collectives, rédige et participe à l'élaboration de mémoires tout en collaborant à de nombreuses études.

Guilde canadienne des réalisateurs - Conseil du Québec (GCR Québec)

La GCR Québec est un syndicat professionnel reconnu qui compte près de 900 membres oeuvrant dans tous les secteurs, autant sur les productions québécoises de langue française et anglaise, américaines et annonces publicitaires. Ces membres proviennent de plusieurs départements et occupent des fonctions couvrant tous les domaines allant de la réalisation, de la production, de la direction des lieux de tournage à la conception artistique. Au niveau national, la Guilde est présente d'est en ouest, représentant près de 7500 membres.

Guilde des musiciens et musiciennes du Québec (GMMQ)

La GMMQ est un syndicat professionnel reconnu qui compte 3200 membres et a pour mission de faire reconnaitre la valeur de la musique ainsi que la contribution indispensable des musiciens professionnels à la société en représentant et en défendant leurs intérêts artistiques, sociaux et économiques. Elle négocie des ententes collectives et met à la disposition de ses membres un contrat type d'engagement. La GMMQ établit les conditions minimales de travail des musiciens et agit collectivement au nom de ses membres lorsqu'elle estime que leur intérêt est touché. Elle exerce aussi des activités de lobbying visant à promouvoir la musique et les musiciens auprès des instances gouvernementales et des communautés locales, nationales et internationales.

Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC)

La SARTEC représente l'ensemble des auteurs de l'audiovisuel et est reconnue pour son rôle auprès des auteurs de langue française dans le secteur du film par la Commission de reconnaissance des associations d'artistes et des associations de producteurs (CRAAAP) depuis octobre 1989. Elle est également accréditée par le Tribunal canadien des relations professionnelles artistes-producteurs comme agent négociateur exclusif des auteurs de langue française oeuvrant à la radio, à la télévision, au cinéma et dans l'audiovisuel. Sa mission s'articule autour de la protection des intérêts professionnels, moraux et économiques des auteurs de langue française et de l'amélioration des conditions d'exercice du métier par la négociation d'ententes collectives avec les différents producteurs.

Union des artistes (UDA)

L'UDA est un syndicat professionnel représentant près de 13 000 artistes regroupés au sein de quatre groupes de fonctions artistiques, soit les acteurs-actrices, les chanteurs-chanteuses, les animateurs-animatrices et les danseurs-danseuses, qui exercent leur métier dans une multitude de disciplines. Sa mission est de défendre les intérêts sociaux, économiques et moraux de ses membres, qui sont pour la plupart des travailleurs autonomes. Au coeur de ses activités se trouvent la négociation de conditions minimales de travail, la rémunération des artistes et le respect des ententes collectives.

SOURCE Union des artistes

Consulter le contenu original : http://www.newswire.ca/fr/releases/archive/December2024/02/c6082.html

Contact

Pour tout renseignement: Association des réalisateurs et des réalisatrices du Québec (ARRQ), Véroushka Eugène, Conseillère en communications et aux événements, [email protected], 438 526-4182; Guilde canadienne des réalisateurs - Conseil du Québec (GCR Québec), Michelle Arvisais, Chargée de communications, [email protected], 514 844-4084, poste 106; Guilde des musiciens et musiciennes du Québec (GMMQ), Floriane Barny, Directrice des communications, [email protected], 514 842-2866, poste 229; Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC), Isabelle Desmarais, Conseillère aux communications, [email protected], 514 526-9196, poste 229; Union des artistes (UDA), Mélodie Roy, Stratège aux communications et service aux membres, [email protected], 514 887-9356

La Dépêche du Midi
Comminges
Locale, mardi 15 octobre 2024 213 mots, p. 22

Comminges

aurignac

Théâtre musical : « L'île au trésor »

Vendredi 18 octobre, à 20 h 30, une pièce de théâtre musical « L'île au trésor » de la compagnie 9Thermidor, d'après le romain éponyme de R.L. Stevenson, aura lieu à l'Espace Saint-Michel (cinéma) d'Aurignac. Cette pièce de théâtre a reçu le prix du jury du festival off Charleville-Mézières 2021 et le prix coup de pouce du festival Au bonheur des mêmes en 2022. Le petit Jim Hawkins, qui mène une vie tranquille à l'auberge de l'Amiral Benbow, se retrouve, par une série d'aventures, en possession d'une mystérieuse carte au trésor. Aidé par ses amis, il embarque à bord de l'Hispanola, à la recherche de l'île au trésor. Jim est recruté comme mousse. Mais l'équipage se révèle être en réalité une bande de pirates... Jim et ses amis réussiront-ils à échapper aux pirates, à trouer le trésor et à rentrer sains et saufs en Angleterre ? Une histoire pleine d'aventures et de dangers où l'appât du gain peut s'avérer fatal, où l'amitié est précieuse et fragile, où l'honnêteté n'est pas toujours du côté que l'on croit... Tout public, dès 6 ans. Tarifs : 10 euros par adulte, 6 euros par enfant et tarif réduit, gratuit pour les enfants de moins de cinq ans.

Le Progrès (Lyon)
Edition de Villefranche - Tarare
Actu | ouest rhodanien, jeudi 17 octobre 2024 267 mots, p. VILL27

Amplepuis

Le show du Bistrot des Légendes avec les œuvres des artistes les plus populaires

L’équipe du comité des fêtes attend le public pour faire la fête au Bistrot des Légendes, samedi 26 octobre à 19 h 30 et dimanche 27 octobre à 12 h, salle Georges-Bourbon, pour un repas spectacle.

Le Bistrot des Légendes, c’est une bande d’une vingtaine de copains, issus de la région roannaise, qui s’amuse et vous amuse ; la troupe est animée par la passion du chant, de la musique et du spectacle en général.

Ils ont préparé trois heures de show, des chansons, des sketchs de plus de 100 artistes, pour faire revivre les grandes légendes de la chanson, du cinéma et de l’humour français. Les artistes de la troupe vont les faire revivre, le temps d’un spectacle, à travers leurs plus grands succès.

« Un tourbillon de souvenirs »

« De Bourvil à Johnny, en passant par Coluche, France Gall, Grégory Lemarchal ou encore Thierry Le Luron… Des artistes intergénérationnels, souligne la présidente Virginie Monternier. Un tourbillon de souvenirs pour un spectacle dépaysant rempli d’humour, de rires, de joie et d’émotion, à partager sans modération.  »

Le repas spectacle est au tarif de 35 € pour les adultes et 25 € pour les enfants jusqu’à 12 ans. Au menu : velouté de légumes de saison, suprême de volailles et son accompagnement, fondant au chocolat. Apéritif de bienvenue et café offert.

Ouverture des portes 19 h 30 pour le samedi et 12 h le dimanche. Réservation au 06.85.61.45.60. Date de limite de réservation dimanche 20 octobre.

Le Berry Républicain
Cher
Bourges Ouverture, mercredi 30 octobre 2024 66 mots, p. Berry-9

Avant-première.

Cinéma. Avant-première. Lundi 4 novembre, à 20 h 30, sera projeté en avant-première le dernier film d'Arnaud Lemort (Ibiza , L'Amour c'est mieux à deux), Jamais sans mon psy , au CGR de Bourges. L'humoriste et acteur Baptiste Lecaplain, qui figure au générique de ce film avec, notamment, Christian Clavier, Claire Chust et Cristiana Reali, sera présent pour assister à la projection et rencontrer le public. Payant.

La Dépêche du Midi
Aveyron
ACTUALITÉ, mardi 15 octobre 2024 253 mots, p. 17
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15 octobre 2024 - Centre Presse Aveyron

Avant les élections, la Confédération part en tournée avec sa caravane

En janvier 2025, les agriculteurs aveyronnais seront appelés aux urnes pour élire leurs représentants à la chambre. Et la Confédération paysanne ne veut pas passer à côté de ce rendez-vous qui se tient tous les six ans. « Il est temps de choisir l'agriculture que nous voulons pour l'Aveyron ! », indique le syndicat qui annonce pour l'occasion un tour du département en caravane, floquée de la célèbre couleur jaune. Avec une route déjà tracée : à Saint-Affrique le week-end du 18-20 octobre, sur le Larzac et Millau ensuite, avec une présence au marché de Nant le mardi 22, une soirée projection au cinéma le vendredi 25 pour échanger sur l'impact des changements climatiques pour les agriculteurs avec « La Théorie du Boxeur ». Viendra ensuite le secteur du Lévézou, de Marcillac, de l'Aubrac, de Rieupeyroux, de Najac, de Réquista... « Nous souhaitons porter un projet agricole radicalement différent de celui de la FNSEA, alliée de l'agro-industrie, qui nous a menés à la situation dramatique dans laquelle nous sommes aujourd'hui : pas de revenus, pas d'assurances face aux aléas climatiques, taux de suicides élevé, spirale de l'agrandissement et du surendettement pour tenter de s'en sortir et disparition de plus de 1 000 exploitants agricoles sur notre département depuis les dernières élections ! », lance la Confédération paysanne qui n'oublie pas aussi son autre rival aux élections, la Coordination rurale accusée de miser « juste sur la colère, sans proposition à moyen ou à long terme ». La campagne est lancée.

Le Télégramme (Bretagne)
mardi 1 octobre 2024 114 mots, p. 2MLX-2
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30 septembre 2024 - Le Télégramme (Bretagne) (site web)

Morlaix

Projection-débat d’un documentaire autour de l’assurance chômage ce jeudi à La Salamandre

Jeudi 3 octobre, le collectif des Inemployables organise une projection-débat autour du film « L’Effet Bahamas », de 18 h 30 à 20 h 30, à La Salamandre. Cette enquête sur la casse de l’assurance chômage a été réalisée par Hélène Crouzillat. En présence de la réalisatrice, les Inemployables donnent rendez-vous dans le hall du cinéma pour une soirée grignotage-rencontre avec des tapas cuisinées par la cantine de Morlaix.

Pratique : jeudi 3 octobre, projection-débat du film « L’Effet Bahamas » à La Salamandre, de 18 h 30 à 20 h 30. Contact : collectif des Inemployables, courriel, [email protected]

Ouest-France
Ancenis ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Châteaubriant ; Nantes Nord-Loire ; Pornic, Pays de Retz ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Nantes ; Ploërmel ; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg ; Cholet ; Pontivy ; Les Herbiers, Montaigu ; Nord-Finistère ; Orne ; Fontenay, Luçon ; Angers, Segré ; Mayenne ; Loudéac, Rostrenen ; Avranches, Granville ; Les Sables d'Olonne ; Guingamp ; Quimperlé, Concarneau ; Lannion, Paimpol ; Quimper, Centre-Finistère ; Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Sarthe ; Lorient ; Vannes ; Auray ; Saint-Brieuc, Lamballe ; La Roche-sur-Yon ; Fougères, Vitré ; Dinan ; Saint-Malo ; Rennes Sud-Est ; Rennes Nord-Ouest ; Redon ; Rennes ; Pays d'Auge ; Caen, Vire ; Bayeux, Caen
Culture - Télévision, mercredi 16 octobre 2024 422 mots, p. OF Ancenis_31
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11 octobre 2024 - Ouest-France (site web)

L’exposition Lee Miller joue les prolongations

Isabelle LÊ.

Photo. À Saint-Malo, on peut admirer jusqu’au 3 novembre une cinquantaine de photos de la reporter de guerre américaine incarnée par Kate Winslet au cinéma.

La photographe américaine Lee Miller (1907-1977) est doublement dans la lumière ces temps-ci. Elle fait l’objet d’un biopic avec Kate Winslet dans le rôle principal, en salles depuis mercredi. Et à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), une exposition regroupe cinquante-quatre de ses photos. Elle ne désemplit pas depuis l’ouverture (38 000 visiteurs) et a été prolongée jusqu’au 3 novembre pour accompagner la sortie du film.

C’est l’occasion de découvrir le parcours incroyable d’Elizabeth Miller. Égérie des surréalistes, muse de Man Ray, mannequin pour le magazine Vogue, elle vécut mille vies, le goût de l’indépendance chevillé au corps.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle est accréditée par l’US Army et prend des imagesdes bombardements allemands de Londres. Durant l’été 1944, à 37 ans, elle devient correspondante de guerre au sein de l’armée américaine. Jusqu’en 1946, avec David Sherman, photographe du magazine Life, elle suivra la 83 e division américaine.

Débarquée à Omaha Beach, elle arrive par la route à Saint-Malo le 13 août 1944. Les femmes n’étant pas autorisées à pénétrer dans les zones de combat, elle est envoyée dans la cité corsaire. Le renseignement militaire pensait que la ville avait été pacifiée.

En réalité, la bataille est toujours en cours. Munie de son Rolleiflex, Lee Miller couvre les violents combats qui conduiront à la libération de Saint-Malo, le 17 août 1944 et immortalisera les bombardements au napalm.

Le plus incroyable, c’est que ses photos auraient pu sombrer dans l’oubli. Elles ont été redécouvertes par hasard, peu après sa mort, dans le grenier de la maison familiale, en Angleterre. Un lot de feuilles dactylographiées, le récit personnel de Lee Miller du siège de Saint-Malo, est aussi mis au jour.

« L’écriture était extraordinaire, si vivante ! Je pensais lire le texte d’un grand reporter de Life Magazine. Mais c’était le travail de ma mère, avait confié Antony Penrose en juin, lors de l’inauguration de l’exposition . J’avais sous les yeux le récit de la moitié de la bataille de Saint-Malo ! »

Lee Miller, Saint-Malo assiégée, août 1944. Jusqu’au 3 novembre, chapelle de la Victoire, rue de la Victoire à Saint-Malo, intra-muros.

Cet article est paru dans Ouest-France

Ouest-France
Caen, Vire ; Bayeux, Caen
Caen Ville, mardi 29 octobre 2024 188 mots, p. OF Caen - Vire_9

Judith Godrèche à l’amphithéâtre Pierre-Daure ce soir

La Café des Images organise une rencontre avec les actrices Judith Godrèche et Guslagie Malanda, ce soir, à l’amphithéâtre Pierre-Daure de l’université.

Judith Godrèche vient présenter son court-métrage Moi aussi , dans lequel elle a réuni 1 000 personnes ayant subi des violences sexuelles, en grande majorité des femmes, parmi les 5 000 qui lui ont écrit. La réalisatrice avait lancé un appel à témoignages, après avoir accusé le réalisateur Benoît Jacquot de l’avoir violée.

S’ensuit une conversation en tandem avec Guslagie Malanda, révélée dans Mon amie Victoria de Jean-Paul Civeyrac en 2014 et confirmée dans Saint-Omer d’Alice Diop en 2022. Les deux comédiennes questionneront les représentations dans le cinéma et les rapports de force dans l’industrie du 7 e art. Elles ont choisi de présenter le long-métrage Promising young women, de la cinéaste britannique Emerald Fennell.

Ce mardi, à 20 h, rencontre avec les actrices Judith Godrèche et Guslagie Malanda, à l’amphithéâtre Pierre-Daure, à l’université. Tarifs : 5,50 € ; 4,50 € ; 2 € (étudiants).

Cet article est paru dans Ouest-France

La Provence
ALPES
ALPES; DEPART, mercredi 30 octobre 2024 171 mots, p. ALPES_001

[Une scène nationale, à quoi ça sert...]

Une scène nationale, à quoi ça sert ?

Voilà à peine plus d'un an, que Rima Abdul Malak, alors ministre de la Culture, a décidé d'attribuer le label "scène nationale" au Théâtre Durance à Château-Arnoux-Saint-Auban.

L'intégration du Théâtre Durance dans le réseau des 77 scènes nationales de l'Hexagone s'est logiquement traduite par de nouveaux moyens financiers. Ces lieux de création artistique doivent proposer au public une programmation pluridisciplinaire dans le domaine du spectacle vivant et, pour les lieux dotés d'espaces adaptés, des arts plastiques et du cinéma, reflétant les principaux courants de la production artistique contemporaine, rappelle le ministère de la Culture sur son site en ligne. Ils offrent également aux artistes des moyens pour mener à bien leur travail de recherche et de création et proposent à la population de la zone d'implantation de l'établissement une action culturelle ambitieuse et diversifiée. Ces scènes doivent par ailleurs assurer le conseil, l'orientation, la formation des professionnels et futurs professionnels qui travaillent ou se destinent à travailler auprès des artistes et de la population.

Paris-Normandie
PNTE
LOISIRS, samedi 5 octobre 2024 645 mots, p. PNTE18

HUMOUR

Ilyes Djadel à l’assaut du Havre avec son spectacle Vrai

Propos recueillis par Mélusine Lau

Ilyes Djadel a grandi à Hazebrouck, près de la frontière belge. Poussé sur scène au lycée par sa prof de français, il s’est fait un nom au sein du Jamel Comedy Club et lors de premières parties de Kev Adams. Révélé en 2022 au Marrakech du rire, il parcourt aujourd’hui la France avec son spectacle, « Vrai ».

Propos recueillis par Mélusine Lau

Comment se passe cette tournée,

la première pour vous ?

Ilyes Djadel « Très bien ! Il s’agit de mon premier véritable spectacle et de ma toute première tournée, qui dure depuis 2023 et m’a permis de passer trois mois au Palais des glaces de Paris. C’est tout simplement un rêve d’enfant ! Petit, je voyais des humoristes comme Jamel Debouzze ou Gad Elmaleh, et j’espérais pouvoir devenir comme eux. C’est un vrai kiff de pouvoir faire rigoler les gens partout en France. Je continue de tourner depuis le début de l’année et ai même pu jouer en Suisse et en Belgique. J’essaie de jouer dans des salles de plus en plus grandes, histoire de pousser un peu plus loin ce rêve éveillé… »

Sa prof de français

a changé sa vie

Vous citez Jamel Debouzze et Gad Elmaleh :

ce sont vos plus grandes influences ?

« Oui, les principales, j’ai grandi avec le Jamel Comedy Club, c’est ce qui m’a donné envie de monter sur scène. Gad Elmaleh a quant à lui ce talent de jongler entre le stand-up et le one man show. Personnellement, le stand-up est vraiment ce qui me fait vibrer : être seul avec un micro, et relever le défi de faire rire les gens… »

Cela vous tient à cœur depuis toujours ?

«J’ai toujours aimé faire rire… Ado, je faisais beaucoup de blagues en classe, jusqu’au jour où ma prof de français, Madame Leblond, m’a fait comprendre que ce n’était ni le moment, ni l’endroit pour le faire… Mais elle a alors décidé de m’emmener, avec sa petite voiture, sur une scène ouverte ! J’ai tout de suite su ce que je voulais faire, ça a été un véritable déclic. Je suis resté en contact avec elle, je lui ai même rendu hommage à Lille.

Je tenais à la remercier car elle a changé ma vie. C’est rare, ce genre de profs !»

Bientôt à l’affiche

de trois films

Quels sont vos sujets de prédilection ?

« C’est assez classique mais je m’inspire en fait de la vie de tous les jours, du quotidien… De choses suffisamment simples pour montrer que malgré nos différences apparentes, nous faisons face aux mêmes problèmes et aux mêmes joies. Qu’on soit noir ou blanc, catholique ou musulman, nous vivons tous les mêmes galères ! Je parle aussi de moi, de mes expériences… Tout ce que je raconte dans mon spectacle est vrai… d’où son nom ! »

Votre carrière commence tout juste :

comment voyez-vous votre avenir ?

« Je vais déjà avoir la chance de tourner au cinéma dans trois films différents lors des prochains mois, ce sera une super expérience, toute nouvelle. J’espère également pouvoir jouer dans des salles de plus en plus grandes, avec un public toujours plus large. J’ai la chance d’avoir un public très diversifié, de tous âges et de tous horizons. je tiens à tous les faire rire. Je souhaite continuer de passer de beaux messages, et de bons moments. C’est d’ailleurs ce que j’aimerais dire à celles et ceux qui ne me connaissent pas : « venez au spectacle, vous allez passer un très bon moment ! »

Ilyes Djadel « Vrai », ce soir à 20 h, au Carré

des Docks du Havre. Tarifs de 40 €, réservations sur www.billetterie.dockslehavre.com

Le Télégramme (Bretagne)
samedi 12 octobre 2024 627 mots, p. 19THE2

Voyage en France

Street art à Antibes avec Coul’Heures d’Automne

Janine Trotereau

Janine TrotereauSur la Côte d’Azur, entre Antibes et Nice, le street art, l’art urbain, a largement droit de cité, encouragé de toutes parts sur des espaces réservés. Et c’est réjouissant en diable.

Si les premiers murs peints apparaissent d’abord à Cannes, en 2002, il ne s’agit pas alors de street art proprement dit mais de peintures murales traditionnelles. Il faut attendre quelques années pour que celui-ci se manifeste sur la Côte et 2020 pour qu’il s’épanouisse à Antibes (06), tous les ans durant les quinze jours des vacances de la Toussaint. C’est le festival Coul’Heures d’Automne qui réunira, du 19 octobre au 3 novembre 2024, 89 graffeurs de onze nationalités différentes exécutant quelque 159 œuvres à grand renfort de bombes de toutes les couleurs. Chili, Estonie, Italie, Espagne, Moldavie, Québec, Chili, Portugal, Açores, Belgique y sont généralement bien représentés pour un festival aux saveurs internationales qui investit le tout Antibes et ses abords.

Faire le mur dans la ville

Ce street art s’est donc répandu dans toute la ville et il est très subjectif de faire le choix des œuvres en place. Car tout est à voir. C’est néanmoins une fresque XXL réalisée à la bombe par le duo de pochoiristes français MonkeyBird (soit SingeOiseau) sur le gigantesque mur aveugle d’un cinéma qui s’impose tout d’abord. Un défi en noir et blanc sur fond bleu qui confine au chef-d’œuvre pour ce « Jardin d’Eden » où singe et rapace tiennent, bien entendu, une place essentielle. Citons ensuite dans les œuvres pérennes, les « Poissons combattants » d’Ardif datant de 2020, « L’enfant élevé avec amour » de Wajah, de 2020 également, la fresque d’Olivia Paroldi effectuée en 2022, sur la crèche Pomme de pin ou ses gravures sur bois de la rue Bourgarel, les formidables peintures colorées de Tim Zdey au pont des Châtaigniers, celles de Kalouf sur les murs de la piscine municipale ou de Williann au musée de l’École. Mais aussi, nichées çà et là dans le Vieil Antibes, les mini-statuettes d’Isaac Cordal. Tous les ans également, un bus-tram et une benne à ordures sont ornementés par des graffeurs qui s’en donnent à cœur joie pour parer ces véhicules du quotidien qui parcourent la cité.

Faire la bombe à tous les coins de rue

Le graff en marche est, par ailleurs, le marqueur de la sCHOOL, le Centre d’Art urbain et musical qui prête, chaque année, 7 100 m 2 de murs aux artistes locaux pour un parcours aussi jouissif qu’éclectique. On y assiste de jour en jour aux procédés, aux styles, aux techniques et à l’évolution colorée de chacun des douze artistes maralpins sélectionnés. Mais les œuvres y sont éphémères, recouvertes l’année suivante par celles d’autres artistes. La cuvée 2023 était séduisante, mordante ou poétique notamment grâce, entre autres, à Feros91, Slin, Aroke. Art, Pika, Tsé, Sufyr, Big Ben, Clara Révillon, Kyra Wu Armor1… Gageons que cette année, les graffeurs attendus ne décevront pas.

Cerise sur le graffito, les passants, passionnés ou non de bombes de couleur mais prêts à se lancer dans l’aventure graphique, sont invités, sous la direction d’un artiste qui les initie aux techniques, à bomber une boîte éphémère dans plusieurs coins de la ville. Les enfants y sont particulièrement inventifs et enthousiastes, d’autant qu’autour d’eux, des professionnels de l’art urbain s’emparent d’autres boîtes. C’est l’opération Coul’box qui se tient tant au centre d’Antibes qu’à Juan-les-Pins.

En bref, les street artistes, confirmés ou novices, offrent aux promeneurs un véritable musée de plein air.

La Montagne
Corrèze
Tulle, dimanche 6 octobre 2024 154 mots, p. Brive-9

La saison culturelle présentée le 10 octobre

Égletons. Le Centre Culturel et Sportif présentera sa saison. En partenariat avec la mairie d'Égletons, le Centre culturel et sportif propose une soirée événement jeudi 10 octobre, à partir de 18 h 30.

Elle débutera avec la découverte de la saison culturelle de la ville d'Égletons et du CCS : les spectacles à venir, le calendrier À 19 h 30, un apéro grignotage sera partagé et suivi, à 20 h 30, par le spectacle M et Mme Poiseau , de la compagnie l'Arbre à vaches, un duo de théâtre gestuel à l'humour visuel. Le spectacle est tout public et le tarif est à prix libre.

La soirée aura lieu devant le cinéma s'il fait beau; en cas de mauvais temps, la présentation de la saison culturelle et le spectacle se dérouleront à la salle château Robert, rue de Soudeilles.

Pratique. L'actualité du CCS est à suivre sur Facebook : @centreculturelegletons.

L'Est Républicain
Edition de Montbéliard
Sortir, samedi 5 octobre 2024 121 mots, p. MONT29

Laurent Gerra se met à table

Laurent Gerra présente son nouveau spectacle à l’Axone le mercredi 9 octobre. Et quand Laurent Gerra passe à table, on sait d’avance que ce sera mitonné. Certains ne manqueront pas d’être bien assaisonnés, quand d’autres seront servis aux petits oignons… Nouvelle carte et plats signatures, il y en aura pour tous les goûts : politiques, chanson, télévision et cinéma, toutes ses cibles passeront à la casserole, même les vegans ! Ca risque d’être saignant ! L’actualité servie bien chaude, revisitée à la sauce Gerra, on en salive déjà !

Mercredi 9 octobre à 20 h. Renseignements au 03 83 45 81 60.

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Deux-Sèvres
thouars, samedi 5 octobre 2024 162 mots, p. 19

« Folie douce » : l’héritage irrésistible de Devos

Val en Vignes, France - La raison du plus fou est toujours la meilleure. Ce pastiche savoureux d’une œuvre de La Fontaine est de Raymond Devos. S’inspirer des textes de ce truculent humoriste pour réaliser une pièce de théâtre est peut-être un peu fou mais c’est pourtant le pari relevé par Roland Geairon dans son spectacle Folie douce qu’il jouera les vendredi 11 et samedi 12 octobre prochains à 20 h au théâtre des Cerisiers à Cersay.

L’absurdité humoristique, cœur de l’œuvre de Raymond Devos, portée par le personnage pour le moins décalé créé par Roland Geairon, devient une invitation à un voyage poétique et joyeux.

Folie douce est une parenthèse enchantée, un moment de rires complices, un véritable antidote à l’ennui, à savourer sans la moindre modération.

Théâtre cinéma les Cerisiers, 23, rue du Moulin à Cersay. Entrée libre. Réservation souhaitée : [email protected] ou au 06.88.10.97.37.

Corse Matin
mardi 1 octobre 2024 488 mots, p. 7

La programmation culturelle de la salle rouge enfin dévoilée

Kelly Bekkar
[email protected]

L à, on a une vraie première saison culturelle », s'enthousiasme Pierre-Xavier Prietto, directeur de l'action culturelle de la ville. Mercredi dernier, élues, acteurs associatifs et habitants ont été conviés à la salle rouge pour y découvrir la nouvelle programmation. "La salle a été fermée pendant le Covid, puis il y a eu les travaux de l'espace de Rocca Serra. C'est la première fois qu'on y propose des spectacles de septembre à mai", rappelle Dominique Verdoni, adjointe déléguée à la culture.

Hamlet, Sinfonicu Corsica, Casse-noisette ou encore un stand-up de Bérengère Krief… "Ça fait un an qu'on travaille sur cette programmation, pour proposer des spectacles variés et équilibrés, qui puissent convenir à tous les publics" , ajoute le directeur de l'action culturelle.

Si les événements artistiques du Bastion rythment la période estivale, dynamiser le territoire l'hiver reste un véritable enjeu pour la commune. "On sait que nos spectacles vont ramener du monde à Porto-Vecchio cet hiver, et apporter de la vie à notre ville. C'est aussi ça le but", explique l'élue.

Un virage à 180°

Et la commune a décidé de se saisir un peu plus de son destin culturel en créant son propre festival du livre et son premier festival du cinéma, qui ont tous deux vu le jour cette année. Ces événements inédits participent au rayonnement outre frontières de la cité du sel et donnent un coup de projecteur sur les productions artistiques locales. "Il y a eu une véritable montée en puissance de l'investissement de la commune dans le domaine de la culture", constate Pierre-Xavier Prietto. Lors de la réouverture de la salle rouge en janvier dernier, Jean-Christophe Angelini, maire de la ville, avait rappelé sa volonté de faire de la cité du sel un bastion de la culture corse…

"Dès le début de notre arrivée aux responsabilités, on a décidé d'agir sur deux axes. Dans un premier temps : former à la pratique artistique, au travers de nombreux ateliers, pour faire en sorte que le public soit formé et sache comment recevoir une œuvre. Ensuite : en dynamisant l'offre culturelle sur notre territoire", explique l'élue en charge de la culture.

Un enjeu pour

la troisième ville

de Corse

Pour le directeur, l'accès à la culture reste un enjeu pour la troisième ville de Corse, qui dispose de caractéristiques territoriales et sociales complexes : "C'est un moyen pour chacun de trouver un horizon, de pouvoir s'émanciper et de trouver une passion."

En quatre ans aux manettes, la municipalité a doublé les effectifs du service culture, en passant à seize agents, et triplé son budget par trois, pour un montant de 525 000 euros. Il s'agit d'un budget important, et "sanctuarisé" d'après la troisième adjointe, qui souhaite toutefois relativiser ces dépenses : "Avec nos événements, on génère aussi des recettes importantes avec les billetteries,ce qui permet d'équilibrer les comptes.Pour l'exposition du Bastion par exemple, on dénombre 1 000 visiteurs par jour."

L'Est Républicain
Edition de Besançon ; Edition de Montbéliard ; Edition de Lunéville ; Edition de Nancy ; Edition de Pont-à-Mousson - Toul ; Edition de Meuse ; Edition de Vesoul ; Edition de Belfort
France monde, dimanche 13 octobre 2024 139 mots, p. LUN15,EBEL15,BADU15,MONT15,EVES15,PONT15,DOHD15,NAAB15
Aussi paru dans
13 octobre 2024 - Le Bien Public Le Progrès (Lyon) Le Journal de Saône et Loire

Bio express Un Bourguignon sur tous les fronts

▶   Né en 1987 à Mâcon (Saône-et-Loire), Vincent Dedienne se passionne très jeune pour le théâtre.

▶   Il commence ses études d’arts du spectacle à Lyon puis le théâtre classique à L’École supérieure d’art dramatique de Saint-Étienne (Loire). C’est dans cette ville, à la Comédie de Saint-Etienne, qu’il débute sa carrière.

▶   En 2015, il commence à jouer son premier spectacle S’il se passe quelque chose… partout en France avant de faire un passage comme chroniqueur pour Le Supplément puis Quotidien et dans la bande des Grosses Têtes.

▶   En 2021, il présente son deuxième spectacle, Un soir de gala, en parallèle d’une carrière au cinéma dans plusieurs longs métrages et des séries télévisées. Jamais bien loin des planches, il écrit et met en scène pour les autres.

Le Télégramme (Bretagne)
dimanche 20 octobre 2024 31 mots, p. 1UNECHA

Cinéma « Charles Aznavour appartient à tout le monde »

Dans « Monsieur Aznavour », qui sort en salles mercredi, le comédien Tahar Rahim incarne de façon bluffante

le chanteur disparu en 2018. Dernière page

Le Courrier de l'Ouest
Deux-Sèvres
Thouars - le pays thouarsais, lundi 7 octobre 2024 127 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Deux-Sèvres_13
Aussi paru dans
7 octobre 2024 - Le Courrier de l'Ouest (site web)

« Folie douce » au théâtre Les Cerisiers

Vendredi 11 octobre et samedi 12, à 20 heures, le Théâtre-cinéma Les Cerisiers, à Cersay, accueillera Roland Geairon et la compagnie Le Petit Ouvrage avec son nouveau spectacle « Folie Douce ».

« Folie douce » est une proposition théâtrale à partir de textes de Raymond Devos. L’absurdité humoristique, cœur de l’œuvre de Raymond Devos portée par le personnage pour le moins « décalé » créé par Roland Geairon, devient une invitation à un voyage poétique et joyeux. « Folie douce » est un temps de rires partagés, une balade apaisante, bref un remède à l’ennui à consommer sans modération.

Entrée libre. Réservations souhaitées : [email protected] ou au 06 10 04 85 58.

Cet article est paru dans Le Courrier de l'Ouest

La Montagne
Riom
Riom, mercredi 9 octobre 2024 47 mots, p. Riom-15

Cinéma

La viouze aux ancizes

Ni Chaînes ni maîtres (Art & essai). Mercredi à 15 h.

Ma Vie ma gueule (Art & essai). Jeudi à 20 h 30.

L'heureuse élue. Mercredi à 20 h 30.

Beetlejuice Beetlejuice. Mercredi à 17 h 30; vendredi à 20 h 30.

Le Courrier de l'Ouest
Deux-Sèvres
Bressuire - le Bocage, vendredi 25 octobre 2024 194 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Deux-Sèvres_9

[BRESSUIRE...]

BRESSUIRE

Pétanque bressuiraise. L’assemblée générale aura lieu samedi 26 octobre, à 10 heures, au boulodrome, avec renouvellement du bureau.

Cerizay

Mémento. Piscine Aquadel : de 12 h à 19 h 30. Bibliothèque : de 15 à 18 h (tél. 05 49 80 07 34). France services : de 9 à 12 h, place Jean-Monnet (tél. 05 49 80 64 10). Déchetterie : de 8 h 30 à 12 h et de 14 h à 17 h 30 (tél. 05 49 80 08 97). Cinéma Le 7 e Art : « Angelo dans la forêt » à 14 h, « Chouette un jeu d’enfant » à 16 h, « Croquette le chat merveilleux » à 17 h 15, « On fait quoi maintenant ? » à 20 h 30.

Saint-André- sur-Sèvre

Concours de belote. Organisé par la société de chasse, en doublette avec annonces, samedi 26 octobre, salle l’Andrésienne. Inscriptions à 13 h 30, début du concours 14 heures. Tarif : 8 €. Ouvert à tous. Nombreux lots.

Courlay

MSA Services Poitou. Elle organise un cycle d’ateliers « autonomie numérique », salle des commissions. Première séance jeudi 28 novembre, à 10 h. Le cycle, gratuit, comprend 10 séances. Pré-inscription par téléphone vivement recommandée au 05 86 98 01 86.

L'Est éclair
EST
PAGES LOCALES, lundi 21 octobre 2024 165 mots, p. EST34

SACHEZ-LE

Nogent-sur-Seine

Nogent-sur-Seine

Activités au musée

Le musée Camille-Claudel propose différentes animations pour les enfants pendant les vacances de la Toussaint. Le mercredi 23 octobre, de 10 h 30 à 11 h 30, il s’agira, pour les enfants de 3 à 7 ans, de réaliser un portrait en modelage ; de 14 h 30 à 16 h 30, les jeunes à partir de 7 ans réaliseront à partir d’un conte populaire des esquisses, tout comme s’est inspirée Camille Claudel pour sculpter « Sakountala ».

Les 29 et 30 octobre, de 9 h 30 à 12 h et le 2 novembre de 14 h à 16 h 30, sera proposé un ciné-musée. Les enfants à partir de 4 ans s’inspireront du film d’animation vu au cinéma Lumière pour modeler des créatures qui n’effrayeront que les adultes. Le mardi 29 octobre, les jeunes à partir de 7 ans modèleront leurs petits camarades qui poseront tour à tour.

Réservations au 03 25 24 76 34.

Le Télégramme (Bretagne)
jeudi 24 octobre 2024 143 mots, p. 7LNN-PPLUNE

Plouëc-du-Trieux

Plouëc-du-Trieux Une opération repas réussie pour Les Korrigans d’Orsenna

L’amicale laïque, Les Korrigans d’Orsenna, coprésidée par Éloïse Le Foll et Virginie Gallet, a organisé une opération repas à emporter (jambon à l’os et gratin dauphinois ou couscous), en collaboration avec un traiteur de Ploumagoar. « Elle a connu un joli succès avec 239 parts vendues, se réjouissent les coprésidentes qui ajoutent : le bénéfice de cette vente permettra de financer les sorties scolaires programmées tout au long de l’année par les enseignants du RPI (Pontrieux - Plouëc-du-Trieux). Les élèves ont déjà pu profiter de séances de cinéma. L’amicale s’active pour préparer les opérations de fin d’année, avec notamment la venue du Père Noël dans les classes, et un goûter pour les enfants. »

Ouest-France
Caen, Vire ; Sarthe ; Fougères, Vitré ; Ploërmel ; Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Fontenay, Luçon ; Quimperlé, Concarneau ; Loudéac, Rostrenen ; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Saint-Malo ; Pays d'Auge ; La Roche-sur-Yon ; Angers, Segré ; Châteaubriant ; Dinan ; Cholet ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Quimper, Centre-Finistère ; Ancenis ; Rennes ; Nantes Nord-Loire ; Avranches, Granville ; Nord-Finistère ; Les Herbiers, Montaigu ; Saint-Brieuc, Lamballe ; Auray ; Lannion, Paimpol ; Nantes ; Bayeux, Caen ; Les Sables d'Olonne ; Guingamp ; Rennes Nord-Ouest ; Redon ; Mayenne ; Pontivy ; Vannes ; Orne ; Pornic, Pays de Retz ; Rennes Sud-Est ; Lorient
Culture, vendredi 4 octobre 2024 386 mots, p. OF Caen - Vire_35
Aussi paru dans
3 octobre 2024 - Maville (site web réf.)

Pierre Christin, grande plume du 9e art

Arnaud BÉLIER.

Disparition.Le journaliste et scénariste de BD aux côtésdes dessinateurs Jean-Claude Mézières et Enki Bilal, est décédé hier.

Disparition

Il a été l’un des premiers (avec René Goscinny) à donner ses lettres de noblesse au métier de scénariste de BD, à une époque où les dessinateurs régnaient en maître sur le 9 e art. Auteur d’une centaine d’ouvrages – oscillant entre dystopie et science-fiction –, Pierre Christin est décédé hier, à l’âge de 86 ans.

À l’occasion de la sortie au cinéma en 2017, du Valérian de Luc Besson, adaptation de la célèbre saga de l’agent spatio-temporel, il nous avait raconté sa rencontre avec le dessinateur Jean-Claude Mézières (décédé en 2022), dans une cave de Saint-Mandé (Val-de-Marne) lors d’un bombardement en 1944. Il y avait un gamin de mon âge, 6 ans, qui dessinait : Jean-Claude Mézières. Je regardais ce qu’il faisait et comme j’avais aussi des prétentions artistiques, j’ai décidé de me lancer et j’ai dessiné une poule. Tout le monde s’est foutu de moi, parce que je lui avais fait quatre pattes […] Ça a coupé net ma vocation de dessinateur ! 

Mézières, lui, avait poursuivi aux Beaux-Arts. Avec son copain Jean Giraud, alias Moebius (Blueberry), ils réalisaient des petites BD. Pierre Christin corrigeaient leurs fautes… Après un séjour aux États-Unis, Christin et Mézières envoyèrent leurs premières planches à Pilote, le magazine dirigé par Goscinny.

Valérian, l’anti-héros

C’est là que Valérian est né en 1967. Un personnage, pas vraiment un super-héro s » évoluant dans un space opera, sur fond de thèmes avant-gardistes : la dénonciation de la société des loisirs, la passivité devant les écrans, l’écologie, le féminisme...

Mais c’est surtout avec Enki Bilal, dessinateur français d’origine bosniaque et tchèque, que Pierre Christin donna toute sa mesure. Acide, contre la cupidité des promoteurs immobiliers (La croisière des oubliés, 1975 ; Le vaisseau de Pierre, 1976). Antifasciste avec Les phalanges de l’Ordre noir (1979), qui lui vaut une invitation à Apostrophes –une première pour un auteur de BD. Prophétique avec Partie de chasse (1983), qui annonce la déliquescence du bloc soviétique.

Grand érudit, cofondateur de l’IUT de journalisme de Bordeaux (Gironde), Pierre Christin laisse une œuvre foisonnante, au ton volontiers corrosif.

Cet article est paru dans Ouest-France

La Dépêche du Midi
Ouest toulousain - muret
Locale, lundi 14 octobre 2024 333 mots, p. 15

Muretain

Muret

Murexpo : des artistes et des oeuvres qui ont attiré les amateurs d'art

Plus de 2 000 personnes amateurs d'art sont allées admirer ce week-end les artistes de Murexpo, salle Horizon. L'association Mureth d'Art est à l'initiative de ce salon artistique, Martine Prudhomme, présidente et potière, est ravie de cette 3e édition. « Le maire de Muret, André Mandement, a fait le tour de chaque exposant et a eu un petit mot pour chacun. C'était très important pour les artistes, l'intérêt qu'il a eu à leur égard » confie-t-elle. 55 artistes professionnels d'Occitanie ont exposé pour cette 3e édition. Parmi eux, Jacques Majos, artiste peintre de Sainte-Foy-de-Peyrolières, vient pour la 3e fois à Murexpo : « C'est un salon très fascinant. Je peins à l'huile et à la spatule. Je représente des paysages, des portraits, des natures mortes. C'est vraiment du figuratif pur, traditionnel, mais exécuté à la spatule ce qui donne à la toile, une certaine énergie et une force dans les couleurs qui est intéressante. » Philippe Clicq, lui, raconte des histoires imaginaires avec le réel pour toile de fond depuis une quarantaine d'années : « Ma peinture est à l'huile, c'est de l'art figuratif qui peut se ranger dans un mouvement créé dans les années cinquante, la figuration narrative. Je suis très inspiré par l'univers cinématographique, cinéphile, j'adore les éclairages et les lumières de cinéma. » Narcisse, un visiteur passionné de sculpture, venu en quête de trouver l'objet d'art qui trônera dans son salon. « Je viens chaque année, j'aime beaucoup la sculpture qui a une âme, je me tâte encore pour acheter une oeuvre de Jennifer Court, qui représente des personnages emplis d'émotion dans le regard. » Allan, aime les arts graphiques et les graphes : « C'est la première fois que je viens à ce salon, j'ai l'habitude d'aller au salon international d'art contemporain à Toulouse (Art3F). Mais là, j'ai vu des artistes que j'admire, KZ0, Lency31 et Syl20, dont j'avais adoré l'expo Goldorak qu'ils avaient faite cet été. »

G.C.

Ouest-France
Pays d'Auge
Autour de Pont-L'Evèque, vendredi 18 octobre 2024 236 mots, p. OF Pays d'auge_13

Le Rotary organise un week-end tout en rose

Le Rotary club de Normandie organise la première édition du week-end rose de Blonville-sur-Mer et Villers, samedi et dimanche. Samedi, à 18 h 30, au casino de Villers-sur-Mer, un one woman show intitulé  La Chauve-souris, sera interprété par Caroline Le Flour, humoriste. Elle raconte avec humour son combat contre le cancer et avec authenticité et désinvolture : « Vous voulez rire de la maladie ? Ressentir à quel point il y a de la vie ? C’est par ici. »

Samedi 19 octobre, ouverture des portes du cinéma de Villers au casino à 18 h. Tarifs : 16 € ; moins de 18 ans 10 €. Réservations possibles à la Fnac ou France billet, Intermarché et système U.

Dimanche 20 octobre, Marche rose dans les marais de Blonville. À partir de 9 h jusqu’à 11 h 30. Rendez-vous place du marché à Blonville et au Passe-passe de Villers-sur-Mer. Le village d’exposants et les arrivées se font à Blonville. Un départ est prévu toutes les 30 mn. Ce n’est pas la performance qui prévaut mais l’action pour soutenir la recherche contre le cancer du sein. Le trajet est de 5 km et l’inscription est à 8 €. Les échauffements se font sous la halle de la place du marché. Les inscriptions aussi sur la place le matin même ou en ligne sur [email protected]

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Journal de Saône et Loire
Edition du Charolais-Brionnais
Actu | arroux - loire et somme, samedi 26 octobre 2024 244 mots, p. PCHR16

Gueugnon

Le festival des Contes givrés ouvre la saison culturelle

Françoise Listrat (CLP)

Sélectionnée par l’association Antipodes qui organise le festival des Contes givrés, présidée par Marie-France Marbach, les Chemins de l’itinérance, fil rouge du festival, ont conduit Vincent Pensuet, “clown mesureur” à Gueugnon, sur cette 26e édition.

La saison culturelle a ainsi débuté jeudi soir en présence d’un public enjoué d’une soixantaine d’adultes et enfants au foyer municipal. C’est autour de la parole que l’auteur, aventureux du langage, a construit ce spectacle. Seul en scène, son personnage cherche le “mètre mot”. Des variations de sens et l’utilisation d’objets détournés, comme les paniers ou les mètres de charpentier ou rubans pliés imagent les situations. Tortillant les mots, il avance dans sa quête du Râle et interroge le “comment vivre ensemble”. Il invite à « péter le cadre des mots et aimer sans mesure » après la période de « constipation verbale liée au confinement ».

À 30 ans, Vincent Pensuet a réalisé son rêve de gamin en créant sa compagnie Wonder Câline. Il investit des espaces de jeux différents, chez l’habitant, et intervient également auprès d’enfants à l’hôpital.

Prochain spectacle de la saison culturelle lundi 28 octobre au cinéma Le Danton avec Flow, film d’animation (à partir de 8 ans) qui retrace l’histoire d’un chat qui doit s’adapter à un nouveau monde.

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Deux-Sèvres
deux-sèvres, jeudi 31 octobre 2024 944 mots, p. 6

sortir

Brève

CONCERTS

• Le Vanneau-Irleau. Jeudi, à 20 h 30, à l’église Saint-Eutrope, concert de l’association Amicorde en hommage à Jean-Yves Renou. Œuvres de Pergolese, Mozart, Beethoven, Dvorak, Brahms… Vendredi, à 19 h, à la salle des fêtes du Vanneau, comédie musicale. Infos : amicorde.org

• Melle. Samedi, à partir de 20 h, au Café du Boulevard, place René-Groussard, soirée Rap sound system militant. Tarif : 5 €.

HALLOWEEN

• Beaulieu-sous-Bressuire.Jeudi, 19 h, à la salle Yves-Noirault, fête d’Halloween organisée par le comité des fêtes, en présence du magicien Kevin Nain. Entrée gratuite.

• Bressuire.Jeudi, 16 h, salle Émeraude, boum et mini-concert d’Halloween, organisé par l’association Boc’Hall et le centre socioculturel. Gratuit pour les enfants et adhérents. Tarif : 5 €, non adhérents. Contact : www.boc-hall.org

• Celles-sur-Belle. Jeudi, à partir de 19 h, à la salle des fêtes, soirée dansante Halloween avec DJ et animations. Organisée par l’APE. Entrée gratuite.

• Chef-Boutonne. De jeudi à dimanche, de 14 h à 17 h 30, au château de Javarzay, animation « À la recherche du trésor perdu de la famille Addams ». Entrée gratuite pour les enfants à partir de 3 ans ; 6 € pour les adultes accompagnants.

• Exireuil.Jeudi, dès 16 h, au 9, cité du Champ-Limousin, soirée Halloween : marché en plein air avec plusieurs exposants, boum, concours de déguisements, petite restauration…

• Largeasse. Jeudi, au Rocher Branlant, escape game de 18 h à 20 h (départ toutes les 10 minutes) et Zombie attack à 21 h. Interdit aux moins de 16 ans. Contact : 07.65.75.80.52.

• Mauzé-sur-le-Mignon.Samedi, à partir de 19 h, à la salle des fêtes, soirée « Halloween party » : concours de déguisements, animations, ateliers créatifs… Entrée gratuite.

• Niort. Jeudi, le centre socioculturel De Part et d’autre organise la fête d’Halloween dans le quartier du Clou-Bouchet. À partir de 14 h 30, accueil des familles dans la salle polyvalente, square Galilée, avec jeux, activités et gourmandises, espace maquillage et coloriage, stand photos et bar à bonbons. À 16 h, déambulation dans le quartier suivie d’un goûter en musique. Gratuit.

– Jeudi, de 10 h à 13 h et de 14 h à 17 h, au musée du Donjon, « Vacances au musée Halloween ». Aurez-vous le courage d’affronter des épreuves dans un donjon… hanté ? Des ateliers à réaliser en famille vous attendent. Venez déguisés. Sur réservation. Tarif : 5 € par famille, en plus du tarif d’entrée.

– Jeudi, à 20 h 30, au Camji, rue de l’Ancien-Musée, boom mix d’Halloween avec le duo Beat et Rature. Gratuit.

– Jeudi, le cinéma du Moulin du Roc, boulevard Main, propose quatre projections, de 14 h 30 à 20 h 30 : à 14 h 30, film d’animation Coco d’Adrian Molina et Lee Unkrich ; à 16 h 30, Gremlins de Joe Dante ; à 18 h 30, Shaun of the dead d’Edgar Wright (en VOST, interdit aux moins de 12 ans) ; à 20 h 30, Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (en VOST, interdit aux moins de 16 ans). Tarif : 5 € par film. Informations et réservations sur lemoulinduroc.fr

• Parthenay. Samedi, fête des morts mexicaine, à 20 h, salle Diff’art : bar à maquillage, autel pour les offrandes, restauration mexicaine, spectacle Neka Ma Cute ! Tarifs : 12 € ; 6 € pour les moins de 12 ans.

Saint-Loup-Lamairé. Jeudi, « la Loup’ween party » organisée par Les Loup’arts & Médi@-tech, de 14 h à 17 h 30, salle du Mirage : ateliers divers (gratuits mais inscriptions au 05.68.30.10.61 ou à [email protected]), maquillage, goûter, venir déguisé ; de 17 h à 19 h, histoires maléfiques ; à 19 h, dans le bourg, chasse aux bonbons, animations de rue… ; à 20 h 30, bal de l’effroi sous barnum. Informations 06.73.86.11.09.

• Thouars. « L’Étrange Week-end », organisé par les AJT à l’orangerie du château. Jeudi, de 21 h à 1 h, déconseillé aux moins de 12 ans ; vendredi, de 14 h à 17 h, pour les petits peureux, et de 21 h à 1 h, déconseillé aux moins de 12 ans ; samedi, de 14 h à 17 h pour tout public, et de 21 h à 1 h, déconseillé aux moins de 16 ans. Tarifs : 2 € le passage ; 6 € pass VIP.

• Villiers-en-Bois. Jusqu’au 3 novembre, de 11 h à 18 h, Zoodyssée fête Halloween. Les lutins et farfadets investissent le parc. Venez résoudre les énigmes du jeu de piste pour déjouer les sortilèges de ces créatures malicieuses. Surprises, bonbons et frissons garantis. Réservé aux moins de 12 ans. Entrée gratuite pour les enfants déguisés, moins de 12 ans. Infos : zoodyssee.fr

THÉÂTRE

• Chauray. Jeudi, vendredi et samedi, à 20 h 30, au temple, café-cabaret de l’association Les Potes aux feux de la rampe, Et maintenant : sketchs, chants, musique… Réservations : 05.49.33.04.95. Tarifs : 11 € ; 5 € jusqu’à 12 ans.

• Nueil-les-Aubiers. Les Fêt’Art présentent Tout bascule, samedi à 20 h 30, et dimanche à 15 h, à la salle Belle-Arrivée. Tarifs : 10 € pour les adultes ; 3 € pour les moins de 12 ans ; gratuit moins de 3 ans. Réservation : www.associationfetart.fr ou 05.49.65.43.14 (heures des repas).

RANDONNÉES

Saint-Varent. Samedi, sortie nature avec Bocage pays branché (lecture de paysage sous forme d’une balade) ; rendez-vous à 9 h 30, place de la mairie. Gratuit. Renseignements 05.49.81.19.04.

• Thouars. Dimanche, La Thouarsaise avec le VCT (randonnée pédestre 6, 10 et 14 km), randonnée VTT (30 et 55 km) et Gravel (50 et 80 km) ; départ dès 7 h 30 du stade de Missé. Tarifs : 6 € par personne ; gratuit pour les moins de 14 ans. Inscriptions sur place, sauf Gravel sur sport.ikinoa.com

La Voix du Nord
04ST-OMER
LOCALE, vendredi 4 octobre 2024 326 mots, p. 04ST-OMER21

Les familles Paty et Bernard touchées par une vidéo de collégiens de Lumbres

Des collégiens de Notre-Dame ont réalisé une vidéo sur le thème de la liberté, avec en filigrane l’assassinat de ces deux professeurs. Les parents de Samuel Paty et l’épouse de Dominique Bernard les en ont remerciés.

LUMBRES. Chaque année, les élèves de quatrième option cinéma du collège Notre-Dame réalisent trois gros projets en complément des vidéos qu’ils tournent pour se familiariser avec les outils, sous la houlette de leur animateur Georges Delattre. Cette année, les collégiens ont travaillé sur le thème de la liberté avec, en filigrane, un hommage aux deux professeurs assassinés Samuel Paty et Dominique Bernard. Le premier a été assassiné dans le cadre d’une attaque terroriste islamique en 2020. Il était professeur d’histoire-géographie en région parisienne. Le second, professeur agrégé de lettres modernes à Arras, a été tué pour les mêmes raisons. Il travaillait dans un lycée d’Arras.

Il ne restait qu’à trouver un texte pour la mise en forme. La Liberté de Paul Éluard a été choisi. Les élèves ont consacré un temps à la réflexion autour des scènes à réaliser. Le professeur d’arts plastiques a réalisé un puzzle de colombe de la paix. À chaque fin de strophe, les jeunes ont repris la scène finale du Cercle des poètes disparus en grimpant sur les tables.

La musique est celle de La liste de Schindler. La réalisation de la vidéo a nécessité quatre heures de tournage. Georges Delattre a contacté les parents de Samuel Paty et l’épouse de Dominique Bernard pour leur transmettre la vidéo réalisée.

« Nous avons été surpris et heureux de voir le travail des collégiens reconnu, puisque les familles nous ont envoyé des remerciements» explique l’animateur.

FRANÇOIS WAVRANT (CLP)

La vidéo est depuis en accès sur la page Facebook de Notre Dame Lumbres.

Le Progrès (Lyon)
Edition de Villefranche - Tarare ; Edition d'Oullins – Givors – Monts du Lyonnais ; Edition Ouest Lyonnais et Val de Saône ; Edition Est Lyonnais ; Edition de Lyon - Villeurbanne - Caluire
Loisirs | lyon et région, mercredi 30 octobre 2024 1163 mots, p. VILL42,VALS42,LYON42,OGML42,LYOE42

Lyon

Manu Payet à la Bourse du Travail : « Lyon, c’est l’AOC niveau comique ! »

Propos recueillis par Delphine Givord

Manu Payet remet son costume d’humoriste avec un nouveau one man show, sobrement (ou non) baptisé Emmanuel 2. 1 h 30 de rire, deux soirs de suite à la Bourse du Travail. Presque pareil en interview ! Lyon, il connaît bien, et voit la scène lyonnaise comme « l’AOC » (appellation d’origine contrôlée), c’est-à-dire le haut niveau, de l’humour.

Sur l’affiche, il pose comme sur celle du film Emmanuelle (le film érotique français réalisé par Just Jaeckin en 1974). Manu Payet parcourt les routes de France avec son dernier spectacle, son troisième one-man-show , suite du précédent, Emmanuel 2. Un spectacle encensé autant par la critique - les deux ont été nommés aux Molière de l’humour, le premier l’a eu - que par le public qui rit tout le long à gorge déployée. Dans ce nouveau show, le « Papa boomer » qu’il est devenu multiplie souvenirs, blagues et anecdotes pour ce qui ressemble à « une soirée entre potes ». Un retour à ses premières amours, après la radio, le cinéma… Ce qui ne l’empêche pas d’être à l’affiche de deux séries à sortir : Supermâles pour Netflix et La Nouvelle pour HBO Max.

Question très importante d’abord : on dit ‘‘pa-yai’’ ou ‘‘paillette’’ ?!

« Ahhhhhhhhhhhh… J’en parle dans le spectacle. À l’origine, à La Réunion d’où je viens, on prononce le T et on dit ‘‘paillette’’. C’est le nom le plus répandu sur l’île, l’équivalent du Dupont en métropole. Quand tu ne t’appelles pas Payet, tu ne peux pas comprendre, mais à force de reprendre les gens dix fois par jour, tu lâches et tu t’acclimates. C’est quand même un drame : je viens parler d’un film ou d’un spectacle et ça fait déjà cinq minutes que je suis en train de vous dire comment je m’appelle !

Morale de l’histoire, j’aurais dû prendre l’un des noms de jeune fille de ma mère : Tarby ou Lépinay. De ce côté, il y avait un cousin que j’adorais, un grand syndicaliste, véritable figure réunionnaise que tous les humoristes imitaient. Ou Dupont, ça aurait été plus simple. »

Revenons au spectacle, un one-man-show qui est d’ailleurs un retour à vos premières amours…

« C’est vrai que j’ai repris goût à la scène, vers 2016-2017. C’est mon troisième one-man-show. Pour le premier, en 2008, je n’avais pas trop aimé les tournées, tout ça, en raison de la solitude : dans le one-man-show, tu n’es pas seul que sur scène, et j’ai un tempérament mélancolique quand je suis seul. Pour Emmanuel I, j’ai réfléchi, écrit et me suis organisé différemment. Pour celui-ci, j’ai relevé le challenge de mon producteur et je suis parti dix jours seul en Espagne pour rassembler mes esprits et voir ce qu’il en restait (rires). Et me revoilà sur la route ! Le spectacle va parler de nous, à travers mon histoire, et on va passer un bon moment ensemble. »

De quoi parle-t-il ?

« Ce n’est pas un spectacle ‘‘sur moi’’ mais je parle de la paternité, de ses difficultés, de l’envie et de la peur de ne pas avoir un enfant et d’en avoir, du temps qui passe, de l’âge qui avance… Avec humour bien sûr, mais de choses qui n’ont pas toujours été drôles à vivre pour qu’elles servent aux autres, c’est la mission que je me donne. J’ai souvent eu l’impression, depuis assez jeune, que je vivais des choses parce que je devais les raconter aux autres, je suis un conteur… Je veux aussi montrer et démontrer qu’on est d’abord les mêmes avant d’être différents ou pas d’accord. Moi mon taf, c’est qu’on se calme et qu’on rigole.

Vous savez que j’ai été invité, en juin, avec une centaine d’humoristes du monde, au Vatican ! Le pape avait un message : ‘‘continuez à faire rire, le monde a besoin de se divertir et de penser à autre chose, faut faire marrer là les gars !’’ ».

Vous connaissez Lyon, quelle est votre histoire avec notre ville ?

« J’en ai mille ! J’y ai joué tous mes spectacles, dans Kaamelott, présenté tous mes films… Avec ce spectacle, j’ai déjà fait trois Bourse du Travail, ça va faire cinq. C’est merveilleux ! À Lyon, qui est quand même l’AOC niveau comique ! Ma première fois à Lyon c’était en 2008 à la salle Rameau qui n’existe plus (située rue de la Martinière à Lyon 1er , elle a fermé en 2016 et devrait rouvrir en 2026, NDLR). On me dit souvent que le public lyonnais est compliqué mais moi je dis non, il est adorable ! Je le connais, j’ai la chance de pouvoir dire ça. Et la ville aussi. Aucun autre métier ne peut se targuer de ça : on connaît vraiment bien le pays ! Dans les villes, on a toujours une boutique, un resto…

Là par exemple je viens de recevoir le bouquin de Joseph Viola (cuisinier meilleur ouvrier de France aux commandez des bouchons Daniel & Denise, NDLR) chez moi. J’adore ! J’ai passé de ces soirées à Lyon, laisse tomber ! (rires). Évidemment des trucs que je ne peux pas raconter. Je dormais à l’hôtel Royal, vers Bellecour, où j’avais ‘‘ma’’ chambre, on dînait dans un super resto qui s’appelait L’Hostel (Lyon 2e) et à la fin, ils mettaient la musique à fond, tout le monde montait sur le bar et ils mettaient le feu au bar ! ».

Qu’est-ce qui vous fait rire ?

« Dès que je scrolle sur Instagram, il m’arrive de tomber par terre, et quand ça me fait vraiment rire je sauvegarde. Il y a les mecs qui se font rire et peur entre eux sur des vidéos, comme ce gars qui pète régulièrement un câble, ou un artiste de stand-up américain qui imagine les messages que lui laisserait son chien sur le téléphone s’il avait la parole, c’est tordant.

Ce matin (mercredi dernier), Poelvoorde m’a fait marrer avec une photo : il disait ‘‘alerte, sortie du coffret DVD de mes quatre derniers films’’, avec une botte de… navets ! J’aime beaucoup Thomas VDB et je viens de voir Bill Burr (que les abonnés à Netflix connaissent bien), un comique américain en colère qui passait à Paris. À l’inverse ce qui me navre et ne me fait pas du tout rire, ce sont les gens qui ne sont pas curieux. »

Emmanuel 2 de Manu Payet, mercredi 30 et jeudi 31 octobre à 20 heures à la Bourse du Travail (Place Guichard, Lyon 3e) Il reste des places. Tarifs : à partir de 40 € Site : https://www.bourse-du-travail.com/

Sud Ouest - Lot-et-Garonne
Sortir en Lot-et-Garonne, jeudi 10 octobre 2024 234 mots, p. 26

«Canopée», entre seul-en-scène et concert solo

Annabel Perrin

Boris Vigneron a écrit et mis en scène ce spectacle, qu’il joue sans partenaire, si ce n’est ses machines de musique électro. Celles-ci tombent en panne et tout déraille

Villeneuve-sur-Lot

Concert, numéro de cirque, one man show… Nul ne saurait dire comment qualifier «Canopée», spectacle insolite que propose le comédien, musicien et acrobate Boris Vigneron. Ce dernier vient poser cet ovni, ce vendredi 11octobre, sur la scène du théâtre Georges-Leygues, à Villeneuve-sur-Lot, à 20h30. Grand favori de la saison pour Dimitri Baquet, le directeur du théâtre, «Canopée» met en scèneNorenjiv, musicien chanteur dans son concept électro… qui déraille.

Dans les premiers temps, tout paraît normal. L’artiste se présente comme une star du chant et de la musique électronique (à mi-chemin entre Michael Jackson et les Daft Punk). Mais très vite, ses machines plantent et le spectacle vire au malaise. Peu à peu, l’image et l’ego de l’artiste se délitent, laissant place à l’homme… Un parcours insolite, à l’image de celui de son créateur, passé par le cirque, la gymnastique, l’équipe de France de saut acrobatique, le cinéma et la télévision.

Vendredi 11octobre à 20 heures.

À partir de 10ans. Tarifs: de 6 à 20euros. Réservations sur le site https://ville-villeneuve-sur-lot.notrebilletterie.fr/ ou au 0553404949.

Le Courrier de l'Ouest
Deux-Sèvres
Deux-Sèvres dep, samedi 12 octobre 2024 168 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Deux-Sèvres_3

Des idées pour occuper votre dimanche

Moncoutant

Festival Voix & danses – atelier Circle Song. De 10 à 12 heures, salle Bel-Air, avec Emilie Bedin. Il s’agit d’une discipline chantée et improvisée en cercle, démocratisée par Bobby Mac Ferrin. Tarif : 10 €. Contact au 06 17 01 10 53.

Festival Voix et danses – documentaire. De 15 à 16 h 30, cinéma Le Stella, « Le chant des vivants ». Dans l’Aveyron, la journaliste Cécile Allegra a créé un atelier pour permettre à des migrants d’évoquer en chanson les souffrances endurées pendant leur périple. Tarif : 5 €.

Niort

La compagnie « Les Pieds dans l’Ô » joue sa toute nouvelle création « diabÔlÔ » pour les enfants et toute la famille, à 15 heures au Patronage laïque. Tarifs : à partir de 8 €.

Après-midi guinguette swing avec l’association niortaise de danses Virevolte, de 15 à 19 heures, au Magic Flonflon. Gratuit.

Tournoi de chiffres et lettres, de 9 h 15 à 17 h 30, salle des fêtes de Sainte-Pezenne. À partir de 6 €.

Ouest-France
Saint-Nazaire, La Baule, Guérande
La Baule - Presqu’île, mercredi 30 octobre 2024 145 mots, p. OF Saint-Nazaire - La Baule - Guérande_16

Le lac des cygnes sur grand écran au Gulf-Stream

C’est un incontournable du répertoire de ballet classique. Le lac des cygnes, créé par Marius Petipa et Lev Ivanov sur la musique de Piotr Ilich, Tchaïkovski, était à l’affiche de l’opéra national de Paris la saison dernière, dans la chorégraphie de Rudolf Noureev. Il sera retransmis, en différé, au cinéma Gulf-Stream, dimanche 10 novembre.

Héloïse Bourdon, dans le rôle du cygne noir, est éblouissante. Elle reprend le double rôle Odette/Odile dans lequel elle a brillé pour la première fois il y a neuf ans. Avec une absolue liberté dans sa danse, son Odette est une reine ! Marc Moreau, en Siegfried, est également remarquable.

Dimanche 10 novembre, à 16 h, au Gulf Stream, 52, avenue du Général-De Gaulle, durée deux heures vingt-cinq, 19 € / 16 €.

Le Courrier de l'Ouest
Cholet
Cholet, jeudi 31 octobre 2024 213 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Cholet_5
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30 octobre 2024 - Le Courrier de l'Ouest (site web)

Un one-man show et une comédie au Balcon du 1er au 3 novembre

« Normal n’existe pas ». C’est le titre du one-man show que jouera William Pilet, ce vendredi (21 heures) au café-théâtre Le Balcon à Cholet. Ce spectacle qui allie humour absurde à la sauce anglaise et comique d’accessoires est une véritable ode à la différence. William Pilet vous promet de vous guérir du regard des autres à travers son talent. Tarif : de 18 à 23 euros.

Le week-end de Toussaint se poursuivra sur cette même scène par une comédie, « L’Abribus », samedi (21 heures) et dimanche (17 heures). Le public assistera à la rencontre improbable d’une star de cinéma hyperactive, hypocondriaque et hystérique avec un apiculteur solitaire et nonchalant. Un jour d’orage, Isa tombe en panne en pleine campagne, perdue au milieu de nulle part. Elle qui n’aime rien tant que la frénésie de sa vie parisienne et ses projets avec  beaucoup d’argent en jeu  se retrouve contrainte d’attendre l’arrivée hypothétique d’un bus, en compagnie d’Éric, un apiculteur amoureux de la nature et du calme qui l’environne. Tarifs : de 16 à 21 euros.

Pour ces deux spectacles, réservations sur www.lebalcon-cholet.com.

Cet article est paru dans Le Courrier de l'Ouest

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Loir-et-Cher
le blaisois, samedi 5 octobre 2024 330 mots, p. 13

Brève

41350 Vineuil, France - chailles

> Exposition.La municipalité présente une exposition itinérante du conseil départemental, « En route vers Paris 2024 ! », dans la salle des mariages de la mairie. Cette exposition, consacrée à l’histoire de l’olympisme, se tiendra du lundi 7 octobre au jeudi 24 octobre, aux heures d’ouverture de la mairie.

vineuil

> Journées France services. À l’occasion de la 4 e édition des Journées France services, un programme particulier est proposé à la mairie de Vineuil du 7 au 11 octobre. Le conciliateur de justice recevra sur rendez-vous, lundi 7 et mercredi 9 de 9 h 30 à 11 h 30. La Ligue contre le cancer échangera autour de la maladie mardi 8 de 9 h 30 à 12 h et proposera un atelier Octobre rose sur le thème du dépistage le jeudi 10 de 10 h à midi. L’UFC Que Choisir sera présente le lundi de 14 h à 17 h, le conseil départemental le mardi 8 de 14 h à 17 h sur l’autonomie des personnes âgées, la CPAM, l’Adil 41 (conseils juridiques et fiscaux) le mercredi après-midi, le conseiller numérique le jeudi 10 après-midi. Le vendredi matin, l’Union départementale des associations familiales (Udaf) de Loir-et-Cher tiendra un stand et l’après-midi, le centre des impôts répondra en visio aux questions du public.

> Cias du Blaisois. Lundi 7 octobre, Comme au cinéma,  Mystère à Venise  à partir de 20 h ; mardi 8, Caf’thé créatif de 14 h à 16 h 30, shiatsu assis de 14 h 30 à 16 h 30 ; mercredi 9, Randonnettes de 10 h à 11 h ; jeudi 10, accompagnement numérique individualisé de 9 h à 12 h, Art floral de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h ; vendredi 11, la ludo à emporter de 16 h 30 à 18 h, karaoké à 19 h 30. Renseignements au 02.54.45.54.70 ou sur [email protected] ou ciasdublaisois.fr

L'Union (France)
SOI
PAGES LOCALES, vendredi 18 octobre 2024 824 mots, p. SOI15
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17 octobre 2024 - Courrier picard

culture

La fantaisie du stand-up gagne les scènes de l’Oise

Marielle Martinez

oise La verve agile de ces seuls en scène séduit un nouveau public dans des lieux improbables : le Stadium, entre complexe sportif et bar, Charlie’s corner, le restaurant de l’Ibis de Compiègne ou encore Le Tigre, un hangar militaire reconverti à Margny-lès-Compiègne.

Marielle Martinez

L a prochaine fois, on sera plus nombreuses. » À la sortie du Stadium, un complexe sportif ouvert il y a deux ans à Compiègne, ces quadras ont encore le sourire aux lèvres. Annie, qui a apprécié le stand-up sur des scènes parisiennes et amiénoises, a convaincu ses complices d’en découvrir un échantillon. Un show au dispositif minimaliste : une mini-arène, constituée de tables de bistrot et de canapés moelleux, et au centre de laquelle est tendu un micro.

Ce soir-là, défilent Mathilde Abassi, une trentenaire « inoffensive », qui joue du largage de son métier d’ingénieur pour celui de saltimbanque, « du jour au lendemain » (le titre de son podcast), Aubin Dala, qui joue de son physique de coach sportif à tresses afro (« si vous ne riez pas à mes blagues, c’est que vous êtes raciste ! »), Joëlle Gewold, qui joue de son accent typé Jane Birkin, pour tenter l’humour juif, et Avril qui joue avec le phrasé maternel, forcément, « passif-agressif ».

« Très urbain à l’origine, il est en train

de se diffuser

sur tout le territoire »

Romain Julliard, créateur

du Théâtre à moustaches

« On s’est laissé tenter », confient Corinne et Dominique, un couple de sexagénaires, adeptes du cours de salsa annulé ce mardi pour faire place aux comédiens. Leurs voisins, Thibaut, 32 ans, et Franck, 50 ans, sont au contraire des fans assumés. « On en voit beaucoup sur les réseaux sociaux et depuis un an, nous allons chaque mois au Théâtre à moustaches. Leur MC, le maître de cérémonie, qui chauffe la salle, est excellent. Il improvise totalement. Le stand-up, c’est aussi cette interaction avec le public », se réjouissent les deux amis, qui se sont placés prudemment au deuxième rang.

Ballons de rouge et planches de charcuterie devant eux, les spectateurs donnent leur verdict d’un rire franc et (parfois) d’un silence gêné. « Ce sont des shows un peu fragiles, parce que des gens peuvent parler dans le fond », confie Joëlle Gewold, qui sera MC, au Stadium et au Charlie’s corner, le restaurant de l’hôtel Ibis, pour les prochaines sessions compiégnoises du Carton Comedy Club.

Ce réseau, créé en janvier 2022, par 14 associés, a à son actif 350 spectacles itinérants l’an passé. Les programmateurs démarchent de nouvelles adresses et proposent des dates aux 174 humoristes inscrits dans leur répertoire. « Ce sont souvent des bars, des petits théâtres, mais aussi des hôtels ou des bowlings , détaille Ulrik, qui a exploré les terres picardes. Avec le Jamel comedy club (NDLR, initié par Jamel Debbouze en 2006), le stand-up s’est fait connaître très doucement en France. Aujourd’hui, à Paris, on est proche de la saturation. Le genre a connu un crash il y a dix ans aux États-Unis. Alors que dans les régions françaises, beaucoup de monde est attiré. Dans des petites villes de Vendée, on fait des jauges à 150 ! »

Pour Romain Julliard, créateur du Théâtre à Moustaches, à Compiègne, « le stand-up connaît actuellement un pic de développement. Très urbain à l’origine, il est en train de se diffuser sur tout le territoire. Il atteindra un jour sa limite comme avant le cabaret ou le café-théâtre. » Sa salle de 120 places, aménagée dans l’ancien cinéma des Dianes, en a intégré à son programme une fois par trimestre il y a deux ans, puis une fois par mois depuis un an. La raison ? « L’engouement du public. La salle est complète à chaque fois. »

Mathieu Madénian et Oldelaf au Tigre

Le Moustaches Comedy Club n’invite que trois artistes par soirée. « Chacun a 20 mn, le temps d’installer son univers. Ils ne sont pas expédiés comme dans certains lieux parisiens, où ils doivent faire leurs preuves en 5 mn. » Ces « stand-uppers » sont issus du réseau de Rictus production. Avec ce même partenaire, Romain Julliard change d’échelle pour la scène du Tigre, à Margny-lès-Compiègne, ce vendredi 18 octobre. « L’Impérial du rire, c’est le premier événement d’humour monté dans l’Oise, promeut-il. Il est bâti sur le même principe que le Moustaches Comedy Club, mais avec une plus grande envergure et des artistes d’une plus grande notoriété. »

Pour cette première édition, six humoristes sont au rendez-vous : Mathieu Madénian, Oldelaf, Alexandra Pizzagali, Yann Stotz, Laurent Arnoult et Julie Villers. Dès la semaine dernière, 500 réservations étaient déjà enregistrées. Preuve s’il en est de l’appétence du public pour ces langues bien pendues, qui jouent de l’autodérision et s’amusent de nos petits travers.

La Nouvelle République des Pyrénées
Tarbes
Locale, vendredi 18 octobre 2024 227 mots, p. 14

Lourdes pays

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18 octobre 2024 - La Dépêche du Midi

Saint-Pé-de-Bigorre

Halloween avec l'école Sainte Elisabeth

L'Apel de l'École Sainte-Élisabeth vous invite à célébrer Halloween samedi 26 octobre, avec une journée festive et familiale. De 13 heures à 18 heures, grand vide-grenier des enfants avec des jouets, des vêtements, des articles de puériculture... C'est l'occasion idéale de faire de bonnes affaires avant Noël. Inscriptions par mail à [email protected] ou auprès de Charlotte au 06 79 66 39 26. Emplacement à 2 € (apportez vos tables). Buvette, crêpes et soupe à la citrouille (à emporter avec vos contenants) seront également disponibles toute la journée.

À 18 heures, Citrouillade d'Halloween avec de nombreuses animations : chasse aux monstres, concours de citrouille, place des Arcades, et concours de déguisement, en solo ou en famille, avec plus de 400 € de lots à gagner, dont une séance rando photo en famille ! Le soir, salle des Clabetes, profitez d'un délicieux repas (13 € et 8 € pour les enfants) sur place ou à emporter (flan carotte, tajine poulet, dessert : banoffee), suivi à 21 heures d'une soirée cinéma pour les enfants avec la projection de « Hôtel Transylvania 4 ». De 13 heures à 20 heures : vente de soupe à la citrouille, sur réservation (3,50 € le litre, apportez vos contenants). Réservation obligatoire aux mêmes contacts que le vide-grenier.

Tous les bénéfices seront reversés pour soutenir les projets de l'école.

L'Indépendant
NARBONNE_IN
mardi 15 octobre 2024 216 mots

Du lyrique à la Rominguière

Un quatuor d'exception pour un concert d'exception avec un programme magnifique allant d'Haydn à Mozart en passant par Beethoven et Tchaïkovski. « Grande sensibilité musicale... Une voix impressionnante, riche, elle a un vrai diamant dans la gorge... Un moment qui a apporté de la joie et de l'émotion », entendait-on dans l'auditoire fourni à la sortie du concert. « Trois basses en velours pour une voix d'or ». Une grande satisfaction aussi pour le premier magistrat, Édouard Rocher, et l'adjointe à la culture Cathy Boutié qui se félicitaient de la qualité de ce nouveau rendez-vous culturel municipal : « Le genre est complètement différent des précédentes manifestations culturelles locales, c'est un éclectisme voulu, après du cirque, un festival de théâtre, un festival de jazz, voici du lyrique. Et quel lyrique ! Un grand merci à ce quatuor exceptionnel qui rend avec bonheur la musique classique et l'art lyrique accessibles à un grand public. Il y avait des mélomanes mais aussi des novices et tout le monde a très sincèrement applaudi. C'est un espace d'échange important ». Ulrike Van Cotthem se produira prochainement à Pézenas (Tête-à-tête en quartet, 19 octobre), Saint-Pons-de-Mauchiens (Arpèges et Vocalise, 24 novembre), Saint-Chinian (Le piano fait son cinéma, 19 janvier)...

L. H. Trois basses et une voix en velours ont aussi magnifié les lieux. L.H.

L'Est Républicain
Edition de Besançon
Sortir, mercredi 23 octobre 2024 453 mots, p. DOHD31

Besançon

« Pour moi, faire rire quelqu’un, c’est la plus belle chose sur Terre »

Inès Reg sera en spectacle à Micropolis vendredi 25 octobre. Pour elle, l’humour est une histoire de famille. « Pour moi, faire rire quelqu’un, c’est la plus belle chose sur Terre, le faire devant des salles entières et entendre des milliers de rires, c’est incroyable à vivre », explique-t-elle.

Le vendredi 25 octobre à 20 heures, à Micropolis-Besançon, se produira l’humoriste Inès Reg avec son deuxième spectacle « On est ensemble ».

La Parisienne s’est révélée en 2019 avec un passage au Marrakech du rire. Elle a ensuite réalisé sa première tournée avec le one woman show « Hors Normes », pour lequel elle a réussi à remplir Bercy. Une première pour une humoriste réalisant son premier spectacle.

« J’ai tout de suite rêvé être à leur place un jour »

Pour Inès Reg, l’humour est une histoire familiale. « Toute petite, ma mère m’amenait au théâtre, à des spectacles et des one man shows », confie Inès Reg. Monter sur scène, c’était le rêve de la Francilienne. « Quand j’ai vu les spectacles de Jamel Debbouze, Gad Elmaleh ou encore Florence Foresti, j’ai tout de suite rêvé être à leur place un jour », ajoute l’humoriste.

« On est tous les mêmes, on se reconnaît tous dans des histoires »

Dans son premier spectacle, Inès Reg parlait de son parcours et de sujets dans lesquels un grand nombre de personnes pouvait se reconnaître. « Pour moi, faire rire quelqu’un, c’est la plus belle chose sur Terre, le faire devant des salles entières et entendre des milliers de rires, c’est incroyable à vivre », rajoute Inès Reg.

« On est ensemble », c’est un one woman show dans lequel Inès Reg improvise énormément. « On est ensemble », cela signifie « qu’on est tous les mêmes, on se reconnaît tous dans des histoires et on vit la même vie, avec des petits tracas et de meilleurs moments. Inès Reg nous dit qu’elle trouve souvent l’inspiration en vivant.

« Dans les moments difficiles, c’est compliqué de rire, mais quelque temps plus tard, quand on raconte l’histoire, on en rigole. En fait, le rire, c’est la meilleure des thérapies pour évacuer ».

Entre la scène et le cinéma, pour Inès Reg, il n’y a aucun débat possible. « J’aime la scène pour sa véracité. La scène ne ment pas, dans un film on peut faire plusieurs prises et tricher. En direct, les gens ne rient jamais pour faire plaisir, faire vibrer une salle par les rires, c’est plus compliqué ».

Le Télégramme (Bretagne)
lundi 7 octobre 2024 215 mots, p. 6AUR-BELLE1

Le Palais

Le Palais Un succès spectaculaire pour l’ouverture de la saison

La compagnie Circocéan, basée à Belle-Ile, a proposé un beau spectacle pour l'ouverture de la saison de l'espace culturel Arletty, à Palais.

C’est à l’extérieur de l’espace culturel Arletty que s’est déroulé le premier spectacle de la nouvelle saison culturelle 2024-2025, avec une exclusivité de la compagnie Circocéan basée à Belle-Ile, fondée par des anciens artistes du Cirque du Soleil (Jef Odet et Marion Verd).

« Vacarme en catimini », c’est la rencontre de trois univers différents : trapèze, équilibre et sangles aériennes, et jonglage. Le tout accompagné de deux musiciens (clavier et saxophone + batterie et chants).

Avec plus de 520 personnes aux deux représentations, jeudi 3 et vendredi 4 octobre, il s’agit bien d’une rentrée pour le moins réussie ! Les spectateurs rencontrés à la sortie parlaient pour beaucoup de « moments extraordinaires, fabuleux, superbes »…

Les prochains rendez-vous

Dès le 24 octobre, place au théâtre avec « La Chienlit » de la compagnie Grand Colossal Théâtre. Puis, du 8 au 10 novembre, le Mois du documentaire fera étape à Belle-Ile, en partenariat avec les Tempestaires, la bibliothèque du Génie et le cinéma Le Petit Bal Perdu.

La Nouvelle République des Pyrénées
Tarbes
Locale, jeudi 3 octobre 2024 307 mots, p. 8

Grand tarbes

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3 octobre 2024 - La Dépêche du Midi

aureilhan

Sur un ECLA d'ouverture de la saison culturelle, vendredi

Le maire, Emmanuel Alonso, accompagné de Suzan Dewan conseillère municipale déléguée à la politique culturelle, Laurie Laporte présidente de la MJC, Frédéric Esquerré directeur du Parvis scène Nationale Tarbes-Pyrénées ont présenté la saison culturelle 2024-2025 qui ouvrira ses portes ce vendredi à partir de 19 h au parc de l'ECLA.

M. Alonso a tout d'abord rappelé le rôle de phare culturel joué par l'Espace Culture et Loisirs d'Aureilhan (ECLA), lieu d'accueil de la Culture à Aureilhan, avant de revenir sur la volonté de l'équipe municipale de diversifier toujours un peu plus l'offre culturelle. Mme Dewan a mis en avant deux des quatre engagements de la saison culturelle : la proximité avec des équipements structurés, la qualité de la programmation.

Mme Laporte a souligné que la MJC, en partenariat avec la Ville d'Aureilhan, a programmé 19 événements. Mentionnant également une mission de programmation scolaire, avec 9 représentations qui seront jouées cette année, choisies en commun avec les enseignants. M. Esquerré a précisé que le Parvis présentera quatre spectacles plus une découverte au monde artistique avec les élèves des écoles élémentaires.

Le rideau culturel se lève.

Musique, concerts, théâtre, spectacles, conférences et cinéma seront d'actualité tout au long de cette nouvelle saison culturelle. Aussi quatre séances du Ciné-Club d'Aureilhan viendront compléter une programmation riche en découvertes sur le repère culturel de l'ECLA.

Lors de la soirée d'ouverture de ce vendredi 4 octobre à 19 h, la musique Live et danse Funk, « Street soul train » et l'exposition d'Emma Moreau ouvriront le premier bal de la saison. Par le chanteur beatboxer Wab et la « Compagnie Etincelles », Street soul train c'est l'envie de partager l'énergie vibrante de la musique Fun et la chaleur de la danse Hip-Hop Locking.

Rendez-vous vendredi à l'ECLA, entrée gratuite.

JBD

L'Indépendant
CATALAN_IN
jeudi 3 octobre 2024 214 mots
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2 octobre 2024 - L'Indépendant (site web)

AU PIED DE LA MASSANE

CINÉ FORUM Les Amis de cinémaginaire vous convient à leur prochain ciné forum,

jeudi 3 octobre à 19 h, au cinéma Jaurès. Au programme, le dernier film de José Trueba, cinéaste espagnol Septembre sans attendre (Volvereis) , une comédie dramatique réalisée en 2024 (1 h 54). Ce film a été présenté à la Quinzaine des cinéastes au Festival de Cannes 2024. Après la présentation du film, puis sa projection, repas tiré du sac (dans la salle du foyer) et débat.

THÉÂTRE Pour le lancement de la nouvelle saison festive et culturelle 2024-2025, la création de Jean-Philippe Daguerre présentée au Festival off d'Avignon Du charbon dans les veines sera proposée

samedi 5 octobre à 20 h 30, à l'espace Jean-Carrière. Plongez dans l'univers des mines de charbon du nord de la France, en 1958, à Noeux-les-Mines. Suivez l'histoire de Pierre et Vlad, deux amis inséparables qui partagent leur vie entre la mine, l'élevage de pigeons voyageurs et leur amour pour l'accordéon, au sein d'un orchestre mené par le charismatique Sosthène. Mais l'arrivée de Leila, jeune musicienne marocaine, viendra bouleverser l'équilibre de cette petite communauté... A 19 h 45, présentation de la saison 2024/2025. Gratuit sur réservation. https://boutique.ville-argelessurmer.fr/concert/du-charbon-dans-les-veines Du charbon dans les veines. PHOTO GRÉGOIRE MATZNEFF

Le Journal du Centre
Nièvre
Clamecy, vendredi 11 octobre 2024 602 mots, p. JDC-21

Copieuses vacances à l'espace social

La Toussaint se précise et les accueils de loisirs sans hébergement (ALSH) de Clamecy et Coulanges-sur-Yonne ont encore concocté un beau programme, avec de nombreuses activités proposées aux enfants, durant ces vacances d'automne. Il débutera lundi 21 octobre pour s'achever jeudi 31 octobre, avec pour thème unique la magie, grâce au coordinateur enfance jeunesse, Thomas Guyot-Sionnest, et au directeur de l'ALSH, Kévin Lavergne.

« L'idée, c'est de permettre aux enfants de préparer un spectacle de magie. Nous allons également nous raccrocher à des activités ponctuelles », souligne le directeur de l'Espace social, Patrice Millot. L'espace social va s'associer à un atelier créatif, organisé par la médiathèque, autour d'Halloween, mercredi 23 octobre, de 14 h à 16 h 30, dans la salle de la ludothèque.

À suivre aussi : « Cours, grimpe, saute dans les structures gonflables avec Jump'air ». Cette activité sera organisée par Grégory Gras, jeudi 24 octobre, à la salle polyvalente de Clamecy.

Un atelier baby-gym sera également proposé pour favoriser l'éveil ludique des plus petits : pour les 3 à 6 ans, mardi 29 octobre, de 10 h à 11 h, pour Clamecy, et de 15 h à 16 h, pour Coulanges-sur-Yonne.

Des ateliers création de potion magique auront lieu, au château du parc Vauvert, ainsi qu'un grand jeu : À la quête du joyau magique. Les inscriptions (tarifs variables) sont ouvertes, ils restent encore des places, auprès de l'espace social des vaux d'Yonne, au 03.86.24.44.19 ou par mail à [email protected].

Les ados seront bien occupés

Pour les ados (12-17 ans), le programme des vacances d'automne 2024 s'annonce tout aussi conséquent.

Lundi 21 octobre : bilan du séjour en Espagne, à Guérigny, visionnage des films et photos du séjour (uniquement pour les jeunes qui ont participé au séjour), de 9 h à 17 h 30. Prévoir un pique-nique. 2 ? la journée.

Mardi 22 octobre : journée cohésion séjour skate, organisation et préparation au local des ados (uniquement pour les jeunes qui participent au séjour à Dijon), de 9 h à 17 h 30. 3 ? la journée.

De mercredi 23 à vendredi 25 octobre : grande sortie skate et mobilité à Dijon. Au programme : transport en train, hébergement à Ethics étapes, street food, skatepark indoor, cinéma, karting indoor, laser game et bowling. Tarifs : de 25 à 50 ? selon les catégories.

Lundi 28 et mardi 29 octobre : cuisine et jardin. Matin : atelier cuisine. Après-midi : jardinage à la régie agricole de la mairie, avec la mise en place d'un potager bio ados, au parc Vauvert, avec l'aide d'un maraîcher municipal, de 9 h à 17 h 30. 3 ? la journée. Douze places par jour.

Mercredi 30 et jeudi 31 octobre : sortie Nigloween en contrepartie des chantiers jeunes de cet été (réservée aux jeunes qui ont effectué ces chantiers). Mercredi : départ de Clamecy, à 7 h 30, devant Agora Fit. Entrée au parc, de 10 h 30 à 18 h. Prévoir pique-nique. Jeudi : journée au parc, de 10 h à 17 h 30. n Christophe Belhomme

Contact. Inscriptions : Espace social des vaux d'Yonne, château du parc Vauvert, 03.86.24.44.19 ou 07.88.71.48.00 ou [email protected]

Des départs. Des changements de gouvernance ont été enregistrés récemment au sein de l'espace social des vaux d'Yonne. À l'issue de l'élection du bureau, le 13 septembre, une nouvelle présidente a été élue. La Clamecycoise Aliette Delaroche, retraitée, jusque-là vice-présidente, succède à Béatrice Gaudin qui ne se représentait pas. Patrice Millot, directeur, va faire valoir ses droits à la retraite. Il quittera la structure au 1 er novembre. Il compte intégrer à terme l'équipe de la Fédération des centres sociaux.

Le Courrier de l'Ouest
Deux-Sèvres
La Gâtine, mardi 22 octobre 2024 216 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Deux-Sèvres_11

[Amailloux...]

Amailloux

Mairie. Fermée du lundi 28 octobre au samedi 2 novembre.

Saint-Pardoux- Soutiers

Cinéma. « Les Barbares » jeudi , 20 h 30. «Moi, moche et méchant 4» jeudi , 15 heures, salle du foyer rural, Saint-Pardoux. Tarifs : 6,50 €, réduit 5 €. Contact : 06 75 75 53 30.

Doux

11 Novembre. Rassemblement à 10 h 45 place Saint-Martin pour la cérémonie patriotique au monument aux Morts.

La Ferrière- en-Parthenay

11 Novembre. Rassemblement à 10 heures à La Ferrière-en-Parthenay. Repas à midi à la salle des fêtes de Saurais au prix de 20 €. Inscriptions jusqu’au 4 novembre au 06 12 43 58 62.

Saurais

11 Novembre. À Saurais, rassemblement à 11 h 30 devant la mairie. Un repas est proposé à la salle des fêtes de Saurais au prix de 20 €. Inscriptions jusqu’au 4 novembre au 06 12 43 58 62.

Thénezay

Spéciale Halloween. La bibliothèque organise une animation spéciale Halloween samedi, à partir de 10 heures. Au programme : de 10 heures à 11 heures , les loups-garous envahissent la bibliothèque, jeu de société à partir de 9 ans, 12 places. De 11heures à 12 heures, petites histoires qui font peur ou pas ! Gratuit et ouvert à tous. Venez déguisé si vous le souhaitez. Renseignements et réservation au 05 49 63 19 56 ou par mail ([email protected]).

Ouest-France
Saint-Lô, Coutances, Cherbourg
Carentan-St-mère-Eglise, samedi 26 octobre 2024 165 mots, p. OF Saint-Lô_12

Baptiste Lecaplain est invité au festival des Égaluantes

« Je suis très honoré de venir en tant que Normand, en tant que Bas-Normand. Je suis d’Avranches mais ça vous le savez… » Dans une vidéo totalement déjantée publiée sur les réseaux sociaux Instagram et Facebook, l’humoriste Baptiste Lecaplain annonce sa venue au festival de cinéma Les Egaluantes, samedi 23 novembre 2024 pour l’avant-première du film Jamais sans mon psy, d’Arnaud Lemort.

Il y partage l’affiche avec Christian Clavier. Ce dernier ne sera pas présent aux Egaluantes, prévient Baptiste Lecaplain, un Christian Clavier en carton dans les mains : « Il déteste la Normandie, c’est une histoire très compliquée de bulots pas frais à Trouville ». L’humoriste, lui, se dit « très content de revenir à la casa ».

La 9 e édition des Egaluantes aura lieu du jeudi 21 novembre au dimanche 24 novembre. Outre Baptiste Lecaplain, les organisateurs ont notamment annoncé la présence de Clara Luciani, Grégoire Ludig, Alex Beaupain.

Cet article est paru dans Ouest-France

L'Indépendant
CATALAN_IN
jeudi 17 octobre 2024 350 mots
Aussi paru dans
16 octobre 2024 - L'Indépendant (site web)

SOUS LES MICOCOULIERS

NUMÉRIQUE Lundi 21 et jeudi 24 octobre de 14 h à 17 h à la médiathèque, permanence du Service départemental inclusion numérique. Aide au quotidien pour les démarches et l'apprentissage des outils connectés. S'inscrire au 04 68 85 82 29 du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h.

ANIMATIONS ET ATELIERS Médialettres. Lundi 21 octobre, à 14 h, salle du Club amitié-loisirs, jeux de cartes. Ouvert aux adhérents. Renseignements et inscriptions au 04 68 89 00 84 ou [email protected]. Mercredi 23 octobre, salle du Club amitié-loisirs, scrabble. Ouvert aux adhérents de l'association. Renseignements et inscriptions : associationmedialettres @orange.fr

Mercredi 23 octobre, salle des fêtes, cinéma à 17 h, Le robot sauvage ; à 20 h 30 Quand vient l'automne. Club amitiés loisirs. Mardi 23 octobre, au local à côté de la salle des fêtes, à 14 h, animations et loto. En cas de besoins, la navette peut être demandée à la mairie. Rens. 06 72 23 95 72.

Els Amics sardanistes. Sardanes, salle des fêtes à 17 h 30, ouvert aux débutants et confirmés.

RÉUNION Jeudi 24 octobre, à la salle des fêtes à 19 h, cross de la Saint-Martin. Dernière réunion de préparation. Mise en place pratique : attribution des postes, remise des dossards, positionnement dans le village et sur le tracé de la course, ravitaillements, buvette, aide logistique, etc. La présence du plus grand nombre est souhaitable. Par ailleurs, un repas est proposé aux bénévoles et aura lieu le

samedi 30 novembre à la salle des fêtes. Les inscriptions seront prises le jour même de cette réunion.

SALON DU MARIAGE Samedi 26 et dimanche 27 octobre de 10 h à 18 h, à la salle des fêtes, le salon du mariage est organisé par Soft events. Il s'agit d'une première édition. Présentations par plusieurs partenaires de l'événement. Restauration et buvette sur place. Entrée gratuite. Rens. 06 82 93 74 39.

HALLOWEEN Dimanche 27 octobre au complexe sportif : jeux, boum, concours de déguisements. Pour les enfants de Sorède. Sur inscription en mairie avant mercredi 23 octobre.

Ouest-France
Pays d'Auge
Autour de Pont-l'Évêque et pays de Honfleur, samedi 19 octobre 2024 469 mots, p. OF Pays d'auge_15

Cette humoriste raconte son histoire face au cancer

Aurore COUÉ.

Le one woman show La Chauve SouriT sera présenté, ce samedi, au casino, par l’humoriste Caroline Le Flour, à l’invitation du Rotary E.Club de Normandie.

Trois questions à…

Caroline Le Flour, humoriste, auteure et psychologue.

Quel est le sujet de votre spectacle ?

Il aborde le thème du cancer et de la résilience. C’est l’histoire d’une jeune femme, du diagnostic jusqu’à l’après maladie car c’est aussi important. C’est un spectacle humoristique et décapant. J’ai écrit le texte lorsque je faisais ma chimiothérapie Aujourd’hui, il tourne depuis six ans et il a été joué plus de 200 fois.

Est-ce que tout le spectacle est votre histoire ?

Oui, tout ce que je dis est vrai ! J’avais besoin d’écrire en chimio mais je ne savais pas encore que ça allait devenir un spectacle. J’étais dans une phase de dépression où je venais d’apprendre que j’étais atteinte d’infertilité. J’ai été diagnostiquée d’un lymphome en 2012 et soignée pendant un an. Aujourd’hui, je suis en rémission et je suis une femme accomplie.

Je fais de mon histoire une mission de vie pour parler du cancer, du handicap invisible et de résilience auprès des entreprises, des associations et du grand public. Je veux faire connaître qu’il existe des organismes pour aider. Quand je suis tombée malade, je n’étais pas au courant de tout ça et j’aurais aimé le savoir. Je suis restée dans ma bulle avec mes proches.

Est-ce que c’est la première fois que vous jouez sur la Côte fleurie ?

Je ne suis jamais venue. C’est une personne qui m’a vu jouer à l’Assemblée nationale et qui m’a proposé de venir à Villers-sur-Mer. Ce spectacle arrive à tourner grâce au bouche à oreille. Il est destiné au grand public. Ce n’est pas que pour les malades ou les accompagnants.

Les gens pensent qu’en allant voir le spectacle, ils peuvent attraper le cancer. C’est surtout un moyen de leur donner envie de se faire dépister, d’ailleurs c’est souvent le retour que l’on me fait après : je vais passer une mammographie !

Aujourd’hui, parler du cancer se démocratise un peu mais c’est un spectacle qui brise les tabous, qui tourne en dérision des situations avec des personnages caricaturaux. Je ne prône pas le rire, je le propose.

Samedi 19 octobre, La Chauve SouriT , one woman show de Caroline Le Flour, à 18 h 30, dans la salle de cinéma du casino de Villers-sur-Mer. Tarifs : de 10 € à 16 €. Elle dédicacera ses ouvrages après le spectacle. Instagram : caroline_le_flour.

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Courrier de l'Ouest
Saumur
SAUMUROIS - SUD SAUMUROIS, vendredi 11 octobre 2024 292 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Saumur_11

La culture continue de vivre en milieu rural

L’association Festi a vu le jour il y a un an sur une idée de Marie Lacassin, originaire de Brézé et comédienne professionnelle à Paris. Son objectif : faire découvrir la culture en milieu rural. Un premier spectacle vivant, intitulé  Le parcours enchanté », a eu lieu l’année dernière sur le site de la Bouchardière à Saint-Cyr-en-Bourg.  L’association a aussi organisé deux Festi-courts à Brézé puis une soirée cinéma en plein air, souligne la présidente de l’association, Nicole Martin. En septembre, Marie Lacassin a proposé deux temps forts d’initiation théâtrale. 

Un second spectacle vivant

Dimanche 13 octobre, toujours sur le site de la Bouchardière, l’association Festi proposera un nouveau spectacle vivant sur le thème de  la quête du mage . Un spectacle qui fera participer les spectateurs. Au programme : un spectacle familial immersif à la rencontre de personnages fantastiques et mystiques. Pour plus de magie, les spectateurs peuvent venir déguisés.

Après ce spectacle animé par des artistes, des ateliers découvertes et ludiques, gratuits, seront proposés sur le thème D’Antan (jeux de piste avec boussole…). Adultes et enfants sont invités à arrêter les satanés monstres… Kairos, le dieu du temps suspendu, les aidera.

 Ce spectacle ne pourra avoir lieu sans des professionnels du monde du spectacle qui œuvrent gratuitement, la commune de Bellevigne-les-Châteaux, les nombreux bénévoles ainsi que les sponsors », précise la présidente.

Ouverture de l’Arche du temps, dimanche 13 octobre, dès 14 heures, à la Bouchardière à Saint-Cyr-en-Bourg. Tarifs : adultes, six euros ; enfants de moins de 12 ans, quatre euros. Réservations au 06 37 96 36 60 ou à [email protected]. Sur place : buvette et gourmandises.

Cet article est paru dans Le Courrier de l'Ouest

Le Berry Républicain
Cher
Saint Amand, mardi 1 octobre 2024 20 mots, p. Berry-18

Cinéma

Le Moderne

27, rue Henri-Barbusse, à Saint-Amand-Montrond.

L'heureuse élue. À 20 h 30.

Megalopolis. À 20 h 15 (VOST).

Le Télégramme (Bretagne)
dimanche 20 octobre 2024 31 mots, p. 1UNELOR

Cinéma « Charles Aznavour appartient à tout le monde »

Dans « Monsieur Aznavour », qui sort en salles mercredi, le comédien Tahar Rahim incarne de façon bluffante

le chanteur disparu en 2018. Dernière page

La Dépêche du Midi
Gers
Locale, vendredi 25 octobre 2024 76 mots, p. 25

Armagnac adour

Théâtre

DIMANCHE 27 octobre, à partir de 14 h 30, au cinéma Théâtre d'Eauze, le théâtre d'Ecla présentera « Monologues, duos et confidences », constitué de sketchs, monologues et duos et ce, avant de partir sur une nouvelle aventure théâtrale. Après le succès de la restitution de ces sketchs le 4 mai de cette année, les comédiens ont souhaité démontrer à nouveau leur plaisir de jouer ensemble et de partager avec le public cet excellent moment. Entrée : 5 €.

Midi Libre
BEZIERS
samedi 26 octobre 2024 344 mots
Aussi paru dans
26 octobre 2024 - Midi Libre (site web)

La 4e saison culturelle hivernale s'annonce riche de promesses

Pour sa 4e édition, la saison culturelle L'Hivernale de Grand Orb revient du 8 novembre au 5 avril 2025 avec un programme riche de promesses. Joie, nostalgie, rire, cette année encore les émotions seront au rendez-vous des onze dates programmées dans les communes du territoire. L'Hivernale de Grand Orb se veut une nouvelle fois itinérante, au plus près des habitants, à la rencontre du public, pour faire profiter chacun de beaux moments de partage. Tout l'éclectisme des arts de la scène sera décliné au fil des mois : humour, danse, contes, shows, concerts, théâtre et même cinéma s'inviteront sur les planches avec des artistes aux multiples talents. Le premier spectacle sera au théâtre municipal de Lamalou-les-Bains. Vendredi 8 novembre à 20 h 30, l'hilarant Marco Paolo fera revivre les années 1990 aux spectateurs avec humour, tout en étant Nostalgique , tel le nom de son one man show. En janvier, Grand Orb proposera deux spectacles aux formats cinématographiques : ciné-sonnailles et transhumance audiovisuelle le 18 janvier à Hérépian avec FeM Collectiu, et ciné-concert autour de l'oeuvre de Georges Méliès proposé par la compagnie Alcoléa le 28 à Saint-Gervais-sur-Mare. La semaine du 8 février sera dédiée aux contes, pour le grand public et pour les élèves scolarisés en Grand Orb. Les spectacles auront lieu au Grand Café Mounis de Graissessac, le 8 avec l'école de musique intercommunale, le 12 avec le conteur Valer'Egouy et le 15 avec la Compagnie du septième point. Douze écoles bénéficieront d'interventions de conteurs et quatre représentations seront offertes aux enfants. Le 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Marie Salanon se livrera à un pétillant one woman show à Bédarieux. Un spectacle gratuit qui aborde avec humour le thème du cancer du sein. Théâtre burlesque, spectacle tout jeune public à partir de trois mois, conférence musicale et concert illustré inédit seront également au programme de cette nouvelle saison. Tout le programme est à découvrir sur www.GrandOrb.fr. Le théâtre burlesque de Climax au Bousquet d'Orb, le 21 novembre.

La Montagne
Creuse
Aubusson, vendredi 25 octobre 2024 56 mots, p. Creuse-12

Séance de cinéma pour Octobre rose

NÉOUX. Octobre rose. Vendredi 25 octobre, à 20 heures, à la salle des fêtes aura lieu une projection de courts-métrages sur le thème des femmes, avec la participation de la Ligue contre le cancer. Entrée 7 ?. La recette sera reversée à la Ligue. Renseignements au 06.60.55.83.63.

Midi Libre
NIMES
mardi 29 octobre 2024 348 mots

Dernier Cri explore la culture techno

Questionner l'essence de la culture techno en investissant une ville précurseure du genre en France, avec une diversité artistique faisant le pont entre des lives et DJ's, des conférences ou encore un film : c'est le défi relevé par Dernier Cri depuis déjà neuf ans. Le festival continue son rôle de défricheur et réinvestit Montpellier à partir de ce jeudi et jusqu'au 11 novembre en exploitant au mieux la diversité des lieux. Que ce soit des clubs (Rockstore, Dièze, L'Antirouille), des bars (Saloon, Pinata, Discopathe) ou encore le cinéma (Diagonal) et autres lieux de culture comme l'école des Beaux-Arts, le MO.CO, la Panacée, Tropisme et pour la première fois l'école de musique et salle de concert du Jam (avec l'excitant live électro-hip-hop jazz d'ECHT !) « Cette année, nous axons la programmation sur la nouveauté et l'émergence des artistes, sans grosse tête d'affiche parce que nous n'avons pas eu le déclic sur un nom et c'est aussi notre vocation, notre ADN, de proposer des talents émergents. Nous sommes confiants sur leur qualité », défend Pascal Maurin, un des organisateurs, rappelant les prix très modérés des événements quand ils ne sont pas gratuits. Dernier Cri s'engage aussi dans une démarche inclusive et écoresponsable en mettant en avant une nouvelle génération d'artistes féminines. On parle ici d'Élise Massoni, Maggy Smiss, Lucile Cordova, le collectif System Sol ou encore des étoiles montantes comme les Dj's Tauceti et Camille Doe qui parleront de leur parcours et de leurs combats avant d'enflammer les dance-floors. Dans cette programmation éclectique, cochons la soirée du 6 novembre avec la projection de The Sound of Belgium , documentaire qui retrace l'épopée de la culture club belge à travers le mythique Popcorn dans les années 80-90. Jean Bruce y présentera aussi son livre New Beat , ce genre proche de l' acid-house , alors que l'historique DJ Garfld sera chargé d'un set de trois heures sur cette musique.

Yanick Philipponnat Dernier Cri à Montpellier, de ce jeudi au 11 novembre. Toutes les infos sur festivalderniercri.com ECHT !, quatuor issu du jazz, en concert au Jam ce vendredi. DR

La Provence
AIXPR ; ALPES ; ARLES ; AUBAG ; AVIGN ; MARTI ; SALON ; SUVSE ; VILLE
; INFO GENERALES, mercredi 2 octobre 2024 913 mots, p. CULTURE

HUMOUR

"Tout le monde se retrouve en la famille Gasteuil, c'est touchant"

Pour l'une de ses toutes dernières dates de son deuxième spectacle "Retour aux Sources", Maxime Gasteuil fait le point sur lui-même et ses relations familiales, renouées avec son départ de Paris pour retrouver les siens à Saint-Émilion.

VTILLET

On l'avait retrouvé tout sourire à Marseille début 2024 pour l'avant-première de 14 jours pour aller mieux, avec un premier rôle principal confirmait son attrait pour le cinéma. Et si de futurs projets y sont déjà en route, Maxime Gasteuil ne compte pas mettre de côté la scène, où il fait son retour cet automne. Ça se passe à l'arena du Pays d'Aix, à Aix-en-Provence, où le comédien jouera l'une toutes des dernières dates de Retour aux sources. Un deuxième spectacle avec lequel il a fait le point sur les relations familiales, évoquant notamment son choix de quitter Paris pour retrouver son fief à Saint-Émilion. Avant de se tourner vers un nouveau show, où il parlera notamment de sa fille pour la première fois.

Après deux ans de scène, "Retour aux sources" touche à sa fin. Avec du recul, quel regard portez-vous dessus ?

Je suis d'abord heureux de son succès, on a fait une tournée des Zénith à guichets fermés et là, je le joue dans des villes où nous n'avions pas eu l'occasion d'aller. Surtout, je crois qu'on a pondu un spectacle assez intemporel, car ça parle de génération, de famille, d'amour, de sexualité, d'union... Ce sont des sujets intarissables mais aussi indélébiles dans la vie des gens. Et puis, ça résonne surtout chez les gens, et de différents âges, de différents univers, de différents milieux sociaux et culturels. C'est un spectacle pluripublic.

Pluripublic et pluriémotion, car on rit autant qu'on s'émeut...

Les gens rient oui, et en fin de représentation, beaucoup de parents me disent : " J'aurais rêvé que mes enfants m'écrivent ou me disent quelque chose comme tu l'as fait pour les tiens." Et les enfants me disent : " Je retrouve mes parents, j'ai l'impression de faire partie de la famille Gasteuil." Quand j'écris avec Édouard Pluvieux et Benjamin Demay, c'est pour être dans le vrai, pas en pensant à ce qui marchera ou non. Et en fait, je me suis rendu compte qu'en France, il n'y avait que des barges. Parce que tout le monde se retrouve en la famille Gasteuil, même si c'est touchant.

La relation père-fils a probablement compté dans ce processus d'identification du public ?

Je le pense oui, et d'ailleurs j'ai retrouvé mon père et une relation père-fils de dingue grâce à ce métier et à mon épanouissement. Quand il a vu que ça commençait à marcher et que je m'accrochais pour en vivre, il m'a un peu plus crédibilisé et respecté. De là à faire un duo sur scène ? Va savoir... Mais d'abord, je viendrai à Aix pour défendre le fait que j'ai fait tomber le partenariat entre Ricard et le PSG ! Je ne sais pas si un humoriste aurait pensé à la faire cette blague.

Votre dernière venue à Aix-en-Provence remontait en effet à plusieurs années...

La seule fois où j'y ai joué, c'était à la Fontaine d'Argent, à l'occasion d'un rodage pour mon premier spectacle. Donc ça devait être en 2018, il était temps de rectifier ça. Là, j'ai 1 h 40 d'écrit avec ce spectacle, et je peux dépasser les deux heures sans souci, donc ils en auront pour leur argent. Ah les Aixois en ont beaucoup ? C'est vrai que c'est le seul endroit où tu croises des cantonniers avec une Rolex et habillés en Stone Island.

Comment s'annonce le futur spectacle ? Il y a déjà des thèmes choisis ?

Je suis devenu papa, et même si d'autres humoristes comme Jamel ou Florence Foresti ont parlé de ça très bien, je crois à la singularité des mots et de la personnalité. Donc ce spectacle va parler du fait d'avoir des enfants, tout en incluant le regard des gens qui n'en veulent pas ou qui n'en ont pas. Je regarde ma fille grandir depuis un an et demi, c'est quelqu'un d'extraordinaire. La date de la première ? Je ne l'ai pas encore car d'abord, j'attends beaucoup d'un film qui va sortir en juin 2025...

Vous pouvez nous en dire plus ?

Bien sûr, il s'appelle Y a pas de réseau et j'y joue, avec Gérard Jugnot, un père et un fils. C'est un peu un Maman, j'ai raté l'avion à la française, il est actuellement en montage. On retrouve Édouard à la réalisation et Benjamin à la production. Mais cette fois-ci, on a un attelage de dingue avec Netflix, Pathé et TF1 Studio qui nous accompagne aussi. Ils ont cru très fort au scénario et au casting. On a d'ailleurs eu la chance d'avoir Gérard qui a adoré le film alors qu'il n'était pas du tout pressenti pour ça. C'est une belle aventure.

Vous semblez vous épanouir de plus en plus sur grand écran...

On était déjà content du résultat pour un premier film avec 14 jours, pour aller mieux. Même si on n'a pas gagné beaucoup d'argent, on a pu s'implanter dans ce milieu. Et maintenant, on a des idées qu'on veut développer. J'étais un peu moins sur les réseaux sociaux, parce que tu ne peux pas faire des vidéos, tourner un film, créer des spectacles. Mais là, ma routine professionnelle s'installe pleinement.

Maxime Gasteuil, demain 20 h, à l'arena du Pays d'Aix, à Aix-en-Provence. Dernières places de 39 à 49€ , billetterie sur www.arenaaix.com.

Ouest-France
Pays d'Auge ; Caen, Vire ; Bayeux, Caen ; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg ; Fougères, Vitré ; Saint-Malo ; Rennes Sud-Est ; Rennes Nord-Ouest ; Rennes ; Loudéac, Rostrenen ; Guingamp ; Dinan ; Lannion, Paimpol ; Saint-Brieuc, Lamballe ; Sarthe ; Orne ; Ancenis ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Châteaubriant ; Nantes Nord-Loire ; Pornic, Pays de Retz ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Nantes ; Les Herbiers, Montaigu ; Fontenay, Luçon ; Les Sables d'Olonne ; Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; La Roche-sur-Yon ; Avranches, Granville ; Nord-Finistère ; Angers, Segré ; Quimperlé, Concarneau ; Quimper, Centre-Finistère ; Cholet ; Redon ; Mayenne ; Ploërmel ; Pontivy ; Lorient ; Vannes ; Auray
Cinéma, mercredi 16 octobre 2024 78 mots, p. OF Pays d'auge_32

C’est le monde…

à l’envers. Nicolas Vanier adapte au cinéma l’un de ses romans. Dans un monde en plein collapse, un trader (Michaël Youn) et sa famille vont retrouver, dans une ferme du Morvan, des valeurs ancestrales de partage et d’harmonie avec la nature. Une fable pas si irréelle sur la folie du monde et l’urgence de changer nos modes de vie. Avec Yannick Noah en guest star. 1 h 54. (Philippe Lemoine)

Le Courrier de l'Ouest
Cholet ; Angers ; Saumur
Loire Layon Aubance, mardi 15 octobre 2024 174 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Cholet_11

[Rochefort-sur-Loire...]

Rochefort-sur-Loire

Habitat seniors. Café-débat, jeudi 7 novembre, 15 h à 17 h, salle Galaxia, 11, Grand-Rue. L’association Habit’âge et le centre socioculturel des Côteaux-du-Layon organisent un café-débat autour de la thématique de l’habitat et du vieillissement. Échanger sur l’avenir de son logement et son possible aménagement. Gratuit. Contact : 02 41 78 75 17, [email protected], www.rochefortsurloire.fr

Bellevigne-en-Layon

Cinéma. « Les graines du figuier sauvage », mardi 15 octobre, 20 h 30 à 22 h 25, 1, impasse de l’Évêché, Thouarcé. Tarifs : 5,50 €, réduit 4,50 €. Contact : [email protected], www.cinemasaintlouis.fr

fAYE-d’Anjou

Club nature. Une erreur s’est glissée dans l’article sur le club nature paru samedi 12 octobre. Les inscriptions concernent les enfants de CM1 et CM2 (et non CM2 et 6 e).

Chalonnes- sur-Loire

Stage d’arts plastiques. Du lundi 21 au jeudi 24 octobre, de 10 h à 12 h, 42, avenue du 8-Mai. Tarif : 40 €. Contact : 02 41 78 09 05, 06 82 84 93 14, [email protected]

Paris-Normandie
PNTE
LOISIRS, mercredi 2 octobre 2024 225 mots, p. PNTE39

LA SIRèNE à BARBE DE NICOLAS BELLENCHOMBRE

Derrière les écailles

Geneviève Cheval

À Dieppe, on n’a pas attendu Drag Race, le fameux concours de drag-queens de France 2, pour en connaître les talents et l’énergie. En 2018, Nicolas Bellenchombre répond à sa manière à l’agression homophobe dont il a fait l’objet : il crée La Sirène à barbe, un cabaret drag-queen dans l’ancien cinéma Le Rex à Dieppe.

Aujourd’hui, son aventure prend une autre ampleur avec un long-métrage éponyme qui va voyager en France et à l’étranger. Le spectateur pourra découvrir sur grand écran l’évolution des personnages qui font vivre ce cabaret : du chant, du cirque, de la danse, de la magie, du flirt, de l’amour de Dieppe jusqu’à Brighton.

Une vraie famille

Le spectateur pourra s’identifier à Erwan, un pêcheur du coin, néophyte en la matière, qui tombe sous le charme de ces artistes qui forment une vraie famille partageant leurs joies et leurs peines. Car après la fête, après le show, chacun se retrouve souvent seul. Avec pudeur, Nicolas Bellenchombre filme la solitude de ces artistes à fleur de peau, leurs tourments une fois les feux de la rampe éteints. Et puis, l’enthousiasme reprend le dessus, et le show continue !

Geneviève Cheval

L'Indépendant
CATALAN_IN
samedi 5 octobre 2024 439 mots
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4 octobre 2024 - L'Indépendant (site web)

Argelès : Michèle Laroque et Philippe Lellouche sont les parrains de la nouvelle saison culturelle

Spectacles d'humour, pièces de théâtre, festival de magie... Argelès-sur-Mer met les petits plats (culturels) dans les grands pour montrer que la culture ici, c'est toute l'année. Avec à l'esprit, l'envie de gommer l'idée selon laquelle hors saison, Argelès végéterait. Alors que dès le début du mois d'octobre et jusqu'à l'arrivée de la période estivale, l'agenda culturel argelésien est bien rempli. L'ambition de la commune est simple : « Produire de la culture de qualité, accessible et proche des gens », assure Antoine Parra, le maire d'Argelès-sur-Mer. Cette période chargée culturellement démarre dès ce samedi 5 octobre à 20 heures, à l'espace Jean-Carrère, avec la représentation de la pièce de théâtre Du charbon dans les veines , de Jean-Philippe Daguerre. L'évènement est gratuit, mais sur réservation. L'autre prochain grand rendez-vous de la ville est le festival de magie « Abrac'Argelès », qui revient pour une troisième édition, du 22 octobre au 3 novembre. Pour petits et grands, la magie s'invitera pendant quinze jours dans les lieux culturels d'Argelès-sur-Mer, mais aussi dans les rues où Christophe Hery présentera ses tours en « close up », aux passants les plus curieux. Quant aux spectacles en salle, le magicien Dani Lary jouera son Baroq'show ( à Jean-Carrère), Myster'Aimé se produira au cinéma Jaurès au profit de l'association « Noël pour tous », et le mentaliste Fabien Olicard présentera (à Jean-Carrère encore) Matière Grise , le 3 novembre à 16 heures, pour clôturer le festival.

Le sniper Paul de Saint Sernin sur scène le 8 mars Cette saison culturelle 2024-2025 est parrainée par Michèle Laroque et Philippe Lellouche, qui fouleront tous deux la scène de l'espace Jean-Carrère. La marraine partage l'affiche avec Grégoire Bonnet, dans la pièce La porte à côté , et Philippe Lellouche jouera son seul en scène Stand alone. Toujours dans l'humour, le sniper Paul de Saint Sernin se produira le 8 mars 2025. Côté musique, du 5 au 7 juin, c'est le Bacchus festival qui fera la transition entre la fin de cette saison culturelle et le début de la période estivale. Les prix des animations tout au long de la saison « varient entre la gratuité et 20 euros maximum », détaille Antoine Parra. Il ajoute : « C'est une véritable ambition politique à Argelès-sur-Mer, afin que tout le monde ait accès à la culture ».

Salomé Bouils Renseignements et billetterie sur boutique.ville-argelessurmer.fr D'octobre à mai, Argelès-sur-Mer met à l'honneur la culture, ici présentée par le maire Antoine Parra au micro, entouré d'élus (dont Aimé Alberty, à sa droite, qui sera sur scène sous le pseudo Myster'Aimé) et un agent en charge des animations culturelles, tout à gauche. PHOTO MICHEL CLEMENTZ

Centre Presse Aveyron
RODEZ_CP
lundi 21 octobre 2024 30 mots

Cinéma

- « Mégalopolis », à 14 h 15.

- « Billy le hamster cowboy », à 17 heures.

- « Vivre, mourir, renaître », à 18 h 30.

- « Beetlejuice Beetlejuice », à 20 h 45.

Centre Presse Aveyron
RODEZ_CP
samedi 19 octobre 2024 21 mots

Cinéma

- « Billy le hamster cowboy », à 16 h 15.

- « 38 témoins », à 18 heures.

- « Beetlejuice », à 21 heures.

Presse Océan
Nantes Métropole, Nord et Sud ; Saint-Nazaire Presqu'île
France-Monde, dimanche 13 octobre 2024 266 mots, p. PO Nantes métropole, Nord et Sud_23

Pierre Vernier, de la « bande à Bébel », est mort

Disparition. L’acteur français, ami de Jean-Paul Belmondo mais qui « existait aussi sans lui », est décédé mercredi à l’âge de 93 ans.

Le comédien Pierre Vernier, membre de la « Bande du Conservatoire », est mort mercredi à 93 ans, ont annoncé hier de proches.

Acteur prolifique, il avait tourné dans une soixantaine de films, dont bon nombre de succès populaires au côté de son ami Bébel, comme Le professionnel (1981) ou Itinéraire d’un enfant gâté (1988). Attention, j’existe aussi sans lui ! , s’amusait-il à dire en 2001 au sujet de celui qu’il considérait comme  la conscience professionnelle incarnée .

Avec Françoise Fabian, il était l’un des derniers membres encore en vie de la « Bande du Conservatoire », essentiellement formée par des élèves du Conservatoire national supérieur d’art dramatique à Paris au début des années 50. Outre Belmondo, elle comprenait notamment Jean Rochefort, Claude Rich, Jean-Pierre Marielle, Bruno Cremer ou Annie Girardot.

Né Pierre Louis Rayer à Saint-Jean d’Angely en Charente et mort à Vic-Fezensac, dans le Gers, Pierre Vernier avait tourné avec de grands réalisateurs au cinéma, dont Henri Verneuil ou Joseph Losey.

Sur le petit écran, c’est le feuilleton Rocambole et le rôle du justicier éponyme qui l’avaient rendu célèbre en 1964.

Chevalier de l’Ordre national du mérite, officier de l’ordre des Arts et des Lettres, Pierre Vernier était très investi jusqu’à la fin de sa vie dans le milieu associatif et caritatif, a souligné son entourage.

Ouest-France
Sarthe
Sablé et Sarthe-Ouest, mardi 29 octobre 2024 260 mots, p. OF Sarthe_12

Une deuxième date pour Inno JP à la Micro-Folie

L’humour a du succès à Sablé-sur-Sarthe. Face à « l’engouement » autour du spectacle True story d’Inno JP, programmé dans le cadre de la saison culturelle de l’Entracte, une deuxième date a été ajoutée par les organisateurs. L’humoriste de 41 ans, notamment vu en première partie de Blanche Gardin, se produira ainsi deux soirs de suite sur la scène de l’espace Micro-Folie, installé dans l’ancienne salle de cinéma Le Palace, rue Carnot.

Si la première soirée du vendredi 8 novembre est donc complète, il reste encore une quarantaine de places pour la seconde, du samedi 9 novembre. « Né Innocent au Rwanda en 1983 et baptisé Jean-Paul par le couple de lesbiennes quinquagénaires qui l’a adopté en Belgique un an plus tard, Inno JP a une histoire qu’il serait impossible d’inventer, présentent les programmateurs. Étoile montante du stand-up, l’humoriste transforme son vécu en un spectacle hilarant où son parcours atypique devient prétexte à l’autodérision et aux digressions impertinentes. »

L’an dernier, en avril 2023, la soirée stand-up mise sur pied par l’équipe de la Micro-Folie avec neuf humoristes amateurs « semi-confirmés » de la région avait déjà rencontré un franc succès : il n’y avait plus un siège de libre dans la salle.

Samedi 9 novembre, à 20 h 30, spectacle d’humour d’Inno JP, à la Micro-Folie, rue Carnot. Tarifs : 10 à 13 €, à partir de 15 ans.

Cet article est paru dans Ouest-France

Ouest-France
Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Auray ; Châteaubriant ; Mayenne ; Rennes Nord-Ouest ; Caen, Vire ; Loudéac, Rostrenen ; Saint-Malo ; Angers, Segré ; Nantes ; Nantes Nord-Loire ; Pays d'Auge ; Rennes ; Avranches, Granville ; Lannion, Paimpol ; Lorient ; Pontivy ; Quimperlé, Concarneau ; Orne ; Vannes ; Guingamp ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Dinan ; Les Herbiers, Montaigu ; Redon ; Cholet ; Fougères, Vitré ; La Roche-sur-Yon ; Bayeux, Caen ; Saint-Brieuc, Lamballe ; Rennes Sud-Est ; Fontenay, Luçon ; Les Sables d'Olonne ; Pornic, Pays de Retz ; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg ; Sarthe ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Ploërmel ; Nord-Finistère ; Quimper, Centre-Finistère ; Ancenis
Culture, lundi 28 octobre 2024 988 mots, p. OF Challans Saint-Gilles-Croix-de-Vie_30
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20 octobre 2024 - Ouest-France (site web)

Les expositions à voir cet automne dans l’Ouest

Margot FERREIRA, avec nos rédactions locales.

Arts. Comprendre la réalité des chevaliers à Nantes (Loire-Atlantique), voyager au Japon à Daoulas (Finistère), découvrir les plantes à La Hague (Manche)… Voici une dizaine d’idées de sorties culturelles pour les vacances et la fin d’année.

Bretagne

Brest (Finistère)

Jeux sur l’eau, en quête de victoires. Cinq disciplines nautiques, souvent méconnues et qui ont pourtant apporté près de 300 médailles à la France depuis 1896, sont mises à l’honneur : voile, aviron, motonautisme, canoë-kayak et surf. Grâce à près de 150 pièces – embarcations, équipements, tenues, médailles olympiques, documents et souvenirs. Au Musée national de la Marine. Jusqu’au 10 mars. Entrée : 9 €, gratuit pour les moins de 18 ans.

Daoulas (Finistère)

Des samouraïs au kawaii. De l’armure de samouraï du Japon féodal aux figurines de Goldorak en passant par les œuvres d’artistes japonisants du XIX e siècle, le public voyage à travers cinq siècles d’histoire. Une découverte instructive et ludique de la culture nippone et des liens qui unissent le Japon et l’Occident depuis le XVI e siècle. À l’abbaye de Daoulas. Jusqu’au 1 er décembre. Entrée entre 3 et 10 €.

Landerneau (Finistère)

Henri Cartier-Bresson. Plus de 300 clichés du photographe décédé il y a vingt ans sont exposés. Un parcours scénarisé en vingt-trois étapes clés de la vie de cet artiste reconnu comme « l’œil du XX e siècle ». On retrouve ses œuvres surréalistes, ses images instantanées, et surtout son regard d’humaniste sur la société. Au Fonds Hélène et Édouard Leclerc (Fhel). Jusqu’au 5 janvier. Entrée 10 €, gratuit pour les moins de 18 ans.

Rennes (Ille-et-Vilaine)

Le photographe reporter français Raymond Depardon est mis à l’honneur dans deux expositions.

Les Jeux olympiques 1964-1980. Le poing levé des athlètes afro-américains à Mexico (1968), le triplé du skieur Jean-Claude Killy, à Grenoble (1968) ; la perfection de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci, à Montréal (1976). À chaque fois, Raymond Depardon était là. L’exposition retrace, en 165 photos, les six Jeux olympiques qu’il a couverts entre 1964 et 1980. Au Frac de Bretagne. Jusqu’au 5 janvier. Entrée : 3 €.

Son œil dans ma main – Algérie 1961 & 2019. Tout jeune photographe, Depardon réalise l’un de ses premiers reportages en 1961 dans l’Algérie d’avant l’indépendance. Il y retourne près de soixante ans plus tard et se lie alors d’amitié avec l’écrivain algérien Kamel Daoud. Ensemble, ils dressent un pont entre deux époques d’un même pays, témoignent de ses turbulences et de sa beauté. Aux Champs libres, salle Anita-Conti. Jusqu’au 5 janvier. Entrée : 5 €.

Normandie

Caen (Calvados)

L’Aube du siècle américain, 1919-1944. L’histoire culturelle, sociale et politique des GI et du peuple américain se dévoile, du retour triomphal des soldats après la Première Guerre mondiale jusqu’au Débarquement sur les plages normandes, le 6 juin 1944. Au Mémorial de Caen. Jusqu’au 5 janvier. Entrée : 5 €.

Cherbourg (Manche)

Jean Painlevé. Les pieds dans l’eau. À travers projections, photographies et documents, l’exposition montre un univers dans lequel le réalisme touche au fantastique tout en retraçant le parcours singulier, entre art et science du cinéaste qui s’est imposé comme le pionnier du documentaire scientifique. Au Point du jour. Jusqu’au 2 février. Gratuit.

Fécamp (Seine-Maritime)

Anita Conti, la dame aux semelles de vent. Pionnière de l’océanographie, autodidacte, la « dame de la mer » a marqué le monde maritime en embarquant sur deux chalutiers de l’Armement des pêcheries de Fécamp. Son approche humaine, historique et technique est mise en avant à partir d’objets, de documents et de photographies. Au musée des pêcheries. Jusqu’au 5 janvier. Entrée : 9 €, gratuit pour les moins de 18 ans.

La Hague (Manche)

Secrets d’herboriste, les (super) pouvoirs des plantes locales. La grande salle d’exposition se transforme en herbier grandeur nature, explicatif de l’usage des plantes à travers les âges, des croyances populaires, du métier d’herboriste et des recettes anciennes et modernes de remèdes à base de plantes. Au manoir du Tourp. Jusqu’au 5 janvier. Entrée : 8 €.

Pays de la Loire

Angers (Maine-et-Loire)

Aubusson nouvelle génération. La tapisserie se réinvente à travers des créations textiles plurielles, ultra-modernes, originales et éclectiques. De l’illusion d’une grande toile bleue accrochée au mur à une baignoire de 150 kg recouvertes de pics, cette exposition transfigure le réel et joue avec les matières. Au musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine. Jusqu’au 5 janvier. Entrée de 3 à 6 €, gratuit pour les moins de 26 ans.

Laval (Mayenne)

Riches de culture. À travers plus de 140 œuvres, habituellement conservées en réserve, les musées d’art de Laval dévoilent leurs collections encyclopédiques. De la Préhistoire au XX e siècle, le visiteur découvre les mélanges culturels incarnés à travers le syncrétisme religieux, les échanges commerciaux et le goût de l’exotisme. Au musée des Beaux-Arts. Jusqu’au 2 février. Gratuit.

Nantes (Loire-Atlantique)

Chevaliers. Quelque 150 objets originaux, armures, épées, lances, casques… dont la plupart datent des XVI e et XVII e siècles, mettent en lumière les réalités de la chevalerie et la place toute particulière qu’occupent les chevaliers dans l’imaginaire collectif, notamment dans le cinéma et la pop culture. Jusqu’au 20 avril. Au château des ducs de Bretagne. Entrée : 9 €, gratuit pour les moins de 18 ans.

Paquebots 1913-1942. Une esthétique transatlantique. Leur silhouette à la fois imposante et fuselée fascine, autant que leurs prouesses techniques. Mais les paquebots ont aussi été une vraie « machine à fantasmes » pour les artistes modernistes de l’entre-deux-guerres. À retrouver, des œuvres de Jules Lefranc, Émile Laboureur, Fernand Léger, Marcel Duchamp, Kay Sage, Charles Demuth… Jusqu’au 23 février. Au Musée d’arts de Nantes. Entrée : 9 €, gratuit pour les moins de 18 ans.

Cet article est paru dans Ouest-France

Ouest-France
Mayenne ; Quimper, Centre-Finistère ; Lannion, Paimpol ; Fontenay, Luçon ; La Roche-sur-Yon ; Guingamp ; Orne ; Saint-Brieuc, Lamballe ; Les Herbiers, Montaigu ; Avranches, Granville ; Les Sables d'Olonne ; Auray ; Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Nord-Finistère ; Ploërmel ; Lorient ; Pontivy ; Cholet ; Sarthe ; Quimperlé, Concarneau ; Loudéac, Rostrenen ; Angers, Segré ; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg ; Vannes ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Nantes Nord-Loire ; Ancenis ; Pornic, Pays de Retz ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Nantes ; Châteaubriant ; Bayeux, Caen ; Pays d'Auge ; Caen, Vire ; Dinan ; Rennes Nord-Ouest ; Saint-Malo ; Redon ; Rennes Sud-Est ; Rennes ; Fougères, Vitré
Culture - Télévision, mardi 1 octobre 2024 763 mots, p. OF Mayenne édition_30
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29 septembre 2024 - Ouest-France (site web)

Dix auteurs nous parlent de leurs œuvres cultes

Laurent BEAUVALLET.

Livres. Le premier festival Cultissime, qui s’est terminé dimanche à Angers (Maine-et-Loire), nous a permis de demander à dix auteurs, de Bernard Werber à Jul, quelle était leur œuvre culte. Instructif.

Qu’est-ce qu’une œuvre culte ? Vous avez trois jours. C’était en tout cas la durée du premier festival Cultissime, proposé à Angers (Maine-et-Loire) en fin de semaine dernière. Pour la journaliste Phalène de la Valette, qui a créé ce nouveau rendez-vous, une œuvre culte « nous fait vibrer, et nous lie les uns aux autres, car on a envie de la partager ».

Et du côté des auteurs de bande dessinée, qu’est-ce qu’on en pense ? « C’est peut-être une œuvre à laquelle… on voue un culte, s’amuse l’auteur et dessinateur Jul (Silex and The City).  C’est quelque chose qui nous habite, nous inspire. »« C’est une œuvre que j’aurais envie de lire et de relire toute ma vie », définit quant à lui Richard Guérineau, le dessinateur notamment de L’ombre des lumières. L’écrivain et illustrateur français Antoon Krings a créé Drôles de petites bêtes, qui ont fêté leurs 30 ans et ont séduit plusieurs générations d’enfants. Selon lui, une œuvre culte est « un coup de foudre très puissant que l’on a ressenti, enfant, et qui ne nous déçoit pas avec le temps ».

« Une émotion que tu traînes toute ta vie »

Pour Laure Manel, l’autrice angevine de La délicatesse du homard, qui a déjà vendu un million d’exemplaires, « c’est une œuvre qui sort de ses frontières d’origine – un livre adapté au cinéma, par exemple ».Un autre Angevin, Philippe Nédélec, s’émeut : « C’est une œuvre que tu n’oublieras jamais. Une émotion que tu as ressentie et que tu traînes toute ta vie. »Mark Millar, scénariste de BD écossais et créateur de nombreuses séries mettant en scène des super-héros, acquiesce : « Une œuvre culte, c’est un livre qui reste avec vous toute la vie. »

Voilà pour la théorie. Et dans la pratique, ça donne quoi ? « J’adore Salammbô, de Gustave Flaubert, écrit juste après Madame Bovary, s’enthousiasme Alain Ayroles, scénariste virtuose (Les Indes fourbes, L’ombre des lumières).  C’est une fresque antique, nourrie notamment par ses voyages. D’où une histoire très documentée, très immersive. C’est une fresque épique et flamboyante. »

Richard Guérineau, son partenaire de L’ombre des lumières, craque pour Blood Meridian, de l’Américain Cormac McCarthy, l’auteur de La route.« C’est un western. Il s’est emparé de ce genre, que j’adore, avec son style d’écriture, sa noirceur. Je n’ai jamais ressenti ça en lisant ou en visionnant un western. »

Clémentine Beauvais, autrice jeunesse (Les petites reines) et enseignante chercheuse à l’université d’York (Angleterre) choisit toute la saga des Claudine, de Colette. « J’ai été séduite par le style, le souffle, l’humour. La délicatesse dans les descriptions et la radicalité continuent de me fasciner aujourd’hui. »

Le romancier Bernard Werber (Les Fourmis) est tombé sous le charme des Fleurs pour Algernon, de l’écrivain américain Daniel Keyes. Le parcours d’un simple d’esprit qui va devenir intelligent grâce à un médicament. « C’est l’histoire de quelqu’un qui s’éveille. Ce roman parle du drame de tout le monde : dès que vous êtes en dessous ou au-dessus de la moyenne, vous emmerdez l’ensemble de la société. »

L’écrivain américain Douglas Kennedy vote pour La fenêtre panoramique, de son compatriote Richard Yates. L’immersion dans un couple américain, dont le rêve se transforme en cauchemar. « C’est un sujet très flaubertien. Scène par scène, on voit comment ce couple construit sa propre prison. »

Pour Philippe Nédelec, c’est Vipère au poing, d’Hervé Bazin. « Beaucoup de gens ont été bouleversés par l’histoire de ce gamin du côté de Segré (Maine-et-Loire) , sous le joug de sa mère Folcoche. C’est l’un des plus grands romans du XX e siècle. »

Dans un registre plus léger, Mark Millar voue un vrai culte au Retour de Batman de Frank Miller. Et le dessinateur et auteur Jul déclare sa flamme à l’univers décalé so British des Monty Python. « Mon œuvre culte, c’est La vie de Brian , ce péplum extravagant est la critique la plus méchante et la plus drôle de l’obscurantisme et des religions. »

Cet article est paru dans Ouest-France

Midi Libre
ALES
vendredi 18 octobre 2024 302 mots
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18 octobre 2024 - Midi Libre (site web)

Les piquantes drôleries du Petit théâtre de la Berthe

Pratiquement chaque semaine le Petit théâtre de la Berthe accueille un nouveau spectacle comique. Ce dimanche 13 octobre, en interprétant dans une salle comble une suite de saynètes écrites et mises en scène par Frédéric Magda l'auteur et les comédiens de la troupe Les Chats teigneux ont démontré avec une constante drôlerie qu'il est possible de partager le plaisir de rire de tout et de rien. Et les spectateurs ont été enthousiasmés. Le contenu déconcertant d'une valise, une rencontre inopinée sur un quai de gare et quelques autres situations rocambolesques, ou dérisoires, traités avec esprit, musicalement scandées par les apparitions d'un M. Loyal plus vrai que nature, ont offert l'opportunité d'oublier les tracas et les complications invraisemblables qui découlent de la réalité du quotidien. Le spectacle L'Importuniste de Guillaume Ibot, sera tout autre sera ce samedi 19 octobre à 21 heures. Cet autre détournement effectuera un tour de piste de plus d'une quarantaine d'imitations, passera au crible le monde actuel tirant des fléchettes acérées d'ironie et de dérision sur la politique, la télévision, le cinéma, la musique, les réseaux sociaux... Il y aura du rire et des sourires, mais pas que. Des parodies en musique et des sketchs. En trublion bien élevé, le faussaire rendra aussi hommage aux artistes, comme Joe Dassin, Johnny, Nougaro, Montand, Bécaud, Galabru et tant d'autres..., en passant par ses propres créations que personne n'écoute. Ce seul en scène emmènera le public où l'humour des mots soigne les maux afin d'amener un peu de légèreté dans un monde bien trop lourd. Tarif : 12 euros Inscriptions : https://www.helloasso.com/associations/troupe-de-theatre-amateur-scene-sur-ceze/evenements/mon-royaume-pour-un-cheveu. Correspondant Midi Libre : 06 33 19 01 73 L'auteur et les interprètes, rivalisent et s'amusent. rivalisent......s'amusent.......s'expriment......se moquent et communiquent......leur enthousiasme au public.

L'Est Républicain
Edition de Besançon
Sortir, mardi 22 octobre 2024 674 mots, p. DOHD32

Besançon

« Je raconte la manière dont le monde extérieur touche notre intimité »

Propos recueillis par Benjamin Cornuez

L’humoriste et actrice Nora Hamzawi, ancienne chroniqueuse sur Quotidien (TMC) ou France Inter se produira au Grand Kursaal à Besançon le mercredi 23 octobre. Avec son nouveau spectacle, elle ausculte notre époque avec des sujets intimes, comme le couple, la sexualité ou encore la santé mentale.

Vous avez été chroniqueuse à la radio et la TV, écrit des livres et joué au cinéma, mais c’est sur scène que vous vous sentez le mieux ?

J’ai aimé toutes ces expériences pour des raisons différentes. Mais celle dont je ne pourrais pas me passer et qui m’est le plus essentiel reste la scène. Pour le rapport direct qu’elle offre avec le public et ce côté spectacle vivant. Il y a comme une vérité, de l’instantanéité, un truc qui ne se passe qu’une fois.

Vous laissez d’ailleurs une place à l’improvisation dans vos spectacles, ça vous tient à cœur ?

Je trouve important d’avoir un spectacle écrit parce que j’ai des choses à dire et que j’accorde une place importante à l‘écriture. Une fois que j’ai cette base, j’aime bien créer une relation avec le public et faire que chaque soir soit unique. J’adore qu’il se passe des imprévus, des petits accidents dans le public mais je ne force jamais l’impro.

La relation avec le public devient plus horizontale ?

C’est vrai que je trouve que le rapport au public a changé avec les années. Je pense aussi que la société a changé également et que nous avons un rapport au plaisir et au spectacle vivant peut être plus fort qu’avant. On est tellement tout le temps sur nos écrans, nos mails, nos alertes, que quand on est coupé du monde l’espace d’une heure, c’est comme un privilège.

On vous a quitté sur un spectacle qui parlait de l’intime et des relations de couple. Cette thématique revient pour ce nouveau spectacle ?

Oui, j’ai l’impression que c’est l’intime qui se confronte au monde et à la société. Pendant l’écriture, je me suis dit que tout ce qui se passe dehors a une incidence sur notre libido, notre rapport à la joie, au couple ou à l’éducation.

Et puis j’ai eu 40 ans, c’est aussi un cap et ça fait aussi partie du spectacle. J’avais envie de raconter la manière dont peut-être le monde extérieur vient toucher nos intimités. Mais d’une façon très quotidienne et incarnée, je ne voulais surtout pas que ce soit théorique ou explicatif.

Vous abordez aussi le thème de la santé mentale. Comment on en parle dans un spectacle d’humour ?

Je parle de cette nouvelle tendance, très liée aux réseaux sociaux, à s’étaler de plus en plus sur leur faille et leur vie privée. C’est ma porte d’entrée. J’avais envie d’aborder ce thème d’une manière joyeuse. On est le premier pays consommateur d’antidépresseurs , ça raconte bien quelque chose sur la France. C’est un sujet qui me paraissait important mais je ne me sentais pas forcément prête avant. Et même si c’est très sérieux, cela peut être abordé d’une manière légère, pour qu’on arrête de juger ou de penser que c’est tabou.

Enfin, j’ai appris que ce qui vous obsède en tournée, c’est de savoir ce que vous allez pouvoir manger après le spectacle. Vous avez déjà étudié les spécialités culinaires franc-comtoises ?

J’avoue que je ne m’y suis pas encore vraiment penchée, mais si vous avez des conseils, je prends. Si vous avez des adresses qui restent ouvertes tard pour manger du fromage de qualité c’est avec plaisir. Un bon morceau de morbier, de comté ou une belle assiette de fromage après le spectacle ce serait parfait.

Sud Ouest - Bordeaux Agglo
Bordeaux rive gauche, samedi 26 octobre 2024 307 mots, p. 22

Talence

Contes d’Halloween.

Cinéma.

Soirée Halloween.

Exposition de photos.

Deux spectacles au Krakatoa.

Conférence sur la ressource en eau.

Mardi, les enfants de 3 à 5ans pourront venir écouter des contes d’Halloween au centre social «Ludiloisirs».

Un «Ciné vacances» est organisé au Dôme mardi, de 15h30 à 16h45, pour les enfants à partir de 3ans. Entrée libre. Tél.0556846421.

Une soirée Halloween est organisée à la Ludothèque jeudi, de 19heures à 23heures. On y trouvera un bar à cocktails, du maquillage, des contes pour frissonner, une soirée jeux, un loto des sens…

Tél.0556849323.

Afin de mettre en lumière la biodiversité illacaise, la Ville a organisé un concours photos sur le thème «la biodiversité illacaise 2024» du 11mars au 13septembre. Un jury a sélectionné trois photos par thème et par catégorie d’âge.

Elles seront exposées du mardi5 au vendredi 23novembre à la bibliothèque Olympe-de-Gouges,

315, avenue du Las.

Le service culture de la Ville propose deux spectacles à la salle du Krakatoa, 3, avenue Victor-Hugo, jeudi, à 20heures: «Silencis», de la danse expressive par Claire Ducreuxet «Phasmes», du cirque contemporain, par la compagnie Libertivore. L’entrée est gratuite,

les spectacles sont ouverts à tous les publics.

Réservations: 0556188862 ou directiondelaculture@ merignac.com

Une table ronde sur le thème de «préserver la ressource en eau face à un climat en mutation» est organisée mardi à 19heures au centre Pierre-Mendès-France (salle Antonin-Larroque), 9, route de Saint-Aubin, à Saint-Médard-en-Jalles. Emma Haziza, hydrologue de renommée internationale, docteure de l’école des Mines de Paris, en sera l’invitée. La scientifique débattra aux côtés de Stéphane Delpeyrat-Vincent, maire de la commune, et de Sylvie Cassou-Schotte, présidente de la Régie de l’eau de Bordeaux Métropole. Cette rencontre se tient dans le cadre du Mois de la résilience pour agir.

Réservations sur my.weezevent. com/conference-la-sobrieteen-eau

La Dépêche du Midi
Aveyron
Locale, jeudi 3 octobre 2024 732 mots, p. 24

Decazeville

Decazeville communauté

Relever le défi culturel en zone rurale

Lors du lancement de la saison culturelle 2024-2025, le samedi 28 septembre, des élus ont exprimé leurs préoccupations face aux défis croissants pour préserver l'accès à la culture en milieu rural.

Malgré des budgets toujours plus serrés, le service culturel de Decazeville Communauté propose une programmation ambitieuse, visant à toucher toutes les générations et à renforcer la cohésion entre les communes du territoire.

Avec une équipe de quinze personnes, le service culturel de Decazeville Communauté joue un rôle primordial pour offrir une diversité d'événements à l'ensemble de la population.

Spectacles, interventions dans les écoles, médiathèques, et expositions sont autant de projets qui témoignent d'une volonté de diffuser la culture à grande échelle, à travers ses 12 communes. Comme le souligne Francis Cayron, vice-président à la culture, « nous essayons de faire profiter toutes les communes de cette offre culturelle. »

Des budgets sous pression

Ces initiatives offrent aux habitants de toutes les communes, souvent éloignées des grands centres culturels, l'opportunité de prendre part à la vie artistique du bassin decazevillois.

Chaque année, le service culturel relève ce défi avec créativité. Pour la saison à venir, une programmation diversifiée - théâtre, musique, cinéma et expositions, street art - sera déployée à travers tout le territoire.

Les élus présents à cette soirée de lancement, bien que fiers du travail accompli, n'ont pas manqué de soulever des préoccupations majeures, notamment sur la question des financements. « On espère que les budgets seront maintenus, voire améliorés », a déclaré le député Laurent Alexandre, rappelant que la culture est souvent la première victime des coupes budgétaires, qu'elles soient locales ou nationales.

Avec un budget de deux millions d'euros, le service culturel parvient malgré tout à maintenir une programmation de qualité, mais les incertitudes financières pèsent toujours lourdement chaque année.

Par ailleurs, le député, a exprimé ses craintes face à une montée des idéologies qui menacent non seulement les droits sociaux mais aussi l'accès à la culture.

« Quand l'extrême droite accède au pouvoir, c'est souvent la culture qui recule », a-t-il ajouté, appelant à une vigilance collective pour protéger les moyens alloués à la création artistique.

Malgré les contraintes, le réseau est encouragé

Malgré ces difficultés, la saison culturelle 2024-2025 promet d'être riche et diversifiée. Un accent particulier est mis sur l'éducation artistique et culturelle, en collaboration avec les écoles et les médiathèques par exemple. Le département et la région soutiennent également cette initiative, qui vise à toucher un public plus large, notamment les jeunes, et encourage à développer des partenariats avec les acteurs locaux.

« Nous avons un beau réseau de médiathèques, un atout précieux pour diffuser la culture dans ce territoire rural », a souligné Michèle Buessinger, conseillère départementale qui représentait Arnaud Viala, président du Département de l'Aveyron.

L'élue a également souligné que, pour faire face aux restrictions budgétaires, il serait nécessaire de renforcer les partenariats avec les communautés voisines et les associations culturelles. « Cela permettrait de créer des liens plus forts entre nos territoires et de mutualiser les ressources, afin d'offrir une programmation encore plus diversifiée. »

Sébastien Blancher, conseiller de la DRAC Tarn-Aveyron, a salué l'engagement et l'investissement de l'équipe du service culturel, affirmant que « la culture doit être accessible à tous, des plus jeunes aux plus âgés, peu importe leur lieu de résidence. »

Il a également insisté sur la nécessité que la qualité des projets en milieu rural soit « équivalente à celle des zones urbaines ».

m. a.

Lors du lancement de la saison culturelle 2024-2025 des élus du territoire de Decazeville communauté ont exprimé leurs préoccupations face aux défis croissants pour préserver l'accès à la culture en milieu rural.

Des objectifs de coopération

Face aux défis financiers et politiques, Decazeville Communauté veut tendre vers des objectifs de coopération qui visent à renforcer l'unité du territoire autour de la culture, en mobilisant des artistes locaux et en facilitant les échanges avec des talents venus de l'extérieur. Aussi, elle s'engage à poursuivre ses efforts pour que la culture reste un levier d'ouverture et de solidarité tout en se tournant vers l'avenir. « L'art a ce pouvoir unique de rassembler, d'éveiller les consciences et de transformer nos espaces de vie en lieux de réflexion et d'échange. Impliquons-nous, participons à ces événements et soutenons notre culture. C'est une clé pour construire un avenir dynamique et solidaire », a indiqué Pascal Mazet, conseiller régional d'Occitanie.

Le Télégramme (Bretagne)
dimanche 20 octobre 2024 31 mots, p. 1UNEGGP

Cinéma « Charles Aznavour appartient à tout le monde »

Dans « Monsieur Aznavour », qui sort en salles mercredi, le comédien Tahar Rahim incarne de façon bluffante

le chanteur disparu en 2018. Dernière page

Midi Libre
LUNEL
samedi 5 octobre 2024 150 mots
Aussi paru dans
5 octobre 2024 - Midi Libre (site web)

"Fatigué", nouveau one-man-show d'Hakim Jemili

Trois ans après son premier spectacle, Hakim Jemili remonte sur scène avec son nouveau one-man-show intitulé Fatigué , vendredi 11 octobre à 20 h 30 au Pasino. Révélé en 2014 avec ses complices du Woop, Hakim Jemili s'est imposé en quelques années comme une figure montante de l'humour en France. Entre web, télévision et cinéma, l'humoriste collectionne les succès et s'impose aujourd'hui comme le chef de file de toute une génération de comiques. Comédien, il enchaîne les films et les séries télévisées. Soutenu par sa complice Laura Felpin, il revient sur le devant de la scène en 2024, fidèle à lui-même. L'humoriste pose un regard sans concession sur la folie de notre époque entre les sujets sensibles et les confessions personnelles. Tarifs : de 34 à 39 euros. Réservations dans tous les points de vente. Correspondante Midi Libre : 06 71 09 73 75 L'humoriste sera au Pasino.

La Voix du Nord
13DOUAI
LOCALE, samedi 5 octobre 2024 490 mots, p. 13DOUAI14

Douaisis express

L’ensemble l’Oxymore revisite

la musique classique à l’église St-Nicolas

Arleux. « Que du classique ! » se réjouit Joseph Gisbert, le président de l’association Les Amis des orgues d’Arleux. Demain, à l’occasion du concert d’automne, on pourra se détendre et entendre la voix de Maud Kauffmann, les sons de la flûte de Nicolas Flodrops et de l’orgue joué par Sophie Lechelle, réunis au cœur de l’ensemble l’Oxymore. Ils interpréteront des morceaux de Jean-Sébastien Bach (1685-1750), Louis-Nicolas Clérambault (1676-1749) et Jean-Philippe Rameau (1683-1764).

Demain à 16 h, concert à l’église Saint-Nicolas d’Arleux. Entrée gratuite, participation volontaire proposée à la sortie du concert.

L’humoriste Olivier de Benoist en vedette demain pour le Festival du rire

Aniche. Après Anne Roumanoff en 2023, c’est l’humoriste Olivier de Benoist qui sera en vedette demain à 16 h à Aniche, pour présenter son dernier spectacle Le Droit au bonheur. Une séance unique dans le cadre du Festival du rire, qui revient pour une quatrième édition. Une heure de confession où le comédien explique avec drôlerie comment quitter sa famille sans qu’elle s’en rende vraiment compte.

Révélé au grand public grâce à sa participation à la première saison de l’émission télévisée « On n’demande qu’à en rire » en 2010, il s’est depuis fait sa place dans la scène française. La séance aura lieu à la salle Louis-Pol près du cinéma.

Tarif : 20 € pour les Anichois, 40 € pour les extérieurs. Renseignements au tél. : 03 27 99 91 11.

Tout un programme d’animations

dans la commune pour la Semaine bleue

Auberchicourt. « Bouger ensemble pour entretenir la flamme ». Tel sera le leitmotiv de la semaine bleue qui se déroulera du lundi 7 au samedi 12 octobre à Auberchicourt. Un atelier pâtisserie animé par Les Gourmandises sucrées du Val lancera la semaine d’animations lundi, de 14 h à 16 h à l’accueil de loisirs. Un atelier d’art floral est prévu le lendemain à 14 h 30, salle Coquelet. Mercredi, de 9 h à 15 h place Lanoy, le camion Truck Soliha propose une découverte des aménagements et astuces pour améliorer le confort de vie et faire des économies d’énergie. Il ne faudra pas louper, à 14 h 30, le loto organisé à la salle des fêtes. Une séance de gym douce est programmée jeudi, de 9 h à 10 h 30, salle Coquelet, avant un concert d’Armand Sannino qui chante Aznavour au même endroit à 15 h. Vendredi, un atelier mémoire est proposé par le CLIC du Douaisis en partenariat avec France Alzheimer, à 11 h 30, toujours salle Coquelet, avant une animation le lendemain sur la musique des années 70 et 80, à 14 h 30 à la salle des fêtes.

Pour cette semaine particulière, un service transport sera mis à disposition gratuitement. Renseignements au tél. : 03 27 92 43 30 ou en mairie.

Le Courrier de l'Ouest
Deux-Sèvres
Bressuire - Le Bocage, samedi 19 octobre 2024 126 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Deux-Sèvres_9

[Mauléon...]

Mauléon

Mémento. Médiathèque : de 10 à 18 heures (tél. 05 49 81 17 14). Déchetterie : de 8 h 30 à 12 heures et de 14 heures à 17 h 30, route de Moulins (tél. 05 49 81 83 39).

Cinéma Le Castel. « Tatami » aujourd’hui, à 20 h 30 et « L’heureuse élue » dimanche, à 15 heures.

Messes. Aujourd’hui, messe à 18 heures à Moulins. Dimanche, messes à 9 h 30 à Saint-Amand-sur-Sèvre et Moutiers-sous-Argenton, à 11 heures à Nueil-les-Aubiers (Saint-Hilaire) ; assemblées dominicales à 9 h 30 à Argenton-les-Vallées, à 10 h 30 à Saint-Aubin-de-Baubigné, Loublande, La Petite-Boissière et Saint-Clémentin, à 11 heures à Mauléon et Saint-Pierre-des-Echaubrognes.

Musée. Ouvert aujourd’hui et dimanche, de 14 à 18 heures ; visite guidée dimanche, à 15 h 30.

La Montagne
Clermont-Ferrand ; Issoire - Sancy -Haute-Loire ; Riom ; Thiers-Ambert
Puy De Dome, vendredi 11 octobre 2024 236 mots, p. Metropole-14

La salle Boris-Vian de la Maison de culture affichait complet

Hakim Jemili par applaudissements

C'est l'exercice assez classique du stand-up très bien foutu, très écrit, ponctué d'envolées quasi-lyriques et parfaitement dominé pour s'autoriser quelques sorties de pistes, quelques interactions non moins classiques avec le public; Hakim Jemili, par applaudis-sements bien sûr.

Mode autodérision upgradé

L'humoriste, comédien, a fait marrer la Maison de la culture hier soir (la salle Boris Vian affichait complet). En parlant de lui, bien sûr, c'est le principe. Mode autodérision accentué. De son apparence physique par exemple, de la nécessité qu'ont les moins dotés d'être dans le marrant, le rigolo, le sympa; de sa femme et de leur enfant qui aura le droit de devenir absolument ce qu'il veut mais pas arbitre de foot, hchouma - joueur star ce serait mieux financièrement parlant-; de ces maths qu'il devrait maîtriser « sous prétexte que les Arabes auraient inventé l'algèbre il y a quelques années [], mais moi j'suis éclaté contre un zboub, wallah »; d'immigration troisième génération, de politique aussi, un peu, de religion pas mal, d'Isaraël, de Palestine, etc..., tout cela avec beaucoup de talent et la mesure nécessaire pour dire les choses tout en jouant la carte du rire. Un très bon moment, conclu par un hommage « à celui qui été le plus gentil de tous avec moi », son papa de cinéma comme il dit, Michel Blanc, dont les obsèques ont été célébrées ce jeudi.

Cet article a également été publié dans les éditions suivantes : Issoire - Sancy -Haute-Loire, page 14; Riom, page 14; Thiers-Ambert, page 14

La Dépêche du Midi
Est toulousain - lauragais
Locale, jeudi 10 octobre 2024 43 mots, p. 30

Revel/Lauragais

Spectacle

Ce soir au cinéma Get, Rouge Carmen et Bulle d'air présente le spectacle « Na'ni, et un jour tu vis ». Organisé pour Octobre Rose. Spectacle de théâtre, danse, chant et humour. À partir de 8 ans. Tarif unique : 10 €. 38, rue Georges Sabo.

Ouest-France
Nord-Finistère
Pays d'Iroise - Pays des Abers, vendredi 11 octobre 2024 170 mots, p. OF Nord-Finistère_14
Aussi paru dans
11 octobre 2024 - Maville (site web réf.)

Succès de la projection en live piano !

Projet proposé par la commune plouguinoise, et présenté par l’association Film et culture, l’évènement a réuni pas moins de 126 spectateurs de tous âges, ravis de vivre une telle expérience, sublimée par la performance musicale d’Elena Kozyr, pianiste d’origine ukrainienne.

Une belle mise à l’honneur de l’art du film et de la musique, au cœur de l’église. « Le choix de ce lieu de culte et de prière avant tout, comme cadre pour cette soirée, a ajouté une dimension encore plus sublime à l’expérience, avec son acoustique exceptionnelle, s’est réjoui un élu, avant d’ajouter : Avec une recette de 645 €, la soirée a non seulement permis de redécouvrir un classique du cinéma, mais également de souligner l’importance de la musique live dans l’expérience cinématographique. »

Les dons récoltés seront envoyés à l’association Bretagne Ukraine, qui se mobilise pour fournir des produits de première nécessité aux personnes touchées par le conflit en Ukraine.

Cet article est paru dans Ouest-France

Paris-Normandie
PNEB
PAGES LOCALES, mardi 29 octobre 2024 1007 mots, p. PNEB3

L’entretien Aymeric Lompret

"Vous n’aimez pas la culture ou quoi ?"

Propos recueillis par Vincent Folliot

Chroniqueur parti de France Inter pour rejoindre Radio Nova, le trublion foutraque Aymeric Lompret est sur la scène du Cadran ce mercredi à Évreux. Attention, ça décape !

«Je ne pouvais pas rester dans une radio où l’on passe au-dessus de la loi»«Je ne pouvais pas rester dans une radio où l’on passe au-dessus de la loi»

Propos recueillis par Vincent Folliot

Pour votre spectacle « Yolo », vous avez décidé de vous mettre dans la peau d’un SDF. Fallait oser ! Pourquoi ce choix ?

« Avant tout, c’est un choix de militantisme. Je me suis pas mal rapproché de la Fondation Abbé-Pierre, qui a quelques petits soucis actuellement. Et puis aussi, ça m’arrangeait artistiquement, car je voulais parler de la solitude à travers un personnage du sans-abri, un rôle de composition. Même si le sans-abri n’est pas très loin de moi en termes d’hygiène. Non, il est plus propre. »

Comment avez-vous vécu tous ces soubresauts depuis les révélations sur l’abbé Pierre ?

« C’est terrible. Surtout pour la fondation qui en pâtit. Il faut réussir à dissocier la fondation de l’homme. Elle milite au quotidien contre le mal-logement. Je n’ai pas trop parlé là-dessus, j’attends qu’une décision soit prise, que le nom change. Je ne me suis pas désolidarisé du tout, car ils ont dit dès le lendemain qu’ils prenaient la parole des victimes en compte. Leur positionnement était assez clair. »

Pierre-Emmanuel Barré a coécrit le spectacle. Quelle a été sa contribution ?

« Déjà, il m’a hébergé chez lui. C’était un super lieu pour écrire. Ça fait un petit moment qu’on bosse tous les deux. Depuis que je suis arrivé sur France Inter, on écrit nos chroniques ensembles. Des blagues, des angles. Lui est très fort en narration, en structure. Il m’a fait éviter les blagues faciles. »

Avant votre spectacle à Évreux, deux autres dates en Bourgogne-Franche-Comté affichent complet. Êtes-vous surpris du succès du spectacle ?

« C’est complet partout, sauf à Évreux. Vous n’aimez pas la culture ou quoi ? Il me reste 50 places à vendre. Je suis obligé de répondre à des journalistes aussi ! J’ai la chance d’être médiatisé sur France Inter et maintenant sur Nova. Je n’arrive pas encore à savoir si les gens viennent parce qu’ils me connaissent ou parce qu’ils ont entendu parler du spectacle. En tout cas, je suis assez fier de ce spectacle et les gens en sortent plutôt contents. »

Tous les artistes ne font pas le plein. L’humoriste de France Inter, Sophia Aram, devait jouer à Évreux le vendredi 13 décembre.

Le spectacle a été annulé…

« Oui, on me l’a dit. C’est dommage pour un Molière de l’humour de ne pas remplir une salle de spectacle. Et bim ! » (rires)

Le mois dernier, vous avez fait monter sur scène un réalisateur de C News, à Charleville-Mézières. Ça a dû vous faire bizarre. Racontez-nous ça !

« C’est marrant, tout le monde m’en parle ! En fait, je fais monter quelqu’un sur scène. Il m’a dit qu’il était réalisateur sur C News ! Là, 800 gauchistes dans la salle ont commencé à le conspuer. Mais il était très sympa. Ça nous a tous donné une belle leçon de vie. Mais on l’a tous encouragé à changer de média ! Et puis, s’il vient à mon spectacle, c’est qu’à mon avis, il ne partage pas l’avis de Pascal Praud. Après, on s’est écrit, on en a rigolé. Comme il y a eu un article dans L’Ardennais, il a eu pas mal de retours ! Il voulait que je précise qu’il n’était pas de droite ! »

Y a-t-il une limite à l’humour ?

On peut rire de tout ?

« Si c’est drôle, bien sûr. Chacun a ses propres limites. Moi, par exemple, ce sont les faits divers un peu glauques. La mort d’un nourrisson, c’est un peu compliqué. Sur l’affaire Pélicot, je n’ai pas entendu de blagues qui m’ont fait rire. Si quelqu’un y arrive, je suis preneur. »

Les événements du 7 octobre ont créé une fracture et une polémique chez les humoristes…

Ça traduit quoi selon vous ?

« Je ne connais pas beaucoup d’humoristes qui prennent position pour Netanyahou. On a toujours pris en considération les victimes. Là, en ce moment, c’est quand même plus d’un côté que de l’autre. Il y a clairement un génocide. L’amalgame est très vite fait entre être contre la politique de Netanyahou et être antisémite. »

Après le licenciement de Guillaume Meurice, vous êtes aussi parti de France Inter…

« Je ne pouvais pas rester dans une radio où l’on passe au-dessus de la loi en virant un humoriste pour une blague. Surtout, j’ai eu l’impression que France Inter prenait une direction qui n’était plus trop la mienne. Ça tombait hyperbien. Maintenant, on est trop bien sûr Nova ! On a une liberté totale ! »

Si je vous donne quelques noms de personnalités liées à Évreux, lequel vous inspirerait le plus pour écrire un sketch ?

Mgr Gaillot, Olivier Delacroix, Jean-Louis Debré, Bruno Le Maire, Sheryfa Luna, Steve Mandanda ?

« Steve Mandanda, j’adore. c’est le meilleur gardien. Bruno Le Maire, il est nul, nul, nul. Je vais en parler. Jean-Louis Debré aussi, nul, nul, nul ! La famille Debré est dans la politique depuis 150 ans. »

Vous avez joué dans une comédie inspirée de l’histoire de Dupont de Ligonnès.

Vous allez bientôt rejouer au cinéma ?

« Oui, je vais interpréter un professeur de sport bedonnant. C’est un film de Caroline Druas, qui s’appelle Les Immortelles. Ça devrait sortir dans un an. »

Spectacle Yolo d’Aymeric Lompret,

mercredi 30 octobre à 20 h 30 au Cadran,

1, boulevard de Normandie, à Évreux.

Tarifs : 16 € et 32 €.

Renseignements : letangram.com

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Indre
la châtre, vendredi 18 octobre 2024 578 mots, p. 16

Le magicien Sandou installé à Pouligny-Notre-Dame

Avec ses Ateliers des rêves, l’artiste spécialisé dans les changements de costumes instantanés veut faire découvrir ses décors et envisage un futur escape game.

Cor. NR : Agnès Champeau

36160 Pouligny-Notre-Dame, France - Lorsque le public arrive dans le local de Sandou, le magicien spécialiste du quick-change (l’art de changer instantanément de costumes), il peut croire qu’il arrive dans un hôtel des années 60, avec le tableau de clés et le comptoir. Installé dans l’ancien magasin de la famille Contarin, meubles et cuisines, à Pouligny-Notre-Dame, il prépare son local à accueillir des visites théâtralisées de ses décors de spectacles, avec notamment celui utilisé lors de son passage dans La France a un incroyable talent en 2022, et un futur escape game. Un lieu baptisé Les Ateliers des rêves.

« Enfant, lorsque mes parents faisaient des brocantes, j’installais mon stand de magie »

Né en 1988 en région parisienne, Christophe, alias Sandou, a rapidement fait ses premiers tours de magie et adorait se déguiser et cela avant de découvrir les numéros d’Arturo Brachetti, avec lequel il est en contact maintenant. Il se souvient :  « Déjà enfant, lorsque mes parents faisaient des brocantes, j’installais mon stand de magie et gagnais plus qu’eux avec mes numéros ! » Sandou s’est formé en esthétique et cosmétique avec un CAP et un BEP et vit de ses spectacles depuis 15 ans. Le jeune homme en a créé cinq : Noël féerique en 2007, La Famille Adams en 2011, Sublimes sensations en 2018, Quand je serai grand en 2020 et dernièrement Arrête ton cinéma en 2023, où il se change pas moins de 80 fois, passant en une fraction de seconde de l’inspecteur Gadget à Madame Doubtfire ou Edward aux mains d’argent.

Le personnage suivant peut être même mimé ou miniaturisé en marionnettes car l’artiste complet est également ventriloque et marionnettiste.

Aujourd’hui, Sandou est produit par Anthony Sanchez, créateur d’Allons y production et collabore avec Michel Grolez, le compositeur qui sait toujours trouver la bonne musique au bon moment.

Intégration avec les associations locales

L’artiste poursuit donc son rêve dans le Berry : « Il faut toujours suivre ses rêves car une vie sans rêves c’est comme une marionnette sans ficelles ! » Installé dans l’Indre depuis cet été, Sandou cherchait un endroit central pour aller travailler sur des spectacles à Paris et retourner l’été à Perpignan. Il n’est pas tout à fait étranger à la région, sa grand-mère étant originaire d’Argy. Et avec son show mêlant cabaret et magie , présenté les 4 et 5 octobre au foyer socioculturel de Pouligny-Notre-Dame, il a déjà conquis le cœur des Berrichons, faisant la connaissance de tous et particulièrement des membres de l’association PND Micro avec lesquels l’artiste fait des costumes.

C’est que Sandou crée, coud et répare ses propres costumes mais aussi ceux de toutes ses danseuses. Autodidacte et touche à tout, il gère jusqu’à l’infographie de ses publicités. Tous les décors de ses spectacles ont été pensés, dessinés et construits par lui, la plupart du temps en bois, une matière qu’il affectionne particulièrement. L’enfant qui est en lui a tout prévu comme un jeu de construction et tout s’emboîte pour être transporté lors des tournées, comme en Norvège récemment, ou dans le Sud, tous les étés.

Cor. NR : Agnès Champeau

Plus d’informations sur www.sandoumagicien.com Allons-y productions : tél. 06.71.75.91.30 ou [email protected]

L'Indépendant
NARBONNE_IN
dimanche 6 octobre 2024 246 mots
Aussi paru dans
5 octobre 2024 - L'Indépendant (site web)

Rendez-vous des associations

Salle du conseil municipal, sous la présidence du maire Gérard Lacombre, de son adjointe Aliénor Plaisant et de Florence, secrétaire de mairie, une vingtaine d'associations se sont réunies pour fixer les dates des nombreuses manifestations et rassemblements à venir d'octobre 2024 à septembre 2025. Prochaines dates :

samedi 12 octobre, le jour de la nuit;

mardi 22 octobre, troisième collecte de sang;

vendredi 22 novembre, chant et percussions avec Laurent Cavalié;

dimanche 15 décembre, marché de Noël;

vendredi 20 décembre, spectacle des écoles;

mardi 31 décembre, réveillon du comité des fêtes.

Vendredi 10 janvier 2025, voeux de la mairie et ceux des donneurs de sang

vendredi 17 janvier; samedi 1er février, assemblée générale de La gaieté;

vendredi 7 février, salon Econ'home;

vendredi 14 mars, dans la salle des fêtes, Armissan fait son cinéma;

dimanche 30 mars, salon du livre;

vendredi 4 avril, assemblée générale des donneurs de sang;

vendredi 11 avril, carnaval des écoles;

dimanche 11 mai, rallye des Vadrouilleurs;

dimanche 25 mai, course Ronde des vins de la Clape;

du jeudi 12 au samedi 28 juin, open de tennis;

samedi 21 juin, fête de la musique;

vendredi 4 juillet, concert de l'Harmonie de Coursan;

samedi 19 juillet, marché gourmand;

du vendredi 1er au dimanche 3 août, fête du village;

mardi 12 août, théâtre avec la compagnie Baudracco;

vendredi 5 septembre, forum des associations;

samedi 20 et dimanche 21 septembre, journée européennes du patrimoine. Les associations ont décidé des dates de rassemblements. R. P.

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Deux-Sèvres
deux-sèvres, samedi 19 octobre 2024 108 mots, p. 6

actualité

Brève

en bref

LOISIRS

Courts métrages animaliers au Retail

Quelques jours avant le début du Festival international du film ornithologique, quatre étudiants de l’Iffcam (Institut francophone de formation au cinéma animalier de Ménigoute) viendront présenter leurs courts métrages animaliers réalisés en première année d’études ce samedi à 15 h au gîte de La Martinière au Retail. Chacun pourra expliquer la réalisation de ces films et débattre avec le public. Ce sera également l’occasion de découvrir la Fédération nationale des amis de la nature, et les activités de l’association locale de Niort.

Contacts : tél. 06.08.95.52.26 ou 06.70.22.67.86.

Presse Océan
Nantes Métropole, Nord et Sud
Sud Loire, mardi 15 octobre 2024 68 mots, p. PO Nantes métropole, Nord et Sud_21
Aussi paru dans
15 octobre 2024 - Presse Océan (site web)

La Semaine bleue fait le plein

Toutes les animations prévues pour la Semaine bleue ont fait le plein : atelier numérique, cuisine, anti-arnaque, danse, visite de Guérande, des Chantiers de Saint-Nazaire, conférence sur les AVC, cinéma, yoga du rire…

Pour rappel mercredi 16 octobre, salle Paul-Bouin à 19 h, une conférence-débat portera sur le don d’organe.

La Dépêche du Midi
Ariège
Locale, mercredi 16 octobre 2024 58 mots, p. 27

[Salle M.-C.- Barrault...]

Salle M.-C.- Barrault

Le Procès du chien. À 14 h 30 et 16 h 15.

Ni Chaînes ni maîtres. À 18 h 15.

Joker Folie à deux. À 20 h 30.

Salle G.- Méliès

Relâche.

Mirepoix. Espace culturel A.-Malraux

Beetlejuice Beetlejuice. À 18 heures (VOSTF).

Ni Chaînes ni maîtres. À 21 heures (VOSTF).

cinéma

La Montagne
Issoire - Sancy -Haute-Loire
Issoire Ouverture, mardi 15 octobre 2024 71 mots, p. Haute-Loire-15

Animations ados.

Médiathèque. Animations ados. C'est le retour du « Cinéma » à la médiathèque René-Char. Le principe reste le même : donner l'occasion aux jeunes de 12 à 17 ans (re)découvrir des films phares des dernières années. Pour cette séance, qui aura lieu mardi 22 octobre, à partir de 14 h 30, c'est l'animation japonaise qui sera à l'honneur. Gratuit. Plus de renseignements et réservations obligatoires au 04.73.89.24.94.

La Dépêche du Midi
Tarn-et-Garonne
Locale, vendredi 18 octobre 2024 21 mots, p. 28

Valence-d'Agen

Montjoi

Cinéma

L'APE de Castelsagrat-Montjoi et Quercimages proposent « Vice-versa 2 », samedi 19 octobre à 16 heures, dans la salle des fêtes.

L'Est Républicain
Edition de Besançon ; Edition de Montbéliard ; Edition de Vesoul ; Edition de Belfort
Sortir, vendredi 18 octobre 2024 123 mots, p. EBEL30,MONT30,EVES30,DOHD30

Territoire de Belfort

Les Petites Entrevues font leur retour

Il est de retour. Cette fois-ci pendant les vacances scolaires de la Toussaint, et avec une programmation étoffée. Du dimanche 20 au mercredi 30 octobre, le festival de cinéma pour enfants Les Petites Entrevues voit les choses en grand pour sa dixième édition. Il n’aura pas lieu durant Entrevues, son grand frère attendu en novembre, et une trentaine de projections sont prévues dans huit lieux du département terrifortain (à Belfort, Giromagny, Rougemont-le-Château, Grandvillars et Delle) et d’ailleurs (à Lure et Mulhouse).

Plus d’infos sur www.festival-entrevues.com

Le Maine Libre
Sarthe ; Grand Mans
Le Mans, vendredi 18 octobre 2024 405 mots, p. Le Maine Libre Sarthe_8
Aussi paru dans
18 octobre 2024 - Le Maine Libre (site web)

Le festival Open the gates prend de l’ampleur

Musique, théâtre, conférence, humour : le festival Open the gates lance sa seconde édition samedi et se posera en divers lieux de la ville pendant une semaine.

L’association Open the gates avait attiré plus de mille spectateurs à son premier festival en 2023, à l’Île aux Planches. Pour la seconde édition, le choix a été fait d’allonger la durée.  C’était trop court l’an dernier  explique Kunthea, artiste associée de l’association, qui animera tout ce festival dont la scène est réservée aux artistes féminines et de mixité choisie.

 Nous allons nous implanter dans plusieurs lieux culturels vivants de la ville . C’est par exemple au Blue Zinc, avenue de la Libération, que débutera le festival « off » ce samedi, avec une scène musicale ouverte réservée aux amateurs (18 heures), tandis que Le Barouf, dans le centre-ville, prendra le relais avec le collectif Nananerf et une soirée jukebox (de 21 heures à minuit). À suivre : concert d’Henriette & Les garçons et The Golden Avenue le dimanche au bar du Pilier rouge (17 à 20 heures) ; conférence « La place du corps » le lundi à 19 heures à l’atelier Au cœur des artistes (sur réservation) ; théâtre « À moi de jouer, la place des femmes agricultrices » le mardi à 20 h 30 au Hangar Créalab (sur réservation) ; concert classique en hommage aux compositrices le mercredi à la médiathèque Aragon (gratuit, 17 heures) et cinéma avec la projection en avant-première de « Sur le fil » mercredi également à 20 heures au Colisée (6 €).

Deux soirées aux Saulnières

Arrivent ensuite les deux temps forts du festival, aux Saulnières. Le vendredi, cinq artistes participeront à la soirée stand-up : Marie de Brauer, Mamari, Inès, Alice Lombard et Double A (10 €). Samedi, la journée débutera par la conférence « Et demain ? » à 16 heures, avant deux ateliers « yoga du rire » et « voyage en 2030 » à partir de 17 h 30. À partir de 19 heures, une soirée de concerts verra passer sur scène Michelle & les garçons, Tedaak, Dorothée Doyer, Sept, et Blanche Esther (gratuit).

En plus de préparer ce festival, l’association Open the gates propose de l’accompagnement artistique et organise des actions dans les collèges et lycées autour de la culture hip-hop.

Réservations via le site  https://festivalopenthegates.fr.

Cet article est paru dans Le Maine Libre

L'Indépendant
CATALAN_IN
vendredi 25 octobre 2024 176 mots
Aussi paru dans
24 octobre 2024 - L'Indépendant (site web)

« Micheline » a mis un terme aux Rencontres culturelles

Samedi soir, les 4es Rencontres culturelles du Boulou ont baissé le rideau dans la salle du cinéma Le Majestic. Le public s'était donné rendez-vous pour découvrir la pièce de théâtre Micheline jouée par trois artistes de la compagnie Alma de Céret. Magistral rendez-vous avec le passé où s'emmêlent deux époques pour nous rappeler que les faits sont têtus, que la mémoire parfois se réveille mais aussi que l'histoire se répète. Trois générations de femmes, trois vies différentes certes mais liés par le fil d'exils répétés, cette frontière qui rythme un passé qu'elles pensent avoir oublié... Micheline la petite-fille va découvrir et porter cette histoire... Après avoir remercié les partenaires, le président Raymond San Geroteo a souligné que cette pièce de théâtre était « la 9e aventure d'un bouquet de 9 évènements culturels et populaires dans un monde où la culture n'est plus un marqueur social comme elle a pu l'être par le passé. Notre devoir est de batailler pour démocratiser cet espace culturel ». Une scénette de la pièce Micheline.

Le Télégramme (Bretagne)
samedi 19 octobre 2024 116 mots, p. 2MLX-2
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16 octobre 2024 - Le Télégramme (Bretagne) (site web)

Morlaix

Morlaix « La sirène à barbe » projetéele mardi 22 octobre à La Salamandre

Mardi 22 octobre, à 20 h 30, le cinéma La Salamandre accueillera la représentation d’une troupe d’artistes et de Drag queens du cabaret dieppois La sirène à barbe, sur lequel le film éponyme d' Arthur Delamotte et de Nicolas Bellenchombre est basé.

À l’issue de la projection, les spectateurs pourront échanger avec ce dernier. L’histoire est celle d’Erwan, un pêcheur du coin, qui s’aventure dans le monde du spectacle, et qui découvre, derrière le strass et les paillettes, des humains tourmentés et solitaires. Le portrait d’une petite ville portuaire partagée entre quotidien morose et destinées extraordinaires.

L'Echo Républicain
Edition principale
Chartres, mercredi 23 octobre 2024 278 mots, p. Echo-7

Aujourd'hui

Cinéma

Les Enfants du Paradis, 13, place de la porte Saint-Michel, à Chartres.

4 zéros. 11 h 10, 13 h 30, 18 h 45, 21 h 05. Challenger. 11 h 15, 14 heures, 19 heures, 21 h 20. Angelo dans la forêt mystérieuse. 11 h 15, 14 heures, 16 h 15. Monsieur Aznavour. 13 h 40, 16 h 10, 18 h 45, 21 h 30. Transformers : le commencement. 14 heures, 16 h 20, 18 h 50, 21 h 15. The killer (interdit moins de 12 ans). 16 h 15, 21 heures. Chouette, un jeu d'enfants. 10 h 30. Miséricorde. 10 h 45. Sauvages. 10 h 45. C'est le monde à l'envers. 11 heures, 13 h 30, 18 h 25. Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois. 11 heures, 16 h 30. Le robot sauvage. 11 h 15, 13 h 50, 16 h 30, 19 h 05, 21 h 40. L'histoire de Souleymane. 11 h 15. Croquette, le chat merveilleux. 11 h 15, 13 h 45, 16 heures. L'amour ouf. 13 h 20, 16 h 40, 20 h 30. Lee Miller. 13 h 35, 21 h 10. VOST. 18 h 30. Smile 2 (interdit moins de 16 ans). 13 h 45, 18 h 45, 21 h 30. Joker : une folie à deux (interdit moins de 12 ans). 15 h 50, 18 h 20, 21 h 15. Harold et le crayon magique. 16 heures. Quand vient l'automne. 16 h 05. L'heureuse élue. 18 h 50. Beetlejuice Beetlejuice. 21 h 20.

Convois Mortuaires

Chartres. 10 heures, cathédrale. Jean-Claude Delorme, 78 ans. Fains-la-Folie. 15 heures, église. Colette Templier, née Fillon, 91 ans. Lèves. 14 h 30, église. Alban Duroc, 32 ans.

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Indre
indre, jeudi 3 octobre 2024 132 mots, p. 7

actualité

Brève

Loisirs

Festival de théâtre itinérant autour de Serge Valletti

L’association Lectures & lecteurs organise pour la première fois un festival de théâtre itinérant autour de l’auteur de théâtre Serge Valletti, auteur caustique et drôle qui travaille notamment avec Robert Guédiguian au cinéma mais aussi Daniel Mesguich à ses débuts. Au programme, 4 dates en octobre et novembre : Et puis quand le jour s’est levé je me suis endormie le 11 octobre à Jeu-Maloches ; Cahin caha le 25 octobre, à Heugnes, Renseignements généraux le 8 novembre, à Luçay-le-Mâle ; et L’invention de Suzanne  le 29 novembre, à Villentrois. Ces moments de théâtre sont mis en voix par des professionnels accompagnés de Gille Chabenat, à la vielle.

Tarif : 5 € réduit ; 10 € plein tarif. Contact : tél. 07.77.30.37.27.

Le Télégramme (Bretagne)
lundi 7 octobre 2024 318 mots, p. 7OCO-CPUNE

Audierne

Audierne Salle comble pour « À bientôt, c’est une promesse » en avant-première

Après les discours officiels marquant la réouverture du cinéma le Goyen vendredi soir, le documentaire de Laurie-Anne Courson, « À bientôt, c’est une promesse » , était programmé en avant-première en salle à 20?h?30.

Le public a répondu présent pour découvrir avec émotion des extraits de vie d’une Florence Arthaud intime, racontée par Marie-Claude Bostoen, elle qui a rompu avec sa vie personnelle pour la suivre et devenir la nourrice de sa fille, Marie. Ces deux femmes, que rien ne prédestinait à se rencontrer, avaient en elles un point commun : la même conviction que rien n’est impossible.

Dans la salle, Laurie-Anne Courson était présente avec son équipe : Nedjma Berder (image), Chloé Dubset (son), Anne Rennesson (montage), Marjorie Freville (décoratrice).

Accompagnée par Laurence Ansquer, la productrice de Tita B production, elle a rappelé la gageure incertaine qu’elle s’était fixée : rencontrer quelqu’un dont la vie aurait été éclairée par Florence Arthaud. Également animée par cette même conviction, elle aussi a fini par rencontrer Marie-Claude.

Du trac avant la projection

Marie-Claude Bostoen n’est passée pas inaperçue lors de cette soirée. Présente bien avant la projection, parmi les invités, elle a baladé son trac en s’accompagnant de ses amis venus la soutenir. Appelée en fin de séance pour répondre au public, une fois l’émotion dominée, la fière bordelaise s’est ressaisie et a retrouvé le sens de la narration.

À quelques rangées de fauteuils, discrète et très émue, la fille de Florence Arthaud et du navigateur Loïc Lingois, également présent, Marie Lingois, a écouté Marie-Claude et approuvé en souriant à sa conclusion : « C’était une belle époque, douce, joyeuse, très joyeuse ».

Ouest-France
Ille-et-Vilaine ; Finistère ; Vendée ; Mayenne ; Loire-Atlantique ; Morbihan ; Sarthe ; Maine-et-Loire ; Calvados, Manche, Orne ; Côtes-d'Armor
DA Télévision, dimanche 20 octobre 2024 141 mots, p. DOF Actu Ille-Et-Vilaine_26

Le loup et le lion, une tendre fable

Cinéma. À la mort de son grand père, Alma (Milly Kunz), qui vient de terminer ses études de piano, se rend dans la maison de son aïeul, située au bord d’un lac et entourée par la forêt. Le lendemain, elle recueille un lionceau tombé d’un avion. Puis, une louve, dont lui avait parlé son grand-père, s’installe avec son louveteau. Le lion échappe au cirque et grandit avec le loup. Après  Mia et le lion blanc (2018), Gilles et Prune de Maistre se sont lancés en 2021 dans cette nouvelle fable. Le scénario a dû être constamment adapté aux animaux, que seule l’héroïne approchait sans cage. Après le tournage, ils ont rejoint une réserve au Canada. Un joli film qui interroge la place laissée à la nature.

W9, 23 h.

Centre Presse Aveyron
RODEZ_CP
jeudi 31 octobre 2024 74 mots

Au cinéma cette semaine

« Le Robot sauvage » : l'incroyable épopée d'un robot qui, après avoir fait naufrage, se retrouve sur une île déserte. Vendredi 1er novembre, à 17 heures, jeudi 31 octobre et dimanche 3 novembre, à 14 h 30.

« L'amour Ouf » : dans les années 80, deux adolescents tombent éperdument amoureux malgré leurs origines sociales opposées. Jeudi 31 octobre, vendredi 1er novembre, samedi 2 novembre, à 20 h 30, dimanche 3 novembre, à 17 heures.

La Montagne
Corrèze
Tulle, samedi 2 novembre 2024 87 mots, p. Brive-19

Passeport culturel individuel

Uzerche. Passeport culturel individuel. La ville d'Uzerche met en place une initiative inédite, exclusivement réservée à ses habitants : le Pass' Uzercha. Ce passeport culturel individuel, gratuit pour tous les résidents, permet de profiter de l'offre culturelle municipale à des tarifs préférentiels, voire gratuitement, tout au long de l'année. Il donne accès aux équipements culturels d'Uzerche : le cinéma, l'auditorium et la médiathèque.

Par la même occasion, la municipalité revoie sa communication en matière d'offre culturelle avec la création d'un label et de nouveaux supports originaux.

Sud Ouest - Charente-Maritime
Rochefort et Oléron, lundi 4 novembre 2024 372 mots, p. 20
Aussi paru dans
2 novembre 2024 - Sud Ouest (site web)

Les lettres de noblesse du stand up à la Coupe d’Or

Mohamed El Khatib revient jeudi7 et vendredi 8novembre avec un spectacle mettant sur le devant de la scène huit jeunes artistes de stand-up

Performances

Rochefort

Mohamed El Khatib, créateur de référence du théâtre documentaire, met en scène huit jeunes artistes de stand-up qu’il a sélectionnés avec l’opération «Talents Adami Théâtre». Une manière de montrer que ce genre en pleine ébullition est bel et bien du théâtre.

Le stand-up est à la mode. Les séries télé et les vidéos de jeunes comiques qui fleurissent sur les ondes en témoignent. Souvent relégué au rang deone (wo)man show, le stand-up repose en réalité sur une maîtrise du verbe et du rythme imparable, qui en fait un art théâtral à part entière, une discipline avec ses codes dramaturgiques, son histoire, sa dimension cathartique, et même politique.

Pour l’incarner, Mohamed El Khatib a réuni au plateau huit jeunes interprètes, lauréatsd’un concours improvisé, consistant à le faire rire grâce à des vidéos de deux minutes. Jouantd’abord la carte traditionnelle du seul(e) en scène qui donne à voir chaque interprète dans son univers personnel, Mohamed El Khatib compose peu à peu une partition chorale savoureuse pour raconter une histoire drôle (c’est le but en tout cas!) du stand-up, de ses origines et de son insolente habileté à prendre le pouls de la société, en ouvrant la voie à un rire transgressif et rassembleur.

Auteur, metteur en scène, réalisateur et plasticien, Mohamed El Khatibdéveloppe des projets à la croisée de la performance, de la littérature et du cinéma. Après «Moi, Corinne Dadat», qui proposait à une femme de ménage et à une danseuse classique de faire un point sur leurs compétences, il a poursuivi son exploration de la classe ouvrière avec la pièce « Stadium» qui convoque sur scène 58 supporters du RC Lens. Avec des enfants de parents divorcés, il s’est interrogé à la radio et à l’écran sur ce que la famille peut produire comme récit («La Dispute»,accueilli à laCouped’Oren 2020).

Jeudi à 19h30 et vendredi à 20h30.

Tarifs: de 9 à 27euros.

L'Union (France)
VIT
LOISIRS, jeudi 7 novembre 2024 1240 mots, p. VIT28

L’entretien Antoine Donneaux

« Les Belges rient d’eux-mêmes, les Français rient des autres »

Charleville-Mézières L’humoriste belge se produira demain au 75 Forest Avenue. Devenu récemment professionnel du spectacle, cet « humotateur », comme il se définit, évoque l’émission La France a un incroyable talent qui l’a fait découvrir au grand public.

Antoine Donneaux, pouvez-vous nous donner la teneur de votre spectacle ?

Comme son nom l’indique « Imitateur, mais pas que ! », ce n’est pas uniquement un spectacle d’imitations (trente-six en tout) qui s’enchaînent, car il y a beaucoup d’interactions avec le public, du stand-up avec des chroniques absurdes et décalées et des chansons. J’évoque des petites tranches de vie et des sujets de société comme l’influence grandissante de la publicité dans notre vie.

Comment avez-vous commencé dans l’imitation ?

J’ai commencé vers l’adolescence à imiter mon père dans ma chambre quand il était énervé contre moi, puis après mes potes et Aznavour qui a une voix si particulière. J’étais bluffé quand j’entendais Laurent Gerra enchaîner plusieurs voix sur la même la chanson Et maintenant de Gilbert Bécaud et j’ai essayé de… l’imiter. À ma grande surprise, j’arrivais aussi à changer rapidement d’intonations et c’est ça qui m’a décidé de poursuivre dans cette voie. La première fois que je suis monté devant un public, c’était dans la salle de mon village et là j’ai ressenti un déclic profond : je devais vivre mon rêve qui était de faire de la scène et des spectacles.

Comment définiriez-vous votre style d’humour ?

Je ne le mettrai pas dans une case, mais je dirai que je suis un imitateur absurde avec beaucoup de second degré, sans jamais être méchant. Je prends du recul par rapport à l’imitation, car mon but n’est pas de dire « regardez comment mes voix sont justes », mais plutôt de m’en servir pour faire rire avec l’aide de mon personnage fétiche Jason.

Qu’est-ce que vous a surpris lors du tournage de La France a un incroyable talent et avez-vous un petit bémol sur cette émission ?

C’est une très grosse production et je n’avais jamais vu un plateau aussi grand avec autant de monde dans l’équipe, le tout dans une ambiance bon enfant et je ne pensais pas avoir autant de stress pendant le direct de la finale. Ce serait un bémol « positif » (Rires) : Sugar Sammy est beaucoup plus sympa que l’image qu’il se donne à l’écran !

Avez-vous dû perdre votre accent pour pouvoir imiter des personnages francophones ?

Quand j’imite, aussitôt je perds mon accent puisque je change de voix et cela se fait donc de façon automatique. Je ne suis pas obligé de forcer pour gommer cet accent et heureusement, car je ne vois pas Emmanuel Macron avec un accent liégeois ! (Rires). Pour perdre un accent, il faut rester concentré et après le spectacle quand je me laisse aller car je suis fatigué, certains spectateurs sont étonnés de celui typique des Ardennes belges que je reprends dans mes conversations avec eux.

Pensez-vous qu’il y ait une différence entre les humours belge et français ?

La différence n’est pas flagrante car par exemple les deux aiment les jeux de mots, contrairement à moi. Je pense quand même que le belge a beaucoup plus d’autodérision que le français : les Belges rient d’eux-mêmes, les Français rient des autres.

Comment peaufinez-vous les voix que vous imitez ?

Je regarde des vidéos des personnages, je m’enregistre sur mon téléphone et j’écoute si ça ressemble et je les teste sur des proches sans leur dire avant le nom de la vedette. Je procède de la même façon sur scène, car si on annonce au public le nom avant l’imitation, je trouve que c’est trop facile. Comme je travaille beaucoup sur vidéo, les personnes qui m’énervent et que je n’arrive pas à regarder plus d’une minute comme Cyril Hanouna, je ne les imite pas !

Si vous rencontrez un inconnu dans la rue, vous pouvez aussitôt tenter une approche de sa voix ou il faudra auparavant travailler beaucoup dessus ?

Il faut déjà que la voix ait une personnalité, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, et par exemple la vôtre, au bout d’une heure je saurais la faire. Par contre, les voix qui ont une tessiture trop haute, je ne pourrai jamais les imiter.

Les producteurs de « La France a un incroyable talent » font-ils signer aux participants un contrat comme quoi par exemple ils doivent mentionner le nom de l’émission lors de leurs prestations futures ou pour les droits vidéo ?

Nous n’avons dû signer aucun document, mais nous avons comme unique obligation de ne pas faire figurer le logo de l’émission sur nos affiches, ce qui me paraît tout à fait normal.

Vous avez créé une société d’impression sur tee-shirt et maintenant que vous êtes devenu aussi professionnel dans le domaine artistique, qu’est-ce que vous a le plus surpris ?

La densité du travail, les nombreux échanges administratifs et beaucoup de communication avec la production, l’attaché de presse, la télévision et les radios. Ce n’est plus juste jouer son petit spectacle comme à mes débuts et puis après c’est tout. C’est un travail de toute une journée, donc j’ai engagé quelqu’un pour s’occuper de l’administratif de ma société.

Après votre passage à l’émission, y avait-il eu un impact sur le chiffre d’affaires de votre société ?

Non, cela n’avait eu aucun impact particulier sauf deux Français qui étaient venus chez moi car ils m’avaient vu à la télé ! (Rires)

La publicité est l’un de vos sujets favoris. Comme elle devient de plus en plus humoristique surtout à la radio, a-t-on fait appel à vous avec votre notoriété naissante ?

Oui, mais uniquement pour des sociétés locales et non pour des grandes marques, mais peut-être que cela viendra un jour !

Vous êtes-vous déjà servi de votre voix pour faire des gags téléphoniques ?

Oui, mais seulement pour embêter mes proches comme mon père à qui j’ai téléphoné avec la voix d’une grand-mère pour qu’il vienne remplacer une ampoule car il est électricien et cette vidéo avait bien marché sur les réseaux.

Quels sont vos projets ?

Je vais encore tourner un ou deux ans avec ce nouveau spectacle que je vais jouer à Charleville, un rôle au cinéma si on me le propose, faire plus de télévision et là je vais d’ailleurs être chroniqueur dans le talk-show hebdomadaire La Grande Semaine avec Ophélie Meunier sur la 6.

Étiez-vous déjà venu à Charleville-Mézières ?

Non, je ne connaissais de nom cette ville que par un participant qui y habite et qui revient souvent dans le jeu des boîtes avec Arthur, mais j’ai déjà entendu parler du peintre Arthur Rimbaud (Rires). Pour rester sérieux, j’aimerais venir une fois au festival mondial de marionnettes car je connais le personnage Tchantchès de Liège et je sais qu’il y participe.

Antoine Donneaux reviendra

dans la région

vendredi 14 mars 2025,

à Mourmelon-le-Grand. Spectacle à 20 h 30,

au Centre culturel

Napoléon III. Tarifs : 15 €

(5 €, moins de 12 ans).

Infos : 03 26 66 57 08

et www.mourmelonlegrand.fr

Midi Libre
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samedi 16 novembre 2024 227 mots
Aussi paru dans
16 novembre 2024 - Midi Libre (site web)

Ce week-end, le festival de BD rend hommage à Pagnol

Dans le cadre du cinquantenaire de la disparition de Marcel Pagnol, le festival de Bande dessinée Bulles et passions dédie sa 7e édition au célèbre écrivain, à travers ses chefs-d'oeuvre adaptés et illustrés, samedi 16 et dimanche 17 novembre, à travers une exposition de BD et des rencontres avec les auteurs. De son côté, le cinéma municipal Marcel-Pagnol présente, samedi 16 novembre, à 16 h 30, le documentaire Les trésors de Marcel Pagnol. À 19 h 30, conférence Sur les pas de Marcel Pagnol, par Damien Chancereul, guide des collines, suivie de la projection du film Regain , avec Fernandel (remastérisé en 4K). Entrée 5 euros. La manifestation conjointe, rend hommage à la fois au patrimoine littéraire, graphique et cinématographique et à l'un des grands noms de la culture française. Samedi 16 et dimanche 17 novembre, de 10 heures à midi et de 14 heures à 18 h 30, chapelle des Capucins, salon de la Bande dessinée, en présence des auteurs Luc Brahy, Rudy, Sirvent Alain, Balard Thomas, Castaza Phil, Corentin Martinage, Holgado Inakif, Grisseaux Véronique, Stoffel, Hubsch Eric, Mic. Entrée libre, Le vernissage aura lieu vendredi 15 novembre, à 18 h 30. Contact au 09 64 11 54 59. Correspondant Midi Libre : 06 81 79 48 55 Les chevilles ouvrières préparent avec leur équipe la 7e édition.

L'Union (France)
CHA
LOISIRS, vendredi 8 novembre 2024 956 mots, p. CHA37

L’entretien Arnaud Cosson

« Je suis un humoriste populaire. On se retrouve facilement dans les personnages que je joue »

Ambleny (Aisne) Le Breton de 45 ans Arnaud Cosson écume les scènes, les festivals et les programmes courts. Avant sa venue au Festival du Rire d’Ambeny samedi 16 novembre, il évoque sa carrière commencée il y a vingt ans.

Arnaud Cosson, comment vous retrouvez-vous programmé au festival d’Ambleny ?

Les producteurs de l’événement me connaissent et apprécient mon travail depuis plusieurs années. Ils m’ont donc proposé de participer au festival, chose que j’ai acceptée immédiatement.

Qu’allez-vous proposer aux spectateurs ?

Un extrait de mon spectacle Le Syndrome de la page blanche que je joue partout en France. Des sketchs à base de personnages que j’aime interpréter pour leurs côtés absurdes, barrés ou à côté de la plaque.

Comment avez-vous mis les pieds dans le métier ?

À 20 ans, après trois années de fac infructueuses, je suis parti comme animateur dans les villages vacances qui proposaient des spectacles tous les soirs aux clients. J’ai fait mes premières armes sur scène en me confrontant à ce public pas acquis d’avance. Par la suite, j’ai écrit mes premiers sketchs que j’ai testés sur des plateaux d’humour, d’abord à Rennes puis à Paris.

Et à Paris, tout évolue ?

Rapidement, on m’a proposé de me programmer au Point-Virgule, salle mythique de Paris où je rêvais de jouer un jour. Je l’ai fait plus de deux ans consécutifs. De là, on m’a proposé d’intervenir dans des émissions télés, comme Pliés en 4 avec Cyril Hanouna, Ça va s’Cauet présenté par Sébastien Cauet et arrive l’aventure ONDAR.

ONDAR, c’est la cerise sur le gâteau ?

On n’demande qu’à en rire présenté par Laurent Ruquier sur France 2. J’y ai présenté plus de quarante sketchs dont j’étais l’auteur et l’interprète. Cette émission a grandement contribué à une notoriété naissante.

Gamin, un métier vous faisait rêver ?

Acteur, je rêvais de faire du cinéma. Rêve que j’ai réalisé en 2012 dans le film À l’aveugle de Xavier Palud aux côtés de Jacques Gamblin et Lambert Wilson.

Dans quelle catégorie d’humoriste vous classez-vous ?

Je suis un humoriste populaire (dans le sens fédérateur du terme). J’ai un humour absurde mais très accessible et efficace. On se retrouve facilement dans les personnages que j’interprète.

Dans l’humour, qu’est ce qui est le plus beau et le plus difficile ?

Le plus beau ce sont les spectateurs qui viennent nous féliciter à la fin du spectacle en nous disant qu’ils ont oublié leurs tracas pendant plus d’une heure. Les entendre rire bruyamment évidemment. Le plus dur est de s’imposer dans le paysage français, convaincre encore et toujours un public qui ne nous connaît pas toujours forcément.

Depuis vos débuts il y a vingt ans, avez-vous constaté un changement dans votre métier ?

L’émergence du stand-up qui a bousculé certaines conventions et l’explosion du nombre d’humoristes. Nous n’étions pas aussi nombreux il y a quelques années.

Du premier « Tout est bon dans le Cosson » à votre troisième spectacle « Le syndrome de la page blanche » quelle évolution avez-vous réalisée ?

Mon premier spectacle était très efficace et très direct. Mon écriture était sans chichis ou je proposais des sketchs de 6-7 minutes sans rapport les uns avec les autres. Pour les deux autres, mon écriture a évolué. Je recherche toujours l’efficacité du rire, je propose toujours des personnages hauts en couleur mais aujourd’hui ils sont reliés par une histoire qui je l’espère touche davantage les spectateurs.

Le syndrome de la page blanche est comme une pièce de théâtre où je joue seul. Je trouve intéressant que le public se souvienne du spectacle pour avoir beaucoup ri mais surtout pour avoir suivi une histoire. On se souvient plus souvent du fond d’un spectacle que de la forme.

Quels sont vos projets professionnels ?

Je m’ouvre beaucoup aux projets théâtraux. J’ai intégré l’équipe de la parodie de « Sherlock Holmes » qui se joue au Grand Point-Virgule à Paris. Je suis également comédien dans une nouvelle pièce écrite par Damien Lecamp Blind Test. Après avoir parcouru la France entière avec mes one man shows, et le duo avec Cyril Ledoublée Un con peut en cacher un autre; j’avais envie de m’ouvrir à d’autres projets. L’envie de partager la scène avec d’autres comédiens. Partager les moments sur et en dehors de la scène.

À quand votre quatrième seul-en-scène ?

Très bonne question mais je n’en ai aucune idée. Le one man show est un exercice solitaire que je connais maintenant très bien. Je suis également en écriture de deux comédies. J’espère qu’elles verront rapidement le jour car ce sont deux projets qui me tiennent vraiment à cœur. J’ai également écrit un long métrage avec une amie, le plus dur étant de convaincre les productions pour que les choses se mettent en place et de réussir à le porter à l’écran. Alors peut-être après avoir fini d’écrire ces deux pièces.

Connaissez-vous Soissons et l’Aisne ?

Pour le coup, je ne suis jamais venu à Soissons ni à Ambleny c’est donc une première pour moi.

Vous allez faire un peu de tourisme lors du festival ?

Je crois que malheureusement je n’en aurais pas le temps mais si l’occasion se présente je le ferai avec plaisir bien sûr.

L'Echo Républicain
Edition principale
Dreux Ouverture, jeudi 14 novembre 2024 511 mots, p. Echo-13

« C'est merveilleux d'apporter un peu de bonheur aux gens »

Bruno Chapelle, auteur et comédien d' Entre 2 , jeudi au Théâtre, est riche d'une quarantaine années au service du rire.

- Plusieurs comédies de boulevards à l'affiche du Théâtre de Dreux affichent complet. Comment expliquez-vous cet engouement ? J'entends ce besoin de rire depuis que je suis dans le métier, c'est-à-dire 40 ans. C'est l'un des axes du spectacle vivant qui est de divertir. Et c'est en tout cas ma mission, là où je me sens bien, où j'ai l'impression d'apporter quelque chose de différent ou de complémentaires des autres artistes ou compagnies.

- Pour les spectateurs, il y a l'envie de décompresser. Rions un peu au-delà de nos tracas personnels ou des tumultes du monde. On est ballottés au milieu de tout ça. Avec un divertissement, au théâtre, au cinéma ou à la télévision, on redevient un enfant. Comme du temps où l'on regardait Zorro à la télé ! À la sortie de nos pièces, les gens nous disent souvent : Vous nous faites du bien, vous devriez être remboursés par la Sécurité sociale.

- Le rire vous fait aussi du bien. Cela joue comme ça sur moi. Enfant, j'adorais des gens comme Thierry Le Luron que j'imitais. J'ai toujours eu envie de faire le pitre. Mon père, qui adorait son métier de viticulteur, m'a toujours dit : Fais ce qui te fait envie. Il n'y a rien de pire que de faire ce qui ne nous plaît pas. J'ai suivi son conseil. Je me suis toujours amusé et je n'ai pas l'impression de travailler.

- Quel a été le plus beau compliment que vous ayez reçu ? C'était une spectatrice rencontrée à l'issue de la représentation de la pièce Court sucré ou long sans sucre , au Café de la gare. Elle me regarde, me prend les mains et me dit : Merci monsieur, merci monsieur. Elle ajoute, émue : Je viens de perdre mon mari. Vous ne pouvez pas savoir le bien que cela m'a fait de sortir de mon état avec votre pièce. C'est merveilleux quand on peut, à notre modeste niveau, donner un peu de bonheur aux gens.

- Le rire a-t-il changé ? À notre époque, on a parfois un peu peur de rire de tout. Au Théâtre de Bouvard, on racontait des trucs que l'on ne pourrait plus raconter en 2024. Les artistes se méfient un peu de tout. Il y a toujours eu des choses délicates à aborder. Mais il y a 40 ans, on pouvait blaguer de tout. Ce n'est plus le cas. C'est infernal. Pourtant, le Fou du Roi a toujours été là pour sortir des vérités que les autres n'osaient pas dire. Si on n'a plus le droit de parler Je ne suis pas là pour prêcher la bonne parole, mais il faut laisser la liberté du rire.

- C'est à l'artiste d'avoir le talent pour oser. Coluche avait cette qualité, il pouvait dire tout. C'est important que le comédien reste à sa place. C'est un fou du Roi, quelqu'un qui est là uniquement pour amuser les gens.

Olivier Bohin

L'Echo Républicain
Edition principale
Nogent-le-Rotrou, samedi 30 novembre 2024 290 mots, p. Echo-24

Opérapiécé revisite les classiques avec humour

Bretoncelles. Opérapiécé revisite les classiques avec humour. Le prochain spectacle choisi par Erwan Fouquet, Opérapiécé , a été écrit par Aurore Bouston et Marion Lépine, deux chanteuses qui seront sur scène, accompagnées d'un accordéoniste pour un spectacle d'humour musical qui fait chanter les tubes de la musique classique en les mêlant subtilement à la chanson et ose un savant mélange des genres.

Audacieux

Deux chanteuses en mal de contrats, un accordéon, des airs écrits sur les tubes de la musique classique instrumentale : Vivaldi, Grieg, Strauss, Tchaïkovski

Les critiques sont enthousiastes et prédisent un moment drôle, audacieux et talentueux qui emporte comme un tourbillon.

Des années 60 à nos jours, les chanteuses font revivre le répertoire de Dalida, Joe Dassin ou encore Bardot avec humour et dérision.

À la fois comédiennes et chanteuses formées au chant lyrique, leur partition s'envole de la variété au classique avec fantaisie et parodie subtilement décalées.

Opérapiécé - en un seul mot !- passe de William Sheller à Rossini, de Brigitte Fontaine à Mozart et de Françoise Hardy à Ravel sans laisser aux spectateurs le temps de reprendre leur souffle

Opérapiécé , c'est aussi l'histoire chantée de la vie d'artiste, dans ce qu'elle a de précaire et de précieux, offrant un savant mélange des genres où l'accordéon ajoute sa couleur et son tempérament inédits à ce répertoire.

Fantasque et étonnant, Opérapiécé offre une redécouverte ludique et rafraîchissante de thèmes classiques illustres.

Pratique. Opérapiécé, ce samedi 30 novembre, à 20 h 30, à la salle des fêtes de Bretoncelles. Ouverture du bar et animation à 19 h 30. Tarifs : 8 ?, 6 ? moins de 18 ans. Pensez à covoiturer : https://www.mobicoop.fr/covoiturages-evenements/3851/Cinema-Bretoncelles. Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=e6V-iLtN39g

La Dépêche du Midi
Lot-et-Garonne
Locale, lundi 2 décembre 2024 755 mots, p. 15

Villeneuve-sur-Lot

Festival du rire : la jeune garde de l'humour au rendez-vous

L'équipe du Festival du rire vient de dévoiler les têtes d'affiche de sa 33e édition. Des artistes sur la pente ascendante du succès seront sur la scène du théâtre Georges-Leygues.

« Le festival de l'année dernière a été un véritable succès, tant sur le nombre de spectateurs que sur celui de la qualité des humoristes proposés ». C'est ainsi que Tony Feijoo, président du Festival de rire présente son bilan, juste avant les annonces des têtes d'affiche de l'édition 2025 du festival, la 33e.

Comme à son habitude depuis maintenant quelques années, le Festival du rire se veut un découvreur de talents, « les talents de demain ». Que ce soit à travers le tremplin de l'humour, on peut même dire des humours tant les univers proposés par les 6 sélectionnés sont chaque année totalement différents, mais aussi par ces têtes d'affiche, véritables locomotives du festival. « Nous ne demandons plus à des têtes d'affiche trop établies de venir ici. Mais nous nous adressons plutôt à de jeunes artistes, susceptibles d'aller à la rencontre de publics différents. C'est aussi grâce à cela que notre festival du rire fait partie des plus courus en France ».

Benjamin Tranié, Nora Hamzawi et Nawell sur scène

« Cette année, le festival sera ouvert par Zaef Maiga, prix du public en 2024, le mardi 24 juin. Il présentera son spectacle en entier sur la scène du centre culturel, et l'entrée sera libre. Cela permettra à chacun de venir le voir dans son intégralité, car n'oublions pas, lors du tremplin, ce n'est qu'un aperçu de chaque artiste qui nous est proposé. Nous sommes heureux que sa carrière soit bien lancée grâce à ce prix que le public lui a décerné cette année ».

La soirée du mercredi sera consacrée aux différents partenaires du festival. « Pour nous, c'est indispensable. Dans notre mode de financement du budget du festival qui s'élève à 100 000 €, nous avons trois parties. La première, à hauteur de 40 %, c'est le public qui revient d'année en année. La seconde, toujours à hauteur de 40 %, ce sont nos partenaires, principalement du grand Villeneuvois et du département. Enfin, le reste, soit 20 %, ce sont les institutionnels Pour le public, nous nous efforçons de présenter des humoristes de qualité et de jeunes talentueux en devenir C'est également la raison pour laquelle nous proposons des prix d'entrée le plus bas possible, jamais au-dessus des tarifs pratiqués par le théâtre. Les partenaires sont très importants également, c'est pourquoi nous leur réservons une soirée spéciale. Quant au programme de cette année en lui-même, il est très diversifié et va permettre, comme chaque année, d'attirer des publics plus jeunes, différents ».

Commençons par le jeudi 26 juin avec Benjamin Tranié pour son nouveau spectacle « Félicitations et tout et tout ». « Son premier spectacle « Le dernier relais » racontais les dernières heures d'un relais routier situé sur une aire d'autoroute et racheté par une chaîne de fast-food » présente Tony Feijoo. Dans son nouveau spectacle qu'il a créé cette année, il continue à raconter la vie d'un personnage de son âge, 35 ans, dans lequel il incarne toute une galerie de portrait de personnages venus assister au mariage d'une star de la télévision. C'est en cela qu'il est inscrit dans l'air du temps, avec ses codes et ses références de vocabulaire.

Vendredi 27 juin, ce sera au tour de Nora Hamzawi de régaler les spectateurs. Actrice engagée dans le mouvement #Metoo, mais aussi présente dans de nombreux films au cinéma ou sur les planches de théâtre, Nora Hamzawi excelle aussi dans ses seules en scène. De retour sur scène avec son 3e spectacle, Nora Hamzawi adoucit les angoisses de l'époque (et les siennes) par le rire.

Samedi, ce sera à Nawell de monter sur scène. Attention, comme le spectacle dure plus de 2 heures, il commencera à 20 heures, au lieu de l'horaire habituel fixé à 20 h 30. Mais il est également déconseillé au mois de 16 ans. En effet, Nawell parlant de sa vie, de ses inquiétudes liées à la sexualité à 40 ans, son âge, ou encore des phénomènes religieux tels que l'intégrisme, il n'est pas forcément facile à entendre pour les plus jeunes oreilles. « Mais l'humour est toujours au rendez-vous » rajoute Tony Feijoo.

De plus, la billetterie pour les spectacles ouvre au théâtre dès le 16 décembre. « C'est une belle occasion de faire des cadeaux de Noël, et aussi de nous soutenir ».

Frédéric Pascaud

La Montagne
Clermont-Ferrand ; Thiers-Ambert
Clermont Ferrand, jeudi 5 décembre 2024 255 mots, p. Metropole-20

Succès pour le gala de films photographiques

Lempdes. Succès pour le gala de films photographiques d'Objectif Image 63 à la 2Deuche.. Le gala de projection de films photographiques organisé vendredi dernier par Objectif Image 63 Lempdes a connu un vif succès, remplissant presque entièrement la salle de 300 places de la 2 Deuche. Ce format novateur, riche en puissance narrative et en rythmes captivants, a su séduire dès les premiers instants les spectateurs qui ont unanimement salué la qualité et la variété des montages diffusés, à mi-chemin entre cinéma et photographie. Lors de cette soirée exceptionnelle, des oeuvres primées aux quatre coins du monde ont été projetées. Parmi ces voyages visuels et sonores, le public a élu ses trois coups de coeur, à savoir, Seigneur sauvez le roi de Jean-Claude Leroi; D'une voix étranglée de Gérard Diebold et En sortant de l'école de Charles Granda.

Agenda. Les amateurs d'art visuel ont aussi rendez-vous vendredi 17 janvier, à 20 h 30, à la salle Conchon de Clermont-Ferrand pour une soirée exceptionnelle. En effet, dans le cadre des « Regards d'artistes sur Auvergne Rhône-Alpes », organisés par l'Oracle (*) en partenariat avec Objectif Image, douze films photographiques d'exception, sélectionnés au niveau national pour concourir au prix Eymonerie, une distinction équivalente aux grands festivals cinématographiques (entrée gratuite) seront projetés. L'Auvergne y sera particulièrement mise à l'honneur avec trois montages parmi les finalistes, Inclusion , réalisé par Gérard Diebold, Une belle journée , signé Jean-Claude Leroi et De Charybde en Scylla , une oeuvre de Jean-Michel Calut.

(*) Office régional d'action culturelle de liaisons et d'échanges.

Cet article a également été publié dans les éditions suivantes : Thiers-Ambert, page 20

Le Populaire du Centre
Haute-Vienne
Bellac, jeudi 5 décembre 2024 104 mots, p. Pop87-13

Spectacle « Jean Doux et le mystère de la disquette molle »

Le Dorat. Spectacle « Jean Doux et le mystère de la disquette molle ». Le spectacle « Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle » arrive au Dorat, vendredi 13 décembre à 20 heures, au Cinéma, 4, place Charles-de-Gaulle. Une soirée sous le signe de l'humour, du suspense et de la nostalgie rétro, adaptée de l'oeuvre culte de Philippe Valette. Si vous êtes dans les parages, c'est l'occasion rêvée de (re) découvrir ce spectacle déjanté. Tarifs : 20 ?, adulte; 15 ? -18 ans et 10 ? -12 ans. Réservations et infos : 05.55.68.26.94; [email protected]

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Indre
indre, samedi 2 novembre 2024 106 mots, p. 5

actualité

Brève

Loisirs

Le festival de théâtre itinérant se poursuit

L’association Lectures & lecteurs organise pour la première fois un festival de théâtre itinérant autour de l’auteur de théâtre Serge Valletti, auteur caustique et drôle qui travaille notamment avec Robert Guédiguian au cinéma mais aussi Daniel Mesguich à ses débuts. Prochaines dates : Renseignements généraux le 8 novembre, à Luçay-le-Mâle ; et L’invention de Suzanne le 29 novembre, à Villentrois.

Ces moments de théâtre sont mis en voix par des professionnels (Géraldine Masquelier, Lionel Gonzales, Nicolas Carpentier, Hélène Vincent et Serge Valletti) accompagnés de Gille Chabenat, à la vielle.

Contact : tél. 07.77.30.37.27.

Ouest-France
Dinan
Dinan et son pays, lundi 11 novembre 2024 508 mots, p. OF Dinan_8
Aussi paru dans
10 novembre 2024 - Ouest-France (site web)

Cet humoriste parisien est né près de Dinan

Thibault DUGOIS.

Humoriste, formé au one man show dans une école parisienne, Julien Chapel a grandi près de Dinan. Vendredi , il jouait au théâtre des Jacobins, à l’occasion du festival Din’en rire.

Rencontre

Cheveux bruns plaqués en arrière, chemise ample ouverte sur un t-shirt blanc, l’humoriste Julien Chapel est un enfant du pays. Élevé à Plélan-le-Petit, il a fait son lycée à La-Fontaine-des-Eaux, où il a passé un bac scientifique.

Des années dont il garde de très bons souvenirs. Vendredi, il a participé au tremplin du festival Din’en rire, au théâtre des Jacobins. À bientôt 40 ans, Julien Chapel vit à Meudon (Hauts-de-Seine) et joue principalement à Paris.

Travailler sur « le manque d’imagination »

Il s’est lancé dans l’humour il y a dix ans, quittant une carrière d’ingénieur qui ne lui convenait pas. « J’ai fait une crise de la trentaine, je ne sais pas si ça existe, s’amuse-t-il. Très tôt, j’ai fait comprendre à mes parents que les études m’ennuyaient, mais j’ai continué par défaut car je n’assumais pas de vouloir devenir humoriste. »« J’ai commencé par me former deux ans à L’École du one man show » , retrace Julien Chapel. Bérengère Krief, Marina Rollman, Artus… L’école, fondée en 1994, a vu passer plusieurs têtes d’affiche.

Fort de cet apprentissage, l’humoriste écrit un premier spectacle, À l’ouest d’Eden, qu’il joue entre 2017 et 2018. « Ensuite, j’ai traversé un “ras-le-bol” de ce métier.J’ai fait une pause d’environ six ans. »

L’artiste se lance dans l’écriture d’un scénario pour le cinéma. « C’était difficile. Le fait de ne pas y arriver m’a donné de la matière pour un spectacle. J’avais trouvé un sujet, que j’ai traité par le biais de l’humour. » Il se lance alors dans l’écriture d’un deuxième spectacle, actuellement en rodage.

« L’humour est ma manière d’être »

Cette nouvelle création s’appuie sur un postulat surprenant : « C’est un travail sur le manque d’imagination dans notre société. J’en suis arrivé à la conclusion que ça pourrait être un complot des fruits de mer pour nous faire disparaître. »

« L’humour est mon moyen d’expression,  ma manière d’être.  Ce qui me plaisait dans mon métier d’ingénieur, c’était d’être avec mes collègues, de les faire rire, se rappelle Julien Chapel. Partout où je vais, je suis le clown de service. J’aime avoir ce statut-là. »

Mais pour le Meudonnais, il ne suffit pas d’être le rigolo de la bande pour devenir un bon humoriste.

« Être drôle sur scène, c’est un métier à part entière, prévient-il. Si j’avais un conseil pour les gens qui veulent se lancer : pratiquez autant que possible, même si c’est nul. La scène c’est comme le sport, quand tu t’arrêtes, tu perds le rythme. »

Cet article est paru dans Ouest-France

La Voix du Nord
40TOUTES
TEMPS LIBRE, mercredi 13 novembre 2024 205 mots, p. 40TOUTES53
Aussi paru dans
13 novembre 2024 - Courrier picard

[Clins d’œil pour connaisseurs...]

Clins d’œil pour connaisseurs

Lino, avocat talentueux dans les affaires pénales, plaque tout du jour au lendemain. Il part les poches vides avec seulement sa trompette. Il traverse la France en stop et s’arrête au gré des rencontres. Dans sa grande famille d’acteurs, Claude Lelouch convie Kad Merad, à l’aise comme un poisson dans l’eau. «Dans ses films, on voit que les personnalités des acteurs ressortent : chacun peut apporter sa nature, plus qu’ailleurs », déclare le comédien. C’est vrai. Ici, Claude Lelouch s’amuse à inventer une suite à L’Aventure c’est l’aventure et La Bonne Année. Kad Merad et Sandrine Bonnaire, fils et fille de Lino Ventura. Le film se voit de manière indépendante, bien sûr. Mais les connaisseurs reconnaîtront tous les clins d’œil à sa filmographie : des films sur la vie, celle qui inspire tant le réalisateur. Les fans aimeront, car on retrouve la fantaisie et la fougue d’un grand artiste qui a marqué d’une empreinte indélébile l’histoire du cinéma français. Nous, on se lasse de voir toujours le même film... L. V.

Avec aussi Sandrine Bonnaire, Françoise Fabian, Elsa Zylberstein, Michel Boujenah, François Morel... France, 2 h 07, comédie dramatique.

La Dépêche du Midi
Gers
Locale, dimanche 10 novembre 2024 403 mots, p. 26

Gers

festival

Un Gers Comedy Tour pour les Fous rires gascons à Pâques

Après les premières dates 2025 des Fous rires gascons annoncées en début de semaine, le festival lance son Gers Comedy Tour, avec 3 nouvelles dates dans 3 villes du département.

Après avoir annoncé Bernard Mabille en janvier, Giorda l'hypnotiseuse pour une spéciale Saint-Valentin, un 1er week-end de festival (samedi 12 et dimanche 13 avril) au Dôme de Gascogne d'Auch avec Alex Vizorek à la présentation du gala d'ouverture en compagnie de La Bajon, Marine Léonardi et Mélodie Fontaine et les spectacles d'Aymeric Lompret et Anne Roumanoff, le 2e week-end de festivités des Fous rires gascons est désormais connu : le festival part en vadrouille dans le département pour Pâques.

Ainsi, du jeudi 17 au samedi 19 avril, 3 villes accueilleront 3 spectacles avec la nouvelle génération du stand-up français. Tom Baldetti ouvrira ce Gers Comedy Tour à Fleurance, au théâtre Le Méridional. Depuis quelques mois, ce Toulousain est devenu l'étoile montante du stand-up. Après avoir cumulé des dizaines de millions de vues avec ses vidéos, son spectacle « Tome 1 » est déjà complet dans toute la France grâce à sa communauté sur les réseaux sociaux (400.000 followers). L'occasion de le voir une dernière fois dans des petites jauges (200 places), avant d'entamer une tournée des très grandes salles.

Un terrain de jeu

Le lendemain, le public pourra retrouver Matthieu Nina à la salle de spectacle de Pavie. Produit et mis en scène par Pierre-Emmanuel Barré, il est l'un des humoristes que l'on adore regarder en ce moment dans « La France a un incroyable talent ». Son spectacle n'hésite pas à faire de son handicap un terrain de jeu pour déconstruire les clichés. Pour lui, l'humour noir et l'auto-dérision sont un puissant moyen de délivrer des messages et de bousculer les préjugés.

Et samedi 19 avril, place aux jeunes talents d'Occitanie, avec une soirée « comedy club » inédite et intimiste au cinéma de Gimont. Sarah Frassanito et Matthis BK (2 Gersois) et Bilal Salmi et Sawsane (2 Toulousains) proposeront 1 h 20 de stand-up. Un objectif : réunir la nouvelle scène locale entre ville et campagne pour un show qui parle au public.

Ces 3 propositions se font en partenariat avec les villes de Fleurance, Pavie et Gimont.

La billetterie est désormais ouverte sur fousriresgascons.fr pour ces 3 nouvelles dates.

L'Echo Républicain
Edition principale
Chartres, lundi 18 novembre 2024 184 mots, p. Echo-9

Aujourd'hui

Cinéma

Les Enfants du Paradis, 13, place de la porte Saint-Michel, à Chartres (02.37.88.19.30).

Gladiator 2. 13 h 30, 16 h 40. VOST. 20 heures. Finalement. 13 h 30, 19 h 30. La vallée des fous. 13 h 40, 20 h 10. On aurait dû aller en Grèce. 13 h 50, 20 h 15. Le royaume. 13 h 50. En tongs au pied de l'Himalaya. 14 heures, 20 h 15. L'amour ouf. 13 h 15, 16 h 15, 19 h 40. Monsieur Aznavour. 13 h 30, 19 h 30. Louise Violet. 13 h 45, 16 h 45. Anora. 16 h 10. The substance. 19 h 50. VOST. 16 h 15. Juré n° 2. 16 h 20, 20 h 15. Venom : the last dance. 16 h 20, 20 h 15. Here - les plus belles années de notre vie. 16 h 20. A toute allure. 16 h 30, 20 h 15.

Convois Mortuaires

Coltainville. 10 heures, en l'église de Mainvilliers. Christine Grizard.

Le Coudray. 10 heures, en l'église Saint-Julien-de-Brioude. André Neil.

Mainvilliers. 16 heures, au crématorium. Marie-France Kaissonsona, 72 ans.

Nord Éclair
50ROUBAIX
VOTRE EDITION, mercredi 20 novembre 2024 465 mots, p. 50ROUBAIX7
Aussi paru dans
20 novembre 2024 - La Voix du Nord

L’essentiel HUMOUR

Tombé du cielSi Jeanfi Janssens n’était pas attendu dans les avions, il l’est encore moins dans le monde du show business. Et sa mère non plus.- Samedi 23novembre à 20h, Théâtre Sébastopol, place Sébastopol, Lille. À partir de 35€. Réservation: ticketmaster.com.

> « L’Instruituteur ». Par Jean-claude Duquesnoit. Oscillant sans cesse entre réalité et fiction, L’Instruituteur se veut avant tout une fresque humoristique et nostalgique de l’école de nos grands parents.

- Vendredi 22 novembre à 20 h 30, samedi 23 novembre à 19 h, dimanche 24 novembre à 16 h, vendredi 29 novembre à 20 h 30, samedi 30 novembre à 19 h et dimanche 1 décembre à 16 h, Théâtre Ronny Coutteure - La Ferme des Hirondelles, 1, rue Léon-Gambetta, Fretin. 15 €. Tél. : 07 88 22 92 13.

> « Un soir de gala ». De Vincent Dedienne. « Il y a des personnages dedans, des jeunes, des vieux, des gentils-comme-tout, des cinglés, des optimistes et des foutus. Des héros et des ordures… des gens. Leur point commun, c’est que c’est moi qui les joue.»

- Jeudi 21 novembre à 20 h, Théâtre Sébastopol, place Sébastopol, Lille. À partir de 32 €. Réservation : ticketmaster.fr.

> « J’arrête les conneries ». De Jean-Marie Bigard, écrit par Laurent Ruquier, Laurent Baffie et Jean-Marie Bigard.

- Vendredi 22 novembre à 20 h, Théâtre Sébastopol, place Sébastopol, Lille. À partir de 40 €. ticketmaster.fr.

> Sandrine Sarroche. Avec son regard aiguisé, Sandrine sera conte et livre sa version très personnelle du féminisme en mêlant sketches, stand-up et chansons.

- Vendredi 22 et samedi 23 novembre à 19 h, Le Spotlight, 100, rue Léon-Gambetta, Lille. 25 €. billetterie-spotlight.mapado.com.

> Fille à papa. C’est au travers de ses personnages hauts en couleurs que Philippine Delaire parle de la famille et de ses réticences à en créer une, du temps qui passe et du talent qu’il faut pour être grand.

- Jeudi 21 novembre à 20 h, Théâtre Charcot, 122, rue du Dr-Charcot, Marcq-en-Barœul. 25 €. billetterie-spotlight.mapado.com.

> « Mes histoires de cœur ». Par Elisabeth Buffet. « Et si je vous parlais de mes aventures amoureuses et sexuelles ? Enfin, de mes ratages, sinon ce n’est pas drôle. »

- Vendredi 22 novembre à 20 h, Théâtre Charcot, rue du Dr-Charcot, Marcq-en-Barœul. 25 €. billetterie-spotlight.mapado.com

> « Bonjour Au revoir S’il vous plaît Merci ». Par Les Jumeaux. Proposé par Lions club de Wasquehal, au profit d’associations qui accompagnent l’enfance handicapée. Un grand moment de complicité et de rire avec ce duo attachant, taquin, véloce. Et qui ne ressemble à aucun autre.

- Vendredi 22 novembre à 20 h, cinéma Gérard Philipe, 22, rue Louis-Lejeune, Wasquehal. 25 € (20 € balcon). billetweb.fr.

Libération Champagne
LIB
REGION, vendredi 29 novembre 2024 854 mots, p. LIB4
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29 novembre 2024 - L'Est éclair

Culture

Rachida Dati à Nogent-sur-Seine pour défendre le Pass culture

Aurélie Guillemot

Nogent-sur-Seine. La ministre de la Culture était présente ce jeudi pour évoquer le Pass culture, ses enjeux et sa réforme en cours. L’occasion aussi de signer la convention Caravelle, qui aide à la mobilité des scolaires vers des lieux de culture.

«Parfois, on a une vie culturelle riche mais on n’a pas les moyensphysiques d’y aller,pas la mobilité.» Rachida Dati, ministre de la Culture

Aurélie Guillemot

P endant très longtemps, on considérait que la culture était du loisir, mais en fait, elle participe à la construction civique et elle participe à la cohésion de notre société. » Ce jeudi, la ministre de la Culture Rachida Dati est venue défendre le Pass culture à Nogent-sur-Seine, auprès des élus du territoire, mais également des jeunes, cœurs de cible du dispositif.

Un dispositif qui permet aux jeunes de 15 à 18 ans de profiter d’offres culturelles, au sein des écoles mais aussi de façon individuelle et dont la force réside selon Rachida Dati dans la part collective (financée par l’Éducation nationale) qui est « exceptionnelle et qui permet à tellement d’enfants d’avoir accès à la culture. Et c’est leur seul accès à la culture. (…) C’est une avancée démocratique importante pour l’accès à la culture ».

Cette ouverture à tous, l’un des combats de la ministre, est l’une des composantes du Plan ruralité, lancé en juillet, qui profite « d’un financement assuré de 100 millions d’euros sur trois ans, qui couvre tous les secteurs ».

La ministre de la Culture a regretté deux obstacles à cette démocratisation de la culture : celui qui se met ses propres freins, et l’obstacle physique. « Parfois, on a une vie culturelle riche mais on n’a pas les moyens physiques d’y aller, pas la mobilité. » C’est dans ce cadre que la convention Caravelle a été signée avec le rectorat de l’académie de Reims, le Département de l’Aube, la SAS Pass culture, mais également la communauté de communes du Nogentais, première intercommunalité à s’engager officiellement vers Caravelle.

« Une réponse collective pour permettre la mobilité des élèves afin qu’ils se rendent sur les lieux de culture » , alors que la problématique est parfois prégnante sur les territoires ruraux. La question de la mobilité a, en effet, été à plusieurs reprises soulevée lors des échanges que Rachida Dati a pu avoir au cours de son déplacement en terres nogentaises.

Après avoir été à la rencontre d’élèves de CM2 et de 6 e , en atelier de médiation au musée Camille-Claudel, la ministre s’est en effet prêtée au jeu de la table ronde, au cours de laquelle deux jeunes lycéens romillons ont évoqué leur expérience avec le Pass culture. « C’est vrai que la mobilité a un impact car lorsqu’on regarde sur le Pass culture, pour la plupart des gros événements qu’il y a dessus, il faut faire des kilomètres. Quand on est dans la tranche 15-18 ans, c’est un peu compliqué de se déplacer », a regretté l’un d’eux.

« On s’est interrogé à un moment donné de savoir si on met la part mobilité dans le Pass culture, mais je trouvais qu’on grevait le financement de l’activité culturelle en elle-même. Donc je préfère avoir le partenariat des collectivités ou trouver d’autres dispositifs innovants plutôt que de taper sur la part financière consacrée à l’activité culturelle », a alors fait savoir la ministre.

Rachida Dati a, de plus, évoqué la refonte de ce Pass culture. Une réforme qui portera « beaucoup sur la part individuelle. Sur la part collective, je trouve que c’est le meilleur outil d’accès à la culture dès le plus jeune âge (…) Non seulement, il faut la garder, mais il faut l’amplifier ». Les efforts concerneront donc la part individuelle, qui permet aux jeunes de profiter de crédits supplémentaires pour accéder à une offre diverse.

Une réforme en profondeur

du Pass culture

Alors que Corinne Licitra, directrice du théâtre de La Madeleine à Troyes, constate « une part individuelle très en retrait en ce qui concerne le spectacle vivant » , avec « très peu de participation, et très peu de sollicitations d’achat avec le Pass individuel » , la ministre a fait savoir que l’un des axes de la réforme consiste à « mettre plus de spectacle vivant dans le Pass culture que ce qu’il représente aujourd’hui » et tenter ainsi de les sortir de leurs habitudes de consommation de la culture (livre, cinéma). Autre levier : « mettre de la médiation, pour inciter le jeune à aller sur le Pass culture ».

À noter enfin que la Région Grand Est initie le « Pass Pour Tous », une expérimentation pour le développement de la géolocalisation, afin que l’outil de recensement de l’offre culturelle puisse profiter à tous. « Cette expérimentation va permettre à d’autres de la mettre en œuvre et donc de la généraliser. »

Le Point, no. 2719
Culture, jeudi 12 septembre 2024 1366 mots, p. 108,109

L'âge de pierre sur grand écran

Romain Brethes

C'était un vieux rêve que caressait Jul, créateur de la bande dessinée à succès (1 million d'exemplaires vendus) Silex and the City, qu'il avait adaptée en pastilles pour Arte : faire vivre à sa famille du paléolithique les Dotcom, croisement entre Les Pierrafeuet Les Simpson, une aventure animée sur grand écran. Un coup d'essai réussi, puisque Silex and the City,le film, coréalisé avec Jean-Paul Guigue, a eu les honneurs d'une sélection à Cannes et à Annecy. Le paterfamilias Dotcom doit cette fois secourir sa fille Web, tombée dans le coma après la consommation de lichen hallucinogène dans une soirée en caverne. Tous deux se retrouvent alors projetés dans le futur (au cours d'une scène inattendue en prise de vues réelles), d'où ils rapporteront une... clé coudée Ikéa. Un objet qui deviendra vite un enjeu de pouvoir, entre récupération politique et escroquerie religieuse, dans la tranquille vallée préhistorique de nos héros. Si l'animation se révèle aussi soignée que soyeuse, et si on ne compte plus les stars qui se bousculent au doublage (Amélie Nothomb, Léa Drucker, Frédéric Pierrot, Raphaël Quenard, jusqu'à François Hollande et Julie Gayet), Jul confirme surtout qu'il demeure, comme l'était son idole Goscinny, un remarquable sismographe de son temps

" Silex and the City,le film ", de Jul et Jean-Paul Guigue. En salle.

Le Maine Libre
Sarthe ; Grand Mans
Le Mans, vendredi 1 novembre 2024 68 mots, p. Le Maine Libre Sarthe_5

Le loup, espèce à protéger, ou pas ?

France Nature Environnement Sarthe organise jeudi 7 novembre (20 h) au cinéma Le Français (26, rue Gambetta) un ciné-débat sur le loup. La soirée sera organisée autour du film « Vivre avec les loups » de Jean-Michel Bertrand. Un débat sur la place du loup en France sera proposé. Places limitées. Inscription à [email protected] ou au 02 43 88 59 48.

Le Populaire du Centre
Haute-Vienne
Saint Leonard, jeudi 7 novembre 2024 152 mots, p. Pop87-16

0711 Une vie d'un futur mandarin

Eymoutiers La vie d'un futur médecin. Le film Toubib d'Antoine Page sera projeté au cinéma Jean-Gabin d'Eymoutiers le dimanche 10 novembre à 20 h 30 en présence de son réalisateur grâce au Réseau Cinémas 87. Ce film raconte l'histoire d'Angel qui a choisi de faire médecine. Ainsi, le jeune homme et son frère mettent en images ces douze ans d'apprentissage, d'examens, de stages ou encore les méditations solitaires d'un médecin de campagne. Durant ces années, il n'a eu de cesse que de se remettre en question pour aboutir à un choix : celui de la pratique d'une médecine sociale.

Après la projection, Antoine Page répondra aux questions du public autour de la construction de ce documentaire et du parcours d'études de médecine du protagoniste du film, Angel, qui n'est autre que son frère. Ce documentaire de 1 h 53 a été réalisé en 2024. Tarifs d'entrée habituels.

La Nouvelle République Dimanche
Loir-et-Cher
vendôme, dimanche 17 novembre 2024 173 mots, p. 6

Brève

Saint Georges

billet

Adultes

Le dessin animé, un loisir exclusivement réservé aux enfants ? Si la résidence d’animation Ciclic accueille parfois des projets destinés aux petits, les plus âgés ne laissent pas leur part au chien en matière de salles obscures. Éloïse Joly, coordinatrice de l’action culturelle de la structure de service public, rappelle que ce type de spectacle est un art ouvert à tous. «  Cette culture ne se limite pas à l’âge. Le cinéma d’animation est un art complet, qui touche toutes les tranches de la population. Depuis la crise du Covid et son impact sur l’industrie, on a constaté que les gens avaient besoin de sortir et de consommer ce genre de films. » Cette envie soudaine de se plonger dans un monde aux contours dessinés à la main, a favorisé une certaine mixité au sein du public de Ciclic. Les seniors occupent ainsi une part non négligeable des places de la petite salle de projection du bâtiment, aux côtés, entre autres, des lycéens et des familles.

Saint Georges

Ouest-France
Cholet ; Angers, Segré
Maine-et-Loire, vendredi 22 novembre 2024 551 mots, p. OF Cholet_7
Aussi paru dans
21 novembre 2024 - Ouest-France (site web)

Le festival Premiers plans en pleine tourmente

Laurent BEAUVALLET.

Programmé du 18 au 26 janvier à Angers, le festival dédié aux premiers films européens est sous le choc. La Région envisage de lui retirer sa subvention de 104 000 €, à deux mois de l’événement.

Le 19 novembre, on fêtait Notre-Dame de la Providence. Elle n’a pas été clémente avec Premiers plans. C’est en effet ce jour-là que le festival angevin, dédié aux premiers films européens, a appris une très mauvaise nouvelle. « La région des Pays de la Loire envisage de supprimer l’aide au festival », rapporte Claude-Éric Poiroux, le délégué général. « On est abasourdi », avoue-t-il.

Deux chiffres se télescopent : le montant de la subvention visée – 104 000 €, sur un budget total de 1,447 million d’euros – et le nombre de mois qui séparent cette annonce du début du festival : à peine deux. Même si « les arbitrages sont en cours »et que la Région « ne souhaite pas s’exprimer avant le vote du budget primitif, le 19 décembre », ça sent le roussi. Car le conseil régional a prévu de réduire de 100 millions d’euros son budget, et la culture s’annonce particulièrement visée.

« Toutes les dépenses sont déjà engagées »

Cette annonce suscite d’autant plus l’incompréhension que ce festival s’inscrit, depuis sa naissance en 1989, dans une dimension régionale. Des rencontres dédiées aux professionnels de la région aux séances, suivies par de nombreux enseignants et scolaires ligériens, la région fait partie de l’ADN du festival.

Et l’absence de « distance de freinage » entre l’annonce de la décision et l’événement propulse les organisateurs dans un total embarras. « Le festival est lancé, toutes les dépenses sont déjà engagées, constate Claude-Éric Poiroux. Les équipes permanentes sont renforcées depuis le mois de septembre, les séances sont annoncées, les réservations en cours. L’affiche, la programmation, le jury : tout est prêt. »

Au festival Premiers plans, « où chaque euro est compté », le modèle économique s’appuie sur un mix public-privé. Ce que traduisent aujourd’hui ses recettes : le budget annuel de 1,447 million d’euros est abondé à hauteur de 843 000 € par les partenaires institutionnels (soit 58 % de l’ensemble). La répartition est la suivante : 435 000 € (ville d’Angers), 130 000 € (Centre national du cinéma), 104 000 € (Région), 65 000 € (Département), 55 000 € (Médias Europe), 48 000 € (Direction régionale des affaires culturelles), 6 000 € (rectorat de Nantes).

Autre précision : si la Ville « maintient »son soutien au festival, comme le dit Nicolas Dufetel, au niveau du Département, « rien n’est acté »,car les « arbitrages sont en cours ».

« Arbitrages en cours » au Département

Les autres recettes viennent principalement de la billetterie (309 000 € pour l’édition 2024, grâce à 80 000 spectateurs), des partenaires privés (210 000 €), des prestations et recettes propres (107 000 €). À noter la percée du mécénat particulier, qui a rapporté cette année 26 000 €.

Le bureau de l’association se réunit prochainement pour trouver une solution à cette crise. « Sans aides publiques, le prix des places deviendrait inabordable », prévient Louis Mathieu, le président de l’association. Claude-Éric Poiroux conclut : « On va faire en sorte que le festival se déroule dans de bonnes conditions. »

Cet article est paru dans Ouest-France

Ouest-France
Saint-Lô, Coutances, Cherbourg
Carentan-St-mère-Eglise, samedi 23 novembre 2024 83 mots, p. OF Saint-Lô_14

Quelques changements dans le programme

Les organisateurs du festival de cinéma Les Egaluantes, qui bat son plein tout ce week-end, à Carentan-les-Marais, ont annoncé quelques informations de dernière minute.

Des modifications concernent la programmation. Le concert de l’harmonie municipale, initialement prévu après la projection du film En fanfare, ce samedi à 16 h, est annulé.

Par ailleurs, le film Les souvenirs, avec Michel Blanc, sera projeté ce samedi, à 16 h, et le film Les Cadors sera diffusé dimanche, à 14 h.

Cet article est paru dans Ouest-France

L'Echo Républicain
Edition principale
Eure-et-Loir, vendredi 29 novembre 2024 168 mots, p. Echo-5

En bref

Solidarité n Papillotes à 3 ?

Jusqu'au 22 décembre, les Compagnons du goût, réseau de 500 artisans bouchers-charcutiers-traiteurs, proposent la vente de crackers surprise remplis de papillotes à 3 ?, dont la totalité des ventes est reversée à l'Association Petits Princes. Cette association réalise les rêves d'enfants gravement malades, leur offrant une énergie précieuse pour affronter la maladie. Boutiques participantes : Jérôme Le Pen, 28, place Aristide-Briand à Nonancourt; Laurent Haie, 37 rue du Grand Faubourg à Chartres; Frédéric Lepage, 49, rue Carnot à Courville-sur-Eure; Boucherie Saint-Pierre, Céline Willemot, 7-9, rue Saint-Pierre à Dreux; Stéphane Baraillon, 7, rue du Général-de-Gaulle à Saint-Georges-sur-Eure; Gaétan Boix, 113, rue de la République à Saint-Prest. Depuis 2014, 342.000 ? ont été collectés grâce à cette initiative solidaire.

Familles rurales n Conférence

La Fédération départementale Familles rurales d'Eure-et-Loir, organise une conférence sur le thème Promouvoir l'engagement bénévole et recruter les dirigeants de demain, jeudi 5 décembre, à 18 heures, au cinéma Les Enfants du Paradis à Chartres. Gratuit. Inscription : 02.45.26.01.30.

Sud Ouest dimanche - Dordogne / Lot-et-Garonne
Loisirs, dimanche 3 novembre 2024 310 mots, p. 25
Aussi paru dans
3 novembre 2024 - Sud Ouest dimanche - Charente / Charente-Maritime Sud Ouest dimanche - Gironde Sud Ouest dimanche - Landes Sud Ouest dimanche - Pays Basque / Béarn

Alex Ramirès se remet

Idées de sortie

Après le succès de son précédent one-man-show, «Sensiblement viril», l’humoriste revient avec «Panache», un nouveau spectacle dans lequel le comédien, aperçu au cinéma au côté de Laure Calamy dans «Bonne conduite», aborde la confiance en soi et le juste équilibre entre «ni trop modeste ni trop Kanye West». Mercredi 6novembre, 20h30, Fémina, Bordeaux.

Le chanteur breton, révélation masculine aux Victoires de la musique 2021 pour son premier album, est en tournée avec «Adrénaline», son troisième opus, écrit et enregistré dans la ville de Brixham, dans le sud de l’Angleterre. Un retour aux sources pour Hervé (photo), qui a fait ses premières scènes outre-Manche avec Postaal, duo électropop franco-anglais. Jeudi 7novembre, 21h, Barbey, Bordeaux.

Figure emblématique du continent africain et du reggae, récompensé de plusieurs disques d’or, de nombreux prix (RFI, Sacem) et d’une Victoire de la musique, Tiken Jah Fakoly réalise enfin un rêve avec «Acoustic», son tout premier album en version «unplugged». Cet opus propose 19 pistes, incluant un titre inédit («Arriver à rêver») ainsi que des reprises issues de son riche répertoire, témoignant de vingt-huit ans de carrière musicale. Samedi 9novembre, 20h30, Pin Galant, Mérignac(33).

À la Coursive de LaRochelle, deux spectacles pour conjurer la morosité. Envie de rire? Rendez-vous avec le dramaturge Mohamed El Khatib et son spectacle «Stand-up», qui explore avec humour cette discipline en vogue: ses codes, son histoire et sa dimension cathartique, aux côtés de huit jeunes artistes (lundi4 et mercredi 6novembre, 20h30, mardi5, 19h30). Plutôt tenté parl’évasion? Embarquez dans «Lovetrain 2020» du chorégraphe Emanuel Gat, une comédie musicale exubérante et joyeuse sur le son pop du duo britannique Tears for Fears (mardi 5novembre, 20h30 et mercredi6 à 19h30). archives Guillaume Bonnaud / SO

La Nouvelle République Dimanche
Deux-Sèvres
parthenay, dimanche 10 novembre 2024 297 mots, p. 6

Brève

si on sortait

Dimanche

> Beaulieu-sous-Parthenay. Dimanche à 14 h 30, à la salle des fêtes, la troupe de l’Élan sera en représentation. Place en tribune (coque) 9 €, enfants de 5 à 12 ans 4 €. Tél. 05.49.70.61.96 ou 05.49.70.67.79.

> Châtillon-sur-Thouet. De 10 h à 18 h, au complexe sportif, structures gonflables pour les enfants de 18 mois à 12 ans. Tarifs : 6 € par jour, 10 € le week-end, gratuit pour les parents.

> La Ferrière-en-Parthenay. À la salle des fêtes, de 14 h 15 à 16 h 30 : stage de valse avec Maria et Benoît Guerbigny, puis de 17 h à 18 h 30, bal musette avec Tiennet Simonnin et enfin à 19 h, apéritif sûrement musical et repas sorti du panier avant, à 21 h, un bal avec Tiennet Simonnin pour un set trad suivi de Braçàie, 50 musiciens.

> Parthenay. À partir de 7 h sous les halles du marché aux bestiaux, vide-greniers. Tél. 07.68.83.99.56.

- À 10 h 45 Ciné Pitchoune au cinéma Le Foyer, avec Pat et Mat : un dernier tour de vis, pour les enfants dès 3 ans, ou Le robot Sauvage, pour les enfants dès 7 ans. Tarif unique : 5 €.

> Pompaire. De 14 h à 18 h à la salle polyvalente, Amical’Expo par l’atelier Peindre ensemble. Entrée gratuite.

Dimanche et lundi

> Saint-Pardoux-Soutiers.Ouverture des portes à 12 h 30, début du jeu à 14 h, lotos organisés par Coul’jeu d’antan. Réservations au 07.78.12.89.25.

> Viennay.  À 14 h 30 (ouverture des portes à 13 h) à la salle des fêtes, lotos organisés par l’Amicale de la classe 67 de Parthenay. Tél. 06.07.34.78.36.

Le Progrès (Lyon)
Edition de Villefranche - Tarare ; Edition d'Oullins – Givors – Monts du Lyonnais ; Edition Ouest Lyonnais et Val de Saône ; Edition Est Lyonnais ; Edition de Lyon - Villeurbanne - Caluire
Loisirs | lyon et région, mardi 12 novembre 2024 789 mots, p. LYOE42,OGML42,LYON42,VALS42,VILL42

Lyon

David Jarre : « Quand je dis que je suis magicien, on pense que je déconne »

Propos recueillis par T.M.

Il est le fils de Jean-Michel Jarre et de Charlotte Rampling, mais le magicien rappelle que la star de la famille, c’est sa grand-mère, la Résistante France Péjot. « Je vais jouer pour elle », explique-t-il.

À quoi peut-on s’attendre en allant voir votre spectacle ?

« De la magie, de la surprise, de l’interactivité… En fait, c’est assez difficile à décrire, parce que je n’ai pas trop envie de raconter ce qui s’y passe, mais je peux vous dire ce qui m’a motivé à l’écrire : j’avais envie de mélanger différentes disciplines de la magie, prestidigitation, mentalisme, musique… L’idée, c’est de faire partir les gens dans un voyage, comme au cinéma. Leur faire oublier leur quotidien. »

C’est votre première tournée, mais vous avez déjà beaucoup baroudé…

« J’ai fait beaucoup d’événementiels, de shows pour des marques, pour des soirées privées, et tout ça m’a donné pas mal d’expérience. Quand quelqu’un vous engage et vous paye, pour vous placer au centre d’un événement qu’il considère comme très important, ça ne se prend pas à la légère, c’est une responsabilité. Et c’est une sacrée école. Quand quelqu’un achète une place pour venir voir votre spectacle, c‘est également une responsabilité. »

Vous parliez d’interactivité, comment est-ce que ça se matérialise ?

« Ce n’est pas interactif dans le sens où 25 personnes vont monter sur scène comme dans les shows de mentalistes. Mais ça l’est dans le sens où j’offre au public la possibilité de faire des choix. Ce qui fait que chaque soir est différent. »

Est-ce que cela veut dire que vous-même, vous ne savez pas ce qui va se passer dans le spectacle ?

« Disons qu’il y a une part d’inconnu, et c’est quelque chose que je voulais à la base. J’aime travailler comme ça. Il y a une colonne vertébrale, qui est invisible, mais qui structure le show. Et il y a une partie très ouverte, influencée par le public. »

Qui est votre public et est-ce qu’il vous ressemble ?

« Ah moi je mesure deux mètres, alors s’il me ressemble, ça va être une réunion de basketteurs ! (rires). En fait, il me ressemble dans le sens où comme moi, il a envie de vibrer, de vivre des émotions. Mais il y a tous les âges et tous les profils, c’est un spectacle qui peut être vu par tout le monde. Il n’y a rien de clivant. »

Quelle a été la réaction de votre entourage quand vous avez commencé à dire que vous vouliez devenir magicien ?

« J’ai vite compris que je n’allais même pas le dire ! Mes parents sont un peu magiciens, dans leur genre. Mais la musique, comme la comédie , ce sont des arts académiques, alors que la magie, c’est beaucoup moins établi. C’est un peu comme être marchand de rêves ! Quand je rencontre des gens que je ne connais pas et qu’ils me demandent ce que je fais dans la vie, si je dis Je suis magicien”, ils pensent que je déconne. Quand j’étais petit, tout le monde pensait aussi que c’était une blague, d’ailleurs. »

Jouer à Lyon, c’est une émotion particulière pour vous ?

« Oh oui, c’est la ville de mon père, de mes grands-parents. Je n’y ai jamais vécu, mais j’y suis attaché parce que je venais voir ma grand-mère , qui m’a beaucoup apporté, beaucoup appris et que je porte en moi tous les jours. Plus j’avance dans la vie, plus je me rends compte qu’elle m’a donné des clés d’éducation qui m’aident beaucoup. Je vais être très content de jouer dans sa ville. Là où un passage porte désormais son nom ! La fille de ma sœur fait ses études à Lyon et elle passe par le passage France Péjot pour aller à la fac ! Avec mon père, on dit souvent que la vraie star, dans la famille, c’est elle. Nous, on fait des spectacles, mais ce qu’elle a fait, ça demande un tel niveau d’engagement, un tel courage… »

Je vais être très content de jouer à Lyon, dans la ville de ma grand-mère, la Résistante France Péjot. Là où un passage porte désormais son nom !

David Jarre, magicien

David Jarre, en spectacle le 15 novembre à 20 h à la salle Victor-Hugo, 33 rue Bossuet, Lyon 6e . À partir de 39 €.

Le Courrier de l'Ouest
Deux-Sèvres
la gâtine - le pays thouarsais, mardi 12 novembre 2024 267 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Deux-Sèvres_10
Aussi paru dans
12 novembre 2024 - Le Courrier de l'Ouest (site web)

Bouillez ! un festival qui sait s’adapter

Vendredi 5 et samedi 6 juillet, la 26 e édition du festival Bouillez ! faisait la part belle aux compagnies régionales. Le 27 septembre, sur le site du château de Bouillé-Saint-Paul, la 3 e journée du festival des arts de la rue, de par son originalité, obtenait aussi les faveurs du public. Un bilan plus que satisfaisant dressé à tour de rôle, vendredi, en soirée, par Jean-Luc Charrier et Jean Giret. « Nous avons attiré 800 spectateurs… Une petite prouesse pour une petite commune… C’est un projet porté par les habitants de Val-en-Vignes et des environs. Après le Covid, on a pu rebondir et on peut compter maintenant sur 76 bénévoles. Un merci aussi à ceux qui acceptent d’héberger les artistes. Notre festival est connu dans le département et dans la Région », ont fait savoir les deux intervenants qui ont ensuite projeté un petit diaporama de cette 26 e édition, réalisé par Milann. « En 2025, la 3 e journée aura un aspect particulier et original. Nous y travaillons. Elle va en effet associer la géologie, la culture et la viticulture », ont conclu Jean Giret et Jean-Luc Charrier.

Pour clore cette réunion, place au talentueux Roland Geairon, un humoriste bien connu à Val-en-Vignes, tout particulièrement au théâtre-cinéma Les Cerisiers à Cersay, mais aussi dans le Thouarsais et au-delà. Il a su faire revivre, avec autodérision, l’illustre Raymond Devos. Le public enchanté l’a longuement applaudi.

Cet article est paru dans Le Courrier de l'Ouest

Centre Presse Aveyron
RODEZ_CP
vendredi 22 novembre 2024 1453 mots

Trois jours d'animations en Aveyron

Aujourd'hui

Agen-d'Aveyron. - Partage de dégustation, et de convivialité avec « Déclic Dégust », à 20 h maison des associations.

Alrance. - Belote au profit du Téléthon, à 20 h 30 salle des fêtes.

Calmont. - Belote, à 20 h 30 à la salle des fêtes de Ceignac.

Druelle. - Boum au profit du Téléthon, à 20 h à la salle des fêtes.

Entraygues-sur-Truyère. - Concert d'un duo de musiciens Fred Bonnet et Christian Clavère, à 20 h 30, salle multiculturelle.

Espalion. - Belote à 20 h 45, à l'Immaculée Conception.

Firmi. - Conférence sur la thématique de la Transmission des fermes, à 14 h, Sauterusque Le Haut.

Flavin. - Fête du Beaujolais nouveau à 19 h salle des fêtes.

Laguiole. - Projection « Le procès du chien », à 18 h, médiathèque Aubrac-Laguiole. - Projection « Les graines du figuier sauvage », à 20 h 15, médiathèque Aubrac- Laguiole.

Laissac. - Rencontre avec Camille de Peretti, à 20 h à la salle de la mairie.

Luc. - Soirée vin primeur suivi de la soupe au fromage, à 19 h à la salle Saint-Exupéry La Primaube. - Véronique Pomiés fête les 20 ans de son orchestre, à 21 h salle des fêtes.

Monastère (Le). - Forum des handicaps visibles et invisibles à la salle polyvalente.

Montbazens. - Spectacle : une adaptation hip-hop des fables de La Fontaine, à 19 h à la salle des spectacles.

Mur-de-Barrez. -Projection « Monsieur Aznavour », à 20 h 30 à la salle Bertrand-Tavernier.

Nauviale. - Belote (soupe au fromage à 19h), à 21 h.

Nayrac (Le). - Belote, à 20 h 30 à l'espace multiculturel.

Olemps. - Documentaire projection de « solutions locales pour un désordre global » de Coline Serreau, à 20 h à la salle 777.

Onet-le-Château. - Quine du foot, à 20 h 30 à L'Athyrium.

Prades-de-Salars. - Belote, à 20 h 30, salle des fêtes.

Réquista. - Loto, à 20 h 30 salle des fêtes.

Rignac. - Soirée de l'atelier théâtre, à 20h30 salle André-Jarlan.

Saint-Amans-des-Cots. - Soirée Beaujolais, à 19 h 30 salle des fêtes.

Sévérac-le-Château. - Belote, à 20 h 30 à la Maison du Temps Libre.

Vabre-Tizac. - Concert d'Éric Antraygues, à 21 h Chez Piccolo.

Villecomtal. - Fête de la soupe (sur inscription au 06 82 07 42 54), à 19 h30 salle des fêtes.

Villefranche-de-Rouergue. - Concours autour du foie gras et des salaisons, à 18 h à la salle des fêtes de la Madeleine. Demain

Agen-d'Aveyron. - Concert du Gospel Song, à 20h30, en l'église.

Bertholène. - Quine de l'APE, à 20 h 30 salle des fêtes.

Bozouls. - Quine de l'école privé Saint-François, à 20 h 30 au complexe de Cardabelle.

Calmont. - Soirée raclette et concert avec LOL, à 19 h 30 à Ceignac.

Campouriez. - Soirée Beaujolais nouveau, à 19 h. Relais du Coustoubi.

Campuac. - Quine de l'école, à 20 h salle des fêtes.

Castanet. - Belote à 21 h à la salle des fêtes de Lardeyrolles.

Coubisou. - Quine à 19h30 (enfants) et, 20h30 (adultes), salle des fêtes.

Espalion. - Projection de « Résister », à 15 h a la salle des fêtes d'Alayrac.

Flavin. - Quine de la chasse, à 20 h 30 à la salle polyvalente.

Lassouts. - Apéro concert animé par Money Jungle suivi d'un bal avec Pepitoox DJ, à 20 h 30.

Lédergues. - Repas dansant animé par Jean-François Mézy, à 20 h, salle des fêtes de Falguières.

Loubière (La). - Salon des orchidées au profit de La Ligue contre le Cancer, de 10 h à 18 h, salle des Epis.

Luc. - Spectacle « Tout Schuss », à 20h45 à l'Espace Saint-Exupéry à La Primaube.

Marcillac-Vallon. - Quine, à 20h30 salle des fêtes. - Spectacle « La rousse », un regard sur le harcèlement scolaire (sur inscription), à 10 h au local de Lusine à Beausoleil.

Monastère (Le). - Forum des handicaps visibles et invisibles à la salle polyvalente.

Mur-de-Barrez. - Randonnée pédestre, à 13 h 30 au départ du parc de la Corette.

Naucelle. - Soirée couscous, à 20 h salle des fêtes.

Onet-le-Château. - Dédicace de Yves Garric « La Pastorale des truffières », de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Espace culturel Leclerc.

Pruines. - Apéro concert avec le groupe « Sors tes couverts » suivi d'un bal, à partir de 19h30.

Rignac. - Troc de plantes, de 10 h à 12 h. Salle de la Traverse.

Rodez. - Nuit Rouergate avec La Pastourelle, à 20 h, salle des fêtes. - Pièce « Huit femmes » de Fabien Austruy, à 21 h à la chapelle Saint-Joseph.

Saint-Martin-de-Lenne. - Concert « The Crooked Nails », à 19 h, salle des fêtes.

Saint-Parthem. - Apéritif, repas au four à bois et musique, à 19 h, salle des fêtes. - Vente d'arbres fruitiers, artisanat et produits locaux, pizzas, de 10 h à 16 h 30, salle des fêtes.

Salles-la-Source. - Conférence d'E. Massot pour son livre « Heureusement j'aime la vie », à 16 h 30, salle des fêtes. - Spectacle TROU, Cie Ultra-Nyx (restauration sur place à 19h), à 20 h 30, salle des fêtes.

Sébrazac. - Belote, à 20 h 30, salle des fêtes.

Thérondels. - Belote, à 20 h, salle des fêtes.

Villefranche-de-Panat. - Apéro concert animé par TchouTchou Cats, à 19 h 30, salle des fêtes.

Villefranche-de-Rouergue. - Festa foie gras et des salaisons, de 10 h à 17 h à la salle des fêtes de la Madeleine. Dimanche

Baraqueville. - Concert du choeur d'hommes « Ces gars-là » en compagnie des « Filles de choeur », à 15 h 30 à l'église de Vors.

Bozouls. - Après-midi dansant rock, latino, à 14 h 30 au complexe de Cardabelle. - Journée shopping de Noël, à l'espace Denys-Puech.

Calmont. - Quine, à 14 h à la salle polyvalente de Ceignac.

Cassagnes-Bégonhès. - Petit-déjeuner tripous et/ou tête de veau ou petit déjeuner sucré, de 8 h à 13 h salle des fêtes.

Colombiès. - Quine du relais paroissial, à 14h à la salle Omnisports.

Cruéjouls. - Marché de Noël, de 10 h à 17 h salle des fêtes.

Curières. - Quine, à 14 h salle des fêtes.

Druelle. - Goûter spectacle avec La Pastourelle au profit du Téléthon, à 14 h 30 à la salle des fêtes.

Entraygues-sur-Truyère. - Bourse aux jouets de 9 h à 17 h au gymnase.

Espalion. - Ciné-débat « Bienveillance paysanne », à 18 h 30 au cinéma Le Rex. - Foire aux jouets, de 9 h 30 à 16 h 30, salle Francis-Poulenc. - Spectacle des Chanteurs d'Espalion « Les Bougnats à Paris », à 16 h à la salle de la Gare.

Laissac. - Thé dansant animé par Sylvie Nauges et son orchestre, à 16 h au centre administratif.

Lédergues. - Théâtre : La troupe de Sérénac présente deux pièces, à 14 h salle polyvalente.

Lestrade-et-Thouels. - Quine des aînés, à 14 h salle des fêtes de Lestrade.

Loubière (La). - Salon des orchidées au profit de La Ligue contre le Cancer, de 10 h à 18 h, à la salle des Epis. - Braderie petite enfance, de 9 h à 17 h au gymnase des Épis à Lioujas.

Luc. - Marché de Noël, de 10 h à 18 h à l'Espace animation. - Spectacle « Tout Schuss », à 15h. à l'Espace Saint-Exupéry.

Manhac. - Bourse aux jouets, puériculture, vêtements, de 9 h à 16 h salle des fêtes.

Montbazens. - Petit-déjeuner friton de canard et tête de veau, à partir de 7 h 30 salle des fêtes.

Naucelle. - Thé dansant avec accordéon Club de Réquista suivi du repas de Noël, à 16 h salle des fêtes.

Nauviale. - Quine, à 14h30 salle des fêtes.

Nayrac (Le). - Théâtre et vidéo d'animation « Bled », à 17 h à l'espace multiculturel.

Olemps. - « Le Bazar de Verlézart » : vente d'objets au profit du Téléthon, à 15 h. Maquillage et tatouage éphémère par Verlézart, de 18 h à 20h.

Onet-le-Château. - Braderie et vide-greniers, de 9h à 17h, gymnase de l'Albatros, Les Costes Rouges. - Foire aux livres et aux disques, de 10 h à 18 h. À L'Athyrium. - Quine au profit de l'AFM Téléthon, à 14 h 30 centre social.

Saint-Christophe-Vallon. - Concert avec UM Swing band de Rodez à 12 h, salle des fêtes.

Saint-Cyprien-sur-Dourdou. - Marché de Noël, de 10 h à 19 h, à la salle polyvalente.

Saint-Geniez-d'Olt. - Bourse aux jouets, de 9h à 16h, à la salle de l'espace culturel.

Saint-Saturnin-de-Lenne. - Repas festif et animé, à 12 h salle des fêtes.

Sainte-Eulalie-d'Olt. - Vide dressing, de 9 h à 17 h à la salle d'animation.

Salles-Courbatiès. - Journée « Autour de l'arbre » : de 10h à 18h salle des fêtes.

Salmiech. - Quine, à 14 h salle polyvalente.

Sébazac-Concourès. - Quine, 14 h au gymnase.

Terrisse (La). - Marché de Noël, de 10 h à 18 h salle des fêtes.

Le Berry Républicain
Cher
Saint Amand, samedi 23 novembre 2024 52 mots, p. Berry-19

Cinéma

Le Moderne

27, rue Henri-Barbusse, à Saint-Amand-Montrond.

Le Panache. À 20 h 30.

Gladiator ii. Interdit aux moins de 12 ans. À 15 h 45 et 20 h 30.

On aurait dû aller en Grèce. À 16 heures.

Louise Violet. À 18 h 30.

Juré n° 2. VOST. À 18 heures.

La Voix du Nord
04ST-OMER
LOCALE, dimanche 24 novembre 2024 402 mots, p. 04ST-OMER21
Aussi paru dans
23 novembre 2024 - La Voix du Nord (site web)

Ahmed Sylla réchauffe Sceneo de sa bonne humeur communicative

Entre sujets personnels et de sociétés, Ahmed Sylla revient sur scène après une pause cinématographique en maniant l’humour, la réflexion et la bienveillance. Il était à Sceneo vendredi, devant 2 300 spectateurs.

Longuenesse. Il est noir, musulman, d’origine sénégalaise, s’habille volontiers en femme pour faire rire… Autant de plis et de replis qui forment l’ origami (un pliage en papier japonais) qui donne le titre de son spectacle – Ahmed Sylla.

Durant le spectacle, chaque pan de son identité est exploré avec exubérance et dérision. Il parle bien sûr de lui et de sa famille. Il aborde aussi l’effet incontrôlé de ses représentations, lorsqu’il touche à des sujets sensibles comme son usage jugé parfois trop caricatural de l’accent sénégalais ou sa façon si convaincante d’interpréter une femme. « Je représente malgré moi», explique-t-il pour illustrer sa prise de conscience sur ces sujets et les précautions dont il s’entoure pour les aborder.

« Il parle de tout le monde »

Les sujets de société sont donc au programme. Du plus léger sur le Covid ou les punaises de lit jusqu’au plus grave avec le féminicide et le parcours du combattant pour obtenir justice. On peut compter aussi sur une bonne dose de loufoquerie. Gestuelle, mimiques, accents, Ahmed Sylla ne ménage pas ses efforts et parcourt la scène de long en large pour électriser ses sketchs et faire honneur à ses modèles, Michel Courtemanche et Jim Carrey.

Le public semble avoir particulièrement apprécié une très surprenante scène finale de Titanic version ch’ti. Peut-être un reste de son travail avec Dany Boon dans le film Le Dindon? La notoriété d’Ahmed Sylla doit d’ailleurs beaucoup à ses apparitions au cinéma ou à la télévision dans LOL : qui rit, sort !

Ils étaient 2 300 spectateurs à être venus le découvrir sur scène après. Un public jeune et familial, comme Issa et ses proches, qui apprécient « son avis sur des sujets de société, la religion, le droit des femmes, la couleur de peau…». Même constat pour Mathilde et ses amies « dans un spectacle d’humour, il nous parle de sujets sérieux, il parle de tout le monde».

XAVIER CARLIER (CLP)

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Indre-et-Loire
indre-et-loire, jeudi 7 novembre 2024 619 mots, p. 7

express

Brève

Médias

Une première pour des étudiants journalistes de l’EPJT

Le prix Anna Politkovskaïa - Arman Soldin du courage journalistique a été remis pour la deuxième fois ce 5 novembre 2024. Il s’agit d’un prix, décerné par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, qui distingue le travail de journalistes et journalistes reporters d’images engagés à poursuivre leur mission essentielle d’information, notamment sur des théâtres de conflit ou dans des contextes de crise.

Particularité cette année, des étudiants de l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille) et de l’École publique de journalisme de Tours (EPJT Tours) étaient intégrés au jury (composé notamment de quatre journalistes professionnels), qui a récompensé les journalistes israélien Yuval Abraham et palestinien Basel Adra, réalisateurs de No other Land.

Ciné débat

Une soirée autour de l’accompagnement de la fin de vie

Mardi 19 novembre prochain, dans le cadre de la 19 e journée mondiale de soins palliatifs, l’Association départementale d’accompagnement et de soins palliatifs d’Indre-et-Loire (Adaspil) organise une soirée ciné débat autour de l’accompagnement

de la fin de vie.

Les échanges débuteront après la projection du film « De son vivant », d’Emmanuelle Bercot (20 h, accueil à partir de 19 h), au cinéma CGR 2 Lions (2, avenue Marcel-Mérieux, 37.200 Tours).

Réservations (10 €, réduit 6,50 €) avant le 8 novembre via helloasso (Adaspil).

Santé

Et si on parlait de l’AVC ?

Jeudi 7 novembre à 18 h 30, une soirée sur le thème de l’accident vasculaire cérébral est organisée par les chercheurs tourangeaux à l’hôtel de ville de Tours. Une soirée ouverte au public, avec une conférence sur « qu’est-ce que l’AVC : comment on le prévient, comment on le traite ? », le témoignage d’une patiente autrice de l’ouvrage « Mon petit AVC », une table ronde « les patients au cœur de la recherche clinique », ou les contours de la prise en charge de demain.

Politique

Défense : Sabine Thillaye vice-présidente

La députée MoDem de la cinquième circonscription d’Indre-et-Loire, Sabine Thillaye, a été élue vice-présidente de la commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale. Elle partage ce rôle avec Valérie Bazin-Malgras, élue Les Républicains de l’Aube. L’élue tourangelle était déjà membre de cette commission de 2017 à 2024. Elle s’est constituée, au fil des ans, une vraie expérience en la matière ; en 2023, elle avait aussi été rapporteure du volet cybersécurité de la loi de programmation militaire.

Télévision

Matthieu Nina passe un tour à « La France a un incroyable talent »

Humoriste et handicapé, Matthieu Nina veut « faire rire » et « sensibiliser ». C’est exactement ce qu’il est parvenu à faire ce mercredi soir sur le plateau de l’émission La France a un incroyable talent, diffusée sur M6 et présentée par Karine Le Marchand. « Même si tu fais de l’humour assis, tu mets la barre très haut pour le stand-up ici. En termes de stand-up c’est un des meilleurs numéros que l’on ait vu ici. C’est bien écrit et bien ficelé », a salué l’humoriste québécois Sugar Samy. Les trois autres membres du jury, Marianne James, Hélène Ségara et Éric Antoine ne l’ont pas contredit. Et c’est d’une seule voix que les quatre jurés ont dit « oui » à Matthieu Nina : il poursuit l’aventure télévisée. « Ce qui est très chouette en ce moment c’est cette parole à toutes les différences. Je me réjouis que tu arrives parce que c’est une nouvelle parole. Une nouvelle manière de penser. Et je me dis qu’il y a des trucs qui vont bien dans notre monde » , a ajouté l’humoriste Éric Antoine.

La Dépêche du Midi
Hautes-Pyrénées
Locale, vendredi 22 novembre 2024 168 mots, p. 31

Sortir

Aussi paru dans
22 novembre 2024 - La Nouvelle République des Pyrénées

le théâtre

Le rideau est levé

Voilà une bonne nouvelle pour tous les amoureux du théâtre local et régional. La Fabrique Artistique de la Ville de Tarbes va (enfin) rouvrir ses portes après de longs mois de travaux. Et pour célébrer la réouverture de ce lieu incontournable de la création artistique bigourdane, une grande soirée de fin de travaux est proposée ce soir.

Dès 19 heures, vous avez rendez-vous rue Georges-Clémenceau à Tarbes pour une belle soirée de retrouvailles. En entrée libre et gratuite, vous pourrez redécouvrir les lieux, ou les découvrir si vous n'avez jamais mis les pieds dans cet ancien cinéma tarbais, devenu une salle de création théâtrale et artistique municipale depuis vingt ans.

Pour fêter cette réouverture et cette double décennie au service de la culture des Hautes-Pyrénées, le Pari vous invite à une grande soirée de fête. Un buffet sera animé par le collectif de DJ Strictly Vinyls, avant un concert proposé par les Accords'Léon.

Le Journal de Saône et Loire
Edition de Montceau - Creusot - Autun ; Edition de Bresse ; Edition de Chalon-Sur-Saône ; Edition du Charolais-Brionnais ; Edition de Mâcon
Loisirs | /temps libre, dimanche 24 novembre 2024 298 mots, p. BRES46,CHSA46,PCHR46,CRAU46,MACO46
Aussi paru dans
24 novembre 2024 - Le Progrès (Lyon)

Lons-le-Saunier

« Un voyage » : Laurent Gerra a conquis le cœur de ses fans

Martin Verneau

Ce vendredi 22 novembre, Laurent Gerra a dressé sa table à Lons-le-Saunier. Et cuisiné les politiques, les écolos, les végans, les femmes, les transsexuels… Le public a savouré.

Dans son bistrot parisien, décorum d’un soir au Juraparc de Lons-le-Saunier, Laurent Gerra n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Avec ses « vacheries », l’humoriste aindinois a conquis son public, venu en nombre pour cette première Nuit jurassienne. Installé au premier rang d’une salle comble, cet habitant de Saint-Claude a résumé le sentiment partagé par les spectateurs : « C’était un voyage, un vrai moment d’amusement et de nostalgie. »

L’époque passée à la moulinette

Pendant près de deux heures, l’imitateur qui s’assume « conservateur », a écrasé au rouleau à pâtisserie l’époque dans laquelle, d’après lui « une minorité emmerde une majorité ». Dans le bouillon de l’humoriste de 56 ans : les végans avec « leurs têtes d’anémiés et leurs corps maigrichons », les « femmes des années 2020, qui refusent d’avoir un vagin » (Sardou), les « filles crados couleur écolo » (Mitchell), les rappeurs qui disent « z’y va ! » et « wesh » (Booba), ainsi que les « dessins animés inclusifs » en mode « Abdel au Bois dormant ».

Les politiques ont également dégusté. Entre Sarkozy, qui aurait préféré « une cuisine sans casseroles », et une savoureuse imitation muette de François Hollande, point d’orgue gustatif de ce long repas, le public s’est délecté. En guise de dessert, Laurent Gerra a rendu hommage au cinéma et à la chanson française, en reprenant Belmondo, Delon, Aznavour…

Deuxième Nuit jurassienne ce samedi soir à 20 h 30 à Juraparc, avec Véronique Sanson.

Le Populaire du Centre
Haute-Vienne
Limoges, mardi 19 novembre 2024 529 mots, p. Pop87-12

Vincent Dedienne présentera, le 26 novembre, à l'Opéra de Limoges, Un soir de gala

Affreux, sales, méchants mais drôles

- Pourquoi ce titre, « Un soir de gala » ? J'aime ce mot gala. Plus personne ne l'utilise aujourd'hui. Mes parents l'employaient souvent. Ils disaient par exemple avoir vu Sylvie Vartan en gala. C'était clinquant, lumineux Alors comme il est question de nostalgie et de choses désuètes, j'ai choisi ce titre pour mon spectacle.

- Êtes-vous nostalgique ?

Oui. Les technologies nous font avancer, mais nous mènent aussi vers le pire. Les téléphones portables, les ordinateurs nous éloignent de la bienveillance de la contemplation, de la lecture, de l'altruisme. Nous devenons tous des loups solitaires.

- Vous vous éloignez des réseaux sociaux ? J'essaie, pour mieux me consacrer à la lecture qui reste une passion.

- Avez-vous la nostalgie de votre enfance dans le Mâconnais ? Oh oui ! C'était bien. Je trouve qu'aujourd'hui nous sommes tous devenus cinglés.

- Les portraits des personnages que vous dessinez sur scène sont assez curieux. Il y a des vieux, des barjots Quel regard portez-vous sur l'humanité ? Comme tout le monde, je ne comprends rien ! J'ai du mal à prendre de la hauteur. Je pense que nous avons tout foiré. Nous avions de quoi faire mieux et nous avons laissé passer notre chance. Je pense que les hippopotames s'en sortent mieux que nous.

- S'agit-il d'un spectacle autobiographique ? Non ! Mon premier spectacle l'était, pas celui-ci. Les personnages sont inventés. Il y en a peut-être quelques-uns que j'ai pu croiser dans ma vie, mais dans l'ensemble il s'agit d'une fiction.

- Pourquoi cette attirance pour les gens affreux, sales et méchants ? Dans la vie ils sont pénibles à vivre mais sur scène c'est rigolo.

- Avez vous envie d'adapter ce spectacle à l'écran ? Quand j'écris quelque chose, j'ai plus tendance à imaginer la transposition sur scène qu'à l'écran.

- Comment écrivez-vous vos sketchs ? Sur mon ordinateur. Je n'écris pas tous les jours. Je trouve souvent l'inspiration dans les trucs qui m'énervent. Il y a dans les sketchs une forme de vengeance.

- Les personnages que vous décrivez sont quelque part attachants, non ? Je ne dirais pas ça. Ou alors s'ils sont attachants c'est parce qu'ils sont drôles.

- D'où vous vient ce goût pour la méchanceté ?

Je ne sais pas. Je pense être très gentil dans la vie et j'aime explorer ces territoires qui me sont étrangers. J'adore de Funès qui magnifie la méchanceté.

- François Rollin est votre maître ? Oui ! C'est lui qui m'a présenté à Laurent Ruquier qui, du coup, a produit mes spectacles. Laurent est plus que producteur, il est généreux, protecteur, pas du tout jaloux du talent des autres.

- C'est dur d'être humoriste aujourd'hui ? Sur scène non mais sur les ondes oui. On n'a plus le droit à l'erreur. Les gens sont trop avides de « bad buzz ».

- Qui sont les gens qui vous ont donné envie de monter sur scène ? Muriel Robin, François Rollin, Sylvie Joly, Zouk.

- Qu'allez vous faire après la tournée ? Je vais jouer deux pièces de Jean-Luc Lagarce et je vais tourner une comédie musicale pour le cinéma.

A noter. Mardi 26 novembre à 20 heures à l'Opéra à Limoges.

Sud Ouest dimanche - Charente / Charente-Maritime
Une_Gen, dimanche 17 novembre 2024 22 mots, p. 1

Benoît Biteau : « Un modèle en mutation »

COlère des agriculteurs

P. 6-7

Cinéma / entretien

P. 20

Sud Ouest dimanche - Landes
Une_Gen, dimanche 17 novembre 2024 26 mots, p. 1

Face aux All Blacks, victoire avec le cœur

Rugby / XV de France

P. 33-34

Cinéma / Entretien

P. 20

Centre Presse Aveyron
RODEZ_CP
jeudi 28 novembre 2024 24 mots

Cinéma

À l'espace culturel de Ste-Geneviève, vendredi 29 novembre : à 18 h : Monsieur Aznavour; à 20 h 30 : L'amour ouf. Tarif : 5 euros/séance

Ouest-France
Calvados, Manche, Orne ; Finistère ; Ille-et-Vilaine ; Vendée ; Mayenne ; Côtes-d'Armor ; Loire-Atlantique ; Morbihan ; Maine-et-Loire ; Sarthe
DA Télévision, dimanche 1 décembre 2024 117 mots, p. DOF Actu Calvados, Manche, Orne_26

Goliath, film contre les géants de l’agrochimie

Cinéma. Après la mort de Margot, ses parents et sa compagne Lucie, agricultrice (Chloé Stefani), attaquent la multinationale Phytosanis en justice. Avec leur avocat (Gilles Lellouche), ils accusent la « tétrazine », un pesticide classé cancérigène par l’Organisation mondiale de la santé, d’être responsable de son décès. D’autres victimes les rejoignent. Face à eux, deux lobbyistes (Pierre Niney et Laurent Stocker) sont chargés d’étouffer le scandale. Inspiré par les affaires judiciaires contre Monsanto, le géant des herbicides à base de glyphosate, Frédéric Tellier a réalisé un thriller efficace, appuyé sur un solide casting. L’excès de pathos de quelques scènes est excusé !

France 2 , 21 h 10.

Le Progrès (Lyon)
Edition de Villefranche - Tarare ; Edition d'Oullins – Givors – Monts du Lyonnais ; Edition Ouest Lyonnais et Val de Saône ; Edition Est Lyonnais ; Edition de Lyon - Villeurbanne - Caluire
Loisirs | lyon et région, lundi 2 décembre 2024 186 mots, p. VILL51,VALS51,OGML51,LYON51,LYOE51

Caluire-et-Cuire

Un soir de gala avec Vincent Dedienne

Vincent Dedienne fait partie de ces rares comédiens de théâtre (et de cinéma) qui font aussi des one-man-shows humoristiques. Son premier seul-en-scène, S’il se passe quelque chose, a été couronné de succès. Il a obtenu le Molière de l’Humour en 2017. Son deuxième, Un soir de gala, a aussi obtenu le Molière de l’Humour en 2022.

Nul n’est mieux placé que lui-même pour résumer ce spectacle qui sera à l’affiche du Radiant : «  C’est un spectacle qui ressemble à la Louisiane, à l’Italie… Il y a des personnages dedans, des jeunes, des vieux, des gentils comme tout, des cinglés, des optimistes et des foutus. Des héros et des ordures… des gens. Tous différents et tous réunis pour un soir de gala. Leur point commun, c’est que c’est moi qui les joue.  »

Un soir de gala, les 6 et 7 décembre. Tarifs à partir de 25 €, au Radiant Bellevue, 1, rue Jean-Moulin, à Caluire. Tél. 04.72.10.2210. www.radiant-bellevue.fr

Le Petit Bleu d'Agen
PB
Locale, jeudi 5 décembre 2024 266 mots, p. 6

Agen

Laurent Gerra et Jeff Panacloc seront à Agen Agora en 2025

Les noms prestigieux s'enchaînent pour la programmation 2025 d'Agen Agora. La salle de spectacle du centre de congrès de la ville préfecture de Lot-et-Garonne accueillera, le 11 décembre, Dany Boon et son nouveau spectacle. Mais la liste s'allonge en cette fin 2024, avec deux autres stars de scène viennent d'être annoncés pour l'année prochaine.

Laurent Gerra le le samedi 8 novembre

Le plus célèbre imitateur de France posera son restaurant éphémère à Agen en novembre 2025. « Laurent Gerra se met à table ! », c'est le nom de son nouveau spectacle qui voyage à travers le pays depuis plusieurs mois déjà. Celui qui officie tous les matins sur RTL recrée chaque soir l'ambiance d'un restaurant et applique sa recette, celle de parodier en mêlant sketchs et chansons... Nouvelle carte et plats signatures, il y en aura pour tous les goûts : politique, chanson, télévision et cinéma, toutes ses cibles passeront à la casserole, même les vegans ! Tarifs : de 45 à 75 €.

Jeff Panacloc le jeudi 18 décembre

Il revient avec un nouveau spectacle, et bien entendu sa marionnette Jean-Marc. Jeff Panacloc sera en terres lot-et-garonnais peu avant Noël de l'année prochaine. Il présentera au public d'Agen Agora « The Jeff Panacloc Company », où le public pourra franchir les portes du bureau secret du ventriloque et à plonger dans un univers où l'humour flirte avec l'absurde. Outre le désormais célèbre Jean-Marc, plusieurs personnages seront au rendez-vous, avec la promesse d'une expérience immersive unique.

Guillaume Béars

Tarifs: de 45 à 52€. Billetterie: www.agen-agora.com

La Provence
PRJ, jeudi 5 décembre 2024 393 mots, p. MARSP1

NOTRE SÉLECTION HUMOUR

Le Cepac Silo attend Philippe Lellouche

VTILLET

Après ses nombreux succès au théâtre, à la radio, au cinéma et à la télévision, le comédien sera seul, samedi soir, sur la scène du Cepac Silo.

Il a tout vécu ou presque dans sa longue carrière artistique, et notamment au théâtre avec son célèbre Jeu de la vérité. Mais Philippe Lellouche ne semble jamais rassasié en termes d'émotions : sur la recommandation de Gad Elmaleh, le comédien, auteur et metteur en scène est ainsi lancé dans une tournée nationale pour Stand Alone. Un tout premier seul-en-scène d'humour qu'il jouera samedi soir à 20 h 30 au Cepac Silo (de 29 à 38€ , billetterie en ligne sur www.cepacsilo-marseille.fr). Et avec lequel il aborde notamment le thème de la nostalgie heureuse : " Quand on a eu la chance comme moi de grandir dans les années 1980, par rapport à l'univers d'aujourd'hui c'est le multivers. La seule issue qu'on ait aujourd'hui, dans un quotidien ponctué de mauvaises nouvelles et d'actualités dramatiques, c'est de se marrer ", confiait-il récemment avant son show à La Ciotat.

Guillaume Dollé au Garage, Anthony Cottu au Vieux-Port

Du côté des comedy clubs, le Garage et l'Espace Kev Adams proposent chaque jour, jusqu'à dimanche, des plateaux stand-up permettant de découvrir des artistes marseillais, mais aussi quelques invités de toute la France. Plusieurs shows individuels sont aussi à noter, notamment Alpha(e) de Guillaume Dollé dimanche à 21 h au Garage (7€ , garage-comedy.com) : le comédien questionne son inadéquation avec les standards de la virilité et l'idée qu'on peut avoir de la féminité. Tout en dressant plus globalement un tableau des rapports humains en s'inspirant de ses rencontres. Quant au Comédie Club Vieux-Port, on retrouvera Anthony Cottu samedi à 21 h 30 pour son premier show On passe un bon moment (à partir de 8,95€ , comedieclubvieuxport.com). L'ancien coach sportif, amené au stand-up par l'acteur Noom Diawara, racontera non sans rires ce changement de vie inattendu. Et si vous êtes en quête de bons plans, l'Art Dû a lancé, à l'approche de Noël, un tarif spécial de 8 € pour tous les shows à l'affiche cette semaine. L'occasion d'aller applaudir Hélène Sido pour son show plébiscité Solilesse (samedi à 21 h) ou encore le cérébral Ludovic Savariello dans Fournisseur officiel de bonheur (vendredi à 21 h).

La Montagne
Clermont-Ferrand
Clermont Ferrand, mercredi 13 novembre 2024 65 mots, p. Metropole-14

LA PLAINE. Ciné-échange avec l'association Re-sources de vie.

La plaine. Ciné-échange avec l'association Re-sources de vie. En partenariat avec l'association Re-sources de vie, association dont l'objectif est d'apporter un soutien aux personnes en fin de vie et leurs proches, le cinéma Le Rio, 178, rue Sous-les-Vignes, propose vendredi 15 novembre à 20 heures, un ciné-échange avec la projection du documentaire Invincible été, de Stéphanie Pillonca.

La Montagne
Corrèze
Brive, mercredi 13 novembre 2024 195 mots, p. Brive-10

AU CINÉMA cette semaine

LES FILMS AU cgr

Overlord : the sacred kingdom (VO/VF, mention moins de 12 ans) - en tongs au pied de l'himalaya - gladiator 2 (VO/VF, interdit aux moins de 12 ans) - on aurait du aller en grece - a toute allure - here (VO/VF) - louise violet - jure n°2 (VO/VF) - VENOM THE LAST DANCE (VO/VF/3D) - 4 zeros - challenger - monsieur aznavour - l'amour ouf - smile 2 (interdit aux moins de 16 ans) - le robot sauvage - terrifier 3 (interdit aux moins de 18 ans, justificatif obligatoire) - le comte de monte-cristo - coraline (VO/VF/3D).

LES FILMS AU REX

LA VALLEE DES FOUS - le royaume - une part manquante - The substance - Trois amies - AU BOULOT ! - anora - FLOW - LIL'BUCK - LAW AND ORDER - juvenile court - HOSPITAL - DU CÔTE DE GERMONT - LE LAC DES CYGNES.

CONTACT

Pour connaître les horaires des séances du CGR, tél. 0.892.68.85.88 ou sur cgrcinema.fr. Pour le Rex, tél. 05.55.22.41.69 ou sur cinemas-rex-brive.fr.

L'Union (France)
ARD
LOISIRS, samedi 9 novembre 2024 792 mots, p. ARD45
Aussi paru dans
5 mai 2024 - Courrier picard

Humour Laurent Gerra

« Je vais au boulot en rigolant. C’est un luxe »

Reims C’est à l’Arena que l’imitateur jouera son nouveau spectacle « Laurent Gerra se met à table ! ». Il livre quelques indiscrétions sur ce qui attend les spectateurs.

l’ESSENTIEL

Laurent Gerra avec son nouveau spectacle «Laurent Gerra se met

à table».

Où? à l’Arena de Reims.

Quand? mardi 19 novembre,

à 20heures.

Tarifs: 49, 59 et 69€.

Infos: 0326774444

ou www.reimsarena.com

Laurent Gerra, vous donnez rendez-vous à votre public cette fois-ci dans un restaurant ?

Oui, c’est effectivement autour de ce thème que va être construit ce spectacle. J’aime bien avoir un fil conducteur, quelque chose qui lie les sketchs entre eux sans pour autant en être prisonnier. Comme je suis propriétaire de quelques restaurants en région Auvergne-Rhône-Alpes, ce thème est arrivé presque naturellement. C’est un ami qui m’a soufflé l’idée de faire un sketch sur la restauration… C’est devenu le thème de ce spectacle.

Avez-vous trouvé des similitudes entre la restauration et le spectacle vivant ?

Oui, les points communs sont nombreux. Dans les deux cas, il s’agit de donner du plaisir. Comme un chef, je présente une nouvelle carte, avec des plats revisités à ma sauce. Sur scène et comme dans un restaurant, il y a un piano… Comme pour mes spectacles précédents, il y a un mélange de sketchs et de chansons.

Que va donc voir le spectateur ?

Il y a une trentaine de chansons. J’ai un bel orchestre avec moi. J’en profite… Sinon, cela va rester très classique avec les voix que le public attend : Francis Cabrel, Johnny, Nicolas Sarkozy, Jack Lang et tous les autres. Et je ne vais pas y aller avec le dos de la cuillère : ce spectacle ne sera pas très végan… ni wokiste. Bien au contraire. Je vais présenter un concentré d’inepties…

Il y a aussi de nouvelles voix ?

Oui quelques-unes : Pascal Praud, Xavier Demoulins mais plutôt du monde des médias. Aujourd’hui, il y a moins de personnalités identifiables dans le milieu politique… Même avec une crise de voix, François Hollande aura encore la vedette, tout comme Emmanuel Macron. Et je vais aussi proposer un « buffet à volonté ». Mes collaborateurs vont définir une phrase, chaque soir différente, et le public choisira quelles voix l’interpréteront.

Quelles sont vos inspirations ?

Je suis plutôt atterré par ce que je vois et entends. Je me moque donc de notre époque, des réseaux de cas sociaux où règne la délation permanente truffée de fautes d’orthographe et de grammaire. Je crois qu’il faut vraiment parler de ce phénomène qui nous appauvrit chaque jour un peu plus. C’est quand même mieux de livre un livre ou de regarder un bon film plutôt que de perdre son temps sur les réseaux…

Lorsque l’on écrit un spectacle, comment sait-on si l’on va déclencher la réaction du public que l’on attend ?

Avec trente ans de métier, j’ai une certaine expérience mais l’une des clefs est que je n’écris pas seul. La glande à venin fonctionne mieux. En revanche, ce n’est pas bien non plus d’avoir trop d’yeux extérieurs. Quoi qu’il en soit je n’aime pas le terme « roder un spectacle ». Il n’y a pas de « sous-public » à qui on proposerait un spectacle non terminé… Je refuse d’arriver sur scène sans un spectacle élaboré, maîtrisé. Qu’il y ait quelques longueurs aux premières représentations c’est possible et cela peut être normal mais des approximations ou des imperfections plus importantes, non.

Vos chroniques quotidiennes en radio vous aident elles dans l’écriture d’un spectacle ?

Pas vraiment. L’exercice est très différent qui consiste plutôt à « chansonner sur l’actualité » comme le disait mon mentor télévisuel Jacques Martin. Ceci étant, il y a quelques gags qui peuvent être repris dans un spectacle.

Quelles sont vos motivations pour proposer un nouveau spectacle plutôt qu’aller vers d’autres disciplines artistiques comme le cinéma ou le théâtre ?

Le théâtre est trop contraignant. J’ai fait quelques films, notamment un avec mon copain Eddy Mitchell, et séries télé. Mais ce métier est celui que j’avais envie de faire depuis mon enfance. Je vais au boulot en rigolant et je ne vois que des gens qui se marrent. C’est vraiment un luxe de pouvoir faire ce que l’on veut. Et les deux années compliquées en raison du Covid m’ont permis de l’apprécier encore plus. Je crois que la vraie motivation est là.

Le Courrier de l'Ouest
Saumur
Sud Saumurois, mardi 5 novembre 2024 310 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Saumur_11

[Doué-en-Anjou...]

Doué-en-Anjou

Jeux. Mercredi 6 novembre de 14 h 30 à 17 h 30, samedi 16 de 10 h à 12 h 30, et mercredi 20 de 10 h à 12 h 30 et de 14 h 30 à 17 h 30, la ludothèque s’installe à la médiathèque avec des fées, des princesses, des ogres et peut-être même des sorcières. Gratuit. Contact : 02 41 51 06 12, 02 41 59 18 53, [email protected], https://bibliotheques.saumurvaldeloire.fr

Cinéma. « Les graines du figuier sauvage » mercredi 6 novembre, à 20 h 30, au théâtre Philippe-Noiret.

Tuffalun

Sécurité routière. Samedi 16 novembre, de 9 h à 12 h, dans la salle des fêtes de Noyant-la-Plaine, seront organisés des ateliers interactifs et ludiques autour des dangers liés à la conduite. Gratuit.

Saint-Macaire- du-Bois

« Le bonheur conjugal selon Tchekhov ». La représentation se tiendra dimanche 10 novembre, de 15 h à 16 h 30, à la salle des fêtes. Tarif libre. Contact : 07 49 31 20 82, 06 81 39 08 35.

Le Puy-Notre-Dame

Réunion publique. Une réunion publique d’information concernant les termites aura lieu mardi 5 novembre à 20 h à la salle Saint-Louis en présence des élus et de la société qui a fait le diagnostic. Gratuit. Contact : 02 41 52 26 34, [email protected]

Montreuil-Bellay

Exposition. « Les champignons du Véron » du vendredi 8 au dimanche 10 novembre, de 14 h à 18 h, 2, rue du Stade, à Savigny-en-Véron. Venir avec son panier de récolte de champignons, des personnes compétentes seront présentes pour aider à les identifier.

Lys-Haut-Layon

Concours de belote. Le Club de l’amitié organise un concours de belote réservé à ses adhérents, jeudi 7 novembre à 14 h, à la salle des fêtes, au Voide. Un lot à chaque participant. Si besoin de covoiturage, rendez-vous à 13 h 45, place Leclerc à Vihiers. Participation : 3 €.

L'Est Républicain
Edition de Besançon
Métropole du grand besançon, mercredi 6 novembre 2024 348 mots, p. DOHD22

Saint-Vit

Clément Perard prend la tête de l’espace jeunes des Francas

Les Francas, il connaît pour avoir déjà officié au périscolaire. Dernièrement, Clément Pérard vient d’embrasser ses nouvelles fonctions de responsable de l’espace jeunes des Francas. Avec un objectif clairement annoncé : développer les activités de loisirs auprès de ceux-ci.

L’espace jeunes saint-vitois des Francas est encadré par son nouveau responsable, Clément Pérard.

Le nouveau responsable de la structure est d’ailleurs originaire de Saint-Vit, titulaire du brevet d’état BPJEPS lui permettant d’intervenir en tant qu’animateur ou éducateur sportif.

Clément a déjà animé durant deux ans le périscolaire des Francas, en encadrant les enfants de 5 à 17 ans. Il intervient également à l’école de foot où il s’occupe des catégories U5 à U17.

« Mon objectif est de développer les activités de loisirs, mais également, d’être identifié comme la personne référente sur les questions liées à la jeunesse. Je souhaite assister l’accompagnement des ados afin de leur permettre de vivre sereinement les années passées entre le collège et le lycée », déclare-t-il.

Les vacances de la Toussaint chargées

En première semaine des vacances de la Toussaint, les ados qui s’y sont rendus ont pu profiter de séances de cinéma, de sport collectif à Chemaudin ou aussi d’une visite de l’usine de La Vache qui Rit à Lons-le-Saunier (39).

Durant la deuxième semaine des vacances, ce sont 24 jeunes qui ont visité la vallée de la Loire avec entre autres des visites au zoo de Beauval, au Futuroscope à Poitiers, au musée Robert Tatin et pour terminer au château de Chambord.

Depuis le 23 septembre, le local qui accueille les ados, est situé au 1 rue de la Vierge à côté du collège Jean Jaurès.

Possibilité de participer aux jeux de société, baby-foot, cuisine, consoles, et bien sûr aides aux devoirs. Pour plus d’informations : site : espacejeunesaintvitois.jimdofree.com ou mail [email protected]. ou 06 80 08 21 82.

La Voix du Nord
04ST-OMER
LOCALE, mercredi 6 novembre 2024 835 mots, p. 04ST-OMER13
Aussi paru dans
5 novembre 2024 - La Voix du Nord (site web)

Ilyes Djadel : « Revenir jouer ici, ça va être sentimental »

Dimanche 8 décembre, l’Hazebrouckois Ilyes Djadel sera en spectacle à Espace Flandre pour jouer son tout premier spectacle « VRAI ». Une date qu’il annonce « spéciale » et « sentimentale ».

Hazebrouck. Il revient là où tout a commencé. Dimanche 8 décembre, Ilyes Djadel, le jeune humoriste de 26 ans, qui a passé toute son adolescence à Hazebrouck, fera halte à Espace Flandre. C’est la première fois de sa carrière qu’il jouera sur la scène flamande. Il y présentera « VRAI », son premier spectacle produit par Jamel Debbouze et Kev Adams, qui compte plus de 250 dates à travers la France, la Belgique et la Suisse. Notamment remarqué sur la scène du Marrakech du Rire en 2022 et ses passages au sein du Jamel Comedy Club, l’humoriste en plein essor a fait sensation ses dernières années avec son sketch sur le lycée catholique, qui évoque son expérience au lycée Saint-Jacques d’Hazebrouck.

– La dernière fois que nous t’avons interviewé, c’était en 2016. Ton succès commençait à monter, tu allais jouer sur la scène du Grand Point Virgule à Paris. Que s’est-il passé depuis ?

« Il s’est passé dix ans. Dix ans de long chemin, où on est passé par des bons moments, des mauvais moments. Des petits moments de galère, des gros moments de galère même. J’ai écumé toutes les petites salles de France, en passant par des salles de dix, cinq personnes pour terminer dans les plus grosses salles. Je suis rentré dans la troupe du Jamel Comedy Club, j’ai fait le Marrakech du Rire, je me suis retrouvé à la télé, j’ai fait un premier film au cinéma, je vais en enchaîner trois autres… »

– Et 10 ans après, tu t’apprêtes à jouer sur la scène d’Espace Flandre à Hazebrouck...

« Ça va être mon premier spectacle à Hazebrouck. C’est symbolique pour moi. J’ai commencé dans cette salle, Espace Flandre. J’avais fait un spectacle de théâtre. Quand j’étais plus jeune, je voyais les humoristes qui venaient là. Je me rappelle, quand je faisais des sorties scolaires avec le lycée Saint-Jacques à Espace Flandre, je me disais : « Purée, elle était magnifique cette salle. » Donc là, me dire que je reviens pour faire mon spectacle, c’est… franchement, je n’ai pas les mots. J’ai hâte de vivre ce moment. »

– Pourtant, tu as fait des beaucoup plus grandes salles…

« Oui, bien sûr. J’ai fait beaucoup plus grand, mais… c’est sentimental. Le fait de revenir faire mon spectacle à Hazebrouck, devant des gens avec qui j’ai grandi. Ça va être un peu spécial, je pense, comme soirée. »

– Comment définirais-tu

ce spectacle ? Ça parle de quoi ?

« C’est une autobiographie. C’est juste l’histoire d’un petit mec d’Hazebrouck qui se retrouve dans le monde du show-business. Je parle de moi, je parle de là d’où je viens, je parle du lycée catholique Saint-Jacques… C’est vraiment une présentation pour le public, pour ceux qui ne me connaissent pas. »

– Donc tu parles d’Hazebrouck dans ton spectacle ?

« Oui, oui, j’en parle dans tous mes spectacles. J’en parle dès le début, j’essaie de mettre à l’honneur la ville comme je peux. Alors évidemment, je vanne beaucoup la ville, mais au final, j’en parle en bien. J’ai toujours été marqué par cette ville. Je me rappelle un graffiti qui m’avait marqué. Il y a un graffiti dans Hazebrouck : « Respectons la nature ». Normalement, les graffitis, ce sont des insultes. C’est fou, il n’y a qu’ici que tu vois ça. Ce sont des caïlleras (racailles, NDLR) un peu écolos. »

– Et tu penses que les vannes, tu vas pouvoir les faire de la même manière ? Les gens en face de toi sauront exactement de ce dont tu parles.

« Ce sera un peu différent, ce ne sera peut-être pas de la même manière, les gens auront les références, comprendront ce que je dis. On va s’adapter pour parler aux gens d’ici. Mais de toute manière, le spectacle d’Hazebrouck, ne pourra pas être le même que les autres, c’est spécial. Je veux raconter toute mon épopée aux gens d’ici. Il faudra vraiment être là. »

– Il y a quelques années, tu parlais d’une professeure de Saint-Jacques qui t’avait poussée à te lancer dans le théâtre, vous êtes encore en contact ?

« Madame Leblond, oui. Qui revient me voir très souvent, d’ailleurs. Je n’ai pas encore lancé les invitations, mais je pense que je vais inviter mes anciens profs. On va essayer d’inviter les gens qui ont compté pour moi et qui m’ont aidé à faire en sorte que j’en sois là aujourd’hui. »

Ilyes Djadel, « VRAI », Espace Flandre, dimanche 8 décembre à 19 h. Il reste encore quelques places.

Le Berry Républicain
Cher
Saint Amand, mardi 12 novembre 2024 21 mots, p. Berry-16

Cinéma

Le Moderne

27, rue Henri-Barbusse, à Saint-Amand-Montrond.

L'art d'être heureux. À 20 h 30.

Monsieur Aznavour. À 20 h 15.

Le Télégramme (Bretagne)
mardi 19 novembre 2024 352 mots, p. 4LAM-PLEN1

Pléneuf-Val-André

Pléneuf-Val-André D’Jal : « Le public breton est exigeant mais chaleureux »

Rendu célèbre par son sketch de « l’Houloucouptère », l’humoriste D’Jal sera sur la scène du Casino du Val-André, à Pléneuf, jeudi 21 novembre. Entretien.

Avec sa casquette vissée sur la tête et son personnage devenu culte du « Portugais » et son « houloucouptère », D’Jal s’est imposé avec son one-man-show parmi les incontournables du paysage humoristique hexagonal. Il sera sur la scène du Casino du Val-André, le jeudi 21 novembre, avec son nouveau spectacle : « En pleine conscience ». Il a répondu aux questions du Télégramme.

Le Télégramme : pourquoi ce titre à votre spectacle ?

« En fait, c’est une accroche. J’ai conscience d’être en vie, de faire un beau métier, d’être dans un beau pays qu’est la France. Finalement, c’est un spectacle sur le vivre-ensemble. Je fais rire, mais toujours dans la bienveillance. Je fais du bien aux gens.

Retrouvera-t-on le personnage du « Portugais » ?

Oui, parce qu’il est incontournable. J’ai essayé de l’abandonner, mais le public l’attend. Après, je m’adapte, en amenant des sujets qui me sont propres, mais qui finalement sont universels. Ce spectacle est tourné vers le respect de l’autre, vers l’accueil. Ma famille était famille d’accueil : j’accueille donc tout le monde ! Mon spectacle dure 1 h 15 environ, mais récemment il a duré 2 heures : tout dépend des interactions avec le public. Les publics sont différents. Je sais que le public breton est exigeant mais chaleureux. Ma tournée m’amène dans des régions différentes, avec des caractéristiques différentes, que j’utilise pour faire rire et pour rebondir pendant mon spectacle.

D’autres projets en vue ?

Oui, une comédie pour le cinéma est dans les cartons. Mais être sur scène, c’est mon ADN ».

Pratique

« En Pleine conscience », par D’jal, jeudi 21 novembre à 21 h au Casino du Val-André. Réservations au tel. 02 96 72 85 06 ou www.casino-valandre.partouche.com

L'Indépendant
CATALAN_IN
dimanche 17 novembre 2024 380 mots
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16 novembre 2024 - L'Indépendant (site web)

Art contemporain : Sabine Dauré, du Château de Jau, s'est éteinte

L'art contemporain est en deuil. Ce jeudi 14 novembre, au petit matin, l'une de ses plus ferventes promotrices, Sabine Dauré, du Château de Jau, est décédée à l'âge de 88 ans. Née à Lavelanet, en Ariège, Sabine Dauré s'est installée dans les Pyrénées-Orientales à l'âge de 21 ans. Après avoir pris, en 1974, la tête du domaine viticole casois avec son mari, Bernard, disparu en janvier dernier, elle avait impulsé en 1977 le lancement d'un lieu d'exposition au sein du Château. Il s'agit à l'époque d'une première pour un vignoble. Un pari donc. Que Sabine Dauré se donne les moyens de gagner. Forte de sa passion indéfectible pour l'art contemporain, elle persuade notamment Tapies, Arman, César, Debre ou encore Combas de venir exposer à Jau. Elle est également à l'origine du fameux « Jaja de Jau », cuvée dont l'étiquette avait été confectionnée par Ben. « On était un lieu hors des circuits. On accueillait les artistes à la maison, se souviennent les enfants de Sabine Dauré, Estelle, Régine et Simon. On mangeait ensemble, on leur faisait découvrir le département. Des liens d'amitié se créaient. Notre mère respectait tous les artistes, même ceux dont elle n'appréciait pas les oeuvres. Elle trouvait que devenir artiste était un choix courageux. » « Elle m'impressionnait » L'artiste plasticienne perpignanaise Francesca Caruana confirme. « C'était vraiment quelqu'un d'extraordinaire, rajoute-t-elle. Quand je l'ai rencontrée, à la fin des années 1970, j'étais restée scotchée par sa classe. Elle m'impressionnait tellement que nous ne sommes réellement devenues amies qu'il y a une vingtaine d'années. Lors des coups durs, elle a toujours été là au bon moment sans pour autant s'imposer. Elle va terriblement nous manquer à tous. » Créateur du cinéma Mégacastillet et grand amateur d'art contemporain, Jacques Font rend lui aussi hommage à Sabine Dauré. « Elle a su développer l'art contemporain dans la région comme personne , explique-t-il. Grâce à elle, le Château de Jau est devenu une référence en la matière. Quand vous allez à Paris et que vous dites que vous venez de Perpignan, on vous répond que vous venez du pays de Sabine Dauré. » Arnaud Andreu Les obsèques se dérouleront dans l'intimité familiale. Sabine Dauré a notamment impulsé la création du lieu d'exposition du Château de Jau en 1977. ARCHIVES NICOLAS PARENT

Le Point, no. 2721
Culture, jeudi 26 septembre 2024 1392 mots, p. 100,101,102
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27 septembre 2024 - Le Point.fr

Audrey Diwan Mission « Emmanuelle »

Jean-Luc Wachthausen

Lion d'or en 2021 pour « L'Événement », la réalisatrice adapte le monument de l'érotisme à la française.

Attablée dans un bar des Grands Boulevards, allure sportive, en jean et tee-shirt, Audrey Diwan, 44 ans, semble elle-même surprise de se lancer aujourd'hui dans un projet à risques, une nouvelle adaptation d' Emmanuelle.En salle depuis ce mercredi, le film sera également présenté au festival des adaptations littéraires Cinéroman de Nice (lire ci-dessous). " J'avoue que je n'avais pas vraiment mesuré la force du personnage,note-t-elle, ni l'empreinte qu'elle avait laissée dans notre société. "

Ex-journaliste, écrivaine, scénariste pour Cédric Jimenez, sur La French(2014) et BAC Nord(2020), et pour Gilles Lellouche (L'Amour ouf, en salle le 16 octobre), Audrey Diwan est passée naturellement à la réalisation avec un drame tiré de faits réels, Mais vous êtes fous(2018). Après cet essai prometteur, elle se fait remarquer à l'international en 2021 avec L'Événement, d'après le livre d'Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature 2022. Centré sur l'avortement d'une étudiante, le film, qui révèle la jeune Anamaria Vartolomei, décroche le lion d'or à la Mostra de Venise.

Glisser l'idée du beau dans l'érotisme

Comment passe-t-on de l'univers oppressant, ultraréaliste, progressiste et pré-MeToo d'Annie Ernaux à celui érotisé, fantasmé, sulfureux mais aussi kitsch du roman d'Emmanuelle Arsan ? Emmanuelle, c'est en effet l'emblème de l'érotisme à la française. Un roman, d'abord, écrit à la première personne, publié sous pseudonyme en 1967 et interdit à la vente aux mineurs pour son " caractère licencieux, pornographique ou criminogène ". Un film, ensuite, réalisé en 1974 par le photographe de mode Just Jaeckin, avec collier de perles, ventilateurs et mobilier colonial. Porté par la comédienne néerlandaise Sylvia Kristel, Emmanuelle est devenu un blockbuster à 9 millions d'entrées, neuf ans d'exclusivité dans une salle des Champs-Élysées et 100 millions de dollars de recettes à l'international, et a fait de ce prénom le plus grand véhicule à fantasmes de l'ère giscardienne.

" Par goût de l'inconnu, par plaisir et peur mêlés ",répond la cinéaste, qui ne se serait jamais attelée au projet si ses producteurs ne le lui avaient proposé. D'abord en lui tendant le livre, " jugé féministe à l'époque malgré des idées qui nous agressent aujourd'hui ". " Après l'avoir lu, je ne pensais pas l'adapter,poursuit-elle. Ce qui m'a intéressée, c'est un passage du roman où Emmanuelle et Mario, son amant plus âgé qu'elle, ont une longue discussion philosophique sur l'érotisme. Et je me suis dit que je pouvais peut-être glisser l'idée du beau dans l'érotisme tel qu'il est montré au cinéma, et précisément montrer moins pour que le spectateur imagine plus, qu'il échappe à la pornographie qui s'impose à lui grassement. Et puis, avec cette femme sans plaisir qui interroge cette déconnexion, pourquoi son corps est devenu froid, il y avait un chemin pour réaliser un film sur les sens, et l'emmener dans un endroit où progressivement elle revient à elle. "

L'occasion, donc, de faire d'Emmanuelle une héroïne post-MeToo, qui ne soit plus l'objet des fantasmes masculins mais le sujet de ses propres désirs, une maîtresse... de son propre corps. " Se mesurer aujourd'hui à l'image de cette fille aux seins nus assise dans un grand fauteuil en rotin est un risque que j'assume,ajoute-t-elle. Mais, pour moi,Emmanuelle est d'abord une façon de m'interroger sur mon propre parcours de femme et mon rapport à la sexualité, à la jouissance, à mon désir d'affranchissement par rapport aux normes qui régissent le sexe et la séduction. " Ne lui parlez pas, d'ailleurs, d'un " remake " de l' Emmanuelle " vintage ", trop marqué à son goût par les codes machistes de l'époque et qu'elle dit ne pas avoir voulu voir en entier. Dans son Emmanuelle à elle, c'est une héroïne libérée qui se meut à l'écran, insatisfaite et solitaire, peut-être, mais impatiente de renouer avec les sensations pour retrouver une vraie présence au monde. " Au fond, ce film prolonge ce que j'ai fait sur L'Événement ", dit-elle.

Nudité esquissée et atmosphère ouatée

Tourné en anglais, à Hongkong, pour 18 millions d'euros, le film a bénéficié, en plus du soutien de Pathé, de Netflix et de France Télévisions, d'un financement aussi international que son casting. " Je n'aurais pas pu avoir ce budget-là avec un film en français ",estime la réalisatrice. Pour interpréter son Emmanuelle, elle a choisi une actrice qui pourrait bien devenir la nouvelle incarnation de la Française chic et sensuelle au cinéma. Noémie Merlant, qui a commencé sous la caméra de Mélanie Laurent et a débuté une carrière internationale dans Tàr, de Todd Field, au côté de Cate Blanchett, nommé six fois aux Oscars. Également réalisatrice (Les Femmes au balcon,sortie annoncée pour la fin d'année), elle a été la " jeune fille en feu " de Céline Sciamma, autre Française à avoir passé les frontières, et a tourné dans Les Olympiades de Jacques Audiard, qui représentera la France aux Oscars avec Emilia Pérez. " Autant de films, souligne Audrey Diwan, qui interrogent la question du corps et l'affranchissement de celui-ci, des thèmes que Noémie se sent libre d'exprimer à l'écran. "

Dans Emmanuelle2024, l'actrice interprète non plus une jeune femme venant rejoindre en Asie son époux diplomate, mais une célibataire, contrôleuse de qualité pour une chaîne d'hôtels, en mission dans le palace dirigé par Margot (Naomi Watts). Dans ce lieu fréquenté par une clientèle cosmopolite, elle croise la route du mystérieux Kei (Will Sharpe), qu'elle voudrait séduire mais qui lui échappe. Au-delà de l'intrigue, composée avec Rebecca Zlotowski (la réalisatrice d' Une fille facile, qui révéla Zahia au cinéma), Audrey Diwan voit dans cette autre Emmanuelle une possibilité d'élargir le champ de l'érotisme au cinéma, d'en faire un " art de la suggestion ".Priorité donc à une héroïne dont la nudité esquissée et la beauté froide se fondent dans l'atmosphère ouatée d'un lieu clos, où tout est organisé pour le plaisir et la performance du service. Une photographie aux couleurs douces, voilées, et une bande-son originale aux accents aigus, signée Sacha et Evgueni Galperine, accentuent l'onirisme des images. On évolue dans une forme d'apesanteur, de décalage sensoriel délibérément orchestré par la réalisatrice. Quant aux scènes d'amour, pas question pour elle de les " transformer en cascades voyeuristes ". " On a travaillé avec Noémie sur le mode exploratoire,explique-t-elle . C'est d'abord un voyage mental dans lequel elle trace son chemin. Avec Noémie, parfaite dans ce registre mystérieux, Emmanuelle revient à la vie, lâche prise et fait que l'orgasme n'est plus juste une validation du plaisir de l'homme. "

" Emmanuelle ", en salle.

Sud Ouest - Lot-et-Garonne
Villeneuve et vallée du Lot, samedi 2 novembre 2024 232 mots, p. 21

Panayotis Pascot présente en avant-première son spectacle

Il n’était pas remonté sur les planches depuis 2022 et a choisi celles de la bastide pour rôder son dernier seul en scène, mardi

théâtre Georges-Leygues

La lumière des projecteurs, c’est son truc. Panayotis Pascot était à 17ans, déjà, chroniqueur dans l’émission «Le Petit Journal» de Yann Barthès. En 2019, il se lance sur les planches dans un seul en scène intitulé «Presque», mis en scène par Fary, joué devant plus de 100000 spectateurs. Il avait alors terminé la tournée en beauté en 2022, avec deux Olympia et trois Opéra Garnier… Parallèlement, il fait ses premiers pas au cinéma dans «Mon chien stupide», d’Yvan Attal, «Le Daim», de Quentin Dupieux, «De Grâce», de Vincent Maël Cardonna.

En 2023, il a même sorti un livre : «La prochaine fois que tu mordras la poussière», écoulé à plus de 200000 exemplaires. En 2024, alors qu’il incarne sur le petit écran un jeune flic plein d’illusions dans la série «Les Enfants rois», tirée du roman de Delphine de Vigan, il revient sur scène avec son deuxième spectacle intitulé «Entre les deux». Villeneuve-sur-Lot est la quatrième date de la tournée que Panayotis a choisi d’entamer en province, avant des dates parisiennes.

Mardi 5novembre à 20h30. Réservations au 0553404949.

Tarifs de 10 à 30euros.

Le Berry Républicain
Cher
Saint Amand, jeudi 21 novembre 2024 21 mots, p. Berry-22

Cinéma

Le Moderne

27, rue Henri-Barbusse, à Saint-Amand-Montrond.

Le Panache. À 20 h 30.

El profesor. VOST. À 20 h 30.

La Dépêche du Midi
Ouest toulousain - muret
Locale, vendredi 15 novembre 2024 202 mots, p. 21

Colomiers

Pibrac

« Une petite douleur » au Lab'Art

Samedi 23 novembre, à 21 heures, le Lab'Art' (avenue du Bois de la Barthe) propose « Une petite douleur », une comédie grinçante de Harold Pinter, mise en scène de Giselle Grange, de la compagnie La Réplique.

Harold Pinter, (1930 - 2008), est un écrivain, dramaturge, scénariste et metteur en scène britannique qui a écrit pour le théâtre, la radio, la télévision et pour le cinéma. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2005.

« Édouard et Flora prennent leur petit-déjeuner. C'est le premier jour de l'été et tout semble devoir être agréable et heureux. Pourtant une guêpe intruse se glisse dans le pot de confiture. Il faut la tuer... Une angoisse assaille Edouard. Une petite douleur à l'oeil... Ce n'est pas elle qui le préoccupe mais bien la présence d'un marchand d'allumettes qui se tient depuis des semaines derrière la grille de son jardin. Qui est-il ? Que vient-il faire là ? Pourquoi vend-il des allumettes sur un chemin que personne n'emprunte ? »

Tout public. Tarif 8 €, réduit 5 €

Réservations auprès de la MJC (du lundi au vendredi): 0562135046 /

[email protected]

Ouest-France
Mayenne
Mayenne, jeudi 21 novembre 2024 574 mots, p. OF Mayenne édition_7
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20 novembre 2024 - Ouest-France (site web)

La culture en Mayenne pourrait perdre 900 000 €

Benoit BACLET et Justine MONTAUBAN.

La Région a annoncé des coupes budgétaires sans précédent. Les acteurs culturels mayennais attendent avec inquiétude de savoir ce qu’il en sera des 900 000 € alloués habituellement.

La polémique

Après l’annonce de l’arrêt de la subvention au Chainon manquant le 19 novembre, les coupes budgétaires sans précédent de la Région continuent de se préciser, alors que le budget primitif ne sera débattu et voté que le 19 décembre.

En Mayenne, la Région avait versé 900 000 € aux acteurs culturels en 2024, une somme qui avait déjà été revue à la baisse de 10 % par rapport à l’année précédente. Qu’en sera-t-il en 2025 ?

Une officialisation par téléphone

Dans un mail que Ouest-France a pu se procurer, nous apprenons que « la vice-présidente culture de la Région est en train d’appeler les élus des agglos en officialisant l’annonce d’un retrait total des aides culturelles régionales ».Laval Agglo a ainsi appris hier l’arrêt total du soutien au spectacle vivant : Chainon manquant, Théâtre de Laval, 6par4, du Centre national des arts de la rue et de l’espace public (le Cnarep), à la lecture publique (Lecture en tête)…

« Il manque encore des infos sur les plus petites structures et on a moins de visibilité pour le patrimoine, cinéma ou la culture scientifique », apprend-on dans ce même mail.

« Tout est bloqué »

« On ne sait pas jusqu’où va aller la déflagration », souffle Pierre Jamet, directeur du Théâtre de Laval et membre du SNSP (Syndicat national des scènes publiques). Le Théâtre pourrait perdre entre 67 000 et 68 000 €. « Beaucoup de choses ne sont pas rentables quand on parle de culture, mais c’est primordial d’aller à la rencontre du public. Pour le festival de marionnettes Pupazzi, nous sommes allés dans treize salles des fêtes. Ce sont des choses comme cela qui vont disparaître. »

Au-delà « de la violence et de la soudaineté » de cette annonce, le retrait des financements « affaiblit le Théâtre dans [notre] mission de service public.Tout est bloqué. Normalement on devrait déjà travailler sur la programmation de la saison 2025-2026, mais on attend ».

Des impacts indirects

Comme le Théâtre, deux autres structures mayennaises adhèrent au SNSP : le centre d’actions culturelles de Mayenne communauté Le Kiosque et la saison culturelle des Coëvrons. « Ces arrêts de subventions auront un impact direct sur les lieux et les personnels permanents, mais aussi indirects sur l’économie d’un territoire car le secteur culturel embauche des intermittents, fait travailler des loueurs techniques, des établissements d’hôtellerie et de restauration. Autre conséquence impalpable, mais bien réelle, l’attractivité d’un territoire, explique le délégué régional du SNSP. Les financements croisés et interdépendants de l’État, de la Région, des Département et des communes, c’est un écosystème fragile. Les communes ne pourront pas être des bouées de sauvetage. »

Les acteurs culturels vont se réunir

Les acteurs culturels du département se réuniront mardi 26 novembre. « La situation de la France est trop sérieuse pour qu’une collectivité décide de mettre à mal le partenariat de longue date qui lie État et collectivités territoriales autour de cette compétence partagée », soulignent les organisateurs.

Du côté de Laval et Laval agglomération, « aucune déclaration ne sera faite tant que les chiffres ne sont pas stabilisés et les budgets bouclés », fait savoir le cabinet mutualisé.

Cet article est paru dans Ouest-France

Centre Presse Aveyron
RODEZ_CP
dimanche 24 novembre 2024 702 mots
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24 novembre 2024 - La Dépêche du Midi

Les sorties du dimanche

Baraqueville : Concert du choeur d'hommes « Ces gars-là » en compagnie des « Filles de choeur », à 15 h 30 à l'église de Vors.

Belcastel : Marche au profit du téléthon, à 14 h.

Bozouls : Après-midi dansant rock, latino, à 14 h 30 au complexe de Cardabelle. - Journée shopping de Noël, de 10 h à 18 h à l'espace Denys-Puech.

Calmont : Quine, à 14 h à la salle polyvalente de Ceignac.

Cantoin : Marché de Noël de 10 à 18 h, artisans et commerçants locaux avec salon de thé. Restauration possible en réservant à l'Auberge de Cantoin, chez Camila 05 65 51 43 17 ou 06 43 43 90 25.

Cassagnes-Bégonhès : Petit-déjeuner tripous et/ou tête de veau ou petit déjeuner sucré, de 8 h à 13 h salle des fêtes.

Colombiès : Quine du relais paroissial, à 14 h à la salle Omnisports.

Cruéjouls : Marché de Noël, de 10 h à 17 h salle des fêtes.

Curières : Quine, à 14 h salle des fêtes.

Druelle : Goûter spectacle avec La Pastourelle au profit du Téléthon, à 14 h 30 à la salle des fêtes.

Entraygues-sur-Truyère : Bourse aux jouets : « Vide ta chambre », de 9 h à 17 h au gymnase.

Espalion : Ciné-débat « Bienveillance paysanne », à 18 h 30 au cinéma Le Rex. - Foire aux jouets, de 9 h 30 à 16 h 30 à la salle Francis-Poulenc. - Spectacle des Chanteurs d'Espalion « Les Bougnats à Paris », à 16 h à la salle de la Gare.

Gages : A 16 h, à la salle des fêtes, pièce de théâtre « Erreur des pompes funèbres en votre faveur ». Participation libre.

Laissac : Thé dansant animé par Sylvie Nauges et son orchestre, à 16 h au centre administratif.

Lédergues : Théâtre : La troupe de Sérénac présente deux pièces, à 14 h salle polyvalente.

Lestrade-et-Thouels : Quine des aînés, à 14 h salle des fêtes de Lestrade.

La Loubière : Salon des orchidées au profit de La Ligue contre le Cancer, de 10 h à 18 h, à la salle des Épis. - Braderie petite enfance, de 9 h à 17 h au gymnase des Épis à Lioujas.

Luc-la-Primaube : Marché de Noël, de 10 h à 18 h à l'Espace animation. - Spectacle « Tout Schuss », à 15 h à l'Espace Saint-Exupéry.

Manhac : Bourse aux jouets, puériculture, vêtements, de 9 h à 16 h salle des fêtes.

Montbazens : Petit-déjeuner fritons de canard et tête de veau, à partir de 7 h 30 salle des fêtes.

Muret-le-Château : Quine, à 14 h 30.

Naucelle : Thé dansant avec accordéon Club de Réquista suivi du repas de Noël, à 16 h salle des fêtes.

Nauviale : Quine, à 14 h 30 salle des fêtes.

Le Nayrac : Théâtre et vidéo d'animation « Bled », à 17 h à l'espace multiculturel.

Olemps : « Le Bazar de Verlézart » : vente d'objets au profit du Téléthon, à 15 h. - Maquillage et tatouage éphémère par Verlézart, de 18 h à 20 h.

Onet-le-Château : Braderie et vide-greniers, de 9 h à 17 h, gymnase de l'Albatros, Les Costes Rouges. - Foire aux livres et aux disques, de 10 h à 18 h à l'Athyrium. - Quine au profit de l'AFM Téléthon, à 14 h 30 à la salle du patio du centre social.

Rodez : Restitution des trois Extrem Ados, à 17 h au théâtre des 2 points.

Saint-Christophe-Vallon : Concert avec UM Swing band de Rodez (restauration sur place), à partir de 12 h, à la salle des fêtes.

Saint-Cyprien-sur-Dourdou : Marché de Noël, de 10 h à 19 h, à la salle polyvalente.

Saint-Geniez-d'Olt : Bourse aux jouets, de 9 h à 16 h, à la salle de l'espace culturel.

Saint-Martin-de-Lenne : Quine, à 14 h à la salle des fêtes.

Saint-Santin : Quine, à 14 h, salle des fêtes de Saint-Julien-de-Piganiol.

Saint-Saturnin-de-Lenne : - Repas festif et animé, à 12 h à la salle des fêtes.

Sainte-Eulalie-d'Olt : - Vide dressing, de 9 h à 17 h à la salle d'animation.

Salles-Courbatiès : Journée « Autour de l'arbre » : ateliers, jeux, expositions, de 10 h à 18 h à la salle des fêtes.

Salmiech : Quine, à 14 h à la salle polyvalente.

Sébazac-Concourès : Quine du foot, 14 h au gymnase.

Sénergues : Quine, à 14 h à la salle des fêtes.

La Terrisse : Marché de Noël, de 10 h à 18 h, à la salle des fêtes.

Ouest-France
Auray
Auray, mardi 3 décembre 2024 443 mots, p. OF Auray_9
Aussi paru dans
2 décembre 2024 - Ouest-France (site web) Maville (site web réf.)

Christophe Alévêque, un habitué du Théâtre à l’Ouest

Théâtre, cinéma, télévision, écriture… L’humoriste a plus d’une corde à son arc. Vendredi, il est venu au Théâtre à l’Ouest décortiquer l’actualité. Il reviendra le 23 mai pour la quatrième fois.

Rencontre

Habillé d’un veston noir, d’un gilet boléro et d’un jean, Christophe Alévêque a été fortement applaudi dès son entrée sur scène, installé derrière son pupitre. C’est la troisième fois qu’il vient au Théâtre à l’Ouest, à Auray.  On est bien reçu ici. On rigole ! Les Bretons sont sympas, mais il y a des vieux cons comme partout ! 

L’humoriste a fait un tour d’actualité  exhaustif et objectif bien sûr ! Il détend l’atmosphère avec un quiz sur l’EPR de Flamanville, évoque le dérèglement climatique avec l’exemple des inondations de Valence, en Espagne.  Ils ont reçu une alerte rouge pendant qu’ils nageaient déjà !  Il reparle de la magie des JO, revient sur un gros dossier : l’élection de Trump.  Pour le décrire, on n’a plus de mots ! Les blagues, les insultes, les provocations, je croyais que c’était réservé à un mec comme moi !  s’exclame-t-il.

Tout est véridique !

Les guerres en Ukraine et à Gaza, les élections législatives en France, les faits divers avec l’affaire Pelicot ou celle de Mbappé, avec  l’abbé Pierre, un repère dans la nuit  ou bien Xavier Dupont de Ligonnès en leitmotiv… Tout ce que je vous dis est véridique… On vit dans un monde à l’envers. Comment voulez-vous qu’on aille bien ? On finit par se rassurer dans l’angoisse…  lâche Christophe Alévêque.

Christophe Alévêque renouvelle sa revue de presse trois fois par an.  Il faut bien suivre l’actualité. Je lis les articles de presse en diagonale.  Il reviendra au Théâtre à l’Ouest le 23 mai 2025, avec une nouvelle revue de presse qu’il aura donnée auparavant à La Cigale, à Paris, le 6 avril. « J’ai aussi un spectacle intitulé Vieux cons, la suite, créé pendant le confinement. »

« Rejoignez-nous ! »

En parallèle, l’humoriste a écrit un livre qu’il a dédicacé, Éloge du con moderne avec la liste de tout ce qui m’emmerde !  Il a sorti son premier roman, L’enfant qui ne parlait plus, et a créé le Club des vieux cons modernes.  C’est un club de libre pensée. 4 000 bons vivants y sont inscrits et c’est gratuit. Rejoignez-nous !  L’humoriste veut aussi faire un faux journal télévisé mensuel.  Devenez producteur en achetant un tee-shirt !  lance-t-il.

Cet article est paru dans Ouest-France

La Dépêche du Midi
Gers
Locale, samedi 16 novembre 2024 47 mots, p. 27

Save gimone

Au cinéma aujourd'hui

A 18heures, « L'Art d'être heureux ». Jean-Yves Machond, peintre méconnu et malheureux, décide un jour de changer de vie. A 20h30, « Louise Violet ». 1889. Envoyée dans un village de la campagne française, l'institutrice Louise Violet doit y imposer l'école de la République.

La Dépêche du Midi
Lot-et-Garonne
Locale, jeudi 14 novembre 2024 385 mots, p. 29

Fumel Vallée du Lot

Saint-Vivien Villeréal

Les Saltimbranques et la Tosca sur grand écran au programme

La troupe amateur « Les Saltimbranques », intergénérationnelle, bien connue dans le canton et même en dehors, ravissent, chaque année, le public par des sketchs humoristiques, des farces paysannes, des chansons. Ils sont de retour sur les planches et savent mettre l'ambiance dans la salle. Si vous aimez rire, passer un agréable moment, venez nombreux les applaudir et les encourager, vous ne serez pas déçus !

Le cabaret incontournable des Saltimbranques ! Ce mois de novembre, vous voulez rire, vous détendre, n'hésitez plus, allez voir Les Saltimbranques qui font leur cabaret les samedi 23, vendredi 29 et samedi 30 à 21 heures et dimanche 24 à 14 h 30 à Saint-Vivien. Réservation au 05 53 36 04 78. L'entrée est fixée à 10 € avec des douceurs offertes.

Opéra en direct de New York

En direct de New-York, venez voir l'opéra : Tosca ! Le samedi 23 novembre, à 18 h 55, la municipalité de Villeréal vous propose une nouvelle retransmission d'opéra en direct de New-York à la salle François Mitterrand, avec Tosca de Giacomo Puccini. Tosca est un opéra, créé le 14 janvier 1900, en trois actes de Puccini, sur un livret de Luigi Illica et Guiseppe Giacosa, d'après la pièce de Victorien Sardou.

Synopsis : Angelotti s'est enfui de son lieu de détention et va trouver de l'aide auprès de son ami le peintre Cavaradossi. Le baron Scarpia, chef de la police, se doutant de la complicité du peintre, manipule son amante Floria Tosca en tirant profit de sa jalousie. Il use d'un chantage odieux qui oblige la jeune femme à faire un sacrifice auquel elle ne saurait consentir.

Entre art et amour, politique et complots : "Tosca" est un pilier du répertoire qui tient son audience en haleine du début à la fin ! Aperçue au cinéma dans "Ariane à Naxos" de Stauss et "La Force du destin" de Verdi, la désormais incontournable norvégienne Lise Davidsen incarne l'héroïne jalouse et tourmentée de Puccini.

Opéra présenté en italien, sous-titré en français. Ouverture des guichets à 18 heures. Durée : 3 h 28 (2 entractes avec pique-nique). Entrée : 15 €. Enfants de moins de 12 ans : 5 €. Renseignements : 05 53 36 00 37

De notre correspondante : Claire Messines

La Voix du Nord
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LOCALE, mardi 12 novembre 2024 905 mots, p. 04ST-OMER13

AGENDA

EXPOSITIONS

AUJOURD’HUI

EXPOSITIONS

« Reflets, transparences et techniques anciennes ». Exposition photographique sur les thèmes de la transparence, des reflets ainsi que l’utilisation d’anciennes techniques.

Tous les mardis, mercredis, jeudis, vendredis, samedis, de 10 h à 12 h, de 14 h 30 à 18 h 30, jusqu’au samedi 23 novembre, médiathèque, Bailleul.

Exposition d’œuvres d’art. Exposition d’œuvres d’art réalisées par des artistes locaux en situation de handicap des Papillons Blancs d’Hazebrouck, en partenariat avec les Papillons Blancs de Saint-Omer et de Dunkerque.

Jusqu’au lundi 25 novembre, galerie Le Passage, 32, Grand-place, Cassel. Gratuit.

EXPO-VENTE

Tricot. Expo et vente de créations réalisées au tricot et au crochet par l’association Les Tricotines.

De 14 h à 17 h, salle des associations, Le doulieu.

SAINT-MARTIN

Défilé. Défilé avec saint Martin, son âne et l’harmonie l’Echo de l’Yser d’Herzeele, suivie d’une distribution de friandises.

À 18 h 30, rendez-vous sur la place Bernard-Delassus, Hardifort.

VISITE GUIDÉE

Jardins du Conservatoire botanique. L’accès aux jardins, reconnus grâce au label « Jardin remarquable » est gratuit.

Tous les lundis, mardis, mercredis, jeudis, de 8 h 30 à 12 h, de 13 h 30 à 17 h 30, tous les vendredis, de 8 h 30 à 12 h, de 13 h 30 à 17 h, jusqu’au lundi 31 mars, Bailleul.

PROCHAINEMENT

BOURSE AUX JOUETS

Bourse aux jouets. Organisée par l’école Paul-Delmaere. Bar et petite restauration sur place. Réservation par sms avant le 22 novembre.

Dimanche 1 er décembre, de 10 h à 17 h, salle des fêtes, Eecke. 3 € la table d’1,20 m.

Tél. : 06 83 48 43 78.

DOCUMENTAIRE

L’Auvergne « Terre de caractère et de passions ». Si les Volcans ont façonné les paysages de l’Auvergne, ils ont aussi forgé le caractère des Auvergnats. À travers sa géographie, son peuple, ses modes de vie, ce film permet de mieux appréhender cette région du centre de la France. Au travers d’images inédites et de rencontres passionnantes, Patrick Bureau partage son film captivant et émouvant. De Clermont-Ferrand aux sommets du Cantal, des sources de Vichy jusqu’aux gorges de l’Allier, venez découvrir le vrai visage de l’Auvergne d’aujourd’hui.

Lundi, à 15 h, cinéma Les Arcs-en-Ciel, Hazebrouck. 7 €.

JEU DE CARTES

Concours de belote. Nombreux lots à gagner. Ouverture des portes à 19 h. Buvette et petite restauration sur place. Inscriptions sur place.

Vendredi, à 20 h, salle des fêtes Le Plessy, Vieux-Berquin. 7 € par joueur.

LOTOS

Organisé par l’association des parents d’élèves. Ouverture des portes à 13 h 30. Plus de 1 000 € de gains en cartes cadeaux. Restauration et buvette sur place. Places limitées.

Samedi, à 15 h, salle des fêtes, Bavinchove. 2 € le carton, 10 € les 6 et 20 € les 15.

Tél. : 06 82 21 97 91.

Organisé par le comité des fêtes. Ouverture des portes à 13 h. Plus de 1 300 € de lots avec des bons d’achat de 20 à 300 €. Buvette et petite restauration sur place. Places limitées.

Dimanche 24 novembre, à 14 h, salle des fêtes, Cassel. 2 € le carton, 10 € les 6 et 20 € les 15. Tél. : 06 13 29 52 30, [email protected].

Organisé par l’Accordéon club Estairois. Ouverture des portes dès 13 h 30. Buvette et petite restauration sur place.

Dimanche 24 novembre, à 14 h 30, salle Georges-Ficheux, Estaires. 10 € la planche de 6 cartons et 5 € la vitrine. Tél. : 06 35 24 59 16.

Organisé par l’Amicale laïque de l’école de l’Alloeu. Avec 1 000 € en bons d’achat, vitrine et divers lots. Carton à partir de 2 €. Restauration et boissons possibles sur place.

Dimanche, à 13 h 30, salle des fêtes Christian-Croquet, La Gorgue. Tél. : 06 78 17 01 53.

Organisé par l’association des parents d’élèves de l’école Charles-Perrault et Jean-de-la-Fontaine. Avec 800 € en bons d’achat à gagner. Ouverture des portes à 14 h 30. Petite restauration sur place. Réservation possible par mail ou par téléphone.

Samedi, à 16 h, salle des fêtes, Steenvoorde. 2 € le carton, 10 € les 6 et 20 € les 15. Tél. : 06 30 70 77 55, [email protected].

MARCHÉ DE L’ARTISANAT

Marché et salon des loisirs et des plaisirs créatifs. Bougies parfumées, peinture, confitures, boules et sels de bain, bijoux.

Dimanche, de 10 h à 17 h, route de Watten, Wemaers-Cappel. Tél. : 06 67 20 09 41.

MARCHÉ DE NOËL

Marché de Noël des créateurs des Flandres. Vingt exposants de lainage, décorations, bougies, illustration, bijoux, gravure sur bois, ébénisterie, macramé, accessoires en tissu, porcelaine, herboriste. Tout le week-end, studio photo décors de Noël ; à 10 h et 15 h, contes de Noël ; dédicace de Luc Verline, auteur de fantastique. Dimanche toute la journée, déambulation de rapace avec Yohan le pirate et présence du père Noël.

Samedi et dimanche, de 10 h à 20 h, salle des fêtes, Boeschèpe.

SAINT-MARTIN

Festivités de la Saint-Martin. De 9 h 30 à 11 h 30, atelier betteraves illuminées pour les 6-11 ans (betteraves disponibles, à l’accueil) ; à 17 h, devant la mairie, projection de l’histoire de saint Martin, suivie du défilé et d’une démonstration enflammée de jongleurs de feu. Goûter et stand photo, à l’espace Par’âge.

Samedi, espace Part’âge, Bailleul. Gratuit sur inscription. Tél. : 03 28 50 36 25, [email protected].

Ouest-France
La Roche-sur-Yon ; Saint-Lô, Coutances, Cherbourg ; Avranches, Granville ; Quimper, Centre-Finistère ; Quimperlé, Concarneau ; Nord-Finistère ; Cholet ; Nantes ; Nantes Sud-Loire Vignoble ; Châteaubriant ; Pornic, Pays de Retz ; Saint-Nazaire, La Baule, Guérande ; Nantes Nord-Loire ; Ancenis ; Redon ; Saint-Brieuc, Lamballe ; Les Sables d'Olonne ; Fontenay, Luçon ; Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Les Herbiers, Montaigu ; Bayeux, Caen ; Pays d'Auge ; Caen, Vire ; Auray ; Vannes ; Sarthe ; Mayenne ; Pontivy ; Lorient ; Ploërmel ; Rennes Nord-Ouest ; Fougères, Vitré ; Rennes Sud-Est ; Rennes ; Saint-Malo ; Orne ; Loudéac, Rostrenen ; Guingamp ; Dinan ; Lannion, Paimpol ; Angers, Segré
Cinéma, mercredi 20 novembre 2024 75 mots, p. OF La Roche-sur-Yon_32

Prodigieuses

Frédéric et Valentin Potier s’inspirent, dans ce film porté par Camille Razat et Mélanie Robert, de la vie des jumelles Pleynet. Ces pianistes virtuoses ont été victimes d’une maladie orpheline qui a failli briser leur carrière. L’histoire, étonnante, aurait davantage mérité un documentaire qu’une fiction. D’autant qu’Isabelle Carré et Franck Dubosc prennent un peu trop de place dans le rôle de leurs parents. 1 h 41. (P. V.)

La Voix du Nord
24ARMENTIE
LOCALE, mercredi 13 novembre 2024 96 mots, p. 24ARMENTIE26

cinéma

SANTES

« L’amour Ouf ». Les années 80, dans le nord de la France. Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traîne. Et puis leurs destins se croisent et c’est l’amour fou.

Lundi 18 novembre à 19 h 45,

espace culturel Agora. 4,5/4 €.

Ciné/déba : « La théorie du boxeur ». Nathanaël Coste enquête dans la vallée de la Drôme pour comprendre comment les agriculteurs s’adaptent, tout en questionnant la résilience alimentaire des territoires.

Mardi 19 novembre à 19h45,

espace culturel Agora. 4 €.

L'Echo Républicain
Edition principale
Chateaudun, mardi 19 novembre 2024 162 mots, p. Echo-20

Aujourd'hui

L'ÉCHO RéPUBLICAIN

Rédaction. 12, rue Gambetta, à Châteaudun. Tél. 02.37.45.20.89 ou [email protected].

Abonnements. Tél. 09.75.12.40.40 (appel non surtaxé) ou [email protected].

Cinéma

Le Dunois, 24, rue Lambert-Licors, à Châteaudun (02.37.96.62.94).

Gladiator II. 20 h 10.(interdit - 12 ans).

Louise Violet. 20 h 10.

Juré n° 2. 20 h 10.

Déchetterie

Châteaudun. De 9 heures à 12 h 45 et de 14 heures à 17 h 45.

Médiathèque

Châteaudun. De 14 heures à 18 h 30.

Centres nautiques

Bonneval. De 11 h 45 à 13 h 45 et de 16 h 45 à 21 heures.

Châteaudun. De 12 heures à 13 h 30 et de 16 h 45 à 22 heures.

Cloyes-sur-le-Loir. De 12 à 14 heures et de 17 à 20 heures.

CONVOIS MORTUAIRES

Pré-Saint-Évroult. 10 heures, en l'église. Réné Durand, 90 ans.

Toury. 10 h 30, en l'église Saint-Denis. Valérie Toutin-Hardouin, 57 ans.

La Dépêche du Midi
Aude
Locale, mardi 3 décembre 2024 175 mots, p. 32
Aussi paru dans
2 décembre 2024 - L'Indépendant (site web)
3 décembre 2024 - L'Indépendant

Bugarach

Des créateurs animeront le 3e marché

Le 3e marché des créateurs se déroulera samedi 7décembre, de 10 à 18 heures, sous la halle chauffée et sous un barnum à Bugarach. Cette animation annuelle rencontre un grand succès grâce à la diversité des créateurs qui permettent aux visiteurs d'échanger avec les artistes ou artisans eux-mêmes. Il n'y aura pas d'objets de revente. Seront présents des créateurs de vêtements, artistiques, culinaires (miel, chocolats...) ou de bijoux. Il y aura des stands avec les créations des enfants et des familles.

C'est donc une caractéristique de ce marché pour l'association des écoles de Bugarach et de Rennes-les-Bains « Bugarennes ». Ce marché des créateurs permet de financer des sorties scolaires, des rencontres sportives ou des sorties au cinéma.

Une buvette et un service de restauration avec des produits locaux seront présents. Possibilité de savourer des douceurs salées et sucrées tout au long de la journée. Les familles apprécieront la convivialité chaleureuse et la découverte des lieux lors de leur venue.

C.M.

Ouest-France
Lorient
Port-Louis - Riantec - Kervignac, mardi 3 décembre 2024 711 mots, p. OF Lorient_15
Aussi paru dans
2 décembre 2024 - Ouest-France (site web)

Les boîtes de Noël, un geste qui apporte du réconfort

La mairie et le Centre communal d’action sociale participent, pour la troisième fois, à la collecte des boîtes de Noël, initiée par l’association Agir ensemble à Lorient

Solidarités

Jusqu’au 16 décembre

La collecte des boîtes de Noël, mise en place depuis cinq ans par l’association Agir ensemble à Lorient, à destination des adultes dont la situation n’est pas des plus facile y compris les étudiants, a lieu jusqu’au 16 décembre.

Ce concept venant d’Outre-Atlantique a engendré une forte mobilisation de différentes structures comme les collectivités, les écoles, les entreprises et les particuliers.

Cinq produits

Le principe de la collecte est de déposer dans une boîte à chaussures de la nourriture non périssable, un produit chaud (écharpes, bonnets…) neuf ou tricoté à la main, un objet de loisirs (cartes, dés, livres, …), un produit d’hygiène de soin ou de toilette, et un mot bienveillant ou un dessin. Cela ne semble pas grand-chose, mais le fait de déposer un mot a vraiment un impact positif sur les bénéficiaires qui sont en situation de précarité, d’isolement et parfois les deux , commence Marie-Laure Benoit, secrétaire d’Agir ensemble à Lorient.

La boîte doit ensuite être emballée, couvercle et boîte séparément, sans la fermer, dans un joli papier cadeau en inscrivant dessus homme, femme ou mixte en rapport avec le contenu du paquet, puis être déposée dans un point de collecte comme celui de Kervignac, les autres étant identifiables sur la page Facebook Les boîtes de Noël de Lorient 56.

 Nous demandons aux donneurs de ne pas fermer la boîte pour deux raisons, la première étant la nécessité de consulter le contenu puisque nous avons eu quelques déboires par le passé, la seconde à la suite du plan Vigipirate applicable dans les mairies , précise Marie Rault, trésorière de l’association.

Une centaine de points de collecte

Cette année, une centaine de points de collecte sont à disposition de personnes ou structures désirant participer à l’opération dont trois à Kervignac, la mairie, le bar O’Kervie, en centre-ville et la Chouette Coop, au Braigno. Les boîtes sont réparties entre une trentaine d’associations et structures telles que les étudiants, le Samu social, les Ehpad, qui se chargent ensuite de les distribuer aux plus défavorisés.

Des boîtes personnalisées

Ce geste simple permet à celui ou celle qui reçoit la boîte d’avoir de l’estime en soi, ce qui par rapport à leur situation n’est pas toujours évident. Ne serait-ce qu’un instant, le bénéficiaire profitera des fêtes de Noël le sourire aux lèvres.

 Nous allons personnaliser les boîtes suivant son destinataire. Le contenu ne sera pas le même que ce soit à destination d’étudiants ou de personnes dans la rue par exemple. Pour les étudiants, cela peut être des places de football ou de cinéma, cette catégorie sociale éprouvant parfois des difficultés à s’en sortir et allier études et vie quotidienne, alors un peu de réconfort en période de fêtes n’est pas rien , souligne Marie-Laure Benoit.

Et Marie Rault d’ajouter :  Il est primordial que la population se mobilise pour cette cause, des bénéficiaires étant déjà recensés dans l’attente de leurs boîtes de Noël. Il serait regrettable de ne pas avoir assez de boîtes pour satisfaire tout le monde ce qui engendrera une déception profonde. 

Action sociale

Cette collecte fait partie des nombreuses actions de solidarité menées par la Ville de Kervignac avec le Centre communal d’action sociale (CCAS).

 Il est important pour nous de continuer cette action qui nous tient à cœur. L’implication mise par ceux qui préparent la boîte de Noël, souvent en famille, est ressentie par le bénéficiaire de manière importante. Il est nécessaire de préparer cette boîte comme si elle nous était destinée , conclut Élodie Le Floch, maire de Kervignac.

Contact : tél. 02 97 65 77 06 (mairie de Kervignac) ; Facebook : Les boîtes de Noël de Lorient 56

Cet article est paru dans Ouest-France

La Montagne
Cantal
Aurillac Ouverture, mardi 5 novembre 2024 114 mots, p. Cantal-8

È LAURENT GERRA au prisme ce soir

Humour. Un spectacle à déguster. L'humoriste et imitateur sera sur la scène du Prisme aujourd'hui, à 20 heures, avec son nouveau spectacle Laurent Gerra se met à table. On sait d'avance que ce sera mitonné. Certains ne manqueront pas d'être bien assaisonnés, quand d'autres seront servis aux petits oignons Nouvelle carte et plats signatures, il y en aura pour tous les goûts : politiques, chansons, télévision et cinéma, toutes ses cibles passeront à la casserole, même les végans. Ça risque d'être saignant. L'actualité sera servie bien chaude, revisitée à la sauce Gerra. Tarifs : de 49 ? à 69 ?. Renseignements au 04.71.46.86.58. Photo d'archives Florian Salesse.

La Montagne
Riom
Riom, samedi 23 novembre 2024 56 mots, p. Riom-16

Cinéma

La viouze aux ancizes

Louise Violet. Samedi à 15 h et 20 h 30, dimanche à 17 h 30; lundi à 20 h 30.

Juré n°2. Samedi à 17 h 30.

Angelo dans la forêt mystérieuse (Art & Essai). Dimanche à 15 h.

Anora (Art & Essai) VOST FR. Dimanche à 20 h 30.

Sud Ouest - Pays Basque
Pays basque intérieur et Soule, mercredi 20 novembre 2024 186 mots, p. 23
Aussi paru dans
19 novembre 2024 - Sud Ouest (site web) Blogs - Arts and culture / Arts et culture (blog ref.)
20 novembre 2024 - Sud Ouest - Béarn et Soule

Hommage à Claude Nougaro, dimanche à Agerria

Quatre musiciens

Mauléon-Licharre

Dimanche 24novembre à 18 heures, le domaine Agerria accueille un ciné-concert avec le groupe NouS, en l’honneur de Claude Nougaro.

Le spectacle «Nougaro fait son cinéma» s’articule autour de la vie du célèbre Toulousain, depuis ses débuts en 1962.

Durant 1h45, il est composé de 25chansons, dont deux medleys, une partie acoustique et une énorme surprise qui émeut le public à chaque représentation. Très jeune, c’est sur les notes et les rythmes du grand Claude qu’Éric Alias, voix du groupe, apprend à chanter.

Premier spectacle avec le pianiste-claviers-arrangeur Franc Pleindoux. Puis se sont naturellement greffés le bassiste Jean-Hugues Mauté et le batteur-percussionniste Alexandre Sauvion. Sur scène, les quatre complices s’en donnent à cœur joie: «Un groupe, ça crée une vraie dynamique! Le nôtre est composé de gamins qui s’aiment fort mais qui travaillent beaucoup. La musique, c’est quelque chose qui se partage», affirment-ils.

Concert avec participation au chapeau. Renseignements: Maricé Castillon: 0625466480.

Le Courrier de l'Ouest
Saumur ; Nord Anjou ; Angers ; Cholet
Maine-et-Loire dep, vendredi 29 novembre 2024 489 mots, p. Le Courrier de l'Ouest Saumur_3

Coupes budgétaires : à Angers, la culture et le monde associatif bouillonnent

Benoît PELLOQUIN

La mauvaise blague s’est transformée en sketch. Huit maires de la métropole angevine (Briollay, Mûrs-Érigné, Rives-du-Loir-en-Anjou, Sainte-Gemmmes-sur-Loire, Savennières, Les Ponts-de-Cé, Beaucouzé et Loire-Authion) se sont joints à la grogne des près de 800 acteurs culturels et associatifs (500 selon la police), invités à se parer de noir hier matin. Sur le parvis du théâtre Le Quai à Angers, ils ont dénoncé notamment la baisse de 73 % de la subvention régionale pour la culture dans le prochain budget 2025.

La mobilisation, lancée à l’appel de plusieurs syndicats et collectifs culturels (Synavi, Spiac-CGT, SAAS, SUD Culture 49, ASSO-Solidaires 49), mais aussi de la Fédération des arts de la rue, s’est muée en « cortège funéraire », au son entre autres de « La Marche funèbre » de Chopin. Il a parcouru le pont de Verdun, la rue Baudrière, la rue Saint-Laud et la rue du Mail, avant de rejoindre le parvis de l’hôtel de ville où un cercueil noir a été déposé sur les marches.

Rendez-vous sollicité avec Christophe Béchu

Administratrice de production du cirque du Docteur Paradi, basé à Cholet, Sandra Guerber a enlevé son nez rouge.  On avait une convention de fonctionnement de 6 000 € par an de la Région. Les attachés de production font du lien sur le territoire et ils vont disparaître. Je peux perdre une partie de mon emploi, avec des heures en moins , alerte l’organisatrice du festival biennal Les Débroussailleuses au May-sur-Èvre.  Si les compagnies ne sont plus aidées par la Région, les lieux de diffusion vont être secoués voire condamnés », rebondit à quelques mètres Cécile Cailleau, administratrice de Picnic Production (Saint-Barthélemy-d’Anjou).

Les acteurs culturels,  assommés et abasourdis , ont aussi dénoncé  la façon de faire unilatérale et antidémocratique du Conseil régional , Nicolas Berthoux, du collectif de l’Anjou Structures-Artistes associés solidaires (SAAS), n’hésitant pas à employer le terme  obscurantisme .  L’opposition à la diffusion de la culture, on est en plein dedans.  Céline Cailleau, qui a  peu d’espoir que les lignes bougent , indique :  Avec l’ensemble du monde de la culture, de la vie associative et solidaire, mais aussi le planning familial et la mission locale, on a sollicité un rendez-vous avec Christophe Béchu (maire d’Angers, N.D.L.R.). On attend une réponse. Le planning familial du Maine-et-Loire a d’ailleurs pris la parole, hier devant le Quai, comme la mission locale d’Angers. Cette dernière, qui a débrayé, a annoncé perdre 340 000 € avec la baisse des subventions de la Région. Toujours au Quai, une assemblée générale d’information organisée par le Syndicat des techniciens et administratifs des théâtres et établissements d’action culturelle (SYNPTAC) et le Syndicat des professionnels des industries de l’audiovisuel et du cinéma (Spiac) devait se dérouler à 18 heures.

Cet article est paru dans Le Courrier de l'Ouest

La Provence
SALON
BOUCHES; EDITION SALON, jeudi 28 novembre 2024 313 mots, p. SALON_002

Pablo Mira sait conjuguer le "Passé simple" et le succès

Pas besoin de chauffeur de salle pour préparer l'entrée de Pablo Mira sur le plateau du théâtre Armand. Manifestement adeptes cathodiques de Quotidien, le public a accueilli l'humoriste sous une salve d'applaudissements. À l'instar des rétrospectives télévisuelles de fin d'année, un écran était installé en fond de scène pour jalonner les séquences nostalgie. Pour l'occasion, Pablo Mira avait ressorti son haut de survêt tricolore flashy en toile de parachute. Un incontournable des années 90, avait dû lui assurer Marc Beaugé, chroniqueur "mode" de l'émission.

Et sur scène, Pablo Mira ne " respecte rien, c'est le concept !" Les dessins animés, le système scolaire, les orientations sociétales, la paternité... rien n'échappe à son regard caustique. Rompant avec son personnage de grincheux réac, son style d'adolescent amateur de blagues et de gestes témoignant d'une poussée hormonale aurait toute sa place dans la rubrique de Maïa Mazaurette. Le public enthousiaste en redemande. Généreux, Pablo Mira propose à l'issue de son one-man-showun "bord de scène" répondant sans filtre aux questions du public. D'abord intimidés, craignant le retour de vanne, les spectateurs finissent par se lâcher, curieux de l'envers du décor : seul le producteur Laurent Bon relit ses chroniques avant le direct. Il n'y a pas vraiment de plaintes contre lui : " Je suis un ancien. Les gens savent que je suis le gogol de l'émission qui dit n'importe quoi. Sauf le rappeur Damso qui n'a pas apprécié le lancer fausse couille", sourit l'humoriste. Au plateau TV, il préfère la " sensation charnelle imbattable d'une scène", mais le petit écran est plus rémunérateur : " Il y a encore des thunes là-bas ". En attendant de conquérir le cinéma, Mira a pris le plein d'énergie à Salon où les fans l'ont remercié par un nouveau tonnerre d'applaudissements.

Prochain spectacle : "Interruption" d'Hannah Levin Seiderman, demain à 19h. 20€ à 32€. 04 90 56 00 82

L'Echo Républicain
Edition principale
Chartres, lundi 4 novembre 2024 295 mots, p. Echo-8

En bref

Ciné-clap Little girl blue

Ciné-clap propose la projection du docufiction de Mona Achache, Little girl blue (2023), mardi 5 novembre, à 20 h 30, au cinéma Les enfants du paradis. Tarifs : gratuit pour les adhérents Ciné-clap et prix d'une séance pour les non-adhérents. 13, place de la Porte Saint-Michel.

Théâtre de Chartres Théâtre

La compagnie MadeMoiselle revisite Dom Juan de Molière et tient représentation mardi 5 et mercredi 6 novembre à 20 h 30, au théâtre de Chartres. Tarifs : 31 ?, 17 ? réduit. Réservation : cchartresbilletterie.fr. Place de Ravenne.

Les Clos Réunion publique

Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres, et Guillaume Bonnet, adjoint au maire en charge de l'amélioration du cadre de vie, animent une réunion publique, mardi 5 novembre, à 20 heures, à la maison pour tous des Clos. Ils présenteront aux habitants des quartiers des Clos et Croix-Bonnard les projets en cours et à venir pour la ville et leur quartier, et échangeront avec eux au sujet d'éventuelles pistes à explorer pour améliorer leur cadre de vie. 4, avenue François-Mitterand.

Le Off One-man show

Matthieu Nina sera au Off dans le cadre du festival Top in humour jeudi 7 novembre à 20 h 30, en salle 2 du Off. il y jouera son nouveau spectacle En bas de l'échelle. Tarifs : 19, 16 ? réduit. Réservation : cchartresbilletterie.fr. 10, avenue Jehan-de-Beauce.

L'Esperluète Rencontre

L'auteur Yves Ravey, dont le roman Que du vent vient de sortir, sera en dédicace à l'Esperluète vendredi 8 novembre à 18 heures. Entrée libre. 10 rue Noël-Ballay.

Théâtre de poche Spectacle de danse

Le Théâtre de poche accueille une représentation de danse, Peau d'âme, le corps des légende s, vendredi 8 novembre à 20 h 30. Informations et réservations au 02.37.33.02.10 ou. Théâtre en [email protected].

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Indre
indre, lundi 11 novembre 2024 109 mots, p. 2

actualité

Brève

en bref

Loisirs

Festival de théâtre itinérant autour de Serge Valletti

L’association Lectures & lecteurs organise pour la première fois un festival de théâtre itinérant autour de l’auteur de théâtre Serge Valletti, auteur caustique et drôle qui travaille notamment avec Robert Guédiguian au cinéma mais aussi Daniel Mesguich à ses débuts. Dernière date au programme: L’invention de Suzanne  le 29 novembre, à Villentrois. Ces moments de théâtre sont mis en voix par des professionnels (Géraldine Masquelier, Lionel Gonzales, Nicolas Carpentier, Hélène Vincent et Serge Valletti) accompagnés de Gille Chabenat, à la vielle.

Tarif : 5 € réduit ; 10 € plein tarif. Contact : tél. 07.77.30.37.27.

Le Berry Républicain
Cher
Saint Amand, lundi 25 novembre 2024 40 mots, p. Berry-18

Cinéma

Le Moderne

27, rue Henri-Barbusse, à Saint-Amand-Montrond.

Le Panache. À 18 heures.

Gladiator ii. Interdit aux moins de 12 ans. À 20 h 15.

On aurait dû aller en Grèce. À 18 heures.

Trois amies. À 20 h 30.

Le Courrier du Loiret
Locale, mercredi 20 novembre 2024 857 mots, p. Courrier-36

« Je ne verrai pas quoi faire d'autre »

Il sera sur la scène du théâtre du Donjon de Pithiviers ce vendredi 22 novembre à 20 h 30 avec son spectacle Exister, définition , qu'il joue depuis 2019. Yann Marguet, humoriste franco-suisse, a su séduire le public de la cité des alouettes puisque la représentation se jouera à guichets fermés. Âgé de 40 ans, il est chroniqueur sur France Inter et dans l'émission Quotidien, présentée par Yann Barthès sur TMC.

Le titre de votre spectacle est énigmatique, à quoi doit s'attendre le public ?

Ce qui est important de dire, c'est à quoi il ne peut pas s'attendre, à savoir du stand-up classique avec les poncifs du tabouret, du micro et de la bouteille d'eau, il y a un peu plus que ça. Il y a un décor, un gramophone Et même dans la narration, c'est moins déstructuré que ce que l'on voit habituellement dans les spectacles d'humour. Là, il y a une histoire, avec un début, un milieu et une fin, des moments de pause, de réflexion, de recueillement Ce n'est pas une mitraillette à punchlines. Pour ce qu'il y a dedans, de la philosophie, des questions, de la bêtise, beaucoup de bêtises, de la contradiction et de l'émotion aussi.

Vous parlez d'une histoire, qu'évoque-t-elle ?

C'est plus une discussion entre une voix, autre que la mienne, que peut-être les gens reconnaîtront, plus profonde et plus grande, et un petit terrien qui est un peu rivé sur ses questionnements et qui veut botter en touche au niveau des questions qui le dérangent. Il évolue pendant 1 h 15 avec comme guide cette voix qui vient un peu des étoiles.

Quelles thématiques abordez-vous ?

On part de l'existence, l'infini, les planètes, ce voyage de l'infiniment grand à l'infiniment con, comme le dit le sous-titre du spectacle. Cela parle de recul, de conduire des bagnoles, d'enfants dans un avion, d'instinct de survie, à quel point l'existence s'est modifiée entre certaines périodes du passé et maintenant, d'astrophysique, d'amour aussi

Vous faites à la fois de la radio, de la télé et de la scène, que préférez-vous ?

C'est une dialectique intéressante entre les trois. Ce qui est chouette avec la scène, c'est que ça vit un peu plus longtemps que les chroniques. On ne se rend pas compte mais j'ai l'impression de bosser toute la semaine pour trois minutes à France Inter et à Quotidien et après, sur les réseaux, on voit le contenu naître puis mourir en moins de temps qu'il faut pour le dire. Alors que lorsque l'on écrit un spectacle, on a un sentiment d'accomplissement sur la durée qui est plus satisfaisant. Le mauvais côté de ça, c'est que cela fait cinq ans que je le joue, je commence à bien le connaître alors que pour les chroniques, on se réinvente chaque semaine. Mais si je devais choisir, ce serait tourner avec un spectacle, pour aller à la rencontre des gens et pouvoir échanger.

Quel est pour vous le sens de la vie ?

C'est un peu la conclusion de mon spectacle, je n'ai pas envie de m'autospoiler [Rires].

Comment êtes-vous devenu humoriste ?

J'ai fait beaucoup d'études, jusqu'à un doctorat avorté en criminologie, après trois ans et demi. Après, j'ai voulu être prof, mais j'ai fait un peu de chômage. J'avais un ami qui travaillait dans une radio privée en Suisse qui m'a dit qu'il avait besoin d'un auteur de blagues pour notre matinale et j'ai commencé comme ça. Et puis on m'a viré, avec plein de gens, donc je pensais que ma parenthèse d'humour tarifé était finie, mais le service public suisse m'a repris sur la radio Couleur 3, où je faisais une chronique qui s'appelait Les Orties. Cela a très bien marché et très vite. C'est ça qui a fait que c'est devenu un vrai métier pour moi et cela m'a permis d'avoir un peu de succès dans mon pays. En 2019, Yann Barthès s'est glissé dans mes DM, comme on dit dans le langage des réseaux sociaux, pour me dire qu'il aimait bien ma chronique. Cela a allumé une petite ampoule qui pointait vers la France et je me suis dit pourquoi pas.

Jusqu'à mes 32 ans, tout n'était qu'un long fil d'opportunités que je suivais un peu en dilettante, sans conviction. Je viens d'un bled en Suisse, qui plus est dans les années 90 où il n'y avait pas Internet, donc il n'y avait aucunes perspectives artistiques. Après, quand j'ai commencé, je me suis rendu compte à quel point tout m'avait porté vers ça et je ne verrai pas quoi faire d'autre. J'ai envie de dire aux gens qui ne se sont pas encore trouvés de ne pas perdre espoir.

Quels sont vos projets ?

La tournée se poursuit jusqu'en janvier 2026. Les chroniques sur France Inter et Quotidien au moins jusqu'à l'été 2025. Mais je pense qu'on va quand même s'atteler à écrire un autre spectacle. Après, j'aimerais bien faire du cinéma ou une série, mais je ne provoque pas. Dans tout ce qui m'est arrivé jusqu'à maintenant, ce sont toujours les bons projets qui m'ont trouvé spontanément. Il semblerait que j'ai une bonne étoile.

Propos recueillis par Camille Coelho

L'Echo Républicain
Edition principale
Chartres Ouverture, samedi 2 novembre 2024 166 mots, p. Echo-5

En bref

Cinéclap n Little girl blue

Cinéclap propose la projection du docufiction de Mona Achache, Little girl blue (2023), mardi 5 novembre, à 20 h 30, au cinéma Les Enfants du paradis. Tarifs : gratuit adhérents Cinéclap et prix d'une séance pour les non-adhérents. 13, place de la Porte Saint-Michel.

Le Off One-man show

Matthieu Nina sera au Off, dans le cadre du festival Top in humour, jeudi 7 novembre, à 20 h 30, en salle 2. Il y jouera son nouveau spectacle En bas de l'échelle. Tarifs : 19 ?, 16 ? réduit. Réservation : cchartresbilletterie.fr. 10, avenue Jehan-de-Beauce.

Les Clos Permanence de C'Chartres Habitat

Une permanence sociale de C'Chartres Habitat est proposée dans le quartier des Clos, tous les mercredis, de 9 h 30 à 11 h 30. Il est également possible de se rendre au 1, mail des Petits Clos (A 402) pour payer son loyer par carte bancaire et discuter avec un conseiller en cas de difficultés de paiement. Renseignements : 02.37.25.65.95.

La Montagne
Issoire - Sancy -Haute-Loire ; Riom ; Thiers-Ambert ; Clermont-Ferrand
Puy De Dome, samedi 9 novembre 2024 332 mots, p. Haute-Loire-10

Mieux vaut en rire !

Matthieu Nina

Matthieu est tombé d'une échelle à dix ans et est devenu handicapé. 25 ans plus tard, il a enfin décidé de monter sur scène. Ça a pris du temps mais c'est parce qu'il n'y avait pas de rampe d'accès Le jeudi 28 novembre, 20 h 30, à la Comédie des Volcans, à Clermont. Plus sur comediedesvolcans.fr/

Fabien Olicard

Fabien Olicard est un mentaliste qui partage avec humour son amour du cerveau à travers des one-man-shows bluffants, drôles et pédagogiques. Un mentaliste, c'est quelqu'un qui a un cerveau et qui s'en sert. Finalement, vous êtes vous aussi mentaliste et vous allez le découvrir dans ce spectacle ! Plus précisément découvrir lequel des Archétypes de mentaliste est le vôtre ! Le 24 janvier au Zénith d'Auvergne. Réseaux habituels et lesdernierscouches.com/

Emma et Thibaud

L e seul Duo d'Imitateurs en France ! Les imitatueurs. Et c'est une proposition de Régis Mailhot pour la Baie, à Cournon. Ces imitateurs nouvelle génération bousculent les codes : florilège d'imitations à deux voix et humour corrosif. Tout le monde en prend pour son grade, les politiques, les médias, le cinéma, la chanson française et évidemment la nouvelle génération : Il n'y a pas de raison ! Avec des textes incisifs et la force comique de leurs binômes, Emma et Thibaud peignent une critique affûtée de notre société. Sur un rythme de jeu effréné, les deux complices collent à l'actu et n'ont pas de limites dans leurs délires. Ils sont prêts à tout. Et vous, êtes-vous prêts ? Les 6 et 7 décembre, 20 h 33. labaiedessinges.com/

Diane Segard

A près une Bourse du Travail archi-full à Lyon, Diane Segard annonce une tournée des grandes salles qui passera notamment par le Zénith d'Auvergne le 17 janvier 2026. Le pitch : comment monter sur scène seule quand on est plus autruche que paon ? En créant des personnages portant en eux l'hilarante tragédie quotidienne d'être soi et en les laissant parler pour nous. ». Informations et réservations : réseaux habituels et arachnee-concerts.com/

Cet article a également été publié dans les éditions suivantes : Riom, page 10; Thiers-Ambert, page 10; Clermont-Ferrand, page 10

Le Télégramme (Bretagne)
mardi 12 novembre 2024 262 mots, p. 22THE1
Aussi paru dans
13 novembre 2024 - Le Télégramme (Bretagne) (site web)

Cinéma

Finalement : Kad Merad sur les routes de France

Note : 2/5

Lino, avocat désabusé, plaque tout et part, au hasard, sur les routes de France. À ceux qui le prennent en stop, il prétend être un criminel. Au fil des rencontres, son passé remonte à la surface alors que ses proches inquiets guettent un signe de vie…

Toujours animé par l’élan romanesque qui le caractérise, Claude Lelouch peut nous emporter. Ce n’est, hélas, pas le cas avec cette « fable musicale mise en vie » par l’infatigable cinéaste de 87 ans. Pour ce nouveau film choral, il s’est ouvertement inspiré de « Sur la route de Madison » tout en faisant des clins d’œil à sa propre œuvre. Le personnage de Kad Merad (jouant de la trompette) étant le fils de Lino Ventura et de Françoise Fabian de « La Bonne Année » (1973). Cela aurait pu être touchant mais l’histoire a des difficultés à décoller, Lelouch se contentant de répéter ses pensées sur les hasards et les coïncidences, la famille, la foi, la quête de liberté, sans renouveler son propos un rien désuet. Les chansons de Didier Barbelivien et Ibrahim Maalouf (dont une répétée à l’excès) ne changent pas l’impression d’ennui - voire de gêne - qui se dégage d’une comédie qui peine à tirer parti de ses rares jolies trouvailles.

P.L.D.

Comédie dramatiquede Claude Lelouch avec Kad Merad, Elsa Zylberstein et Michel Boujenah.

La Dépêche du Midi
GÉNÉRAL
ACTUALITÉ, dimanche 17 novembre 2024 461 mots, p. 2

L'événement

Docteur Palmade et Mister Coke

Éditorial

par

Dominique

Delpiroux

Fini de rire. À la barre du tribunal, ce mercredi, Pierre Palmade n'aura pas face à lui un public hilare et conquis. Mais bien des magistrats chargés de le juger. Et surtout, du côté de la partie civile, il y aura une famille fracassée. Un père en miettes, qui ne sait s'il pourra un jour retravailler. Un enfant qui, d'opérations en opérations, rate sa scolarité et perd ses copains. Et surtout une belle-soeur qui aujourd'hui, devrait être la maman d'un enfant de dix-huit mois, et qui n'a plus qu'un berceau vide pour pleurer. À la justice de mettre des mots et des peines sur ce qui ressemble à un immense gâchis.

Pierre Palmade? C'était le feu follet des années 90, qui nous tordait de rire en jouant les troufions décalés ou les mauvais joueurs de scrabble. À tout juste 20 ans, ce surdoué magique jonglait avec les mots, les mimiques, les accents, radiographiant l'écume de notre société avec un brio ravageur. À l'époque, il travaille avec les plus grands, passe au cinéma, éblouit, séduit, conquiert. Très vite, on l'a adulé. Trop vite sans doute, et ainsi, l'enfant gâté est devenu l'enfant gâché. On a fini par deviner que derrière les blagues, vibrait une grande souffrance. Homosexuel, (il ne le révélera que plus tard), il épouse Véronique Sanson en 1995. Mariage surréaliste, quasi burlesque, mais qui scelle pourtant l'union de deux fracassés de la vie qui veulent se réparer l'un l'autre. Cela ne marchera pas longtemps. En coulisses, ses proches le regardent tituber. Les failles de Palmade sont si béantes qu'elles le plongent dans les addictions. Alcool, cocaïne, puis drogues de synthèse. Une spirale à laquelle rien ni personne ne pourra l'arracher. Jusqu'à la tragédie du 10 février.

L'impact de ce drame aura ranimé les débats autour de la sécurité routière.C'est ainsi que s'est imposée la notion d'homicide routier, lorsque l'homicide involontaire s'accompagne de manquements à la prudence, comme la consommation d'alcool ou de stupéfiants. La loi, votée postérieurement, ne s'appliquera pas pour Pierre Palmade. De même, pour cette affaire, la notion même d'homicide a été écartée, car le bébé n'étant pas né, il n'est pas aux termes de la loi, une personne. On peut alors imaginer la frustration de la partie civile, d'autant qu'en filigrane, se posera toujours la question de savoir si les stars peuvent bénéficier ou pas d'un régime de faveur...

On plongera donc dans un procès douloureux, de part et d'autre de la barre. D'autant que Pierre Palmade, à l'âge de 8 ans, a perdu son père, victime d'un accident de la circulation. Toujours à fleur de peau, la faille... Et on se demande aujourd'hui quelles questions le petit garçon qu'il était posera à l'adulte qu'il est devenu.

Corse Matin
Settimana, vendredi 8 novembre 2024 131 mots, p. 32

LA CULTURE CORSE, C’EST QUOI POUR VOUS ?

Anne-Sophie Passalboni

La culture corse, c’est un formidable ensemble d’expressions plurielles qui sont le ciment d’une identité partageable. Par ses formes, bien sûr - musique, chant, littérature, poésie, théâtre, photographie, peinture, cinéma et audiovisuel, etc. – mais aussi par la multiplicité des regards qu’on peut poser sur elle. Elle est à la fois singulière et collective, sacrée et populaire, enracinée, rassurante, mais aussi mouvante car elle s’adapte et se transforme sans jamais se renier. Ouverte et poreuse, elle sait se nourrir d’influences et permet la communion entre les territoires et les individus. Elle accueille, reçoit et se laisse volontiers inspirer par des échos méditerranéens. En cela, elle contribue à créer ce pont nécessaire vers l’autre et vers l’ailleurs.

La Dépêche du Midi
Toulouse
Locale, vendredi 1 novembre 2024 220 mots, p. 26

Ouest

Colomiers

Halloween continue au cinéma Véo

Les hurlements d'Hallowen se sont tus... mais Véo Grand Central en réserve encore quelques-uns pour les jours à venir. Par contre, aujourd'hui, un film d'un tout autre style sera présenté en avant-première, à 18 heures : « Louise Violet ». Ce drame historique d'Eric Besnard, avec Alexandra Lamy, Grégory Gadebois et Jérôme Kircher, retrace la lutte d'une institutrice envoyée en 1889 dans un village de la campagne française, pour y imposer l'école de la République, gratuite, obligatoire et laïque. Une mission qui ne la rend populaire ni auprès des enfants... ni auprès de leurs parents, qui à l'époque préféraient faire travailler leur petite ou grande famille à la ferme ou dans les champs ! Aujourd'hui aussi, bien sûr, les sorties de la semaine feront aussi le miel des cinéphiles impatients : notamment « Juré n° 2 », le palpitant procès signé Clint Eastwood, et « Anora », de Sean Baker, Palme d'or du festival de Cannes 2024, qui arrive enfin en salle. Ces deux films font déjà l'objet de critiques dithyrambiques, émanant autant de leurs premiers chanceux spectateurs, que des critiques. Tous détails sur : colomiers.veocinemas.fr.

Pharmacie de garde

De garde aujourd'hui, vendredi 1er novembre, et dimanche 3 novembre, de 9 heures à 19 heures, la Pharmacie des Marots (M. Barthe), Place des Marots à Colomiers, Tél. 05 61 30 20 88.

Midi Libre
NARBONNE_ML
mercredi 13 novembre 2024 477 mots

"Finalement" : itinéraire d'un autre enfant gâté

Film de Claude Lelouch avec Kad Merad, Elsa Zylberstein, Michel Boujenah. Grand avocat parisien, virtuose dans la défense des cas impossibles, Lino (Kad Merad) a ce que le commun des mortels estimerait assez pour être heureux : une épouse star du ciné (Elsa Zilberstein), une fille bientôt chanteuse (Barbara Pravi), un fils bientôt réalisateur (Boaz Lelouch), une mère formidable (Françoise Fabian), un associé et meilleur copain plein d'humour et d'amour (Michel Boujenah). Bref, Lino a tout. Et Lino a tout plaqué. C'est là que démarre Finalement : quand tout est derrière, et lui de l'avant. Baluchon calé sur l'épaule, sourire verrouillé sur la bouille, Lino trace la route. À pied. Il lève le pouce pour aller, vous allez rire, ça tombe bien, là où va celui qui le prendra en stop. Là, un éleveur (François Morel), ici, un chasseur (Lionel Abelanski)... Sur son chemin, il fait de chouettes rencontres aussi : une brocanteuse (Clémentine Célarié) chez qui il s'achètera une trompette... parce qu'il a toujours aimé la trompette, une fermière au grand coeur (Françoise Gillard) avec qui il jouera un peu de musique, mais aussi, à y être, Dieu, plutôt sympa d'ailleurs, et puis Jésus avec ses apôtres, un peu plus flippants, ceux-là avec leur sourire béat... Eh oui, c'est du Lelouch, et s'il n'abuse pas du travelling circulaire, il n'en fait pas moins toujours à sa guise. Une guise qu'il a vagabonde, fantasque, un peu philosophique, pas mal nostalgique et toujours très sentimentale puisque, comme il le proclamait jusque dans le titre de son précédent film, « l'amour, c'est mieux que la vie ». Ce n'est d'ailleurs pas le seul de ses films auquel on pense. Ainsi, Lino est-il le fils du braqueur joué par... Lino Ventura dans La Bonne année (1973); ce qui nous vaut quelques beaux extraits dudit film avec, c'est bien fichu, déjà Françoise Fabian. Le personnage de Sandrine Bonnaire est, lui, l'enfant de Nicole Courcel qui incarnait la cheffe du syndicat des prostituées dans L'aventure c'est l'aventure (1972), où figurait aussi Lino Ventura... Et on vous fait grâce des innombrables réminiscences de sa filmographie dans des dialogues comme il se doit aphoristiques. Il y aurait quelque chose de testamentaire dans Finalement si n'était l'amour de la vie dont il est rempli jusqu'à déborder. Après son savoureux démarrage façon Itinéraire d'un enfant gâté , l'histoire s'éparpille quelque peu, entre flash-back historiques, retours sur la famille et développements rocambolesques, voire capillotractés. Mais ce cinéma-là, fluide et stylé, ludique et démiurgique, possède une petite musique qui ne laisse pas de nous charmer et nous captiver. Une petite musique du hasard envisagé comme une chance; du reste, la vie n'est pas née autrement. Dans Finalement, de la vie, il y en a plein, alors le ciel peut attendre.

Jérémy Bernède Avec "Finalement", Claude Lelouch nous offre un petit tour de la France qu'il aime. METROPOLITAN FILMEXPORT

La Dépêche du Midi
Toulouse
Locale, dimanche 3 novembre 2024 357 mots, p. 21

« Les gens ont un énorme besoin de se raconter »

Lionel Latapie, professeur de stand-up pour enfants depuis 2021

Comment êtes-vous devenu professeur de stand-up ?

J'ai rencontré, à Paris, Thomas Ngijol, humoriste et acteur de stand-up repéré au Jamel Comedy Club, créé par Jamel Debbouze et référence du stand-up parisien. J'y ai beaucoup appris. J'étais un acteur hybride de 21 ans qui démarrait sur les planches. De retour sur Toulouse, j'ai créé des ateliers de théâtre pour enfants avec « Jack a dit... », mêlant grands classiques, langages de rue et totales improvisations. Puis en novembre 2021, le directeur du Mama Shelter à Toulouse m'a demandé si leur cinéma au sous-sol pouvait accueillir du théâtre pour adultes. Avec son caractère intimiste et sa quarantaine de places, un stand-up était tout à fait possible. Le Comedy Club, théâtre de stand-up pour les enfants était né. Les séances, interrompues en ce moment, se poursuivent au 16 rue St-Jacques.

Selon vous, qu'apporte cette expression théâtrale ?

Rappelons que le stand-up est apparu dans les cabarets en France et aux États-Unis au XIXe siècle. C'est un genre comique où l'humoriste est seul en scène, sans décor, sans accessoire. Il prend l'auditoire à témoin via des histoires personnelles et embarque le public. Il permet d'acquérir de l'audace, de la confiance en soi et une expression libre.

Pourquoi, le stand-up a autant de succès aujourd'hui ?

Malgré tous les nouveaux outils, notre société est fragile et manque de communication. Les gens ont un énorme besoin de se raconter. Et puis, pour un directeur de théâtre, il est plus simple de vendre un spectacle de stand-up avec un budget réduit qu'une pièce classique comme la « Puce à l'oreille » de Feydeau qui demande 14 acteurs et des décors.

Vous avez joué dernièrement seul en scène le personnage de Meursault, rôle majeur de l'Étranger de Camus à Toulouse. Quelle différence avec le stand-up ?

Ce sont un peu les mêmes aspects psychologiques mais la grosse différence est que ce personnage est un rôle classique. Etre seul en scène était une première pour moi et j'ai adoré. Je le serai à nouveau en juin 2025 avec un nouveau texte.

Recueilli par Silvana Grasso

Le Berry Républicain
Cher
Saint Amand Ouverture, vendredi 15 novembre 2024 37 mots, p. Berry-22

Cinéma

Le Moderne

27, rue Henri-Barbusse, à Saint-Amand-Montrond.

Finalement. À 18 heures.

Gladiator ii. Interdit aux moins de 12 ans. À 20 h 15.

Louise Violet. À 20 h 30.

Juré n° 2. À 18 heures (VOST).

La Voix du Nord
03CALAIS
LOCALE, mercredi 13 novembre 2024 325 mots, p. 03CALAIS15
Aussi paru dans
12 novembre 2024 - La Voix du Nord (site web)
16 novembre 2024 - L'Aisne nouvelle

Les places s’arrachent pour Dany Boon au Kursaal, le 25 novembre 2025

Par Jean-Baptiste Carton

« Les places partent très vite ». Annoncé il y a cinq jours sur la page Facebook du palais des congrès, le nouveau spectacle du réalisateur de « Bienvenue chez les Ch’tis » risque de faire salle comble.

Par Jean-Baptiste Carton

[email protected]

Dunkerque. Dany Boon annonce de nouvelles dates pour son retour sur scène en 2025. « J’ai un trac de fou, mais tellement hâte de vous faire rire avec mon tout nouveau one man show, mis en scène par la géniale Isabelle Nanty», a écrit le natif d’Armentières sur son compte Instagram. Son spectacle Clown n’est pas un métier, qui a changé de nom ces derniers mois, sera joué dans toute la France dès janvier.

L’humoriste passera par le Kursaal de Dunkerque le 25 novembre 2025. Pour cette représentation, les places vont de 49 à 69 euros. Il reste des tickets pour le spectacle, qui débutera à 20 heures, mais, depuis l’annonce du spectacle par le palais des congrès il y a cinq jours, ils se vendent comme des petits pains. Il reste néanmoins des entrées en catégorie 1 (69 euros), surtout, ainsi qu’en catégorie 2 (59 euros) et catégorie 3 (49 euros).

Un retour, six ans après

Dans son spectacle, Dany Boon évoque donc « le monde d’aujourd’hui, de l’absurdité des situations qu’on peut vivre, de nos histoires d’Internet, de mots de passe, de notre capacité d’attention qui s’étiole… »

C’est la première fois que l’humoriste revient au Kursaal depuis six ans, pour son dernier one man show Dany de Boon des Hauts-de-France. La dernière représentation du réalisateur de Bienvenue chez les Ch’tis datait du 28 mars 2018. Le 4 juin dernier, il était venu présenter son dernier film, La Famille Hennedricks au cinéma Ociné.

Sud Ouest - Sud-Gironde
Sud-Gironde, mercredi 20 novembre 2024 334 mots, p. 18
Aussi paru dans
19 novembre 2024 - Sud Ouest (site web)

La commune retrouve sa salle des fêtes, embellie et aux normes

E. P.

La vie reprend

Gironde-sur-Dropt

Après sept mois de travaux, la commune de Gironde-sur-Dropt vient de retrouver sa salle des fêtes. Le chantier a débuté en avril 2024 pour se terminer en octobre. La réhabilitation a été importante car elle a concerné la toiture, le désenfumage, les menuiseries, l’électricité, le chauffage, les peintures, l’insonorisation, l’étanchéité extérieure, la maçonnerie, les équipements scéniques et la plâtrerie.

«Nous avons commencé en réalité en 2021, lors d’un conseil municipal, à réfléchir sur l’engagement des travaux de mise en conformité, en particulier sur la sécurité incendie sous peine de fermeture administrative. Le constat de l’architecte, Zora Brozova, en 2022, est sans appel, les travaux sont nécessaires. Nous avons donc fait appel à l’État pour une aide financière avec la Dotation aux équipements des territoires ruraux (DETR). Mais après moult péripéties, nous n’avons pas obtenu cette aide, soit 30% du financement (87000euros sur 285000). Le conseil a décidé de faire des coupes drastiques dans divers secteurs contre sa volonté mais par nécessité pour la viabilité des travaux. La commune n’est pas parfaite mais nous assumons nos choix», déclare Philippe Moutier, maire du village.

Les équipes de la commune qui ont accompagné le projet ont été remerciées pour leur investissement. Les habitants de Gironde, présents pour cette inauguration, ont pu assister à la projection d’un petit film sur l’histoire de cette salle. Elle fut construite sur l’emplacement de la maison Itare qui a brûlé en 1929. Au début, c’est un gymnase (1937-1938), volonté de la municipalité de l’époque, avec à sa tête Aristide Mau. Puis elle deviendra salle de cinéma pour finir en salle des fêtes. Les associations sont ravies de la réouverture de la salle et vont pouvoir recommencer leurs activités: lotos, thés dansants, bourses aux vêtements, repas des anciens…

La Montagne
Issoire - Sancy -Haute-Loire ; Clermont-Ferrand ; Riom ; Thiers-Ambert
Puy De Dome, lundi 2 décembre 2024 248 mots, p. Haute-Loire-8

C'est pour rire !

Baie des singes. Les ImitaTueurs (photo Prod). Le seul duo d'imitateurs en France ! Emma Gattuso et Thibaud Choplin bousculent les codes : florilège d'imitations à deux voix et humour corrosif. Tout le monde en prend pour son grade, les politiques, les médias, le cinéma, la chanson française et évidemment la nouvelle génération : il n'y a pas de raison ! Avec des textes incisifs et la force comique de leurs binômes, Emma et Thibaud peignent une critique affûtée de notre société ce n'est pas pour rien que ce spectacle est soutenu par Régis Mailhot. Sur un rythme de jeu effréné, les deux complices collent à l'actu et n'ont pas de limites dans leurs délires. Vendredi 6 et samedi 7 décembre, à 20 h 33, à la Baie des Singes, à Cournon. 17 ?/22 ?.

L'AVAN.C. Juste un jeu Louise et Jean-Claude, deux trentenaires célibataires, vont participer à un jeu de société expérimental un peu particulier dont le but est « simple » : réussir sa vie de couple. Mais attention, une fois la jauge d'amour vide, le jeu est perdu ! Une comédie romantico-ludique de la Cie Cocotte, vendredi 6 décembre, à 20 h 30, à l'AvanC de Royat.

Comédie des volcans. Paris Comedy Club. Les humoristes les plus drôles de la nouvelle génération et de la scène parisienne en déplacement ! Jeudi 5 décembre, 20 h 30, à la Comédie des volcans, à Clermont. 17 ?/20 ?.

Alexandre Komikek. Les deux séances de Bâtard sensible , vendredi 6 et samedi 7 décembre, affichent complet.

Cet article a également été publié dans les éditions suivantes : Clermont-Ferrand, page 8; Riom, page 8; Thiers-Ambert, page 8

Centre Presse Aveyron
RODEZ_CP
samedi 9 novembre 2024 27 mots

Cinéma

- Cocorico! Monsieur poulet, à 13h30.

- Miséricorde, à 16 heures. - L'amour ouf, à 18 heures. - C'est le monde à l'envers!, à 21 heures.

La Dépêche du Midi
Toulouse
Locale, mardi 5 novembre 2024 404 mots, p. 24

Sortir

Xavier Constantine, la magie de l'intelligence artificielle

Le magicien toulousain Xavier Constantine, révélé par l'émission « La France a un incroyable talent », présente son nouveau spectacle vendredi au théâtre de Pibrac.

Le visage de Xavier Constantine ne vous est pas inconnu ? C'est sans doute parce que vous l'avez déjà vu dans l'émission « La France a un incroyable talent », bluffant le jury avec son numéro sur le temps. Trois ans après son passage remarqué en demi-finale, le magicien originaire de Saint-Lys peaufine son nouveau spectacle, qui formera une suite de son numéro télévisé. Il s'intitulera « IA - Intelligence artificielle, magie réelle », et se jouera le 8 novembre devant près de 400 spectateurs, au Théâtre musical de Pibrac. Pour la petite histoire, c'est là qu'il est monté sur scène la première fois, en classe de troisième, avec son club de théâtre. Dans la foulée, une tournée l'emmènera notamment en Bretagne, en Suisse et aux portes de la Belgique.

MIA en scène

Dans ce one man show, Xavier Constantine n'est pas vraiment seul. Il interagit avec une entité artificielle, dénommée MIA (l'anagramme de « Mon intelligence artificielle »), incarnée par un écran vertical de la hauteur d'un adulte, tel un monolithe représentant une nouvelle évolution de l'humanité. Sa compagne et partenaire Manon Assedrani oeuvre en régie et gère l'IA, qu'ils ont développé eux-mêmes. « J'incarne un conférencier qui intervient sur le temps, et qui découvre qu'il lui reste 12 minutes à vivre, explique Xavier Constantine. C'est un spectacle humoristique, qui intègre beaucoup d'effets magiques. »

L'homme et la machine dialoguent, avec une part d'improvisation. Un numéro de projection holographique est même prévu dans le scénario, qui est truffé de références à la culture geek. « J'avais envie de parler du temps, c'est ma plus grande source d'inspiration, avec le cinéma, poursuit-il. C'est une véritable source de magie. Quant à l'intelligence artificielle, ça s'est imposé à moi, comme ça s'impose à nous tous. »

Formé à la « magie nouvelle », Xavier Constantine a conçu son spectacle comme une narration, dans laquelle la magie est partie prenante, et non pas comme une succession de tours. « Ce que j'aime par-dessus tout, c'est créer des belles images. Je veux vraiment qu'on puisse observer un objet se déplacer au ralenti. J'oublie le bluff, je préfère émerveiller. »

Manon Haussy

«IA- Intelligence artificielle, magie réelle», vendredi 8novembre au Théâtre de Pibrac. Tarifs: de 11 à 22€.

Midi Libre
MILLAU
jeudi 7 novembre 2024 382 mots

Le coup d'envoi du Festival Alimenterre a eu lieu mardi soir

Le festival Alimenterre est un événement national sur l'alimentation durable et solidaire. Localement, il a lieu en novembre à l'initiative d'Alterna'Bio, du magasin Biocoop et de l'Embobineuse. Le coup d'envoi grand public a eu lieu mardi soir, au cinéma Le Moderne, avec la projection du documentaire Razzia sur l'Atlantique , de Nicolas Van Ingen. Il traite de la surpêche dans les eaux de l'Afrique de l'Ouest, parmi les plus poissonneuses du monde, et de ses conséquences sur la ressource et les populations locales. Une trentaine de personnes a assisté à la projection. Le débat a été animé par Guillaume Bonici, de Saint-Beauzély, militant et salarié de l'association Sea Sheperd, une ONG fondée par Paul Watson qui vise à la protection des océans. Les échanges ont porté sur la société actuelle, la biodiversité marine et la surexploitation des espèces. « D'ici 2050, il n'y aura plus un seul poisson dans l'océan, a déclaré Guillaume Bonici. Les espèces sont surexploitées. » Le matin, au Familial, Guillaume Bonici a échangé sur le documentaire avec dix-huit élèves de seconde du lycée agricole de Vaxergues. L'après-midi, c'était avec soixante-quinze élèves de terminale de la cité scolaire Jean-Jaurès. Ces derniers ont posé davantage de questions. « Ils s'interrogent sur la manière d'agir ça leur échelle, note Guillaume Bonici. Peu de jeunes connaissent l'association Sea Sheperd. » Le prochain rendez-vous du Festival Alimenterre aura lieu demain, à 20 h 30, à la salle des fêtes de Saint-Rome-de-Cernon. Sera projeté le film Traînée de poudre , d'André Chandelle et Patrick Remacle, sorti en 2024. Il traite de la crise du secteur agricole qui touche de plein fouet le secteur laitier. « Avec la fin des quotas, elle a mécaniquement entraîné une surproduction qui influence, à la baisse, le prix payé à la ferme, est-il mentionné dans le synopsis du film. Les matières grasses extraites, il reste une poudre sèche que les industries ont réussi à valoriser. Depuis quelques années, elles ré-engraissent ces résidus de poudre de lait avec de l'huile de palme et inondent à bas prix les pays africains. » Le débat sera animé par Christian Roqueirol, paysan activiste de la Confédération paysanne et de La Via Campesina. Libre participation.

J.-M. C. Guillaume Bonici, de l'association Sea Sheperd, a animé le débat. J.-M. C.

Sud Ouest dimanche - Gironde
Une_Gen, dimanche 17 novembre 2024 22 mots, p. 1

Benoît Biteau : « Un modèle en mutation »

COlère des agriculteurs

P. 6-7

Cinéma / entretien

P. 20

La Voix du Nord
15ARTOIS
LOCALE, jeudi 14 novembre 2024 144 mots, p. 15ARTOIS12
Aussi paru dans
14 novembre 2024 - Nord Éclair

Qui pourrez-vous croiser aujourd’hui ?

L. R.

Deux beaux noms du cinéma français seront à Arras ce jeudi. À 21 h 15, Vincent Lindon présentera au Casino son nouveau film Jouer avec le feu. Une interprétation qui lui a récemment valu la Coupe Volpi à la Mostra de Venise. L’acteur déjà césarisé en 2016 pour La Loi du marché, sera accompagné par Muriel Coulin, réalisatrice et scénariste, et Stefan Crepon, acteur. Autre acteur de renom, Nicolas Duvauchelle sera au Casino à 18 h 15 pour Brûle le sang, thriller réalisé par Akaki Popkhadze et écrit avec Florent Hill qui seront également présents. L’acteur de 44 ans est notamment connu pour ses rôles dans Les Corps impatients (2006), Polisse, La Fille du Puisatier (2011). Ou plus récemment sur Netflix dans la série Les Papillons noirs et le diptyque Balle perdue 1 et 2. L. R.

Sud Ouest dimanche - Dordogne / Lot-et-Garonne
Une_Gen, dimanche 17 novembre 2024 22 mots, p. 1

Benoît Biteau : « Un modèle en mutation »

COlère des agriculteurs

P. 6-7

Cinéma / entretien

P. 20

L'Union (France)
ARN
PAGES LOCALES, lundi 4 novembre 2024 323 mots, p. ARN8

À venir

À venir

Saint-Jean-aux-Bois

Marche Santé Rethel propose 4 marches encadrées de à 10 km, le mardi 5 novembre. Inscription à partir de 13 h 30 à la salle des fêtes. Participation non-adhérent : 2€. 06 77 56 17 54.

Rethel

Restos du coeur: les inscriptions se dérouleront les mardi 5 et mercredi 6 novembre sous l’église St-Remi, de 9 heures à midi et de 13 h 30 à 17 heures. Contact : [email protected]

Cinéma au théâtre Louis Jouvet le mercredi 6 novembres. Projection de « Sauvages » à 14 heures (dès 8 ans), « Maya donne moi un titre » dès 3 ans à 17 heures, et « Lee Miller » à 20 heures. Tarif : 7/4 euros.

Conférence IUTL le jeudi 7 novembre à 14 h 30 en mairie. Henri Cambon présentera le portrait d’une artiste peintre dans la première moitié du XX e siècle, Andrée Lavieille (1887-1960).

Braderie du Secours catholique le vendredi 8 novembre de 13 h 30 à 18 h 30 et le samedi 9 de 10 heures à 15 h 30. Linge de maison, vêtements, jouets, dans la salle sous l’église Saint-Remi. 06 03 66 69 54.

Coucy

Concours de belote organisé par le club de l'Amitié, le samedi 9 novembre à 14 heures. Inscriptions dès 13 heures.

Blanzy-la-Salonnaise

Loto le samedi 9 novembre à la salle des fêtes. Ouverture des portes 18 h 30 ; début du jeu 20 h organisée par l'entente Blanzy-Aire-Balham. Réservations : 06 10 60 24 76

Châtelet-sur-Retourne

Loto le 10 novembre à la salle des fêtes. Dès 13 heures, ouvertures des portes à 10 h 30. Par la Truite du Pont Royal. Réservation au 06 72 61 25 07

Rethel

Concert du choeur Ars Vocalis le dimanche 10 novembre à 19 h 30 en l’église St-Nicolas. Tarif : 20/17 euros.

06 83 62 98 84

Asfeld

Don du sang le mardi 12 novembre de 15 à 20 heures à la salle des fêtes.

Sud Ouest - Bordeaux Agglo
Bordeaux Agglo, samedi 9 novembre 2024 170 mots, p. 18
Aussi paru dans
7 novembre 2024 - Sud Ouest (site web)
9 novembre 2024 - Sud Ouest - Bassin d'Arcachon / Médoc

[De ville en ville...]

Programmé deux fois au Femina, Dany Boon passera aussi par l’Arkéa Arena en décembre 2025

De ville en ville

Bordeaux/Floirac.

Huit ans après avoir quitté l’univers du one-man-show pour se consacrer uniquement au cinéma avec le succès que l’on sait («Bienvenue chez les Ch’tis» notamment), le comédien Dany Boon est de retour sur scène avec un nouveau spectacle, «Clown n’est pas un métier», mis en scène par Isabelle Nanty. En Gironde, sa tournée fera halte à deux reprises au Théâtre Femina de Bordeaux, les 19 et 20février 2025, pour lesquels il reste encore des places. Cela n’a pas empêché Dany Boon d’ajouter de nouvelles dates dans des salles plus imposantes. En Gironde, un troisième spectacle est donc programmé le mercredi 10décembre 2025, à l’Arkéa Arena de Floirac, sur la rive droite bordelaise. Les places pour cette nouvelle représentation, dont les prix oscillent entre 49 et 69euros, sont d’ores et déjà en vente sur les sites habituels.

Archives Romuald Augé/SO

Ouest-France
Nantes Nord-Loire
Page Nord-Loire, vendredi 22 novembre 2024 210 mots, p. OF Nantes Nord-Loire_16

Prix chapelain, premier roman : une sélection de sept livres

La bibliothèque municipale Nelson-Mandela a lancé sa 16 e édition du prix des lecteurs chapelains rebaptisé Prix chapelain, premier roman.

Samedi, le public était invité à découvrir la sélection de ces p²remiers romans, dans une salle où tout rappelle les enquêtes de romans policiers : silhouette dessinée au sol, « polars » suspendus, livres mystérieux, indices…

Sur une quarantaine de livres, sept ont été sélectionnés : La Poète aux mains noires, d’Ingrid Glowacki qui est conseillère juridique ; Toujours l’aimer,de Matthieu Gounelle, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et membre junior de l’Institut universitaire de France ; Les os noirs, d’Agnès Jésupret qui se définit elle-même comme une biographe anonyme pour des gens qui le sont tout autant ; Tombée du ciel, d’Alice Develey, journaliste au Figaro littéraire ; Les enfants du large, de Virginia Tangvald, née en mer, et qui a grandit au Canada, devenue réalisatrice ; Après la brume, d’Estelle Rocchitelli, qui, après des études de cinéma suit un master de création littéraire au Havre ; Nos vendredis, de Nathalie Marquès, passionnée de littérature, de théâtre, et de photographie enseigne les sciences.

Cet article est paru dans Ouest-France

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Indre-et-Loire
indre-et-loire, jeudi 7 novembre 2024 409 mots, p. 9

sortir

Brève

en bref

CINÉMA

Soirée OSS 117 au CGR Centre avec Jean-François Halin

Le vendredi 8 novembre à 19 h 30, le CGR Centre à Tours propose une soirée ciné débat autour du film devenu cultissime OSS 117 : Le Caire nid d’espion , en présence du scénariste Jean-François Halin. Cette soirée est organisée par l’association tourangelle Les Compères Production qui fête ses 10 ans cette année.

À cette occasion, le président de l’association, Jérémy Ciepielewski, a souhaité inviter le scénariste Jean-François Halin pour une rencontre avec les spectateurs. Séance au tarif de 5 € pour les moins de 26 ans et tarif plein à 6 euros.

cabaret théâtre

Le Rocky Show : Tous ensemble pour la SPA de Luynes

Enthousiasmés par un projet proposé par l’association Tap Papattes, La Comédie de Tours et le cabaret Extravagance ont signé pour une participation commune à un spectacle, dimanche, au profit du refuge SPA de Luynes. Comme le dit la directrice du cabaret.

De son côté, Christophe Desaint-Denis, directeur de la Comédie de Tours a invité le jeune humoriste tourangeau Léandre qui écume les comédies club de Paris et que l’on a pu apercevoir dans l’émission de stand-up d’Éric et Ramzy. Avec son humour touchant, il va s’intégrer dans le tableau artistique et les sketchs de Laure Boudie et Adrien Blandamour. À 20 ans, atteint d’alopécie (perte de cheveux), il préfère en rire et a des choses à dire, avec sincérité et courage.

Le Rocky show, cabaret théâtre au profit du refuge SPA de Luynes, dimanche 10 novembre à 17 h, à la salle Oésia, à Notre-Dame-d’Oé. Réservations ouvertes sur helloasso.com/associations/tap-papatte Facebook : Tap papatte.

Exposition

L’artiste Thomas-L s’installe pour trois mois à l’Hôtel Goüin

La Maison d’édition et de création (MEC) et la Galerie Veyssière Sigma à Tours s’associent pour une nouvelle exposition à l’Hôtel Goüin avec l’artiste Toma-L. Après avoir exposé JonOne, c’est avec l’artiste tourangeau Toma-L que s’associe la MEC pour présenter les œuvres de l’artiste dans ce lieu prestigieux de la Ville de Tours.

Cette exposition aura lieu du 14 novembre 2024 au 12 janvier 2025. Durant les 3 mois d’affichage, l’artiste Thomas Labarthe alias Toma-L, aura carte blanche pour déployer et partager son univers « libre et instinctif ».

L’entrée est libre. L’Hôtel sera ouvert du mercredi au dimanche, de 14 h à 19 heures.

 

Le Progrès (Lyon)
Edition du Roannais
Actu | roannais sud, mardi 19 novembre 2024 248 mots, p. ROAN23

Régny

Christophe Royer était en dédicaces à la médiathèque

Samedi 16 novembre, la médiathèque de Régny a accueilli l’auteur Christophe Royer à l’occasion d’une séance de dédicaces. L’écrivain, récemment lauréat du Prix Dora Suarez 2024 dans la catégorie Lyon-polar pour son livre Famille décomposée, a eu le plaisir de rencontrer ses lecteurs. Ce prix, qui représente une étape importante dans sa carrière, est son premier prix majeur.

Auteur de cinq thrillers et de deux romans de science-fiction, Christophe Royer est reconnu pour son écriture directe et percutante, qu’il décrit comme « laser » : simple et efficace, pour éviter de perdre le lecteur dans des détours inutiles.

Originaire de Saône-et-Loire, il a parcouru plusieurs étapes dans sa vie, ayant vécu à Dijon, Orléans et Lyon, avant de revenir s’installer dans sa région natale. Parallèlement à sa carrière littéraire, Christophe Royer travaille dans l’informatique à Lyon et enseigne à l’école de cinéma de la ville. Très impliqué dans la promotion de la culture, il fait aussi partie d’une troupe de théâtre professionnelle, dont l’objectif est d’apporter la culture dans les zones rurales, un engagement qui lui tient particulièrement à cœur.

Lors de cette rencontre à Régny, il a souligné l’importance de faire rayonner la culture dans des régions parfois moins exposées à des événements littéraires. Un moment convivial et enrichissant pour tous les amateurs de polar et de littérature en général.

La Nouvelle République du Centre-Ouest
Indre-et-Loire
indre-et-loire, vendredi 8 novembre 2024 498 mots, p. 9

sortir

Stéphane Bern invité au Dîner des mécènes

Stéphane Bern sera l’invité du « Dîner des mécènes », ouvert au public,à l’Hôtel de ville, organisé par Mécénat Touraine Entreprises.

Pascal Landré

Tours - Stéphane Bern sera l’invité de prestige de la deuxième édition du « Dîner des mécènes » qu’organise l’association Mécénat Touraine Entreprises (MTE) , vendredi 13 décembre, à l’Hôtel de Ville de Tours. Un dîner de gala ouvert au public, chefs d’entreprise et autres, durant lequel Stéphane Bern évoquera les grands enjeux du mécénat comme levier de soutien à la création artistique.

« Le but est très clairement de recruter de nouveaux adhérents pour permettre d’envisager le financement de nouveaux projets, et ce ne sont pas les demandes qui manquent, nous sommes sollicités de toutes parts », observe Aymeric Rouillac, commissaire-priseur et président de MTE depuis l’an dernier.

Des aides culturelles tous azimuts

Après Gonzague Saint Bris en 2017, c’est donc “ l’animateur préféré des Français ”, Stéphane Bern, qui interviendra en fil rouge durant ce « Dîner des mécènes » à l’hôtel de ville Tours , mis gracieusement à la disposition de MTE par la municipalité.

Créé en 1996 par quatre patrons et amis, MM. Findeling, Marchais, Estivin et Chemineau, MTE est un club d’entreprises qui s’engagent pour promouvoir et aider la culture Touraine, en soutenant les acteurs de la création dans des domaines aussi divers que la musique, le théâtre, l’opéra, le street art, le patrimoine, les beaux-arts. « Nous ne sommes pas prisonniers d’un genre, certes nous mécénons l’art officiel mais nous intervenons aussi aujourd’hui hors les murs », précise Aymeric Rouillac.

Plus d’un million d’euros déjà redistribué

Une cinquantaine d’entreprises adhèrent à MTE, incubateur et agitateur de la culture en Touraine, qui, en vingt-huit ans, a collecté et redistribué plus d’un million d’euros pour aider des créations tous azimuts, des spectacles, des concerts, des expositions, des résidences d’artistes…

Récemment, MTE a permis de financer des restaurations d’églises ou d’orgues, des achats d’œuvres, comme les sculptures d’Olivier Debré installées près du CCCOD, des salons littéraires, la biennale XL Art ou le festival Viva el cinema.

Un appel pour gagner son expo au CCCOD

Par ailleurs, cette organisation à but non lucratif lance un appel à candidature aux artistes en arts visuels vivant et travaillant en Val de Loire, pour décrocher une exposition au Centre de création contemporaine Olivier Debré (CCCOD) en 2025. La date limite de dépôt des candidatures auprès de MTE ou du CCCOD est fixée au 8 décembre. Le prix est une aide de 2.000 € d’honoraires pour l’artiste lauréat et 6.000 € pour la production de l’exposition.

Pascal Landré

Le Dîner des mécènes avec Stéphane Bern, le vendredi 13 décembre, de 19 h 30 à 23 h à l’Hôtel de ville de Tours. Réservations sur helloasso.com (le dîner des mécènes). Tarif du dîner (« proposé à prix coûtant ») : 90 € par personne, 720 € la table de huit.

La République du Centre
FDJ Loiret, mercredi 27 novembre 2024 351 mots, p. Loiret-2,Loiret-3

Huit lauréats récompensés,

La soirée entrepreneuriale avait des airs de show télévisé, hier, tandis qu'étaient distribués les huit trophées décernés par La République du Centre et ses partenaires. Un show où les vingt et une entreprises en lice ont présenté leurs belles histoires, leurs belles aventures, sous les rires parfois, les salves d'applaudissements toujours.

Voyez Cilas, spécialiste du laser et particulièrement dans la défense et la sécurité, et qui vient de développer une technologie capable de contrer « la menace émergente des drones » : « Helma-P a été déployé par l'armée aux Jeux olympiques, ça nous a permis d'avoir un excellent retour opérationnel et d'entrer dans une phase d'amélioration avec de nouvelles fonctionnalités, pour attirer plus de clients », décrit avec fierté le directeur général, Olivier Prat. Une aventure qui en finirait presque au cinéma : « On travaille à l'intégration sur les avions, voire les plateformes satellites. Ce n'est pas Star Wars, mais presque ».

« On a tout claqué ensemble en 2020 »

Show toujours, quand les candidats « Jeunes pousses » ont présenté leur création. L'un, sa grande peluche d'abeille à la main; l'autre, intimidé par l'assemblée (un millier d'entrepreneurs, tout de même !), butant sur les mots mais déployant à la place une banderole sous les applaudissements encourageants. La lauréate, Samantha Bailly, remerciant son mari et partenaire : « On a tout claqué ensemble en 2020 pour reprendre un vieux camping abandonné et construire nos tiny houses ».

Du grand show aussi, quand Diego du Réau, président de France Luxury Shirt (FLS), a relaté la façon dont sa société est allée embaucher dans les quartiers défavorisés de l'agglomération de Montargis. Ces femmes isolées, en plus d'accéder à l'emploi, bénéficient d'ateliers d'étirement et de yoga, ou encore de cours de français, en cas de besoin. Les animateurs de la soirée ont alors eu l'excellente idée de faire lever le public : sous la direction d'un Diego du Réau décomplexé, les spectateurs se sont (avec plus ou moins de bonne volonté) essayés aux étirements de jambes, cou, poignet

Citons, enfin, Duralex, société récompensée pour sa survie et son redémarrage. Qu'est-ce qu'une belle soirée, sans une histoire qui finit bien ?

Caroline Bozec [email protected]

Cet article a également été publié dans les éditions suivantes : , page 3

Midi Libre
BEZIERS
vendredi 29 novembre 2024 586 mots

On relâche ses zygomatiques et on s'offre une cure de rire en décembre

Humour vache ou tendre, cynique ou cinglant, farfelu ou décapant... Le mois de décembre est-il un mois béni pour les humoristes ? Il faut croire car les spectacles sont nombreux dans le Biterrois.

1. Festival de l'humour de Bédarieux Bédarieux accueille son 2 Festival de l'humour avec, en têtes d'affiche : Laura Calu et Pablo Mira. La première se qualifie elle-même « d'humoriste dépressive, pas du tout bienveillante, qui s'énerve tout le temps ». C'est grâce aux réseaux sociaux que la trentenaire a su imposer son talent. Son 2 opus s'intitule Senk et dépote, façon combat de gladiateurs. Prêts à lever ou baisser le pouce ? Pablo Mira, lui, est le Lucky Luke de la punchline cruelle et assassine mais tellement drôle, qui dégaine plus vite que son ombre. Son nouveau one man show, Passé simple , plonge au coeur des années 1990. « Famille, sexualité, nouvelles technologies... autant de thèmes sur lesquels Pablo partagera sa vision et ses vérités (toutes personnelles) sur fond de culture pop 90 ». Laura Calu, samedi 30 novembre, à 21 h, et Pablo Mira, dimanche 1 décembre, à 18 h. La Tuilerie, avenue des Justes-parmi-les-Nations, à Bédarieux. Tarifs : 20 euros, 15 euros et 10 euros. Réservations au 04 67 95 48 27. 2. Sellig et son "Épisode 6" Révélé au grand public, dans les années 1990, par l'émission Graines de star , Sellig a bénéficié du marrainage d'Anne Roumanoff. Avec son Épisode 6 , il « va encore plus loin dans l'exploration de notre quotidien » et « décortique avec un humour piquant et une précision diabolique des situations en apparence banales ». Vendredi 6 décembre, à 20 h 30. Zinga Zanga, traverse de Colombiers, à Béziers. Tarifs : 32 euros et 29 euros. Réservation au 04 67 50 39 56. 3. "On est ensemble" avec Inès Reg On ne saurait réduire Inès Reg à cette réplique, certes culte, des paillettes et de Kévin mais c'est bien elle qui a propulsé l'apprentie comédienne sur le devant de la scène, en 2019. Après le Jamel Comedy Club ou le Marrakech du rire, elle a fréquenté les plateaux télé et de cinéma. Dans On est ensemble , elle promet une soirée déjantée, « une explosion de kiff et de partage ».Samedi 7 décembre, à 20 h. Zinga Zanga, traverse de Colombiers, à Béziers. Tarif : 49 euros. Renseignements au 0 4 99 41 36 36.

4. "Le Discours" de Simon Astier Dans la famille des saltimbanques Astier, je demande le frère ou le fils. Simon Astier, inoubliable dans Kaamelott , revient avec Le Discours, l'adaptation du roman éponyme et brindezingue de FabCaro. « L'écriture est millimétrée, l'interprétation d'une précision d'orfèvre, le résultat est un bijou d'humour sur fond d'anxiété et de manque de confiance en soi. On a adoré ! » , s'enthousiasme le magazine Theatreonline.com. Dimanche 15 décembre, à 17 h. Zinga Zanga, traverse de Colombiers, à Béziers. Tarifs : 38 euros et 35 euros. Renseignements au 04 67 50 39 56. 5 Laurie Peret nous dit "À bientôt quelque part" Laurie Peret revient sur les planches avec son 2 spectacle où, toujours sublimée par la musique, elle se penche sur sa naissance et ses origines. « Des blagues, des chansons mais surtout des astuces, " À bientôt quelque part" est plus qu'un spectacle... Un coaching en lifestyle (en espérant que tu aies une bonne mutuelle) » , s'amuse-t-elle sur ses réseaux sociaux. Jeudi 19 décembre, à 20 h. Zinga Zanga, traverse de Colombiers, à Béziers. Tarif : 39 euros. 04 67 36 76 77. Laura Calu sera au festival de l'humour de Bédarieux. MICHAËL AVELO

La République du Centre
Magazine Loiret, jeudi 28 novembre 2024 149 mots, p. Loiret-26

Baptiste Lecaplain et Claire Chust

Comédie en vue. Vendredi, le cinéma Pathé Orléans accueille l'équipe du film d'Arnaud Lemort, à savoir les comédiens Claire Chust et Baptiste Lecaplain.

Ils incarnent l'une la fille d'un célèbre psychanalyste, l'autre l'un de ses patients très angoissé.

Le Dr Béranger, interprété par Christian Clavier, est un célèbre psychanalyste à qui tout réussit. Sa vie serait parfaite s'il n'y avait pas ce patient très angoissé et extrêmement collant : Damien Leroy. Pour enfin s'en débarrasser, il lui fait croire que le seul moyen de guérir est de trouver le grand amour. Mais alors qu'il s'apprête à fêter ses 30 ans de mariage, sa fille lui annonce qu'elle a enfin trouvé l'homme de sa vie qui n'est autre que Damien. La fête va virer au cauchemar.

Orléans. Projection en avant-première vendredi 29 novembre à 20 h 15, suivie d'une rencontre avec Claire Chust et Baptiste Lecaplain.

La Tribune (Sherbrooke, QC) (site web)
Actualités locales, vendredi 1 novembre 2024 - 08:00:00 633 mots

Quoi faire ce week-end en Estrie

La Tribune

Spectacles, événements sportifs et activités: voici les principales activités qui se tiendront en Estrie pendant la fin de semaine du 1er au 3 novembre.

Cinéma

Mommyà la Maison du cinéma

Le film culte de Xavier Dolan Mommy sera projeté le dimanche 3 novembre à la Maison du cinéma à l’occasion des 10 ans de la production. Le réalisateur sera disponible en visioconférence pour un échange après la diffusion.

Billet 10 $ adultes

Cinéma adaptatif à La Maison du cinéma

La Maison du cinéma présente le samedi 2 novembre une première dans le cinéma adaptatif. La réalisation V F C réinvente le modèle cinématographique traditionnel et permet d’élaborer sur le champ une bande sonore adaptée à l’activité cognitive du spectateur.

Billet 12,25 $ admission générale

Musique

Harry Manx au Granada

Le musicien blues et folk Harry Manx sera de passage au Théâtre Granada le samedi 2 novembre accompagnée de l’autrice-compositrice-interprète Geneviève Jodoin.

Billet 47 $ adultes

Maude Audet au Centre culturel

Dans le cadre de la série Les vendredis autour du feu, la chanteuse folk pop Maude Audet sera en spectacle au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke le 1er novembre.

Billet 36 $ adultes / 26$ étudiant

Étienne Dufresne à La Petite Boîte Noire

L’auteur-compositeur-interprète présentera son tout dernier album Étienne Dufresne fait des efforts à La Petite Boîte Noire le samedi 2 novembre. Il a fait paraître en 2020 sa première compilation Sainte-Colère avant de sortir Excalibur en 2021.

Billet 24 $ adultes

Boogát et Sonido Pesao à La Petite Boîte Noire

Les deux artistes promettent une soirée musicale latine à La Petite Boîte Noire. Les Sherbrookois sont invités sur un DJ set le vendredi 1er novembre.

Billet 25 $ adultes / 20 $ étudiant

Patrick Norman au Vieux Clocher de Magog

Le Vieux Clocher de Magog reçoit le samedi 2 novembre le chanteur country québécois Patrick Norman. Dans son spectacle Si on y allait, l’artiste revisite son répertoire bâti depuis les 50 dernières années. Il offrira également quelques-uns de ses nouveaux titres.

Billet 54 $ adultes

Humour

Sylvain Larocque au Centre culturel

L’humoriste sera en rodage au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke le samedi 2 novembre. Il présente son cinquième spectacle J’travaille là-dessus.

Billet 36 $ adultes / 26$ étudiant

Daniel Lemire au Vieux Clocher de Magog

Le Vieux Clocher de Magog reçoit le vendredi 1 novembre l’humoriste Daniel Lemire qui célèbre 40 ans de métier. En stand up, il revisite de grandes lignes de l’actualité.

Billet 48 $ adultes

Sports

Vert & Or contre Rouge & Or

L’équipe féminine et masculine de volleyball du Vert & Or de l’Université de Sherbrooke affronte à domicile le Rouge & Or de l’Université Laval le vendredi 1er novembre dès 18h.

Volontaires du Cégep de Sherbrooke

L’équipe de football collégial division 2 de Sherbrooke sera en duel contre les Condors de Beauce-Appalaches le samedi 2 novembre en quart de finale de la saison régulière.

L’équipe masculine de basketball du Cégep de Sherbrooke affronte le vendredi 1er novembre et le dimanche 3 novembre l’équipe du Collège Jean-de-Brébeuf et du Cégep de Thetford.

Jeunesse

Ariane DesLions au Granada

L’autrice-compositrice-interprète Ariane DesLions sera en spectacle au Théâtre Granada le dimanche 3 novembre. Elle propose aux tout-petits un rendez-vous musical manouche, traditionnel et folk. En plus de quelques numéros de théâtre et d’art clownesque.

Ateliers de création au Musée des beaux-arts de Sherbrooke

Tous les samedis, le Musée des beaux-arts tient l’atelier À la manière des artistes de la collection. Les familles sont invitées en matinée pour participer à l’activité. Les expositions L’écologie du paysage de la Biennale des artistes des Cantons-de-l’Est et Ballade en forêt sont aussi ouvertes au grand public.

Cet article est paru dans La Tribune (Sherbrooke, QC) (site web)

Canada NewsWire (français)
Économie, vendredi 22 novembre 2024 - 07:30:00 UTC -0500 551 mots

Des collations si spectaculaires qu'elles méritent une suite : profitez d'un remplissage GRATUIT à l'achat de collations de grand format chez Cineplex

Cineplex

Cineplex offre un rapport qualité-prix encore meilleur pour ses collations

TORONTO, le 22 nov. 2024 /CNW/ - (TSX: CGX) - Votre expérience de collation au cinéma prend toute son ampleur avec des collations épiques qui méritent une suite! En tant que chef de file du divertissement et des médias au Canada, Cineplex est heureuse de lancer son programme de remplissage gratuit, qui permet à ses invités de profiter encore plus de leur expérience, tout en savourant leurs collations préférées au cinéma. Pour en profiter, il leur suffit d'acheter un maïs éclaté ou une boisson en fontaine de grand format dans les cinémas Cineplex de tout le pays pour porter leur expérience de grignotage vers de nouveaux sommets.

« Offrir à nos invités un remplissage gratuit de leur maïs éclaté et de leur boisson en fontaine de grand format leur permet de profiter pleinement de leurs collations au cinéma et même d'en avoir assez pour finir de les savourer à la maison », a déclaré Kevin Watts, vice-président directeur, Cinémas et destinations de restauration et de divertissement, Cineplex.

Achetez un maïs éclaté ou une boisson en fontaine de grand format au cinéma ou par l'entremise de la commande mobile de Cineplex et rendez-vous aux comptoirs alimentaires pour un remplissage gratuit! Offre valable le même jour, lors de la même visite. Cette offre ne s'applique pas aux commandes avec livraison.

Passez à votre cinéma Cineplex pour en apprendre plus, et suivez-nous sur Instagram (@cinemascineplex), X (@cinemascineplex) et sur Facebook (@cinemascineplex).

À propos de Cineplex

Cineplex (TSX : CGX) est une marque canadienne de premier plan dont les activités se concentrent dans les domaines du cinéma et du contenu filmé, du divertissement et des loisirs, ainsi que des médias. Cineplex offre à des millions d'invités la possibilité de s'évader du quotidien grâce à son circuit de plus de 168 cinémas et emplacements de divertissement. En plus d'être le plus grand et le plus innovant des exploitants de salles de cinéma au Canada, Cineplex exploite aussi les complexes conçus spécialement pour les adolescents et les familles (Playdium) et les destinations de restauration et de divertissement The Rec Room (« Bouffe, Jeux, Spectacles »), ainsi qu'un concept de divertissement qui réunit sous un même toit les films, les jeux, les restaurants et les spectacles en direct (Cineplex Junxion). L'entreprise exploite en outre des entreprises à succès dans le secteur du commerce numérique (CineplexStore.com), de la programmation complémentaire (Événements Cineplex), de la distribution de films (Cineplex Pictures), des médias cinématographiques (Cineplex Média) et des médias numériques fixes (Cineplex Média numérique ou CMN). Cineplex est partenaire de Scène+, le plus important programme de fidélisation axé sur le mode de vie et le divertissement au Canada, ce qui lui permet d'offrir un rapport qualité-prix encore meilleur à ses invités.

Fière d'être reconnue comme l'une des cultures d'entreprise les plus admirées au Canada, Cineplex emploie plus de 10 000 personnes dans ses bureaux et emplacements canadiens et américains. Pour en apprendre davantage, consultez le site Cineplex.com.

SOURCE Cineplex

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La Presse (site web)
Arts, lundi 7 octobre 2024 - 06:00 UTC -04:00 937 mots
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7 octobre 2024 - La Presse+

L’ancien Théâtre Cartier va renaître

La vie, la ville

Émilie Côté

La Presse

Notre journaliste se balade dans le Grand Montréal pour parler de gens, d’évènements ou de lieux qui font battre le cœur de leur quartier

C’est un ancien cinéma et un théâtre d’une grande valeur historique dont parle Gabrielle Roy dans son roman Bonheur d’occasion. À son ouverture en 1929, sa directrice artistique était nulle autre que Rose Ouellette, la célèbre Poune.

Vacant depuis une dizaine d’années, le Théâtre Cartier aura un nouveau propriétaire, la Fondation Fabienne Colas, et il pourra accueillir à nouveau le public rue Notre-Dame Ouest, dans le quartier Saint-Henri.

Quand Fabienne Colas a fait une première visite de l’endroit avec son courtier immobilier au début de l’année, elle a été agréablement surprise. Avant de franchir la porte, elle craignait pour l’état des lieux, car elle avait le souvenir plutôt triste d’une visite dans un autre cinéma à l’abandon, L’Empress, rue Sherbrooke dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce. « C’était décourageant et même dangereux. L’Empress était en ruine », se remémore la productrice, actrice et entrepreneure.

Le Théâtre Cartier et l’Empress sont deux anciens cinémas de type palace décorés par Emmanuel Briffa . Ce dernier a enjolivé plus de 150 cinémas en Amérique du Nord, dont de multiples à Montréal : le Rialto, le Théâtre Outremont, le Cinéma Château, le Théâtre Granada (devenu le Théâtre Denise-Pelletier), le Corona, etc  ⁠1.

Sur le site d’Héritage Montréal, on apprend que le Théâtre Cartier a servi d’entrepôt avant de devenir une salle de danse pour adolescents et une boîte de nuit.

Pendant une trentaine d’années, il a été loué par le Collège Dawson pour son programme des arts de la scène, mais depuis 2010, il est inoccupé.

En 2023, le Cinéma Public – qui occupe temporairement la Casa Italia – avait déposé une promesse d’offre d’achat qui avait été acceptée par l’ancien propriétaire, mais l’inspection a relevé des coûts de rénovation trop élevés pour l’organisme à but non lucratif.

Le futur Théâtre Colas

Pour sa part, Fabienne Colas espère que le Théâtre, qui portera son som de famille, pourra ouvrir en mai 2027. Elle doit passer chez le notaire pour conclure l’achat de la bâtisse (en vente – avant les négociations – au prix de 2,5 millions de dollars). Elle préfère toutefois demeurer discrète quant au coût des importants travaux à venir.

Ces derniers impliquent de réduire la salle principale à 500 places, d’aménager une autre salle et une galerie à l’étage, et un cabaret au sous-sol. Au total, 1200 personnes pourraient fréquenter en même temps les installations multifonctionnelles. Fabienne Colas parle de projections de films, de conférences, d’arts visuels, de festivals, d’espaces de travail partagé… « Je veux que les lieux vivent en tout temps », résume-t-elle.

Kim Pham, de la firme NEUF, sera l’architecte principale du projet. L’immeuble est classé « d’intérêt patrimonial », donc seule la façade – en bon état – doit être préservée.

« Actuellement, aucun lieu [destiné] à la diffusion cinématographique n’existe dans le Sud-Ouest », fait valoir la Fondation Colas dans son document de présentation, alors qu’avant l’arrivée de la télévision, on en comptait près d’une vingtaine, que ce soit le Century Theatre dans Ville-Émard ou le Vogue Theater dans Pointe-Saint-Charles.

Réal Barnabé, cofondateur de la Fondation Colas et vice-président de son conseil d’administration, vante la force de Fabienne Colas de concrétiser des rêves qualifiés de « pas réalistes » par certains. « Fabienne, il suffit de lui entrouvrir une porte pour qu’un projet aboutisse », dit l’ancien président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.

La principale intéressée affirme que son projet d’acquisition de salle est dans la continuité de ses actions.

Mon but a toujours été de créer des plateformes pour donner une voix et une vitrine à des artistes qu’on ne voit pas.

Fabienne Colas

La Fondation Fabienne Colas est derrière Haïti en Folie et le Festival international du film black de Montréal, qui a des antennes entre autres à Toronto et à Halifax, mais aussi au Salvador. « Chaque année, nous avons de la difficulté à trouver des salles de diffusion », souligne par ailleurs Réal Barnabé.

« Reconnecter avec l’histoire »

La Poune a été la première femme en Amérique du Nord à avoir dirigé deux théâtres, soit le Cartier puis le National. Fabienne Colas vante pour sa part le fait qu’elle serait « la première femme noire issue de l’immigration » à acquérir une salle de diffusion d’importance à Montréal. « C’est à l’image de l’évolution de Montréal et de sa démographie », fait-elle valoir.

On peut néanmoins rappeler qu’Oscar Peterson et Oliver Jones ont grandi dans Saint-Henri alors que le quartier avoisinant de La Petite-Bourgogne fut un haut lieu de l’histoire du jazz à Montréal, autrefois surnommé le « Harlem du Nord ».

Fabienne Colas et son équipe espèrent que le Théâtre Colas pourra présenter dans le Sud-Ouest une programmation cinématographique d’auteur et québécoise semblable à celle offerte au Cinéma Beaubien, par exemple.

Des représentants de l’industrie du cinéma l’appuient déjà dans son projet de lieu de diffusion indépendant, dont le distributeur Louis Dussault, de K-Films Amérique.

Consultezle site du projet

1. Liseznotre série sur d’anciens cinémas

Cet article est paru dans La Presse (site web)

La Dépêche du Midi
Aveyron ; Lot
Locale, mardi 24 septembre 2024 542 mots, p. 24

Figeac

Salle comble pour l'anthropologue Philippe Descola à l'Astrolabe

La ciné-rencontre organisée par Vigilance OGM 46 (VO46) et l'Astrolabe du Grand Figeac avec le célèbre anthropologue Philippe Descola a fait carton plein, au point que le cinéma a dû refuser une cinquantaine de personnes faute de place ! « Ça a été une formidable soirée, reconnaît Rémy Pesant, faucheur volontaire et coordinateur de l'événement pour VO46. Et une sorte de consécration pour nous, qui l'avions invité lors d'éditions précédents de la Fête des Faucheurs, mais son calendrier ne lui avait alors pas permis de venir. Cette rencontre est pour tous et toutes un grand moment d'éducation populaire ».

La soirée de jeudi a débuté avec la projection du documentaire « Composer les mondes » d'Eliza Lévy (2020). Puis, pendant plus d'une heure et demi, le chercheur en philosophie et en anthropologie, qui copréside l'association des Soulèvements de la terre, a échangé avec le public, témoignant de qualités essentielles dans ces disciplines : le sens de l'écoute et la curiosité, l'humour et l'engagement. La soirée était animée par Pierre Guillaume Paris, docteur en philosophie et en épistémologie, que les lycéens de Champollion ont la chance d'avoir en professeur de SES (et non pas en philosophie comme écrit par erreur). Dans le hall du cinéma, la librairie Champollion, également partenaire de l'événement, présentait sur son stand de nombreux ouvrages de Philippe Descola, à côté du stand de VO46. Petite consolation pour ceux qui seraient repartis avant la rencontre : l'enregistrement vidéo du débat sera disponible d'ici quelques jours sur le site de l'association : vo46.wordpress.com

La ciné-rencontre organisée par Vigilance OGM 46 (VO46) et l'Astrolabe du Grand Figeac avec le célèbre anthropologue Philippe Descola a fait carton plein, au point que le cinéma a dû refuser une cinquantaine de personnes faute de place ! « Ça a été une formidable soirée, reconnaît Rémy Pesant, faucheur volontaire et coordinateur de l'événement pour VO46. Et une sorte de consécration pour nous, qui l'avions invité lors d'éditions précédents de la Fête des Faucheurs, mais son calendrier ne lui avait alors pas permis de venir. Cette rencontre est pour tous et toutes un grand moment d'éducation populaire ».

La soirée de jeudi a débuté avec la projection du documentaire « Composer les mondes » d'Eliza Lévy (2020). Puis, pendant plus d'une heure et demi, le chercheur en philosophie et en anthropologie, qui copréside l'association des Soulèvements de la terre, a échangé avec le public, témoignant de qualités essentielles dans ces disciplines : le sens de l'écoute et la curiosité, l'humour et l'engagement. La soirée était animée par Pierre Guillaume Paris, docteur en philosophie et en épistémologie, que les lycéens de Champollion ont la chance d'avoir en professeur de SES (et non pas en philosophie comme écrit par erreur). Dans le hall du cinéma, la librairie Champollion, également partenaire de l'événement, présentait sur son stand de nombreux ouvrages de Philippe Descola, à côté du stand de VO46. Petite consolation pour ceux qui seraient repartis avant la rencontre : l'enregistrement vidéo du débat sera disponible d'ici quelques jours sur le site de l'association : vo46.wordpress.com

Le Monde
Culture, lundi 16 septembre 2024 1173 mots, p. 28
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14 septembre 2024 - Le Monde (site web)

Au festival de Toronto, polémique autour du fim « Russians at War »

La projection du film d’une cinéaste russo-canadienne a été suspendue

Emmanuel Grynszpan et Anna Koriagina

Témoignage unique ou insidieuse propagande russe ? Russians at War (« les Russes en guerre »), un film documentaire de deux heures qui suit la vie de soldats russes combattant en Ukraine et qui leur donne la parole, suscite une vive polémique partout où il est projeté. Jeudi 12 septembre, le Festival international du film de Toronto a pris une mesure « sans précédent », consistant à « mettre en pause » toutes les projections du film de la réalisatrice russo-canadienne Anastasia Trofimova. « Cette décision a été prise afin d’assurer la sécurité de tous les invités, du personnel et des bénévoles », explique un communiqué du festival.

Deux jours plus tôt, la chaîne éducative canadienne TVO, qui a coproduit le film, annonçait dans son communiqué ne plus vouloir soutenir ni diffuser Russians at War, après avoir « écouté la communauté ukrainienne canadienne et ses commentaires réfléchis et sincères ». Les voix critiques reprochent au film de présenter les soldats russes sous un jour favorable, tandis que le contexte et la souffrance des Ukrainiens sont occultés.

La polémique avait démarré à la Mostra de Venise, où le film était projeté hors compétition le 6 septembre. Parmi les voix discordantes figure celle du critique de cinéma russe exilé Anton Dolin, qui écrit sur sa page Facebook que le film « devrait faire l’objet non pas d’une critique, mais d’une enquête ». Une allusion à l’un des aspects les plus litigieux de Russians at War: ses conditions de tournage.

Sept mois sur le front

De son côté, Anastasia Trofimova clame que son film est « antiguerre » et qu’elle juge l’invasion russe en Ukraine « illégale et injustifiée ».Cette trentenaire aux longs cheveux noirs affirme avoir tourné pendant sept mois sur le front des soldats russes sans l’autorisation du ministère de la défense. Or l’état-major russe, qui place la guerre de l’information au cœur de sa doctrine militaire, ne tolère la présence de « journalistes » que très étroitement encadrés. Des points de contrôle sont installés sur toutes les voies d’accès au front et les identités sont soigneusement vérifiées.

Mais dans un entretien accordé au Monde depuis Toronto, Mme Trofimova affirme au contraire que « le front est une zone de chaos, loin des états-majors »et que, vêtue d’un uniforme militaire russe, elle n’a eu aucune peine à se cacher au sein de l’unité qui avait accepté sa présence. « Le commandant, lorsqu’il a découvert ma présence, m’a maudite mais a préféré regarder ailleurs plutôt que d’avertir le FSB [le tout-puissant service de sécurités russe], ce qui aurait pu lui attirer des problèmes. »

La réalisatrice, qui possède une longue expérience des terrains de guerre, souligne avoir pris soin de protéger les soldats visibles à l’écran en n’indiquant aucun lieu, date, nom de famille ou d’unité. Sauf que leurs visages découverts rendent aisée leur identification par les fonctionnaires du ministère russe de la défense.

Une autre hypothèse est que le travail passé d’Anastasia Trofimova pendant sept ans (de 2014 à 2020) au sein de la chaîne Russia Today (RT) a pu mettre la hiérarchie militaire en confiance. Cette chaîne de propagande, au service de Vladimir Poutine, est interdite de diffusion dans l’Union européenne depuis 2022. La réalisatrice rétorque n’avoir travaillé que pour la branche documentaires de RT qui a produit onze de ses films, lesquels sont toujours visibles en ligne. De cette période, affirme-t-elle, « je ne regrette rien. J’ai posé deux conditions à cette collaboration : pas de voix off ni de présentateur, et RT les a respectés ».

Le film lui-même donne la parole à des soldats russes qui récitent à tour de rôle la totalité du corpus des mythes forgés par le Kremlin sur la « dénazification » et la « guerre civile » en Ukraine ; un pays qui aurait « abandonné » le Donbass, « détruit la mémoire des héros soviétiques » ; tandis qu’en 2014, « tout Donetsk s’est levé contre l’Ukraine ». Jamais leur responsabilité individuelle n’est envisagée, ni celle de la Russie ou de ses dirigeants. A la place, on y trouve les sempiternelles accusations contre les Etats-Unis, l’OTAN et l’Occident menaçant la Russie. Si la motivation des soldats pour s’engager et pour combattre est évoquée, il s’agit toujours de « patriotisme », de « vengeance pour les camarades tombés », tandis que l’argent n’est suggéré que du bout des lèvres. Il n’aurait pas été vain de préciser que l’argent est leur motivation principale, car les soldats russes, pour la plupart venus de régions paupérisées, touchent l’équivalent de dix fois le salaire russe moyen pour tuer des Ukrainiens.

Pans de la réalité occultés

« Je filme du cinéma-vérité, se justifie Mme Trofimova. Je n’aime pas les voix off, il faudrait expliquer au spectateur ce qu’est le salaire moyen.(…) Je n’aime pas les documentaires qui donnent une opinion. Mon travail consiste à aller là où personne ne va et d’observer l’âme des personnages, sans préjugé. »

Sauf que cette neutralité affichée occulte une suppression de pans entiers de la réalité n’allant pas dans le sens général du film, qui consiste à dépeindre les soldats russes comme des victimes. A aucun moment des cent vingt minutes de Russians at War, les soldats ne font face à une contradiction. Le spectateur n’a jamais droit à une contextualisation rappelant les faits essentiels de la guerre : son déclenchement par Vladimir Poutine, les massacres et viols de civils à Marioupol, Boutcha, Izioum, etc. ou les exécutions répétées de prisonniers de guerre ukrainiens. Anastasia Trofimova préfère les filmer pleurant la mort de leurs camarades, se livrant à des beuveries, caressant des animaux, se plaignant de leurs compagnes, ou enfilant des banalités sur «[leurs] destins brisés », « l’absurdité de la guerre », etc.

Au terme du film, la réalisatrice finit par succomber à la tentation de donner son opinion. On entend sa voix hors cadre dire que ses personnages «ne sont ni des Supermen ni des méchants» et que « le véritable objectif de cette guerre continue d’être peu clair pour[elle] ». Une touche de confusionnisme mettant agresseurs et agressés sur le même plan, qui n’est pas sans rappeler la thèse centrale des idéologues de RT : il n’y a pas de faits, que des opinions ; tout le monde ment et chacun a sa propre vérité.

La sélection du film dans deux prestigieux festivals démontre qu’Anastasia Trofimova a su habilement exploiter la curiosité pour « le côté russe » avec un produit conforme aux codes du documentaire contemporain.

Russians at War a été produit par la société française Capa presse, et a bénéficié de l’avance du Centre national du cinéma et de l’image animée de 39 400 euros – somme attribuée sans visionnage du film. La chaîne Arte France, qui précise au Monde« n’avoir pas soutenu financièrement la version présentée à Toronto » , envisage dans les mois à venir une diffusion du documentaire dans une version de cinquante-deux minutes.

Le Monde
Culture, lundi 9 septembre 2024 1311 mots, p. 28
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7 septembre 2024 - Le Monde (site web) La Matinale du Monde

Cinéma

Sexe, plaisir et politique à la Mostra de Venise

La 81e édition du festival a présenté une sélection orientée sur le désir et l’exploration des corps, les films les plus attendus se révélant décevants

Clarisse Fabre

Trouble dans la sexualité, pourrait-on dire pour paraphraser le « trouble dans le genre » théorisé par Judith Butler : car le plaisir, l’exploration d’autres rapports au corps, ainsi que la volonté de faire sauter des tabous ont nourri un certain nombre de scénarios, tout au long de la Mostra de Venise, laquelle s’achèvera samedi 7 septembre avec la remise du Lion d’or et autres récompenses. Le jury présidé par Isabelle Huppert sera-t-il sensible à ces nouveaux dialogues amoureux, ou bien préférera-t-il consacrer des œuvres davantage connectées à l’actualité politique, notamment sur le racisme et l’extrême droite, autres thèmes forts de cette édition ?

La compétition aura parfois été laborieuse, avec peu d’excellents films, et des durées dépassant souvent les deux heures. Les œuvres attendues, Maria, de Pablo Larrain, The Room Next Door, de Pedro Almodovar, The Joker. Folie à deux, de Todd Phillips, Queer de Luca Guadagnino etc., ont été globalement décevantes. Ce sont des cinéastes moins identifiés, particulièrement des réalisatrices, qui ont émergé. Du moins une poignée, puisque seulement six films sur vingt et un concourant pour le Lion d’or ont été réalisés par des femmes.

Le thriller érotique Babygirl, de la Néerlandaise Halina Reijn, a ouvert le bal, marquant le retour de Nicole Kidman dans un rôle sulfureux. L’actrice australienne y incarne une grande patronne qui noue une relation sexuelle de soumission avec un jeune stagiaire. Ce film au suspense millimétré interroge les désirs enfouis, et dynamite les relations de pouvoir, la big boss n’étant pas à l’abri d’une dénonciation de cette aventure illicite au sein de l’entreprise. S’il jette un pavé dans le cinéma policé de l’ère post-#metoo, Babygirl ne met pas un coup de poignard dans le dos des femmes. Au contraire, il acte une forme de résistance. A un collègue qui la menace de chantage, le personnage de Nicole Kidman assène cette réplique, qui restera comme une punchline de cette édition : « Si je veux me faire humilier, je peux payer quelqu’un pour ça. »

De même, on se souviendra de cette ligne de dialogue, dans le solaire Diva Futura, de l’Italienne Giulia Louise Steigerwalt, qui revisite l’essor du cinéma porno en Italie, dans les années 1980-1990, sous la houlette de Riccardo Schicchi (1953-2012) : « On est amoral, pas immoral », explique le photographe et réalisateur (interprété par Pietro Castellitto), qui défend les films de sexe comme un art et un aboutissement de l’amour libre – l’une des actrices, Ilona Staller, entrera au Parlement sous le nom de « Cicciolina ». Mais cette imagerie peace and lovedu porno fera long feu, avec l’industrialisation du X et l’exploitation des acteurs et actrices.

Coup de cœur pour « Love »

Parmi les autres bonnes surprises, citons aussi l’expérimental April, de la Géorgienne Dea Kulumbegashvili, née en 1986. Long-métrage qui suit les déplacements d’une sage-femme, à bord de sa voiture, naviguant entre la clinique où elle enchaîne les accouchements, et les maisons reculées où elle pratique des avortements clandestins – de nouvelles restrictions ont été apportées au droit à l’IVG, en Géorgie, en 2023. Sur le chemin, une sexualité faite de rencontres furtives, et hors champ. Le travail sur le son donne une texture fantastique à ce récit stupéfiant et d’une froideur rare.

Enfin, à la veille du palmarès, est apparu le doux et radical Love, du Norvégien Dag Johan Haugerud. Un coup de cœur pour cette chronique, à Oslo, des amours non conventionnelles d’une oncologue, traitant les cancers de la prostate, et d’un infirmier aux petits soins d’un patient. La trilogie Sex, Dreams, Love,devrait sortir en salle, en France, le 25 mars 2025.

Au regard de ces œuvres qui redessinent la carte du Tendre, le marivaudage des Trois amies, d’Emmanuel Mouret, aussi fluide soit-il dans son récit, est apparu daté avec toujours les mêmes enjeux de jalousie, de tromperie, qui tournent en boucle… D’autres films français ont su étonner, par l’amplitude de leur récit, comme Leurs enfants après eux, de Zoran et Ludovic Boukherma, portrait de deux adolescents (Paul Kircher et Sayyid El Alami), ennemis jurés et futurs perdants, dans une région en pleine désindustrialisation, dans les années 1990.

Le film des frères Boukherma est travaillé comme un western, au risque parfois d’une violence à l’emporte-pièce, avec un Gilles Lellouche survolté, dans le rôle d’un père ivrogne et invivable. Plus réussi est le chef de famille incarné par Vincent Lindon, dans Jouer avec le feu, de Delphine et Muriel Coulin – réalisatrices de Voir du pays, présenté à Cannes en 2016 (Un certain regard). Lindon y campe un cheminot, veuf, qui vit avec ses deux fils en Lorraine : l’un (Stefan Crepon) se lance dans des études littéraires prometteuses, l’autre (Benjamin Voisin) s’apprête à rejoindre des groupuscules d’extrême droite. Mais la réalité est plus complexe. Malgré des trajectoires différentes, les deux frères demeurent soudés, capables encore de se parler. Le trio est juste, les dialogues n’en disent pas trop et la fin est plus subtile qu’un happy end.

Autre fresque réussie sur la question des suprémacistes blancs, aux Etats-Unis, au début des années 1980, The Order, de l’Australien Justin Kurzel. Film porté par Jude Law, dans la peau d’un agent du FBI qui tente de démanteler un groupuscule raciste, dans l’Etat de l’Idaho. Ces jeunes illuminés dévalisent des banques et s’achètent des armes, persuadés de pouvoir renverser l’Etat fédéral. Ils s’appuient sur une sorte de « bible » futuriste, intitulée The Turner Diaries, publié en 1978 par William Luther Pierce, décrivant les opérations dévastatrices à mener.

Plus qu’un film historique, The Orderfait écho à l’actualité américaine et, à ce titre, fait froid dans le dos. En effet, le 6 janvier 2021, lors de l’assaut du Capitole par les trumpistes qui refusaient d’accepter la défaite à la présidentielle du milliardaire américain, des références aux mêmes Turner Diaries ont été trouvées sur les réseaux sociaux.

Perles en sections parallèles

Ce choix d’inscrire en compétition Jouer avec le feu et The Order n’est sans doute pas neutre, de la part du directeur artistique de la Mostra, Alberto Barbera, alors que la Biennale de Venise est désormais présidée par l’intellectuel Pietrangelo Buttafuoco : nommé en 2023, il est un soutien affiché de la première ministre italienne d’extrême droite, Giorgia Meloni.

On a aussi trouvé des perles, dans les sections parallèles, elles étaient même nombreuses ! Encore fallait-il trouver le temps de les voir, une fois avalées les cinq à six heures de projection quotidienne de la compétition. Parmi la dizaine de films visionnés, nous a emballés No Sleep Till, d’Alexandra Simpson, à la Semaine internationale de la critique. Voilà un pur film d’atmosphère, avec pour seule trame la perspective de l’arrivée d’un ouragan, dans une petite ville de Floride. Tout autour, l’attente des habitants, le départ, des destins qui se jouent les jambes pendantes dans la piscine d’un motel.

Quant au Philippin Lav Diaz, qui a reçu le Lion d’or en 2016 avec The Woman Who Left,il dessine avec Phantosmia (quatre heures), dans la section Fuori Concorso, le sublime tableau de la rédemption d’un militaire à la retraite (l’immense Ronnie Lazaro). Connu pour avoir été l’un des serviteurs les plus zélés et sanglants, sous la dictature de Marcos, il reprend du service pour tenter d’exorciser ses traumas. Et se sent prêt, cette fois-ci, à désobéir au pouvoir corrompu. Les derniers plans, une barque filant sur la rivière, valent toute une Mostra.

Le Monde
Culture, mercredi 11 septembre 2024 803 mots, p. 25
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11 septembre 2024 - Le Monde (site web)

le léopard des neiges ppvv A voir

Au Tibet, passes d’armes autour d’un fauve piégé

Le film, où un léopard des neiges, créature numérique, est confrontée à des acteurs réels, est le dernier du cinéaste Pema Tseden, décédé en 2023

Mathieu Macheret

Alors que ses films trouvaient un débouché en France, et qu’il obtenait une reconnaissance internationale, le cinéaste Pema Tseden (Tharlo. Le berger tibétain, 2018 ; Jinpa, un conte tibétain, 2020), Tibétain de nationalité chinoise, est mort le 8 mai 2023, à l’âge de 53 ans. Il s’est éteint en plein tournage, d’un arrêt cardiaque provoqué par le mal aigu des montagnes, syndrome dû à une trop rapide montée en altitude.

Pivot de l’émergence, au début des années 2000, d’un cinéma spécifiquement tibétain, ses films imprégnés par la culture locale se distinguent par leur animisme rêveur, aux contours flottants, peu courants au regard de la production chinoise. Avant de prendre une caméra, Tseden, auteur de nouvelles, eut une carrière littéraire, ce qui semble avoir complètement décomplexé son rapport à l’outil cinéma. Ainsi n’eut-il jamais peur de réinventer un langage filmique bien à lui féru des débrayages formels et narratifs, où chaque plan est un terrain d’expérience.

Le Léopard des neiges, sa dernière œuvre achevée (en postproduction au moment de son décès), témoigne une nouvelle fois de ce goût de l’hybridation formelle. Une équipe de reportage télé débarque dans une province reculée du Tibet, attirée là par un bon sujet. En effet, un léopard des neiges s’est glissé dans l’enclos d’une ferme familiale pour y tuer une dizaine de moutons. Fou furieux, l’aîné compte bien faire la peau à l’animal, une espèce classée protégée, et le tient en captivité tant que l’Etat ne lui propose pas d’indemnisation. Son frère cadet, jeune moine bouddhiste passionné de photographie animalière, s’interpose en défense du fauve piégé.

Chœur querelleur

Autour de ce contentieux entre l’homme et l’animal, Pema Tseden confronte les différents points de vue d’une assemblée de personnages, variant les distances vis-à-vis de l’événement, du sujet le plus viscéralement impliqué au plus extérieurement administratif. Cela commence dès les premières scènes dans l’habitacle de la voiture transportant l’équipe télé, qui discute en mélangeant le chinois et le tibétain, signe des provenances de chacun et déjà jeu de distances entre langue officielle et régionale, centre et périphérie. En face, la famille d’éleveurs se révèle tout aussi fracturée par la pyramide des âges et des vocations.

D’autres intervenants vont complexifier le tableau : une équipe de la protection animale dépêchée sur place, puis deux agents de police venant faire respecter la loi. A travers ce chœur querelleur, Pema Tseden traite de la façon dont la juridiction centrale s’impose aux cultures périphériques – la protection animale décrétée d’en haut venant ici remettre en cause l’entente cordiale et séculaire entre fauves et bergers des montagnes.

Pour raconter cela, Pema Tseden orchestre une bascule constante entre des blocs de naturalisme et d’onirisme. Dans les premiers, emboîtant le pas à des reporters, le film capte le conflit à chaud qui anime tout ce petit monde. Si les longues prises à l’épaule impressionnent, le dispositif du « film dans le film » n’est pas forcément le plus léger, ni le moins redondant, pour dire la détresse paysanne, surtout s’assimilant en tribune ouverte aux personnages pour délivrer leur message face caméra. Le Léopard des neiges se charge ainsi d’un discours sur l’image médiatique dont il n’avait pas forcément besoin.

Bien plus intéressantes s’avèrent les séquences subjectives qui, en pointillé, s’infiltrent dans les souvenirs du moine, le seul personnage qui entretienne une relation « personnelle » avec le léopard. Ces passages, détachés formellement du reste, troquent la couleur pour un noir et blanc soyeux, tandis qu’un flottement fantasmagorique et une économie de paroles leur donnent une allure de conte. Ce qu’installe alors Pema Tseden, en adéquation avec la croyance bouddhiste, c’est une porosité des règnes, un partage de conscience entre l’homme et l’animal, qui influe sur la texture même des images, tout à coup plus étranges, plus « intérieures » – et ce grâce à la photographie en apesanteur de Matthias Delvaux.

Ainsi, pour ce qui concerne la figuration du léopard, le cinéaste n’a pas recours à un animal dressé, mais à une créature animée numériquement, l’une des plus belles vues au cinéma. Non parce qu’elle serait « plus vraie que nature », mais parce qu’elle transporte dans sa mobilité surréelle un peu de l’étrangeté du songe. Ici, la réalité conserve le grain du rêve, et le rêve l’écho atténué de la réalité.

Le Monde
Culture, jeudi 26 septembre 2024 1111 mots, p. 23
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26 septembre 2024 - Le Monde (site web)
27 septembre 2024 - La Matinale du Monde

Rencontre

Erwan Le Duc pousse loin les curseurs du bizarre

Le réalisateur de la série « Le monde n’existe pas », diffusée sur Arte, transporte du grand au petit écran son univers teinté de folie douce

Audrey Fournier

Adam est un homme qui s’est éteint. Adolescent, il avait une flamme, il a ensuite écrit un livre, et puis il s’est éteint », dit Erwan Le Duc du personnage principal de sa série Le monde n’existe pas, interprété par Niels Schneider. C’est peut-être pour ne pas s’éteindre qu’Erwan Le Duc s’est un jour sauvé du Monde, où il fut pendant quelques années journaliste, pour se consacrer à temps plein au cinéma, une passion de jeunesse qui ne l’a jamais quitté, y compris dans ses détours de bon élève passé par Sciences Po.

Le point de bascule d’un monde à l’autre fut peut-être le court-métrage Le commissaire Perdrix ne fait pas le voyage pour rien, qui lui ouvrit en 2013 les portes de la résidence Emergence, incubateur de projets, à l’époque animé par Elisabeth Depardieu. Elle repère l’auteur et l’encourage à écrire ce qui va devenir son premier long-métrage, Perdrix (2019).

Le film est long à monter financièrement, mais il file tout de suite à Cannes. Son très bon accueil critique à la Quinzaine des réalisateurs lui garantit un joli chemin en salle, et surtout la possibilité pour Erwan Le Duc d’en faire un deuxième. Le congé sans solde pris pour tourner Perdrix se transforme en congé tout court. En 2023, il réalise pour Arte la désopilante satire politique Sous contrôle, écrite par Charly Delwart. A la fin de cette même année, son deuxième long, La Fille de son père, sort au cinéma. A 46 ans, le voilà désigné nouveau talent du cinéma français.

Du grand au petit écran, il trimballe avec lui un univers teinté de folie douce et des personnages un peu à côté de la plaque, un goût pour la France périphérique (les Vosges dans Perdrix, la banlieue parisienne dans La Fille de son père, une petite ville du Nord dans Le monde n’existe pas), et le visage récurrent de Maud Wyler, «[s] on actrice préférée », qu’il fait tourner depuis leur rencontre, il y a une dizaine d’années. « Elle navigue sur tous les registres, à la fois la comédie et la tragédie, dit-il de celle qui est aussi la mère de sa fille, et je travaille beaucoup cette question du ton, depuis que j’écris et que je fais des films. »

Inquiétante étrangeté

Ce goût pour le mélange des humeurs lui vient de la comédie anglaise, héritage de quelques années passées outre-Manche lorsqu’il était gamin, et, plus tard, de sa découverte des films d’Aki Kaurismäki et, dans un genre plus noir, de ceux de Takeshi Kitano. « Tout de suite, on m’a fait remarquer que ce ton entre humour et noirceur était particulier. Moi, c’est ce que j’adore en tant que spectateur, mais au début, j’ai eu du mal à convaincre les commissions de financement. AprèsPerdrix , j’avais enfin installé quelque chose, c’était plus facile. »

Dans Le monde n’existe pas, première série qu’il a entièrement développée et réalisée pour Arte, le cinéaste pousse les curseurs du bizarre encore un peu plus loin que dans ses films. La série n’est à l’origine pas son projet, mais une idée de la productrice Nicole Collet, qui a commencé par lui faire lire le livre éponyme de Fabrice Humbert (Gallimard, 2020).

« Quand j’ai découvert le titre, je me suis dit que c’était un petit signe, s’amuse-t-il, mais il y avait plein d’autres accroches pour moi dedans : le personnage principal est journaliste, l’enquête se déroule dans une petite ville… C’est une arche narrative assez classique[le livre a pour point de départ le meurtre d’une adolescente] , mais assez vite, elle se délite. »Pour finir par raconter tout à fait autre chose, puisque, sans vouloir divulgâcher, les téléspectateurs ne seront plus tout à fait sûrs, à la fin de la série, que le meurtre a bien eu lieu.

Cette inquiétante étrangeté chère à Freud est accentuée par l’atmosphère angoissante de Guerches-sur-Isoire, ville du Nord fictive créée pour y transposer l’intrigue du livre, basée à l’origine aux Etats-Unis. « J’ai grandi dans des petites villes comme ça, c’est calme, il y a beaucoup d’ennui… et l’ennui fait qu’on a envie de provoquer des choses. Et si tu es avec des gens qui te font du mal, c’est compliqué d’y échapper. »

Dans la série, Adam garde un souvenir traumatique des brimades qu’il a subies, adolescent, et revient dans sa ville natale transformé. L’adolescent gringalet à la tignasse blonde s’est rasé le crâne et taillé une musculature propre à tenir en respect les sales gosses qui l’ont harcelé. « Les gens ne le reconnaissent pas quand ils le revoient. Son nom est personne ! D’ailleurs, avec la compositrice de la musique, Julie Roué, on a beaucoup travaillé sur cette ambiance de western. Elle me disait qu’on s’attendait parfois à voir une boule de paille traverser les rues… »

Déroutante par moments, dans sa façon d’ouvrir des portes qui ne seront pas forcément toutes refermées, Le monde n’existe pas est, avec son format ramassé (quatre épisodes de quarante-cinq minutes), une fiction atypique dans le paysage actuel, qui privilégie les programmes balisés produits à la chaîne sur les plates-formes. Le cinéaste assume d’aller contre l’époque. « Film ou série, je travaille avec des petits budgets, souligne-t-il. Mais artistiquement, ce sont des projets qui sont assez forts et tout le monde est très impliqué. Personne n’a l’impression de faire un produit ou, pire, du contenu. »

En plus de quelques projets de série, le réalisateur termine actuellement l’écriture de son troisième long-métrage, qui tranche avec l’esprit de ses précédents films pour creuser une veine pas très éloignée du Monde n’existe pas, plus proche des codes du thriller, mais toujours avec ce ton particulier, dont il veut cependant croire qu’il n’empêche pas ses œuvres d’être grand public. « En tant que spectateur, j’ai de plus en plus de mal, je décroche, reconnaît-il. Je vois trop les ficelles, tout est trop transparent… Avec cette série, j’ai voulu faire confiance au public. Non seulement Arte l’accepte, mais la chaîne nous a poussés à avoir cette exigence-là. On savait qu’on prenait des risques, mais c’est l’idée ! Et prendre des risques implique que ça ne marche pas toujours. »

Le Monde
Culture, lundi 23 septembre 2024 957 mots, p. 21
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20 septembre 2024 - Le Monde (site web)

Cinéma

La comédie tout en postiches de Richard Linklater

« Hit Man », à voir sur MyCanal, suit un faux tueur à gages aidant la police à arrêter ses commanditaires

Mathieu Macheret

Qu’y a-t-il de si attachant dans l’œuvre de Richard Linklater, ancien rejeton du phénomène « indé » des années 1990 (Slacker, Before Sunrise, Génération rebelle, Boyhood) ? Sans doute le régime régulier avec lequel le Texan, installé à Austin, enchaîne encore aujourd’hui, à 64 ans et après trente ans de carrière, des films à la fois originaux et modestes, certes inconstants, mais jamais soucieux de tirer la couverture à eux.

A ce titre, Hit Man, son dernier long-métrage, présenté hors compétition à la Mostra de Venise en 2023, représente une sorte d’antidote à la crise inflationniste que traverse en ce moment le cinéma américain. Voici une comédie de caractère, simple et enlevée – genre millimétré qui a largement migré vers le petit écran –, d’une facture toute classique, brassant une riche matière humaine et toute une galerie de personnages. Hit Manappartient en outre, comme avant lui Bernie (2011), à une veine de son cinéma qu’on pourrait dire « inspirée de faits réels », mais pour mieux en faire un promontoire à fiction.

Déguisements appropriés

Tout part d’un article de Skip Hollandsworth, publié en 2011 dans le magazine Texas Monthly, au sujet de Gary Johnson, un discret professeur de philosophie de Houston, qui, pendant plusieurs années, joua pour la police locale le rôle de faux tueur à gages, afin de prendre sur le fait des particuliers prêts à faire supprimer la vie d’un proche. Johnson, qui aida ainsi à conclure une soixantaine d’arrestations, eut notamment à cœur d’élaborer des déguisements appropriés à chacun des commanditaires, et a rencontré à travers ceux-ci une foule de profils et, surtout, d’effarantes impasses existentielles : maris ou femmes voulant éliminer leur conjoint, des employés leur patron, un adolescent ses parents, des amants leurs rivaux, etc. Ecrit avec son acteur principal, Glen Powell, le film transpose le fait divers dans le décor plus pittoresque de La Nouvelle-Orléans, et aborde ce personnage insolite sur la brèche de sa métamorphose.

Car Gary est d’abord dépeint comme un parfait normopathe, prof à lunettes divorcé vivant seul avec ses deux chats, englué dans une banalité sans éclat, si ce n’étaient les missions d’appoint qu’il effectue pour la police en tant qu’électricien. Amené à remplacer un collègue mis à pied, le voilà bombardé dans la peau du tueur pro, rôle qu’il investit avec tant de conviction que les suspects tombent dans ses filets.

Gary se compose des figures de plus en plus variées : un jour parfait plouc sudiste à tatouages, le lendemain Russe impavide en manteau de cuir noir ou encore pervers au teint nordique en col roulé. Lui qui donne cours sur la structure du psychisme freudien se découvre dans ce rôle d’exécuteur une sorte d’« idéal du moi », qui libère en lui un fond d’aisance, d’assurance, de « coolitude ».

Dans sa première partie, Hit Man actionne ce ressort classique de comédie qu’est le changement de costume, à quoi l’enchaînement des situations et l’abattage caméléon de Glen Powell confèrent un entrain communicatif. Richard Linklater installe son héros au cœur d’une double « routine » : à son quotidien immuable s’adosse une valse de numéros transformistes, d’exercices de postiches, qui ouvrent en lui un éventail de facettes plus ou moins inavouables. Tout comme aux différents personnages que s’invente Gary répond la succession de ses « clients », autant de sociotypes croqués avec malice en quelques traits saillants, formant un petit panel d’humanité dévoyée. La procédure policière s’appuyant sur un simulacre, son exécution grimée convoque comme une scène sans théâtre, secondée au loin par un camion-régie qui enregistre toute l’action. Ici, spectacle et réalité sont entièrement réversibles.

A mi-parcours, les données de la comédie policière se compliquent encore d’un récit amoureux. Gary tombe un jour sur une belle cliente, Madison (Adria Arjona), qui voudrait faire éliminer son mari violent, avec laquelle s’engage un jeu de séduction. Elle tombe amoureuse non pas de Gary mais de son masque de tueur. Il faudra ensuite tout le travail de la comédie romantique pour que les identités d’emprunt cèdent place aux caractères réels. Avec l’arrivée de cette partenaire féminine, Richard Linklater trouve de quoi relancer ses dispositifs de jeu et de faux-semblants. Les amants deviennent, en quelque sorte, des acteurs au carré, amenés à dénicher la raison pure de leur attirance dans l’exercice même du mensonge.

L’invention perpétuelle du moi, le recours à l’imaginaire, le bon usage des archétypes sont évidemment au cœur de ce Hit Man qui exalte les puissances du jeu comme vecteur de mobilité sociale. Richard Linklater aurait pu générer du trouble et des faux-semblants, mais c’est au contraire par les voies les plus classiques, celles de la clarté et de la fluidité, qu’il réactualise ces grands thèmes canoniques de la comédie. Porté par ses dialogues et son écriture, le film s’en remet aux vertus dialectiques du champ-contrechamp, qui distribue façon ping-pong les échanges multibandes entre personnages. Mais aussi à la vivacité d’un montage elliptique qui brasse de vastes chaînes de péripéties – comme cette belle séquence qui prouve, archives à l’appui, que la figure du tueur à gages est une invention de l’imaginaire collectif. Hit Man a certes un petit côté passe-partout, mais c’est avec ce genre de petit film roublard et sympathique, qui semble rouler tout seul, qu’on entretient les rouages de la fiction.

La Croix, no. 43028
Culture, lundi 23 septembre 2024 121 mots, p. 15

Cinéma Les Oscars étudiants seront organisés à Londres pour la première fois

Attribués aux jeunes espoirs du cinéma, ils seront remis dans la capitale britannique le 14 octobre prochain, a annoncé la semaine passée l’Académie, qui innove en organisant sa première cérémonie hors

des États-Unis. Un choix qui reflète sa nouvelle composition :

cette année, plus de la moitié des nouveaux membres admis étaient

internationaux, dont la réalisatrice française Justine Triet. Parmi

les lauréats, le court métrage d’animation Au revoir mon monde,

réalisés par des étudiants d’une école du cinéma d’Arles, qui raconte l’histoire d’un homme coincé dans un costume de poisson géant, au moment où une mystérieuse pluie de météorites s’abat sur la planète.

La Croix, no. 43030
Culture, mercredi 25 septembre 2024 1184 mots, p. 16,17
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24 septembre 2024 - La Croix (site web)

Après les révélations sur l’abbé Pierre, le sort du biopic en suspens

Céline Rouden et Maud Guilbeault

Sorti il y a un an, L’Abbé Pierre. Une vie de combats , qui a réuni 800 000 spectateurs en salles, devait être diffusé l’année prochaine sur M6 puis sur France 3.

Alors que les chaînes s’interrogent sur l’avenir du film, son réalisateur Frédéric Tellier se dit « accablé » par les révélations sur le fondateur d’Emmaüs.

C’est sans doute l’ultime exercice d’admiration à l’égard de l’action et des engagements du fondateur d’Emmaüs. Le dernier d’une longue liste de livres, de films, de biographies consacrés à l’abbé Pierre vantant l’homme de bonté et sa destinée exceptionnelle. Sorti il y a tout juste un an dans les salles, L’Abbé Pierre. Une vie de combatsajoutait en toute bonne foi sa pierre à l’édifice d’une version officielle, jamais contestée, qui l’a consacré dix-sept ans durant comme la personnalité préférée des Français. Avec un budget de 15 millions d’euros, l’acteur Benjamin Lavernhe dans le rôle-titre et une projection en avant-première lors du Festival de Cannes, cet ambitieux biopic a fait figure d’événement.

S’il n’a pas rencontré le succès espéré en salles, notamment au regard de son coût, il a malgré tout rassemblé plus de 800 000 spectateurs, puis fait l’objet d’une diffusion en prime time sur Canal+ le 21 mai dernier. Les révélations qui se sont succédé depuis le 17 juillet sur le comportement de l’abbé Pierre, accusé d’agressions sexuelles par de nombreuses femmes, ont évidemment été un choc pour les producteurs et toute l’équipe du film.

Dans un sobre communiqué publié la semaine dernière, ceux-ci affirment « avoir suivi avec effroi » la succession des accusations portées contre le prêtre. « Ces crimes, qui éclairent d’un jour totalement nouveau le destin de l’abbé Pierre, nous étaient évidemment inconnus au moment où nous avons réalisé ce film »,précisent-ils, apportant leur « soutien total »aux victimes .

Le réalisateur Frédéric Tellier, qui s’est sincèrement investi dans ce projet, nous confie de son côté être « accablé et attristé » par cette affaire, autant comme citoyen que comme cinéaste. « Lorsque nous avons démarré la production il y a quatre ou cinq ans, notre idée était de faire un film sur une image de bonté et de sagesse, un film qui ferait du bien dans un monde qui allait mal », explique-t-il.

Comment le cinéaste, qui a effectué un énorme travail de documentation et travaillé avec des proches de l’abbé Pierre, notamment son dernier secrétaire particulier Laurent Desmard, a-t-il pu passer complètement à côté de cet aspect de sa personnalité ? Cette interrogation participe du sentiment de « sidération » qu’il éprouve aujourd’hui. « Non seulement je n’ai jamais eu l’once d’une information ou d’une mise en garde au cours de mes recherches, déplore Frédéric Tellier, mais lors de la sortie du film et de l’énorme tournée d’avant-première qui l’a précédée, pas une fois quelqu’un est venu me dire : “Attention, ce n’était pas un homme comme vous le décrivez.” »

Cette biographie cinématographique, qui retrace le parcours de l’abbé Pierre depuis la guerre jusqu’à sa mort en 2007, évoque bien en filigrane les excès liés à la notoriété soudaine de l’abbé après le fameux appel de l’hiver 1954, ainsi que le long séjour en Suisse dans une clinique psychiatrique à la fin des années 1950. Mais il s’en tient à la version qui circulait alors, celle d’un épuisement moral et de l’abus d’amphétamines.

Frédéric Tellier n’ose pas imaginer ce qui se serait passé si les révélations s’étaient produites pendant le tournage du film. « Au moins, je n’aurais pas eu à faire face à ce choix cornélien – interrompre le projet ou réécrire complètement le scénario –, mais les dégâts restent énormes pour nous tous. » Pour lui personnellement, qui y a consacré cinq ans de sa vie, et pour les financeurs d’un film dont l’exploitation commerciale n’était pas terminée.

Disponible en DVD et VOD depuis le 7 mars dernier, il devait être diffusé dans les mois à venir sur M6 puis France 3. Manuel Alduy, directeur du cinéma de France Télévisions, confirme que L’Abbé Pierre. Une vie de combats est « l’une des plus grosses productions » auxquelles le groupe a participé, avec un financement à hauteur de 2,5 millions. La contrepartie consistait en un intéressement aux recettes d’exploitation et deux diffusions gratuites sur leur antenne à compter de septembre 2025.

« À ce stade, il n’est pas exclu que nous ne le diffusions pas du tout,explique Manuel Alduy. Mais il est aussi tout à fait possible qu’on le diffuse, avec les précautions nécessaires. Cela peut être en deuxième partie de soirée, après une première émission qui revient sur l’affaire et toutes les questions qu’elle pose. »

Déjà confrontée l’année dernière au cas Depardieu, mis en cause par la vague #MeToo, la chaîne avait suspendu temporairement la diffusion d’œuvres dans lesquelles jouait l’acteur mais avait décidé de ne pas censurer systématiquement ses films à l’avenir. « C’est un cas de figure nouveau pour nous, puisque le problème ici c’est le sujet du film. Les accusations portées contre l’abbé Pierre impactent directement le propos du film, dont la véracité est entièrement compromise. Il faut que nous ajustions notre jurisprudence »,justifie Manuel Alduy.

Pour l’heure, Frédéric Tellier n’a pas non plus de réponses sur le sort qui attend le film, toujours disponible à l’achat sur de nombreuses plateformes, mais il imagine qu’il sera a minima accompagné d’un avertissement préalable et d’un message de soutien aux victimes.

Alors que le cinéma et les spectateurs raffolent de ces biopics, surtout lorsqu’ils mettent en avant des parcours de vie exemplaires, le genre risque-t-il de faire les frais de l’affaire abbé Pierre ? Elle interroge en tout cas, selon le cinéaste, notre capacité à continuer à croire à la sacralisation de quelqu’un : « Je ne peux pas me résigner à ce que tous les êtres humains aient en eux une part de mauvais. Je veux croire qu’un être humain soit capable de faire ce qu’a accompli l’abbé Pierre dans la lutte contre la misère, tout en étant un homme bon. »

« À l’avenir, il est certain que nous serons particulièrement attentifs aux scénarios de biopics – surtout d’hommes célèbres contemporains – que France Télévisions pourrait être amené à financer,avance Manuel Alduy. Nous avons peu de marge de manœuvre sur les projets, mais nous pouvons nous abstenir d’investir dans un film s’il nous apparaît qu’il existe des zones d’ombre. »

Le Télégramme (Bretagne)
samedi 28 septembre 2024 322 mots, p. 6OCO-DZ2

Douarnenez

Douarnenez Retour du stand-up ce samedi au cinéma La Balise

Toujours prompt à varier les genres, le cinéma La Balise de Douarnenez propose ce samedi soir un one-man-show. L’artiste Riad 2 Janeiro présentera son spectacle « Le barbier de Sétif ».

Le cinéma La Balise de Douarnenez avait créé l’événement en juin, en organisant sa toute première soirée dédiée au stand-up. La maison de la rue Pasteur aime ainsi sortir de temps à autre du strict cadre des films. Trois humoristes de la région parisienne s’étaient relayés sur scène ce soir-là, dont Riad 2 Janeiro.

Ce coiffeur-humoriste de Pontoise est de retour ce samedi à Douarnenez, et présentera les sketches de son premier spectacle, « Le barbier de Sétif ». La réputation de Riad « de Janeiro » Bendali, patron du salon de coiffure Hair. B, devenu roi du stand-up en quelques années, ne cesse de croître.

Cet humoriste, demi-finaliste du concours de stand-up Kandidator en 2020, évoquera son métier de coiffeur, les émissions télé ou encore son dialogue rêvé en rimes et alexandrins avec Molière. Le tout avec des jeux de mots dont il a le secret ! Au final, une belle philosophie qu’il résume ainsi : « Mieux vaut vivre ses rêves que de rêver sa vie ».

De l’hypnose le 18 octobre

Un autre spectacle sera proposé le 18 octobre à La Balise, avec la venue d’Alex Hypnotiseur. Il animera un spectacle d’hypnose dans le confort d’une salle de cinéma, drôle d’expérience semble-t-il. « Avec un respect constant des participants, Alex fera vivre des expériences et des aventures exceptionnelles : dormir en quelques secondes, partir pour des destinations et des émotions incroyables », indique l’hypnotiseur… Le spectacle a déjà séduit plus de 14 000 spectateurs.

Pratique

Samedi 28 septembre, « Le Barbier de Sétif ». Entrée : 11 €, 9 € moins de 14 ans. « Alex Hypnotiseur », 14 €. Réservations sur le site cinemalabalise.fr

Canada NewsWire (français)
Nouvelles régionales (É.-U.), mardi 15 octobre 2024 - 14:00:00 UTC -0400 2533 mots
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15 octobre 2024 - Le Carrefour de Québec (site web réf.) Bulletin d'Aylmer (site web réf.) Bonjour Québec (site web réf.) Cité Boomers (site web réf.)

L'identité des 17 personnes lauréates des Prix du Québec 2024 est dévoilée

Cabinet du ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Jeunesse

QUÉBEC, le 15 oct. 2024 /CNW/ - Le ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais, M. Mathieu Lacombe, ainsi que le ministre délégué à l'Économie et ministre responsable de la Lutte contre le racisme, M. Christopher Skeete, sont heureux de dévoiler l'identité des personnes lauréates des Prix du Québec 2024. 

Vibrant hommage à l'excellence et à la créativité, les Prix du Québec constituent la plus haute distinction décernée par le gouvernement du Québec dans les domaines de la culture et de la science. Ils reconnaissent le parcours exceptionnel de personnes ayant contribué à l'essor de leur domaine, à la transmission de la connaissance et au rayonnement du Québec à travers le monde. Les personnes lauréates 2024 sont des modèles tant pour leurs pairs que pour la société, et une source d'inspiration pour les générations futures.

Prix culturels

M. Denis Côté, prix Albert-Tessier (cinéma)

Mme Élise Turcotte, prix Athanase-David (littérature)

M. Denis Gougeon, prix Denise-Filiatrault (arts de la scène)

M. Rémy Girard, prix Denise-Pelletier (arts d'interprétation)

M. Serge Filion, prix Ernest-Cormier (aménagement du territoire, architecture et design)

Mme Françoise Armand, prix Georges-Émile-Lapalme (langue française)

M. Raymond Montpetit, prix Gérard-Morisset (patrimoine)

M. François Cousineau, prix Guy-Mauffette (radio, télévision et médias numériques ou traditionnels)

M. François Morelli, prix Paul-Émile-Borduas (arts visuels, métiers d'art et arts numériques)

Mme Aline Desjardins, prix René-Lévesque (journalisme)

Prix scientifiques

Mme Sylvie Belleville, prix Armand-Frappier (développement d'une institution de recherche ou administration et promotion de la recherche)

M. Frantz Saintellemy, prix Innovation (innovations scientifiques, entrepreneuriales, économiques, sociales ou commerciales)

M. Robert J. Vallerand, prix Léon-Gérin (sciences humaines et sociales)

Mme Myriam Denov, prix Marie-Andrée-Bertrand (innovation sociale)

M. René Doyon, prix Marie-Victorin (sciences naturelles et génie)

Mme Anne-Marie Mes-Masson, prix Wilder-Penfield (recherche biomédicale)

Mme Noémie-Manuelle Dorval Courchesne, prix Hubert-Reeves (relève scientifique, toutes les disciplines scientifiques; finalistes : Mme Marie-Hélène Pennestri et M. Massimiliano Orri). 

La cérémonie de remise des prix aura lieu le 29 octobre 2024, à 16 h 30, au Musée national des beaux-arts du Québec. Plus de 550 000 $ en prix et bourses seront remis aux personnes lauréates lors de cet événement. Des récompenses d'une rare ampleur au Québec, tous prix confondus.                            

Citations

« C'est avec une grande fierté que nous soulignons le parcours inspirant de 10 personnes ayant contribué à l'enrichissement culturel du Québec. J'applaudis la créativité, la détermination ainsi que les accomplissements exceptionnels de ces Québécoises et Québécois en leur remettant la plus haute distinction attribuée par le gouvernement en culture. » 

Mathieu Lacombe, ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais

« La recherche et l'innovation sont les piliers d'un avenir prospère. Aujourd'hui, je suis fier de célébrer ces personnes dont les travaux et les idées façonnent notre société. Leur engagement à repousser les frontières du savoir est essentiel pour le rayonnement du Québec sur la scène internationale. Félicitations aux lauréates et lauréats pour leur précieuse contribution. »

Christopher Skeete, ministre délégué à l'Économie et ministre responsable de la Lutte contre le racisme

Faits saillants

Les Prix du Québec soulignent le parcours exceptionnel de personnes qui contribuent à l'essor de leur domaine d'activité, qui repoussent les limites de la connaissance et qui font rayonner le Québec à l'échelle nationale et internationale. 

Le prochain appel de candidatures pour les Prix du Québec aura lieu du 10 janvier au 10 mars 2025.  

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Pour découvrir les portraits des personnes lauréates et en savoir plus sur les Prix du Québec, consultez Québec.ca/PrixduQuébec.

Médias sociaux

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Annexe

Biographies courtes des personnes lauréates des Prix du Québec 2024 

Prix culturels

Prix Albert-Tessier

Denis Côté

En moins de 20 ans, Denis Côté a réalisé 15 courts métrages et autant de longs métrages. Son cinéma d'auteur indépendant cumule les récompenses sur les scènes nationale et internationale. Sa vision unique se manifeste par une esthétique exigeante, une exploration inédite des langages cinématographiques et une volonté de déjouer les attentes. Ses films, qui évoquent souvent la solitude et l'aliénation, encouragent le public à développer sa propre réflexion. Figure de proue du Renouveau du cinéma québécois, le jeune réalisateur représente fièrement le Québec sur la scène internationale. 

Prix Athanase-David

Élise Turcotte

Écrivaine traduite dans plusieurs langues, Élise Turcotte est reconnue pour sa maîtrise de différents genres littéraires. Son travail, marqué par une exploration profonde des émotions humaines, aborde des thèmes tels que la violence faite aux femmes ou l'imbrication des tragédies collectives dans le privé. Riche d'une carrière de plus de 40 ans et d'une appréciation internationale, elle continue d'écrire, de concrétiser des projets en collaborant avec d'autres formes d'art et d'influencer la littérature contemporaine, tant par sa capacité à se renouveler que par la vision féministe de son oeuvre.

Prix Denise-Filiatrault

Denis Gougeon

D'abord autodidacte, puis formé en composition musicale, Denis Gougeon est reconnu pour sa versatilité et sa créativité. Des qualités qui lui permettent de rayonner à l'échelle nationale comme internationale, en plus de répondre à de nombreuses et prestigieuses commandes à travers le monde. Premier compositeur en résidence de l'Orchestre Symphonique de Montréal en 1989, il enseigne également dans différentes universités où il est apprécié pour ses qualités tant techniques qu'humaines. Depuis ses débuts il y a 40 ans, il a composé plus de 120 oeuvres dans tous les genres.

Prix Denise-Pelletier

Rémy Girard

Acteur de tous les records, Rémy Girard est depuis 50 ans une figure emblématique des arts d'interprétation au Québec. Dès ses débuts, cette facilité à jouer dans des registres variés lui permet de se faire un nom prisé dans le paysage culturel. Sa riche carrière d'interprète maintes fois primée se décline au théâtre, à la télévision et au cinéma. Grâce à ses rôles marquants et à son implication dans le milieu culturel, il est l'une des personnalités les plus connues et appréciées au Québec.

Prix Ernest-Cormier

Serge Filion

En un demi-siècle, la vision transdisciplinaire de l'urbaniste Serge Filion, axée sur la communication et tournée vers l'international, lui permet de relever d'importants défis d'aménagement, comme celui de la Promenade Samuel-De Champlain dans la Capitale nationale. Il contribue également à la profession en présidant, puis en siégeant, au conseil d'administration de l'Ordre des urbanistes du Québec. Aujourd'hui à la retraite, il continue d'oeuvrer en tant que consultant et de s'impliquer dans le patrimoine naturel, agricole et culturel ainsi que dans l'environnement.

Prix Georges-Émile-Lapalme

Françoise Armand

Depuis les années 90, Françoise Armand, professeure-chercheure en didactique des langues secondes, s'intéresse à la promotion du français en milieu pluriethnique et plurilingue. Ses thèmes de travail s'articulent autour du plurilinguisme et de l'éveil aux langues, ainsi que de l'enseignement de la lecture et de l'écriture en français langue seconde. Elle est à l'origine, au Québec, du projet ÉLODiL qui vise à soutenir l'apprentissage du français par des élèves allophones et à assurer leur intégration scolaire et sociale. Par les rôles qu'elle endosse dans différentes organisations clés, elle exerce une influence notable sur l'ouverture à la diversité linguistique dans les milieux scolaires.

Prix Gérard-Morisset

Raymond Montpetit

Depuis 50 ans, Raymond Montpetit, professeur-chercheur et muséologue, contribue à la diffusion et à l'accessibilité des patrimoines par des expositions novatrices et la création de programmes universitaires de formation. Il participe également à des projets muséaux majeurs, tels que le Centre d'histoire de Montréal et Pointe-à-Callière. Comme expert en muséologie et en patrimoine, il a produit plusieurs études, évaluations et rapports, notamment celui connu sous le nom de Rapport Arpin, lesquels ont influencé les décideuses et décideurs ainsi que les politiques adoptées à l'égard du patrimoine et ont eu une portée nationale et internationale. 

Prix Guy-Mauffette

François Cousineau

François Cousineau a profondément marqué la radio et la télévision québécoises. Tour à tour compositeur, pianiste, chef d'orchestre et arrangeur, il crée pour des émissions emblématiques comme Place aux femmeset Studio 11à la radio ,ou Appelez-moi Lise à la télévision. Outre le cinéma et le théâtre, il se distingue particulièrement en chanson, où il oeuvre comme compositeur et réalisateur pour de nombreux artistes, dont Diane Dufresne, pour qui il compose notamment le mythique album Tiens-toé ben j'arrive! 

Prix Paul-Émile-Borduas

François Morelli

L'artiste François Morelli rejette rapidement les frontières artistiques traditionnelles pour embrasser la multidisciplinarité, dont il deviendra un représentant emblématique. Sa carrière débute en 1977, s'épanouit à New York, où il enrichit sa pratique de la performance, puis s'établit au Québec. Entre mémoire, métamorphose et cyclicité, son oeuvre s'inscrit dans une réflexion politique et sociétale, à l'image de Bain de soupe bain de sang (2003). Aujourd'hui, il continue d'influencer l'art contemporain par sa pratique et son enseignement, discutant constamment les processus de création.  

Prix René-Lévesque

Aline Desjardins

Pionnière de l'information radiophonique et télévisuelle, pendant plus de 40 ans, elle a oeuvré comme journaliste, animatrice et féministe principalement à la Société Radio-Canada (SRC). On retiendra son parcours exceptionnel à travers l'histoire des médias québécois et l'influence qu'elle exercera sur l'émancipation des femmes en devenant le premier visage féminin à la barre de l'une des plus importantes émissions d'information à la SRC : Femme d'aujourd'hui (1966-1979). L'émission et son animatrice font partie du patrimoine journalistique et féministe de la Révolution tranquille.

Prix scientifiques

Prix Armand-Frappier

Sylvie Belleville

Sylvie Belleville est une pionnière dans la recherche sur la maladie d'Alzheimer et la neuropsychologie du vieillissement. Ses travaux ont révélé l'importance d'intervenir dès les phases précoces de la maladie, et elle a développé des interventions cognitives reconnues mondialement. Directrice du Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal pendant plus de 10 ans, elle a fondé le Consortium CIMA-Q, qui réunit des chercheuses et chercheurs pour étudier la maladie. Aujourd'hui, elle dirige le Réseau québécois de recherche sur le vieillissement, continuant à faire progresser la science pour améliorer la santé cognitive des personnes âgées. 

Prix Innovation

Frantz Saintellemy

Frantz Saintellemy est un entrepreneur, technologue et philanthrope reconnu pour ses contributions à l'innovation au Québec et à l'international. Président et chef de la direction de LeddarTech, il cofonde en 2012 le Groupe 3737, un incubateur et accélérateur qui soutient les entrepreneuses et entrepreneurs issus de la diversité culturelle. Avec plus de 25 ans d'expérience dans le secteur de l'électronique et de l'automobile, il est engagé dans la promotion de l'inclusion sociale et de l'entrepreneuriat. Il est également chancelier et président du conseil d'administration de l'Université de Montréal et soutient activement plusieurs oeuvres caritatives et éducatives.   

Prix Léon-Gérin

Robert J. Vallerand

Robert J. Vallerand, professeur à l'Université du Québec à Montréal, est une figure clé de la psychologie moderne. Il est renommé pour ses théories sur la passion et la motivation, notamment pour le Modèle Dualiste de la Passion. Ses recherches ont transformé la compréhension des processus motivationnels et influencé des domaines variés comme l'éducation, le travail, les sports et la santé mentale. Ce scientifique exceptionnel continue d'inspirer la communauté de la recherche par ses contributions et son leadership international ainsi que par sa préparation de la relève scientifique. 

Prix Marie-Andrée-Bertrand

Myriam Denov

Myriam Denov est professeure à l'Université McGill et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enfants, les familles et les conflits armés. Reconnue mondialement, elle a révolutionné la compréhension des enfants soldats, des filles dans les groupes armés et des enfants nés pendant la guerre. Ses recherches influencent les politiques internationales et ont mené à des initiatives marquantes, comme la fondation du groupe de recherche Global Child McGill. Elle est également membre de la Société royale du Canada et continue d'oeuvrer pour protéger les enfants touchés par la guerre.   

Prix Marie-Victorin

René Doyon

René Doyon est un astrophysicien renommé, spécialiste des exoplanètes. Professeur en physique à l'Université de Montréal et directeur de l'Observatoire du Mont-Mégantic, il a développé des instruments clés pour l'observation spatiale, notamment pour le télescope spatial James Webb. Ses travaux sur l'imagerie à haut contraste ont permis des découvertes majeures, comme la première photographie d'un système planétaire multiple en 2008. Directeur de l'Institut Trottier, il a contribué à des avancées cruciales dans la détection d'exoplanètes et la recherche de signes de vie au-delà de notre système solaire. 

Prix Wilder-Penfield

Anne-Marie Mes-Masson

Anne-Marie Mes-Masson, professeure titulaire à l'Université de Montréal et chercheuse en cancérologie, a marqué la recherche oncologique au Québec et à l'international. Spécialiste du cancer de l'ovaire, elle a développé des biobanques et dirigé pendant 20 ans le Réseau de recherche sur le cancer du Fonds de recherche du Québec - Santé. Auteure de plus de 300 publications, elle a aussi lancé des projets d'envergure comme le programme COEUR. Elle s'est distinguée par son approche collaborative et son engagement envers la relève scientifique.   

Prix Hubert-Reeves

Noémie-Manuelle Dorval Courchesne

Professeure agrégée au Département de génie chimique de l'Université McGill, Noémie-Manuelle Dorval Courchesne est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les matériaux d'origine biologique. Diplômée de l'Université d'Ottawa et du Massachusetts Institute of Technology, elle se consacre à l'intégration du génie et de la biologie pour développer des matériaux biodérivés écologiques. Ses recherches, axées sur la bioélectronique et les bioplastiques, visent à créer des solutions durables. Elle est également engagée dans la promotion de l'équité et de la diversité dans les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques. 

Finalistes du prix Hubert-Reeves

Massimiliano Orri

Massimiliano Orri est professeur adjoint au Département de psychiatrie de l'Université McGill et chercheur principal au Centre de recherche de l'Hôpital Douglas. Il dirige la Chaire de recherche du Canada en prévention du suicide. Formé en psychologie clinique et en biostatistique, il oriente ses recherches sur la compréhension des facteurs de risque du suicide au niveau populationnel et l'application d'interventions basées sur des preuves pour des individus présentant un risque de suicide. 

Marie-Hélène Pennestri

Marie-Hélène Pennestri est professeure agrégée et vice-doyenne à la recherche à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université McGill. Elle est aussi chercheuse au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l'Île-de-Montréal. Ses travaux portent sur le sommeil et la santé mentale des enfants et de leur famille. Psychologue clinicienne, elle travaille à la clinique du sommeil de l'Hôpital en santé mentale Rivière-des-Prairies. Son programme multidisciplinaire intègre des mesures physiologiques ainsi que psychologiques et il s'inspire de ses expériences professionnelles et personnelles.  

SOURCE Cabinet du ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Jeunesse

Consulter le contenu original : http://www.newswire.ca/fr/releases/archive/October2024/15/c4671.html

Contact

Sources : Prix culturels : Catherine Boucher, Attachée de presse, Cabinet du ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais, 418 802-6833, [email protected]; Prix scientifiques : Léonie Bernard-Abel, Attachée de presse, Cabinet du ministre délégué à l'Économie et ministre responsable de la Lutte contre le racisme, 418 999-1939; Information : Prix culturels : Équipe des relations médias, Ministère de la Culture et des Communications, 418 380-2388, [email protected]; Prix scientifiques : Félicia Nicole, Conseillère en logistique événementielle, Direction des communications, Ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, 581 991-4152, [email protected]

La Gazette en Yvelines (site web réf.) - La Gazette en Yvelines
25 octobre 2024 155 mots
Les séances de cinéma en plein air sont de retour

Yvelines Les séances de cinéma en plein air sont de retour Par la rédaction - 25 octobre 2024 Suite au succès des dates de l’été, l’événement Yvelines ciné continue toute... Voir l'article

Ouest-France
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Culture, lundi 9 septembre 2024 594 mots, p. OF Dinan_28

« Tout le monde me parle d’Un p’tit truc en plus »

Recueilli par Marc AUBAULT.

Cinéma. Actrice principale du film d’Artus, Alice Belaïdi préside le jury de la Révélation au 50 e Festival du cinéma américain de Deauville (Calvados).

Entretien

Vous êtes à l’affiche du succès de l’année avec Un p’tit truc en plus (plus de 10 millions d’entrées). Comment Artus vous a-t-il proposé le rôle ?

Il m’a envoyé le scénario et le casting en même temps, avec un trombinoscope des jeunes en situation de handicap du film. Il avait écrit pour eux. J’y ai cru à fond parce que l’idée était dingue. Après, je savais que le film avait été très compliqué à monter, c’était un pari. On ne peut jamais se dire que ça va être un tel succès.

Et il a été immédiat !

On a été cueillis dès le premier matin ! On a fait 300 000 entrées le premier jour alors qu’on n’avait pas d’argent pour faire de l’affichage. On est encore étonnés, avec Artus. On s’appelle tous les jours, on se demande quand la caméra cachée va s’arrêter (sourire). J’ai encore du mal à l’évoquer. Je pense que j’aurai plus de recul dans un an. Je vis ce succès au jour le jour. Tout le monde m’en parle, comme ici à Deauville. Il y a un élan d’amour autour de ce film qui est trop beau. C’est l’expérience de nos vies !

Avec le succès du film et des Jeux paralympiques, pensez-vous que le regard sur le handicap va changer dans la société française ?

Je l’espère. On sait qu’il y a eu davantage de dons aux associations. Depuis la sortie du film, les gens veulent, par exemple, prendre des photos avec Sofian (Sofian Ribes, un influenceur de Béziers) alors qu’il était plutôt regardé un petit peu de travers avant. Ce film a permis de changer le regard des gens sur les personnes en situation de handicap. Dans les cours d’école aussi. Le film a sensibilisé pas mal d’enfants. Ils ont compris qu’il faut accepter la différence. Ces personnes sont géniales, il ne faut surtout pas s’en priver. Mais il y a encore beaucoup de choses à faire. À Paris, par exemple, les accès pour les personnes en situation de handicap sont une catastrophe. Si le cinéma peut permettre d’améliorer la situation, c’est génial.

À Deauville, vous présidez le jury de la Révélation. Qu’est-ce que le cinéma américain vous évoque ?

Les premières cassettes vidéo que je regardais chez ma tante parcequ’elle était la seule à avoir un magnétoscope. J’avais l’impression qu’elle avait une immense collection. Je ne pense pas en fait, parce qu’on regardait toujours les mêmes films. Dirty Dancingpar exemple. Le cinéma américain me rappelle mon enfance. J’ai des références hyper larges. 

Où vous retrouvera-t-on bientôt à l’écran ?

Dans le nouveau film de Daniel Auteuil, Le fil, qui sort mercredi et qu’il a lui-même réalisé. J’y joue une avocate générale qui lui tient tête (dans le rôle d’un avocat qui défend un père de famille, joué par Grégory Gadebois, accusé du meurtre de sa femme). Et il y a la saison 3 de la série Hippocrate, de Thomas Lilti qui sort en novembre (sur Canal +  ). Selon moi, c’est la plus réussie. Franchement, on a fait fort.

Cet article est paru dans Ouest-France

Le Journal de Québec
Spectacles, mardi 8 octobre 2024 942 mots, p. 28

QUE FERAIT VOTRE ORGANISME AVEC UN DON DE 100 000 $ ?

PIERRE GINGRAS

L'entreprise iA Groupe financier revient en force avec son 8e grand concours philanthropique pancanadien auprès des organismes de charité oeuvrant en santé, en environnement, en éducation et dans le milieu social communautaire, qui présenteront un projet éducatif et porteur qui vise à soutenir les communautés canadiennes.

Jusqu'au 14 octobre (moins d'une semaine), les organismes qui auront soumis les propositions les plus inspirantes en répondant à la question «Que ferait votre organisme avec un don de 100 000 $ se partageront un total de 500 000 $ pour développer des projets ou poursuivre leur mission ?» Au terme de la période d'inscription, trois projets seront sélectionnés par le jury dans chacune des quatre zones géographiques, puis présentés au grand public le 27 novembre. Dès lors, iA Groupe financier vous invitera à vous prononcer sur les projets sur les plus inspirants. Enfin, le dévoilement des grands gagnants aura lieu dans la semaine du 9 décembre. Un grand don de 100 000 $ sera remis à chaque organisme qui aura reçu le plus de votes dans sa zone géographique. Les finalistes recevront quant à eux un don de 10 000 $ chacun. Tous les détails du concours et la liste complète des critères d'admissibilité sont disponibles à l'adresse concours-dons.ia.ca.Sur la photo, DENIS RICARD, président et chef de la direction de iA Groupe financier.

Un repreneuriat réussi

MBH mobilier & bureau humain est une référence au Québec en matière d'aménagement de bureau depuis près de 65 ans. L'entreprise, dirigée par la femme d'affaires et gestionnaire LAURIE COMPARTINO (photo) depuis maintenant 2021, se distingue par son capital humain et sa grande expertise en aménagement et mobilier de bureau. Alors que la création d'environnements de travail stimulants fait partie des solutions pour attirer et retenir les talents, MBH mobilier & bureau humain a vu ses revenus grim-per de 120 % en trois ans. Le 25 rue Saint-Joseph Est à Québec, là où tout a commencé pour MBH, fait office de salle d'exposition pour recevoir la clientèle, les designers et les architectes avec lesquels collabore l'entreprise. L'imposant espace de 15 000 pieds carrés, répartis sur quatre niveaux, vient d'être totalement réaménagé et transformé en un milieu de travail de nature expérimentale. Les services de MBH s'étendent du service-conseil à la conception des plans, en passant par la livraison et l'installation des meubles de bureau. MBH compte parmi ses récentes réalisations la bibliothèque Gabrielle-Roy, ainsi que les bureaux de Beneva, Alex Coulombe Ltée et Flo. Mbh.qc.ca.Sur la photo, LAURIE COMPARTINO, directrice générale et associée de MBH.

Spag et karaoké

Le Club Lions St-Étienne-St-Nicolas-St-Rédempteur tiendra son Souper spaghetti et sa Soirée karaoké le samedi 2 novembre, dès 18 h, à la Salle Étienne-Baillargeon, près de l'église Saint-Étienne, et en profitera pour effectuer son traditionnel tirage du Mille Stéphanois. Billets auprès des membres Lions et au Métro Laroche de Saint-Étienne-de-Lauzon. Inscriptions (pour le karaoké) et renseignements : 418-831-3439 ou sur la page Facebook du Club.

Disparus

Le 8 octobre 2023 : BURT YOUNG (photo), 83 ans, acteur américain et l'une des figures emblématiques du film Rocky alors qu'il incarnait le beaufrère de Rocky Balboa, Paulie... 2023 : DUNC WILSON, 75 ans, gardien de but qui a joué pour les As du Québec (LAH) en 1968-69 et avec Vancouver, Toronto et Pittsburgh dans la LNH entre 1969 et 1979... 2022 : ANDRÉ CHAGNON, 94 ans, fondateur de la société de câblodistribution Vidéotron... 2020 : ERIN WALL, 44 ans, soprano canadienne de renommée internationale... 2020 : WHITEY FORD, 91 ans, l'un des lanceurs à connaître le plus de succès dans l'histoire des Yankees de New York... 2019 : TED GREEN, 79 ans, ancien défenseur de la LNH (11 saisons avec les Bruins de Boston) et entraîneur avec les Oilers... 2018 : PATRICE L'HEUREUX, 46 ans, ancien boxeur québécois et ancien champion canadien, surnommé «Le Granit »... 2014 : JEAN-FRANÇOIS CALVÉ, 89 ans, acteur français, premier partenaire de Brigitte Bardot au cinéma... 2013 : PAUL DESMARAIS, 86 ans, homme d'affaires québécois... 2005 : BOB «LEGS» LANGEVIN, 91 ans, lutteur professionnel et promoteur de lutte... 2002 : JACQUES RICHARD, 50 ans, ancien joueur des Flames, des Sabres et des Nordiques de Québec (LNH)... 1992 : WILLY BRANDT, 78 ans, ancien chancelier allemand... 1989 : ROBERT RIVARD, 62 ans, comédien québécois.

Un campus plus vert

Le Cégep de Sainte-Foy a procédé dernièrement à la plantation de 25 nouveaux arbres sur son terrain, une initiative majeure réalisée en collaboration avec le Collectif Canopée, le Centre d'enseignement et de recherche en foresterie (CERFO) et la Ville de Québec. La plantation a rassemblé membres de la communauté étudiante, personnel, bénévoles et partenaires (photo) pour célébrer cette avancée vers un campus plus vert et un avenir plus sain. Cette plantation vise à réduire les îlots de chaleur causée par le stationnement, tout en augmentant la canopée et l'ombre près des espaces verts. Cette initiative s'inscrit en droite ligne avec les efforts continus du Cégep de Sainte-Foy pour créer un environnement plus durable et accueillant pour toute la communauté étudiante et professionnelle. Sur la photo du haut, NATHALIE LAROSE, directrice générale du Cégep de Sainte-Foy. Sur celle du bas, les partenaires, membres du personnel et bénévoles impliqués dans le projet.



*****

Anniversaires FRANÇOIS PÉRUSSE (photo), humoriste, bassiste, chanteur et acteur québécois, né à Québec, et notamment célèbre pour ses sketchs humoristiques et radiophoniques (La Série du peuple) 64 ans... BRUNO MARS, auteur-compositeur-interprète et producteur américain, 39 ans... BELLA THORNE, actrice, chanteuse et productrice américaine, 27 ans... MATT DAMON, acteur et scénariste américain, 54 ans... SIGOURNEY WEAVER, actrice américaine de télé et de cinéma, 75 ans... JESSE JACKSON, pasteur, homme politique et militant des droits civiques américain, 83 ans... PAUL HOGAN, acteur australien, 85 ans.

Le Devoir
Culture, vendredi 18 octobre 2024 608 mots, p. B4
Aussi paru dans
18 octobre 2024 - Le Devoir (site web)

Goodrich, en a-t-on vraiment besoin ?

SONIA SARFATI

COLLABORATRICE; LE DEVOIR

Propriétaire d’une galerie d’art de Los Angeles, Andy Goodrich (Michael Keaton, qui semble dire:«Je suis Michael Keaton, n’en demandez pas plus») a été marié à une femme (Andie MacDowell, entraperçue) travaillant dans le même milieu. Propulsé par la crise de la cinquantaine (ou soixantaine ?), il a divorcé pour épouser Naomi (Laura Benanti, entraperçue-bis), pas beaucoup plus âgée que la fille issue de sa première union, Grace (Mila Kunis, qui bat ici des records de non-chimie avec son partenaire à l’écran).

Maintenant père de jumeaux de 9 ans (Vivien Lyra Blair, excellente ; Jacob Kopera, effacé), le monsieur est aujourd’hui mal pris sur tous les flancs. Non seulement les choses sontelles difficiles pour sa galerie, mais Épouse numéro 2 est partie en cure de désintoxication. Elle sera absente pendant 90 jours. Andy tombe des nues. Il ne s’était jamais aperçu que celle avec qui il partageait son quotidien (formule consacrée, rien de plus) avait un problème de consommation.

Complètement désemparé (on fait quoi avec les gamins ? !), il se tourne vers Grace. Celle qu’il a négligée quand elle était môme. Qui a 27 ans de plus que ses demi-frère et soeur. Qui est enceinte d’un premier enfant. Qui a coupé pas mal de ponts avec le paternel. Mais bon ! Papa a besoin d’un coup de pouce. Et de main.

Et de poing, peut-être ? !

De père et mère en fille

Écrit et réalisé par Hallie Meyers-Shyer (l’insipide Home Again), Goodrich est de ces films qui ne sont pas seulement mauvais, mais qui mettent en rogne tant ils sont une perte de… de tout. De temps, de talent, d’argent. Il y avait là de vrais sujets. Les relations père-fille, pas si souvent explorées au cinéma. Mais aussi, et peut-être surtout, les répercussions d’une relation brisée dans le contexte décrit précédemment. Il y avait tellement, tellement à dire. À écrire. À montrer.

Mais à l’écran, du vide. Tout est lisse. Sans relief. Les situations comme les personnages. Les sentiments sont tièdes, désamorcés comme autant de pétards mouillés. Les acteurs ne sont pas inspirés (comment pourraient-ils l’être ?). Finalement, la tristesse finit par l’emporter. Pas pour les raisons recherchées.

En fait, ce long métrage n’existerait probablement pas si celle qui en est à l’origine ne faisait pas partie de l’aristocratie hollywoodienne. Hallie Meyers-Shyer est la fille de la scénariste, productrice et réalisatrice Nancy Meyers (Private Benjamin, The Intern) et du scénariste, producteur et réalisateur Charles Shyer (Private Benjamin, Alfie). À ce titre, elle a eu de petits rôles dans les «bébés-ciné»de ses parents (Father of the Bride, The Parent Trap) avant de tenter de voler de ses propres ailes. Pour s’écraser sur Home Again. Et maintenant, sur Goodrich.

Thérapie de luxe qui semble avoir été écrite au siècle dernier (et encore), cette comédie dramatique est très inspirée de sa vie. Mais face au résultat, on a l’impression qu’elle n’en a rien appris. Ou n’a pas osé. Même le distributeur semble le savoir, lui qui a fixé l’embargo critique à une minute avant la journée de la sortie de ce film… qui ne sera d’ailleurs projeté au grand écran qu’en version originale anglaise. Ça, au moins, c’est un message clair.

Goodrich (V.O.A.)-||-**

Comédie dramatique de Hallie Meyers-Shyer. Avec Michael Keaton, Mila Kunis, Vivien Lyra Blair et Jacob Kopera. États-Unis, 2024, 111 minutes. En salle dès le 18 octobre.

CRITIQUE CINÉMA

Le Devoir
Culture, lundi 21 octobre 2024 958 mots, p. B10
Aussi paru dans
21 octobre 2024 - Le Devoir (site web)

Prendre au sérieux le mouvement antiavortement

ROXANE LÉOUZON

LE DEVOIR

Léa Clermont-Dion veut ouvrir la discussion sur les droits reproductifs avec La peur au ventre

Dans son nouveau documentaire, La peur au ventre, Léa Clermont-Dion met en lumière la force du mouvement antiavortement, galvanisé par l’invalidation de l’arrêt Roe v. Wade en 2022. Elle va directement à la rencontre des militants pour tenter de comprendre leur discours et leurs intentions, non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada.

À Washington, entourée de dizaines de milliers de personnes bravant une tempête de neige et scandant des slogans antiavortement, la réalisatrice a vécu l’un des tournages les plus marquants de sa vie. «C’était comme un cauchemar. Je trouvais ça extrêmement épeurant. Je pense que ça se perçoit dans le film, j’essaie de me calmer», raconte-t-elle en entrevue.

On la voit déambuler au milieu de foules hostiles à son point de vue, sa petite caméra à la main parfois tournée vers elle. «J’avais besoin d’être dans le film pour relier le public québécois à ces gens-là, qui nous semblent si loin. Je trouve ça beaucoup plus intéressant d’avoir quelqu’un qui se dit féministe depuis 15 ans qui rentre en lien avec eux, plutôt que juste une caméra faussement objective», explique la documentariste et autrice, qui a récemment publié le livre Salut, ça va ?, une discussion sur les violences à caractère sexuel destinée aux jeunes.

Si son appui à l’avortement est assumé, Mme Clermont-Dion n’avait pas «l’ambition de changer l’opinion de qui que ce soit». Elle a plutôt pour objectif de montrer que cette lutte nous concerne aussi. Pourquoi ? Tout d’abord, le mouvement a un discours qui, centré autour de la croyance que l’avortement est un meurtre, est d’une efficacité redoutable. De plus, il est très organisé et suscite l’adhésion de nombreux jeunes, notamment à travers Students for Life of America, qui se disent membres de la «génération pro-vie». Il compte dans ses rangs des influenceurs populaires sur les réseaux sociaux. «La vie est notre révolution», lui a confié avec beaucoup de conviction un jeune de 18 ans.

Des regroupements antiavortement sont aussi bien présents au Canada, revigorés depuis que le droit à cette intervention n’est plus protégé par la Constitution américaine et que de nombreux États l’ont restreint ou aboli. La réalisatrice a interrogé le président de la campagne Québec-Vie, Georges Buscemi, lors de son voyage à Washington pour le grand rassemblement. Son organisation vise à faire du Québec «une société chrétienne qui protège la foi, la famille et la vie, de la conception à la mort naturelle». Elle a organisé en juin dernier la première Marche pour la vie dans la capitale nationale.

«Il y a une mobilisation internationale. Abby Johnson, la leader américaine la plus influente, était à Ottawa lors de la Marche pour la vie. Des gens de son organisation m’ont dit qu’ils sont mandatés pour venir au Canada, que ça ne fait que commencer», rapporte la cinéaste.

Sur la colline du Parlement

Une bataille se joue également à la Chambre des communes. Plus de 80 députés, soit près du quart du Parlement, ont une position «pro-vie», explique à la caméra le dirigeant de l’organisation RightNow, dévouée à l’augmentation de ce nombre. En étant stratégique, cette minorité grandissante pourrait avoir une réelle influence, estime la réalisatrice.

«Depuis 1988, 48 projets de loi privés ont été déposés ou ont failli être déposés à la Chambre des communes par des députés qui voulaient restreindre l’avortement ou s’attaquer à cet enjeu-là directement», confie l’ancien député conservateur Alain Rayes au micro de Léa Clermont-Dion. «Je vous mets au défi de trouver un autre sujet qui a eu autant de projets de loi sur cette même période.»Le documentaire donne aussi la parole à des défenseurs de la justice reproductive, au Québec et aux États-Unis, qui sont loin de baisser les bras devant les attaques. Il rappelle le chemin qui a été parcouru jusqu’à la décriminalisation de l’avortement au Canada en 1988. La réalisatrice-protagoniste commence d’ailleurs son film par une rencontre avec Louise Desmarais, une militante de longue date pour le droit à l’avortement. Tout au long du film, elle lui fait ensuite part de ses réflexions dans des messages vocaux.

«Je parle à Louise, qui a vécu cette bataille depuis 50 ans, mais aussi aux femmes de sa génération. Ce sont des messages à une génération qui m’a précédée et à laquelle on doit beaucoup», explique Mme Clermont-Dion à propos de ce procédé narratif.

L’un des constats de sa démarche, c’est que les deux positions sont irréconciliables. «Je me suis fait dire que Trump était un miracle de Dieu et que la position adverse était le diable», souligne-t-elle. Comment dialoguer face à une telle déshumanisation ? Comment avoir une discussion lorsque les femmes refusent de parler de leur avortement, par crainte d’être assassinées ? Comment entrer en relation lorsque la peur domine, de part et d’autre ? Le film se conclut sur des images de deux manifestations qui s’opposent directement, à Québec, dans le bruit, le soleil et l’incompréhension. C’est une scène, croit Léa Clermont-Dion, potentiellement représentative d’un combat qui se dessine à nouveau dans notre pays.

La peur au ventre

De Léa Clermont-Dion. Les Productions d’octobre. Lundi 21 octobre à 20 h sur les ondes de Télé-Québec (version courte). Au Festival Cinemania le 15 novembre à 18 h et le 16 novembre à 15 h 30.

En salle dès le 22 novembre au cinéma Tapis Rouge à Trois-Rivières et au cinéma Le Clap à Québec.

DOCUMENTAIRE

Le Journal de Québec
Spectacles, mercredi 16 octobre 2024 454 mots, p. 40
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16 octobre 2024 - Le Journal de Montréal

XAVIER DOLAN VEUT REVENIR AU CINÉMA

SON PROCHAIN FILM INTÉGRERA HORREUR ET COMÉDIE

CÉDRIC BÉLANGER

Xavier Dolan souhaite tourner son prochain film en 2025 et a révélé que le récit, qui intégrera des éléments d'horreur et de comédie, nous transportera dans la France de la fin du XIXe siècle.

«Ce sera un amalgame de plusieurs genres », a-t-il avancé, ajoutant que «l'histoire se déroulera en 1895 dans la haute société littéraire parisienne, mais aussi à la campagne ».

Le cinéaste surdoué a donné ces détails à propos de ce nouveau projet, d'abord évoqué au balado Sans filtre, en août dernier, lors d'une classe de maître qu'il a offerte au Festival Lumière, à Lyon, lundi.

Ses propos ont été rapportés par la presse française.

Pour le moment, le film n'a ni titre ni distribution.

Durant son séjour à Lyon, Xavier Dolan a aussi assisté à une présentation spéciale 10e anniversaire de son film Mommy, qui avait reçu le Prix du jury du Festival de Cannes en 2014.

RETRAITE

Ça fait maintenant cinq ans que Dolan, qui avait amorcé sa carrière à un rythme effréné en tournant pas moins de huit longs métrages en dix ans, est absent du grand écran.

Après Matthias et Maxime, paru en 2019, il a tourné l'acclamée série télé La nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé et joué dans Illusions perdues, un film de Xavier Giannoli.

En 2023, dans un message publié sur les réseaux sociaux, il avait annoncé sa retraite du cinéma et qu'il désirait se consacrer à des projets pour la télévision. «Je ne veux plus faire de films puisqu'ils ne me rendent pas heureux », avait-il expliqué.

SECOND CHAPITRE

Un an plus tard, il a changé son fusil d'épaule. Présider le jury de la section Un certain regard, lors du dernier Festival de Cannes, lui a redonné «le désir de créer ».

À Lyon, Xavier Dolan, 35 ans, a dit qu'il amorce le second chapitre de sa carrière et qu'il n'est pas question de reproduire la cadence infernale qui a été la sienne durant sa vingtaine. «Je sais que je pourrai jamais maintenir le même rythme qu'avant », a-t-il déclaré.

«À mesure que je change, que je vieillis, que je grandis, que j'évolue, j'aime avoir le temps de penser, de réfléchir. Je ne suis pas intéressé par une approche qui consiste à enchaîner les films, qui doivent tous être meilleurs que le précédent. Je ne peux pas repartir de zéro chaque fois. J'ai besoin de construire quelque chose et d'avoir le sentiment d'avancer.»

Pour ses 10 ans, Mommy fera l'objet d'une série de projections en 35 mm au Québec. La première aura lieu le 1er novembre, au Théâtre Outremont, en présence du réalisateur ainsi que des acteurs Anne Dorval, Antoine Olivier Pilon et Suzanne Clément.

Le Devoir
Culture, samedi 12 octobre 2024 86 mots, p. LED2

SOMMAIRE

8 Humour Dans son nouveau spectacle, Mâle alpha, Louis T s’aventure sur le territoire de la masculinité.

46 10 15 16 19 20 Théâtre Cirque Musique Arts visuels Cinéma Critique cinéma Écrans 24 Lire Rebecca Makonnen fait sa première incursion en littérature avec un récit biographique truffé de révélations bouleversantes.

25 26 27 31 Style libre:Chloé Savoie-Bernard Le feuilleton de Jean-Christophe Critique Lire Louis Cornellier Photo de la une du D:Valérian Mazataud Le Devoir Photo de Rebecca Makonnen:Valérian Mazataud Le Devoir

Le Journal de Québec
Spectacles, samedi 5 octobre 2024 523 mots, p. 65
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5 octobre 2024 - Le Journal de Montréal

Elle voulait voir Nos Belles-Soeurs avant de mourir

UNE FEMME EN FIN DE VIE A RÉALISÉ SON SOUHAIT GRÂCE À SA FAMILLE ET À DENISE ROBERT

MAXIME DEMERS

Atteinte d'un cancer du poumon en phase terminale, Doris Gagné avait manifesté le désir de voir le film Nos Belles-Soeurs en famille avant de recevoir l'aide médicale à mourir. Grâce à la débrouillardise de ses proches et à la générosité de la productrice Denise Robert, elle a pu réaliser ce souhait la veille de son départ, le mois dernier.

Même si la demande peut paraître simple, cette soirée de cinéma n'a pas été facile à organiser. La famille de Doris Gagné a appris pendant la fin de semaine du 8 septembre que la femme de 70 ans allait recevoir l'aide médicale à mourir le mardi 10 septembre. Sa nièce, Annik Gagné, n'avait donc que quelques heures pour tout mettre en branle.

«On ne trouvait rien sur les plateformes parce que le film n'est pas encore disponible en vidéo sur demande, mais on se disait qu'on ne pouvait pas laisser passer une demande aussi simple, relate Annik Gagné en entrevue au Journal.

«En faisant des recherches sur internet, j'ai vu le nom de [la société de production] Cinémaginaire. Je les ai contactés le lundi matin par téléphone. La réceptionniste m'a transféré au numéro de poste d'une employée qui donnait son adresse courriel dans son message vocal. Je lui ai écrit un courriel, mais j'avais l'impression d'envoyer une bouteille à la mer !»

Quel ne fut pas son étonnement quand elle a reçu quelques heures plus tard la confirmation qu'elle allait recevoir par courriel un lien pour visionner le film.

«J'ai appelé ma tante tout de suite après pour lui annoncer. Elle était tellement contente ! C'est vraiment un beau geste de la part des gens de Cinémaginaire.»

AVEC SES PROCHES

La projection a été organisée le soir même à la Maison Catherine de Longpré, à Saint-Georges (en Beauce), le centre de soins palliatifs où résidait Doris Gagné. Annik Gagné a invité une douzaine de proches de sa tante à regarder le film avec elles dans le salon de l'établissement, avec du popcorn et des chips, comme au cinéma !

«Ma tante était une grande amatrice de films québécois et on voyait pendant le visionnement qu'elle était très attentive. Après le film, elle a dit à ma mère que ça lui rappelait le bon vieux temps », témoigne Annik Gagné.

«Ce visionnement nous a donné l'occasion de nous réunir tous ensemble autour d'elle pour une dernière fois et de lui changer les idées à la veille de son départ. Ça nous a aidés de la voir partir aussi sereinement. Le film, pour elle, c'était comme un petit bonbon avant de partir.»

PAS D'HÉSITATION

Jointe par Le Journal, la présidente de Cinémaginaire et productrice de Nos Belles-Soeurs, Denise Robert, a dit ne pas avoir hésité une seconde à envoyer un lien de visionnement quand elle a vu passer le courriel d'Annik Gagné.

«On a été bouleversés par cette histoire, confie la productrice. Je me disais que si on pouvait l'aider à avoir un petit moment de bonheur avant son départ, il fallait le faire.»

HuffPost - France (site web) - Le Huffington Post (FR)
mardi 8 octobre 2024 - 18:31:17 -0000 834 mots
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Gad Elmaleh rachète l’un des plus célèbres cabarets parisiens pour en faire un comedy club

Le HuffPost avec AFP

Culture 08/10/2024 17:53 Gad Elmaleh rachète l’un des plus célèbres cabarets parisiens pour en faire un comedy club

Chez Michou va changer de nom mais pas de concept. L’acteur et humoriste de Chouchou prévoit d’y faire un lieu de comédie et d’humour.

Par Le HuffPost avec AFP Partager

BERTRAND GUAY / AFP Gad Elmaleh va pouvoir racheter l’emblématique cabaret transformiste parisien Chez Michou , suite à une décision de justice mardi 8 octobre 2024 BERTRAND GUAY / AFP Gad Elmaleh va pouvoir racheter l’emblématique cabaret transformiste parisien Chez Michou , suite à une décision de justice mardi 8 octobre 2024

PARIS - Ne dites plus Chez Michou , mais Chez Gad. L’acteur et humoriste Gad Elmaleh a été choisi par la justice pour racheter le fonds de commerce de l’emblématique cabaret transformiste parisien Chez Michou , en liquidation judiciaire, selon le jugement consulté ce mardi 8 octobre par l’AFP.

Lire aussi Michou ne voulait pas que son cabaret, "Chez Michou", lui survive

En reprenant ce lieu iconique de Montmartre et du Paris touristique, Gad Elmaleh en fera un lieu de comédie et d’humour, tout en gardant l’âme des lieux , a expliqué à l’AFP le service de communication de l’acteur, qui n’a cependant pas racheté la marque Chez Michou.

Le fondateur de l’établissement, surnommé Michou, est décédé début 2020. Le cabaret transformiste a ensuite connu des difficultés financières, et a été mis en liquidation judiciaire au début de l’été 2024.

Gad Elmaleh, 53 ans, a été choisi par le tribunal de commerce de Paris pour reprendre les lieux, fermés depuis la fin juin avant leur 68e anniversaire, et dont les 23 salariés, artistes et personnel de salle, ont été licenciés.

Chez Michou change de nom mais pas de recette

Pour Catherine Catty-Jacquart, la nièce de Michou, Gad Elmaleh va continuer à faire vivre le 80 rue des Martyrs tombé entre de bonnes mains comme Michou l’aurait aimé. On aurait été malheureux que le lieu devienne autre chose qu’un cabaret.

Ça ne s’appellera plus Chez Michou, mais Gad va en faire un très bel endroit. C’est une très bonne chose de tourner la page, en prenant un virage , a-t-elle déclaré à l’AFP.

La ministre de la Culture Rachida Dati a également remercié ce mardi après-midi, sur X, l’acteur de sauver ainsi un des lieux les plus emblématiques de Montmartre et de Paris (...) Michou, qui est dans nos cœurs, ne pourrait qu’en être heureux.

La reprise par Gad Elmaleh semble logique : figure de l’humour hexagonal, l’artiste a interprété le personnage de Chouchou, un travesti haut en couleur et exubérant.

Créé sur scène, il lui a valu l’un de ses plus gros succès en salles avec la comédie Chouchou, où son personnage fréquente notamment un cabaret de la banlieue nord, L’apocalypse. Le film a réuni 3,8 millions de spectateurs à sa sortie en 2003. Pour ce rôle, Gad Elmaleh a été nommé pour le César du meilleur acteur.

Gad Elmaleh n’est pas le seul humoriste à avoir sa salle de spectacle. Avant lui, Fary, Jamel et Kev Adams ont lancé leur comedy club.

Michou, le prince bleu de Montmartre

Avec le fonds de commerce de Chez Michou , Gad Elmaleh s’offre une adresse internationalement connue, dont l’emblématique fondateur, surnommé le prince bleu de Montmartre , a inspiré dans les années 1970 La Cage aux folles au comédien et auteur Jean Poiret.

Icônes parmi les plus populaires des nuits parisiennes, Michou et son cabaret étaient devenus des symboles français, aussi prisés que le Moulin Rouge, Le Lido et le Crazy Horse.

Le cabaret Michou est une grande famille. On se tient les coudes tant que l’on peut mais nous ressentons beaucoup d’amertume , avait confié à l’AFP la nièce de Michou qui avait repris les rênes depuis le décès de son oncle.

Berceau du transformisme et plus petit cabaret de Paris, Chez Michou présentait un dîner-spectacle avec d’extravagants travestis surnommés les Michettes , imitant des vedettes de la chanson et du cinéma comme Sylvie Vartan, Annie Girardot, Johnny Hallyday, Mireille Mathieu ou Dalida.

En déficit depuis trois ans, le cabaret a été confronté, selon son ancienne directrice, aux grèves, manifestations et problèmes de stationnement, surtout pour les autocars , provoquant l’effondrement des réservations.

Shows de drag-queens et spectacles transformistes connaissent pourtant un regain d’intérêt ces dernières années, portés par des établissements qui ont su davantage se tourner vers un public jeune et branché, comme Madame Arthur, également située à Montmartre.

Dans ses mémoires parues en 2017, Michou avait estimé que son cabaret ne devait pas lui survivre. Je veux que cette maison disparaisse avec moi. Cela peut paraître prétentieux mais le cabaret ne me survivra pas , disait-il alors. Quelques mois avant son décès, il s’était finalement ravisé sous la pression des Michettes.

Cet article est paru dans HuffPost - France (site web) - Le Huffington Post (FR)

Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Actualité, vendredi 15 novembre 2024 640 mots, p. 9

Trouver des espaces, une étape nécessaire pour le développement artistique

JEAN-PHILIPPE GIROUX

IJL / RÉSEAU.PRESSE

COMEAUVILLE-Si les idées de projet sont nombreuses et qu’il y a de l’intérêt pour l’art à la Baie, il y a toutefois un obstacle inévitable à surmonter pour assurer l’épanouissement des arts:l’accès aux espaces de répétition.

D ans la région de Clare, il existe divers lieux bien connus pour se regrouper, dont les salles de spectacles, comme Le Richelieu et le Théâtre Salle Marc-Lescarbot, et les espaces publics, comme la salle paroissiale Sacré-Coeur.

Mais il ne s’agit pas de lieux précisément pourfairedela création ou de la diffusion artistique, pointe Natalie Robichaud, directrice générale de la Société acadienne de Clare (SAC).

Bien qu’il y ait deux salles de spectacles à la disposition des organismes locaux, comme la SAC et les diffuseurs de spectacle, notamment Les Productions Le Moulin, l’accès vient avec des couts et sous réservation.

Avec le théâtre de l’Université Sainte-Anne, il n’y a pas de gestion officielle pour la salle en particulier. À l’heure actuelle, diverses pièces d’équipement, certaines datant des années 90, ne sont pas à jour, dit Mme Robichaud.

Par exemple, en ce moment, le projecteur est en panne, une perte pour ceux qui utilisaient le théâtre comme salle de cinéma, ou tout simplement pour présenter des images sur l’écran.

Il faut aussi prévoir un maximum de 250 $par jour pour y avoir accès, sans compter l’embauche du technicien, ce qui n’est pas forcément idéal pour les productions communautaires avec peu de moyens financiers, fait remarquer Mme Robichaud.

«Si t’es une petite troupe avec très peu d’argent qui veut juste répéter, tu peux point le faire là, sauf si t’as des gros budgets. Pis c’est là où c’que le Conseil des arts du Canada serait intéressant pour aller chercher des budgets, mais autre que ça, c’est trop cher.»Il existe des endroits de plus petite taille, dont la Ruche, un espace récréatif situé au Hub culturel de Clare. Or, cette pièce convient surtout aux personnes organisant des activités en petit groupe, mentionne Mme Robichaud, pas nécessairement aux individus qui montent des productions théâtrales, où il faut faire plus de place.

Pour promettre l’excellence artistique, l’un des objectifs principaux de la SAC, «il faut que t’aies des lieux pour pouvoir développer ton art pis le diffuser, rappelle Mme Robichaud, pis, à l’heure actuelle, ça, c’est vraiment un problème dans Clare.»«Bientôt, on va arrêter de dire qu’à Clare, il y a beaucoup d’artistes pis qu’il y a beaucoup de talents, pis tout ça, parce que ça s’en va tranquillement, ça là. Pis avons point l’infrastructure pour soutenir ça», s’inquiète-t-elle.

Une solution idéale, selon la directrice générale, serait de faire comme à Tusket avec la Salle Père-Maurice-Leblanc, intégrée au centre communautaire et gérée par le Conseil acadien de Par-en-Bas. L’espace de répétition est accessible à tous, à des frais ou non, et permet aux artistes locaux de réaliser leurs oeuvres plus facilement.

Mme Robichaud explique qu’elle a une vision pour la Salle Marc-Lescarbot, si l’Université Sainte-Anne souhaitait léguer la gestion de la salle à un organisme comme la Société acadienne de Clare.

Dans le cas où Patrimoine canadien accepterait une telle entente, suggère la directrice générale, il y aurait de nouvelles options de financement disponibles pour, entre autres, aller chercher du nouvel équipement.

Par exemple, en ce moment, le projecteur est en panne, une perte pour ceux qui utilisaient le théâtre comme salle de cinéma, ou tout simplement pour présenter des images sur l’écran.

La République des Pyrénées
Edition Principale
sous la plume de..., samedi 19 octobre 2024 1100 mots, p. 30
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19 octobre 2024 - La République des Pyrénées (site web)

Débat et Opinion

Le pass Culture en question

MARC BELIT (1)

Voilà une chose qui vous avait des airs de modernité il y a quelques années; la grande idée culturelle du nouveau gouvernement de l’époque en 2019 n’était pas à l’effet d’en revenir au fondement du décret de 1959 établissant une politique de la culture en France, mais de trouver un gadget, qui puisse en quelque sorte dépoussiérer l’approche de la démocratisation culturelle jugée un peu vieillie et dévaluée. Aussi l’idée de relancer la politique culturelle des jeunes par la consommation en leur donnant l’argent de poche qui leur manquait, le tout estampillé dans un franglais de circonstance fit quand même lever le sourcil à quelques spécialistes de la question.

Le pass Culture, un de ces mots qui font moderne, se présenta comme un efficace passeport pour la culture. Mais pourquoi alors ne pas l’appeler passeport ou «laisser passer» ou même lui donner le nom de cette clé qui ouvre toutes les portes et qu’on appelle le «passe», bien connu des concierges et des cambrioleurs. Voilà qui eut été bien venu. On ne spéculera pas là-dessus. Mais enfin on se rend compte que la polysémie de ce mot français est bien plus riche que ce Globish du diable! Mais soit, on voulait une expression branchée et une terminologie qui aille avec et on l’eût.

On mit du temps cependant à le financer et à le mettre en œuvre (n’avait-on pas imaginé un temps qu’il serait financé par le mécénat et les banques?). On peina à lui trouver un mode d’emploi adéquat, on tâtonna et on finit par le généraliser à tous.

Mais voici venu le temps d’en tirer les leçons et de l’adapter aux circonstances, aux avis et aux ambitions de l’actuelle ministre de la Culture. Mieux vaut tard que jamais car le pass individuel on l’a vu, s’il n’a guère atteint ses buts de démocratisation des comportements culturels des jeunes, s’apparente plus souvent à un effet d’aubaine, teinté de démagogie et d’une confiance exagérée dans les comportements vertueux qui en portaient l’espoir.

L’argent de ce pass offert à tous ceux qui avaient atteint 18ans par une allocation de 300 € à dépenser en 24 mois était une belle opportunité. Cette somme qui donnait accès aux disques, aux livres, aux spectacles, au cinéma, à l’achat des biens physiques et numériques (dans ce cas limité à 100 €) aux sorties, aux activités artistiques et culturelles fut loin de couvrir l’éventail de toutes ces possibilités. Le choix se montra en effet plutôt concentré sur les loisirs électroniques, les livres de classe en effet et quant aux loisirs, c’était plutôt les mangas qui dans leur grande majorité furent achetés par ce moyen. Quant au spectacle vivant (théâtre, danse, concert), les statistiques, établirent qu’il n’intéressait pas plus de 1% de jeunes, ce qui était très loin de l’objectif de départ.

En revanche, sur le plan collectif, le pass ouvert dès la classe de quatrième et jusqu’à la terminale pour les sorties scolaires guidées pour les enseignants s’est avéré un incontestable succès, permettant de résoudre le problème numéro un de la sortie scolaire: d’abord le coût du trajet, ensuite, celui du spectacle. Ce secteur est une éclatante réussite et montre qu’en fait le choix des sorties culturelles, lorsqu’elles sont encadrées et facilitées économiquement est préférable au consumérisme individuel. On aurait pu s’en douter.

La ministre de la Culture veut réformer le système, mais avec cette idée persistante que ce sont les moyens et non le désir qui manquent aux jeunes pour se cultiver. On se demande à regarder les élèves autour des établissements scolaires et au nombre d’appareils électroniques dont la plupart sont équipés entre smartphones iPod, etc., si on ne se trompe pas encore lourdement. Et si on avait le courage de reconnaître que cette idée d’un chemin culturel par la consommation n’était qu’une illusion de plus au mieux, ou un contresens au pire.

La ministre de la Culture ne le dira pas mais on sent pointer chez elle le doute, on sent bien à la question posée au sujet des enseignements artistiques (tragiquement abandonnés par temps de disette, ensuite vertueusement repris pour être ensuite précarisés) que là est le centre de la question. La place de la culture à l’école depuis plus de 30ans est le vrai serpent de mer de l’éducation artistique et culturelle. Que de discours vertueux et de proclamations définitives avons-nous entendu entre ministres de l’Éducation nationale et de la Culture (le plus notoire fut le plan Lang/Tasca pour l’école entre 2000 et 2002). Qu’en est-il advenu? Abandonné, bien sûr par la suite…

Qu’on nous permette un avis tranché. À l’heure où le budget de la nation est si difficile à boucler et où le budget de la culture est si contraint et amputé, les ressources non négligeables de ce pass (un peu plus de 200millions tout de même), ne seraient-elles pas plus utiles en étant plus fléchées sur le plan éducatif que sur le plan consumériste?

Car enfin de compte, il y a deux missions régaliennes de l’État en matière de culture, qui ne souffrent pas la discussion: c’est l’entretien du patrimoine et la transmission des références culturelles indispensables dès l’école, en harmonie avec le travail de l’instruction publique. Le reste venant par surcroît; il ne manque pas en France, de dispositifs de politique culturelle menés par les collectivités locales et régionales ou territoriales pour cela. Encourageons donc la ministre à aller plus loin dans cette voie et a choisir l’efficacité plutôt que le symbole.

Puisque semble-t-il, elle et son administration en ont posé les termes justes, qu’ils aillent jusqu’au bout. La culture, comme le reste commence à l’école, et c’est là que se forme l’esprit, le goût et l’intelligence pour la vie. Voilà bien une évidence de bon sens que l’on a scrupule à rappeler tant elle coule de source.

«Le choix des sorties culturelles, lorsqu’elles sont encadrées

et facilitées économiquement,

est préférable

au consumérisme individuel»

«Les ressources

non négligeables

de ce pass […]

ne seraient-elles pas plus utiles en étant plus fléchées sur le plan éducatif que sur le plan consumériste?»

Acteurs Publics - Nominations
mardi 29 octobre 2024 233 mots

7 collaborateurs nommés au cabinet de Rachida Dati à la Culture

La ministre de la Culture, Rachida Dati, vient de nommer officiellement 7 collaborateurs à son cabinet. Deux d'entre eux ne faisaient pas partie du précédent cabinet de la ministre dans le gouvernement Attal. Il s'agit :

d' Emmanuel Baffour, nommé chef de cabinet. Ce dernier arrive tout droit de la préfecture de police de Paris, où il était jusque-là et depuis 2022, adjoint au préfet, secrétaire général pour l'administration générale à la préfecture de police, Philippe Le Moing-Surzur ;De Henri de Rohan-Csermak , inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche, qui rejoint le cabinet en tant que conseiller éducation artistique, enseignement supérieur et démocratie culturelle.

La ministre a aussi choisi de reconduire 5 de ses précédents conseillers. 2 d'entre eux voient leur portefeuille évoluer. C'est le cas de Naïma Ramalingom, qui était conseillère budget, fiscalité, investissements, mécénat, et qui voit son portefeuille complété des sujets outre-mer.

Par ailleurs , Maxime Triquenaux, déjà conseiller transition écologique, récupère en outre les discours dans son portefeuille.

Enfin, 3 conseillers poursuivent aux mêmes fonctions. Il s'agit :

d' Emma Buttin, qui reste conseillère spectacle vivant, arts visuels, design, mode, métiers d'art ;De Lucie Carette, qui rempile en tant que conseillère cinéma, jeu vidéo, industries culturelles, numérique et intelligence artificielle ; Et d' Hubert Tardy-Joubert , à nouveau conseiller affaires européennes et internationales, expertise culturelle, livre, lecture, langues, traduction, francophonie.

Cet article est paru dans Acteurs Publics - Nominations

Le Pays
Tarare
Monts Lyonnais, jeudi 31 octobre 2024 91 mots, p. Tarare-21

Solos au long cours

Montrottier. Lecture. Les Solos au long cours poursuivent leurs chemins et leurs lectures en itinérance dans les Monts du Lyonnais. Après avoir fait salle comble pour Ultima bomba, l'association Entre terre et vents accueillera le comédien Laurent Dhume de la Compagnie Cause toujours. Il viendra lire les vingt premières pages du roman de Philippe Roth, La tâche. Rendez-vous dimanche 3 novembre à 17 heures au cinéma. Participation au frais : 5 ?. Après la lecture un verre de l'amitié sera offert. Réservation conseillée au 06.72.36.10.49.

Le Devoir
Culture, vendredi 22 novembre 2024 492 mots, p. B3
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22 novembre 2024 - Le Devoir (site web)

QUOI FAIRE CE WEEK-END

Amélie Gaudreau

En marge de la vitrine des musiques métissées

Mundial Montréal, qui réunit des professionnels et créateurs des musiques métissées de partout dans le monde, bat son plein dans la métropole depuis mardi dernier. Le volet Off de cet événement propose au grand public vendredi sept spectacles réunissant chacun sur scène plusieurs artistes. Ainsi, on pourra entendre Wesli et Rebecca Jean au MEM, le duo Silk Road Diaries en Centre des musiciens du monde, Mônica Freire et Boogát aux Foufounes électriques, Joyce N’Sana au Turbo Haüs, Andy Rubal & Son del Sun au Montreal Palladium Lounge et danser en fin de soirée sur les rythmes de collectif Frikiton au Belmont et du collectif électronique Queen & Queer au Ritz PDB. Vaste choix.

Cinéma queer mondial, en salle ou à la maison

Le 37e Image+Nation, cet important festival de cinéma LGBTQ+, s’est ouvert à Montréal mercredi avec la présentation du film Queer, adaptation du roman autobiographique de William S. Burroughs par le cinéaste italien Luca Guadagnino. On pourra le voir dimanche à l’Université Concordia, à quelques semaines de sa sortie en salle. Le festival offre une programmation variée de films documentaires et de fiction, longs et courts, issus de 14 pays, dont la Chine, la Géorgie et, bien sûr, du Québec et du reste du Canada, qui mettent en lumière les réalités et des récits queer. Les cinéphiles à l’extérieur de la métropole peuvent participer à la fête, grâce aux oeuvres offertes également en ligne, à condition de se trouver sur le territoire québécois.

Avant l’avent

Le «joyeux temps des Fêtes»se fait de plus en plus sentir dans l’espace public et sur les scènes du Québec. De nombreux marchés de Noël ouvrent leurs portes cette fin de semaine un peu partout au Québec, dont le Grand Marché de Noël de Montréal, dans le Quartier des spectacles, et le Marché de Noël allemand, dans le Vieux-Québec, qui proposent également une programmation musicale et d’animation de rue. Certains spectacles musicaux des Fêtes prennent également l’affiche cette fin de semaine, dont la tournée Noël une tradition en chanson, avec, entre autres, Barnev, Joe Bocan et Marie Michèle Desrosiers, et le spectacle En attendant Noël, d’Isabelle Boulay, à la Place des Arts.

Zines en stock

Le festival international de l’édition indépendante Expozine a ouvert sa 23e à Montréal mardi, avec des tables rondes, des expositions et des ateliers, dont vendredi soir, un atelier de création de zines de «rupture amoureuse»avec l’invitée d’honneur de cette édition, Arantza Pena Popo. Mais la pièce de résistance de l’événement reste la foire Expozine, qui réunit plus de 200 artistes exposants venus de l’étranger (Asie, Europe et Amérique latine) et d’ici, ouverte au public gratuitement à l’église Saint-Arsène, dans La Petite-Patrie, samedi et dimanche. En clôture, on nous propose une soirée Musique & poèmes, dimanche soir, à la Brasserie Beaubien.

Le Devoir
Culture, lundi 25 novembre 2024 1376 mots, p. B1,B2
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25 novembre 2024 - Le Devoir (site web)

Plus Jane Austen que Jane Austen

Il y a 25 ans, Patricia Rozema adaptait le roman Mansfield Park en insufflant à son héroïne la personnalité de l’autrice

FRANÇOIS LÉVESQUE

LE DEVOIR

La série A posteriori le cinéma se veut une occasion de célébrer le 7e art en revisitant des titres phares qui fêtent d’importants anniversaires.

À 10 ans, Fanny Price quitte sa famille, qui vit dans l’indigence, afin d’aller vivre chez sir Thomas, son riche oncle. Là- bas, la brillante jeune fille est traitée en inférieure. Les années passent… À 18 ans, Fanny et son bel esprit s’ac-commodent de plus en plus mal d’un environnement certes opulent, mais vicié. Ainsi, alors qu’elle commence à s’avouer ses sentiments vis-à-vis de son cousin Edmund, Fanny prend conscience que la fortune de sir Thomas provient de l’esclavage. Or, lorsque son oncle tente de la contraindre à un mariage dont elle ne veut pas, Fanny mesure les limites de sa propre liberté. Il y a 25 ans ce mois-ci, la Canadienne Patricia Rozema dévoilait son film Mansfield Park (Lettres de Mansfield Park), une adaptation métafictive aussi brillante qu’audacieuse du célèbre roman de Jane Austen.

Il faut savoir qu’à partir du milieu des années 1990, Jane Austen est redevenue très en vogue grâce aux succès consécutifs de la série Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés), de Simon Langton, du téléfilm Persuasion, de Roger Mitchell, et du film Sense and Sensibility (Raison et sentiments), d’Ang Lee.

À la base, Patricia Rozema (I’ve Heard the Mermaids Singing /Le chant des sirènes) appréciait Jane Austen, voyant en elle une autrice parfois incomprise, ou «mécomprise». Au terme d’une projection de Mansfield Park au Museum of the Moving Image, en 1999, la cinéaste explique:«Jane Austen travaillait dans ce genre [sentimental], mais elle était très antisentimentale, et c’est ce que j’aime. Je pense que c’est un crime de la dépeindre comme une sorte de personne mièvre, romantique, digne d’un feuilleton, comme on le fait souvent. Elle possédait un esprit aiguisé, voire dur, et des dons naturels assez incroyables pour le langage.»Pour autant, Patricia Rozema n’était guère emballée lorsqu’on lui proposa d’adapter Mansfield Park, troisième roman de Jane Austen, publié en 1814 (et que le public s’arracha lors de la parution malgré le refus de la presse d’en parler). En fait, Rozema trouvait l’héroïne, une fois n’étant pas coutume, inintéressante.

«Ce que nous retenons d’elle, c’est qu’elle est plutôt frémissante et timide, résume la cinéaste au site Nitrate Onli-ne lors de la sortie. Et elle ne parle pas beaucoup. Mais le roman contenait tellement d’autres éléments intéressants. Il est très différent du reste du travail d’Austen:il est traversé par des courants plus sombres, comme l’esclavagisme, sans oublier toute cette atmosphère de sexualité à Mansfield Park. Les autorités ne sont pas forcément bienveillantes, et la présentation de la pauvreté est bien plus extrême que d’habitude. Dans les autres romans, c’est généralement une petite scène en passant, mais ici, Fanny est plongée dans une pauvreté abjecte. Je pense qu’Austen elle-même avait très peur de la pauvreté.»

Méditation sur la captivité

Ces «courants plus sombres», qui distinguaient Mansfield Park dans l’oeuvre d’Austen, motivèrent Rozema à faire le film. Mais plutôt que de s’accommoder de la protagoniste telle qu’originellement écrite, la scénaristeréalisatrice décida de lui insuffler une personnalité différente:celle de Jane Austen elle-même.

Toujours à Nitrate Online, Rozema confie:«Je ne comprenais pas pourquoi Jane Austen avait écrit un personnage aussi ennuyeux, elle qui était capable d’imaginer des héroïnes si captivantes, fascinantes, et s’exprimant si clairement. J’ai lu quelques biographies et lui ai trouvé cet esprit presque anarchique lorsqu’elle écrivait ses premières oeuvres, et j’ai pensé que ce serait intéressant de créer ce mélange métafictionnel.»Comment ? En utilisant, pour (re)construire le personnage de Fanny Price, des journaux intimes et des lettres de Jane Austen (lettres que l’actrice Frances O’Connor lit à la caméra en un bris du quatrième mur, procédé repris par Carrie Cracknell dans son adaptation de 2022 de Persuasion). Surtout, Rozema fit de Fanny une aspirante autrice, consommant ainsi le rapprochement avec Austen.

Hormis qu’elle opta pour cette approche ouvertement révisionniste, mais paradoxalement fidèle puisque renvoyant à Jane Austen elle-même, Patricia Rozema prit le parti d’aborder franchement la question de l’esclavagisme, mentionnée dans le roman, mais jamais approfondie.

D’ailleurs, pour la sortie américaine du film, on demanda à la cinéaste de couper une scène de son cru:celle où Fanny trouve des croquis montrant les sévices infligés par sir Thomas à des esclaves. Rozema refusa net, malgré la menace que son film n’obtienne pas la classification «13 ans et plus»souhaitée.

«Cette scène est la raison pour laquelle j’ai fait ce film — ou, du moins, l’une de mes raisons», affirme-t-elle au site ReelViews à l’époque.

En définitive, une seule des esquisses, montrant de la nudité, fut retirée, mais uniquement dans le montage américain.

Cela étant, en faisant cheminer Fanny vers une pensée abolitionniste, un développement absent du roman, Rozema se trouvait, là encore, et en dépit des apparences, à être en phase avec Austen. Comme le remarque la cinéaste lors de la discussion au Museum of the Moving Image:«Jane Austen était-elle une abolitionniste ? Elle a écrit dans l’une de ses lettres:“Je suis tombée amoureuse des écrits de Thomas Clarkson”, et Thomas Clarkson était un abolitionniste. Il n’écrivait que sur ce sujet-là. Donc…»Plus loin, la cinéaste poursuit:«Et il y a le titre — je maintiens que le titre Mansfield Park est un indice des intentions de Jane Austen. L’arrêt Mansfield était un jugement très connu à l’époque. C’était le premier jugement limitant l’esclavage en Angleterre, et tout le monde savait ce qu’était l’arrêt Mansfield. Ce fut la première avancée des abolitionnistes. Et Austen ne titrait pas ses romans à la légère. Ce livre est, et ce film est, une méditation sur la captivité sous toutes ses formes, et sur le traitement des êtres humains comme des propriétés.»

Casser le moule

Lorsque Mansfield Park prit l’affiche, l’accueil critique fut positif, malgré de notables couacs. Dans The Guardian, Peter Bradshaw tourna en dérision un film «expérimental»et «absurde». À l’inverse, dans le Chicago Sun-Times, Roger Ebert accorda une note parfaite au film, notant:«Tous les romans d’Austen, d’une manière ou d’une autre, parlent de jeunes femmes douées, mais piégées dans une couche de la société qui les oblige à s’asseoir dans des salons où on leur demande d’être belles et de se taire et où elles sont réduites à spéculer sur leurs perspectives matrimoniales. En croisant ce thème avec l’idée que Fanny est écrivaine, Rozema va droit au but. Nous supposons que les femmes ont toujours écrit, mais en réalité, jusqu’à il y a 200 ans, les femmes autrices étaient rares ; Austen a trouvé sa voie dans la profession. La plupart des femmes n’avaient pas l’éducation, la liberté ou l’intimité requises pour écrire. Virginia Woolf est éloquente à ce sujet dans A Room of One’s Own [Une chambre à soi], spéculant qu’une personne comme Austen n’a peut-être jamais été seule dans une pièce pour écrire…»Ebert ajoute:«La Fanny [du film] pourrait grandir pour écrire un jour, eh bien, Pride and Prejudice. Nous sommes tellement habitués à l’intelligence et à la vivacité d’esprit d’Austen que nous perdons de vue que le fait qu’elle eût écrit constituait, en soi, une rupture radicale avec le rôle que la société lui avait assigné.»Sachant cela, on pourrait arguer qu’en cassant le moule des adaptations traditionnelles, Patricia Rozema rendit à Jane Austen le plus bel hommage qui soit.

Le film Mansfield Park est disponible sur Netflix, sur Prime Video et en VSD sur iTunes.

A POSTERIORI LE CINÉMA

TV Mag (site web)
lundi 21 octobre 2024 - 11:24 UTC +02:00 435 mots

Accueil ; Actu télé

«LOL : IRL» : Prime Video dévoile le concept du nouveau spin-off de «LOL : qui rit, sort !»

Émilie Paul

Dans cette nouvelle déclinaison de son programme à succès, six personnalités auront six heures pour glaner des points en faisant rire des anonymes.

Fin septembre, lors de sa conférence pour présenter ses nouveautés, Prime Video avait dévoilé le casting de la nouvelle saison de «LOL : qui rit, sort !». Ainsi, Artus, Camille Chamoux, Jérôme Niel, Fatou Kaba, Cédric Doumbé, Muriel Robin, Vincent Dedienne, Marina Rollman, Alexandre Kominek et Fred Testot vont tout faire pour faire rire sans rire eux-mêmes au risque de se voir éliminer. Mais la plateforme s’était bien gardée d’évoquer «LOL : IRL».

Après une édition spéciale Halloween, appelée «LOL : qui crie, sort !», Prime Video a, en effet, décidé de proposer à ses abonnés une nouvelle déclinaison de son programme à succès. «Dans l'idée de toujours se renouveler et de proposer des choses différentes, on va faire un nouveau spin-off», nous annonçait en exclusivité Thomas Dubois, directeur des productions originales pour Prime Video en France en février dernier. «Cette fois-ci, le jeu va se délocaliser, il ne sera plus en plateau mais dans des lieux de la vraie vie. On teste autre chose. Cette règle efficace, qui est de ne pas rire, ne va plus avoir lieu uniquement dans un lieu fermé, qui est le plateau dans lequel on tourne à chaque fois, mais dans la vraie vie», détaillait-il.

» LIRE AUSSI - Prime Video commande une saison 5 de «LOL : qui rit, sort !» avec un spin-off surprenant : «Le jeu va se délocaliser dans la vraie vie»

À l’occasion du Mipcom Cannes, la plateforme dévoile de nouvelles informations au sujet de cette version de «LOL». Comme annoncé par Thomas Dubois, dans «LOL : IRL», présentée par Philippe Lacheau, six personnalités seront emmenées dans un lieu public quelque part en France (un supermarché, un cinéma, un aéroport ou un musée...) et se retrouveront au milieu d’anonymes qui ne seront pas au courant de ce qui se passe. Cette fois, leur mission sera de faire rire le plus de personnes, qu’il s’agisse des autres candidats ou des anonymes. Chaque rire vaudra un point. À la fin du jeu d’une durée de six heures, les deux célébrités ayant le plus de points accéderont à la finale. Un système de caméras cachées permettra de capter toutes les actions.

Reste désormais à connaître le casting de «LOL : IRL». La plateforme ne devrait pas tarder à annoncer les noms des six personnalités qui ont accepté de se prêter à ce jeu inédit.

Voir aussi :

Artus, Muriel Robin, Vincent Dedienne... Le casting de la saison 5 de «LOL : qui rit, sort !» officialisé

Histoire, castings, tournages... Comment «LOL : qui rit, sort!» est devenu un phénomène

Redouane Bougheraba dans «LOL : qui rit, sort !» : «Afida Turner a cru que c'était “L'Île de la tentation”»

Cet article est paru dans TV Mag (site web)

La Gazette des communes (site web)
lundi 21 octobre 2024 999 mots

Politiques culturelles et classes populaires : rendez-vous manqué

[Opinion] Politiques culturelles

Auteur associé

Maître de conférences en sociologie à l'Université de Picardie Jules Verne, Fabrice Raffin estime que les politiques culturelles sont déconnectées des classes populaires. L'universitaire analyse les raisons pour lesquelles, en dépit d'une intention de démocratisation culturelle, elles imposent un modèle dominant qui conduit trop souvent à l'exclusion d'une grande partie de la population française.

Les politiques publiques du domaine de la culture en France sont fondées sur des principes généreux d'éducation et d'émancipation. Le problème, pour ceux qui - professionnels de la culture en tête - placent en elles de tels espoirs, est qu'elles produisent au bout du compte surtout des effets de domination et d'exclusion.

En effet, sous couvert de démocratisation, les professionnels de la culture et leurs publics attitrés définissent ensemble une culture institutionnelle qui est surtout la leur. Dans les faits, elle correspond fort peu aux désirs de la majorité des Français (seulement 3 % d'entre eux par exemple ont un abonnement dans une institution culturelle). Pourtant, loin d'être éloignés de la culture, ces publics fuyants ont bien en la matière des attentes et leurs propres pratiques, hors de ces institutions. Des publics qui ne les fréquentent pas déclarent inlassablement à leur endroit, au fil des enquêtes depuis les années 1990 : « Ce n'est pas pour nous ». Encore faut-il comprendre le fondement de ce rejet et sa traduction politique.

Démocratisation culturelle française « bourgeoise »

En premier lieu, la politique de démocratisation culturelle française est avant tout « bourgeoise », dans un sens très précis. Elle s'est en effet constituée à la fin du XVIIIE siècle, contre l'aristocratie (superficielle) et contre le peuple (vulgaire) sur une base que l'on pourrait qualifier d'« intellectualiste » au sens où elle valorise l'accès à la connaissance et à la « vérité » par les formes artistiques. Souvent par souci d'éduquer, la « véritable » qualité artistique se mesure encore aujourd'hui dans la capacité des oeuvres à nous faire comprendre le monde et la condition humaine. Cette logique, portée principalement par le ministère de la Culture, valorise tantôt la contemplation des oeuvres majeures de l'histoire de l'art, tantôt des formes contemporaines reconnues par les seuls professionnels de la culture.

Or, pour la majorité des français, les pratiques sont culturelles non parce qu'elles donnent accès à des oeuvres socialement valorisées par une élite, mais parce qu'elles permettent une expérience hors du commun, faite d'émotion, de plaisir et de fête. Une conception qui valorise la participation durant les moments culturels, par la danse, le chant, les cris, la pratique. Très physique, cette expérience est bien différente de la contemplation distante, réfléchie et retenue des milieux culturels. Si André Malraux affirmait que « si la culture existe, ce n'est pas du tout pour que les gens s'amusent », il semble au contraire que, parmi nos contemporains, les attentes des publics soient bien plus ludiques, voire prosaïques.

On pourra arguer qu'avec la politique de démocratisation de la culture menée depuis Jack Lang, les institutions se sont ouvertes à ces formes plus populaires. Ce n'est en réalité pas tout à fait le cas. D'abord, les subventions de l'État vont toujours en majorité vers des équipements classiques qui dépassent rarement la logique intellectualiste (comme des musées ou des théâtres). Les équipements et manifestations qui s'adressent à un public plus large (comme le théâtre de rue, les carnavals, le cinéma en plein air, etc.) restent peu subventionnés. De plus, lorsque, exceptionnellement, ces institutions soutiennent ces formes populaires, c'est en général pour mieux se les approprier. Ce processus de transformation en objet artistique d'une chose qui ne l'était pas au départ est perceptible dans les mots qui qualifient ces pratiques lorsqu'elles deviennent subventionnées : le cirque est devenu « arts du cirque » ; le théâtre de rue, « art dans l'espace public » ; la BD, « 7E art » ; le hip-hop est passé du côté de la danse contemporaine, le graff est devenu de l'art contemporain...

Un modèle culturel trop urbain, trop parisien

Bourgeoises et excluantes, les institutions culturelles symbolisent enfin une autre dimension de la rupture avec les milieux populaires : elles sont urbaines, voire parisiennes. Ce dernier point pourrait paraître exagéré. Il est pourtant à la genèse du projet des maisons de la culture qui, selon les termes de Malraux en 1959, « dans chaque département français diffuseront ce que nous essayons de faire à Paris », afin que « n'importe quel enfant de 16 ans, si pauvre soit-il, puisse avoir un véritable contact (...) avec la gloire de l'esprit de l'humanité ». Le misérabilisme rivalise ici avec le mépris pour la province. Malgré leurs efforts, les institutions culturelles des villes françaises, censées s'ouvrir à la diversité et aux productions locales, restent orientées vers un étalon artistique situé à Paris. Et lorsque les collectivités territoriales développent, depuis les années 2000, leurs propres politiques sur une base plus événementielle pour se rapprocher des populations, le conflit devient ouvert avec les professionnels de la culture.

Aussi, dans le rejet actuel du politique, lisible dans le vote extrémiste ou l'abstention, il y a parmi les classes populaires un sentiment de domination et d'impuissance qui concerne aussi la culture institutionnelle. Le modèle artistique des professionnels impose un usage social dominant de la culture, mais il en existe une infinité d'autres, chaque jour réinventés par chaque groupe social. Il ne s'agit pas de dire que tout se vaut en matière culturelle, mais seulement qu'il existe des pratiques aux logiques différentes. Aussi, s'il convient de continuer à soutenir les formes de la grandeur artistique de demain, peut-être faudrait-il aussi reconnaître et laisser vivre les cultures du quotidien de la majorité des populations.

Le Figaro (site web)
vendredi 11 octobre 2024 - 17:36 UTC +02:00 812 mots

Culture ; Culture ; Patrimoine

Budget Culture : des coupes dans le patrimoine et un Pass pour les jeunes repensé

Claire Bommelaer

Les crédits dédiés aux monuments historiques et aux musées vont baisser de 15 millions d’euros en 2025. Le ministère de la Culture compte sur un amendement, porté par le gouvernement, dans le débat parlementaire, pour rectifier le tir.

Avec un budget reconduit à 4,5 milliards d’euros pour 2025, le ministère de la Culture s’estime «préservé» par rapport aux autres ministères. Mais les 15 millions d’euros de moins pour les crédits monuments historiques, ainsi qu’une enveloppe pour le patrimoine croissant d’un petit 0,6%, lui font admettre que «le compte n’y est pas» pour les monuments et les musées.

«Ce budget ne permettra pas de faire face au mur d'investissements que nous avons devant nous», remarque l’entourage de Rachida Dati. Ce « mur » se décompose en deux pans : les gros travaux structurels dans des équipements culturels vieillissants - dont le Musée d’Orsay, ou la Cité des sciences et de l’Industrie - et les grands projets voulus par la présidence de la République, auxquels il est délicat pour Rachida Dati de renoncer. Parmi eux, se trouvent un futur musée sur Notre-Dame de Paris , la maison du dessin de Presse , à Paris, ou le musée du Terrorisme, à Suresnes.

Le Centre Pompidou bientôt fermé jusqu’en 2030

Côté travaux, le ministère met en avant, pour 2025, la poursuite de la reconversion de l’ancienne abbaye prison de Clairvaux, dans le Grand Est (14,3 millions d’euros), un programme de restauration du château de Gaillon en Normandie (4,3 millions), les travaux de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes (6 millions), engagés à la suite de l’incendie de juillet 2020.

L’augmentation des capacités de stockage du site des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine (17,7 millions) ou la mise aux normes du Palais de la Cité (4,9 millions) sont également programmées. La rue de Valois a par ailleurs confirmé les immenses investissements (amiante, mises aux normes) au Centre Pompidou , qui devraient fermer ses portes l’année prochaine et jusqu’à 2030.

Le patrimoine religieux, quant à lui, bénéficiera de la poursuite du plan Cathédrale, ainsi que de la collecte nationale lancée par Emmanuel Macron, en septembre 2023. Elle a jusque-là récolté 12,3 millions d’euros, ce qui la met loin du compte puisque le but est de rassembler 200 millions d’euros, d’ici cinq ans. Le ministère souhaite la dynamiser, en élargissant le nombre de fondations pouvant être collecteur des fonds.

L’espoir d’un amendement au budget

Restent les grands projets dévoreurs de crédits, auxquels le ministère ne veut pas renoncer de manière frontale. Pour cela, Rachida Dati compte sur un amendement au budget, porté par le gouvernement, dans le débat parlementaire. On ne sait quelle forme pourrait prendre la mesure. Une somme globale? Une nouvelle taxe ou l’affectation d’une taxe existante au patrimoine? Mais si elle est votée, elle permettrait d'obtenir un effort supplémentaire «conséquent».2025 serait alors une année exceptionnelle pour le patrimoine. Les projets ou grands travaux qui pourraient en bénéficier ne sont pas encore décidés ou, du moins, ne sont pas encore publics.

Certes, il faudra trouver une majorité parlementaire pour voter cet amendement, mais selon l’entourage de la ministre, le sujet peut «rassembler dans un pays divisé». Pour faire bonne mesure, et aider par ailleurs à financer le plan ruralité annoncé par Rachida Dati (20 millions d’euros en 2025), la ministre de la Culture a annoncé, vendredi 11 octobre, dans Le Monde, une réforme «en profondeur»du Pass Culture. Mesure voulue par Emmanuel Macron, dont l'efficacité fait débat, elle représente 210 millions d’euros dans le budget Culture. En deux ans, près de 3,4 millions de jeunes en ont bénéficié, et 84% des 18 ans ont touché 300 euros pour des sorties, des livres ou des places de cinéma.

Un rapport de l'Inspection générale des affaires culturelles (Igac), non public, a montré qu'à défaut de guider les jeunes vers les offres culturelles, le Pass Culture est devenu un objet de «reproduction sociale». Ce qui n'est pas très étonnant. La ministre souhaite donc «donner davantage aux jeunes de conditions modestes», ce qui selon elle ne remettrait pas en cause le côté universel de la mesure.

Une part des 300 euros versés aux 18 ans sera par ailleurs fléchée vers le spectacle vivant, qui représente 1% des dépenses, alors que les achats de BD et mangas sont légion. «Pourquoi ne pas rêver aussi d’un pass qui permette de géolocaliser l’offre près de chez soi, d’organiser un covoiturage, ou de partager des recommandations?», s’interroge la ministre, qui estime que le pass réformé «peut contribuer à un nouvel âge d’or de la culture en France».

Voir aussi :

À La Rochelle, Rachida Dati cherche de nouveaux moyens pour sauver le patrimoine

Les charentaises, un patrimoine français prisé à New York

Tour Eiffel : Rachida Dati menace de passer en force si Anne Hidalgo refuse de classer le monument

Cet article est paru dans Le Figaro (site web)

TV Mag (site web)
samedi 26 octobre 2024 - 13:00 UTC +02:00 323 mots

Accueil ; Actu télé

Laurent Gerra : «Oui, je suis réactionnaire puisque je réagis !»

BP

VIDÉO - Interrogé samedi matin sur RTL, l’humoriste a confié avoir bien peu d’estime pour notre époque. Il en brocarde actuellement les ridicules sur scène, dans le spectacle Laurent Gerra se met à table .

Heureusement, il a ses «vieux disques» et ses «vieux films». Il pourrait sans doute ajouter ses vieux amis, si l’on en croit les compliments qu’il adresse dans la même interview à Eddy Mitchell. Face à une société qu’il juge sans intérêt, Laurent Gerra confie, sur RTL, pouvoir compter sur les uns et les autres.

Si bien que Éric Dussart, l'animateur d’«On refait la télé», lui demande s’il se qualifierait lui-même de «réactionnaire». Avec la même franchise qui lui fait décrier notre époque, l’humoriste répond par l’affirmative, en revenant au sens premier du terme. «Oui, puisque je réagis !», lance celui qui est chroniqueur de RTL.

S’il ne la revendique pas - «Ce sont les journalistes qui disent ça» -, l’étiquette ne le gênerait pas. «Si on s'arrêtait à tout, ça ne ferait pas 35 ans que je suis là (...) il faut être soi. Et qui m'aime me suive», conclut l’imitateur, qui préfère les bistrots aux réseaux sociaux, Serge Reggiani au rap, le cinéma des années 30 à Emily in Paris. Il brocarde justement sur scène, dans Laurent Gerra passe à table, les ridicules de notre époque.

Fabrice Luchini dans La Fontaine et le confinement sur TMC : «Au théâtre, ma libido reste intacte !»

Il ne désapprouverait d’ailleurs pas Fabrice Luchini, qui a l’habitude de tourner en dérision «les couillons qui se photographient jour et nuit» avec leurs téléphones portables. Mais l’acteur, que Laurent Gerra imite comme personne, se montrait plus pessimiste encore dans une récente interview à TV Magazine : «De manière plus générale, la nature humaine est pitoyable»...

Voir aussi :

«J'exige des excuses envers mon président et mon peuple» : la colère de l'ambassadeur d'Ukraine en France après une chronique de Laurent Gerra sur RTL

L'édito de François Aubel : Fabrice Luchini, si nécessaire à notre époque

Laurent Gerra: «La vie, c’est la table!»

Cet article est paru dans TV Mag (site web)

Le Figaro (site web)
mercredi 23 octobre 2024 - 12:08 UTC +02:00 637 mots

Flash Actu

La voiture des parents de Santiago retrouvée en Belgique, réforme des retraites, pétition des artistes contre l’IA...Les 3 infos à retenir à la mi-journée

E.H.

LE POINT DE MIDI - Retrouvez l'essentiel de l'actualité parue ce mercredi 23 octobre au matin sur notre site.Abrogation de la réforme des retraites : Sébastien Chenu appelle la gauche à «dépasser son sectarisme» et soutenir le texte du RNabrogation-de-la-reforme-des-retraites-sebastien-chenu-appelle-la-gauche-a-depasser-son-sectarisme-et-soutenir-le-texte-du-rnDisparition de Santiago : le nourrisson toujours introuvable, la voiture des parents retrouvée en Belgiquedisparition-de-santiago-le-nourrisson-toujours-introuvable-la-voiture-des-parents-retrouvee-en-belgique«Une menace majeure et injuste»: ABBA, Radiohead, Julianne Moore et des milliers d'artistes signent une pétition contre l'IAune-menace-majeure-et-injuste-abba-radiohead-julianne-moore-et-des-milliers-d-artistes-signent-une-petition-contre-l-iaLe chiffre du jour : 50 millionsle-chiffre-du-jour-50-millionsLa citation du jour : que dit l'humoriste français Marc Escayrol à propos de la drogue ?la-citation-du-jour-que-dit-l-humoriste-francais-marc-escayrol-a-propos-de-la-drogueLa photo marquante à retenirla-photo-marquante-a-retenirLa vidéo du jourla-video-du-jour

Abrogation de la réforme des retraites : Sébastien Chenu appelle la gauche à «dépasser son sectarisme» et soutenir le texte du RN

Alors que l'examen de la proposition de loi du Rassemblement national (RN) abrogeant la réforme des retraites a lieu aujourd'hui en commission, la gauche continue de se diviser quant à la posture à adopter face à ce texte. Le soutenir pour rester fidèle au programme du Nouveau Front populaire (NFP), quitte à briser le cordon sanitaire ? Ou bien le rejeter pour ne pas se «salir les mains» en votant une proposition de loi du parti de Marine Le Pen ? Le chef des communistes, Fabien Roussel, a fait son choix : «Les Français veulent l'abrogation, ils se foutent de savoir d'où ça vient.»

Disparition de Santiago : le nourrisson toujours introuvable, la voiture des parents retrouvée en Belgique

Le petit Santiago, âgé désormais de 18 jours, a été enlevé lundi soir à l'hôpital Robert Ballanger d'Aulnay-sous-Bois. Le nourrisson né grand prématuré, y était hospitalisé depuis sa naissance et nécessitait une prise en charge médicale «indispensable», indiquait le ministère de la Justice lors de la diffusion de l'alerte enlèvement ce mardi. La voiture des parents a été retrouvée à Charleroi en Belgique, indique une source police à l'AFP. Le Figaro fait le point sur l'affaire.

«Une menace majeure et injuste»: ABBA, Radiohead, Julianne Moore et des milliers d'artistes signent une pétition contre l'IA

Thom Yorke de Radiohead, Björn Ulvaeus d'ABBA, Julianne Moore, Harlan Coben, Kazuo Ishiguro... Plus de 11.500 artistes ont signé une pétition - publiée mardi - afin de sonner l'alarme quant à l'utilisation de leurs créations pour alimenter les algorithmes de l'intelligence artificielle (IA). Comme le cinéma, les secteurs de la musique et de la littérature font face aux mêmes défis, avec des morceaux et des histoires générés grâce à l'intelligence artificielle générative qui permet de produire toutes sortes de contenus sur simple requête en langage courant.

Le chiffre du jour : 50 millions

Soit le montant en dollars du don de Bill Gates à la campagne de Kamala Harris , à moins de deux semaines de l’élection présidentielle américaine. Selon le New York Times ce mardi, qui s'appuie sur des sources proches du milliardaire, le philanthrope aurait effectué une donation de l'ordre de 50 millions de dollars (46,31 millions d'euros) auprès d'une ONG, Future Forward USA Action, soutenant la campagne de la candidate démocrate.

La citation du jour : que dit l'humoriste français Marc Escayrol à propos de la drogue ?La photo marquante à retenirLa vidéo du jour Abrogation de la réforme des retraites : Sébastien Chenu appelle la gauche à «dépasser son sectarisme» et soutenir le texte du RNabrogation-de-la-reforme-des-retraites-sebastien-chenu-appelle-la-gauche-a-depasser-son-sectarisme-et-soutenir-le-texte-du-rnDisparition de Santiago : le nourrisson toujours introuvable, la voiture des parents retrouvée en Belgiquedisparition-de-santiago-le-nourrisson-toujours-introuvable-la-voiture-des-parents-retrouvee-en-belgique«Une menace majeure et injuste»: ABBA, Radiohead, Julianne Moore et des milliers d'artistes signent une pétition contre l'IAune-menace-majeure-et-injuste-abba-radiohead-julianne-moore-et-des-milliers-d-artistes-signent-une-petition-contre-l-iaLe chiffre du jour : 50 millionsle-chiffre-du-jour-50-millionsLa citation du jour : que dit l'humoriste français Marc Escayrol à propos de la drogue ?la-citation-du-jour-que-dit-l-humoriste-francais-marc-escayrol-a-propos-de-la-drogueLa photo marquante à retenirla-photo-marquante-a-retenirLa vidéo du jourla-video-du-jour

Voir aussi :

Jacques Pommeraud, PDG d’Inetum : « Notre principe de précaution freine le déploiement de l’IA générative »

Disparition de Santiago : la voiture des parents retrouvée en Belgique, le nourrisson toujours introuvable

Xavier Fontanet: «Ces exemples étrangers qui pourraient nous inspirer pour réformer (vraiment) les retraites»

Cet article est paru dans Le Figaro (site web)

Les Echos (site web)
lundi 21 octobre 2024 - 17:00 UTC +0200 485 mots

« Loft Story » : 2001, l'Odyssée de la téléréalité

LES ECHOS

La série « Culte » entreprend sur Prime Video de dévoiler les coulisses de « Loft Story », l'émission phare des années 2000. Dans « La Story », le podcast d'actualité des « Echos », Pierrick Fay et son invité reviennent sur la première téléréalité, qui a profondément transformé le paysage audiovisuel français.

Comment vous abonner à La Story ?

La révolution de la téléréalité a frappé il y a plus de 20 ans. C'est en 2001 que surgit sur nos petits écrans le phénomène « Loft Story » dont le logo au gros oeil symbolisait notre voyeurisme. Le public devenait l'observateur du quotidien de femmes et d'hommes sélectionné pour les besoins du show, à la façon des souris de laboratoire. Une série, « Culte », diffusée sur Prime, ressuscite l'aventure depuis ses coulisses.

Autant décriée que suivie, l'aventure de onze célibataires jetés dans l'arène d'un loft de 225 m2 avec jardin et piscine, mais surtout truffé de caméra les filmant 24 heures/24, a captivé le pays. Sous l'oeil intrusif s'est organisée entre eux une joute, sentimentalo-cupide. Au bout de 70 jours il ne devait en rester que deux, choisis par le public, à remporter la prime.

L'ère de la téléréalité

La série de 2024 lève le voile sur le hors-champ du phénomène. La façon dont le concept a été importé des Pays-Bas et vendu à M6 par Endemol, avant qu'il ne risque d'être arraché par TF1. La graine de la téléréalité était déjà plantée depuis les années 1990 par des émissions de « reality show » encore sur le mode du plateau. « Loft Story » en a fait exploser la dimension.

Dans « Loft Story » il y a toute la France comme le dit le personnage incarnant Alexia Laroche-Joubert alors jeune productrice aux manettes du casting, dans la bande-annonce de la série. Langage cru et considérations nombrilistes des candidats saisis à hauteur de leur petit quotidien vont faire école à la télé et font toujours recette.

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La Story est un podcast des « Echos » présenté par Pierrick Fay. Cet épisode a été enregistré en octobre 2024. Rédaction en chef : Clémence Lemaistre. Invitée : Laura Berny (rédactrice en chef aux « Echos week-end »). Réalisation : Willy Ganne. Chargée de production et d'édition : Michèle Warnet. Musique : Théo Boulenger. Identité graphique : Upian. Photo : Anne-Christine Poujoulat/AFP. Sons : M6, C8, ICON TV - Réalité, Les Guignols, INA, Les Lofteurs « Lofteurs Up and Down » (2008), « Culte » (2024).

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Michèle Warnet

Le Figaro (site web)
vendredi 11 octobre 2024 - 19:30 UTC +02:00 485 mots

Culture

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11 octobre 2024 - AFP - Infos Françaises AFP - Infos Economiques Le Parisien (site web)

Rachida Dati veut revoir le modèle du Pass Culture pour favoriser les plus modestes

Le Figaro avec AFP

La ministre de la Culture souhaite réserver une partie de la subvention, qui s'élève à 300 euros par jeune de 18 ans, aux réservations de spectacles vivants, largement boudés par les bénéficiaires qui n'y consacrent qu'un pourcent de leurs dépenses.

La ministre de la Culture Rachida Dati souhaite moduler la somme offerte aux jeunes avec le Pass Culture pour privilégier les plus modestes et les classes moyennes, s'éloignant du modèle imaginé par le Président Macron, dont les effets sont contestés.

La ministre a aussi annoncé, dans une tribune sur le site internet du Monde vendredi, qu'elle souhaite réserver une partie de la subvention, qui s'élève à 300 euros par jeune de 18 ans, aux réservations de spectacles vivants , largement boudés par les bénéficiaires qui n'y consacrent qu'un pourcent de leurs dépenses.

Les mangas largement plébiscités

Les jeunes choisissent jusqu'ici librement comment ils dépensent l'argent du Pass Culture, ce que déplorent de nombreux acteurs de la culture. De fait, ils privilégient les achats de livres, dont une grosse part de mangas , et de cinéma, pour les trois quarts des dépenses.

La rue de Valois, qui s'estime relativement épargnée par l'effort budgétaire demandé en 2025 avec 4,45 milliards d'euros (stricte reconduction du montant alloué par la loi de finances initiale l'an dernier), cherche aussi à faire des économies sur le Pass Culture, mesure phare de la politique culturelle initiée par Emmanuel Macron , pour financer ses priorités.

De nombreux acteurs culturels reprochent au Pass, très gourmand en argent public puisque les chèques faits aux jeunes coûtent quelque 210 millions d'euros par an, de rater sa cible, en arrosant toute une classe d'âge, même ceux qui ont déjà les moyens ou l'habitude de consommer de la culture, sans inciter les jeunes à aller vers des spectacles ou des œuvres vers lesquelles ils ne se seraient pas tournés sinon.

«Reproduction sociale»

Pour y remédier, de premières réformes ont déjà été menées, l'État créant une «part collective» dépensée via les enseignants pour des achats culturels et sorties dans le cadre scolaire.

Mais «la part individuelle reste encore, trop souvent, un instrument de consommation culturelle et de reproduction sociale», constate la ministre dans sa tribune, s'appuyant sur deux rapports gouvernementaux qui ont pointé les limites du Pass Culture. «Sans renoncer à l'universalité du dispositif, nous devons davantage assumer que le Pass culture a vocation à corriger des inégalités de destin», poursuit-elle, en donnant «davantage aux jeunes de condition modeste, sans négliger les classes moyennes».

Elle souhaite également réduire la part individuelle, directement versée aux jeunes, au profit des sommes qui permettent d'améliorer «la diversification des publics et des pratiques».

Étrenné en 2019-2020, le Pass Culture a bénéficié à plus de 3,4 millions de personnes depuis sa généralisation en 2021, touchant une grande majorité de chaque classe d'âge.

Voir aussi :

Classement de la tour Eiffel : «Nous n’avons aucune leçon à recevoir de Rachida Dati»

«Pour lutter contre la pollution, la mairie de Paris devrait s’attaquer à la vétusté des rues plutôt qu’à la vitesse du périphérique»

Paris : la mairie crée une carte «famille monoparentale»

Cet article est paru dans Le Figaro (site web)

Le Figaro (site web)
mardi 8 octobre 2024 - 15:10 UTC +02:00 661 mots

Culture

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8 octobre 2024 - AFP - Infos Françaises AFP - Infos Economiques AFP Stories (français) La Croix (site web) L'Indépendant (site web) Challenges (site web) Yahoo! Finance France (site web réf.) La Voix du Nord (site web) Sud Ouest (site web) Nice-Matin (site web réf.)

Chez Michou ou chez Chouchou ? Gad Elmaleh va racheter le cabaret parisien

Le Figaro avec AFP

L'humoriste a été choisi pour reprendre le fonds de commerce de l’établissement qui animait les nuits parisiennes, en liquidation judiciaire depuis cet été.

Le cabaret va changer de nom. L'acteur et humoriste Gad Elmaleh a été choisi par la justice pour racheter le fonds de commerce de l'emblématique cabaret parisien Chez Michou, en liquidation judiciaire, selon le jugement consulté mardi par l'AFP. En reprenant ce lieu iconique de Montmartre, Gad Elmaleh «en fera un lieu de comédie et d'humour, tout en gardant l'âme des lieux», a expliqué à l'AFP le service de communication de l'acteur, qui n'a cependant pas racheté la marque Chez Michou.

» LIRE AUSSI - Le cabaret Chez Michou ferme ses portes et attend son liquidateur judiciaire

« Ça ne s'appellera plus Chez Michou »

Le fondateur de l'établissement, surnommé Michou, est décédé début 2020. Le cabaret transformiste a ensuite connu des difficultés financières et a été mis en liquidation judiciaire mi-juillet. Gad Elmaleh, 53 ans, a été choisi par le tribunal de commercer de Paris pour reprendre les lieux, fermés depuis la fin juin avant leur 68e anniversaire, et dont les 23 salariés ont été licenciés.

Pour Catherine Catty-Jacquart, la nièce de Michou, «Gad Elmaleh va continuer à faire vivre le 80, rue des Martyrs tombé entre de bonnes mains comme Michou l'aurait aimé. On aurait été malheureux que le lieu devienne autre chose qu'un cabaret». «Ça ne s'appellera plus Chez Michou, mais Gad va en faire un très bel endroit. C'est une très bonne chose de tourner la page, en prenant un virage», a-t-elle déclaré à l'AFP.

La reprise par Gad Elmaleh semble logique: figure de l'humour hexagonal, l'artiste a interprété le personnage de «Chouchou», un travesti haut en couleur et exubérant. Créé sur scène, il lui a valu l'un de ses plus gros succès en salles avec la comédie «Chouchou», où son personnage fréquente notamment un cabaret de la banlieue nord, L'Apocalypse. Le film a réuni 3,8 millions de spectateurs à sa sortie en 2003. Pour ce rôle, Gad Elmaleh a été nommé pour le César du meilleur acteur. Gad Elmaleh n'est pas le seul humoriste à avoir sa salle de spectacle. Avant lui, Fary, Jamel et Kev Adams ont lancé leur «comedy club».

« Prince bleu de Montmartre »

Avec le fonds de commerce de «Chez Michou», Gad Elmaleh s'offre une adresse internationalement connue, dont l'emblématique fondateur, surnommé «le prince bleu de Montmartre», a inspiré dans les années 1970 La Cage aux folles au comédien et auteur Jean Poiret.

Icônes parmi les plus populaires des nuits parisiennes, Michou et son cabaret étaient devenus des symboles français, aussi prisés que le Moulin Rouge, Le Lido et le Crazy Horse. «Le cabaret Michou est une grande famille. On se tient les coudes tant que l'on peut mais nous ressentons beaucoup d'amertume», avait confié à l'AFP la nièce de Michou qui avait repris les rênes depuis le décès de son oncle.

Berceau du transformisme et plus petit cabaret de Paris, Chez Michou présentait un dîner-spectacle avec d'extravagants travestis surnommés les «Michettes», imitant des vedettes de la chanson et du cinéma comme Sylvie Vartan, Annie Girardot, Johnny Hallyday, Mireille Mathieu ou Dalida. En déficit depuis trois ans, le cabaret a été confronté, selon son ancienne directrice, «aux grèves, manifestations et problèmes de stationnement, surtout pour les autocars», provoquant l'effondrement des réservations.

Shows de drag-queens et spectacles transformistes connaissent pourtant un regain d'intérêt ces dernières années, portés par des établissements qui ont su davantage se tourner vers un public jeune et branché, comme Madame Arthur, également située à Montmartre. Dans ses mémoires parues en 2017, Michou avait estimé que son cabaret ne devait pas lui survivre. «Je veux que cette maison disparaisse avec moi. Cela peut paraître prétentieux mais le cabaret ne me survivra pas», disait-il alors. Quelques mois avant son décès, il s'était finalement ravisé sous la pression des «Michettes».

Voir aussi :

«C'est un déchirement»: le cabaret parisien Chez Michou placé en liquidation judiciaire

Le célèbre cabaret parisien Chez Michou annonce sa fermeture

Chez Michou : à l'assaut des grands tubes

Cet article est paru dans Le Figaro (site web)

Acteurs Publics
À la une, vendredi 25 octobre 2024 1619 mots

Évaluer les effets des politiques culturelles, mission impossible ?

Peut-on réellement mesurer la démocratisation culturelle ? Et plus encore l'émancipation des individus grâce à la culture ? La tâche est rude et la temporalité pas toujours évidente.

Évaluer le secteur culturel, "oui, mais comment ?" , s'interrogeait l'ancien journaliste et professionnel de la culture Jean-Paul Ciret dans une note pour la Fondation Jean-Jaurès en 2019. L'expert s'attachait à tracer une troisième voie pour l'évaluation des politiques culturelles, à mi-chemin entre une évaluation systématique - et souvent pesante par le renseignement de multiples indicateurs - et une évaluation plus qualitative. Cette remontée d'informations, bien que très utile pour suivre l'activité des lieux culturels, peut en effet virer, comme souvent en matière de reporting, à l'overdose d'indicateurs et de données. Et donc amener à une surcharge de travail au détriment des activités purement culturelles.

Surtout, elle ne permet pas de déterminer si les politiques culturelles atteignent leur objectif véritable, si tant est que celui-ci soit bien défini. "Entre les grandes déclarations de principes sur le rôle de l'art comme facteur d'épanouissement et créateur de lien social et les indicateurs d'activités, il y a un grand vide qui pourrait être comblé par des études qualitatives fondées sur des approches pluridisciplinaires",pointait Jean-Paul Ciret toujours dans cette note.

L'évaluation du champ culturel est pourtant loin d'être un désert. La Cour des comptes s'y est intéressée à plusieurs reprises ces dernières années pour analyser, entre autres choses, la politique de l'État en faveur du patrimoine monumental, celle en faveur du spectacle vivant, ou pour passer au crible les missions de l'administration centrale. Et si certains organismes culturels, comme le Centre national du livre et celui du cinéma, ont récemment musclé leur dispositif, les principaux évaluateurs restent le département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (Deps), au ministère de la Culture, et l'Observatoire des politiques culturelles, porté par Sciences Po Grenoble et l'université de Grenoble, qui a d'ailleurs l'habitude de collaborer avec la Rue de Valois. Sans oublier les collectivités locales elles-mêmes, comme la métropole de Nantes, qui mise de longue date sur l'évaluation fine et même participative de son action, "afin de prendre du recul et interroger toutes les dimensions laissées de côté par le suivi plus classique comme les différents impacts sur les habitants", selon son responsable des évaluations, François Ferrere.

Indicateurs de suivi et évaluation d'impact

Plus généralement, chaque contractualisation entre l'État et une collectivité ou entre une collectivité et un établissement culturel, chaque subvention et chaque label accordé donnent lieu à une forme d'évaluation et surtout de remontée d'informations pour tenter de mesurer la démocratisation culturelle. Aujourd'hui encore, les directions régionales des affaires culturelles (Drac), comme tout service déconcentré, font office pour l'État d'antennes relais de ce qui se joue dans les territoires.

Les Drac n'ont pas pour mission de faire de l'évaluation à proprement parler, mais elles y participent incontestablement, grâce à des mécanismes de remontée d'informations. "Il n'existe pas un indicateur pour mesurer précisément si l'on atteint l'objectif de démocratisation culturelle, il s'agit plutôt d'une variété d'éléments d'analyse que nous font remonter les acteurs culturels", précise la Drac de Bretagne, Isabelle Chardonnier. Par exemple, le centre dramatique de Lorient, labellisé, doit rendre des comptes sur l'accueil des publics prioritaires, comme les personnes handicapées, les jeunes, les précaires, ou sur la diffusion de la culture dans les quartiers prioritaires ou en ruralité...

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L'évaluation restant la contrepartie de la subvention, "tout projet ou lieu soutenu est analysé en amont et en aval avec une batterie d'indicateurs quantitatifs et qualitatifs sur le budget et la fréquentation, notamment", abonde le Drac d'Occitanie, Michel Roussel, "mais il reste très compliqué d'évaluer l'impact réel d'une politique culturelle sur les individus". Pas simple, en effet, de déterminer si une exposition, une pièce de théâtre ou bien un festival a eu un effet quelconque sur la cohésion sociale ou l'émancipation des personnes. Un simple suivi statistique ne permettra pas de le dire.

Défis méthodologiques

Le directeur met le doigt sur un défi majeur, qui pose la question de ce qui doit être évalué. Faut-il se limiter à une certaine vision comptable de la culture, en mesurant l'activité des lieux, leur fréquentation ou le nombre d'équipements culturels sur un territoire, la diversité des publics, ou aller beaucoup plus loin pour apprécier plus finement l'impact des politiques culturelles ? "Il est très difficile d'appréhender les effets d'une politique culturelle et de dire si elle a atteint son objectif, dans la mesure où ces objectifs sont toujours formulés de façon générale. Ce qui ne veut pas dire que le soutien à la vie culturelle n'a aucun effet sur la vie des territoires", explique Vincent Guillon, le codirecteur de l'Observatoire des politiques culturelles (OPC). Son observatoire avait par exemple été missionné en 2018 par le ministère de la Culture pour l'aider à apprécier les effets que peuvent avoir des bibliothèques publiques sur un territoire et ses habitants, qui vont du développement de la littérature au soutien à l'égalité des chances en passant par la réussite éducative, la construction de soi ou encore l'amélioration de la tranquillité publique.

Face à cette complexité, combinée à la nécessité pour les pouvoirs publics de justifier la pertinence d'un financement culturel, les élus locaux, notamment, vont aller au plus simple, c'est-à-dire recourir au "langage marketing" et se "focaliser sur les retombées touristiques", plus faciles à démontrer selon le codirecteur de l'OPC. Un écueil également identifié par le Deps en matière d'éducation artistique et culturelle (EAC). Le département d'études pointait dans un récent ouvrage le risque de centrer l'évaluation uniquement sur les formes "dont les effets sont les plus immédiatement quantifiables". Et donc en omettant tous les autres bénéfices, comme la capacité de l'EAC à développer chez les élèves la confiance en soi et même leurs performances scolaires dans leur ensemble.

Données et moyens limités

La directrice du département des études du ministère, Amandine Schreiber, prend justement cet exemple de l'EAC pour illustrer la difficulté d'évaluer le secteur culturel. "On en revient à la question de savoir ce qu'on évalue. Or les objectifs de la politique menée sont généralement multiples et les données ne sont pas toujours disponibles", explique-t-elle. D'autant que pour mener une évaluation en bonne et due forme et tirer des conclusions, il faut encore être en mesure d'écarter tous les facteurs externes. "L'une des limites de l'évaluation de l'EAC, c'est de se cantonner au cadre scolaire. Or pour mesurer l'efficacité réelle de cette politique, il faudrait idéalement disposer d'une photographie complète et donc avoir accès à toutes les données extrascolaires, comme le capital culturel des parents", pointe Amandine Schreiber. De fait, il est parfois, et même souvent difficile dans une évaluation d'arriver à des conclusions bien tranchées. La première des priorités reste donc, déjà, de mesurer si et comment un dispositif est utilisé, pour donner de premières clés de lecture aux décideurs.

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L'État cherche à repousser ses limites en matière d'ingénierie culturelle

Les évaluations ont de fait tendance à resserrer le périmètre, au risque de passer à côté d'autres effets. Cela a été le cas notamment de l'évaluation de la part individuelle du pass Culture, réalisée par l'inspection des affaires culturelles, avec l'appui du Deps, et même du pôle interministériel d'expertise numérique, le Peren. De façon inédite, le ministère a eu accès aux données du Pass, une mine d'or qui constitue la plus complète cartographie des offres culturelles en France, et le meilleur suivi de leur « consommation » par un public cible.

Mais il n'a pas pu aller au bout de l'analyse et démontrer si, oui ou non, le Pass servait vraiment à élargir les horizons culturels et à transformer les pratiques culturelles des jeunes. "Le Pass ouvre des perspectives très intéressantes d'exploitation, mais on ne dispose finalement que des données de consommation du Pass, et de très peu d'informations sur les jeunes eux-mêmes, leur origine sociale, leurs pratiques en dehors du Pass et leurs pratiques avant le Pass", observe Amandine Schreiber. Il a donc fallu se contenter d'un sondage d'opinion, forcément subjectif.

Le pass Culture, cas d'école

Idéalement, il faudrait donc pour chaque dispositif pouvoir déployer systématiquement les méthodes les plus robustes, afin d'éliminer toute erreur d'interprétation, comme une analyse de cohorte ou une étude randomisée permettant de comparer l'évolution des pratiques entre deux groupes, l'un ayant bénéficié de tel dispositif ou de telles actions, et l'autre n'en ayant pas bénéficié. Des méthodes scientifiquement robustes, mais très lourdes, et dans une temporalité pas toujours compatible avec les exigences des décideurs publics.

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À défaut, le Deps peut s'appuyer sur des enquêtes existantes, comme celle sur les pratiques culturelles des Français, qu'il réalise une fois tous les dix ans - la dernière datant de 2018 - et qu'il agrémente de points d'observation intermédiaires, par exemple au sortir de la crise du Covid-19, pour objectiver ou non la crainte d'une désaffection des lieux culturels. Plutôt que de mettre en place une cohorte auprès des bénéficiaires du pass Culture - un peu trop lourd - le Deps s'est notamment appuyé sur une de ces enquêtes qu'il mène auprès d'un panel de jeunes pour les suivre depuis le CP jusqu'au bac, pour intégrer des questions relatives au pass Culture. Seul petit problème : ce panel a pris fin en 2023, les 15 000 jeunes qui le composaient étant sortis du lycée. Pour savoir si le pass Culture a eu un effet significatif sur la première génération qui en a bénéficié, il faudra donc attendre la prochaine enquête sur les pratiques culturelles des Français... en 2028. Et même dans ce cas, il sera difficile d'imputer directement ces évolutions au seul pass Culture.

Cet article est paru dans Acteurs Publics

Le Devoir
Culture, vendredi 15 novembre 2024 591 mots, p. B3
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15 novembre 2024 - Le Devoir (site web)

Le voyage introspectif de Jesse Eisenberg

OLIVIER DU RUISSEAU

LE DEVOIR

A Real Pain est une tragicomédie hyperactive sur la douleur intergénérationnelle

Autrefois inséparables, les cousins David (Jesse Eisenberg) et Benji (Kieran Culkin) appartiennent désormais à deux mondes à part. Le premier est un citadin névrosé, asocial et obsédé par sa carrière. Le second, un campagnard au chômage, désabusé, mais charismatique. Pour honorer leur amitié d’antan et rendre hommage à leur grandmère récemment décédée, ils décident néanmoins de partir ensemble pour un voyage organisé en Pologne, la terre natale de leur aïeule, survivante de l’Holocauste.

Avec son deuxième long métrage, A Real Pain, Jesse Eisenberg signe une tragicomédie introspective, puisant dans l’histoire de sa famille d’origine polonaise. Celui qui s’est fait connaître comme acteur dans The Social Network (David Fincher, 2010) a beaucoup voyagé en Pologne ces dernières années, au point d’avoir entamé des démarches pour devenir citoyen du pays d’Europe de l’Est. Son dernier film commémore ainsi les victimes de la Shoah, tout en explorant à la fois ce qui les lie à ses ancêtres et ce qui les aliène de leur passé tragique.

Coqueluche du cinéma indépendant américain, fort de ses collaborations avec Noah Baumbach (The Squid and the Whale, 2005) et Kelly Reichardt (Night Moves, 2013), Eisenberg a sans surprise présenté A Real Pain en première mondiale à Sundance, en janvier dernier, où le film a été bien reçu. Le cinéaste a aussi su s’entourer de précieux collaborateurs, dont deux acteurs découverts dans des séries de HBO. On retrouve donc Kieran Culkin, dont le personnage n’est pas sans rappeler Roman Roy, qu’il interprétait dans Succession (2018-2023), mais également Will Sharpe (The White Lotus, 2022), qui incarne ici un guide touristique britannique aussi niais que sympathique.

Part d’ombre

Le film met en lumière tout le talent de dialoguiste d’Eisenberg, qui enchaîne les phrases-choc et crée un duo comique attachant. Les gags reposent essentiellement sur la tension entre les protagonistes:Benji, désinvolte et impulsif, fait le clown au sein du groupe de voyageurs qui les accompagnent (d’où la comparaison avec Roman Roy) — au grand désespoir de David, sérieux, soucieux de son image. Les deux acteurs excellent, d’ailleurs, dévoilant progressivement la part d’ombre de leur personnage, chacun rongé par ses propres angoisses existentielles.

L’humour, parfois inutilement burlesque, finit cependant par empiéter sur les nombreuses scènes qui se veulent plus émouvantes. Le périple sur les traces des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, de l’ancien quartier juif de Lublin au camp de concentration de Majdanek, devient la toile de fond de vieux drames familiaux qui refont surface. Or, à cause des fulgurances de Culkin ainsi que du rythme rapide du montage — qui fait certes écho à la cadence absurde du voyage organisé —, des séquences de règlement de compte au ton faussement larmoyant semblent surgir de nulle part.

De judicieux éléments de critique sociale sont tout de même habilement intégrés au scénario, par l’entremise d’une charmante galerie de personnages de soutien formée des touristes qui accompagnent les cousins. Débordants de bienveillance, ils témoignent chacun à leur manière de l’importance de comprendre, puis de faire face au traumatisme intergénérationnel. À travers eux, Jesse Eisenberg prouve que la comédie peut être un bon véhicule pour l’aborder.

A Real Pain Comédie dramatique écrite et réalisée par Jesse Eisenberg. Avec Jesse Eisenberg, Kieran Culkin, Will Sharpe et Jennifer Grey. États-Unis, 2024, 90 minutes. En salle.

CRITIQUE CINÉMA

Le Journal de Québec
Spectacles, vendredi 29 novembre 2024 446 mots, p. 40
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29 novembre 2024 - Le Journal de Montréal

10 AUBAINES CULTURELLES LORS DE CE VENDREDI FOU

DES RABAIS POUR VOUS GÂTER, OU POUR DES CADEAUX

RAPHAËL GENDRON-MARTIN

C'est désormais une tradition depuis plusieurs années. Les aubaines du Vendredi fou s'emparent du Québec et les offres culturelles n'y font pas exception. Que ce soit pour une comédie musicale, un orchestre symphonique, une pièce de théâtre ou un film, il y a plusieurs options pour se divertir ou pour des idées de cadeaux de Noël.

LA COMÉDIE MUSICALE CHICAGO

Juste pour rire propose 35 % de rabais, pour les représentations de Montréal, Québec et Gatineau, sur cet attendu spectacle de l'été 2025. «Une belle occasion de plonger dans un univers inoubliable avec des performances exceptionnelles, des chorégraphies spectaculaires et l'ambiance irrésistible du jazz !»

CINÉMA LE CLAP À QUÉBEC

L'apprécié cinéma de Québec embarque dans le Vendredi fou avec des aubaines allant jusqu'à 38 % sur le prix d'une entrée régulière. Parmi les offres, il y a notamment un passeport de 20 entrées pour 190 $.

SPEC DU HAUT-RICHELIEU

Jusqu'à lundi, vous pouvez obtenir un spectacle gratuit à l'achat de trois spectacles différents dans la même transaction pour tous les spectacles présentés par la SPEC du Haut-Riche-lieu (Théâtre des Deux Rives, Cabaret- Théâtre du Vieux-Saint-Jean et Pôle culturel de Chambly).

THÉÂTRE D'AUJOURD'HUI DE MONTRÉAL

Les billets des pièces Une fin et Chronologies sont à 20 $ (au lieu de 43 $) sur les représentations de tous les vendredis à la salle Michelle-Rossignol.

CO-MOTION À LAVAL

L'équipe de Co-Motion, qui s'occupe de plusieurs salles à Laval, dont la salle André-Mathieu, offre sa plus grande promotion de l'année avec 30 % de rabais sur plus de 80 spectacles.

ORCHESTRE SYMPHONIQUE

DE QUÉBEC

Tout le week-end, jusqu'à lundi, il y a un rabais de 25 % sur une sélection de quatre concerts : Le concerto pour violon de Tchaïkovski, Une Saint-Valentin avec Brel, Lortie joue Mozart et La cinquième de Tchaïkovski.

LES MAGASINS INDIGO

Les magasins Indigo offrent une multitude de rabais, en ligne et en magasin, pour des livres, jeux et casse-tête. Parmi les livres réduits à 30 %, on retrouve Rue Duplessis, de Jean-Philippe Pleau, Ordures ! -Journal d'un vidangeur, de Simon Paré-Poupart, et Les sentiers de neige, de Kev Lambert.

CULTURE TROIS-RIVIÈRES

Vendredi seulement, pour une durée de 24 heures, des rabais jusqu'à 40 % sont proposés sur plus de 45 spectacles sélectionnés.

CENTRE CULTUREL DESJARDINS DE JOLIETTE

Plusieurs spectacles sont offerts à 40 % de rabais (pour le grand public) et 45 % (pour les membres). Parmi ceux-ci : Les ExSéparables, Marc Dupré, Martin Deschamps, Elliot Maginot et la pièce Incendies.

PLACE DES ARTS DE MONTRÉAL

La Place des Arts de Montréal propose une foule de rabais allant jusqu'à 50 % sur de nombreux spectacles : théâtre, danse, comédie musicale, musique classique et opéra.

Le Nouvel Obs (site web)
Société, jeudi 31 octobre 2024 - 15:59 501 mots

Zone à trafic limité dans le centre de Paris : la mesure mise en place le lundi 4 novembre

Dès lundi, les véhicules motorisés ne seront plus autorisés à traverser les quatre premiers arrondissements de la capitale, à l'exception des taxis, des services de secours, des bus et des habitants.

La mairie de Paris a publié ce jeudi 31 octobre un arrêté instaurant une zone à trafic limité (ZTL) dans le coeur de Paris, interdisant la circulation aux véhicules ne faisant que traverser les quatre premiers arrondissements de la capitale.

Zones à faibles émissions ou zones à forte exclusion ?

Cette mesure entrera en vigueur dès lundi 4 novembre, a indiqué à l'Agence France-Presse David Belliard, l'adjoint écologiste chargé des transports de la mairie de Paris.

La zone d'environ 5,5 kilomètres carrés ne sera plus autorisée qu'aux véhicules de secours, bus, taxis, personnes à mobilité réduite, automobilistes y résidant ou y travaillant et tout le trafic « de destination », à savoir ceux dont le point de départ et d'arrivée se trouve dans le secteur (pour un rendez-vous médical, aller faire des courses, au cinéma...).

« Libérer » de l'espace public

Repoussée plusieurs fois, la mise en place de la ZTL est un engagement de campagne de la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo , pour « libérer de l'espace public » occupé par les voitures et réduire la pollution, comme l'ont fait plusieurs grandes villes européennes (Madrid, Milan, Rome...) dans leurs quartiers centraux.

Depuis l'annonce du projet en mai 2021, son périmètre a fait l'objet de difficiles tractations avec la préfecture de police, qui a cosigné l'arrêté publié jeudi.

Initialement inclus, les quartiers situés entre le boulevard Saint-Germain et la Seine sur la rive gauche ont été retirés du périmètre, tout comme les îles de la Cité et Saint-Louis, les quais hauts de la rive droite.

La mairie de Paris espère une baisse de la circulation

Des organisations de transport et de la logistique d'Ile-de-France, réunies sous la bannière du Gatmarif, ont demandé mi-septembre à la mairie des précisions sur les conditions d'accès et la présentation d'éventuels justificatifs.

« Les modalités de contrôle ainsi que la liste des justificatifs permettant d'établir le droit à circuler à l'intérieur de la zone à trafic limité seront définies par un arrêté conjoint de la maire de Paris et du préfet de police », précise l'arrêté publié jeudi.

« Il y aura une première phase de pédagogie, avant une seconde phase de contrôle et de verbalisation » avec un système de cartes de résidents et d'auto-déclaration en ligne, a précisé la mairie.

La chasse aux véhicules polluants est-elle antisociale ?

La mairie de Paris s'attend à une diminution « substantielle » du volume de la circulation dans les artères les plus fréquentées, avec -30 % avenue de l'Opéra et -15 % sur le boulevard de Sébastopol, selon l'étude d'impact qu'elle a menée.

Elle anticipe aussi une diminution du bruit et une amélioration de la qualité de l'air grâce à une baisse des concentrations de dioxyde d'azote (-15 % sur l'avenue de l'Opéra et le boulevard Henri-IV, -10 % sur le boulevard de Sébastopol).

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

20 Minutes (site web) - 20Minutes
mercredi 30 octobre 2024 - 14:43:45 -0000 2837 mots

« Si on n’arrive pas à rire de soi, ça enferme », estime Doully

Sa voix si caractéristique, son passé de junkie, la maladie de Charcot-Marie-Tooth dont elle est atteinte… Dans son seule en scène, Hier, j’arrête ! , Doully manie avec brio l’autodérision qu’elle juge salvatrice

Salut mes p’tits culs ! Doully a sa manière bien à elle de saluer son public, dans ses chroniques, précédemment sur France Inter, désormais sur Nova, ainsi que sur les planches. Dans son seule en scène Hier, j’arrête !, qu’elle joue ce jeudi aux Folies Bergère, puis dans toute la France, avant de revenir à Paris pour un Olympia le 22 mai 2025, elle livre un cocktail irrésistible d’humour corrosif et parfois trivial. Elle y évoque sa voix si caractéristique, son passé de junkie, sa sobriété, mais aussi la maladie de Charcot-Marie-Tooth dont elle est atteinte. Rencontre avec une artiste lumineuse, pleine de tendresse qui a pris le parti de rire de tout plutôt que de s’apitoyer.

Lorsque je suis venu vous voir en représentation au Cirque Electrique, vous avez interagi avec le public. Vous vous êtes adressée à moi et quand je vous ai révélé que j’étais journaliste, vous avez dit Bon, on va passer à quelqu’un d’autre… Vous aviez peur que je me venge en interview ?

Non, pas du tout ! (rires) Je n’ai rien contre les journalistes, j’ai toujours eu de bonnes relations avec eux à vrai dire. C’était plus pour la vanne, pour que les gens croient que je n’avais pas envie d’avoir d’emmerdes (rires).

Au cours des interactions avec le public, vous avez eu des surprises ?

Oui, il y a parfois des pépites. Il y a des moments suspendus. Un soir, j’ai eu un fabricant de seringues en verre et j’avais trouvé ça exceptionnel dans le cadre de mon spectacle qui parle beaucoup de ça (rires).

Vous êtes la première cible de vos vannes. Etre à ce point dans l’autodérision vous permet-il d’être plus libre pour taper ensuite sur d’autres personnes ?

On peut faire ce qu’on veut avec soi. L’autodérision, c’est salvateur. Si on n’arrive pas à rire de soi, ça peut vraiment enfermer. Ça permet d’anticiper les gens qui voudraient se foutre de votre gueule (rires). On a besoin de savoir que les autres en chient aussi. Donc, voir une personne lucide sur elle-même et qui dit qu’il ne lui arrive que des merdes, ça réconforte. On se dit qu’on n’est pas le seul à en chier.

Vous allez assez loin par moments, vous vous êtes posé la question de limites à ne pas franchir ?

J’ai eu des doutes sur le fait de parler de l’héroïne. Dès que je prononce le mot dans le spectacle, ça glace le public. J’en joue. Mais il y a un vrai problème sur ce sujet tandis que le Tramadol et la codéine tout le monde s’en fout, alors que c’est exactement la même chose. Je me suis demandé si ça servait à quelque chose d’en parler et je pense que oui, parce que je reçois beaucoup de messages de junkies qui essayent de s’en sortir et voient à travers ça une porte de sortie, là où les centres d’addictologie ne laissent pas sous-entendre qu’on peut s’en sortir.

Ce spectacle vous fait du bien ?

Il n’est pas une thérapie pour moi parce que j’ai fait le deuil depuis bien longtemps. C’est d’ailleurs pour cela que j’arrive à en rire. Je n’aurais pas pu faire des blagues sur ma maladie quand on me l’a diagnostiquée parce que ça m’a foutu un coup au moral mais, plus tard, je me suis dit autant en rigoler, autant rire du fait que la première fois que j’ai googlé Maladie de Charcot-Marie-Tooth , ça m’a envoyé sur des sites du Téléthon. Tu as l’impression soudainement de devenir quelqu’un d’autre. Tu es une handicapée… Il vaut mieux rire que pleurer. D’ailleurs, je trouve toujours plus sains les amis qui ne te plaignent pas. La pitié, ça te tire vers le bas. Il faut que des gens se foutent de ma gueule, gentiment, avec amour, mais qu’ils rient de ça avec moi. Dans toutes les pires situations, je crois qu’il faut arriver à faire une blague bien sentie.

L’humoriste Hannah Gadsby, dans son spectacle Nanette , commence justement par faire dans l’autodérision avant d’annoncer qu’iel ne souhaite plus être dans ce registre car les rires que cela provoque relèvent de l’humiliation. Certains rires du public vous blessent-ils parfois ?

Non. Il y a beaucoup de choses que je ne dirais à personne, à part à mes amis. Je sais que sur certains sujets, je pourrais déclencher un rire, mais je n’ai pas envie qu’on rie de moi là-dessus. Je décide de ce dont je parle ou non. Je n’irais pas dans des travers de souffrance réelle. Je parle de tout ce que j’assume et qui ne me pose aucun problème, des choses que je pourrais dire à un inconnu en soirée. Me foutre de ma gueule, je le fais dans la vie, pas que pour le spectacle.

Le spectacle est déconseillé aux moins de 16 ans…

C’est moi qui l’ai décidé. Dernièrement, il y a pas mal d’ados de 13, 14 ans qui sont venus et m’ont dit avoir kiffé. ça fait plaisir. Il n’y a pas tant de vulgarité que ça dans le spectacle, c’est davantage grossier. Cet avertissement est plus une question de compréhension de certaines thématiques. J’ai toujours peur que les plus jeunes se fassent chier. Moi, à cet âge-là, je me suis emmerdée devant des pièces de théâtre où on m’emmenait et où je me demandais ce que je foutais là. Je n’ai pas envie de voir ça dans leurs yeux et qu’ils passent un mauvais moment. Je respecte trop les ados pour ça, parce que je le suis encore moi-même (rires).

Quand avez-vous compris que vous étiez drôle ?

J’ai toujours aimé faire marrer les gens. J’adorais faire rire mon grand-père et ma grand-mère. Ils étaient bonne pâte mais ne riaient pas à tout, alors si j’arrivais à les faire rire… La première fois que tu génères un rire devant plus de deux personnes, ça te crée quelque chose. Ou pas. Moi, ça m’a procuré un sentiment de bien-être.

Quel a été le moment où vous avez su que vous vouliez être humoriste ?

Je ne me suis jamais posé la question de ce que je voulais faire dans la vie. A 17 ans, je jouais tous les soirs dans une pièce et je n’ai jamais gagné un euro, alors que c’était toujours complet. Ensuite, on m’a embauchée en boîte de nuit et là, on gagne sacrément bien sa vie. Donc ça m’a un peu écartée de ce chemin. La drogue aussi. A un moment donné, quand j’habitais en Espagne, je me suis dit que je devais me lancer. Mes parents, que j’adore, m’ont gentiment laissée partir de chez eux à 14 ans - je ne me suis pas enfuie, mais je devais aller ailleurs parce que j’en pouvais plus, je n’avais pas de chambre à moi, c’est tout. Mon père est guitariste, ma mère est peintre. Ils ne sont pas allés au bout de leur passion parce qu’ils devaient nous nourrir et donc gagner de l’argent. Ils ne savent pas se vendre, c’est une catastrophe. Je ne voulais pas vivre à mon tour cette frustration. Je sais depuis mes 3 ans que c’était ce que je voulais faire.

Quel a été le déclic ?

J’ai tardé par timidité, par peur de pousser des portes. J’avais envie qu’on me prenne par la main en me proposant un super rôle. On en rêve tous, de se balader sur une plage et que quelqu’un vous dise C’est toi que je veux ! Quand on attend, ça n’arrive pas. A un moment donné, j’ai compris que je devais plaquer tout ce que j’avais construit en Espagne.

Et vous êtes donc revenue à Paris…

C’était il y a huit ans, je suis repartie au RSA. Je ne connaissais personne dans ce métier. J’allais jouer dans des bars du 18e arrondissement avec des bouts de sketchs que j’avais écrits au sujet de ma voix. Une fois, j’ai joué devant le patron, un violoniste et deux Italiens… Au moins, tu ne te fais pas trop mal aux ailes, il n’y a pas trop de témoins de ta chute (rires). Petit à petit, j’ai commencé à rencontrer untel, puis untel, puis untel, et puis ça a pris.

Avez-vous connu des moments de découragement ?

Je n’ai pas eu de vie pendant ces huit dernières années. J’ai commencé à reprendre des vacances il y a deux ans seulement. Sinon, j’ai travaillé tous les jours et tous les soirs de ma vie. Un soir, un mec est venu me voir pour me demander des conseils, je lui ai répondu Oublie ta vie. Ce ne sont pas des conneries. A un moment donné, c’est un sacrifice de vie sociale et de vie privée. Il faut vraiment l’aimer, ce métier. Il y a des moments où je pète des plombs, mais je sais qu’il y a forcément des trucs jolis derrière. Quelques fois, la vie privée, ça manque.

En juin dernier, vous avez quitté France Inter et l’équipe de Charline Vanhoenacker. Vous étiez très émue dans votre dernière chronique…

Cela a été très dur. Je les aimais beaucoup et je continue à les aimer. Au départ, ils ne voulaient pas vraiment de moi à France Inter, ils me trouvaient trop punk, je ne parlais pas assez de politique. Tous les gens qui étaient dans cette émission ont bataillé des années pour que j’intègre la radio. Quand tous les gens qui ont contribué à ce que tu es s’en vont, pourquoi rester ? Il n’y a pas que Guillaume [Meurice, qui a été licencié], il y a Juliette Arnaud, qui est très importante pour moi. Jamil [Le Schlag] aussi. Lui, il a longtemps cité mon nom dans ses chroniques pour faire des appels de phare.

Quand j’ai su que Juliette et Ramzi [Assadi, le rédacteur en chef] s’en allaient, c’était la veille de cette chronique. Je n’avais pas décidé que c’était ma dernière chronique mais j’ai appris ça dans une manif contre le RN… Tout le monde a quitté le bateau et je pensais que Charline, que j’aime par-dessus tout, en ferait de même, fatalement. Mais si ma famille s’en va, je m’en vais avec. Je les regrette et je les regretterai toujours parce que j’étais bien à France Inter. Mais voilà, maintenant, je suis sur Nova, une fois par mois.

Y a-t-il une idée reçue sur vous qui vous énerve ?

Les gens pensent que j’étais alcoolique. Je n’ai jamais eu de problème avec l’alcool. J’aime l’effet, mais pas le goût. Je n’ai jamais bu seule. J’aime bien boire de temps en temps, c’est très rare, une fois tous les trois mois pour fêter quelque chose. Et le lendemain, je me dis que je n’ai pas du tout envie de recommencer (rires). Récemment, j’ai fait une vidéo en free party, parce que j’adore la musique, j’en écoute tout le temps, et j’aime danser. Je voulais montrer qu’on pouvait en faire une jusqu’au lendemain midi sans prendre de drogue. C’était le message : il est possible de s’amuser sans ça.

Et le message est passé ?

Des gens ont trouvé sur la vidéo un moment où ma mâchoire se décroche, alors que je suis en train de manger un bonbon en parlant. Il était 9 heures du matin, déjà que j’ai l’air bourré de base, t’imagine bien qu’après avoir dansé pendant des heures, à un moment donné, l’articulation se fait moindre (rires). Plein de monde ne veut pas me croire. Je trouve ça triste parce que c’est condamner ces gens qui ont eu un passé festif et qui n’auraient pas le droit d’en être revenus. C’est une négation de ma réalité et un déni de l’espoir pour les gens qui ont envie d’arrêter.

Cela a été difficile pour vous d’arrêter ?

Ce n’est pas une lutte, je ne me force absolument pas à ne rien prendre. Même bourrée au dernier degré, tu me proposes de la drogue, mon cerveau te dit non. Ce n’est même pas une option. On m’en a proposé plein de fois. C’est de pire en pire, d’ailleurs, la drogue, même moi, quand j’ai arrêté, on n’en prenait pas autant. Aujourd’hui, c’est un festival, un délire. Il y a des gens qui disent Ce soir, j’ai pris ça, ça, ça et ça. Moi, dans ma grande époque, je n’ai jamais fait ça.

Cela vous inquiète ?

Vous avez vu le Sniffy ? C’est une espèce de poudre qu’ils se sont mis à vendre dans les tabacs. Ça me scandalise. Ils vendent ça avec la paille, ils ont mis de la caféine, de la taurine dedans, mais ça banalise le fait de sniffer. Avant, pour beaucoup, le fait de sniffer, c’était être dans la catégorie des junkies, des gens à ne pas fréquenter. Maintenant, au tabac, dans la rue, tu peux sniffer ça sans que théoriquement personne ne soit choqué. [Un arrêté d’interdiction de commercialisation du Sniffy a été signé au mois de juillet.] Je trouve ça toujours choquant que quelqu’un se scandalise pour quelqu’un qui prend de l’héro et pas pour quelqu’un qui prend une plaquette de Tramadol.

Il y a les drogues acceptables et les autres ?

Une fois, à une soirée, une nana, est venue me voir. Elle avait les lèvres violettes de pinard, elle était déchirée et elle m’a fait un long discours sur les drogués qu’elle jugeait très mal. Je lui ai répondu : Mais qu’est-ce que tu es, là ? Tu es droguée. A l’alcool. Qui est peut-être la pire de toutes les drogues. Le curseur, il est là où on décide de le mettre. Dans le spectacle, je l’ai enlevé, mais je raconte qu’au début du XXe siècle, on vendait l’héroïne pour soigner la toux des enfants, elle était garantie 100 % non addictive contrairement à la morphine. Et on donnait de la coke aux gens pour soigner à peu près tout. Ben oui, tu ne sens plus rien, à court terme, ça marche, c’est sûr. Tout est une question de mode et de période. Est-ce qu’on a jugé Verlaine parce qu’il était déboîté ? Non. C’est toujours bizarre, les gens qui pointent du doigt.

C’est-à-dire ?

C’est très facile de juger. Ces gens-là ne connaissent pas la vie de ces personnes. Ce sont souvent des gens très sensibles qui tombent dans la drogue et essayent de se désensibiliser de cette vie difficile à supporter au quotidien. Je parle toujours de main tendue au bon moment, des bonnes personnes dont il faut s’entourer. Moi, même les gros junkies qui traînaient avec moi ont toujours respecté le fait que j’arrête. Là, j’ai un pote qui essaye d’arrêter la cocaïne et il m’a dit Je vais perdre des amis. Mais ce ne sont pas des amis si tu les perds pour ça. J’ai eu la chance de ne pas avoir ces amis-là, mais si tu n’as que des amis comme ça, c’est très dur de t’en sortir.

Il y a toujours une main tendue ?

Non, pas toujours. J’ai eu de la chance, parce que j’ai eu beaucoup d’amis, et qui n’étaient pas que là-dedans. J’ai arrêté en Espagne, c’est pas banal (rires). C’est comme essayer d’arrêter le sucre dans une confiserie. Au moins, t’es sûre que tu arrêtes vraiment.

Pour en revenir à votre métier de comédienne, quel serait votre rêve ?

De faire des jolis rôles au cinéma. J’adore l’exercice. Avec la tournée, je n’ai pas le temps et j’ai dû refuser des propositions, mais j’aimerais bien. Pas forcément que des comédies. J’aime bien les drames, les trucs un peu durs, où tu rigoles sans t’y attendre. On en revient au fait de dénoncer des choses difficiles en faisant sourire. Je pense que c’est là que le message passe.

Cet article est paru dans 20 Minutes (site web) - 20Minutes

Acteurs Publics
À la une, mercredi 23 octobre 2024 1871 mots

Le “pass Culture” ou les limites de la diversification

Objet inédit et cible de toutes les controverses, le pass Culture est devenu, avec un budget annuel de 260 millions d'euros, l'instrument phare de la Rue de Valois pour éveiller la curiosité culturelle des jeunes. Peut-il vraiment faire tomber les barrières et diversifier les pratiques ?

Tantôt qualifié de simple chèque, tantôt de "pass manga" ou de tremplin pour l'industrie des jeux vidéo, le pass Culture et ses 500 euros distribués aux jeunes de 18 ans s'est mué progressivement en un dispositif beaucoup plus complexe et complet. Cette application mobile est devenue un outil de recommandation puissant auprès de millions de jeunes - bien que largement perfectible -, la première cartographie des offres culturelles en France avec un potentiel inédit, en même temps que le pilier de la politique d'éducation artistique et culturelle auprès des élèves.

Pourtant, la courte vie du pass Culture est loin d'avoir été un long fleuve tranquille. Dès le lancement du chantier de développement, à partir de 2017, il a souffert d'un certain flou autour de ses objectifs, d'ailleurs évolutifs, ouvrant une brèche pour ses détracteurs. Et pour cause, le pass Culture est un dispositif "bâtard". Il a été développé par une start-up d'État, mais à l'issue d'une commande politique très claire puisque le problème à résoudre, ou plutôt sa solution, provenait tout simplement du programme présidentiel d'Emmanuel Macron, inspiré par nos voisins italiens.

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Difficile, dans ces conditions, de réinterroger le périmètre du Pass et surtout ses finalités. "Aujourd'hui encore, la question qui se pose, c'est : quel est l'objectif du Pass ? S'agit-il simplement de faciliter l'accès à la culture ou de diversifier les horizons ?" s'interroge un des premiers artisans du Pass. Un écueil dont l'ex-ministre Rachida Dati semblait avoir pris conscience puisqu'elle avait réaffirmé son souhait de faire du Pass non plus "un simple outil de consommation culturelle ne luttant pas efficacement contre la reproduction sociale" mais un vrai "instrument de diversification des pratiques, d'émancipation de chacun et d'accès de tous à la culture".

Positionnement en décalage

Très vite, le débat s'est enflammé autour de ce qui devait rentrer dans le Pass, relançant par la même occasion les débats autour de ce qui relève ou non de la culture. Il a rapidement été clos par les équipes, qui ont fait le choix, plutôt pragmatique, de ne pas trancher la question. "La décision a été d'y faire rentrer tout ce qui est reconnu par le régime général d'exemption culturelle de l'Union européenne et tout ce qui ne pose pas de problème d'aides de l'État, dans l'esprit de la reconnaissance des pratiques culturelles sous Jack Lang", explique Sébastien Cavalier, le président de la société par actions simplifiée (SAS) Pass Culture depuis 2021.

Une des réussites du Pass reste précisément son déploiement massif et son appropriation par son public cible. Il le doit, selon l'un des premiers cadres de la SAS, à son positionnement en décalage du cadre classique des dispositifs d'action publique. Avec beaucoup d'efforts sur la marque, sa façon de communiquer et la liberté offerte à ses utilisateurs. Une posture inhabituelle dans un ministère qui ne jure que par ses labels et cherche d'abord à mettre en avant les offres labellisées. "Le premier défi a été de sortir de la prescription pour aller vers de l'incitation,explique un ancien cadre de la SAS. La bataille a été rude et a nécessité beaucoup d'arbitrages."

Le ministère de la Culture a bien essayé d'intégrer des plafonds de dépenses par types d'achats, ce qui aurait nécessité, là encore, une hiérarchisation des pratiques forcément délicate. Il n'est finalement parvenu qu'à imposer un plafond fixé à 100 euros pour les offres en ligne, "incompréhensible du point de vue de l'utilisateur".

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De la même manière avec le moteur de recherche de l'application, les débats ont beaucoup tourné autour de la mise en avant des offres : devait-elle valoriser la librairie indépendante labellisée "LiR" mais située à plusieurs kilomètres, ou bien la Fnac située à 300 mètres ? "Le Pass recommande, mais ne prescrit pas. Il ne juge pas les pratiques et n'impose pas tel ou tel parcours, mais se contente de montrer que le monde est vaste et les opportunités nombreuses", observe le président de la SAS, Sébastien Cavalier.

Tous ces débats auront au moins eu le mérite de bousculer l'ordre établi et de rapprocher des directions et institutions qui n'ont pas toujours l'habitude de se parler. Loin d'être un échec, l'application a fait l'objet d'une appropriation certaine par ses bénéficiaires. "83 % des jeunes ont activé leur Pass à l'âge de 19 ans et 75 % d'entre eux ont dépensé plus de 200 euros avec",pointe Sébastien Cavalier. Chez les 17 % restants qui n'ont pas du tout activé l'application, on retrouve différents motifs, du "ce n'est pas pour moi" à une méconnaissance de ce qui relève exactement de la culture.

Pas une solution miracle

Son président le reconnaît volontiers, le pass Culture n'est pas la panacée et ne résoudra pas à lui seul ce que des décennies de politiques culturelles ont eu tant de mal à résoudre. "Le Pass fait néanmoins bien deux choses : il fonctionne comme un miroir qui renvoie à l'écosystème ses forces, et notamment ce maillage que le monde nous envie, et aussi ses faiblesses, comme le fait pour les acteurs culturels de ne pas tous avoir pris le virage du numérique, ou la difficulté pour ces mêmes acteurs de s'adresser aux jeunes", analyse Sébastien Cavalier. "Le Pass ne peut pas être l'alpha et l'oméga et ne se substitue pas aux autres politiques publiques, mais il crée une base sur laquelle développer des choses, en faisant tomber les premières barrières financières et d'image", abonde l'ancien cadre cité plus haut.

Autrement dit, cette application mobile ne saurait exempter les acteurs publics de mettre en place d'autres actions pour relever les autres défis, que sont notamment celui des transports et de l'accès physique à la culture, surtout pour une population jeune et non véhiculée. En attendant que le Pass, dans son utilisation en milieu scolaire, permette peut-être un jour aussi de financer les déplacements, la Drac du Grand Est a par exemple pris les devants et sollicité le conseil régional pour organiser la prise en charge de ces déplacements. "La région a déjà signé un partenariat avec le département de la Haute-Marne et s'est engagée à financer au moins un déplacement par classe et par an dans tous les lycées", explique la directrice, Delphine Christophe.

Le salut dans la part collective ?

Malgré tout, l'image du chèque soutenant la consommation, sans s'attaquer aux problèmes de fond de l'accès à la culture et de la diversification culturelle, lui colle à la peau. "L'idée initiale du Pass a rapidement été remise en question. Pour être autonome dans ses pratiques culturelles, encore faut-il se sentir autorisé, en avoir envie, et avoir certains codes qui doivent s'acquérir bien avant 18 ans", reproblématise un des premiers concepteurs du Pass, qui a très vite soulevé le lièvre.

L'ouverture du Pass aux moins de 18 ans s'est faite de deux manières. D'une part en ouvrant progressivement 200 des 500 euros à partir de 13 ans, et d'autre part en lançant en 2022 une part dite collective, en plus de la part individuelle que le titulaire peut dépenser comme bon lui semble. Cette part, financée principalement par le ministère de l'Éducation nationale, est à la main des enseignants, qui peuvent en disposer pour monter leurs projets d'éducation artistique et culturelle (EAC).

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Ce virage pour faire du Pass un instrument de la politique d'EAC est à la fois plus ambitieux, mais aussi plus exigeant. "L'EAC, cela ne consiste pas simplement à sortir au musée, c'est aussi rencontrer un professionnel et pratiquer", rappelle notre premier interlocuteur, qui s'inquiète du fait que le Pass puisse vampiriser tous les financements de l'EAC et dévaloriser la qualité des projets, "sans corde de rappel". Un constat partagé par la sénatrice Sonia de La Provôté. Selon elle, l'EAC ancienne génération avait le mérite de la souplesse et de permettre aux enseignants de construire leurs projets. "Désormais, les enseignants doivent choisir dans un catalogue d'acteurs labellisés EAC", regrette-t-elle.

Développement de la médiation

Le président de la SAS Pass Culture soutient, lui, que cette part collective a été très utile et utilisée. Un tout récent rapport du département des études du ministère met en avant un taux de recours important à la part collective. Sur l'année 2022-2023, 60 000 activités ont pu être organisées et financées, pour visiter un musée, assister à un spectacle ou à une projection cinématographique, ou rencontrer des artistes. Au total, près de 90 % des collèges et lycées ont utilisé la part collective du Pass, mais dépensé moins de la moitié du budget alloué.

Il reste donc encore beaucoup à faire pour que l'outil ne reste pas seulement un chèque, mais devienne un instrument de la diversification culturelle, mettant davantage en valeur les offres gratuites, voire les fédérations d'éducation populaire, comme l'a souhaité la ministre Dati. Pour ce faire, une mission de l'inspection générale des Affaires culturelles (Igac) recommande d'améliorer encore l'algorithme de recommandation. Un exercice délicat, dans la mesure où tout l'intérêt de cet algorithme, contrairement aux réseaux sociaux, n'est pas d'enfermer l'utilisateur dans une bulle, mais de l'emmener petit à petit vers d'autres horizons.

Là encore, il ne faudrait pas croire que l'algorithme, aussi puissant soit-il, pourra à lui seul dépasser les barrières socio-culturelles ou géographiques. "L'algorithme ne fait qu'une petite partie du boulot, l'essentiel réside dans l'éditorialisation de l'application",rappelle Sébastien Cavalier, qui cite également l'importance des actions de médiation de la part des acteurs culturels pour se faire connaître.

Un potentiel encore endormi

Dans son rapport d'évaluation, l'Igac recommande d'ailleurs d'actionner plus largement ce levier de la médiation, pour diriger les bénéficiaires vers certaines offres délaissées mais jugées prioritaires, comme le spectacle vivant (théâtre, cirque, opéra...). Quoi qu'il en soit, le pass Culture, en tant que plate-forme numérique, ouvre de nouvelles perspectives pour capitaliser sur toute l'offre culturelle française et jeter des ponts entre les différents univers artistiques, du livre au cinéma, en passant par l'art ou la scène.

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"Une telle infrastructure numérique publique est inédite et n'existe nulle part ailleurs. Avec le Pass, on a désormais la capacité de connecter tous les acteurs de la culture", se réjouit l'ancien cadre de la SAS. Pour cela, encore faut-il que tous s'emparent de ce potentiel à leur tour, pour communiquer directement avec les jeunes, mettre en place des actions de médiation, etc.

Autre avantage : en tant que plate-forme numérique, le Pass constitue un levier inédit - mais encore sous-exploité, notamment pour des raisons de protection des données - à la fois pour mesurer l'utilité et l'efficacité du dispositif, mais aussi, plus largement l'évolution et la diversification des pratiques culturelles des jeunes. À ce titre, le gouvernement a annoncé avant l'été que désormais, toutes les données de transaction et d'usages seraient "systématiquement communiquées à l'État"dans un "souci de transparence et d'efficacité".

Cet article est paru dans Acteurs Publics

78actu (site web réf.) - Actu (FR)
26 novembre 2024 851 mots
Cet humoriste aux 1,3 million d’abonnés sur TikTok propose un spectacle hors du commun
Nicolas Salin

Par Nicolas Salin Publié le 26 nov. 2024 à 13h48 ... Voir l'article

Acadie Nouvelle
Arts et Spectacles, mardi 5 novembre 2024 450 mots, p. 10

Le célèbre producteur de musique Quincy Jones est décédé à l’âge de 91 ans

Associated Press

EN BREF

Quincy Jones, le géant de la musique aux multiples talents qui a produit l’album historique Thriller de Michael Jackson en plus de collaborer avec Frank Sinatra, Ray Charles et des centaines d’autres artistes, est décédé à l’âge de 91 ans.

Selon son publiciste, Arnold Robinson, Jones s’est éteint dimanche soir à son domicile dans le quartier de Bel Air à Los Angeles, entouré de sa famille. «Bien que ce soit une perte incroyable pour notre famille, nous célébrons la grande vie qu’il a vécue et savons qu’il n’y en aura jamais un autre comme lui», a écrit sa famille dans un communiqué. Né à Chicago en 1933, Jones est devenu l’un des premiers cadres noirs de l’industrie de la musique à prospérer à Hollywood. Il laisse derrière lui un vaste catalogue musical qui comprend certains des moments les plus riches de la chanson et du rythme américains. Au cours des cinquante dernières années, il était difficile de trouver un mélomane qui ne possédait pas au moins un disque portant le nom de Jones, qui a aussi travaillé dans l’industrie de la télévision et du cinéma. Jones a fréquenté des présidents et des dirigeants étrangers, des vedettes de cinéma et des musiciens. Il a fait des tournées avec Count Basie et Lionel Hampton, a arrangé des disques pour Sinatra et Ella Fitzgerald, a composé les bandes sonores de Roots (Racines) et In the Heat of the Night (Dans la chaleur de la nuit), a organisé la première célébration d’investiture du président Bill Clinton et a supervisé l’enregistrement de We Are the World.

Dans sa carrière qui a commencé à une époque où les disques étaient encore joués sur vinyle à 78 tours, il semble injuste de distinguer une oeuvre en particulier. Mais la palme revient probablement à ses productions avec Jackson sur Off the Wall, Thriller et Bad, des albums universels dans leur style et leur attrait. La polyvalence et l’imagination de Jones s’accordaient parfaitement avec les talents débordants de Jackson alors qu’il devenait le «roi de la pop». Sur des titres aussi classiques que Billie Jean et Wanna Be Startin’ Somethin’, Jones et Jackson ont puisé dans le disco, le funk, le rock, la pop, le R&B, le jazz et les chants africains. Pour Thriller, certaines des touches les plus mémorables ont été apportées par Jones, qui a recruté Eddie Van Halen pour un solo de guitare sur Beat It et a fait appel à Vincent Price pour une voix hors champ macabre sur la chanson-titre.

La Croix (site web)
Actualité Culture, vendredi 4 octobre 2024 585 mots
Aussi paru dans
4 octobre 2024 - La Croix International (web site)

Sommet de la francophonie : Laetitia Mampaka, l'humour dans la joie

Nathalie Lacube

L'humoriste belge d'origine congolaise Laetitia Mampaka se produit à l'Élysée vendredi 4 septembre devant les chefs d'État du XIXe Sommet de la francophonie. À 29 ans, cette artiste irriguée par la foi présente son premier seule en scène, Il était une joie.

Les Belges, ses compatriotes, ont surnommé Laetitia Mampaka « la reine de l'éloquence ». L'humoriste de 29 ans porte ce titre avec simplicité. « Je trouve ça beau d'unir par la parole et par l'humour des gens qui ne se rassemblent pas. C'est ma plus grande fierté », confie-t-elle à La Croix.

Elle est une des stars du XIXe sommet de la Francophonie accueilli par la France les 4 et 5 octobre et va se produire trois fois à Paris en trois jours, dont ce vendredi 4 octobre à l'Élysée devant Emmanuel Macron et une délégation de chefs d'États, en adaptant, comme à chaque fois, ses sketchs à son public. « Il faut savoir mettre la punchline au bon endroit », sourit-elle.

Née le 25 juillet 1995 à Mons en Belgique de parents congolais, Laetitia Mampaka étudiait le droit public international à l'université libre de Bruxelles quand elle découvre l'art noble de l'éloquence. « Je me suis rendu compte que j'étais drôle et qu'on m'écoutait quand je prenais la parole ». Elle se lance dans des concours et devient championne d'Europe d'éloquence en 2017, parmi treize autres prix dans cette discipline. En 2020, elle se hisse en finale de l'émission Le Grand Oral sur France 2 animée par Laurent Ruquier, avec un morceau de bravoure : « Maître, j'ai volé la Coupe du monde ».

Deux films et des sketchs d'humour chrétien

Poursuivant ses études juridiques, ce qu'elle décrira brillamment dans son sketch « J'ai un bac + 5... et je regrette tout », Laetitia Mampaka tourne dans deux films : L'employé du mois de Véronique Jadin en 2021, pour lequel elle est nominée aux Magritte du cinéma - les Césars belges - et DogMan de Luc Besson en 2023.

Elle se produit dans de grands rendez-vous de l'humour, dont le Montreux Comedy Festival et le Festival du Rire de Liège. Elle joue en France, en Suisse, en République démocratique du Congo, au Canada. Dans des églises, elle interprète des sketchs d'humour chrétien, dont « Louez Jésus » vu plus de 7 millions de fois sur Internet, qu'elle décrit comme « une autre forme d'évangélisation ».

Adieu le barreau, bonjour les planches ! Laetitia Mampaka a choisi. Elle présente depuis un an son premier seule en scène, Il était une joie qu'elle porte en tournée, encore pour de nombreuses dates. Déclenchant les rires avec finesse dans son sketch « La religion », à l'imparable réplique : « Quand vous avez une maman qui prie, écoutez ce qu'elle dit à Jésus, vous saurez ce qu'elle pense de vous ».

Elle se réjouit de voir des familles entières se réjouir de ses blagues. « On peut tout dire mais pas n'importe comment », dit cette artiste complète qui parle quatre langues, mais préfère le français pour sa souplesse et son universalisme.

Des gens très différents apprécient son humour familial, traitant de thèmes universels, qui transcende doutes et inquiétudes. « Dieu m'a donné la capacité de faire sourire des gens qui n'ont pas forcément envie de rire. C'est un don dans un monde qui va de plus en plus mal. J'ai répondu à Son appel. Je ne peux pas négliger cette grâce et j'essaie d'en être digne », confie l'artiste.

« Mon prénom, Laetitia, ajoute la jeune femme, me prédestinait à apporter la joie. Je ne serais pas devenue humoriste si je n'avais pas la foi ».

Cet article est paru dans La Croix (site web)

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Société, dimanche 27 octobre 2024 316 mots

Laurent Gerra : "On sent qu'une minorité emmerde une majorité, le wokisme, le néo-féminisme, le véganisme m'emmerdent"

L'imitateur, humoriste, acteur et scénariste de bande dessinée français Laurent Gerra a dénoncé des courants de pensée comme le wokisme et le véganisme.

Invité du plateau de Léa Salamé dans l'émission Quelle époque sur France 2 ce samedi 26 octobre, Laurent Gerra a dénoncé les idéologies de la bien-pensance issues de la gauche comme le wokisme ou le véganisme. « On sent particulièrement aujourd'hui qu'il y a une minorité qui emmerde une majorité. Je ne vais pas aller dans le sens du wokisme, du véganisme, du néo-féminisme et tous les trucs en « isme » qui nous emmerdent. »

Samedi matin sur RTL, l'humoriste Laurent Gerra a confié sa vision d'une société qu'il juge « sans intérêt ». Interrogé par Éric Dussart, l'animateur de On refait la télé, sur la possibilité de se définir comme « réactionnaire », Laurent Gerra répondait avec franchise. « Oui, puisque je réagis ! », affirme-t-il, en se réappropriant le sens premier du terme.

« De manière plus générale, la nature humaine est pitoyable »

Bien qu'il ne revendique pas l'étiquette de « réactionnaire ». « Ce sont les journalistes qui disent ça », précise-t-il, celle-ci ne le dérange pas non plus. « Si on s'arrêtait à tout, je ne serais pas là depuis 35 ans… il faut être soi. Et qui m'aime me suive », conclut l'imitateur, qui avoue préférer les bistrots aux réseaux sociaux, Serge Reggiani au rap, et le cinéma des années 30 à Emily in Paris. Dans son spectacle Laurent Gerra passe à table, il s'amuse d'ailleurs à caricaturer les travers de notre époque.

Tout comme Fabrice Luchini, qui aime dénoncer cette société, Laurent Gerra partage une vision critique de notre époque. Fabrice Luchini, que Laurent Gerra aime imiter, allait même plus loin dans une récente interview pour TV Magazine, déclarant avec un pessimisme marqué : « De manière plus générale, la nature humaine est pitoyable ».

Le Pays
Tarare
Monts Lyonnais, jeudi 31 octobre 2024 249 mots, p. Tarare-22

La mort et nous : un festival bien vivant

Saint-Martin-en-Haut. 3 e édition du festival La Mort et nous : un programme riche et vivant. Cette fin de semaine verra se clôturer, avec le festival la Mort et nous, les six semaines d'événements de la Fabrik, qui agit depuis 2016 sur le territoire des Monts du Lyonnais dans le champ des arts et de la culture. Après Sainte-Foy-l'Argentière, le grand village s'est implanté depuis deux semaines, à Saint-Martin-en-Haut. À partir du jeudi 31 octobre, le festival interrogera comment la mort fait partie de nos vies. Au programme, des projections de films au cinéma Paradiso, des apéros discussion autour de la mort des animaux ou la libération de la parole, des ateliers, une balade naturaliste, un blind test

Une programmation très riche de près d'une vingtaine de rendez-vous sur quatre jours avec des temps forts comme le spectacle Tant bien que mal proposé par la compagnie MMM, vendredi 1 er novembre à 21 heures. Il y aura aussi la grande déambulation par la compagnie la Glaneuse à 18 h 30, la raclette géante dimanche à midi ou le concert à 15 h 30 d'Anarès Requiem, un choeur mixte autour de chant sur la disparition et la mémoire. Un festival fort qui rappelle que les arts peuvent transcender cette étape de la vie.

Pratique. Tarifs suivant les événements, en prévente ou sur place en fonction des disponibilités. Programme complet sur le site Internet www.lafabrik-moly.fr ou au 09.82.30.04.54.

La Lettre de l'audiovisuel
Actualités, vendredi 4 octobre 2024 288 mots, p. 2

Culture Prime s’invite sur la chaîne France 24

TÉLÉVISION. France 24 en français met désormais à l’antenne, plusieurs fois par semaine, des vidéos de Culture Prime, le média social culturel de l’audiovisuel public français.

France 24 en français offre désormais une exposition inédite et internationale pour Culture Prime, le média social culturel de l’audiovisuel public français auquel prennent part RFI et France 24. La chaîne diffuse en effet plusieurs fois par semaine, des vidéos Culture Prime. Ces formats courts, d’une à deux minutes, font un pas de côté sur l’actualité, par le prisme de la culture. Arts, histoire, cinéma, musique, mais aussi culture pop, jeux vidéo, et même sports:tous les sujets sont traités sur un ton décalé et remplis de références visuelles. Les formats diffusés répondront tous à une question inattendue:pourquoi les films sortent-ils le mercredi en France ? Ou encore quel est le rapport entre Al Capone et une bouteille de lait ? Culture Prime est conçu par les six entreprises de l’audiovisuel public français (Radio France, France Télévisions, France Médias Monde, Arte, INA, TV5Monde). Il a pour objectif de favoriser l’accès à la culture et à la connaissance au plus grand nombre, via les réseaux sociaux. Disponible sur Facebook, TikTok, X, YouTube, Instagram, LinkedIn et WhatsApp, Culture Prime offre des contenus numériques vidéo originaux, produits par chacun des médias. Depuis sa création, il y a six ans, Culture Prime a proposé plus de 6 000 sujets, et totalisé plus de 2milliards de vidéos vues, avec une moyenne de 25millions de vues mensuelles.

La Voix du Sancerrois
Locale, mercredi 16 octobre 2024 595 mots, p. Voix-35

Les cinémas

Crystal palace - la charité

C'EST LE MONDE À L'ENVERS. Mercredi 16 à 18 heures, 20 h 30; vendredi 18 à 16 heures, 20 h 30; samedi 19 à 20 h 30; dimanche 20 à 14 h 30; lundi 21 à 18 heures; mardi 22 à 14 heures, 20 h 30.

BAMBI, L'HISTOIRE D'UNE VIE DANS LES BOIS. Mercredi 16 à 14 heures, 16 heures; samedi 19 à 14 h 30, 16 h 30; dimanche 20 à 17 heures; lundi 21 à 16 h 30; mardi 22 à 18 h 30.

JOKER : FOLIE À DEUX. (Interdit aux moins de 12 ans). Samedi 19 à 14 heures, 20 h 30; lundi 21 et mardi 22 à 15 heures. En VOST : mercredi 16 à 17 heures; dimanche 20 à 19 h 15; mardi 22 à 18 heures.

ALL WE IMAGINE AS LIGHT (VOST). Mercredi 16 à 14 heures; vendredi 18 à 17 h 30; samedi 19 à 18 heures; lundi 21 et mardi 22 à 20 h 30.

LANGUE ÉTRANGÈRE. Vendredi 18 à 14 heures; lundi 21 à 18 heures.

QUAND VIENT L'AUTOMNE. Vendredi 18 à 14 heures, 18 h 30; samedi 19 à 18 h 30; dimanche 20 à 19 heures; lundi 21 à 14 h 30, 20 h 30; mardi 22 à 16 h 30.

MACPAT, LE CHAT CHANTEUR. Mercredi 16 et vendredi 18 à 16 heures; samedi 19 à 17 heures; dimanche 20 à 15 heures.

RENCONTRE DOCUMENTAIRE : BÉNISSEZ NOS SEINS. Mercredi 16 à 20 heures (séance suivie d'une rencontre avec l'association nivernaise 3 Petites Graines).

RÉTRO PALACE : LE PASSE-MONTAGNE. Vendredi 18 à 20 heures (présenté par William Robin); dimanche 20 à 17 heures.

éden - cosne

BAMBI, L'HISTOIRE D'UNE VIE DANS LES BOIS. Mercredi 16 à 14 h 30, 17 heures; jeudi 17 et vendredi 18 à 17 h 30; samedi 19 à 14 h 30, 20 h 30; dimanche 20 à 14 h 30; mardi 22 à 15 heures, 17 h 30.

JOKER : FOLIE À DEUX. (Interdit aux moins de 12 ans). Mercredi 16, dimanche 20 et mardi 22, à 20 h 30; vendredi 18 à 15 heures, 20 h 30; samedi 19 à 17 heures.

QUAND VIENT L'AUTOMNE. Mercredi 16 et jeudi 17, à 20 h 30; vendredi 18 à 15 heures; samedi 19 à 20 h 30; dimanche 20 à 17 heures; mardi 22 à 17 h 30.

LE ROBOT SAUVAGE. M ercredi 16 à 15 heures, 17 h 30; jeudi 17 à 18 heures; vendredi 18 à 17 h 30, 20 h 30; samedi 19 et dimanche 20 à 15 heures, 17 h 30; mardi 22 à 15 heures, 20 h 30.

Les demoiselles de rochefort. Jeudi 17 à 15 h 30; dimanche 20 à 20 h 30 (séances avec LSR 58).

Atomic - aubigny

Le robot sauvage. Mercredi 16 et samedi 19 à 14 h 30; dimanche 20 à 17 heures; lundi 21 à 16 h 30; mardi 22 à 14 h 30.

L'heureuse élue. Vendredi 18 à 18 h 30.

Quand vient l'automne. Vendredi 18 à 20 h 30; dimanche 20 à 19 heures; lundi 21 à 14 h 15; mardi 22 à 18 h 15.

Joker, folie à deux. Samedi 19 à 18 heures; dimanche 20 à 14 h 15; lundi 21 à 20 h 30.

Mégalopolis. Samedi 19 à 20 h 45; mardi 22 à 20 h 30.

Cinéma rural itinérant

À l'ancienne. Mardi 22, à 20 h 30, à la salle des fêtes de Belleville-sur-Loire.

Un p'tit truc en plus. Mardi 22, à 15 heures, à la salle des fêtes de Belleville-sur-Loire.

Le Pays
Tarare
Monts Lyonnais, jeudi 31 octobre 2024 222 mots, p. Tarare-21

Halloween party : venez tous déguisés

Montrottier. Venez déguisés !. Le Comité intersociétés (CIS) organise une Halloween Party pour petits et grands, le 31 octobre au Foyer rural et au cinéma du village.

Les enfants de l'école publique ont participé à la préparation des décors pour cette fête d'Halloween. Vendredi 18 octobre à la veille des vacances, plusieurs bénévoles du CIS sont venus à l'école avec leurs chapeaux de sorcières pour animer des ateliers. De la peinture de citrouilles, de l'origami chauves-souris, du pixel art et la lecture de contes ont rythmé la journée.

Le CIS donne rendez-vous ce jeudi pour découvrir les créations des enfants et pour une grande chasse aux bonbons (gratuite). De 14 h 30 à 17 heures, il est prévu des lectures de contes et la visite du labyrinthe hanté puis, à partir de 17 h 30, une chasse aux bonbons et un parcours de la peur. Une récompense sera remise pour les costumes les plus effrayants. Il sera possible de faire une pause gourmande et horrifique à la buvette ont annoncé les organisateurs. La conception artistique a été réalisée par Niala Créa et la sonorisation et les éclairages seront pilotés par Flashcorp, tous deux originaires de Montrottier. Les animations seront gratuites, mais le paiement est accepté... en hurlement et grimaces.

Pratique. Renseignements supplémentaires au 06.98.78.09.05.

Le Dauphiné libéré (site web réf.) - Le Dauphine
26 septembre 2024 184 mots
Montélimar De l’Écrit à l’écran s'achève en beauté : « J’ai l’impression que le festival est de plus en plus prestigieux »

Les spectateurs sont rentrés une dernière fois dans la salle. L’écran de cinéma a diffusé le générique du festival une dernière fois. La lumière s’est éteinte une dernière fois... Voir l'article

24 Heures (Suisse), no. 23640
LS
Magazine, vendredi 8 novembre 2024 1055 mots, p. 28
Aussi paru dans
8 novembre 2024 - Tribune de Genève

[Star des Monty Python...]

Star des Monty Python

L'icône de l'humour britannique John Cleese a fêté ses 85 ans

Membre des Monty Python, il a révolutionné la comédie et est devenu une figure culte de l'humour britannique.

Il suffit parfois d'un mot-clé ou du nom de l'un des sketches légendaires des Monty Python auxquels John Cleese a participé. Les initiés se mettent alors à rire. « Le perroquet mort » , « Le ministère des marches stupides » ou le chevalier noir du film « Sacré Graal » sont des moments forts de l'humour britannique. Rares sont ceux qui ont marqué cet humour d'une empreinte aussi durable que John Cleese. Le 27 octobre, l'acteur et comédien britannique a eu 85 ans.

Né en 1939 à Weston-super-Mare, en Angleterre, John Cleese a montré très tôt son talent pour l'humour. Étudiant en droit, il a rejoint la troupe comique Monty Python, qui a lancé sa série télévisée « Monty Python's Flying Circus » en 1969. Le mélange d'humour surréaliste, de sketches absurdes et de piques politiques a changé à jamais la télévision britannique et est considéré comme visionnaire. Le style sec et souvent enragé de John Cleese a rapidement fait de l'humoriste une figure emblématique de la troupe.

Dans « Le perroquet mort » , il discute avec le propriétaire d'une animalerie qui veut lui faire croire que le perroquet mort qu'il vient d'acheter ne faisait que dormir. Sa curieuse démarche dans « Le ministère des marches stupides » compte parmi les scènes les plus connues des Monty Python, tout comme celle du chevalier noir qui perd tous ses membres lors d'un combat et qui refuse pourtant de s'avouer vaincu. « Très bien, convenons d'un match nul. »

Après la fin de la série télévisée, plusieurs films des Monty Python sont sortis au cinéma, dont le plus connu est « La vie de Brian ». Cette satire met en scène un homme né le même jour que Jésus et qui, à la suite d'une série de malentendus, est faussement vénéré comme le Messie.

Blasphème. Satire. Culte

Le film a suscité la controverse à sa sortie en 1979 et a été mal interprété par des groupes religieux, qui le considéraient comme blasphématoire. Pourtant, « La vie de Brian » n'est pas une critique de la religion, mais une satire des mouvements politiques et des sectes religieuses. Certains cinémas ont boycotté le film. Désormais, il jouit d'un statut culte.

Outre les Monty Python, John Cleese est surtout connu pour son rôle dans la série « Fawlty Towers » , diffusée sur la BBC en 1975. Il y joue le propriétaire d'un hôtel, Basil Fawlty, dont le tempérament colérique est à l'origine de nombreux moments comiques. John Cleese a écrit les scénarios avec sa première femme, Connie Booth, qui avait déjà participé au « Monty Python's Flying Circus » et qui joue une femme de chambre, Polly, dans « Fawlty Towers ».

La phrase de Fawlty « don't mention the war! » (ne mentionnez pas la guerre!), tirée de l'épisode « Les Allemands » , est encore citée de nos jours en Grande-Bretagne en guise de plaisanterie lorsqu'il est question de l'Allemagne et de la Seconde Guerre mondiale.

Dans les années 80, John Cleese a tenu des petits et des grands rôles au cinéma. Parmi ses films les plus connus, on peut citer le film fantastique « Time Bandits » (1981), réalisé par Terry Gilliam, un collègue des Monty Python, « Clockwise » (1986) et la comédie culte « Un poisson nommé Wanda » (1987), dans laquelle joue également le membre des Monty Python Michael Palin.

Q et Nick Quasi-sans-tête

John Cleese a tenu de nombreux rôles parlés et fait des apparitions en tant que guest star tout au long de sa carrière, notamment dans le rôle de « l'homme qui ressemble à John Cleese » dans la comédie « Bullseye ». À la fin des années 90, il a joué le successeur du maître d'armes Q dans deux « James Bond » avec Pierce Brosnan et le fantôme de Gryffondor dans deux « Harry Potter ».

Après avoir porté « Fawlty Towers » sur les planches du théâtre londonien cette année, mais sans y jouer lui-même, il travaille désormais avec sa fille Camilla sur un reboot pour la télévision. John Cleese veut ramener Basil Fawlty au présent, avec tout ce qui l'agace lui-même. Le fait qu'il ait été critiqué pour cela sur les réseaux sociaux l'a laissé de marbre.

Agacement face au wokisme

Depuis des années, il s'agace du politiquement correct et des susceptibilités. « Je ne pense pas que les gens qui ont peu d'humour devraient dicter ce que les gens qui ont le sens de l'humour peuvent apprécier. »

En 2018, John Cleese avait annoncé qu'il quittait la Grande-Bretagne pour les Caraïbes - parce qu'il ne supportait plus le journalisme britannique. Il voulait trouver un endroit où les « règles woke » ne s'appliquent pas.

L'année dernière encore, John Cleese, qui a refusé l'anoblissement qu'on lui a réservé en le qualifiant de « ridicule » , a entrepris une grande tournée mondiale. Le titre: « Last chance to see me before I die » (Dernière chance de me voir avant que je meure). Plus récemment, il a travaillé sur une version scénique de « La vie de Brian ». Pourquoi travaille-t-il encore autant à plus de 80 ans? « Eh bien, c'est à cause du divorce, darling » , a récemment déclaré John Cleese, avec le sarcasme qui le caractérise, dans le talk-show télévisé britannique « Lorraine ». « Si ce n'était pas le cas, je serais au soleil. » Il faisait allusion à son divorce, en 2008, d'avec sa troisième épouse, Alyce, à laquelle un tribunal californien a décidé de verser quelque 20 millions de dollars. Il a ensuite appelé sa tournée de stand-up « Alimony Tour » (La tournée de la pension), en guise de clin d'œil.

L'humoriste a été marié à Connie Booth de 1968 à 1978. Ils ont continué à travailler ensemble sur « Fawlty Towers » après leur séparation et sont restés amis jusqu'à ce jour. Une fille, Cynthia, est née de cette union. Le mariage avec l'actrice américaine Barbara Trentham, la mère de Camilla, a duré de 1981 à 1990.

Depuis 2012, la star britannique de la comédie est mariée à l'ex-mannequin et créatrice de bijoux Jennifer Wade. Selon lui, la différence d'âge de 31 ans n'a pas d'importance, car ils ont tous deux le même sens de l'humour décalé. « Nous sommes des âmes sœurs » , a déclaré John Cleese au magazine britannique « Hello ». « Quand les gens nous voient ensemble, ils le remarquent immédiatement. » Juliane Taffe

Même à 85 ans, John Cleese est toujours à la recherche du prochain fou rire.. Henning Kaiser (Keystone)

La République des Pyrénées
Edition Principale
jeudi 21 novembre 2024 757 mots, p. 40

Sortir

Le Jamel Comedy Club bientôt au Zénith de Pau : «Je vais m’amuser avec ces artistes incroyables»

Le Jamel Comedy Club est de retour (mardi 4février à 20 heures), et cette fois, Jamel compte bien nous régaler sur scène, en participant, à sa manière.

Le Jamel Comedy Club est de retour (mardi 4février à 20 heures), et cette fois, Jamel compte bien nous régaler sur scène, en participant,

à sa manière.

La nouvelle génération d’humoristes et leur prestigieux parrain seront bientôt sur les routes de France, pour un «Zénith Tour» qui s’annonce savoureux.

Le Jamel Comedy Club est de retour, et cette fois, Jamel compte bien nous régaler sur scène, en participant, à sa manière. Cette pépinière de talents du «seul en scène «(ou «stand-up») a vu le jour à la télévision en 2006, puis sur scène deux années après. Sans doute, Jamel Debbouze n’imaginait-il pas une telle longévité et un aussi grand succès.

Car beaucoup de pensionnaires du Comedy Club sont désormais des humoristes incontournables de la scène française. Blanche Gardin, Alban Ivanov, Thomas N’Gijol, Fabrice Eboué, ou plus récemment, Paul Mirabel, pour ne citer qu’eux. Jamel Debbouze a accepté de répondre à nos questions, un moment forcément drôle…

Ah mais bien sûr! Non seulement je serai là, mais je vais jouer avec eux et m’amuser avec eux. Je crois que je ferai plutôt Monsieur Déloyal (Rires). J’ai tellement envie de remonter sur scène. Ce qui m’a le plus motivé, c’est la qualité des artistes de cette nouvelle génération hors normes. Ils sont incroyables.

Non, la vérité, non. Je n’avais pas pour rêve de faire tout ça, ni même d’être comédien. Mais j’ai immédiatement pris du plaisir à me retrouver sur scène. Je viens d’une famille nombreuse, ce sont surtout les associations culturelles qui m’ont mis sur scène. Puis aussi Canal +bien sûr. Je suis le fruit d’une solidarité culturelle.

C’est mon frère qui fréquentait un ancien cinéma porno (rires). Il avait un abonnement pour deux mais il y allait tout seul. Il trouvait le lieu formidable et il a voulu me le montrer. J’ai eu envie de reproduire mon expérience du stand-up dans un lieu magique comme ça. C’était une manière de rendre ça pérenne, grâce au théâtre.

Alors la vérité, ce sont eux qui ont cherché à me découvrir (rires). Dès qu’on a montré l’émission TV, ça a déclenché des vocations. Des gamins qui ont été inspirés par la première génération. Chaque mardi on fait une «DebJam,» une scène ouverte pour ceux qui sont susceptibles d’être retenus. Ils sont payés, c’est une forme de considération et comme ça, ils se consacrent à ce stand-up à 100%.

Je laisse faire les choses. Ce sont eux qui me donnent des leçons. La seule véritable leçon pour y arriver, c’est l’envie. Dans «envie», il y a «vie». Si tu as cette envie, rien ne peut t’arrêter.

La vérité, je pensais que ça durerait 15 jours (rires). Tout cela va au-delà de moi. Aujourd’hui, l’envie de voir des humoristes est plus forte que jamais. Et l’envie de scène aussi. Et le public en redemande.

Oui, franchement, je suis régulièrement bluffé. C’est pour ça que je reviens dans ce théâtre avec plaisir. Chaque mois, il y a de nouvelles révélations. Et de nouveaux réels talents chaque année.

Cela va varier. Il y aura au minimum entre 8 et 10 passages. On a tellement de comédiens incroyables. On peut faire deux ou trois équipes mais toujours avec le même sélectionneur, votre serviteur. Normal, on ne change pas Didier Deschamps comme ça (rires). On arrive avec un vrai spectacle. On part en tournée avec un décor fabuleux, on a même reconstruit la façade du Jamel Comedy Club, grâce à une famille de maçons portugais que je connais (rires).

Mon grand-père, ma mère, qui étaient très drôles. Puis les mecs de mon quartier, les potes. J’ai aimé leur manière de raconter des histoires. Après, il y a eu des artistes comme Smaïn, les Inconnus, les Nuls. Et puis enfin, on m’a présenté Eddie Murphy. Cela m’a fasciné de voir comment il racontait ses histoires, j’avais l’impression d’être assis avec lui, dans son salon.

Propos recueillis par Francis Larrieu

Le Journal des Femmes (site web) - Journal des Femmes
lundi 25 novembre 2024 - 13:45:21 -0000 2455 mots

Pierre Palmade : dans quelle prison va-t-il aller ?, Kendji dévoile ce qu'il s'est passé après sa blessure

Pierre Palmade : dans quelle prison va-t-il aller ?, Kendji dévoile ce qu'il s'est passé après sa blessure

La semaine des stars

Pause

Pierre Palmade © CYRIL PECQUENARD/SIPAMuriel Robin se justifie sur sa brouille avec Pierre Palmade, Miss France 2025 : une candidate en fauteuil roulant, Mika face au Téléthon : sa crainte, Tomer Sisley cambriolé, Vitaa traumatisée par la naissance de sa fille, Cyril Hanouna épuisé... et toute l'actu people de novembre.

[Additional Text]:

Muriel Robin se justifie sur sa brouille avec Pierre Palmade, Miss France 2025 : une candidate en fauteuil roulant, Mika face au Téléthon : sa crainte, Tomer Sisley cambriolé, Vitaa traumatisée par la naissance de sa fille, Cyril Hanouna épuisé... et toute l'actu people de novembre.

Quotidien compliqué. Christophe Dechavanne se déplace avec des béquilles actuellement et a tenu à donner de ses nouvelles dans l'émission Quelle époque ! "Je précise, j'ai une entorse, parce que la semaine dernière je ne sais pas ce qui vous a pris, vous êtes partie en fusée : 'Vous avez mal au dos, vous ne pouvez pas bouger'... (...) Je suis juste un peu malade (...) Je survis", a expliqué l'animateur de 66 ans.

Décalage. Appelé par sa fille de 14 ans, Bianca, alors qu'il était en plein direct, Cyril Hanouna a été obligé de lui rappeler qu'il ne rentrerait pas à la maison avant la fin de TPMP ! "J'ai un énorme problème avec mes enfants, hein. C'est incroyable, quoi. Ils connaissent pas du tout ce que je fais dans la vie. C'est incroyable. Ils ne savent pas qui je suis !", a expliqué l'animateur de 50 ans.

L'accident. Alors que les 30 miss régionales participent au traditionnel voyage de préparation en vue de la grande finale qui désignera Miss France 2025, une des candidates s'est fait une belle frayeur. En effet, lors de ce séjour en Côte d'Ivoire, Miss Réunion a "marché pieds nus sur une arête de poisson sur la plage", rapporte Le Parisien. "Elle finit poussée dans un fauteuil pour reposer sa voûte plantaire. Lors de la photo de groupe en maillot deux pièces, dans un autre hôtel paradisiaque au bord de la lagune, à une heure de la capitale économique, ce jeudi, elle attend même à l'écart, assise, tandis que ses 29 camarades posent longuement", ajoute le quotidien.

Grosse frayeur. Vitaa a vécu un moment très éprouvant quand elle a donné naissance à sa fille Noa il y a deux ans. "Sa naissance a été traumatisante pour moi. Ma fille avait avalé beaucoup de liquide amniotique et ne parvenait pas à respirer. Dans le documentaire (Vitaa, je m'appelle Charlotte), on voit quelques courts extraits, mais cela a duré près de 15 minutes", a expliqué la chanteuse de 41 ans à Ciné Télé Revue.

Souhait profond. Frédéric Lopez a interviewé de nombreuses personnalités depuis le lancement de son émission Un dimanche à la campagne en octobre 2022 mais il rêve de recueillir les confidences de trois stars en particulier ! Interviewé à ce sujet par Télé 7 Jours, l'animateur de 57 ans a, en effet, répondu tout de go : "S'il m'est permis de fantasmer : Barack Obama, Jean-Jacques Goldman et Sophie Marceau".

Vide. Grégory Lemarchal s'est éteint le 30 avril 2007 mais il manque toujours autant à Lucie Bernardoni, rencontrée lors de la saison 4 de la Star Academy. "On ne s'habitue jamais à son absence (...) Aujourd'hui, j'ai eu une fille de bientôt 15 ans, Grégory en avait 23… J'ai une autre approche de sa disparition depuis que je suis maman… C'est pour cette raison qu'il est important que  l'association Grégory Lemarchal continue d'exister", a raconté la chanteuse et coach vocale de 37 ans à Télé 7 Jours.

Responsabilité de taille. Parrain de la 38e édition du Téléthon qui aura lieu le 29 et 30 novembre prochains, Mika va être présent le plus possible lors des 30 heures de direct et il est conscient qu'il va devoir être à la hauteur de l'enjeu. "Peut être que je vais le regretter mais, je suis prêt à prendre le risque pour cette cause... C'est remarquable toutes ces équipes mobilisées ! Et encore, ce n'est rien en comparaison de mois et de mois de préparation... A part le foot et les grands événements, quel programme peut s'enorgueillir d'être aussi fédérateur". a expliqué le chanteur de 41 ans à Télé 7 jours.

Case prison. Pierre Palmade, qui s'est dit "accablé et éprouvé" lors de son procès au tribunal de Melun, a été condamné à 5 ans de prison, dont deux ferme, pour l'accident qu'il a causé en février 2023 sous l'emprise de la drogue et qui a fait plusieurs blessé. Alors qu'il peut encore faire appel, la question se pose de savoir dans quelle prison il devrait purger sa peine. "Pierre Palmade habite Bordeaux et sera probablement incarcéré à la prison de Gradignan. Au début, il sera dans le quartier des arrivants, où on vous observe pour savoir comment vous supportez le choc", a ainsi confié Laurent Valdiguié de chez Marianne, sur le plateau de C l'Hebdo.

Priorités retrouvées. Après le tir accidentel qui a failli lui coûter la vie en avril dernier, Kendji Girac a ressenti le besoin de se ressourcer avec sa femme Soraya et leur fille. "La seule chose dont j'avais besoin, c'était de ma fille, ma femme, ma famille. Ils étaient là pour moi. C'est simplement l'amour qui m'a reconstruit à une vitesse incroyable. L'amour de mes proches, de mon entourage, même celui du public. J'ai été soutenu...", a raconté le chanteur de 28 ans dans Un dimanche à la campagne. Kendji a ajouté, après sa blessure et son hospitalisation, s'être "coupé de tout" et ne pas avoir regardé la télévision, ni son téléphone "pendant des mois".

Responsabilité. Fiancé avec Angélique Weckenmann. René Charles Angélil aurait été quitté par sa compagne quelques semaines avant leur mariage selon Closer. Et sa célèbre mère n'y serait pas pour rien ! "Angélique vivait mal l'engagement sans limite de" René Charles "auprès de Céline Dion, à laquelle il a totalement dédié son quotidien", nous apprend en effet l'hebdomadaire.

Accusations. Visé par une plainte pour harcèlement sexuel et une autre pour agression sexuelle, Slimane est également montré du doigt par deux hommes qui ont confié à Médiapart "avoir reçu des photos à caractère sexuel de la part de l'artiste, en 2019 et 2021, sans avoir jamais consenti à ces envois". "Il a commencé à m'envoyer des photos de lui et de son sexe, et à m'insulter parce que je n'envoyais rien en retour (....) Je lui ai dit d'arrêter, en lui disant qu'il allait le regretter", a expliqué l'un d'entre eux. 

Justification. Muriel Robin est en froid avec Pierre Palmade depuis qu'il a provoqué un accident en février 2023 mais elle tient à préciser qu'elle n'a pas abandonné celui qui était auparavant un ami proche. "Ce n'est pas parce que Pierre Palmade a causé un accident que j'ai mis fin à notre amitié. Pendant 30 ans, j'étais à ses côtés (....) Mais dans le contexte de l'accident, j'ai entendu et vu des choses inacceptables pour moi (...) Et ça justifie ma position aujourd'hui. Je ne suis pas une lâcheuse", a confié la comédienne de 69 ans sur le plateau de C à vous.

Refus. Révélée dans la saison 1 de la Star Academy, Jenifer a fait son retour au château de Dammarie-les-Lys pour la première fois la semaine dernière et a chanté avec les élèves lors du prime du 23 novembre. Pour autant, la chanteuse de 42 ans n'a pas l'intention de s'impliquer davantage et de devenir professeur. "Ah non ! J'ai fait coach, accompagnatrice de talents (dans l'émission The Voice). Mais prof... Je ne sais pas si je serais à la hauteur pour donner des cours à quelqu'un... Moi qui manque tant de discipline", a confié Jenifer à Télé-Loisirs.

Page tournée. Grande gagnante de la saison 13 de Danse avec les stars en avril dernier, Natasha St-Pier est revenue sur la polémique autour de son clash avec Inès Reg. "On peut toujours faire les choses différemment. Mais ce n'est pas en me disant ça que les choses vont changer (....) J'ai fait une blague qui a été mal prise. Je me suis excusée. À partir de là, moi je ne peux plus rien faire", a expliqué la chanteuse de 43 ans dans l'émission 50' Inside.

Mauvaises habitudes. Eddy Mitchell a été souffrant récemment et récupère "doucement". "J'ai fait une pneumonie (....) (Je fume) depuis longtemps ! Depuis l'âge de 14 ans. J'ai arrêté il y a un mois. On va bien voir. (...) L'alcool, c'est terminé aussi. Mais c'était plutôt une manie qu'autre chose. Il n'y avait pas de plaisir, vraiment", a expliqué le chanteur de 82 ans sur le plateau de C à Vous.

Droit de réponse. Alors que Muriel Robin fait partie des stars qui ont accepté de participer à la 5e saison de "Lol : qui rit, sort !" sur Amazon Prime Video, une polémique a éclaté il y a quelques semaines. La comédienne aurait été odieuse, avec un comportement déplorable et aurait tout fait pour se faire éliminer afin de sortir rapidement car frustrée de ne pas pouvoir utiliser sa carte joker... Invitée de C à vous, elle a démenti : "Ce qui est dit est faux. Je n'ai jamais pété les plombs, j'ai pleuré suite à une phrase qui a été dite. Je voulais sortir car je sentais que j'allais éclater en sanglots et je voulais le faire ailleurs." Toutefois, Jean-Louis Blot, le patron d'Endemol France, a assuré sur Sud Radio que la comédienne sera bien présente à l'antenne.

Originalité. Philippe Katerine a déjà réfléchi à sa future plaque tombale ! "Pas énorme, mais en forme de pied taillé dans le marbre rose, qui ferait aussi minigolf : comme cela, on pourra jouer sur ma tombe. J'aime cette idée de construire sa maison idéale", a expliqué à Madame Figaro le chanteur de 55 ans qui sort un album baptisé Zouzou.

Intrusion. Sandra Sisley a révélé que le moulin situé en en Eure-et-Loir qu'elle habite avec son mari Tomer Sisley et leurs enfants a subi une effraction. "En revenant d'un rallye au Maroc, nous avons eu la joie de voir que nous avons été cambriolés par un gang de Dreux (...) Ils ont pris tout ce qu'il y avait à prendre dedans comme dehors (...) Ils ont pris plein d'autres choses, ils se sont bien fait plaisir ces petits bâtards", a regretté l'épouse du comédien de 50 ans dans une vidéo publiée sur Instagram.

Liberté chérie. Grand amoureux des femmes, André Dussollier a une vision tranchée du couple après un certain âge. "La vie à deux, c'est bien à trente ans, mais après, ce n'est que source de conflits. Chacun chez soi, c'est bien plus raisonnable", a, ainsi, confié l'acteur de 78 ans à La Tribune Dimanche.

Ambitions. Léon Debbouze, 16 ans, aimerait devenir footballeur professionnel et Jamel Debbouze le soutient même s'il est conscient que la voie choisie par son fils est "l'une des plus dures du monde". "Il essaye, il se bagarre en tout cas. Il a commencé très tard mais aujourd'hui il a un bon niveau et je lui souhaite de réussir (...) Mais il se bat bien, je suis fier de lui", a confié l'humoriste de 49 ans dans l'émission Focus dimanche sur RTL.

Incompréhension. Dany Boon a quitté la maison à 15 ans pour devenir comédien et son père n'a pas du tout accepté son choix dans un premier temps. "Mon père est très sévère, très dur avec moi. Plus sévère avec moi qu'avec les autres parce que je suis l'aîné, je dois montrer l'exemple. Quand je lui dis que je veux être artiste, il me regarde et il me dit : 'Jamais. Tu vas être clochard, c'est ça que tu veux ?", a confié dans Un dimanche à la campagne le comédien et réalisateur de 58 ans.

Éloignement En 1980, Sylvie Vartan a divorcé avec Johnny Hallyday après quinze ans d'un amour tumultueux. Invitée sur le plateau de Face à Hanouna, la chanteuse de 80 ans a indiqué que ce n'est pas à cause de ses infidélités qu'elle a quitté le taulier. "C'est le métier qui a eu raison de notre amour. C'est un métier très difficile. On peut penser que le diable se met là-dedans. Ça vous fait voir des mirages", a raconté Sylvie Vartan.

Bonheur. En couple avec François Cluzet, le père de ses deux enfants, pendant 13 ans, Valérie Bonneton partage désormais la vie d'Edouard, son amour d'adolescence ! "On s'est retrouvés il y a dix ans (....) Il est bien plus artistique que n'importe quel artiste ! (....) Bien plus artiste, c'est-à-dire : Passionné de littérature, de cinéma, de musique… (....) Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise d'autre ? Après vous allez m'envier, ça ne sert à rien !", a confié la comédienne de 54 ans sur RTL.

Complicité. Lorànt Deutsch ne partage plus la vie de Marie-Julie Baup, la mère de ses trois enfants, mais ils sont restés très proches. "On s'est séparés, mais on est encore très amis (....) On a été amis avant d'être amants et maintenant on est redevenus amis", a expliqué le comédien de 49 ans sur le plateau de Quelle époque ! 

Besoin d'air. Christian Clavier a quitté Paris pour s'installer dans d'autres capitales européennes comme Bruxelles où il se sent beaucoup mieux. "Paris est devenu invivable (...) Chez vous, l'ambiance est plus conviviale et internationale. C'est ce que j'avais aimé à Londres, où j'ai également habité, jusqu'au Brexit", a confié l'acteur de 72 ans à Ciné-Télé revue.

Budget conséquent. Les autorités britanniques ont révélé le coût du couronnement de Charles III qui a eu lieu le 6 mai 2023 et qui s'est élevé à 72 millions de livres (environ 86,5 millions d'euros). Le ministère de la Culture, des Médias et des Sports a dépensé 50,3 millions de livres (60,5 millions d'euros), et les coûts de la sécurisation de l'événement par le ministère de l'Intérieur ont atteint 21,7 millions de livres (26 millions d'euros).

Passion. Edgar, le fils de trois ans de Vianney, a des goûts assez classiques pour un petit garçon de son âge. Pour Noël, le petit bonhomme devrait, en effet, avoir comme cadeaux des voitures a expliqué le chanteur de 33 ans à Gala. Vianney a aussi prévu d'offrir des présents en lien avec l'équitation à sa belle-fille.

Amende. En décembre 2015, Brahim Zaibat a publié sur les réseaux sociaux un selfie avec Jean-Marie Le Pen endormi dans un avion à la veille du second tour des élections régionales, et l'a payé très cher.  "Je vois qu'il y a Jean-Marie Le Pen, je le vois ronfler, j'ai pris la photo. Je ne voulais pas la poster, et puis finalement je l'ai fait. J'ai payé plus de 3000 euros mais la photo était marrante !", a expliqué le danseur de 38 ans dans l'émission Chez Jordan.

Cet article est paru dans Le Journal des Femmes (site web) - Journal des Femmes

Le Devoir
Culture, mercredi 27 novembre 2024 840 mots, p. B8
Aussi paru dans
27 novembre 2024 - Le Devoir (site web)

Quand la star devient diva

FRANÇOIS LÉVESQUE

LE DEVOIR

Angelina Jolie habite le rôle de Maria Callas comme s’il s’agissait d’une seconde peau dans Maria, magnifique élégie biographique de Pablo Larraín

En 1977, à Paris, Maria Callas vit en réclusion dans son vaste appartement, avec, pour seule compagnie, son dévoué majordome et sa fidèle cuisinière. Quoique celle-ci n’ait plus guère à s’occuper, la diva retraitée refusant depuis des jours d’avaler autre chose que des cachets. Son corps peut bien la lâcher, tout ce qui importe à Maria est sa légendaire voix, qu’elle espère faire résonner une dernière fois. Sentant peutêtre venir l’ultime tombée de rideau, la cantatrice erre dans la Ville lumière, revisitant son passé, en proie aux réminiscences… Poignante élégie biographique, Maria voit Angelina Jolie habiter le rôle de Maria Callas comme s’il s’agissait d’une seconde peau.

Dévoilé à la Mostra de Venise, Maria vient clore la «trilogie de femmes marquantes du XXe siècle»réalisée par Pablo Larraín. Le film fait ainsi suite à Jackie, où Natalie Portman incarne Jackie Kennedy dans les semaines suivant l’assassinat de JFK, et Spencer, où Kristen Stewart joue Lady Di juste avant qu’elle ne quitte le prince Charles.

À l’instar de ces précédents opus, donc, Maria s’attarde à une courte période (romancée) marquant un tournant dans la vie de l’héroïne, qui sort alors d’un enfermement imposé ou auto-imposé. En filigrane:un deuil, un divorce, et maintenant, une mort annoncée.

De fait, le médecin venu examiner Maria contre son gré est formel:si elle persiste à ne pas s’alimenter et à ne pas dormir, ses organes vitaux cesseront un à un de fonctionner. C’est une question de jours.

Or, à cette «urgence», Pablo Larraín oppose un rythme méditatif, en phase avec l’état d’esprit de Maria. Maria, qui renonce momentanément à son isolement, et est suivie dans ses déambulations par un journaliste qui n’est, peut-être, qu’un fragment de son imagination.

À cet égard, n’a-t-elle pas annoncé à son majordome:«Dorénavant, je serai seule à décider de ce qui est vrai et de ce qui ne l’est pas»? Tourmentée sous ses dehors sereins, celle qu’on a surnommée «la Callas»se remémore «Maria», l’adolescente bafouée, abusée, mais déterminée, qu’elle fut autrefois… Jamais loin, le souvenir du magnat Aristote Onassis, son grand amour perdu et trépassé, continue de la hanter.

Flots de pensées et d’images

Comme dans ses films antérieurs, Larraín traduit le flot de pensées de l’héroïne par un flot d’images dont la teneur réaliste se colore de notes impressionnistes et oniriques. Très «années 1970»dans ses textures, dans son grain, le présent est dominé par une palette automnale de circonstance, laquelle palette cède la place au noir et blanc lors des retours en arrière.

Ce procédé aurait pu s’avérer banal, voire ringard, mais il se révèle parfaitement organique:les passages campés dans les années 1940, lorsque la mère de Maria les force, sa soeur et elle, à «distraire»des soldats nazis, sont filmés de manière plus crue, quasi néoréaliste jusque dans l’emploi d’une non-professionnelle pour jouer Maria jeune (Aggelina Papadopoulou, une étudiante en chant de 17 ans), tandis que les séquences évoquant les années 1950 arborent un rendu plus fin, synchrone avec le glamour dépeint.

Bref, Pablo Larraín et son directeur photo Edward Lachman (The Virgin Suicides/Cri ultime ; Far from Heaven/Loin du paradis ; Carol) font, si l’on peut dire, chanter fond et forme à l’unisson.

Disparaître dans le rôle

Et il y a Angelina Jolie, sans qui le film n’atteindrait jamais les mêmes sommets émotionnels. D’aucuns douteront peut-être que la star pût se fondre dans la diva au point de disparaître, mais c’est bel et bien le cas.

Comme Jolie nous le confiait récemment en entrevue, elle s’est découvert une parenté insoupçonnée avec Callas:«Nous sommes deux femmes ayant passé beaucoup de temps seules, ou à nous sentir seules. Vous savez, parfois, vous occupez toute cette place dans le monde, avec votre travail, votre voix ou votre présence, peu importe, mais dans les faits, vous êtes cet être fragile, pleine d’émotions et de sensibilités…»Ce qui explique cette impression d’une fusion entre l’actrice et le personnage.

OEuvre mélancolique, poignante et gracieuse, la meilleure de cette remarquable trilogie, Maria se dépose dans la mémoire avec une douceur trompeuse. En effet, ce n’est que graduellement que sa puissante charge se déploie. Par la magie de Jolie et du cinéma, Maria aura su faire entendre sa voix une dernière fois.

Maria (V.O.)-||-*****

Drame biographique de Pablo Larraín. Scénario de Steven Knight. Avec Angelina Jolie, Pierfrancesco Favino, Alba Rohrwacher, Kodi Smit-McPhee, Aggelina Papadopoulou, Valeria Golino. Italie, Allemagne, États-Unis, 2024, 124 minutes. En salle le 27 novembre et sur la plateforme Mubi le 11 décembre.

CRITIQUE CINÉMA

Le Nouvel Obs (site web)
Société, vendredi 1 novembre 2024 - 09:00 1447 mots

Dix choses à savoir sur le cimetière Montparnasse

Le Nouvel Obs

Deuxième plus grand cimetière de Paris intra muros, le cimetière (du) Montparnasse regorge de tombes de personnalités et d'oeuvres originales.

Moins romantique que la star des nécropoles qu'est le cimetière du Père-Lachaise, plus plat que le joli cimetière Montmartre, le cimetière du Montparnasse, souvent abrégé en « cimetière Montparnasse », est cependant aussi passionnant à visiter. Très « actif », avec des cérémonies tous les jours, c'est le deuxième plus grand de Paris (19 hectares) après le Père-Lachaise (44 hectares), bien plus visité (plus de 3 millions de visiteurs par an).

La vie secrète du cimetière du Père-Lachaise, nécropole cinq étoiles

Pourtant, le cimetière du Sud (son nom administratif) héberge le dernier sommeil de nombre d'artistes et autres personnalités, et ses deux parties (le petit et le grand cimetière) comptent beaucoup d'oeuvres d'art et de tombes originales. Comme toutes les nécropoles, celle-ci a ses vedettes : Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre (idéalement placés à deux pas de l'entrée principale), Charles Baudelaire et Serge Gainsbourg. Mais des milliers d'autres célébrités reposent ici. Voici une sélection, très subjective, de points à connaître sur ce très beau site du 14 arrondissement de Paris, pour amateurs de belles balades.

1. Le septième art en force

Ils sont si nombreux qu'on ne pourrait tous les citer : cinéastes, acteurs et actrices et autres gens de cinéma abondent à Montparnasse. Il y a le couple Jacques Demy-Agnès Varda (avec un banc sous un petit arbre pour se reposer à côté, un endroit charmant), Alain Resnais, Chris Marker, Claude Sautet, Yves Robert, Eric Rohmer, Jacques Becker, etc., et chez les comédien(ne)s Philippe Noiret, Jean Poiret (en face du précédent, on traverse l'allée et on ne change qu'une lettre du nom) rejoint par Caroline Cellier, Jane Birkin (avec sa fille Kate Barry) à quelques mètres de Mireille Darc, Jean Carmet, Michèle Morgan, Jean Piat, Philippe Léotard, Delphine Seyrig (presque en face de Baudelaire), Jean Seberg et tant d'autres... Une balade de rêve pour les cinéphiles.

2. Des potelets à la coupe Varda

Dans la rue Emile-Richard, longue artère qui sépare le petit et le grand cimetière, les potelets gardent encore un peu de peinture rouge et blanche au sommet. Il s'agit d'un joli hommage d'un petit-fils d'Agnès Varda (voir les couleurs originales de sa coupe au bol) avant ses obsèques !

3. Les 343 : des féministes bien présentes

Le Manifeste des 343, ce coup d'éclat de 1971 dans « le Nouvel Observateur » de 343 femmes déclarant avoir avorté, pour pousser à la légalisation de l'IVG (qui interviendra trois ans après), est bien représenté au cimetière Montparnasse.

DOSSIER. 50 ans après le Manifeste des 343, quelles causes défendre ? Elles répondent

Outre Simone de Beauvoir, Delphine Seyrig et Agnès Varda, déjà citées, on rencontre au fil des allées Tina Aumont, Marguerite Duras, Antoinette Fouque, Marceline Loridan, Michèle Manceaux (qui collaborait alors au « Nouvel Observateur »), et j'en oublie sans doute.

A contrario, une des tombes les plus étonnantes quant à l'invisibilisation des femmes est peut-être celle du compositeur César Franck (1822-1890) : seule mention pour son épouse, « Madame César Franck » (morte en 1918).

4. La Shoah : mémoire des absents

Plusieurs rescapés de la Shoah sont (Marceline Loridan) ou ont été (Simone Veil, qui après un an fut transférée au Panthéon avec son mari Antoine) inhumés à Montparnasse. On y trouve aussi de nombreuses tombes de familles juives, qui portent des mentions mémorielles, citant ces morts sans sépulture.

Dans l'avenue de l'Ouest, la tombe de la famille Heilbronn est un cénotaphe (une tombe vide) : trois de ses membres ont été assassinés dans les camps nazis, le dernier est mort au combat et enterré ailleurs. Voisinage singulier, à quelques dizaines de mètres dans la même avenue se trouve la tombe familiale de Pierre Laval. Proximité rare d'un criminel et de ses victimes.

« Juifs », « police », « Vichy »... Ces mots qui ont mis si longtemps à s'écrire sur les plaques commémoratives

5. Des politiques pas tous oubliés

La caractéristique de tout cimetière, même de célébrités, est la rapidité à laquelle la plupart des personnalités sont oubliées - un constat du spécialiste des nécropoles Bertrand Beyern. Montparnasse abrite deux présidents de la République, respectivement de la V et de la III. Si Jacques Chirac - qui bénéficie d'un des meilleurs emplacements du lieu, en bordure de sa place centrale - est encore dans les mémoires, dix-sept ans après avoir quitté l'Elysée et cinq ans après sa mort, qui se rappelle de Paul Deschanel (1855-1922) ? Il battit pourtant en 1922 Clemenceau à l'élection présidentielle (seuls les députés et sénateurs votaient), mais si quelques-uns se souviennent encore de ce président, c'est surtout pour sa chute lors d'un voyage en train et les rumeurs de maladie mentale qui polluèrent son court mandat (en 2022, le film « le Tigre et le Président » montre la rivalité Clemenceau-Deschanel, joués par André Dussollier et Jacques Gamblin).

Le site compte aussi deux premiers ministres de la V République, Raymond Barre (en face de Marguerite Duras) et Maurice Couve de Murville, et divers ministres.

6. Baudelaire : non, vous ne voyez pas double

C'est le seul illustre des lieux à être présent en deux endroits à Montparnasse : Charles Baudelaire a une sépulture avenue de l'Ouest, et un monument à l'opposé, du grand cimetière. Dans sa « vraie » tombe, l'auteur des « Fleurs du mal » cohabite avec sa mère et, surtout, avec son beau-père, le général Aupick. Les deux hommes se détestaient, et il est extraordinaire de lire sur la tombe l'énumération des titres du militaire, quand Baudelaire a juste droit à la mention « son beau-fils ».

Une souscription vingt-cinq ans après la mort du poète a permis de collecter assez de fonds pour réaliser - encore dix ans plus tard - un cénotaphe en son honneur. Il représente le poète emmailloté façon momie, et un personnage censé être l'Ange du Bizarre qui se penche sur lui.

7. La presse : grands noms et reporters, « Charlie Hebdo »

Les médias sont très bien représentés à Montparnasse. Ecrivant dans « le Nouvel Obs », au voisinage du « Monde », on se doit de mentionner que les fondateurs des deux titres, Jean Daniel (1920-2020) et Hubert Beuve-Méry (1902-1989), sont tous deux inhumés là. On trouve aussi une des signatures du « Nouvel Obs », Josette Alia (1929-2014), et de nombreux journalistes comme Jacques Derogy, Yves Mourousi, Jean-Pierre Elkabbach et bien d'autres.

Deux des collaborateurs de « Charlie Hebdo » assassinés le 7 janvier 2015 sont à Montparnasse : Georges Wolinski et Elsa Cayat (elle se trouve juste derrière la tombe de Gérard Oury) ont eu droit, comme les autres victimes de l'attentat, à une concession perpétuelle donnée par la Ville de Paris. Deux membres de la rédaction de l'hebdomadaire se trouvaient déjà dans la nécropole, Reiser et le professeur Choron, alias Georges Bernier (à noter, Wolinski comme Reiser ont aussi contribué au « Nouvel Observateur »).

8. Des oeuvres d'art de toutes formes... même en boîte

Avec de nombreux artistes du XIX, du XX et même du XXI siècle, le cimetière Montparnasse est évidemment très gâté en oeuvres d'art. Comme Bartholdi, plusieurs sculpteurs ornent leur sépulture d'une de leurs créations. Curieusement, ce n'est pas le cas de Constantin Brancusi, à la tombe nue, alors qu'une version de son oeuvre la plus célèbre, « le Baiser », se trouve dans le petit cimetière, sur la tombe d'une jeune fille suicidée.

Cette oeuvre a fait l'objet d'un long conflit juridique entre de lointains ayants droit de la jeune morte et la Ville de Paris, les premiers - dénichés par des avocats - estimant que l'oeuvre était séparable de la tombe et pouvait donc leur revenir. Mise aux enchères, elle partirait sans doute à plusieurs dizaines de millions d'euros. La dispute s'est finalement achevée au bénéfice de Paris - la statue ne bougera donc pas -, mais hélas, depuis plusieurs années, « le Baiser » est caché dans une boîte en bois. Il paraît qu'une alarme se déclenche si on touche la tombe - un panneau avertit, je n'ai pas tenté l'expérience -, et une vidéosurveillance très visible dissuade les amateurs. Reverra-t-on un jour les amoureux de Brancusi ?

9. Beaucoup de chats (mais plus de vrais)

Comme beaucoup de cimetières, Montparnasse a eu jadis une population féline non négligeable. Mais des campagnes de stérilisation ont porté leurs fruits - à l'exception du cimetière de Montmartre, qui travaille avec l'école vétérinaire et compte encore plusieurs matous - et cette époque est révolue.

En revanche, on voit plusieurs représentations de chats, la plus marquante étant un somptueux chat multicolore d'un mètre cinquante environ dû à Niki de Saint Phalle, sur la tombe de son ami Ricardo « mort trop tôt, beau, jeune et aimé », y a-t-elle écrit. Une autre oeuvre d'elle, un grand oiseau de métal et de miroirs, figure également dans le cimetière.

10. Et quelques épitaphes pour finir

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

La Tribune (site web)
GASTRONOMIE SORTIES, dimanche 10 novembre 2024 - 05:10 UTC +01:00 773 mots
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10 novembre 2024 - La Tribune dimanche (France)

Humour : Montreux ouvre les vannes

Éric Mandel

Sur scène ou sur les réseaux, Montreux Comedy, le festival suisse d’humour qui débute la semaine prochaine, est un accélérateur de carrière pour les nouveaux talents du rire.

Montreux Comedy, J-3. À partir de mercredi, le plus important festival d'humour francophone prend ses quartiers au Théâtre de Beaulieu, à Lausanne, pour dix jours de galas avec la crème des humoristes francophones, originaires de France, de Belgique, de Suisse, du Québec... Vingt mille spectateurs sont attendus en tout, dont une bonne moitié venue de France (52 %) - soit un taux de remplissage de 95 %.

« On va battre notre record de fréquentation de l'année dernière, souligne Grégoire Furrer, le créateur du festival délocalisé à Lausanne depuis deux ans pour cause de travaux de rénovation du Centre des congrès de Montreux. Cette affluence confirme combien le rire reste une valeur refuge en temps de crise. »

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Cette 35ᵉ édition fait une nouvelle fois la part belle à la relève de l'humour, avec cinq galas animés par Waly Dia, Fadily Camara, Nordine Ganso, Gérémy Crédeville et Guillermo Guiz. Nul besoin d'inviter des poids lourds du rire pour faire le plein, même si Gad Elmaleh, Florence Foresti ou Anne Roumanoff ont déjà participé au festival suisse. À Montreux, le public est jeune - la moyenne d'âge se situe entre 18 et 35 ans - et avide de découvertes.

« On ne mise pas sur des têtes d'affiche mais sur les nouveaux patrons et patronnes du rire, détaille Grégoire Furrer. C'est dans l'ADN du festival depuis sa création de découvrir et révéler des talents. J'ai commencé avec mes copains d'école qui me faisaient marrer. Et puis j'ai voulu tout filmer, tout diffuser moi-même, pour ne plus avoir de filtre entre ce que j'aime et les chaînes de télé. »

Au fil des éditions, Montreux Comedy a réussi à s'imposer comme un festival incontournable, mais aussi un média à part entière et un formidable accélérateur de carrière (pour les plus talentueux) grâce à sa présence massive sur les réseaux sociaux : 6 millions d'abonnés sur YouTube, TikTok, Instagram, Facebook... On se souvient de Paul Mirabel, révélé au grand public en 2020 avec son sketch « Je me suis fait racketter », qui l'a fait passer des petites scènes ouvertes aux Zéniths.

On va demander l'asile humoristique en Suisse. Waly Dia

Gérémy Crédeville confirme l'effet Montreux. « Quand des gens m'arrêtent dans la rue, c'est pour me parler de mes sketchs joués lors du festival. Montreux, c'est une marque, un label qualité. » Après quatre participations, le Lillois animera son premier gala, Montreux, ça tourne !, entouré de camarades (Laetitia Mampaka, Tristan Lucas, Dolino...). « J'ai beaucoup joué sur la beaufitude, là je reviens changé, en homme classe ; mais chassez le naturel, il revient au galop... », sourit l'humoriste, qui fera à partir de mars 2025 une tournée des Zéniths avec ce spectacle collectif préparé depuis six mois.

Ces créations restent la marque de fabrique de Montreux. Pour le gala d'ouverture, Waly Dia présentera Révolution(s) avec quelques amis, dont Élodie Arnould, Tahnee et Alexis Tramoni. « On va demander l'asile humoristique en Suisse tellement la situation devient de plus en plus hostile dans notre pays », assure l'un des rares stand-upers à sévir avec brio sur le terrain miné de la politique.

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De son côté, Fadily Camara invitera le public dans son salon pour une soirée entre potes, avec un certain Jean-Pascal Zadi... Très attendu également, le Gala Purple de Nordine Ganso, qui cartonne avec son regard tendre et bienveillant sans être inoffensif pour autant, sera retransmis en direct sur la chaîne YouTube du festival. On pourra enfin compter sur Guillermo Guiz pour une clôture en beauté avec Pursuit of Loliness. Un spectacle dans lequel l'humoriste belge le plus doué de sa génération tentera de soutirer des vannes à Marina Rollman, Thomas Wiesel ou Benjamin Tranié pour composer le sketch parfait.

Parmi la centaine d'artistes invités, on remarquera combien la programmation s'ouvre très largement aux humoristes français. « Ils représentent 90 % des artistes du festival, indique Grégoire Furrer. La France est un grand pays comparé à la Suisse ou à la Belgique, donc mathématiquement ils sont plus nombreux.

Et puis, Paris, avec tous ses comedy clubs, reste "the place to be" pour tout humoriste francophone. » Le fondateur du festival est bien décidé à se développer en France. Après avoir créé en 2022 le festival Lillarious à Lille, il se lance un nouveau défi : installer un rendez-vous consacré à l'humour, cette fois à Nice, avec un partenaire de choix, Gad Elmaleh. Première édition prévue en octobre 2025.

Cet article est paru dans La Tribune (site web)

Le Journal de Québec
Spectacles, mercredi 4 décembre 2024 691 mots, p. 44

LES VIOLENCES SEXUELLES PLUS FRÉQUENTES EN CULTURE

UN RAPPORT SOULIGNE QUE CE PHÉNOMÈNE EST «ALARMANT» DANS L'INDUSTRIE QUÉBÉCOISE DU DIVERTISSEMENT

CÉDRIC BÉLANGER

Plus de quatre ans après que le comportement de plusieurs vedettes du show-business québécois eut été dénoncé pendant le scandale #MoiAussi, un rapport dirigé par deux professeures de l'Université du Québec à Montréal conclut que les violences à caractère sexuel (VACS) touchent davantage la culture que les autres milieux de travail.

«Le milieu culturel québécois révèle une présence alarmante de VACS» et leur gravité y est «singulière », apprend-on dans ce rapport, intitulé 3,2,1... Action!, fruit du travail des chercheuses de l'UQAM Vanessa Blais-Tremblay et Joëlle Bissonnette, en collaboration avec l'ADISQ et l'Association des professionnels de l'industrie de l'humour (APIH).

Paroles sexuelles déplacées, regards insistants, voyeurisme, gestes et agressions sexuelles : «[comparativement] aux autres milieux de travail, les données colligées par l'équipe de recherche rapportent que la situation serait encore pire en culture qu'ailleurs », avancent les chercheuses, qui ont consulté plus de 700 études, articles et articles de journaux.

Au cours des dernières années, plusieurs personnalités québécoises, dont Éric Salvail, Gilbert Rozon, Maripier Morin et Julien Lacroix, ont été dénoncées publiquement pour une inconduite sexuelle ou du harcèlement.

«Ces dénonciations ont sensibilisé le milieu », indique Joëlle Bissonnette.

À LA TÉLÉ ET AU CINÉMA

Ce rapport, dévoilé hier matin, fait suite à la tenue du Sommet sur les violences et le harcèlement à caractère sexuel en culture au Québec, auquel ont pris part 50 organisations oeuvrant dans le milieu culturel, en septembre 2023.

Le document fait état de données datant de 2020 à 2024 en provenance de L'Aparté, la branche de Juripop qui offre de l'accompagnement aux personnes victimes ou témoins de harcèlement ou de violences dans le milieu culturel, selon lesquelles quatre secteurs sont «surreprésentés» : le cinéma et la télé, le théâtre, les arts visuels ainsi que la musique.

Vanessa Blais-Tremblay a été étonnée de constater que des gens qui travaillent en culture ignoraient que les relations de travail étaient encadrées.

«Plusieurs pensent que cela relève de leurs choix individuels d'établir la limite de ce qui est acceptable ou pas. Or, les violences à caractère sexuel, c'est une notion qui a un poids juridique », dit-elle.

DES GESTES NORMALISÉS

De fait, les participants au Sommet ont fait état de VACS du quotidien, qui sont définies comme «un ensemble de gestes déplacés en milieu de travail, d'apprentissage ou de loisir qui sont le plus souvent "sournois", "insidieux", mais qui sont récurrents et qui se maintiennent dans le temps ».

Même si ceux-ci ne commandent pas une intervention policière, on déplore qu'ils tendent «à être normalisés ».

On propose de nombreuses actions à poser pour enrayer les VACS, en rappelant que «le système judiciaire est toutefois loin d'être la seule arène au sein de laquelle la lutte contre les VACS en culture doit être menée ».

Les autrices disent avoir noté que l'industrie de la culture était prête à passer de la parole aux actes. «Ils sont tannés que le milieu soit polarisé et ont envie de réparer les ponts qui se sont brisés à chaque vague de dénonciations à travers un grand projet collectif », croit Mme Blais-Tremblay.



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Des extraits du rapport «Près de la moitié des femmes répondantes à une étude sur l'industrie de l'humour ont rapporté avoir vécu une expérience de gestes à caractère sexuel.» «Les agressions sexuelles peuvent se manifester de différentes manières. Dans le milieu de l'improvisation, Emmanuelle Walsh- Viau mentionne avoir fait partie "de celles qui se sont fait prendre les seins en pleine improvisation par un coéquipier qui voulait faire rire le public". Dans l'industrie du jeu vidéo, la championne québécoise Stéphanie Harvey mentionne s'être fait "attraper les fesses" par un autre joueur lors d'une compétition.» «Selon des personnes participantes au Sommet, la médiatisation de VACS perçues comme étant "plus sévères" (agressions sexuelles, infractions criminelles) a contribué, en choquant le milieu, à ouvrir la voie à une plus grande sensibilité face aux gestes, paroles et actes à connotation sexuelle qui étaient auparavant perçus comme anodins, ancrés "dans la culture".» SOURCE : 3, 2, 1... ACTION! UNE DÉMARCHE CONCERTÉE DE LUTTE CONTRE LES VIOLENCES À CARACTÈRE SEXUEL EN CULTURE AU QUÉBEC, DÉCEMBRE 2024.

Le Nouvel Obs (site web)
Société, samedi 23 novembre 2024 - 18:29 870 mots
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23 novembre 2024 - AFP - Infos Françaises AFP Stories (français) Challenges (site web) La République des Pyrénées (site web) Le Télégramme (Bretagne) (site web) Yahoo! Finance France (site web réf.)

« Un métro toutes les deux minutes, un viol toutes les sept minutes » : de Paris à Marseille, les rassemblements contre les violences faites aux femmes

« Plus on est, plus on sera visible, c'est l'affaire de tous, pas que des femmes », lance Peggy Plou, élue locale d'Inde-et-Loire interrogée dans la capitale au sein d'un cortège de plusieurs milliers de personnes qui défilaient contre les violences faites aux femmes en plein procès Mazan.

« La honte doit changer de camp » : de Paris à Marseille, des milliers de personnes - beaucoup de femmes, mais aussi des hommes - ont défilé ce samedi, répondant à l'appel du collectif féministe Nous Toutes , pour réclamer un « sursaut » contre les violences faites aux femmes, sur fond d' onde de choc provoquée par le procès hors norme des viols de Mazan.

« Autour de moi, les femmes sont abasourdies, les hommes, plutôt mal à l'aise » : le procès des viols de Mazan peut-il changer la société ?

« Plus on est, plus on sera visible, c'est l'affaire de tous, pas que des femmes », lance Peggy Plou, élue locale d'Inde-et-Loire interrogée dans la capitale au sein d'un cortège de plusieurs milliers de personnes - 80 000, selon les organisateurs. Majoritairement féminin, on y croise aussi nombre d'enfants et d'hommes.

Le consentement selon Manon Garcia, la philosophe citée au procès de Mazan

« Avec le procès de Mazan, on voit que la honte doit changer de camp », ajoute-t-elle au sujet de l'affaire à l' écho international jugée à Avignon , où une cinquantaine d'hommes sont accusés d'avoir violé Gisèle Pelicot alors qu'elle était inconsciente, droguée à son insu par son mari.

« Un métro toutes les deux minutes, un viol toutes les sept minutes », dénonce un panneau dans le défilé parisien.

« Il faut mettre en place très rapidement une loi sur le consentement. Ce n'est pas parce qu'on ne dit rien, qu'on est d'accord », plaide Marie-Claire Abiker, 78 ans, infirmière retraitée.

« Tous un rôle »

A Marseille, quelque 800 personnes, selon la préfecture de police, se sont rassemblées sur le Vieux-Port, avec des mots d'ordre similaires : « Brisons la loi du silence, la honte change de camp » ou « Non, c'est non ».

« On a tous un rôle à jouer, les hommes en particulier », observe Arnaud Garcette, 38 ans, qui travaille dans l'aide au développement. « On est à la source du problème et à la source des solutions aussi », ajoute celui qui est venu avec ses deux enfants.

Plus loin, une femme a barré sur une pancarte la phrase « protégez vos filles » pour préférer le slogan « Eduquez vos fils ».

Education affective et sexuelle à l'école : le retour de l'alliance catho-islamo-réac ?

« Ma tante a été assassinée par son ex-compagnon il y a 25 ans dans ce qu'on appelait à l'époque un crime passionnel. Ce n'est plus possible !  », explique Sophie Régnier Carbonnell, 52 ans, à Toulouse où la préfecture a recensé 950 manifestants et l'association NousToustes31 quelque 3 500.

« Depuis MeToo, il y a un vrai virage »

Ils étaient 1 500 (selon la préfecture) à avoir bravé la pluie à Rennes et près d'un millier à Lille : « En 2018, on n'était quasiment que des femmes. Aujourd'hui il y a, on va dire, 30% d'hommes. C'est vraiment une très bonne nouvelle », se réjouit Amy Bah, membre de #NousToutes, dans le Nord.

Même satisfaction à Bordeaux où 1 600 personnes ont manifesté selon la préfecture, 3 000 selon les organisateurs : « Ça fait plaisir de voir un peu de diversité : ça montre qu'on n'est pas toutes seules à défendre la cause », juge Romane, 22 ans, regardant les quelques hommes et dames aux cheveux grisonnants.

« Depuis MeToo, il y a un vrai virage et il faut le prendre avec les jeunes », renchérit à Lyon Hélène Junique, 62 ans, croisée dans une manifestation qui a rassemblé 4 800 personnes selon la préfecture, deux jours avant la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes - violences tant sexuelles que physiques, psychologiques ou économiques.

L'appel à manifester émane de plus de 400 organisations et syndicats (Fondation des femmes, Planning Familial, #Noustoutes...) et de personnalités comme Judith Godrèche , présente à Paris.

César 2024 : le texte du discours de Judith Godrèche contre les violences sexuelles dans le cinéma

« Les gouvernements successifs ont multiplié les promesses mais les moyens sont dérisoires et en baisse », déplorent les signataires, réclamant un « sursaut ».

Législation « morcelée »

En novembre 2017, Emmanuel Macron avait fait de l'égalité entre les femmes et les hommes une « grande cause du quinquennat ». Un numéro d'appel d'urgence, le 3919, pour les femmes victimes de violences et leur entourage, a été instauré ainsi que des téléphones grave danger et des bracelets anti-rapprochement notamment.

Des mesures saluées par les associations qui les jugent toutefois insuffisantes. « Aujourd'hui nous sommes très inquiets concernant le financement des associations », souligne Sarah Durocher, présidente du Planning familial.

Les associations réclament un budget total de 2,6 milliards d'euros par an et une « loi-cadre intégrale » pour remplacer une législation actuelle qu'elles jugent « morcelée et incomplète ».

La secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes Salima Saa a promis « des mesures concrètes et efficaces » pour le 25 novembre. Ces mesures viseront entre autres à « améliorer les dispositifs d'aller-vers » les victimes notamment en milieu rural, renforcer « l'accueil et de la prise en charge des victimes » via une « formation des acteurs en première ligne » , a-t-elle précisé.

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

Le Point, no. 2720
Culture, jeudi 19 septembre 2024 2169 mots, p. 82,83,84,85,86
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19 septembre 2024 - Le Point.fr

Francis Ford Coppola « À 85 ans, je comprends enfin le sens de la vie »

Philippe Guedj

Le cinéaste légendaire livre son Megalopolis, un péplum futuriste d'une étourdissante liberté. Confessions d'un gladiateur du 7e art.

"J e veux faireMegalopolis avant de mourir "... En 2019, à l'occasion des 40 ans d' Apocalypse Now et l'année même de son 80e printemps, Francis Ford Coppola nous l'avait juré. En exclusivité dans les colonnes du Point, il promettait qu'il ne quitterait pas ce monde sans avoir accompli un nouvel exploit herculéen : une épopée futuriste à grand spectacle, drapée dans les codes et toges du péplum. Megalopolis donc. Un projet de trente ans cher au cinéaste et contant, au coeur d'une New York high-tech mâtinée de Rome antique, la rivalité entre deux figures de la ville, l'architecte idéaliste César Catilina (Adam Driver) et le maire cynique Frank Cicero (Giancarlo Esposito).

En 2024, pour ses 85 ans, Francis a tenu parole. Nous avons vu Megalopolis au Festival de Cannes et, tout déroutant qu'il soit pour certains spectateurs habitués aux récits formatés, ce rêve éveillé aux visions folles et aux formes libres, ce torrent d'amphétamines, d'or et d'ambition nous avait éblouis. Financée par le cinéaste seul, cette utopie à 130 millions de dollars montre comment la cité va se battre pour survivre à un cataclysme imminent grâce à la technologie mais aussi au dialogue progressif entre ses adversaires. Pamphlet politique, poème fantastique, réflexion sur la course contre le temps, célébration du génie humain... Megalopolis est l'oeuvre d'un flamboyant jeune homme, un éternel Gatsby, lucide mais optimiste, et qui s'est payé son utopie. Les cent trente-huit minutes virevoltantes du récit passent comme un battement de cils et, bien au-delà du cinéma, elles ravivent notre espoir dans l'avenir de l'humanité. Quoi de plus normal que de retrouver Francis Ford Coppola à Deauville, grand invité du Festival du cinéma américain, pour décrypter avec lui les coulisses de ce foisonnant rêve, ponctué de cette autre promesse du maître : à condition de nous retrousser les manches, l'apocalypse ne sera pas pour demain.

Repères

7 avril 1939 :naissance à Detroit (Michigan).

1972 :triomphe mondial du Parrain, son 5e long-métrage, oscar du meilleur film.

1974 :sortie du Parrain 2, qui sera couronné de 6 oscars.

Conversation secrète, palme d'or à Cannes.

1979 :Apocalypse Now, seconde palme d'or.

1982 :Coup de coeur,échec cinglant et ruine de Coppola.

1986 :mort accidentelle, à 22 ans, de son fils aîné Gian-Carlo Coppola.

1992 :Dracula, l'un de ses plus grands succès.

2019 :Prix Lumière à Lyon.

2024 :Megalopolis.

Le Point : Vous attendiez-vous au violent accueil réservé à " Megalopolis " par la critique, notamment française, au Festival de Cannes ?

Francis Ford Coppola : J'ai enfreint toutes les règles avec Megalopolis. Quand vous faites cela, il faut forcément s'attendre à une diversité de réactions. Carmen a été hué en France et Bizet est mort peu après, persuadé qu'il avait raté son opéra. Jacques Tati a perdu tout son argent avec Playtime, aujourd'hui considéré comme un chef-d'oeuvre. On ne peut pas aller à l'encontre des tendances majoritaires, comme le fait Megalopolis, sans prendre le risque d'affronter la tempête. Mais je ne vous laisserai pas dire que les critiques françaises étaient toutes mauvaises. Il y en a eu de bonnes !

Dans " Le Point ", notamment. Vous filmez New York comme Rome avant la chute... Qu'est-ce qui vous a amené à cette analogie ?

Toute l'histoire de l'Amérique mène à la Rome antique. Thomas Jefferson et Benjamin Franklin étaient par exemple des hommes instruits, latinistes et qui ont lu les récits de guerre de César. Ils connaissaient bien l'histoire romaine et ont décidé de fonder les États-Unis sur le modèle de la République romaine, parce qu'ils ne voulaient pas d'un roi comme en Angleterre. À New York, le style de nombreux gratte-ciel évoque la Rome antique, notre Code civil s'inspire des lois romaines. L'Amérique est devenue Rome. Et l'évolution de notre Congrès me fait penser au sort de Rome. La République était prospère mais les sénateurs étaient plus préoccupés par leur propre pouvoir et leur richesse que par le fait de bien gouverner. J'observe le même phénomène avec nos sénateurs américains. Les germes de ce qui a détruit la République romaine sont à l'oeuvre dans l'Amérique d'aujourd'hui. À l'approche de l'élection présidentielle, le pays va soit consacrer un dictateur à vie, soit se doter d'une vraie République.

Vous y croyez vraiment ? Trump, dictateur à vie en cas de victoire ?

Vous voyez bien quelle a été sa réaction lors de la dernière présidentielle. Il a perdu et criait à la fraude électorale. Mais Megalopolis ne se réduit pas à un pamphlet politique. C'est surtout un film sur notre futur, qui peut être un cauchemar ou une utopie magnifique. Nous pouvons faire de cette Terre un jardin d'Eden, nous en avons le talent. Megalopolis est une célébration de l'humanité et du génie humain. Je ne donne pas une médaille à l'humanité, mais je veux lui redonner espoir en l'avenir. Espoir... c'est le mot le plus beau qui soit.

À quand remonte votre fascination pour le péplum ?

Les péplums m'ont toujours fasciné parce qu'ils reflètent l'idéologie de leur époque. Quand Giovanni Pastrone a réalisé Cabiria, ce péplum italien du cinéma muet sorti en 1914, le pays assistait à l'émergence du fascisme, porté esthétiquement par Gabriele D'Annunzio... Puis Mussolini a imité D'Annunzio, et ensuite Hitler a imité Mussolini. Spartacus, en 1960, évoquait quant à lui l'esclavage. Faire un péplum me permettait d'évoquer le présent et le futur de l'Amérique. Je me suis inspiré de Cecil B. De Mille, de La Tunique de Henry Koster, de Quo Vadis de Mervyn LeRoy ou encore de Spartacus, tout en me basant sur un texte de l'historien romain Salluste, La Conjuration de Catilina, qui décrit le complot du sénateur Catilina pour renverser la République romaine (en 63 av. J.-C.) avant d'être contrecarré par Cicéron. D'ailleurs, j'inverse les rôles puisque, dans le film, le Catilina campé par Adam Driver est le gentil, l'utopiste, tandis que le Frank Cicero joué par Giancarlo Esposito est l'antagoniste cynique. L'Histoire a retenu que Catilina était le méchant, mais l'historienne britannique Mary Beard [qui publie au SeuilImperator. Une histoire des empereurs de Rome, NDLR] m'a fait remarquer que, chez le Romain Suétone, Catilina était bien plus nuancé. La rivalité entre Catilina et Cicéron m'a fait aussi penser à celle qui, dans les années 1980, opposa le maire de New York Ed Koch à l'architecte Robert Moses [comparé au baron Haussmann pour son rôle dans la rénovation de la ville, NDLR]. Le personnage d'Adam Driver est un mélange de Catilina, Moses, Walter Gropius [le fondateur du Bauhaus, NDLR]...et aussi de moi-même.

Comme dans " Le Parrain ", " Conversation secrète " ou " Apocalypse Now " donc... Vos héros sont-ils tous des clones de vous-même ?

Je me pose toujours la question, mais oui. Quand j'ai fait Le Parrain, mon but était de conquérir un pouvoir que je n'avais pas à Hollywood... J'ai donc été aussi machiavélique que Michael Corleone. Pour Apocalypse Now, j'ai rencontré des problèmes tellement immenses que, comme le colonel Kurtz, je suis devenu mégalomane. En 1986, dans Jardins de pierre, j'ai dirigé James Caan dans le rôle d'un officier qui perd son fils... sans savoir que j'allais moi-même perdre le mien durant le tournage [Gian-Carlo Coppola, décédé dans un accident le 26 mai 1986, NDLR]. Dois-je forcément vivre chaque film que je fais ? Est-ce une malédiction ou une bénédiction ? Je n'ai pas la réponse mais, à 85 ans, je crois que je comprends enfin maintenant le sens de la vie. J'ai un arrière-petit-fils, plus de sagesse... Adam Driver s'est inspiré aussi de moi pour Megalopolis. Je lui ai transmis ma philosophie enthousiaste, basée sur cette idée très française que la tendance ne fait pas le destin. Ce n'est pas parce que le monde semble aujourd'hui dans une situation catastrophique que c'est ce qui doit l'attendre.

C'est cela, le message de " Megalopolis " ?

Oui : nous sommes une famille de génies, celle de l'Homo sapiens, qui a déjà 300 000 ans, une créature remarquable, digne d'admiration. Nous explorons l'espace, les fonds marins, nous modifions le génome humain... Il nous faut résoudre ensemble les crises qui nous frappent, comme le ferait une famille ! Ne laissons pas les démagogues nous faire douter de l'avenir. Il faut nous battre pour le futur de nos enfants, c'est pour cela que j'ai voulu la fin de Megalopolis si joyeuse.

Votre discours est à rebours de celui des Cassandre d'une certaine écologie décroissante par exemple...

C'est une vision stupide, inapte à comprendre à quel point l'espèce humaine a la capacité de trouver les solutions aux crises les plus graves. Pour l'instant, hélas, la stupidité régit les relations entre l'Amérique et la Russie, parce que Poutine - un homme pourtant intelligent - a l'esprit bloqué au XIXe siècle, quand l'Empire russe se livrait à une partie d'échecs non-stop avec l'Empire britannique. Mais les empires ont disparu, qui en a encore besoin ? On a en revanche besoin des scientifiques russes. Ce sont eux qui, en grande partie, ont inventé la télévision, ils sont aussi très impliqués dans la technologie expérimentale du tokamak, qui vise une fusion nucléaire respectueuse de l'environnement, une énergie abondante sans radiations.

Vous êtes décidément d'un optimisme à toute épreuve...

Pas sur tout... Il y a deux grandes traditions qui sont en train de mourir sous nos yeux. La première, c'est le journalisme, à cause de la multiplication de ces articles basés sur des sources anonymes. Mentionner des " sources anonymes " permet toutes les affabulations et, pour moi, ce journalisme-là est en train de tuer le métier, que j'adore. Le cinéma, tel qu'il existe, est aussi en train de mourir à cause de l'obsession des studios pour la rentabilité. Leurs dirigeants sont payés très cher à cette fin. Mais quand une chose meurt, d'autres naissent. Ainsi va la vie : mort et renaissance, toujours.

Quand vous fustigez le journalisme " basé sur des sources anonymes ", vous évoquez cet article de " Variety " publié le 26 juillet, relayant des témoignages anonymes de figurantes qui font état d'agressions sexuelles de votre part lors du tournage ? Vous attaquez d'ailleurs le journal en diffamation.

Ce que Variety a fait est inacceptable : ils m'ont attaqué avec des sources anonymes. Que dirait-on si je publiais un texte mensonger dans lequel j'affirmais que le directeur de Variety a molesté une fille de 8 ans, en citant des sources anonymes ? Cela a beau être faux, l'information a été propagée. On n'a pas le droit de dire tout ce que l'on veut en citant des sources anonymes. Ce n'est pas du journalisme.

Une source bien identifiée vient de porter plainte contre vous : Lauren Pagone, figurante sur le film, vous poursuit en justice pour agression sexuelle lors du tournage.

Oui... Je ne souhaite pas m'étendre ici sur ces stupides accusations, mais il se trouve que nous avons en notre possession les images de ce qui s'est passé et elles montrent que rien ne s'est déroulé comme cette personne le prétend.

Vous avez présenté " Megalopolis " à Cannes dans un moment particulièrement douloureux, puisque vous veniez de perdre votre épouse, Eleanor Coppola. Avez-vous pensé à annuler votre voyage ?

Oui. [Long silence.] Eleanor et moi étions mariés depuis presque soixante-deux ans, elle était le roc de ma vie, elle a disparu brutalement, c'est une douleur incommensurable. J'ai envisagé de ne pas venir à Cannes, en effet, mais ce qui m'a finalement fait changer d'avis, c'est qu'Eleanor a pu voir Megalopolis avant de mourir. Elle l'a apprécié, elle en était fière [son regard s'embue, NDLR]. Elle avait compris à quel point le message du film m'était cher, cette nécessité de dire qu'il faut préserver ce monde pour nos enfants. Elle m'a dit avant de partir : " Tu es l'homme le plus courageux que j'ai jamais rencontré, je t'aime. "

" Megalopolis " vous a-t-il fait l'effet d'une cure de jouvence ?

Oh oui ! J'ai déjà un nouveau projet que j'ai écrit à moitié [il désigne un gros script, NDLR], une adaptation très libre du roman d'Edith Wharton intitulé The Glimpses of the Moon[publié en 1922 et traduit en 2000 en France sous le titreLa Splendeur des Lansing, NDLR]. Ce sera un film musical, un hommage à Jacques Demy et Agnès Varda. J'aimerais le tourner en Europe et notamment en France, au Crazy Horse. Je veux utiliser la danse d'une manière qui n'a jamais été faite dans un film pour raconter cette histoire. Depuis sa création, le Crazy Horse a toujours eu recours aux images de façon fascinante en projetant ces motifs sur les danseuses. Ce sera un film joyeux

" Megalopolis "

((((;

Dans un futur proche, la ville de New York, rebaptisée New Rome, est le théâtre d'une lutte de pouvoir entre le maire Frank Cicero (Giancarlo Esposito) et l'urbaniste César Catilina (Adam Driver). Épris de Julia (Nathalie Emmanuel), la fille de l'édile, César veut rénover la cité grâce à une technologie révolutionnaire... Entre péplum, SF et film catastrophe, ce blockbuster singulier marque le grand retour de Coppola aux fastes épiques de son glorieux passé. Le résultat, sous des apparences désordonnées, déroule une fabuleuse fable onirique, spectaculaire et philanthropique.

En salle le 25 septembre.

La République des Pyrénées
Edition Principale
samedi 2 novembre 2024 155 mots, p. 17

Soule & Basse-Navarre

Un spectacle qui parle à toutes les générations

Le prochain spectacle de la saison culturelle en Soule aura lieu vendredi 8novembre à 21h au cinéma Maule Baitha avec la pièce «Mais t’as quel âge?».

Il s’agit d’une pièce de théâtre pleine d’humour sur les générations, leur relation, leurs différences, leur incompréhension… «Aujourd’hui, les jeunes sont en PLS, les autres ne comprennent pas ce mot. Les premiers jurent par Snapchat, les seconds tentent fièrement d’utiliser WhatsApp. Jeune ou vieux tout est relatif. Une chose est sûre, vous appartenez à une génération et vos petites manies vous ont dénoncés.»

Marion Pouvreau, prix Meilleur espoir au Festival Avignon Off, propose ainsi plus d’une heure de show. Après 200 représentations, le spectacle qui parle à toutes les générations sera donc à Mauléon en ce début du mois de novembre.

La Croix (site web)
Actualité Culture, mardi 3 décembre 2024 714 mots

Théâtre, lecture... Les pratiques culturelles privilégiées des Franciliens

Sabine Gignoux

Favorisées par une densité d'équipements exceptionnelle, les pratiques culturelles des Franciliens diffèrent aussi selon l'âge, la catégorie socioprofessionnelle ou la distance par rapport à Paris, détaille une étude de l'Insee publiée mardi 3 décembre.

La disparité est grande entre les sorties culturelles des Franciliens, bénéficiant d'une riche palette d'équipements, et celles des provinciaux. Une étude menée par la direction régionale de l'Insee et la direction régionale des affaires culturelles (Drac), à partir de l'enquête du ministère de la culture sur les pratiques des Français en 2018 (1), le confirme de manière éclatante.

Ainsi, en région parisienne, les « personnes de 15 ans et plus » sont deux fois plus nombreuses à s'être rendues au théâtre « au moins une fois dans l'année écoulée » (37 %) que celles des autres régions de la métropole (18 %). Parmi les Franciliens, plus de trois sur quatre ont aussi lu un livre, ou encore visité un monument, un musée, un lieu d'exposition dans l'année, alors que seulement deux provinciaux sur trois se sont adonnés à chacune de ces activités.

Le cinéma, loisir démocratique ?

L'intérêt de l'étude de l'Insee, publiée le 3 décembre, est d'analyser finement ces différences. La grande densité des lieux culturels dans la capitale et sa banlieue les explique, mais en partie seulement. Paris compte « environ 2 000 monuments historiques et pas moins de 4 800 lieux culturels, près de 520 salles de spectacle, 300 bibliothèques, 160 musées ou lieux d'exposition et 82 cinémas », détaillent les auteurs, en soulignant que cette offre riche profite aussi aux habitants de la petite et de la grande couronne.

Nicolas Dubourg, ex-président du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) et directeur du Théâtre La Vignette-Université Paul-Valéry à Montpellier, s'en est d'ailleurs ému récemment dans Le Monde. « L'essentiel des financements publics pour la culture est concentré sur Paris. À un niveau délirant. Quatre théâtres nationaux sur cinq sont à Paris, l'essentiel des centres dramatiques nationaux et des scènes nationales est concentré dans la banlieue parisienne, et une majorité des compagnies et des moyens de création sont en Île-de-France », dénonçait-il.

Au sein même de l'Île-de-France, les Parisiens se détachent largement en tête pour leur fréquentation des salles de concert ou de théâtre, mais aussi... leur lecture de livres. En revanche, les écarts sont beaucoup moins marqués entre la capitale et sa région pour la fréquentation des cinémas, alors même que « dans la grande couronne, près d'un quart des habitants se trouvent à plus de 5 kilomètres de la salle la plus proche par la route ».

Là, des facteurs sociodémographiques pourraient jouer. La fréquentation des cinémas est répandue quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle, tandis que les cadres fréquentent bien plus les théâtres, les salles de concert ou les musées et lisent davantage, rappellent les auteurs de l'étude.

Les seniors moins mobiles

L'âge conjugué à l'éloignement géographique explique aussi certaines disparités dans les pratiques culturelles. Alors que près de 80 % des Franciliens de moins de 60 ans ont visité au moins un monument, un musée ou un lieu d'exposition dans l'année, ce nombre baisse peu à Paris pour les plus de 60 ans (77 %), mais tombe à 63 % pour les seniors de la petite couronne, et même à 56 % pour les seniors de la grande couronne. Ce qui montre que la mobilité est un vrai obstacle aux pratiques culturelles des plus âgés.

Observant crûment que « la propension à aller au théâtre dépend positivement de cinq facteurs : avoir entre 50 et 75 ans ; avoir un haut niveau de diplôme ; être une femme ; habiter Paris et sa banlieue ; ne pas être immigré », les auteurs de l'étude soulignent que la géographie francilienne des scènes et de leurs publics acquis « ne se recoupent que partiellement ».

En clair, ces derniers vivent plutôt dans l'Ouest parisien alors que les théâtres se trouvent en majorité dans le nord ou le sud de la capitale où les populations ont une probabilité plus faible de s'y rendre. Faut-il le regretter ? Non, dans un objectif de démocratisation culturelle. « Cette offre développée permet potentiellement de soutenir une demande qui, sinon, serait faible », notent les auteurs en conclusion.

(1) Conduite en 2018 par le service statistique du ministère de la culture auprès de 9 200 personnes de 15 ans et plus en France métropolitaine, dont 1 300 vivant en Île-de-France.

Cet article est paru dans La Croix (site web)

Libération (site web)
samedi 23 novembre 2024 - 09:42:00 913 mots
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23 novembre 2024 - Libération

William Theviot, les leçons du pianiste

Lucas Zaï--Gillot

Diagnostiqué du syndrome d’Asperger il y a une douzaine d’années, le concertiste de 31 ans cherche, récital après récital, à sensibiliser le public au manque d’inclusion des artistes handicapés dans le monde de la musique. Et prépare le lancement d’une fondation pour poursuivre son combat.

Contrairement à son habitude, William Theviot ne parlera pas à son auditoire avant de jouer. Ce 6 novembre, le concertiste de 31 ans ne s’en sent pas capable. Dans le silence, il ordonne méticuleusement ses partitions. Sa bonhomie et son sourire enfantin ont disparu. Les premières notes du Désir, de Saint-Preux, résonnent dans le hall du Rocher de Palmer, célèbre salle de concert de Cenon (Gironde). D’un coup, la petite foule venue célébrer l’ouverture du festival Hors-Jeu/En Jeu se tait et regarde intensément le pianiste.

Veste de costume bleue, cheveux tirés en arrière et pattes taillées à mi-joues, le jeune homme laisse sa tête se balancer au rythme des notes qui s’échappent avec vigueur de son instrument. William Theviot est «pianiste», «concertiste» et «autiste». Il l’a écrit en couverture de son ouvrage autoédité intitulé Journal d’un Asperger. Un an dans ma bulle de verre, posé sur le rebord de son instrument.

Diagnostiqué à 19 ans comme porteur d’un handicap invisible nécessitant un haut niveau de soutien, le musicien est «incapable de vivre seul», confie sa mère Aldjia. Il habite donc toujours avec ses parents à Mérignac, où il a grandi. Son père, ancien professeur de mathématiques, et sa mère, esthéticienne devenue femme au foyer, l’accompagnent quotidiennement, pour les courses comme pour les concerts.

«Il faut tout faire soi-même»

Dès l’enfance, fasciné par le cinéma muet et bercé par les gammes de ses sœurs inscrites au conservatoire municipal, William s’éprend des sonorités du piano. A 7 ans, il se lance dans l’apprentissage méthodique du solfège et du clavier. Une alternative à la communication verbale. A 11 ans, il intègre le conservatoire de Bordeaux et commence à suivre le collège à domicile, avant d’entrer au lycée Camille-Jullian de Bordeaux, en classe musicale. Mais sur les bancs des salles de cours ou de musique, il se sent à l’écart. Son discours est «trop libre», ses réactions sont «émotionnellement atypiques» pour les autres élèves. Il souffre des discriminations qu’il subit à cause d’un handicap dont il n’a pas encore connaissance.

Mais pour l’heure, dans le hall de la salle de concert de Cenon, William Theviot enchaîne avec virtuosité les compositions de ses artistes romantiques favoris. Du Liebestraum n° 3, de Franz Liszt, ses doigts passent à la seconde Valse du 64e opus, de Frédéric Chopin, avant de s’emparer de la Sonate pour piano, d’Edvard Grieg. Pourtant, pour lui comme pour de nombreux artistes handicapés, il est impossible de «vivre professionnellement» de ses récitals. «Quand on est artiste autiste, on n’a pas d’agent, confirme Aldjia. Il faut tout faire soi-même. Trouver les lieux de concerts, louer les pianos…»

Livré à lui-même, William Theviot décide donc de pousser les portes, de créer les rencontres, de défendre spontanément sa cause. S’étant construit une certaine notoriété au niveau local, il enchaîne les concerts, qu’il ponctue de conférences pour sensibiliser le public à son combat. Avec sa naïveté pugnace, il interpelle, en juin 2022, l’ex-ministre de la Culture Rima Abdul Malak dans les rues bordelaises , ce qui lui permet de porter son discours jusqu’à la rue Valois. En mars 2023, il interrompt carrément les Victoires de la musique classique pour «essayer de parler de la maltraitance des personnes handicapées dans le milieu de la musique classique», avant de se faire ceinturer par la sécurité. Persuadé d’avoir trouvé une oreille attentive au cabinet ministériel de Rima Abdul Malak, il a vu ses espoirs réduits à néant avec le départ de celle-ci, en janvier 2024. Aujourd’hui, il se dit sidéré, fatigué par la «force d’inertie» des pouvoirs publics.

Salves d’applaudissements

Alors désormais, la sensibilisation ne suffit plus pour William Theviot, qui refuse d’être qualifié d’artiste militant. Il veut «trouver une famille artistique» et la rassembler au sein d’une fondation qu’il compte lancer en 2025. Celle-ci créerait un «asile, au sens noble du terme»pour «essayer de trouver un futur aux artistes handicapés». Le pianiste veut regrouper les parcours de vie, mutualiser les agents, les avocats, et proposer des concerts et des conférences sur des artistes ayant vécu et créé malgré un handicap, comme le compositeur Erik Satie, qu’on suppose, lui aussi, avoir été autiste Asperger. Pour l’heure, William cherche encore les financements, mais garde confiance. «Il y a forcément des harmonies qui résonnent ensemble», sourit-il timidement avant de commencer son concert.

Ce 6 novembre, des salves d’applaudissements ponctuent le récital. Avant d’entamer son dernier morceau, le concertiste s’approche du micro et prend la parole. D’une voix tremblante, il raconte ses traumas passés, datant de l’époque du conservatoire de Bordeaux, les scarifications, l’isolement. «C’est contre ces discriminations invisibles que je veux lutter avec mon projet de fondation.» Sous un tonnerre d’applaudissements, William Theviot se remet au piano pour jouer le boléro Historia de un amor , grand classique latino-américain, et laisse poindre un sourire au coin de ses lèvres. Finalement, le jeune homme a réussi à parler à son auditoire.

Cet article est paru dans Libération (site web)

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vendredi 29 novembre 2024 - 13:55:51 -0000 1340 mots

Coupes dans la culture en Pays de la Loire : “La Ville de Nantes n’est pas en capacité de compenser ces baisses”

Rémi Guezodje

Accueil Société Coupes dans la culture en Pays de la Loire : “La Ville de Nantes n’est pas en capacité de compenser ces baisses” Quel avenir pour l’Opéra ou La Folle Journée de Nantes ? Pour Aymeric Seassau, adjoint chargé de la culture à la mairie, la ville sera très impactée si la Région ampute aux trois quarts son budget culture. L’élu PCF appelle à ne pas commettre cette “folie”.

Le communiste Aymeric Seassau, adjoint chargé de la culture à la mairie de Nantes. Photo Franck Dubray/Ouest France/MaxPPP

Par Rémi Guezodje

Publié le 29 novembre 2024 à 13h57

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On attrape Aymeric Seassau, adjoint communiste à la maire de Nantes, délégué à la Culture, entre deux rendez-vous. J’étais avec le conseil départemental de Loire-Atlantique pour gérer des questions financières. Voilà une institution avec laquelle on peut dialoguer. Décor planté. Les liens sont rompus entre la Ville et la Région Pays de la Loire. La raison ? Christelle Morançais (Horizons), présidente du conseil régional, projetterait de faire passer le budget de la Culture de 17 millions en 2024 à 4,5 l’année prochaine. Alors qu’artistes et professionnels contestent en chœur cette mesure d’austérité, Aymeric Seassau décrit un écosystème culturel fragilisé, à l’échelle locale et nationale.

Quels acteurs locaux vont subir les coupes budgétaires ?

Tout le monde, dès la rentrée 2025. L’Orchestre national des Pays de Loire, l’Opéra, ou le festival La Folle Journée, ne seront pas épargnés. Comment peut-on, en tant que présidente du conseil régional des Pays de la Loire, s’apprêter à fermer la maison du grand écrivain Julien Gracq, écrivain de cette région qui a inspiré de nombreux artistes, de Jules Verne aux surréalistes ? L’année qui s’annonce va être difficile.

Est-ce que la Ville pourra compenser ce manque à gagner ?

Nous ne sommes pas en capacité de compenser ces baisses. La coupe représente 3,1 millions d’euros annuels en moins pour les seuls acteurs culturels nantais. À ce chiffre s’ajoutent plus de 400 000 euros d’aides à la création, soustraites par la Région. Je vous parle depuis une métropole ambitieuse, qui s’apprête à rouvrir son muséum, qui rénove un bâtiment patrimonial pour y accueillir une maison de la poésie, qui soutient une nouvelle friche culturelle, qui va ouvrir un lieu destiné aux arts de la rue… Tout cet équilibre démocratique est en danger.

Les lycées, compétence de la Région, seront les premiers touchés par ces annulations. S’attaquer à l’éducation, c’est une rupture du pacte social républicain.

Pourquoi ?

Le geste, la parole et la méthode brutale choisis par la présidente de Région interrogent notre rapport à la politique en général. Le fait que des politiques publiques accompagnent des actions culturelles pour tous est une condition essentielle à toute société démocratique. Cette décision s’attaque à ses fondements : les lycées sont une compétence de la Région et ils seront les premiers touchés par ces annulations. Le festival de cinéma espagnol, dont la viabilité est mise en danger, accueille 10 000 scolaires, dont 8 000 lycéens. S’attaquer à l’éducation, c’est une rupture du pacte social républicain. On revient sur la décentralisation culturelle qu’ont patiemment construite avant nous des personnes comme André Malraux.

Le modèle de la culture subventionnée est-il en crise ?

Quand on parle d’investissement public dans la culture, on nous dit que c’est un modèle en crise permanente. Ce n’est pas exact. D’une part, on oublie rapidement que le coût par fauteuil de l’opéra et de la musique est, sans argent public, inaccessible au commun des mortels, sans parler des catégories populaires. Personne ne pourrait aller à l’opéra si celui-ci n’était pas subventionné. D’autre part, La Folle Journée montre que des modèles de ce type s’exportent dans le monde entier. Le problème, c’est qu’on lui en préfère d’autres, privés, comme le capital américain avec Live Nation. Nous croyons à la pluralité. Nous devons défendre ce que nos pères et leurs pères avant eux appelaient l’exception culturelle française.

Les 3,5 millions d’euros en moins pour Nantes représentent 20 millions d’euros en moins pour l’économie du territoire. La chaîne économique culturelle existe.

Ce modèle est-il compatible avec la conjoncture économique actuelle ?

C’est tout un poumon économique qui s’étouffe si la présidente va au bout de ce que nous considérons comme une folie. Les chiffres du ministère de la Culture, dans le gouvernement d’un certain Édouard Philippe (Horizons), indiquent que pour 1 euro d’argent public investi dans la culture, on obtient en moyenne 6 euros de retombées économiques territoriales. Les 3,5 millions d’euros en moins pour Nantes représentent 20 millions d’euros en moins pour l’économie du territoire. La chaîne économique culturelle existe. Elle nous permet de rayonner en profitant à tout le secteur événementiel, à la restauration, aux artisans… Christelle Morançais est-elle mal informée, mal conseillée, mal entourée ?

Si la culture subventionnée est une richesse économique et sociale, pourquoi la fragiliser ?

La Région se justifie en disant se replier sur des compétences obligatoires, comme si la culture était facultative. Ce n’est pas vrai. La compétence culturelle doit être partagée par toutes les collectivités, d’après la législation. À part à considérer, comme le fait madame Morançais, qu’il s’agit d’une agglomération d’associations très politisées dans un pays shooté à la dépense publique. Nous contestons cette vision en répondant que les artistes n’ont pas à être dociles. À la Ville de Nantes, la défense de la liberté de création est sacrée, pour peu qu’il y ait des choses sacrées en république.

Le budget n’est pas encore voté, et en politique il n’est jamais interdit de reconnaître ses erreurs.

Pourquoi la culture et ceux qui la portent sont-ils aujourd’hui perçus comme des parasites ?

S’attaquer à eux, c’est organiser les divisions. Pour les citoyens, la culture est vue comme un lien social. J’aimerais qu’il y ait le même esprit pointilleux sur les entreprises qui se gorgent aussi d’argent public alors que certaines organisent des licenciements, comme à l’usine Michelin de Cholet (Maine-et-Loire). Les phrases inouïes qui ont été prononcées font réagir le pays tout entier. S’attaquer à la culture, c’est s’attaquer à notre intimité. J’ai envie de retenir cette énergie de résistance et de laisser les brutaux à la propre caricature d’eux-mêmes qu’ils offrent au pays. Elle est en train d’être contestée, combattue et probablement en train de reculer.

Comment comptez-vous résister à ces coupes budgétaires ?

Nous avons toujours espoir d’être entendus, à défaut de quoi la présidente de Région se retrouvera isolée. Elle a annulé deux rencontres en début de semaine avec les maires de Loire-Atlantique. La situation est devenue nationale. Il y avait une grande manifestation à Nantes lundi 25 novembre. Plus de 70 000 personnes se sont jointes à un appel d’artistes à résister. Christelle Morançais ne s’est pas rendu compte de ce à quoi elle s’attaquait. Le budget n’est pas encore voté, et en politique il n’est jamais interdit de reconnaître ses erreurs. Elle a visiblement pris une décision très solitaire, même si on entend peu de personnes d’Horizons s’offusquer.

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Le communiste Aymeric Seassau, adjoint chargé de la culture à la mairie de Nantes.

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lundi 25 novembre 2024 - 14:09:10 -0000 1502 mots

Muriel Robin, brouillée avec Pierre Palmade : "je ne suis pas une lâcheuse"

Muriel Robin, brouillée avec Pierre Palmade : "je ne suis pas une lâcheuse"

Pierre Palmade : dans quelle prison va-t-il aller ?, Kendji dévoile ce qu'il s'est passé après sa blessure

Pause

Muriel Robin © Laurent VU/SIPAJustification. Muriel Robin est en froid avec Pierre Palmade depuis qu'il a provoqué un accident en février 2023 mais elle tient à préciser qu'elle n'a pas abandonné celui qui était auparavant un ami proche. "Ce n'est pas parce que Pierre Palmade a causé un accident que j'ai mis fin à notre amitié. Pendant 30 ans, j'étais à ses côtés (....) Mais dans le contexte de l'accident, j'ai entendu et vu des choses inacceptables pour moi (...) Et ça justifie ma position aujourd'hui. Je ne suis pas une lâcheuse", a confié la comédienne de 69 ans sur le plateau de C à vous.

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Justification. Muriel Robin est en froid avec Pierre Palmade depuis qu'il a provoqué un accident en février 2023 mais elle tient à préciser qu'elle n'a pas abandonné celui qui était auparavant un ami proche. "Ce n'est pas parce que Pierre Palmade a causé un accident que j'ai mis fin à notre amitié. Pendant 30 ans, j'étais à ses côtés (....) Mais dans le contexte de l'accident, j'ai entendu et vu des choses inacceptables pour moi (...) Et ça justifie ma position aujourd'hui. Je ne suis pas une lâcheuse", a confié la comédienne de 69 ans sur le plateau de C à vous.

Refus. Révélée dans la saison 1 de la Star Academy, Jenifer a fait son retour au château de Dammarie-les-Lys pour la première fois la semaine dernière et a chanté avec les élèves lors du prime du 23 novembre. Pour autant, la chanteuse de 42 ans n'a pas l'intention de s'impliquer davantage et de devenir professeur. "Ah non ! J'ai fait coach, accompagnatrice de talents (dans l'émission The Voice). Mais prof... Je ne sais pas si je serais à la hauteur pour donner des cours à quelqu'un... Moi qui manque tant de discipline", a confié Jenifer à Télé-Loisirs.

Page tournée. Grande gagnante de la saison 13 de Danse avec les stars en avril dernier, Natasha St-Pier est revenue sur la polémique autour de son clash avec Inès Reg. "On peut toujours faire les choses différemment. Mais ce n'est pas en me disant ça que les choses vont changer (....) J'ai fait une blague qui a été mal prise. Je me suis excusée. À partir de là, moi je ne peux plus rien faire", a expliqué la chanteuse de 43 ans dans l'émission 50' Inside.

Mauvaises habitudes. Eddy Mitchell a été souffrant récemment et récupère "doucement". "J'ai fait une pneumonie (....) (Je fume) depuis longtemps ! Depuis l'âge de 14 ans. J'ai arrêté il y a un mois. On va bien voir. (...) L'alcool, c'est terminé aussi. Mais c'était plutôt une manie qu'autre chose. Il n'y avait pas de plaisir, vraiment", a expliqué le chanteur de 82 ans sur le plateau de C à Vous.

Droit de réponse. Alors que Muriel Robin fait partie des stars qui ont accepté de participer à la 5e saison de "Lol : qui rit, sort !" sur Amazon Prime Video, une polémique a éclaté il y a quelques semaines. La comédienne aurait été odieuse, avec un comportement déplorable et aurait tout fait pour se faire éliminer afin de sortir rapidement car frustrée de ne pas pouvoir utiliser sa carte joker... Invitée de C à vous, elle a démenti : "Ce qui est dit est faux. Je n'ai jamais pété les plombs, j'ai pleuré suite à une phrase qui a été dite. Je voulais sortir car je sentais que j'allais éclater en sanglots et je voulais le faire ailleurs." Toutefois, Jean-Louis Blot, le patron d'Endemol France, a assuré sur Sud Radio que la comédienne sera bien présente à l'antenne.

Originalité. Philippe Katerine a déjà réfléchi à sa future plaque tombale ! "Pas énorme, mais en forme de pied taillé dans le marbre rose, qui ferait aussi minigolf : comme cela, on pourra jouer sur ma tombe. J'aime cette idée de construire sa maison idéale", a expliqué à Madame Figaro le chanteur de 55 ans qui sort un album baptisé Zouzou.

Intrusion. Sandra Sisley a révélé que le moulin situé en en Eure-et-Loir qu'elle habite avec son mari Tomer Sisley et leurs enfants a subi une effraction. "En revenant d'un rallye au Maroc, nous avons eu la joie de voir que nous avons été cambriolés par un gang de Dreux (...) Ils ont pris tout ce qu'il y avait à prendre dedans comme dehors (...) Ils ont pris plein d'autres choses, ils se sont bien fait plaisir ces petits bâtards", a regretté l'épouse du comédien de 50 ans dans une vidéo publiée sur Instagram.

Liberté chérie. Grand amoureux des femmes, André Dussollier a une vision tranchée du couple après un certain âge. "La vie à deux, c'est bien à trente ans, mais après, ce n'est que source de conflits. Chacun chez soi, c'est bien plus raisonnable", a, ainsi, confié l'acteur de 78 ans à La Tribune Dimanche.

Ambitions. Léon Debbouze, 16 ans, aimerait devenir footballeur professionnel et Jamel Debbouze le soutient même s'il est conscient que la voie choisie par son fils est "l'une des plus dures du monde". "Il essaye, il se bagarre en tout cas. Il a commencé très tard mais aujourd'hui il a un bon niveau et je lui souhaite de réussir (...) Mais il se bat bien, je suis fier de lui", a confié l'humoriste de 49 ans dans l'émission Focus dimanche sur RTL.

Incompréhension. Dany Boon a quitté la maison à 15 ans pour devenir comédien et son père n'a pas du tout accepté son choix dans un premier temps. "Mon père est très sévère, très dur avec moi. Plus sévère avec moi qu'avec les autres parce que je suis l'aîné, je dois montrer l'exemple. Quand je lui dis que je veux être artiste, il me regarde et il me dit : 'Jamais. Tu vas être clochard, c'est ça que tu veux ?", a confié dans Un dimanche à la campagne le comédien et réalisateur de 58 ans.

Éloignement En 1980, Sylvie Vartan a divorcé avec Johnny Hallyday après quinze ans d'un amour tumultueux. Invitée sur le plateau de Face à Hanouna, la chanteuse de 80 ans a indiqué que ce n'est pas à cause de ses infidélités qu'elle a quitté le taulier. "C'est le métier qui a eu raison de notre amour. C'est un métier très difficile. On peut penser que le diable se met là-dedans. Ça vous fait voir des mirages", a raconté Sylvie Vartan.

Bonheur. En couple avec François Cluzet, le père de ses deux enfants, pendant 13 ans, Valérie Bonneton partage désormais la vie d'Edouard, son amour d'adolescence ! "On s'est retrouvés il y a dix ans (....) Il est bien plus artistique que n'importe quel artiste ! (....) Bien plus artiste, c'est-à-dire : Passionné de littérature, de cinéma, de musique… (....) Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise d'autre ? Après vous allez m'envier, ça ne sert à rien !", a confié la comédienne de 54 ans sur RTL.

Complicité. Lorànt Deutsch ne partage plus la vie de Marie-Julie Baup, la mère de ses trois enfants, mais ils sont restés très proches. "On s'est séparés, mais on est encore très amis (....) On a été amis avant d'être amants et maintenant on est redevenus amis", a expliqué le comédien de 49 ans sur le plateau de Quelle époque ! 

Besoin d'air. Christian Clavier a quitté Paris pour s'installer dans d'autres capitales européennes comme Bruxelles où il se sent beaucoup mieux. "Paris est devenu invivable (...) Chez vous, l'ambiance est plus conviviale et internationale. C'est ce que j'avais aimé à Londres, où j'ai également habité, jusqu'au Brexit", a confié l'acteur de 72 ans à Ciné-Télé revue.

Budget conséquent. Les autorités britanniques ont révélé le coût du couronnement de Charles III qui a eu lieu le 6 mai 2023 et qui s'est élevé à 72 millions de livres (environ 86,5 millions d'euros). Le ministère de la Culture, des Médias et des Sports a dépensé 50,3 millions de livres (60,5 millions d'euros), et les coûts de la sécurisation de l'événement par le ministère de l'Intérieur ont atteint 21,7 millions de livres (26 millions d'euros).

Passion. Edgar, le fils de trois ans de Vianney, a des goûts assez classiques pour un petit garçon de son âge. Pour Noël, le petit bonhomme devrait, en effet, avoir comme cadeaux des voitures a expliqué le chanteur de 33 ans à Gala. Vianney a aussi prévu d'offrir des présents en lien avec l'équitation à sa belle-fille.

Amende. En décembre 2015, Brahim Zaibat a publié sur les réseaux sociaux un selfie avec Jean-Marie Le Pen endormi dans un avion à la veille du second tour des élections régionales, et l'a payé très cher.  "Je vois qu'il y a Jean-Marie Le Pen, je le vois ronfler, j'ai pris la photo. Je ne voulais pas la poster, et puis finalement je l'ai fait. J'ai payé plus de 3000 euros mais la photo était marrante !", a expliqué le danseur de 38 ans dans l'émission Chez Jordan.

Cet article est paru dans Le Journal des Femmes (site web) - Journal des Femmes

Le Nouvel Obs (site web)
Société, vendredi 15 novembre 2024 - 17:05 392 mots
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15 novembre 2024 - AFP - Infos Economiques Le Figaro (site web) Le Parisien (site web) AFP - Infos Françaises

Sites pornographiques : les banques opposées à des contrôles d'âge par CB

Cette solution a été proposée par l'Arcom pour éviter que les mineurs accèdent aux sites pornographiques. L'utilisateur ne serait pas facturé, mais prouverait ainsi posséder une carte bancaire, et supposément être en âge d'y accéder.

La Fédération bancaire française est opposée aux contrôles d'âge par carte bancaire sur les sites pornographiques, solution proposée par l'Arcom, la jugeant peu efficace voire dangereuse, a-t-elle indiqué ce vendredi 15 novembre à l'AFP, confirmant une information de L'Informé.

Enquête sur les ados face au porno : « C'est du cinéma, pas la vraie vie »

Pour éviter que des mineurs accèdent aux sites pornographiques , le gendarme de l'internet, l'Arcom, cherche à imposer des méthodes de contrôle  : il propose temporairement, le temps qu'une autre solution technique soit disponible, que les sites imposent d'entrer ses identifiants de carte bancaire au moment d'accéder au site.

L'utilisateur ne serait pas facturé, mais prouverait ainsi posséder une carte bancaire, et supposément être en âge d'accéder aux sites pornographiques. Une méthode que la Fédération bancaire française (FBF), l'organisation professionnelle des banques françaises, désapprouve.

« Risques d'hammeçonnage »

D'abord, car cette solution ne serait pas efficace pour discriminer les mineurs, estime-t-elle : 1,4 million de mineurs ont une carte bancaire, et pourraient donc passer outre ce contrôle. Surtout, ce « recours à la carte bancaire présente des risques d'hameçonnage des cartes bancaires sur des sites qui, depuis plus de trente ans, ne respectent pas la loi pour la protection des mineurs », rappelle la FBF.

Autrement dit : des sites qui ne respectent déjà pas la loi peuvent manquer de fiabilité dans leur collecte de données de carte bancaire. En particulier, certains sites peu scrupuleux pourraient profiter de ces contrôles pour détourner les cartes bancaires et réaliser des transactions à l'issue de leur propriétaire.

Pouvons-nous éduquer nos enfants à la pornographie ?

L'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement, dirigé par la Banque de France, recommandait ainsi en septembre d'être « extrêmement sélectif et vigilant » avant d'enregistrer son numéro de carte en ligne.

Dans son référentiel adopté en octobre, pour lequel Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a rendu un avis favorable, l'Arcom propose aux sites pornographiques, pendant une période transitoire de trois mois à partir de janvier, de mettre en place ce système de vérification par carte bancaire « afin de protéger sans attendre les utilisateurs les plus jeunes. »

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

Le Pays
Tarare
Montbrison, jeudi 28 novembre 2024 302 mots, p. Tarare-30

En bref

Humour Guillermo Guiz à Guy-Poirieux

L'humoriste belge Guillermo Guiz sera sur les planches de l'espace Guy-Poirieux, samedi 30 novembre à partir de 20 heures, dans le cadre de la saison culturelle du théâtre des Pénitents. Il présentera son nouveau seul-en-scène - ou one man show - intitulé Dans la formidable ascension sociale temporaire de G. Verstraeten. Celui qui s'est notamment rendu célèbre en étant chroniqueur dans l'émission de Nagui sur France Inter, La bande originale , dresse, dans ce troisième spectacle, un bilan mitigé de ce qui lui reste d'engagement politique. Tarifs : de 17 à 28 euros. Réservation sur le site Internet www.theatredespenitents.fr ou sur celui de l'office de tourisme Loire-Forez www.rendezvousenforez.com ou par téléphone au 04.77.96.08.69.

Cinéma Soirée couscous au Rex kafé

Le Rex kafé organisera une soirée couscous, samedi 30 novembre à partir de 19 heures, suivie d'un blind-test musical avec de nombreux cadeaux à gagner. Il est possible de venir seul, en famille ou en équipe pour participer à ce jeu. Tarif : 18 euros le couscous avec un cocktail de bienvenue offert. Renseignements et réservation au 06.87.68.24.16.

Assemblée générale Amis de Benoît Malon

L'association des Amis de Benoît Malon tiendra son assemblée générale samedi 30 novembre à La Diana, à partir de 10 heures. Elle sera suivie à 11 heures d'une communication d'Anouk Colombani, historienne et philosophe sur le sujet : « Le sens et le concept de travail sous la Commune ». Cette assemblée est ouverte à tous et la conférence est gratuite.

Musée d'allard Conférence

Michel Bosc, spécialiste des poupées Gégé, proposera une rencontre avec le public, dimanche 1 er décembre à 15 heures au musée d'Allard. Une séance de dédicaces de son ouvrage sera organisée. Plus d'informations auprès du musée au 04.77.96.39.15.

Libération (site web)
mercredi 4 décembre 2024 - 17:51:25 351 mots

Référent dans chaque Drac, accompagnement des acteurs culturels… Le ministère de la Culture dévoile son plan d’action contre la censure dans l’art

Ève Beauvallet

Interpellée par la commission culture du Sénat début novembre sur l’inquiétant boom des atteintes à la liberté de création, Rachida Dati a dévoilé ce mercredi 4 décembre son plan d’action.

Œuvres vandalisées, concerts déprogrammés, cyberharcèlement contre des artistes, tentatives d’ingérence des mairies ou communautés de communes dans la programmation des théâtres, cinéma, centre d’art pour des motifs idéologiques divers… Libérationrevenait récemment sur le nombre exponentiel d’atteintes à la liberté de création recensées ces dernières années , alors même qu’une loi est censée la garantir comme liberté fondamentale depuis ;2016. «Cette censure est inacceptable»,tranchait mercredi la ministre de la Culture, Rachida Dati, en préambule de l’annonce d’un plan de lutte contre la censure et son corollaire insidieux, l’autocensure. Dans un rapport de la commission culture du Sénat, paru le 6 ;novembre, et qui incitait le ministère à prendre des mesures, le sujet était classé «alerte majeur» ;: «Auparavant limitées à quelques affaires emblématiques d’audience potentiellement nationale, dans des lieux souvent symboliques susceptibles d’une importante médiatisation, les entraves à la liberté de création et de diffusion constatées depuis quelques années sont plus nombreuses, ont une portée plus locale et sont motivées par des intérêts plus diversifiés.»

Le plan d’action présenté par le ministère ce mercredi 4 ;décembre vise donc à structurer la remontée des cas en nommant un haut fonctionnaire en charge de la question et des référents dans chaque Direction régionale des affaires culturelles (Drac), antennes décentralisées du ministère. Il s’agira également de mieux informer collectivités, structures, artistes sur une loi déjà existante mais encore mal connue ou trop peu mobilisée – en témoigne le peu de dépôts de plaintes. Une convention pluriannuelle sera également signée entre le ministère et l’Observatoire de la liberté de création, mobilisé pour veiller sur les différents cas et aider les créateurs, notamment en leur fournissant un accompagnement juridique.

Cet article est paru dans Libération (site web)

La Gazette des communes (site web)
mercredi 4 décembre 2024 771 mots

Dépenses culturelles : hausse en trompe l'oeil

Politiques culturelles

Pascaletessier

Le tableau de bord du ministère de la Culture sur les dépenses des collectivités montre une tendance de ces crédits à la hausse, alors que les budgets globaux des collectivités tendent à diminuer. Ces données confirment le rôle majeur du bloc local. Cependant les contraintes budgétaires pensant sur les collectivités risquent de fragiliser la culture en 2025.

9,8 milliards de dépenses totales consacrées à la culture, et c'est surtout au bloc local qu'on le doit ! Si le secteur n'a pas retrouvé son niveau d'avant la crise « covid » (-3,7 % entre 2019 et 2022), Le tableau de bord de l'année 2022, que le ministère de la Culture a publié, le 8 novembre 2024, fait mention d'une progression (+3 %) des dépenses entre 2021 et 2022.

Mais après -8 % entre 2019 et 2020, puis +1,4 % entre 2020 et 2021, et +3 % entre 2021 et 2022, les dépenses culturelles totales continuent d'afficher un niveau inférieur à 2019, quand elles atteignaient 10,177 milliards d'euros.

En 2022, parmi les dépenses globales, 7,8 milliards ont concerné le fonctionnement et 2 milliards, l'investissement. Cela représente 142 euros par habitant (dont 113 euros pour le fonctionnement et 29 euros pour l'investissement), soit 4 % du budget total des collectivités (5 % pour le fonctionnement et 4% pour l'investissement). Les dépenses culturelles territoriales sont très majoritairement portées par le bloc local (7,8 milliards d'euros, soit 80 %), représenté par les communes de plus de 3500 habitants et leurs groupements à fiscalité propre.

[caption id="attachment_959407" align="aligncenter" width="602"] (Source : ministère de la Culture)[/caption]

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Le bloc local s'avère le plus polyvalent

Quand on entre plus dans le détail, on observe que 38 % des dépenses culturelles totales des collectivités territoriales ont été fléchées vers la diffusion des patrimoines, c'est à dire les bibliothèques et médiathèques (14 % des dépenses), les musées (13 %), l'entretien du patrimoine culturel (9 %) et les archives (3 %).

Vient ensuite l'expression artistique et des activités culturelles (30 % des dépenses totales) consacrées au spectacle vivant (musique, lyrique, chorégraphie, théâtre), au cinéma, aux arts plastiques et autres activités artistiques.

Le ministère confirme que les communes et intercommunalités ont consacré près du quart de leurs dépenses culturelles à la sensibilisation et à l'initiation aux arts et à la culture, aux structures et interventions socio-culturelles et à une partie des subventions aux associations culturelles. Pour leur part, les régions ont fléché les trois quarts de leurs dépenses vers le spectacle vivant et le quart restant à l'entretien du patrimoine.

À l'inverse, les départements ont privilégié conservation et diffusion des patrimoines pour 60 % de leurs dépenses culturelles totales, dont 15 % pour les archives.

Du côté des communes et intercommunalités, la répartition est plus homogène, puisque 35 à 36 % de leurs dépenses ont été affectés à la conservation et à la diffusion des patrimoines, 23 à 27 % aux expressions artistiques et 23 à 14 % à l'action culturelle. Le bloc local se révèle donc bien plus dans la polyvalence.

Sur la période 2021-2022, pour tous les niveaux de collectivités confondus, les dépenses de fonctionnement, d'investissement et les dépenses totales ont respectivement progressé de 3,5, de 1 et de 3 %. Mais avec des réalités différentes : la plus forte progression a été relevée au sein des départements (+6,4 % des dépenses totales). Les communes de plus de 3500 habitants n'ont pas été en reste avec +3 %, tout comme les intercommunalités, bien que les investissements de ces dernières soient en recul de 5 %.

En revanche, les régions ont été à contre-courant, avec des dépenses culturelles globales en recul de 2 %.

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Dépenses culturelles en hausse, budgets généraux en baisse

Une dernière donnée concerne la comparaison entre budgets généraux des collectivités et dépenses culturelles. Le tableau de bord révèle que ces dernières sont globalement en progression de 3 %, alors que les budgets totaux baissent de 1 % entre 2021 et 2022.

Plus en détail encore, pour les communes et intercommunalités, les budgets généraux se sont stabilisés et les dépenses culturelles ont enregistré +3 %. Du côté des départements, les dépenses culturelles ont augmenté de 6 %, alors que les budgets généraux baissaient de 2 %. Quant aux régions, la baisse a été des deux côtés, mais de -2 % seulement quand les budgets généraux reculaient de -4 %.

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Le Journal des Femmes (site web) - Journal des Femmes
lundi 25 novembre 2024 - 14:03:22 -0000 724 mots

Dany Boon, tancé par son père : "tu veux être clochard ?"

Dany Boon, tancé par son père : "tu veux être clochard ?"

Pierre Palmade : dans quelle prison va-t-il aller ?, Kendji dévoile ce qu'il s'est passé après sa blessure

Pause

Dany Boon © Jacques BENAROCH/SIPAIncompréhension. Dany Boon a quitté la maison à 15 ans pour devenir comédien et son père n'a pas du tout accepté son choix dans un premier temps. "Mon père est très sévère, très dur avec moi. Plus sévère avec moi qu'avec les autres parce que je suis l'aîné, je dois montrer l'exemple. Quand je lui dis que je veux être artiste, il me regarde et il me dit : 'Jamais. Tu vas être clochard, c'est ça que tu veux ?", a confié dans Un dimanche à la campagne le comédien et réalisateur de 58 ans.

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Incompréhension. Dany Boon a quitté la maison à 15 ans pour devenir comédien et son père n'a pas du tout accepté son choix dans un premier temps. "Mon père est très sévère, très dur avec moi. Plus sévère avec moi qu'avec les autres parce que je suis l'aîné, je dois montrer l'exemple. Quand je lui dis que je veux être artiste, il me regarde et il me dit : 'Jamais. Tu vas être clochard, c'est ça que tu veux ?", a confié dans Un dimanche à la campagne le comédien et réalisateur de 58 ans.

Éloignement En 1980, Sylvie Vartan a divorcé avec Johnny Hallyday après quinze ans d'un amour tumultueux. Invitée sur le plateau de Face à Hanouna, la chanteuse de 80 ans a indiqué que ce n'est pas à cause de ses infidélités qu'elle a quitté le taulier. "C'est le métier qui a eu raison de notre amour. C'est un métier très difficile. On peut penser que le diable se met là-dedans. Ça vous fait voir des mirages", a raconté Sylvie Vartan.

Bonheur. En couple avec François Cluzet, le père de ses deux enfants, pendant 13 ans, Valérie Bonneton partage désormais la vie d'Edouard, son amour d'adolescence ! "On s'est retrouvés il y a dix ans (....) Il est bien plus artistique que n'importe quel artiste ! (....) Bien plus artiste, c'est-à-dire : Passionné de littérature, de cinéma, de musique… (....) Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise d'autre ? Après vous allez m'envier, ça ne sert à rien !", a confié la comédienne de 54 ans sur RTL.

Complicité. Lorànt Deutsch ne partage plus la vie de Marie-Julie Baup, la mère de ses trois enfants, mais ils sont restés très proches. "On s'est séparés, mais on est encore très amis (....) On a été amis avant d'être amants et maintenant on est redevenus amis", a expliqué le comédien de 49 ans sur le plateau de Quelle époque ! 

Besoin d'air. Christian Clavier a quitté Paris pour s'installer dans d'autres capitales européennes comme Bruxelles où il se sent beaucoup mieux. "Paris est devenu invivable (...) Chez vous, l'ambiance est plus conviviale et internationale. C'est ce que j'avais aimé à Londres, où j'ai également habité, jusqu'au Brexit", a confié l'acteur de 72 ans à Ciné-Télé revue.

Budget conséquent. Les autorités britanniques ont révélé le coût du couronnement de Charles III qui a eu lieu le 6 mai 2023 et qui s'est élevé à 72 millions de livres (environ 86,5 millions d'euros). Le ministère de la Culture, des Médias et des Sports a dépensé 50,3 millions de livres (60,5 millions d'euros), et les coûts de la sécurisation de l'événement par le ministère de l'Intérieur ont atteint 21,7 millions de livres (26 millions d'euros).

Passion. Edgar, le fils de trois ans de Vianney, a des goûts assez classiques pour un petit garçon de son âge. Pour Noël, le petit bonhomme devrait, en effet, avoir comme cadeaux des voitures a expliqué le chanteur de 33 ans à Gala. Vianney a aussi prévu d'offrir des présents en lien avec l'équitation à sa belle-fille.

Amende. En décembre 2015, Brahim Zaibat a publié sur les réseaux sociaux un selfie avec Jean-Marie Le Pen endormi dans un avion à la veille du second tour des élections régionales, et l'a payé très cher.  "Je vois qu'il y a Jean-Marie Le Pen, je le vois ronfler, j'ai pris la photo. Je ne voulais pas la poster, et puis finalement je l'ai fait. J'ai payé plus de 3000 euros mais la photo était marrante !", a expliqué le danseur de 38 ans dans l'émission Chez Jordan.

Cet article est paru dans Le Journal des Femmes (site web) - Journal des Femmes

L'Aisne nouvelle
61STQ
PAGES LOCALES, lundi 2 décembre 2024 470 mots, p. 61STQ21

Chauny

La culture a un nouveau chef d’orchestre

George Lucas

Adrien Ramon prend encore la mesure de son poste. Mais d’où vient le nouveau coordonnateur culturel de Chauny ? Et que souhaite-t-il apporter à l’offre culturelle chaunoise ?

Il a pris son poste il y a une quinzaine de jours. Adrien Ramon est désormais le nouveau coordonnateur culturel de la cité des singes.

À 36 ans, on peut dire que c’est un « gars du cru ». « Je suis originaire de Saint-Quentin. » Enfant, il s’initie à la musique à l’école d’Origny-Sainte-Benoite, puis à Villers-Cotterêts. « Ado, j’étais très investi dans la vie associative. Quand j’étais au lycée, j’ai suivi des cours en horaires aménagés avec le conservatoire de Reims. » Puis il passe par le conservatoire national supérieur de Lyon où il étudie la musique ancienne, « baroque ». « Je joue de la trompette », précise-t-il.

Il se tourne ensuite vers la direction d’orchestre et la direction artistique. « J’ai eu la chance de diriger l’orchestre européen de Reims lors d’un opéra de Mozart au théâtre Jean-Vilar à Saint-Quentin.» Il joue ensuite dans l’Orchestre de chambre de Paris. Puis dirige la formation Selva Musica, qui s’est produite récemment à Chauny.

Des ponts entre

les structures culturelles

« Cela fait deux ans que j’avais envie de changer, d’aller vers d’autres arts. Dans l’Aisne, j’ai bénéficié d’une formation de qualité et j’ai constaté plus tard qu’il n’y avait pas partout cette densité d’activités artistiques, musicales. J’avais envie d’y prendre part. Alors quand j’ai vu l’offre de la ville de Chauny, j’ai postulé. »

Si la programmation culturelle est l’une de ses missions, il prépare la saison 2025-2026 avec la volonté de s’adresser à tous, Adrien Ramon comme son prédécesseur, Dominique Dante, aura sous sa responsabilité le Forum, l’école de musique, la médiathèque et le musée. « L’objectif est de créer des ponts entre les différentes structures culturelles de la ville. Comme c’est le cas avec le ciné-concert au cinéma lumière lors duquel joueront l’harmonie municipale et l’école de musique », précise l’adjointe à la culture, Maryse Gréhan.

« Pour le moment, je prends la mesure de mon poste, mais j’aimerais faire du Forum un lieu vivant aussi en dehors de la salle, avec par exemple des expositions dans le hall. » Avec cette conviction que « l’art, ça se vit».

Si l’arrivée d’Adrien Ramon se fait dans un contexte un peu particulier notamment avec les tensions dans le service culturel de la Ville, il assure être « dans une dynamique positive. J’ai toujours eu l’habitude de travailler dans le dialogue. »

George Lucas

marie france (site web) - Marie France
mercredi 20 novembre 2024 - 17:47:44 -0000 674 mots

Muriel Robin : hébergée un temps chez une star française, l'humoriste finit par s'installer dans cette luxueuse villa proche de Paris

La rédaction Marie-France

Muriel Robin a opté pour une somptueuse

demeure dans l'ouest parisien, se rapprochant ainsi d'une amie de

longue date.

EN BREF

Muriel Robin a déménagé de la place Vendôme à

Rueil-Malmaison, s'installant temporairement chez cette grande star

française pendant les travaux de sa villa.

L'humoriste est très affectée par l'accident de Pierre

Palmade, impliqué dans une tempête médiatique après avoir conduit

sous l'emprise de stupéfiants.

Muriel Robin et Anne Le Nen ont trouvé un havre de paix

à Rueil-Malmaison, renforçant leur lien avec une star

française.

Quelques années après s'être installée près de la place Vendôme

à Paris, Muriel Robin a décidé de déménager à nouveau. Cette

fois-ci, elle a opté pour une somptueuse villa et choisit de

résider chez l'une de ses amies les plus célèbres durant les

travaux.

L'humoriste est encore bouleversée par le grave accident

impliquant son ami Pierre Palmade, dont le procès a débuté le 20

novembre 2024, soit plus d'un an après l'accident de la route du 10

février 2023. En effet, son ancien acolyte a percuté violemment un

véhicule venant en sens inverse, alors qu'il conduisait sous

l'influence de drogues, se retrouvant ainsi au centre d'une

véritable tempête médiatique.

Muriel Robin : cette star française qui a hébergé

l'humoriste

Pour Muriel Robin, l'affaire n'a pas été sans conséquence et

elle a été à la fois peinée et déçue par celui qu'elle

connaît depuis plus de 30 ans. Heureusement, elle

dispose désormais d'un lieu parfait où se ressourcer, à l'écart du

tumulte parisien. En effet, elle a élu domicile à

Rueil-Malmaison dans une luxueuse

villa.

C'est dans la commune des Hauts-de-Seine qu'elle a choisi

d'emménager avec son épouse, Anne Le

Nen. Le couple s'est justement marié dans la mairie de

cette ville de l'Ouest parisien, connue pour ses nombreux

espaces verts. Elles y ont trouvé le cocon idéal, proche

de chez Line Renaud qui est ravie de les héberger

le temps des travaux.

crédit photo : BFMTV

Muriel Robin : l'ancienne acolyte de Pierre Palmade

s'offre une villa de rêve avec son épouse Anne Le Nen

Dans une interview pour Télé Magazine, en 2021,

l'humoriste a déclaré à propos de

la comédienne de 94 ans : "Ma seule urgence avec Line,

c'est qu'elle vive le plus longtemps

possible". Et la décision de se rapprocher de leur amie a

semblé être une évidence : "Nous avons acheté une

maison tout près de chez elle et

pendant les travaux, nous habitons avec

elle".

Muriel Robin avait avoué que la légende du cinéma

français était aux anges à l'idée de recevoir le

couple : "Elle redoute d'ailleurs le moment où on va

emménager". La sexagénaire a trouvé la solution pour rendre

visite à celle qui a joué la mère de Dany Boon dans Bienvenue

chez les Ch'tis : "J'ai réussi à lui faire prendre

des poules et je viendrai chercher les œufs tous

les matins pour l'embrasser. Et la faire rire autant

qu'elle me fait rire. C'est ça notre plus grand

projet...".

"J’ai déménagé 17

fois en 35 ans"

En ce qui concerne les déménagements,

l'humoriste s'y connaît. En 2015, elle avait déclaré dans les

colonnes du journal Le Figaro Immobilier :

"J’ai déménagé 17 fois en 35 ans. Enfant, je

voulais passer de pays en pays. J’aurais finalement voyagé entre

les arrondissements de Paris."

crédit photo : France 5

À l'époque, elle venait d'acheter un

appartement près de la place

Vendôme, comme le rapporte Biba. Elle avait

entièrement rénové le lieu pour s'y sentir chez elle. Et pensait

déjà à l'étape suivante : "Me rapprocher d’un quartier

populaire dont je rêve depuis toujours, celui de Montorgueil, près

des marchés". L'histoire lui a donné tort, puisqu'elle a

finalement choisi d'élire domicile à

Rueil-Malmaison pour se rapprocher de son

amie.

[Additional Text]:

Muriel Robin : hébergée chez une star française, l'humoriste s'installe dans une luxueuse villa proche de Paris

Procès Pierre Palmade : “Je vous demande pardon”, l’humoriste très ému s’excuse auprès des victimes de l’accident

Muriel Robin

Cet article est paru dans marie france (site web) - Marie France

Le Nouvel Obs (site web)
Culture, vendredi 22 novembre 2024 - 18:37 1273 mots

Pourquoi « Dragon Ball » est le père de tous les mangas

Le Nouvel Obs

Le récit de la quête des boules de cristal a su à la fois imposer le manga en France et poser un modèle pour tous les succès qui suivront, « One Piece » en tête. Alors que le manga célèbre ses quarante ans, nous republions le « Plan culte » que nous lui avions consacré.

« " Dragon Ball" et "Dragon Ball Z" nous font toujours rêver », chantait le « Musclé » Bernard Minet, dans le « Club Dorothée ». Minet ne s'est pas trompé : quarante ans plus tard, la série est toujours au goût du jour, en témoigne son dernier succès au cinéma à l'automne 2022, avec « Dragon Ball Super : Super Hero ». On l'avoue, on n'a guère d'enthousiasme pour ce long-métrage au titre abscons (sa promotion comme «  le film que le monde entier attendait » donne encore plus envie de le fuir). Mais, entre grand écran, nouvelle série, jeu vidéo « Fortnite » et montres Swatch en édition limitée, l'actualité des Saiyans fait remonter des souvenirs chéris pour tous les enfants des années 1980 et 1990. A cette époque, « Dragon Ball » était le plus incontournable des dessins animés japonais diffusés sur TF1. Toute une génération a été galvanisée par les aventures du petit Son Goku à queue de singe, et médusée devant les combats à mort du héros devenu un adulte aux cheveux jaunes.

Car « Dragon Ball » est l'oeuvre qui, après « Goldorak », a réellement fait découvrir au grand public français une nouvelle forme de bande dessinée venue du Japon, le « manga », et sa déclinaison à l'écran, l'« anime ». Celle qui a servi de porte d'entrée à la culture nippone dans l'Hexagone. Et, par-là même, a posé tous les jalons des succès qui suivront - de « One Piece » à « Fairy Tail », en passant par « Naruto » ou « Bleach » - imposant une nouvelle figure au rayon de la pop culture.

La « secte » Dragon Ball

Comme tout bon mythe, « Dragon Ball » débute par la polémique. En tout cas chez nous. Si le manga d'Akira Toriyama est imprimé au Japon depuis 1984, l'Hexagone fait la connaissance du héros Son Goku d'abord en dessin animé, avec la diffusion de la série adaptée du manga dans l'émission « Club Dorothée », sur TF1, à partir de mars 1988. Pour le plus grand déplaisir des adultes. Ségolène Royal, alors députée des Deux-Sèvres et mère de trois enfants avec François Hollande, mène la fronde en vilipendant à l'Assemblée ces « programmes violents ».

Et de poursuivre, dans son livre « le Ras-le-bol des bébés zappeurs » : «  Vous avez massacré Gros Nounours, égorgé la Belle au bois dormant, zigouillé Zébulon, et Ivanohé fait figure de héros écolo [...] Je vous accuse de tuer tous les jours le rêve et la tendresse, la générosité, la gratuité et le plaisir. Vous débitez des kilomètres de violence et d'agressivité dans les espaces horaires concédés au "jeune public". Les cadavres se ramassent à la pelle. La haine et la vengeance ont remplacé les sentiments. »

Pour celui qui n'a pas lu ou vu « Dragon Ball », en voici un rapide résumé : l'histoire suit Son Goku (alors orthographié Sangoku), petit garçon simplet à queue de singe, qui entreprend la quête des boules de cristal (les fameuses « dragons balls »), dans un récit initiatique inspiré du roman classique chinois « la Pérégrination vers l'Ouest », de Wu Cheng'en. Si le manga est d'abord empreint d'un habile mélange d'humour et de naïveté pour aborder les thématiques adolescentes, en particulier la sexualité, l'ensemble bascule ensuite uniquement sur la succession de combats d'arts martiaux. Cette réduction aux bagarres est d'autant plus visible dans la série animée du manga, qui allonge terriblement ces séquences et, différence culturelle oblige, assume librement la violence, la douleur et la mort.

Si bien que le Conseil supérieur de l'Audiovisuel (CSA) engage une procédure contre TF1 pour la diffusion de «  certaines scènes[qui] étaient, par l'intensité de leur violence, susceptibles d'affecter la sensibilité du public d'enfants ». Résultat : un rejet vigoureux et catégorique de « Dragon Ball », sur seule justification de sa mauvaise programmation matinale. Même « le Nouvel Observateur » tacle, en 1995, «  la secte » Dragon Ball, cette «  foule qui assaille les boutiques de mangas quand l'école, le collège ou le lycée font relâche.[Ces] enfants de 8 ou 9 ans[...] intoxiqués. »

De la polémique naît le mythe

Sauf que de la polémique naît l'envie, irrépressible dans les cours de récré, de «  regarder Dragon Ball ». On décrypte les meilleurs moments de l'anime, on mime les Kaméhaméha (techniques offensives de combat), on étale ses anecdotes sur la culture japonaise («  Tu savais que Bulma veut dire "culotte", et Trunks "caleçon" ? »), on s'échange des cartes aux figures des héros... Et tous ceux soumis à l'ordonnance parentale « Pas de Dragon Ball, c'est trop violent » mettent en place différentes tactiques pour y contrevenir - l'auteur de ces lignes peut témoigner de récupération discrète de VHS où quelques-uns des 291 épisodes de la série ont été enregistrés à la volée, ou de toutes ces courses à l'hypermarché passées à lire les 42 volumes du manga imprimé.

L'engouement français est tel que, le mercredi matin, l'anime « Dragon Ball Z » captait jusqu'à 70 % de parts de marché, d'après AB Production. Et le manga représentait un quart du chiffre d'affaires de l'éditeur Glénat, alors connu pour « les Pieds nickelés ». Olivier Richard, auteur d'« Akira Toriyama, le maître du manga », un livre sur la carrière de l'auteur de « Dragon Ball », raconte :

«  C'est dur de se rendre compte du succès d'alors, et de combien il a transformé tout le marché. A l'époque, le manga n'était lu que par un public de spécialistes. Avec "Dragon Ball", ça a été le raz-de-marée, et la France s'est imposée comme le deuxième marché au monde pour le manga, derrière le Japon. »

Son Goku parle à toute une génération de préadolescents et d'adolescents, et surtout, peu importe le milieu social. Désormais, toutes les classes, même les plus populaires, s'invitent dans les conventions de bande dessinée, à la recherche de produits dérivés « Dragon Ball ». Signe de la bascule : un groupe de rap français, Saïan Supa Crew, s'inspire du manga pour sa dénomination.

Le « Star Wars » du manga

«  Et ce carton n'est pas propre à la France, le succès est énorme d'abord au Japon, en Asie ensuite, mais aussi en Espagne, au Brésil, etc. », poursuit Olivier Richard.

« Akira Toriyamaa su bâtir un récit initiatique fondamental en y ajoutant ce mélange entre le surhomme des arts martiaux façon Bruce Lee et l'approche des super-héros des comics. "Dragon Ball" synthétise parfaitement la culture japonaise avec un parfum de pop culture américaine. Et la marque s'est enrichie ensuite avec ses milliers de produits dérivés, depuis la série jusqu'aux cartes à jouer, en passant par les films, les jouets, etc. C'est vraiment le "Star Wars" du manga. »

En ce sens, ce phénomène planétaire a inspiré très largement toute l'offre manga qui a suivi. D'abord dans le narratif, avec cette figure de l'antihéros adolescent et naïf qui entame un parcours de découvertes où se multiplient les combats - on pense, dans l'ordre d'apparition, à « One Piece », « Naruto », « Bleach » et « Fairy Tail ». Mais aussi dans l'exposition : tous sont adaptés en série animée, en films, en jeux vidéo, et bien sûr en jouets. Et enfin, dans l'exportation.

Ainsi, « One Piece » s'est imposé comme le manga le plus vendu de l'histoire, avec plus de 500 millions d'exemplaires écoulés, dont 28 millions chez nous. Il a surpassé le bientôt quadra « Dragon Ball » et son héritier « Naruto », avec 300 millions d'unités chacun. Mais c'est sans compter l'ensemble des revenus : là, la coupe revient à « Dragon Ball », avec une estimation à 30 milliards de dollars générés par la franchise , d'après Fiction Horizon , devant 21 milliards de dollars pour « One Piece ». Des chiffres qui donnent le tournis.

Article publié initialement le 8 octobre 2022

Cet article est paru dans Le Nouvel Obs (site web)

La République du Centre
Montargis Ouverture, lundi 9 septembre 2024 453 mots, p. Loiret-19

Le réalisateur Jean-Jacques Annaud est le parrain du nouveau festival de cinéma Tapis rouge

Trois minutes pour convaincre le jury

Dans les contes, les bonnes fées se penchent sur les berceaux.

Dans le Gâtinais, le tout premier festival de cinéma Tapis rouge a trouvé mieux qu'une bonne fée en la personne d'un parrain prestigieux : Jean-Jacques Annaud, réalisateur de Coup de tête , La guerre du feu , Le nom de la rose , L'ours , L'amant , Stalingrad ou S ept ans au Tibet.

Quatre catégories et dix thématiques distinguées

C'est en voisin (il possède une maison à Chevry-sous-le-Bignon) qu'il est venu, vendredi soir, à la salle polyvalente de Nargis, lancer ce festival original initié par la communauté de communes des 4 Vallées.

Il s'agit d'un concours, destiné aux habitants de ce territoire comptant dix-neuf communes et quelque 17.500 habitants. L'objet est de réaliser, avec son téléphone portable, un film de trois minutes, générique compris.

Outre l'aspect créatif, le festival a pour vocation de promouvoir et faire connaître ce territoire, tout en impliquant les habitants. Quatre catégories permettront à chacun de s'inscrire : « Adulte », « jeune », à destination des collégiens et lycéens, « associations » et « entreprises ». Dix thématiques ont aussi été distinguées, parmi lesquelles la nature et l'environnement, la culture, les traditions, la faune et la flore, l'innovation « Ce festival, c'est un nouveau challenge que nous avons choisi de relever. Ce ne sera pas le cinéma de Jean-Jacques Annaud, mais c'est un début », a souligné le maire de Ferrières-en-Gâtinais et président de l'intercommunalité, Gérard Larcheron.

Les films seront soumis à trois jurys. Le premier, celui des professionnels, est composé, entre autres, de Sandrine Manteau, du cinéma Le Vox de Château-Renard, de Catherine Bayle, directrice artistique du théâtre des Vallées, ou de Marie-Noël Barnier-Vilain, présidente des Cramés de la bobine. Le public pourra voter pour ses films préférés sur YouTube. Enfin, les maires désigneront, eux aussi, leurs courts métrages préférés, qui seront récompensés au cours d'une grande soirée à l'Alticiné de Montargis, le 23 mai prochain.

Ne manquaient plus que quelques mots d'encouragement du parrain de l'événement aux apprentis réalisateurs : « Ce qui m'a incité à dire oui, c'est que je suis un voisin heureux à Chevry-sous-le-Bignon », a lancé en préambule le réalisateur qui a confié utiliser fréquemment son téléphone portable. « Ce qui est important, dans mon métier, ce n'est pas le déballage de matériel; ça, ça impressionne les gens. Ce n'est pas ça qui est important : ce qui est important, c'est la nécessité qu'on a de raconter une histoire. Le film, c'est le résultat d'un désir », a-t-il poursuivi, confiant qu'il utilisait son téléphone portable sur des tournages et dans la vie quotidienne.

Il n'y a plus qu'à Rendez-vous le 23 mai pour découvrir le palmarès.

Pascale Auditeau [email protected]

Ouest-France
Sarthe
Sarthe Nord-Est, lundi 16 septembre 2024 852 mots, p. OF Sarthe_17

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Orchestre Bruno Leblanc

Après-midi dansant. L'Unc-afn d'Avezé organise un déjeuner dansant.

Dimanche 29 septembre, 12 h, salle des fêtes, le bourg, Avezé. Payant. Contact : 02 43 71 07 25.

Mamers

Visite de la sous-préfecture de Mamers et animations dans son parc

Patrimoine. À l'occasion des journées européennes du patrimoine, la sous-préfecture de Mamers ouvre à la visite le bureau du sous-préfet et sa résidence avec des animations dans son parc. Les inscriptions sont à effectuer obligatoirement au préalable aux coordonnées indiquées ci-après.

Samedi 21 septembre, 14 h à 18 h, place de la République. Gratuit. Contact : 02 85 32 74 24, [email protected]

Générations mouvement du Saosnois

Permanence. Inscriptions et renseignements pour la croisière en Méditerranée du 28 septembre au 5 octobre 2025. Acompte de 100 € à l'inscription.

Lundi 23 septembre, 10 h à 11 h 30, salle de permanence n° 4, place de la République. Contact : 07 81 67 82 97.

Orchestre Nicolas Devoir

Bal. Viennoiserie et tombola.

Mercredi 25 septembre, 13 h 30 à 19 h, salle des fêtes, place Carnot. Tarif : 7 €. Contact : 06 19 05 62 45, 07 84 34 31 13.

Neufchâtel-en-Saosnois

Concours de belote à la mêlée et de manille

Jeux de cartes. Concours de belote à la mêlée et de manille organisé par Générations mouvement de Neufchâtel-en-Saosnois. Prix de l'inscription 7 €.

Jeudi 19 septembre, 13 h 30 à 0 h, salle polyvalente, rue Marcel-Graffin. Payant. Contact : 06 24 48 71 67, [email protected]

Saint-Calais

Programme du cinéma Zoom

Cinéma. « La mélancolie » en VOST : jeudi 20 h 30. « Parix, Texas » en VOST : vendredi 20 h 30 (patrimoine). « Emilia Perez » en VOST : samedi 17 h 30 et dimanche 18 h. « Fêlés » : samedi 20 h 30 et dimanche 16 h.

Du jeudi 19 au dimanche 22 septembre, cinéma Zoom, place de l’Hôtel-de-Ville. Tarifs : 6 €, réduit 5 €, moins de 14 ans 4€, groupe (plus de 10 personnes) 4€. Contact : 02 43 35 63 03, [email protected], https://www.cinemazoom.fr/

Saint-Corneille

Marietta Karamanli, députée

Permanence. Sur rendez-vous.

Lundi 23 septembre, 14 h 45, mairie, place de l'Église. Contact : 02 43 86 91 91, [email protected]

Saint-Victeur

Saint-Victeur

Conseil municipal. Approbation du procès-verbal de séance du 3 juillet 2024, approbation de l'ordre du jour, délibérations relatives aux exonérations ou abattements de la fiscalité directe locale, approbation du rapport sur le prix et la qualité du service public d'assainissement collectif 2023, délibération projet d'extension du local communal, délibération projet travaux de rénovation de l'église, intention contrat de prévoyance collective obligatoire au 1er janvier 2025, repas des anciens du 11 novembre.

Mercredi 18 septembre, 20 h, mairie, 3 bis, rue du Four-à-Chanvre.

Sceaux-sur-Huisne

Concours de pétanque de l'association Culture et jumelage de Sceaux

Pétanque. Inscription à partir de 13 h, début à 14 h.

Samedi 21 septembre, salle des fêtes, rue de l’École. Contact : 06 37 10 95 39, [email protected]

Semur-en-Vallon

Journées européennes du patrimoine au Muséotrain

Musée. Profitez d'une visite exceptionnelle du site du Muséotrain lors de ces Journées européennes du patrimoine 2024.

Samedi 21, dimanche 22 septembre, Muséotrain de Semur, la Gare. Tarif : adulte (à partir de 15 ans) 9,50€, enfant (de 5 à 14 ans) 6,50€, enfant (moins de 4 ans) : gratuit. Contact : 06 30 84 41 33, [email protected], http://museotrain.fr

Sillé-le-Philippe

Marietta Karamanli, députée

Permanence. Sur rendez-vous.

Lundi 23 septembre, 15 h 30, mairie, rue Neuve. Contact : 02 43 86 91 91, [email protected]

Thorigné-sur-Dué

Le médium

Cinéma. Synopsis : Michael cumule les tracas. Il n'accepte ni sa rupture amoureuse, ni l'héritage de sa mère récemment décédée : le don de communiquer avec les morts. Débordé par son chagrin, il refuse d'assumer sa vocation de médium.

Jeudi 26 septembre, 20 h 30 à 22 h 30, salle des fêtes, rue de Saint-Michel. Tarif : 5 €.

Prévention routière

Conférence santé. Conférence proposée par « La Maison de Gaston » en collaboration avec la mairie sur la prévention routière. Conférence gratuite, sur inscription en mairie au 02 43 89 05 13.

Jeudi 10 octobre, 14 h à 17 h 15, salle des fêtes, rue de Saint-Michel. Gratuit. Inscription avant le 30 septembre.

Tresson

Présentation groupement mutuelle santé

Réunion publique.

Jeudi 19 septembre, 18 h, salle des Rosiers, 12, rue des Rosiers. Gratuit.

Vibraye

Rentrée de l'ADMR

Portes ouvertes, forums. Comme chaque année, l'ADMR organise sa rentrée ! Lors des rencontres dédiées à l'emploi et au recrutement, les candidats pourront vivre une expérience immersive en testant un simulateur de vieillissement, accompagnés par un(e) auxiliaire de vie.

Mercredi 18 septembre, 9 h 30 à 12 h 30, salle André-Leprêtre, place de l’Hôtel-de-Ville. Gratuit. Inscription avant le 17 septembre. Contact : 07 88 66 49 59, [email protected]

Randonnée pédestre

Randonnée. Balade. Randonnée pédestre au profit du Téléthon, quatre circuits de 10, 15, 20 km et 30 km. Dons supplémentaires possibles pour le Téléthon, ravitaillement sur le parcours. Pensez à apporter votre gobelet.

Samedi 12 octobre, 12 h 30 à 15 h 30, départ du préau des écoles, rue Gabriel-Goussault. Tarifs : 5 €, moins de 12ans : gratuit. Contact : 07 70 72 74 31, [email protected]

L'Express de Madagascar (site web réf.) - L'Express de Madagascar
21 octobre 2024 577 mots
ONY HOUSE - Un nouvel écrin pour la créativité
Webmaster

Lors de l’inauguration de Ony House ce samedi à Ambatobe. Située en plein cœur du quartier d’Ambatobe, Ony House, nouvel espace dédié aux industries culturelles et créatives, a été... Voir l'article

Ouest-France
Mayenne
Mayenne, vendredi 20 septembre 2024 518 mots, p. OF Mayenne édition_8
Aussi paru dans
19 septembre 2024 - Ouest-France (site web)

[L’évènement...]

Nébia SERI.

Musiques, cinéma, débats, économie, sports… Du 3 octobre au 19 décembre, avec Saison Pays, Laval va vibrer au rythme d’une saison culturelle dédiée à l’Allemagne.

L’évènement

Wunderbar ! (Merveilleux !) Après l’Algérie, la Bulgarie et le Québec, la manifestation Saison Pays met à l’honneur l’Allemagne. Depuis 2023, cette programmation pluridisciplinaire éclaire un pays avec lequel Laval entretient un lien fort. Cette saison automne-hiver, le coup de projecteur est mis sur le voisin de l’Est. Et pour cause, l’année 2024 marque le 50 e anniversaire du jumelage Laval-Mettmann, scellé en 1974 par les maires de l’époque Erich Sommer et André Pinçon. La convention d’amitié entre les deux villes sera renouvelée pour l’occasion.

« La Saison allemande s’inscrit dans la continuité des précédentes saisons internationales et s’adresse à tous les publics », précise Georges Poirier, adjoint au maire de Laval en charge de la vie quotidienne et citoyenne. 

Une soirée inaugurale

Débats, cinéma, musiques, sports, relations internationales… rythmeront la programmation, grâce au soutien de plusieurs partenaires privés et publics. « Un grand écart où se côtoient Beethoven et Mendelssohn, des diplomates européens et des industriels allemands, le champion du monde de handball Pascal Mahé, Joseph K et Herbert Marcuse, l’immonde Adolfo Ramirez et l’immense Beckenbauer, les 17 Hippies de Berlin, le Quatuor Voce et Archimède pour faire vivre notre relation précieuse avec l’Allemagne tout entière », sourit David Queinnec, chargé des relations internationales et des saisons pays à la Ville.

Les festivités seront lancées avec une soirée inaugurale (lire ci-contre), le 3 octobre, date marquant la réunification allemande en 1989.

De la Maison du Diocèse au Stade Lavallois, du Quarante au jardin de la Perrine, divers lieux de la ville seront investis.

Des classiques à revoir au Cinéville

« Le Cinéville accompagne la ville dans la célébration du 50 e anniversaire du jumelage Laval-Mettmann en programmant son Festival du cinéma allemand. Films contemporains et classiques, projections-débats autour de films cultes, il mettra en lumière la richesse et la diversité du cinéma allemand », indique Laurent Gaudin, directeur du Cinéville. L’occasion de (re)voir Good Bye Lénine ! de Wolfgang Becker ou Le Procès de Orson Welles.

La thématique économique sera abordée par le biais de partenaires privilégiés, « attachés à faire vivre le lien bilatéral » comme les entreprises locales qui rayonnent à l’international, Gys, spécialisé dans la fabrication d’équipement de soudage, et le Groupe Gruau, constructeur-carrossier, « mais surtout Wilo France, Mann + Hummel, Moldtecs, des entreprises allemandes qui contribuent au développement économique et au dynamisme de notre territoire », glisse David Queinnec.

Thomas Fischer, PDG de Mann + Hummel, viendra d’Allemagne, pour apporter son témoignage au côté de Maurice Gourdault-Montagne, ancien ambassadeur de France en Allemagne, à l’occasion d’une table ronde, animée par Laurent Marchand, journaliste spécialiste des questions géopolitiques à Ouest-France, et consacrée aux relations actuelles entre les deux pays.

Du 3 octobre au 19 décembre, Saison allemande, à Laval. Renseignements et programmation complète : agglo-laval.fr, en tapant « Saison allemande » dans la barre de recherche.

Cet article est paru dans Ouest-France

L'Union (France)
ARD
LOISIRS, dimanche 29 septembre 2024 1278 mots, p. ARD21

Humour Tibo Buat

« J’ai vécu ce que je raconte dans mon spectacle »

Rethel Le comédien ardennais Tibo Buat jouera pour la première fois dans son département natal. Il évoque son premier seul-en-scène, sa vision du monde artistique et les difficultés à faire sa place.

Tibo Buat, pouvez-vous nous présenter le seul-en-scène Eldorado que vous allez jouer à Rethel ?

C’est l’histoire de dix ans de ma vie, car à partir de 18 ans j’ai décidé de partir de Charleville-Mézières pour aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs, en quelque sorte pour trouver mon eldorado, ce qui m’a mené sur quatre continents. C’est un spectacle humoristique qui raconte mes rencontres, mes dix-huit jobs, mes joies, mes galères et mes voyages et c’est pour cette raison que tout le monde peut s’y identifier parfois. C’est effectivement un one-man-show car je raconte une histoire, alors qu’un stand-up enchaîne plutôt vanne sur vanne.

Tout ce que vous avez écrit dans le spectacle, vous est donc arrivé ?

Oui, tout est vrai et cette authenticité est très importante pour moi car je me suis aperçu que souvent le réel était plus drôle et plus incroyable que les scénarios que l’on imagine. Il m’est arrivé tellement de galères et de mésaventures improbables façon Pierre Richard que la première mouture du spectacle faisait trois heures et j’ai dû le réduire en un peu plus d’une.

Avant Rethel, comment a déjà vécu ce spectacle ?

Je l’ai rodé à Paris et en province, notamment au Festival d’Avignon, et il a été nominé en 2023 dans la catégorie « humour » aux Cyranos (anciennement P’tits Molières) décernés par la Fédération du spectacle indépendant qui récompensent les spectacles qui passent dans des théâtres privés de moins de 250 personnes. Cela m’a ouvert pas mal de portes.

Centrez-vous votre carrière uniquement autour du théâtre ?

Non, j’ai joué dans d’autres pièces mais je vise aussi le cinéma et la télévision. J’ai tenu des rôles dans La Fiancée du poète avec Yolande Moreau, tourné en partie dans les Ardennes, et dans la série Balenciaga qui passe sur Disney+. J’ai été à deux doigts de décrocher un rôle important dans une série style Plus Belle la Vie en Espagne, mais le personnage devait savoir jouer de la guitare, ce qui n’est malheureusement pas mon cas…

Quels souvenirs avez-vous du tournage de Balenciaga ?

Tout d’abord ce sont les producteurs de la série qui m’ont proposé ce rôle, ce qui a été assez gratifiant pour moi. C’est un bon souvenir car nous avons tourné dans un superbe endroit à San Sebastián avec une équipe sympa et très détendue « à l’espagnol » avec deux réalisateurs et un gros budget. Avec des conditions top comme celles-ci, ça va tout seul pour les scènes et les répliques.

Les scènes sont-elles montrées sur écran aux acteurs en fin de journée pour voir le travail accompli et pour pouvoir donner leur ressenti sur leur jeu ?

À part les grandes vedettes qui ont des exigences, nous ne voyons pas ce que nous avons tourné et c’est le réalisateur qui décide les prises qu’il conservera. Une journée de tournage coûte tellement cher qu’il faut que ça aille très vite.

Comment sont calculées les rémunérations des acteurs au cinéma et dans les séries ?

Par le biais d’une convention collective qui varie suivant le rôle : figurant dans l’ombre sans texte, forfait non négociable ; figurant que l’on peut distinguer (silhouette), fixe plus important ; figurant avec quelques mots, idem. Pour les petits, seconds ou premiers rôles, il y a un palier fixé par la convention et suivant le texte et le nombre de jours de tournage, le surplus est négocié par l’agent. Pour les grands premiers rôles, ils peuvent aussi demander un pourcentage par rapport au nombre de spectateurs ou téléspectateurs.

Quel a été votre parcours pour devenir comédien ?

À Charleville-Mézières, cela a commencé au collège Jean-Macé où une prof m’a dit que ça serait pas mal si je continuais l’atelier théâtre et ensuite au lycée Sévigné. Puis j’ai appris le théâtre classique et l’art dramatique au Cours Cochet à Paris, le jeu d’acteur face caméra (acting) à Londres et le jeu humoristique aussi dans la capitale.

On peut donc apprendre à faire rire ?

Oui, mais il faut quand même avoir une sensibilité dans ce domaine au départ, je pense. On apprenait surtout les techniques par rapport aux ruptures et au rythme.

Comment démarre-t-on dans ce milieu alors que personne ne nous connaît ?

À la base, je ne voulais pas être humoriste mais plutôt comédien et acteur et j’ai donc décidé pour me faire connaître, d’écrire ce spectacle. J’ai pris un metteur en scène (Yohann Lavéant), j’ai réalisé les affiches, je l’ai proposé à des théâtres et surtout j’ai lancé des invitations à des gens du métier. J’ai aussi réalisé ma bande démo (CV visuel) avec des étudiants en cinéma pour un moindre coût.

Comment trouvez-vous le milieu artistique ?

C’est un monde mystérieux qui est très concurrentiel, les réseaux y sont primordiaux et une carrière peut se jouer sur une rencontre à un bon moment, ou non. La chance joue un grand rôle et la frustration guette à tout moment. J’ai densifié ma présence sur les réseaux sociaux car dans les castings, de façon qui peut paraître surprenante, le talent n’est pas toujours le seul critère de recrutement car la notoriété sur le web et le nombre de followers peuvent être encore plus déterminants !

Vous prônez le concept de « rire ensemble ». Pouvez-vous développer ?

Je veux proposer un spectacle tout public, familial et léger où on se divertit sans prendre à partie et se moquer du public ou de quiconque, sauf de moi-même car j’aime l’autodérision. Il n’y a pas de vulgarité, pas d’allusions politiques et pas de clivages. Quel que soit son sexe, sa religion ou sa tendance politique, aucun de mes spectateurs ne doit avoir de gêne quand il écoute mon texte, mais uniquement du plaisir

Avez-vous testé ce spectacle devant vos proches pour améliorer la première mouture ?

Non, car de manière générale, ce n’est pas facile de jouer devant ses proches et là d’autant plus, car j’évoque des histoires personnelles. Je modifie le spectacle avec les réactions du public et ça a été surtout le cas pendant le Festival d’Avignon avec des représentations tous les jours pendant un mois avec des publics venus d’univers différents et également des professionnels du spectacle.

Tibo Buat est-il votre vrai nom et si oui, aviez-vous pensé à prendre un pseudo ?

Oui, car je voulais garder mon vrai nom à part que j’ai simplifié phonétiquement Thibaud par Tibo pour que ça soit plus facile à dire à l’étranger. Je n’ai pas pensé à prendre un pseudo car depuis quelques années, ce n’est plus la tendance dans le cinéma d’en prendre un.

Comment abordez-vous votre premier spectacle dans votre département natal ?

Je suis très impatient de jouer ici, car même si je vis aujourd’hui à Paris, je fais souvent référence à mon département autour de moi et notamment à Rimbaud dont je cite deux vers dans mon spectacle et aussi à notre emblème Woinic le plus grand sanglier du monde en acier qui s’y trouve. Pour eux deux, je joue en quelque sorte le rôle de leur agent ! (Rires)

«C’est

un spectacle

humoristique

qui raconte

mes rencontres,

mes dix-huit jobs,

mes joies,

mes galères

et mes voyages.»

Canada NewsWire (français)
Nouvelles régionales (É.-U.), mercredi 6 novembre 2024 - 08:00:00 UTC -0500 646 mots

Festivals et événements de la saison automnale 2024 - Plus de 300 000 $ à la 30e édition du Festival CINEMANIA

Cabinet du ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Jeunesse

QUÉBEC, le 6 nov. 2024 /CNW/ - Le gouvernement du Québec est heureux d'octroyer 308 000 $ à la 30e édition du Festival CINEMANIA, qui se déroule jusqu'au 17 novembre 2024. Le ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais, M. Mathieu Lacombe, ainsi que la ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de Lanaudière, Mme Caroline Proulx, en ont fait l'annonce aujourd'hui.

Fondé en 1995, le Festival CINEMANIA célèbre cette année 3 décennies consacrées à la promotion du cinéma francophone, en offrant une plateforme unique aux films de qualité provenant de tous horizons. L'événement s'est imposé au fil des ans comme un rendez-vous incontournable pour les amatrices et amateurs de cinéma, attirant tant des spectatrices et spectateurs que des professionnelles et professionnels de l'industrie.

L'édition 2024 marque un jalon important dans l'histoire du Festival, avec un programme exceptionnel soulignant son engagement à promouvoir la diversité des voix et la découverte de nouveaux talents. Avec des avant-premières, des rétrospectives et des rencontres avec des réalisatrices et réalisateurs, CINEMANIA contribue activement à faire rayonner la culture cinématographique francophone à l'échelle internationale.

Citations

« Pour ses 30 ans, CINEMANIA continue d'incarner un événement phare pour le cinéma francophone. C'est un festival qui met en lumière l'audace et la richesse des productions internationales et québécoises. Je suis fier que notre gouvernement soutienne un événement aussi prestigieux, qui contribue à la vitalité culturelle du Québec et à son rayonnement. Félicitations aux organisatrices et organisateurs ainsi qu'aux artisanes et artisans des films présentés pour leur dévouement et leur créativité. »

Mathieu Lacombe, ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais

« Le gouvernement du Québec est fier de soutenir le Festival CINEMANIA, qui fait rayonner le cinéma francophone et l'ensemble des artisanes et des artisans qui y contribuent avec passion. Ce festival attire un vaste auditoire, renforce l'attractivité du Québec et génère des retombées importantes. Bravo à l'équipe organisatrice, qui offre chaque année une expérience unique aux festivalières et festivaliers. »

Caroline Proulx, ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de Lanaudière

Faits saillants

La Société de développement des entreprises culturelles, une société d'État relevant du ministre de la Culture et des Communications, soutient le Festival grâce à une somme de 150 000 $ par le biais du programme Aide aux événements culturels.

Le ministère de la Culture et des Communications lui accorde une aide de 50 000 $ qui découle du Programme d'appui aux initiatives internationales, volet 2 Invitation, pour CINEMANIA Pro 2024.

Le ministère du Tourisme verse 108 000 $ à l'événement grâce au programme Aide financière aux festivals et aux événements touristiques.

Lien connexe

www.quebec.ca

Réseaux sociaux

Société de développement des entreprises culturelles

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Ministère de la Culture et des Communications

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Ministère du Tourisme  

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SOURCE Cabinet du ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Jeunesse

Consulter le contenu original : http://www.newswire.ca/fr/releases/archive/November2024/06/c1446.html

Contact

Sources: Catherine Boucher, Attachée de presse, Cabinet du ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Jeunesse et ministre responsable de la région de l'Outaouais, 418 802-6833, [email protected]; Brigitte Roussy, Attachée de presse, Cabinet de la ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de Lanaudière, 514 248-0160, [email protected]; Renseignements: Équipe des relations médias, Ministère de la Culture et des Communications, 418 380-2388, [email protected] ; Jean-Manuel Téotonio, Responsable des relations médias, Direction des communications, Ministère du Tourisme, 418 643-5959, poste 3488, [email protected]

Le Point, no. 2720
Culture, jeudi 19 septembre 2024 1365 mots, p. 98,99

Littérature sur scène à Manosque

Valérie Marin La Meslée

" La lecture était ma liberté et mon réconfort, ma consolation, mon stimulant favori : lire pour le pur plaisir de lire, pour ce beau calme qui vous entoure quand vous entendez dans votre tête résonner les mots d'un auteur ", écrivait Paul Auster dans Brooklyn Follies. Faire résonner les mots des auteurs, oui, mais sur scène, tel est l'ADN des Correspondances de Manosque, où les lettres de Paul Auster à J. M. Coetzee seront lues par Charles Berling. Sur les scènes du festival ressusciteront, par la voix des comédiens, Goliarda Sapienza, autrice de L'Art de la joie et Jeanne Moreau. À Manosque, on vibre aussi en musique : les " Chansons autour de Modiano " par Dominique A, notamment, et, dans le jeu de la même famille, le duo Marie Modiano et Peter von Poehl entre dans la danse, sans oublier l'irrésistible Gaël Faye lisant Jacaranda, accompagné de son musicien Samuel Kamanzi. La ville de Giono, dont la place de l'hôtel de ville a été restaurée, réunit la fine fleur de la rentrée littéraire avec Kamel Daoud en ouverture, Alice Zeniter, qui décrypte la Nouvelle-Calédonie (Frapper l'épopée), Rebecca Lighieri et son nouveau roman, la petite perle des éditions Zoe, Gabriella Zalapi, des voix venues du Maroc, Ruben Barrouk et Abdellah Taïa, dont Le Bastion des larmes est, comme les livres d'autres invités, sur la première sélection du Goncourt. De plus loin encore, la poétesse jamaïcaine Safiya Sinclair est invitée pour son roman Dire Babylone. Entre siestes et karaokés, littéraires bien sûr, on ira à la rencontre de nouveaux talents dont les premiers romans viennent d'éclore : Eliot Ruffel (Après ça), Anatole Edouard Nicolo (À l'ombre des choses), etc. Étienne Kern viendra parler de son livre sur la vie d'Émile Coué, l'inventeur de la fameuse méthode, une rencontre à ne pas manquer parmi toutes celles concoctées pour ce rendez-vous avec les lettres qui contribue à rendre " la vie meilleure "

Les Correspondances de Manosque, du 25 au 29 septembre. correspondances-manosque.org

Télérama, no. 3896
Dossier, samedi 14 septembre 2024 1116 mots, p. 20,21

Dix ans de Netflix en France

La mécanique d'une usine à rêves

Par Samuel Douhaire; Pierre Langlais; Sébastien Mauge et Isabelle Poitte

Séries phares, multiplication de l'offre, budgets ambitieux, paris sur l'humour ou le true crime… Netflix a peaufiné sa recette pour trôner dans le monde entier. Sans faire de la qualité sa priorité.

Un maigre bilan cinéma

Pour les auteurs phares du cinéma américain, Netflix avait tout du Père Noël : un mécène capable d'aligner les dizaines, voire la centaine de millions de dollars que les studios historiques leur refusent presque systématiquement pour leurs projets ambitieux. Martin Scorsese a pu ainsi réunir Robert De Niro et Al Pacino pour sa fresque mafieuse The Irishman(2019), et David Fincher a eu carte blanche pour tourner Mank(2020), un biopic quasi expérimental en noir et blanc du scénariste de Citizen Kane.

La plateforme espérait par là attirer les cinéphiles et surtout faire jeu égal avec les majors hollywoodiennes aux Oscars. Un calcul pas vraiment gagnant. Si Alfonso Cuarón a bien été sacré meilleur réalisateur pour le splendide Roma(2018), Netflix n'a pas reçu de statuette du meilleur film. Plus humiliant, elle s'est fait griller au poteau par sa concurrente Apple TV+, qui a remporté la récompense suprême pour le modeste Coda(2021), plus proche des standards du cinéma indépendant que des superproductions de prestige. Et, à quelques exceptions près (The Power of the Dog,de Jane Campion, Marriage Story,de Noah Baumbach…), les « Netflix Originals » des grands cinéastes ont souvent déçu, par leur durée démesurée notamment, comme si aucun producteur n'était aux commandes. On serait aussi bien en peine de citer les noms de jeunes réalisateurs révélés par Netflix — à part, peut-être, Macon Blair qui n'a rien fait ou presque depuis son prometteur premier film, I Don't Feel at Home in This World Anymore(2017).

Et en France ? Disons que, là aussi, la quantité prime sur la qualité, de films d'action bourrins (Balle perdueet autres thrillers testostéronés avec Alban Lenoir, La Terre et le Sang,de Julien Leclercq…) en comédies paresseuses (8, rue de l'Humanité,de Dany Boon, ou Nouveaux Riches,de Julien Royal). Le pire étant atteint cette année avec un inutile remake du Salaire de la peuret le nanar Sous la Seine…S.D.

Des séries mondialisées

L'année 2024 de Netflix a commencé par le succès de la saison 2 de la série ado jordanienne AlRawabi School for Girls, en tête de son top 10 pendant deux semaines. Elle se terminera par le retour, le 26 décembre, de son plus gros carton, le thriller sud-coréen Squid Game,plus d'un milliard et demi d'heures consommées. Jamais le monde des séries n'avait semblé si vaste et pourtant si accessible. Jusqu'à l'arrivée de la plateforme, on regardait des programmes anglo-saxons, une poignée d'européens et quelques israéliens. En achetant des œuvres non anglophones — notamment l'ibérique Casa de papel— puis en lançant ses propres créations de l'Inde aux Philippines ou à la Suède, Netflix a bouleversé notre regard sur les séries étrangères, nous a fait découvrir d'autres façons de raconter des histoires.

Côté pile, cette mondialisation annonce une réjouissante (r)évolution de notre rapport aux séries. Côté face, elle pourrait mettre en danger le pluralisme culturel. Netflix jure que ses productions conservent leurs spécificités régionales, qu'elles ne cherchent à plaire qu'aux audiences locales. Mais plus la plateforme connaît ses consommateurs, plus ses séries se ressemblent, répondent aux mêmes codes d'écriture et à une certaine efficacité. Peut-on se contenter de séduire des publics réduits sans penser aux 250 millions d'abonnés ? La Française Lupin,blockbuster international avec un Paris de carte postale et de l'action hollywoodienne, n'a certainement pas été conçue comme un simple divertissement hexagonal… Netflix restera-t-elle le symbole d'une formidable ouverture au monde ou est-elle condamné à devenir celui d'une pernicieuse uniformisation ? Une question clé pour l'avenir de la planète séries, dont elle est un des pôles les plus influents. — P.L.

Pour l'amour du crime

Netflix est une vaste scène de crime. Pour s'en convaincre, il suffit de taper true crime dans son moteur de recherche. Tueurs en série en pagaille, tueries de masse, escroqueries de haute volée, cold cases Il y en a pour tous les goûts, pourrait-on dire non sans une pointe de mauvais goût. L'emballement de la plateforme pour le genre a commencé en 2015 avec le succès fulgurant de Making a Murderer,contre-enquête sur le meurtre d'une femme au cœur de l'Amérique blanche déshéritée. Un passionnant thriller du réel qui démontait la mécanique d'une potentielle erreur judiciaire. Toutes les déclinaisons du genre n'ont pas cette ambition. Dans cet hypermarché du fait divers mondialisé, il s'agit surtout de scotcher l'abonné à son canapé. En quête d'efficacité, le modèle de narration a muté, brouillant les pistes entre documentaire et fiction. Chaque production dose avec plus ou moins de tact le suspense, les cliffhangers, les reconstitutions, les nappes de musique angoissante… Et traque les personnages mémorables, à l'image du dresseur de fauves de la série phénomène Tiger King(2020). Netflix n'a certes pas inventé le true crime mais en a fait un redoutable filon marketing. Ici les tueurs en série se réinventent en héros glamour dans des biopics, comme Ted Bundy ou Jeffrey Dahmer. Les victimes ? Elles sont bien souvent les grandes oubliées de l'histoire… Quand les polémiques enflent —comme en Espagne, troublée par un intense recyclage d'affaires à peine jugées —, la plateforme, elle, se garde de tout commentaire. Netflix a engendré un monstre : c'est nous, tranchait récemment Evoluted, site spécialisé dans l'analyse de données numériques, pointant notre inépuisable fascination collective. Condamnation un peu rapide. Sous son meilleur jour (citons, par exemple, Les Femmes et l'Assassin, The Keepers…), le true crime sait parfois s'ériger en incomparable révélateur des failles de nos sociétés et des ténèbres de l'âme humaine. — I.P.

Passion stand-up

L'arrivée de Netflix a ouvert une fenêtre inédite sur un type de spectacle très ancré dans la culture américaine : le stand-up. Le genre ne nous était pas inconnu puisque, depuis près de vingt ans, le Jamel comedy clubde Jamel Debbouze débusque les futurs talents de l'Hexagone. Classique, poétique, trash, politique, résilient, international… toutes les facettes de l'humour sont représentées dans l'offre pléthorique de la plateforme — parfois à la limite du fourre-tout. Certains comiques français ont grossi les rangs de ces artistes aspirant à une visibilité souvent plus importante que lors d'une tournée, comme Gad Elmaleh, Fary ou Panayotis Pascot. Loin de « tuer » la scène, Netflix a accompagné un engouement irrésistible. Ces dernières années, l'adhésion du public à cet humour « debout » a même encouragé des téléspectateurs à se lever de leur canapé pour applaudir certaines icônes anglophones de la plateforme (Jerry Seinfeld, Ricky Gervais, Hannah Gadsby…), en VO, dans des théâtres parisiens. — S.M.

Par Samuel Douhaire, Pierre Langlais, Sébastien Mauge et Isabelle Poitte

Ouest-France (site web)
pays-de-la-loire, lundi 7 octobre 2024 - 17:23 UTC 231 mots
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7 octobre 2024 - MSN (France) (site web réf.) Maville (site web réf.)

Pourquoi y avait-il une vingtaine de gendarmes armés dans le centre-ville de Segré, ce lundi ?

Mathilde LECLERC.

L’intervention n’est pas passée inaperçue, ce lundi 7 octobre, à Segré, commune de Segré-en-Anjou Bleu, en Maine-et-Loire. Des militaires se sont exercés en cas d’attaque terroriste.

« Que s’est-il passé ? On a entendu crier pendant plus d’une heure. »Sur les réseaux sociaux, des habitants du centre-ville de Segré-en-Anjou Bleu ont partagé leur inquiétude, ce lundi 7 octobre. Le matin même, une vingtaine de gendarmes étaient déployés aux abords du cinéma. « C’était un exercice. On a simulé une attaque terroriste, » rassure le commandant Grégoire Chalmeau. Les militaires avaient averti certains interlocuteurs mais pas l’ensemble de la population.

Lire aussi :Le capitaine Thierry Delamarre, nouveau commandant en second de la compagnie de Segré-en-Anjou Bleu

Une manœuvre gourmande en effectifs

Ces manœuvres ne passent jamais inaperçues. En avril dernier, à Chalonnes-sur-Loire, un exercice intrusion attentat de grande ampleur avait ainsi mobilisé 500 personnes (gendarmes, pompiers, police, Samu, parquet, etc.) à quelques mois des Jeux olympiques. Cette fois, seule la compagnie de gendarmerie de Segré s’est exercée. « C’est une manœuvre gourmande en effectifs » , souligne le commandant.

Télé Star
CULTURE, lundi 14 octobre 2024 71 mots, p. TSTF_030

C'est le monde à l'envers !

A. L.

Comédie dramatique française de Nicolas Vanier. Avec Michaël Youn, Éric Elmosnino… 1 h 54.

Sortie le 16 octobre.

C'est le monde à l'envers !

Cinéma

Dans un monde plongé dans le chaos, un trader parisien et sa famille cohabitent avec les habitants de la ferme où ils se sont réfugiés.

Notre avis :Une fable écolo, gentiment utopiste et quelque peu moraliste, aux louables intentions autour du partage.

France Bleu (site web réf.) - France Bleu
21 octobre 2024 180 mots
la création artistique pour faire tomber les préjugés sur le handicap

Vous êtes en situation de handicap et vous pratiquez la sculpture, la photo, la peinture, ça vous a permis d'être mieux compris ? Inversement, est-ce que suite à une exposition... Voir l'article

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
29 octobre 2024 506 mots
Kristofer débarque par surprise sur le plateau de N'oubliez pas les paroles et fait une proposition inattendue à Isabelle Nanty après un appel passé à Nagui (VIDEO)

Isabelle Nanty a fait une apparition surprise par téléphone dans N’oubliez pas les paroles ce lundi 28 octobre, après que le candidat Kristofer a révélé son admiration pour elle. Isabelle... Voir l'article

France Bleu (site web réf.) - France Bleu
16 octobre 2024 226 mots
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14 octobre 2024 - France Inter (site web réf.)
16 octobre 2024 - France Inter (site web réf.)
Le backyard, un sacré évènement dont nous parle Mickael!

Découvrez un nouveau sport, et payez vous une nouvelle tranche de rire avec Mickael! Mickaël Bièche grandit à Varces , en Isère autour d’une seule et unique passion Le théâtre . Les... Voir l'article

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
25 octobre 2024 115 mots
«La Prisonnière» : le titre inédit de France Gall en collaboration avec Michel Berger

ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr Chaque jour, deux chroniqueurs présentent les infos indispensables à connaître en matière de culture : les dernières actus musique, les sorties... Voir l'article

France Inter (site web réf.) - France Inter
21 octobre 2024 418 mots
Michel Heurtault - Maître d'art parasolier

A 58 ans, Michel Heurtault pose un regard tendre et ironique sur ce qu'il est. Le spécialiste du parapluie, des ombrelles. A ce niveau de précision, il n'y a... Voir l'article

Free (site web réf.) - Free
26 octobre 2024 238 mots
Laurent Gerra balance sur le choix de son ami Eddy Mitchell qu'il regrette énormément

Publié le 26 oct. 2024 à 21:30, mis à jour le 26 oct. 2024 à 19:38 Dans On refait la télé sur RTL ce samedi 26 octobre, Laurent Gerra... Voir l'article

Le Point, no. 2725
Culture, jeudi 24 octobre 2024 615 mots, p. 122
Aussi paru dans
23 octobre 2024 - Le Point.fr

Superman malgré lui

Jean-Luc Wachthausen et Christophe Ono-Dit Biot

Dans « Christopher Reeve, le Superman éternel », Philippe Guedj et Philippe Roure nous révèlent enfin l'homme sous le super-héros.

"J 'ai le sentiment d'avoir été, dans les années 1970 et 1980, le gardien de Superman. C'est moi qui ai détenu le titre pendant un petit moment. Et puis, il faut le transmettre... " Nous sommes en 2004, à New York. Méconnaissable, l'homme qui parle n'est autre que Christopher Reeve, double parfait à l'écran du justicier venu de la planète Krypton. Neuf ans plus tôt, il est devenu tétraplégique à la suite d'une chute de cheval : une vie brisée net. Le voici devant nous, allongé, sous assistance respiratoire, le souffle court, souriant malgré tout, chaleureux, accessible tel qu'on le découvre dans Christopher Reeve, le Superman éternel, documentaire coréalisé par notre confrère du Point, Philippe Guedj, avec Philippe Roure.

Cette interview capitale, réalisée peu avant sa mort, le 10 octobre 2004, sert de fil conducteur à ce film passionnant, truffé de documents d'archives, narré par Pierre Arditi. Elle est aussi l'occasion de découvrir le parcours atypique de ce fils d'intellectuels new-yorkais (son frère a soutenu une thèse de grec ancien à Yale) qui était passé, dans sa jeunesse, complètement à côté de Superman, inventé en 1933 par le duo Siegel et Shuster, très vite devenu le protecteur de l'Amérique, qu'il défendait contre les " japanazis ", déployant ses aventures dans les comic books, mais aussi à la radio et à la télévision.

Stallone et Redford auditionnés

Le jeune Christopher trouvait d'ailleurs le personnage un peu " ridicule ", il rêvait plutôt de Shakespeare et de Tchekhov, intégrant à 21 ans la section d'art dramatique de la prestigieuse Juilliard School. Comment se retrouva-t-il à endosser le costume qui fera de lui une star planétaire ? C'est ce que raconte le film des deux Philippe, revenus à New York pour recueillir de nombreux témoignages sur l'acteur. Notamment ceux du producteur des Superman 1,2 et 3, le savoureux Ilya Salkind, des auteurs de comics Mark Millar et Mark Waid, ou de son coach d'art dramatique, Andra Jennings-Guskin. C'est le hasard d'un casting qui offre une chance au débutant, alors qu'ont déjà été auditionnés Stallone ou Redford.

Un " S " qui lui colle à la peau

Christopher Reeve est grand mais peu physique, il va travailler dix heures par jour pour se construire un corps à la hauteur du mythe et du film de Richard Donner. Dès le premier Superman, en 1978, il conquiert le public : le super-héros et lui ne feront plus qu'un pendant neuf ans, au point que la combinaison au " S " lui colle à la peau. Reeve prend tous les risques pour s'éloigner de Superman (jusqu'à jouer un pédophile kidnappeur d'enfants), mais rien n'y fait. Jusqu'à James Ivory. Les Bostoniennes (en 1985), d'après Henry James, puis Les Vestiges du jour (1993) révèlent le grand acteur qui n'avait été que sous-exploité. Mais, en 1995, c'est l'accident. Sa vie et sa carrière basculent.

Christopher Reeve ne se voyait pas " Superman éternel ", et il imaginait sans doute autre chose, comme le soulignent les auteurs de ce portrait d'un homme aux deux visages, comme l'était d'ailleurs le super-héros tiraillé entre Superman et Clark Kent et dont le vrai superpouvoir était surtout de savoir toucher les autres. Cet " honnête homme " le révèle à la caméra : " Un vrai héros ne se voit pas en héros. Un vrai héros vous demande : ''Comment puis-je vous aider ?'' "

" Christopher Reeve, le Superman éternel "

((((;

Ce documentaire de 60 minutes retrace avec finesse et empathie la généalogie du mythe Superman et le destin tragique d'un brillant comédien emprisonné dans le costume de sa gloire mais qui resta dans sa vie même, et jusqu'au bout, héroïque. Sur TCM Cinéma à partir du 25 octobre.

France Bleu (site web réf.) - France Bleu
20 octobre 2024 252 mots
Venez découvrir le nouveau spectacle d'Inès Reg à la MALS de Sochaux le 24 Octobre 2024

Ines reg référence du stand up Français nous ferra découvrir "On est ensemble", un spectacle disponible à La MALS de Sochaux, le 24 octobre 2024 Stand up, Cinéma, Emission de télé... Voir l'article

Midi Libre (site web)
jeudi 17 octobre 2024 - 00:06:02 81 mots

Lumières d'Afrique : "Félicité"

Séance animée par Delphe Kifouani, professeur en Études cinématographiques à l'université Gaston-Berger de Saint-Louis du Sénégal, et chargé d'enseignement à l'université Paul-Valéry de Montpellier.

Drame (2h09) d'Alain Gomis, avec Véronique Beya Mputu. Félicité, libre et fière, est chanteuse le soir dans un bar de Kinshasa. Sa vie bascule quand son fils de 14 ans est victime d'un accident de moto...

Infos pratiques

Date

le jeudi 17 octobre 2024 à 20h.

Adresse

5 avenue Docteur-Pezet

Lieu

Cinéma Utopia

Téléphone

Cet article est paru dans Midi Libre (site web)

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
4 octobre 2024 72 mots
«Les enfants du large» de Virginia Tangvald et le cycle «Comédies romantiques» au Forum des images

Chaque jour, les chroniqueurs d'Europe 1 présentent les infos indispensables à connaître en matière de culture : les dernières actus musique, les sorties littéraires ou cinéma, les nouvelles pièces de théâtre... Voir l'article

Sud Ouest (site web)
Accueil Société, dimanche 27 octobre 2024 239 mots

Ce « petit truc en plus » qui ne fait pas recette

Par Muriel Chopin, Gradignan (33)

Je suis née avec un handicap invisible (narcolepsie), ce qui m'a valu d'être cataloguée de « débile » à l'école primaire. Dépistée et traitée seulement à l'âge de 17 ans j'ai, comme dirait Boris Cyrulnik, entamé une véritable résilience qui m'a permis d'obtenir dernièrement un diplôme de secrétaire médicale. Histoire d'accueillir à mon tour avec bienveillance la détresse de patients en souffrance. Mais mon évolution positive ne s'est pas arrêtée là. J'ai découvert l'enrichissement intellectuel par la lecture, je m'intéresse à toute forme culturelle (cinéma, théâtre, histoire, jeux de connaissances). De plus, je suis sportive. Sans alcool, sans tabac, comme de nombreuses personnes au statut de handicapé, je suis fiable : la ponctualité, le sérieux dans mon travail et le désir de bien faire sont mes principales qualités. Je ne compte plus les centaines de lettres de motivation que j'envoie et qui restent « lettres mortes ». Aucun chef d'entreprise ne veut de ma force de travail. J'ai 37 ans. Les polémiques sur l'âge de la retraite ne me font pas rire, car au mieux pour moi ce sera 79 ans. Et si, d'ici là, rien ne change pour moi, c'est-à-dire pas d'emploi, c'est assise sur un carton que je boirai la soupe ou le café chaud distribué par la maraude. Voilà donc ce que la France offre, actuellement, à ses enfants qui ont ce « petit truc en plus » qui ne fait pas recette.

Cet article est paru dans Sud Ouest (site web)

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
11 octobre 2024 120 mots
«Vices» de JJ Wilde,«Mon Sang» de Clara Luciani et «Viva Tu» de Manu Chao : les sorties musicales...

ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr Chaque jour, deux chroniqueurs présentent les infos indispensables à connaître en matière de culture : les dernières actus musique, les sorties... Voir l'article

Télérama, no. 3902
samedi 26 octobre 2024 543 mots, p. SORT36

Le choix du cinéphile

Y a-t-il un pilote à la cinémathèque ?

Jérémie Couston

Oups ! Les ZAZ (Zucker, Abrahams, Zucker), rois de l'humour potache, projetés au 51, rue de Bercy ! Stefano Darchino, programmateur, explique.

Qui se cache derrière l'acronyme ZAZ et comment ce trio s'est-il formé ?

Lors de leurs études à l'université du Wisconsin, les frères David et Jerry Zucker et leur meilleur ami, Jim Abrahams, fondent le Kentucky Fried Theater. C'est une troupe spécialisée dans le comique et le nonsense,dont les représentations font alterner sketchs vidéo et spectacle vivant. Impressionnés de découvrir que John Landis (jeune comme eux) avait déjà à son actif un long métrage, les ZAZ lui demandent de réaliser leur film : le succès de Hamburger Film Sandwich(The Kentucky Fried Movie en version originale) ouvrira les portes de Hollywood à tous les quatre.

Comment ont-ils évolué et comment se sont-ils réparti le travail ?

Après ce tournage non sans tensions avec Landis, les ZAZ décident de devenir réalisateurs de leurs scénarios. Sur le plateau, l'osmose est telle qu'on dirait une même personne divisée en trois corps. Au fil des années, les studios exercent sur eux une pression croissante, trois contrats de réalisation étant trop chers pour chaque film. Ainsi, seul David est crédité en tant que réalisateur dans Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? (1988, premier titre de la saga Y a-t-il un flic…), tandis qu'on trouve Jerry et Jim à l'écriture et à la production. Ensuite, chacun partira de son côté, parfois en oubliant leur touch initiale.

Comment qualifier la « ZAZ touch » ?

Un très haut débit de gags, combiné avec une utilisation savante de la mise en scène : leur signature reste le gag qui se produit dans l'arrière-plan de l'image. Il y a aussi le travelling ou le panoramique révélant le gag, mais qu'on peut déjà voir chez ceux qui les ont en grande partie inspirés : les Marx Brothers (Soupe au canard) et Mel Brooks (Le shérif est en prison). Sans oublier le mélange d'humour visuel sophistiqué et de comique bas du front.

La Cinémathèque programme les ZAZ trente ans après leur succès. De quoi est-ce le signe ?

Étant l'un des chargés de programmation à la Cinémathèque, j'ai eu l'idée d'une rétrospective ZAZ pour célébrer en 2024 les quarante ans de Top secret !, leur film le plus ambitieux. Le directeur de la programmation, Jean-François Rauger, que je remercie ici, a accepté ma proposition car ce trio a sa place à la Cinémathèque française : il fait partie de l'histoire du cinéma, en raison notamment de son influence sur l'humour par-delà les frontières — par exemple sur La Cité de la peur des Nuls — et parce que les films des ZAZ sont très drôles !

Quels sont ceux que vous recommandez ?

Y a-t-il un pilote dans l'avion?(1980) marque l'invention d'un humour cinématographique sans acteurs comiques, les gags venant de la mise en scène. Top secret ! est la version poussée à l'extrême de ce type de comédie, un délire parfois surréaliste et surtout magrittien. Enfin, Y a-t-il un flic pour sauverle président ? (1991), qui prouve qu'on peut mettre l'humour au service d'un message écologiste. — Propos recueillis par Jérémie Couston

L'Indépendant (site web)
mardi 15 octobre 2024 - 10:22:31 246 mots

Coursan : du lyrique à la Rominguière

Vendredi soir, l'église Notre-Dame-de-La-Rominguière a accueilli la soprano Ulrike Van Cotthem qui était accompagnée d'un trio de basses composé de

François Ragot et Divna Delmas aux violoncelles et Claude Delmas à la contrebasse.

Un quatuor d'exception pour un concert d'exception avec un programme magnifique allant d'Haydn à Mozart en passant par Beethoven et Tchaïkovski. " Grande sensibilité musicale… Une voix impressionnante, riche, elle a un vrai diamant dans la gorge… Un moment qui a apporté de la joie et de l'émotion ", entendait-on dans l'auditoire fourni à la sortie du concert. " Trois basses en velours pour une voix d'or ". Une grande satisfaction aussi pour le premier magistrat, Édouard Rocher, et l'adjointe à la culture Cathy Boutié qui se félicitaient de la qualité de ce nouveau rendez-vous culturel municipal : " Le genre est complètement différent des précédentes manifestations culturelles locales, c'est un éclectisme voulu, après du cirque, un festival de théâtre, un festival de jazz, voici du lyrique. Et quel lyrique ! Un grand merci à ce quatuor exceptionnel qui rend avec bonheur la musique classique et l'art lyrique accessibles à un grand public. Il y avait des mélomanes mais aussi des novices et tout le monde a très sincèrement applaudi. C'est un espace d'échange important ". Ulrike Van Cotthem se produira prochainement à Pézenas (Tête-à-tête en quartet, 19 octobre), Saint-Pons-de-Mauchiens (Arpèges et Vocalise, 24 novembre), Saint-Chinian (Le piano fait son cinéma, 19 janvier)…

Cet article est paru dans L'Indépendant (site web)

Free (site web réf.) - Free
3 octobre 2024 480 mots
Anne Roumanoff se lâche en direct dans Télématin, "Ça fait trop...

Publié le 03 oct. 2024 à 10:30, mis à jour le 03 oct. 2024 à 08:31 Ce mercredi 2 octobre 2024, Flavie Flament et Julien Arnaud étaient de retour... Voir l'article

Le Parisien (site web)
Edition principale
mercredi 9 octobre 2024 475 mots

« Le Robot sauvage » : un film d'animation prodigieux graphiquement et doté d'un humour décapant

Renaud Baronian

Ce mois d'octobre sera, en matière de cinéma d'animation, celui des animaux solidaires. Avant le prodigieux « Flow » le 30, film sans dialogues qui conte l'alliance entre un chat, un chien et des bébêtes très exotiques, voici, ce mercredi, « le Robot sauvage », signé du grand Chris Sanders, à qui l'on doit, entre autres, « Dragons » (en co-réalisation avec Dean DeBlois), « Les Croods » ou « l'Appel de la forêt ».

La comparaison entre les deux films s'arrête à cette notion d'entraide animalière, car si « Flow » a opté pour une approche très originale centrée sur les comportements de nos amis à quatre pattes, « Le Robot sauvage » distille une vision plus classique, à savoir anthropomorphique, où les petites manies de créatures peuplant une forêt, qui s'expriment avec des voix humaines, nous rappellent les nôtres. Mais de quelles manières !

Le film débute avec l'arrivée, à la suite d'un accident de vaisseau spatial transportant des androïdes très évolués, d'un robot hyper intelligent, seul rescapé du crash, au coeur d'une forêt. Doté d'une force immense et d'une infinité de fonctions très pointues, comme courir, se propulser dans les airs ou s'adapter aux langages de tous les êtres vivants, le robot va chercher à se fondre dans son nouvel environnement. Ce qui prendra un certain temps, car les animaux des parages, qu'ils soient à poils ou à plumes, vont d'abord rejeter cette étrange machine de métal. Mais lorsqu'elle - il se trouve que le robot est du genre féminin - va adopter un bébé oie orphelin et se lier d'amitié avec un renard, tout va changer.

Graphisme prodigieux, rebondissements incessants et humour désopilant

Veillant au destin de la petite oie, au point de lui apprendre à voler, ce qui va ravir toutes les bestioles du coin, la maman-robot devra parallèlement gérer ses concepteurs qui, pour la récupérer, sont prêts à massacrer ses nouveaux amis et les arbres qui constituent leur habitat. Le droïde va donc leur apprendre à se défendre en s'entraidant, allant jusqu'à faire pactiser des prédateurs et leurs proies...

Prodigieux graphiquement, mené à cent à l'heure et cumulant d'incessants rebondissements, pourvu d'un humour désopilant en multipliant les lignes de dialogues hilarantes, « le Robot sauvage », qui pourra charmer de 7 à 97 ans, se distingue par la générosité de son propos et la grande originalité de son scénario.

Car c'est tout de même fort de consacrer - en apparence - un film à une machine futuriste pour faire rapidement dériver le propos sur la faune d'un environnement naturel. C'est évidemment dans ce décalage que réside la grande force du long-métrage, et dans le choix qui est offert au spectateur, petit ou grand, de s'identifier, selon sa personnalité, au robot ou à l'un ou l'autre des animaux épatants - renards, castors, daims, chouettes, ours... - qui peuplent cette forêt en folie. Quel talent !

Cet article est paru dans Le Parisien (site web)

Ouest-France (site web)
normandie, vendredi 18 octobre 2024 - 18:20 UTC 617 mots

À Villers-sur-Mer, cette humoriste va raconter son histoire face au cancer dans un spectacle

Aurore COUÉ.

Le one woman show « La Chauve SouriT » sera présenté ce samedi 19 octobre 2024, au casino de Villers-sur-Mer (Calvados), par l’humoriste Caroline Le Flour. À l’invitation du Rotary E.Club de Normandie, elle va parler du cancer sans tabou.

L’humoriste, auteure et psychologue Caroline Le Flour présentera son spectacle La Chauve SouriT, ce samedi 19 octobre 2024, au casino de Villers-sur-Mer (Calvados) dans le cadre d’Octobre rose.

Elle est invitée par le Rotary E.Club de Normandie qui organise la soirée au profit de patientes en situation de précarité sociale suivie par Europa Donna Normandie, dans l’objectif est d’offrir des soins de support, de confort, des séances de thalasso post-cancer ainsi que des dispositifs médicaux non pris en charge par l’Assurance maladie. Il permettra également de participer à l’achat d’équipement pour les centres Unicancer Baclesse et Becquerel.

Quel est le sujet de votre spectacle ?

Il aborde le thème du cancer et de la résilience. C’est l’histoire d’une jeune femme, du diagnostic jusqu’à l’après maladie car c’est aussi important. C’est un spectacle humoristique et décapant. J’ai écrit le texte lorsque je faisais ma chimiothérapie Aujourd’hui, il tourne depuis six ans et il a été joué plus de 200 fois.

« C’est une mission de vie »

Est-ce que tout le spectacle est votre histoire ?

Oui, tout ce que je dis est vrai ! J’avais besoin d’écrire en chimio mais je ne savais pas encore que ça allait devenir un spectacle. J’étais dans une phase de dépression où je venais d’apprendre que j’étais atteinte d’infertilité. J’ai été diagnostiquée d’un lymphome en 2012 et soignée pendant un an. Aujourd’hui, je suis en rémission et je suis une femme accomplie. Je fais de mon histoire une mission de vie pour parler du cancer, du handicap invisible et de résilience auprès des entreprises, des associations et du grand public. Je veux faire connaître qu’il existe des organismes pour aider. Quand je suis tombée malade, je n’étais pas au courant de tout ça et j’aurais aimé le savoir. Je suis restée dans ma bulle avec mes proches.

Lire aussi : Dans le Calvados, Lucrèce a combattu deux cancers du sein en moins d’un an

Est-ce que c’est la première fois que vous jouez sur la Côte fleurie ?

Je ne suis jamais venue. C’est une personne qui m’a vu jouer à l’Assemblée nationale et qui m’a proposé de venir à Villers-sur-Mer. Ce spectacle arrive à tourner grâce au bouche à oreille. Il est destiné au grand public. Ce n’est pas que pour les malades ou les accompagnants. Les gens pensent qu’en allant voir le spectacle, ils peuvent attraper le cancer. C’est surtout un moyen de leur donner envie de se faire dépister, d’ailleurs c’est souvent le retour que l’on me fait après : je vais passer une mammographie ! Aujourd’hui, parler du cancer se démocratise un peu mais c’est un spectacle qui brise les tabous, qui tourne en dérision des situations avec des personnages caricaturaux. Je ne prône pas le rire, je le propose.

Lire aussi : L’autopalpation pour prévenir du cancer du sein

Samedi 19 octobre 2024, La Chauve SouriT, one woman show de Caroline Le Flour, à 18 h 30, dans la salle de cinéma du casino de Villers-sur-Mer. Tarifs : de 10 € à 16 €. Elle dédicacera ses ouvrages après le spectacle. Instagram : caroline_le_flour.

Télérama, no. 3900
Story-board, samedi 12 octobre 2024 130 mots, p. 10

On nage en plein cauchemar américain

Pierre Langlais

Pour mettre fin à la criminalité, pourquoi ne pas faire fi de toute législation et permettre à la police de violenter les citoyens américains, ne serait-ce qu'un jour par an ? Cette idée exprimée par Donald Trump lors d'un meeting en Pennsylvanie fin septembre semble inspirée d'une des franchises les plus glaçantes du cinéma américain : The Purge. « Nous devons [la] laisser faire son travail, même si elle doit être extrêmement brutale », a-t-il osé. Plus ses provocations s'éloignent de tout réalisme, plus les idées les moins radicales du candidat républicain peuvent sembler acceptables. Donald Trump continue ainsi de défier la fiction et d'inventer un monde à son image, qui pourrait porter le titre de The Purge en France : American Nightmare — un cauchemar américain • Par Pierre Langlais

Le Parisien (site web)
Edition principale
jeudi 24 octobre 2024 777 mots

Tears For Fears sort son premier album live et quatre nouvelles chansons : « La douleur est partie »

Éric Bureau

« Bonjour. » C'est Roland Orzabal qui lance en français la discussion Zoom. La moitié du duo britannique Tears For Fears est francophile. Lors de notre précédente rencontre, en février 2022 , pour le formidable album « The Tipping Point », il nous avait raconté que son père était né à Paris et que lui-même venait presque chaque été en France. Mais son binôme, Curt Smith, est lui aussi très attaché à ce pays qui leur a offert un succès massif il y a pile quarante ans avec « Shout » et « Everybody Wants to Rule the World » et leur est resté fidèle, de « Mad World » à « Sowing the Seeds of Love ».

Après plus de quarante ans de carrière, le groupe sort pour la première fois un album live « Songs for a Nervous Planet » et un film au cinéma (mais malheureusement pas diffusé en France). Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? « Nous avions besoin de quarante-deux ans de chansons mais aussi de quarante-deux ans de pratique », répond Roland Orzabal, 63 ans. Un trait d'humour mais pas seulement pour ces deux artistes hyperperfectionnistes.

« Nous avons toujours fait des tournées, même quand nous ne sortions pas d'albums, mais pour être honnêtes, nous n'étions pas aussi satisfaits visuellement de nos shows qu'aujourd'hui. Et nous étions très confiants dans la qualité des nouvelles chansons. » « Cet album reflète aussi tout le plaisir que nous avons pris sur scène sur cette tournée », ajoute Curt Smith, 63 ans lui aussi.

Des nouvelles chansons « très positives »

Le résultat ressemble à un best of du groupe de 18 titres, auquel il faut ajouter quatre inédits, enregistrés en studio, « The Girl That I Call Home », « Say Goodbye to Mum and Dad » « Emily Said » et « Astronaut ». « On ne voulait pas passer notre temps à parler de notre vieille musique, explique Curt Smith à propos de ces nouveautés. Et nous voulions montrer où nous en étions aujourd'hui musicalement. » « Et spirituellement, complète Roland Orzabal. Dans The Tipping Point, il y avait beaucoup de douleur, je vivais des temps difficiles dans ma vie privée. En me battant avec le chagrin, j'ai développé une sévère addiction aux somnifères, j'ai fait deux cures de désintoxication et la deuxième a marché. »

Le chanteur guitariste poursuit : « Assez longtemps après la mort de ma première épouse, j'ai pu commencer une nouvelle relation et avec son amour et son éducation, elle m'a aidé à devenir une meilleure personne. Et à m'ouvrir plus à la parole des autres. Nous avons pu retravailler avec Curt comme à nos tout débuts. La douleur est partie. Cela a été une expérience cathartique de sortir Tipping Pointet d'en parler à la presse. Je me suis remarié il y a quatre ans, la vie est bien meilleure et je pense que cela s'entend dans nos nouveaux titres ».

Les quatre chansons, dont « The Girl That I Call Home » et « Emily Said » inspirées par la nouvelle femme de Roland Orzabal, Emily, sont parmi les plus pop jamais écrites par Tears For Fears. « Elles sont très positives, confirme Curt Smith. Elles ont été enregistrées en janvier et février et sont nées très vite. » « On aurait pu attendre d'avoir assez de morceaux pour sortir un album, mais nous connaissant, cela aurait pu prendre un an ou deux... » sourit Roland Orzabal.

« Désormais, nous avons notre propre label, nous faisons nos albums nous-mêmes »

« Songs for a Nervous Planet » est une référence au livre « Notes on a Nervous Planet » de Matt Haig. « Ce livre ne parle pas tant des problèmes écologiques et des guerres que nous traversons que de la manière dont les réseaux sociaux nous divisent, commente le chanteur guitariste. Les journaux et les télévisions ont aussi compris que plus vous seriez divisés plus forte sera votre audience. Nous cherchons comment nous préserver de cette anxiété. » « Le fait de vivre tous les deux aux États-Unis a évidemment une influence, mais c'est malheureusement un problème planétaire », constate également son binôme chanteur bassiste.

« Ces nouvelles chansons nous ont apporté de la confiance, avoue encore Roland Orzabal. Désormais, nous avons notre propre label, nous faisons nos albums nous-mêmes, c'est un bonheur, nous n'avons besoin de rendre des comptes à personne, ni à une maison de disques, ni à un manager. Et notre musique y a gagné. » « Ce que l'on a réalisé avec le temps et l'expérience, reprend Curt Smith, c'est que l'artiste connaît mieux que personne son public. Pendant notre tournée, nous avons été très surpris de voir que le nôtre avait changé, qu'il y avait beaucoup de kids. Je pense que le fait que nos chansons aient été souvent reprises et jouées dans des films et des séries, nous a beaucoup servis. »

Cet article est paru dans Le Parisien (site web)

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
25 octobre 2024 573 mots
"Je vais garder l'âme de ce lieu" : Gad Elmaleh évoque sa reprise du célèbre cabaret parisien Chez Michou et révèle ce qu'il va en faire

Ce jeudi 24 octobre, dans C à Vous sur France 5, Anne-Élisabeth Lemoine a reçu Gad Elmaleh pour parler de son nouveau spectacle. Un entretien qui a aussi été l... Voir l'article

France Inter (site web réf.) - France Inter
14 octobre 2024 264 mots
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14 octobre 2024 - France Bleu (site web réf.)
Octobre rose : le rire pour guérir avec l'humoriste vosgienne Mademoiselle Serge
France Bleu Sud Lorraine

En pleine campagne nationale "Octobre rose" dédiée à la prévention pour le cancer du sein, France Bleu Sud Lorraine a reçu ce lundi 14 octobre l'humoriste vosgienne Mademoiselle Serge qui... Voir l'article

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
10 octobre 2024 531 mots
"J'avais dit que…" : Jarry revient sur les raisons de son départ de Tout le monde veut prendre sa place

Il a présenté le jeu du midi de France 2 Tout le monde veut prendre sa place pendant un an. Jarry, humoriste avant tout, est revenu sur sa décision de quitter... Voir l'article

FranceTv Info (site web réf.) - France TV Info
5 octobre 2024 285 mots
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5 octobre 2024 - France Info (site web réf.)
Michel Blanc : itinéraire d’un comédien qui savait faire rire mais aussi pleurer
franceinfo

De sa prestation mythique dans Les Bronzés à la réalisation de ses propres films, Michel Blanc aura su, en 50 ans de carrière, faire passer les spectateurs du rire aux larmes... Voir l'article

Le Télégramme (Bretagne) (site web)
Culture et Loisirs, mardi 15 octobre 2024 646 mots

Rachida Dati veut réformer le Pass culture : les limites du dispositif en 3 chiffres

Le Pass culture est principalement utilisé pour acheter des livres et « il ne parvient pas totalement à lutter contre les inégalités sociales », pointe un rapport de l'Inspection générale des affaires culturelles.

Que va devenir le Pass culture ? Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, Rachida Dati a annoncé vouloir réformer en profondeur ce dispositif qui permet aux collégiens, lycéens et jeunes adultes de disposer d'un crédit pour s'offrir des activités culturelles.

La ministre de la Culture? s'appuie, entre autres, sur un rapport de l'Inspection générale des affaires culturelles (Igac), qui avait soulevé, en juillet, les limites de cette mesure chère à Emmanuel Macron.

1 Les livres représentent 71 % des réservations

D'octobre 2023 à février 2024, les livres ont représenté 71 % des achats effectués sur l'application Pass culture (54 % en montant dépensé). Le cinéma arrive loin derrière (12 %), devant la musique enregistrée (5 %).

Deux éléments peuvent expliquer cette surreprésentation. Sur la même période, 84 % des offres présentes sur l'application étaient, en effet, des livres - car un seul livre génère en moyenne 60 offres, dans différentes librairies. Les bénéficiaires restent, par ailleurs, peu de temps sur l'application et l'utilisent majoritairement pour réserver des offres qu'ils connaissent déjà.

« Afin de ne pas limiter les pratiques au livre, le Pass culture incitera plus fortement les jeunes à se diriger vers d'autres pratiques culturelles, en particulier le spectacle vivant », recommande l'Igac.

2 Seuls 67 % des enfants de parents non diplômés téléchargent l'application

C'est 20 points de moins que les bénéficiaires dont les parents sont diplômés de l'enseignement supérieur, d'après un sondage commandé par l'Igac à l'institut CSA. Parallèlement, le taux de non-téléchargement est 2,54 fois plus élevé chez les répondants dont les parents n'ont « que » le certificat d'études primaires. « Le sondage montre la persistance d'un lien fort entre les pratiques culturelles et le milieu social d'origine : la visite d'un monument, la sortie au musée ou au théâtre sont corrélées positivement au niveau de diplôme des parents », étaye l'Igac. Autrement dit, « le Pass culture ne parvient pas totalement à lutter contre les inégalités sociales et ne permet pas de lutter efficacement contre la reproduction sociale ».

3 Une faible utilisation du Pass culture en outre-mer et dans les départements les moins denses

Le taux de recours au Pass culture est globalement satisfaisant. 73 % des bénéficiaires nés en 2003 et plus de 81 % de ceux nés en 2004 ont utilisé l'application. Mais il existe des « variations territoriales significatives », dit l'Igac.

Si la quasi-totalité des jeunes ont déjà utilisé le Pass culture à Paris (98 %), ils sont moins d'un sur deux à en avoir profité en Lozère (48 %) ou en Haute-Corse (39 %). Le taux est également bas en Guadeloupe (50 %), en Martinique (50 %), en Guyane (15 %) et à Mayotte (4 %). Des résultats qui peuvent s'expliquer, en partie, par l'étendue de l'offre culturelle sur un territoire donné.

Depuis sa généralisation en 2021, le Pass culture a bénéficié à plus de 3,4 millions de personnes et a coûté environ 210 M€ par an. De nombreux acteurs culturels reprochent au dispositif, très gourmand en argent public, de rater sa cible en arrosant tout le monde, même ceux qui ont déjà les moyens ou l'habitude de consommer de la culture. Et de ne pas inciter les jeunes à aller vers des oeuvres vers lesquelles ils ne se seraient pas tournés.

« Sans renoncer à l'universalité du dispositif, nous devons davantage assumer que le Pass culture a vocation à corriger des inégalités de destin » en donnant « davantage aux jeunes de condition modeste, sans négliger les classes moyennes », estime Rachida Dati. Elle souhaite également en finir avec le libre-service qui permet aux jeunes de dépenser comme bon leur semble leur subvention. Une partie devra être consacrée aux réservations de spectacles vivants, largement boudés par les bénéficiaires qui n'y consacrent qu'1 % de leurs dépenses.

Cet article est paru dans Le Télégramme (Bretagne) (site web)

Le Point, no. 2726
Culture, jeudi 31 octobre 2024 1923 mots, p. 78,79,80,82
Aussi paru dans
4 novembre 2024 - Le Point.fr

La méthode Martinez

Florence Colombani et Christophe Ono-dit-Biot

Individualités fortes et excellence collective... Comment gère-t-on la compagnie de danse la plus prestigieuse au monde ? Rencontre avec l'étoile José Martinez, directeur de la danse de l'Opéra de Paris.

Pourquoi aller ainsi, de bon matin, à la rencontre du directeur de la danse de l'Opéra de Paris, en son antre du palais Garnier ? Parce qu'il en connaît un rayon sur le management de haut niveau, lui qui dirige, tout simplement, la compagnie de danse considérée comme la plus prestigieuse au monde - 154 danseurs (dont 16 étoiles) pas forcément enclins à se laisser mener à la baguette dans une époque où les artistes revendiquent de plus en plus un besoin de liberté et de projets personnels. Parce qu'il a lui-même été un immense danseur étoile et pas seulement par la taille (1,90 m, une rareté). Parce que ce poste, aussi prestigieux que difficile à tenir, est, comme on le dit dans la série L'Opéra, l'équivalent dans le monde de la danse de Matignon dans la sphère politique, " un enfer, mais qui ne se refuse pas ".

Après avoir dirigé avec panache la Compagnie nationale de danse espagnole en pleine crise, José Martinez, né il y a cinquante-cinq ans à Carthagène, près de Murcie, est en train, lentement, mais sûrement, de révolutionner les choses à Paris, dans une institution que son directeur, Alexander Neef, surnomme avec affection " le Monstre ". Le tout avec une réputation d'exigence en douceur... Un cas d'école, surtout après les crises traversées par la compagnie sous l'ère de ses prédécesseurs Benjamin Millepied et Aurélie Dupont, dont la démission, six ans après le départ fracassant de Millepied, avait pris tout le monde de court en 2022.

Yoga, nage et barre

Quand il ouvre la porte de son bureau, de dimension modeste, ce sont d'abord le sourire et l'harmonie du geste qui frappent... Disons-le : la grâce même. À l'époque où il dansait, José Martinez était aussi à l'aise dans les ballets de William Forsythe ou Mats Ek que dans Le Lac des cygnes. Nommé étoile (il reste le seul Espagnol dans ce cas) sur la scène du palais Garnier le 31 mai 1997 à l'issue d'une représentation de La Sylphide, il était à l'époque le partenaire favori d'Agnès Letestu, qui travaille avec lui comme maître de ballet à l'Opéra de Paris. Danse-t-il toujours ? " Depuis que je suis ici, je fais du yoga, je nage beaucoup et, parfois, le dimanche, je viens faire une barre. J'ai inversé les choses : les jours de repos, je fais un cours de danse ! "

À l'entendre, le job est passionnant, sa prise de fonctions a été " super rapide ", mais le rythme est lourd. L'Opéra de Paris est-il un monstre, vraiment ? " Non ", balaie celui qui y a oeuvré pendant vingt-quatre ans comme danseur, la fiche de poste a toutefois changé. " Avant, cela signifiait surtout être directeur artistique et construire la programmation. Maintenant - et cela correspond à l'évolution de la société -, être directeur, c'est également prendre en compte l'aspect humain. Je travaille avec une équipe de sept maîtres de ballet qui observent et reçoivent aussi les danseurs, me parlent quand il y a un problème. "

" Travailler au studio "

José Martinez adore ses danseurs et en parle avec passion, mais ne cache pas pour autant devoir composer avec des personnalités plus indépendantes que par le passé. Le décalage des générations, le grand ras-le-bol du travail à outrance et des hiérarchies qu'expriment les plus jeunes, peu enclins à l'esprit de sacrifice de leurs aînés, sont autant de défis. La méthode Martinez ? " Se tenir disponible, en lien direct avec eux, être à leur écoute pour les accompagner dans leur carrière ", mais aussi " porter un regard avisé et exigeant sur leur potentiel et leur travail en studio ". Lui-même a connu des déceptions en tant que danseur : " Quand je n'étais pas distribué, je n'étais pas content et j'allais travailler au studio pour montrer à la direction qu'ils s'étaient trompés. " Le studio, maître mot pour José Martinez, lieu crucial où le danseur travaille sans relâche les fondamentaux : " Comment motiver quelqu'un ? Je dis aux danseurs qu'ils doivent me montrer leurs capacités au travail, dans le studio. "

Et le directeur de la danse d'expliquer, avec cette pointe d'accent espagnol qui ajoute à son charme et doit contribuer aussi à arrondir les angles : " Juste avant les vacances d'été une soliste est venue me voir parce qu'elle n'avait pas de rôle dansPaquita [l'un des ballets programmés cette saison, NDLR]. Je lui ai expliqué qu'elle avait été choisie pour d'autres ballets, et qu'il fallait avoir une vision de toute la saison. Avant, une conversation comme ça n'aurait pas eu lieu. " L'art d'écouter, mais aussi de convaincre. Car même les étoiles verbalisent davantage : " Certains sont venus me dire qu'ils n'avaient pas à passer des auditions car ils étaient danseurs étoiles. J'ai dû leur expliquer que le chorégraphe, lui, voulait pouvoir choisir, comme eux aimaient choisir leur chorégraphe, et qu'il y aurait donc une audition. Que c'était comme une relation de couple et que le désir devait fonctionner des deux côtés. "

Vu sur Instagram

Un fantôme récent hante l'Opéra : celui de François Alu, nommé danseur étoile en avril 2022 et démissionnaire quelques mois plus tard. Cas particulier d'un danseur classique plus intéressé par les one-man-show que par les Siegfried et autres princes de La Belle au bois dormant... mais aussi symptôme de tout un changement d'époque. Alors que les danseurs d'autrefois ne rêvaient que d'entrer dans la troupe de l'Opéra de Paris et de rester dans la maison jusqu'à leur retraite (voire de resigner un contrat en tant que maîtres de ballet), ceux d'aujourd'hui " ont envie d'avoir leurs propres projets, des vacances, des week-ends... Il y a une impatience, ils veulent être distribués très vite, il faut leur rappeler qu'il y a un temps d'apprentissage ".

Cent quatre-vingt-dix spectacles par saison, quatre-six heures de danse par jour, cinq-six jours par semaine, le rythme est soutenu. Il en faut, de l'endurance, et de l'obstination, pour tenir le rythme et rester au plus haut niveau. Comment gère-t-il l'influence des réseaux sociaux, les chocs de notoriété, le fait que tel ou tel danseur soit choisi pour être égérie d'une grande marque et pas d'autres ? " C'est injuste,répond-il, mais il y a toujours eu des danseurs, des danseuses qui faisaient des publicités ou qui apparaissaient davantage dans la presse que les autres. Aujourd'hui, c'est vrai que l'effet est démultiplié et que ce que l'on poste peut avoir un poids... Certains chorégraphes demandent de travailler avec tel ou tel danseur parce qu'ils l'ont vu sur Instagram. Avant, on voyait tout le monde en audition, sur un pied d'égalité. " Les distractions sont nombreuses, mais pas forcément fatales aux carrières. " On peut aller voir un défilé de mode au lieu d'aller en répétition. Une fois, ce n'est pas grave. Mais, si le travail devient irrégulier, à long terme le corps en pâtit et devient moins performant ", note José Martinez.

Défis et bilan

Réagir aux défis du moment, José Martinez en a fait sa spécialité. Quand, en 2011, il prend la direction de la Compagnie nationale de danse espagnole, c'est la crise. Le directeur, Nacho Duato, fâché avec le ministère de la Culture espagnol, est parti avec toutes ses chorégraphies et on danse... pieds nus, faute de pointes que le poids de l'administration et les questions de budget ont empêchées de commander à temps. Le danseur devenu directeur fait alors des miracles : il organise des portes ouvertes et donne de sa personne, le jour de la fête de la danse, en entraînant le Tout-Madrid à la barre, équipé d'un microcasque. En 2019, il tente une autre aventure. Curieux des autres arts (notamment du cinéma ; il a conçu un ballet autour des Enfants du paradis), il devient chorégraphe free-lance et s'installe à Ibiza, où il peut pratiquer le yoga et créer dans la sérénité insulaire. Jusqu'à l'appel de la Ville lumière.

Son bilan, aujourd'hui, semble faire l'unanimité : danseurs apaisés, dialogue ouvert avec les syndicats, salles pleines... mais aussi de vraies réformes. " À mon arrivée, les entretiens que j'ai menés avec les danseurs ont révélé une grande souffrance au sujet du concours de promotion pour devenir premier danseur. Cela revient à leurs yeux à danser toute l'année pour n'être finalement jugés que sur une minute d'une variation. Ils ont réfléchi longtemps, puis sont revenus vers moi avec une proposition expérimentale : on annule le concours pour que les promotions au grade de premier danseur dépendent uniquement de nominations. C'est une grande évolution et on renouvelle l'expérimentation cette année. "

" Décontraction chic "

En revanche, rien ne change pour les étoiles : pas de concours, et une nomination qui est toujours à la discrétion du directeur de la danse. Qu'est-ce qui fait une étoile ? " Une aura particulière, quelque chose qui attrape l'oeil. " Lui a été nommé à 28 ans. Ses modèles d'alors : " Mikhaïl Barychnikov, évidemment, mais aussi Fernando Bujones, un danseur américain qui avait une espèce de propreté dans sa danse, très française, en fait. "On l'interroge, évidemment, sur cette fameuse spécificité française. Qu'est-ce qui la définit ? " Une sorte de décontraction chic. Tout doit donner l'impression de se faire facilement. Dans la façon d'attaquer les mouvements aussi. En France, on ne va sauter qu'à 80 % de nos possibilités pour ne surtout pas montrer l'effort. " Et cette exigence d' " homogénéité ", y compris physique, qui a fait couler beaucoup d'encre, et qui faisait bondir Millepied ? À entendre Martinez, elle s'est déplacée : " C'est dans l'approche du travail qu'on la valorise désormais. Il faut écouter la musique de la même manière, trouver une respiration commune, exercer leur synchronisation pour tendre vers un même but. "Plus important que de n'avoir aucune tête qui dépasse.

La sienne dépasse tout le monde... C'est peut-être pour cette raison qu'il incite les autres à prendre une hauteur qu'ils ne s'autoriseraient pas spontanément. Et de raconter, sourire aux lèvres, comment il a convaincu une jeune quadrille japonaise qui n'avait jamais dansé de contemporain d'aller auditionner pour un ballet de Pina Bausch : " Pour la distribution de Judith dansBarbe-Bleue , nous devions trouver une danseuse capable d'incarner un rôle à la frontière entre puissance et fragilité. J'ai proposé spontanément à Koharu Yamamoto de passer l'audition, mais elle a d'abord refusé, pensant ne pas en être capable. Il s'agit en effet d'un rôle complexe qui exige une interprétation tragique et une théâtralité brutale. Cela bousculait ses repères. Je l'ai alors encouragée à considérer cette audition comme une expérience intéressante et non comme une mise à l'épreuve. Elle s'est présentée le premier jour, a été retenue pour le second et a fini par obtenir le rôle principal dans lequel elle est incroyable ! Cela lui a permis de découvrir son potentiel et lui a offert la possibilité de se révéler. C'est le rôle que joue une audition : décloisonner les habitudes et laisser place à l'inattendu. " C'est aussi ça, la méthode Martinez

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Portrait de l'artiste en jeune femme

Florence Colombani

Charlotte Le Bon crève la toile en Niki (de Saint Phalle) au cinéma.

N iki s'ouvre sur le plan d'une femme à qui on intime l'ordre de se taire : la Franco-Américaine Niki de Saint Phalle (Charlotte Le Bon), jeune mariée dans le Paris des années 1950, gagne un peu d'argent en posant pour des photos de mode... mais personne ne s'intéresse à ce que la ravissante poupée au cou enserré de perles a à dire. Au fil des dix ans que raconte ce beau récit d'apprentissage, Niki va se défaire de cette créature muette comme d'une peau ancienne pour se muer en artiste de tout premier plan, d'une radicalité et d'une férocité peu communes.

Récit vif et enlevé, vraie réflexion sur les mécanismes du trauma et de la création, interprétation inspirée de Charlotte Le Bon (qui met à profit son goût connu pour la création artistique), Céline Sallette - comédienne vue aussi bien chez Bertrand Bonello (L'Apollonide. Souvenirs de la maison close)que chez Cédric Jimenez (La French) - réussit son passage à la réalisation avec brio. " Niki a tout du héros classique qui va dans les Enfers et rapporte la lumière au monde ", nous explique la cinéaste. Les Enfers, c'est l'asile psychiatrique où la jeune mère, hantée par le souvenir refoulé de l'inceste qu'elle a subi, est traitée par électrochocs en 1953. La lumière, c'est cette oeuvre formidablement inventive qui peuple les musées et les parcs du monde entier

" Niki " , en salle le 9 octobre.

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Sauvages

S. J.

Film d'animation franco-suisse de Claude Barras. 1 h 27. Sortie le 16 octobre.

Sauvages

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Ala recherche d'un bébé orang-outang, la fillette Kéria et son cousin Selaï s'égarent dans la jungle de Bornéo menacée de déforestation.

Notre avis :Au-delà du message écolo, ce conte animé réjouit par ses péripéties, son humour et sa richesse visuelle.

La Voix du Nord (site web)
lundi 7 octobre 2024 - 19:02:49 1033 mots

Ne l'appelez plus Cora Bruay mais Carrefour (comme autrefois !)

Anne-Claire Guilain

L'hypermarché Cora Bruay-La-Buissière change de nom, officiellement, ce mercredi 9 octobre mais l'enseigne a déjà été changée. Racheté par le groupe Carrefour en juillet 2023, il bascule comme 60 autres magasins en France. Quels bouleversements ? Quelles promesses ? Quelles craintes ? On fait le point.

Par Anne-Claire Guilain

Le changement est annoncé depuis 2023. Cora devient Carrefour. En fin de semaine dernière, le nouveau nom de l'hypermarché de la Porte Nord a été posé sur la devanture. Certains clients l'ont découvert ce lundi. Mais que faut-il retenir de ce basculement ?

Il y a 52 ans, le Carrefour de Labuissière

Souvenez-vous, quand l'hypermarché avait ouvert ses portes à Bruay le 3 mai 1972, il s'appelait Carrefour. « Carrefour, à Labuissière, le premier grand centre commercial du bassin minier, a été inauguré, mardi soir, en présence de nombreuses personnalités » : titrait-on à l'époque, la même année que le retentissant meurtre de Brigitte. Avec ses « 17 000 m², un parking de 1 200 places encore susceptible d'extension » et « 19 commerçants indépendants installés dans une vaste galerie marchande » il était un grand magasin inédit dans le secteur, bâti sur un ancien village de potiers déterré par les archéologues. Il ne restera pas Carrefour longtemps. Deux ans plus tard, il y a donc tout pile 50 ans, il devenait l'incontournable Cora Bruay du Parc de la Porte Nord.

La bascule officielle ce mercredi

Voilà ce qu'annonce le communiqué signé Carrefour : « Le 9 octobre, le magasin Cora de Bruay-la-Buissière devient Carrefour. Les clients retrouveront l'équipe et les concepts qui ont fait le succès de leur magasin Cora et découvriront au cours des prochains mois les nombreux avantages qu'offre Carrefour : près de 6 000 références de marque Carrefour, élue marque distributeur préférée en France pour la 4 e année consécutive, avec le meilleur rapport qualité-prix (…). »

Par téléphone, Carrefour précise : « La bascule se déroulera pendant deux semaines au cours desquelles les hypermarchés resteront ouverts Dans un premier temps, l'enseigne sera remplacée et l'offre de produits Carrefour sera renforcée. La signalétique et les tenues de travail finaliseront ensuite cette bascule. » L'enseigne a déjà été remplacée en fin de semaine dernière.

Autre précision importante : « les clients pourront continuer à utiliser leur programme de fidélité Cora ainsi que Coradrive et Cora.fr jusqu'à la mise en place des services et du programme de fidélité Carrefour en 2025 ». Pas de rupture trop brutale donc.

« Temps fort » le 5 novembre

Toujours dans le communiqué, on peut lire : « Carrefour est heureux d'accueillir les clients Cora au sein de son nouveau magasin et leur donne rendez-vous le 5 novembre prochain pour célébrer ensemble ce changement d'enseigne autour de nombreuses animations commerciales ». Un « grand temps fort commercial » est donc annoncé.

Un rachat à l'échelle nationale

Cora Bruay n'est pas le seul concerné par ce changement. Soixante autres magasins de la marque le sont, comme les voisins de Vendin-le-Vieil (Lens 2) et Courrières notamment. Tout cela est la conséquence du rachat, annoncé en juillet 2023 , du groupe Louis Delhaize auquel appartenait Cora et Match (mais ces derniers garderont leur nom). L'opération avait été réalisée sur la base d'une valeur d'entreprise de 1,05 milliard d'euros. Le magasin de la Porte Nord fait partie de la deuxième des trois vagues de changement d'enseigne organisées au niveau national (1).

Promesse de baisses de prix

Lors d'un point presse, Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, a précisé qu'« à partir d'octobre, chaque magasin Cora qui changera d'enseigne » baissera les prix « d'au moins 10 % sur près de 3 000 produits » vendus. Un chiffre à mettre en regard avec le nombre de références vendues en hypermarchés : entre 20 000 et 35 000.

Paroles de clients

Les prix. C'est la principale crainte des clients croisés sur le parking du magasin ce lundi 7 octobre. Certains ont peur, malgré les annonces, que cela augmente, que leur porte-monnaie ne suive pas. Mais pour beaucoup, ce changement de nom n'est pas important, « je pense que ça ne pas changer grand-chose », lance Célia, 24 ans. « Il faudra juste arrêter de dire Cora Bruay comme on en a l'habitude mais Carrefour Bruay. Va falloir s'y faire », estime Marie, 25 ans, de Cauchy-à-la-Tour. « À l'intérieur pour l'instant, il n'y a pas de changement. Les sacs, les uniformes des salariés… c'est toujours Cora. Mais cette nouvelle enseigne, je la trouve un peu trop petite sur la façade, c'est pas terrible », examine André, 69 ans, de Beuvry. « J'espère qu'en devenant Carrefour, le magasin va se moderniser. Il en a besoin », pense Sting, 23 ans, venu de Rouen.

Sonia, elle, travaille dans une boutique de la galerie marchande. Elle découvre aussi la nouvelle enseigne, « un peu mini, non ? Ils devraient rajouter des logos sur les côtés ». D'après elle aussi, les clients sont inquiets pour les prix, « ils en parlent beaucoup. Mais moi, j'ai jamais eu l'impression que Carrefour était plus cher ». Elle a quand même une petite impression : « J'espère juste que pour nous, magasins de la galerie, rien ne va changer. C'est un peu notre crainte. Car Carrefour a ses propres enseignes. Et déjà que Bonobo, Cache-Cache et Bréal partent... » Ces trois enseignes se regroupent pour s'installer dans la zone commerciale, dans l'ex-Aubert, à côté de Darty.

Quels Carrefour à Bruay ?

Pour rappel, trois magasins Carrefour Contact Marché (ex-Dia) avaient fermé leurs portes à Bruay comme 273 autres en France : rue Deruy, rue Desseilligny et rue Guesde. Le premier est devenu une école de production, le deuxième un magasin Proxi (dans le quartier des Terrasses), le dernier cherche toujours preneur. Seul celui du centre-ville, rue du Périgord, à côté du cinéma Les Étoiles, avait survécu et est toujours ouvert. Il y aura donc désormais deux Carrefour à Bruay.

(1) Une première vague de 19 magasins a débuté le 1 er octobre ; une deuxième de 20 magasins à compter de ce 9 octobre ; une dernière vague de 21 magasins à partir de fin octobre.

Carrefour en chiffres : 14 000 magasins dans plus de 40 pays, 94,1 milliards d'euros en 2023, plus de 500 000 personnes travaillent sous enseigne Carrefour dans le monde.

Cet article est paru dans La Voix du Nord (site web)

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Corse Matin (site web) - Corsematin
jeudi 17 octobre 2024 - 11:40:17 -0000 317 mots

"Les Corses sont très très drôles, il y a un vrai potentiel à exploiter " : le Comte de Bouderbala en tournée à Ajaccio ce vendredi 18 octobre

François CESARI

"Les Corses sont très très drôles, il y a un vrai potentiel à exploiter " : le Comte de Bouderbala en tournée à Ajaccio ce vendredi 18 octobre

Vous jouez votre troisième one man show, quels seront les thèmes abordés, à quoi faut-il s'attendre ?

On va parler de l'Éducation nationale, des icônes médiatiques d'aujourd'hui, du cinéma français. On évoquera aussi les affaires MeToo. Bon, c'est marrant hein, ne vous inquiétez pas, il y a des vannes. Vous n'allez pas assister à une conférence façon Faites entrer l'accusé. En filigrane, j'essaye de donner mon point de vue, ma vision personnelle. J'essaye d'avoir une réflexion globale. Les quinze dernières minutes sont un jeu de questions-réponses avec le public, avec de l'improvisation, de la participation.

Plus de deux millions de personnes ont assisté à vos deux spectacles. Vous jouez depuis une quinzaine d'années, qu'est-ce qui est différent avec le temps ?

On se connaît beaucoup mieux, on grandit. J'ai plus de bouteille, j'ai 45 ans maintenant, je ne suis plus le même qu'à 30 ans, j'ai des enfants. Aujourd'hui, quand je rentre sur scène, j'ai moins de panique et davantage de lâcher-prise. Mais j'ai toujours autant envie de prouver, de séduire le public et le fond de notre propos reste toujours aussi important. Avec le temps, on a une autre approche, on évite au maximum de se comparer aux autres parce que l'on peut facilement tomber dans le mimétisme.

Après, mes attentes restent assez simples. J'espère que les gens vont passer un bon moment et que le spectacle sera un petit moment de suspension dans leur vie, un moment où l'on oublie un peu ses problèmes. Il ne faut pas trop fantasmer le rôle du comique, ce n'est pas un révolutionnaire, il ne va pas changer grand-chose.

Cet article est paru dans Corse Matin (site web) - Corsematin

RTL (site web réf.) - RTL (fr)
28 octobre 2024 64 mots
Patrick Chanfray face à Gilbert Montagné

INVITÉ RTL - Philippe Croizon annonce qu'un film sur "son parcours de vie" est en cours de préparation Dans "Le Bon Dimanche Show", l'aventurier amputé des quatre membres à l... Voir l'article

FranceTv Info (site web réf.) - France TV Info
1 octobre 2024 793 mots
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1 octobre 2024 - France Info (site web réf.)
Le pass Culture, un dispositif qui prend de l’ampleur en Guyane

Mis en service à titre expérimental dans quatre régions de France dont la Guyane en 2018, le pass Culture a, depuis, acquis ses lettres de noblesse et est désormais utilisé sur... Voir l'article

Télérama, no. 3901
Premier plan, samedi 19 octobre 2024 390 mots, p. 3

Le Pass culture retrouve du crédit

Sophie Rahal

C'est peu dire que le Pass culture a ses défenseurs et ses détracteurs. Rachida Dati et le monde du théâtre ont eu longtemps une chose en commun : ils faisaient partie des seconds. Les professionnels du théâtre subventionné dénoncent depuis toujours l'inefficacité du Pass culture et son coût jugé exorbitant — il devrait être doté, dans le budget 2025, de 210 millions d'euros, soit le même montant que cette année. La ministre, elle, semble avoir changé d'avis. Longtemps Rachida Dati a estimé que cette application, qui permet à tout jeune dès 15 ans de bénéficier chaque année d'un crédit culturel atteignant 300 euros à 18 ans pour s'acheter des livres, des places de cinéma ou de théâtre, un billet pour un festival ou un abonnement à une plateforme de streaming, n'était qu'un outil de « reproduction sociale ».Tout n'est plus désormais à jeter. Elle reconnaît la réussite de la part collective du Pass, celle utilisée par les enseignants pour réaliser des activités culturelles avec leurs élèves dès le collège. Et, dans une tribune publiée par Le Monde le 11 octobre, elle formule une série de propositions pour en améliorer la part individuelle : offrir un crédit plus important aux jeunes les plus défavorisés, en faire un outil géolocalisé recensant le plus de propositions culturelles autour de chez soi (façon « GPS de la culture », comme le disait déjà, en 2018, Françoise Nyssen, première ministre de la Culture de l'ère Macron), réserver une part des crédits au spectacle vivant (théâtre, danse, opéra) totalement délaissé par les jeunes… Un revirement aussi sincère qu'opportuniste. La ministre plaide depuis des mois pour une plus grande « démocratisation » du Pass et ouvre des pistes en ce sens. Mais le timing de cette annonce ne doit rien au hasard : elle survient au lendemain de la présentation d'un budget en stagnation qui ne permettra pas de faire face à la crise structurelle rencontrée par le spectacle vivant. En transformant le Pass, elle ambitionne de ramener davantage de jeunes dans les salles de spectacle, espérant ensuite les y faire revenir. De plus, en améliorant son efficacité, elle ferait taire les critiques, et sauverait ainsi le seul vrai projet culturel d'Emmanuel Macron. Le pari est loin d'être gagné mais a au moins le mérite de tenter vraiment de démocratiser et diversifier les pratiques culturelles des jeunes •

Par Sophie Rahal

Le Point, no. 2724
Culture, jeudi 17 octobre 2024 1193 mots, p. 66,67
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19 octobre 2024 - Le Point.fr

Et Madge cassa le KKK

François-Guillaume Lorrain

Amérique. Timothy Egan raconte l'incroyable chute d'un prédateur qui régnait sur le Ku Klux Klan.

Il avait pour nom David C. Stephenson. Mais dans le Midwest, malgré ses 33 ans, tous les journaux l'appelaient the Old Man. Le Patriarche. Car il était le Grand Dragon le plus puissant du KKK, le Ku Klux Klan. Son fief était l'Indiana, bastion des suprémacistes blancs dans les années 1920. Sur 3 millions d'habitants, cet État comptait à lui seul 500 000 membres des cagoulés brûleurs de croix. Cadillac, yacht, palais à Indianapolis, rebaptisée Klanpolis, téléphones laqués, dont l'un, disait-on, était relié à la Maison-Blanche : Stephenson faisait la pluie et le beau temps dans le Midwest, et plus encore.

Dans cette estomaquante Poussée de fièvre, l'essayiste multiprimé Timothy Egan a portraituré un monstre comme l'Amérique en produit, quand elle nous inquiète, nous sidère. Le Patriarche, on l'imagine déjà au cinéma, sous les traits de DiCaprio ou de Joaquin Phoenix. Comment ne pas penser aussi au Robert Mitchum de La Nuit du chasseur, le pasteur illuminé aux poings tatoués des deux mots, Loveet Hate, qui tuait les veuves au nom de Dieu ? Mais Stephenson, c'est également Al Capone au royaume des racistes anticatholiques, antisémites, antimigrants. Il instaura en effet un système mafieux de corruption généralisée, où il pesait sur les lois, visant pour finir la Maison-Blanche, ou du moins le contrôle de son locataire.

C'est enfin l'exemple d'une ambition américaine sans limites au coeur des Roaring Twenties. Celle d'un paumé du Texas qui débarque dans l'Indiana, fort d'un bagout, d'un pouvoir de séduction, d'un culot vertigineux. Étrange concordance des temps : alors qu'un petit caporal autrichien guigne le pouvoir en Bavière, ce Hitler du Midwest a une révélation. Il pouvait, comme il l'avouera, tirer davantage parti de la haine renouvelable des Blancs ordinaires que de n'importe quel autre système, dans un pays attiré par la violence où il n'avait pas connu " un seul klansman qui n'ait pas un flingue, un couteau ou une matraque ".

Manipulations

Le KKK évoque surtout la confrérie née aux lendemains de la guerre de Sécession afin de contrer la liberté nouvelle des Noirs. Dans les États du Sud, avec la complicité des politiques, il en sortira les lois dites " Jim Crow ", qui installent pour près d'un siècle une ségrégation de fait. Mais le KKK, dont le siège est à Atlanta, renaît sous une autre forme pendant la Première Guerre mondiale en se déplaçant vers le nord et le Midwest. Il suit la " grande migration " des ouvriers noirs vers les usines, mise aussi sur la " grande peur " des petits Blancs face à l'arrivée des migrants d'Europe.

" Ces gens avaient besoin de haïr quelque chose de plus petit qu'eux-mêmes autant qu'ils avaient besoin de placer leur foi dans quelque chose de plus grand ",écrit Egan. Ce plus grand, c'est un Dieu raciste, vengeur, intolérant, colporté par des prêcheurs experts en manipulations, comme Stephenson, Billy Sunday ou Hiram Evans, le Sorcier impérial, grand manitou de l'Empire invisible.

Stérilisation des débiles et des dégénérés, pressions efficaces sur les lois antimigratoires votées en 1924, qui joueront un rôle essentiel dans le refoulement des Juifs après 1938, révision de la Constitution en vue d'établir la " destinée raciale " du pays et de définir un " américanisme sage, sûr et vrai " : le KKK, qui a tout pouvoir de nomination sur les shérifs, les juges, les maires, les policiers, les procureurs, les gouverneurs du Midwest, entend sauver l'Amérique de ses démons. Il organise des manifestations géantes, femmes et hommes mélangés, mais aussi des battues, des saccages de commerces rackettés et terrorisés, des raids sur des églises ou des universités catholiques, des tueries, comme à Tulsa, demeurées impunies. Que fait la Maison-Blanche ? Elle se tait. Les présidents Harding puis Coolidge furent les lâches complices d'un État parallèle fondé sur la terreur.

Faute

Pourtant, après 1925, le système s'écroule en moins d'un an, par la faute de ce même Stephenson. Dans l'esprit d'Egan, sa trajectoire évoque celle d'un actuel candidat à la Maison-Blanche : " Un filon de haine a toujours été présent. Il est encore là, et il explique en grande partie la folie qui menace la vie américaine un siècle après que Stephenson a tourné en ridicule les principes moraux de l'Amérique. " L'impunité fut son sauf-conduit pour le crime. Avant le coup fatal qui précipite sa chute à l'automne 1925, Stephenson, prédateur sexuel qui a violé ou tenté de violer de nombreuses femmes et collaboratrices, a su, pour s'en tirer, faire jouer ses relations et dissuader les victimes de porter plainte.

Tout va bien pour cet homme jusqu'au jour où il croise lors d'un dîner une enseignante, Madge Oberholtzer. Elle ne partage nullement ses idées, mais a besoin de son entregent pour sauver son emploi. Sans accepter, il lui passe commande d'un ouvrage sur la nutrition, prétexte à des avances très insistantes. Devant ses refus, il la kidnappe avec deux de ses sbires, la viole dans un compartiment de train, la mord, la lacère de ses dents, car Stephenson, en état d'ivresse, vire au cannibale.

Premier #MeToo

Le calvaire de la jeune femme, après une vaine tentative de suicide, dure vingt-quatre heures, avant qu'elle ne soit déposée chez elle, où elle meurt, un mois plus tard, de l'infection de ses blessures. Elle a eu cependant le temps de faire une longue déposition qui va tout changer. Le déroulé des faits et des propos tenus par Stephenson y est retracé, notamment cette réponse, après qu'elle l'a menacé de le dénoncer : " La loi, dans l'Indiana, c'est moi. "

L'Amérique, jusqu'à 2024, a toujours été aussi le royaume d'une poignée d'hommes de bonne volonté, de Mr Smith au Sénat.Ici, ce sont l'avocat des Oberholtzer (il s'appelle justement Smith), les procureurs Will Remy, Cox et Kane, le policier venu arrêter Stephenson... Egan brosse aussi le portrait des rares politiques, journalistes, rabbins qui avaient tenté de dévoiler la corruption et la violence du KKK.

Le réquisitoire de Remy sera admirable, tout entier construit autour de cette phrase : " La loi dans l'Indiana, c'est moi. " " Nous allons voir s'il existe un homme qui soit au-dessus des lois ", conclut-il. " Les yeux de l'Indiana mais aussi de tout le pays sont posés sur vous, dans ce tribunal ", lâche un autre procureur, Kane, à l'intention du jury. Les femmes avaient déjà réagi, venant en masse au procès, tandis que les langues des autres victimes commençaient à se délier. Le cas Stephenson, ce fut aussi le premier #MeToo de l'Amérique.

Ver

Une plaque au tribunal d'Evansville rend encore hommage aux 12 jurés, simples gens de l'Indiana, qui eurent le courage de voter la culpabilité de Stephenson, condamné à la perpétuité, malgré ses tentatives de corruption répétées durant le procès. La direction nationale du KKK se désolidarise aussitôt de lui, mais le ver est dans le fruit. D'autres crimes, sexuels, d'autres délits, financiers, éclatent au grand jour, les listes des membres et des pots-de-vin sont publiées, l'Amérique des années 1926-1927 purge ses écuries d'Augias. Voilà un livre qui donne le frisson et nous fait comprendre, mutatis mutandis, la trajectoire de Donald Trump et son succès jusque-là attesté, malgré tout !

" Une poussée de fièvre ", de Timothy Egan (Le Cherche Midi, 416 p., 23 E).

RTL (site web réf.) - RTL (fr)
1 octobre 2024 46 mots
Une carrière au cinéma : l'ambition cachée de l'abbé Pierre

La chronique de Laurent Gerra du 1er octobre 2024 Dans sa chronique du 1er octobre 2024, Laurent Gerra a notamment imité Michel Chevalet, Alain Souchon ou encore l'abbé Pierre. publié... Voir l'article

Le Point, no. 2723
Culture, jeudi 10 octobre 2024 392 mots, p. 106,107
Aussi paru dans
13 octobre 2024 - Le Point.fr

Sally Rooney, on l'aime tant !

Élise Lépine

Dans Intermezzo, l'autrice célébrée de Normal People confirme son talent pour capturer la complexité de notre époque.

Avec plus de 1 million d'exemplaires vendus et une adaptation en série télévisée, Normal People, deuxième roman de l'Irlandaise Sally Rooney, après le plus confidentiel Conversations entre amis (2019), fut l'un des gros coups éditoriaux de l'année 2021. Pourquoi cette histoire aux airs de romcom (romantic comedy) , mettant en scène deux adolescents irlandais aussi brillants l'un que l'autre, lui séduisant, elle non, déroulant sur quelques années (le lycée, puis l'université) une relation tortueuse, nous avait-elle tant touchés ? Les personnages imaginés par la romancière de 35 ans ont des désirs vifs, mais contrariés. Ils rêvent de normalité, mais sont incapables de s'y conformer. Ils incarnent comme rarement les préoccupations de notre temps, nos narcissismes démesurés, nos ego fragiles, notre faim d'amour et de consolation, coexistant avec notre propension à l'indifférence.

Les détracteurs du livre lui reprochent son manque de profondeur et sa froideur formelle. Intermezzo, nouveau titre de la romancière, pourrait les réconcilier avec l'ultramoderne Sally Rooney. Il y a dans ce texte une sensibilité poignante, qui se dilue juste ce qu'il faut dans une trame narrative très dense. Deux frères en sont les héros : Peter, 32 ans, et Ivan, 23 ans. La mort récente de leur père les a fracassés. À part cela, tout les sépare. L'aîné est ce que les boomers appellent un don Juan, le plus jeune, ce que l'on nomme aujourd'hui un incel (involuntary celibate). Peter est avocat, Ivan vivote en attendant de décrocher le titre de grand maître international d'échecs. Les voici tous deux frappés par l'amour. Peter, longtemps en couple avec la très intellectuelle Sylvia, qui l'a quitté quand un grave accident a abîmé sa sexualité, tombe sous le charme de Naomi, 20 ans à peine, qui monnaie ses photos pornographiques sur les réseaux sociaux. Le jeune Ivan s'éprend de Margaret, une divorcée de 36 ans. " C'était comme une bagarre de cinéma où on finit par se rendre compte qu'on se bat avec de vrais couteaux ", constate un personnage, transpercé par cette équation amoureuse à plusieurs inconnues, dont la résolution, posée à l'écart de l'ordre établi, confirme ce qu'on savait : Sally Rooney a tout capté de l'air du temps

" Intermezzo ", de Sally Rooney. Traduit de l'anglais (Irlande) par Laetitia Devaux (Gallimard, 459 p., 22 E).

Midi Libre (site web)
samedi 5 octobre 2024 - 00:04:35 88 mots

Opéra en direct : "Les Contes d'Hoffmann"

En direct du Metropolitan Opera (4h06, VF) avec Erin Morley, Pretty Yende, Clémentine Margaine. Direction musicale : Marco Armiliato.

Mise en scène : Bartlett Sher. Musique : Jacques Offenbach. Lors d'une représentation de l'opéra Don Giovanni de Mozart, Hoffmann raconte à des étudiants trois amours de sa vie, de Paris à Venise en passant par Munich : la surprenante Olympia, la fragile Antonia et l'envoûtante Giuletta.

Infos pratiques

Date

le samedi 5 octobre 2024 à 18h55.

Adresse

235 rue Georges Méliès

Lieu

Cinéma Pathé Odysseum

Téléphone

Cet article est paru dans Midi Libre (site web)

Yahoo! Finance France (site web réf.) - Yahoo! Finance (FR)
17 octobre 2024 541 mots
« Master Crimes » saison 2 sur TF1 : Muriel Robin et Anne Le Nen aiment toujours autant jouer ensemble
Arthur Hachez

SÉRIES TÉLÉ - Travailler en couple peut parfois se révéler périlleux, mais apparemment pas pour Muriel Robin et Anne Le Nen. Le duo est de retour ce jeudi 17 octobre pour la... Voir l'article

Télé Poche
ÇA VOUS CHANGE LA VIE !, lundi 14 octobre 2024 64 mots, p. TPOC_132

Le top 5 des loisirs - Cinéma

C'EST LE MONDE À L'ENVERS

A. L.

Comédie dramatique française de Nicolas Vanier. Avec Éric Elmosnino, François Berléand, Michaël Youn… 1 h 54. Sortie le 16 octobre.

C'EST LE MONDE À L'ENVERS

3

Dans un monde en crise, un trader parisien et sa famille sont contraints de vivre avec les habitants d'une ferme.

NOTRE AVIS Une fable gentiment utopiste et un brin moraliste, aux intentions louables.

Le Point, no. 2725
Culture, jeudi 24 octobre 2024 240 mots, p. 123

Tournage verrouillé

Florence Colombani

Chroniques chinoises, ou l'enfer du Covid vu d'une fenêtre de Wuhan.

Voir Chroniques chinoises, c'est accepter de replonger dans une période terrible, celle des débuts du confinement. Accepter aussi de se rendre à l'épicentre de la pandémie. Lou Ye - grand réalisateur qui évoque depuis longtemps, dans son cinéma, des sujets qui déplaisent au pouvoir (notamment les événements de Tian'anmen) - a fabriqué, à partir de séquences qu'il a lui-même réalisées et d'images tournées subrepticement à Wuhan en 2020 - un faux documentaire vertigineux de réalisme. On y suit d'abord un cinéaste (un double de Lou Ye) qui cherche à convaincre des acteurs, dont une jeune star qui s'apprête à devenir papa, de participer à un projet un peu fou : finir un film qu'il avait commencé dix ans auparavant. Le tournage a lieu à Wuhan, et c'est dans l'hôtel où est logée toute l'équipe que les participants vont se retrouver verrouillés. Par la fenêtre de sa chambre, le jeune acteur voit la sortie de service de l'hôtel et un défilé de cadavres... Et, quand il faut faire respecter le confinement, la police locale n'hésite pas à recourir à la violence. Un film qui fait ressentir dans toute sa cruauté ce qu'a voulu dire vivre en Chine pendant les années Covid

" Chroniques chinoises "

((((;

Janvier 2020, Wuhan... Lou Ye tourne comme un documentaire cette immersion dans l'expérience de la pandémie de Covid-19. Une dénonciation courageuse du régime chinois. En salle.

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
2 octobre 2024 438 mots
"Je ne l'aime pas" : Laurent Gerra pas tendre avec un très célèbre acteur

Si Laurent Gerra est connu surtout pour ses talents d'humoriste et d'imitateur, il multiplie, depuis quelques années, les apparitions dans des téléfilms. Au point d'être comparé à un... Voir l'article

Ouest-France (site web)
pays-de-la-loire, lundi 14 octobre 2024 - 19:28 UTC 308 mots
Aussi paru dans
15 octobre 2024 - Ouest-France

À Château-Gontier, la boulangerie Le Fournil de la Motte fermée provisoirement

Florence STOLLESTEINER.

La boulangerie Le Fournil de la Motte, située à La Motte-Vauvert, à Château-Gontier-sur-Mayenne, a fermé provisoirement ses portes. Son gérant, « sincèrement désolé de la situation », évoque des « contraintes de personnel énormes ».

Son gérant l’a annoncé sur les réseaux sociaux début octobre 2024. La boulangerie Le Fournil de la Motte , située à La Motte-Vauvert, à Château-Gontier-sur-Mayenne, a fermé ses portes « de façon longue et provisoire,a écrit Baptiste Chenay sur Instagram et sur une feuille accrochée sur la porte du magasin. Des contraintes de personnel énormes ne peuvent être subies par une petite entreprise comme la nôtre. »

Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par Le fournil du centre/le fournil de loigné (@boulangerie_lefournilducentre)

Des contraintes liées également selon lui à de « nombreux arrêts maladie » qui ont donc poussé le gérant à « prendre cette décision rapide et immédiate ». Le distributeur de baguettes fixé sur la boulangerie, lui, « restera en service », affirme Baptiste Chenay. Contacté par Ouest-France, il n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Il avait ouvert trois boulangeries depuis 2022

À 25 ans, Baptiste Chenay avait racheté en 2022 la boulangerie Le Fournil du Centre, à côté du cinéma Le Palace , malgré le contexte économique d’inflation. Il avait ensuite ouvert le Fournil de Loigné, à La Roche-Neuville , début 2024, et le Fournil de la Motte quelques mois plus tard.

« Je ne pourrais pas expliquer d’où vient ma passion, j’aime tout dans ce métier », nous avait confié en 2022 celui qui avait fait de nombreux heureux avec ses ouvertures de boulangeries. « Je suis sincèrement désolé de la situation et je vous informerai de toutes les évolutions de réouverture », promet-il sur son compte Instagram.

Le Petit Journal (site web réf.) - Le_Petit_Journal
23 octobre 2024 625 mots
David Castello-Lopes sur scène à Lisbonne avec son spectacle "Authentique"

David Castello-Lopes sur scène à Lisbonne avec son spectacle "Authentique" 0 0 Samedi 26 octobre, David Castello-Lopes, journaliste et humoriste Franco-portugais joue, pour la première fois à Lisbonne... Voir l'article

Télérama, no. 3899
Scènes, samedi 5 octobre 2024 242 mots, p. 81

Repérée

Kilian Orain

La comédienne Zoé Fauconnet impressionne dans Illusions perdues, où elle joue sept rôles.

À 36 ans, Zoé Fauconnet sait tout jouer. À l'affiche d' Illusions perdues, la comédienne y incarne sept personnages. Prouesse ? Vu de l'extérieur, oui. Mais pour l'artiste, la chose relève plutôt du défi. « C'est quelque chose qui me motive sur scène. » Son parcours ? Celui d'une passionnée, même si, enfant, Zoé Fauconnet était « plus cinéphile que théâtreuse ». Conservatoire du 15e à Paris, ateliers jeunesse du Cours Florent, bac L option théâtre… elle grandit les deux pieds sur scène. « À 9 ou 10 ans, je suis allée voir un spectacle comique la veille de Noël. J'ai adoré la sensation de rire en communion dans une salle. » En 2009, à 21 ans, elle entre en classe libre, toujours au Cours Florent, et travaille le soir dans une boutique de vêtements. À sa sortie, quelques propositions lancent sa carrière. Mais, trois ans après, la comédienne enchaîne avec le Conservatoire national. « Là encore, par goût du défi. J'ai dû m'y reprendre à cinq fois pour y entrer. » Aujourd'hui, Zoé Fauconnet virevolte de projets en projets. À côté, elle cultive sa passion pour le cinéma et le collage, et sera bientôt à l'affiche de la pièce D'autres familles que la mienne, mise en scène par Estelle Savasta. Un nouveau défi, concentré dans un seul rôle, cette fois. ▶ K.O.

Sud Ouest (site web)
Accueil Pyrénées-Atlantiques Bayonne, mardi 1 octobre 2024 742 mots

Série 1/5. Panorama des quartiers à Urrugne : « La vie du village, elle est ici », témoigne depuis le trinquet du bourg Brigitte Semper

Par Vincent Dewitte et Viviane Valette

Lors de ses premiers voeux aux habitants, en janvier 2022, le maire Philippe Aramendi a formulé l'ambition de « faire revivre Urrugne ». Un sacré défi de cohésion sociale au regard de la taille et de la diversité de la commune. Deux ans après, « Sud Ouest » est parti prendre le pouls des Urrugnards dans les différents quartiers de la commune, sonder comment ils y vivent, ce qui les occupe et les préoccupe.

À VOIR AUSSI

L'exploration de ce très vaste territoire laisse apparaître des bassins de vie éloignés, qui partagent peu d'intérêts communs et qui ne se fréquentent pas forcément. Des quartiers où les identités et les fiertés des habitants demeurent fortes mais où l'explosion démographique (plus de 3 000 nouveaux habitants en 15 ans) a distendu les liens et qui sont donc, souvent, à la recherche d'un nouveau souffle.

« L'arbre creux d'Urrugne »

« La vraie vie du village, elle est ici », aiguille depuis l'historique trinquet du bourg son accueillante gérante, Brigitte Semper. La petite fille de Léon Dongaitz - acquéreur en 1920 de ce qui était autrefois une salle de jeu de paume - le dit avec conviction, portée par la présence toute l'année des fidèles, joueurs de pelote ou non, du bourg ou d'ailleurs. Elle sait toutefois que le coeur du « village », parfois présenté comme « l'arbre creux d'Urrugne », n'échappe pas à cette triste réalité.

La meilleure preuve s'observe avec ce marché hebdomadaire que l'équipe municipale tente de relancer mais qui manifestement ne prend pas. La volonté était louable. Mais à Urrugne personne n'y croyait vraiment. « Ça a déjà été tenté et ça n'avait pas marché. Ça ne peut pas marcher. Ici la plupart des gens ils prennent leur voiture pour aller au travail. Pour les courses, ils s'arrêtent à Leclerc ou ils vont à Ibardin. Et puis ça s'arrête là. C'est malheureux, mais c'est comme ça... »

De l'Untxin à la Bidassoa, de la Corniche au pied de la Rhune, la rédaction de « Sud Ouest » est partie prendre le pouls des habitants dans les différents quartiers d'Urrugne. Au pied de la Rhune, à Olhette, seuls la petite école et le comité des fêtes permettent de conserver une certaine unité Un souffle de jeunesse

La plus enthousiaste des représentants du bourg note toutefois que la nouvelle municipalité a multiplié les occasions de se réunir, qu'il y a un cinéma d'art et d'essai très dynamique et que les trois commerces du bourg (le tabac presse, le Vival et la boucherie) ont été récemment repris. « Et que par des jeunes, ce qui est vraiment super », appuie-t-elle.

L'Urrugnarde née il y a 64 ans à l'intérieur même du trinquet, siège historique des grandes sections sportives de l'Urruñarrak, observe aussi que la pelote, le rugby et dans une moindre mesure le handball continuent d'être suivis. Le bouclier ramené par l'équipe fanion en 2019 continue de forcer le respect. « Ils sont redescendus l'année dernière. Mais on a toute une génération de jeunes d'ici. Ils sont un peu moins bons, mais ils sont d'Urrugne », note-t-elle avec une fierté qui dépasse, pour une fois, les frontières du centre-bourg.

Brigitte Semper dit encore que les fêtes patronales - « bien animées par nos jeunes » - attirent un nombre de personnes jamais vu auparavant. Le meilleur est atteint le jour du comice et des finales du concours de pala, « avec un côté foire et traditionnel qui visiblement plaît beaucoup » (sous entendu y compris aux néo résidents).

De l'Untxin à la Bidassoa, de la Corniche au pied de la Rhune, la rédaction de « Sud Ouest » est partie prendre le pouls des habitants dans les différents quartiers d'Urrugne. À Béhobie, Patrick Manterola témoigne d'une vie déconnectée de la commune, résolument tournée vers Hendaye, Biriatou et Béhobia Sur le même sujet Série 5/5. Panorama des quartiers à Urrugne : A Mendixoko, on a la montagne mais on n'a pas de fronton De l'Untxin à la Bidassoa, de la Corniche au pied de la Rhune, la rédaction de « Sud Ouest » est partie prendre le pouls des habitants dans les différents quartiers d'Urrugne. À Mendixoko, au pied du lac d'Ibardin et du Xoldokogaina, Maritxu Larzabal-Dupérou dit son attachement à ces terres paysannes de basse montagne. Mais elle déplore l'absence de fronton pour les jeunes

Un moment de partage suspendu, profitable à plus d'un titre. « Ce jour-là, on sent vraiment le village qui vit. On retrouve l'âme d'Urrugne. »

Cet article est paru dans Sud Ouest (site web)

Sud Ouest (site web)
Accueil Gironde Villeneuve, mercredi 9 octobre 2024 194 mots

Théâtre à Villeneuve-sur-Lot : « Canopée », entre seul-en-scène et concert solo

Par Annabel Perrin

Concert, numéro de cirque, one man show... Nul ne saurait dire comment qualifier « Canopée », spectacle insolite que propose le comédien, musicien et acrobate Boris Vigneron. Ce dernier vient poser cet ovni, ce vendredi 11 octobre, sur la scène du théâtre Georges-Leygues, à Villeneuve-sur-Lot, à 20 h 30. Grand favori de la saison pour Dimitri Baquet, le directeur du théâtre, « Canopée » met en scène Norenjiv, musicien chanteur dans son concept électro... qui déraille.

Dans les premiers temps, tout paraît normal. L'artiste se présente comme une star du chant et de la musique électronique (à mi-chemin entre Michael Jackson et les Daft Punk). Mais très vite, ses machines plantent et le spectacle vire au malaise. Peu à peu, l'image et l'ego de l'artiste se délitent, laissant place à l'homme... Un parcours insolite, à l'image de celui de son créateur, passé par le cirque, la gymnastique, l'équipe de France de saut acrobatique, le cinéma et la télévision.

Vendredi 11 octobre à 20 heures. À partir de 10 ans. Tarifs : de 6 à 20 euros. Réservations sur le site ville-villeneuve-sur-lot.notre-billetterie.fr ou au 05 53 40 49 49.

Cet article est paru dans Sud Ouest (site web)

Télérama, no. 3902
Scènes, samedi 26 octobre 2024 449 mots, p. 80

Humour

Message personnel  Jessé et Marion Mezadorian

Fabienne Pascaud

De son homosexualité, son enfance à la campagne, Jessé tire un spectacle touchant et culotté.

Debout devant son haut micro, seule dans son minuscule espace, la silhouette gracile est assortie au décor : mur, accessoires et élégant costume vert d'eau. Seule la tignasse brune fait défaut au camaïeu délicat, mais culotté : il faut du cran pour braver dès son premier « spectacle d'humour », comme il aime à le qualifier, la superstition théâtrale séculaire selon laquelle le vert porte malheur. Et sous ses airs ados, Jessé, 31 ans, a un formidable cran.

Son histoire le prouve, qu'il défile avec un humour tissé de rosserie implacable et de tendresse poignante. Combien de fois durant le spectacle voudra-t-on serrer dans ses bras le gamin bourguignon né dans un milieu rural et victime dès l'école de harcèlement scolaire, parce que trop efféminé. « Pédé ». Il s'en sort vaille que vaille en faisant les devoirs de ses bourreaux. Chez lui, où son homosexualité ne fait pas problème, il a aussi appris, après le divorce de ses parents, être un enfant adultérin. Avec pareil prénom, le jeune Jessé Rémond Lacroix s'imagine vite israélien, juif, et finit par se sentir à la maison à Tel-Aviv, où il part désormais souvent. Patatras. Durant l'écriture même de son spectacle, sa mère lui avoue que son père, Aziz, est tunisien et musulman.

Les retournements identitaires et culturels forgent miraculeusement chez l'ancien mannequin, acteur de cinéma comme de théâtre, une tolérance, une ouverture, une générosité lumineuse et drôle. Il vénère le père adoptif qui l'a élevé — un communiste pur et dur —, adore une belle-mère, comédienne amatrice qui lui a transmis sa passion. Il raconte encore avec cocasserie ses bides amoureux et les frayeurs qu'il déclenche parfois chez les mâles hétéros. Quasi immobile devant son micro — ou raide comme la justice, comme on dit —, Jessé distille surtout un « message personnel » célébrant l'amour dont chaque enfant a besoin, quel que soit le couple qui l'élève. Défense en douceur de l'homoparentalité ? Il est subtil et manie aussi avec une sophistication virtuose l'humour gay sous toutes ses couleurs : lucidité impériale, causticité vacharde, ironie ludique, fantaisie délirante, autodérision transcendée et fascination pour la beauté. Jessé joue depuis 2022 ce Message personnelcoécrit avec Marion Mezadorian et au titre inspiré d'une chanson de Françoise Hardy. Comment ne pas être conquis par ses douleurs assumées et son irrésistible gaieté ? Il a même pardonné à ses bourreaux. Il ne donne surtout pas de leçon. Mais on la reçoit quand même. En éclatant de rire. ▶ Fabienne Pascaud

3T

Valeurs Actuelles, no. 4587
Cinéma, théâtre, video, mercredi 23 octobre 2024 110 mots, p. 67

Cinéma Angelo dans la forêt mystérieuse

Laurent Dandrieu

de Vincent Paronnaud et Alexis Ducord

MOCHE

Petit garçon ordinaire, Angelo mène dans sa tête la vie d'un super-héros. Quand, alors qu'ils sont en route pour visiter sa grand-mère malade, ses parents l'oublient sur une aire d'autoroute et qu'il se retrouve plongé dans une forêt mystérieuse que tente de conquérir un redoutable ennemi, il va lui falloir faire preuve d'un courage bien réel… Cette forêt mystérieuse, peuplée de créatures étranges et féeriques, est l'occasion de quelques moments poétiques, qui ne compensent malheureusement pas la laideur générale du graphisme de ce récit qui, comme souvent dans les productions animées françaises, pâtit d'un humour guère percutant.

AFP - Infos Françaises
mardi 8 octobre 2024 - 17:51:29 UTC 641 mots
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8 octobre 2024 - AFP - Infos Economiques Challenges (site web) Sud Ouest (site web) Maroc Hebdo (site web réf.) Yahoo! Finance France (site web réf.) RTL Info (site web réf.)

"Chouchou" chez Michou: Gad Elmaleh reprend l'emblématique cabaret

Paris, 8 oct 2024 (AFP) - L'acteur et humoriste Gad Elmaleh a été choisi par la justice pour racheter le fonds de commerce de l'emblématique cabaret transformiste parisien "Chez Michou", en liquidation judiciaire, selon le jugement consulté par l'AFP mardi.

En reprenant cet établissement iconique de Montmartre et du Paris touristique, Gad Elmaleh "en fera un lieu de comédie et d'humour, tout en gardant l'âme des lieux", a expliqué à l'AFP le service de communication de l'acteur, qui n'a cependant pas racheté la marque "Chez Michou".

Le fondateur de l'établissement, surnommé Michou, est décédé début 2020. Le cabaret transformiste a ensuite connu des difficultés financières et a été mis en liquidation judiciaire mi-juillet.

"Merci à Gad Elmaleh de sauver ainsi un des lieux les plus emblématiques de Montmartre et de Paris", s'est réjouie la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur X.

Le comédien de 53 ans, a été choisi par le tribunal de commerce de Paris pour reprendre les lieux, fermés depuis la fin juin avant leur 68e anniversaire, et dont les 23 salariés, artistes et personnel de salle, ont été licenciés.

Pour Catherine Catty-Jacquart, la nièce de Michou, "Gad Elmaleh va continuer à faire vivre le +80 rue des Martyrs+, tombé entre de bonnes mains comme Michou l'aurait aimé. On aurait été malheureux que le lieu devienne autre chose qu'un cabaret".

- "Tourner la page" -

"Ça ne s'appellera plus +Chez Michou+ mais Gad va en faire un très bel endroit. C'est une très bonne chose de tourner la page, en prenant un virage", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Cette reprise semble logique: figure de l'humour hexagonal, l'artiste a interprété le personnage de "Chouchou", un travesti haut en couleurs et exubérant.

Créé sur scène, il lui a valu l'un de ses plus gros succès en salles avec la comédie "Chouchou", où son personnage fréquente notamment un cabaret de la banlieue nord, "L'apocalypse". Le film a réuni 3,8 millions de spectateurs à sa sortie en 2003. Pour ce rôle, Gad Elmaleh a été nommé pour le César du meilleur acteur.

Il n'est pas le seul humoriste à avoir sa salle de spectacle. Avant lui, Fary, Jamel et Kev Adams ont lancé leur "comedy club".

Avec le fonds de commerce de "Chez Michou", Gad Elmaleh s'offre une adresse internationalement connue, dont l'emblématique fondateur, surnommé "le prince bleu de Montmartre", a inspiré "La Cage aux folles" au comédien et auteur Jean Poiret dans les années 1970.

- Symbole français -

Icônes parmi les plus populaires des nuits parisiennes, Michou et son cabaret étaient devenus des symboles français, aussi prisés que le Moulin Rouge, le Lido et le Crazy Horse.

"Le cabaret Michou est une grande famille. On se tient les coudes tant que l'on peut mais nous ressentons beaucoup d'amertume", avait confié à l'AFP la nièce de Michou, qui avait repris les rênes depuis le décès de son oncle.

Berceau du transformisme et plus petit cabaret de Paris, "Chez Michou" présentait un dîner-spectacle avec d'extravagants travestis surnommés les "Michettes", imitant des vedettes de la chanson et du cinéma comme Sylvie Vartan, Annie Girardot, Johnny Hallyday, Mireille Mathieu ou Dalida.

En déficit depuis trois ans, le cabaret a été confronté, selon son ancienne directrice, "aux grèves, manifestations et problèmes de stationnement, surtout pour les autocars", provoquant l'effondrement des réservations.

Shows de drag-queens et spectacles transformistes connaissent pourtant un regain d'intérêt ces dernières années, portés par des établissements qui ont su davantage se tourner vers un public jeune et branché, comme Madame Arthur, également située à Montmartre.

Dans ses mémoires parues en 2017, Michou avait estimé que son cabaret ne devait pas lui survivre. "Je veux que cette maison disparaisse avec moi. Cela peut paraître prétentieux mais le cabaret ne me survivra pas", disait-il alors. Quelques mois avant son décès, il s'était finalement ravisé sous la pression des "Michettes".

jfg-fbe-dax/pel/dch

Le Populaire du Centre (site web) - LePopulaire
dimanche 27 octobre 2024 - 22:25:18 -0000 143 mots

Franck Dubosc, à l'affiche de "Loups-Garous" : "Je fais enfin un peu plus ce que je veux"

Centre France

Franck Dubosc est à l’affiche de "Loups-Garous", à voir en streaming sur Netflix. Fan du jeu de société, il a apprécié le tournage de ce film d’aventures qui correspond bien à sa nouvelle façon de vivre le cinéma : La longueur de la carrière m’offre ça, le plaisir de me faire plaisir.

A quelques jours d’Halloween, Netflix vient de sortir sur sa plateforme de streaming un film adapté du célèbre jeu de société Loups-Garous de Thiercelieux. Dans le scénario, c’est justement lors d’une partie qu’un phénomène magique se produit et expédie la famille au Moyen-Âge. Ils vont devoir trouver les loups-garous pour s’en sortir...

Franck Dubosc y joue le rôle du père aux côtés de Suzanne Clément et Jean Reno.

Cet article est paru dans Le Populaire du Centre (site web) - LePopulaire

Free (site web réf.) - Free
24 octobre 2024 478 mots
Eric Antoine en souffrance à l'école : "Je me suis fait chopper"

Publié le 24 oct. 2024 à 09:30, mis à jour le 24 oct. 2024 à 07:32 D'humoriste à animateur incontournable. Si Eric Antoine a été repéré en 2006... Voir l'article

Yahoo! France (site web réf.) - Yahoo France
27 octobre 2024 291 mots
“LOL : IRL” : À quoi va ressembler le nouveau spin-off du programme de Prime Video ?
Puremédias

Après le succès de ses éditions précédentes, la plateforme d’Amazon lance une nouvelle déclinaison de “LOL : qui rit, sort !”. Cette fois-ci, les participants tenteront de faire rire des anonymes... Voir l'article

Yahoo! Finance France (site web réf.) - Yahoo! Finance (FR)
8 octobre 2024 308 mots
Baptiste Lecaplain va tester un spectacle de stand-up dans un TGV Paris-Lille
Maxime Birken

DIVERTISSEMENT - Alors qu’il est en pleine préparation de sa tournée en trio avec Arnaud Tsamere et Jérémy Ferrari, prévue pour 2025, Baptiste Lecaplain ne manque pas de projets humoristiques. Preuve... Voir l'article

AFP - Infos Françaises
mercredi 16 octobre 2024 - 03:00:28 UTC 600 mots

Art Contemporain: Art Basel Paris ouvre ce week-end au Grand Palais restauré

Paris, 16 oct 2024 (AFP) - La 3e édition de la foire internationale d'art contemporain Art Basel Paris, qui a remplacé la Fiac en 2022, ouvre ses portes ce week-end et dès mercredi aux professionnels dans un Grand Palais restauré après trois ans de travaux.

Toutes les tendances de l'art moderne et contemporain sont présentées au grand public de vendredi à dimanche sous la grande verrière et dans certaines galeries rénovées du Grand Palais qui a déjà accueilli des épreuves des Jeux olympiques et paralympiques et le défilé Chanel pendant la semaine de la mode parisienne.

Baptisée "Paris + par Art Basel" à son arrivée dans la capitale française il y a trois ans, la foire a changé de nom, selon une nouvelle convention signée avec les institutions françaises, qui "renforce l'engagement" d'Art Basel, leader suisse mondial des foires d'art contemporain qui l'organise aux côtés de trois autres à Bâle (Suisse), Miami (Etats-Unis) et Hong Kong, selon les organisateurs.

Dans un contexte de "ralentissement du marché" et malgré une conjoncture mondiale instable, la foire accueille cette année près de 27% d'exposants en plus, 195 galeries issues de 42 pays et territoires parmi lesquelles 64 disposent d'espaces en France et 53 nouvelles venues, a précisé à l'AFP Clément Delépine, son directeur.

L'arrivée d'Art Basel, qui accorde une place de choix à la création émergente, "a renforcé son intérêt auprès des collectionneurs et institutions à l'international, nombreux à avoir participé aux premières éditions" au Grand Palais éphémère, selon M. Delépine. Cette structure provisoire avait été installée non loin du Champ de mars, le temps des travaux de restauration du Grand Palais.

Le secteur principal de la foire regroupera des galeries d'art moderne et contemporain (peinture, dessin, sculpture, installation, photographie, vidéo, art numérique), tandis que le secteur "Emergence" rassemblera des galeries qui promeuvent des artistes émergents au travers d'expositions personnelles.

Un nouveau secteur, "Premise", regroupera neuf galeries aux propositions singulières pouvant inclure des oeuvres antérieures à 1900.

Le centenaire du surréalisme, célébré par une grande exposition au Centre Pompidou, sera notamment à l'honneur avec nombre d'oeuvres choisies parmi les maîtres du mouvement (Max Ernst, Francis Picabia...) dont un dessin à quatre mains de Gala, Salvador Dali, Valentine Hugo et André Breton.

- champignon géant -

Comme chaque année, oeuvres d'art et installations investiront aussi l'espace public, dont la place Vendôme qui accueillera un champignon géant de l'artiste allemand Carsten Höller et le parvis de l'institut de France où trônera un arbre-serpent recouvert de fragments de miroir de l'artiste franco-américaine Niki de Saint-Phalle (1930-2002), incarnée au cinéma actuellement dans un biopic par Charlotte le Bon.

Jesse Darling, Jean-Charles de Quillacq, Yayoi Kusama et Thomas Schütte investiront d'autres lieux emblématiques dont le Domaine national du Palais-Royal et le Petit Palais, parmi cinq nouveaux lieux.

Cette année, le Palais d'Iéna accueille le projet "Tales & Tellers", soutenu par la maison Miu Miu, partenaire officiel de ce programme public de la foire.

Il s'inspire de la commission cinématographique semestrielle "Women's Tales", qui depuis 2011 invite des réalisatrices telles que Mati Diop, Miranda July et Alice Rohrwacher à présenter leur vision de la féminité, ainsi que des installations et oeuvres multimédia d'artistes comme Sophia Al-Maria, Cécile B. Evans et Jeong Geum-hyung présentées lors des défilés de la maison depuis 2021.

Pour Marion Papillon, présidente du comité professionnel des galeries d'art françaises, interrogée par l'AFP, "Art Basel a confirmé son rôle de locomotive du secteur pour la France, qui revient sur le devant de la scène à l'international" et occupe la quatrième place sur le marché de l'art mondial et la première en Europe.

Yahoo! Finance France (site web réf.) - Yahoo! Finance (FR)
15 octobre 2024 438 mots
100 Femmes de Culture pour investir le monde de l’art
Challenges

100 Femmes de Culture pour investir le monde de l’art La ministre de la Culture, Rachida Dati, lors de la cérémonie des 100 Femmes de Culture, le 14 octobre 2024... Voir l'article

Sud Ouest (site web)
Accueil Culture Sortir à Bordeaux, mercredi 16 octobre 2024 165 mots
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17 octobre 2024 - Sud Ouest - Libournais / Blayais Sud Ouest - Bassin d'Arcachon / Médoc Sud Ouest - Sud-Gironde Sud Ouest - Bordeaux Agglo

Bordeaux : de Beyoncé à Maya Deren, figure oubliée de la vidéo-danse

Par Emmanuelle Debur

Avec « Maya Deren », les chorégraphes Daphné Biiga Nwanak et Baudouin Woehl se penchent sur le parcours de la cinéaste, née en Ukraine (1917- 1961), figure majeure du cinéma expérimental américain des années 1940, pionnière de la vidéo-danse, sous influence du surréalisme.

C'est autour de cette figure et en prenant appui sur la découverte du clip « Single ladies » de Beyoncé que les deux chorégraphes explorent les rapports que nous entretenons avec les images. « Peut-être parce qu'on se dit qu'il faudrait apprendre à regarder des images comme on a appris à lire », soulignent Daphné Biiga Nwanak et Baudouin Woehl (« Ma culture », novembre 2023). Un spectacle hybride, entre danse, théâtre et performance, cultures populaires et underground.

À l'issue de la représentation, un moment est proposé avec l'équipe artistique pour échanger autour de la pièce et partager les impressions. Jeudi 17 octobre, 19 h 30, à la Manufacture CDCN 226, boulevard Albert 1er, Bordeaux. Tarif plein : 18 euros.

Cet article est paru dans Sud Ouest (site web)

RTL (site web réf.) - RTL (fr)
14 octobre 2024 246 mots
La chronique de Laurent Gerra du 11 octobre 2024

Ce samedi 12 octobre, le Festival Lumière se tient à Lyon, et réuni les passionnés de cinéma et de nombreuses personnalités. Cependant, Patrick Bruel semblait contrarié de ne pas avoir été... Voir l'article

Le Point, no. 2729
Culture, jeudi 14 novembre 2024 788 mots, p. 100,101,102
Aussi paru dans
15 novembre 2024 - Le Point.fr

Zombi, es-tu là ?

Élise Lépine

Nés en Afrique, implantés en Haïti et liés à la culture vaudoue, les zombis n'ont rien en commun avec les créatures de films d'horreur. Une fascinante exposition s'est lancée sur leurs traces.

On les voit sortir de terre et revenir parmi les vivants pour mieux les dévorer, dans les films du réalisateur américain George Romero, les séries telles que The Walking Dead et même... jusqu'à la Maison-Blanche, où l'inquiétant Donald Trump vient de surgir après quatre ans de mort politique, plus enragé que jamais.

Mais d'où viennent vraiment ces terrifiants zombis ? Dans une petite pièce sombre, épicentre de l'exposition " Zombis. La mort n'est pas une fin ? ", présentée au Quai Branly, 15 silhouettes nous font face. Elles sont noir et rouge. L'une a deux têtes, beaucoup sont cornues. Elles sont armées de couteaux, de ciseaux. Leurs orbites sont vides, leurs sourires macabres. Bienvenue dans la salle des " bizangos ", ces fétiches à taille humaine utilisés lors de procès pouvant mener à la zombification des accusés... qui est, affirme le commissaire de l'exposition, Philippe Charlier, une réalité liée à la culture vaudoue.

" Les statues de cette salle sont chargées de magie noire et contiennent des ossements humains. Cela peut impressionner ",souligne-t-il. Les revenants lobotomisés, les coqs décapités, les poupées transpercées d'aiguilles liés au vaudou existent, et vous en verrez au Quai Branly.

Mais l'exposition permet de comprendre qu'ils ne sont qu'une petite partie d'une vaste culture, qui plonge ses racines en Afrique et nous entraîne des routes de l'esclavage au coeur de la société haïtienne moderne.

Une religion dansée et chantée, marquée par les rites de possession

Le zombi (nzambi) naît aux confins de la République du Congo, du Gabon et de l'Angola. Il désigne l'" esprit d'un enfant mort ". Ce fantôme sans corps traverse l'Atlantique sur les épaules des esclaves. Au contact du catholicisme, il devient l'opposé de ce qu'il était en Afrique : non plus une âme errante, mais un corps sans âme, reflet de l'être réduit à l'état de bête de somme.

Le vaudou haïtien, toujours majoritaire dans l'île, se développe entre le XVIIe et le XIXe siècle. Mêlant, par syncrétisme, les cultes africains, ceux des populations autochtones de la Caraïbe et le catholicisme, il est une religion dansée et chantée, marquée par les rites de possession.

Mais ce culte fabrique-t-il vraiment des zombis ? " Les zombis sont une réalité en Haïti, où l'on estime leur nombre à environ 55 000 individus ", affirme Philippe Charlier. Tous ne sont pas le fruit d'un sortilège vaudou. Le " zombi psychiatrique " souffre souvent du syndrome de Cotard, qui lui confère la certitude d'être mort. Le " zombi social " usurpe l'identité d'une autre personne.

Inhumés puis exhumés, réveillés avec un antidote

Mais il existe, selon le commissaire, une " justice coutumière vaudoue ", officiellement interdite en Haïti et rendue devant le tribunal Bizango, nom de l'une des principales sociétés secrètes haïtiennes. Face à lui, les coupables de crimes tels que le viol, ou le vol de terre. S'ils ne changent pas de comportement, ils seront empoisonnés à l'aide d'une poudre composée de tétrodotoxine, associée au poisson-globe (l'ultra-toxique fugu), inhumés au gré de rituels complexes, pas trop longtemps, ni trop profondément, puis exhumés, réveillés avec un antidote (qui les laissera en état d'hébétude) et transformés en main-d'oeuvre gratuite.

D'autres zombis, dits " criminels ", peupleraient également l'île : ceux-là ne sont pas le fruit d'un rituel vaudou, mais le produit d'une vengeance personnelle, menée par un particulier. Plusieurs témoignages et histoires de " zombis " rythment l'exposition, troublants...

S'il y a là de quoi frissonner, l'exposition " Zombis. La mort n'est pas une fin ? " nous révèle avant tout l'extrême richesse et la grande beauté de la culture vaudoue, " épine dorsale de la vie affective et culturelle des Haïtiens ", souligne l'ethnologue et écrivaine Lilas Desquiron, commissaire associée (avec Erol Josué, directeur général du Bureau national d'ethnologie de Port-au-Prince, artiste et prêtre vaudou) de l'exposition, dans son très beau catalogue.

Il faut se laisser gagner par la vitalité des oeuvres exposées, le mouvement, les couleurs, la musique et la danse qui caractérisent le vaudou.

" Ce ne sont pas des zombis, mais des vampires "

Mais d'où sortent donc les créatures mordeuses dont le cinéma nous abreuve ? Pour Philippe Charlier, qui les adore et leur consacre une partie de l'exposition, " le zombi de la culture populaire est la métaphore d'une mort sale et contagieuse. Biologiquement morts, ils viennent récupérer un peu de vie par la morsure. Il y a erreur sur le terme : ce ne sont pas des zombis, mais des vampires ". Pour comprendre le retour de Donald Trump, mieux vaut donc chercher du côté du comte Dracula...

" Zombis. La mort n'est pas une fin ? ", jusqu'au 16 février 2025, au musée du quai Branly, Paris 7e. Catalogue de l'exposition édité par Gallimard, 208 p., 36 E.

France Bleu (site web réf.) - France Bleu
19 novembre 2024 200 mots
Marianne James en concert à Grandvillars

Rendez-vous le 30 novembre à 20h30 la talentueuse Marianne James, continue d’enchanter son public avec des concerts dynamiques et variés. Chaque performance est une expérience unique, mêlant puissance vocale... Voir l'article

Ouest-France (site web)
normandie, dimanche 17 novembre 2024 - 15:05 UTC 413 mots

« Le Mystère du gant » : des spectateurs périront durant le spectacle… pour de rire à Thury-Harcourt

Mercredi 20 novembre 2024, est donnée la représentation du spectacle Le Mystère du gant, à Thury-Harcourt, entre Falaise et Caen, (Calvados). Sur scène, deux comédiens jouent une parodie de pièce de boulevard très drôle et rocambolesque. Les réservations sont ouvertes.

Le Théâtre national Wallonie Bruxelles est bien connu, depuis vingt ans, du festival culturel organisé, par l’Organisation des manifestations et de l’action culturelle (Omac) spectacles, de Thury-Harcourt-Le-Hom (Calvados).

Lire aussi :Ce projet éolien fait grincer des opposants près de Falaise

« Le spectacle est très visuel »

Cette année, les deux interprètes, Muriel Legrand et Léonard Berthet-Rivière, eux-mêmes metteurs en scène, vont interpréter douze personnages, en quatre actes, en restant assis à leur table.

« Le spectacle est très visuel et fonctionne beaucoup par gestes et mimiques. C’est très subtil. D’où l’idée de s’asseoir assez près de la scène », prévient Yves Macé, président de l’Omac. Avec tous les bénévoles de l’association, il a organisé la saison culturelle, qui a commencé durant le mois d’octobre 2024 et court jusqu’en mai 2025.

Lire aussi :Grâce aux aides de l’État et des collectivités, il rénove sa maison avec 60 000 € dans le Calvados

« Très drôle et rocambolesque »

Le Mystère du gantest un texte de Roger Dupré, lu par les deux comédiens, sur scène sans décor, faisant juste apparaître quelques accessoires. « C’est une parodie de boulevard très drôle et rocambolesque ! » s’amuse le président.

Lire aussi :Dans le Calvados, les gendarmes proposent une alternative à l’amende et les contrevenants apprécient

À noter que le public pourra être interpellé, comme indiqué dans la présentation. « De nombreux spectateurs périront durant la représentation. Mais il n’y a rien de dangereux, assure Yves Macé. Il y a juste une grosse surprise à la fin ! »

Après la représentation, un verre de l’amitié sera offert, probablement en présence des comédiens.

Mercredi 20 novembre 2024,Le Mystère du gant , 20 h 30, salle de cinéma Robert-Métairie, derrière la mairie (ouverture des portes vers 20 h). Tarif non abonné : 10 € ; abonné : 7 € et autres tarifs selon conditions. Réservation au 02 31 79 70 45.

Midi Libre (site web)
dimanche 3 novembre 2024 - 00:05:10 114 mots

Mois du film documentaire : "Les Robinsons de Mantsinsaari"

Film de Victor Asliuk (2008, 57'). L'île de Mantsinsaari a appartenu à la Finlande jusqu'en 1944. Après la Deuxième Guerre mondiale, elle est devenue russe et la population finnoise a dû fuir.

Staline colonisa l'île. Après la chute du Mur, ceux qui n'étaient pas morts, retournèrent sur le continent. Seuls deux hommes sont restés ici. Un Finnois et un Biélorusse. L'un pêche et vit sur l'eau. L'autre chasse et vit de la terre.

Infos pratiques

Date

le dimanche 3 novembre 2024 à 15h.

Adresse

218 boulevard de l'Aéroport international

Lieu

Médiathèque Emile Zola, salle de cinéma et de rencontres

Autre tarifs

Entrée libre.

Organisateur

Médiathèque Emile-Zola

Cet article est paru dans Midi Libre (site web)

Le Parisien (site web)
Edition principale
jeudi 14 novembre 2024 666 mots
Aussi paru dans
15 novembre 2024 - Le Parisien

« Quel con, c'est le plus beau compliment ! » : la recette du bonheur de l'humoriste Olivier de Benoist

Grégory Plouviez

On connaît sa bouille hirsute et sa voix de stentor depuis près de quinze ans. Olivier de Benoist a été le tout premier humoriste à étrenner en 2010 le plateau d' « On n'demande qu'à en rire », le télécrochet du rire lancé par Laurent Ruquier et dont est sortie la crème des comiques actuels, de Jérémy Ferrari à Artus. « On y a tous appris notre métier, ça a été notre Poudlard », résume « ODB » en référence à l'école des sorciers d'Harry Potter.

À tout juste 50 ans, Olivier de Benoist a ressorti sa baguette à la faveur d'un cinquième spectacle, intitulé « le Droit au bonheur » , actuellement à l'affiche de l'Européen (XVIIe). Son sortilège préféré : faire s'esclaffer un public le plus large possible. « Quand je fais un one-man-show, il faut que ça me fasse rire, moi, mais aussi ma mère et mes ados, synthétise ce papa de quatre enfants. Et je veux que ça soit drôle à Paris et en province. Quand on prend tous ces paramètres-là, c'est l'Everest. C'est pour ça que je le travaille en amont pendant un an. S'il faut jeter des blagues, je jette, je ne sacralise rien, sauf le rire. »

« L'humour dans le rapport homme-femme a changé »

Ça donne un nouveau show d'une grande efficacité, autour de vannes ciselées. Les fans de son personnage ne seront pas déçus : ODB dit toujours autant d'horreurs sur sa femme et ses bambins. Mais le jeune quinquagénaire a beau pousser les curseurs de la bêtise très loin, il parvient à susciter ce soupçon de tendresse indispensable.

Et évolue aussi sur le plan sociétal, abordant la déconstruction masculine, les frontières mouvantes du couple... « L'humour dans le rapport homme-femme a changé, observe-t-il. Le curseur de la ringardise s'est déplacé. Après, quand je parle de déconstruction, je dois apporter de la bêtise. » Si son personnage comprend bien que ce n'est plus à sa femme de faire la cuisine tous les jours, il s'interroge : « Mais du coup, c'est à qui ? »

« Dans ce spectacle, comme dans les précédents, je m'assure que le con de l'histoire, c'est moi, analyse-t-il. Mon personnage, il combine de la bêtise et une mauvaise foi folle, mais n'a aucune ambiguïté. La différence entre un con et un connard, c'est que le connard a un degré supplémentaire qui le rend antipathique. Finalement, le plus beau compliment qu'on puisse me faire, c'est quel con !La quintessence de l'humour... Ça suffit à mon bonheur. »

Son bonheur, il l'a interrogé dans ce nouveau seul en scène. « Je me suis documenté sur le sujet, avoue ODB. C'est un businessextraordinaire depuis la nuit des temps, l'être humain cherche le bonheur à travers les religions, le bien-être, c'est sa quête absolue. »

Le bonheur est « souvent dans l'infiniment petit »

De toutes les phrases lues, c'est celle de Prévert qui l'a le plus touché : « J'ai reconnu le bonheur au bruit qu'il fait en partant. » « Si on n'en est pas conscient, notamment grâce à ce genre de formule, on s'aperçoit qu'on ne peut parler du bonheur qu'au passé, reprend-il. Et le bonheur, on pense le trouver dans l'infiniment grand alors qu'il est souvent dans l'infiniment petit : on est bien plus heureux en prenant un petit-déjeuner avec ses enfants que dans une piscine à débordement avec des gens dont on n'est pas forcément proches. »

ODB reprendra la route dès début 2025 pour se rendre un peu partout en régions. « Je fais 250 dates de tournées par spectacle, je pense être un des humoristes qui tournent le plus en France. » Vu chez Patrick Sébastien et Michel Drucker , chez qui il avait son rond de serviette le dimanche après-midi, l'artiste s'essaye aussi de plus en plus à la fiction, que ce soit aux côtés de David Hallyday dans « Capitaine Marleau » ou dans « Sous la dalle », la dernière adaptation de Fred Vargas. Et le cinéma ? « J'ai écrit des projets, ça me ferait plaisir s'ils se concrétisent, mais je me sens avant tout un artisan de l'humour. »

Cet article est paru dans Le Parisien (site web)

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
20 novembre 2024 112 mots
Julien Lieb, le coeur de cœur de Culture Médias

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Télé Star
CULTURE, lundi 2 décembre 2024 76 mots, p. TSTF_030

Cinéma

Leurs enfants après eux

S. J.

Drame français de Ludovic et Zoran Boukherma. Avec Paul Kircher, Angelina Woreth… 2 h 16. Sortie le 4 décembre.

Leurs enfants après eux

Dans l'est de la France, le conflit, sur plusieurs années, entre un fils d'ouvriers, épris d'une gosse de riches, et un ado de la cité voisine.

Notre avis : Cette fresque dense et puissante tient à la fois du thriller, du portrait d'une jeunesse sacrifiée et du drame de classes.

France Bleu (site web réf.) - France Bleu
19 novembre 2024 379 mots
Sophie Daumier : une étoile du Nord qui fait encore rire

Sophie Daumier, née à Boulogne-sur-Mer, a marqué les années 70 avec ses sketchs inoubliables aux côtés de Guy Bedos. Actrice et humoriste, elle est devenue une icône du rire... Voir l'article

La République des Pyrénées (site web)
Accueil Culture et loisirs Idées de sorties, jeudi 21 novembre 2024 915 mots

Au Zénith en février : Le retour de Jamel et son Comedy Club : « Je vais m'amuser avec ces artistes incroyables »

Propos recueillis par Francis Larrieu

Le Jamel Comedy Club est de retour (mardi 4 février à 20 heures), et cette fois, Jamel compte bien nous régaler sur scène, en participant, à sa manière.

Ce groupe français, qui déchaîne des vagues de Beatlemania et des frissons nostalgiques, est en pleine tournée d'adieu.

La nouvelle génération d'humoristes et leur prestigieux parrain seront bientôt sur les routes de France, pour un « Zénith Tour » qui s'annonce savoureux.

Le Jamel Comedy Club est de retour, et cette fois, Jamel compte bien nous régaler sur scène, en participant, à sa manière. Cette p...

La nouvelle génération d'humoristes et leur prestigieux parrain seront bientôt sur les routes de France, pour un « Zénith Tour » qui s'annonce savoureux.

Le Jamel Comedy Club est de retour, et cette fois, Jamel compte bien nous régaler sur scène, en participant, à sa manière. Cette pépinière de talents du « seul en scène « (ou « stand-up ») a vu le jour à la télévision en 2006, puis sur scène deux années après. Sans doute, Jamel Debbouze n'imaginait-il pas une telle longévité et un aussi grand succès.

Jamel Debbouze : « Aujourd'hui, l'envie de voir des humoristes est plus forte que jamais. Et l'envie de scène aussi. Et le public en redemande. » Chloé Car

Car beaucoup de pensionnaires du Comedy Club sont désormais des humoristes incontournables de la scène française. Blanche Gardin, Alban Ivanov, Thomas N'Gijol, Fabrice Eboué, ou plus récemment, Paul Mirabel, pour ne citer qu'eux. Jamel Debbouze a accepté de répondre à nos questions, un moment forcément drôle...

Jamel, vous reprenez le rôle fétiche de parrain de la nouvelle génération du Jamel Comedy Club. Vous serez donc sur scène aussi, une sorte de Monsieur Loyal ?

Ah mais bien sûr ! Non seulement je serai là, mais je vais jouer avec eux et m'amuser avec eux. Je crois que je ferai plutôt Monsieur Déloyal (Rires). J'ai tellement envie de remonter sur scène. Ce qui m'a le plus motivé, c'est la qualité des artistes de cette nouvelle génération hors normes. Ils sont incroyables.

Le Jamel Comedy Club a vu le jour sur scène en 2008. Pour un humoriste et comédien comme vous, c'était un rêve d'ouvrir son propre théâtre ?

Non, la vérité, non. Je n'avais pas pour rêve de faire tout ça, ni même d'être comédien. Mais j'ai immédiatement pris du plaisir à me retrouver sur scène. Je viens d'une famille nombreuse, ce sont surtout les associations culturelles qui m'ont mis sur scène. Puis aussi Canal + bien sûr. Je suis le fruit d'une solidarité culturelle.

L'idée de créer le Jamel Comedy Club, c'est venu comment ?

C'est mon frère qui fréquentait un ancien cinéma porno (rires). Il avait un abonnement pour deux mais il y allait tout seul. Il trouvait le lieu formidable et il a voulu me le montrer. J'ai eu envie de reproduire mon expérience du stand-up dans un lieu magique comme ça. C'était une manière de rendre ça pérenne, grâce au théâtre.

Quels sont les critères principaux pour découvrir ces nouveaux talents ?

Alors la vérité, ce sont eux qui ont cherché à me découvrir (rires). Dès qu'on a montré l'émission TV, ça a déclenché des vocations. Des gamins qui ont été inspirés par la première génération. Chaque mardi on fait une « DebJam, » une scène ouverte pour ceux qui sont susceptibles d'être retenus. Ils sont payés, c'est une forme de considération et comme ça, ils se consacrent à ce stand-up à 100 %.

Dans cette tournée, quel rôle avez-vous ?

Je laisse faire les choses. Ce sont eux qui me donnent des leçons. La seule véritable leçon pour y arriver, c'est l'envie. Dans « envie », il y a « vie ». Si tu as cette envie, rien ne peut t'arrêter.

Quand vous avez lancé le Jamel Comedy Club, vous pensiez que l'histoire durerait aussi longtemps ?

La vérité, je pensais que ça durerait 15 jours (rires). Tout cela va au-delà de moi. Aujourd'hui, l'envie de voir des humoristes est plus forte que jamais. Et l'envie de scène aussi. Et le public en redemande.

Avez-vous été bluffé par certains artistes qui sont passés par le Jamel Comedy Club ?

Oui, franchement, je suis régulièrement bluffé. C'est pour ça que je reviens dans ce théâtre avec plaisir. Chaque mois, il y a de nouvelles révélations. Et de nouveaux réels talents chaque année.

Concrètement, combien aurons-nous d'artistes sur scène, pour cette tournée ?

Cela va varier. Il y aura au minimum entre 8 et 10 passages. On a tellement de comédiens incroyables. On peut faire deux ou trois équipes mais toujours avec le même sélectionneur, votre serviteur. Normal, on ne change pas Didier Deschamps comme ça (rires). On arrive avec un vrai spectacle. On part en tournée avec un décor fabuleux, on a même reconstruit la façade du Jamel Comedy Club, grâce à une famille de maçons portugais que je connais (rires).

Pour finir, quels étaient vos modèles d'inspiration, quand vous avez débuté la scène ?

Mon grand-père, ma mère, qui étaient très drôles. Puis les mecs de mon quartier, les potes. J'ai aimé leur manière de raconter des histoires. Après, il y a eu des artistes comme Smaïn, les Inconnus, les Nuls. Et puis enfin, on m'a présenté Eddie Murphy. Cela m'a fasciné de voir comment il racontait ses histoires, j'avais l'impression d'être assis avec lui, dans son salon.

Jamel Comedy Club, « Zénith Tour », présenté par Jamel Debbouze, mardi 4 février 2025 à 20h, Zénith de Pau. Places de 42 à 59 euros. Renseignements et réservations : 05 59 80 77 50.

Cet article est paru dans La République des Pyrénées (site web)

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À Noël, ça sent le sapin !

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À Noël, ça sent le sapin !

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Si Noël est le plus beau jour de l'année dans de nombreux foyers, chez Nathalie et Antonin, c'est un enfer ! Catastrophes et disputes s'enchaînent. À tel point que Nathalie a décidé de ne pas le fêter cette année. Antonin et ses enfants ne l'entendent pas de cette oreille et convient Nicole, sœur de Nathalie…

Désastres et fous rires par milliers au menu, grâce au duo de choc formé par Valérie Bonneton et Kad Merad, devant la caméra d'Alexandra Leclère, spécialiste des conflits familiaux sur grand écran (Mes très chers enfants, Garde alternée…).

Les Boules de Noël,d'Alexandra Leclère, en salle le 27 novembre

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Télé Magazine
mardi 3 décembre 2024 290 mots, p. 35

AUTRE

TMC

AUTRE

6.40 Les mystères de l'amour Série. Sous la gorge • À couteaux tirés. 8.41 Monacoscope Magazine.

8.45 Un fabuleux coup de foudre pour Noël Télé lm canadien de Heather Hawthorn Doyle (2020, 85').

10.25 Mon elfe de Noël Télé lm de Pat Williams (2021, 86'). 12.05 Sur la route du Père Noël Télé lm de Marni Banack (2023, 85'). 13.50 Un souhait magique pour Noël Télé lm de Corey Sevier (2023, 84'). 15.30 Rejoins-moi pour Noël Télé lm de Meeshelle Neal (2022, 90'). Avec Emily Alatalo, Corey Sevier, Vanessa Smythe. 17.15 Un Noël saupoudré d'amour Télé lm américain de Ellie Kanner (2021, 83'). Avec Molly McCook, Aaron O'Connell, Lee Garlington, Landry Townsend. 18.55 Les mystères de l'amour Série. Fatale emprise • Sous le charme.

21.15 FILM..

Rumba la vie REDIF. Comédie française de Franck Dubosc (2021, 90'). Avec Franck Dubosc, Louna Espinosa, Jean-Pierre Darroussin, Marie- Philomène Nga. Tony, la cinquantaine, chauffeur d'autobus scolaire renfermé sur lui-même, vit seul après avoir abandonné femme et enfant vingt ans plus tôt.

Bousculé par un malaise cardiaque, il trouve le courage d'affronter son passé. NOTRE AVIS: Humour et émotion font bon ménage.

23.10 DIVERTIS.

Rétroscopie REDIF. Franck Dubosc. En 2022, Franck Dubosc est au sommet de sa gloire. Ses multiples talents que sont le chant, la danse, et évidemment la comédie l'ont emmené vers de magni ques victoires. Des succès au cinéma en passant par «Danse avec les stars» ou «The Voice», rien ne semblait pouvoir arrêter son ascension. Mais c'était sans compter une participation malheureuse à «Koh Lanta», son premier véritable échec. Le comédien a depuis décidé d'entamer une période d'introspection en se retirant du monde.

0.50 Programmes de la nuit

Yahoo! Finance France (site web réf.) - Yahoo! Finance (FR)
3 décembre 2024 1033 mots
Marie Drucker : avec Gad Elmaleh, une histoire d'amour aussi passionnée... que fugace : "J'ai crû préférable d'écourter..."
Purepeople

Une célèbre journaliste issue d'une famille non moins célèbre en couple avec un des plus fameux humoriste de France ? L'histoire a de quoi faire grand bruit. Elle en avait... Voir l'article

Le Point, no. 2730
Culture, jeudi 21 novembre 2024 437 mots, p. 110
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26 novembre 2024 - Le Point.fr

Vies majuscules

Christophe Ono-dit-Biot

"J e n'ai jamais cru à la frontière entre le réel et l'imaginaire ", révèle Dominique Bona à l'orée de la préface de ses Destins de femmes. Ajoutant : " Jamais cru, par conséquent, à la séparation radicale censée opposer la fiction à la non-fiction. " Les femmes qu'elle raconte dans cette somme regroupant les livres qui en ont fait la grande biographe que l'on connaît, distinguée par le Goncourt de la biographie ou le prix de la Biographie de l'Académie française, ont pourtant bien existé : Berthe Morisot, les soeurs Heredia et Rouart, Colette, ou encore le grand amour de Paul Valéry, Jeanne Voilier, qui commit le sacrilège de mettre aux enchères le millier de missives qu'il lui adressa tout transi, tout brûlant. Peut-on s'autoriser, par conséquent, à les raconter, ces héroïnes dont la chair palpita pour de vrai, même s'il n'en reste rien de palpable, en s'aidant de la béquille fertile d'un imaginaire d'écrivain ? Non, s'interdit Dominique Bona, qui assure n'avoir jamais rien inventé dans ses biographies. Ni une date, ni un dialogue, ni même une nuit d'amour, " bien que j'aie été tentée ".

Alors comment fait-elle ? Elle épluche les archives, les correspondances, se garde de projeter les catégories mentales de son temps sur ces femmes qui étaient d'une autre époque, et croit, surtout, aux forces du récit qui seul a le pouvoir de ressusciter le passé. Et c'est ainsi que celle qui est aussi l'exigeante, mais bienveillante, présidente du jury du prix de la Biographie du Point nous les a rendues dans ses livres telles qu'en elles-mêmes, les grandes artistes qui composent sa " famille imaginaire ".

Amoureuses, indomptables, libres

Quel plaisir on a de redécouvrir, avec Les Yeux noirs, les soeurs Heredia, trois comètes brunes s'imposant dans le ciel idéal mais aussi très charnel de la Belle Époque ! Marie, surtout, muse et poétesse, reine de la " canaquadémie ", que Dominique Bona découvre d'abord nue, chez un marchand de livres anciens, sur une photo prise par Pierre Louÿs. Tout cela, en effet, ne s'invente pas. Joie de replonger aussi en août 1914 dans l'univers de Colette époque coloc', avec ses trois amies Annie de Pène, romancière et journaliste, comme elle, Marguerite Moreno, comédienne sublime, et Musidora, la benjamine, future " vampire " au cinéma (Colette et les siennes). Quatre filles très libres dans un Paris livré aux femmes.

Berthe Morisot (Le Secret de la femme en noir), les soeurs Rouart, muses de l'impressionnisme (Deux Soeurs), et Jeanne Voilier (Je suis fou de toi) sont aussi de la partie : amoureuses, indomptables, libres. Leurs vies sont des romans. De sacrées leçons, aussi

" Destins de femmes " , de Dominique Bona (Bouquins, 1 312 p., 32 E).

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
20 novembre 2024 113 mots
"L’agent” de Pascale Dietrich : le libre recommandé par Nicolas Carreau

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MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
20 novembre 2024 113 mots
«Allons enfants», le documentaire disponible sur Disney+ recommandé par Sacha Nokovitch

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Le Point, no. 2727
Culture, jeudi 7 novembre 2024 337 mots, p. 90
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9 novembre 2024 - Le Point.fr

Un écrin pour « Barry Lyndon »

François-Guillaume Lorrain

Projeté à Brive, le chef-d'oeuvre de Kubrick fait l'objet d'un livre somptueux.

Pour un tel chef-d'oeuvre visuel, il fallait un livre objet à la hauteur des exigences kubrickiennes. Des beaux livres, François Betz, de la maison Simeio, en réalise depuis longtemps, ayant notamment raconté l'histoire de la première revue Le Point, fondée en 1936 par son grand-oncle Pierre Betz. Cette splendeur barrylyndonaise est d'ailleurs aussi une histoire de famille, grâce à la proximité, entre Lot et Dordogne, de François Betz avec le producteur et beau-frère de Stanley Kubrick, Jan Harlan, qui a accepté de lui confier les archives du film pour qu'il les orchestre avec les témoignages de collaborateurs de Barry Lyndon, telle Marisa Berenson.

Un XVIIIe siècle atroce et merveilleux de cruauté

Cette ronde que Kubrick conçut comme un documentaire sur un XVIIIe siècle atroce et merveilleux de cruauté ne vaut pas que pour les fameuses scènes éclairées à la bougie, que le réalisateur tourna pour des soucis d'authenticité et grâce à des objectifs Zeiss utilisés par la Nasa. Il jette également un voile sublime de beauté et de sophistication sur un monde sans pitié où les pulsions d'ascension sociale se fracassent contre les violences de classe.

La voix off omniprésente, la distanciation introduite par Kubrick à l'égard de ses personnages avaient, en 1975, refroidi les spectateurs qui restaient sur l'ouragan ultramoderne d' Orange mécanique. Galerie de tableaux à la Constable ou à la Hogarth ? Trajectoire machinale d'un vil ambitieux ? Les deux, sans doute, avec cette impression d'un temps et d'un espace maîtrisés comme rarement - trop peut-être - au cinéma. Et, au fil des pages, on se surprend à réentendre la Sarabande simplifiée de Haendel ou le bouleversant staccato syncopé de l' Opus 100 de Schubert

" Barry Lyndon - Stanley Kubrick ", sous la direction de François Betz (Simeio, 172 p., 59 E). Rencontre avec Jan Harlan le 8 novembre à 18 h 30 au forum des lecteurs. Projection du film le 10 novembre à 14 h au Rex, à Brive.

FranceTv Info (site web réf.) - France TV Info
10 novembre 2024 577 mots
Aussi paru dans
10 novembre 2024 - France Info (site web réf.)
En Italie, Giorgia Meloni peine toujours à imposer sa patte sur le monde culturel
Bruno Duvic

Deux ans après son arrivée au pouvoir, la présidente du Conseil italien enchaîne les échecs, malgré de nombreuses tentatives. Les ratés au ministère de la Culture sont devenus une chronique quotidienne... Voir l'article

Télé Star
MARDI 26 NOVEMBRE, lundi 18 novembre 2024 425 mots, p. TSTF_061

Le grand jeu de Vaux-le-Vicomte

Par Bénédicte Flye Sainte Marie

Mis en avant dans le documentaire diffusé ce soir par TMC, le célèbre château imaginé au XVIIe siècle par Nicolas Fouquet déploie tout un éventail de fastes et de surprises pendant la période des réveillons.

Le grand jeu de Vaux-le-Vicomte

TMC - 21 h 25 - Marchés de Noël en folie et décorations de plus en plus magiques - Doc. - Noël

Surintendant des Finances du roi Louis XIV, Nicolas Fouquet fit construire le château de Vaux-le-Vicomte par les meilleurs artisans : l’architecte Louis Le Vau, le peintre-décorateur Charles Le Brun et le jardinier André Lenôtre. Un fleuron du patrimoine hexagonal qui ne brille jamais autant qu’au moment des fêtes de fin d’année. De mi-décembre à début janvier, tout y est en effet orchestré pour offrir au public une expérience enchantée. «Il y a dix-neuf ans, mon frère Jean-Charles, toujours opportuniste et plein de bonnes idées, s’est inspiré de ce qui se faisait en Angleterre, alors qu’il était habituel en France de fermer les châteaux dès la Toussaint», raconte Alexandre de Vogüé, propriétaire de ce joyau architectural avec son jumeau et son frère cadet, Ascanio. Premier à se convertir à cette tradition britannique, Vaux-le-Vicomte aurait ensuite, été «copié», selon son propriétaire, par tous les autres édifices de ce type !

UN TIERS DES 300 000 VISITEURS ANNUELS À NOËL

Forte du succès de la première édition, l'opération a été renouvelée et permet aujourd'hui à la famille de Vogüé de réaliser «la plus grosse saison» de son calendrier, concentrant un tiers des 300 000 visiteurs annuels. Il faut dire qu'on n'y lésine ni sur les moyens ni sur les détails. Pour le Grand Noël 2024, 13 000 objets de déco et 5 kilomètres de guirlandes lumineuses viendront habiller l’endroit, tandis que 1 250 ornements pareront l’immense sapin de 7 mètres du grand salon. À l’extérieur, 1 000 m2 de façade seront sublimés par une projection. Enfin, les plus jeunes y seront choyés, puisque 12 000 cadeaux, 10 000 gourmandises et 100 000 guimauves leur seront distribués. «On s’inspire de ce que faisait mon arrière-grand-père, qui conviait autrefois les enfants des employés et des environs», explique Alexandre de Vogüé. De quoi célébrer le génie de Fouquet, dont le magnifique château inspira celui de Versailles mais rendit aussi le roi jaloux !

France Bleu (site web réf.) - France Bleu
17 novembre 2024 146 mots
Gagnez la biographie de Pierre Arditi "Né pour jouer"

Découvrez ou redécouvrez la vie et carrière de Pierre Arditi dans sa biographie "Né pour jouer" que France Bleu Normandie vous propose de gagner Trésor national vivant , Pierre Arditi est un... Voir l'article

Télé Poche
ÇA VOUS CHANGE LA VIE !, lundi 2 décembre 2024 54 mots, p. TPOC_132

Le top 5 des loisirs - Cinéma

CONCLAVE

A.L.

Comédie dramatique américano-britannique d'Edward Berger. Avec : Ralph Fiennes, Isabella Rossellini… 2 h 01. Sortie le 4 décembre.

CONCLAVE

Alors que les rivalités s'intensifient au Vatican qui s'apprête à élire le nouveau pape, un cardinal fait de terribles découvertes…

NOTRE AVIS Une plongée au cœur d'une micro-société chahutée par les luttes de pouvoir.

Ouest-France (site web)
economie, mercredi 4 décembre 2024 - 19:06 UTC 440 mots

L’opposition en Pays de la Loire interpelle la chambre des comptes sur le budget régional

L’écologiste Lucie Etonno et le socialiste Guillaume Garot alertent les magistrats spécialisés sur les restrictions budgétaires au conseil régional, alors que le monde de la culture craint la perte de 2 433 emplois.

 Après les annonces faites par la présidente Christelle Morançais de vouloir diminuer les dépenses de fonctionnement de la Région de 100 millions d’euros, les deux présidents des groupes de l’opposition régionale ont décidé de solliciter le président de la chambre régionale des comptes (CRC) des Pays de la Loire, sur la base de l’article R245-1-1 du Code des juridictions financières  »,communiquent, ce mercredi 4 décembre, Guillaume Garot (Printemps des Pays de la Loire) et Lucie Etonno (L’Écologie ensemble).

Les quinze juges de cette CRC , basée à Nantes, sont habilités à se saisir, s’ils le souhaitent, de ce type de sujet concernant les politiques des collectivités territoriales.

« Transparence »

« Depuis quelques semaines, les acteurs culturels et associatifs reçoivent un SMS ou un courrier-type signé des vice-présidents, les informant du désengagement complet de la Région dans le financement de leur association ou de leur structure. Qu’en sera-t-il de la pérennité de leurs activités, de leurs emplois », s’interroge le Mayennais Guillaume Garot. L’élue vendéenne Lucie Etonno poursuit :  Nous demandons que la chambre exerce sa compétence d’évaluation des politiques publiques pour mesurer les impacts du désengagement de la Région, ainsi que les effets économiques, sociaux et territoriaux de cette mesure sur les collectivités locales. 

Les deux chefs de file, qui déplorent l’opacité des coupes budgétaires , concluent :  Les citoyens attendent de la transparence : les élus de l’opposition mobilisent tous les leviers institutionnels pour l’obtenir. 

« Enquête flash »

De leur côté, les représentants des pôles culturels des Pays de la Loire (cinéma, spectacle vivant, arts visuels, livre, musique, patrimoine…) ont mené une  enquête flash  auprès des acteurs de ces filières, basée sur « 736 témoignag es ». Conclusion : « 2 443 personnes pourraient perdre leur emploi suite à une diminution ou à un arrêt des financements publics, en 2025, en Pays de la Loire. »

La présidente des Pays de la Loire expliquait, le 11 octobre , au sujet des 100 millions d’euros, qu’il s’agissait  d’accompagner les économies demandées par le gouvernement et d’aller plus loin, car les recettes de la Région sont en baisse et j’anticipe que cela se poursuivra en 2025 à cause d’une croissance en baisse ».

La Voix du Nord (site web)
jeudi 14 novembre 2024 - 08:04:14 203 mots

Arras Film Festival : quelles célébrités pourrez-vous croiser ce jeudi ?

Chaque jour, des invités, comédiens et réalisateurs, viennent défendre des films projetés en avant-première dans le cadre du festival. Voici quelques noms qu'on pourra croiser à Arras.

Par L. R.

Deux beaux noms du cinéma français seront à Arras ce jeudi. À 21 h 15, Vincent Lindon présentera au Casino son nouveau film Jouer avec le feu. Une interprétation qui lui a récemment valu la Coupe Volpi à la Mostra de Venise. L'acteur déjà césarisé en 2016 pour La Loi du marché , sera accompagné par Muriel Coulin , réalisatrice et scénariste, et Stefan Crepon , acteur.

Autre acteur de renom, Nicolas Duvauchelle sera au Casino à 18 h 15 pour Brûle le sang , thriller réalisé par Akaki Popkhadze et écrit avec Florent Hill qui seront également présents. L'acteur de 44 ans est notamment connu pour ses rôles dans Les Corps impatients Polisse La Fille du Puisatier (2011). Ou plus récemment sur Netflix dans la série Les Papillons noirs et le diptyque Balle perdue 1 et

Cet article est paru dans La Voix du Nord (site web)

Yahoo! Finance France (site web réf.) - Yahoo! Finance (FR)
25 novembre 2024 385 mots
Aussi paru dans
27 novembre 2024 - MSN (France) (site web réf.)
"Stylé comme jamais" : Nawell Madani fait de rares confidences sur son neveu handicapé, un jeune artiste en devenir
Purepeople

Ce lundi 25 novembre 2024, via son compte "Instagram", Nawell Madani s'est confiée sur son neveu, atteint d'un handicap observé en moyenne lors de 27 grossesses sur 10 000... Voir l'article

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
29 novembre 2024 475 mots
Au départ, les Inconnus n'étaient pas trois. Mais l'un d'eux a décidé de partir, et voilà pourquoi

Saviez-vous qu'au départ, les Inconnus n'étaient pas trois mais cinq ? L'humoriste Smaïn, qui faisait partie de la troupe comique, a récemment révélé les raisons de son départ... Voir l'article

Le Point, no. 2732
Culture, jeudi 5 décembre 2024 1031 mots, p. 104,106

L'enfant sauvage

Violaine de Montclos

Fils de comédiens, déjà remarqué dans Le Règne animal, Paul Kircher tient le rôle principal de Leurs enfants après eux. Il y est stupéfiant.

Sur le tournage, il s'est cassé la gueule dès les premières prises. À moto, dans un virage pris à vitesse modérée. Rien de grave. Mais la vision de leur comédien principal méchamment étalé sur le bitume a donné des sueurs froides aux réalisateurs, les frères Zoran et Ludovic Boukherma. Quelques mois plus tôt, alors qu'ils le présentaient aux producteurs du film, Paul était entré dans leur bureau en boitillant, appuyé sur une béquille. Puis s'était vautré dans le couloir en repartant.

Le jour où nous le rencontrons, il se tient bien droit et répond aux questions avec application, avant de s'étirer brusquement comme un chat sauvage aussitôt l'interview achevée, bras et jambes tendus à l'infini, silhouette élastique, genre de Buster Keaton dont le long corps dégingandé semble s'animer à son insu. Il tombe continuellement. Dans la vie : " À trottinette, à scooter, je me suis déjà un peu tout cassé ", murmure-t-il. Et devant la caméra. Pour Le Lycéen, Christophe Honoré a enlevé toutes ses chutes au montage. Pour Le Règne animal, Thomas Cailley les a toutes gardées. " On avait pris l'habitude, avec le chef opérateur, de bien le cadrer pour ne pas les rater, raconte le metteur en scène. L'une d'elles était à l'origine prévue dans le scénario - il devait tomber en courant dans un champ de maïs -, mais on avait supprimé la scène de peur qu'il ne se blesse. Et, ça n'a pas loupé, il s'est quand même naturellement étalé. Paul a un côté burlesque, il joue sans faire attention à lui, il ne se protège pas. " Le cinéma comme une cour de récré : un terrain de jeu, familier, où tout peut arriver...

Il n'a que 22 ans, mais il est quasiment né dans un théâtre. Sa mère, la comédienne Irène Jacob, dont il a hérité le sourire irradiant, a joué durant six mois, à Londres, alors qu'elle était enceinte de lui. Il y a une vingtaine d'années, on trouvait souvent son couffin - puis celui de son petit frère, Samuel - posé dans les loges, les coulisses, au gré des tournages et des rôles de ses parents (son père est le comédien Jérôme Kircher).

Le jeu comme géographie intérieure

Comme souvent les fils d'acteurs, il a longtemps cru qu'il s'inventerait un autre destin. Il fait de la musique. Tourne, un peu par hasard, dans une comédie potache (T'as pécho ?) l'été de sa terminale, avant de s'inscrire sagement en double licence de géographie et économie. " J'aime beaucoup comprendre comment les hommes habitent leur territoire, je me voyais bien faire de l'aménagement urbain ", raconte-t-il sans rire, lui qui trébuche comme il respire.

Il tient trois ans à l'université avant de comprendre, auprès du coach d'acteurs Jordan Beswick, que le jeu est aussi un genre de géographie intérieure. " Un monde à inventer aux personnages, dit-il. Jordan m'a aidé à connecter mes rôles avec le réel et à me rendre compte que j'adorais ça. " Pour Thomas Cailley, il campe avec subtilité un ado bouleversé par sa mutation animale. " Son jeu est à la fois très doux et très puissant, un alliage que je n'ai jamais vu chez aucun autre comédien, loue le réalisateur. Je le surnomme Mowgli. Paul, c'est un peu l'enfant sauvage... "

LEURS ENFANTS APRÈS EUX

))))?

Les talentueux frères Boukherma parviennent, dans ce film très fidèle au livre de Nicolas Mathieu, à peindre sans condescendance, et même avec douceur, cette France périphérique et désenchantée que l'on voit d'ordinaire si peu sur grand écran. Les comédiens (Ludivine Sagnier, Gilles Lellouche, Sayyid El Alami) sont tous formidables, le rythme ne faiblit jamais. C'est une vraie réussite. En salle.

Dans Leurs enfants après eux, il parvient encore à incarner un jeune garçon de 14 ans dont la maladresse, le malaise et la fureur rentrée donnent presque envie de regarder ailleurs. " Cette petite bête malpropre et recroquevillée à laquelle il a réussi à donner corps, c'est sidérant ", s'étonne l'écrivain Nicolas Mathieu, auteur du roman, prix Goncourt 2018, dont le film est une adaptation.

Les réalisateurs avaient pourtant d'abord songé, pour cet Anthony que l'on suit de 14 à 20 ans, à prendre deux comédiens d'âge différent. C'est Paul seul, finalement, qui grandit à l'écran, se redressant, s'épaississant, gagnant en maturité au fil du film, une métamorphose que peu d'acteurs auraient su jouer. " Il est vraiment surprenant, dit Ludovic Boukherma. Avec Zoran, on travaille beaucoup en amont, tout est très écrit, cadré, mais on ne sait jamais ce que Paul va donner. Il fait des propositions, monte dans les tours quand il devrait parler calmement et, à chaque fois, il tombe juste. "

Retour au monde intime du théâtre

Pour Le Lycéen, où il incarne un personnage là aussi plus jeune qu'il ne l'était lors du tournage, il s'était beaucoup inspiré de son petit frère, Samuel, dont il a lui-même suggéré le nom à la réalisatrice Catherine Breillat pour L'Été dernier ." Elle m'avait proposé le rôle mais je ne pouvais pas. Samy a une poésie, une intériorité, et je savais que cela fonctionnerait. "Les frères ont tous deux été nommés, aux Césars 2024, dans la catégorie révélation masculine. Aucun des deux, heureusement, n'a gagné...

Pour l'ado de Leurs enfants après eux, Paul a pensé très fort à Titeuf, aux Beaux Gosses mal dans leur peau de Riad Sattouf, aux kids de Larry Clark. Il s'est aussi immergé dans la pop culture des années 1990. " Bruce Lee, Rocky, Iron Maiden, tout un petit monde intérieur, sourit-il. À cet âge, on est double. On veut désespérément kiffer, on a la fureur de vivre alors qu'autour c'est le silence, c'est l'enfer, il ne se passe rien. "

En janvier, il montera pour la première fois sur scène - dans Les Idoles, sous la direction de Christophe Honoré -, étrange retour à ce monde intime du théâtre dont il n'a jusqu'ici connu que les coulisses. Sait-il déjà son texte ? " Ça m' regarde ", réplique-t-il, anxieux surtout que l'on note ceci : " Maintenant, je fais gaffe, vous savez. J'ai de la chance de faire tout ça, dit-il, tout en redressant sa silhouette désarticulée. Alors, j'essaie de ne plus tomber. "

L'Indépendant (site web)
mercredi 4 décembre 2024 - 22:50:45 127 mots

Comédien et acteur pour Nava à Limoux, Niels Arestrup est décédé

Acteur et comédien internationalement connu et apprécié. Niels Arestrup vient de décéder.

Le comédien était un fidèle du festival Nava où les spectateurs limouxins avaient unanimement reconnu ses grandes qualités d'interprétation.

En 2010 aux côtés de Marthe Keller, il avait joué sur les planches de l'Ile de Sourniès, une pièce de Tennessee Williams, Tokyo bar, adaptée par Jean-Marie Besset et mis en espace de Gilbert Désveaux.

Comptabilisant une carrière au théâtre comme au cinéma riche et passionné, de fait, l'artiste a joué de fait sous la direction des plus grand, de Spielberg (Le cheval de guerre) à Jacques Audiard (Un prophète

Cet article est paru dans L'Indépendant (site web)

Yahoo! Finance France (site web réf.) - Yahoo! Finance (FR)
10 novembre 2024 607 mots
Aussi paru dans
10 novembre 2024 - MSN (France) (site web réf.)
Florent Peyre a-t-il recalé sa compagne et comédienne émérite ? L'humoriste remet les choses au clair
Purepeople

Invité de l'émission "Quelle époque!" ce samedi 9 novembre, sur France 2, Florent Peyre a surpris les téléspectateurs en racontant une anecdote sur sa compagne Virginie Stref, révélant pourquoi il... Voir l'article

La Montagne (site web) - Lamontagne
mercredi 20 novembre 2024 - 11:40:15 -0000 1129 mots

Gestion de l'eau, chantiers... que retenir du dernier conseil municipal de Saint-Flour ?

Centre France

Jusqu’ici en régie municipale, la gestion de l’eau et de l’assainissement de Saint-Flour devrait être transférée à un syndicat regroupant des communes alentour. Le principe a été voté à l’unanimité lundi soir. lors d'un conseil municipal durant lequel plusieurs autres projets ont été évoqués.

Un syndicat pour l'eau

L’eau est un sujet d’actualité à Saint-Flour. Alors que la conduite principale est en chantier (voir notre édition de samedi), la Ville a engagé la création d’un syndicat pour sa gestion, avec les communes de Roffiac, Paulhac, Saint-Georges et Coren. Le contexte législatif a évolué plusieurs fois sur le sujet, le délai a été reporté, mais pour l’heure, le transfert de la compétence eau et assainissement est prévu, au profit des intercommunalités, pour le 1er janvier 2026, expliquait le maire, Philippe Delort. Le gouvernement a exprimé la volonté de revenir dessus, on va donc suivre l’évolution législative. Quoi qu’il en soit, il nous est paru intéressant de travailler à la création d’un syndicat sur un secteur cohérent et logique, qui suit le bassin-versant et notre conduite principale, et qui irrigue plusieurs communes à qui nous vendons de l’eau. C’est important, car cela nous permettra de poursuivre nos efforts de modernisation. Après plusieurs réunions de travail avec les autres communes concernées, il s’agit d’un rapport d’intention. Nous votons sur le principe de création d’un syndicat, comme Paulhac vient de le faire, mais cela sera complexe à mettre en place.

L’élu d’opposition, Marc Pougnet, a fait alors remarquer qu’il faudrait une clarification législative, pour qu’on n’engage pas des dépenses pour rien. Je suis d’accord, lui répondait le maire.

Il ne faut pas aller trop vite. Mais le 1er janvier 2026, c’est demain. Nous aurions pu rester sur une régie municipale, mais la création de ce syndicat nous semble judicieuse, comme il nous semble judicieux qu’il soit compétent en matière d’eau et d’assainissement, ce qui n’était pas une obligation légale.

À noter que, concernant Coren, seule la zone du Rozier est concernée.

Renfort

Myriam Lombard étant directrice générale des services et du CCAS, un poste de directrice générale adjointe a été créé, et il sera occupé par Delphine Delort, qui a été présentée lundi. Après une parenthèse dans l’enseignement, l’agent retrouve un poste qu’elle avait déjà occupé à Saint-Flour communauté.

Gendarmerie

Au détour d’une décision de modification du loyer de la gendarmerie, le maire en a profité pour préciser que comme vous avec pu l’entendre un peu partout, la gendarmerie ne règle plus ses loyers depuis plusieurs mois. Et malheureusement, c’est le cas à Saint-Flour. Nous espérons que la situation sera régularisée d’ici à la fin de l’année, et nous avons eu des garanties en ce sens.

Crèche

Une ligne de crédit de 800.000 € a été ouverte pour financer les travaux car, expliquait Philippe Delort, nous sommes très contraints par les délais de chantier pour toucher certaines subventions, dont nous avons les arrêtés. Cette ligne ne sert qu’à faire le joint en attendant leur versement.

Crèche, campus : ce qu'il faut savoir sur ces deux chantiers majeurs à Saint-Flour

Tarifs

De nombreux tarifs municipaux évoluent pour suivre l’inflation , expliquait le maire. À noter toutefois que nous avons décidé de geler les tarifs culturels. Hormis ceux du cinéma, mais en la matière, il s’agit plus d’une remise à plat pour coller à l’évolution du public et des pratiques , précisait Florie Parou, adjointe à la culture. Ainsi, si le plein tarif ne change pas, le réduit est en hausse de 10 centimes, quand celui du mercredi baisse d’autant. La carte d’abonnement 10 places est aussi en baisse, et une carte annuelle est créée, pour 40 séances.

Le Delta de Saint-Flour diversifie son offre pour s’ouvrir à un plus large public

Avenue de la République

La municipalité a sollicité une subvention pour la maîtrise d’œuvre sur ce chantier déjà présenté lors d’un précédent conseil. Le maire en a profité pour annoncer que

rien ne commencera lors de ce mandat. Il nous faudra bien toute l’année prochaine pour la phase d’élaboration et de concertation, vu comme cette artère est fréquentée.

Campings

Fort du succès de la rénovation et transformation du camping des Orgues, désormais dédié aux camping-cars, dont la fréquentation a augmenté de 16 % cette année, après 10 % la précédente, avec une saison plus longue , précisait l’adjointe en charge du tourisme, Marie Petitimbert, le camping Roche-Murat va aussi laisser plus de places aux camping-cars. Il restera les chalets, qui fonctionnent bien, et des emplacements en période d’ouverture des sanitaires , reprenait l’élue. Mais il y aura plus de place pour les camping-cars le reste de l’année, pour capter cette clientèle en augmentation, qui plus est à côté de l’A75. Des travaux d’aménagement vont débuter, pour 70.000 €.

Vidéo protection

Sept nouvelles caméras sont en cours d’installation, ce qui portera leur nombre total à 37 sur la ville. Elles seront placées place de la halle, rue Traversière, rue Marchande, rue du Canon, square Maurice-Montel, au square du centre-ville et dans la zone de Volzac, au niveau de la liaison avec Montplain. Il en coûtera 135.000 € d’argent public, dont 50.000 € à la charge de la ville. Ces caméras sont beaucoup utilisées, par les gendarmes comme les policiers municipaux , a justifié l’adjoint au maire, Frédéric Delcros.

De nouvelles caméras installées

Place d’armes

À l’occasion du vote de demandes de subvention pour la dernière phase de chantier, le maire en a dessiné les contours. Une réunion publique sera organisée le 16 décembre à la maison de quartier du centre-ville. Les travaux débuteront en début d’année prochaine pour finir fin juin, si les aléas climatiques ne retardent pas les travaux. Cette période est plus courte que pour les deux premières tranches car, cette fois, il n’y a pas d’intervention sur les réseaux.

La recluse remplace l’abbé Pierre

Comme annoncé lors du dernier conseil, le square Abbé Pierre a été débaptisé. Doublement, puisqu’il ne s’agit pas d’un square, mais aussi en raison des révélations d’agression sexuelles commises par l’ecclésiastique. Ce seront donc désormais les berges de la recluse Beatrix Avinhol, car il s’agit de la première recluse identifiée dans les archives, et que ces berges sont proches du lieu où elle était , a justifié le maire. Avant que son premier adjoint, Éric Bouldoires, n’ajoute dans un sourire, en espérant qu’un scandale n’éclate pas autour de Beatrix Avinhol.

Yann Bayssat

Cet article est paru dans La Montagne (site web) - Lamontagne

Boursorama (site web réf.) - Boursorama
5 novembre 2024 122 mots
Vidéo - Quelle place pour les artistes et la culture dans le duel Harris - Trump ?

information fournie par France 24 •05/11/2024 à 16:01 Alors que le secteur des arts et l’industrie culturelle pèse lourd dans l'économie américaine, la question de la... Voir l'article

Midi Libre (site web)
mardi 19 novembre 2024 - 05:08:56 180 mots
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19 novembre 2024 - Midi Libre

Une soirée culturelle pour le Théâtre de l'Iris Noir

Le vendredi 15 novembre, les membres de l'association Le Théâtre de l'Iris Noir ont vécu une soirée exceptionnelle au domaine de Bayssan, inaugurant

avec succès la première des dix sorties culturelles prévues jusqu'en juin prochain.

Ce premier rendez-vous a permis de découvrir Blockbuster , un spectacle original mêlant théâtre, musique et cinéma, qui a tenu toutes ses promesses et a captivé les 15 adhérents participants.

Dès l'arrivée dans la salle, une ambiance chaleureuse et dynamique, orchestrée par les chauffeurs de salle, a préparé le public à un moment unique. Sur scène, la performance des artistes a été remarquable, transportant les spectateurs dans un univers satirique et engagé, créé à partir de scènes détournées de grands films hollywoodiens.

Ce début d'année culturelle a été une réussite totale et augure de belles découvertes à venir. Prochaine étape : le 9 décembre à Narbonne pour assister à Art , de Yasmina Reza, une pièce où les ex-Deschiens débattront avec humour et intensité autour de la valeur de l'art.

Cet article est paru dans Midi Libre (site web)

Le Télégramme (Bretagne) (site web)
Concarneau, mercredi 20 novembre 2024 324 mots
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21 novembre 2024 - Le Télégramme (Bretagne)

Au Cac de Concarneau, « les spectateurs doivent oser découvrir de nouveaux talents »

Alors que La Caserne lance sa première soirée stand-up ce jeudi 21 novembre, Samuel Denis, directeur du Centre des arts et de la culture (Cac) de Concarneau fait un état des lieux de la scène humoristique concarnoise.

L'humour rencontre-t-il du succès à Concarneau ?

« Oui, je pense que c'est le cas, comme partout. Nous vivons à une époque où les gens ressentent le besoin de décompresser. Le cinéma ne suffit plus : le spectacle vivant est de plus en plus en vogue dans une société où l'on a besoin de souffler. »

Avez-vous constaté une demande croissante pour les spectacles humoristiques ?

« La demande est présente, oui. Quand on propose des spectacles, ça fonctionne plutôt bien. Mais nous rencontrons un problème : les têtes d'affiche marchent toujours très bien, mais quand les artistes sont moins connus, les scènes souffrent alors d'un manque de curiosité. Il y a, en France, un véritable déficit d'intéressement, et c'est fort dommage. Les petites affiches attirent moins, ce qui est sans doute normal. Au Cac, on ne peut pas proposer uniquement des têtes d'affiche, car cela nécessiterait un budget colossal, donc nous sommes limités. Et puis, il est essentiel que des artistes moins connus puissent se produire, justement pour se faire connaître. »

La scène concarnoise est-elle appréciée des humoristes ?

« La scène du Cac est très appréciée, oui, mais à une condition... Il faut qu'elle soit pleine (rires) ! Quand la salle est complète, c'est flatteur pour l'artiste, donc il est ravi. Par exemple, Alex Vizorek est venu en 2018, il a fait salle comble et était enchanté. Il a décidé de revenir cette année. En général, je pense que les artistes sont contents de leur passage ici. Cela dit, comme je l'ai mentionné, certains artistes ne sont pas encore médiatisés mais mériteraient vraiment qu'on vienne à leur rencontre. J'aimerais que les spectateurs fassent davantage preuve de curiosité et osent découvrir de nouveaux talents. »

Cet article est paru dans Le Télégramme (Bretagne) (site web)

Yahoo! Finance France (site web réf.) - Yahoo! Finance (FR)
23 novembre 2024 691 mots
Pierre Palmade condamné, Muriel Robin revient sur la fin de sa longue amitié avec le comédien
Maxime Birken

PEOPLE - L’une des dernières fois qu’elle avait parlé de son ancien ami, c’était déjà sur le plateau de C à Vous. Alors quand la présentatrice de l’émission... Voir l'article

Télé Star
CULTURE, lundi 2 décembre 2024 61 mots, p. TSTF_030

Cinéma

Conclave

Aurélie Lainé

Comédie dramatique américano-britannique d'Edward Berger.

Avec Ralph Fiennes, Isabella Rossellini… 2 h 01. Sortie le 4 décembre.

Conclave

Alors que le Vatican s'apprête à élire un nouveau pape, le cardinal en charge du conclave fait de terribles découvertes.

Notre avis :Une plongée passionnante, à l'humour f in sous-jacent, au cœur d'une microsociété spirituelle chahutée par les luttes de pouvoir.

Ouest-France (site web)
normandie, lundi 18 novembre 2024 - 19:30 UTC 453 mots
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18 novembre 2024 - Maville (site web réf.)
19 novembre 2024 - Ouest-France

De l’humour et du son pour l’avant-dernière date du stand-up d’Alex Jaffray, à Hérouville

La Saison musicale programme l’avant-dernière date de la tournée de l’humoriste mélomane : un spectacle intitulé Le Son d’Alex, consacré à l’histoire de la musique. Rendez-vous vendredi 22 novembre 2024, au théâtre d’Hérouville.

La Saison musicale d’Hérouville propose une soirée exceptionnelle, ce vendredi 22 novembre 2024, consacrée à l’humour, avec le stand-up « Le Son d’Alex ». Frédéric Fournier, chargé de communication, souligne : « C’est la première fois depuis qu’on existe qu’on propose un spectacle de stand-up pur, sans musiciens sur scène, avec cette venue d’Alex Jaffray. »

Lire aussi :Saison musicale d’Hérouville dévoile les temps forts de la programmation 2024-2025

Un voyage mêlant musique et vannes

Son stand-up est un voyage samplé, mêlant musiques et vannes, de Gilbert Montagné aux Daft Punk et Booba, en passant par Eagles, Ennio Morricone, Maître Gims ou « Jean Seb Bach ». L’humoriste propose même une autre vision des Lacs du Connemara : « C’est une chanson éthylotest, si vous la chantez, c’est que vous êtes bourrés ! ».

Des images fortes

Il élargit le champ de vision : « Les DJs et les braqueurs de banques utilisent la même phrase : Put your hands up in the air, Put your hands up in the air ! », et fait des apartés sur le mythe Gainsbourg. En fin de spectacle, il propose la cocréation d’un tube avec le public, pour enfoncer le clou. Son spectacle est l’occasion d’en savoir plus sur l’histoire de la musique.

Lire aussi :Quoi de neuf d’ici Noël à la Saison musicale d’Hérouville-Saint-Clair ?

Un artiste aux multiples facettes

Compositeur pour la télévision et le cinéma, Alex Jaffray compte une dizaine de longs métrages et une trentaine de téléfilms et de séries à son actif. Il a composé et produit des identités sonores de marques (Citroën, BNP, TF1, Renault, EDF, La Poste mobile), de programmes phares (Scènes de ménages, C à vous, Stade 2) et d’autres œuvres musicales de notre quotidien.

À voir sans aucun doute

Pour Frédéric Fournier, il ne faut pas rater « l’avant-dernière date d’un spectacle qui tourne depuis deux ans ». Pour rappel, le musicien humoriste « au départ pianiste, est chroniqueur pour Télématin. Il est sur France 2 quand il faut parler musique, et officie dans un projet musical avec Philippe Etchebest de Top chef » .

Vendredi 22 novembre, à 20 h, au théâtre d’Hérouville. Tarifs : 14 € réduit ; 21 €. Ouverture des portes à 19 h 30.

L'Indépendant (site web)
mardi 19 novembre 2024 - 23:08:30 160 mots

Le Boulou : La Révolution des lapins est de retour au Majestic

Après le carton plein au Majestic lors de deux représentations inoubliables au printemps, la comédie La révolution des lapins revient au cinéma Le Majestic, dimanche 24 novembre à 17 h.

Interprétée par la troupe BLScène du Boulou, cette comédie absolument jubilatoire est mise en scène par Christophe Pélissier-Chastang. La routine s'est installée dans une bijouterie de centre-ville : un couple qui ne se parle plus, les visites de la copine dépressive ou de la voisine aveugle... Mais alors que la fille bègue de la maison vient présenter son nouveau fiancé, un braquage bouleverse l'ordre établi. Comment tout cela finira-t-il ? Et si c'était au public de choisir la fin ? Avec Bérangère Lannes-Gusse, Bernard et Marie Benhaïm, Adeline Antonetti, Jérôme Le Bert, Monique Wickaert, Yves Diaz, Laureline Leuthard, Marie Waro, Pierre et Martin Pélissier. Ouverture de portes 30 minutes avant le début de la représentation.

Entrée adulte 8 €, entrée 6-12 ans 4 €.

Cet article est paru dans L'Indépendant (site web)

La Gazette des communes, no. 2741
REPÉRAGES, lundi 18 novembre 2024 752 mots, p. 24

Politiques publiques

Plan « ruralité » : les élus et les acteurs culturels sur leur faim

Hélène Girard

Professionnels du secteur et élus ont salué la concertation ayant débouché sur un plan national. Mais l'inquiétude grandit, faute d'informations.

L ancé en janvier par la ministre de la Culture, Rachida Dati, le Printemps de la ruralité « a suscité beaucoup d'espoirs », assure Nadine Kersaudy, maire (SE) de Cléden-Cap- Sizun (910 hab., Finistère), à l'instar d'autres édiles ruraux.

Cette vaste concertation, organisée par les directions régionales des affaires culturelles (Drac), a débouché sur les 23 mesures du Plan culture et ruralité, annoncé le 11 juillet par Rachida Dati. « Ce plan répond à de très bonnes questions », salue, comme beaucoup de ses homologues, Michaël Dian, directeur artistique du Festival de Chaillol, une manifestation itinérante des Hautes-Alpes.

20 MILLIONS DISPONIBLES

Doté de 89 millions d'euros, ce plan, censé durer trois ans, vise à gommer les écueils que rencontrent les communes rurales : manque d'ingénierie culturelle, problématiques de mobilité des publics, des artistes et des œuvres, fragilité des structures, etc. Lors de son audition par la commission « culture » de l'Assemblée nationale, le 22 octobre, la ministre a déclaré que 20 millions d'euros étaient déjà disponibles.

Or, après l'annonce du plan, élus et acteurs culturels s'impatientent. Les Drac restent aux abonnés absents. « Je suis dans l'expectative, je n'ai aucune nouvelle », résume Nadine Kersaudy. Son homologue de Cheverny (908 hab., Loir-et-Cher), Lionella Gallard (DVG), se dit fort déçue d'avoir été éconduite : « On m'a répondu qu'il n'y avait pas de crédits disponibles. » L'élue, qui avait mobilisé sa commune pour accueillir une journée de concertation au printemps, attend pourtant avec impatience de pouvoir « soutenir les événements en difficulté et aller plus loin dans le développement de projets ».

Quant aux responsables culturels, il leur tarde d'avoir de la visibilité. « Nous n'avons eu aucune information ni sur les crédits disponibles pour la fin 2024, ni sur ceux de 2025. Nos projets sont en attente, ce qui est très ennuyeux. Cela risque de nous faire perdre un an », s'inquiète Marine Berthet, directrice du festival itinérant ardéchois Les Cordes en ballade, qui espère une subvention pour développer les actions d'éducation artistique et culturelle menées à l'année, l'activité hors période festivalière étant une condition posée par le ministère pour l' octroi des aides.

« Même si le ministère de la Culture a réussi à préserver son budget pour 2025, les élus redoutent un écart entre les intentions et la traduction effective sur le terrain », observe Cédric Szabo, directeur de l'Association des maires ruraux de France. Celle-ci compte d'ailleurs interpeller ses inter locuteurs Rue de Valois sur la comparaison entre les annonces et leur effectivité.

Les mesures budgétées et mentionnées dans le projet annuel de performances de la mission « culture » de l'Etat pour 2025 constituent le cœur du plan : soutien au cinéma itinérant, développement des résidences d'artistes, programme « Village en fête », contrats départementaux pour la lecture, déploiement de 50 « scènes de proximité » avec les acteurs de l'éducation populaire et aide à l'ingénierie culturelle. Soit 7 millions d'euros selon ce document, sur le total de 14 annoncés par la ministre. Tout dépendra des critères de subventionnement et du ratio entre crédits disponibles et nombre de demandes.

« Nos projets sont en attente, ce qui est très ennuyeux. Cela risque de nous faire perdre un an. »Marine Berthet,directrice du festival itinérant ardéchois Les Cordes en ballade

UN RÉFÉRENT PAR DRAC

Les Drac, censées identifier en interne un référent « ruralité », vont dérouler le plan à moyens humains constants… déjà sous-dimensionnés vu leurs territoires géographiques. Certaines, notamment celles intervenant sur des territoires à forte dominante rurale, sont logiquement plus en avance. Comme en Occitanie, où les résidences d'artistes sont en cours de déploiement. Mais d'autres Drac nous ont indiqué ne pas pouvoir nous répondre à propos du plan.

Certaines mesures existantes reprises dans le plan

Le Plan culture et ruralité dévoilé cet étéreprend quelques dispositifs existants :

- la mobilisation de l'éducation populaire : le ministère de la Culture et les organisations de ce secteur ont renouvelé, le 16 mai, leur charte de coopération. Ce document sera décliné en conventions régionales et 60 postes d'animateurs seront financés ;

- l'aide à l'emploi occasionnel d'artistes : le groupement d'intérêt public (GIP) Cafés cultures gère deux fonds à cette fin, l'un pour les cafés, bars et restaurants, l'autre pour les associations et commerces dans les communes de moins de 3 500 habitants. Le ministère compte renforcer sa participation au GIP ;

- le développement des missions d'ingénierie des bibliothèques départementales : c'est le cœur de mission de ces structures gérées par les conseils départementaux.

France Inter (site web réf.) - France Inter
29 novembre 2024 528 mots
Monsieur Édouard...

François Morel profite de sa chronique pour adresser une lettre à Édouard Philippe, qu'il a envie de rendre publique car elle concerne beaucoup de monde et il serait ravi, et... Voir l'article

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
18 novembre 2024 113 mots
«Gladiator 2» de Ridley Scott : le film recommandé par Olivier Benkemoun

ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr Chaque jour, deux chroniqueurs présentent les infos indispensables à connaître en matière de culture : les dernières actus musique, les sorties... Voir l'article

Le Point, no. 2730
Culture, jeudi 21 novembre 2024 1188 mots, p. 112,113

Théâtre La grâce de Bonnaire

Valérie Marin La Meslée

Elle arrive en seconde partie, quand la scène se dégage, et l'on se demande comment on a pu se passer de l'éclat de son regard. Après Madeleine Renaud et Suzanne Flon, Sandrine Bonnaire devient Claire Lannes, personnage inspiré à Marguerite Duras par Amélie Rabilloud, qui assassina son mari et le découpa en morceaux, qu'elle jeta dans plusieurs trains. Dans L'Amante anglaise, Duras imagine le meurtre d'une cousine, sourde et muette, venue aider dans la maison des Lannes. Le mari, lui, est bien vivant, tâchant de répondre à un interrogateur assis dans le public. Ni psy ni flic, il parle " en " Duras, que les abords de la folie fascinaient. Sur scène, sa présence sera intense au côté de Bonnaire, dont le sourire éclaire cette pièce qui nous ramène aux années 1980. Sa grâce absolue, dans un jeu privé de gestuelle, au service d'un cri : écoutez-moi !

" L'Amante anglaise ", de Marguerite Duras, mise en scène de Jacques Osinski. Théâtre de l'Atelier. Jusqu'au 31 décembre.

MSN (France) (site web réf.) - MSN FR
7 novembre 2024 72 mots
«Tout ce qui manque» de Florent Oiseau et le spectacle de Gaël Brinet, pilote de l'illusion...

Chaque jour, les chroniqueurs d'Europe 1 présentent les infos indispensables à connaître en matière de culture : les dernières actus musique, les sorties littéraires ou cinéma, les nouvelles pièces de théâtre... Voir l'article

La Voix du Nord (site web)
mardi 5 novembre 2024 - 17:05:00 793 mots

Ilyes Djadel, humoriste d'Hazebrouck, à l'Espace Flandre : « Revenir jouer ici, ça va être sentimental »

Dimanche 8 décembre, l'hazebrouckois Ilyes Djadel sera en spectacle à Espace Flandre pour jouer son tout premier spectacle « VRAI ». Une date qu'il annonce « spéciale » et « sentimentale ».

Par La Voix du Nord

Il revient là où tout a commencé. Dimanche 8 décembre, Ilyes Djadel , le jeune humoriste de 26 ans, qui a passé toute son adolescence à Hazebrouck, fera halte à Espace Flandre. C'est la première fois de sa carrière qu'il jouera sur la scène flamande. Il y présentera « VRAI », son premier spectacle produit par Jamel Debbouze et Kev Adams, qui compte plus de 250 dates à travers la France, la Belgique et la Suisse.

Notamment remarqué sur la scène du Marrakech du Rire en 2022 et ses passages au sein du Jamel Comedy Club , l' humoriste en plein essor a fait sensation ses dernières années avec son sketch sur le lycée catholique, qui évoque son expérience au lycée Saint-Jacques d'Hazebrouck.

La dernière fois que nous t'avons interviewé, c'était en 2016. Ton succès commençait à monter, tu allais jouer sur la scène du Grand Point Virgule à Paris. Que s'est-il passé depuis ?

Il s'est passé dix ans. Dix ans de long chemin, où on est passé par des bons moments, des mauvais moments. Des petits moments de galère, des gros moments de galère même. J'ai écumé toutes les petites salles de France, en passant par des salles de dix, cinq personnes pour terminer dans les plus grosses salles. Je suis rentré dans la troupe du Jamel Comedy Club, j'ai fait le Marrakech du Rire, je me suis retrouvé à la télé, j'ai fait un premier film au cinéma, je vais en enchaîner trois autres…

Et 10 ans après, tu t'apprêtes à jouer sur la scène d' Espace Flandre à Hazebrouck. Qu'est-ce que ça te fait ?

Ça va être mon premier spectacle à Hazebrouck. C'est symbolique pour moi. J'ai commencé dans cette salle, Espace Flandre. J'avais fait un spectacle de théâtre. Quand j'étais plus jeune, je voyais les humoristes qui venaient là. Je me rappelle, quand je faisais des sorties scolaires avec le lycée Saint-Jacques à Espace Flandre, je me disais : « Purée, elle était magnifique cette salle. » Donc là, me dire que je reviens pour faire mon spectacle, c'est… franchement, je n'ai pas les mots. J'ai hâte de vivre ce moment.

Pourtant, tu as fait des beaucoup plus grandes salles…

Oui, bien sûr. J'ai fait beaucoup plus grand, mais… c'est sentimental. Le fait de revenir faire mon spectacle à Hazebrouck, devant des gens avec qui j'ai grandi. Ça va être un peu spécial, je pense, comme soirée.

Comment définirais-tu ce spectacle ? Ça parle de quoi ?

C'est une autobiographie. C'est juste l'histoire d'un petit mec d'Hazebrouck qui se retrouve dans le monde du show-business. Je parle de moi, je parle de là d'où je viens, je parle du lycée catholique Saint-Jacques… C'est vraiment une présentation pour le public, pour ceux qui ne me connaissent pas.

Donc tu parles d'Hazebrouck dans ton spectacle ?

Oui, oui, j'en parle dans tous mes spectacles. J'en parle dès le début, j'essaie de mettre à l'honneur la ville comme je peux. Alors évidemment, je vanne beaucoup la ville, mais au final, j'en parle en bien. J'ai toujours été marqué par cette ville. Je me rappelle un graffiti qui m'avait marqué. Il y a un graffiti dans Hazebrouck : « Respectons la nature ». Normalement, les graffitis, ce sont des insultes. C'est fou, il n'y a qu'ici que tu vois ça. Ce sont des caïlleras (racailles, NDLR) un peu écolos.

Et tu penses que les vannes, tu vas pouvoir les faire de la même manière ? Les gens en face de toi sauront exactement de ce dont tu parles.

Ce sera un peu différent, ce ne sera peut-être pas de la même manière, les gens auront les références, comprendront ce que je dis. On va s'adapter pour parler aux gens d'ici. Mais de toute manière, le spectacle d'Hazebrouck, ne pourra pas être le même que les autres, c'est spécial. Je veux raconter toute mon épopée aux gens d'ici. Il faudra vraiment être là.

Il y a quelques années, tu parlais d'une professeure de Saint-Jacques qui t'avait poussée à te lancer dans le théâtre, vous êtes encore en contact ?

Madame Leblond, oui. Qui revient me voir très souvent, d'ailleurs. Je n'ai pas encore lancé les invitations, mais je pense que je vais inviter mes anciens profs. On va essayer d'inviter les gens qui ont compté pour moi et qui m'ont aidé à faire en sorte que j'en sois là aujourd'hui.

Ilyes Djadel, «VRAI», Espace Flandre, dimanche 8 décembre 2024 à 19h. Il reste encore quelques places.

Cet article est paru dans La Voix du Nord (site web)